8
SUR UN CARTOUCHE PHARAONIQUE NON ENCORE EXPLIQUÉ ET A CE SUJET SUR L'ORTHOGRAPHE ANCIENNE DU NOM DU SCARABÉE EN ÉGYPTIEN Author(s): A. Judas Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 16 (Juillet à Décembre 1867), pp. 255-261 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41734575 . Accessed: 21/05/2014 10:17 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 193.105.154.40 on Wed, 21 May 2014 10:17:01 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

SUR UN CARTOUCHE PHARAONIQUE NON ENCORE EXPLIQUÉ ET A CE SUJET SUR L'ORTHOGRAPHE ANCIENNE DU NOM DU SCARABÉE EN ÉGYPTIEN

  • Upload
    a-judas

  • View
    217

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: SUR UN CARTOUCHE PHARAONIQUE NON ENCORE EXPLIQUÉ ET A CE SUJET SUR L'ORTHOGRAPHE ANCIENNE DU NOM DU SCARABÉE EN ÉGYPTIEN

SUR UN CARTOUCHE PHARAONIQUE NON ENCORE EXPLIQUÉ ET A CE SUJET SURL'ORTHOGRAPHE ANCIENNE DU NOM DU SCARABÉE EN ÉGYPTIENAuthor(s): A. JudasSource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 16 (Juillet à Décembre 1867), pp. 255-261Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41734575 .

Accessed: 21/05/2014 10:17

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to RevueArchéologique.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 193.105.154.40 on Wed, 21 May 2014 10:17:01 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 2: SUR UN CARTOUCHE PHARAONIQUE NON ENCORE EXPLIQUÉ ET A CE SUJET SUR L'ORTHOGRAPHE ANCIENNE DU NOM DU SCARABÉE EN ÉGYPTIEN

SUR UN

CARTOUCHE PHARAONIQUE

NON ENCORE EXPLIQUÉ

ET A CE StUET

SUR L'ORTHOGRAPHE ANCIENNE DU NOM DU SCARABÉE EN ÉGYPTIEN

Dans le grand nombre de cartouches pharaoniques arrivés à notre connaissance, il en est un dont l'explication a jusqu'à présent résisté à la sagacité des savants qui, depuis Champollion, se livrent avec tant de succès à l'étude des hiéroglyphes; je veux parler de celui qui est représenté au côté gauche de la salle de Karnak, sous le n° 24, selon l'ordre adopté par M. de Rougé dans son examen de l'ouvrage de M. de Bunsen. Le groupe onomastique qu'il contient est composé du cercle solaire, du collier d'or et du scarabée; d'autres fois, les deux derniers signes sont placés en sens inverse, savoir : le scarabée d'abord, puis le collier. Ce cartouche paraît avoir appartenu, à titre de prénom, à plusieurs rois, d'après la différence des noms propres qu'on y a trouvés annexés. Dans l'état actuel des notions, en faisant abslraction de la figure du Soleil, il se lit, dans un cas, Noub Kheper ou Noub Khep ; dans l'autre, Kheper noub ou Khep noub.

Aucune assimilation ne lui est assignée parmi les noms transmis par les auteurs anciens; on est arrivé seulement à l'attribuer à des princes de la onzième dynastie ou d'une époque voisine. Cependant, dans la liste d'Eratosthène, mais à un rang qui paraît indiquer la quatrième dynastie, se montre un nom qui lui-même n'a été appli- qué à aucune formule hiéroglyphique et que je pense représenter, non pas encore à titre de prénom, mais à titre de nom unique, car, jusqu'à la cinquième dynastie, les pharaons n'avaient qu'un nom, que je pense, dis-je, représenter la transcription de la première des

This content downloaded from 193.105.154.40 on Wed, 21 May 2014 10:17:01 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 3: SUR UN CARTOUCHE PHARAONIQUE NON ENCORE EXPLIQUÉ ET A CE SUJET SUR L'ORTHOGRAPHE ANCIENNE DU NOM DU SCARABÉE EN ÉGYPTIEN

256 REVUE ARCHÉOLOGIQUE variantes rapportées ci-dessus; c'est Khnoubos Gnévros. L'illustre alexandrin le traduit ainsi en grec : Khrysus, Khrysou héios, c'est-à- dire Filé de l'or (i). Le développement de la thèse que je viens d é- noncer, outre l'importance historique, s'appuie sur des considérations linguistiques qui sont, je pense, de nature à exciter quelque intérêt, si je puis parvenir à en établir la vraisemblance.

Le collier d'or est en effet, dans le système hiéroglyphique, l'em- blème de l'or. Dans cette acception, le nom en était prononcé Noub. Mais, à l'époque d'Eratosthène, les Gfecs aspiraient au moyen d'un Khi préfixe le n ou le m initial de plusieurs mots égyptiens ; ainsi le nom du dieu Noum était articulé Khnoum, Khnoub, Khnouph, Khneph, d'où, avec la terminaison grecque, les variantes Khnoumis, Khnoubis, Khnouphis, enseignées par les monuments et depuis longtemps signa- lées par Champollion. Donc le nom de l'or, représenté par un col- lier de ce métal précieux, est exactement transcrit Khnoubos.

Le scarabée, de son côté, doit donc répondre, d'une part, à la pro- nonciation Gnévr ou Gnéver, et, d'une autre part, à la signification Fils.

Sur le dernier point, la démonstration est, si je ne me trompe, péremptoirement fournie par l'un des nombreux étendards de Ram- sés le Grand reproduit par M. Lepsius dans le Konigsbuch, table xxxii, 420, ct'lui qui est coté r. Cet étendard porte, au-dessous du titre ordi- naire, Taureau puissant, un scarabée déterminé par un œuf et suivi de l'image d'un dieu non caractérisé; ainsi déterminé, si l'on com- pare surtout la légende de la plupart des étendards avoisinants, le scarabée ne peut ici être pris que dans l'acception Fils de ce dieu. On sait que l'image du scarabée, qui tenait une si grande place dans le symbolisme égyptien, y signifiait particulièrement, comme subs- tantif, création , naissance, type, forme, transformation, manifesta- tion, et comme verbe, être, devenir, faire, naître. Il est problable que, dans nos exemples, l'idée de filiation se rattache à celle de ma- nifestation, savoir : fils ou manifestation de tel dieu, etc. Mais il me suffit d'avoir constaté le sens de filiation.

Quant à la prononciation, M. Birch a fait connaître que, à l'excep- tion de quelques cas de basse époque, elle devait être Kheper et, par la chute du r final très-fréquente en égyptien, Khep. Il me semble que la première de ces variantes mène facilement à la forme Gneuros, prononcée probablement Gnévros, si l'on admet dans le thème, pour lecas de Kheper, la disparition d'une nasale primitive, soit Khnéper,

(1) Les Grecs possédaient dans leur langue un nom équivalent, chrysogone .

This content downloaded from 193.105.154.40 on Wed, 21 May 2014 10:17:01 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 4: SUR UN CARTOUCHE PHARAONIQUE NON ENCORE EXPLIQUÉ ET A CE SUJET SUR L'ORTHOGRAPHE ANCIENNE DU NOM DU SCARABÉE EN ÉGYPTIEN

CARTOUCHE PHARAONIQUE NON ENCORE EXPLIQUÉ. 257

ou, dans Gnévros , l'introduction d'une nasale adventice. Or, M. de Rougé, en plusieurs circonstances et particulièrement dans son mé- moire sur la stèle d'Ahmès, a professé l'opinion que Tun òu l'autre de ces accidents se présente dans l'ancien égyptien, et récemment, dans une de ses leçons si intéressantes du Collège de France, il a signalé à ce point de vue la variante iunma, la mer, au lieu de la leçon ordinaire 1UMA lirée de la dénomination sémitique (1). On n'en trouve pas, il est vrai, la preuve directe pour le nom du scarabée. Mais cela peut tenir à ce que ce nom était très-rarement exprimé alphabétiquement, aussi Champollion ne l'a-t-il point connu et ne l'a-t-on, après ce grand maître, découvert que fort tard. Cependant, on lit dans la partie hiéroglyphique de l'inscription de Rosette, à la ligne 6, le mot Djenef ou Djonf dans la signification de Père . L'ori- gine de ce mot n'a pas été indiquée. On voit qu'il représente une idée principale du symbolisme du scarabée tel que nous venons de Findiquer. Il sérail facile de la rattacher à Khnep , si l'initiale n'of- frait pas une différence d'articulation plus profonde dans le système de l'écriture hiéroglyphique qu'elle ne le paraît ici. En effet, dans les groupes phonétiques valant Kheper ou Khep , le signe initial est l'image, d'un crible auquel répond le Khei copie, voisin du Khi grec; dans le mot de l'inscription de Rosette, c'est le petit serpent flexueux auquel'on assimile la djendja , dont l'analogue le plus franc esi le tsadé r émitique. Toutefois, en copte, la Djendja permute avec le Khi;> il y a donc affinité, et en hiéroglyphes, même à l'époque ptolémaï- que, qui est celle de l'inscription de Rosette, n'est-il pas admissible qu'on ait pris l'une de ces lettres pour l'autre ? Quelques figures avaient en elles-mêmes la double puissance, par exemple la griffe valant Khôp , cacher , Khêp , être caché , se cacher (2), a alterné, à une

(1) Dans son Abrégé grammatical, qui se publie en ce moment, p. 42, le digne successeur de Cliampollion ('it expressément: « Il est remarquable que les gram- « mairiens égyptiens aient considéré la nasale comme un simple accident de la « voyelle que l'on pouvait noter ou omettre à volonté dans l'écriture : c'est ainsi « qu'on trouve le nom de la même personne écrit kanra et kâra . » Et en note : « Les « exemples de cette curieuse particularité sont fréquents : c'est une vue grammati- ci cale analogue à l'anusvâra des Indiens. »

(2) Le sens de cacher , se cacher , attaché à la figure hiéroglyphique, vient proba- blement de ce qu'elle représente une griffe de félin à ongles rétractiles. Il en est de même de deux variantes valant kap, dans lesquelles le corps de l'image est plus allongé, mais où l'ongle est toujours distinct, caractéristique, et qui sont considérées, Tune comme une griffe de quadrupède, c'est-à-dire vraisemblablement encore de félin, l'autre comme une griffr d'oiseau, sans doute d'oiseau appartenant aux ravis- seurs, lesquels sont aussi pourvus d'ongles rétractiles. Avec la valeur phonétique t'

This content downloaded from 193.105.154.40 on Wed, 21 May 2014 10:17:01 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 5: SUR UN CARTOUCHE PHARAONIQUE NON ENCORE EXPLIQUÉ ET A CE SUJET SUR L'ORTHOGRAPHE ANCIENNE DU NOM DU SCARABÉE EN ÉGYPTIEN

258 REVOE ARCHÉOLOGIQUE. basse époque, avec le petit serpent flexueux dont il vient d'être parlé. Il est donc possible, du moins à mon avis, qu'en effet le mot Djenef, père, dans l'inscription de Rosette, procède du nom du scarabée, et que, par conséquent, ce nom, pour le moins à l'époque dont il s'agit, ait contenu un ».

D'un autre côté, l'on trouve en effet un n dans un nom arabe du scarabée, Khounfasa, Khounfousa, Khonafousa, passé en berber sous les formes Kanefsa , Kounfes, qui me paraît avoir de la parenté avec le nom égyptien.

On connaît l'affinité de la nasale avec les deux autres liquides l et r. A la page 158 du mémoire sur la stèle d'Ahmès, M. de Rougé fait observer que cette affinité existe en égyptien, bien qu'elle y soit plus rare que dans les langues sémitiques. Or, si l'on trouve en copte, ainsi que l'éminenl académicien l'a indiqué, le mot Shep, shôpi qui, dans le sens Être, existence , offre un dérivé très-régulier de la va- riante hiéroglyphique Khep ou Khepi, on y rencontre aussi Ghorp, gholp, etc., en latin Revelare se, manifestare se, apparere , Ghérp, ghélp , manifestatio , expressions parfaitement équivalentes à l'une des significations symboliques du scarabée, et les deux formes ortho- graphiques peuvent être d'autant plus légitimement rapprochées qu'on trouve un rapport analogue entre T'op, copte Schôp, Gôp, prendre, recevoir , et les substantifs Khorp, Golp, Paume de là main, poignée.

Les deux leçons du nom du scarabée peuvent donc se concilier, car, pour le / ou le r aussi bien que pour le n, on trouve en égyptien d'autres cas d'ellipse ou d'addition, ainsi Kas et Kals ou Kars, ense- velir , que M. de Rougé a signalés dans une de ses leçons de l'année 1866 sur la grammaire, Khems et Khrems, obscurité, Shat, Shet, exscindere, secare, amputare, et Short, serra dissecare, à côté de Shent, secari, etc.

M. Birch, dans la lettre à M. Letronne partiellement publiée dans la Revue archéologique, décembre 1848, déclare que, dans le copte, la plus grande approximation, quant à l'idée forme et figure, avec le nom égyptien du scarabée qu'il a fail connaître, est Khereb, et il de- mande en oulre si le mol grec Skarabaios ne présente par tous les éléments radicaux de Kheper. Pour le dernier point, le rapport serait

ou djêy la petite griffe se rencontre dai.s le verbe t4op, djop, én copte schôp et gôp, prendre , saisir ^ et alors le choix de la figure a été déterminé pour combiner avec le son l'idée dein fonction principale de la griffe chez les animaux rapaces que j'ai cités, selon un procédé familier aux hiérogrammates.

This content downloaded from 193.105.154.40 on Wed, 21 May 2014 10:17:01 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 6: SUR UN CARTOUCHE PHARAONIQUE NON ENCORE EXPLIQUÉ ET A CE SUJET SUR L'ORTHOGRAPHE ANCIENNE DU NOM DU SCARABÉE EN ÉGYPTIEN

CARTOUCHE PHARAONIQUE NON ENCORE EXPLIQUÉ. 259

plus direct en prenant Kéraphos, Karabos, clc. Le savanl adminis- trateur du Musée britannique, dans ccs assimilations, se fonde sur l'idée que le r qui entre dans la composition des mots précédents re- présente la finale de Khéper déplacée par métathèse. Mais cette finale a, ce me semble, trop peu de consistance pour s'être ainsi conservée au moyen d'une transposition. La corrélation cependant me parait vraisemblable, mais en considérant le r comme radical et comme remplaçant le n des leçons Djenef et Gnévros, de môme que nous avons vu ci-dessus Shent et Short (i).

La citation des termes grecs Keraphos, Karabos, Skarabos, etc., porte l'idée vers une origine arienne. Ils se rattachent en effet aux variantes sanscrites Çababha, primitivement Karabha, et Çalabha, primitivement Kalabha qni existe aussi, mais dans un sens plus res- treint. La première forme a des acceptions disparates, savoir d'abord : Crabe, langouste , cigale, sauterelle, puis animal fabuleux qui est sup- posé avoir huit pattes et habiter de préférence les montagnes neig ernes, un jeune éléphant (signification exclusive de Kalabha), un singe Jans l'armée de llama, un chameau (2).

Les Grecs etsurtout los Romains réunissaient pareillement, sous les appellations de Scarabées et de Carabes, le crabe , la cigale, la sauterelle , en même temps que divers coléoptères el, entre autres, celui dont nous nous occupons. Il est fort difficile de découvrir l'énergie essen- tielle de mots qui s'appliquent à des animaux si différents. Je ne me livrerai donc point ici à celte recherche, et je me borne à mettre en r. lief la ressemblance matérielle avec les mots grecs précités, la- quelle, fortifiée par la similitude de significations spéciales, me parait de nature, sinon à justifier pleinement, au moins à autoriser le rapprochement. Peut-être cependant ne serait-il pas trop téméraire d'aller au delà et de prendre ces termes grecs pour intermédiaires ëntre l'égyptien et le sanscrit, en insistant sur quelques-unes des observations que j'ai touchées dans les notes précédentes.

Mais je prévois l'hésitation, la répugnance même que celte entre-

(1) Je n'ose assimiler à khnfper ou kiianpbr, khamper, le grec kantharos, pour lequel, je pense, on n'a proposé aucune étymologie plausible. Je rappellerai cepen- dant qu'il est notoire que le phi et le thêta permutaient soit en grec même, comme dans phélô Pt thélô, PHLiBEiN et THLiBBiN, etc., soit en passant dans une autre lan- gue, comme dans le latin fera à côté de thêr, en sorte que kantharos pourrait ré- gulièrement équivaloir à kampharos.

(2) Cette désignation du chameau a. particulièrement embarrassé M. Ad. Pictet (i Orig . indo-europ ., t. I, p. 518). Or je ferai remarquer qu'en arabe khounfasa, .khonafousa, l'un des noms du scarabée, signifie aussi chameau .

This content downloaded from 193.105.154.40 on Wed, 21 May 2014 10:17:01 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 7: SUR UN CARTOUCHE PHARAONIQUE NON ENCORE EXPLIQUÉ ET A CE SUJET SUR L'ORTHOGRAPHE ANCIENNE DU NOM DU SCARABÉE EN ÉGYPTIEN

260 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

prise susciterait dans quelques esprits. Toutefois, sans me prévaloir d'autres rapports que je pourrais citer pour mon compte personnel, j'invoquerai une autorité décisive en cette matière, celle de M. le vicomte de Rougé qui, si j'ai bien retenu ses leçons, professe que l'ancienne langue égyptienne a, pour la grammaire, d'étroites affinités avec les idiomes dits sémitiques, mais que, pour le vocabulaire de cette langue , l'intelligence puise aussi des secours dans |la [source arienne (1). On ne peut donc pas opposer à priori une fin de non-rece- voir. En fait, nous remarquons dans les noms sanscrits la permutation des liquides r et / comme dans les mots coptes Khereb, gorp et galp précédemment cités, ainsi que la mobilité de n dans l'intérieur des mots (2) qui fait, pour le nom égyptien dont je m'occupe, la base du présent travail.

Je laisse aux juges compétents à prononcer en dernier ressort sur la valeur de ces considérations, qui, si elles ne sont pas repoussées d'une manière absolue, sont peut-être de nature à servir de jalons pour des études ultérieures.

Je ne puis, avant de finir, me dispenser de revenir en quelques mots sur la question historique. En effet, j'ai dit que les monuments portant le cartouche, objet spécial de ce travail, sont regardés comme appartenant, au plus loin, à la onzième dynastie, et, d'un autre côté, j'ai attribué à la quatrième dynastie le nom du canon d'Eratosthème que j'ai essayé d'expliquer par ce cartouche. On pourrait être disposé

(1) Ainsi, entre autres, le sanscrit kalpa, en zend kerep, en latin corpus, figure , forme, qui se lient directement 4 notre thèse et probablement au copte khkreb. Dans le mot latin, le s final est radical ; il correspond à celui des noms arabes précités, surtoul à celui du berber koünfes ; il' représente le r du nom égyptien. On sait qu'en sanscrit aussi les deux lettres s et r sont très-sujettes à la permutation à la fin des mots et qu'elles disparaissent de l'écriture en se transformant, devant une pause, en une aspiration spéciale nommée visarga : peut-être, dans la prononciation égyptienne, suivait-on un procédé analogue sans marquer l'aspiration. (2) Je citerai, outre l'ahusvàra, les exemples pantsh et patsch, étendre ' dilater,

KANKSH et kaksh, luire , resplendir , etc. On a signalé en sémitique des cas vraisem- blables d'anusvâra dans des mots qui paraissent répondre à des vocables ariens. Ainsi, à propos de l'hébreu d*D> kos, poculum , araméen ND*D> kosa, kasa, arabe kas, j/. kauz. Gesenius, dans son, Lex. man,, dit : « In etymo dé- te finiendo non dubito quin verum viderit Leberechtius, juvenis 11. oo. .peritissimus « qui coram nuper observabat sibi contractual esse videri ex DJb D31D * « Receptaculum, vas, poculum, ut Cruraena, ex D3p> ad analogiam nominum w ttf'W pro ttfaNh IYD Pr0 nj3 M Or, en effet, ce qui a échappé à Gese- nius, kos pour KONES, répond au sanscrit kâsa, prononcé kansa, vas postorium :

This content downloaded from 193.105.154.40 on Wed, 21 May 2014 10:17:01 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 8: SUR UN CARTOUCHE PHARAONIQUE NON ENCORE EXPLIQUÉ ET A CE SUJET SUR L'ORTHOGRAPHE ANCIENNE DU NOM DU SCARABÉE EN ÉGYPTIEN

CARTOUCHE PHARAONIQUE NON ENCORE EXPLIQUÉ. 261

à trouver là une opposition Mais je n'ai fait de rapprochement qu'au point de vue linguistique et, sous le rapport historique, il est tout à fait étranger à ma pensée d'appliquer à un seul personnage et le nom grec et les monuments jusqu'à présent connus sur lesquels existe le cartouche en question. Ces monuments prouvent que le titre hiéroglyphique dont il s'agit a été porté au moins paF deux rois. Pourquoi ne l'aurait-il pas été auparavant par un troisième pharaon ? Ne possède-t-on pas, et en nombre notable, des exemples de pareilles homonymies? N'a-t-on pas en outre récemment découvert des cartouches nouveaux qui expliquent des noms des listes grec- ques restés jusqu'alors sans justification monumentale et, malgré cela, les nomenclalures arrachées aux ruines ne laissent-elles pas toutes encore apercevoir des lacunes? J'espère donc qu'il n'y aura pas sur ce point d'objection sérieuse;

A. Judas.

This content downloaded from 193.105.154.40 on Wed, 21 May 2014 10:17:01 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions