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Surmonter un décès Comment puis-je aller de l’avant ? Information destinée aux proches

Surmonter un décès Comment puis-je aller de l’avant un... · deux mois de temps, j’ai perdu huit kilos. Vu le manque de som - meil, j’avais aussi du mal à me concentrer

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Surmonter un décèsComment puis-je aller de l’avant ?I n f o r m a t i o n d e s t i n é e a u x p r o c h e s

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INTRODUCTION 3

QU’EST-CE QUE LE DEUIL ? 5

LE DEUIL EST PROPRE À CHAQUE PERSONNE 5

Les différentes facettes du deuilExiste-t-il un deuil ‘anormal’ ?Le travail de deuil : seul ou ensemble ?

QUESTIONS FRÉQUEMMENT POSÉES SUR LE DEUIL 11

Comment faire vos adieux au défunt ?Les enfants sont-ils en deuil, eux aussi ?Des médicaments ou une thérapie peuvent-ils m’aider en période de deuil ?Que puis-je attendre de mon entourage ? Qu’est-ce qui peut m’aider à aller de l’avant ?Que faire après un décès soudain ?Devons-nous protéger certaines personnes contre l’annonce du décès d’un proche ?

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Cette brochure s’adresse à toute personne ayant perdu un proche qui a séjourné, pendant une courte période ou plus longuement, dans cet hôpital. Les médecins, les infirmiers et tous les autres intervenants qui ont été impliqués dans les soins prodigués à votre parent ou ami tiennent à vous présenter leurs sincères condoléances pour cette perte.

L’UZ Leuven se préoccupe des proches de ses patients, y com-pris lorsqu’un patient vient à décéder, raison pour laquelle nous souhaitons vous apporter un complément d’information sur le travail de deuil. Nous espérons que cette brochure sera pour vous une source de soutien et de reconnaissance.

Chaque personne vit à sa manière la perte d’un proche. Il existe également des différences culturelles sur la manière de conce-voir le deuil. La vision qui est proposée dans cette brochure est dès lors influencée par la culture occidentale. Il est possible, par conséquent, que la description donnée dans cette brochure ne vous corresponde pas. Si vous souhaitez des informations sur la conception du deuil dans votre propre culture, vous pouvez contacter le coordinateur de médiation interculturelle au sein de notre hôpital. Vous trouverez ses coordonnées sous le point 3.1 du supplément détaché joint à cette brochure.

S’il vous reste des questions après avoir lu cette brochure, nous vous invitons à consulter le supplément détaché joint à la brochure. Vous y trouverez des informations générales sur une série de livres, de sites internet et d’adresses utiles. Vous y apprendrez également comment contacter un membre du personnel de l’hôpital en vue d’un rendez-vous. Votre médecin généraliste reste cependant votre premier interlocuteur.

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Périclès, homme d’État grec, a dit que le degré de civilisation d’un peuple est déterminé par la manière dont il traite ses morts. Cette philosophie, nous nous efforçons de la suivre à l’UZ Leuven. Nous sommes pleinement conscients que la perte d’un proche est l’un des événements les plus marquants dans la vie des gens. Nous espérons dès lors que cette bro-chure constituera pour vous un point d’appui et un soutien.

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QU’EST-CE QUE LE DEUIL ?

Lorsqu’une personne décède dans votre entourage, il s’ensuit sou-vent une période éprouvante pendant laquelle vous pouvez connaî-tre des sentiments, des pensées et des troubles physiques très divers et parfois perturbants. C’est ce que l’on appelle le travail de deuil. Ce processus est fonction de l’importance que la personne avait pour vous. Même s’il y avait souvent des disputes et des tensions entre vous et le (la) défunt(e), votre travail de deuil peut être intense. Cer-taines personnes, par contre, ne ressentent rien – ou peu de choses – à la perte d’un proche. Cette réaction est normale, elle aussi

LE DEUIL EST PROPRE À CHAQUE PERSONNE

Tout le monde ou presque est confronté un jour ou l’autre au décès d’un proche. Il y a environ 100 000 personnes qui meurent chaque année en Belgique. Soit 274 personnes par jour. Si l’on considère que chaque défunt laisse quatre proches, il y a donc chaque jour 1 096 personnes qui, comme vous, sont confrontées à la perte d’un proche. Il y a donc énormément de gens qui sont en deuil. D’une certaine manière, vous n’êtes donc pas seul(e) avec votre peine. Mais votre travail de deuil est tout à fait personnel. Car vous êtes différent(e) des autres. Mais surtout, votre relation avec le (la) défunt(e) est unique : le contact que vous aviez avec cette personne, nul autre que vous ne l’a eu. Voilà pourquoi vos sentiments et vos pensées peuvent être différents de ceux des autres. Des réactions très diverses à la suite d’un décès sont donc normales.

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LES DIFFÉRENTES FACETTES DU DEUIL

Lorsque vous perdez quelqu’un, cela peut avoir une influence sur votre bien-être général : vos émotions, votre mémoire, votre faculté de concentration, vos capacités physiques peuvent changer. Martine et Pieter nous livrent ci-dessous leur témoignage.

Pieter : “Il y a six ans, nous avons perdu Elke, notre fille de sept ans, dans un accident de la route. Elle était notre seul enfant. Il m’a fallu plusieurs semaines avant de réaliser que nous l’avions vraiment perdue. Les premiers mois, je dormais très peu et en deux mois de temps, j’ai perdu huit kilos. Vu le manque de som-meil, j’avais aussi du mal à me concentrer. Souvent, au cours d’une discussion, mon esprit s’égarait, absorbé par les souve-nirs. Il m’arrivait de la voir ou de l’entendre. Je ressortais com-plètement chamboulé de ce genre d’expérience. Mais en même temps, j’espérais que ça se reproduise, pour être auprès d’elle. Je rêvais d’elle aussi, de temps à autre. Je rêvais que nous étions ensemble au jardin d’enfants, par exemple. Quand je me réveil-lais et que je réalisais que c’était un rêve, je ne voulais plus vivre. Je suis passé par l’enfer, je pensais que personne n’avait jamais ressenti la même chose. Je me sentais souvent très seul avec mon chagrin.”

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Martine : “J’ai perdu Erik, mon mari, après une longue maladie. Les semaines avant son décès, je me suis quelquefois fâchée contre mon mari, parce qu’il allait me laisser seule. Est-ce qu’il se battait suffisamment fort pour guérir ? Par après, je me suis parfois sentie coupable pour ce que j’avais dit. Même si je ne voulais rien d’autre que le soigner et être auprès de lui, par moments cela devenait trop dur. Si bien que sa mort, d’une certaine manière, a aussi été un soulagement : les soins et les responsabilités ne pesaient plus sur mes épaules. Les pre-mières semaines, je n’ai fait que dormir. C’était un peu ma fa-çon de m’échapper. Je ne supportais pas de voir des gens rire. Voir le monde continuer à tourner comme si de rien n’était me mettait hors de moi. Je ne supportais même plus la mu-sique. Ces périodes d’irritabilité extrême alternaient avec des moments où j’étais comme hébétée, insensible à tout. J’avais souvent l’impression que je ne pouvais plus respirer. C’est comme si ma poitrine était écrasée. J’avais mal aussi quand j’avalais. Quand j’ai repris le travail après quelques semaines, je n’arrivais plus à me concentrer correctement sur ma tâche. Tout me semblait insignifiant, banal. Redonner un sens à ma vie était devenu une priorité. Je me suis engagée comme bénévole dans une organisation pour enfants handicapés. Cela m’a aidée à avancer.”

Pieter et Martine vivent donc le deuil chacun à sa manière. Ils res-sentent tous deux des troubles émotionnels autant que physiques, mais aussi des problèmes de concentration. Certains troubles évo-luent ou s’atténuent avec le temps. D’autre refont surface de temps à autre, dans toute leur violence. D’autres encore ne se manifestent que plus tard dans le processus.

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EXISTE-T-IL UN DEUIL ‘ANORMAL’ ?

Même si Pieter et Martine ont chacun leur manière de vivre le deuil, une forme de deuil n’est pas en soi ‘meilleure’ qu’une autre. Toutes les réactions ou presque après la perte d’un proche sont ‘normales’. Lorsque vous perdez quelqu’un, vous perdez cette personne pour le reste de votre vie. Il est donc normal que des années plus tard, vous ayez encore du mal avec la perte d’un proche. En définitive, le deuil est constitué de deux parties qui peuvent alterner tout au long de votre travail de deuil. La première partie consiste à regarder en arrière. Des événements, des objets, des sons, des odeurs … vous font penser à la personne décédée. Ce sont des souvenirs qui refont surface spon-tanément. Le (la) défunt(e) est présent(e) dans vos pensées, que vous le vouliez ou non. Pour certaines personnes, cela peut être difficile à supporter. Pour d’autres par contre, il peut être agréable d’évoquer des souvenirs, seul(e) ou avec d’autres. Certains s’interrogent aussi sur la nature précise de leur relation avec le (la) défunt(e). Diverses questions surgissent : “Comment les choses se passaient-elles entre lui et moi ?” “Qu’est-ce que cela signifiait de vivre avec lui ?”

Un autre aspect du travail de deuil est de continuer à vivre sans la personne qui a disparu. Si le (la) défunt(e) prenait une place im-portante dans votre vie, cela peut être un processus difficile. Si par exemple le défunt était à la fois votre compagnon, votre collègue et celui avec qui vous passiez tous vos temps libres, beaucoup de cho-ses disparaîtront avec son décès. Dans une telle situation, continuer seul(e) peut s’avérer difficile.

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Certaines personnes constatent, au bout d’un certain temps, qu’elles sont engluées dans leurs pensées et leurs sentiments. Vous n’arrêtez pas de penser à la personne décédée. Vous n’arrivez pas à faire de la place aux autres. Vous n’arrivez pas à reprendre le fil de votre vie. Vous êtes totalement indifférent(e) à ce qui vous entoure. Vous trouvez que la vie sans l’autre personne n’a aucun sens. Il vous est impossible d’accepter le décès. Si vous vous reconnaissez dans ce portrait, nous vous conseillons fortement de vous faire aider. Vous pouvez vous adresser pour cela à votre médecin généraliste, mais vous pouvez aussi contacter un Centre d’aide aux personnes (Centrum voor Algemeen Welzijnswerk – CAW) près de chez vous. Dans un tel centre, vous pouvez, pour une somme modeste, avoir une série d’entretiens avec un thérapeute.

Vous trouverez des informations intéressantes à ce sujet sous le point 2 du supplément détaché joint à cette brochure.

LE TRAVAIL DE DEUIL : SEUL OU ENSEMBLE ?

Comme nous l’avons souligné, chacun fait son travail de deuil à sa manière, à son propre rythme. Mais nous ne sommes jamais seuls : nous restons liés aux autres membres du ménage, au cercle d’amis, à la communauté, … Une manière différente de vivre le deuil peut parfois créer des tensions entre vous et les autres.

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Pieter a vécu cela : “Lorsque nous avons perdu notre fille Elke, ma femme Isabel et moi étions, dans un premier temps, paraly-sés. J’ai toujours été du genre extraverti. Je voulais parler sans arrêt de Elke, la garder avec nous en prononçant son nom. Ma femme préférait ne pas en parler. Elle pouvait devenir furieuse quand je parlais de Elke. Elle voulait tout oublier ; elle partait souvent avec des amies, commençait toutes sortes d’activités à l’extérieur. Moi par contre, je ne pouvais pas me résoudre à sortir. Je restais donc souvent seul à la maison, ce que je lui reprochais à mon tour.”

Avec leur manière différente de vivre le deuil, Pieter et Isabel ne se retrouvent plus comme avant. Pieter reproche à Isabel de le laisser seul. Isabel reproche à Pieter de rester accroché au passé. Il y a plu-sieurs façons de vivre avec son chagrin et l’une n’est pas meilleure que l’autre, juste différente. Si vous sentez que le travail de deuil complique les relations avec autrui, il peut être judicieux d’en discu-ter ensemble, ou d’en parler à votre médecin.

Même si vous pensez que vous êtes seul(e) avec votre chagrin ou si vous ne voulez pas importuner l’autre, si vous ressentez le besoin de parler de ce qui vous est arrivé, il y a différentes possibilités. Martine s’est trouvée dans cette situation.

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Martine : “Erik et moi n’avons pas d’enfants. Cela ne m’a jamais manqué, mais alors qu’il était mourant, et quand il a fini par mourir, j’ai pensé plus d’une fois : “Si seulement j’avais une fille. Elle pourrait partager ma peine. Elle comprendrait ce que je res-sens.” Quelques mois après la mort d’Erik, j’ai constaté que mes amis et ma famille, de plus de plus, changeaient de sujet quand je parlais d’Erik. Et ils ne me demandaient plus spontanément comment j’allais. Je me sentais souvent incomprise et seule avec mon chagrin. J’en ai parlé à mon médecin. Il m’a donné des infor-mations sur un groupe d’entraide. Il y avait là des gens qui, tous, avaient perdu quelqu’un. Ils me comprenaient quand je parlais de la solitude, de l’incompréhension. J’ai vu aussi que les per-sonnes isolées avec enfants n’étaient pas forcément soutenues par leurs enfants. Les enfants ressentent parfois la perte d’une autre manière. Je vais toujours une fois par mois à ces réunions. Je peux y parler de ce que j’ai sur le cœur. Ainsi, avec mes ami(e)s, je peux m’intéresser à d’autres choses.”

QUESTIONS FRÉQUEMMENT POSÉES SUR LE DEUIL

COMMENT FAIRE VOS ADIEUX AU DÉFUNT ?

Juste après le décès, vous avez une foule de choses à régler, comme l’enterrement. Depuis quelques années, la tendance consiste à laisser à la famille une série de choix en ce qui concerne la cérémonie. Diverses questions surgissent alors : allons-nous opter pour une célébration reli-gieuse ? Où se déroulera la célébration ? Quelle musique va-t-on passer pendant la célébration ? Allons-nous offrir des sandwiches ou une ré-ception ? C’est une bonne chose que vous ayez la possibilité de faire ces

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choix, mais pour certaines personnes, c’est une difficulté supplémen-taire. Il peut être utile alors, pour une série de questions pratiques, de se faire conseiller par un entrepreneur de pompes funèbres, un prêtre, un collaborateur du crématorium, … Mais il est important aussi de vous donner le temps et la possibilité de décider par vous-même de quelle manière vous et votre famille souhaitez célébrer la mémoire du défunt. Ne laissez pas d’autres décider à votre place si vous ne le souhaitez pas.

LES ENFANTS SONT-ILS EN DEUIL, EUX AUSSI ?

Beaucoup considèrent que les enfants sont trop jeunes pour ap-préhender la mort. “Ils ne comprennent pas ce qui se passe ; il n’est donc pas nécessaire de les impliquer.” Cette manière de voir les cho-ses n’est cependant pas tout à fait correcte. Il est vrai que jusqu’à un certain âge, les enfants ne peuvent pas saisir la notion de ‘mort’, mais bien souvent ils comprennent intuitivement ce qui se passe. Ce qu’ils ressentent ou remarquent dépend bien entendu de leur âge.

Les bébés de moins d’un an sont sensibles à l’atmosphère. Cela sig-nifie qu’ils réagissent aux émotions qui viennent de leur entourage. Si l’entourage est tendu, l’enfant peut par exemple réagir en pleurant plus souvent, en mangeant moins bien, … Si le défunt laisse quelque chose pour l’enfant, comme une photo d’eux ensemble, cela peut aider : plus tard, l’enfant pourra se rendre compte qu’il a effective-ment connu le défunt.

Pour les enfants de un à trois ans, la vie est assimilée au mouvement. Pour eux, mourir c’est en quelque sorte ‘être cassé’. Il est donc impor-tant, pour ces enfants, que vous choisissiez des mots clairs tels que ‘mort’. Il vaut donc mieux ne pas parler de ‘dormir’ ou ‘être en voyage’.

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Cela peut en effet semer la confusion dans l’esprit de l’enfant. Il se peut que l’enfant se dise que lorsqu’il dort, il est lui-même mort. Vous pouvez faire participer ces enfants aux cérémonies d’adieu au défunt. Emmenez par exemple l’enfant voir le défunt, mais préparez-le à l’avance à ce qu’il verra : “Il est couché sans bouger, ses yeux sont fermés, il est froid quand on le touche…” Emmenez l’enfant à l’enterrement. Vous pourrez ainsi lui expliquer par après qu’il était présent.

Pour les enfants de trois à six ans, la mort est quelque chose de tem-poraire. Ils peuvent aussi voir la ‘mort’ comme une chose qui arrive quand on est méchant. Il peut être bon, dès lors, de leur expliquer que le décès n’est la faute de personne. Ils ne peuvent pas encore exprimer leurs émotions avec des mots, mais bien dans leur comportement. Les enfants de cet âge ont besoin d’un entourage et d’un environnement familiers. Un rythme bien établi peut aussi les aider à passer ce cap.

Les enfants de six à neuf ans commencent à prendre conscience que la mort est définitive, mais peuvent encore caresser l’espoir que le défunt revienne. Ils pensent souvent que la mort est une chose qui n’arrive qu’aux personnes âgées. S’ils se posent des questions à ce su-jet, il est bon de les écouter, de les laisser chercher eux-mêmes les réponses, mais aussi de répondre honnêtement à leurs questions. Les enfants de cet âge ne peuvent pas encore réfléchir de manière ab-straite, si bien qu’ils ont parfois du mal à situer ce qui se passe autour d’eux. Ils intègrent le décès dans leurs jeux, parfois dans leurs dessins.

Entre dix et douze ans, les enfants comprennent que la mort, c’est pour toujours, et que cela peut survenir à tout le monde. Lorsqu’à cet âge, ils sont confrontés de près à un décès, cela peut dès lors s’avérer très perturbant, car ils réalisent que cela peut aussi leur arriver à eux. À cet âge, la plupart des enfants peuvent déjà indiquer eux-mêmes ce qu’ils veulent et ne veulent pas. Lors d’un décès, vous pouvez les y aider en communiquant ouvertement.

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Les adolescents de 12 à 18 ans ont une conscience adulte de ce qu’est la mort. Ils ont besoin de sécurité et de confiance. Ils préfèrent aussi parler de leurs sentiments avec des jeunes de leur âge qu’avec leurs parents. Il peut donc arriver que les enfants rechignent à parler du décès avec leurs parents. S’ils vous en parlent malgré tout, vous pou-vez – comme vous le feriez avec un adulte – leur montrer que vous comprenez leur angoisse, leur chagrin, leur culpabilité, leur colère … Cela peut aussi les aider que vous parliez vous-même du décès. Il sera plus facile alors pour votre enfant d’en parler à son tour, car il pourra enchaîner sur ce que vous dites.

Certains parents, par un réflexe de protection, cherchent à écarter leurs enfants du processus de fin de vie, mais cela provoque souvent l’effet inverse. Lorsque l’enfant n’est pas impliqué, il complète lui-même certaines choses avec son imagination, peut développer un sentiment de culpabilité, ou n’arrive pas à se représenter ce qui s’est passé. Cela peut rendre plus difficile le processus d’acceptation. Il est donc préférable, lors d’un décès, de faire participer les enfants, quel que soit leur âge. Il est conseillé également d’informer l’école du décès. Il existe de très nombreux livres pour enfants de tout âge sur le thème de la mort. Ces livres peuvent vous aider à engager un dialogue avec votre enfant au sujet de la personne décédée.

Vous trouverez des informations intéressantes à ce sujet sous les points 3.2 et 3.3 du supplément dé-taché joint à cette brochure.

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DES MÉDICAMENTS OU UNE THÉRAPIE PEUVENT-ILS M’AIDER EN PÉRIODE DE DEUIL ?

Le deuil est une réaction normale à la perte d’un proche. Pendant le deuil, vous essayez d’intégrer cette perte dans votre vie quotidienne. Reprendre le fil de sa vie après un décès est un processus qui prend du temps. C’est pourquoi il n’est généralement pas conseillé de pren-dre des médicaments ou d’entamer une thérapie lorsque vous venez de perdre un être cher. Si toutefois vous êtes bloqué(e) dans ce processus (voir plus haut : ‘Existe-t-il un deuil anormal ?’), ou si vous savez par expérience que vous aurez du mal à gérer la situation, des médicaments ou une thérapie pourront éventuellement vous aider. Des médicaments rendront plus supportable la peine profonde que vous ressentez. Une thérapie vous aidera à découvrir ce qui peut vous aider à aller de l’avant. Votre médecin généraliste peut vous aider à faire les bons choix.

QUE PUIS-JE ATTENDRE DE MON ENTOURAGE ?QU’EST-CE QUI PEUT M’AIDER À ALLER DE L’AVANT ?

Lorsque vous perdez un proche, vous en êtes affecté(e), mais votre entourage aussi. La plupart des gens aimeraient vous soutenir, mais ne savent pas toujours comment. C’est dû au fait que les gens qui vous entourent doivent eux-mêmes arriver à gérer cette perte. Ou qu’ils ont peur de commettre une maladresse. C’est pourquoi certains se taisent à propos du défunt, ou se tiennent à l’écart. Dans la plupart des cas, ces réactions n’aident pas les personnes en deuil. Bien qu’il soit très difficile de prendre soi-même l’initiative dans une période aussi pénible, cela peut malgré tout aider. Vous êtes en effet le (la) mieux placé(e) pour savoir ce dont vous avez besoin. Montrez dès lors aux autres de quelle manière ils peuvent vous aider. Commencez par exemple à parler vous-même du défunt si vous en ressentez le besoin. Si l’on vous dit “n’hésite pas à appeler si tu as besoin de moi”

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et si vous vous dites que vous ne le ferez pas, dites à la personne que vous préférez qu’elle vous appelle. Essayez, dans la mesure du possible, d’entretenir vous-mêmes les contacts avec les autres.

Maintenir autant que possible la même structure qu’avant est égale-ment une chose qui peut vous aider. Essayez de vous mettre à table, même si vous n’avez pas faim. Essayez de vous lever et d’aller dormir à la même heure qu’auparavant. Veillez autant que possible à poursuivre les activités que vous aviez avant, même s’il y a des tâches que vous préférez laisser à d’autres provisoirement.

Martine nous parle de ce problème : “Dans les premières se-maines qui ont suivi le décès de mon mari, tout ce que je voulais, c’était dormir. Je ne voulais pas de visites. Ma vie s’était arrêtée. Le moment le plus difficile de la journée était le re-pas. J’ai demandé à ma sœur de passer qu’elle le fasse avec moi. J’avais une amie qui m’appelait chaque semaine. Autrefois, nous allions souvent promener ensemble. Elle me proposait à chaque fois de reprendre nos promenades. Je lui expliquais que ça ne me disait encore rien, mais qu’elle devait continuer à me le proposer. Finalement, c’est la première activité que j’ai reprise. Nous nous promenions ensemble pendant des heu-res. On parlait alors d’Erik ; on imaginait par exemple com-ment il s’en serait sorti si c’est moi qui était partie.”

Si vous constatez qu’une personne en deuil dans votre entourage semble paralysée dans son travail de deuil, il peut être très important pour cette personne que vous lui parliez de ce que vous voyez. Cela

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n’implique pas que vous deveniez son soutien ou sa planche de salut, mais vous pouvez par exemple lui conseiller de rechercher l’aide pro-fessionnelle d’un médecin, d’un psychologue ou d’un psychiatre.

Vous trouverez des informations intéressantes à ce sujet sous le point 3.4 du supplément détaché joint à cette brochure.

QUE FAIRE APRÈS UN DÉCÈS SOUDAIN ?

Si l’un de vos proches vient à décéder soudainement, il peut être difficile de réaliser ce qui s’est passé. “Je n’arrive pas à le croire”, “Pourquoi lui, pourquoi maintenant ?”, “Je pense toujours qu’il va réapparaître à un moment ou un autre.” Il est difficile d’admettre que quelqu’un est vraiment mort, qu’il n’entrera plus jamais dans la cham-bre, que vous n’entendrez plus son rire, qu’il ne sera plus à vos côtés … Quand cela survient si soudainement, il encore plus important de prendre le temps de faire ses adieux. Saluer le défunt, laisser un objet personnel, dire quelques paroles, écrire un mot, dessiner quelque chose, évoquer avec d’autres les derniers jours, prendre le temps de préparer la célébration … Toutes ces choses vous aident à prendre conscience que la personne a réellement disparu. Et à avancer dans le processus d’acceptation.

Lorsque vous perdez quelqu’un qui a subi de graves blessures, il n’est pas toujours évident de décider si vous souhaitez ou non saluer une dernière fois le défunt. Nous vous conseillons, à cet égard, de vous laisser guider par vos sentiments. Pour la plupart des gens, le fait de faire ses adieux aide à faire son travail de deuil par la suite, même si

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l’on a peur d’être confronté à quelque chose d’horrible ou de perdre la ‘belle’ image que l’on a de la personne. Pour une minorité de gens, cependant, cela n’apporte rien. Demandez à quelqu’un qui a déjà vu le défunt à quoi vous devez vous attendre. Avant de prendre une dé-cision, il peut être utile d’en parler à votre famille, à vos amis ou aux aidants qui sont intervenus.

Lors d’un décès soudain, beaucoup de gens se posent aussi la ques-tion : “Pourquoi ?” Pourquoi cela nous arrive-t-il ? Pourquoi doit-il déjà s’en aller ? Pourquoi a-t-il choisi de partir ? Ce sont des ques-tions sur le sens de la vie. Cela peut être pour vous une longue quête, au terme de laquelle il n’y aura peut-être jamais de réponses. Mais il est bon néanmoins d’y réfléchir, par exemple en parlant avec des amis du défunt. En se remémorant comment il était dans la vie. En vous demandant ce qui donne du sens à votre propre vie. Cer-taines personnes trouvent un soutien dans la foi, d’autres trouvent de l’aide ailleurs. Essayez de déterminer ce dont vous avez besoin pour trouver une réponse à ces questions ou cherchez de l’aide au-près d’autres personnes. Parlez-en à quelqu’un qui a vécu une situa-tion similaire, à une personne qui a connu le défunt, à des membres de votre famille, à vos amis, à votre médecin, …

Vous trouverez des informations intéressantes à ce sujet sous le point 3.5 du supplément détaché joint à cette brochure.

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DEVONS-NOUS PROTÉGER CERTAINES PERSONNES CONTRE L’ANNONCE DU DÉCÈS D’UN PROCHE ?

Lorsque vous perdez quelqu’un, vous êtes envahi(e) par une foule d’émotions. Votre émotivité peut alors vous inciter à protéger d’autres personnes afin de leur éviter ce que vous vivez actuelle-ment. Ce réflexe de protection sera d’autant plus présent s’il s’agit d’une personne dont vous pensez qu’elle connaît déjà des difficultés. Ce peut être le cas si cette personne a déjà perdu un proche, a une santé défaillante, souffre de démence ou d’un handicap, etc. Vous souhaitez épargner la personne en ne lui révélant pas ce qui s’est passé. Avant de prendre la décision de cacher le décès à quelqu’un, demandez-vous quel est l’objectif que vous voulez atteindre par là. Avez-vous l’intention de le cacher provisoirement ? Sachez alors qu’une personne qui n’est pas impliquée dans les cérémonies d’adieu et qui en est informée par la suite ne pourra plus accomplir le même chemin dans son travail de deuil. Vous la privez de quelque chose. Et les personnes, précisément, que nous voulons protéger seront encore plus vulnérables dans leur travail de deuil du fait qu’elles n’ont pas été impliquées. Sans compter que cela risque de rompre la con-fiance entre vous et celui à qui vous avez caché le décès. Si vous dé-cidez de le cacher ‘pour toujours’ à la personne, songez que les gens ‘sentent’ les choses plus qu’on le pense. Même si une personne n’est pas mentalement en état de saisir la situation, elle peut ressentir cer-taines choses, comme votre état de tension. Essayez de vous mettre à sa place : “Comment est-ce que je me sentirais si on me tenait à l’écart du décès d’un être cher ?” Les gens qui connaissent des dif-ficultés méritent d’autant plus votre confiance. Et cela leur donne la confiance nécessaire pour aller de l’avant.

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SOURCES

✗ De Keijser, J., Van Den Bout, J. & Boelen, P. (n.d.). Wat is rouw? Consulté le 6 juin 2011 via http://www.rouw.nl

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