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Syntagme et synthème Author(s): André Martinet Source: La Linguistique, Vol. 3, Fasc. 2 (1967), pp. 1-14 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30248071 . Accessed: 17/06/2014 04:35 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to La Linguistique. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.44.78.129 on Tue, 17 Jun 2014 04:35:14 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Syntagme et synthème

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Syntagme et synthèmeAuthor(s): André MartinetSource: La Linguistique, Vol. 3, Fasc. 2 (1967), pp. 1-14Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/30248071 .

Accessed: 17/06/2014 04:35

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SYNTAGME ET SYNTHEME

par ANDR MARTINET

Les linguistes, avant Saussure, avec lui et aprbs lui, sont tomb6s largement d'accord pour denoncer l'impr6cision du

concept de mot. Ils ont 6t6 moins nombreux, peut-&tre, pour souligner avec lui que le (< mot ) ne correspond nullement aux (( entit6s linguistiques ) que nous d6signons aujourd'hui comme les unites significatives minima. Plus rares encore sont ceux

qui, aujourd'hui meme, s'efforcent d'fliminer le terme et le

concept de (< mot ) des descriptions qu'ils donnent des langues et des traitements qu'ils pr6sentent des problkmes linguistiques. Ils n'ont plus, comme Saussure qui admettait (( provisoire- ment )1 que les (( entites linguistiques ) sont des mots, l'excuse de ne disposer d'aucun terme precis pour designer ces entit6s. Ils ont en effet le choix entre (< morphbme ) et << moneme a : << morpheme ) s'ils ne peuvent se r*soudre a poser une unite distincte pour ce qui n'est pas represent6 dans l'6nonce par un

segment isolable (le -orum de dominorum est un seul morpheme parce que non fractionnable) ; <( moneme ) s'ils admettent

qu'une unite significative (un choix) puisse correspondre a une

difference formelle non pricis6ment localisable (-orum est

l'amalgame de deux monBmes puisqu'il est marqu6 par la forme comme un genitif, et non un accusatif comme dominos, comme un pluriel, et non un singulier comme domini).

Le recours au << mot ) peut s'abriter derriere l'autorit6 de Bloomfield qui, en distinguant entre free forms et bound forms2, a pu faire croire qu'il sauvait le concept traditionnel. On peut aussi faire intervenir Sapir et sa r6f"rence au sentiment linguis-

1. Cf. R. GODEL, Les sources manuscrites du cours de linguistique gdndrale, Gen6ve, 1957, p. 89.

2. Language, New York, 1933, p. 160, 177-184.

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2 ANDRt MARTINET

tique de ses informateurs indiens3. On peut 6galement, et de favon plus justifiee, faire remarquer qu'on aurait bien tort de ne pas operer avec le mot lorsqu'on traite d'une langue comme le latin '

propos de laquelle le concept lui-meme a pris naissance et oh I'on peut definir tres exactement ce qu'on veut faire couvrir ' ce terme.

Mais, meme si nous faisons abstraction d'emplois qu'impose un type de structure particulier et si nous restons sur le plan de la linguistique g6nerale, on pourrait 16gitimement faire valoir

que l'analyse de l'6nonc6 en morphemes ou en monemes se heurte fr6quemment a des difficult6s aussi considerables que celles qu'on a si souvent denoncies lorsqu'il s'agissait du mot. Nous ne pensons pas, en l'occurrence, aux difficultes que pre- sente l'analyse des signifiants dans des cas comme l'anglais he cut, oih le moneme de pret6rit se manifeste par l'absence de -s, ou comme les articles contractis au, aux et le subjonctif aille, ou encore a l'impossibilit6 d'6tablir des correspondances de signifie a signifiant dans (ils) ont td. Dans tous ces cas, I'utili- sation du concept d'amalgame permet d'6liminer ce qui n'est, en synchronie, que faux problemes. Nous avons plut6t en tete des segments comme fenaison, bouvier, nebuleuse, thermostat, oh l'on croit devoir identifier certains 6Blments signifiants comme -aison, -ier, -euse, thermo-, sans en etre toujours bien suir et sans savoir trop que faire de ce qui reste si l'on n'est

pas un 6tymologiste professionnel. Soit un 6nonc6 comme durant toute la fenaison; meme si l'on est tomb6 d'accord pour ne

pas reconnaltre de moneme de f6minin distinct de fenaison4, un analyste pourra n'y voir que quatre unites, alors qu'un autre en trouvera six s'il interpr'te durant comme une forme verbale et s'il retrouve foin dans fenaison.

Les difficultis qu'on 6prouve parfois a analyser les 6nonces en monemes a la satisfaction g6ndrale ne doivent pas nous conduire a 6carter cette notion, mais a determiner precis6ment les circonstances dans lesquelles I'analyse achoppe afin de rechercher pour ces cas particuliers une solution specifique.

On commencera, en l'occurrence, par se priciser, a soi-

m~me, ce qu'on cherche lorsqu'on analyse les 6nonc6s en unit6s

3. Language, New York, 1921, p. 34-35. 4. 1a10ments de linguistique ginarale, Paris, 1960, p. 101-102; A Functional

View of Language, Oxford, 1962, p. 17-19.

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successives. Nous nous plagons, bien entendu, sur un plan strictement synchronique, ce qui exclut toute analyse qui ne serait qu'6tymologique. Nous d'sirons, en fait, savoir comment la langue 6tudi6e, disons le frangais, fonctionne a la satisfaction des francophones adultes. Pour communiquer leur exp6rience ou, en termes plus simples, pour dire ce qu'ils ont a dire, ces

gens analysent cette experience en 616ments correspondant a des unit6s significatives existant dans la langue. Puis ils pro- c'dent

' la communication en pronongant ' la suite les uns

des autres les signifiants de chacune de ces unit6s dans un ordre partiellement d6termind par la syntaxe de la langue, c'est-a-dire un complexe d'habitudes, significatives ou redon-

dantes, acquises au cours de l'enfance. Ces unit6s signifiantes, ces signes, en fonction desquels l'exp6rience va s'articuler, pr6sentent, le plus souvent un signifiant tout a fait arbitraire, form6 d'un certain nombre de phonemes successifs, comme dans le frangais /espri/ pour l'unit6 ( esprit ), auxquels peut s'ajouter une place distinctive de l'accent comme dans l'espa- gnol /es'piritu/ ou un ton pertinent comme dans l'equivalent su6dois /Ande/. Un tel signifiant est dit tout a fait arbitraire

parce que rien dans la r6alit6 a quoi le signe se r6ffre ne semble

justifier le choix de tel ou tel phoneme, de tel ou tel ton, de telle ou telle place de l'accent dans la forme correspondante. On le dit aussi parfaitement immotiv6 parce que le sens de l'unit6 n'est en aucune fagon sugg6r6 par une valeur s6mantique quel- conque qu'on pourrait attribuer a certains segments du signi- fiant :la succession de phonemes /espri/ pourrait tre comprise comme est-ce pris ? ou ait ce prix, c'est-a-dire analys6e en unit6s significatives successives; mais aucune analyse de ce genre ne

permet de retrouver le sens d'esprit, et c'est pourquoi on peut estimer que le signifi6 << esprit ) ne r6sulte pas de la combinaison de plusieurs signifi6s.

Cependant a cA6t des signifiants comme /espri/ qui se laissent

analyser, quant a la forme, en signifiants successifs, mais sans

qu'on puisse voir comment la somme des signifies correspon- dants pourrait, avec la meilleure volont6 du monde, equi- valoir au signifi6 total (( esprit n) ou meme simplement impli- quer quelque chose d'analogue, il en est d'autres oh l'analyse en signifiants successifs permet d'envisager pourquoi la realit6

correspondant au signe a 6t6 d6sign6e de cette fagon. On dit,

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4 ANDR MARTINET

dans ce cas, que le signe est motive. Ce n'est pas par hasard qu'un chemin de fer s'appelle un chemin... de... fer.

Le fait qu'un signe soit motive n'implique, en aucune faqon, que ce signe corresponde a plusieurs 6lements distincts de

l'exp6rience. Ii faudrait des circonstances bien exceptionnelles pour que chemin et fer dans la succession chemin de fer corres- pondissent a des el6ments distincts de l'exp6rience. Il ne s'agit pas ici de savoir quelle image pourrait sugg6rer chemin de fer a celui qui emploie ce terme, s'il avait le loisir de lui laisser 6vo- quer quelque chose. C'est par l'examen des conditions et des fre- quences d'emploi de chemin de fer que nous constaterons que les locuteurs tendent a se comporter comme ils le font pour des termes immotiv6s comme voiture ou avion, que, par exemple, dans des contextes comme nous irons en..., la frequence de chemin de fer est du meme ordre que celle de ces derniers, qu'au pluriel, en dipit de la graphie, un Franaais qui n'est pas sur ses gardes, risque de faire une liaison en /-z/ dans les chemins de fer algeriens, et qu'il n'est pas question de determiner un le6ment particulier de chemin de fer sans d6truire le complexe :

un chemin creux de fer ne serait pas un chemin de fer en d6blai, ni un chemin de fer forg6 un chemin de fer dont les rails auraient et6 produits de favon artisanale.

Plus motiv6 encore est un signe comme d4sirable puisque, non seulement ce ne peut tre le resultat du hasard que l'on desire d'ordinaire ce qui est desirable, mais qu'un sujet de langue frangaise un peu entreprenant pourrait fabriquer lui- meme desirable, s'il ne l'avait jamais entendu precedemment, sur l'analogie de condamner-condamnable, exprimer-exprimable et de mille autres paires. Mais cette extreme motivation, qui fait que tout un chacun peut reconnaitre dans d4sirable un radical d6sir(e) et le suffixe -able, n'empeche pas ce terme de

correspondre a un a6lment unique de ce qui fait I'objet du

message comme le ferait un adjectifjoli parfaitement immotive : pour communiquer la meme experience, j'hesiterai peut-etre entre je desire vivement cet objet ou cet objet est tres disirable, mais des qu'il est question d'analyser l'experience en fonction des signes disponibles dans la langue et selon que je desire ou non preciser, pour mon auditoire que c'est moi-meme qui ressent le d6sir, je serai amen6

" choisir desire ou desirable et non point, dans le second cas, desir(e) + able. Rien, certes,

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SYNTAGME ET SYNTHMME 5

n'emp che le locuteur de produire, sur-le-champ, un indcco-

rable5 qu'il n'a jamais entendu. Mais il devra le fabriquer A partir d'un moddle 6tabli avant de l'ins6rer dans son 6nonce. Lorsqu'on emploie desirable, on ne choisit pas desir(e) d'abord, puis -able ensuite (comme on pourrait choisir fleur, puis jaune lorsqu'on dit fleur jaune), ne serait-ce que parce que, dans les contextes oih figure desirable, disir(e) ne peut figurer sans -able

(ou tel autre suffixe de d6rivation adjectivale). Si nous reprenons maintenant les cas difficiles dont nous

6tions partis, fenaison, bouvier, ngbuleuse, thermostat, nous constatons que, dans la pratique, ils different peu de ceux de chemin de fer et de desirable que nous venons de discuter. II

s'agit, dans tous les cas, d'unit6s qui fonctionnent exactement comme les signes immotives susceptibles d'apparaitre dans les m6mes contextes qu'eux; la motivation plus 6vidente et generale dans d6sirable (ou desireux) que dans ne5buleux ne change rien au statut syntaxique des ilements consid6res. Le critere de la

productivit6 qu'on fait souvent valoir pour distinguer entre diff6rents types de derives et de compos6s n'est pas a ecarter, bien qu'il ne soit pas toujours facile a appliquer : le suffixe -aison de fenaison peut etre decret6 non productif jusqu'au jour oji, pour 6viter plantation qui a un sens traditionnel bien arret6, un sujet dit plantaison pour l'action de planter. En tout cas, que le compos6 ou le deriv6 soit traditionnel ou une crea- tion du moment, il representera toujours le resultat d'un proces distinct de celui qui consiste a produire un 6nonce. Ceci a 6t6

parfaitement digag6 par la grammaire traditionnelle qui dis-

tingue avec la plus grande nettete entre la formation des mots et la syntaxe.

Les diverses 6coles linguistiques contemporaines, emporties par leur d6sir de pousser l'analyse aussi loin que possible, ont etendu la segmentation de l'6nonc6 en morphemes ou sa d composition en monemes, non seulement aux cas qui relkvent de la syntaxe (donnerons analys6 en donn(e)-r-ons, dominorum

analys6 en < maitre n, < g6nitif n, < pluriel ,)) mais aux produits de la composition et de la derivation, chemin de fer, autoroute, desirable, fenaison.

I1 ne parait pas indiqu6 de d6noncer cet effort d'analyse

5. C'est naturellement 1'exemple de Saussure, Cours, 3e dd., p. 173 et 229.

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comme fondamentalement incorrect : d6nier le statut de signe linguistique a un Bflment comme -able serait remettre en ques- tion une notion fondamentale sans profit reel. On continuera done ia relever trois signes minima, aussi bien dans chemin de fer ou indisirable que dans donnerons ou dominorum, signes minima

qu'on d6signera comme des monemes, et non des morphemes, pour marquer qu'en d6pit de l'amalgame de ses trois6 signi- fiants, dominorum doit tre soumis a la meme analyse que donnerons. Mais il est indispensable de disposer de termes qui nous permettent de distinguer entre les concat6nations (donne- rons) ou les combinaisons (dominorum) r6sultant de la pro- duction meme de l''nonc6, et ceUes comme chemin de fer ou indicorable, qui, traditionnelles ou improvisees, supposent un

temps de cr6ation distinct du d6roulement syntagmatique. Le besoin d'une telle distinction se manifeste par l'emploi, relev6 fr6quemment, des expressions < monemes compos6s ,, < monemes

complexes , pour d6signer des compos6s et des d6rives ou, plus exactement, leurs blments radicaux. Cette terminologie est, bien entendu, inacceptable, puisqu'un moneme, unit6 signi- ficative minima, 6tymologiquement marqu6e comme unique, ne saurait tre complexe ou compos6. Mais la r6currence de ces termes r6vble que le comportement syntaxique identique d'un moneme comme voiture ou d'un compos6 comme chemin de fer s'impose souvent a l'attention de l'observateur avec plus de force que leurs diff6rences sur le plan de l'analyse.

Nous proposons' done de d6signer au moyen du terme

syntheme les unites linguistiques dont le comportement syn- taxique est strictement identique 'a celui des monemes avec

lesquels ils commutent, mais qui peuvent tre conqus comme formis d'd16ments s6mantiquement identifiables.

Il n'est peut-etre pas inutile de reprendre certains termes de la ddfinition qui precede. Si l'on dit que les synthbmes < peuvent tre congus ,

comme s6mantiquement non homo-

genes, c'est qu'il est pratiquement impossible de tracer une limite precise entre ce qui est semantiquement analysable et

6. Nous disons bien I'amalgame de ses trois signiflants, car ce n'est pas domin- qui veut dire

, maitre s, mais domin- + une certaine s6rie de ddsinences. 7. Il ne s'agit pas d'un pluriel de modestie : les probl6mes trait6s ici ont fait

l'objet de discussions anim6es dans un s6minaire de l'Acole Pratique des Hautes ]Etudes.

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ce qui ne l'est pas : qui pense A chat et a huer quand il prononce /saya/ (chat-huant) ? Pour des millions de francophones, /layd/ n'est pas plus motiv6 que /fayte/ (chahuter) et l'est probable- ment moins que /ka'alo/ (cachalot) pour lequel une analyse cache-a-l'eau est tres tentante. En d6pit de la diffusion des

6lectrophones et de la te6~vision, il y a certainement beaucoup de

gens pour qui une analyse de tel-phone en tel"- et -phone serait une riv.lation. On a beaucoup discut6 de la possibilit6 et de la justification d'une analyse de complexes comme reception, recevoir, perception, percevoir, conception, concevoir ou de leurs

equivalents anglais. Il y a la une proportionnalit6 des rapports qui frappe beaucoup les linguistes, mais a laquelle l'usager moyen est beaucoup moins sensible. Pour les gens peu habitues aux mondanitis, reception &voquera plut0t ses homologues bal ou

surprise-party qu'un terme de ( la mMme famille ) comme recevoir. On peut parler parfaitement le frangais sans avoir

jamais pergu ou soupponn6 un rapport entre recoivent et recep-

tion dans les N... regoivent ce soir et il y a une riception chez les N... ce soir. La plupart des contribuables auront rapproch6 perception et percepteur, ce qui justifierait le digagement, sinon d'un signifiant /persep/, du moins de deux affixes /si6/ et /toer/ qui designent, I'un le lieu de l'operation, l'autre l'operateur. Mais le rapport de perception avec reception, de percepteur avec recepteur ressortit, pour l'usager, a la rime, c'est-a-dire ' la forme, plut6t qu'au sens. La meme oii l'on peut supposer un rap- prochement dans l'esprit des locuteurs, comme dans perception- percepteur, on aurait tort de croire que n'importe qui serait

capable de passer de l'un a l'autre par transformation, c'est-a- dire, si ce terme a un sens precis, sans ref6rence t l'exp6rience prelinguistique.

En r'sum6, il est difficile de trouver, dans le comportement de l'ensemble des usagers d'une langue, des traits permettant, dans tous les cas, de se prononcer pour ou contre l'analyse semantique d'un segment d'6nonc6 qui fonctionne syntaxique- ment comme une unit6 significative minima. En l'occurrence, il n'importe en rien au succes de la communication que le locuteur soit ou non a meme d'analyser le segment dont il se sert. On a donc intiret a d6signer comme un synthbme plut6t qu'un monbme toute unite syntaxique minimale susceptible d'etre conque comme simantiquement analysable. Peu importe,

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8 ANDRE MARTINET

en fait, ce qu'on fera dans des cas douteux comme chat-huant ou cachalot, congoit ou perfoit (-t graphique de 3e personne mis a part), charmant (/farm~/ ou /farm-a/). Mais on aura, grace a la notion de synthbme, la possibilit6 de reserver le cas d'un

complexe comme chemin de fer ou comme d#sirable pour un

chapitre particulier, celui qu'on presente traditionnellement sous le titre de Composition et derivation ou Formation des mots. Lorsqu'on traite de syntaxe, on aura interet a preciser initialement que ce qu'on dit des monemes vaut des synthemes, ce qui permettra, des lors, de ne plus mentionner ces derniers

que dans la discussion de cas particuliers. Le syntheme est le

type meme de ces unites qui sont A la disposition de l'analyste sans que celui-ci ait necessairement, dans tous les cas, a en reconnaitre la presence ou a en denier l'existence.

La notion d'identit6 de comportement syntaxique qu'on postule pour le moneme et le synthbme demande certainement a ~tre pricisee. Elle est parfaitement claire si nous considerons le moneme (il) prend et le synthbme (il) entreprend ; tous deux se combinent avec les memes modalit's verbales : personnes, temps, modes; I'un et I'autre s'emploient a l'actif, au passif et avec le reflechi, l'un et l'autre prennent un objet direct; c'est l'ensemble entreprend qui se combine avec tous ces d6ter- minants, et l'6lment entre-, qui distingue entreprend de prend, n'entretient aucun rapport particulier avec quoi que ce soit hors -prend qui le suit. Tout ceci vaut 6galement pour le moneme chaise et le syntheme chaise-longue : tous deux se combinent avec les memes d6terminants et participent aux m8mes fonctions, c'est-a-dire peuvent tre sujets, objets et

figurer dans les memes syntagmes pr6positionnels : sur la chaise, sur la chaise-longue, etc.; une chaise-longue de dimensions inaccoutumees n'est pas une chaise-tris-longue mais une chaise-

longue tres longue. On pourrait arguer que chaise-longue fait, au pluriel, chaises-longues avec deux finales -s, ce qui semblerait

indiquer que chacun des deux 6l6ments en presence est suscep- tible de se flichir; a ceci on pourrait tre tent6 de r6torquer que le premier -s n'est qu'un artifice graphique qui ne corres- pond jamais a rien dans la langue parl6e et que, lorsque le compose sac a main devient au pluriel sacs a main, il n'est pas question de prononcer /sakzama/. Mais la v6ritable r6ponse est que, les deux -s se prononceraient-ils, qu'ils ne seraient jamais

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SYNTAGME ET SYNTHtME 9

que le signifiant discontinu d'un seul et meme moneme puisque chaises ne peut porter la marque du choix pluriel, choix unique, sans que longues la porte 6galement. Le cas de bonhomme

/bonom/, pluriel bonshommes /b6zam/ oi, par exception, la plu- ralisation affecte la prononciation du premier 6liment, pr'sente un cas morphologiquement exceptionnel, mais qui ne touche en rien a la syntaxe proprement dite, c'est-a-dire aux latitudes de combinaison des monbmes ind6pendamment de leur mani- festation et de leur ordre de succession dans la chaine, dans la mesure oih cet ordre n'est pas pertinent par lui-meme. Dans

/le b6zom/ les bonshommes, le moneme pluriel, unique bien entendu, prisente un signifiant discontinu manifest6 dans la

graphie par -es ...s ...s, et dans la langue parlie par /...e/ plus un amalgame dans lequel le /...6z.../ du pluriel correspond au /...an.../ du singulier.

Si la frontibre entre le moneme et le synthbme est, par nature, 6lusive, il serait tres d6sirable que fft parfaitement nette celle qui s6pare le synthbme, resultat d'un choix unique parmi les ressources de la langue, et le syntagme, combinaison

qui dicoule de la collocation d'd16ments choisis ind6pendam- ment les uns des autres. Il se trouve cependant des cas oh le

ddpart n'est pas facile. Soit tout d'abord le segment d'6nonc6 la France d'il y a vingt ans ; il y a vingt ans, en prononciation familire /iavetd/, y commute avec le monbme unique hier; mais ceci, bien entendu, ne permet de tirer aucune conclusion relativement au statut de cette locution, syntheme ou syn- tagme, puisqu'une proposition relative, comme qui va tous les jours a la gare, peut commuter avec n'importe quel adjectif; vingt peut commuter avec dix, douze, cent, ou n'importe quel nombre, mais pourquoi refuser de ce fait le statut de syntheme a /iav~ta/, /iadiza/, /iaduza/, /iasdtt/, puisque /vaten/ << ving- taine ), /dizen/, /duzen/, /saten/ sont incontestablement des synthimes ? Pourquoi ne pas poser l'existence d'une s6rie d'adverbes formis par pr6position de /ia-/ et postposition de /-i/ a tous les nombres ? I1 est vrai que, dans il y a vingt ans, ans peut commuter avec mois ou siecle ; mais si la commutation de vingt n'est pas decisive, pourquoi celle d'ans le serait-elle ? C'est bien parce que l'on peut faire commuter les dl6ments des synthemes qu'on les a d6sign6s au moyen du meme terme, monkme, que les 6lements minimaux des syntagmes, et que,

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si longtemps, on n'a pas jug6 bon de distinguer entre syntheme et syntagme. Le seul critdre de la presence d'un syntheme est le comportement syntaxique de I'ensemble et I'absence de

comportement particulier des el6ments composants. Or, il y a

vingt ans se comporte g6neralement comme un adverbe de

temps. Sans doute vingt y est-il susceptible de determinations :

plus de vingt ans, moins de vingt ans, mais si ces determinations sont les seules qu'on puisse relever dans ce cas, ne pourrait-on dire qu'elles affectent l'ensemble du complexe represent6 par son 616ment central qui est le nombre d'unit's ? Toutefois, il est difficile de dissocier il y a vingt ans d'autres locutions comme il y aura vingt ans le mois prochain oii le futur et le mois

prochain, qui vont de pair, repr'sentent une determination qui porte ailleurs que celles que constituaient plus de et moins de

cites ci-dessus. Sans doute, un segment d'6nonc6 comme la France d'il y aura plus de vingt ans le mois prochain est-il ridicule, mais sa syntaxe n'est pas critiquable. II semble donc, en der-

nibre analyse, prefirable de suivre l'impression premiere selon

laquelle ily a vingt ans dans la France d'il y a vingt ans est un

syntagme plut6t qu'un synth'me. Un cas un peu diff6rent est celui de la locution avoir l'air.

On sait qclue, dans le frangais le plus naturel, l'adjectif qui suit ce complexe verbal s'accorde avec son sujet plut6t qu'avec le substantif air : elle a l'air gentille, et non elle a l'air gentil que, cependant, les puristes finiront peut-vtre par imposer. Tout se

passe comme si l'on avait affaire a un verbe, synonyme de o sembler D, avec une flexion interne. Comme la 3e personne du singulier du pr6sent de l'indicatif est d'une rare frequence, il arrive que les enfants conqoivent a l'air comme le radical d'un verbe qu'ils flechissent vous alairez, ils alairaient, etc. Dans

l'usage des adultes, la flexion reste traditionnelle, mais l'air n'6tant pas susceptible d'etre d6termin6 en particulier, on est

tent6 de parler d'un syntheme avoir l'air. Toutefois, comme avoir un air existe h c6t6 d'avoir l'air, on pourrait arguer de la variation l'/un du determinant d'air pour parler d'un syntagme plutot que d'un syntheme. Mais ce serait oublier qu'avoir un air est tout autre chose qu'avoir l'air, puisqu'il n'est pas question, dans elle a un air malheureux, de faire accorder l'adjectif avec le sujet; or, c'est la pr6cisement ce qui, dans avoir l'air, indique le figement et nous l'a fait retenir pour notre analyse. Il semble

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bien qu'on puisse, pour avoir l'air, dans I'usage le plus courant, parler d'un synthbme et non d'un syntagme.

II sera donc peut-etre difficile de se prononcer dans certains cas. Mais la distinction entre syntheme et syntagme est trop fondamentale pour qu'on puisse etre tent6 de la sacrifier h

quelques difficultis d'application. II reste ' r6soudre un problkme terminologique : le terme

de moneme (tout comme celui de morpheme) a design6 jus- qu'ici aussi bien les 616ments du syntagme que ceux du syn- theme. L'adoption de ce dernier terme doit-elle ou non entrainer la creation d'un nouveau terme pour en d6signer les compo- sants ? Nous avons deja relev6 ci-dessus l'inconv6nient qu'il y aurait "a reposer le probleme de la d6signation du signe mini- mum. Comme, d'autre part, on parlera surtout des l16ments composants du syntagme dans le chapitre de la syntaxe et de ceux du syntheme dans un chapitre qu'on pourra intituler La synthematique et qui correspond au traitement traditionnel reserve a la composition et ' la d6rivation, il n'y a pas grand danger de confusion, de cUie sorte qu'une simple 6pithite jointe a <moneme ) pourrait suffire a 6tablir la distinction 1 oih elle est de mise. On proposera, pour distinguer les monemes compo- sants du syntheme, I'6pithhte de conjoints (anglais joint) et pour distinguer ceux qui constituent le syntagme, celle de libres (anglais free). En combinaison avec le terme morpheme, ce dernier adjectif pourrait preter a confusion, puisque le free morpheme d6rivant du free form de Bloomfield est tout autre chose. Mais le moneme, beaucoup plus ind6pendant de la forme que le morpheme, peut manifester sa libert6, non sous la forme d'une independance de son signifiant, mais par le fait qu'il repr6sente un choix distinct de ceux des monemes qui, dans la chaine, l'entourent ou meme sont amalgam6s avec lui : dominorum, tout comme donnerons ou sur la table, com-

porte trois monemes libres; indisirable, tout comme pomme de terre ou chemin de fer se compose de trois monemes conjoints.

Pour mieux faire comprendre la nature du syntheme, il

peut tre utile de comparer cette unit6 ' d'autres qui ont 6t6

pr6sent6es et d6finies r6cemment. Bernard Pottier, a la suite de recherches poursuivies dans le Groupe de traduction m6ca- nique de la Facult6 des Lettres et Sciences Humaines de Nancy,

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12 ANDRE' MARTINET

a propos6e d'appeler lexie les mots simples, les mots compos6s et les suites de mots de la graphie qui pr6sentent un degr6 assez 6lev6 de ce qu'il appelle un coefficient de coherence fond6 essentiellement sur le degr6 d'ins6parabilit6. II y a done bien des cas oh une meme r6alit6 linguistique pourrait tre d6sign6e comme un syntheme ou comme une lexie; c'est le cas, parmi les exemples de Pottier, de peut-6tre, chat-huant, pomme de terre, fond& de pouvoir et plusieurs autres. Toutefois, les deux notions restent parfaitement distinctes, et ceci au moins sur deux

points : 10 Pottier part, pour dffinir la lexie, des mots graphiques,

c'est-a-dire les groupes de lettres s6par6s par des blancs (ou une apostrophe); ceci implique que font partie des lexies les d6sinences, qui, dans la mesure oih elles correspondent effecti- vement ' une realit6 de la langue parlke, sont pour nous les

signifiants de monemes particuliers. Soit la forme mangeait /m~ie/; c'est une lexie qui correspond ' un mot simple et

unique ; c'est, pour nous qui operons a partir de la forme parlke, un syntagme groupant un monkme lexical /m~i-/ et un moneme grammatical /-e/ du type modalit6, et, en aucune fagon, un

synth'me. 20 Le terme de lexie couvre des r'alites diverses qui ont

en commun certaines caracteristiques de fonctionnement ; le terme de syntheme suppose toujours qu'on postule deux ou

plus de deux unites significatives minima : chaise et chaise-

longue sont, l'une et l'autre, des lexies; chaise-longue est un

syntheme et chaise un monkme. Il serait incontestablement commode d'avoir un terme qui s'applique a l'un et i l'autre, et l'on regrette de ne pouvoir employer, dans ce cas, lexie qui recouvre non seulement les elements lexicaux, mais les disi- nences 6ventuelles. La tradition suggere, pour designer ce qui reste du mot, simple ou compose, lorsqu'on fait abstraction des disinences, un certain nombre de termes. Tout d'abord radical. Mais le mot ne saurait guere convenir ici parce qu'il suggere ( racine )) et qu'il suppose souvent qu'on fait abstrac- tion, non seulement des desinences, mais des suffixes. Certains

linguistes ont d sign6 comme base aussi bien la base suffixale

8. Introduction l'dtude des structures grammaticales fondamentales, 20 d., Nancy, 1964, sect. 1 et 2.

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SYNTAGME ET SYNTBIME 13

comportant les suffixes que la base radicale r6duite A la racine, et cette ambiguit6 le disqualifie en ce qui nous concerne. Reste theme qui, lui, implique, en linguistique compar6e indo-

europ6enne, I'existence d'un 6lement plus ou moins congu comme suffixal, encore qu'on trouve des themes nus. Comme, toutefois, ce qu'on designe de ce terme est tres exactement, pour nous r6p~ter, << ce qui reste du mot, simple ou compose, lorsqu'on fait abstraction des d6sinences ), nous avons sans doute int6ret a utiliser le terme de theme pour d6signer indif- f6remment un moneme ou un syntheme dans les circonstances oU la distinction entre ces deux termes n'est pas fonctionnelle- ment pertinente.

Pottier range parmi les lexies des 61lments grammaticaux comme au-dessous et au-deld. Nous rangerons parmi les syn- themes, non seulement ces adverbes, mais les locutions pr6po- sitionnelles correspondantes au-dessous de, au-dela de. Forment

6galement des synthbmes l'anglais into ou le complexe latin sine + l'ablatif puisqu'il n'y a qu'un seul choix, celui de sine qui entraine automatiquement I'ablatif; au fur et a mesure, choix unique, qu'au grand scandale de beaucoup, nous consi- d6rions comme une seule unit6 minima, se range d6sormais parmi les synthemes, ainsi que le cranberry bloomfieldien, avec un cran- qui n'existe pas sans un -berry suivant.

Tres recemment, ~Emile Benveniste a trait6 de diff6rentes formes de la composition nominale en frangais9. Ii a, en passant, marqu6 l'int6rAt qu'il y a h garder (( syntagme ~ disponible pour d6signer ( n'importe quel groupement... op6r6 par des moyens syntaxiques ) et a sugg6r6 de d6signer comme des synapsies ce que nous avions d6sign6x0 comme les produits de ( la vraie composition du franqais ) contemporain, a savoir la r6union de deux lexemes au moyen d'une pr6position. Benveniste a finement degag6 les diff6rentes valeurs simantiques des < jonc- teurs ) de et ', mais il n'a pas vu que le second terme de ces

compos6s peut etre pr6ced6 de I'article d6fini (l'Armee de I'air). D'autre part, gen6 par l'impr6cision des 6pithbtes ( morpho- logique ) et < syntaxique ) et peu tent6 de consid6rer le problkme en termes de langue parl6e, il n'a pas abord6 le problkme d61icat

9. BSL (1966), 61, fase. 1, p. 90-95. 10. Dans Word (1955), 11, p. 159, compte rendu de K. KNAUER, Vulgfr-

franz6sisch.

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du pluriel de ces formations : sacs a main /sakama/, mais cartes t jouer /kartaiue/ ou /kartzaiue/. Ii est clair que les formes que Benveniste appelle des synapsies et qu'on pourrait peut-etre d6signer, moins savamment, comme des compos6s preposition- nels, sont toutes a consid6rer comme des synthemes, au meme titre que les autres composes ou ( conglom6ris savants ou

populaires. Il n'est peut-vtre pas inutile, en terminant, de resumer

les innovations terminologiques que nous avons presenties ci-dessus : nous avons propos6 d'appeler syntheme tout signe susceptible d'8tre consider6 comme form6 de deux ou de plus de deux 6Blments s6mantiquement identifiables et qui, en tous

points, se comportent syntaxiquement comme les signes minima avec lesquels il commute. Les elements s6mantiquement iden- tifiables qui entrent dans la composition des synthemes seront

d6sign6s comme des monemes conjoints. Les signes minima qui ne font pas partie des synthemes seront dits monemes libres, meme si leur signifiant se trouve amalgam6 avec ceux de ses voisins dans la chaine. Dans tous les cas oii l'on n'a pas intiret g distinguer entre monbmes et synthemes, on pourra d6signer les uns et les autres comme des themes.

Sorbonne, Paris.

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