40
synthèse synthèse 2016 Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives Christian BEN LAKHDAR Université de Lille Nacer LALAM Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice (INHESJ) David weinberger Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice (INHESJ) Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives (MILDECA) L’ARGENT DE LA DROGUE EN FRANCE Estimation des marchés des drogues illicites en France

synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

  • Upload
    others

  • View
    3

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

synthèse

synthèse

2016

Missioninterministériellede lutte contre

les drogues et lesconduites addictives

Christian BEN LAKHDARUniversité de Lille

Nacer LALAMInstitut National des Hautes Etudes

de la Sécurité et de la Justice (INHESJ)

David weinbergerInstitut National des Hautes Etudes

de la Sécurité et de la Justice (INHESJ)

Rapport synthétique

de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives (MILDECA)

L’aRgent de La dRogue en FRanceestimation des marchés

des drogues illicites en France

Page 2: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

Avec l’aimable concours de Stanislas SPILKA et d’Eric JENSEN de l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT). Et l’assistance de Corinne HArLAuT et Noémie COgNArD de l’INHESJ

Nous remercions pour leur aide et leur confiance, la DACg et les JIrS, la DCPJ/SDCOF/OCrTIS ainsi que la DCI, la DgDDI et la DrNED, la DggN, l’OFDT et l’INPES.

Page 3: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

3

Table des matières

Le marché des drogues iLLicites en France ..........................................2Le cannabis génère la moitié (48%) du chiffre d’affaires des drogues en France .................3un marché de la cocaïne en forte progression ..............................................................................4un marché de l’héroïne qui confirme son « retour » ........................................................................5une première estimation du marché des drogues de synthèse ..................................................6

un marché des drogues estimé à 2,3 milliards d’euros dominé par le cannabis et la cocaïne........................................................................................6

La FiLière de La résine de cannabis .......................................................7

Le transport de cannabis ............................................................................9

La distribution de la résine de cannabis .................................................... 11Le modèle du supermarché du cannabis : éléments d’organisation ........................................11rémunérations de l’organisation en supermarché ...................................................................... 14Postes de dépense de l’organisation en supermarché .............................................................. 15

approche formalisée du nombre de trafiquants et de la rentabilité du trafic de cannabis ................................................................................16

de la rentabilité du trafic de cannabis ....................................................... 17

La FiLière de La cocaïne ........................................................................18

La culture de coca et la production de cocaïne...........................................18

Prix de la cocaïne sur le marché mondial ..................................................20

L’importation de la cocaïne ......................................................................21Acheminement de la cocaïne vers l’Europe par divers vecteurs..............................................22Transaction entre les producteurs et les importateurs européens .............................................23Exemple de cas : rotation de 25 kilos de cocaïne tous les 2 mois via un passager aérien ..................................................................................................................... 24

approche formalisée du nombre de trafiquants et de la rentabilité du trafic de cocaïne. ....................................................28

de la rentabilité du trafic de cocaïne .........................................................29

en guise de concLusion .......................................................................30

réFérences bibLiograPhiques ..............................................................31

annexe : Le modèLe de cauLkins (1997) ...............................................37

Page 4: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

4

La présente étude propose une approche exploratoire des filières des drogues et d’une estimation des chiffres d’affaires des drogues illicites,. La démarche s’est appuyée sur une analyse économétrique doublée d’un examen approfondi de procédures judiciaires en lien avec le trafic de drogues et d’entretiens auprès de fonctionnaires en charge de la lutte contre ce trafic. Les chercheurs se sont déplacés en guyane, en Colombie et en Espagne pour collecter des informations relatives aux filières de la cocaïne et du cannabis.

L’enjeu sensible de ce travail a consisté à déconstruire le fonctionnement des organisations de trafic afin d’obtenir les principaux coûts que doivent prendre en charge les trafiquants. Inscrite dans le plan gouvernemental de lutte contre les drogues (2013-2017), ces estimations représentent la première étude de l’argent de la drogue qui s’attachera à identifier la part des bénéfices du chiffre d’affaires généré par le trafic des principales drogues présente sur ce marché illicite.

S’il est utile de rappeler que l’économie souterraine est principalement alimentée par la fraude (travail dissimulé, fraude fiscale, etc.), ce qu’on nomme l’économie du crime provient en grande partie du commerce de drogues illicites. Différents indicateurs comme le rapport du CHEMI [Ourgaut, 2014] et les répartitions des saisies recensées par l’AgrASC 1 indiqueraient que l’argent de la drogue alimenterait pour plus de la moitié de la totalité de l’argent généré par le crime2. Dans cette perspective, ces estimations représentent des ordres de grandeur utiles pour les praticiens en demande de mieux connaître les flux financiers et les dynamiques d’accumulation liés au trafic de drogues illicites.

Le marché des drogues iLLiciTes en FranceLes estimations de la taille des marchés des drogues illicites éclairent sur une partie non négligeable de l’économie souterraine, elles véhiculent de nombreuses informations tant sur la demande, sur l’offre que sur la régulation. La méthodologie empirique mise en œuvre ici repose sur la demande : sur les prévalences d’usagers, les connaissances que l’on a de leur mode de consommation et d’obtention des produits, et sur différentes autres variables comme le prix et la qualité des drogues au niveau de la vente de détail au plus près de l’année 2010. Cette méthodologie3 qualifiée de « demand-based approach » s’oppose ainsi aux estimations fondées sur l’offre de drogues « supply-based approach » ou celle fondées sur des travaux qualitatifs. Cette méthodologie sera confrontée à l’estimation du marché à partir des dépenses déclarées au baromètre santé pour le cannabis.

2

La présente étude propose une approche exploratoire des filières des drogues et d’une estimation des chiffres d’affaires des drogues illicites,. La démarche s’est appuyée sur une analyse économétrique doublée d’un examen approfondi de procédures judiciaires en lien avec le trafic de drogues et d’entretiens auprès de fonctionnaires en charge de la lutte contre ce trafic. Les chercheurs se sont déplacés en Guyane, en Colombie et en Espagne pour collecter des informations relatives aux filières de la cocaïne et du cannabis.

L’enjeu sensible de ce travail a consisté à déconstruire le fonctionnement des organisations de trafic afin d’obtenir les principaux coûts que doivent prendre en charge les trafiquants. Inscrite dans le plan gouvernemental de lutte contre les drogues (2013-2017), ces estimations représentent la première étude de l’argent de la drogue qui s’attachera à identifier la part des bénéfices du chiffre d’affaires généré par le trafic des principales drogues présente sur ce marché illicite.

S’il est utile de rappeler que l’économie souterraine est principalement alimentée par la fraude (travail dissimulé, fraude fiscale, etc.), ce qu’on nomme l’économie du crime provient en grande partie du commerce de drogues illicites. Différents indicateurs comme le rapport du CHEMI (Ourgaut, 2014) et les répartitions des saisies recensées par l’AGRASC1 indiqueraient que l’argent de la drogue alimenterait pour plus de la moitié de la totalité de l’argent généré par le crime2. Dans cette perspective, ces estimations représentent des ordres de grandeur utiles pour les praticiens en demande de mieux connaître les flux financiers et les dynamiques d’accumulation liés au trafic de drogues illicites.

Les estimations de la taille des marchés des drogues illicites éclairent sur une partie non négligeable de l’économie souterraine, elles véhiculent de nombreuses informations tant sur la demande, sur l’offre que sur la régulation. La méthodologie empirique mise en œuvre ici repose sur la demande : sur les prévalences d’usagers, les connaissances que l’on a de leur mode de consommation et d’obtention des produits, et sur différentes autres variables comme le prix et la qualité des drogues au niveau de la vente de détail au plus près de l’année 2010. Cette méthodologie3 qualifiée de « demand-based approach » s’oppose ainsi aux estimations fondées sur l’offre de drogues « supply-based approach » ou celle fondées sur des travaux qualitatifs. Cette méthodologie sera confrontée à l’estimation du marché à partir des dépenses déclarées au baromètre santé pour le cannabis.

1 Agence de recouvrement des avoirs saisis et confisqués.2 A savoir : vols de véhicules, cambriolages et braquages, prostitution, trafics d’armes, d’œuvres d’art et de fausse monnaie sans oublier la vente de contrefaçons ni les escroqueries à Internet et les fraudes à la carte bancaire. 3 La plus grande robustesse de la méthode sélectionnée semble aujourd’hui acquise par la communauté scientifique (Kilmer et al., 2011).

Toutefois la prudence est de mise tant dans l’exercice d’estimation de la taille des marchés des drogues illicites que de celui de son analyse. L’observation des marchés souterrains n’étant que partielle, l’évaluateur utilise différentes hypothèses conduisant à des estimations dont l’intervalle

(1) Agence de recouvrement des avoirs saisis et confisqués.(2) à savoir : vols de véhicules, cambriolages et braquages, prostitution, trafics d’armes, d’œuvres d’art et de fausse

monnaie sans oublier la vente de contrefaçons ni les escroqueries à Internet et les fraudes à la carte bancaire.(3) La plus grande robustesse de la méthode sélectionnée semble aujourd’hui acquise par la communauté

scientifique [KILMEr et al., 2011].

Page 5: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

5

de confiance peut être important. Deux principaux biais sont à garder en mémoire. Celui inhérent à toutes enquêtes déclarative en population générale est accentué en matière d’usage de drogues car le caractère illicite de ce type de consommation poussant parfois les répondants à sous-déclarer ou éviter de répondre à ce type de question. Malgré ces limites, la France possède un long savoir-faire dans ce type d’enquête et des données certes perfectibles mais parmi les plus robustes4. Nous sommes dotés de bons outils qu’il faut sans cesse alimenter et améliorer5. un second biais pouvant perturber la robustesse de nos estimations concerne les prix des drogues illicites considérées. D’une part, nous utilisons un prix médian constaté en France non seulement par les forces de l’ordre (OCrTIS) mais aussi par le réseau TrEND de l’OFDT, ce qui certes confère une certaine confiance dans le chiffre, mais masque aussi certainement une grande disparité territoriale et organisationnelle. Finalement, les travaux scientifiques mettent non seulement en avant cette large dispersion des prix en fonction des territoires et des organisations mais aussi un fort « effet discount » à l’achat de drogues en larges quantités6.

Le cannabis génère la moitié (48%) du chiffre d’affaires des drogues en FranceLe marché du cannabis en France en 2010 est estimé entre 810 et 1 425 millions d’euro pour une moyenne de 1 117 millions d’euro. Ce marché reste en volume et en valeur le premier marché des drogues illicites en France. L’augmentation de la taille du marché du cannabis en valeur entre 2005 et 2010 (de 832 à 1 117 millions d’euro) est principalement du fait de l’augmentation du prix du cannabis. Tenant compte de l’augmentation de la teneur en THC7, le marché du cannabis en volume et valeur apparaît être stable. Autrement dit, il n’a pas été vendu plus de volume de cannabis en France entre 2005 et 2010, mais les consommateurs se procurent du cannabis plus cher et plus dosés en THC. Associée à l’inflation des prix, l’augmentation du prix du cannabis a eu pour effet de faire augmenter le chiffre d’affaires du cannabis de 33 %.

Le don et l’autoculture représentent respectivement 77,7 et 11,4 tonnes consommés pour 104 millions de CA en ce qui concerne le don et 600 000 euros pour l’auto culture. une partie significative de ces 104 millions sont logiquement à inclure dans le Chiffre d’affaires des drogues mais les estimations des dépenses de cannabis confirment que le marché se situe bien autour de 1,1 milliards d’euros en 2010.8

L’essentiel de la résine de cannabis consommée en France provient du Maroc9. En ce qui concerne l’herbe, sa production est beaucoup plus atomisée en Europe et notamment en France. Chacun de ces produits se distingue par son coût de production, sa destination, ses modalités de transport et de stockage, et son type de distribution. Il est cependant difficile d’estimer les parts de marché respectives entre l’herbe et la résine au regard des données disponibles.

(4) Les enquêtes de l’INPES, de l’OFDT ou celles de l’INSEE qui maîtrisent les biais des enquêtes d’opinion depuis des décennies.

(5) Il est utile de rappeler que l’importance de la prévalence du cannabis permet, au moins, d’obtenir une vision bien plus précise et moins biaisée car il est largement répandu dans la population et parfois « banalisé » dans ses représentations.

(6) rEuTEr et CAuLKINS, 2004 ; CAuLKINS et PADMAN, 1993.(7) Le Δ-9-tétrahydrocannabinol plus communément appelé THC est la principale substance psychotrope active

du cannabis.(8) Cette question pourrait s’expliquer par la diminution de la quantité moyenne de joint retenue par le baromètre

santé qui serait inférieure, comme le souligne certains auteurs, au barème actuel.(9) Quelques saisies attesteraient également de l’existence d’un trafic marginal de résine en provenance

d’Afghanistan. Cette résine de production afghane se négocierait 4 500 € le kg en France.

Page 6: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

6

La production d’herbe en France10 et en Europe11, que ce soit en intérieur ou en extérieur est par ailleurs devenue un phénomène émergent dès le début des années 2000, sans régresser depuis12. Que ce soit en zone urbaine ou rurale. L’herbe, cultivée en placard ou pièces aménagés, peut atteindre une concentration en THC entre 15 et 20 % en France, un taux qui rivalise avec celui de l’herbe produite par les trafiquants néerlandais 13. Le niveau des prix de détail évolue à la hausse.14 Au niveau du commerce de gros, le kg atteint un prix médian de 4 000 €. Comme pour la résine, la qualité annoncée du produit ainsi que des facteurs de contexte local font varier les prix. La forte diversité des variétés et de leur puissance active explique les importantes variations de prix observées sur le marché du détail français.

à l’échelle locale, il est désormais fréquent de trouver à la fois de la résine et de l’herbe dans les lieux de vente, c’est le cas dans l’une des principales agglomérations où l’offre locale se diversifie, tantôt concurrentielle, tantôt dans un registre d’entente. à titre d’illustration, deux équipes marseillaises se livrent concurrence dans un quartier réputé pour la vente de cannabis, chacune tente de capter le maximum de clientèle. Elles se disputent parfois les meilleurs points de vente. Néanmoins, le partage des points de vente résulte d’un cadre assez strict car il est régulé par une veille famille marseillaise en lien avec le grand banditisme traditionnel de la ville. Cette fonction consiste aussi à distribuer les territoires et compétences en contrepartie d’une rémunération et tranche si besoin les litiges importants. La concurrence peut laisser place à du pragmatisme où des ententes se font jour à propos de certains points d’organisation, comme la mutualisation des guetteurs, ceci dans la perspective de maximiser la surveillance de l’espace de trafic.

La place croissante de l’herbe produite en Europe (Pays-Bas, Albanie, Espagne, Italie) a conduit à une contraction du marché de la résine, lequel a dû moderniser son appareil de production et rationnaliser les frais liés à l’importation depuis les zones productrices vers celles de consommation finale. Autre conséquence, la hausse de la puissance psychotrope de la résine soutenue par une augmentation de son prix15.

un marché de la cocaïne en forte progression Le marché de la cocaïne a, quant à lui, significativement évolué entre 2000 et 2010. Il atteint en 2010, selon nos estimations, un chiffre d’affaires de 902 millions d’euro pour 15 tonnes consommées. Si l’on se réfère à une estimation ad hoc [KILMEr et PACuLA, 2009] nous passons de 8,3 tonnes en moyenne en 2005 à 15 en 2010, et de 488 millions d’euro en 2005 à plus de 900 millions d’euro en 2010.

(10) LALAM (N.), WEINBErgEr (D.), La culture du cannabis en France, étude INHES pour la MILDT 2009 (non diffusée).

(11) WEINBErgEr, D, « réseaux criminels et cannabis indoor en Europe : maintenant la France ? », Drogues, enjeux internationaux n°1, OFDT, 6 p. Mai 2011.

(12) Le nombre des détections de plantations s’accroît, et les saisies de plants de cannabis, qui oscillaient entre 50 000 et 60 000 unités par an depuis plusieurs années, ont atteint le chiffre record de 159 000 en 2014 et de 154 000 en 2015. Source : OCrTIS, 2016.

(13) Quatre cycles de production par an peuvent être mis en œuvre par le « cannabiculteur ». On estime qu’un plant de cannabis récolté et séché produit entre 36 g et 48 g de matière sèche consommable par cycle selon la densité des plants au mètre carré. La production au mètre carré est de l’ordre de 576 g.

(14) Le gramme d’herbe était vendu 5,50 € en 2006, 6,50 € en 2007, 7,50 € en 2011 et 8,50 € en 2013. Source : OCrTIS, 2016.

(15) BEN LAKHDAr (C.), WEINBErgEr (D.), 2011, « Du marché du cannabis au marché du THC en France. Implications pour le système d’offre et les politiques de lutte contre les trafics illicites de stupéfiants », Revue française de socio économie, n°7.

Page 7: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

7

Ces estimations suivent en cela l’augmentation des prévalences constatée par les Baromètres santé sur la décennie 2000 qui ont été multipliées par 3. Ici, la loi de la demande apparaît avoir joué à plein puisque le prix de détail de la cocaïne a quasiment été divisé par trois entre 1990 et le milieu des années 2000, passant de 150 euros le gramme à 60 euros, voire moins en fonction de la qualité du produit [LAHAIE, 2012]. L’usage, en conséquence, s’est « démocratisé 16» conduisant le volume de consommateurs a compensé la diminution du prix pour aboutir à un chiffre d’affaires de plus en plus élevé. Cette forte croissance s’opère aussi par l’évolution de l’Offre car les producteurs de cocaïne ciblent principalement le marché européen désormais considéré comme plus rentable que le traditionnel marché nord-américain. L’offre a ainsi suscité en partie la « démocratisation » de la cocaïne en France par une nette augmentation de la disponibilité d’un produit bien moins cher. Cette évolution suggère un bien meilleur logistique d’acheminement en continu de la cocaïne, une drogue exclusivement dans les pays andins, les variations de quantité disponibles étant ajustées par les produits de coupe.

Les estimations de volumes consommés considèrent une pureté de 30 % de la cocaïne, signifiant en ceci que 70% des quantités vendues sont des produits de coupe, adjuvants et adultérants. Et logiquement, l’augmentation de la taille du marché de la cocaïne s’accompagne d’un besoin croissant en produits de coupe. une enquête17 réalisée en 2010 indique que les adultérants les plus fréquemment rencontrés sont le Lévamisole18, la Phénacétine ou encore la Caféine [Lahaie, 2012] : une estimation de l’adjuvant le plus fréquemment rencontré en 2010, le Lévamisole, fait état d’une utilisation de près de 600 kilos19 de cet anesthésiant vétérinaire, uniquement pour le marché français alors que ce produit se révèle dangereux pour la santé20.

Un marché de l’héroïne qui confirme son « retour »Le marché de l’héroïne est estimé entre 204 et 329 millions d’euro en 2010 pour des quantités consommées allant de entre 5,1 et 8,2 tonnes. Si l’on traduit ces quantités consommées en héroïne pure, cela représenterait entre 306 et 493 kilos d’héroïne pure mais sachant que le taux de pureté de l’héroïne vendue en gros (au kilo) était de 10,5 % en 2010 (OCrTIS, 2014), les quantités (que l’on peut supposer importées sur le territoire) sont de l’ordre de 4,8 à 7,85 tonnes pour un chiffre d’affaires de 61 à 99 millions d’euro.

La difficulté d’estimation de ce marché est le fait de l’existence des Médicaments de Substitution aux Opiacés (MSO). Ces derniers concurrencent l’héroïne sur le marché plus large de celui des opiacés. A l’instar de la cocaïne, on peut s’interroger sur les quantités de produits de coupe retrouvées dans l’héroïne en France. Comme Lahaie, Cadet-Taïrou et Jensen (2010) le soulignent, caféine et paracétamole sont retrouvés dans 9 poudres sur 10 analysées par la Police Scientifique ou le dispositif SINTES de l’OFDT21. Ainsi plus de 2 tonnes de paracétamole sont utilisées.

(16) En ce sens que les usages se sont généralisés mais aussi diffusés dans l’ensemble de la population (âge, cps, genre).

(17) Enquête du dispositif SINTES de l’OFDT.(18) Le Lévamisole est l’adultérant le plus fréquemment rencontré puisque présent dans 61 % des saisies de cocaïne

en 2010 en France, l’Institut National de la Police Scientifique estime le poids moyen de ce produit dans chaque échantillon à 9 %.

(19) une partie de ces opérations de coupe s’effectue à l’extérieur de l’hexagone : les saisies opérées en mer, dans les aéroports ont une pureté moyenne de plus de 60 %, la moyenne se situant autour de 70 %. un taux de dosage qui chute en dessous de 30 % lors des ventes au détail. On pourrait donc estimer la quantité de coupe dans l’hexagone entre 50 et 30 % du total consommé sous la dénomination de cocaïne.

(20) Le lévamisole est apprécié par les trafiquants par le fait qu’il propose des similitudes avec la cocaïne. (21) un échantillon moyen se compose ainsi de 41 % de paracétamol et de 20 % de caféine.

Page 8: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

8

une première estimation du marché des drogues de synthèse Sous l’intitulé « drogues de synthèse » sont regroupés de nombreux produits, ou de nombreuses molécules, inscrites sur la liste des stupéfiants22. Cette évolution croissante de l’innovation moléculaire via Internet rend l’analyse du marché des drogues de synthèse particulièrement complexe. Cette difficulté s’accroît d’autant plus que de nouvelles molécules, ou classes de molécules, sont accessibles via Internet et que l’offre est donc mondiale. La première estimation du marché des drogues de synthèse, limité à l’Ecstasy/MDMA23 et aux amphétamines, est ici proposée. Nous nous limiterons à ces produits en matière de drogues de synthèse car, les enquêtes en population générale n’offrent des informations suffisantes, à ce jour, que sur ces deux produits.

Le chiffre d’affaires en 2010 de la vente d’Ecstasy/MDMA serait compris entre 13,2 et 71,6 millions d’euro et entre 3,7 et 42 millions d’euro pour les amphétamines. Les volumes consommés, exprimés en comprimés, seraient compris entre 3,6 et 19 millions pour les premiers et il y aurait eu entre 234 kilos et 1,4 tonnes d’amphétamines consommées. Ces estimations sont inédites : les fourchettes d’estimation sont nécessairement larges et le marché des drogues de synthèse pourrait être estimé entre 7,3 et 41 millions d’euros pour une moyenne retenue de 55,2 millions d’euros.

un marché des drogues estimé à 2,3 milliards d’euros dominé par le cannabis et la cocaïneà lui seul le cannabis générerait la moitié de ce marché (48 %), suivi de près (en chiffre d’affaires) par la cocaïne (38 %) alors que cette dernière a une prévalence bien plus faible en France que celle du cannabis. Ces deux marchés semblent représenter plus de 85 % du marché des drogues.

Le marché des drogues illicites pour l’année 2010 serait de l’ordre de 1,5 à 3,2 milliards d’euro pour une estimation préférentielle de 2,3 milliards d’euro.

Estimation des chiffres d’affaires des drogues en 2010 en France

7

Ces 2,3 milliards d’euro représentent 0,117% du PIB français de 2010 qui s’élevaient à 1998,5 milliards d’euro, ou encore 0,115% du RNB de cette même année (2039,3 milliards d’euro en 2010) selon l’INSEE. Si l’on garde ce dernier indicateur et qu’on le rapporte au RNB par habitants, il revient qu’en 2010 chaque français dépensait 36 euros annuel pour des substances psychoactives illégales. Cette estimation est évidemment à prendre avec précaution étant donné certains biais qui peuvent subsister. Il est d’ailleurs utile de rappeler au lecteur que ce montant ne correspond pas au profit emmagasiné par les trafiquants mais au chiffre d’affaires.

Dans le cas le plus courant, la résine de cannabis est produite dans le Rif (Maroc) par des paysans locaux spécialisés depuis plusieurs générations dans la culture de plants de cannabis et dans leur transformation en résine. Depuis peu coexistent sur ce marché d’un côté la culture artisanale de petits paysans, dont la production ne dépasse pas quelques dizaines de kilos de résine par an, et de l’autre, la production intensive et en grande quantité de résine. Les installations de production intensive de résine seraient actuellement aux mains de la deuxième génération de producteurs de résine. Laquelle est issue de familles traditionnelles du Rif ayant désormais à la fois à leur disposition des liquidités importantes et des réseaux directs avec leurs principaux acheteurs européens. Ainsi, le négoce se fait de moins en moins dans la zone d’échange intermédiaire située dans le Sud de l’Espagne, marché traditionnel entre fournisseurs marocains et acheteurs européens, mais directement du producteur au distributeur. Le produit de ce second mode de production est la principale origine des exportations vers l’Europe et tend à étouffer les petits producteurs, notamment en accaparant l’eau pour les plantations de cannabis. Il en ressort une nette diversification des qualités de résine marocaine sur le marché européen et français.

La résine de cannabis marocaine connaît un long parcours entre sa zone de production au Maroc et sa zone de distribution en Europe, et exige l’implication de nombreux intermédiaires. Plusieurs étapes emergent : la transaction entre le producteur et le trafiquant, le conditionnement de la marchandise, puis la façon dont le trafiquant achemine la résine jusqu’à un port ou un aérodrome marocain, et enfin la manière dont la résine traverse la Méditerranée jusqu’à la péninsule ibérique où elle est distribuée à des grossistes nationaux. La tentative d’évaluation des coûts et des bénéfices de chaque intermédiaire dans le vaste réseau d’importation de résine en Europe doit être vu comme un exercice encore exploratoire et demande d’être systématisé pour acquérir une certaine robustesse.

Selon les modalités retenues entre les deux parties contractantes, le négociant marocain peut prendre en charge la sortie du territoire marocain et parfois même l’importation de la marchandise en Europe. Le prix

Source : INHESJ, 2016.

Ces 2,3 milliards d’euro représentent 0,117 % du PIB français de 2010 qui s’élevaient à 1 998,5 milliards d’euro, ou encore 0,115% du rNB de cette même année (2 039,3 milliards d’euro en 2010) selon l’INSEE. Si l’on garde ce dernier indicateur et qu’on le rapporte au rNB par habitants, il revient qu’en 2010 chaque français dépensait 36 euros annuel pour des substances psychoactives illégales. Cette estimation est évidemment à prendre avec précaution étant donné certains biais qui peuvent subsister. Il est d’ailleurs utile de rappeler au lecteur que ce montant ne correspond pas au profit emmagasiné par les trafiquants mais au chiffre d’affaires.

(22) Kétamine, 2C-B, BZP, Méphédrone, COCA PEP, mCCP, 4-MP, etc. (voir LAHAIE, 2011 pour une revue des drogues de synthèse identifiés en France).

(23) L’Ecstasy et la MDMA sont composées de la même molécule ou classe de molécules faisant techniquement que ces deux substances sont en définitive les mêmes. Aussi, la MDMA est un dérivé amphétaminique, ce qui signifie qu’Ecstasy, MDMA et amphétamines sont des produits communs d’un point de vue toxicologique.

Page 9: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

9

La FiLière de La résine de cannabis

Dans le cas le plus courant, la résine de cannabis est produite dans le rif (Maroc) par des paysans locaux spécialisés depuis plusieurs générations dans la culture de plants de cannabis et dans leur transformation en résine. Depuis peu coexistent sur ce marché d’un côté la culture artisanale de petits paysans, dont la production ne dépasse pas quelques dizaines de kilos de résine par an, et de l’autre, la production intensive et en grande quantité de résine. Les installations de production intensive de résine seraient actuellement aux mains de la deuxième génération de producteurs de résine. Laquelle est issue de familles traditionnelles du rif ayant désormais à la fois à leur disposition des liquidités importantes et des réseaux directs avec leurs principaux acheteurs européens. Ainsi, le négoce se fait de moins en moins dans la zone d’échange intermédiaire située dans le Sud de l’Espagne, marché traditionnel entre fournisseurs marocains et acheteurs européens, mais directement du producteur au distributeur. Le produit de ce second mode de production est la principale origine des exportations vers l’Europe et tend à étouffer les petits producteurs, notamment en accaparant l’eau pour les plantations de cannabis. Il en ressort une nette diversification des qualités de résine marocaine sur le marché européen et français.

La résine de cannabis marocaine connaît un long parcours entre sa zone de production au Maroc et sa zone de distribution en Europe, et exige l’implication de nombreux intermédiaires. Plusieurs étapes emergent : la transaction entre le producteur et le trafiquant, le conditionnement de la marchandise, puis la façon dont le trafiquant achemine la résine jusqu’à un port ou un aérodrome marocain, et enfin la manière dont la résine traverse la Méditerranée jusqu’à la péninsule ibérique où elle est distribuée à des grossistes nationaux. La tentative d’évaluation des coûts et des bénéfices de chaque intermédiaire dans le vaste réseau d’importation de résine en Europe doit être vu comme un exercice encore exploratoire et demande d’être systématisé pour acquérir une certaine robustesse.

Selon les modalités retenues entre les deux parties contractantes, le négociant marocain peut prendre en charge la sortie du territoire marocain et parfois même l’importation de la marchandise en Europe. Le prix de ce dernier service varie selon la distance d’acheminement de la marchandise : si le cannabis est livré sur une plage marocaine, son prix au kg sera moins élevé que s’il l’est sur les côtes sud de l’Espagne. une autre pratique coexiste, celle, pour le producteur, de ne rien percevoir à l’export mais d’être payé une fois la marchandise acheminée en France. une personne peut alors servir de caution auprès du vendeur au Maroc. Le surcoût de ce type de transaction peut atteindre 20 % du prix par rapport au paiement au comptant.

Depuis le tournant 2010, pas moins de quatre qualités de résine sont produites au Maroc24. Selon la qualité de la résine de cannabis, le prix peut varier considérablement. Il se situe dans une moyenne de 230 à 900 euros à la production au Maroc pour une moyenne pondérée retenue autour de 450 euros par les autorités espagnoles25.

(24) La qualité supérieure appelée « radala », « paki », « mexicaine » ou « gardala » est vendue dans le rif entre 1 000 € et 1 300 € le kg, au prix de gros. En France, le même produit se négocie entre 3 000 et 3 500 €. La résine dite de bonne qualité dénommée « top », « frappe » ou « sum » est vendue entre 800 et 1 000 € le kg au Maroc et entre 2 700 et 3 200 € en France, toujours au prix de gros. La résine de qualité intermédiaire aussi connue sous le vocable « semi » est négociée entre 500 et 600 € au Maroc et autour de 1 700 € le kg en France. Cette résine est issue d’une seconde extraction. Enfin, la résine de qualité inférieure, ou « commerciale », est cédée à 300 € environ le kg au Maroc, dans une fourchette comprise entre 100 et 400 €. Ce bas prix s’explique par sa faible concentration en THC. Peu recherchée en France, son marché demeure résiduel.

(25) Source : Ministère de l’Intérieur espagnol, Madrid, 2015.

Page 10: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

10

Après l’achat, le transport du cannabis entre la zone de production (le rif) et le lieu de départ du cannabis vers l’Europe représente un coût minimal en termes de moyens (un véhicule suffit). Cependant, il faut y ajouter la sécurisation du transport, qui prend principalement la forme d’une rémunération d’agents locaux. Selon les services de renseignement policiers espagnols26, il est possible d’estimer ce coût entre 13 et 25 euros par kg de marchandise, auquel s’ajoutent entre 9 et 47 euros de frais au départ pour financer nombre d’intermédiaires (gardiens privés, responsables d’aérodromes, de ports, policiers, gendarmes et douaniers, etc.). Ces frais sont variables selon le type de vecteur de transport utilisé mais surtout selon la taille de l’organisation. Ainsi, une organisation en capacité d’envoyer des flux importants de résine en Espagne de manière régulière engagera des moyens locaux croissants mais réalisera des économies d’échelle dans le domaine du transport.

Synthèse des coûts de transport des importateurs de résine en euros

8

de ce dernier service varie selon la distance d’acheminement de la marchandise : si le cannabis est livré sur une plage marocaine, son prix au kg sera moins élevé que s’il l’est sur les côtes sud de l’Espagne. Une autre pratique coexiste, celle, pour le producteur, de ne rien percevoir à l’export mais d’être payé une fois la marchandise acheminée en France. Une personne peut alors servir de caution auprès du vendeur au Maroc. Le surcoût de ce type de transaction peut atteindre 20% du prix par rapport au paiement au comptant.

Depuis le tournant 2010, pas moins de quatre qualités de résine sont produites au Maroc24. Selon la qualité de la résine de cannabis, le prix peut varier considérablement. Il se situe dans une moyenne de 230 à 900 euros à la production au Maroc pour une moyenne pondérée retenue autour de 450 euros par les autorités espagnoles25.

Après l’achat, le transport du cannabis entre la zone de production (le Rif) et le lieu de départ du cannabis vers l’Europe représente un coût minimal en termes de moyens (un véhicule suffit). Cependant, il faut y ajouter la sécurisation du transport, qui prend principalement la forme d’une rémunération d’agents locaux. Selon les services de renseignement policiers espagnols26, il est possible d’estimer ce coût entre 13 et 25 euros par kg de marchandise, auquel s’ajoutent entre 9 et 47 euros de frais au départ pour financer nombre d’intermédiaires (gardiens privés, responsables d’aérodromes, de ports, policiers, gendarmes et douaniers, etc.). Ces frais sont variables selon le type de vecteur de transport utilisé mais surtout selon la taille de l’organisation. Ainsi, une organisation en capacité d’envoyer des flux importants de résine en Espagne de manière régulière engagera des moyens locaux croissants mais réalisera des économies d’échelle dans le domaine du transport.

Synthèse des coûts de transport des importateurs de résine en euros

24 La qualité supérieure appelée « radala », « paki », « mexicaine » ou « gardala » est vendue dans le Rif entre 1 000 € et 1 300 € le kg, au prix de gros. En France, le même produit se négocie entre 3 000 et 3 500 €. La résine dite de bonne qualité dénommée « top », « frappe » ou « sum » est vendue entre 800 et 1 000 € le kg au Maroc et entre 2 700 et 3 200 € en France, toujours au prix de gros. La résine de qualité intermédiaire aussi connue sous le vocable « semi » est négociée entre 500 et 600 € au Maroc et autour de 1 700 € le kg en France. Cette résine est issue d’une seconde extraction. Enfin, la résine de qualité inférieure, ou « commerciale », est cédée à 300 € environ le kg au Maroc, dans une fourchette comprise entre 100 et 400 €. Ce bas prix s’explique par sa faible concentration en THC. Peu recherchée en France, son marché demeure résiduel. 25 Source : Ministère de l’intérieur espagnol, Madrid, 2015. 26 Entretien, juillet 2014, Madrid, Centro de Inteligencia contra el terrorismo y el crimen organizado (CITCO).

Source : traitement INHESJ, d’après données ministères de l’Intérieur français et espagnol, 2014 - 2015.

Ces dernières années, les organisations importatrices de résine de cannabis en Europe semblent fonctionner selon un modèle à flux tendus. Afin de réduire les risques de saisies ou de vols et les coûts de stockage, les organisations qui transportent la drogue du Maroc vers l’Espagne limitent en effet au maximum leurs stocks de résine de cannabis. Elles répondent donc à la demande à flux tendus, en se fournissant auprès des trafiquants uniquement lorsqu’une demande de client leur est adressée. Les importateurs espagnols achètent la résine de cannabis en grande quantité aux trafiquants. Mais l’importation à flux tendus de telles quantités nécessite de bénéficier d’une logistique très importante qui limite le nombre d’importateurs sur le marché de la résine en Europe.

Ainsi peut-on estimer en moyenne les coûts afférents (coût de transport + coût de sortie + taux de change) à l’acheminement de la résine de cannabis en Europe à 11,7 % de sa valeur initiale d’achat. Si l’on se réfère aux estimations marocaines de la production de résine dans leur pays27, soit un peu plus de 1 000 tonnes de résine de cannabis, cela pourrait correspondre à la valeur de 497 millions d’euros générés annuellement par cette activité : 450 millions d’euros pour les producteurs et 37 millions d’euros pour les divers opérateurs locaux. Or, cette évaluation serait nettement inférieure (de moitié moins) si l’on se réfère aux estimations de la prévalence européenne28 à laquelle il faudrait ajouter les exportations vers les autres pays du Maghreb. En résumé, l’on peut retenir que le prix moyen du kg de résine se négocie à 450 euros au Maroc, auquel il faut ajouter 450 euros de frais de transport, corruption, stockage pour déterminer le coût

(26) Entretien, juillet 2014, Madrid, Centro de Inteligencia contra el terrorismo y el crimen organizado (CITCO). (27) Les données de production de résine de cannabis marocaine ne pas très disponibles, le dernier rapport faisant

état de statistiques est l’œuvre de l’ONuDC : enquête sur le cannabis au Maroc 2005, qui rapporte une production annuelle de résine de l’ordre 1 066 tonnes.

(28) Depuis quelques années la prévalence européennes concernant la résine de cannabis rapportée par l’EMCDDA et donc les quantités consommées sont nettement supérieures aux estimations officielles marocaines de la production de résine.

Page 11: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

11

réel de l’acheminement du cannabis en Europe29. Ainsi, en sommant le prix d’achat et les frais divers liés au transport, l’importation d’un kg de résine en Espagne coûterait 900 euros. Le prix de gros du kg de résine double donc entre le Maroc et l’Espagne.

Ces organisations importatrices vendent en moyenne le kg de résine autour de 1 555 euros (prix 2014)30 aux grossistes nationaux. un grossiste français ira par exemple acheter en Espagne des quantités de cannabis oscillant entre quelques centaines de kg et plusieurs tonnes.

Répartition des coûts d’importation pour un kilo de résine de cannabis

10

Source : Traitement INHESJ 2016 à partir de données du Ministère de l’Intérieur espagnol et de l’OCRTIS

L’effet discount semble persister mais pourrait être limité au regard de la contraction du marché et de la qualité du produit. Une tonne de résine en provenance du Maroc et transitant par l’Espagne générerait plus d’un demi-million d’euros de bénéfice. Cependant, l’importation en flux tendus de telles quantités nécessite de bénéficier d’une logistique très importante.

Le transport peut se réaliser selon plusieurs options dans la vente en gros et a une influence directe sur le prix. Ainsi, plus le cannabis est vendu au nord de l’Espagne, plus il est cher. Cette livraison au nord de l’Espagne est aujourd’hui de plus en plus fréquente et être volontaire de la part des grossistes espagnols, puisqu’elle constitue pour eux l’occasion d’améliorer leurs marges. Dès lors, l’on peut émettre l’hypothèse selon laquelle certaines organisations de grossistes souhaitent maitriser les segments les plus rémunérateurs de la filière et dès lors limiter l’externalisation.

Des équipes sont spécialisées dans le passage de la frontière espagnole, elles sont soit intégrées aux organisations de distribution, d’importation, soit elles travaillent de manière autonome à la demande et peuvent livrer plusieurs clients simultanément. Les trafiquants français achètent le cannabis en Espagne pour des quantités allant de 300 kg à 1 500 kg par voyage. Une mise minimale est nécessaire pour l’acheteur, car s’il a la confiance de son fournisseur, il bénéficiera d’un crédit à hauteur de 50%. Si les trafiquants qui dirigent les principaux lieux de distribution régionale en France de la résine marocaine ne disposent pas immédiatement de grosses sommes en liquide, ils peuvent aussi mutualiser les risques et les coûts en regroupant des importations de résine depuis l’Espagne. Les trafiquants peuvent enfin faire appel à des intermédiaires (des sortes de broker) pour acheter de la résine en grande quantité.

Si les voies d’acheminement entre l’Espagne et la France sont nombreuses, le vecteur terrestre reste le plus utilisé étant donné son faible coût. Les véhicules de particuliers sont généralement utilisés, go slow et

Source : Traitement INHESJ 2016 à partir de données du ministère de l’Intérieur espagnol et de l’OCRTIS

L’effet discount semble persister mais pourrait être limité au regard de la contraction du marché et de la qualité du produit. une tonne de résine en provenance du Maroc et transitant par l’Espagne générerait plus d’un demi-million d’euros de bénéfice. Cependant, l’importation en flux tendus de telles quantités nécessite de bénéficier d’une logistique très importante.

Le transport de cannabisLe transport peut se réaliser selon plusieurs options dans la vente en gros et a une influence directe sur le prix. Ainsi, plus le cannabis est vendu au nord de l’Espagne, plus il est cher. Cette livraison au nord de l’Espagne est aujourd’hui de plus en plus fréquente et être volontaire de la part des grossistes espagnols, puisqu’elle constitue pour eux l’occasion d’améliorer leurs marges. Dès lors, l’on peut émettre l’hypothèse selon laquelle certaines organisations de grossistes souhaitent maîtriser les segments les plus rémunérateurs de la filière et dès lors limiter l’externalisation.

Des équipes sont spécialisées dans le passage de la frontière espagnole, elles sont soit intégrées aux organisations de distribution, d’importation, soit elles travaillent de manière autonome à la demande et peuvent livrer plusieurs clients simultanément. Les trafiquants français achètent le cannabis en Espagne pour des quantités allant de 300 kg à 1 500 kg par voyage. une mise minimale est nécessaire pour l’acheteur, car s’il a la confiance de son fournisseur, il bénéficiera d’un crédit à hauteur de 50 %. Si les trafiquants qui dirigent les principaux lieux de distribution

(29) Selon les sources espagnoles basées sur des comptabilités d’importateurs.(30) Source, services de police judiciaire espagnole, 2014.

Page 12: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

12

régionale en France de la résine marocaine ne disposent pas immédiatement de grosses sommes en liquide, ils peuvent aussi mutualiser les risques et les coûts en regroupant des importations de résine depuis l’Espagne. Les trafiquants peuvent enfin faire appel à des intermédiaires (des sortes de broker) pour acheter de la résine en grande quantité.

Si les voies d’acheminement entre l’Espagne et la France sont nombreuses, le vecteur terrestre reste le plus utilisé étant donné son faible coût. Les véhicules de particuliers sont généralement utilisés, go slow et go fast31 se côtoient, notamment en France où les équipes sont devenues expertes en de tels transports. Dans le cas d’une sous-traitance du transport, la rémunération totale d’une opération oscille entre 7 500 euros et 20 000 euros. La quantité échangée détermine le type de véhicule, car seuls de puissants véhicules dotés d’un habitacle volumineux peuvent transporter de grandes quantités de drogue. Dans ce cas, le choix est fait de ne pas camoufler la drogue, les trafiquants optent pour une conduite rapide, empruntant généralement les principaux axes autoroutiers. Examinons l’un après l’autre les coûts et bénéfices liés aux méthodes de go fast et de go slow. En pratique, une telle opération de go fast se déroule en plusieurs étapes. L’équipe dérobe d’abord un véhicule puis le maquille en « doublette », c’est-à-dire que le véhicule est équipé de fausses plaques minéralogiques falsifiées mais correspondant à un véhicule en tous points similaire (marque, modèle, année, couleur), non déclaré volé. Le trafiquant recrute ensuite entre une et trois personnes et finance la location d’une « voiture ouvreuse », le logement et le transport, les téléphones mobiles à usage unique, du petit bricolage, l’essence et parfois du matériel d’écoute (CB) ou de brouillage.

Au regard de la quantité significative transportée par ce type de véhicule, les coûts associés au transport sont marginaux : le coût du transport ne dépasse pas 3 % pour un achat de 750 000 euros, soit 500 kg achetés à 1 500 euros le kg.

Le transport de la résine par véhicule : quelques éléments de coût

Poste de dépense minimum maximum moyenne

Achat d’un véhicule ordinaire 3 000 15 000 9 000

Transformation du véhicule 10 000 20 000 15 000

Salaire (2 personnes) 3 000 5 000 4 000

Hébergement 400 400 400

Téléphonie 100 150 125

Divers 100 200 150

Total 16 600 40 750 28 675

Total hors Investissement initial (véhicule+ transformation) 3 600 5 750 4 675

Coût d’achat de la résine en Espagne (30-80 kilos) 45 000 120 000 82 500

% hors Investissement initial 8,00% 4,79% 5,67%

Source : d’après consultation de procédures closes, JIRS Marseille, Lyon, 2015.

(31) Le go fast fait référence à un ou des véhicules, cylindrées puissantes, susceptibles de rallier deux points en un temps limité et de transporter des quantités non négligeables (non nécessairement dissimulés), quant au go slow, c’est un véhicule ordinaire se mouvant en respectant les limitations de vitesse, l’idée étant de ne pas attirer l’attention et de se fondre dans la masse du parc automobile.

Page 13: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

13

Dans le cas du go slow, les contrebandiers du cannabis utilisent un véhicule de petite cylindrée et empruntent les réseaux routiers secondaires. La pratique consiste à modifier un véhicule dans lequel sont aménagées des caches plus ou moins sophistiquées32. Ces véhicules peuvent transporter entre 30 et 80 kg de marchandise. L’idée est ici de se fondre dans le flux des autres véhicules dans le respect des limitations de vitesse. Cette stratégie peut inciter le trafiquant à choisir un conducteur et un passager qui n’éveillent pas les soupçons comme un couple ou/et des personnes âgées. L’achat du véhicule et sa modification pourraient être amortis en trois voyages. une fois l’investissement amorti, le prix du transport par go slow coûterait moins de 6 % de la valeur totale de l’achat de la résine. L’option du go slow semble de plus en plus prisée car la tendance est à la fragmentation des livraisons en plus petites quantités par rapport à la pratique antérieure. Au regard du faible coût du transport, les grossistes de cannabis préfèrent limiter les pertes en cas de saisie.

Enfin, notons qu’une troisième option est possible dans le transport de résine vers le territoire français : l’acheminement par camion. Cette méthode reste un moyen très utilisé pour transporter la résine marocaine en France car elle permet d’importer jusqu’à plusieurs tonnes de résine en un seul voyage, même si en pratique les quantités moyennes acheminées atteignent entre une et deux tonnes. D’ailleurs, les trafiquants ne prennent pas la peine de transformer le camion mais se limitent à la seule rémunération du chauffeur, simple salarié d’une entreprise de transport routier. Son salaire se situerait entre 3 500 et 5 000 euros. Parfois, des organisations trafiquantes dirigent même de véritables sociétés de transport détournées de leur activité première.

La distribution de la résine de cannabis

Le modèle du supermarché du cannabis : éléments d’organisation Ce modèle que l’on nomme supermarché est un système de distribution de cannabis en flux continu dans une grande agglomération française (2012-2014). L’analyse des carnets de comptabilité établis sur 80 jours (Source : INHESJ) et à partir de dossier de police33 a permis de démontrer que ce supermarché générait en moyenne 50 000 euros par jour de chiffre d’affaires34, correspondant à la vente de 10 kg de cannabis par jour, et près de 3,5 tonnes par an35.

Estimation des coûts internes à l’organisation trafiquante

12

coûterait moins de 6% de la valeur totale de l’achat de la résine. L’option du go slow semble de plus en plus prisée car la tendance est à la fragmentation des livraisons en plus petites quantités par rapport à la pratique antérieure. Au regard du faible coût du transport, les grossistes de cannabis préfèrent limiter les pertes en cas de saisie.

Enfin, notons qu’une troisième option est possible dans le transport de résine vers le territoire français : l’acheminement par camion. Cette méthode reste un moyen très utilisé pour transporter la résine marocaine en France car elle permet d’importer jusqu’à plusieurs tonnes de résine en un seul voyage, même si en pratique les quantités moyennes acheminées atteignent entre une et deux tonnes. D’ailleurs, les trafiquants ne prennent pas la peine de transformer le camion mais se limitent à la seule rémunération du chauffeur, simple salarié d’une entreprise de transport routier. Son salaire se situerait entre 3 500 et 5 000 euros. Parfois, des organisations trafiquantes dirigent même de véritables sociétés de transport détournées de leur activité première.

Ce modèle que l’on nomme supermarché est un système de distribution de cannabis en flux continu dans une grande agglomération française (2012-2014). L’analyse des carnets de comptabilité établis sur 80 jours (Source : INHESJ) et à partir de dossier de police33 a permis de démontrer que ce supermarché générait en moyenne 50 000 euros par jour de chiffre d’affaires34, correspondant à la vente de 10 kg de cannabis par jour, et près de 3,5 tonnes par an35.

Source :INHESJ d’après analyse des carnets de comptes saisis des trafiquants, 2016.

Trois lieux de vente ont été mis en place par des équipes de vendeurs distinctes mais gérées par le même groupe de personnes en amont. Ce groupe alimentait les vendeurs en cannabis et s’occupait de la sécurité des lieux. Dix personnes étaient au minimum nécessaires pour ouvrir les lieux de vente : trois vendeurs, six guetteurs et une personne pour le réassort du cannabis.

33 OCRTIS 34 L’offre se répartit en trois produits du cannabis : deux qualités de résine vendues à 4 et 8 euros le gramme ainsi qu’une qualité d’herbe négociée à 10 euros le gramme. 35 Selon un carnet de compte saisi par les forces de sécurité intérieures en 2012 en France.

,Source : INHESJ d’après analyse des carnets de comptes saisis des trafiquants, 2016.

(32) La transformation d’un véhicule se négocierait entre 10 000 et 20 000 euros en France. Il faut ensuite ajouter à ce prix le coût d’achat du véhicule. Ces caches sont réalisées par des « garagistes » spécialisés.

(33) OCrTIS(34) L’offre se répartit en trois produits du cannabis : deux qualités de résine vendues à 4 et 8 euros le gramme ainsi

qu’une qualité d’herbe négociée à 10 euros le gramme.(35) Selon un carnet de compte saisi par les forces de sécurité intérieures en 2012 en France.

Page 14: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

14

Trois lieux de vente ont été mis en place par des équipes de vendeurs distinctes mais gérées par le même groupe de personnes en amont. Ce groupe alimentait les vendeurs en cannabis et s’occupait de la sécurité des lieux. Dix personnes étaient au minimum nécessaires pour ouvrir les lieux de vente : trois vendeurs, six guetteurs et une personne pour le réassort du cannabis.

Organigramme de l’organisation trafiquante

13

Source :INHESJ d’après analyse des carnets de comptes saisis des trafiquants, 2016.

A la tête de l’organisation se trouve un dirigeant issu du milieu du banditisme dit traditionnel. Adoubé par les ‘anciens’, il bénéficie généralement de l’appui d’une famille déjà en place. Il détient ainsi une autorité imposée par son appartenance à ces familles, mais surtout les contacts avec le grand banditisme marseillais et avec les importateurs de résine implantés en Espagne.

Sur le plan patrimonial, les services répressifs identifient une tête de réseau dont les avoirs sont supérieurs à 10 000 euros. L’ensemble de ses ressources ont permis au gérant de s’enrichir rapidement et de sécuriser son patrimoine36. Il a su faire montre d’une véritable intelligence entrepreneuriale comme celle de suivre les variations du marché en diversifiant ses gammes et ses produits. Ainsi, tout en offrant différentes qualités de résine et d’herbe37. Cet entrepreneur va aussi tenter de maximiser ses marges en réduisant le nombre d’intermédiaires entre les producteurs et lui. Enfin, il va même jusqu’à anticiper son incarcération dans son calcul coût-bénéfice.

Pour atteindre ses objectifs, le dirigeant doit tisser des liens-ressources avec des « experts » qui seront rémunérés à l’acte, comme un avocat, un banquier et un loueur de véhicule peu regardants. Il sait aussi s’appuyer sur des individus détenteurs d’informations sensibles, des trafiquants d’armes, etc. Le rôle de ces cadres n’est pas seulement matériel : ils ont aussi pour mission de contrôler les équipes commerciales, d’assurer la sécurité face aux concurrents et le stockage des marchandises et de contrer les forces de sécurité intérieure. Les cadres de l’organisation ne sont pas choisis au hasard. Détenant une part importante des informations dans l’entreprise, ils doivent nécessairement avoir la confiance du dirigeant et

36 L’arrestation du gérant, en avril 2013, donne une idée de ses actifs puisque sont saisis 40 000 euros sur des comptes bancaires et 20 000 euros en montres et effets de luxe, sans compter un train de vie fait de dépenses somptuaires. 37 d’autre produits apparaissent comme la wax, ou même d’autres drogues (cocaïne, MDMA, etc.) même si cela reste encore marginal).

Source : INHESJ d’après analyse des carnets de comptes saisis des trafiquants, 2016.

Le dirigeantà la tête de l’organisation se trouve un dirigeant issu du milieu du banditisme dit traditionnel. Adoubé par les « anciens », il bénéficie généralement de l’appui d’une famille déjà en place. Il détient ainsi une autorité imposée par son appartenance à ces familles, mais surtout les contacts avec le grand banditisme marseillais et avec les importateurs de résine implantés en Espagne.

Sur le plan patrimonial, les services répressifs identifient une tête de réseau dont les avoirs sont supérieurs à 10 000 euros. L’ensemble de ses ressources ont permis au gérant de s’enrichir rapidement et de sécuriser son patrimoine36. Il a su faire montre d’une véritable intelligence entrepreneuriale comme celle de suivre les variations du marché en diversifiant ses gammes et ses produits. Ainsi, tout en offrant différentes qualités de résine et d’herbe37. Cet entrepreneur va aussi tenter de maximiser ses marges en réduisant le nombre d’intermédiaires entre les producteurs et lui. Enfin, il va même jusqu’à anticiper son incarcération dans son calcul coût-bénéfice.

Les cadres de l’organisation Pour atteindre ses objectifs, le dirigeant doit tisser des liens-ressources avec des « experts » qui seront rémunérés à l’acte, comme un avocat, un banquier et un loueur de véhicule peu regardants. Il sait aussi s’appuyer sur des individus détenteurs d’informations sensibles, des trafiquants d’armes, etc. Le rôle de ces cadres n’est pas seulement matériel : ils ont aussi pour mission de contrôler les équipes commerciales, d’assurer la sécurité face aux concurrents et le stockage des marchandises et de contrer les forces de sécurité intérieure. Les cadres de l’organisation ne sont pas choisis au

(36) L’arrestation du gérant, en avril 2013, donne une idée de ses actifs puisque sont saisis 40 000 euros sur des comptes bancaires et 20 000 euros en montres et effets de luxe, sans compter un train de vie fait de dépenses somptuaires.

(37) d’autre produits apparaissent comme la wax, ou même d’autres drogues (cocaïne, MDMA, etc.) même si cela reste encore marginal).

Page 15: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

15

hasard. Détenant une part importante des informations dans l’entreprise, ils doivent nécessairement avoir la confiance du dirigeant et traiter eux-mêmes avec une garde rapprochée de confiance qui assure pour eux l’approvisionnement en flux continus. Ces cadres tiennent aussi lieu de fusibles dans l’organisation en cas de poursuites judiciaires.

L’analyse de cette organisation suggère une division du travail assez poreuse. Au niveau des chefs de ventes et des hommes de confiance, les fonctions se confondent. Si l’un d’entre eux semble spécialisé dans la fourniture d’armes et de renseignements, chacun peut être amené à effectuer des tâches très différentes les unes des autres. En ce sens, le groupe de confiance du chef de réseau fonctionne de manière artisanale et familiale : le lien de confiance prime sur la spécialisation. Malgré le caractère polyvalent des cadres, quelques fonctions commerciales clefs sont identifiables au niveau de la distribution. La fonction de « gestion des ressources humaines » consiste au recrutement, à l’organisation des tours de vente, à la vérification de la présence du personnel, à la rémunération ou encore à la gestion des conflits internes. De plus, il s’occupe du ‘contrôle le processus commercial’ en vérifiant que le réassort est assuré, que le produit est bien coupé et que l’argent est bien collecté.

Les équipes de venteChacun des trois lieux de vente est dirigé par un chef des ventes qui travaille de 11h à 2h du matin et dirigera une équipe du matin (11h-19h) et du soir (19h-2h). Il est en charge de vérifier la présence des vendeurs, d’assurer le réassort de cannabis et de vérifier qu’il n’y ait pas de vol dans l’équipe commerciale. Le chef de vente est accompagné d’un adjoint spécifique pour chaque lieu de vente. Le chef de vente recrute aussi des vendeurs intérimaires pour répondre aux absences fréquentes des vendeurs permanents. Fréquemment appelés « charbonneurs » en raison de la difficulté du travail, Selon la qualité des liens qu’ils peuvent avoir tissés avec l’organisation, les vendeurs peuvent gravir les échelons de l’organisation distributrice, notamment après l’arrestation d’un membre qui doit être remplacé. Le vendeur reçoit le cannabis à chaque début de vacation avec la possibilité de demander un réassort dès qu’il a vendu la quantité initiale fournie. Il est responsable financièrement de la marchandise confiée et est payé à la journée. Parfois, les vendeurs sont recrutés parmi une population étudiante ou employée susceptible de travailler sur les créneaux horaires du soir, compatibles avec une vie salariée. un contrôle interne très strict est dévolu au chef des ventes qui doit remplir la comptabilité sous forme de feuilles de papier volantes et la restituer au bras droit. Cette comptabilité primaire permet de vérifier les écarts de caisse entre la marchandise vendue et le chiffre d’affaires quotidien. On observe en outre un fort cloisonnement entre les personnes en charge du stockage et du conditionnement d’un côté et l’équipe de vente de l’autre.

Les services supportsLes vendeurs sont soutenus par des services supports que sont le réassort, la sécurité, le stockage de produits et de numéraires et le coupage de la résine. En cas de besoin de réassort d’abord, le vendeur fait appel à des coursiers Cette fonction est occupée par des personnes très jeunes (à partir de 9 ou 10 ans).

Le réassort de cannabis est alors opéré par l’adjoint du chef de vente car il est pour cela nécessaire de connaitre le lieu de stockage intermédiaire. Ce lieu de stockage de quantités limitées de cannabis est à l’intérieur de la cité, dans un lieu accessible comme une cave ou un véhicule dédié. Il est lui-même alimenté par d’autres lieux de stockage plus importants, comme des appartements dans la cité pour les besoins quotidiens puis des pavillons à l’extérieur de la zone commerciale

Page 16: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

16

pour un stockage plus important. C’est dans ce type d’appartement que s’opère le conditionnement en morceaux de résine (ou pochons pour l’herbe) de 10, 20, 50 euros. Concernant la résine, un coupeur est recruté. La qualité de la découpe est un critère d’amélioration de la rentabilité. Cette fonction peut se cumuler à celle de nourrice38, nom appelé par le locateur de l’appartement utilisé pour le stockage. La nourrice est souvent choisi pour sa fragilité (une personne seule, une femme au foyer, une personne handicapée par exemple. Le débitage du produit est un élément de productivité car plus il est précis et régulier, plus l’offre de cannabis est contrôlée en termes de quantités vendues. « Il faut avoir de bons coupeurs », soulignait ainsi un officier de police. En effet, l’optimisation de la coupe39 de résine permet d’améliorer les bénéfices de manière substantielle car elle réduit les résidus non vendus et permet d’obtenir des morceaux de résine de quantité homogène.. Chaque jour, des lieux de stockage du numéraire sont utilisés pour éviter de détenir sur soi du liquide susceptible d’attirer la convoitise de tiers ou d’être saisis par les forces de l’ordre. Ce stockage est distinct ou non du stockage de la drogue.

La sécurité est coordonnée par des bras droits qui peuvent gérer le recrutement des guetteurs et l’achat d’armes et de renseignements. Ces bras droits sont en outre en première ligne en cas de conflit commercial avec des rivaux. Les guetteurs ou chouffeurs (de l’arabe chouff, regarder) sont les petites mains du chef de la sécurité. Entre dix et vingt personnes vont contrôler les accès de la cité et avertir les vendeurs de l’arrivée éventuelle des forces de l’ordre. généralement, les horaires des guetteurs sont calqués sur ceux des vendeurs, mais il existe des cités ou la surveillance est continue.

rémunérations de l’organisation en supermarché La différence de rémunération est très importante entre un dirigeant pouvant gagner 20 000 euros par jour de bénéfices (dont certains coûts nous échappent) et un coupeur rémunéré 600 euros par mois. Ainsi, les coupeurs, nourrices, guetteurs et petits vendeurs ont des rémunérations plutôt faibles alors que les chefs de vente, lieutenant et dirigeants bénéficient de revenus très conséquents.

Rémunérations d’une organisation distributrice de cannabis

15

besoins quotidiens puis des pavillons à l’extérieur de la zone commerciale pour un stockage plus important. C’est dans ce type d’appartement que s’opère le conditionnement en morceaux de résine (ou pochons pour l’herbe) de 10, 20, 50 euros. Concernant la résine, un coupeur est recruté. La qualité de la découpe est un critère d’amélioration de la rentabilité. Cette fonction peut se cumuler à celle de nourrice38, nom appelé par le locateur de l’appartement utilisé pour le stockage. La nourrice est souvent choisi pour sa fragilité (une personne seule, une femme au foyer, une personne handicapée par exemple. Le débitage du produit est un élément de productivité car plus il est précis et régulier, plus l’offre de cannabis est contrôlée en termes de quantités vendues. « Il faut avoir de bons coupeurs », soulignait ainsi un officier de police. En effet, l’optimisation de la coupe39 de résine permet d’améliorer les bénéfices de manière substantielle car elle réduit les résidus non vendus et permet d’obtenir des morceaux de résine de quantité homogène.. Chaque jour, des lieux de stockage du numéraire sont utilisés pour éviter de détenir sur soi du liquide susceptible d’attirer la convoitise de tiers ou d’être saisis par les forces de l’ordre. Ce stockage est distinct ou non du stockage de la drogue.

La sécurité est coordonnée par des bras droits qui peuvent gérer le recrutement des guetteurs et l’achat d’armes et de renseignements. Ces bras droits sont en outre en première ligne en cas de conflit commercial avec des rivaux. Les guetteurs ou chouffeurs (de l’arabe chouff, regarder) sont les petites mains du chef de la sécurité. Entre dix et vingt personnes vont contrôler les accès de la cité et avertir les vendeurs de l’arrivée éventuelle des forces de l’ordre. Généralement, les horaires des guetteurs sont calqués sur ceux des vendeurs, mais il existe des cités ou la surveillance est continue.

La différence de rémunération est très importante entre un dirigeant pouvant gagner 20 000 euros par jour de bénéfices (dont certains couts nous échappent) et un coupeur rémunéré 600 euros par mois. Ainsi, les coupeurs, nourrices, guetteurs et petits vendeurs ont des rémunérations plutôt faibles alors que les chefs de vente, lieutenant et dirigeants bénéficient de revenus très conséquents.

Rémunérations d’une organisation distributrice de cannabis

38 ). Dans la citée dont nous citons ici l’exemple, la police a par exemple découvert l’appartement d’une nourrice –coupeuse rémunérée 2 000 euros par mois et en possession de 47 kgs de résine de cannabis. 39 Il faut comprendre, ici, la coupe comme le débitage et le conditionnement et non comme l’adjonction de produit(s) intermédiaire(s) destiné à accroitre les quantités et à amoindrir la qualité.

Source : INHESJ d’après analyse des carnets de comptes saisis des trafiquants, 2016.

un fort turn-over contraint les chefs de vente à disposer d’une force de travail intérimaire provenant de toute part de la ville et venant de proposer spontanément leur candidature dans les lieux de vente de cannabis. Ces intérimaires sont moins bien rémunérés que les permanents. Ce turn-over

(38) Dans la citée dont nous citons ici l’exemple, la police a par exemple découvert l’appartement d’une nourrice –coupeuse rémunérée 2 000 euros par mois et en possession de 47 kg de résine de cannabis.

(39) Il faut comprendre, ici, la coupe comme le débitage et le conditionnement et non comme l’adjonction de produit(s) intermédiaire(s) destiné à accroître les quantités et à amoindrir la qualité.

Page 17: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

17

est exclusivement observable chez les vendeurs, les surveillants et autres fonctions subalternes. Ainsi les vendeurs travaillent en moyenne de 8 à 10 jours pour une rémunération réelle beaucoup plus faible alors que les cadres sont présents au quotidien, ou presque.

une concurrence croissante s’observe au niveau de la distribution, car il semble que l’augmentation des prix du cannabis bénéficie en premier lieu à la distribution. Ainsi le contrôle des lieux de vente s’effectue en amont avec le soutien d’une famille influente et doit résister aux ambitions de la concurrence et parfois même de membres de son organisation. En l’absence de cadre juridique formel, les conflits se règlent en interne et parfois par la violence.

Postes de dépense de l’organisation en supermarché à partir des coûts identifiés dans la comptabilité ou dans la procédure judiciaire, il est possible de reconstituer les coûts intérieurs et les ajouter aux dépenses en provenance de la main-d’œuvre, comme la location de véhicule via des intermédiaires et/ou des loueurs véreux, la transformation du véhicule, l’essence pour les guetteurs et les vendeurs (5 € par personne) ou encore le blanchiment de l’argent (10 000 euros par mois investis dans la réhabilitation d’un bar local par exemple). Les bénéfices se répartissent comme suit :

Répartition annuelle estimée des postes de dépenses et du profit

16

Source :INHESJ d’après analyse des carnets de comptes saisis des trafiquants, 2016.

Un fort turn-over contraint les chefs de vente à disposer d’une force de travail intérimaire provenant de toute part de la ville et venant de proposer spontanément leur candidature dans les lieux de vente de cannabis. Ces intérimaires sont moins bien rémunérés que les permanents. Ce turn-over est exclusivement observable chez les vendeurs, les surveillants et autres fonctions subalternes. Ainsi les vendeurs travaillent en moyenne de 8 à 10 jours pour une rémunération réelle beaucoup plus faible alors que les cadres sont présents au quotidien, ou presque.

Une concurrence croissante s’observe au niveau de la distribution, car il semble que l’augmentation des prix du cannabis bénéficie en premier lieu à la distribution. Ainsi le contrôle des lieux de vente s’effectue en amont avec le soutien d’une famille influente et doit résister aux ambitions de la concurrence et parfois même de membres de son organisation. En l’absence de cadre juridique formel, les conflits se règlent en interne et parfois par la violence.

A partir des coûts identifiés dans la comptabilité ou dans la procédure judiciaire, il est possible de reconstituer les coûts intérieurs et les ajouter aux dépenses en provenance de la main-d’œuvre, comme la location de véhicule via des intermédiaires et/ou des loueurs véreux, la transformation du véhicule, l’essence pour les guetteurs et les vendeurs (5 € par personne) ou encore le blanchiment de l’argent (10 000 euros par mois investis dans la réhabilitation d’un bar local par exemple). Les bénéfices se répartissent comme suit :

Répartition annuelle estimée des postes de dépenses et du profit

Source :INHESJ d’après analyse des carnets de comptes saisis des trafiquants, 2016.

Le coût d’achat du cannabis correspond au prix de gros moyen du cannabis en Espagne, auquel sont ajoutés les coûts d’importation. L’estimation de la part du profit rapporté au chiffre d’affaires est de 40,91%. Cependant, un certain nombre de dépenses ne sont pas retranscrites dans les carnets mais constituent des coûts fixes qu’il conviendrait d’estimer à l’avenir, à l’instar des frais de sécurité (armes), de la corruption, des frais d’avocat, etc. Cependant, d’autres coûts comme le renseignement, les armes, les avocats ou la corruption ne sont ici pas renseignés. L’éventuelle rémunération de la famille qui protège le

Source :INHESJ d’après analyse des carnets de comptes saisis des trafiquants, 2016.

Le coût d’achat du cannabis correspond au prix de gros moyen du cannabis en Espagne, auquel sont ajoutés les coûts d’importation. L’estimation de la part du profit rapporté au chiffre d’affaires est de 40,91 %. Cependant, un certain nombre de dépenses ne sont pas retranscrites dans les carnets mais constituent des coûts fixes qu’il conviendrait d’estimer à l’avenir, à l’instar des frais de sécurité (armes), de la corruption, des frais d’avocat, etc. Cependant, d’autres coûts comme le renseignement, les armes, les avocats ou la corruption ne sont ici pas renseignés. L’éventuelle rémunération de la famille qui protège le trafiquant ou les aides destinées aux membres incarcérés de l’organisation restent autant de questions en suspens.

à travers cette affaire dite de supermarché de cannabis, l’activité de revente se révèle lucrative même si la répartition des gains montre des inégalités fortes entre individus dans l’organisation. Les gains restent concentrés entre peu de mains. à ce stade, nous proposons une lecture formalisée afin d’apprécier l’économie du cannabis à une échelle macroéconomique.

Page 18: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

18

Approche formalisée du nombre de trafiquants et de la rentabilité du trafic de cannabis La complexité du réseau dépeint dans l’analyse qualitative ne peut malheureusement pas être intégralement prise en compte dans l’analyse quantitative. Les subtilités du mode organisationnel sont ainsi gommées pour laisser place à un schéma théorique plus simple. Nous considérons ainsi que le réseau de distribution moyen observé en France se compose de quatre strates : de la tête de réseau (le chef) au revendeur final. Cette chaîne de distribution se compose de ce fait de deux strates intermédiaires. remarquons que cette structure organisationnelle ne semble pas avoir évolué depuis une vingtaine d’années. Le modèle de Caulkins (1997)40 cherche à déterminer le nombre de clients visé par un dealer à l’optimum économique de son activité. Ce faisant il permet d’en déduire le nombre de trafiquants aux différentes strates de la filière.

Nombre d’individus et rémunération et place dans la chaîne de distribution du cannabis en France en 2010. Cas où l’offre est réalisée par des organisations à 100 %

Source : INHESJ, 2016.

Selon nos estimations, il y aurait un millier d’individus «tête de réseau» de vente de cannabis en France et plus de 130 000 individus vendeurs de rue. 10 000 personnes composeraient le premier échelon du réseau et plus de 90 000 le second échelon. Ainsi, si l’on agrège ces effectifs, il y aurait, d’après le modèle, 236 559 trafiquants de cannabis en France, en 2010. En réalité, la notion de trafiquant est prise dans son acception la plus large. C’est l’ensemble des personnes impliquées dans la revente qui sont pris en compte, à savoir guetteurs, revendeurs, comptables, personnes chargées du contrôle et de la sécurité des transactions, conducteurs de go fast, etc.

Nombre d’individus et rémunération et place dans la chaîne de distribution du cannabis en France en 2010. Cas où l’offre est réalisée par des organisations à 70 % et 30 % en fourmis

Source : INHESJ, 2016.

(40) CAuLKINS (J. P.), 1997, “Modeling the domestic distribution network for illicit drugs”. Management Science, 43(10), 1364-1371.

Page 19: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

19

Par « fourmis », il s’agit de comprendre les individus qui mènent leur activité en indépendant et ne sont pas pris dans une organisation stricte et hiérarchique. C’est le cas de l’individu ayant opté pour l’autoculture de cannabis ou l’usager-revendeur qui s’approvisionne aux Pays-Bas. Dans cette seconde configuration, l’effectif dû à l’organisation concerne 165 591 individus. En d’autres termes, plus c’est organisé, plus il y a besoin de main d’œuvre et en particulier pour écouler la marchandise.

Dans ce modèle, on considère que les coûts d’organisation ne sont que des salaires et le prix d’achat de la matière première. C’est bien sûr un artifice qui ne prend pas en compte la pluralité des coûts (sécurité, stockage, corruption), par conséquent, la rentabilité présentée ci-dessous est vraisemblablement surestimée.

De la rentabilité du trafic de cannabisà partir de la seconde configuration du marché et en tenant compte des salaires versés, le bénéfice net annuel de ces têtes de réseau du cannabis serait égal à 421 millions d’euros. Si nous divisons ces 421 millions par le chiffre d’affaires du secteur, soit 1,1 milliard, nous obtenons un taux de rentabilité de 38 %. Au niveau sectoriel, le taux de rentabilité du trafic de cannabis se situerait entre 30 et 40 % des sommes initialement investies.

19

Source :INHESJ , 2016.

Alors que les bénéfices retirés de la vente de cannabis sont plutôt significatifs, un autre stupéfiant peut se prévaloir d’être encore plus lucratif : la cocaïne. La croissance de ce marché est, en grande partie, due à la hausse de la demande.

La culture de la coca est localisée géographiquement dans trois pays d’Amérique latine, reste complexe dans son processus et nécessite des techniciens spécialisés. La technicité de la production de cocaine implique de multiples intermédiaires et des savoir-faire nombreux, si bien que le coût de production de la cocaïne est élevé, même si, coût s’amenuise en proportion à mesure que l’on vend au détail en France. Un tiers la production de feuilles de coca est consommée légalement sous sa forme traditionnelle ou en infusion. Les deux autre tiers sont vendus afin d’être transformés en coca paste, en cocaïne base ou en chlorhydrate de cocaïne41. Le Levamisole©, un médicament vétérinaire détourné par les narcotrafiquants

41 Il est difficile de retenir un ratio unique de conversion de la coca en cocaïne compte tenu de la difficulté à mesurer l’efficience du ou des laboratoires qui dépend : de la qualité des matières premières et des précurseurs chimiques utilisés, du processus technique, de la taille et de la sophistication des laboratoires, de l’expérience et des compétences des travailleurs et des chimistes locaux. Selon l’UNODC, des 132 300 hectares de coca cultivés en 2014 en Bolivie, en Colombie et au Pérou, il en a résulté 943 tonnes de cocaïne pure d’après les données collectées par l’UNODC, sachant qu’il faut entre 220 et 250 kg de feuilles de coca pour produire un kg de cocaïne pure. Deux

Source : INHESJ, 2016.

Alors que les bénéfices retirés de la vente de cannabis sont plutôt significatifs, un autre stupéfiant peut se prévaloir d’être encore plus lucratif : la cocaïne. La croissance de ce marché est, en grande partie, due à la hausse de la demande.

Page 20: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

20

La FiLière de La cocaïne

La culture de coca et la production de cocaïneLa culture de la coca est localisée géographiquement dans trois pays d’Amérique latine, reste complexe dans son processus et nécessite des techniciens spécialisés. La technicité de la production de cocaïne implique de multiples intermédiaires et des savoir-faire nombreux, si bien que le coût de production de la cocaïne est élevé, même si, coût s’amenuise en proportion à mesure que l’on vend au détail en France. un tiers la production de feuilles de coca est consommée légalement sous sa forme traditionnelle ou en infusion. Les deux autre tiers sont vendus afin d’être transformés en coca paste, en cocaïne base ou en chlorhydrate de cocaïne41. Le Levamisole©, un médicament vétérinaire détourné par les narcotrafiquants pour couper la cocaïne et décupler ses effets dopants, cet adjuvant serait ainsi présent dans la cocaïne dès l’étape de la production et ce depuis 2003. Cette production s’organise en deux étapes que sont la transformation de la coca en coca paste puis en cocaïne base au sein d’un laboratoire primaire, puis la transformation de la cocaïne base en chlorhydrate de cocaïne dans un laboratoire secondaire.

Coûts internes à la production d’1 kilo de chlorhydrate de cocaïne en dollar

20

pour couper la cocaïne et décupler ses effets dopants, cet adjuvant serait ainsi présent dans la cocaïne dès l’étape de la production et ce depuis 2003. Cette production s’organise en deux étapes que sont la transformation de la coca en coca paste puis en cocaïne base au sein d’un laboratoire primaire, puis la transformation de la cocaïne base en chlorhydrate de cocaïne dans un laboratoire secondaire.

Les intrants nécessaires à la production d’1 kilo de chlorhydrate de cocaïne en dollar

Source: Dirección de Antinarcóticos (DIRAN), 2014.

Les laboratoires primaires sont des laboratoires destinés à produire de la coca paste ou de la cocaïne base. Leur capacité de production mensuelle est de l’ordre de 200 kg de cocaïne base. Cette base est ensuite vendue 900 dollars le kg, soit un chiffre d’affaires mensuel de 13 500 US$ en moyenne. Les laboratoires primaires étant assez mal dissimulés sur le territoire, en zone rurale, dans les parcs forestiers, ils sont fréquemment découverts quelques mois seulement après leur ouverture. On estime ainsi que leur durée de vie ne dépasse généralement pas 6 mois.

Les laboratoires secondaires sont des laboratoires, beaucoup plus discrets que les laboratoires primaires, conçus pour ne durer que six mois afin de limiter les pertes en cas de démantèlement. Un laboratoire secondaire de taille moyenne nécessite un investissement initial bien plus important qu’un laboratoire primaire. Ce type de laboratoire emploie en général entre 20 et 30 personnes pour produire jusqu’à 600 kg de chlorhydrate de cocaïne42. Surtout de nationalité colombienne, le chimiste (ou chimico) est responsable de la qualité de la production. C’est lui qui est le dépositaire du savoir-faire du laboratoire et qui permet encore aux colombiens de monopoliser et contrôler la transformation du produit face aux péruviens et aux boliviens. Il est d’ailleurs fréquent de croiser des chimistes colombiens dans des laboratoires de

étapes intermédiaires sont nécessaires aboutissant à produire d’abord de la coca paste puis de la cocaïne base. Ces processus sont relativement bien documentés et sont régulièrement mis à jour par l’office des nations unies en charge des drogues. Cependant, l’économiste Ricardo Garcia Rocha affirme que ces estimations de production sont sous-évaluées : un hectare de coca pourrait en réalité produire 8,5 kg de cocaïne par an, et non 4 kg comme le prétendent les estimations américaines. 42 Les laboratoires secondaires les plus importants peuvent employer jusqu’à 70 personnes et produire 5 tonnes de cocaïne par mois.

Source: Dirección de Antinarcóticos (DIRAN), 2014.

Les laboratoires primaires sont des laboratoires destinés à produire de la coca paste ou de la cocaïne base. Leur capacité de production mensuelle est de l’ordre de 200 kg de cocaïne base. Cette base est ensuite vendue 900 dollars le kg, soit un chiffre d’affaires mensuel de 13 500 uS$ en moyenne. Les laboratoires primaires étant assez mal dissimulés sur le territoire, en zone rurale, dans les parcs forestiers, ils sont fréquemment découverts quelques mois seulement après leur ouverture. On estime ainsi que leur durée de vie ne dépasse généralement pas 6 mois.

(41) Il est difficile de retenir un ratio unique de conversion de la coca en cocaïne compte tenu de la difficulté à mesurer l’efficience du ou des laboratoires qui dépend : de la qualité des matières premières et des précurseurs chimiques utilisés, du processus technique, de la taille et de la sophistication des laboratoires, de l’expérience et des compétences des travailleurs et des chimistes locaux. Selon l’uNODC, des 132 300 hectares de coca cultivés en 2014 en Bolivie, en Colombie et au Pérou, il en a résulté 943 tonnes de cocaïne pure d’après les données collectées par l’uNODC, sachant qu’il faut entre 220 et 250 kg de feuilles de coca pour produire un kg de cocaïne pure. Deux étapes intermédiaires sont nécessaires aboutissant à produire d’abord de la coca paste puis de la cocaïne base. Ces processus sont relativement bien documentés et sont régulièrement mis à jour par l’office des nations unies en charge des drogues. Cependant, l’économiste ricardo garcia rocha affirme que ces estimations de production sont sous-évaluées : un hectare de coca pourrait en réalité produire 8,5 kg de cocaïne par an, et non 4 kg comme le prétendent les estimations américaines.

Page 21: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

21

Les laboratoires secondaires sont des laboratoires, beaucoup plus discrets que les laboratoires primaires, conçus pour ne durer que six mois afin de limiter les pertes en cas de démantèlement. un laboratoire secondaire de taille moyenne nécessite un investissement initial bien plus important qu’un laboratoire primaire. Ce type de laboratoire emploie en général entre 20 et 30 personnes pour produire jusqu’à 600 kg de chlorhydrate de cocaïne42. Surtout de nationalité colombienne, le chimiste (ou chimico) est responsable de la qualité de la production. C’est lui qui est le dépositaire du savoir-faire du laboratoire et qui permet encore aux colombiens de monopoliser et contrôler la transformation du produit face aux péruviens et aux boliviens. Il est d’ailleurs fréquent de croiser des chimistes colombiens dans des laboratoires de production situés hors de Colombie. Le cuisinero s’occupe de produire la cocaïne sous la direction du chimico. En plus du chimico et des cuisineros, sont présents des porteurs et des personnes chargées de la sécurité. La protection de ces laboratoires peut être prise en charge par des groupes appartenant aux FArC, à l’ELN ou aux BACrIM43 selon la situation locale.

Dès la phase de sortie des laboratoires, deux produits se distinguent l’un, produit intermédiaire, la coca base et l’autre le chlorhydrate ou « cristal », produit fini. Leur prix varie du simple au double44.

En parallèle de ces zones de production d’importance, des kitchen labs apparaissent dans les pays andins. Ils consistent en de petits laboratoires de cuisine, situés en milieu urbain, qui transforment la feuille de coca directement en chlorhydrate, sur la base de petites quantités : quelques centaines de grammes, mais d’une grande qualité. Ces infrastructures se répandent notamment grâce à la diffusion des méthodes de production sur Internet.

La particularité géographique de la production de cocaïne impose en conséquence un long trajet entre les zones productrices et l’Europe. De cette particularité en découle une seconde : la qualité de la coca utilisée dans le processus de production ne laisse en rien présager de la qualité de la cocaïne vendue sur le marché noir français, car même si la cocaïne est produite pure en Amérique latine, elle est ensuite coupée au fur et à mesure des étapes de son exportation sur le marché mondial. Il faut enfin noter que la cocaïne de meilleure qualité, appelée « cristal », est réservé pour le marché européen avec une pureté de 92 à 97%45. Pour les autres marchés, la pureté est de 70% environ. Ce choix pourrait indiquer une volonté de submerger le marché européen de cocaïne et pourrait expliquer la forte diminution du prix et l’augmentation de la qualité qui ressort des saisies françaises.

(42) Les laboratoires secondaires les plus importants peuvent employer jusqu’à 70 personnes et produire 5 tonnes de cocaïne par mois.

(43) BACrIM pour bandas criminales emergentes ; terminologie usitée par l’ancien président de Colombie, Alvaro uribe, elle désigne les groupes de narcotrafiquants issus des rangs des forces paramilitaires d’extrême droite après que la loi les ait obligés à déposer les armes, en 2012.

(44) Il existe un produit élémentaire transformé de la coca destiné au marché latino-américain pour satisfaire une demande à des prix abordables, il s’agit de la pasta base ou coca base, mieux connue sous le nom de basuco. Ce produit est vendu entre 400 et 1 000 pesos (moins de 35 centimes d’euros le gramme) dans les rues de Colombie et des autres villes d’Amérique latine. Sur le marché mondial, c’est la cocaïne qui demeure le produit phare issu des feuilles de coca

(45) Source police colombienne avec l’aide de la DCI, 2014.

Page 22: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

22

Prix de la cocaïne sur le marché mondialContrairement à la résine de cannabis, pour laquelle nous avions constaté une corrélation très imparfaite entre qualité et prix, le prix de la cocaïne est un assez bon reflet de sa qualité, c’est-à-dire, dans ce cas-ci, de sa pureté. Toutefois, le transport de cocaïne étant très risqué et les intermédiaires multiples, le prix intègre également l’ensemble des coûts depuis les frais de transport, de dissimulation, de conditionnement, de corruption, etc.

Prix moyen du chlorhydrate de cocaïne au long de la filière d’importation

22

Source :INHESJ , 2016.

Les routes empruntées par les filières cocaïne ont une incidence sur le prix et la pureté. Un kg de cocaïne pure à 95% acheté à 2 500 euros en Colombie sera négocié autour de 3 500 au Surinam ou au Venezuela, avec une pureté de 75% puis ce même kg atteindra 5 000 euros en Guyane française et 8 000 euros dans les îles françaises de l’arc antillais46. Ainsi, plus le marché est éloigné de l’Amérique latine et plus le prix du kg de cocaïne est élevé. En témoigne le tableau suivant, dans lequel on peut constater des prix au kg environ trois fois supérieurs en Asie et en Océanie qu’en Europe.

Prix moyen du kg de cocaïne suivant la zone géographique

Source : Dirección de Antinarcóticos, DIRAN, Colombie, 2014.

46 Gandilhon M, Weinberger D, « Les Antilles françaises et la Guyane : sur les routes du trafic international de cocaïne », Drogues, enjeux internationaux n° 9, OFDT, 8 p. Juillet 2016

Source :INHESJ, 2016.

Les routes empruntées par les filières cocaïne ont une incidence sur le prix et la pureté. un kg de cocaïne pure à 95 % acheté à 2 500 euros en Colombie sera négocié autour de 3 500 au Surinam ou au Venezuela, avec une pureté de 75% puis ce même kg atteindra 5 000 euros en guyane française et 8 000 euros dans les îles françaises de l’arc antillais46. Ainsi, plus le marché est éloigné de l’Amérique latine et plus le prix du kg de cocaïne est élevé. En témoigne le tableau suivant, dans lequel on peut constater des prix au kg environ trois fois supérieurs en Asie et en Océanie qu’en Europe.

Prix moyen du kg de cocaïne suivant la zone géographique

22

Source :INHESJ , 2016.

Les routes empruntées par les filières cocaïne ont une incidence sur le prix et la pureté. Un kg de cocaïne pure à 95% acheté à 2 500 euros en Colombie sera négocié autour de 3 500 au Surinam ou au Venezuela, avec une pureté de 75% puis ce même kg atteindra 5 000 euros en Guyane française et 8 000 euros dans les îles françaises de l’arc antillais46. Ainsi, plus le marché est éloigné de l’Amérique latine et plus le prix du kg de cocaïne est élevé. En témoigne le tableau suivant, dans lequel on peut constater des prix au kg environ trois fois supérieurs en Asie et en Océanie qu’en Europe.

Prix moyen du kg de cocaïne suivant la zone géographique

Source : Dirección de Antinarcóticos, DIRAN, Colombie, 2014.

46 Gandilhon M, Weinberger D, « Les Antilles françaises et la Guyane : sur les routes du trafic international de cocaïne », Drogues, enjeux internationaux n° 9, OFDT, 8 p. Juillet 2016

Source : Dirección de Antinarcóticos, DIRAN, Colombie, 2014.

(46) gANDILHON M, WEINBErgEr D, « Les Antilles françaises et la guyane : sur les routes du trafic international de cocaïne », Drogues, enjeux internationaux n° 9, OFDT, 8 p. Juillet 2016

Page 23: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

23

à titre indicatif, le chiffre d’affaire de la cocaïne en Colombie est estimé entre 7 et 8 milliards de dollars par an par l’économiste colombien Daniel Mejia47, soit 3,8% du PIB. De plus, il estime que 70 % de la production est destiné au trafic international, et que le profit représente au moins 40 % du chiffre d’affaires de la cocaïne. Selon l’économiste D. Mejia48, plus des trois quarts du chlorhydrate de cocaïne sont d’ailleurs exportés à l’extérieur de l’Amérique latine.

L’importation de la cocaïneAu sein de la filière, notons qu’il y une forme de césure entre les organisations productrices et les organisations exportatrices de cocaïne. Les anciens cartels qui maîtrisaient l’intégralité de la filière ont perdu en puissance et vont même jusqu’à quasiment disparaitre à la fin des années 1990. Ils ont fait place à des groupes criminels de plus petite taille ayant vocation à se spécialiser sur un seul segment du trafic : les organisations criminelles qui produisent ne transportent donc plus la drogue et inversement. Notons enfin que les héritiers des grands cartels, souvent éduqués et formés dans les grandes écoles, se spécialisent dans le volet financier avec, d’une part une expertise en matière de blanchiment, et des compétences de gestion de patrimoines, d’autre part. Certains d’entre eux se tiennent à distance des lieux de trafic, ils vont jusqu’à s’installer en Argentine pour ne pas attirer l’attention, toujours selon les interlocuteurs policiers colombiens (DIrAN, 2014).

L’effet dégressivité des prix en fonction de la quantité achetée de la cocaïne joue peu. C’est fréquemment un prix au kg ferme qui est proposé par les trafiquants colombiens, indépendamment de la quantité. à cet égard, comme souligné précédemment, les deux variables influençant le prix de vente de la cocaïne sont son degré de pureté et la distance entre les espaces de consommation et les zones de production

Si, jusqu’en 2010, les organisations criminelles italiennes étaient les principales importatrices de cocaïne colombienne en Europe, aujourd’hui, d’autres groupes provenant de différents pays européens (Espagne, Pays-Bas, France mais aussi de nouveaux trafiquants venant de russie, de Serbie ou d’Israël) achètent directement leur cocaïne en Colombie. L’on assiste donc, depuis moins de dix ans, à une évolution des organisations importatrices de cocaïne en Europe avec un nouveau terrain d’activité pour les organisations criminelles ‘européennes’. La Hollande, l’Espagne et l’Italie restent toutefois les principales portes d’entrée de la cocaïne pour le marché européen. Ce trafic s’effectue majoritairement par conteneur et plus marginalement par la voie aérienne, même si cette dernière est en forte croissance. Les services de police colombiens ont cependant identifié une augmentation du trafic de cocaïne à destination de l’Europe de l’Est.

Concernant les importateurs français, si les trafiquants issus du milieu corso-marseillais sont en contact avec les producteurs et leurs intermédiaires depuis plusieurs décennies, les observateurs soulignent l’arrivée croissante d’acheteurs provenant du nouveau banditisme, dit ‘des cités’. Pour le marché français, les principales voies d’entrée de la cocaïne sont les îles françaises de l’arc antillais, la guyane et la république Dominicaine. une partie significative de ce marché est alimentée par les « hubs » que constituent l’Espagne et les Pays-Bas. A fortiori, les routes peuvent suivre des itinéraires tantôt directs, tantôt complexes afin d’éviter toute détection. Dans les mouvements de conteneur, des ruptures de charge se font dans des pays peu regardants et/ou des pays peu touchés par les problèmes de narcotrafic. Les services douaniers sont en mesure de retracer une partie des routes, fonction de la coopération entre états ou encore le Maritime Analysis and Operations Centre (Narcotics) - MAOC(N) installé à Lisbonne est en mesure de rendre compte de ces mouvements notamment maritimes de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud, voire d’Afrique.

(47) MEJíA D, POSADA C. E. (2010), ‘Cocaine Production and Trafficking: What do we know?’ in Innocent Bystander: Developing Countries and the War on Drugs, Keefer, P. and Loayza, N. (eds.), World Bank.

(48) MEJIA D, Políticas anti-droga bajo el Plan Colombia: costos, efectividad y eficiencia. universidad de los Andes. Abril 15 de 2010.

Page 24: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

24

acheminement de la cocaïne vers l’europe par divers vecteursLe transport entre les laboratoires de production et les villes peut s’effectuer par camion aménagé doté de caches destinées à camoufler la cocaïne, citons les double fonds, les parois mobiles ou les jantes transformées. La vente s’opère par le biais d’intermédiaires, nommés brokers ou brokeros, qui travaillent pour une ou plusieurs organisations productrices de cocaïne. Pour les acheteurs européens, connaitre les bons brokeros est un atout majeur pour obtenir une drogue de bonne qualité et un bon niveau de sécurisation des transactions.

Pour parvenir en France, la cocaïne passe souvent par différents modes de transport et différentes zones de transit. Plus la cocaïne fait d’escales dans son parcours, plus elle risque d’être coupée et plus elle est chère. un kg de cocaïne vendu en France à 33 000 euros au prix de gros en moyenne pour une pureté de 50 %, a traversé de nombreuses zones de transit et a été coupé quasiment à chaque étape. Son parcours peut s’effectuer au moyen de lanchas (bateaux) de la Colombie vers le Venezuela, de là, la marchandise est transportée jusqu’aux Antilles françaises toujours en embarcation, enfin, la drogue transportée par des mules gagne la métropole par avion de ligne. La cocaïne est aussi dissimulée dans les poubelles des aéronefs, voire dans les lots de bord (couverture, etc.). Toutes les configurations sont imaginables, mais en raison d’une production exclusive des pays andins, les exportateurs utilisent nécessairement des moyens maritimes et/ou aériens pour rejoindre la France.

Modes de transport génériques de la cocaïne vers l’Europe

24

constituent l’Espagne et les Pays-Bas. A fortiori, les routes peuvent suivre des itinéraires tantôt directs, tantôt complexes afin d’éviter toute détection. Dans les mouvements de conteneur, des ruptures de charge se font dans des pays peu regardants et/ou des pays peu touchés par les problèmes de narcotrafic. Les services douaniers sont en mesure de retracer une partie des routes, fonction de la coopération entre Etats ou encore le Maritime Analysis and Operations Centre (Narcotics) - MAOC(N) installé à Lisbonne est en mesure de rendre compte de ces mouvements notamment maritimes de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud, voire d’Afrique.

Le transport entre les laboratoires de production et les villes peut s’effectuer par camion aménagé doté de caches destinées à camoufler la cocaïne, citons les double fonds, les parois mobiles ou les jantes transformées. La vente s’opère par le biais d’intermédiaires, nommés brokers ou brokeros, qui travaillent pour une ou plusieurs organisations productrices de cocaïne. Pour les acheteurs européens, connaitre les bons brokeros est un atout majeur pour obtenir une drogue de bonne qualité et un bon niveau de sécurisation des transactions.

Pour parvenir en France, la cocaïne passe souvent par différents modes de transport et différentes zones de transit. Plus la cocaïne fait d’escales dans son parcours, plus elle risque d’être coupée et plus elle est chère. Un kg de cocaïne vendu en France à 33 000 euros au prix de gros en moyenne pour une pureté de 50%, a traversé de nombreuses zones de transit et a été coupé quasiment à chaque étape. Son parcours peut s’effectuer au moyen de lanchas (bateaux) de la Colombie vers le Venezuela, de là, la marchandise est transportée jusqu’aux Antilles françaises toujours en embarcation, enfin, la drogue transportée par des mules gagne la métropole par avion de ligne. La cocaïne est aussi dissimulée dans les poubelles des aéronefs, voire dans les lots de bord (couverture, etc.). Toutes les configurations sont imaginables, mais en raison d’une production exclusive des pays andins, les exportateurs utilisent nécessairement des moyens maritimes et/ou aériens pour rejoindre la France.

La route empruntée par la cocaïne est le résultat d’une étude stratégique de la part des trafiquants et ne doit rien au hasard. Afin de réduire les risques, les organisations importatrices les plus importantes comme la Ndrangheta effectuent en effet trois tests pour éprouver une nouvelle route en envoyant entre 50 et 100

Source :INHESJ, 2016.

La route empruntée par la cocaïne est le résultat d’une étude stratégique de la part des trafiquants et ne doit rien au hasard. Afin de réduire les risques, les organisations importatrices les plus importantes comme la Ndrangheta effectuent en effet trois tests pour éprouver une nouvelle route en envoyant entre 50 et 100 kg avant d’adopter un nouvel itinéraire. Ces organisations utilisent également des moyens de communication sophistiqués, dont certains via le réseau TOr49, et des messageries sécurisées (whatsapp, telegram,…). De telles compétences de logistique sont recherchées et bien rémunérées.

Lorsqu’une nouvelle route a fait ses preuves en termes de sécurité et que cela se sait dans le milieu, des organisations criminelles colombiennes en profitent pour contourner des intermédiaires et proposer en direct aux organisations criminelles européennes davantage de produit mais cette fois-ci au prix de gros européen (entre 30 et 40 000 euros au lieu de 2 500 dollars). Ce faisant, les gains pour les colombiens sont accrus et les coûts de transport sont ainsi partagés entre les deux groupes criminels (les européens et les latino-américains).

(49) The Onion router (TOr) est une technologie qui permet de naviguer dans ce que l’on appelle le Dark Web, de manière anonyme.

Page 25: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

25

Les modèles intégrant importation et distribution de cocaïne en France sont plus fréquents que ce qui a été observé pour le cannabis. Cependant, il existerait des organisations criminelles, notamment issues des Pays-Bas, d’Espagne ou de Colombie spécialisées dans le transport et la distribution de cocaïne au sein du marché européen.

Pour rendre compte des vecteurs d’acheminement de la cocaïne vers l’Europe, distinguons les modes de transport directs de la cocaïne d’un pays producteur, comme la Colombie, à un pays client. Les trafiquants optent pour deux possibilités : le vecteur maritime (par conteneurs) et le vecteur aérien commercial (transport par des mules ou dissimulation dans des caches des aéronefs).

Transaction entre les producteurs et les importateurs européensLa transaction entre le producteur et l’importateur s’effectue en zone urbaine, comme à Bogota ou Medellin, entre 50 % et 80 % du montant de la commande à la livraison peut être versé à ce moment. Il n’est pas rare que l’un des acheteurs soit séquestré par les producteurs en guise de caution pour le reste à payer. L’importateur se charge d’envoyer le reliquat de la somme à payer, en procédant à un fractionnement de sommes ne dépassant pas 1 000 uS$ par le biais de bureaux de change. Les groupes criminels recrutent alors des personnes dans les pays consommateurs (comme la France) pour effectuer ces envois. Selon la police colombienne, malgré la plus grande fréquence des quantités de cocaïne envoyées en Italie, aux Pays-Bas ou en Espagne, ce sont les bureaux de change français qui sont les plus souvent identifiés, en matière de flux financiers liés au paiement de la drogue. Cela serait lié à des frais de transfert bien plus compétitifs qu’en Espagne ou en Italie.

Modes de rémunération génériques de la cocaïne vers l’Europe

26

Source :INHESJ , 2016.

L’envoi de plusieurs centaines de milliers de dollars en Amérique latine pour disposer de l’avance nécessaire à l’achat de gros peut constituer une faille dans l’organisation trafiquante. Celle-ci est, en effet, contrainte de transporter des liquidités ou de faire appel à une oficina de cobros (bureau de recouvrement informel) prenant 10% de la somme transférée, sans compter les frais liés à la gestion des mauvais payeurs, rappelés à l’ordre grâce aux services d’une oficina de sicarios (bureau des tueurs à gages). Cette oficina de sicarios est soit distincte, soit intégrée à l’oficina de cobros50. Une fois la cocaïne arrivée sur le sol français par la voie maritime ou aérienne, des équipes de distribution prennent le relais des organisations importatrices pour livrer la marchandise à des grossistes, des semi-grossistes, puis des détaillants

La reconstitution d’un cas de transport international de cocaïne au moyen de mules éclaire la répartition des revenus au sein de la filière51. Cette une organisation criminelle française avait mis en place un système d’importation sur le territoire de 25 kg de cocaïne tous les six mois. La cocaïne était répartie en deux types de paquets de 1 kg chacun, chacun avec un logo distinct et une pureté différente : une moitié contenait de la cocaïne dosée à 82 % de pureté et l’autre à 51%. Cette drogue arrivait en France grâce à des mules extra corpore, qui enregistraient leur valise au départ de Bogota (Colombie). Un doublon du bagage était échangé par un bagagiste complice avec un faux tag (le ticket qui associe le bagage aux voyageurs complices). Ce bagagiste travaillait avec un groupe de policiers, de douaniers et de bagagistes corrompus à l’aéroport de Bogota. Cette opération était rémunérée 2 500 US dollars par kg, auquel il fallait ajouter le coût du voyage des acheteurs. A l’arrivée en France, un bagagiste complice récupérait la

50 En Colombie, un tueur est rémunéré entre 15 et 50 000 pesos colombiens (soit entre 5 et 18 euros) selon le type de cible. 51 OCRTIS

Source :INHESJ, 2016.

L’envoi de plusieurs centaines de milliers de dollars en Amérique latine pour disposer de l’avance nécessaire à l’achat de gros peut constituer une faille dans l’organisation trafiquante. Celle-ci est, en effet, contrainte de transporter des liquidités ou de faire appel à une oficina de cobros (bureau de recouvrement informel) prenant 10% de la somme transférée, sans compter les frais liés à la gestion des mauvais payeurs, rappelés à l’ordre grâce aux services d’une oficina de sicarios (bureau des tueurs à gages). Cette oficina de sicarios est soit distincte, soit intégrée à l’oficina de cobros50. une fois la cocaïne arrivée sur le sol français par la voie maritime ou aérienne, des équipes de distribution prennent le relais des organisations importatrices pour livrer la marchandise à des grossistes, des semi-grossistes, puis des détaillants.

(50) En Colombie, un tueur est rémunéré entre 15 et 50 000 pesos colombiens (soit entre 5 et 18 euros) selon le type de cible.

Page 26: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

26

exemple de cas : rotation de 25 kilos de cocaïne tous les 2 mois via un passager aérien La reconstitution d’un cas de transport international de cocaïne au moyen de mules éclaire la répartition des revenus au sein de la filière51. Cette une organisation criminelle française avait mis en place un système d’importation sur le territoire de 25 kg de cocaïne tous les six mois. La cocaïne était répartie en deux types de paquets de 1 kg chacun, chacun avec un logo distinct et une pureté différente : une moitié contenait de la cocaïne dosée à 82 % de pureté et l’autre à 51 %. Cette drogue arrivait en France grâce à des mules extra corpore, qui enregistraient leur valise au départ de Bogota (Colombie). un doublon du bagage était échangé par un bagagiste complice avec un faux tag (le ticket qui associe le bagage aux voyageurs complices). Ce bagagiste travaillait avec un groupe de policiers, de douaniers et de bagagistes corrompus à l’aéroport de Bogota. Cette opération était rémunérée 2 500 uS dollars par kg, auquel il fallait ajouter le coût du voyage des acheteurs. à l’arrivée en France, un bagagiste complice récupérait la valise soit sur le tapis de distribution, soit au service des valises non réclamées et la sortait de la zone aéroportuaire au moyen d’un véhicule de service pour la livrer aux commanditaires dans une station-service sur l’autoroute. Cette opération était rémunérée 3 000 euros le kg, de plus pour garantir une livraison sans être inquiété, les trafiquants peuvent corrompre des agents en charge de la sécurité des flux de bagages, auquel cas, cela renchérit le coût de la cocaïne. Pour communiquer avec les acheteurs, un téléphone ou un pager était fourni par les trafiquants pour chaque transaction. L’équipe de récupération se limite souvent à trois personnes. Deux provenaient du grand banditisme corso-marseillais et un autre des quartiers dits populaires. Munis de deux téléphones à usage unique, les trois hommes qui récupéraient la drogue à proximité de l’aéroport mettaient ensuite en place un convoi composé d’une voiture ouvreuse volée avec des fausses plaques d’immatriculation en « doublette » et d’un véhicule loué via une société « écran » qui transportait la valise. L’ensemble des coûts de cette entreprise d’importation par mules extra corpore est résumé ci-dessous :

Répartition annuelle estimée des postes de dépenses et du profit de l’importation de cocaïne par l’aviation commerciale (25 kilos par voyage)

27

valise soit sur le tapis de distribution, soit au service des valises non réclamées et la sortait de la zone aéroportuaire au moyen d’un véhicule de service pour la livrer aux commanditaires dans une station-service sur l’autoroute. Cette opération était rémunérée 3 000 euros le kg, de plus pour garantir une livraison sans être inquiété, les trafiquants peuvent corrompre des agents en charge de la sécurité des flux de bagages, auquel cas, cela renchérit le coût de la cocaïne. Pour communiquer avec les acheteurs, un téléphone ou un pager était fourni par les trafiquants pour chaque transaction. L’équipe de récupération se limite souvent à trois personnes. Deux provenaient du grand banditisme corso-marseillais et un autre des quartiers dits populaires. Munis de deux téléphones à usage unique, les trois hommes qui récupéraient la drogue à proximité de l’aéroport mettaient ensuite en place un convoi composé d’une voiture ouvreuse volée avec des fausses plaques d’immatriculation en « doublette » et d’un véhicule loué via une société « écran » qui transportait la valise. L’ensemble des coûts de cette entreprise d’importation par mules extra corpore est résumé ci-dessous :

Répartition annuelle estimée des postes de dépenses et du profit de l’importation de cocaïne par l’aviation commerciale (25 kilos par voyage)

Source :INHESJ , 2016.

Pour un prix de revente moyen sur le marché de gros à 31 500 euros le kg, la marge commerciale nette à ce stade serait donc de 17 500 euros (31 500 € - 14 000 €) par kg, soit 125 % (marge rapportée au prix d’achat x 100). D’aucuns en concluront qu’il s’agit d’une activité extrêmement rentable. Ainsi une opération réussie d’importation de 25 kg de cocaïne pure depuis la Colombie par avion commercial pourrait rapporter 437 500 euros de marge aux importateurs. Il faut cependant soustraire de ce commerce rentable la possibilité qu’une part soit saisie par les forces policières.

bénéfice estimé pour l’importation de cocaïne par aviation commerciale ( 25 kilos par voyage)

Source :INHESJ, 2016.

Pour un prix de revente moyen sur le marché de gros à 31 500 euros le kg, la marge commerciale nette à ce stade serait donc de 17 500 euros (31 500 € – 14 000 €) par kg, soit 125 % (marge rapportée au prix d’achat x 100). D’aucuns en concluront qu’il s’agit d’une activité extrêmement rentable. Ainsi une opération réussie d’importation de 25 kg de cocaïne pure depuis la Colombie par avion commercial pourrait rapporter 437 500 euros de marge aux importateurs. Il faut cependant soustraire de ce commerce rentable la possibilité qu’une part soit saisie par les forces policières.

(51) OCrTIS

Page 27: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

27

Bénéfice estimé pour l’importation de cocaïne par aviation commerciale ( 25 kilos par voyage)

28

Source :INHESJ , 2016.

La marge est ici calculée sans que soit opéré un quelconque coupage par les importateurs, laissant augurer d’une possibilité de gain encore plus importante dans l’hypothèse où la cocaïne était adultérée (la coupe peut constituer 15 à 20% de la composition totale de la cocaïne). Quant au taux de rentabilité (résultat net rapporté au chiffre d’affaires x 100), il atteint dans notre cas d’espèce : 55 %. Le segment de l’exportation / importation est le plus rémunérateur de la filière.

L'estimation du chiffre d'affaires de la cocaïne en 2010 atteignait 902 millions d'euros pour un nombre de consommateurs estimé de plus de 350 000 individus. C’est un marché plus concentré que celui du cannabis avec des équipes plus restreintes.

Nombre d'individus et la répartition du chiffre d’affaires estimé annuellement en fonction de leur place dans la chaîne de distribution de cocaïne, selon deux types de structures, en France en 2010. Cas où l’offre est réalisée par des organisations à 70 % et 30% fourmis

Source :INHESJ , 2016.

Source :INHESJ, 2016.

La marge est ici calculée sans que soit opéré un quelconque coupage par les importateurs, laissant augurer d’une possibilité de gain encore plus importante dans l’hypothèse où la cocaïne était adultérée (la coupe peut constituer 15 à 20% de la composition totale de la cocaïne). Quant au taux de rentabilité (résultat net rapporté au chiffre d’affaires x 100), il atteint dans notre cas d’espèce : 55 %. Le segment de l’exportation / importation est le plus rémunérateur de la filière.

Approche formalisée du nombre de trafiquants et de la rentabilité du trafic de cocaïneL’estimation du chiffre d’affaires de la cocaïne en 2010 atteignait 902 millions d’euros pour un nombre de consommateurs estimé de plus de 350 000 individus. C’est un marché plus concentré que celui du cannabis avec des équipes plus restreintes.

Nombre d’individus, répartition du chiffre d’affaires et place dans la chaîne de distribution de cocaïne, selon deux types de structures, en France en 2010. Cas où l’offre est réalisée

par des organisations à 70 % et 30% fourmis

28

Source :INHESJ , 2016.

La marge est ici calculée sans que soit opéré un quelconque coupage par les importateurs, laissant augurer d’une possibilité de gain encore plus importante dans l’hypothèse où la cocaïne était adultérée (la coupe peut constituer 15 à 20% de la composition totale de la cocaïne). Quant au taux de rentabilité (résultat net rapporté au chiffre d’affaires x 100), il atteint dans notre cas d’espèce : 55 %. Le segment de l’exportation / importation est le plus rémunérateur de la filière.

L'estimation du chiffre d'affaires de la cocaïne en 2010 atteignait 902 millions d'euros pour un nombre de consommateurs estimé de plus de 350 000 individus. C’est un marché plus concentré que celui du cannabis avec des équipes plus restreintes.

Nombre d'individus et la répartition du chiffre d’affaires estimé annuellement en fonction de leur place dans la chaîne de distribution de cocaïne, selon deux types de structures, en France en 2010. Cas où l’offre est réalisée par des organisations à 70 % et 30% fourmis

Source :INHESJ , 2016. Source :INHESJ, 2016.

Dans la configuration où le marché serait sous la coupe d’organisation à hauteur de 70 % et à 30 % dans les mains d’individus dits indépendants pratiquant un trafic de fourmi (mules indépendantes s’approvisionnant dans ou à proximité du pays producteur). Ces derniers seraient au nombre de 11 017 à comparer aux 36 519 impliqués dans des organisations plus ou moins complexes.

Page 28: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

28

De la rentabilité du trafic de cocaïne

En reprenant le même exercice à partir de la seconde configuration du marché, le taux de rentabilité du trafic de cocaïne se situerait entre 40 et 60 % des sommes initialement investies

29

Dans la configuration où le marché serait sous la coupe d’organisation à hauteur de 70 % et à 30 % dans les mains d’individus dits indépendants pratiquant un trafic de fourmi (mules indépendantes s’approvisionnant dans ou à proximité du pays producteur). Ces derniers seraient au nombre de 11 017 à comparer aux 36 519 impliqués dans des organisations plus ou moins complexes.

En reprenant le même exercice à partir de la seconde configuration du marché, le taux de rentabilité du trafic de cocaïne se situerait entre 40 et 60 % des sommes initialement investies

Il faut garder à l’esprit que cette modélisation souffre d’une insuffisante prise en compte de coûts structurels tels que le blanchiment, la corruption. Néanmoins, la profitabilité du trafic de cocaïne est largement supérieure à celle du cannabis, d’autant si l’on y ajoute la possibilité de couper le produit.

Les organisations de trafic dominent les marchés des drogues et à ce titre elles occupent un grand nombre d’individus plus ou moins professionnels pour que leur activité perdure. L’on constate que ces organisations sont très variés et le schéma dominant est celui dans lequel l’organisation est saisissable comme un nœud de contrats, les individus étant payés à la tâche, par jour, par mois. Ces contrats, bien sûr, ne sont pas formalisés au sens légal du terme mais sont l’objet d’âpres discussions entre les protagonistes. En ce sens, les trafiquants font montre de capacités à user de méthodes entrepreneuriales, de marketing pour évincer de potentiels concurrents ou pour s’accaparer une clientèle.

Cette recherche n’a pu étudier précisément les modalités d’utilisation des profits des trafiquants, et donc des méthodes de blanchiment. Plus généralement, ce sont les impacts sociaux et économiques du trafic de stupéfiants qui mériteraient d’être analysés de manière approfondie pour se rendre compte des effets délétères que peut entraîner le trafic au niveau local.

Il faut garder à l’esprit que cette modélisation souffre d’une insuffisante prise en compte de coûts structurels tels que le blanchiment, la corruption. Néanmoins, la profitabilité du trafic de cocaïne est largement supérieure à celle du cannabis, d’autant si l’on y ajoute la possibilité de couper le produit.

Les organisations de trafic dominent les marchés des drogues et à ce titre elles occupent un grand nombre d’individus plus ou moins professionnels pour que leur activité perdure. L’on constate que ces organisations sont très variés et le schéma dominant est celui dans lequel l’organisation est saisissable comme un nœud de contrats, les individus étant payés à la tâche, par jour, par mois. Ces contrats, bien sûr, ne sont pas formalisés au sens légal du terme mais sont l’objet d’âpres discussions entre les protagonistes. En ce sens, les trafiquants font montre de capacités à user de méthodes entrepreneuriales, de marketing pour évincer de potentiels concurrents ou pour s’accaparer une clientèle.

Cette recherche n’a pu étudier précisément les modalités d’utilisation des profits des trafiquants, et donc des méthodes de blanchiment. Plus généralement, ce sont les impacts sociaux et économiques du trafic de stupéfiants qui mériteraient d’être analysés de manière approfondie pour se rendre compte des effets délétères que peut entraîner le trafic au niveau local.

Page 29: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

29

en guise de concLusion

Cet essai d’objectivation des chiffres d’affaires et des gains de la vente de stupéfiants constitue un apport de connaissance qu’il convient d’appréhender avec les précautions qui s’imposent face à des activités contraires à la loi. Pourtant, toutes les caractéristiques d’une économie installée valent pour les marchés des stupéfiants, certes, avec des singularités mais l’on retrouve la volonté de maximiser les gains tout en minimisant les risques. Cependant, au-delà des gains monétaires, il importe de préciser que selon les contextes le trafic de drogue est enchâssé dans des réalités sociales et culturelles et qu’à ce titre, il ne pourrait être résumé à sa seule dimension financière. La logique de survie pour certains coexiste avec la recherche d’un pouvoir politique, territorial pour d’autres. Il reste beaucoup à faire en termes d’évaluation, il semble pourtant indéniable qu’une mesure systématique aide tant à apprécier l’ampleur de l’activité dans ses dimensions économiques et sociales qu’en termes de politiques publiques, à savoir vers une orientation de l’action publique qui soit pertinente et efficiente.

Le cannabis demeure la drogue qui domine le marché des stupéfiants et demande dès lors d’y consacrer un regard appuyé. Autant le marché du cannabis, en volume apparaît être stable entre 2005 et 2010, autant son prix et sa puissance psychotrope ont entamé une nette progression. Cette évolution a été possible car plus de substance active dans la même quantité de cannabis52. Autrement dit, avec autant de volume vendu, les offreurs de cannabis français ont généré un tiers de plus de Chiffre d’affaires lors de cette période. une part de cette augmentation de l’argent générée par l’économie illégale du cannabis en France peut être attribuée à l’inflation du niveau général des prix mais les auteurs insistent surtout sur l’effet de la concurrence entre l’herbe et la résine qui se joue désormais. Ainsi, malgré une augmentation significative du gramme de cannabis au détail (+ 25 % entre 2005 et 2010), la forte augmentation des taux de THC et la diminution son prix sont des effets de la concurrence entre ces deux familles d’offreurs de cannabis en France comme en Europe. Autrement dit, la concurrence a fait baisser le prix de la substance active du cannabis tout en augmentant son prix au gramme. Les filières du cannabis s’adaptent et changent au gré des normes qu’elles soient juridiques ou sociales. Ainsi, la place croissante de l’herbe produite en Europe oblige les producteurs de résine marocaine à faire preuve d’innovation pour conserver ses parts de marché. Difficile de savoir qui de la demande ou de l’offre tire le marché du cannabis, de même d’ailleurs pour la cocaïne. La demande se renouvelle constamment, quant à l’offre, les trafiquants sont en mesure de déployer des moyens élaborés pour susciter la consommation, on l’a vu avec des formes de gratuité pour « ferrer » l’usager.

Concernant le marché de la cocaïne, il augmente considérablement avec une prévalence multipliée par 3 et nous estimons que le chiffre d’affaires de cette substance illicite a doublé entre 2005 et 2010. L’Offre a su divisé par 3 le prix au détail du gramme de la cocaïne en 15 ans, notamment au travers de l’augmentation significative de quantité de drogue envoyés d’Amérique du sud en Europe. Cette évolution s’explique partiellement par la dynamisation de l’offre qui privilégie désormais le marché européen à partir des hubs tels que l’Espagne et les Pays-Bas

(52) Le taux de cannabis en France a ainsi triplé en l’espace de 15 ans, passant de 6% en 1999 à 10% en 2005 (cannabis chiffre clef 2005) puis 10,5 en 2010 pour atteindre 20,7% en 2014. Il est à noter que cette augmentation de THC est nettement du fait de la résine qui, [AFSHANI-CHOuVy 2014] aurait bénéfice d’une amélioration significative de l’appareil de production avec l’apparition de plantes hybrides et de méthodes d’agriculture intensive.

Page 30: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

30

mais aussi via l’Europe de l’Est. Les produits de coupe permettent aussi de compenser les variations de stocks disponible pour ne pas impacter les prix. une économie parallèle de ces produits de coupe existe pour la cocaïne et l’héroïne.

L’évolution du marché de l’héroïne et celui des drogues de synthèse ne peut être mise en relief du fait du manque d’estimations fiables dans le temps. Il ressort toutefois qu’un fait marquant du marché de l’héroïne est son encastrement dans celui, plus large, des opiacés : les Médicaments de Substitution aux Opiacés (MSO) viennent clairement concurrencés et érodés la rentabilité de l’héroïne. relativement aux drogues de synthèse (Ecstasy/MDMA et amphétamines), cette première estimation française laisse transparaître un marché relativement peu conséquent par comparaison à certains pays européens et un manque de données sur cette catégorie particulièrement labile. Les produits de coupe sont des éléments importants de l’économie de la drogue. Elles permettent à l’Offre en cocaïne et en héroïne d’effectuer une forte marge à tous les niveaux de l’Offre (de la production à la distribution).

De manière transversale, les dossiers de police et de justice analysés depuis 2010 montrent une complexité des filières des drogues, tantôt fluides, tantôt rigides et cloisonnées. Or, une tendance gagne du terrain, celle de l’arrimage des drogues et de l’argent des drogues aux flux mondiaux que ce soit aux marchandises ou aux circuits financiers. De plus, on assiste à une sorte d’hybridation des pratiques ressortissant de modernité et de tradition. Par exemple, les places offshore participent de la dissimulation de l’argent de la drogue des trafiquants d’envergure mais aussi ils savent tirer parti des systèmes s’apparentant à l’hawala, prouvant, s’il en est leur adaptabilité. L’interpénétration du légal (activités économiques légales servant de façade) et de l’illégal, du national et de l’international concourt à rendre difficile l’action publique. De plus, les choix d’actions publiques locales ou internationales peuvent avoir des effets inattendus, à l’instar du « balloon effect » qui peut être résumé par un déplacement du phénomène. La rationalité du trafiquant, appartenant à une organisation, est certes limitée mais il parvient tout de même à cerner le rôle crucial de la logistique dans son activité et partant de la facilitation que permet la corruption des acteurs privés et publics. Cet enjeu de la corruption lié au trafic international de drogue est une sorte de boîte noire. Il mérite d’être davantage étudié pour apprécier son rôle et sa place dans les flux de drogues illicites.

Page 31: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

31

réFérences bibLiograPhiquesBeck F., guignard r., richard J.-B., Tovar M.-L., Spilka S., (2011). « Les niveaux d’usage des drogues en France en 2010 ». OFDT, Saint-Denis, Tendances n° 76.

Beck F., richard J.-B., guignard r., Le Nézet O., Spilka S., (2015). « Les niveaux d’usage de drogues en France en 2014 ». OFDT, Saint-Denis, Tendances n° 99.

Belackova V., Maalsté N., Zabansky T., grund J.P., (2014). “Should I Buy or Should I Grow?” How drug policy institutions and drug market transaction costs shape the decision to self-supply with cannabis in the Netherlands and the Czech republic. International Journal of Drug Policy, 26(3), 296-310.

Bello P.-y., et al. (2005). « Les usages fréquents de cannabis, éléments descriptifs, France, 2004 ». BEH, 20, 89-91.

Ben Lakhdar C., (2007). Le trafic de cannabis en France : estimation des gains des dealers afin d’apprécier le potentiel de blanchiment, MILDT – OFDT, La documentation Française.

Ben Lakhdar C., (2009). « La culture du cannabis en France ». Alcoologie & Addictologie, 31(2),

Ben Lakhdar C., Weinberger D., (2011). « Du marché du cannabis au marché du THC en France. Implications pour le système d’offre et les politiques de lutte contre les trafics illicites de stupéfiants », Revue française de socio économie, (n° 7).

Ben Lakhdar C., (2012a). « L’économie du Deal – comprendre pour agir ». Les Cahiers Dynamiques, 56, 50-57.

Ben Lakhdar C., (2012b). « Taille du marché de la cocaïne en France ». In M. Pousset (Ed), Cocaïne, Données Essentielles, OFDT, Saint-Denis, 42-49.

Berg J. E., Andersen S., (1993). “Street sale of heroin – a profitable way of making a living?”. Drug and Alcohol Dependence, 32, 287-291.

Bramley-Harker E., (2001). Sizing the UK market for illicit drugs. Home Office, research Development and Statistics Directorate, London.

Brisacier A.-C., Collin C., (2014). « Les traitements de substitution aux opiacés en France : données récentes ». Tendances n° 94, OFDT, Saint-Denis.

Bruneel C.-A., Ben Lakhdar C., Vaillant N., (2013). “Are « legal highs » users satisfied ? Evidence from Online customer comments”. Substance Use & Misuse,

Bulgarian National Focal Point on Drugs and Drug Addictions (2009). National Report 2009: Bulgaria: report to the EMCDDA. Bulgarian National Focal Point, Sofia.

Cadet-Taïrou A., (2012). « Les usagers de cocaïne ». In Cocaïne – Données Essentielles, Maud Pousset (Ed), OFDT, Saint-Denis, 78-94.

Cadet-Taïrou A., Coquelin A., Toufik A., (2010). « CAAruD : profils et pratiques en 2008 ». Tendances n° 74, OFDT, Saint-Denis.

Cadet-Taïrou A., gandilhon M. (2013). Marchés, substances, usagers : les tendances récentes (2011-2012). Tendances, n° 86, OFDT, Saint-Denis.

Cadet-Taïrou A., gandilhon M., Martinez M., Néfau T., (2014). « Substances illicites ou détournées : les tendances récentes (2013-2014) ». Tendances n° 96, OFDT, Saint-Denis.

Page 32: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

32

gandilhon M, Weinberger D, « Les Antilles françaises et la guyane : sur les routes du trafic international de cocaïne », Drogues, enjeux internationaux n° 9, OFDT, 8 p. Juillet 2016

Carpentier C., Mulligan K., Laniel L., Potter D., Hughes B., Vandam L. et al. (2012). Cannabis production and markets in Europe. EMCDDA, Lisbon.

Carpentier C., Noor A., Monaghan g., Ben Lakhdar C., Malczewki A., royuela L., Costa Storti C., rothwell C., (2009). Guidelines on illicit drug price data collection. EMCDDA, Lisbon, 138 pages

Casey J., Hay g., godfrey C., Parrott S., (2009). Assessing the scale and impact of illicit drug markets in Scotland. Scottish goverment Social research. 101 pages.

Caulkins J. P., (1997). “Modeling the domestic distribution network for illicit drugs”. Management Science, 43(10), 1364-1371.

Caulkins J. P., Kilmer B., graf M. (2013). “Estimating the size of the Eu cannabis market”. In F. Trautmann, B. Kilmer, P. Turnbull (Eds), Further insights into aspects of the EU illicit drug market. European Commission, Brussels, 289-318.

Caulkins J. P., Padman r. (1993). “Quantity discounts and quality premia for illicit drugs”. Journal of the American Statistical Association, 88(423), 748-757.

Caulkins J. P., Padman r., (1993). Quantity discounts and quality premia for illicit drugs, Journal of the American Statistical Association, 88(423), 748-757.

Charest M., (2004). « Peut-on se fier aux délinquants pour estimer leurs gains criminels ? » Criminologie, 37(2), 63-87.

Chouvy P-A., Afsahi K., (2014). “Hashish revival in Morocco”. International Journal of Drug Policy, Vol. 25, Issue 3, May.

Clements K. W., (2006). “Pricing and packaging: the case of marijuana”, Journal of Business, 79(4), 2019-2044.

Coase r. H., (1937). “The nature of the firm”. Economica, 4(16), 386-405.

Conseil National des Villes (1994). L’économie souterraine de la drogue, CNV-MSH, 127 pages.

Coomber r. (2003)., “There’s no such thing as a free lunch: How « freebies » and « credit » operate as part of rational drug market activity”. Journal of Drug Issues, Fall, 939-962.

Coomber r., Maher L., (2006). “Street-level drug market activity in Sydney’s primary heroin markets: Organization, adulteration practices, pricing, marketing and violence”. Journal of Drug Issues, Summer, 719-754.

Cox J. Boivin JF. Platt rW. Jolly AM., (2007). “rethinking approaches to risk reduction for injection drug users: differences in drug type affect risk for HIV and hepatitis C virus infection through drug-injecting networks”. J Acquir Immune Defic Syndr. Nov 1; 46(3):355-61.

Crits-Christoph P., Siqueland L., Blaine J., Frank A., Luborsky L., Onken L.S., Muenz L.r., Thase M.E., Weiss r.D., gastfriend D.r., Woody g.E., Barber J.P., Butler S.F., Daley D., Salloum I., Bishop S., Najavits L.M., Lis J., Mercer D., griffin M.L., Moras K., Beck A.T. (1999). “Psychosocial treatments for cocaine dependence. National Institute on Drug Abuse Collaborative Cocaine Treatment Study”. Archives of General Psychiatry, 56(6), 493-502.

Decorte T., (2000)., The taming of cocaine – Cocaine use in European and American cities. VuB university Press, Brussels.

Decorte T., Potter g., Bouchard M., (2011). World Wide Weed – global trends in cannabis cultivation and its control. Ashgate, 314 pages.

Page 33: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

33

Desimone J., (2006). The relationship between illegal drug prices at the retail user and seller levels, Contemporary Economic Policy, 24(1), 64-73.

European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction., (2012). A definition of ‘drug mules’ for use in a European context, Lisbon.

Fox H. C., Talih M., Malison r., M. Anderson g. M., Kreek M. J., Sinha r., (2005). “Frequency of recent cocaine and alcohol use affects drug craving and associated responses to stress and drug-related cues”. Psychoneuroendocrinology, 30, 880-891.

gandilhon M., Cadet-Taïrou A., et Lahaie E., (2013). « MDMA (ecstasy) et amphétamine ». In Pousset M., (Ed), Drogues et addictions, données essentielles. OFDT, Saint-Denis, 251-257.

giommoni L., (2014). “The retail value of the illicit drug market in Italy: a consumption-based approach”. Global Crime, 15(1-2), 27-50.

Hakkarainen P., Kainulainen H., Perala J., (2008). “Measuring the cannabis market in Finland: A consumption-based estimate”. Contemporary Drug Problems: An Interdisciplinary Quarterly, 35 (2-3), 321-345.

Hillebrand, J., Olszewski, D., Sedefov, r., (2010). “Legal highs on the Internet”. Substance Use & Misuse, 45, 330–340.

INHES-MILDT (2009). La culture illicite de cannabis en France. Saint Denis La Plaine, non publié, 136 pages.

Kilmer B., Caulkins J. P., Pacula r., reuter P., (2011). Bringing perspective to illicit markets: estimating the size of the u.S. marijuana market. Drug and Alcohol Dependence, 119(1-2), 153-259.

Kilmer B., Pacula r., (2009). “Estimating the size of the global drug market: a demand-side approach”, In P. reuter and F. Trautmann (Eds.), A Report on Global Illicit Drug Markets 1998-2007: full report. European Commission, Brussels, 99-156”

Kleiman M., (2009). When brute force fails: How to have less crime and less punishment. Princeton, NJ, Princeton university Press.

Kopp P., (2006). Economie de la drogue. repères, La Découverte, 121 pages.

Korf D. J., Benschop A., Wouters M., (2007). “Differential responses to cannabis potency : A typology of users based on self-reported consumption behavior”. International Journal of Drug Policy, 18, 168-176.

Lahaie E., Cadet-Taïrou A., Janssen E., (2010). Composition de l’héroïne et connaissance des usagers. OFDT, Saint-Denis, 36 pages.

Lahaie E., (2011). Enquête SINTES 2009 sur la composition des produits de synthèse. OFDT, Saint-Denis, 47 pages.

Lahaie E., (2012). « Quel est le produit qui circule ? » In Cocaïne – Données Essentielles, Maud Pousset (Ed), OFDT, Saint-Denis, 35-41.

Lahaie E., Martinez M., Cadet-Taïrou A., (2013). Nouveaux Produits de Synthèse et Internet. OFDT, Saint-Denis, Tendances n° 84.

Lalam N., (2001). Déterminants et analyse économique de l’offre de drogues illicites en France, Thèse de Doctorat, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Lalam N., Weinberger D., (2012). Le trafic de stupéfiants à partir des aérodromes secondaires non surveillés et plateformes de circonstance, INHESJ, Paris.

Legleye S., Ben Lakhdar C., Spilka S., (2008). “Two ways of estimating the euro value of the illicit market for cannabis in France”. Drug and Alcohol Review, 27 (5), 466-472.

Page 34: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

34

Levitt S. D., Venkatesh S. A., (2000). “An economic analysis of a drug-selling gang finances”. Quarterly Journal of Economics, 115(3), 755-789.

Mauss M., (1923-1924). « Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques ». L’Année Sociologique.

Mejía D., Posada C. E., (2010), “Cocaine Production and Trafficking: What do we know?” in Innocent Bystander: Developing Countries and the War on Drugs, Keefer, P. and Loayza, N. (eds.), World Bank.

Mejia D., (2010). Políticas anti‐droga bajo el Plan Colombia: costos, efectividad y eficiencia. universidad de los Andes. Colombia, Abril.

NACDA (2005). research on cannabis use in Ireland and Northern Ireland. http://www.nacd.ie/index.php/press-releases/133-research-on-cannabis-use-in-ireland-and-northern-ireland.html

OFDT (2005). Calcul du chiffre d’affaires de l’héroïne en France 2003-2004. OFDT, Saint-Denis, http://www.ofdt.fr/ofdtdev/live/publi/syntheses/heroineeco.html

Ourgaud T., l’argent de la criminalité organisée en France, rapport du CHEMI, 2014, non publié.

Pearson g., Hobbs D., Jones S., Tierney J., Ward J., (2001). Middle market drug distribution. Home Office research Study, n° 227, 82 pages.

Peretti-Watel P., (2011). « Pratiques sportives et usages de drogues. Face à Face », Regards sur la santé, 11.

reuter P., (1996). “The mismeasurement of illegal drug markets: the implications of its irrevelance”. In Susan Pozo (Ed.), Exploring the underground economy: studies of illegal and unreported activity. W.E. upjohn Institute for Employment research, 63-80.

reuter P., Caulkins J., (2004). “Illegal « Lemons » price dispersion in cocaine and heroin markets”. Bulletin on Narcotics, vol. LVI, n° 1-2, 141-165.

reuter P., greenfield V., (2001). “Measuring global drug market – How good are the numbers and why should we care about them?” World Economics, 2(4), 159-173.

reuter P., MacCoun r., (2001). Drug war heresis. Learning from other vices, times and places. Cambridge university Press, New york.

reuter P., MacCoun r., Murphy P., (1990). Money from Crime, A study of the Economics of Drug Dealing in Washington, D.C. CANy, rand Corporation.

reynaud-Maurupt C., (2009). Les habitués du cannabis – une enquête qualitative auprès d’usagers réguliers. OFDT, Saint-Denis, 311 pages.

reynaud-Maurupt C., et al. (2007). Pratiques et opinions liés aux usages des substances psychoactives dans l’espace festif « musiques électroniques ». OFDT, Saint-Denis, 141 pages.

reynaud-Maurupt C., Hoareau E., (2010). Les carrières de consommation de cocaïne chez les usagers “cachés”. OFDT, Saint-Denis, 272 pages.

rocha garcía r., (2011). Las Nuevas Dimensiones del Narcotráfico en Colombia. uNODC.

Thoumi F. E., (2005). “The number game: Let’s all guess the size of the illegal drug industry!” Journal of Drug Issues, winter, 185-200.

Toufik A., Escots S., Cadet-Taïrou A., (2010). « La transformation des usages de drogues liée à la diffusion des traitements de substitution aux opiacés ». In Jean-Michel Costes (Ed.), Les usages de drogues illicites en France depuis 1999 vus au travers du dispositif TREND. OFDT, Saint-Denis, 10-25.

Page 35: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

35

uNDCP., (1997). World Drug Report. uNODC, Vienne, Autriche.

uNODC. (2006). Enquête sur le cannabis au Maroc en 2005, Vienne.

uNODC. (2010). World drug report, Vienne.

Van Laar M., Frijns T., Trautmann F., Lombi L., (2013). “Cannabis market: user types, availability and consumption estimates”. In F. Trautmann, B. Kilmer, P. Turnbull (Eds), Further insights into aspects of the EU illicit drug market. European Commission, Brussels 73-182.

Weinberger, D, réseaux criminels et cannabis indoor en Europe : maintenant la France ? », Drogues, enjeux internationaux n° 1, OFDT, 6 p.Mai 2011

Weinberger D., (2013) « Le Venezuela : un épicentre du trafic régional et mondial de cocaïne », Drogues, enjeux internationaux, n° 6, Décembre, OFDT.

Wilkins C., reilly J. L., Pledger M., Casswell S., (2009). “Estimating the dollar value of the illicit market for cannabis in New Zealand”. Drug & Alcohol Review, 24(3), 227-234.

Williamson O. E., (1967). “Hierarchical control and optimum firm size”. Journal of Political Economy, 75(2), 123-138.

Page 36: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

36

annexe Le modèLe de cauLkins (1997)

Le modèle théorique de Caulkins (1997) pose comme hypothèse de base la rationalité du dealer de drogues illicites qui cherche à maximiser ses gains sous des contraintes de coûts et de risques. L’objectif du dealer est de savoir quel est, à l’optimum, le nombre de clients qui maximisera son profit.

On considère un potentiel dealer de drogue qui peut acheter un lot de drogue à l’unité de taille

x pour un prix par lot de ( )P x xba= . Le dealer potentiel pourra trouver, si ceci est profitable, f clients et mettre en place un commerce en achetant un lot de drogue de taille x, en le divisant par

f quantités de taille /x f et en vendant ces quantités aux clients à un prix :

37

Le modèle théorique de Caulkins (1997) pose comme hypothèse de base la rationalité du dealer de drogues illicites qui cherche à maximiser ses gains sous des contraintes de coûts et de risques. L’objectif du dealer est de savoir quel est, à l’optimum, le nombre de clients qui maximisera son profit.

On considère un potentiel dealer de drogue qui peut acheter un lot de drogue à l’unité de taille x pour un prix par lot de . Le dealer potentiel pourra trouver, si ceci est profitable, clients et mettre en place un commerce en achetant un lot de drogue de taille x, en le divisant par quantités de taille

et en vendant ces quantités aux clients à un prix :

On suppose que les coûts de recrutement et d’offre aux nouveaux clients sont linéaires avec le nombre de clients et ces coûts peuvent être divisés en deux éléments : un coût variable qui est supporté à chaque

fois qu’une vente est réalisée, et un coût fixe qui se produit à chaque recrutement de client. On suppose de plus que l’horizon de planification du commerce ainsi mis en place s’étend sur T cycles d’achats de lots de taille x qui sont divisés et revendus en quantités de taille . Une hypothèse supplémentaire consiste à définir un taux d’escompte par cycle de vente ; ce taux d’escompte peut représenter le risque d’être concurrencé et évincé du marché aussi bien que le taux de préférence normal pour la monnaie.

Sous ces hypothèses et cette configuration, le dealer peut maximiser son profit en résolvant le programme d’optimisation suivant :

sous la contrainte que . Si , l’individu ne vendra pas de drogues.

De manière équivalente, le dealer peut chercher à maximiser , le profit par période :

La constante k représente la somme des coûts directs et indirects, à savoir le coût par vente réalisée et

le coût de recrutement du client ; ces coûts étant amortis par le nombre espéré de transactions.

( )P x xβα= φφ

/x φ

( ) (1)x xP P xβ

βα φφ φ

−⎛ ⎞ ⎛ ⎞= =⎜ ⎟ ⎜ ⎟

⎝ ⎠ ⎝ ⎠

1( )c

2( )c

/x φρ

Π

( ) ( )( )

( ) ( )( )

1 20

11

1 21 (2)

1

Ti

i

T

Max P x P x c c

P x P x c c

β

β

φ φ φ ρ φ

ρφ φ φ

ρ

=

+−

Π = − − −

⎛ ⎞−= − − −⎜ ⎟−⎝ ⎠

( )* 0φΠ ≥ ( )* 0φΠ <

π

( )( )1

2 11

1 , où (3)

1 (4)1 T

Max P x k

k c c

β

φπ φ φ

ρρ

+

= − −

⎛ ⎞⎛ ⎞−= +⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠⎝ ⎠

1( )c

2( )c

On suppose que les coûts de recrutement et d’offre aux nouveaux clients sont linéaires avec le

nombre de clients et ces coûts peuvent être divisés en deux éléments : un coût variable 1( )c qui

est supporté à chaque fois qu’une vente est réalisée, et un coût fixe 2( )c qui se produit à chaque recrutement de client. On suppose de plus que l’horizon de planification du commerce ainsi mis en place s’étend sur T cycles d’achats de lots de taille x qui sont divisés et revendus en quantités

de taille /x f . une hypothèse supplémentaire consiste à définir un taux d’escompte par cycle de vente r ; ce taux d’escompte peut représenter le risque d’être concurrencé et évincé du marché aussi bien que le taux de préférence normal pour la monnaie.

Sous ces hypothèses et cette configuration, le dealer peut maximiser son profit � en résolvant le programme d’optimisation suivant :

37

Le modèle théorique de Caulkins (1997) pose comme hypothèse de base la rationalité du dealer de drogues illicites qui cherche à maximiser ses gains sous des contraintes de coûts et de risques. L’objectif du dealer est de savoir quel est, à l’optimum, le nombre de clients qui maximisera son profit.

On considère un potentiel dealer de drogue qui peut acheter un lot de drogue à l’unité de taille x pour un prix par lot de . Le dealer potentiel pourra trouver, si ceci est profitable, clients et mettre en place un commerce en achetant un lot de drogue de taille x, en le divisant par quantités de taille

et en vendant ces quantités aux clients à un prix :

On suppose que les coûts de recrutement et d’offre aux nouveaux clients sont linéaires avec le nombre de clients et ces coûts peuvent être divisés en deux éléments : un coût variable qui est supporté à chaque

fois qu’une vente est réalisée, et un coût fixe qui se produit à chaque recrutement de client. On suppose de plus que l’horizon de planification du commerce ainsi mis en place s’étend sur T cycles d’achats de lots de taille x qui sont divisés et revendus en quantités de taille . Une hypothèse supplémentaire consiste à définir un taux d’escompte par cycle de vente ; ce taux d’escompte peut représenter le risque d’être concurrencé et évincé du marché aussi bien que le taux de préférence normal pour la monnaie.

Sous ces hypothèses et cette configuration, le dealer peut maximiser son profit en résolvant le programme d’optimisation suivant :

sous la contrainte que . Si , l’individu ne vendra pas de drogues.

De manière équivalente, le dealer peut chercher à maximiser , le profit par période :

La constante k représente la somme des coûts directs et indirects, à savoir le coût par vente réalisée et

le coût de recrutement du client ; ces coûts étant amortis par le nombre espéré de transactions.

( )P x xβα= φφ

/x φ

( ) (1)x xP P xβ

βα φφ φ

−⎛ ⎞ ⎛ ⎞= =⎜ ⎟ ⎜ ⎟

⎝ ⎠ ⎝ ⎠

1( )c

2( )c

/x φρ

Π

( ) ( )( )

( ) ( )( )

1 20

11

1 21 (2)

1

Ti

i

T

Max P x P x c c

P x P x c c

β

β

φ φ φ ρ φ

ρφ φ φ

ρ

=

+−

Π = − − −

⎛ ⎞−= − − −⎜ ⎟−⎝ ⎠

( )* 0φΠ ≥ ( )* 0φΠ <

π

( )( )1

2 11

1 , où (3)

1 (4)1 T

Max P x k

k c c

β

φπ φ φ

ρρ

+

= − −

⎛ ⎞⎛ ⎞−= +⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠⎝ ⎠

1( )c

2( )c

sous la contrainte que

37

Le modèle théorique de Caulkins (1997) pose comme hypothèse de base la rationalité du dealer de drogues illicites qui cherche à maximiser ses gains sous des contraintes de coûts et de risques. L’objectif du dealer est de savoir quel est, à l’optimum, le nombre de clients qui maximisera son profit.

On considère un potentiel dealer de drogue qui peut acheter un lot de drogue à l’unité de taille x pour un prix par lot de . Le dealer potentiel pourra trouver, si ceci est profitable, clients et mettre en place un commerce en achetant un lot de drogue de taille x, en le divisant par quantités de taille

et en vendant ces quantités aux clients à un prix :

On suppose que les coûts de recrutement et d’offre aux nouveaux clients sont linéaires avec le nombre de clients et ces coûts peuvent être divisés en deux éléments : un coût variable qui est supporté à chaque

fois qu’une vente est réalisée, et un coût fixe qui se produit à chaque recrutement de client. On suppose de plus que l’horizon de planification du commerce ainsi mis en place s’étend sur T cycles d’achats de lots de taille x qui sont divisés et revendus en quantités de taille . Une hypothèse supplémentaire consiste à définir un taux d’escompte par cycle de vente ; ce taux d’escompte peut représenter le risque d’être concurrencé et évincé du marché aussi bien que le taux de préférence normal pour la monnaie.

Sous ces hypothèses et cette configuration, le dealer peut maximiser son profit en résolvant le programme d’optimisation suivant :

sous la contrainte que . Si , l’individu ne vendra pas de drogues.

De manière équivalente, le dealer peut chercher à maximiser , le profit par période :

La constante k représente la somme des coûts directs et indirects, à savoir le coût par vente réalisée et

le coût de recrutement du client ; ces coûts étant amortis par le nombre espéré de transactions.

( )P x xβα= φφ

/x φ

( ) (1)x xP P xβ

βα φφ φ

−⎛ ⎞ ⎛ ⎞= =⎜ ⎟ ⎜ ⎟

⎝ ⎠ ⎝ ⎠

1( )c

2( )c

/x φρ

Π

( ) ( )( )

( ) ( )( )

1 20

11

1 21 (2)

1

Ti

i

T

Max P x P x c c

P x P x c c

β

β

φ φ φ ρ φ

ρφ φ φ

ρ

=

+−

Π = − − −

⎛ ⎞−= − − −⎜ ⎟−⎝ ⎠

( )* 0φΠ ≥ ( )* 0φΠ <

π

( )( )1

2 11

1 , où (3)

1 (4)1 T

Max P x k

k c c

β

φπ φ φ

ρρ

+

= − −

⎛ ⎞⎛ ⎞−= +⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠⎝ ⎠

1( )c

2( )c

. Si

37

Le modèle théorique de Caulkins (1997) pose comme hypothèse de base la rationalité du dealer de drogues illicites qui cherche à maximiser ses gains sous des contraintes de coûts et de risques. L’objectif du dealer est de savoir quel est, à l’optimum, le nombre de clients qui maximisera son profit.

On considère un potentiel dealer de drogue qui peut acheter un lot de drogue à l’unité de taille x pour un prix par lot de . Le dealer potentiel pourra trouver, si ceci est profitable, clients et mettre en place un commerce en achetant un lot de drogue de taille x, en le divisant par quantités de taille

et en vendant ces quantités aux clients à un prix :

On suppose que les coûts de recrutement et d’offre aux nouveaux clients sont linéaires avec le nombre de clients et ces coûts peuvent être divisés en deux éléments : un coût variable qui est supporté à chaque

fois qu’une vente est réalisée, et un coût fixe qui se produit à chaque recrutement de client. On suppose de plus que l’horizon de planification du commerce ainsi mis en place s’étend sur T cycles d’achats de lots de taille x qui sont divisés et revendus en quantités de taille . Une hypothèse supplémentaire consiste à définir un taux d’escompte par cycle de vente ; ce taux d’escompte peut représenter le risque d’être concurrencé et évincé du marché aussi bien que le taux de préférence normal pour la monnaie.

Sous ces hypothèses et cette configuration, le dealer peut maximiser son profit en résolvant le programme d’optimisation suivant :

sous la contrainte que . Si , l’individu ne vendra pas de drogues.

De manière équivalente, le dealer peut chercher à maximiser , le profit par période :

La constante k représente la somme des coûts directs et indirects, à savoir le coût par vente réalisée et

le coût de recrutement du client ; ces coûts étant amortis par le nombre espéré de transactions.

( )P x xβα= φφ

/x φ

( ) (1)x xP P xβ

βα φφ φ

−⎛ ⎞ ⎛ ⎞= =⎜ ⎟ ⎜ ⎟

⎝ ⎠ ⎝ ⎠

1( )c

2( )c

/x φρ

Π

( ) ( )( )

( ) ( )( )

1 20

11

1 21 (2)

1

Ti

i

T

Max P x P x c c

P x P x c c

β

β

φ φ φ ρ φ

ρφ φ φ

ρ

=

+−

Π = − − −

⎛ ⎞−= − − −⎜ ⎟−⎝ ⎠

( )* 0φΠ ≥ ( )* 0φΠ <

π

( )( )1

2 11

1 , où (3)

1 (4)1 T

Max P x k

k c c

β

φπ φ φ

ρρ

+

= − −

⎛ ⎞⎛ ⎞−= +⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠⎝ ⎠

1( )c

2( )c

, l’individu ne vendra pas de drogues.

De manière équivalente, le dealer peut chercher à maximiser p , le profit par période :

37

Le modèle théorique de Caulkins (1997) pose comme hypothèse de base la rationalité du dealer de drogues illicites qui cherche à maximiser ses gains sous des contraintes de coûts et de risques. L’objectif du dealer est de savoir quel est, à l’optimum, le nombre de clients qui maximisera son profit.

On considère un potentiel dealer de drogue qui peut acheter un lot de drogue à l’unité de taille x pour un prix par lot de . Le dealer potentiel pourra trouver, si ceci est profitable, clients et mettre en place un commerce en achetant un lot de drogue de taille x, en le divisant par quantités de taille

et en vendant ces quantités aux clients à un prix :

On suppose que les coûts de recrutement et d’offre aux nouveaux clients sont linéaires avec le nombre de clients et ces coûts peuvent être divisés en deux éléments : un coût variable qui est supporté à chaque

fois qu’une vente est réalisée, et un coût fixe qui se produit à chaque recrutement de client. On suppose de plus que l’horizon de planification du commerce ainsi mis en place s’étend sur T cycles d’achats de lots de taille x qui sont divisés et revendus en quantités de taille . Une hypothèse supplémentaire consiste à définir un taux d’escompte par cycle de vente ; ce taux d’escompte peut représenter le risque d’être concurrencé et évincé du marché aussi bien que le taux de préférence normal pour la monnaie.

Sous ces hypothèses et cette configuration, le dealer peut maximiser son profit en résolvant le programme d’optimisation suivant :

sous la contrainte que . Si , l’individu ne vendra pas de drogues.

De manière équivalente, le dealer peut chercher à maximiser , le profit par période :

La constante k représente la somme des coûts directs et indirects, à savoir le coût par vente réalisée et

le coût de recrutement du client ; ces coûts étant amortis par le nombre espéré de transactions.

( )P x xβα= φφ

/x φ

( ) (1)x xP P xβ

βα φφ φ

−⎛ ⎞ ⎛ ⎞= =⎜ ⎟ ⎜ ⎟

⎝ ⎠ ⎝ ⎠

1( )c

2( )c

/x φρ

Π

( ) ( )( )

( ) ( )( )

1 20

11

1 21 (2)

1

Ti

i

T

Max P x P x c c

P x P x c c

β

β

φ φ φ ρ φ

ρφ φ φ

ρ

=

+−

Π = − − −

⎛ ⎞−= − − −⎜ ⎟−⎝ ⎠

( )* 0φΠ ≥ ( )* 0φΠ <

π

( )( )1

2 11

1 , où (3)

1 (4)1 T

Max P x k

k c c

β

φπ φ φ

ρρ

+

= − −

⎛ ⎞⎛ ⎞−= +⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠⎝ ⎠

1( )c

2( )c

Page 37: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

37

La constante k représente la somme des coûts directs et indirects, à savoir le coût par vente

réalisée 1( )c et le coût de recrutement du client 2( )c ; ces coûts étant amortis par le nombre espéré de transactions.

La résolution du modèle apporte d’autres informations complémentaires comme le profit réalisé, le retour sur investissement mais aussi et surtout le nombre de dealers.

Deux variables incitatives au commerce de drogues façonnent les conclusions du modèle : f et β définies respectivement comme la fraction d’investissement et l’élasticité prix-quantité de la drogue considérée.

Le nombre de client à l’optimum est :

38

La résolution du modèle apporte d’autres informations complémentaires comme le profit réalisé, le retour sur investissement mais aussi et surtout le nombre de dealers.

Deux variables incitatives au commerce de drogues façonnent les conclusions du modèle : f et β définies respectivement comme la fraction d’investissement et l’élasticité prix-quantité de la drogue considérée.

Le nombre de client à l’optimum est :

et le profit par période obtenue grâce à ce nombre optimal de client est :

Une condition nécessaire et suffisante de profitabilité peut être établie en terme d’un ratio exprimant le coût par transaction divisé par le prix que le dealer paie pour l’achat de la drogue :

Les revenus totaux du dealer par période sont . Ces revenus peuvent être divisés en trois éléments : le montant dépensé pour l’achat de la drogue, la compensation pour les coûts de vente et les profits économiques.

Ainsi, le premier élément, la fraction f du revenu brut utilisé pour l’achat de drogue est :

Dans le cas où le nombre de client est optimal, cette fraction est :

Le second élément du revenu brut est la compensation pour les risques et les coûts de vente. Exprimés comme une fraction du revenu brut, ces risques et coûts rc sont :

A l’optimum du nombre de client,

Le rendement des ventes, les profits économiques divisés par le revenu brut, est :

( ) ( )1/

* 1 P xk

ββ

φ−⎛ ⎞

= ⎜ ⎟⎝ ⎠

( ) ( )* *1 1 P xβπ βφ −= −

( )* /(1 )0 1( )kssiP x

β βπ β β −> < −

( ) ( ) 1/P x P x βφ φ φ −=

11

( )( )P xf

P xβ

β φφ

−−

= =

( )

( )1 /

* * 1

1 ( )kfP x

β β

βφβ

−⎛ ⎞

= = ⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠

1( ) ( )k krc

P x P x

β

β

φ φφ −

= =

* 1 .rc β= −

et le profit par période obtenue grâce à ce nombre optimal de client est :

38

La résolution du modèle apporte d’autres informations complémentaires comme le profit réalisé, le retour sur investissement mais aussi et surtout le nombre de dealers.

Deux variables incitatives au commerce de drogues façonnent les conclusions du modèle : f et β définies respectivement comme la fraction d’investissement et l’élasticité prix-quantité de la drogue considérée.

Le nombre de client à l’optimum est :

et le profit par période obtenue grâce à ce nombre optimal de client est :

Une condition nécessaire et suffisante de profitabilité peut être établie en terme d’un ratio exprimant le coût par transaction divisé par le prix que le dealer paie pour l’achat de la drogue :

Les revenus totaux du dealer par période sont . Ces revenus peuvent être divisés en trois éléments : le montant dépensé pour l’achat de la drogue, la compensation pour les coûts de vente et les profits économiques.

Ainsi, le premier élément, la fraction f du revenu brut utilisé pour l’achat de drogue est :

Dans le cas où le nombre de client est optimal, cette fraction est :

Le second élément du revenu brut est la compensation pour les risques et les coûts de vente. Exprimés comme une fraction du revenu brut, ces risques et coûts rc sont :

A l’optimum du nombre de client,

Le rendement des ventes, les profits économiques divisés par le revenu brut, est :

( ) ( )1/

* 1 P xk

ββ

φ−⎛ ⎞

= ⎜ ⎟⎝ ⎠

( ) ( )* *1 1 P xβπ βφ −= −

( )* /(1 )0 1( )kssiP x

β βπ β β −> < −

( ) ( ) 1/P x P x βφ φ φ −=

11

( )( )P xf

P xβ

β φφ

−−

= =

( )

( )1 /

* * 1

1 ( )kfP x

β β

βφβ

−⎛ ⎞

= = ⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠

1( ) ( )k krc

P x P x

β

β

φ φφ −

= =

* 1 .rc β= −

une condition nécessaire et suffisante de profitabilité peut être établie en terme d’un ratio exprimant le coût par transaction divisé par le prix que le dealer paie pour l’achat de la drogue :

38

La résolution du modèle apporte d’autres informations complémentaires comme le profit réalisé, le retour sur investissement mais aussi et surtout le nombre de dealers.

Deux variables incitatives au commerce de drogues façonnent les conclusions du modèle : f et β définies respectivement comme la fraction d’investissement et l’élasticité prix-quantité de la drogue considérée.

Le nombre de client à l’optimum est :

et le profit par période obtenue grâce à ce nombre optimal de client est :

Une condition nécessaire et suffisante de profitabilité peut être établie en terme d’un ratio exprimant le coût par transaction divisé par le prix que le dealer paie pour l’achat de la drogue :

Les revenus totaux du dealer par période sont . Ces revenus peuvent être divisés en trois éléments : le montant dépensé pour l’achat de la drogue, la compensation pour les coûts de vente et les profits économiques.

Ainsi, le premier élément, la fraction f du revenu brut utilisé pour l’achat de drogue est :

Dans le cas où le nombre de client est optimal, cette fraction est :

Le second élément du revenu brut est la compensation pour les risques et les coûts de vente. Exprimés comme une fraction du revenu brut, ces risques et coûts rc sont :

A l’optimum du nombre de client,

Le rendement des ventes, les profits économiques divisés par le revenu brut, est :

( ) ( )1/

* 1 P xk

ββ

φ−⎛ ⎞

= ⎜ ⎟⎝ ⎠

( ) ( )* *1 1 P xβπ βφ −= −

( )* /(1 )0 1( )kssiP x

β βπ β β −> < −

( ) ( ) 1/P x P x βφ φ φ −=

11

( )( )P xf

P xβ

β φφ

−−

= =

( )

( )1 /

* * 1

1 ( )kfP x

β β

βφβ

−⎛ ⎞

= = ⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠

1( ) ( )k krc

P x P x

β

β

φ φφ −

= =

* 1 .rc β= −

Les revenus totaux du dealer par période sont

38

La résolution du modèle apporte d’autres informations complémentaires comme le profit réalisé, le retour sur investissement mais aussi et surtout le nombre de dealers.

Deux variables incitatives au commerce de drogues façonnent les conclusions du modèle : f et β définies respectivement comme la fraction d’investissement et l’élasticité prix-quantité de la drogue considérée.

Le nombre de client à l’optimum est :

et le profit par période obtenue grâce à ce nombre optimal de client est :

Une condition nécessaire et suffisante de profitabilité peut être établie en terme d’un ratio exprimant le coût par transaction divisé par le prix que le dealer paie pour l’achat de la drogue :

Les revenus totaux du dealer par période sont . Ces revenus peuvent être divisés en trois éléments : le montant dépensé pour l’achat de la drogue, la compensation pour les coûts de vente et les profits économiques.

Ainsi, le premier élément, la fraction f du revenu brut utilisé pour l’achat de drogue est :

Dans le cas où le nombre de client est optimal, cette fraction est :

Le second élément du revenu brut est la compensation pour les risques et les coûts de vente. Exprimés comme une fraction du revenu brut, ces risques et coûts rc sont :

A l’optimum du nombre de client,

Le rendement des ventes, les profits économiques divisés par le revenu brut, est :

( ) ( )1/

* 1 P xk

ββ

φ−⎛ ⎞

= ⎜ ⎟⎝ ⎠

( ) ( )* *1 1 P xβπ βφ −= −

( )* /(1 )0 1( )kssiP x

β βπ β β −> < −

( ) ( ) 1/P x P x βφ φ φ −=

11

( )( )P xf

P xβ

β φφ

−−

= =

( )

( )1 /

* * 1

1 ( )kfP x

β β

βφβ

−⎛ ⎞

= = ⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠

1( ) ( )k krc

P x P x

β

β

φ φφ −

= =

* 1 .rc β= −

. Ces revenus peuvent être divisés en trois éléments : le montant dépensé pour l’achat de la drogue, la compensation pour les coûts de vente et les profits économiques.

Ainsi, le premier élément, la fraction f du revenu brut utilisé pour l’achat de drogue est :

38

La résolution du modèle apporte d’autres informations complémentaires comme le profit réalisé, le retour sur investissement mais aussi et surtout le nombre de dealers.

Deux variables incitatives au commerce de drogues façonnent les conclusions du modèle : f et β définies respectivement comme la fraction d’investissement et l’élasticité prix-quantité de la drogue considérée.

Le nombre de client à l’optimum est :

et le profit par période obtenue grâce à ce nombre optimal de client est :

Une condition nécessaire et suffisante de profitabilité peut être établie en terme d’un ratio exprimant le coût par transaction divisé par le prix que le dealer paie pour l’achat de la drogue :

Les revenus totaux du dealer par période sont . Ces revenus peuvent être divisés en trois éléments : le montant dépensé pour l’achat de la drogue, la compensation pour les coûts de vente et les profits économiques.

Ainsi, le premier élément, la fraction f du revenu brut utilisé pour l’achat de drogue est :

Dans le cas où le nombre de client est optimal, cette fraction est :

Le second élément du revenu brut est la compensation pour les risques et les coûts de vente. Exprimés comme une fraction du revenu brut, ces risques et coûts rc sont :

A l’optimum du nombre de client,

Le rendement des ventes, les profits économiques divisés par le revenu brut, est :

( ) ( )1/

* 1 P xk

ββ

φ−⎛ ⎞

= ⎜ ⎟⎝ ⎠

( ) ( )* *1 1 P xβπ βφ −= −

( )* /(1 )0 1( )kssiP x

β βπ β β −> < −

( ) ( ) 1/P x P x βφ φ φ −=

11

( )( )P xf

P xβ

β φφ

−−

= =

( )

( )1 /

* * 1

1 ( )kfP x

β β

βφβ

−⎛ ⎞

= = ⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠

1( ) ( )k krc

P x P x

β

β

φ φφ −

= =

* 1 .rc β= −

Dans le cas où le nombre de client est optimal, cette fraction est :

38

La résolution du modèle apporte d’autres informations complémentaires comme le profit réalisé, le retour sur investissement mais aussi et surtout le nombre de dealers.

Deux variables incitatives au commerce de drogues façonnent les conclusions du modèle : f et β définies respectivement comme la fraction d’investissement et l’élasticité prix-quantité de la drogue considérée.

Le nombre de client à l’optimum est :

et le profit par période obtenue grâce à ce nombre optimal de client est :

Une condition nécessaire et suffisante de profitabilité peut être établie en terme d’un ratio exprimant le coût par transaction divisé par le prix que le dealer paie pour l’achat de la drogue :

Les revenus totaux du dealer par période sont . Ces revenus peuvent être divisés en trois éléments : le montant dépensé pour l’achat de la drogue, la compensation pour les coûts de vente et les profits économiques.

Ainsi, le premier élément, la fraction f du revenu brut utilisé pour l’achat de drogue est :

Dans le cas où le nombre de client est optimal, cette fraction est :

Le second élément du revenu brut est la compensation pour les risques et les coûts de vente. Exprimés comme une fraction du revenu brut, ces risques et coûts rc sont :

A l’optimum du nombre de client,

Le rendement des ventes, les profits économiques divisés par le revenu brut, est :

( ) ( )1/

* 1 P xk

ββ

φ−⎛ ⎞

= ⎜ ⎟⎝ ⎠

( ) ( )* *1 1 P xβπ βφ −= −

( )* /(1 )0 1( )kssiP x

β βπ β β −> < −

( ) ( ) 1/P x P x βφ φ φ −=

11

( )( )P xf

P xβ

β φφ

−−

= =

( )

( )1 /

* * 1

1 ( )kfP x

β β

βφβ

−⎛ ⎞

= = ⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠

1( ) ( )k krc

P x P x

β

β

φ φφ −

= =

* 1 .rc β= −

Le second élément du revenu brut est la compensation pour les risques et les coûts de vente. Exprimés comme une fraction du revenu brut, ces risques et coûts rc sont :

38

La résolution du modèle apporte d’autres informations complémentaires comme le profit réalisé, le retour sur investissement mais aussi et surtout le nombre de dealers.

Deux variables incitatives au commerce de drogues façonnent les conclusions du modèle : f et β définies respectivement comme la fraction d’investissement et l’élasticité prix-quantité de la drogue considérée.

Le nombre de client à l’optimum est :

et le profit par période obtenue grâce à ce nombre optimal de client est :

Une condition nécessaire et suffisante de profitabilité peut être établie en terme d’un ratio exprimant le coût par transaction divisé par le prix que le dealer paie pour l’achat de la drogue :

Les revenus totaux du dealer par période sont . Ces revenus peuvent être divisés en trois éléments : le montant dépensé pour l’achat de la drogue, la compensation pour les coûts de vente et les profits économiques.

Ainsi, le premier élément, la fraction f du revenu brut utilisé pour l’achat de drogue est :

Dans le cas où le nombre de client est optimal, cette fraction est :

Le second élément du revenu brut est la compensation pour les risques et les coûts de vente. Exprimés comme une fraction du revenu brut, ces risques et coûts rc sont :

A l’optimum du nombre de client,

Le rendement des ventes, les profits économiques divisés par le revenu brut, est :

( ) ( )1/

* 1 P xk

ββ

φ−⎛ ⎞

= ⎜ ⎟⎝ ⎠

( ) ( )* *1 1 P xβπ βφ −= −

( )* /(1 )0 1( )kssiP x

β βπ β β −> < −

( ) ( ) 1/P x P x βφ φ φ −=

11

( )( )P xf

P xβ

β φφ

−−

= =

( )

( )1 /

* * 1

1 ( )kfP x

β β

βφβ

−⎛ ⎞

= = ⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠

1( ) ( )k krc

P x P x

β

β

φ φφ −

= =

* 1 .rc β= −A l’optimum du nombre de client,

38

La résolution du modèle apporte d’autres informations complémentaires comme le profit réalisé, le retour sur investissement mais aussi et surtout le nombre de dealers.

Deux variables incitatives au commerce de drogues façonnent les conclusions du modèle : f et β définies respectivement comme la fraction d’investissement et l’élasticité prix-quantité de la drogue considérée.

Le nombre de client à l’optimum est :

et le profit par période obtenue grâce à ce nombre optimal de client est :

Une condition nécessaire et suffisante de profitabilité peut être établie en terme d’un ratio exprimant le coût par transaction divisé par le prix que le dealer paie pour l’achat de la drogue :

Les revenus totaux du dealer par période sont . Ces revenus peuvent être divisés en trois éléments : le montant dépensé pour l’achat de la drogue, la compensation pour les coûts de vente et les profits économiques.

Ainsi, le premier élément, la fraction f du revenu brut utilisé pour l’achat de drogue est :

Dans le cas où le nombre de client est optimal, cette fraction est :

Le second élément du revenu brut est la compensation pour les risques et les coûts de vente. Exprimés comme une fraction du revenu brut, ces risques et coûts rc sont :

A l’optimum du nombre de client,

Le rendement des ventes, les profits économiques divisés par le revenu brut, est :

( ) ( )1/

* 1 P xk

ββ

φ−⎛ ⎞

= ⎜ ⎟⎝ ⎠

( ) ( )* *1 1 P xβπ βφ −= −

( )* /(1 )0 1( )kssiP x

β βπ β β −> < −

( ) ( ) 1/P x P x βφ φ φ −=

11

( )( )P xf

P xβ

β φφ

−−

= =

( )

( )1 /

* * 1

1 ( )kfP x

β β

βφβ

−⎛ ⎞

= = ⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠

1( ) ( )k krc

P x P x

β

β

φ φφ −

= =

* 1 .rc β= −

Page 38: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

38

Le rendement des ventes, les profits économiques divisés par le revenu brut, est :

39

encore une fois, à l’optimum du nombre de clients, nous avons :

L’expression ci-dessus considère implicitement que le coût d’achat du dealer P(x) est une dépense variable en fonction du commerce réalisé. De façon alternative, le dealer peut considérer cette dépense comme un investissement. Si c’est le cas, en supposant un coût de vente minime, on peut calculer le rendement net sur investissement, c’est-à-dire le ratio du revenu net sur la dépense initiale :

De la même façon, le retour économique net sur investissement (le profit économique divisé par la taille de l’investissement initial) est :

A l’optimum du nombre de clients, on a :

11

1

( ) ( ) 1( ) ( )

P x P x k krP x P x

β ββ

β

φ φ φφ

φ

−−

− −= = − −

( )

( )1 /

*

1 ( )krP x

β β

ββ

−⎛ ⎞

= −⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠

11( ) ( ) 1

( )P x P xg

P x

ββφ

φ−

−−= = −

11( ) ( ) 1

( ) ( )P x P x k kh

P x P x

ββφ φ φ

φ−

−− −= = − −

( ) ( )1 /* 1 ( )

1P x

hk

β ββ

β−

−⎛ ⎞= −⎜ ⎟

⎝ ⎠

encore une fois, à l’optimum du nombre de clients, nous avons :

39

encore une fois, à l’optimum du nombre de clients, nous avons :

L’expression ci-dessus considère implicitement que le coût d’achat du dealer P(x) est une dépense variable en fonction du commerce réalisé. De façon alternative, le dealer peut considérer cette dépense comme un investissement. Si c’est le cas, en supposant un coût de vente minime, on peut calculer le rendement net sur investissement, c’est-à-dire le ratio du revenu net sur la dépense initiale :

De la même façon, le retour économique net sur investissement (le profit économique divisé par la taille de l’investissement initial) est :

A l’optimum du nombre de clients, on a :

11

1

( ) ( ) 1( ) ( )

P x P x k krP x P x

β ββ

β

φ φ φφ

φ

−−

− −= = − −

( )

( )1 /

*

1 ( )krP x

β β

ββ

−⎛ ⎞

= −⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠

11( ) ( ) 1

( )P x P xg

P x

ββφ

φ−

−−= = −

11( ) ( ) 1

( ) ( )P x P x k kh

P x P x

ββφ φ φ

φ−

−− −= = − −

( ) ( )1 /* 1 ( )

1P x

hk

β ββ

β−

−⎛ ⎞= −⎜ ⎟

⎝ ⎠

L’expression ci-dessus considère implicitement que le coût d’achat du dealer P(x) est une dépense variable en fonction du commerce réalisé. De façon alternative, le dealer peut considérer cette dépense comme un investissement. Si c’est le cas, en supposant un coût de vente minime, on peut calculer le rendement net sur investissement, c’est-à-dire le ratio du revenu net sur la dépense initiale :

39

encore une fois, à l’optimum du nombre de clients, nous avons :

L’expression ci-dessus considère implicitement que le coût d’achat du dealer P(x) est une dépense variable en fonction du commerce réalisé. De façon alternative, le dealer peut considérer cette dépense comme un investissement. Si c’est le cas, en supposant un coût de vente minime, on peut calculer le rendement net sur investissement, c’est-à-dire le ratio du revenu net sur la dépense initiale :

De la même façon, le retour économique net sur investissement (le profit économique divisé par la taille de l’investissement initial) est :

A l’optimum du nombre de clients, on a :

11

1

( ) ( ) 1( ) ( )

P x P x k krP x P x

β ββ

β

φ φ φφ

φ

−−

− −= = − −

( )

( )1 /

*

1 ( )krP x

β β

ββ

−⎛ ⎞

= −⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠

11( ) ( ) 1

( )P x P xg

P x

ββφ

φ−

−−= = −

11( ) ( ) 1

( ) ( )P x P x k kh

P x P x

ββφ φ φ

φ−

−− −= = − −

( ) ( )1 /* 1 ( )

1P x

hk

β ββ

β−

−⎛ ⎞= −⎜ ⎟

⎝ ⎠

De la même façon, le retour économique net sur investissement (le profit économique divisé par la taille de l’investissement initial) est :

39

encore une fois, à l’optimum du nombre de clients, nous avons :

L’expression ci-dessus considère implicitement que le coût d’achat du dealer P(x) est une dépense variable en fonction du commerce réalisé. De façon alternative, le dealer peut considérer cette dépense comme un investissement. Si c’est le cas, en supposant un coût de vente minime, on peut calculer le rendement net sur investissement, c’est-à-dire le ratio du revenu net sur la dépense initiale :

De la même façon, le retour économique net sur investissement (le profit économique divisé par la taille de l’investissement initial) est :

A l’optimum du nombre de clients, on a :

11

1

( ) ( ) 1( ) ( )

P x P x k krP x P x

β ββ

β

φ φ φφ

φ

−−

− −= = − −

( )

( )1 /

*

1 ( )krP x

β β

ββ

−⎛ ⎞

= −⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠

11( ) ( ) 1

( )P x P xg

P x

ββφ

φ−

−−= = −

11( ) ( ) 1

( ) ( )P x P x k kh

P x P x

ββφ φ φ

φ−

−− −= = − −

( ) ( )1 /* 1 ( )

1P x

hk

β ββ

β−

−⎛ ⎞= −⎜ ⎟

⎝ ⎠

A l’optimum du nombre de clients, on a :

39

encore une fois, à l’optimum du nombre de clients, nous avons :

L’expression ci-dessus considère implicitement que le coût d’achat du dealer P(x) est une dépense variable en fonction du commerce réalisé. De façon alternative, le dealer peut considérer cette dépense comme un investissement. Si c’est le cas, en supposant un coût de vente minime, on peut calculer le rendement net sur investissement, c’est-à-dire le ratio du revenu net sur la dépense initiale :

De la même façon, le retour économique net sur investissement (le profit économique divisé par la taille de l’investissement initial) est :

A l’optimum du nombre de clients, on a :

11

1

( ) ( ) 1( ) ( )

P x P x k krP x P x

β ββ

β

φ φ φφ

φ

−−

− −= = − −

( )

( )1 /

*

1 ( )krP x

β β

ββ

−⎛ ⎞

= −⎜ ⎟⎜ ⎟−⎝ ⎠

11( ) ( ) 1

( )P x P xg

P x

ββφ

φ−

−−= = −

11( ) ( ) 1

( ) ( )P x P x k kh

P x P x

ββφ φ φ

φ−

−− −= = − −

( ) ( )1 /* 1 ( )

1P x

hk

β ββ

β−

−⎛ ⎞= −⎜ ⎟

⎝ ⎠

Page 39: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

RappoRt synthétique – L’aRgent de La dRogue en FRance – estimation des marchés des drogues illicites en France

39

Page 40: synthèse Rapport synthétique · Rapport synthétique de la recherche « Argent de la drogue » à destination de la Mission ... une première estimation du marché des drogues de

Premier ministre

institut nationaldes hautes études

de la sécurité et de la justice

ÉCOLE MILITAIRE1 place Joffre

Case 3975700 PARIS 07 SP

Tél.: 33 (0)1 76 64 89 00www.inhesj.fr