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HEBDOMADAIRE - 28 AOÛT 2007 - N°287 - ISSN 1241 - 0497 Grève unitaire fin septembre Direction Le ministère bloque, les écoles aussi Erik Orsenna Lecture, langage et culture J’É CRIS TON NOM Notre dossier ouvre la question de la liberté pédagogique DAGOGIE ( ) fenêtres sur . cours ( ) f e n ê t r e s sur . cours Fédération Syndicale Unitaire SNUipp

()sur ( ) - SNUipp.fr · 2014-11-22 · Sébastien Sihr, Sophie Zafari• Impression SIEP - Bois-le-Roi • Régie publicité : MISTRAL MEDIA, 365 rue Vaugirard 75015 PARIS Tél :

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Grève unitairefin septembre

DirectionLe ministèrebloque, les écolesaussi

Erik OrsennaLecture, langageet culture

J’ ÉCRIS TON NOMNotre dossier ouvr

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la question de la

liberté pédagogique

PÉDAGOGIE

( )fenêtressur . cours( )fenêtressur . cours

SNUippFédération Syndicale Unitaire

SNUipp

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…dès la rentrée

« Nous n’entrerons pas dans l’avenir à reculons » titre l’affichede rentrée du SNUipp. En effet, alors que le socle commun se meten place au détriment d’une culture commune, que certaines mé-thodes de lecture sont dénigrées par le Ministre, que les ZEP de-viennent hiérarchisées, que la formation initiale intègre le com-pagnonnage… le SNUipp propose aux enseignants des écolesd’exiger d’autres choix pour construire une école de la réussitede tous les élèves en se syndiquant dès la rentrée scolaire.

Adhésion auprès du SNUipp du département d’exercice xx.snuipp.fr" http://xx.snuipp.fr où XX est le numéro de départe-ment)

( fenêtres sur cours)Hebdomadaire du Syndicat National Unitaire

des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC - 128 Bd Blanqui - 75013 ParisTél : 01.44.08.69.30 - e-mail [email protected]

• Directeur de la publication : Gilles Sarrotte • Rédaction : Lydie Buguet,Bernadette Groison, Michèle Frémont, Lise Dobrécourt, Philippe Hermant, Daniel

Labaquère, Eliane Lancette, Pierre Magnetto, Arnaud Malaisé, Christelle Mauss, GillesMoindrot, Jacques Mucchielli, Pascale Pizzato, Guy Pourchet, Gilles Sarrotte,

Sébastien Sihr, Sophie Zafari • Impression SIEP - Bois-le-Roi • Régie publicité :MISTRAL MEDIA, 365 rue Vaugirard 75015 PARIS Tél : 01.40.02.99.00 • Prix du

numéro : 1 euro - Abonnement 23 euros • ISSN 1241 - 0497 • CPPAP 3695 D 73 S• Adhérent du Syndicat de la Presse Sociale

Se syndiquer…

Spécial scolairesExcursions et séjours

Charente-Maritimeen

@

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a rentrée déjà, larentrée enfin! Entre

inquiétudes et enthousiasme,entre incertitudes et espoir ,c'est la rentrée. Inquiétudes et révolte face auxmenaces d'expulsion qui pèsentencore sur de nombreux élèvessans-papiers, malgré lamobilisation des parents, enseignants, du réseau RESFpendant tout l'été; inquiétudeset tristesse pour les enfants duLiban, du Proche-orient qui ontsouffert ces dernières semaineset dont l'avenir est loin d'êtrerassurant dans un monde où lapaix s'éloigne chaque jourdavantage..Espoir et attente pour les 6 600 000 élèves que nousaccueillons dans nos classes encette rentrée scolaire.Unerentrée scolaire qui serapourtant marqué par uncontexte dégradé : soclecommun, restrictions budgétaires, précarisationaccrue... Voilà pourquoi nousserons aussi motivés etdéterminés à ne pas subir lesinjonctions ministérielles et lesmenaces qui pèsent sur l'écoleet les personnels.Alors oui c'est la rentrée,autrement dit c'est le momentd'agir, de se mobiliser, dans laclasse, dans l'école, dans la rue,sans attendre.

Sophie Zafari

N° 287 28 août 2006

L

RESF :30 000demandes pour combien de régularisationsSUPPRESSION DE POSTES : grève à larentrée dans l’Education nationale

PÉDAGOGIE, J’ÉCRIS TONNOM :L’enseignant n’est pasun technicien mais reste auquotidien un créateur et unconcepteur en pédagogie.

LEUR AVIS : réforme de la protection del’enfance.ENTRE CIEL ET TERRE :5ème concours du SNUippINTERVIEW : Erik Orsenna

Dossier

Métier

Réflexions

Actu

A LA RENCONTRE DE L’AUTRE : reportage sur une démarche commune de l’Institut dumonde arabe et dumusée d’Art etd’histoire du judaïsmeSALAIRES : nouvellegrille au 1er juillet

18

( )fenêtressur . cours( )fenêtressur . cours Edi t

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CACHAN : EXPULSION DE SANS LOGIS

Le millier de sans logis, dont une moitiéde sans papiers et 200 enfants, expulsésdu squat de Cachan a servi de démons-tration à la politique de fermeté affichéepar le gouvernement sur la question dessans papiers. Ces adultes et ces enfantsqui occupaient les lieux depuis 2003 de-viennent de fait condamnés à encore

plus de précarité, au vude l’insuffisance du lo-gement social. La FSUdénonce cette « expul-sion sans engagementd’une procédure de re-

logement pérenne ni de régularisation »à quelques jours de la rentrée scolaire.Elle appelle « à la solidarité et à la mo-bilisation pour qu’aucun des enfantsconcernés ne manque le jour de la ren-trée » et réclame « la libération despersonnes placées en rétention et des so-lutions de relogement viables pourtoutes ces familles ».

epuis le vendredi 13 août, les préfecturesne délivrent plus de dossiers de régulari-sation aux familles sans papiers ayant des

enfants scolarisés. Tout au long de l’été, delongues files composées de parents, souventaccompagnés de leurs enfants, se sont forméestous les jours devant les préfectures afin de ré-cupérer ce dossier. Environ 30 000 dossiers ontété retirés. Mais avant même l’examen de l’en-semble des dossiers, le Ministre avait évalué à6000 le nombre de personnes régularisablesdans le cadre de sa circulaire du 13 juin.Qu’adviendra-t-il alors des milliers de famillesauxquelles les préfets refuseront la régularisa-tion, nombre estimé par RESF entre 50 000 et100 000 personnes, et dont les enfants vont re-

prendre le chemin de l’école dès le 4 sep-tembre ? Prendront-ils contraints et forcés lechemin de l’aéroport comme la familleKostyuba expulsée le 13 août vers l’Ukraineavec leur enfant de 4 ans né en France et sco-larisé en maternelle, suite à une convocation enpréfecture de l’Essonne pour l’examen de leurdossier ?Les mobilisations vont donc reprendre dès larentrée scolaire autour des familles déboutéesde la circulaire du 13 juin mais aussi autour desjeunes majeurs scolarisés dont 3 ont été expul-sés au cours de l’été. A la rentrée, le SNUippagira avec les enseignants pour que tous les en-fants retrouvent le chemin de l’école.

A.M

SANS PAPIERS30 000 DEMANDES, COMBIEN DE

RÉGULARISATIONS ?

Actu

D

2003 / 2004 2004 / 2005 2006 / 20072005 / 2006

+44 000

+25 900

+69 900

+64 600

+16 000

+48 600+52 400

-12 000

+50 800

-800

-51 600+64 800

Les effectifs en élémentaire

sont en constante augmentation,

en regard de l'évolution régulière

des naissances entre 1994 et 2000.

En revanche le léger fléchissement

de la natalité entre 2001 et 2004

explique la baisse de la scolarisation

en maternelleprévue pour les deux

prochaines années scolaires.

En 2005 le seuil des 800 000

naissancesa de nouveau été atteint

et la hausse deseffectifs reprendra

en 2007 - 2008.

2-5 ans

total 2-10 ans

6-10 ans

Source : INSEE Estimation DEPP

Les estimations du ministère

tablent sur une poursuite de la baisse de

la scolarisationdes 2 ans !

Cette année, pour une baisse démographique de 1

2 400 enfants de 2 à 5 ans, le Ministère prévoit une baisse

de scolarisation en maternelle de 13 700 élèves.

A la rentrée 2007, pour une baisse de 800 enfants,

ce sont 6100 élèves de moins qui sont prévus.

Pour le Ministère, la scolarisation " est supposée "

se maintenir à 25% pour les enfants de 2 ans...

EVOLUTION DES EFFECTIFSET ESTIMATIONS

Les effectifs en élémentaire sont

en constante augmentation, au

regard de l’évolution régulière des

naissances entre 1994 et 2000.

En revanche le léger fléchisse-

ment de la natalité entre 2001

et 2004 explique la baisse des ef-

fectifs en maternelle prévue pour

les deux prochaines années sco-

laires. En 2005 le seuil des 800

000 naissances de nouveau été

atteint at la hausse des effectifs

reprendra en 2007-2008.

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c’est en euros le montant de l’al-location de rentrée scolaire verséecette année dès le 17 août à prèsde 2,9 millions de bénéficiaires.Cette aide de l’Etat versée souscondition de ressources pourchaque enfant scolarisé âgé de 6 à18 ans, a été revalorisée de 4,73euros par rapport à l’année der-nière.

APPRENDRE À LIRE… «PAS SI SIMPLE»

giés. Nous n'avons pas puprendre contact avec toutesles familles des enfants quenous accueillons. Nousavons par contre rouvert lecentre aéré. Il était importantpour les enfants de renouerle dialogue interrompu par laguerre.

Aujourd'hui quels sont vosbesoins en terme d'aide in-ternationale ?Les premiers dons nous ontpermis de venir en aide aux

réfugiés arrivés à Saïda. Aujourd'hui noustravaillons à aider les urgences quoti-diennes, un nombre important de personnesse retrouvent au chômage. La solidarité in-ternationale est importante en terme d'aidefinancière mais aussi d'un point de vue sym-bolique.

*Solidarité laïque organise un appel à donspour les populations libanaises . www.soli-darite-laique.asso.fr

Propos recueillis par Lydie Buguet

Une brochure « apprendre à lire », envoyée parle ministre avant les va-cances à tous les ensei-gnants, poursuivant sa cam-pagne sur les méthodesd’apprentissage de la lecture; un DVD, en préparation,destiné aux circonscriptionsen vue de l’information et dela formation des maîtres ;des réunions pédagogiquesprévues cette année… L’entêtement de Gilles deRobien pour que sa « réforme prenne corps dansles classes » continue. Au moment où, sous la pression de la professionet des chercheurs, la modification des pro-grammes n’écarte finalement aucune approche etrappelle l’importance du lien entre l’identificationdes mots et leur signification, cette agitation pour-rait faire sourire mais les déclarations du ministreont pu jeter le trouble dans l’opinion et susciter

des interrogations et des doutes chez les parents.Adepte du double langage, iln’a pas donné d’injonctionsclaires dans les circulaires derentrée. Les enseignants conti-nueront comme ils le font déjàà apprendre à lire aux enfantsavec sérieux, en prenant encompte les évolutions de la re-cherche.C’est plus d’un climat de

confiance favorable aux apprentissages dont lesenseignants ont besoin. Cela passe nécessaire-ment par l’information, l’explication et le dia-logue entre les familles et l’école. C’est dans cebut que les syndicats d’enseignants, d’inspec-teurs, les mouvements pédagogiques et les pa-rents d’élèves ont élaboré le document«Apprendre à lire…pas si simple» envoyé dansles écoles dès la rentrée.

Philippe Hermant

GRANDE-BRETAGNE : DES ÉCOLES MAL BÂTIES

Défauts de conception et de construction,caractère inadapté à l'éducation, non

respect de la qualité environnementale(luminosité, aération), tel est le bilan du

programme de reconstruction lancé par legouvernement britannique sur la base departenariat public-privé. 50% des écoles

bâties entre 2000 et 2005 sont de mau-vaise qualité pour 19% seulement

déclarées comme « excellentes ». Legouvernement qui s'est engagé à rénover

et reconstruire toutes les écoles d'ici 2020est invité à revoir sa copie en terme de

prescriptions et cahiers des charges...

EUROPE: OBJECTIF LECTUREUne des priorités européennes est

l'amélioration des compétences en lecturedes jeunes européens de 15 ans. L'objectif

est de diminuer le taux de ceux quimaîtrisent mal la lecture de 20% actuelle-

ment à 15,5%. Les pays les meilleurs dela classe sont aujourd'hui la Finlande

(5,7%), l'Irlande (11%) et les Pays-bas(11,5%)

Actu

268,01

Vous êtes l'une des responsablesde l'associationTadamoun WaTanmia. Quelle est la vocationde cette association et commentavez-vous vécu les derniers évè-nements ? Notre assocation laïque est spé-cialisée dans la prise en charged’enfants déficients mentaux . Elleorganise également dans lesécoles et dans les centres aérés,des clubs de lecture. A Saïda oùnous gérons un centre d’acceuilde jour, nous avons acceuilli240 familles venues des vil-lages du sud. La ville, elle, a abritée jusqu'à130 000 réfugiés. Le dernier bombardementest tombé à 100 m de notre bâtiment le sa-medi qui a suivi les accords internationaux.

Quand allez-vous reprendre les activités del'association auprès des enfants?Une circulaire du gouvernement fixe la ren-trée au 9 octobre, nous devrions reprendre àce moment là. La situation est très différen-te d'une école à l'autre. Certaines ont étébombardées, d'autres endommagées,d'autres sont toujours occupées par des réfu-

NABIHA AFIF

MEMBRE DE L'ASSOCIA-TION TADAMOUN

WATANMIA

« SOLIDARITÉ ET DÉVE-LOPPEMENT »

« Renouer le dialogue interrompu par la guerre »

6

4 pages dispo-nibles auprès dessections départe-

mentales duSNUipp.

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uinze mille fonctionnaires en moinsdont 8 500 pour la seule EducationNationale. Élèves, étudiants, parents et syndi-cats ( Ferc-CGT; FAEN; FSU; Sgen-

CFDT; UNSA; Cé; Unef; Fidl; UNL; FCPE) appellent à se mobiliser dans une actioncommune dès la rentrée . Des rassemble-ments unitaires sont prévus le 6 septembreun peu partout en France pour « dénoncerles arbitrages budgétaires du gouvernement» qui visent à « réduire de manière signifi-cative les moyens du service public » . Enperspective une journée de grève nationalefin septembre. Le premier ministre a tran-ché. C'est un budget insuffisant qui se dessi-ne pour 2007 malgré l'affichage de 2,2 mil-liards d'euros de hausse. Traduite en eurosconstants, cette augmentation équivaut à uneperte de 1% des budgets alloués à la fonctionpublique. « Une politique à courte vue, ré-trograde dans ses choix et dangereuse pourl'avenir » dénoncent les fédérations. La réduction du nombre de fonctionnaires

est posée comme une nécessité pour rédui-re la dette publique. Tous les ministères sonttouchés.La recherche d'économies par l'annonce desuppressions de postes met en grande partieà contribution l'Education Nationale. Aux 1500 postes crées dans l'enseignement supé-rieur et la recherche, (au lieu des 3 000 ini-tialement prévus), l'arithmétique ministérielprévoit la suppression de près de 8 500postes. « Une baisse importante » convientGilles De Robien, qui ensuite minimise etjure que « la rentrée se passera très bien et

qu'il n'y aura pas de réduction de l'offre édu-cative » sans plus de précision. Pas plus d'ambition pour l'école en ce quiconcerne les nouvelles orientations de cetterentrée : mise en place du socle commun desconnaissances au centre de la loi d'orienta-tion et de programme 2005 et avec lui, lesprogrammes personnalisés de réussite éduca-tive (PPRE), modification des programmessur l'apprentissage de la lecture, mise enoeuvre des programmes personnalisés descolarisation (PPS) dans le cadre de la loi surle handicap, entrée en vigueur de la politique« ambition réussite » . Un inventaire dont leministre s'enorgueillit en affichant son auto-satisfaction. Alors qu'en réalité, ces mesuresn'inscrivent pas l'école dans une nécessairelogique de réussite pour tous les élèves (voirFSC n°286). « Les connaissances et les compétences quetous les élèves doivent avoir acquises à la finde la scolarité obligatoire » autour des septpiliers du socle s'appuient sur des acquisi-tions définies palier par palier avec des éva-luations régulières à la fin de chaque cycle etdes remédiations systématiques ciblées surce seul socle. Comme si le simple faitd'abaisser les ambitions suffisait à diminuerles problèmes. La question de la réussite detous renvoie nécessairement à une véritabletransformation de l'école ainsi qu'à un accèsaux savoirs et à une culture partagée qui per-mettent aux élèves de comprendre la com-plexité du monde et ses enjeux. Pas de statu quo possible. Le SNUipp ap-

pelle à d'autres choix éducatifs pour la réus-site de tous : du temps pour le développe-

GRÈVE UNITAIRE EN SEPTEMBRE

Élèves, étudiants, parents et personnelslancent une campagne pour le service public d’éducation. Les échéances de la mo-bilisation pour la réussite scolaire et universitaire sont déjà connues. Rendez-vous le6 septembre pour des rassemblements puis fin du mois pour une grève nationale.

Restriction budgétaire pour cette rentrée. Des annonces concernant le budget 2007 et les suppressions de

postes, ne peuvent qu’ inquiéter une école en quête de réussite. Le service public d’éducation menacé sera

au coeur d’une grève annoncée pour fin septembre.

Les services et l’emploi publics, toutcomme une politique salariale ambitieu-se peuvent constituer des investisse-ments susceptibles de contribuer à la re-lance d’une croissance porteuse de ré-duction des déficits.

Un budget insuffisant : selon la DEP, leseffectifs du primaire devraient bondir de39 100 élèves cette année et de 46 400 àla rentrée prochaine. Pour les écoles, le ministère ne prévoitque de créer « plusieurs centaines depostes »

Transformer l'école reste une urgence.Pour la réussite de tous : « Nous n'en-trerons pas dans l'avenir à reculons »comme l'annonce le SNUipp dans sacampagne de rentrée.

ment du travail en équipe, plus de maîtresque de classes, abaissement significatif dunombre d'élèves par classe, exigence pourpromouvoir la maternelle et scolariser les en-fants de moins de trois ans, des moyens pourla direction. De quoi continuer à exiger uneécole de la réussite de tous. Rendez-vous estpris pour réussir les rassemblements du 6 etla grève nationale fin septembre.

Sébastien Sihr

Q

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Le dossier de la direction et du fonc-tionnement de l'école n'est pas clos.

N'en déplaise au ministre, Gilles de Robien,pour qui la signature du protocole avec uneseule organisation syndicale suffit, à répondreaux besoins de la direction. Dans une déclara-tion commune, le SNUipp et le SGEN appel-lent « à donner un nouvel élan à l'action deblocage administratif en refusant de trans-mettre l'enquête lourde de cette rentrée ». LeSNUipp a adressé à toutes les écoles un 4pages « Direction : continuons ensemble »afin de rappeler les enjeux de ce dossier et pré-ciser les consignes à suivre pour réussir l'ac-tion de blocage. Si toutes les consignes sontadaptables à chaque situation départementale,il s'agit en priorité de priver l'administrationdes informations qu'elle demande aux écolessans pénaliser ni les élèves, ni les enseignants.(voir ci-contre). Car, l'insatisfaction majoritairement expriméepar le rejet du protocole sur la direction lors dela consultation organisée par le SNUipp enavril aujourd'hui demeure. A l'évidence, nil'emploi d'EVS en contrat précaire de 10 moissans possibilité de formation, ni l'augmenta-

tion de 15 euros mensuel, pas plus que l'utili-sation des PE2 comme moyen de remplace-ment pour les décharges ne sont de nature à ré-pondre aux attentes des équipes enseignantesdes écoles. Cette dernière mesure qui vise àassurer partiellement les décharges de direc-tion des écoles à 4 classes (30 semaines sur les36 que comptent l'année scolaire) amputemême dans certains départements la formationinitiale et continue. Et pourtant, l'obtention d’une journée de dé-charge pour les écoles 4 classes représente dela part du ministère une première reconnais-sance du besoin de temps pour toutes lesécoles. Sauf qu'il aurait fallu la création de1700 postes de titulaires pour que le dispositifsoit envisagé de manière pérenne. Dans l'Oise,le Morbihan ou les Côtes d'Armor, des écolesmaternelles à 4 classes n’ont pas dans un pre-mier temps bénéficié d’une journée de déchar-ge nécessitant une intervention du SNUipp au-près du ministre. Aujourd'hui plus que jamais, le SNUipp réaf-firme son exigence de prise en compte de laréalité des besoins des écoles pour une direc-tion et un fonctionnement améliorés. Cela né-

DIRECTIONLE MINISTRE BLOQUE, LES ÉCOLES AUSSI

Blocage : continuons ensemble

Dès la pré-rentrée, informer les maireset les parents de l'action en cours.

Proposer une motion du conseil desmaîtres en direction des IA et IEN.

Au jour le jour, bloquer les constats derentrée, l'enquête 19 ainsi que les prévi-

sions d'effectifs pour la rentrée 2007. Ne pas envoyer les comptes-rendues desréunions institutionnelles et ne pas parti-ciper aux diverses réunions ou commis-

sions hors temps de travail.

Le blocage concerne également« base élèves » qui constitue un élé-

ment d'informations précises pour l'ad-ministration.

cessite des réponses d'une autre ampleur : dutemps supplémentaire pour toutes les écoles,des emplois administratifs stables, des aidesmatérielles, une redéfinition et un allègementdes tâches de direction, une réelle revalorisa-tion indiciaire.

Sébastien Sihr

L

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Actu

Concocté dans l’urgence, sans concertation niréflexion sur les besoins en formation, le dis-positif « stages filés » pour les PE2 va entreren pratique, de manière différente d’un dépar-tement à l’autre, dès la rentrée. Pour les raresPE2 qui bénéficieront d’une préparation auxstages filés, la prise de fonction dans lesécoles se fera au courant du mois de sep-tembre.En l’absence de créations de postes, ce dispo-sitif devait permettre d’offrir un jour de dé-charge aux écoles de 4 classes. Le nombre dePE2 ne correspondant pas au nombre d’écolesconcernées, il a fallu composer. Quand il y atrop de PE2, les solutions sont diverses :stages filés de formation continue, postes demaîtres ressources, décharges des temps par-tiels, des directions de 5 à 8 classes. Dans laplupart des cas, les affectations sont décidéespar l’IUFM, rares sont les départements quiont réuni un groupe de travail pour les étudierpréalablement. Des critères peuvent exister,avec un barème. Quelques IA ont renvoyé aux écoles l’accom-

pagnement des PE2, alors que la circulaire in-dique que les enseignants ne sont pas des for-mateurs . Les circonscriptions suivent en gé-néral le dispositif mais le suivi sera essentiel-lement confié aux formateurs de l’IUFM,dans des conditions qui différent d’un IUFMà l’autre au niveau du nombre de visites, del’organisation en terme de préparation, d’ana-lyse de pratiques, de progressivité ou d’éva-luation. Certains IUFM ont néanmoins prévudes cahiers des charges qui pourront servir decadrage pour les écoles et les circonscrip-tions. En réponse aux questions du SNUipp,le Ministère a précisé qu’aucun professeurdes écoles stagiaire, nommé sur une écolepratiquant une rentrée anticipée, ne pourraêtre en charge d’un groupe d’élèves tant qu iln’a pas pris ses fonctions de fonctionnaire sta-giaire, c’est à dire à partir du 1er septembreDès la rentrée, le SNUipp rencontrera les PE2,les formateurs et débattra avec l'ensemble descollègues, en particulier les équipes concer-nées par l'accueil de PE2.

P.H.

« La rentrée 2006 connaîtra une augmentation de 1,51%,

le pouvoir d’achat des familles n’ayant pas augmenté, la fac-

ture pèsera donc plus lourd cette année dans les budgets de

septembre »La Confédération Syndicale des Familles

BONIFICATION INDEMNITAIRELe ministère de la Fonction Publique a misen place une bonification indemnitaire pourles fonctionnaires qui comptent au moins 5ans d’ancienneté dans le dernier échelon deleur corps. En 2006, elle sera versée aucours du dernier trimestre.Son montant est de 400 Euros brut pour lesinstituteurs au 11ème échelon et de 700Euros brut pour les PE au 7e échelon de lahors classe. Pour les personnels exerçant àtemps partiel, elle est versée au prorata de ladurée des services effectués.Si les 5 ans d’ancienneté sont atteints aucours de l’année 2006, le montant est pro-portionnel au nombre de mois écoulés de-puis la promotion..Considérant que cette mesure ne compensepas la baisse du pouvoir d’achat, la FSUavait refusé de signer cet accord en janvierdernier.

MAINTIEN DU CONCOURS INTERNEET DE LA LISTE D’APTITUDE PELors d’une audience accordée au SNUippen juin, le ministère a confirmé que les deuxprocédures actuelles d’intégration des insti-tuteurs dans le corps des professeurs desécoles, concours interne et liste d’aptitude,sont statutaires et donc maintenues en 2007,et probablement en 2008. Pour les pro-chaines années, on ne sait pas. La basculeautomatique de tous les instituteurs dans lecorps des PE ne pourra être effective, quelorsque le nombre d’instituteurs sera trèsfaible, de l’ordre de quelques centaines. Ilest actuellement estimé à plusieurs milliers.En attendant cette bascule, le ministèren’envisage aucune mesure spécifique pourles instituteurs retraités, ne répondant pasen cela à la demande du SNUipp de prise demesures d’assimilation rapides.

PE2 STAGES FIL É S DANS LA CONFUSION

BASE ELEVES les consignes du SNUipp

L'expérimentation ministérielle du nouveau système « baseélèves » de gestion des écoles par internet se poursuit. Sa géné-ralisation est prévue à la rentrée 2007. Si « base élèves » répond à des besoins (outil commun, forma-tion, assistance technique...) des questions importantes restentposées. Dans le contexte actuel, chasse aux « sans papier » etloi sur la délinquance, l'utilisation de données individuelles à desfins non scolaires comme la possibilité d'un fichage sont réels. Sile directeur est la seule personne pouvant renseigner tous leschamps, I.A et I.E.N peuvent consulter et extraire des « fichesnominatives individuelles ». Un fichier centralisé est constitué au plan départemental. Sur cespoints, le SNUipp s’est adressé à la CNIL pour avis. De plus, le syndicat a demandé au minis-tère d’anonymer les données accessibles à d’autres utilisateurs que le directeur d’école, de reti-rer les champs posant problème et réclame dans le courant du premier trimestre de cette annéeun bilan contradictoire sur la gestion de ce type de fichier. Aujourd’hui en l’absence de réponseà ces différentes sollicitations, le SNUipp appelle : à neutraliser les champs « nationalité », « RASED » et « absentéisme » pour celles et ceux qui sont déjà dans l'expérimentation. Pourles autres, en attendant, il les invite à ne pas entrer dans l’expérimentation.

Dès cette rentrée, débute le dispositif « stages filés ». Une mise en place précipitée et trèsdiverses selon les départements et IUFM.

A Mayotte, les enseignants du premierdegré se sont mis en grève juste avant les

vacances. Le manque de locaux rend les condi-tions de scolarisation inadmissibles : beaucoup

d'écoles fonctionnent en rotation, c'est à dire que cer-tains élèves vont en classe le matin, et les autres

l'après-midi. Les prévisions pour cette rentrée sont de100% de rotations sur le secteur du « GrandMamoudzou », la capitale administrative !L’action se poursuivra à la rentrée afin demaintenir la pression pour la construction

et la rénovation de 400 salles declasse supplémentaires.

97000

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0 000 emplois de vie scolaire (EVS),sur des contrats aidés, doivent être re-crutés pour l'aide à la direction et pour

l'accompagnement des élèves en situationde handicap. A la veille de la rentrée, diffi-cile d'apprécier la mise en place de cettemesure. Ici l'IA attribue d'office un EVSpar école, là le directeur est invité à cher-cher ses candidats. Même cacophonie pourles contrats, temps de service... Les profilsrecrutés ne correspondent pas toujours àceux des contrats d'accompagnement àl'emploi ou d'avenir. Les chefs d'établissement chargés de lagestion des personnels ont obtenu des pro-tocoles avec les académies concernant la

a généralisation des ProgrammesPersonnalisés de Réussite Educative

(P.P.R.E) constitue la nouveauté de cette ren-trée. Les dispositions prises lors de la miseen oeuvre de loi d'orientation ont été préci-sées. La « lettre flash » du Ministère du 6juillet précise que les évaluations de débutCE1 auront pour but de vérifier les compé-tences en lecture : les élèves présentant «des difficultés de déchiffrage seront aidés pardes PPRE centrés sur la lecture et l'écriture». Dès cette rentrée scolaire, ils seront pro-posés aux élèves de CP et CE1, à tous les re-doublants et aux élèves de 6ème. Ils serontétendus à tout le cycle 3 à la rentrée prochai-ne. Des précisions supplémentaires serontdonnées dans une circulaire à paraître. Lamise en place des PPRE se fera à moyensconstants et par redéploiement : mobilisationdes enseignants spécialisés des réseaux d'ai-de, utilisation des moyens consacrés à l'ex-périmentation des CP dédoublés, maîtressurnuméraires des ZEP/REP.

Expérimenté l'année dernière sur près des 25000 écoliers, ce dispositif prétend répondre àdes difficultés « traduisant autre chose

qu'une faiblesse passagère ». Le PPRE estassocié au socle commun : « A tout momentde la scolarité, une aide spécifique est appor-tée aux élèves qui éprouvent des difficultésdans l'acquisition du socle commun... » : ladéfinition des compétences à atteindre parpalier est annoncée pour la fin 2006 en ce quiconcerne le CP, le CE1 et la 6ème, en 2007pour les autres niveaux.

La lutte contre l'échec scolaire ne peut pas selimiter à la seule mise en place des PPRE ouà la redéfi-nition desm i s s i o n sdes person-nels spécia-lisés : celaexige uneautre orga-nisation del'école, dela formation et du temps pour le travail enéquipe dont les écoles vont avoir besoin pourrelever collectivement ce défi.

D.L.

MISE EN PLACEDES PPRE

EVS:DES DROITS À DÉFENDRE ET À CONSTRUIRE

protection juridique, le recrutement (pré-sélection par les IA après avis des direc-teurs d'école) et des moyens. La formationincombera au ministère de l'emploi ou àl'Education nationale (Greta, plan de for-mation, tutorat des écoles). Le SNUipp a condamné l'utilisation descontrats précaires et appelé les directeurset directrices à ne pas participer au recru-tement : les besoins des écoles en person-nels stables et statutaires ne sont pas satis-faits de cette manière. Il aidera et défen-dera également les droits de ces person-nels.

M.F.

5

Voici la deuxième rentrée scolaire de-puis la loi qui garantit le droit à l'éco-le pour tous les élèves handicapés et lacirculaire sur sa mise en oeuvre de-vrait bientôt paraître au BO... Toutjeune doit avoir une école de référen-ce, la plus proche de son domicile,mais son inscription administrativepeut se faire dans une école plus adap-tée à ses besoins. L'élaboration duprojet personnalisé de scolarisation(PPS), validé par la commission desdroits et de l'autonomie, est confiée àl'équipe d'évaluation de la MDPH*ainsi qu'à l'équipe de suivi de scolari-sation sous la responsabilité de l'ensei-gnant référent, l'équipe éducativedonne son avis et est chargée de saréalisation. Les procédures en cas depremière inscription sont explicitées –sur une demande du SNUipp - afin deprévoir des mesures d'accompagne-ment durant les démarches effectuéespar les familles avec l'aide de l'ensei-gnant référent. En cas de manque oud'inadéquation du PPS, l'IEN peutprendre des mesures conservatoires.L'enseignant référent est une nouvellefonction assurée par des enseignantsspécialisés affectés dans une école ouun établissement publics sur un sec-teur défini. Toutes les écoles doiventavoir ses coordonnées. Depuis plusd'un an, cette nouvelle organisation semet en place péniblement : problèmesde définition du nombre d'enseignantsréférents, des moyens de fonctionne-ment et des secteurs d'intervention,mais aussi d'insuffisance de la forma-tion spécialisée, de l'accompagnementpar les auxiliaires de vie scolaire etdes installations chaotiques desMDPH. Le ministère a annoncé uneinformation sur la scolarisation desélèves handicapés lors des journéesd'animation pédagogique.

Michelle Frémont

*Maison départementale des per-sonnes handicapées (MDPH).

ELÈVES HANDICAPÉS: BIENTÔT

UNE CIRCULAIRE

L

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’année scolaire dernière aété marquée par la polé-mique sur les méthodesd’apprentissage de la lec-

ture.Le discours de Gilles de Robien sur laméthode « syllabique », présentéecomme la voie magique soi-disantignorée par les enseignants qui luipréféreraient la « globale », a suscitéla colère. D’abord, sesaffirmations trahissent uneforte méconnaissance dutravail des enseignants.Son injonction d’utilisercette méthode, qui a susci-té une forte mobilisationdes enseignants, cher-cheurs, mouvementspédagogiques, parents, etc., a étévécue comme une mise en cause duprincipe de « liberté pédagogique »(lire ci-contre).

L’enseignant ne serait qu’un « tech-nicien », à qui il suffirait de tournerles pages des manuels scolaires pourtransmettre les savoirs. Or, enseignern’est pas si simple. Anne-Marie Char-tier, enseignante chercheur, convientqu’il faut savoir installer des « rou-tines » pour que « la classe tourne». Mais, précise-t-elle, s’il y a eu « untemps où le cadre scolaire était si bienfixé que tout débutant pouvait d’em-blée le prendre en charge (« prenezvotre livre page tant »), ce n’est plusle cas aujourd’hui ». La « routine »ne désigne pas une méthode précise,

mais « l’ensemble des gestes profes-sionnels qui institue un cadre stablepour le maître et les élèves et qui per-met une mise au travail rapide » (lirepage 16). Quand le ministre fait lapromotion de la « syllabique » (ilpromet d’intervenir bientôt sur lafaçon d’enseigner la grammaire et lecalcul), il s’en tient à une méthoded’enseignement parmi d’autres.

Confronté à la réalité de saclasse, l’enseignant doitavoir, lui, une vision bienplus large. Il devra, enfonction du niveau de sesélèves, de leurs difficultés,de leur développementcognitif, jouer sur l’en-

semble des méthodes et ressourcespermettant l’acquisition des appren-tissages par tous. Pour transmettre dessavoirs, il doit innover, être le concep-teur de son enseignement, des situa-tions d’apprentissage et des modes demédiation. Les apports des sciencesde l’éducation doivent dépasser lesimple cadre théorique et être mis àl’épreuve des pratiques, des tech-niques et des finalités assignées àl’éducation, et réciproquement.Dans chaque école, dans chaque clas-se, c’est aux équipes et aux ensei-gnants de trouver leur propre chemin.Les pratiques observées sur le terrainsont riches d’enseignements. Ellesdémontrent que si le cadre fixé par lesprogrammes est bien précis, la maniè-re de le respecter n’est pas écrited’avance. Elle est chaque fois à réin-

L’acte d’enseignementet de transmission des

savoirs ne peut seréduire à l’usage d’une

seule méthode. Ildemande avant tout de

prendre en compte laréalité de la classe et

des élèves et d’innoverà chaque fois sur lechemin qui mène à

l’acquisition descompétences. C’est lesens de la pédagogie.

L’institution ne doit

pas enfermer les pra-

tiques enseignantes

dans telle ou telle

méthode..

PÉ DAGOGIE,J’ É CRIS TON NOM

Dossier réalisé parMichelle Frémont,

Pierre Magnetto,Gilles Sarrotte, Sébastien Sihr.

Dossier

“L

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venter (lire pages 14 et 15)Il n’y a donc pas une méthode et uneseule, transposable et applicable par-tout et pour tous. Il y a un ensemblede méthodes, de pratiques pédago-giques, d’organisation du travail quidoivent être utilisées chaque fois quenécessaire pour parvenir à l’exigencede respect des programmes (lire page16). Et tout cela relève de l’apprécia-tion de l’enseignant et des équipes.C’est là que réside la responsabilitéprofessionnelle. Une responsabilitésans cesse alourdie par l’institutionqui, à juste titre, a introduit au fil dutemps de nouveaux apprentissagesdans les programmes (languesvivantes, TICE…), et a démocratisé lesystème tout en demandant à l’Ecolede « former » les citoyens dedemain. Mais c’est justement parceque ses exigences augmentent qu’ellene doit pas enfermer les pratiquesenseignantes dans telle ou telleméthode.

Au contraire, estime Michel Develay,docteur en didactique des disciplineset docteur ès Lettres et Sciences

humaines, « l’élément fondamentalest que l’enseignant soit en capacitéde penser, de problématiser, de conti-nuer à innover, à concevoir sonmétier comme une pratique vivante». Pareille posture exige un niveau deconnaissances et de ressources auquelles IUFM ne répondent pas toujours.Un rapport de l’IGEN de juillet 2005conseille de centrer la formation ini-tiale et continue « sur les effets etacquis que permettent les méthodes

pédagogiques, plus que sur lesméthodes pédagogiques elles-mêmes.Il faut mieux former les enseignants àpiloter leurs enseignements ». Celava dans le sens de la responsabilisa-tion de l’enseignant qui renvoie, selonMichel Develay, « à la dimensiond’équipe, au travail en commun, toutcomme, la réflexivité qui permet desmoments de régulation pour prendrede la distance, pour se mettre à dis-tance. »

Enseigner, c’est être concepteur des situations d’apprentissage, des modes de médiation avec l’appui de

l’ensemble des ressources.

LA LIBERTÉ PÉDAGOGIQUE

Cette notion n’a été juridiquement définie qu’en 2005 dans la loi Fillon : « la liberté péda-gogique de l’enseignant s’exerce dans le respect des programmes et des instructions [...] etdans le cadre du projet d’école ou d’établissement avec conseil et sous contrôle desmembres des corps d’inspection »1. Le Conseil d’Etat l'a rappelé plusieurs fois: l’Etat défi-nit les contenus d’enseignement et les missions des enseignants. Aussi la liberté pédago-gique reste-t-elle celle du choix des méthodes pédagogiques, des démarches didactiques etdu type de médiations. Ce principe a toujours été revendiqué comme garantie d’une indépendance de l’école faceaux pressions partisanes et celle du respect des règles de la laïcité. Mais c’est aussi unmoyen pour l'enseignant de faire « respecter la spécificité et l’autonomie de sa pratiqueprofessionnelle » vis-à-vis de la hiérarchie administrative et des familles. Cette libertén’exonère pas les enseignants de leurs obligations comme celles d’informer leurs dé-marches.

1 article L.912-1-1 code de l’éducation, 2 De la déontologie enseignante, Eirick Prairat

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faut s'approprier, moduler au regard de saréflexion personnelle, des réactions et be-soins des enfants. « Ces matériaux ne sontpas utilisables clef en main, c'est à nous deles rendre intelligents» insiste t-elle. Cette manière d'enseigner constitue sa pro-fessionnalité, un espace où elle peut créerdes outils, des réponses adaptées à chaquesituation. Et de conclure « si on enlèvetout cela, on retire le moteur de la dyna-mique du métier d'enseignant ».

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e suis dans l'obligationd'adapter ma pratiqued'une année sur l'autre ».

Pour Chrystel Gombert, maîtressed'une classe de tout petits et petits de26 élèves à St Gaudens en Haute

MORARDCHRISTINE

GOMBERTCHRYSTELLE

Dossier

Le plaisir de créer

a grande section est une classecharnière ». Christine Morard, en-seignante à l’école maternelle ElsaTriolet à Fontaine dans la banlieue

grenobloise située en REP connaît bienl'enjeu d'enseigner à ce niveau : « c'estun âge où il faut laisser aux enfants letemps de consolider ce qui a étéconstruit en petite et moyenne section.Et ce pour aller, petit à petit au cours del'année, vers des apprentissages plusdistanciés de la manipulation ». Ellepoursuit « c'est ici que l'enfant devientun élève à part entière ».Pour répondre à cette exigence, la maî-tresse organise ses temps d'apprentis-sages. Courts parfois avec des activitésqui demandent de la concentration , es-pacés aussi sur la semaine afin de leshabituer à mener un travail dans lacontinuité. Christine conçoit avec sescollègues de l’école également des ate-liers en fonction des besoins des en-fants. « Car l'équipe a une force deconception » précise t-elle. Ainsi, pourappréhender le langage écrit sontconstitués des groupes de langage, dephonologie, de compréhension. Dansce sens, l'enseignante a créé des pan-neaux et des carnets de littérature. Lesélèves s'y réfèrent, se constituent « uncapital d'histoires, une bibliothèque in-terne afin de construire des liens entreles livres ». Idem pour le cahier de vie,trace régulière de ce qui se fait à l'éco-le, que les enfants ramènent à leurs pa-rents deux fois par semaine. « Un lienconstructif entre l'école et les famillesdans cette zone sensible » préciseChristine. Et puis, il y a l'art d'utiliserdes outils qui existent déjà mais qu'il

«L

«J

Une pratique réflexive

Garonne, la maternelle lieu d'apprentis-sage et de socialisation est « un espacede création au service de tous les en-fants ». « Mon gros objectif de l'annéeexplique t-elle est de leur donner plaisirà venir à l'école, essayer de créer uneambiance de classe rassurante, structu-rante pour qu'ils apprennent à vivre en-semble » . Entre un enfant de 2 ans etdemi et 3 ans et demi, « il y a un grandfossé au niveau du langage, en terme dedéveloppement » si bien que Chrysteldoit réguler ses situations d'apprentissa-ge. Pour ces petits enfants encore cen-trés sur eux mêmes, rien ne coule desource. La posture de l'enseignant estalors importante « toujours expliquerce que l'on va faire, vers quoi cela vanous mener », donner du sens pourqu'ils puissent agir et apprendre. « Enactivité graphique par exemple, les en-fants doivent percevoir qu'ils ne fontpas de vague ou des traits pour s'occu-per mais bien pour les amener petit àpetit vers l'écriture » . L'enseignante réorganise sa classe pen-dant l'année selon les besoins des élèvesafin d'adapter sa pratique : coins jeux,petits espaces pour les groupes, lieu deregroupement. « C'est pour favoriserles moments d'écoute, d'observation, ousituation de langage en individuel » .Et puis pour Chrystel « c'est importantd'axer sa pratique pour les enfantsprioritaires sans laisser de côtés lesautres qui de toute manière se nourris-sent de toutce que laclasse ap-porte ».Elle metalors enplace desa c t i v i t é sspécifiquesp o u rmieux ac-compagnerces enfant.L e c t u r ed ' a l b u m sen individuels pour les faire s'exprimeret construire leur compréhension durécit, recherche de situations vécues,travail autour des prénoms pour aborderles lettres qui font du bruit...« Nous sommes dans un métier où l'ondoit être en perpétuelle réflexion, où il

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DUSSARPSEMMANUELLE

disponibles ne sont pas souvent adaptés »,constate-t-elle et elle liste entre autres : « cahier de littérature, sélection de livrespour permettre des liens intertextes, contesà lire en famille, récits et images séquen-

tiels, h i s t o i r e sd'amour... ». La constitu-tion degroupes va-riables a im-pliqué una m é n a g e -ment de laclasse (ca-siers indivi-duels, pas de

place attribuée). Les élèves travaillent enautonomie pendant qu' Emmanuelle s'occu-pe d'un groupe. Comme elle le fait remar-quer, les enfants sont déjà habitués à cetteorganisation en maternelle! Mais elle se pose toujours la question de cequ'elle aurait pu faire autrement : ce qui luisert d'aiguillon ce sont les difficultés desélèves à surmonter.

omment croiser les exigences insti-tutionnelles avec le profil de la clas-se telle qu'elle se présente (base de

l'élaboration du projet de la classe) et celuides élèves pris individuellement ? Partantde là, comment mettre en oeuvre au quoti-dien une différenciation efficace tout engardant les mêmes objectifs pour tous ?C'est avec ce questionnement qu'Emmanuelle Dussarps, jeune enseignante, aabordé cette année son premier CP à l'écoleLéo Lapeyre, à Peyrehorade, un bourg ruraldes Landes.En s'appuyant sur une bonne connaissancedes programmes et sur l'analyse des évalua-tions et des travaux des élèves - langage etmathématiques surtout-, il faut pouvoir cer-ner les besoins de chacun. Et en fonctiondes activités déjà menées, des réussites etdes échecs, il s'est agi de créer quotidienne-ment des séquences qui permettaient de re-médier ou de consolider les apprentissages.Alors il y a eu des essais, du tâtonnementparce que ces réponses sont toujours à in-venter : « on ne peut pas demander aux en-fants de cadrer avec certaines exigencessans s'être interrogé sur les situations àmettre en place », lance Emmanuelle.Ainsi « comprendre ce qu'on lit », ce n'estpas juste répondre à des questions, c'estaussi être capable de prendre des indices,d'anticiper, de faire des hypothèses... Elles'est construit au fur et à mesure des « en-trées » différentes, des outils, des jeuxqu'elle adapte comme celui qu'elle a élabo-ré à partir d'idées piochées dans un ouvraged'orthophonie. « C'est lourd mais les outils

C

on fonctionnement estsimple, la base première,c’est les programmes de

l’école, les documents d’accompagnement.Ensuite je vais chercher dans différentslivres de pédagogie tout l’aspect didac-tique pour élaborer mes progressions.Enfin quand j’ai établi tout cela, je parsdes évaluations ». Dans l’Eure-et-Loir, ledépartement où Bruno enseigne, elles sontfaites au CM2 mais celles de 6ème sontaussi pour lui une importante base de tra-vail. A l’école Jean Guéhenno , ZEP deBeaulieu, à Chartres il utilise les évalua-tions diagnostiques faites dans sa classe deCM2. L’analyse des évaluations, mise en rapportavec l’aspect didactique, lui permet de réa-liser sa programmation qui comme il le

HAUTINBRUNO

«M

précise « part des élèves tout en restantdans le cadre des programmes ».Son enseignement est basé sur des situa-tions d’ « auto socio construction du sa-voir » c’est à dire des situations pro-blèmes à réaliser individuellement ou engroupe. « Pour moi une situation problè-me, c’est une situation où tous les élèvespeuvent s’inscrire. Elle doit être suffisam-ment facile pour pouvoir y rentrer maisassez complexe pour qu’ils ne puissent passeuls la résoudre ». Ensuite, ses élèvess’entraînent, réinvestissent, différencient.Seuls mais aussi grâce aux autres. « Dutravail individuel, de groupe, en binômevoire avec d’autres classes dans le cadredes défis sciences, lectures ou mathéma-tiques ».Dans la classe, les manuels n’ont pas le-premier rôle. « J’y prends des exercicesou des images pour la géographie, lessciences. Ils me servent principalementd’outils ».La mise en place de l’activité lecture l’abeaucoup interrogé. « J’ai rencontré tropde gens qui aimaient la littérature mais quin’avaient pas aimé l’école ». Alors, il a «essayé de comprendre ce que disaient lesprogrammes, ce qui y était cohérent en re-lation avec les différentes approches didac-tiques aussi bien de l’ONL que du GFENou de l’INRP et a cherché en tant qu’ensei-gnant dans ces lectures ce qui conviendraitle mieux à ses élèves ».Dans la même logique, Bruno a énormé-ment observé les collègues de cycle 1 et 2et est allé « piocher chez eux la découver-te d’albums, le fonctionnement en coin lec-ture, les temps lecture de 10/15 minutes ».De par le nombre de ses élèves -28-, il uti-lise ainsi les ateliers de la maternellecomme fonctionnement de classe, « j’aides groupes en autonomie et un groupeavec moi et ontourne tous lesjours. Je travaillecomme en CP, onanticipe la suite, onfait des retours enarrière, on essaiede trouver les el-lipses, on cache letexte ou l’image ».Les situations d’ap-prentissage utili-sées à des niveauxantérieurs trouventlà une nouvelle utilité.

Le point de départ : les élèves

L'invention au quotidien.

est impossible de s'enfermer dans uneseule manière de faire » . Pour cela, il ya nécessité de pouvoir échanger avecles collègues qui se posent parfois lesmêmes questions et mettent en placedes situations différentes mais toutesaussi riches. Car « le métier reste tropsouvent un exercice solitaire ».

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Vous insistez sur l'importance des « routines» dans la classe. Pourquoi ?Dans l’école, le mot routine a une connotationnégative. C’est faire les choses mécanique-ment, être l'exécuteur d’un programme quel’on conduit sans savoir pourquoi. En criti-quant justement cette routine, on oublie des’interroger sur sa mise en place. Faire que «la classe tourne », comme on dit, demandeun gros travail initial. Peut-être y a-t-il eu untemps où le cadre scolaire était si bien fixéque tout débutant pouvait d’emblée le prendreen charge (« prenez votre livre, page tant »).Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La psychologie cognitive et l'ergonomie du

travail montrent que les gestes professionnelsinnovants s’inventent sur un fond de gestesinstitués. J'appelle donc routine l'ensembledes gestes professionnels qui institue un cadrestable pour le maître et les élèves et qui per-met une mise au travail rapide et économique(en dépense d’énergie).

Ce cadre institué n'est-il pas aussi du domai-ne d'invention de l'enseignant ?Le rôle de l'enseignant a évolué. Aujourd'hui,on lui demande d’accompagner chaque élèvedans son apprentissage. C’est bien, mais lerisque est que ce suivi individuel se fasse audétriment du lieu social qu'est le groupe clas-se. Les enjeux de la démocratisation, l'aideaux enfants de milieu populaire sont étroite-ment liés à cette question. Si le maître doitchaque jour réorganiser son mode de fonc-tionnement, expliciter de nouvellesconsignes, présenter des supports différents,les temps de « rodage » s’allongent et l’in-certitude des enfants sur ce qu’ils ont à faires’accroît. L'avantage des routines collectives,c’est qu’elles réduisent cette incertitude pourfixer l’attention sur les contenus partagés (ce

DES PRATICIENS EN RECHERCHE

Dossier

enser le travail de l'enseignant comme unesimple reproduction de modèles prédéfinisen gommant la médiation pédagogique est

un leurre sauf à croire que les savoirs s'acquiè-rent par pure transmission en ignorant le pointde vue de l'apprenant. Or « les élèves vont à

l'école pour apprendre et toutesles pédagogies sont définiescomme une réflexion, commedes méthodes d'organisation etde gestion de l'enseignement etde l'apprentissage ayant pour fi-nalité de faciliter l'apprentissa-ge » Ce qu'ont fait les grandspédagogues et à leur suite lesmouvements pédagogiques,c'est d'intégrer à la pratique de laclasse les apports des recherchesen sciences humaines, des diffé-rentes théories de l'apprentissa-ge et des conceptions en matièred'éducabilité. Ainsi les péda-gogues d'hier ont été rejoints parles promoteurs de la pédagogie

du projet (Vial, Legrand...) ou de la différencia-tion pédagogique (Meirieu...), aussi bien quepar les didacticiens comme Astolfi, Develay ou

Giordan ou encore Brit-Mari Barth... Par exemple le mouvement pour l'éducationmoderne (Freinet, Paolo Freire, Oury...) a pro-duit une multitude d'inventions comme l'impri-merie et le journal scolaire, la bibliothèque detravail, les outils auto-correctifs... mais aussi lesrègles de vie coopératives (conseil « Quoi deneuf ? », ceinture de comportement...), d'unecertaine façon en opposition au modèle acadé-mique appuyé sur le manuel, la leçon, la disci-pline... De son côté le Groupe français d'éduca-tion nouvelle a formalisé une pédagogie du pro-jet, favorisant l'activité individuelle de l'appre-nant (tâtonnement, essais/erreurs...), une « auto-socio-construction du savoir ». Quant à la dif-férenciation pédagogique, elle est une des ré-ponses à la grande hétérogénéité des élèves. Ces mouvements développent chez les ensei-gnants une posture de praticiens experts dansdes dynamiques de recherche-action et adoptentsouvent une position critique. Car le moteurcommun à toutes les pédagogies, c'est qu'ellesne font pas l'économie d'une réflexion plus largesur l'école, une école pour tous les élèves, et queleur action est guidée par des valeurs éduca-tives, éthiques, morales qui donnent sens auxactivités d'enseignement/apprentissage.

ANNE MARIE CHARTIER, ENSEIGNANTE CHER-CHEURE, SERVICE D'HISTOIRE

DE L'ÉDUCATION INRP, PARIS.

que les fiches individualisées ne permettentpas). Les routines ne sont d’ailleurs jamaisinstaurées mécaniquement. Il faut se les ap-proprier. L’imitation n’est pas une reproduc-tion à l’identique, chacun doit, pour refaire cequ’il a vu faire, inventer son propre style. Leproblème survient quand le maître sait si bien« faire tourner la machine » qu’elle tourne àvide. Le maître se désinvestit et les enfantsaussi.

Que peuvent faire les enseignants face à cerisque ?Pour éviter la routine mécanique, lesmaîtres suivent deux voies : innover sur lesdispositifs de travail (ce que permettent leséchanges professionnels, les mouvementspédagogiques, les expérimentations) ous’intéresser à l'énigme des enfants qui neréussissent pas. On écrit beaucoup sur lapremière voie, la seconde est plutôt l'objetde discussions entre enseignants ou dans lesmouvements pédagogiques. Ce devrait êtreaussi un objet de réflexion dans la formationcontinue, mais nous vivons une période oùcelle-ci est tellement sacrifiée...

DES ROUTINESPOUR INNOVER

P

La pratique de la classe s’est toujoursnourrie des apports de la recherche.

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« CONSIDÉRER L’ ENSEIGNANT COMME

UN PROFESSIONNEL »Michel Develay, docteur en sciences de l’éducation, est professeur à l’universi-té de Lyon 2. Il a orienté ses recherches sur les « apprentissages scolaires ( ver-sus didactique et anthropologique) » et les « approches circulaires des forma-tions d’enseignants »

Vous définissez « enseigner comme le faitde construire de l'humanitude » . Quellesdimensions recouvrent cette formule etl'acte d'enseigner en général ?Les enseignants ne sont pas seulement destransmetteurs de savoir, ils ont égalementun rôle déterminant dans la constructionde la société en devenir : faire en sorteque les élèves donnent du sens à ce qu'ilsapprennent en les aidant à se construire . Pour reprendre l'approche sociologiqueque développait Durkheim au début dusiècle, enseigner c'est faire en sorte d'aiderà l'émergence d'une personne , d'un ci-toyen et d'un travailleur. D'un point de vue anthropologique, un en-seignant , c'est quelqu'un qui est capablede « féconder de l'humain », au sens decréer un vivre ensemble qui aide un enfantà s'intégrer à l'histoire de l'humanité quedécrivent les savoirs enseignés. Cette ambition alliée à l'exigence de dé-mocratisation a t-elle fait évoluer le mé-tier d'enseignant ?Aujourd'hui, l'école doit être pensée à par-tir de l'élève . Enseigner pour faire ap-prendre renvoie à une configuration d'en-seignant comme spécialiste de la compré-hension de la manière dont les élèves vi-vent leur rapport aux savoirs et simultané-ment construisent leur rapport au vivre en-semble c'est à dire le rapport à la loi. Unedes difficultés est que les deux choses (sedécouvrir en découvrant le monde et lesautres) doivent se faire simultanément.Dans la pratique, pour comprendre le rap-port d'un élève avec un savoir particulier,il faut que le maître soit attentif tout à lafois à une grande maîtrise des savoirs et àune bonne connaissance des processusd'apprentissage. De fait, qu'est ce que cela implique dupoint de vue des pratiques enseignantes ?

Ce qui est fondamental est de considérerl'enseignant comme un professionnel. Ilest un médiateur dans son rapport aux sa-voirs et aux élèves et tout autant unconcepteur de situations : capable deconcevoir les choses et pas simplementd'appliquer des méthodes qu'on lui deman-de de faire exister. A chaque fois que demanière injonctive par lettre de rentrée oucirculaire ministérielle comme pour la lec-ture, on dit voilà ce qu'il faut faire, on dé-responsabilise les enseignants. Considérer les enseignants comme desprofessionnels réclame qu’on les aide àêtre autonomes et simultanément à se res-ponsabiliser en ayant à rendre descomptes. Il est clair de ce point de vue quel'existence des inspecteurs dans un rôle decontrôle tel qu'il est conçu aujourd'hui nepermet pas une responsabilisation. Il fau-drait pouvoir donner la possibilité aux en-seignants de dire, de montrer à travers lesinitiatives, les cahiers des élèves, les pro-jets ce qu'ils font dans leur classe. Chacunsouvent est persuadé de faire comme lesautres, rien de particulier alors que beau-coup au quotidien cherchent les meilleursentrées et situations pour aider tous lesenfants à apprendre, à se lier avec uncontenu de savoir. Ce qui renvoie à la di-mension d'équipe, au travail en communqui devraient s'appréhender dès la forma-tion tout comme la réflexivité qui permetdes moments de régulation, des temps mé-tacognitifs, pour prendre de la distance etse mettre à distance. Que dit la recherche sur les pratiques en-seignantes qui favorisent la réussite detous les élèves ?La difficulté en éducation est que quelquesoit les recherches que l'on conduit et ycompris celles qui sont le plus proches duterrain, elles ne peuvent jamais aisément

donner naissance à un savoir reproduc-tible. Si une recherche observe ce qu'il ad-vient de l'apprentissage de la lecture d'uneclasse de 25 élèves avec une méthode dé-terminée vous ne pourrez jamais démon-trer son efficacité et lui donner un caractè-re transposable à tous les élèves car lenombre de variables responsables de laréussite est si important qu'il est très diffi-cilement possible d’en privilégier une enparticulier. Chaque enfant est différent et ily a forcément une adaptabilité à chaquecontexte. Il ne suffit pas de décrire pourpenser transformer. Ce qui renvoie alorsque rien ne sert d'imposer dans le domainede l'éducation. Ce qui reste l'élément fon-damental est que l'enseignant soit en capa-cité de penser, de problématiser, de conti-nuer à innover, à concevoir son métiercomme une pratique vivante. D'où l'enjeude former des enseignants pour les ame-ner à être des chercheurs : autonomes etayant le souci de rendre compte, doncd’être responsables.

Les variables responsables de la réussi-te sont si nombreuses que l’adaptabilitéà chaque contexte est fondamentale.

Michel Develay

Entretien avec

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La sixième éditionde l’universitéd’automne duSNUipp se déroule-ra du 24 au 26 oc-tobre à La Londe-les-Maures dans leVar. Organisée enpartenariat avec laLigue de l’ensei-gnement, elle per-mettra, une nouvel-le fois, aux ensei-gnants des écolesd’engager le débat

avec des chercheurs.Après la séance plénière d’ouverture où inter-viendront Jean Yves Rochex et Agnès VanZanten, différents ateliers aborderont de nom-breux thèmes. Notamment la lecture avecRoland Goigoux, Sylvie Plane et AndréOuzoulias, la place de l’EPS à l’école avec desreprésentants de l’USEP ainsi que Colette

Catteau et Didier Delignieres, la littérature dejeunesse avec Alain Serres, Pef, Zaü et LaurentCorvaisier, l’enseignement de l’histoire avecPhilippe Joutard, celui du fait religieux avecBenoît Falaize, l’évaluation avec André Antibi,la maternelle avec Agnès Florin, l’orthographeet la grammaire avec Claudine Garcia-Debanc,l’AIS avec Cornélia Schneider et Marie ClaudeCourteix, la poésie avec Jean Pierre Siméon, lesarts plastiques avec Joëlle Gonthier, la voixavec Claire Gillie, l’école rurale avec YvesAlpe, les sciences et la technologie avecRicahard Eastes et Jean Claude Guérin, lesTICE avec Jacques Lajus, le sexisme en milieuscolaire avec Isabelle Collet, l’éducation enEurope avec Béatriz Quiros… De plus, BorisCyrulnik interviendra lors d’une séance pléniè-re.Le programme complet et le bulletin d’inscrip-tion seront disponibles dans le prochain numé-ro de Fenêtres sur cours ainsi que sur le site duSNUipp (http://www.snuipp.fr). Attention, lenombre de places est limité…

Après l'expérience en mai 2005 avec le PetitQuotidien « spécial handicap mental »,l'Unapei* a prolongé cette année son action desensibilisation des écoles primaires et desIUFM sur les jeunes en situation de handicapmental. Ainsi l'association proposera en oc-tobre un DVD interactif et un site internet(www.lecole-ensemble.org) pour aider à l'in-formation des enseignants, des élèves et desparents grâce à des documents et des petits

dessins animés, témoignages et reportages adap-tés aux enfants. Une boîte à outils mettra aussi denombreuses activités à disposition sous forme defiches. Tous les contenus sont libres de droits (leministère a cofinancé ce projet). L'Unapei a aussifait appel à ses 750 associations sur le terrainpour qu'elles se mobilisent auprès des ensei-gnants pour faire avancer l'école ensemble: ren-contres, interventions en classe, jumelage et tra-vaux communs avec des classes d'établissement...

* Union nationale des associations de parents, de personneshandicapées et de leurs amis

Handicap mental

« Si vous êtes bon lecteur au Cp, vous avez 87% de chances

de demeurer bon lecteur au CM2. Si vous êtes très faible en

lecture au CP, vous avez 88% de chances d’être un lecteur

en difficulté au CM2 »

Connie Juel , professeure à Harvard et Stanford, spécialiste du langage et de littéracie

L ’ÉCOLE ENSEMBLE

6EUNIVERSITÉ D’ AUTOMNE DU SNUIPP

La Londe

Les journées du patrimoine se dérouleront les 16 et 17 sep-tembre. La 23e édition illustrera le dynamisme de la vie culturel-le en mariant tous les arts dans l'ensemble des monuments.Animations culturelles, spectacles, lectures, beaucoup d'initia-tives auront l'ambition de faire revivre tous les lieux historiquesqui méritent attention. Un programme est disponible sur le sitedu ministère de la culture.www.journéesdupatrimoine.culture.fr

ARTS ET MONUMENTS

Journées du patrimoine

Les sciences sont à l'honneur àl'école élémentaire Compayré 2 àMeaux en Seine et Marne. « Avecle souci de mutualiser les projets »insiste Myriam Bouridah, la direc-trice de ce groupe scolaire situé enZEP. Privilégiant une approche ac-tive, les enseignants ont travaillésur l'eau comme élément naturel etdomestique, à travers des ateliers,des rencontres et des visites desites. A partir d'observations et deprélèvements effectués dans ce mi-lieu de vie aquatique, les enfantsont étudié les concepts d'alimenta-tion et de respiration des espècesvivantes. Tous les projets menésdepuis plusieurs années sontconsultables sur le site de l'école « une manière non seulement devaloriser le travail des enfants, dedonner du sens aux apprentissagesmais également de permettre destravaux collaboratifs avec d'autresécoles » commente Myriam. www.ac-creteil.fr/ecoles77/compay-re2meaux

INFUSER LES SCIENCES

école ressource

Métier

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nseigner à l’étranger ? C’est ce qu’a fait OlivierPerrin, après 20 ans de carrière effectuée àBourges et Vierzon. L’ « envie de découvrir un

autre pays, avec une attirance plus particulière pourl’Asie » qu’il avait visitée plus jeune l’a conduit àdéposer des dossiers de candidatures dans la plupartdes pays asiatiques. En 1996, ils’est envolé au Laos avec sa fa-mille, sur un poste de résident.Un désir de « passer quelquestemps à l’étranger en famille »,et un tempérament dominé par «le goût du voyage, le change-ment de culture et d’horizon »,l’ont conduit à être adjoint pen-dant 4 ans dans l’école Hoffet à Vientian, capitalelaotienne. Puis retour en France, mais au bout dedeux ans l’envie de repartir le gagne à nouveau et ildemande une direction par le biais de l’AEFE sur unposte d’expatrié. Un départ pour Turin en tant quedirecteur, dans une école au public plus sélect, sorted’ « d’élite culturelle ». Deux expériences diffé-rentes. Au Laos, il baignait dans un îlot francopho-ne comprenant les laotiens bilingues, avec une équi-pe enseignante soudée, où l’école est chargée detransmettre la culture française à l’étranger. EnItalie, bien que ses responsabilités de directeur aientété plus larges qu’ en France les demandes hiérar-chiques et des parents étaient plus présentes, avecune nécessité d’excellence de l’école compte tenudes frais d’inscription onéreux. Cependant, en Italie,il a découvert un travail d’équipe transfrontalieravec les écoles françaises. Toutes appartiennent à lamême circonscription. Les enseignants se rencon-trent deux fois par an, travaillent à des projets com-muns par le biais d’internet. Projets scientifiques,rallyes lecture ou maths, écriture de nouvelles ontété au cœur des projets partagés avec les écoles fran-çaises de Grèce, des pays baltes, de Turquie etd’Israël. A l’approche de ses 50 ans, le retourd’Olivier en France pour cette rentrée va être l’oc-casion de retrouver les collègues avec lesquels il n’ajamais perdu le contact et de se réengager dans lavie associative.

Christelle Mauss

Olivier Perrin a étédirecteur de l’écolefrançaise de Turin

« Tout est parti ducroche patte, crochepied et croque en jambe» explique Hervé André,enseignant d'une classede CE2-CM1 à l'écoleJean Jaurés à Imphydans la Nièvre. Lors d'une séance defrançais, les élèves cherchaient desmots et expressions à décliner dansles trois registres de la langue, fami-lier, courant et soutenu. De là, estvenue l'idée de réaliser un film avecles élèves, une même histoire racon-tée selon les trois registres.Rien de bien étonnant pour Hervé,passionné de vidéo. Avant d'être en-seignant, celui-ci a même été à l'ori-gine dans les années 90 de plusieursexpériences de télévision locale surChâlon- sur -Saône. « La vidéoamateur a toujours été présente dansmon univers. Je cherchais seulementla bonne idée pour pouvoir exploiterce support en classe » explique-t-il.Il fallut d'abord mener un travaild'écriture d'une histoire. Enfants etadultes racontent une violente dispu-te lors de la récréation. A chaquefois, les interlocuteurs vont utiliser

pour le même récit un re-gistre adapté à la situation.« Une histoire toutesimple permettant d'ex-ploiter au mieux ces diffé-rents niveaux de langage» affirme Hervé. Le tra-

vail fut riche : narration puis écritu-re dialoguée et enfin création d'unscénario-image destiné à servir deguide lors du tournage du film.Parallèlement, le maître menacomme tous les ans, un travail en artsvisuels sur les techniques cinémato-graphiques et l'image : listage du ma-tériel pour faire un film, repérage,castings, découverte des différentsplans. Les enfants ont même étéamenés à dessiner une même situa-tion en plan serré puis large afin deleur donner des outils réutilisableslors de la mise en forme de leur scé-nario.Récompensée par deux prix aux fes-tivals de films scolaires, cette pro-duction libre de droit est téléchar-geable sur le site de la ZEP d'Imphy.

www.ia58.ac-dijon.fr/ecolnet/ecolenli.htm

DVDLA LANGUE DANS SES REGISTRES

Deux vécus diff é-

rents : un change-

ment de culture et

d’horizon, pour une

même « ouverture

d’esprit »

Le SCEREN (CNDP) se proposepour la deuxième année consécuti-ve d'accompagner les enseignantsdébutants pour leur première ren-trée scolaire. L'ensemble du réseau,avec ses 31 centres académiques etses 85 centres départementaux semobilise pour accueillir les jeunesprofesseurs et leur proposer unconseil personnalisé ainsi que desressources et des services. Et cepour faire de cette première annéede pratique une réussite tant pourl'enseignant(e) que pour ses élèves.Ces nouveaux enseignants trouve-ront ainsi un espace spécialement

dédié à leurs questions, des dé-marches pédagogiques aux infor-mations sur les programmes enpassant par les réformes éduca-tives en cours. En septembre et oc-tobre, les CRDP et CDDP leur pro-posent également des animations,débats, rencontres avec des spécia-listes TICE, des documentalistes,des responsables culturels et desprofessionnels de l'éducation .

www.sceren.frconsulter les sites CRDP et CDDP de votreacadémie et département

CAMPAGNE D'INFORMATION

Nouveaux enseignants

E

Olivier Perrin

PORTRAIT

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dialogue, le questionnement, l'observation »,elle amène les enfants à écarter les idées re-

çues. Une fois encore, le mélan-ge des cultures dans les choixvestimentaires interdit toutecertitude de la réponse.L'atelier se poursuit par unecourte visite du musée où lesobjets rencontrés, rouleau deTorah, plan relief de jérusalem,peinture d'une scène de circon-cision, etc, évoquent les thèmes

des jeux précédents. Fin de parcours , lesélèves dessinent sur papier métalisé une mainde fatma, symbole de toutes les cultures dubassin méditerranéen.Retour en classe. Les enfants expriment surtoutle sentiment d'une rencontre : « comme ça, jeconnais mieux mes amis juifs et musulmans ...Je sais mieux comment ils vivent hors de l'éco-le... On a presque la même religion, les mêmeslois... On se ressemble... ». De son côté,Emmanuelle revient à l'essentiel : « éveillerleur curiosité, leur apporter des éléments deréponse. Si demain ils peuvent ne pas jugerl'autre par sa couleur de peau ou par préjugé,j'aurais gagné ».

Gilles Sarrotte

d'amour du roi hébreu Salomon et de Balkis,reine de Saba, légende tirée de la Bible et duCoran qui symbolise la ren-contre des deux cultures.L'atelier se poursuit par un jeuqui propose objets à reconnaîtreet énigmes à résoudre.Mariage, nourriture, histoire,art, etc, au travers de neufthèmes les élèves témoignent etpartagent avec enthousiasmedes liens culturels communs.Des différences aussi, comme par exemple leslieux de culte. Elisabeth fait observer, sans lesnommer, les photos de la synagogue de Tolèdeet de la Mosquée de Cordoue. Laquelle est sy-nagogue, laquelle est mosquée ? Pas facile, tantles deux cultures ont imprégné les architec-tures.« Comment reconnaître si ce personnage estjuif, musulman ou chrétien ? » Elisabethmontre à présent une représentation de MoïseMaïmonide, médecin, philosophe de culturejuive établi à Cordoue, témoin des échangesentre les deux cultures au XIIème siècle. « Ilest juif à cause de ses yeux! » dit un enfant, «Non, parce que les juifs sont habillés en noir!» répond un autre. Rire d'Elisabeth. Dans le «

« nous ne parlons pas de

croyance mais de culture :

textes fondateurs, lieux de

culte, symboles, musique

et poésie, rituels des

é tapes de la vie »

Anne Rothschild

C'est en leur faisant partager des liens culturels communs qu'Emmanuelleveut gagner pour ses élèves de l'école des Cheminets à Paris un avenir sanspréjugé. …

Métier

atin de juin. Pour le centenaire de saréabilitation, la statue d'AlfredDreyfus trône au centre de la cour in-térieure du Musée d'Art et d'histoiredu judaïsme. Les élèves patientent. «

Qui c'est? ». Emmanuelle Wolf, l'enseignante,raconte l'histoire du capitaine déchu que retra-cent, pour l'occasion, des reproductions de gra-vures et photos d'époque suspendues aux fa-çades de cet ancien hôtel particulier du quartierdu Marais. La classe de CM2 de l'école desCheminets à Paris découvre, coïncidence, cetépisode de l'histoire. Quand « préjugés, intolé-rance, racisme » sont au cœur de la déchirurede toute une société. Des mots dont les enfants,de Alex à Haïnem et Yasmine, connaissent lesens.

Pour les combattre leur maîtresse professe «compréhension et connaissance de l'autre »,une préoccupation constante. La visite et laparticipation, ce jour, à l'atelier « juifs, musul-mans, cultures en partage » s'inscrit dans cetobjectif, pour répondre aux questions des en-fants de ce R.E.P. « ambition réussite », désa-morcer les tensions. Elle leur permet deprendre du recul, de découvrir pour certains, etpour tous, de comprendre le fait religieux.Comment saisir ce qu'est « un roi de droitdivin » quand Louis XIV surgit au tournant del'Histoire, « ce que représentait Dieu pour lesgens à une époque, comment comprendre lemassacre de la St Barthélémy, les guerres dereligion, le racisme » ? « Pour expliquer çaaux enfants, on se réfère à leur culture » ditEmmanuelle. En leur faisant « partager cequ'ils ont de commun », les craintes et parfoisla peur qu'inspirent les différences sont peu àpeu dépassées. En français, la lecture d'ou-vrages, comme « Le match de foot qui duratout un été », fait partie de ce travail qui danstous les enseignements « prépare chacun àrencontrer l'autre dans son parcours jusqu'aulycée, prépare l'avenir ».

Les élèves entrent maintenant dans le Musée,accueillis par Elisabeth Kurztag, responsablede l'atelier. Une réplique de « Musulmans,juifs, cultures en partages », auquel a partici-pé la classe, il y a près d'un mois, à l'Institut dumonde arabe. Une démarche commune desdeux musées pour découvrir les richesses d'unpatrimoine partagé par ces cultures, de l'Orientau Maghreb en passant par l'Espagne arabo-an-dalouse. Elisabeth débute par le récit de l'histoire

M

JUIFS, MUSULMANS :CULTURES

EN PARTAGE

JUIFS, MUSULMANS :CULTURES

EN PARTAGE

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Anne Rothschildresponsable du service édu-

catif du Musée d'art et d'his-toire du Judaïsme

Les enfants des

Cheminets à

l’Institut du

Monde Arabe.

Un décret, actuellement en projet, va modifier le cadredes postes de réemploi et de réadaptation des personnels

enseignants dès l'an prochain. Ces postes sont la seule ré-ponse institutionnelle aux enseignants confrontés à une

rupture professionnelle pour raison de santé.La réadaptation deviendra « poste adapté de courte

durée » d’une durée d’un an, renouvelable 2 fois. Le ré-emploi deviendra, lui, « poste adapté de longue durée »

d’une durée de 4 ans, renouvelable, alors que les postesactuels de réemploi sont des affectations définitives. Une

situation stable et adaptée ne serait donc plus garantiejusqu’à la fin de leur activité aux personnels souffrant de

difficultés de santé permanentes.La gestion de ces « postes adaptés de longue durée »,

contrairement au réemploi actuel, sera déconcentrée et re-viendra aux différentes académies. Ce cadre déconcentré

risque fort de couper la dotation en postes du lien avecles besoins de chaque académie. En effet, il n’offrira au-cune garantie de moyens et d’équité entre les académies.

Les 200 postes actuels de réemploi seront répartis paracadémie, postes auxquels pourront s’ajouter des moyensdégagés par les rectorats. Au vu de la rigueur budgétaire

actuelle, ce dernier ajout risque d’être fort limité.En outre, élément nouveau , ce décret permettra un allè-gement de service, tout en conservant l’intégralité de larémunération, pour permettre le maintien en activité sur

le poste occupé. Cette avancée est limitée à un tiers detemps pour un poste d'enseignant.

Lors de la CAPN du 23 juin traitant du réemploi, l’en-semble des syndicats (SNUipp, SE, Sgen et Snudi-FO) a

demandé notamment, lors d’une déclaration commune,une dotation budgétaire fortement abondée pour répondre

aux besoins constatés de réemploi et de réadaptation.La FSU, pour sa part, demande la mise en œuvre d’une

véritable politique globale de santé pour les enseignants,associant la prévention à l’accompagnement par des

postes adaptés.

AM

REEMPLOI ET READAPTATION

DÉCRET EN PRÉPARARTION

« CULTURE EN PARTAGE :MUSULMANS, JUIFS »

Entretien

poésie, rituels des étapes de lavie. Il s'agit de fait religieux etnon de religion. Menée simulta-nément à l'Institut du Mondearabe la démarche gagne encrédibilité et objectivité auprèsdes élèves. Ce partenariat estessentiel.

Quels enseignements tirezvous de l'expérience ?Lorsque ces visites sont ins-crites dans un projet pédago-gique et un travail mené dansl'école, les retombées sont trèspositives. L'enquête que nousavons menée en atteste. Si dufait de l'importance des notionshistoriques, l'atelier est apparumoins adapté avant le CM2, lesenseignants témoignent cepen-dant d'un questionnement plusprécoce sur les problèmes iden-titaires et religieux. A la rentrée,nous ouvrons un atelier appelé« Tous sous un même ciel »pour les enfants de 7 à 10 ans. Apartir de la figure d'Abrahamcommune aux trois grandes tra-ditions monothéistes, nous al-lons parler des pratiques com-munes : le repas comme mo-ment de socialisation et d'hu-manisation, le calendrier, lesfêtes en rapport avec l'originedes trois traditions...

Pourquoi avoir proposé auxécoles un atelier intitulé «Cultures en partage : juifs,musulmans» ?Dans un contexte qui ne cessed'opposer cultures juives et mu-sulmanes, il nous est apparu es-sentiel de proposer aux écolesune activité qui souligne leurpatrimoine commun plutôt queleur différents. Une desmeilleures manières de ré-pondre aux tensions intercom-munautaires est de montrer queces deux cultures ont réussidans le passé à vivre ensembleet échanger sur le plan scienti-fique, artistique, poétique, etqu’aujourd’hui elles peuvent etcontinuent à le faire. Les ensei-gnants nous sollicitent souventpour aborder des questionsqu'ils ne savent pas commenttraiter. Ciblée au départ sur l'in-terculturalité, leur demande necesse de grandir sur le fait reli-gieux.

L'objectif est aussi de désa-morcer les préjugés et dépasserles conflits ?Oui, certainement. Dans cetatelier, nous ne parlons pas decroyance mais de culture :textes fondateurs, lieux deculte, symboles, musique et

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cettes de confiserie, semble savoir deschoses… Ils se lient d'amitié et échafaudentensemble des projets d'avenir autour des «bonbons ». Pour les mener à bien, ils veu-lent rencontrer l'oncle Henri, un oncle deClémentine que personne n'a jamais revudepuis la guerre…Et les voilà partis à sa re-cherche, dans le train des congés payés…L’histoire ne se résume pas à la quête dupère, l’intrigue là-dessus est un peu cousuede fil blanc, mais l’évocation pudique dessoldats brisés de la Grande guerre, le carac-tère des personnages, l’atmosphère de lutteet de liesse du Front populaire…et l’odeurdes bonbons qui flotte par là-dessus, ren-dent le récit très attachant.Dans les jardins de mon père (R) R.Bigot – Actes Sud (Les couleurs de l’his-toire) 2000 (6,86euros) Dès 14 ansLes lumières du matinévoquait la Communede Paris à laquelle par-ticipait activementPascal Clarisse, quinzeans, au côté de son pèreimprimeur. « Dans lesjardins de mon père »Pascal, toujours mili-tant, est devenu grand-père. Nous sommes en1936, sa fille Marie, dirigemaintenant l’imprimerie « L’églantine ».Marie « séduite et abandonnée » par unjeune soldat de la guerre de 14 a toujourscaché à Jean, son fils, la vérité sur son père.Lorsque Jean découvre la brève correspon-dance entre ses parents, il se lance éperdu-ment à la recherche de ce père inconnu,dans le contexte enthousiasmant et mouve-menté du Front populaire. Le récit alterneles lettres des divers personnages et destextes recentrant l’action, qui rappellentles didascalies et les dialogues du théâtre.Cette forme narrative, l’époque évoquée,les valeurs défendues et les personnagesbien situés dans leur époque en font unroman de grande qualité.

Autres titres (Histoire du petit tabouret,J’étais enfant en 1936, Quand ils avaientmon âge... 50 ans de vacances 1936-1986)

Marie-Claire Plume(1) Retrouvez prochainement, cette sélection , élargie etcommentée, sur le site du SNUIPP > Enseignants >Ressources et échanges > Livres de jeunesse.

Ainsi, il transpose l’œuvre du peintre « Lesconstructeurs » (1950) dans l’usineRenault. Au-dessus des ouvriers, dans uncoin du tableau, un petit Charlot se bat avecdes engrenages, allusion au film « LesTemps modernes » sorti en 1936. Demême, la famille à vélo, la femme allongée,la cycliste en rouge, l’enfant au maillotétoilé sortent des « Partie de campagne »peintes en 1954…Quant aux petits gaminsde 2006 qui le matin foncent en hurlantvers la mer, et qui le soir regagnent leur car,silencieux, avec un coquillage serré dans lepoing, ils rappellent qu’aujourd’hui encore,un enfant sur trois ne part pas en vacances.

Le fils de mon père (R), E.Brisou-Pellen– Hachette (LP) 2003 (4,50 euros) Dès 12ansJuin 1936, avec en toile de fond le Frontpopulaire. La fonderie du village commebien d’autres usinesen France est engrève , mais Théo17 ans, fils d’unedes ouvrières a biend’autre soucis : ilest taraudé par ledoute : que luicache-t-on à proposde son père, mort àla guerre de 14 peude temps avant san a i s s a n c e ?Clémentine, la fille du patron de la fonde-rie, vive et décidée, passionnée par les re-

La mer en vrai : 1936, les premierscongés payés (R & D) B.Solet, ill. Pef –Rue du Monde (Histoire d’Histoire) 2006(12,20 euros). Dès 8 ansEté 2006. Le narrateur, un môme deMontreuil, construit un bateau de sable surla plage norman-de. Il vient de re-trouver avec bon-heur la locationd’été et l’océan.Mais soudain unehorde d’enfants àcasquette jaillitd’un car et se pré-cipite vers la meren écrasant au pas-sage les servietteset son beau bateau…Fâché, il rejoint sa copine Manon qui,elle, loge chez son Papy. C’est là que lesdeux enfants font une curieuse découverte: leurs deux grands-pères avaient un co-quillage identique auquel ils tenaient énor-mément. Voici le prétexte pour que le Papyévoque 1936, les grandes grèves et les pre-miers congés : « La mer, pour de vrai…et le précieux coquillage rapporté ensouvenir ». Mine de rien, entre le récit et lespetites vignettes documentaires quiémaillent les pages, le jeune lecteur en ap-prend beaucoup sur 1936, les conditions detravail de l’époque, les grandes grèves, lesacquis sociaux. Pour évoquer 1936, Pefs’inspire des tableaux de Fernand Léger.

1936 ET LE FRONT POPULAIRE

Fêter le Front Populaire, c'est célébrer un moment fort des conquêtessociales. En 1936, la France de gauche s’est unie contre le fascisme, « pourle pain, la paix, la liberté ». Les réformes sociales qui en découlèrentmarquent encore notre quotidien. Quelques livres de jeunesse évoquent cettepériode, en assurent la mémoire, permettent peut-être le lien avecl’actualité : comme hier, même si des progrès ont été réalisés, lescombats contre les inégalités et la précarité sociale, pour l’améliorationdes conditions de vie, ne sont-ils pas toujours d'actualité ?

Littérature jeunesse

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infos servicesMétier

Traitement net mensuel Supplément familial

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Traitement

brut

mensuel

Cette augmentation de0,5% du point d’indice le1er juillet correspond àl’application de l’accordminoritaire signé enjanvier. Cette mesure,dénoncée lors de la grèvedu 2 février, reste très endeçà du simple maintiendu pouvoir d’achat pour2006.La perte de pouvoird’achat desfonctionnaires s’aggraveet dépasse les 6% depuis2000.

287290317340348356365372375382389394398415419433438440456457466468480481494509510514530538539559566600611641657663694740782

1 124,46 €1 123,42 €1 227,14 €1 316,17 €1 347,15 €1 378,13 €1 412,95 €1 440,05 €1 451,65 €1 478,76 €1 505,85 €1 525,21 €1 540,69 €1 606,49 €1 621,99 €1 676,18 €1 695,53 €1 703,27 €1 765,22 €1 769,08 €1 803,92 €1 811,68 €1 858,13 €1 862,00 €1 912,31 €1 970,38 €1 974,25 €1 989,73 €2 051,68 €2 082,65 €2 086,51 €2 163,92 €2 191,04 €2 322,64 €2 365,22 €2 481,36 €2 543,29 €2 566,52 €2 686,52 €2 864,59 €3 027,17 €

1 291,00 €1 304,50 €1 425,95 €1 529,41 €1 565,40 €1 601,39 €1 641,87 €1 673,36 €1 686,85 €1 718,34 €1 749,83 €1 772,32 €1 790,32 €1 866,79 €1 884,78 €1 947,76 €1 970,25 €1 979,24 €2 051,22 €2 055,71 €2 096,20 €2 105,20 €2 159,18 €2 163,67 €2 222,15 €2 289,63 €2 294,12 €2 312,12 €2 384,09 €2 420,08 €2 424,57 €2 514,54 €2 546,03 €2 698,97 €2 748,45 €2 883,40 €2 955,37 €2 982,36 €3 121,81€3 328,73 €3 517,66 €

1 101,15 €1 100,39 €1 202,54 €1 289,79 €1 320,14 €1 350,49 €1 384,62 €1 411,20 €1 422,55 €1 449,13 €1 475,67 €1 494,64 €1 509,82 €1 574,30 €1 589,47 €1 642,59 €1 661,55 €1 669,14 €1 729,85 €1 733,63 €1 767,78 €1 775,36 €1 820,89 €1 824,67 €1 874,00 €1 930,89 €1 934,69 €1 949,86 €2 010,55 €2 040,90 €2 044,69 €2 120,56 €2 147,11 €2 276,08 €2 317,81 €2 431,63 €2 492,33 €2 515,07 €2 632,67 €2 807,18 €2 966,51 €

1 089,49 €1 088,87 €1 190,24 €1 276,61 €1 306,63 €1 336,68 €1 370,47 €1 396,75 €1 408,02 €1 434,30 €1 460,58 €1 479,36 €1 494,38 €1 558,20 €1 573,22 €1 625,80 €1 644,57 €1 652,07 €1 712,14 €1 715,89 €1 749,70 €1 757,21 €1 802,26 €1 806,01 €1 854,83 €1 911,15 €1 914,89 €1 929,91 €1 989,98 €2 020,03 €2 023,78 €2 098,87 €2 125,15 €2 252,81 €2 294,12 €2 406,75 €2 466,82 €2 489,36 €2 605,75 €2 778,46 €2 936,16 €

71,12 €71,12 €71,12 €71,12 €71,12 €71,12 €71,12 €71,12 €71,12 €71,12 €71,12 €71,12 €71,12 €71,12 €71,12 €71,12 €71,12 €71,12 €72,20 €72,34 €73,55 €73,82 €75,44 €75,58 €77,33 €79,35 €79,49 €80,03 €82,19 €83,27 €83,40 €86,10 €87,05 €91,63 €93,12 €97,17 €99,33 €100,14 €104,32 €107,29 €107,29 €

176,46 €176,46 €176,46 €176,46 €176,46 €176,46 €176,46 €176,46 €176,46 €176,46 €176,46 €176,46 €176,46 €176,46 €176,46 €176,46 €176,46 €176,46 €179,33 €179,69 €182,93 €183,65 €187,97 €188,33 €193,01 €198,41 €198,76 €200,20 €205,96 €208,84 €209,20 €216,40 €218,92 €231,15 €235,11 €245,91 €251,66 €253,82 €264,98 €272,90 €272,90 €

125,48 €125,48 €125,48 €125,48 €125,48 €125,48 €125,48 €125,48 €125,48 €125,48 €125,48 €125,48 €125,48 €125,48 €125,48 €125,48 €125,48 €125,48 €127,64 €127,91 €130,34 €130,88 €134,12 €134,39 €137,89 €141,94 €142,21 €143,29 €147,61 €149,77 €150,04€155,44 €157,33 €166,50 €169,47 €177,57 €181,89 €183,51 €191,87 €197,81 €197,81 €

Indiceséchelon 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11Suppléant 287Instituteur 340 356 365 372 382 389 398 419 440 468 514Instit. spécialisé 354 371 380 387 397 404 413 434 455 483 529I.M.F.A.I.E.N. 439 460 481 509 555Instit. CEG Gr. 3 427 452 475 489 514P.E. 348 375 394 415 438 466 494 530 566 611 657P. E. Hors classe 494 559 600 641 694 740 782P.E.G.C. 318 337 358 375 393 414 433 457 481 510 539P.E.G.C. Hors cl. 456 480 509 538 611 657PEGC Cl. Excep. 611 663 694 740 782

Salaires : +0,5% le 1er juillet

Directeurs d’école + 8Enseignants de CLIS, secrétaires CDES + 27Profs des écoles, CPAIEN + 27

Attention : La NBI n’est pascumulable avec une bonifica-tion indiciaire fonctionnelle,sauf pour les directeurs.

Bonifications indiciairesChargé d'école +3Directeur 2-4 cl +16Directeur 5-9 cl +30Directeur 10 cl et plus +40Dir. de SES/SEGPA +50 Dir. de EREA/ERDP +120

NBI

sont retirés du salaire brut :

- Retraite : 7,85%- MGEN : 2,6%- Solidarité : 1% (après déduction pension etRAFP)- CRDS : 0,5%(calculé sur 97% des revenus)-CSG : 7,5% ( calculée sur97% des revenus)- Retraite additionnelle :5% des indemnité de résidence

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,

e Sénat a adopté au mois de juin leprojet de loi du ministre délégué à lafamille Philippe Bas sur la protection

de l'enfance. La réforme qui a pour ambition« d'améliorer la prévention et le signale-ment des situations à risque » a été mise enchantier suite aux affaires de pédophilie quiont fait la une des journaux en 2005. Le texteprévoit notamment la mise en place danschaque département d'une cellule pluridisci-plinaire de recueil des signalements de situa-tions à risque (maltraitance, pédophilie). Plus largement il s'agit pour le ministre de «renforcer la prévention pour venir en aideaux enfants et à leurs parents avant qu'il nesoit trop tard, organiser le signalement pourdétecter plus tôt et traiter plus efficacementles situations de danger, diversifier lesmodes de prise en charge, afin de les adap-ter aux besoins de chaque enfant». Si les discussions autour de ce texte furentconsensuelles au Sénat il pourrait bien nepas en être de même à l'Assemblée nationa-le où le texte devrait être examiné à la ren-trée. La question du dépistage précoce destroubles du comportement si décriée pourraitfaire son entrée dans le texte par le biaisd'amendement. Valérie Pecresse, rapporteu-re du projet, admet avoir reçu des demandesen ce sens de la part du ministère de l'inté-rieur qui, devant la montée de bouclier, a faitdisparaître la question du dépistage précocedu projet de loi sur la prévention de la délin-

PROTECTION DEL’ ENFANCE, DÉPISTAGE PRÉCOCE

quance présenté le 28 juin.L'idée d'un dépistage précoce dès 3 ans estapparu dans un rapport de l'Institut nationalde la santé et de la recherche (INSERM) pu-blié en septembre 2005. Dans ce texte trèscontesté, les experts regrettent que « le dé-pistage, la prévention et la prise en chargemédicale du trouble de conduites restent in-suffisants en France en regard de ces consé-quences et du coût pour la société ».Ces propositions ont fait écho au projet deplan de prévention de délinquance deNicolas Sarkozy qui s’inspirait du rapportBénisti sur cette thématique. Dans cecontexte, des voix se sont élevées contre cetexte. Une pétition lancée par une dizaine depédopsychiatres, psychanalistes aussiconnus que Boris Cyrulnik ou ElisabethRoudinesco intitulée « pas de zéro deconduite pour les enfants de trois ans » a re-cueilli depuis lors plus de 180 000 signa-tures. Les signataires s'inquiétaient notam-ment qu'on assiste « sous couvert de « cau-tion scientifique », à la tentative d’instru-mentalisation des pratiques de soins dans lechamp pédopsychiatrique à des fins de sécu-rité et d’ordre public ». La simultanéité des deux projets participe àl'amalgame entre protection de l'enfance etprévention de la délinquance qui relèventpopourtant de deux politiques différentes.

Lydie Buguet

L'examen à larentrée du projet deloi sur la protection

de l'enfance pourraitêtre l'occasion de

voir réapparaître laquestion du

dépistage précocedes troubles ducomportement.

Réflexions

J.-P. Rosenczveig, présidentdu tribunal de Bobigny,

Qui peut donc nierque ce qui est bon pour la protectionde l'enfance soit au final bon pour la

prévention de la délinquancejuvénile. Pour autant, protection de

l'enfance et prévention de ladélinquance juvénile relèvent de

deux politiques différentes.

Collectif Pas de 0 deconduite pour les 3 ans

La détection systématique d’enfants « agités » dans les crèches, les écolesmaternelles pourrait transformer ces

établissements en lieux de traqueaux yeux des parents, mettant en

péril leur vocation sociale et leconcept même de prévention.

Sylvianne Giampino,psychanalyste.

Le rapport laisse à penser que toutse joue avant trois ans, idée pourtant

remise en cause depuis plus de 20ans ! De plus, il ignore le rôle

crucial de l’environnement.

Rapport de l'InsermLes questionnaires de dépistage

renseignent sur les facteurs derisque du trouble des conduites aux

plans émotionnel( tempérament difficile, défautd’empathie), comportemental (

hyperactivité, impulsivité,agressivité) et cognitif ( déficit deshabiletés langagières, troubles des

apprentissages).

Leur avis

L

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De la gifle au tabassage voire aumeurtre, le happy slapping toucheles jeunes, consommateurs à la foisd’images violentes et de nouvellestechnologies.Une enseignante d’un lycée dePorcheville (Yvelines) qui attend sesélèves de BEP quand tout à coupl’un d’entre eux lui jette une chaiseavant de la rouer de coups de poingset de pieds. Cela, sous l’œil du por-table d’un camarade de classe quifilme la scène. La vidéo du tabassa-ge a circulé de mobile en mobile etest venue grossir le nombre desagressions filmées par téléphoneportable. Car ce n’est pas un casisolé, c’est la suite d’un jeu idiot in-venté par des ados britanniques etappelé le happy slapping –littérale-ment joyeuse distribution de baffes,jeu de mots avec slap-happy « in-souciant, relax »-. « C’est une at-taque surprise, brève et filmée, dontl’objectif est d’humilier la victime,puis de diffuser la vidéo par portableou sur Internet » explique le socio-logue Christian Papilloud, profes-seur à l’université de Lüneburg enAllemagne et auteur d’une desseules études sur le happy slap-ping*. Agressions, viols et même meurtreau Royaume-Uni, le stade de la «joyeuse baffe » de l’origine estnéanmoins largement dépassé. PourSerge Tisseron, psychiatre et psy-chanalyste de l’image, « le happyslapping a connu différentes étapes: tout d’abord le jeu de la bagarreentre copains, qui se cantonne à uncercle restreint d’individus qui seconnaissent, puis celui de la petiteclaque à des passants dans la ruepour voir leur réaction et avoir unenregistrement fun. Aujourd’hui,nous observons une nouvelle phasehyper violente où le jeu se transfor-me en agression ». Il semble ainsi qu’il existe une dif-férence entre les adeptes des deuxtendances. De la farce, de la blaguede potache, du seau au dessus de laporte on est passé à la violence ex-

trême. Dans une société habitée parl’image, on donne le moyen demettre en scène la violence plus onbrûle de voitures, plus on passe à latélé. Les images d’Abou Ghraib, dessoldats américains assis sur des pri-sonniers ont pu influencer le com-portement de certains adolescents.Tout le monde s’est rendu compteque grâce à un téléphone portable, ilétait possible de reproduire desscènes de violences filmées. Pourles copains mais également pour lesmédias. Et le phénomène touche bien enten-du prioritairement les jeunes, pre-miers à se saisir des nouveautéstechnologiques pour, selon la psy-chologue Maryse Vaillant, « faire cequi est apprécié dans la société d’au-jourd’hui, de l’image et de la vio-lence ». Selon un enquête paruedans (le journal Libération) réaliséeauprès de 330 adolescents, 83%d’entre deux utilisent l’accèsInternet sur leur mobile et un tiersont visionné des images choquantes,violentes ou à caractère pornogra-phique.Alors comme toujours les solutionspour lutter contre l’accès et la diffu-sion d’images le plus souvent insou-tenables sont difficiles à trouver.Bien entendu, en ce qui concerne ladiffusion, le filtrage peut être la so-lution mais l’interdiction et la ré-pression ne permettent pas l’appren-tissage et l’explication par l’adultesemble être la voie la plus adéquate.Idée défendue par Maryse Vaillantpour qui « ce rapport à la violencene s’arrêtera pas tant qu’il n’y aurapas des adultes pour donner du sensà la vie des jeunes. Si personne nes’interpose pour dire : « Arrêtez-vous, prenez le temps de savoir cequ’est la souffrance des autres »,demain il y aura un nouvel outil quisera utilisé par les jeunes dans cetteescalade de violence ».

Philippe Hermant

*Brève autopsie du happy slapping www.liber-tysecurity.org/IMG/pdf/PapilloudHappySlapping.pdf

SOURIEZ ! VOUS ÊTES FRAPPÉS

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Si, depuis les premières mappemondesjusqu’aux images du CNES, les progrèsscientifiques n’ont cessé de précisernotre connaissance de l’univers, les re-présentations du ciel et de la Terre habi-tent nos jeux les plus traditionnelscomme les jeux de marelles et les jeux del’Oie.Entre septembre et mars prochain, lesclasses participantes au concours produi-ront un jeu connu (jeux de paires, de septfamilles, jeu de l’Oie…) ou totalementinédit pour rassembler figures du ciel etfigures de la terre dans une réalisationcollective. Il pourra s’agir d’un jeu decartes, d’un jeu de plateau, d’un jeu derôle, d’un jeu électronique (exclusive-ment sur Internet avec des logiciels stan-dard).La production de ce jeu sera l’occasiond’aborder des éléments de connaissancesur le ciel et la Terre, des notions surl’évolution des représentations dans le

temps, de mobiliser le fort potentield’imaginaire dont le ciel et la Terre sontporteurs et de travailler autour de di-verses approches graphiques du thème.Pour faciliter les recherches aux ensei-gnants, la BNF met en ligne une exposi-tion (http://classes.bnf.fr/cieletterre).Elle se décline autour de 5 thèmes : ladécouverte des représentations du ciel etde la terre, la compréhension des phéno-mènes scientifiques (naissance ou mortd'une étoile, le big bang, les marées, lastructure de la terre, le système solaire,la gravitation, les séismes...), des atelierspermettant de lancer un travail créatif etdévelopper l'imaginaire, des documentsà explorer (mappemonde médiévale,carte arabe du XIIe siècle, la carte deCassini…) et des ressources iconogra-phiques (cartes nautiques dites cartesportulans, atlas célestes…)La classe gagnante se rendra en classede découverte à Mondonville (31) de 5

jours dans un centre de la Ligue de l'en-seignement, en partenariat avec la Citéde l’espace. Les autres gagnants se ver-ront attribuer appareil photo numériqueet livres.

Arnaud Malaisé

Pour les lecteurs de Fenêtres sur cours,Brizemur c'est le dessinateur de la « maî-tresse » du SNUipp, petite femme éche-velée portant une robe à pois. Mais Jean-Pierre Brizemur c'est aussi un artistepeintre qui expose ses toiles comme enjuin à Paris où il a présenté : « Le retourd'Ulysse » . Un sujet qui lui tient particu-lièrement à coeur car son arrière-grand-père, Lucien Doucet reçut en 1880 le prixde Rome avec une toile ainsi intitulée. Parla suite, il est devenu le portraitiste préfé-ré de la famille Eiffel et de Robert deMontesquew, peintre au style très travaillé,léché. Au fil de son exposition, Brizemur

explore le retour d'Ulysse à sa manière, enécho au tableau du prix de Rome. Uneforme d'hommage à l'aïeul : « C'est unpeu grâce à lui que je dessine aujourd'hui.Quand petit je crayonnais, j'entendais « Ila le talent de son arrière-grand-père »,raconte-t-il. Brizemur exposera à nouveau cette sériede tabeaux en février à la Maison de la cul-ture de Fontenay-sous-Bois.

Lydie Buguet

CONCOURS BNF ENTRE CIEL ET TERRE

QUAND BRIZEMURS ’EXPOSE

Le bestiaire et ses maxi-monstres, la carte au trésor, l’eau et le conte ont laissé place à « Entre ciel et Terre ». Ce5ème concours, organisé par le SNUipp en partenariat cette année avec la Bibliothèque Nationale de France (BNF),la Ligue de l’enseignement, le Monde de l’éducation et le Centre national d’études spatiales (CNES) , aura pourthème les représentations du ciel et de la Terre.

Ambrassade de Grèce

Inscription :

en ligne du 4 septembre au 30

octobre et règlement disponible

sur le site du SNUipp

(www.snuipp.fr)

En cas de difficulté téléphoner

au SNUipp Tél : 01 44 08 69 30

Envoi du jeu avant le 12 mars

2007 à minuit.

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Le débat sur les méthodes de lecturesemble avoir tourné court, vrai oufaux débat, quel est votre sentiment ?Les débats sur l’apprentissage de la lec-ture sont récurrents. Un peu comme lesalaire des cadres, ou la pollution desplages l’été. C’est évidemment unequestion cruciale mais il me semblequ’un consensus assez large depuis déjàune bonne dizaine d’années a été instal-lé. Plus personne n'utilise aujourd'hui laméthode globale mais une méthode plussynthétique qui fait appel aussi bien àl'oreille qu'à l'oeil. Je vous renvoie surcette question au rapport del'Observatoire national de la lecture denovembre dernier.

La réussite des enfants les plus en dif-ficulté reste la première préoccupa-tion. Comment l’école peut-elle agir?D’abord l’école ne peut pas tout faire.L’école est peut-être en avance sur lasociété mais elle en est aussi le reflet.L'école accueille de plus en plus d’en-fants dont les situations sociale, écono-mique et culturelle sont très diverses. Letravail des enseignants n'en est que plusdifficile avec des hétérogénéités extra-ordinairement complexes à gérer.Globalement, deux tiers des enfants neposent pas problème à l'école et c’est letiers restant qu’un service public doitprendre en charge avec plus de moyenset d’attention qu’aujourd’hui.

Le rapport produit par l'ONL et l'ins-pection générale préconise de consa-crer un temps suffisant à la construc-tion de l’univers de référence de laculture écrite ; est-ce là une pistepour ces enfants en difficulté ?Bien sûr, c’est une piste, car si onconnaît les mots mécaniquement, l’en-chaînement des syllabes et qu'on on nesait pas ce que ça veut dire, on n’est pasplus avancé. Il faut savoir lire, recon-naître, épeler, et en même temps il faut

avoir un univers de référence, une «base de données culturelle » qui permetde disposer de plus de mots et de leurdonner le plus de sens possibles. Je suispersuadé que le langage n’est pas sépa-ré de la culture.

C’est une des missions fortes de l’éco-le ?Oui et c’est une mission énorme. Il y ades parents qui sont en grande difficultéet en grande « étrangeté » face aumonde scolaire. Je suis passé dans desécoles où la moitié des enfants n’enten-daient pas parler français quand ils re-venaient chez eux. Il faut rechercher desréférents, une base de données commu-ne. La maternelle en ce sens joue unrôle primordial d’ouverture au sens.Mais attention, on charge de plus enplus la barque des enseignants, on nepeut pas les laisser seuls sur le front dela République. Le maximum d'acteursdoivent être impliqués pour que l'inté-gration qui fonctionne bien dans l'écolese prolonge au-delà.

Vous insistez souvent sur la notion deplaisir ; comment trouver le plaisir etl’envie de lire et même d’apprendreà lire à l’école ?Le plaisir arrive quand on donne desexercices qui sont de vrais exercices,utiles. La langue est un outil, une arme,et en même temps un moyen de vivremieux. C’est une clé pour ouvrir desportes, qui rapproche du réel et qui per-met de le lire. Je me souviens avoir, enCM2, lancé des travaux d’écriture où jedemandais aux enfants d’exprimer leurcolère, et ensemble on écrivait une ex-pression de colère. Ils me disaient « tues plus en colère que nous », et ceciparce que j’ai plus de mots. Il est dom-mage que la langue soit trop souventétudiée comme un élément en tant quetel, ou un corpus en tant que tel. Ons’éloigne alors et du plaisir et de l’utili-té.

G. de Robien a confié à l’ONL unemission d’analyse des manuels d’ap-prentissage de la lecture, quelle estvotre approche pour ce travail ?Notre rôle n'est pas de donner un label àtel ou tel manuel. Nous faisons confian-ce aux enseignants. C’est à eux de choi-sir. N'oublions pas que la pratique del’enseignant est beaucoup plus largeque ce simple outil. L'idée c'est de don-ner aux enseignants une grille de lectu-re des manuels pour les aider à choisiren fonction d'une progression, de sa-voirs, d'exercices liés aux différents sa-voirs. En d'autres termes : ce qu’un ma-nuel efficace et qui aide à apprendre lemieux possible à lire, doit contenir.C’est dans cette perspective-là que nousallons remettre les premiers éléments àla fin septembre au ministre.

Propos recueillis parGilles Sarrotte

LECTURE : L ’UTILE ET L’ AGRÉABLE

ERIK ORSENNA

Écrivain et président del'Observatoire national de lalecture

Réflexions

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