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1 DIX-NEUF RECITS SUR LE THÈME DU FANTASTIQUE Par les élèves des classes 401 et 402, Année 2018-2019 Collège Alain Fournier – Alban

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DIX-NEUF RECITSSUR LE THÈME

DU FANTASTIQUE

Par les élèves des classes

401 et 402,

Année 2018-2019

Collège Alain Fournier – Alban

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Félicitations aux élèves des deux classes qui se sont investis dans ce projet d’écriture avec sérieux, en inventant des récits à la fois imaginatifs et respectueux des exigences du registre fantastique,

Mathias GOMBAUD, Professeur de lettres classiques

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SOMMAIRE

L’OMBRE DU PENDU, par CASANO Anthony, BROYER Théo, DEMON Liam, p.7

LE BRUIT, par OZIOL Chiara, p.11.

RÊVE OU RÉALITÉ ? par BESSIERE Ludivine, ALIBERT Marylou, CROS Morgane, p.15.

DRÔLE DE RÉVEILLON, par GEORGES Dorian, HUOT Mathis, p.21.

CRÉPUSCULE BORÉAL, par COUSSEMENT Victorien, BIANCOLIN Mario, BARDY Gabriel, p.23.

LE COUROUPIRA, par BOULARAN Lucas, AUDRIC Clavel, DAS NEVES Kylian, p.27

LE MOTEL, par TERRAL Ambre, PUECH Lila, RIEU Pau l, GALONNIER Dorian, p.31.

LE MYSTÈRE DU CHÂTEAU DE BRAN, par HARKAT Sarah, LAUTIER Robin, p.37

THE SPACE, par AUGÉ Solène, GAYRAUD Marjolaine, p.41.

PANIQUE À GALWAY, par LANNES Lucie, ASTRUC Lucas, CALVIERE Mathias, p.47

LE TEMPLE, par BOULARAN Noémie, CANIVENQ Gaëtan , p.49.

ENNUIS SUR ENNUIS À ASCO, par TERRAL Hugo, VALAT Anaël, p.53.

PERDUE, par PRADES Célia, PINTO Ioana, p.57.

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CAUCHEMAR À LIMOGES, par GUILHOT Aurélio, SOUYRIS Loïc, PUECH-ARND Pierre-Lou, p.59.

UN TOURNOI DE GOLF PAS SI NET, par ZANINI Théo, VAN DER RIJST Louis, p.61.

FAUSSE ROUTE, par AUBEROUX Juliette, GAYET Axelle, p.63.

LES MOAÏ, par PREGET Clara, PUECH Maëlys, p.65.

MALHEURE SUR LA ROUTE 66, par ROUBAUD Emma, VIALA Lucas, p.69.

LABYRINTHE, par ETIENNE Eva, FREDERIC Anaïs, PELISSOU Maxime, p.71.

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L’OMBRE DU PENDU

“Une bonne terreur, de temps en temps, vous remet les idées en perspective.” Elisabeth Vonarburg

C’était il y a environ six ans, j’habitais Rue Saint Maur à Paris. Je m’appelle Thomas Blanchard, je suis un grand reporter, mais ça je pense que vous le savez déjà, si vous êtes un lecteur habituel de magazines tels que « l’Histoire du monde » ou « la Terreur Quotidienne ». A l’époque j’avais déjà travaillé pour des émissions telles que « voyage au bout de l’enfer » ou encore « l’île mystérieuse ». Parallèlement j’étais rédacteur dans la revue « Discover ».

Comme tous les matins, je prenais mon café quand tout à coup un appel téléphonique du patron de la chaîne « National Géographic » me proposa un reportage sur la forêt d’Aokigahara, aussi nommée la forêt des pendus. J’acceptai sans hésiter, ce lieu m’avait toujours fasciné.

Je réservai immédiatement un billet d’avion qui me serait immédiatement remboursé par la chaîne. Dix jours plus tard je me retrouvai à l’aéroport Beauvais Tillé avec dans ma valise ma caméra fétiche, une Canon EOS RP, mon objectif EF 24-70 mm et un trépied. J’attendais dans l’aéroport depuis maintenant une heure quand mon vol arriva, je m’étais préparé à un long voyage de douze heures.

Lorsque j’atterris finalement à Tokyo, je fus impressionné par la splendeur de cette ville et la population qui se pressait dans les rues. Mais malheureusement, je n’étais pas là pour faire du tourisme. Je reçus aussitôt un appel du directeur de la chaîne qui me communiqua l’emplacement de

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mon hôtel. C’était un établissement très connu à Tokyo, le Park Hyatt fréquenté par les plus grands hommes d’affaire et tout le gratin du show business. Quand j’entrai dans le hall de l’établissement je fus tout aussi émerveillé par la beauté et le luxe de cet hôtel.

Le lendemain matin, je devais partir pour mon premier repérage dans la Forêt des Pendus. Après quelques heures de route en direction de la base de rassemblement de la chaîne, je retrouvai mon équipe de tournage et l’hélicoptère que nous allions utiliser tout au long de cette expédition longue et périlleuse.

Le premier jour, le matin même, je partis en jeep avec un guide de la région. Dès le départ, une chose me parut anormale et m’inquiéta fortement. Ma radio, neuve, se mit à émettre des sons étranges : je tendis l’oreille, prêtai attention à ce que j’entendais, et à ma plus grande stupéfaction, il me sembla reconnaître comme une sorte de langage codé «...----.--......-.. ». Même si ce message me questionnait, je décidai tout de même de continuer. Quinze heures plus tard, nous rentrions au camp après une dure journée.

Mais durant tout ce temps, ce message m’avait tourmenté l’esprit. Et là, je compris enfin : du morse ! Mais pourquoi ? Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? Le message disait en anglais : <<I’M HERE>>. J’évitai d’en informer mon équipe pour ne pas l’inquiéter davantage. Quant à moi, ces quelques mots m’angoissaient profondément.

Le lendemain, c’est logiquement avec une certaine appréhension que je m’apprêtais à partir en forêt ... Et malgré tout j’étais comme attiré par ces bois … En y rentrant, la première chose que je vis, ce fut des feux follets, qui, bizarrement, semblaient m’indiquer un chemin. Je les ai suivis pendant plusieurs centaines de mètres dans la brume, jusqu'à ce qu'ils disparaissent. Il y avait sûrement quelque chose

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d’inhabituel dans les alentours, mais quoi ? J’ai regardé autour de moi, en bas, à droite, en haut ....

Puis tout à coup, un animal est passé devant moi et j’eus tellement peur que je tombai en arrière dans un fossé. En me relevant, je vis, dans un arbre, une corde accrochée à une branche, et, relevant la tête .... Aucun mot ne pourrait exprimer la sensation de terreur qui s’empara de moi ! Une forme humaine, des lambeaux de peau et de chair accrochés aux os, se balançait au-dessus de moi. Je n'avais jamais approché un macchabé d'aussi prêt. J’étais tellement effrayé que je pense n’avoir jamais couru aussi vite de ma vie ! J’eus l’impression d’avoir parcouru des dizaines de kilomètres en quelques secondes !

Par bonheur grâce à la montée d’adrénaline, je n’étais pas ne serait-ce qu’un peu essoufflé. Mais, en me retournant, je distinguai toujours la branche à laquelle le pendu était accroché. Subitement, elle se cassa et ce qui restait du malheureux tomba et se désagrégea au sol. Quel affreux spectacle ! Des asticots sortaient de son corps, par la bouche, par les orbites… Et à cet instant précis, je sentis une présence derrière moi comme si le pendu, en se disloquant, avait libéré son âme dans l’espace alentour !

Mes jambes se mirent automatiquement à courir pour rebrousser chemin car je savais qu’un véhicule m’attendait non loin du camp de l’équipe. Quand j’atteignis la voiture, je mis la main sur le contact et horrifié, je me rendis compte qu’il n’y avait plus les clés. Une main froide se posa alors sur mon épaule et m’emporta en arrière sur le siège passager … L’autoradio s’alluma tout seul, et dans les derniers sursauts de ma conscience, j’entendis…

Flash spécial : Un célèbre reporter du nom de Thomas Blanchard, qui travaillait pour la chaîne National

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Géographic dans la forêt d’Aokigahara est mort pendu à une branche, avec des incisions sur le crâne et des brûlures sur le corps. L’affaire a été classée comme un suicide. Les proches de l’homme ne voient pas pour quelles raisons il aurait pu commettre un tel acte. Et encore plus étrange, cette forêt est surnommée par tous « La forêt des pendus ».

C’est sur l’image affreuse de mes proches venus se recueillir sur ma tombe que mon réveil sonna et me réveilla. Sur ma table de chevet, mon billet pour le vol AF 748 Paris-Tokyo. Dans ma valise, mon EOS et mon objectif … Devais-je vraiment y aller ?

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LE BRUIT

« Les psychiatriques sont des gens à qui on explique tout le temps qu'ils n'ont pas ce qu'ils ont et qu'ils ne voient pas ce qu'ils voient, alors ça finit par les rendre dingues. ». Romain Gary.

Je viens d’arrêter mes traitements. Je ne pense pas en avoir besoin. C'était simplement un moment d'égarement, mais maintenant tout va mieux... A l'époque, j'habitais dans le Nord. Aujourd’hui je loge au 41 Rue St Sébastien à Castellane à Marseille. Je viens d'emménager. Il y a une petite terrasse, un studio, une grande pièce de vie, deux chambres et une salle de bain. C'est grand. J'habite au deuxième étage. Au-dessus se trouve le fils de l'ancien propriétaire. Je ne le vois jamais mais j’entends parfois sa voix, et chose curieuse, elle ne m’est pas inconnue.

Ce matin-là, je décide de descendre au Casino dans l'Avenue de Prado. Je veux juste acheter quelques décorations pour mon nouvel appartement. Ayant fini mes achats je remonte chez moi, en passant devant le cinéma, cela me rappelle quelques souvenirs de ma jeunesse... C'est si loin... J'aurai 30 ans ce mois-ci.

Une fois arrivée, je pose mes achats sur la table de la cuisine puis je vais dans ma chambre faire une petite sieste qui finit par durer une ou deux heures... Après cette sieste je me mets à décorer l'appartement. Une heure plus tard j'ai fini, fatiguée je vais me coucher.

Et puis, ça me revient comme une évidence. Ce voisin, ou plutôt cette voix… Bien sûr, ça ne peut être qu’une coïncidence, autant ne pas y penser.

Vers trois heures du matin, une sorte de grincement

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me réveille. Comme par hasard, ça vient du dessus ! « Il » a donc la même voix, « il » commence à faire les mêmes sons que le voisin que j’avais déjà dans le Nord … A l’époque, les bruits, d’abord légers étaient rapidement devenus assourdissants, insupportables. Je m’en étais plainte, mais personne autour de moi n’entendait rien. Comment était-ce possible ?

Le lendemain, il faut que j’en aie le cœur net ! je vais donc voir le mystérieux fils du propriétaire. Je toque. Une fois... Deux fois... Trois fois... Mais rien ! Je décide de retourner chez moi. Cependant à peine commençai-je à descendre les escaliers que j’entends le même bruit qui m’avait réveillé cette nuit... Et dès que j’ai posé un pied sur une nouvelle marche, le bruit s'arrête. Net. Un son retentit, puis plus rien.

La nuit tombe de nouveau. Je vais me coucher mais maintenant, j'ai peur... De quoi ? Je ne sais pas... Et le bruit recommence... Plus fort que la nuit dernière. Cette fois j'identifie bien d'où il vient. Trop, c’est trop ! Je décide alors de me lever et d'aller voir le voisin qui fait ce son aigu assourdissant.

J’avance dans l'obscurité, le bruit devient de plus en plus intense. Horrifiée je réalise que mes oreilles saignent. Je sens bien le sang couler sur mes joues et descendre dans mon cou ! Malgré la douleur, je continue à avancer dans le noir, tâtonnant contre le mur pour trouver l’interrupteur. Je l'ai trouvé ! J'allume la lumière et... Plus rien... Tout le sang qui coulait dans mon cou n’est devenu que de la sueur, le bruit s’arrête par la même occasion… Je ne comprends pas…

Le lendemain, je vais faire un tour pour me changer les idées dans la forêt la plus proche. Une heure passe. Puis deux. Le soleil se couche et le temps se couvre.

Mais au moment de rentrer je me rends compte que je suis perdue. L’angoisse commence à monter. J’entends des

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craquements tout autour de moi. La nuit étant déjà bien tombée, j'allume donc le flash de mon téléphone. Je m’assois. Je vais passer la nuit à l’endroit où je me trouve. Je retournerai chez moi demain quand il fera jour.

Tout à coup, un bruit de pas se fait entendre, nettement, comme si … Je me retourne et à ma grande surprise je me retrouve nez à nez avec le voisin... Sans l’avoir jamais vu, je sais instinctivement que c’est lui et qu’il me veut du mal ! Il me regarde fixement, debout... Je lui demande alors ce qu'il fait là... Mais pas de réponse... Il commence à s'avancer vers moi... Prise de panique, je ferme les yeux, mais lorsque je les rouvre, c’est … moi que je vois. Là debout en face de moi, je me fais face !

Je regarde ce mystère qui se trouve en face fixement. Il en fait de même. Je décide alors de me lever. Mon ''double'' se lève aussi... Je lève ma main droite, il la lève aussi. Mais d'un coup, il pousse un cri affreux ! Le même que j'entendais pendant la nuit ! Je suis perdue. Je ne sais plus quoi faire... Soudain il s'avance vers moi. Je veux courir... Mais mon corps est paralysé... Je ne peux plus bouger... Cette chose est maintenant juste devant moi. Elle m’hurle violemment au visage et je tombe dans les pommes.

Je me réveille.

Je ne suis plus dans la forêt. Où suis-je ?

Je suis entourée de murs blancs, attachée à un lit par des sangles.

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RÊVE OU RÉALITÉ ?

« Si la nuit est noire, c’est pour que rien ne puisse nous distraire de nos cauchemars »

Bill Watterson

Cette histoire remonte à une vingtaine d’années. A cette époque, j’habitais à Paris dans la rue Desaix. Mes parents et mes petites sœurs vivaient en province. J’avais vingt-trois ans. Le soir, j’adorais aller sur le Champ de Mars pour me promener, me poser, me détendre après une longue journée en regardant le soleil se coucher. Ce jardin était très grand mais je le connaissais comme ma poche. J’allais également flâner du côté de la Tour Eiffel : cette dame de fer m’a toujours fasciné, je ne sais pourquoi. Le buste en bronze doré de son créateur, Gustave Eiffel se trouvait à ses pieds. En revenant, je m’arrêtais parfois au café Beaujolais où je retrouvais avec délices les plats de mon Sud natal. Et le lendemain, la journée recommençait, et j’allais à nouveau en cours. J’étais en deuxième année d’un BTS de tourisme à l’ESUP au 45 rue Linois pas très loin de chez moi. Ma vie me plaisait mais était assez monotone.

Par un matin de février, je fus convoqué avec deux autres étudiants Evan et Marie dans le bureau du directeur. Je m’en souviens comme si c’était hier : il avait neigé ce jour-là à Paris, ce qui arrivait rarement. À notre plus grande surprise, on nous annonça que nous partions un mois en Ecosse dans le but de réaliser le meilleur reportage pour représenter l’école à un concours. Nous devions parler de la société, des traditions, de la gastronomie…

Nous avions été choisis en fonction de nos personnalités plutôt différentes, et de nos résultats évidemment. Ce travail serait individuel, nous serions livrés à

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nous même en Ecosse sans pouvoir communiquer avec le monde extérieur pour nous concentrer sur le sujet et ne pas tricher, bien aller à la rencontre des habitants et des lieux, pas d’Internet ! Malgré tout, nous aurions quand même le droit de prendre un ordinateur. Ce n’était pas une règle officielle mais nous savions très bien que cela jouerait en notre faveur pour faire gagner de l’argent à l’ESUP. Nous avions deux semaines pour nous préparer à ce long voyage.

Le 15 mars, Evan, Marie et moi-même, nous nous rendîmes à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. Nous devions passer le voyage ensemble et nous séparer en arrivant en Ecosse. Mais tout ne se déroula pas comme prévu…

Quarante minutes après le décollage, nous arrivâmes à Manchester, lieu de l’escale. Comme il fallait attendre une heure quarante avant de repartir, Marie alla faire les boutiques et Evan sortit prendre l’air : il en avait énormément besoin, l’avion ne lui ayant pas trop réussi. Moi, je marchai jusqu’à un restaurant pour manger un petit muffin et boire un chocolat chaud. C’était excellent ! Puis, je retournai m’asseoir dans un petit coin et je patientai.

Mais malheureusement comme je n’avais pas dormi la nuit d’avant à cause de mon excitation, je me suis assoupi et j’ai raté mon avion. J’étais vraiment une catastrophe ! Une AEC (agent d’escale commerciale) passa à côté de moi, je lui demandai donc quand le prochain vol pour Inverness décollerait. Elle me répondit « Vingt-trois heures quinze » : je devais donc attendre encore six heures environ ! Le temps passa très lentement mais en définitive, je m’installai enfin dans l’avion.

Quelques heures plus tard, j’arrivai finalement en Ecosse. Sur le parking, une voiture de location grise m’attendait. Je n’avais qu’une envie, prendre la route afin de trouver un endroit confortable et chaud pour dormir : je n’en pouvais plus.

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Je rejoignis l’A96 et je pris l’A82. Je roulais mais je ne trouvais toujours pas d’hôtel. Je décidai donc de prendre la première sortie. Je continuai ma route et là, en pleine campagne, ma voiture s’arrêta net. Ce n’était vraiment pas le moment ! Qu’allais-je bien pouvoir faire ? Il faisait froid. Et comme si la nuit n’était pas assez noire et effrayante comme ça, le brouillard commençait à monter. Je décidai tout de même de continuer à pied. Il n’y avait rien, aucune maison, aucun bâtiment. Rien ! J’étais perdu ! Mais je n’avais pas le courage de revenir à ma voiture, frigorifié, je tenais à peine sur mes jambes !

Quelques minutes après, je vis enfin quelque chose, c’était un château. A première vue, il paraissait abandonné, mais il faisait nuit alors je n’étais pas sûr. J’avançai prudemment sans savoir trop où aller. Je n’étais pas très rassuré mais je pris tout de même la décision de passer la nuit sur place : de toute façon je ne trouverais pas mieux. Au moins, j’étais à l’abri. Je n’en pouvais plus, j’avais peur, j’avais froid… C’était atroce !

Tout à coup, un cri de désespoir déchira la nuit ! Je fis un bond ! J’étais terrifié à cause de ce que j’entendais, mais je pris mon courage à deux mains et sortis pour voir ce qui se passait. Le bruit semblait venir du côté Nord du château. J’avançai prudemment sur le sol humide. Peu à peu mon sang se glaçait.

Soudain, je vis un homme perché sur la plus haute tour. Il paraissait âgé. Il se lamentait et pleurait toutes les larmes de son corps. Il cria très fort comme s’il appelait quelqu’un. Mais qui ? Je n’en avais aucune idée. Je ne comprenais pas ce qu’il disait, il parlait dans une langue que je ne connaissais pas. Il s’approchait petit à petit du bord. Je n’osais rien dire, aucun mot ne sortait de ma bouche, j’étais paralysé ! La nuit si sombre et cet homme, si lumineux, si clair, aussi blanc qu’un fantôme, me faisaient froid dans le dos.

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Et là, il mit ses bras en croix, prit une grande inspiration et se jeta dans le vide ! Je voulus hurler pour l’en empêcher mais je restai muet. Trop tard ! Je crois que je suis demeuré immobile pendant quelques minutes sans pouvoir faire le moindre pas. J’avais l’impression d’être cloué au sol. J’étais complètement paniqué. Je repris difficilement mes esprits et courus vers l’homme. Peut-être était-il encore vivant ? Mais en arrivant sur le lieu où il aurait dû être… Rien, il n’y avait rien ! Il s’était volatilisé ! Son corps avait disparu comme par magie.

Je fis plusieurs fois le tour du château en espérant le retrouver. Il ne devait pas être allé bien loin après cette chute de plusieurs mètres ; il était forcément blessé ! Mais non ! Il avait disparu ! Au bout d’un certain temps, je finis par désespérer et abandonnai ma recherche. Je retournai au château pour enfin dormir paisiblement. En tout cas, c’était ce que j’espérais…

Brusquement, je m’arrêtai quand j’entendis un bruit venant du lac. Des vagues se formaient en surface. Je tremblais comme une feuille. Petit à petit, je vis une ombre indéfinie prendre forme et venir dans ma direction. Serait-il possible que je me trouve à côté du Loch Ness et que le monstre mythique existe vraiment ? Je devenais fou, croire à cette légende était complètement absurde ! A cause du brouillard beaucoup plus épais que tout à l’heure, je ne voyais pas clairement la créature. Quelques instants plus tard, je distinguai les yeux vifs de cet être, jaunes et globuleux. J’étais frigorifié mais des sueurs perlaient sur mon front. La panique m’envahissait ! Plus les yeux avançaient plus je reculais. Je finis par trébucher sur un rocher et je tombai à la renverse.

Au petit matin, je fus réveillé par les rayons du soleil, allongé sur le sol complètement gelé et avec un mal de tête atroce. Pourquoi et comment avais-je atterri ici ? C’était un vrai mystère. Cette nuit, j’avais dû faire un mauvais rêve,

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donc j’étais probablement sorti prendre l’air et la fatigue avait dû me rattraper. Je ne savais pas vraiment.

Je me levai tant bien que mal et retournai chercher mes affaires. Je pris mon ordinateur et un document s’afficha sur mon écran. Je le lus et mon cœur se mit à battre la chamade. Il racontait l’histoire du maître du monstre du Loch Ness.

L’homme s’appelait Wallace, 10 ans auparavant il avait perdu sa femme ce qui l’avait rendu profondément triste. C’est pour cela que le soir il venait se ressourcer au château d’Urquhart, un endroit où il se sentait bien. Un jour, il rencontra le monstre. Au début il prit peur mais au fil du temps ils se rapprochèrent et il le domestiqua. Tous les soirs, celui-ci venait le voir : une vraie alchimie était née entre eux avec le temps. Mais une nuit, la créature resta coincée dans sa grotte à cause d’un éboulement. L’homme désespéré de ne pas la voir se jeta dans le vide. Peu après, le monstre se libéra et vint à la rencontre de son maître mais c’était trop tard… Avais-je assisté à cette légende cette nuit ou avais-je rêvé ? Je pense que je ne le saurai jamais…

Il s’était passé trop de choses dans ce château, je décidai de repartir à pied en me jurant d’oublier tout ce qui m’était arrivé cette nuit. En chemin, une jeune écossaise du nom d’Amy accepta de me raccompagner jusqu’à ma voiture. Comme par miracle elle redémarra sans problème et je repris la route.

Durant mon voyage, j’ai découvert une spécialité de l’Ecosse : le haggis qui se compose d’abats de moutons, de poumons, de foie et de cœur, d’oignon, d’avoine de suif, d’épices et de sel. Le tout enfermé dans une panse de mouton. Malgré ma réticence au début, j’ai fini par goûter et j’ai adoré ! Accompagné d’un verre de whisky rien de meilleur ! J’ai visité le château d’Edimbourg, fait une randonnée le long du loch Lemond et aussi dans les Highlands… C’était vraiment un voyage très enrichissant, j’ai vu de magnifiques paysages,

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rencontré des personnes superbes… J’ai appris énormément de choses sur ce pays que j’ai beaucoup aimé !

Le 15 avril, je retrouvai Evan et Marie à l’aéroport d’Inverness. Tout s’était bien passé pour eux. Le lendemain, nous présentâmes chacun nos reportages et à ma plus grande surprise le mien fut sélectionné par les élèves de l’école.

Quelques semaines après, le concours eut lieu et je le remportai haut la main, mon travail étant le plus complet et le plus instructif. Grâce à moi, l’ESUP avait remporté de l’argent et pu améliorer les conditions de vie des élèves. Mission accomplie !!!

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DRÔLE DE RÉVEILLON

C’était un soir de décembre : pour le jour du réveillon de Noël, j'avais décidé d’aller à Venise pour retrouver mes parents et leur faire une sacrée surprise.

Je me rendis donc à l’aéroport de Toulouse. Ma fiancée était du voyage. J’allais informer la famille que j’étais sur le point de me marier et que Marie était enceinte.

Nous embarquâmes et décollâmes pour 1h45 de vol. Enfin, ce fut l'atterrissage à Venise ! Mes parents étaient très enthousiastes de me revoir et de rencontrer ma future femme. On est allé fêter la nouvelle en visitant un peu la ville. Marie était émerveillée et nous achevâmes la journée en dégustant de succulentes pâtes aux palourdes au restaurant Ponte di Rialto. Mais, pour je ne sais quelle raison, tous les clients nous semblaient très bizarres et paraissaient chercher à s’approcher de nous.

Dehors, le temps était inhabituel pour la saison : un brouillard étrange s’épaississait de plus en plus. Nous commençâmes à réellement nous inquiéter, lorsqu'une fois sortis, nous avons constaté que des ténèbres commençaient à se répandre sur la ville.

Et puis ...ce fut la terreur : les clients du restaurant, qui nous avaient suivis, se mirent à nous poursuivre en poussant des cris horribles. J’hurlai de tous mes forces, et c'est alors que ....

Je me réveillai dans l'avion ! Encore ému de ce rêve affreux, je me retournai vers Marie dans l'obscurité de ce vol de nuit. Mais alors que je pensais être pleinement rassuré, quelquechose de bizarre dans son regard me rappela affreusement les monstres de ce qui était peut-être plus qu'un rêve.

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CRÉPUSCULE BORÉAL

« Et Pandore ouvrit la boîte, et les maux terribles qu'elle renfermait se répandirent sur les hommes. L'Espérance seule resta ». Hésiode

Comme tous les dimanche matin, je me rendais à la cathédrale Ouspenki avec ma bonne vieille Chevrolet Equinox De 2012. Ahlala, qu'est-ce qu’on en avait vécu des choses !

Je roulais donc sur la route E75 qui mène jusqu'à cette merveille d'église néo-byzantine.La messe commençait à 10h45, et, pour une fois, j'étais en avance. Pendant le sermon, j'observai la somptueuse iconostase, où les évangélistes encadrent des panneaux représentant la Cène et l'Ascension.

J'avais toujours vécu à Helsinki, où mes parents, Aino et Jaakko Hämäläinen exerçaient leur métier de cardiologue. Encore aujourd'hui, j'habite non loin de chez eux, au 16 Norra Kajen, dans la rue qui fait face au port sud d'Helsinki.

Ça faisait un petit moment que j'avais en tête l'idée de partir quelque temps en Laponie afin d'approfondir ma connaissance de la mythologie finnoise. En ce jour du 15 février 2014, je me dirigeais donc, billet en main, à l’aéroport d'Helsinki Vantaa où le vol AY513 m'attendait à 14h.

Après une bonne heure et demie de vol, me voilà enfin à Kemi. J'étais là-bas pour un mois : j'avais loué une voiture pour la durée de mon séjour, une Nissan Qashqai qui allait m’amener de l’aéroport jusqu'à l'Hotelli Toivola.

Un mois se passe avant que je puisse rentrer en contact avec des Samis, un peuple autochtone de Laponie. Mais finalement, me voilà parti à leur rencontre. Ils m'ont donné rendez-vous dans un petit village, Vallolansaari, qui se trouvait à une demi-heure de Kemi.

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Lorsque je descends de la voiture, je ressens tout de suite un courant d'air... Le vent souffle fort, ça me semble bizarre mais bon, rien d’inquiétant. Et puis je vois un groupe d'une dizaine de personnes, toutes vêtues d'un habit traditionnel lapon avec une sorte de bonnet rouge. Dans cette tribu un finlandais, converti à la culture lapone parle ma langue et me servira donc d'interprète. On fait les présentations : les Samis sont accueillants, souriants. Dans les mains d’un d’entre eux, une boîte noire m’intrigue : à quoi peut-elle bien servir ? Je le leur demanderai à l'occasion.

Je me souviens que le campement se trouvait entre la forêt et un champ, en face d’un grand lac. Les Samis me racontèrent que, chaque dernier vendredi du mois lorsqu'avait lieu le rituel de chamanisme, ils sacrifiaient un glouton et y jetaient le corps du malheureux herbivore. Une histoire à couper le souffle.

Finalement, me voilà rentré dans le Kota, habitat traditionnel où ils m'avaient prévu une surprise, une spécialité locale : de la Lokheitto avec du Ruisleipä. Après ce succulent repas, me sens épuisé et pars donc me coucher sur ma paillasse. Le confort est plus que rudimentaire mais c'était le prix de la rencontre avec cette culture fascinante.

Le matin venu j’étais toujours aussi fatigué que la veille : ma nuit avait été plus que déplorable. Toute la journée, avec deux Samis, je suis allé pêcher : nous étions dix bouches à nourrir en tout, et de ce fait, il nous fallait une quantité de poisson conséquente. Lorsque le soleil commença à se coucher, on prit la décision de partir et de retourner au Kota pour que les femmes nous préparent à manger selon la coutume Sami.

Pendant que celles-ci nous concoctaient un plat succulent, leurs hommes sont venus me chercher pour accomplir une coutume, un rituel, je ne sais. Les Samis croient en la réincarnation et au contact avec la nature. Ils m’ont donc invité à leur séance de chamanisme.

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J'allais entrer en transe, et pour ce faire, j'avais dû me déshabiller. J'étais un peu perplexe quant à la nécessité me mettre en caleçon mais bon, participer à une séance de chamanisme m’intéressait et m'intriguait. C'était la première fois et sûrement la dernière.

Le chaman m’a tendu un breuvage bizarre, de l’Ayahuasca. Dès la première gorgée, je me me suis senti barbouillé : les choses autour devenaient floues, de grands arbres s’élevaient devant moi, des cris d’animaux bourdonnaient dans mes oreilles et j’eus l’impression de sortir de mon corps. Puis je tombai net, dans l’incapacité de me soutenir : ma langue était pâteuse, j’avais beau essayer de parler, aucun mot ne sortait de ma bouche.

Le bourdonnement que j’entendais dans mes oreilles commençait à diminuer, je me sentais dans une sorte de bulle. Cependant, je ressentis comme une présence. J’aperçus une ombre, derrière les arbres, me regardant comme si elle essayait de me dire quelque chose.

Puis elle sortit de la forêt et se dirigea, en boîtant, vers le bord d’une falaise. Sous mes yeux effarés elle se jeta dans le vide. Cette ombre c’était celle d’un ours brun. J’étais bouche bée, je ne savais que dire, ni que faire. D’un seul coup, je repris connaissance, comme si je revenais de la mort.

À mon réveil il n’y avait plus personne. Personne autour de moi, personne dans le reste du campement. La table était préparée, mais il n’y avait plus âme qui vive, comme si ils avaient tous disparu ! Sans chercher à en savoir plus, je décidai d’aller dormir car j’étais encore bouleversé de mon expérience.

Au petit matin, aucune présence. Je pris la décision de leurs laisser un petit mot et de retourner à Vallolansaari où j’avais laissé ma voiture.

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M’y voilà enfin après quatre heures de marche pour retrouver mon chemin ! Mais dans ma voiture, je fis une découverte qui me stupéfia. Les portes étaient fermées mais, sur le siège conducteur, je distinguai clairement la boîte noire que l’un des Samis tenait dans sa main lors de notre rencontre. Comment avait-elle pu se retrouver ici ? L’avaient-ils mise avant notre départ ? Tant de questions défilaient dans mon esprit.

Je pris la route jusqu’à Kemi où je choisis d’attraper le premier avion jusqu’à Helsinki. Durant le vol, j’examinai de plus près la mystérieuse boîte. C’était une boite casse-tête il fallait pousser ou bien tirer sur les faces… Je ne comprenais pas vraiment le mécanisme. J’avais beau essayer de la déchiffrer, rien ne fonctionnait !

Épilogue :

Un événement bien étrange s’est produit aujourd’hui : alors que cela fait cinq ans jour pour jour que je suis revenu de ce voyage si particulier, la boîte a enfin livré son mystère. J’avais renoncé depuis longtemps à résoudre son énigme, et elle se trouvait cantonnée à servir d’objet décoratif sur la table du salon. Mais comme par ennui, je m’assoupissais devant la TV, une nouvelle alarmante annonçant la disparition des derniers ours bruns me ramena cinq ans en arrière : la transe que j’avais vécue était-elle un avertissement ? Alors que cette question occupait mon esprit, ce qui se passa par la suite ne laissa plus aucun doute quant à la réponse : La boîte, d’elle-même, incompréhensiblement, mettait en ordre toutes ses faces délivrant un énigmatique message en langue Sami. J’appelai aussitôt l’interprète qui m’avait accompagné lors de mon voyage. Ce qu’il me traduisit me fit froid dans le dos : « la fin est proche pour nous tous… »

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LE COUROUPIRA

Nous sommes le 15 mars, je me trouve en Sibérie, à l'aéroport de Novossibirsk pour aller à Rio. J'aimerais changer de climat et le Brésil me semble tout indiqué pour voir un peu de soleil. J'ai trouvé un appartement à l’hôtel Sélina Lappa, Je m’apprête à prendre l'avion.

Le vol qui m'attendait allait être extrêmement long : je devais faire une escale à Moscou puis à Paris avant d'arriver au Brésil. Mais heureusement je dormis quasiment tout le long du voyage.

Enfin j’arrivai à l’hôtel Sélina Lappa. C'était un établissement délabré, il n'y avait aucun client à par moi. Ma chambre était située au troisième étage, elle était assez insalubre.

Après quelques jours de plage et de visites touristiques, je décidai un matin de descendre la rue et de faire un tour dans les Favelas qui se trouvaient non loin de l’hôtel. A peine sorti, une lourde chaleur s’abattit sur moi. En face de du bâtiment où se situait ma chambre se trouvait une maison délabrée. Je ne comprenais pas comment elle tenait debout, elle était fabriqué entièrement en taules.

Il n'y avait pas beaucoup de monde dans la rue, je continuai mon chemin. Un peu plus loin je vis un bar avec quelques hommes à l'intérieur, je pris la décision d'y entrer car je voulais discuter avec les gens du coin. Une fois à l’intérieur, je demandai au serveur quelque chose à boire.Il me donna un verre d'alcool que je trouvais extrêmement fort, et me dit aussi en riant que je risquais d'avoir des hallucinations ainsi que des troubles de la mémoire. L'endroit était plongé dans la pénombre, il y avait quatre ou cinq tables et quelques habitués, assis ou accoudés comme moi au comptoir.

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L'homme le plus proche commença à entamer une discussion avec moi. Je parlai longtemps avec ce dernier et quelques verres plus tard, il me raconta une étrange histoire sur une créature fantastique appelée Couroupira : selon la légende, cet esprit maléfique prenait principalement la forme d'un enfant, mais avait une curieuse particularité : des pieds à l’envers !

Vers cinq heures du matin, je sortis du bar pour rentrer à l’hôtel. A peine dehors, j’aperçus une lueur. Sur le trottoir d’en face, elle éclairait derrière un rideau la silhouette d’une femme faisant de grands gestes. Intrigué par cette ombre chinoise, et sans trop savoir ce que je faisais, je décidai d'aller voir ce qui se passait.

Je tirai le rideau et une personne étrange avec un foulard sur la tête s'avança, je compris alors que c'était une voyante. Elle me demanda de m'asseoir à sa table pour me prédire l’avenir. Alors, elle commença à prononçer des formules étranges. Je lui demandai ce que cela voulait dire, mais elle m’ordonna de me taire.

Puis au bout de quelques minutes, elle prit mes mains et les regarda. Quelques instants plus tard, elle me prédit que quelque chose de grave et d'etrange allait se produire.

Soudain un bruit atroce retentit dans la rue, la voyante commença à s'affoler. Elle criait « il arrive ! ». Je me demandais de qui elle pouvait bien parler. Je sortis, il n'y avait pas âme qui vive. Mais au loin, j'entendis des sirènes et des cris. Alors, inquiet pour je ne sais quelle raison, je courus jusqu'à l'hôtel.

A l'accueil il n'y avait plus personne. Pendant que je montais dans ma chambre, l'électricité se coupa. J'ouvris la porte de à la volée, et je découvris un désastre : ma valise avait été vidée, il y avait des affaires éparpillées dans toute la chambre. J'entendis des cris dans la rue, et je vis quatre personnes en train de courir et de crier.

Soudain, je tendis l’oreille : des bruits de pas dans l'escalier. J’ouvris la porte et je vis… le Couroupira ! Je sus

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que c'était lui car il avait les pieds à l'envers et l'apparence d'un enfant. Il me donna un énorme coup de massue sur le front et je m'évanouis.

Le lendemain, je me suis réveillé à l’hôpital, je ne savais pas çe que je faisais là donc j'ai demandé à la première personne que je rencontrai comment je m’y étais retrouvé. Le médecin m’informa : « oh, comme beaucoup de touristes vous avez été trop confiant avec l’alcool local : vous étiez ivre et vous êtes tombé dans les escaliers de l'hôtel Sélina Lappa, on vous a retrouvé allongé par terre. Vous déliriez complètement en hurlant « Couroupira », « Couroupira » ! En revanche, personne n’arrive bien à comprendre pourquoi il y avait une massue à vos côtés ».

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LE MOTEL

Je me souviendrai de ce maudit motel toute ma vie !

Cela remonte à une quinzaine d'années lorsque nous étions étudiants. En ce temps-là, nous étudions la biologie à Doolen Middle School dans la ville de Tucson en Arizona. Je me rappelle que je vivais avec mes trois meilleurs amis en colocation au 2702E Mabel Street.

Il y avait Paul, plutôt grand et maladroit, ce qui, d'après lui, était la raison de la perte de son œil. Il se vantait souvent de ses beaux cheveux blonds bouclés (derrière lesquels il cachait justement cet œil). Ambre, légèrement bordélique, avait eu un petit accident : elle portait donc une prothèse à la jambe. Elle était brune et pas très grande mais de caractère têtu. Dorian, au contraire, bien plus maniaque ne supportait pas la pagaille : il fallait que tout soit en ordre. Bien que légèrement en surpoids il n’acceptait aucune insinuation à ce sujet. De son mètre soixante-dix il voulait toujours tout contrôler. Et puis moi, Lila. J’étais châtain et plutôt petite, et j'avais la langue bien pendue. Les autres disaient souvent que j'étais très étourdie...

Le soir, après être rentrés en bus, nous avions l'habitude de marcher une dizaine de minutes et de nous rendre à l'Himmel Park. Là-bas, nous nous racontions nos journées, comme quand, à la bibliothèque, Ambre avait renversé son café sur le garçon qu'elle aimait bien, puis toute gênée , s’étaient enfuie en courant, ou quand le chat de madame Renouf était rentré dans la classe en plein milieu du cours ! Je me souviens aussi que Dorian avait réussi à se perdre dans les couloirs du lycée. Bef, nous parlions de tout et de rien. Lorsqu'il commençait à se faire tard, nous rentrions ou nous nous arrêtions à la bibliothèque pour emprunter des livres. Le soir, nous terminions le travail pour le lendemain puis, nous nous occupions.

Mais cette routine nous lassait.

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La fin de l'année scolaire arriva. Nous décidâmes de commencer à chercher une université qui enseignait la biologie. Nous supprimâmes nos sorties au parc pour nous consacrer à sa recherche.

Au bout de quelque temps, nous en trouvâmes une : Hermosillo's institute of technology à Balderrama au Mexique. Une semaine plus tard, nous avions réservé un hôtel dans cette ville pour pouvoir visiter l'université. Cependant, Dorian nous avait convaincus de faire un détour pour aller voir sa mère, Emilie.

Une fois le jour J arrivé, Paul et Dorian partirent vers 11h de Tucson. Puis au bout de trois heures de route, ils sont arrivés à Altar (chez la mère de Dorian). C'est à ce moment qu’Ambre et moi avons quitté la ville pour les rejoindre. A notre arrivée, nous étions tous extrêmement fatigués et nous prîmes la décision de rester plus de temps que prévu chez la mère de Dorian.

On avait envisagé de repartir vers dix-sept heures mais au lieu de ça, nous nous étions oubliés... Il était déjà l'heure de manger ! On voulait donc partir sur le champ mais Emilie insistait pour que nous restions dîner chez elle. Afin de ne pas paraître malpolis nous avons dit « oui ». Il se faisait de plus en plus tard. Une fois le repas terminé, nous décidâmes de partir pour de bon car la nuit tombait alors qu'il était seulement vingt heures trente. Or, comme je n'aimais pas conduire de nuit, nous décidâmes de trouver un petit motel sur la route. Celui que nous rencontrâmes sur la route 15 ne paraissait pas des plus accueillants, mais il nous permettrait au moins de passer la nuit.

Le bâtiment défraîchi perdait son crépi déjà bien effrité. Optimiste, nous décidâmes pourtant de rentrer dans la bâtisse. Dans le hall, il y avait un bureau de réception poussiéreux et noirci. Deux grooms étaient assis sur de vieilles chaises miteuses. Lorsque nous entrâmes, ils nous confièrent des clefs : une, pour les filles ; une autre, pour les garçons, sans rien nous dire.

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Nous empruntâmes des escaliers qui grinçaient sous chacun de nos pas. Toutes les peintures, les tableaux étaient très anciens. Il se trouvait aussi dans un long couloir une grosse horloge qui semblait avoir plusieurs décennies d’existence. Les tapisseries se détachaient. En haut des marches, nous nous séparâmes pour aller chacun dans nos chambres respectives. La peinture était écaillée et la porte grinçait. Dans les coins, on pouvait voir les toiles d’araignée. Les lumières clignotaient. Les murs étaient moisis et le plafond avait une petite fuite.

Mais puisque que nous étions épuisés, nous décidâmes d'aller nous coucher malgré tout. Au matin, sans surprise, aucun de mes trois camarades n'avait bien dormi. Quant à moi j'avais fait un horrible cauchemar : je m’étais retrouvée spectatrice d'un épouvantable crime, il avait l'air si réel !

Nous partîmes tôt car nous étions déjà bien en retard. Mais après trois minutes de route, je me rendis compte que j'avais oublié mon téléphone sur la vieille table de chevet. Alors, avec Ambre, nous fîmes demi-tour et repartîmes vers le motel, après avoir dit aux garçons de continuer sans nous.

Une fois arrivée, j’eus le curieux sentiment que le bâtiment paraissait plus défraîchi que la veille : les réceptionnistes avaient l’air fantomatiques tels des spectres cadavériques. Dans le couloir, tous les tableaux semblaient plus délavés. La grosse horloge, désormais hors d’usage alors qu’elle fonctionnait tout à l’heure, était presque translucide. Tout me paraissait comme une illusion.

Etais-je folle ? Dans la chambre, la petite fuite d'eau s'était transformée en un torrent. Je ne trouvai pas non plus mon téléphone sur la table de chevet alors que je l’avais laissé à cet endroit. J'ai donc cherché dans toute la chambre en vain. Comme je ne voulais pas nous retarder, je rejoignis Ambre : je lui expliquai ce qui arrivait au motel et elle aussi trouvait que le crépi extérieur s'était encore dégradé.

Perplexes, nous décidâmes malgré tout de partir pour

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ne pas rater les portes ouvertes. A notre arrivée Dorian avait fait la connaissance d'un étudiant se prénommant Charles. Il nous demanda où nous avions logé la nuit dernière. Nous lui répondîmes que nous avions dormi dans le motel de la route 15 mais que c'était très inconfortable et lugubre. Il fut fortement étonné et nous raconta une bien triste histoire qui s'était passée en ce lieu : cinquante ans auparavant un crime atroce avait été commis mais personne n'avait jamais réussi à savoir ce qui s'était réellement passé : sur place, les policiers avaient découvert un carnage. Plus personne n’était vivant. Parmi la multitude des corps ensanglantés qui jonchaient le sol, seuls les deux grooms restèrent introuvables. Le motel avait donc été détruit (d'où sa surprise) et à sa place avait été rebâti un grand hôtel luxueux.

Nous nous regardâmes : un frisson nous avait tous parcourus. Dorian paraissait le plus horrifié, ses dents s’entrechoquaient.

La suite de la journée se déroula normalement, nous fîmes la découverte de nos futurs professeurs respectifs. Vers 18h00 nous repartîmes à Tucson mais encore sous le coup de la nouvelle dont Charles nous avait fait part, nous décidâmes de faire une halte au motel. Il avait raison, c'était bien désormais un hôtel luxueux et non un vieux motel délabré. Interloqués, nous prîmes la décision de rentrer dans l’établissement. Nous demandâmes aux réceptionnistes la permission de nous rendre dans la chambre 74 où j’avais dormi avec Ambre.

A ma plus grande surprise, une fois dans la chambre j'ai retrouvé mon téléphone. Mais encore maintenant, je tremble de peur en repensant à la vidéo qui tournait à l’écran : c'était exactement comme dans l’affreux cauchemar que j'avais fait la nuit précédente : j'assistai pour la seconde fois à un crime horrible, et je compris alors que c'était celui qui avait été commis cinquante ans plus tôt ! Et mon sang se glaça dans mes veines lorsque je reconnus la silhouette d’un des deux grooms lever un couteau ensanglanté avant de l’abattre dans un éclat de rire dément !

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Tremblants, nous nous empressâmes alors de nous rendre au commissariat de Tucson. Nous étions tous morts de peur ! Une fois là-bas nous expliquâmes aux services judiciaires ce que nous avions vécu mais ils ne nous crurent pas. Alors on décida de leur montrer notre preuve irréfutable. Et devinez quoi ? Lorsque je cherchai la vidéo, elle avait inexplicablement disparu !

Se pouvait-il qu’on ait tous vécu la même hallucination, le même cauchemar ?

Jamais ce mystère ne fut élucidé …

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LE MYSTÈRE DU CHÂTEAU DE BRAN

Je m’appelle Johan, j’ai 22 ans, j’habite à Brasov plus précisément à Strada Basarabia en Roumanie. C’est un petit village où chaque enfant a entendu parler du château de Bran dès son plus jeune âge. Le château de Bran ? Cela ne vous dit rien ? Cherchez bien … Au fond de vous, dans quelque recoin ténébreux de votre esprit, une voix murmure : « Dracula »

Et vous ne vous trompez pas : selon la légende, le château de Bran était bien le repaire du monstre.

Moi je n’y crois pas à tout ça. Mais dans le cadre de mes études en Histoire des arts, son architecture en revanche m’intéresse beaucoup. Malheureusement, aussi étonnant que cela puisse paraître, je n’ai jamais trouvé le temps de m’y rendre. Il faut dire que depuis près d’un an, mon Mémoire sur l’église Noire gothique de Brasov occupe l’essentiel de mon temps…

Alors aujourd’hui, c’est décidé, je veux absolument aller le voir, ce château si intrigant. Je prends donc la direction de la Transylvanie, et je ne peux pas m’empêcher de sourire, lorsque quasiment arrivé à destination, un épais brouillard se forme et donne au paysage un aspect irréel : décidément, le Comte fait bien les choses, et il a le sens de l’accueil !

Quand j’arrive enfin en Transylvanie, je découvre un village de Bran totalement vide, étrange… déjà que le lieu n’est pas très accueillant, j’ai presque peur de trouver un chat pendu à une gouttière. Malgré moi je ressens de plus en plus d’angoisse depuis mon arrivée.

Je décide toutefois de marcher un peu pour visiter les alentours : mais au fur et à mesure que je me rapproche du

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château, je commence à sentir une présence derrière moi. Que m’arrive-t-il ? Serai-je malgré moi impressionné par tout ce que j’ai entendu sur Dracula ? C’est pourtant ridicule je ne crois pas à tout ça d’habitude. Pourtant, je me retourne pour vérifier si je ne suis pas suivi mais je ne vois rien. N’y pensons plus et profitons de l’architecture très « spéciale » des maisons. Comme celle-ci avec ces gargouilles qui vous suivent du regard à chaque pas que vous faites. Ou celle-là, arborant des statues qui ont pour la plupart une tâche rouge au niveau de la nuque. C’est vraiment rafraîchissant comme atmosphère ! Soudain je m’arrête face à un portail qui doit faire trois fois ma taille (et je mesure pas loin de deux mètres, pour vous donner une idée). Alors, je me rends compte que je suis devant le château de Bran...

Son aspect est des plus fascinants. Pendant plus de trois heures je prends des notes, crayonne des croquis de tout ce que je vois. Je tourne en rond encore pendant un long moment. Ce château est couvert de ronces recouvrant en partie des statues à la teinte rougeâtre exhalant une odeur étrange, que je n’arrive pas à déterminer.

Bientôt je me trouve devant une immense porte, forgée dans un métal aux reflets rouge sang. Quand je m’en approche, je sens comme une odeur de pourriture. Pire, de mort…

Cette fois, je suis complètement tétanisé, je n’arrive plus à bouger. Mes pensées se bousculent dans ma tête. Pourquoi cette odeur âcre ? Pourquoi le village est-il si vide ? Que cache ce château ? Toutes ces questions tournent en rond dans ma tête. J’ai peur mais je ne veux pas partir maintenant. Ou je ne peux pas.

Tremblant, j’entre dans le château. L’intérieur est vaste et… ténébreux. Je m’approche d’une porte, elle s’ouvre en grinçant. J’avance dans la pièce quand tout à coup j’entends quelque chose tomber. Je m’arrête net. Je me retourne : c’est une armure, gigantesque. Qu’est-ce qui a bien pu la faire tomber ? Soudain, je sens un courant d’air derrière

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ma nuque et la terreur traverse tout mon corps ! Je scrute l’obscurité, et ce que je vois achève de me terrifier : des armes terribles, des statues hideuses, des murs aux reflets de sang et des rideaux qui cachent tous les rayons du soleil. Par réflexe, je m’empare d’une arme et sors de la pièce. Sans doute tiraillé entre la panique et le désir de savoir, je ne me précipite pas vers la sortie, mais me rue dans le château : toutes les pièces sont identiques, toutes respirent le sang, la souffrance et la mort. Je suis terrorisé, je n’arrive plus à respirer mais soudain …

… Une porte différente.

Elle est étrange cette porte. Pourquoi porte-t-elle l’emblème d’une chauve-souris ? Au fond de moi, je le sais, et je sais aussi qu’il faudrait fuir. Mais ma curiosité est trop forte.

Je recule un peu pour mieux l’observer, quand soudain elle commence à s’ouvrir toute seule. Tout d’un coup, quelque chose de dur, de froid derrière moi ! Je veux me retourner mais des bras puissants me saisissent et m’emportent vers la mystérieuse pièce. Je sens une mâchoire implacable planter ses crocs dans mon cou, et alors que je me débats sans espoir, la bouche ensanglantée relâche son étreinte pour feuler à mon oreille : « ici, le savoir se paie au prix du sang ».

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THE SPACE

3 Novembre 2091

Cela fait maintenant 3 jours que nous contemplons un monstre, à distance respectable. Le trou noir Alpha Centauri B.H. pourrait bien nous désintégrer en une fraction de secondes si nous rentrions dans son champ de gravitation. Nous orbitons donc à 0.02 années lumières de ce géant galactique, suffisamment proches pour contempler le disque d’accrétion, et plonger notre regard dans le mystère insondable de son cœur, d’un noir absolu, car aucune particule de lumière ne se déplace assez vite pour échapper à sa gigantesque force d’attraction dès lors que l’on dépasse ce que les scientifiques appellent l’horizon des événements. Plonger son regard dans une telle énigme me ramène à mes propres énigmes. Pourquoi étais-je ici ? Pourquoi l’immensité de l’espace et ses mystères m’avaient-ils toujours passionné ? Délaissant rapidement cette question trop complexe de savoir qui j’étais réellement, je prends le parti de simplement réunir mes souvenirs et de recenser les événements qui m’avaient amené jusqu’ici.

10 avril 2019

Le jour tant espéré est enfin arrivé. Sous nos yeux admiratifs, après quelques effets d’infographie nous amenant virtuellement à 50 000 000 d’années lumières de notre planète, un parterre de scientifiques de renom dévoile la toute première photo d’un monstre galactique: le trou noir M87.

Février 2031

Depuis tout petit, j’ai toujours rêvé de chercher de la vie ailleurs, de découvrir réellement de quoi est composé

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notre univers, je suis absolument fasciné par l’astronomie. J’habite un petit village, non loin de Nice, il se nomme Eze. Après de longues hésitations, le 4 janvier 2031 je me suis inscrit sur le site de l’ESA : le site de formation des astronautes. Je sais que mon doctorat en aéronautique, ma maîtrise de l’anglais et ma condition physique jouent en ma faveur. Je sais aussi que c’est une expérience aussi dure que folle mais je veux à tout prix la tenter. Après m’être inscrit, je dois attendre la réponse patiemment mais cela me semble une éternité. Les jours passent et rien…je reste chaque heure, chaque minute, chaque seconde à l’affût de la moindre réaction… Plus j’attends et plus je perds espoir… Plus d’un mois et demi se sont écoulés, je reçois enfin une lettre et l’expéditeur est bel et bien l’ESA ! Après l’avoir ouverte le plus minutieusement possible, un sourire se dessine sur mon visage : pourquoi me contacteraient-ils pour me dire que je ne suis pas accepté ? Je commence donc à lire... je me frotte les yeux, relis la lettre : je ne rêve pas, ils ont lu mon dossier et m’acceptent ! Je suis tellement excité ! Je cours donc tout préparer pour d’abord aller en Allemagne, à Cologne, pour 18 mois de formation puis j’irai ensuite au centre spatial Guyanais où je décollerai ! C’est parti.

Mars 2032

En arrivant à la base d’entraînement, je suis époustouflé ! Tout le monde à l’air si à l’aise comme si chacun avait fait ça toute sa vie ! Durant plus de 18 mois je vais suivre des entraînements bien spécialisés : en piscine pour simuler l’espace, en cabine pour savoir tout installer, en « commande » pour savoir piloter...

Décembre 2032

Les jours passent et les entraînements se corsent, deviennent durs, je commence à me dire que cette aventure

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est extrêmement folle, mais il est hors de question que je laisse tomber. Je trouve ça tellement excitant, mais l’idée de me dire que je ferais bientôt tout ça dans l’espace me rend encore plus impatient !

Après 18 mois passés à Cologne, je me rendrai enfin en Guyane d’où je m’envolerai, ensuite, parcourir la galaxie, et explorer ses mystères.

Juin 2044

Le système de propulsion Breakthough Starshot, imaginé par le physicien Stephen Hawking était censé permettre à l’origine à de microscopiques caméras de se déplacer dans l’univers à des vitesses inimaginables, portées par des rayons lasers. En cette année 2044, le rêve devient réalité, cette technologie de propulsion peut enfin s’appliquer à un vaisseau spatial.

La même année : découverte d’un trou noir situé à proximité du système stellaire Alpha Centauri, le plus proche de notre système solaire. A 4,56 années lumières, Alpha Centauri Black Hole (B.H) est désormais à portée de rêve.

Août 2046

Désormais, Je suis un astronaute chevronné, expérimenté : j’ai participé à plusieurs séjours sur l’ISS ainsi qu’à la première expédition sur Mars. J’ai eu l’honneur d’être choisi pour le tout premier voyage vers un trou noir, celui d’Alpha Centauri, qui se trouve à une distance jamais atteinte, propulsé à une vitesse inouïe. Notre but : envoyer une sonde dans le trou noir pour mieux le comprendre.

26 Octobre 2046

Le départ est imminent, le stress monte, et si il y avait un dérèglement lors du décollage ? Ou pire, et si nous nous

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perdions dans l’espace ? Je sais que tout est parfaitement calculé et réfléchi mais j’ai comme une boule dans le ventre, qui ne me quitte plus… j’ai peur...

Je me remémore tout le protocole de lancement dans ma tête et j’appréhende le moment de la cryogénisation. C’est une sorte d’hibernation nécessaire qui consiste à congeler un corps, vivant, pour lui permettre de « ressusciter » intact quelques années plus tard, comme si on faisait un bond en avant dans le temps ! En ce qui nous concerne, on attendra 45 ans avant d’ouvrir à nouveau les yeux.

C’est le moment, tout est prêt pour le grand décollage, je suis là, assis dans mon siège. À mes côtés, mon coéquipier Joshua m’a rejoint... 5,4,3,2,1… Nous partons pour l’espace ! En quelques secondes, je n’ai même pas le temps d’ouvrir les yeux, nous sommes déjà à plusieurs milliers de kilomètres de la terre.

27 Octobre 2046

Les heures passent, nous sommes déjà aux confins du système solaire. Nous passons alors les commandes en pilotage automatique, puis, rentrons dans une cabine pour procéder à la cryogénisation, j’ai affreusement peur à l’idée d’être congelé vivant, mais, je prends mon courage à deux mains et m’allonge.

25 septembre 2091

J’ouvre les yeux… les frotte … je ne me souviens plus de rien… Un afflux d’oxygène, une injection d’adrénaline et une série d’images projetées sur la vitre de la cabine me ramènent à moi, difficilement, douloureusement. Une voix nous rappelle notre mission, dans les détails : « nous », car autour de moi, tous se réveillent, toutes les cabines s’ouvrent en même temps. je regarde une sorte de

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petit boîtier fixé à une paroi et je lis, 25/09/91. Sur le coup, je me dis que cela doit être un disyfonctionnement… mais, en parlant à Joshua, je me souviens vite de tout ce qui s’est passé et j’arrive à peine à croire que nous sommes bel et bien en 2091, et que je suis toujours comme avant ! Aucun signe de vieillesse ! La cryogénisation a finalement fonctionné ! Place alors à la mission…

26 octobre 2091

Un mois de rééducation a été nécessaire pour réapprendre à faire fonctionner notre organisme. Nous partons aujourd’hui en expédition pour aller découvrir le trou noir d’Alpha Centauri. Nous orbiterons pendant un mois à distance respectable du géant afin d’effectuer de nombreuses mesures avant de larguer la sonde, puis de rentrer sur Terre.

Qu’a-t-il bien pu se passer ce 28 octobre 2091 ?

Ce jour-là, nous nous étions rapprochés au plus près du trou noir, pour larguer notre sonde. Terrifiés, nous contemplions le géant. Mais nous étions trop près. Nous devions simplement regagner le vaisseau et nous rendormir, mais c’était trop tard : il nous aspirait.

Il y eut de très intenses secousses et d’un coup, plus rien, je me sentais mal, fatigué… mes yeux s’ouvraient et se fermaient sans cesse tous seuls, je parvins durant quelques secondes à les laisser ouverts et je vis, un monde comme le nôtre, mais curieusement différent… Je me vis, à moi-même, entouré d’enfants, marié … le futur... un futur … était -ce possible ? Je me concentrai et essayai de mettre des mots sur ce que je voyais mais pas moyen. Aucun contact avec la Terre n’était envisageable, les machines étaient sûrement déréglées... Je restai bouche bée, mon cœur palpitait, je le sentais battre fort en moi et la sueur inondait mon visage, où étais-je ? Et surtout, que se passait-il ? Etait-ce un rêve auquel j’assistais ? Où bien une réalité ? Je ne saurais y

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répondre, et j’ai bien peur, de ne jamais le savoir… Et puis ce fut un flash aveuglant, j’éprouvai la sensation que mon corps se disloquait. Mon dernier regard avant de m’évanouir fut pour l’ordinateur de bord dont l’horloge semblait être devenue complètement folle, décomptant les secondes, les minutes, les années à rebours, à une vitesse vertigineuse.

Et puis ….

Et puis j’ouvre les yeux, allongé dans un lit. Incompréhensiblement je découvre une chambre : ma chambre. Dans mon esprit, les images se bousculent puis s’effacent instantanément : la mission, le trou noir, Joshua … tout cela se désagrège en un instant. Un rêve ? Mais pourquoi ai-je soudain l’étrange impression d’avoir vécu ce rêve et ce réveil des milliers de fois ?

Sur le bureau, mon ordi portable, resté connecté au site de l’ESA, indique la date du 5 janvier 2031 : j’ai donc postulé la veille pour devenir astronaute.

Et quelque chose me dit que je serai reçu.

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PANIQUE À GALWAY

Le 3 janvier 2017, j’étais impatient de partir en vacances à Galway en Irlande et d’aller visiter l’Université en vue de mes études. Je n’avais aucune idée de la frayeur qui m’y attendait !

J’avais réservé un billet d’avion en ligne sur aéroport.com. Le jour J arriva, et je m’empressai de me rendre à l’aéroport Charles de Gaule à Paris. A 7 heures, le boeing décolla pour atterrir une heure plus tard à Galway Aéroport.

Une fois à l’université, je passai la matinée à la visiter. A midi j'allai déguster un « Fish and chips » au resto du coin et après cette courte pause, je décidai de repartir à la découverte de la fac. L’après-midi passa vite : j'allais bientôt rentrer à Devon Park, où j'avais loué.

Je sortis du campus vers 17h 15, je pris temps d'aller m'acheter une glace dans les environs de la cathédrale et de visiter les boutiques des alentours. Arrivé à l’appartement, j'allai chercher mon téléphone que j'avais laissé dans ma veste pour appeler mes proches. C’est alors que je m'aperçus que j'avais oublié celle-ci à l'Université. Je décidai d'aller la chercher.

Malheureusement il y avait du brouillard. J'étais en train de me perdre dans Galway. Je pris une mauvaise direction, et me retrouvai sur une route déserte puis dans un cul de sac face à un château sinistre. Une terrible pluie s’était mise à tomber. Je n'avais plus de carburant, je me sentais très mal et j'étais obligé de m’arrêter là.

Pour m’abriter je frappai à l’entrée du château. Personne ! Je poussai la porte qui bizarrement était ouverte. Dans l’obscurité, je n’étais pas rassuré. Les craquements du plancher, des ombres qui bougent, des statues aux formes

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effrayantes … Et d’un coup, une voix qui m’appelle au secours : je descends trois marches de l’escalier menant à ce gémissement, et qui semble sans fin. Mais je remonte aussitôt … car je suis épouvanté. Je n’avais qu'une hâte : sortir d'ici. Je continuai malgré tout à avancer et quelques mètres plus loin je vis un squelette de chien : j'étais de plus en plus effrayé. Alors, Le squelette se mit à bouger. C’en était trop ! Terrorisé, je m’évanouis…

Je me retrouvai à l'hôpital et demandai à une infirmière ce qui m'était arrivé. Elle me répondit, qu’égaré dans le brouillard, j’avais perdu connaissance ! Heureusement tout ceci n'était donc qu'un cauchemar !

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LE TEMPLE

Alors que je n’étais qu’une étudiante en culture orientale à l’université Ritsumeikan de Kyoto, je devais faire un exposé avec un groupe de copines. Nous étions trois filles qui arrivions d’horizons différents. Kelly venait d’Australie, elle était passionnée par la culture Japonaise. Katia mon amie russe avait suivi son père qui était ingénieur et qui était venu s’installer au Japon suite à l’incident nucléaire de Fukushima. Moi, j’étais née en France mais j’avais dû partir avec ma mère à l’âge de 10 ans : après son divorce , elle avait refait sa vie dans ce magnifique pays. J’habitais dans les quartiers de Tojin Kitamachi avec ma maman , ma demi-sœur et mon beau père.

Pour effectuer notre travail nous devions faire des recherches sur le temple Risshaku-ji. Nous décidâmes de nous rendre à Yamadera en train. Je m’étais renseignée sur les horaires à la gare de Tojin. Je me souviens que notre départ était programmé pour le samedi 10 mars à 8 heures du matin.

Samedi matin vers 7 heures et demi nous nous étions donnés rendez vous à l'université afin de nous rendre à la gare ensemble. Comme d'habitude Kelly n'était pas à l'heure : dès son arrivée, nous avons dû courir pour ne pas manquer notre train.

L'hôtel dans lequel nous avions loué trois chambres était au centre ville à proximité des commerces.Nous y avons déposé nos bagages, puis nous sommes allées dans un magnifique petit jardin japonais que Katia voulait visiter. A côté de Jachiya River, le restaurant Japonais Régional tombait à point pour apaiser notre faim. Après une bonne soupe miso, un chirashi et un warabi mochi mon dessert préféré, tout allait beaucoup mieux.

Ce succulent repas terminé, Katia, Kelly et moi sommes allées faire une visite guidée du temple pour débuter

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notre exposé. Notre guide Aki nous demanda si nous avions de bonnes chaussures de sport car pour atteindre ce sanctuaire il fallait venir à bout de 1015 marches d'un escalier en pierre. Aki nous raconta que les moines qui habitaient ce monument disaient qu'en montant les marches les esprits mauvais et la souffrance s'effaçaient en chaque personne qui les gravissait. Au terme de cette épreuve nous découvrîmes le Godaido un bâtiment construit au bord de la falaise , et au sommet duquel nous pûmes apercevoir un magnifique panorama. Aki connaissait les moindres recoins de ce temple fondé en 860 par Jakakudaishi. Elle nous donna un tas d'informations qui allaient nous être très précieuses.

Arrivées à l'hôtel vers 19 heures, après une douche revigorante, nous nous donnâmes rendez-vous dans le hall de l'hôtel vers 20 heures pour aller prendre notre repas.

Katia avait trouvé une affiche très intéressante. Ce soir-là un vieil homme de Yamadéra devait conter une légende horrifique aux touristes dans la salle de conférence de l'hôtel. Nous nous y rendîmes afin d'écouter l'histoire du vieillard. Le conte le plus angoissant parlait justement du temple Risshakuji : il y avait de cela bien longtemps, disait-il, les moines, victimes d'un esprit démoniaque, avaient sombré dans la folie et le meutre avant de s'entretuer. Nous écoutons, captivées, mais malheureusement rattrappées par la fatigue nous décidons au bout d'un moment de monter dans nos chambres.

Avant de nous coucher, nous mettons en place le planning du lendemain. Katia propose qu'on se rejoigne à 8 heures pour partir au temple. Une fois dans mont lit, n'arrivant pas à trouver le sommeil à cause de cette légende qui m'avait effrayée, je décide de sortir de ma chambre et visiblement mes amis ont eu la même idée que moi. Nous partons prendre un verre avant de nous remettre au lit, cette fois-ci, pour de bon.

Un sommeil profond s'empare de moi immédiatement

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et je sombre dans des rêves plus étranges les uns que les autres. Quand est-ce que je me suis réveillée précisément, je ne saurais le dire avec exactitude. Tout ce dont je me souviens, c'est de m'être retrouvée devant la porte de ma chambre avec ce sentiment bizarre que sa couleur, la veille était sensiblement différente. Était-ce dû a l'obscurité ? Peut importe, je n'avais pas la tête a réfléchir. Je suis descendue dans le hall ou on s'était fixé rendez-vous avec les filles mais il n’y avait personne.

Pensant qu'elles étaient déjà parties, j’appelai un taxi qui m’amena sur le lieu de la légende. Une fois arrivée, Katia et Kelly n’étaient pas là. Alors, je décidai de m’avancer à la recherche de mes amies. Après avoir franchi ces interminables marches, je contemplai le temple devant moi. Les oiseaux s'éloignaient du sanctuaire, le ciel si bleu était devenu tout noir et un vent violent se déchaîna ce qui me rappelait le récit du vieil homme. J’en frémis !

Je m'approchai de la porte qui s'était ouverte à cause des bourrasques de vent. Je rentrai dans le temple tout doucement, et soudain elle se referme subitement derrière moi. Il n' y a personne mais j'entends des bruits de cauchemar : le bois craque comme si quelqu'un approchait, mon cœur s'accélère, mes jambes se mettent à trembler. Les statues de Bouddha que j'avais vues la veille avaient désormais des oreilles pointues, une queue fourchue et un trident. Cette transformation des sculptures me fit froid dans le dos. L'eau des fontaines, quant à elle, avait changé de couleur : elle était rouge sang ! J'étais pétrifiée.

Tout à coup, je vis un moine avec une drôle d'apparence : on aurait dit que le diable s’était emparé du corps et de l’esprit du malheureux, comme dans la légende du vieillard. Dès qu'il m’aperçut, il me fixa et je vis des flammes dans ses yeux. Terrifiée, je courus en direction de la porte, mais lorsque je l'atteignis enfin, je m’aperçus qu’elle était verrouillée ! je n'arrivais pas à l'ouvrir ! L’horrible moine s'approchait de moi avec son trident qui n'était plus qu'à

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quelques centimètres. Je sentis une main froide sur mon épaule...Je sursautai...Il me sembla perdre conscience.

Ce que je vis lorsque je rouvris les yeux, paniquée, me rassura immédiatement : j'étais dans mon lit. L'histoire que j'avais vécue cette nuit-là m'avait tellement terrorisée que j'en tremblais encore, mais heureusement ce n'était qu'un rêve. Incapable de me rendormir, je me levai et allai à la salle de bain boire un verre d'eau.

Mais lorsque mon regard croisa mon reflet je fus envahie d'une terreur qu'aucun mot ne peut dire. Sur mon épaule … la marque rouge laisse, il y a peu, par une main !

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ENNUIS SUR ENNUIS À ASCO

En ce temps, j’habitais l’Ile Rousse en Balagne rue Potelle (près de la mairie). Si je me souviens bien, du premier étage, je pouvais contempler la mer Méditerranée. Chaque matin, je me promenais en direction de la tour génoise et du phare. Mon bateau de plaisance était amarré et me permettait de réaliser des sorties en mer. C’était d’ailleurs de la pêche que je vivais tout au long de l’année, à quoi s’ajoutaient, l’été, des balades en bateau permettant aux pinzut’1 de s’extasier sur les beautés de l’ile, et à moi d’arrondir les fins de mois.

Avec mon ami Luca, J’attrapais des langoustes, des dorades royales, des congres, des liches, des poulpes, des sabres argentés et je les vendais au restaurant « l’Abri des flots » et au marché couvert, rue Notre Dame. Quelquefois, j’en profitais pour plonger avec lui. Lors d’une sortie en mer, nous avons eu l’idée de partir dans le village d’Asco et de résider à l auberge E Cime. Nous projetions l’ascension du Cinto qui culmine à 2706 mètres. Cette fierté de la Corse permet d’admirer le paysage montagnard.

Un jour, je l’invitai à la brasserie du port pour planifier notre voyage. C’était décidé, nous partirions le samedi suivant. Nous nous étions donnés rendez-vous devant la mairie à sept heures.

Nous démarrons notre C15. Nous avions fait les trois quarts du trajet lorsque les conditions de conduite se dégradèrent brutalement : le brouillard s’épaississait, la pluie devenait de plus en plus forte, et tout à coup un voyant sur le tableau de bord s’allume ! Mauvaise nouvelle : nous avions crevé ! Nous voilà bloqués au milieu de nulle part. De plus, le réseau est inaccessible. Luca prend le parapluie et sort avec moi. Nous changeons tant bien que mal la roue et nous

1 Nom donné aux touristes continentaux.

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redémarrons finalement trempés en direction d’Asco : pourvu que notre malchance s’arrête là !

Le lendemain, après une courte nuit à l’auberge, le moment tant attendu est arrivé : nous commençons l'ascension du Cinto avec nos sac à dos.

Mais après plusieurs heures de marche, tout à coup, Luca glisse sur une pierre humide et se tord la cheville. Le point culminant n’est pas loin, et il décide de continuer vers le sommet malgré sa blessure.

Arrivés en haut, nous commençons à monter le campement. Mince ! La tente est trouée : ce n’est pas grave, nous dormirons à la belle étoile.

Nous préparons un délicieux repas. Mon ami a amené une bouteille de vin rouge et du figatellu2. Il est 20 heures 30. Le repas fini, Luca propose quelques verres de la liqueur de myrte de son oncle. Son taux d'alcool devait être fort peu conventionnel, vu que mes souvenirs des moments qui ont suivi sont extrêmement flous et confus. Tout ce qui suit est donc peut-être seulement dû aux effets de la myrte. Ou en tout cas, ça me rassure de le penser.

En effet, pendant la nuit, des bruits effrayants, des grognements, me tirent de mon sommeil. Tout à coup j’aperçois une silhouette poilue avec d’immenses oreilles et des yeux qui luisent dans la nuit. Un esprit ? un fantôme ?

Alors je réveille Luca : lui voit carrément un singe qui danse. Décidément, de plus en plus de choses étranges se produisent.

Au petit matin, nous nous réveillons avec un énorme mal de tête. Nous prenons un café et nous nous racontons nos visions de cette nuit étrange. Nous décidons de redescendre du mont au plus vite, lorsque nous nous rendons compte que nos sacs ont été éventrés par la terrible créature que nous avions vue.

Arrivés à l auberge pour récupérer nos affaires, Luca et moi commençons à raconter nos visions. Bien sûr, personne

2 Saucisse de foie.

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ne nous croit. Mais certains se mettent à rire. Subitement, l’un des clients se leva comme possédé par le diable, et poussa l’affreux grognement entendu cette nuit-là : « grouiiikkkk !!! ».

Horreur ! L’esprit du fantôme s’était-il emparé de lui ?

Sans demander notre reste, nous détalons au plus vite d’Asco ! Encore aujourd’hui, je me demande si ces visions étaient dues à l’alcool. Ou si les bruits venaient du vent qui souffle contre la falaise. J’en ai toujours la chair poule.

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PERDUE

Ces pasteis de nata étaient un vrai rêve de dessert et le restaurant « Capa Negra ll » servait les meilleurs de Porto, mais il ne me restait plus que quelques instants pour déguster le dernier car il me fallait partir à la maternité, là où j’exerçais la profession de sage-femme au « Centro Materno Infantil do Norte ». Comme à chaque fois ces quelques instants furent consacrés à la mémoire de maman : c’était son dessert préféré et l'amertume du souvenir de son décès, qui m'avait plongé dans une profonde anxiété deux ans auparavant vint se mêler au goût sucré des pasteis. Ce 10 juin 2008, elle était montée dans sa voiture pour se rendre au travail mais n’était jamais revenue

M'arrachant difficilement à l'aigreur du passé et à la douceur du dessert, je quittai le restaurant pour la maternité. Sur le chemin, j’aperçus mon mari Antonio. Bizarre ! Ne m’avait-il pas dit avoir une réunion ce matin ? Perplexe, je décidai de le suivre.

Je pressai le pas car le temps s’assombrissait et je vis mon époux entrer dans une maison à l'apparence douteuse. Malheureusement, je n’avais plus le temps d’éclaircir ce mystère car il me fallait retourner à la maternité. Sur le chemin, une foule de questions se présentaient à mon esprit : « que faisait-il là ? », « pourquoi avait-il l’air si pressé ? » et surtout : « était-ce vraiment mon mari ou un homme lui ressemblant étrangement ? »

Le soir même, je décidai d’interroger mon conjoint. Je lui demandai si tout s’était bien passé au travail et il m'affirma que oui. Comme je n’étais pas convaincue je suis allée trouver ses collègues. A ma très grande surprise, ils m’ont montré une photo de toute leur équipe prise à l’heure même où j’avais cru suivre mon mari. Or, il y figurait au premier plan !

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Je crus devenir folle. Avais-je des hallucinations ? Le lendemain je décidai de retourner sur les lieux. La porte de la maison étant entrouverte, je rentrai mais ne vis personne. L’habitation semblait déserte. Je commençais à me demander ce que je faisais là, lorsqu’ à cet instant, je distinguai un craquement, qui semblait provenir du sous-sol. Je soulevai le tapis du salon et apparut une trappe. Je frissonnai : « pourquoi était-elle ainsi cachée ? qu’allais-je trouver en-dessous ? »

Affrontant ma peur, j'ouvris celle-ci et devant moi un vieil escalier raide et poussiéreux se perdait dans l’obscurité d’un sous-sol. Je descendis et poussai un cri : car tout en bas, dans les ténèbres, m’attendait un homme, immobile, silencieux mais me fixant intensément. Il faisait noir, mais j’en étais persuadée : il s’agissait bien d’Antonio ! Totalement perdue, j’entendis soudain la sonnerie de mon téléphone, et elle me fit frissonner car c’était celle que j’avais associée aux appels de mon époux. Comment était-ce possible ? Par réflexe je voulus saisir mon portable : c’était l’homme qui le tenait dans ses mains ! Sans dire un mot, son ombre me le tendait devant mon visage. Et sur l’écran s’affichait une photo prise le 10 juin 2008, jour de l’accident, au moment du départ : ma mère était sur le siège passager. Et au volant se trouvait Antonio.

Terrorisée, incapable de comprendre la signification de tout cela, je remontai en courant les escaliers et me précipitai vers la sortie. Il me fallait de l’aide, des témoins pour prouver que je tout cela était réel, que je n’étais pas folle ! Mais je ne trouvai personne.

La porte passée, tout était blanc, silencieux et désert.

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CAUCHEMAR À LIMOGES

Ça faisait longtemps qu’avec mon ami Roger nous voulions découvrir notre beau pays qu’est la France. Première destination : Clermont-Ferrand. Nous devions nous retrouver chez moi : j’habitais Fourras. En Nouvelle-aquitaine

Nous avions décidé de faire un détour par Limoges. Alors que nous étions sur le point d’arriver Roger et moi sentons une odeur fade provenant du moteur, donc nous nous arrêtons sur un parking et appelons le garagiste le plus proche

Ce dernier arriva, il nous expliqua le problème et nous invita dans son garage le temps de réparer la voiture. Le mécanicien s’appelait Bernard. Il précisa que les réparations prendraient plus d’un jour. Il nous conseilla donc l’hôtel Mercure Limoges Royal Limousin pour une petite pause.

Le lendemain, après sa journée de travail, nous proposons à Bernard d’aller boire un verre au bar de l’hôtel. Nous nous installons, commandons et la discussion s’engage. Bernard adore sa ville et il est bavard : nous ne nous ennuyons pas ! Il nous raconte notamment une histoire étonnante : dans les souterrains de Limoges, à minuit, des bruit étranges se manifesteraient. Etranges et terrifiants ! Personne n’avait jamais osé vérifier cette légende…

Perplexes, nous regagnons nos chambres. Je rentre dans la mienne : elle était magnifique. Exténué je me couche…

Mais je me réveille en sursaut ! J’ai très froid, je ne sais pas où je suis ! Dans une mine ? Ou peut-être dans les fameux souterrains ? Est-ce que je suis dans le souterrain de la légende ? J’entends des bruits au loin, je…je sens une présence qui m’observe. Je stresse, je suis perdu. Je me retourne, je vois une ombre, énorme, et ….

Je me réveille. Vraiment cette fois-ci. Dans ma chambre. Tout me revient : Bernard vient de me parler d’une légende, au bar, et je suis allé me coucher.

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Il est 7h30 et je me dis que ce n’était qu’un rêve. Roger et moi décidons d’aller prendre notre petit déjeuner puis nous allons en ville pour visiter les monuments notamment la Cathédrale Saint-Étienne. Somptueuse ! Une imposante statue se situait au-dessus de l’entrée principale et à l’intérieur, de magnifiques vitraux et un orgue immense attirent mon attention.

Subitement, Roger propose de nous rendre dans les souterrains dont Bernard nous avait parlé. Dès que nous y avons pénétré quelques instants plus tard, j’ai reconnu, de manière incompréhensible, tous les lieux que j’avais vu dans mon rêve. Mais heureusement sans les bruits et la présence qui me suivait.

Non, aucun bruit, aucune présence, même pas celle de Roger ! Une sueur froide perla sur mon front : il était là deux minutes auparavant, comment pouvais-je être seul ?

Tout d’un coup, je reconnus l’endroit même où mon rêve …. où mon rêve s’était arrêté et je ressens à nouveau cette affreuse présence !

Au loin, je vois une ombre colossale et inhumaine avec une mâchoire monstrueuse. La chose respire très fort, émet un sifflement rauque, je tremble de peur !

D’un bond, elle me saute dessus et je sens ses griffes s’enfoncer profondément dans ma jambe. Pendant une seconde mon regard plongea dans ses yeux rouges de sang et de haine. Ce que j’y vis me glaça le sang : elle allait me tuer ! Je me débattis tant et si bien que je lui échappai et tombai, tombai sans fin … sur la moquette de la chambre 666 !

Il est 7h31. A nouveau révéillé. Pour de bon cette fois-ci ?

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UN TOURNOI DE GOLF PAS SI NET

Je me souviens du soir où j'ai réservé une chambre au Kingsmill's Hôtel, à Inverness, à côté du terrain de golf où se déroulait une compétition à laquelle je participais. Une fois installé, je partis faire un tour en ville : ayant appris l’anglais pour mes compétition de golf à l’étranger, je me renseignai pour trouver un restaurant, et on me conseilla The Mustard Seed . Je mangeai donc là-bas, puis rentrai ensuite à ma chambre d’hôtel pour y passer la nuit.

Le lendemain, la compétition commençait !

Je pris un club avec mon nom,"Peter", écrit dessus, et je rentrai sur le green. Des centaines de spectateurs assistaient à cet événement. Ils attendaient tous ce moment épique et je me retrouvai contre des compétiteurs extrèmement coriaces.

Mac Aaron devait m’affronter : il avait l’air adroit ! Je commençai à stresser. Je suis allé chercher une balle pour la mettre sur le let mais le sac, tout à l’heure rempli de balles, était vide ! Mac Aaron n'en trouvait pas non plus. Rien, pas une seule balle de golf dans le tournoi ! Nous décidâmes d'aller nous informer auprès des organisateurs, mais ils nous assurèrent qu'elles étaient toutes sur le green !

Dans l’intervalle, un épais brouillard était tombé sur le parcours avec un vent intense...Tout à coup, ce fut une tempête, un cyclone ! Les drapeaux s'envolaient avec les clubs de golf. Les spectateurs partirent de la compétition en courant et en criant. Leurs billets furent remboursés. Soudain, j'aperçus une ombre qui s'approchait de plus en plus de moi. C'était le coach de Mac Aaron qui m’hurlait de fuir rapidement. Je pris donc mes jambes à mon cou, sans même savoir réellement ce que je fuyais. En dehors du stadium, le temps était inexplicablement clair, et on voyait la tempête se

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déchaîner uniquement au-dessus du parcours. Je repris donc mon calme, marchai en direction de l'hôtel où j’aurais toute une nuit pour me remettre de mes émotions.

Le lendemain, je retournai au stadium pour constater les dégâts. Des débris jonchaient le sol. Soudain, une forme indistincte apparut dans la brume et se dirigea précipitamment vers moi, brandissant un club avec l’intention évidente de m’assommer ! Terrorisé, je poussai un hurlement et …

Je me réveillai en sursaut dans mon lit, en sueur. Mon réveil indiquait 4 heures du matin. Ce n’était donc qu’un rêve ? À demi soulagé, je me levai et me préparai pour aller au travail : non, je n’étais pas champion de golf – d’ailleurs je n’y connaissais rien – mais infographiste !

Mais alors pouvez-vous me dire pourquoi … Pourquoi en m'habillant je trouvai une balle de golf dans ma poche de droite ? Pourquoi mon pantalon était-il recouvert d'herbes et de débris ? Et puis, pourquoi sur ma chaise se trouvait un club de golf qui semblait en bon état ?

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FAUSSE ROUTE

Comme tous les jours, je suis seul dans mon appartement. Je réside Carrer de Teatre à Cadaquès loin de mon cocon familial. Mes parents vivent en France à Albi et ma sœur en Angleterre plus précisément à Bristol pour ses études. J’habite ici pour mon travail : chef cuisinier. Mais je suis encore apprenti dans le restaurant « Compatir ». C’est mon patron et ami Pedro qui le dirige. Chaque midi je mange là-bas, il me prépare souvent un plat délicieux : de la rascasse en sauce accompagnée de pomme de terre.

Ça fait maintenant quatre ans que j’habite à Cadaquès. Ce soir, j’ai rendez-vous avec un ami d’enfance, Julien, à vingt heures, pour qu’on mange ensemble. J’ai repris contact avec lui grâce à une application « Les Copains D’avant ». Il est dix-neuf heure quarante-cinq, il fait nuit et je ne suis jamais allé chez lui. Il habite lui aussi à Cadaquès dans la rue Carrer des Garrofes. J’y vais à vélo et je ne connais pas le chemin, mais d’après le GPS je devrais y mettre six minutes. Je pars de chez moi sans trop savoir où je vais, mais j’essaye de suivre les indications. J’arrive soudain à la hauteur d’un croisement, je ne sais pas quelle route prendre… Et mon téléphone n’a plus de batterie ! Alors je prends la route qui me paraît la plus logique.

Je continue tout droit et tourne à gauche mais quelque chose me paraît bizarre car il me semble que je m’éloigne de Cadaquès. Je vois bien des maisons, mais de moins en moins. Je commence à m’inquiéter... Tout à coup j’observe que le ciel s’assombrit : ce sont des arbres qui cachent la lune. Alors je réfléchis quelques secondes et je regarde derrière moi. J’aperçois les lumières de la ville, je suis allé trop loin ! Je décide donc de repartir vers la route qui mène au petit port catalan, mais je me perds à nouveau. Où suis-je précisément ?

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Mon vélo commence à ralentir, cela devient de plus en plus compliqué de pédaler : je descends afin de regarder mes roues, je les touche et ma main s’enfonce… j’ai crevé. Je l’appuie contre un arbre au bord de la route et je continue à pieds. Je n’ai aucune idée de l’heure précise. Il commence à faire froid, la mer s’agite et le vent souffle. Je continue à marcher et tout à coup mon pied s’entrave dans une petite racine, je tombe violemment dans un ravin !

A mon réveil, il fait jour : cela doit faire un long moment que je suis évanoui dans ce trou. Je n’ai toujours pas bu et pas mangé. Soudain, j’entends des sons étranges, j’appelle au secours. Personne ne répond : je réessaie puis les bruits se rapprochent de moi ! Je crie mais je n’en ai pas la force, ma gorge est trop sèche !

Je tourne donc la tête pour essayer d’identifier la source de ces horribles grognements. Une hideuse créature poilue ! Je suis terrorisé ! Elle est gigantesque, à peu près deux mètres de haut, avec des poils très clairs et d’immenses ongles. Elle s’approche de moi comme si elle voulait me dévorer ! Mon cœur s’accélère ! Je ne sais pas quoi faire face à cette horrible chose. Impossible de partir, je n’en ai pas la force… La bête fonce sur moi, elle me saisit par le t-shirt, me secoue … Violemment elle me jette contre le mur de roches…

Le bruit qui me réveille n’a rien à voir avec celui de l’animal, c’est celui de l’électrocardiogramme. Apparemment j’avais réussi à appeler les secours avec le peu de batterie qu’il me restait et je me retrouve à l’hôpital. Lorsque j’ai raconté mon histoire au médecin il m’a répondu que j’avais vu ce monstre car j’étais déshydratée. C’était une hallucination. Tout à coup j’ai ressenti une douleur au bras, j’ai donc soulevé la manche de mon pull et j’ai pu voir des plaies… qui ressemblaient affreusement à des griffures !

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LES MOAÏ

J’habitais à Paris avec ma femme Ashley dans un petit appartement luxueux qui donnait sur l’avenue Bosquet non loin de la Tour Eiffel. Nous avions beaucoup de chance. Nous étions tous deux âgés de 28 ans.

Tous les jours je me rendais à l’agence immobilière où je travaillais, juste en face de chez moi et mon épouse dans son cabinet de médecin, boulevard de Grenelle. Nous prenions tous les ans deux semaines de vacances pour visiter un pays à chaque fois différent. C’était devenu comme une passion de découvrir de nouvelles cultures.

Au début, on partait souvent dans des îles paradisiaques. Nous aimions beaucoup aller dans des endroits calmes, ensoleillés... Ensuite, il nous est venu l’envie de visiter plutôt des villes et découvrir les secrets de leurs monuments si célèbres. J’ai beaucoup aimé Londres. C’était une ville très chaleureuse. Les Londoniens ont tous le sourire et la joie de vivre. C’est fascinant !

Depuis toujours, ma femme et moi adorions découvrir ce qui se cache derrière les apparences. Nous croyions à tout ce qui avait trait aux esprits, aux légendes. C’est pourquoi nous avons eu envie de découvrir des endroits mystérieux, cela nous tenait beaucoup à cœur.

Une destination nous attirait tout particulièrement : l’Ile De Pâques. L’origine des statues qui l’ont rendue célèbre était inconnue et confrontait les meilleurs archéologues à un mystère insoluble. Personne ne savait donc pourquoi les fameux « Moaï » étaient là et ce qu’ils signifiaient, raison de plus de découvrir cette île polynésienne. Je n’avais jamais été aussi excité de partir en voyage !

Quelques recherches sur internet pour trouver l’hôtel, le vol, et notre programme était ficelé : d’abord 5 nuits à

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Hanga-Roa au Sud-ouest de l’ile puis nous nous rapprocherions des Moais en nous rendant à Casa Rapa Nui, une charmante chambre d’hôte dont les photos nous avaient tapé dans l’œil.

Direction Charles de Gaules : Alors que l’avion quittait le sol sous l’effet de la poussée prodigieuse de ses réacteurs nous sentions l’impatience grandir en nous. 15h plus tard, après 2 escales, l’airbus A380 dans lequel nous étions désormais confortablement installés, déployait son train d’atterrissage sur la piste de Mataveri, l’unique Aéroport de l’ile de Pâques.

Lorsque nous posâmes le pied à Rapa Nui- c’est le véritable nom de l’île- notre premier souci fut de trouver un taxi qui nous amènerait à notre chambre d’hôte. L’accueil fut chaleureux selon la coutume polynésienne. Quant à la chambre d’hôte, elle était grande : il y avait un spacieux salon, une terrasse avec des fauteuils. On s’y sentait comme chez soi.

Le lendemain, ma femme et moi-même nous sommes levés tôt pour aller voir les fameux Moaï au lever du soleil. Une fois sur place, nous les regardons avec émotion. C’était comme un rêve qui se réalisait. Nous prîmes énormément de photos. Ils étaient immenses ! Nous ne les imaginions pas aussi gigantesques.

Deux heures plus tard, nous décidons de faire une balade autour d’eux pour mieux les observer sous tous les angles. Pendant de longs moments nous photographiâmes à nouveau ces géants de pierres.

Puis nous nous sommes assis : nous parlions en les admirant. Mais subitement, nous entendons des bruits mystérieux et rapprochés dont nous ne comprenons pas l’origine. Comme des bruits de pas. Pourtant, il n’y avait personne !

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Quand nous fûmes rentrés à la maison d’hôte, nous aperçûmes une petite statue de Maï. Etrange, nous ne l’avions pas remarquée auparavant.

La nuit passée, quelle ne fut pas notre surprise et notre terreur lorsque nous constatâmes qu’en plus de s’être déplacé, le petit Moaï avait pris des proportions gigantesques ! Nous crûmes d’abord à une illusion, liée au brouillard particulièrement épais, lorsque soudain, ma femme et moi, nous entendons des bruits de pas : les mêmes que ceux que nous avions entendus lors de notre visite !

Nos cœurs se mettent à palpiter fortement. À travers la vitre, nous voyons des dizaines de Moais dans le jardin qui marchent vers nous ! Nous nous nous enfuyons à toutes jambes. Nous traversons des champs d’herbe haute, sautons des ruisseaux, enjambons des clôtures et escaladons des rochers. On appelait à l’aide mais personne à l’horizon.

Alors, nous commençons à perdre espoir. Nous nous cachons derrière un buisson. Les branches dénudées d’un arbre se découpaient sur le ciel sombre et occultaient l’horizon. Nos cœurs battaient à la chamade. Nous entendons ces monstres s’approcher de nous… Dans nos pensées, la mort semblait imminente.

Tout à coup, ils apparaissent. Deux géants de pierre nous saisissent par le bras. Les Moaï nous entourent, ils sont au moins une quinzaine ! Les larmes aux yeux, paralysé je pensais à ma famille. Soudain les Moaï se jettent sur moi et je me mets à hurler !

Un cri qui me réveille … J’aperçois une centaine de personnes qui me regardent : tout cela n’était donc un mauvais cauchemar… J’étais bel et bien encore dans l’avion. A mon arrivée, je n’allais plus voir les Moaï de la même façon !

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MALHEUR SUR LA ROUETE 66

Cela s’est produit il y a près de cinq ans, lors d'un voyage avec mes amis, Laura, Adrien, Chiara, et Jacques en 2014. Un road trip en Harley qui allait de Los Angeles à Las Vegas. Nous avons passé une semaine dans la cité des Anges avant de partir pour la ville du jeu.

Le 5 août 2014, vers midi, on enfourche donc nos Road Glide Specials, direction Victorville. Le compteur affichait 84,9 miles quand on est arrivé, aux alentours de treize heures.

Après avoir trouvé le Motel qui se situait sur la rue principale, on a arpenté la ville, puis tous au restaurant. Le « Six Feet Under » : 500 grammes de côtes de bœuf bien saignantes par personne, c’est ça qu’il nous fallait pour refaire le plein de vitamines !

La soirée s’est terminée en boîte, avec de la bonne « country » et nous sommes rentrés au motel.

Le lendemain, après une nuit réparatrice et un copieux petit déjeuner, on rassemble nos affaires et on reprend la route. Mais cinquante kilomètres plus loin, je me rends compte que j'ai oublié ma veste. Je préviens mes amis que je vais la chercher. Une fois arrivé, en descendant de moto je sens comme une brûlure au niveau du mollet : je ne m'en suis pas préoccupé.

Soudain, je tombe en arrière, pétrifié. J'entends des hurlements intenses dont la provenance m'est inconnue. Je ne sais plus où je me trouve. Et d'un coup, tout devient blanc. Je distingue pourtant une immense silhouette sombre, de grands yeux rouge vif : un hideux squelette s’avance dans ma direction, enveloppé d’une longue cape noire déchirée, un voile sur la tête. Dans un geste de menace, il pointe vers moi son hideuse main décharnée !

La chose se rapproche dangereusement. Elle chevauche une monture du diable qu’elle appelle « Kawa …».

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Je ne sais plus, je suis pétrifié sur place et j'ai la chair de poule ! Une profonde terreur me gagne !

Quand soudain je me réveille, je me trouve dans une chambre d’hôpital avec des perfusions sur tout le bras. Mes amis m’observent avec inquiétude. Je leur demande ce que je fais là et c’est alors qu’ils me racontent tout.

Les serpents à sonnette sévissent dans le coin, et c’était une sacrée veine que je sois encore en vie !

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LABYRINTHE

Santorin ! L'île des Cyclades par excellence, celle qui est présentée sur les brochures des agences proposant une croisière en Grèce, et qui fait immanquablement rêver celui qui porte son regard sur les façades blanches et bleues des maisons, surplombant la mer à perte de vue, sous un soleil qui inonde de lumière ce paysage féerique. Beaucoup rêveraient d'y passer seulement quelques jours, moi j'y ai eu la chance de venir m'y installer en octobre 1998. J'avais renoncé à la grisaille Parisienne et à tout autre projet professionnel pour y investir mes économies et acquérir ainsi l’hôtel « villa Roussa » que j'allais gérer.

Depuis lors, chacune de mes journées obéissait à un rituel bien précis : je me trouvais là où j'avais toujours souhaité être, et je profitais chaque jour des charmes de Santorin et du mode de vie grec. Invariablement, je commençais mes journées par un café au Restaurant Aromate, avant de me diriger vers l'un de mes lieux de prédilection la cathédrale orthodoxe de Santorin ou le magnifique village de Santozeum. Parfois, je me contentais du simple plaisir de balader le long de la mer Égée. Cependant n'allez pas croire que je ne travaillais pas ! Une grande partie de mes journées étant consacrée à l'accueil des clients de la Villa Roussa, et à gérer les tâches exigeantes d'un établissement de luxe.

Mais, ce qui devait être un jour comme un autre, tourna brusquement au cauchemar. Le jeudi quatorze janvier 2008, le jour de l'anniversaire de mon frère, comme tous les ans, j'allai lui rendre visite. Je pris mon alpine en direction de chez lui.

Il pleuvait beaucoup, le brouillard et les éclairs qui zébraient le ciel rendaient la conduite impossible. Fatalement ce fut l'accident, soudain, inévitable et d'une violence extrême. Je perdis connaissance. A mon réveil, sonnée et le front ensanglanté par les débris du pare-brise, j'ai marché comme j'ai pu jusqu'à un petit village connu sous le nom de Megalochori, C'était la nuit, j'étais choquée et apeurée mais je

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vis finalement un petit hôtel qui avait l'air abandonné. Comme il pleuvait beaucoup je décidai d’y entrer : je n'avais pas d'autre choix, même s'il semblait fort peu accueillant.

Dans le hall je vis trois tableaux terrifiants qui m'angoissèrent. En m’approchant, je remarquai un détail curieux : tous traitaient d’une manière ou d’une autre de la légende du Labyrinthe et du Minotaure. Le plus à gauche montrait la bête combattant contre Thésée, celui de droite évoquait la fuite de Dédale et Icare, tandis qu’au centre, la peinture la plus affreuse présentait l’odieuse créature dévorant ses victimes athéniennes. J’en avais la chair de poule !

Malgré tout, je trouvai le courage de sonner à l'étrange sonnette située à l’accueil qui semblait ne jamais avoir été changée et utilisée depuis longtemps. Alors un homme de petite taille, légèrement bossu se manifesta. Comme je ne voyais rien dans l'étrange obscurité qui régnait, je ne pus me faire une idée plus précise de son apparence. Il me demanda ce que je faisais dans cet endroit abandonné. Mais, surprise de cet étonnant petit bonhomme, je ne répondis pas. L'homme se tut sans doute pour ne pas m’effrayer davantage. Il me fit des signes de la main et m’amena dans une chambre : et même si j'étais toujours effrayée, je le suivis quand même.

L'endroit était dans un sale état, les meubles délabrés, la moitié des carreaux étaient cassés et la moquette déchirée, ce qui donnait à l'ensemble un air peu engageant. Dès l'instant où je fus rentrée la porte se referma soudainement en claquant. Tremblante, je scrutai les lieux et ils me remémorèrent instantanément les tableaux : cette chambre avait servi de décor pour chacun des trois !

Je sursautai et décidai de partir au plus vite de cet endroit effrayant. Je courus jusqu'à la sortie mais, comme dans ce lieu il faisait noir et que le couloir semblait sans fin, je ne pus la trouver. Je me retrouvai sans comprendre quoi que ce soit devant une pièce qui semblait être apparue par magie.

J’ouvris la porte et soudain, mon cœur s’arrêta de battre ! Partout, des corps étaient étendus, un vrai cauchemar !

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J'étais horrifiée ! Et à cet instant précis, mon sang se glaça dans mes veines : une ombre avait surgi derrière moi ! Elle était immense, terrifiante, j'étais tellement tétanisée que je ne pouvais bouger et je me sentais comme rivée au sol. Elle se précipita sur moi puis tout devint noir.

Je me réveillai dans ce qui semblait être une cave. J'avais les mains attachées ainsi que les pieds, et je ne pouvais pas parler car j'avais un bâillon sur la bouche. J’étais fatiguée, épuisée, je me sentais comme prise au piège. Je vis dans le dernier sursaut de ma conscience le reflet de la lumière sur la lame d'un couteau s'abattant sur moi : je poussai un cri affreux …. perdis à nouveau conscience ...

Des douleurs partout, mes yeux qui s'ouvrent difficilement : des tâches de lumière vagues au début dessinent peu à peu le contour d'une chambre d'hôpital. Le docteur m'expliqua que j'avais été victime d’un grave accident de voiture, et je fus extrêmement soulagée de savoir que ce que j'avais cru vivre n'était qu'un rêve. Dans un sentiment de soulagement, je voulus m'étirer quand une vision me glaça à nouveau le sang : sur mes poignets on pouvait clairement voir les marques laissées par des liens servant à immobiliser quelqu'un !

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