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Agora débats/jeunesses Sylvia Faure, Marie-Carmen Garcia Culture hip-hop, jeunes des cités et politiques publiques Bernard Bier Citer ce document / Cite this document : Bier Bernard. Sylvia Faure, Marie-Carmen Garcia Culture hip-hop, jeunes des cités et politiques publiques . In: Agora débats/jeunesses, 39, 2005. L’animation et ses analogies : des enjeux pour l’action collective. pp. 124-126. http://www.persee.fr/doc/agora_1268-5666_2005_num_39_1_2253_t13_0124_0000_3 Document généré le 21/10/2015

SYLVIA FAURE, Marie-Carmen Garcia - Resenha de Culture Hip-hop, Jeunes Des Cités Et Politiques Publiques

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Agora débats/jeunesses

Sylvia Faure, Marie-Carmen Garcia Culture hip-hop, jeunes descités et politiques publiquesBernard Bier

Citer ce document / Cite this document :

Bier Bernard. Sylvia Faure, Marie-Carmen Garcia Culture hip-hop, jeunes des cités et politiques publiques . In: Agora

débats/jeunesses, 39, 2005. L’animation et ses analogies : des enjeux pour l’action collective. pp. 124-126.

http://www.persee.fr/doc/agora_1268-5666_2005_num_39_1_2253_t13_0124_0000_3

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E « Drogue, VIH et individuation des femmes

gitanes », Lamia Missaoui

« La fabrique de “l’ethnique ” en entreprise

publique. “Faire contre”, “faire face”, “faire

avec” », Emmanuelle Lada

Troisième partie : « Sortir du silence : mises

en mots de l’expérience vécue et mémoire »

« Quand la “généralité” ne fait plus évi-

dence : à propos de “ce qui va de soi” dans

l’analyse de l’immigration coloniale algé-

rienne (1945-1962) », Sophia Lamri

« Discrédit et action collective : la lutte d’une

association de pères musulmans »,

Catherine Delcroix

« Le renouvellement de l’action publique

contre le racisme dans le cadre du dispositif

114/CODAC », Alexandra Poli

Quatrième partie : Parole et mise en scène

dans l’espace public

« Tsiganes, “gens du voyage” et construc-

tion d’une parole publique », Claire Cossée

« Tabligh ou l’islam apostolique au masculin

dans les quartiers impopulaires en France »,

Moussa Khedimellah

« Médias musulmans britanniques : les voix

de la jeune génération », Isabelle Rigoni

2. Dans le prolongement, ou en écho à cet

ouvrage, on lira le no 38, mars-avril 2005, de

l’excellente revue Mouvements, « La poli-

tique républicaine de l’identité ».

*

Sylvia Faure, Marie-Carmen Garcia

CULTURE HIP-HOP, JEUNES DES CITÉS ET POLITIQUES PUBLIQUES

La Dispute, coll. « Essais », Paris, 2005, 187 p., 17 euros

À première vue, la réalité serait simple :d’un côté la « danse de rue », le hip-hop, pratique à dominantemasculine de jeunes de banlieue, issusde l’immigration, proche des perfor-mances sportives ; de l’autre des

acteurs de politique publique qui, dansdes logiques de contrôle ou d’insertion,ou dans un souci de reconnaissance etde valorisation, encouragent ces « cultures urbaines ». Il importait bienévidemment d’aller y voir de plus près– ce qu’ont fait Sylvia Faure et Marie-Carmen Garcia, sociologues à l’univer-sité Lyon-II. Dans le prolongement de leurs travauxantérieurs et avec le soutien dequelques institutions, dans le cadre del’appel d’offres interministériel « Villes,cultures et dynamiques sociales1», lesdeux auteurs ont choisi d’observer deprès la réalité de ces pratiques, et leseffets sociaux des politiques de soutienmises en place. Leur terrain : des éta-blissements scolaires – collèges etécoles primaires – de l’académie deLyon, ainsi que des centres sociaux etdes MJC. Le premier intérêt de cette approcheethnographique est de donner à voirune réalité beaucoup plus complexe :les filles sont présentes de manièrecroissante, des garçons n’appartenantpas aux classes populaires s’y investis-sent de plus en plus, et, loin d’êtreexclusivement une pratique de rue, lesapprentissages et la pratique s’exercentsouvent dans des espaces institution-nels (maisons de jeunes, centressociaux, salles dans les écoles…). Defait, deux logiques institutionnelles co-existent : celle de la Culture, qui apporteson soutien à des pratiques culturellesdans des lieux vecteurs de la culturelégitime, et celle qui, s’adressant à desjeunes de milieu populaire, dans deséquipements de quartier, se réduit à sesobjectifs socialisateurs ou éducatifs.Autrement dit, une partition est crééepar les institutions entre la danse choré-graphique, assimilée aux pratiquesculturelles légitimes et qui parfois va irri-guer la danse contemporaine voire s’y

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métisser, et la danse compétitive (lesbattles), assignée au statut de pratiquede banlieue dans une approche socialeet éducative. Ce phénomène est rendupar nos auteurs au travers d’une grilleempruntée à Pierre Bourdieu (domina-tion, disposition, incorporation, violencesymbolique, capital, champ). Quant auxjeunes pratiquants de hip-hop, ils sonttout à la fois dans une recherche desoutien voire de légitimation par les ins-titutions, et dans un refus d’entrer dansles logiques institutionnelles.Cependant, Sylvia Faure et Marie-Carmen Garcia refusent explicitementde lire ces tensions en termes de ten-tative de récupération ou de résistance.Pour elles, « les interdépendancesentre ces différents acteurs sociaux…sont travaillées par des rapports dedomination complexes, qui amènent àprendre en compte l’autonomie…, maisaussi l’hétéronomie du hip-hop vis-à-visdes institutions et plus largement de laculture légitime ».Cette référence aux interactions– Norbert Elias est la seconde référenceexplicite des sociologues – est essen-tielle. Les modes de catégorisation desjeunes de milieu populaire, les réalitésmêmes ainsi désignées – jeunes descités, issus de l’immigration, quartiersdifficiles… – sont des créations despolitiques publiques. Plus de vingt ansde politique de discrimination positiveont, selon les auteurs, contribué àenfermer les jeunes dans les quartiers,dans la disqualification et la stigmatisa-tion et à les installer dans des logiquesindividualistes à double tranchant. Eneffet, cette « institutionnalisation de lajeunesse a des effets sur les individuspar le biais de l’inculcation de modalitésde socialisation individualisantes quitendent à reproduire, voire à durcir, lesinégalités sociales parmi les différentescatégories sociales de jeunes ». Ce

modèle est certes « incorporé » par lesdanseurs ayant « des capitaux sociauxet scolaires ». Mais « pour les plusdémunis socialement et scolairement,cette injonction politique à se faire soi-même semble renforcer, paradoxale-ment, leur propension à se méfier desinstitutions – accentuant chez certainsleur posture anti-école ».

À ce phénomène s’ajoute la (re)produc-tion de la domination de genres. Làencore, si des filles « peuvent participeraux marchés de la danse hip-hop, touten prenant parfois des places (notam-ment en matière d’enseignement) auxgarçons, il n’en demeure pas moinsque les dispositions masculines conser-vent leur légitimité, voire sont renfor-cées dans de nombreux contextes depratiques ». Les pages sur la danse àl’école sont à ce sujet riche d’enseigne-ment – et édifiantes à confronter au dis-cours de l’institution sur l’égalité dessexes et la mixité.

Incontestablement Sylvia Faure etMarie-Carmen Garcia ont le mériteinsigne d’éclairer une réalité complexe,et de nous aider à sortir du regard naïfsur les politiques mises en place cesvingt dernières années, ou d’un regard« mou » sur leurs insuffisances. Cesont les logiques mêmes de ces poli-tiques qui sont ici interrogées.Certes on ne suivra pas toujours leurdiscours peu nuancé sur les politiquesde discrimination positive : doit-onreprocher à celles-ci d’avoir créé la réa-lité des quartiers de relégation ? Ouplus modestement de ne pas avoir suinverser les dynamiques de ségréga-tions spatiales et sociales qui leurétaient antérieures, voire de les avoirrenforcées ? Si les auteurs critiquent àjuste titre les approches en termesd’ethnicité qui « ne font que naturaliser

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E des propriétés sociales, culturelles etéconomiques inégalement distribuéeset participant aux rapports de domina-tion entre individus ou groupes sociaux »(p. 33), peut-on réduire certains proces-sus d’ethnicisation à cette seule dimen-sion2 ? De même les « idéologies dusujet » peuvent-elles être uniquementassimilées, même dans ce contexte(p. 173), à des outils de la pensée libérale– entre autres dans leur version sociolo-gique ou philosophique ? Ce point de vuenous paraît relever plus de la polémiqueque d’une rigueur analytique. Ces points qui peuvent faire (et quifont) débat dans les sciences socialesne doivent pas occulter le grand intérêtde cet ouvrage, pour ceux qui s’intéres-sent à la culture hip-hop certes, maisplus encore pour tous ceux qui veulentréfléchir, au-delà de la rhétorique légiti-mante, sur des politiques qui perdurent,leur logique et leur impact. Un ouvragesalubre donc !

Bernard Bier1. Cet appel d’offres réunit le ministère de la

Culture, le FASILD, la DIV, le PUCA et le

ministère de la Jeunesse, des Sports et de la

Vie associative – lequel est représenté par

Chantal de Linarès de l’INJEP. Le troisième

volet de cet appel d’offres « Apprentissages,

transmission et créativité de et dans la ville »

a donné lieu à une publication : Des cultures

et des villes : mémoires au futur, L’Aube, La

Tour d’Aigues, 2005.

2. Voir entre autres POUTIGNAT P., STREIFF-

FÉNART J., Théories de l’ethnicité, postface

de BARTH F., « Les groupes ethniques et

leurs frontières », Presses universitaires de

France, Paris, 1995 ; MARTINIELLO M.,

L’ethnicité dans les sciences sociales

contemporaines, Presses universitaires de

France, coll. « Que sais-je ? », Paris, 1995.

*

Stéphanie Rubi

LES « CRAPULEUSES », CES ADOLESCENTES DÉVIANTES

Presses universitaires de France, collection « Partage dusavoir », Paris, 2005, 207 p., 25 euros

Les violences juvéniles sont un phéno-mène essentiellement masculin, si l’onse rapporte aux données statistiquesconcernant la délinquance. Les faitsdivers mettant en cause des filles sontpourtant de plus en plus nombreux, lesacteurs de l’éducation et du travailsocial constatent des évolutions decomportement où les agressions phy-siques ont leur place. Ces violencessont néanmoins souvent minorées ouniées par les professionnels, en dépitdes faits, tant les représentations desfilles les cantonnent au seul rôle de vic-time potentielle1. D’où l’intérêt du travail que nous pro-pose Stéphanie Rubi – tiré de son tra-vail de thèse en sociologie sous ladirection d’Éric Debarbieux. Cette recherche s’appuie sur les travauxmenés pendant plusieurs années (1994-1995, 1998-2001) par l’Observatoireeuropéen de la violence scolaire – sousla responsabilité d’Éric Debarbieux –, etsur un travail d’enquête et d’observationmené dans des collèges et des quar-tiers de Paris, Bordeaux et Marseille. Une partie importante de ce travailethnographique donne à voir avec beau-coup de vie les modes de socialisationdifférenciés des garçons et des fillesdans le collège et le quartier, réalitésqu’il importe d’appréhender si l’on veutcomprendre comment ensuite vont sepositionner les adolescentes : dans unrôle de victime, pour certaines d’entreelles (les « payottes2 ») ; dans un entre-deux prudent pour la plupart (les « clair-voyantes ») ; et dans une positiondéviante pour certaines d’entre elles

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