7
Sur l'histoire du Parti Communiste Sud- Africain Le mois de juillet a été un mois d'intense activité pour le Parti Communiste sud-africain. Entre la commémoration de l'anniversaire de Mandela – l'occasion de rappeler les liens qui unissent l'ANC de Mandela et de Zuma au SACP – et les luttes des ouvriers du bâtiment et des employés municipaux soutenues par le SACP et qui se sont soldées par des hausses de salaires conséquentes. Le mois de juillet marque aussi l'anniversaire du SACP. Le moment de rappeler l'histoire du SACP. Le SACP est un parti qui s'appuie sur une longue traduction de lutte. Lutte contre l'apartheid évidemment dans laquelle l'ANC, le SACP et la COSATU (le syndicat de classe sud-africain proche des communistes) ont fraternellement collaboré. Lutte pour l'indissociabilité de la question sociale et de la question raciale. Lutte pour une révolution nationale démocratique pour l'ANC, sans jamais abandonner la perspective du socialisme. Lutte contre les opportunistes de l'aile-droite de l'ANC et les nostalgiques de l'apartheid après 1994. Toutefois, loin d'être une force du passé, le SACP est un parti d'avenir qui pèse dans la vie politique d'aujourd'hui. Un parti qui – avec la COSATU – a joué un rôle déterminant dans la nomination de Jacob Zuma à la tête du parti. La pression du SACP, qui exigeait une rupture avec quinze années de politiques économiques néo-libérales, a fait la différence. Car le SACP est un parti qui pèse, non seulement numériquement (plus de 50 000 adhérants annoncés officiellement), mais aussi par l'activité et l'engagement de ses militants, fortement implanté dans le milieu syndical et associatif. De plus, le SACP est un parti composé essentiellement de jeunes (70% de ses militants ont moins de 35 ans), de syndicalistes et en progression constante (le Parti a doublé son nombre d'adhérants en quelques années). Ainsi, si le SACP est un parti de l'avenir, c'est aussi parce qu'il reste fidèle à ses origines, à ses idéaux, à ses combats. Ce que rappelle bien Blade Nzimande dans son discours AC pour http://solidarite-<wbr></wbr>internationale-pcf.over-blog.<wbr></wbr>net/ Traduction du discours prononcé par le Secrétaire Général du PC Sud-Africain (SACP), Blade Nzimande, à l'occasion du 88ème anniversaire du SACP Le 29 juillet 2009 marque le 88ème anniversaire de la naissance du Parti Communiste en Afrique du Sud. Fondé au Cap en 1921, le Parti Communiste d'Afrique du Sud (CPSA – comme il s'appelait alors) a été le premier parti communiste sur le continent Africain. La source d'inspiration du CPSA a été la Révolution Bolchevique de 1917 en Russie et le lancement ultérieur (en 1919) de l'Internationale Communiste dont le siège se trouvait à Moscou 88 années de lutte Il y a 88 ans, le capitalisme mondial connaissait une grave crise. La crise offrait les conditions dans lesquelles, comme Lénine l'a analysé avec justesse, il y avait une possibilité de réaliser un progrès rapide vers le socialisme dans le maillon faible de la chaîne impérialiste – la Russie. 88 années plus tard, le capitalisme mondial vit encore une fois une de ces crises périodiques les plus sérieuses. La crise capitaliste que nous connaissons est protéiforme – elle est en même temps une crise financière, une crise productive et une crise écologique. La voie de l'accumulation capitaliste suivie dans les trois derniers siècles a mis l'humanité au bord du désastre écologique et de l'épuisement des ressources naturelles. Bien qu'il soit en crise, le

Sur l'histoire du Parti Communiste Sud-Africain

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Le mois de juillet a été un mois d'intense activité pour le Parti Communiste sud-africain. Entre la commémoration de l'anniversaire de Mandela – l'occasion de rappeler les liens qui unissent l'ANC de Mandela et de Zuma au SACP – et les luttes des ouvriers du bâtiment et des employés municipaux soutenues par le SACP et qui se sont soldées par des hausses de salaires conséquentes. Le mois de juillet marque aussi l'anniversaire du SACP. Le moment de rappeler l'histoire du SACP.

Citation preview

Page 1: Sur l'histoire du Parti Communiste Sud-Africain

Sur l'histoire du Parti Communiste Sud-AfricainLe mois de juillet a été un mois d'intense activité pour le Parti Communiste sud-africain. Entre la commémoration de l'anniversaire de Mandela – l'occasion de rappeler les liens qui unissent l'ANC de Mandela et de Zuma au SACP – et les luttes des ouvriers du bâtiment et des employés municipaux soutenues par le SACP et qui se sont soldées par des hausses de salaires conséquentes. Le mois de juillet marque aussi l'anniversaire du SACP. Le moment de rappeler l'histoire du SACP.

Le SACP est un parti qui s'appuie sur une longue traduction de lutte. Lutte contre l'apartheid évidemment dans laquelle l'ANC, le SACP et la COSATU (le syndicat de classe sud-africain proche des communistes) ont fraternellement collaboré. Lutte pour l'indissociabilité de la question sociale et de la question raciale. Lutte pour une révolution nationale démocratique pour l'ANC, sans jamais abandonner la perspective du socialisme. Lutte contre les opportunistes de l'aile-droite de l'ANC et les nostalgiques de l'apartheid après 1994. Toutefois, loin d'être une force du passé, le SACP est un parti d'avenir qui pèse dans la vie politique d'aujourd'hui. Un parti qui – avec la COSATU – a joué un rôle déterminant dans la nomination de Jacob Zuma à la tête du parti. La pression du SACP, qui exigeait une rupture avec quinze années de politiques économiques néo-libérales, a fait la différence. Car le SACP est un parti qui pèse, non seulement numériquement (plus de 50 000 adhérants annoncés officiellement), mais aussi par l'activité et l'engagement de ses militants, fortement implanté dans le milieu syndical et associatif. De plus, le SACP est un parti composé essentiellement de jeunes (70% de ses militants ont moins de 35 ans), de syndicalistes et en progression constante (le Parti a doublé son nombre d'adhérants en quelques années). Ainsi, si le SACP est un parti de l'avenir, c'est aussi parce qu'il reste fidèle à ses origines, à ses idéaux, à ses combats. Ce que rappelle bien Blade Nzimande dans son discours AC pour http://solidarite-<wbr></wbr>internationale-pcf.over-blog.<wbr></wbr>net/

Traduction du discours prononcé par le Secrétaire Général du PC Sud-Africain (SACP), Blade Nzimande, à l'occasion du 88ème anniversaire du SACPLe 29 juillet 2009 marque le 88ème anniversaire de la naissance du Parti Communiste en Afrique du Sud. Fondé au Cap en 1921, le Parti Communiste d'Afrique du Sud (CPSA – comme il s'appelait alors) a été le premier parti communiste sur le continent Africain. La source d'inspiration du CPSA a été la Révolution Bolchevique de 1917 en Russie et le lancement ultérieur (en 1919) de l'Internationale Communiste dont le siège se trouvait à Moscou 88 années de lutte Il y a 88 ans, le capitalisme mondial connaissait une grave crise. La crise offrait les conditions dans lesquelles, comme Lénine l'a analysé avec justesse, il y avait une possibilité de réaliser un progrès rapide vers le socialisme dans le maillon faible de la chaîne impérialiste – la Russie. 88 années plus tard, le capitalisme mondial vit encore une fois une de ces crises périodiques les plus sérieuses. La crise capitaliste que nous connaissons est protéiforme – elle est en même temps une crise financière, une crise productive et une crise écologique. La voie de l'accumulation capitaliste suivie dans les trois derniers siècles a mis l'humanité au bord du désastre écologique et de l'épuisement des ressources naturelles. Bien qu'il soit en crise, le

Page 2: Sur l'histoire du Parti Communiste Sud-Africain

capitalisme mondial reste puissant, et il manoeuvre constamment pour conserver sa position de force. Mais, pour la première fois en trois décennies, le capitalisme a perdu son hégémonie idéologique mondiale. Partout dans le monde, des personnes aux croyances et convictions idéologiques diverses réalisent qu'un autre monde est possible. Dans ces cironstances, les communistes Sud-Africains, et les communistes du monde entier ont de nouveaux défis ainsi que de nouvelles responsabilités. Pour affronter ces nouveaux défis et ces nouvelles responsabilités, nous pouvons nous appuyer avec confiance sur nos 88 années de lutte. Les membres fondateurs du CPSA en 1921 étaient des travailleurs blancs militants et des intellectuels radicaux, dont la plupart avaient rompu avec le Parti Travailliste Sud-Africain en 1915. Comme les Bolchéviques de Lénine, ces militants s'étaient séparés de la social-démocratie sur la base d'un internationalisme conséquentLa révolte du Rand de 1922: la difficile conciliation de la question raciale et sociale. Dans la toute première année de son existence, le CPSA était déjà confronté à un immense défi. En 1922, les mineurs blancs du Rand se sont mis en grève contre la tentative de la part de la Chambre des Mines de remettre en cause les privilèges artisanaux des mineurs blancs, en emoloyant des noirs dans ces certains secteurs de l'activité minière – mais pour un salaire bien moins élevé. Les propriétaires des mines n'étaient bien sûr pas motivés par le non-racialisme, mais par la maximisation du profit. La réaction des mineurs militant a été d'intensifier l'action militante, et la grève s'est rapidement étendu dans tout le Rand, y compris aux travailleurs des tramways et aux employés municipaux. La Révolte du Rand de 1922, comme on l'appelle désormais, était en partie influencée par la Révolution Bolchévique et par la rhétorique militante socialiste – le Drapeau Rouge était hissé, et des slogans anti-capitalistes scandés. Mais elle était aussi influencée par les souvenirs et les traditions encore récentes de la lutte des Boers contre les Britanniques. Des commandos armés de travailleurs se sont formés à Johannesburg et dans le Rand Oriental, et la police ainsi que l'armée étaient attaqués et des armes volées. Malheureusement, la colère des travailleurs était dirigée en partie contre les patrons des mines, elle était aussi dirigée d'une manière raciste contre les travailleurs noirs. Le jeune CPSA, enrcainé chez les syndicalistes blancs, cherchait à mettre l'accent sur la lutte de classe des travailleurs blancs, et à condamner les attaques racistes contre les travailleurs noirs. Mais il n'a pas vraiment été capable d'atteindre ses objectifs, et la grève s'est empêtrée dans les contradictions des travailleurs blancs – ils étaient à la fois exploités par le système capitalisme, et privilégiés par leur statut colonial raciste. La grève a été écrasée par le Premier Ministre Smuts qui a utilisé l'armée et même les forces aériennes pour bombarder les travailleurs retranchés autour de Fordsburg. L'alliance stratégique avec l'ANC: lutte contre l'apartheid et révolution national-démocratique comme voie vers le socialisme La Révolte du Rand de 1922 a obligé le CPSA à commencer à penser plus en profondeur, sur le plan stratégique et organisationnel, à partir des réalités concrètes de l'Afrique du Sud. Déjà en 1924, la majorité des membres du CPSA étaient noirs. Mais c'était en 1929, sous l'influence des débats et des résolutions de l'Internationale Communiste, que le CPSA a adopté la thèse de la « République Noire » ou « Indigène ». C'était la perspective stratégique qui insistait sue le fait que, dans la réalité coloniale de l'Afrique du Sud, la lutte socialiste était intimement liée à la lutte pour les droits civiques et démocratiques fondamentaux de la majorité noire. La lutte national-démocratique et la réalisation de la « République Noire » (cad le gouvernement démocratique de la majorité) étaient des conditions nécessaires à la transition vers le socialisme. L'adoption de cette position stratégique – qui dans les grandes lignes est restée la stratégie qui guide l'action du SACP – a posé les bases d'une alliance remarquable sur huit décennies avec

Page 3: Sur l'histoire du Parti Communiste Sud-Africain

l'ANC. A la fin des années 1920 et au début des années 1930, l'ANC était une formation relativement faible et largement élitiste. Dans la thèse du Komintern sur la République Noire en Afrique Noire, on retrouve l'extrait suivant: « Le Parti devrait prêter particulièrement attention aux organisations nationales embryonnaires parmi les indigènes, comme le Congrès National Africain. Le parti, tout en conservant sa pleine indépendance, devrait participer à ces organisations, chercher à élargir et à étendre son activité. Notre but est de transformer l'ANC en une organisation nationaliste révolutionnaire de lutte contre la bourgeoisie blanche et les impérialistes britanniques, basée sur les syndicats, les organisations paysannes, etc., tout en développant systématiquement le leadership des travailleurs et du Parti Communiste dans cette organisation. » Avec quelques ajustements mineurs sur le plan du langage et en prenant en compte le changement de la situation, cette perspective stratégique reste tout à fait pertinente actuellement. C'est cette perspective stratégique qui a guidé l'action du Parti Communiste en Afrique du Sud pendant 80 ans. Et c'est cette perspective stratégique qui a été le spectre qui a hanté tous les opportunistes, les réformistes et les laquets impérialistes pendant des décennies – jusqu'à nos expériences les plus récentes, celles du projet de classe de 1996, de pillage des ressources publiques, celles des opportunistes du COPE, et des commentateurs médiatiques comme Patrick Lawrence et ceux de son acabit. Ils partagent tous une seule chose en commun – ils ont peur de l'influence et la capacité de mobilisation du SACP. Ils ont peur du rôle d'avant-garde joué par le SACP, et ils ont en peur car ils savent l'écho que rencontrent nos positions dans la grande majorité des Sud-Africains. Guidés par notre perspective stratégique d'une Révolution National-Démocratique comme LA voie vers le socialisme en Afrique du Sud, les communistes en Afrique du Sud ont été à l'avant-garde, les pionniers, de quasiment toutes les grandes valeurs révolutionnaires et les traditions de notre lutte. Le SACP à l'avant-garde de tous les fronts de lutte Le non-racialisme – ce sont les Communistes en Afrique du Sud, guidés à l'origine par ce principe central dans le Marxisme qu'est la solidarité internationaliste, qui ont été les pionniers du non-racialisme, qui est maintenant devenue une pierre angulaire de notre nouvelle démocratie. Tandis que l'ANC, dès sa fondation, s'est engagé pour une Afrique du Sud non-raciale, c'est seulement dans les années 1980 qu'il a ouvert ses rangs à tous les Sud-Africains, noirs et blancs. Mais depuis ses premières années, le CPSA a pratiqué activement des politiques non-raciales jusque dans ses rangs. En fait, pendant des décennies, le Parti Communiste était le SEUL parti politique en Afrique du Sud à pratiquer le non-racialisme parmi ses rangs. Dès les premières années, les communistes Sud-Africains ont aussi clairement compris qu'un non-racialisme conséquent n'était pas seulement une question de rhétorique « libérale » à propos de l'égalité – une politique véritablement non-raciale, dans les conditions Sud-Africaines nécessitait des mesures de discrimination positive – qui allait jusqu'à la formation de cadres dirigeants noirs et à une prise de pouvoir de la part des travailleurs et des paysans opprimés sur la base de leur race. Ces mesures actives de dé-racialisation supposaient:

• Le travail de formation politique permettant l'émergence de cadres ouvriers – depuis les années 1920, le Parti Communiste a été un pionnier dans les écoles du soir et les classes d'alphabétisation permettant aux ouvriers de prendre le pouvoir [dans le parti] et contribuant à la formation de cadres dirigeants noirs et ouvriers au sein de notre parti, et au sein du mouvement de libération nationale et du mouvement syndical. TW Thibedi était une des personnalités exceptionnelles dans ce travail d'éducation politique initial. Ce travail d'éducation des adultes n'a jamais été vu comme une question de transfert de « compétences » au sens étroit du terme, mais il a toujours été également basé sur une formation idéologique Marxiste. Ces traditions se

Page 4: Sur l'histoire du Parti Communiste Sud-Africain

sont perpétuées pendant de nombreuses décennies, sous différentes formes et en répondant à des besoins différents, au fur et à mesure que les nécessités tactiques et stratégiques pouvaient changer. Le rôle des membres du SACP (parmi eux Jack Simons et le Camarade Mzala) dams le travail d'éducation politique dans nos camps MK [MK ou Umkhonto we Simze – branche armée de l'ANC et du SACP] en Angola et ailleurs est tout à fait justement commémoré et inscrit dans les mémoires. D'autres cadres du SACP, parmi lesquels Govan Mbeki et Harry Gwala, ont joué un rôle majeur dans les traditions de formation des cadres et d'éducation politique, juste sous le nez des geôliers de l'apartheid à Robben Island et dans d'autres prisons.

• Le journalisme progressiste – pendant ses 88 années le Parti Communiste a maintenu une forte tradition de journalisme progressiste – avec les publications officielles du parti, dont « Umsebenzi » (publié pour la première fois dans les années 20 sous le nom « The South African Worker »), « Inkululeko » (édité à l'origine par Edwin Mofutsanyana au début des années 30), et « The African Communist » (dont on fêtera le 50ème anniversaire cette année). Des communistes comme Govan Mbeki, Ruth First et Brian Bunting ont aussi joué un rôle majeur dans le journal progressiste The Guardian et de ses différents successeurs, qui ont tous été interdits par le régime de l'apartheid au cours des années 1950.

• Le syndicalisme révolutionnaire – des premiers jours de l'ICU [The Industrial and Commercial Workers’ Union – le syndicat communiste de masse des années 1920] de EJ Khaile, Jimmy La Guma et Johnny Gomas jusqu'à la génération de JB Marks, Ray Alexander et Billy Nair sans oublier les plus jeunes militants du parti, les communistes ont été à l'avant-garde de l'organisation des travailleurs, et de la constitution d'une tradition de syndicalisme révolutionnaire ici en Afrique du Sud

• La mobilisation populaire et le pouvoir populaire – dès nos toutes premières années, des cadres du parti comme Edwin Mofutsanyana et Josie Mpama ont mené les luttes communautaires contre les logements insalubres et les fonctionnaires corrompus. Au cours des grosses vagues de lutte semi-insurrectionnelle, dans les années 1980, ce fut un communiste, Matthew Goniwe, qui a été le pionnier en Afrique du Sud dans la construction des organes de pouvoir populaire.

• Le militantisme rural, dans les années 1920 SP Bunting a travaillé dans les régions profondément rurales du Transkei, tout comme dans les années 1940 et 50 le militant communiste Alpheus Madiba a mobilisé dans le nord les paysans et aussi les immigrants de Johannesbourg venant de ces régions. Ce sont juste deux exemples, parmi tant d'autres, de la longue tradition d'organisation communiste parmi la paysannerie, les sans-terre et les pauvres ruraux de notre pays.

• Les coopératives et le travail communautaire, dans les années 1940, Dora Tamana a joué un rôle pionnier dans le mouvement coopératif avec les installations illégales à Cape Flats, une tradition qui a été reprise actuellement par une nouvelle génération de jeunes communistes.

• Le parti de la guerrilla, un parti de combattants et de martyrs, dans les années les plus dures du gouvernement de la minorité, les militants du Parti ont payé le prix fort de leur engagement, les poussant souvent à se sacrifier – de Johannes Nkosi, abattu en 1930 pour avoir mené une campagne contre la ségrégation, jusqu'à cette génération exceptionnelle de jeunes communistes courageux de 1976, parmi lesquels Petros Linda Jobane (« Gordon Dikebu »), le Lion de Chiawelo, qui encerclés ont tenu tête à la police de l'apartheid, jusqu'à leur dernière balle. Le Parti de Chris Hani se souvient et salue tous ses héros et ses martyrs.

• Le parti de l'internationalisme, les fondateurs du Parti Communiste en Afrique du Sud, parmi eux David Ivon James qui a écrit sur la Révolution Bolchévique de 1917

Page 5: Sur l'histoire du Parti Communiste Sud-Africain

tandis qu'elle se déroulait, ont contribué à donner une perspective internationaliste à nos luttes locales. C'est une tradition qui est toujours vivante aujourd'hui – une nouvelle génération de communistes est active dans la solidarité avec Cuba, dans la solidarité avec les travailleurs et les pauvres au Zimbabwe, au Swaziland et avec les opprimés partout dans le monde.

Voici les traditions de lutte qui se sont transmises parmi les générations de communistes Sud-Africains. Nous en avons fait un héritage vivant, pas seulement pour le SACP, mais aussi pour les forces progressistes ici dans le pays et ailleurs dans le monde. Les années 1990: le défi démocratique pour l'alliance anti-coloniale dans un contexte mondial négatif Il y a 15 ans, avec la percée démocratique d'Avril 1994, collectivement en tant que mouvement de libération nous avons remporté une victoire majeure. Mais cette percée démocratique était seulement une victoire partielle nous le disions très clairement à l'époque. De nouveaux défis sont apparus. Ce sont les défis de la gouvernance, et d'un développement rapides de nouvelles différenciations de classe au sein de la majorité noire, et, en fait, au sein de mouvement de libération lui-même. Le milieu des années 1990 était aussi une période dans l'histoire mondiale, où les forces impérialistes, organisées autour de l'idéologie néo-libérale, avaient atteint des summums d'arrogance et de triomphalisme. Après l'effondrement du bloc socialiste d'Europe de l'Est et de l'ex-URSS, la confiance dans le socialisme a faibli aux quatre coins du globe. Maintenant que nous fêtons notre 88ème anniversaire, nous sommes fiers de dire qu'ici en Afrique du Sud nous avons continuer à hisser le drapeau rouge pendant cette période. En fait, le SACP a augmenté sa force, son influence et son nombre de militants. Mais, bien sûr, tout cela n'a pu être réalisé que par la lutte. Avant tout car la classe dominante a livré une bataille incessante pour priver le SACP de ces ressources, pour mener une campagne de désinformation sur le Parti et ses personnalités charismatiques, et, quand tout cela échouait, pour mener une campagne de terreur qui rappelle les stratégies de « rooi-gevaar » du régime d'apartheid. Malheureusement, bien que cela a été prévisible, bon nombre de ces thèmes ont été repris par des forces au sein de notre mouvement de libération, en particulier par des personnalités associées avec ce que nous avons appelé le « projet de classe de 1996 » - une tentative de faire dévier le mouvement de libération national vers des objectifs étroitement bourgeois-démocratiques, et de conclure un pacte social implicite entre une nouvelle élite gouvernante et les vieux centres économiques de pouvoir. Le SACP est fidèle à ses idéaux et à son combat malgré les attaques, les calomnies et les trahisons... C'est une fierté pour le SACP que, dans leur tentative de faire avancer leur agenda, les têtes d'affiche du « projet de classe de 1996 » aient identifié le SACP comme leur principal obstacle. Pendant plusieurs années, des dizaines de milliers de communistes ont eu à subir des insultes et la marginalisation, pas seulement de la part des capitalistes, mais aussi venant d'éléments qui sont à la tête de notre propre mouvement. Un des axes centraux du « projet de classe de 1996 » était d'harceler le SACP pour qu'il quitte l'ANC – la meilleure chose à faire pour effacer toute influence d'dées progressistes sur le mouvement de libération Dans ce climat, quelque camarades du Parti, certains parmi eux anciennement dans la direction du Parti, « ont retourné leur veste ». D'autres se sont découragés, et parmi eux, certains ont rejoint le petit choeur de l'ultra-gauche, qui conseillait au parti d' « y aller tout seul ». En cela, ironiquement, ils ont fini par recommander exactement ce que le « projet de classe de 1996 » cherchait à réaliser. Malgré toute cette agitation, la majorité du SACP ne s'est pas détournée de son objectif stratégique – faire avancer, consolider et défendre une révolution national-démocratique plus

Page 6: Sur l'histoire du Parti Communiste Sud-Africain

en faveur des travailleurs et des pauvres en tant que voie vers le socialisme Sud-Africain. Nous comprenions que cela signifait construire l'hégémonie de la classe ouvrière dans tous les lieux de pouvoir – l'Etat, le mouvement de libération, l'économie, dans nos communautés et sur le front idéologique. En particulier, le SACP a compris que l'hégémonie de la classe ouvrière pouvait seulement être construite à travers la mobilisation populaire et le militantisme. Dans les dernière années, le SACP a lancé une série de campagnes de masse appelées Octobre Rouge pour la transformation du secteur financier, pour la transformation des zones rurales, pour des transports publics décents, pour un approfondissement de la protection sociale et pour la construction d'un mouvement coopératif. En ne détournant pas notre attention de notre programme stratégique, à travers le respect scrupuleux de la discipline communiste, à travers un travail intense, le SACP aux côtés de centaines de milliers de cadres conséquents de l'ANC et du COSATU, ont résisté avec succès et finalement mis en échec le « projet de classe de 1996 ». Cette défaite a été consolidée lors de la Conférence nationale de l'ANC en décembre 2007 et à travers des résolutions essentielles adoptées lors de cette conférence. Mais nous n'avons aucune illusion sur le fait que cette défaite signifierait que les mêmes défis (ou de même nature) et les mêmes agendas ne réapparaitront pas, ou que ce projet ne continue pas à vivre dans certaines régions de notre pays. Les têtes d'affiche du projet de classe de 1996 ont essuyé une défaite historique. C'est un fait, et c'est une bonne chose. Mais il y avait des forces de classes objectives qui se tenaient derrière ce projet et celles-ci sont susceptibles de s'imposer à nouveau sous des formes différentes. Le Parti restera vigilant. Notre approche restera conséquente. Nous restons attachés à notre engagement pour une révolution national-démocratique réunissant plusieurs classes, mais en faveur de la classe ouvrière, menée par l'ANC. En tant qu'avant-garde, notre tâche n'est pas de devenir étroitement ouvrièriste, mais de s'assurer que nous aidons la classe ouvrière Sud-Africaine à prendre progressivement le pouvoir pour jouer un rôle révolutionmaire en MENANT les autres classes et les autres couches, en particulier les pauvres urbains et ruraux, et les couches paupérisées de la classe moyenne noire, vers la démocratie et le socialisme. Les tâches essentielles actuellement sont, comme nous en avons convenu dans notre manifeste électoral pour l'Alliance menée par l'ANC: couverture maladie universelle, un meilleur système éducatif, transformation des zones rurales et combat des fléaux que sont le crime et la corruption. Les cadres communistes sont sur le front... Profitant de cet anniversaire, nous avons déjà lancé un programme de Forums Rouges dont le but est de renforcer l'activité communiste auprès du peuple. Cela inclut les éléments suivants:

• Mobilisation des travailleurs et des communautés pour participer effectivement à la mise en place des cinq priorités centrales contenues dans le manifeste de l'ANC – construire une COSATU forte pour créer des emplois décents; construire des conseils locaux pour une éducation populaire gratuite, et de qualité pour les pauvres; construire des conseils de santé pour la mise en place d'une Assurance-Santé Nationale; construire des conseils de quartier pour combattre le crime; et construire des conseils populaires et paysans pour le développement rural et la réforme agraire.

• A travers ces Forums Rouges, nous lançons également notre campagne pour organiser et mobiliser en faveur de la mise en place d'une Assurance-Santé Nationale (NHI en anglais). Les classes capitalistes du secteur de la santé, soutenues par leurs laquais et les médias ont déjà commencé une campagne pour s'opposer à l'introduction de la NHI. La NHI vise à assurer un accès universel à une assurance-santé abordable et de qualité, où les riches contribueraient pour les pauvres, et où on n'aurait pas à payé d'avance (up-front) pour les services de santé. Faisant partie de cette campagme pour défendre la NHI, le SACP lance des appels et fera campagne pour mettre fin à la sous-

Page 7: Sur l'histoire du Parti Communiste Sud-Africain

traitance de certains services au sein du système de santé publique et pour le retourne de tous les services sous-traités entre les mains des institutions de santé publique.

• Nos forums rouges se préoccupent aussi principalement de l'impact de la crise économique actuelle sur les travailleurs et les pauvres, en particulier le rôle du secteur financier dans la dégradation des conditions de vie de notre peuple. Avec la récession économique, il y a une hausse des saisies de maisons, des personnes mises en liste noire par les banques. Le SACP en appelle aux travailleurs et aux pauvres pour qu'il rejoigne et anime notre campagne pour que les banques et les autres institutions financières jouent un rôle protecteur pour notre peuple au pire de la récession, comme l'accord-cadre de la NEDLAC le préconisait.

Le SACP comprend que notre peuple rencontre de nombreuses difficultés par rapport aux services dont il devrait bénéficier. Toutefois, nous condamnons fortement les tentatives, par certains éléments criminuels, de détourner la colère populaire vers la violence, le pillage, la destruction de propriété et la xénophobie. Nous en appelons à nos structures afin qu'elles intensifient notre campagne « Connais ton quartier » pour s'assurer que nous traitons de manière constructive les problèmes que connaissent nos communautés. Le SACP soutient toutes les luttes légitimes de la classe ouvrière pour un salaire décent. Nous lançons un appel aux employeur afin qu'ils tentent d'accéder aux revendications légitimes d'une classe ouvrière touchée de plein fouet par la récession. Nous condamnons toutefois les tentatives opportunistes, de la part de ceux qui ont perdu les élections de 2009, d'utiliser ces luttes ouvrières légitimes pour attaquer le gouvernement de l'ANC. En cette commémoration de notre 88ème anniversaire, nous, Communistes Sud-Africains chérissons le grand héritage révolutionnaire que nous ont légués les géants de notre lutte révolutionnaire – Moses Kotane, JB Marks, Moses Mabida, Josie Mpama, Dora Tamana, Ruth First, Joe Slovo et Chris Hani. Mais nous nous souvenons aussi des dizaines de milliers de militants communistes de la base du parti qui se sont battus avant nous. Nous hissons notre Drapeau Rouge en leur honneur. A LUTA CONTINUA! (LA LUTTE CONTINUE! en portugais) LE SOCIALISME EST L'AVENIR... CONSTRUISONS-LE MAINTENANT! Site du Parti Communiste Sud-Africain: http://www.sacp.org.za/