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SUR UNE STATUETTE BABYLONIENNE D'ALBATRE Author(s): François Lenormant Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 18 (Juillet à Décembre 1868), pp. 231-236 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41733106 . Accessed: 21/05/2014 23:40 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.50 on Wed, 21 May 2014 23:40:30 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

SUR UNE STATUETTE BABYLONIENNE D'ALBATRE

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SUR UNE STATUETTE BABYLONIENNE D'ALBATREAuthor(s): François LenormantSource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 18 (Juillet à Décembre 1868), pp. 231-236Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41733106 .

Accessed: 21/05/2014 23:40

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SUR UNE

STATUETTE BABYLONIENNE

D'ALBATRE

La statuette fragmentée d'albâtre, fort laide et d'un travail très- grossier, mois extrêmement intéressante au point de vue archéo- logique, dont nous plaçons le dessin sous les yeux de nos lecteurs, a été découverte dans les environs immédiats de Babylone. Elle fait aujourd'hui partis des collections du Musée britannique, auquel elle a été rapportée par M. Layard.

Cette statuette représentait un homme, nu au moins jusqu'à la ceinture et dont le haut du corps est seul conservé, les deux mains ramenées et jointes sur la poitrine. La birbe est longue, touffue, carrée à son extrémité. Les cheveux, forts longs, tombent en deux grosses tresses sur le devant des épaules, des deux côtés du visage. Cet arrangement de la chevelure et de la barbe, et jusqu'à un cer- tain degré le type des traits - bien que défiguré par l'enlèvement complet du nez pour une restauration antique - rappellent de la manière la plus frappante les statues égyptiennes du temps des pasteurs, représentant des personnages faisant des offrandes de pois- sons, de lotus et des oiseaux des marais, que M. Mariette a décou- vertes à Tanis, ainsi qu'une statue analogue en granit noir, du même âge, représentant un personnage de la même nature, qui existe à Rome à la villa Ludovisi et qu'à ma connaissance personne n'a encore signalée. Quantau style, il est barbare, rudimentale, et porte la marque d'un art encore dans l'enfance; la matière, très-tendr , semble presque avoir été simplement travaillée au couteau.

Mais ce qui fait l'intérêt majeur d'un fragment aussi grossier, ce qui lui donne un caractère unique jusqu'à présent, c'est qu'il est le

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232 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

plus antique échantillon conservé des essais primitifs de l'art baby- lonien. Le temps des vieilles dynasties chaldéennes antérieures à la naissance de l'empire assyrien nous a laissé un certain nombre de monuments épigraphiques, consistant pour la plupart en légendes estampées sur des briques, monuments dont une partie a été publiée dans le tome Ier des Cuneiform inscriptions of Western Asia de sir Henry Rawlinson et dé M. Norris, et sur lesquels on a déchiffré les noms d'une cinquantaine de rois. Des restes considérables d'édi- fices sacrés de cette époque subsistent dans la basse Chaldée, entre autres le grand temple pyramidal de Mougheïr, le U-ru, des textes cunéiformes, le *nx de la Bible, la cité d'où

partit Abraham, et ceux de Warkah, le "px de la Bible, l'Orchoé des écrivains classiques. Mais les œuvres de sculpture, les spécimens d'art plastique chaldéen d'une date aussi reculée, font presque

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STATUETTE BABYLONIENNE D'ALBATRE. 233

absolument défaut. On n'en pouvait jusqu'à présent citer que deux : 1° Une statuette de bronze de Mylitta-Zarpanit conservée au Musée

du Louvre et qui sera bientôt publiée par M. de Longpérier dans son ouvrage du Musée Napoléon III; e lie porte une inscription dèdica loire du roi Kudurmabug, connu par d'autres monuments où il s'intitule * le conquérant » ou « le ravageur de l'Occident; > nous l'assimile- rions volontiers à cet antique roi Mabog , dont plusieurs écrivains antiques font le fondateur de la ville de Mabog ou Bamhyce, c'est-à- dire d'Hiérapolis de Syrie, car Kudur n'est en réalité qu'une épi thète jointe à son nom, comme à ceux du Chodorlahomor biblique et du roi de Suse Kudur-Nakhunta, contemporain de Sargon;

2° Le fragment d'une statue virile de grandeur naturelle, en basalte noir, conservée au Musée britannique ; dans l'inscription de cette slalue j'ai pu reconnaître avec certitude, bien que mutilée, le nom et les titres tiès-parliculiers du roi | ^

, que je lis Nabu , d'après un renseignement formel des syllabaires d'Assourbanipal, et que j'assimile au Nàëioç que le Syncelle nomme comme le quatrième des rois de la dynastie arabe de Bérose, c'est- à-dire des princes qui furent à Babylone les vassaux des Pharaons égyptiens de la xviu* et de la xixe dynastie.

La statuette que nous publions aujourd'hui vient fournir un troi- sième monument à la même série, mais beaucoup plus ancien que les deux autres.

On a la preuve incontestable de celte antiquité dans les inscriptions que porte la figure du Musée britannique et par le type d'écriture tout à fait primitif qui ý est employé. C'est, en effet, le caractère que l'on est convenu d'appeler hiératique, qui succéda aux hiéro- glyphes anariens originaires et où les figures sont déjà très-allérécs par la simplification du tracé, mais où le principe du dessin cunéi- forme de tous les traits de l'écriture n'a pas encore été introduit. Les monuments de ce type graphique sont encore fort rares et remontent tous aux temps les plus reculés de la civilisation babylo- nienne, sauf peut-être quelques cylindres où il a pu être employé plus tard, grâce à l'affectation d'archaïsme qui se manifeste presque toujours dans les légendes de cette nature d'objets. Nous citerons parmi les principaux monuments de celte écriture hiératique et parmi ceux où s'en révèle le mieux l'extrême antiquité, quelques- unes des inscriptions du vieux roi appelé Orcham par M. Oppert, et Urrukh par sir Henry Rawlinson (on n'en lit pas encore le nom avec certitude), et la légende du célèbre vase d'albâtre du roi Naram*

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Sin, fils de Sagaraktiyas, découvert par l'expédition française de Mésopotamie et aujourd'hui enseveli dans le Tigre avec tous les autres trésors rassemblés par la même expédition.

Dans l'état actuel de la science, on ne lit que très-imparfaitemenl les inscriptions hiératiques chaldéennes, à cause de la difficulté d'assimiler les caractères qui les composent aux caractères cunéi- formes postérieurs. Pour un certain nombre de signes on a déjà pu suivre pas à pas tous les degrés de déformation ; mais pour d'au- tres il serait téméraire de se prononcer d'une manière affirmative- Nous allons pourtant essayer d'examiner les inscriptions que porte la figurine d'albâtre publiée par nous, et nous croyons que leur interprétation nous renseignera sur le personnage représenté.

Ces inscriptions sont tracées sur le revers de la figure. Nous n'oserions pas affirmer absolument qu'elles soient inédites comme l'est le dessin de la figure elle-même; mais, en tout cas, elles n'ont encore jamais été interprétées.

Elles sont au nombre de trois, toutes extrêmement courtes. Au milieu du dos sont d'abord trois caractères trop effacés pour

qu'on puisse les reconnaître. On n'y voit plus que :

Plus bas, sur les reins, était une autre inscription, plus longue et plus importante, en plusieurs lignes, dont il ne reste plus que

L'explication du premier mot est certaine. Il se compose d'abord du signe « dieu, » devenu plus tard ►»- [, puis du symbole du lécy-

thus, dont l'hiéroglyphe primitif était ei dont le tracé, dans

le cunéiforme moderne, est g-! - Nous avons donc le groupe i, qui est parfaitement connu comme la forme la plus

habituelle de la désignation idéographique du dieu Nèbo, « le dieu

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de l'onction » royale. Quant au second mot, il est incomplet. Nous

y voyons d'abord une nouvelle fois le signe ►►-J, puis le caractère dont la forme moderne est ̂ J et qui a la valeur phonétique de ra. C'est bien évidemment le fragment d'une épithète du dieu.

Quanta 1;> troisième inscription, elle se compose de trois carac- tères gravés sur l'épaule droite de la figure, dans un encadrement carré.

Le premier est un signe sur les diverses métamorphoses pa éo- graphiques duquel il n'y a plus de doute. L'hiéroglyphe originaire représentait un «tison enflammé;» la forme moderne est

C'est l'idéogramme de la notion de «fu,» isat. Le second caractère ne nous paraît pas, quant à présent, assimilable à une figure cunéiforme postérieure. Le troisième se reconnaît, au contraire, comme le premier. Le sens de l'idée « d'action » y est attaché quand il est pris comme idéogramme, de môme que la va- leur ak quand il est pris phonétiquement. Il dérive d'un hiéro- glyphe qui paraît avoir représenté une sorte de herse, et il revêt dans le style moderne la forme Babylone et la forme

HA- à Ninive.

Un des noms idéographiques les plus fréquents de Nébo est

-, f le dieu de l'action; » il est aussi appelé J * T, « le dieu du feu, » ou « le seigneur du feu. » Par suite, il devient évident que l'inscription de l'épaule de la statuette du Musée britannique contenait trois titres, dont un encore impossible à déchiffrer, du dieu dont le nom commence l'ins- cription tracée sur les reins de la même statuette, et les trois

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inscriptions se composaient exclusivement d'idéogrammes, comme presque toutes celles des âges primitifs de la Chaldée.

L'étude de ces inscriptions nous amène ainsi, par une conclusion inévitable, à reconnaître une image du dieu Nébo dans la statuette d'albâtre que nous avons fait graver, et l'on sait le rôle que ce dieu jouait dans la religion de Babylone. La statuette diffère, du reste, entièrement du type adopté dans les époques postérieures pour re- présenter Nébo, et à ce titre encore elle est vraiment très-curieuse. Sens doute la pose des mains est pareille à celle qu'on observe dans les deux statues du même dieu, dédiées à la gloire du roi Bin- likhous III (1) et de son épouse la reine Sammouramit, que possède le Musée britannique. Mais là s'arrête l'analogie. On chercherait vainement dans la statuette que nous publions l'accoutrement des deux statues, la longue robe, et surtout la caractéristique tiare garnie de trois paires de cornes superposées que l'on voit à Nébo sur tous les monuments de l'Assyrie, même sur ceux où il est muni de grandes ailes, comme la belle figure colossale de demi-bosse, prove- nant de Khorsabad, que l'on admire dans la première salle assy- rienne du Louvre.

On nous demandera peut-être de fixer une date approximative à la figure que nous publions. Tout ce qu'on peut en dire d'une ma- nière sûre est que c'est un des plus vieux monuments, en quelque genre que ce soit, que le sol de la Babylonie ait encore rendus à li lumière. Aller plus loin serait, dans l'état actuel, faire preuve de la plus grande imprudence, et l'on ne pourrait proposer que des con- jectures en l'air. Nous manquons encore d'éléments pour classer chronologiquement les monuments qui portent les noms des rois antiques de la Chaldée et pour les répartir entre les différentes dy- nasties que les fragments de Bérose donnent comme s'étant succédées sur le trône de cette contrée : à plus forte raison en est-il ainsi de ceux qui n'ont pas de noms royaux. Cependant il est un point que l'on entrevoit dès à présent avec assez de certitude pour l'affirmer : c'est que les fragments babyloniens où l'écriture hiératique est em-

ployée, comme les inscriptions d'Orcham, le vase de Naram-Sin et la statuette d'albâtre de Nébo, ne le cèdent en antiquité qu'aux monu- ments égyptiens des vieilles dynasties memphites constituant ce

qu'on appelle l'Ancien Empire. François Lenormant.

(1) C'est décidément Bin et non pas Hou qu'il faut lire le nom divin »- J ̂ ou

► > , puisque, sur les monuments de Salmanassar V, il commence tou-

jours le nom du roi de Damas appelé dans la Bible

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