Table des matières - claudealbert.ca · Exemples de concrétisation Page "8 sur "27. porte qui se trompe en demandant une question plutôt que de la poser, en sortant les vidanges

Table des matières

Plan de commentaire composé 2 .............................................................................

Ces erreurs qui nous font bien parler 4 .........................................................

Plan d’analyse 10 .......................................................................................................

L’art de parler sans rien dire 12 ......................................................................

Plan de dissertation explicative 16 ............................................................................

Ma conception du bonheur 18 ........................................................................

Plan de dissertation critique ou essai 23 ...................................................................

Heureusement que je suis stressé ! 25............................................................

Exemples de concrétisation Page " sur "1 27

Plan de commentaire composé

Introduction

(Banalité) Bien parler c’est se donner les moyens de se faire comprendre

(Contradiction) Pourtant, bien des gens qui parlent mal traduisent merveilleuse-

ment leur pensée

(Hypothèse) Ce ne sont pas les normes qui nous font bien parler

Développement

Principe de classification des liens : les effets (lien A), la fonction (lien B) et les

genres (lien C) d’écarts linguistiques

A-Lien banalité/contradiction : si bien parler c’est se donner les moyens de se

faire comprendre, rien n’empêche que bien des gens qui parlent mal traduisent

merveilleusement leur pensée

1-Le respect de la norme aide à la communication entre les gens

2-L’écart par rapport à la norme contribue à l’expressivité du message

Lien contradiction/hypothèse : vu que bien des gens qui parlent mal traduisent

merveilleusement leur pensée, ce ne sont pas les normes qui nous font bien parler


3-Le bon usage consiste avant tout à connaître la norme de la langue

4-Le très bon usage commande de s’écarter de la norme de bon aloi

Lien banalité/hypothèse : puisque bien parler c’est se donner les moyens de se

faire comprendre, ce ne sont pas les normes qui nous font bien parler

5-Le bon aloi désigne des écarts souhaitables et acceptables par rapport à la

norme

6-Il n’y a de barbarismes, de solécismes, d’incorrections et d’impropriétés que de

mauvais aloi

Conclusion

Par un survol des effets, de la fonction et des types d’écarts linguistiques (signal

d’ouverture de la conclusion (principe de classification des liens)), nous consta-

tons que si bien des gens qui parlent mal traduisent merveilleusement leur pensée

(contradiction), ce ne sont pas les normes qui nous font bien parler (hypothèse).

Aussi il est nécessaire que bien parler soit synonyme de désobéissance par rap-

port à une norme bien connue (banalité modifiée).


Ces erreurs qui nous font bien parler

Mises à part les valeurs sociales qui nous font parler d’une manière plus ou

moins soignée, il reste que l’important en utilisant le langage c’est de se faire

comprendre. Il y en a qui croient que pour y arriver il faut des années d’études,

beaucoup de sérieux et une bonne dose d’aptitudes. Sauf que l’expérience dé-

montre que des gens illettrés, pas sérieux du tout et assez empâtés dans la vie de

tous les jours sont parfois des raconteurs absolument extraordinaires. J’ai connu

dans mon enfance un homme remarquable qui occupait la fonction de crieur dans

les ventes aux enchères. Il ne savait ni lire ni écrire, mais comme on dit, il avait la

parole bien en bouche. Il réussissait à captiver les gens autour de lui, sans pour

autant dire les choses correctement. Quand il avait une idée en tête, même si elle

n’était pas très recommandable, il trouvait le moyen de l’exprimer avec finesse,

couleur et saveur. Les gens couraient pour l’entendre, ce qui prouve, quant à moi,

que le bien parler n’est pas toujours une affaire de grammaire et ne s’apprend pas

forcément sur les bancs d’école.

C’est sûr que pour se comprendre entre nous, il faut respecter les lois du

langage. Si chacun parlait comme il veut, on finirait par créer autant de patois


qu’il y a de personnes. Ce serait dommage ! Napoléon Bonaparte, il y a deux

siècles, a été forcé d’imposer une loi pour que les Français parlent partout de la

même manière. Parce que cela ne va pas de soi ! Il est facile d’inventer ses propres

mots et ses tournures de phrase, mais beaucoup plus difficile d’étudier pour faire

un bon usage de la langue.

À cause de son vocabulaire, il paraît que le français est une des langues les

plus compliquées au monde. Les Anglais en savent quelque chose, eux qui ont du

mal à saisir notre logique du féminin et du masculin. Comment leur expliquer

qu’il faut dire un avion plutôt qu’une avion, une oasis plutôt qu’un oasis, un auto-

bus plutôt qu’une autobus, une horloge plutôt qu’un horloge, un astérisque plutôt

qu’une astérisque ? C’est bougrement compliqué ! Il faut avoir été élevé par une

mère qui connaît bien son français pour que ça aille de soi. Par ailleurs, pourquoi

avons-nous besoin de tant de mots pour décrire la réalité ? Pour traduire la seule

idée de plan d’eau, nous avons le choix entre une mare, une flaque, un marécage,

un étang, un lac, une baie, une anse, une crique, un fjord, un estuaire, un golfe,

une mer, un océan. Mais est-ce vraiment nécessaire d’être aussi nuancé pour bien

parler ?


Oui et non, en vérité ! La langue est bien faite et nous n’avons pas trop de

toute une vie pour apprendre à en exploiter les possibilités. Par contre, ceux qui la

maîtrisent le mieux ne font pas toujours le poids par rapport aux beaux parleurs

qui n’arrêtent pas de bafouer les règles. Respecter la norme, bien entendu, est in-

dispensable à la communication, mais s’en écarter fait souvent que le message de-

vient plus expressif. Parler comme tout le monde assure seulement que l’on se fait

comprendre, mais dire les choses avec un peu d’originalité permet de frapper da-

vantage l’imagination et les émotions. De dire de la gadoue plutôt que de la slush,

une congère plutôt qu’un banc de neige, une catin plutôt qu’une femme légère, un

tapon de lard plutôt que de la graisse, c’est parler avec une efficacité accrue.

S’exprimer avec force consiste donc autant à s’approprier la norme de la

langue française qu’à s’en écarter. Mais pour y arriver, ne faut-il pas avant toute

chose bien la connaître, ce qui met à part tous ceux qui ne font pas attention à la

grammaire. De ceux-là, certains parviennent quand même à produire beaucoup

d’effet, dans la mesure où ceux qui les écoutent comprennent leurs expressions et

leurs tournures de phrases. Rien n’indique toutefois qu’ils feraient une forte im-

pression sur des gens venus de l’étranger, comme des Parisiens, des Suisses ou

des Belges. Les vrais communicateurs n’ont pas le choix : ils doivent se conformer


un minimum à ce qui est prescrit, sinon ils s’exposent à ne toucher qu’une poi-

gnée d’individus. À cet égard, le français international tel que parlé à la télévision

par Céline Galipeau est sans doute un modèle à suivre. Mais est-ce le meilleur ?

Rien de moins sûr, d’autres réussissant à se faire apprécier bien davantage autant

ici que partout dans le monde. Pensons en particulier à un artiste comme Félix

Leclerc qui décidément, même s’il connaît les normes, parle d’une manière un

peu anormale ; de même, Plume Latraverse est un poète reconnu en dépit de ses

écarts de langage épouvantables.

Alors pourquoi Félix et Plume font-ils plus de vague que Céline Galipeau ?

Parce qu’en plus de savoir les règles du français, ils ont la capacité de s’en écarter

en toute connaissance de cause. Par leurs astuces, qu’elles aillent dans le sens de

la langue littéraire ou populaire, ils forcent l’entrée de nouveaux mots et de nou-

velles expressions dans les dictionnaires et les grammaires. C’est par eux que le

vocabulaire et la syntaxe s’enrichissent et ne cessent de s’adapter aux réalités

d’une vie en perpétuel changement. Ils savent quand il est bon de parler autre-

ment et quand il est plutôt préférable de tirer profit des mille et une ressources

des codes existants.


Cette capacité de juger du bon parler, en fait, n’a jamais été le fort des aca-

démiciens. Pour une tarte aux bleuets, l’Office de la langue française recommande

de dire une tarte aux myrtilles, vu que la myrtille c’est le fruit, et le bleuet, l’ar-

brisseau qui porte le fruit. Mais puisque les meilleures baies de ce genre au

monde poussent ici au Lac-Saint-Jean, et qu’en plus tout le monde sait qu’il en

faut trois pour faire une tarte, qui a le culot de venir nous dire comment les appe-

ler ? C’est cela que les linguistes appellent un écart de bon aloi. De même, plutôt

que de dire j’ai pris le traversier pour me rendre sur la rive sud, il faudrait changer

de formulation : j’ai pris le bac pour me rendre sur la rive sud ! Mais de quoi au-

rions-nous l’air !

Par contre, il y a des erreurs regrettables, qui tiennent moins d’un écart par

rapport aux normes que d’une ignorance pure et simple de ce qui est correct. Ces

libertés de mauvais aloi ont pour conséquence de nous faire reconnaître et pointer

du doigt en voyageant dans d’autres pays de la francophonie. Les spécialistes les

appellent incorrections, impropriétés, barbarismes, solécismes, toujours avec un

tantinet de reproche. Tout le monde sait qu’il faut venir du Saguenay pour appeler

un banc de neige une falaise, une chaîne de trottoir un cutter, et que personne là-

bas ne glisse en traîne sauvage, mais se glisse en traîne sauvage. De même, n’im-


porte qui se trompe en demandant une question plutôt que de la poser, en sortant

les vidanges plutôt que les ordures, en remarquant que la température est froide

plutôt que le temps, et en regardant par le châssis plutôt que par la fenêtre. Sans

compter qu’il est possible de combiner les erreurs à l’intérieur d’une seule

phrase : moé je parle simple à cause que c’est full correct et que le monde me

comprennent !

En ce sens, il serait bête de penser que la simplicité est un gage de clarté.

Nos excellents orateurs et écrivains le savent, se compliquent la vie et n’hésitent

pas à sortir des sentiers battus. Eu égard aux effets, à la fonction et aux genres

d’écarts linguistiques, bien traduire sa pensée commande souvent de faire un clin-

d’oeil aux Bescherelle, Grevisse, Hanse et autres experts du même acabit. Mieux

vaut s’inspirer d’espèces de crieurs aux enchères érudits qui, de bon aloi et bien

volontiers, démontrent que le bon usage a moins à voir avec le respect des normes

qu’on ne le croit. Car bien parler ne signifie pas seulement se donner les moyens

de se faire comprendre, mais aussi s’émanciper des conventions en faisant preuve

d’audace et de créativité.


Plan d’analyse

Introduction

(Banalité) La parole est de loin le moyen de communication le plus efficace que

nous connaissions

(Contradiction) Pourtant, les gestes traduisent bien mieux que la parole quantité

de réalités

(Hypothèse) Les gestes sont un moyen de communication sous-exploité dans nos

sociétés

Principe de classification du développement : de la gestuelle en général à la ges-

tuelle en particulier

Développement

(gestuelle en général)

1-Vivre en société demande de la réserve et du respect

2-Il y a tant de choses qu’il vaut mieux ne pas dire

3-Les gestes parlent souvent plus que les mots

4-Il convient de les restreindre parce qu’on ne les contrôle pas beaucoup


5-Les cultiver représente un pouvoir de communication extraordinaire

(gestuelle en particulier)

6-Il existe en tout trois variétés de gestes

7-Les gestes iconiques valent 1 000 mots

8-Les gestes indiciaires pallient les insuffisances de la parole

9-Les gestes symboliques concentrent la signification et tendent à l’universalité

10-Les gestes sont un moyen de communication sous-exploité dans nos sociétés

(retour à l’hypothèse)

Conclusion

Après avoir examiné les aspects généraux et particuliers de la gestuelle (signal

d’ouverture de la conclusion (ou principe de classification du développement)),

nous constatons que si les gestes traduisent bien mieux que la parole quantité de

réalités (contradiction), cela signifie qu’ils sont un moyen de communication

sous-exploité dans nos sociétés (hypothèse). Il est probable, par conséquent, que

la parole soit de loin le moyen de communication le plus économique, mais sûre-

ment pas le plus efficace (banalité modifiée).


L’art de parler sans rien dire

Il est facile d’imaginer ce que les premiers hommes ont dû faire pour ex-

primer leurs besoins ou leur état d’âme. Vu qu’ils ne savaient pas encore parler,

ils ont fait des gestes. Jusqu’à un beau jour où, pour des raisons mal connues, l’un

d’entre eux a eu la brillante idée d’émettre des sons en les associant à des choses.

À partir de ce moment, tout est devenu beaucoup plus facile : on pouvait désor-

mais indiquer la présence d’un objet autrement qu’en le pointant du doigt, et tra-

duire des réalités abstraites comme la joie, le chagrin, la douleur, la rancune, la

contrariété, la vanité, le ressentiment, la jalousie, l’admiration, l’amour, le désir et

le bonheur. Nous avons d’ailleurs tellement profité de la souplesse et de l’extraor-

dinaire pouvoir expressif de la langue qu’avec le temps, nous en sommes venus à

oublier qu’il existe bien d’autres moyens de nous faire comprendre. Certains

d’entre eux dépassent même en efficacité les mots. Aucune école ne montre pour-

tant comment s’en servir et il semble bien qu’une sorte de réserve nous empêche

d’en tirer le meilleur parti. Comme s’ils avaient quelque chose de dangereux ou de

trop compromettant, nous en usons avec parcimonie et sous-estimons leurs pos-

sibilités.

Tout cela sans doute parce que nous vivons dans un monde réservé, dans

une société, une ville, un milieu de travail et une famille où tout le monde a droit


au respect. Dans ce contexte, il est clair que certaines choses ont tout intérêt à ne

pas être dites, par exemple si vous apprenez que la femme de votre meilleur ami a

une maîtresse. À cet égard, nous nous sommes donné un code d’éthique qui invite

à avoir plus de discrétion qu’il n’en faut et à mesurer l’ouverture d’esprit d’autrui

avant de lui faire savoir notre façon de penser. En vertu de ces règles, il est défen-

du de dire à une grosse femme qu’elle est grosse, à un simple d’esprit qu’il n’est

pas futé, à une personne laide qu’elle n’est pas belle à regarder et, surtout, à un

menteur qu’il ment. On appelle ce genre de précautions de la retenue et il en faut

beaucoup dans la vie pour qu’en retour on ne se fasse pas dire ses quatre vérités.

Malheureusement, il arrive parfois que notre meilleur ami devine quand

même que sa femme a une maîtresse, simplement par un changement d’attitude

ou d’allure de notre part. Il y a des gestes qui nous trahissent et qui en disent bien

plus que ne le ferait n’importe quel discours. Notre corps, et particulièrement

notre visage, parle beaucoup et se prend souvent à dévoiler le fond de notre pen-

sée. Ce sont souvent des détails subtils, des élévations involontaires du sourcil,

des pincements de lèvres, des rembrunissements subits, qui donnent le branle à

l’imagination de celui qui apprendra bientôt qu’il est cocu. Ce genre de signes, qui

nous échappent bien malgré nous, il convient de les restreindre au possible, à

moins que l’on désire faire du mal à quelqu’un sans se faire accuser d’avoir trop

parlé. Dans ce cas, ils s’avèrent une arme redoutable.


Les gestes nous trahissent, mais en contrepartie ils peuvent nous servir dès

que l’on comprend un peu mieux leur fonctionnement. Il y en a trois catégories

fondées sur le genre de rapport qu’ils entretiennent avec ce qu’ils représentent.

Ceux du premier groupe nous font penser à quelque chose en vertu d’une simple

ressemblance. André-Philippe Gagnon, par exemple, se sert de la paralysie faciale

et de la claudication pour imiter deux politiciens bien connus. Les chanteurs rock

se dandinent et grimacent pour suggérer un état d’esprit. Les lutteurs de la World

Wrestling Federation se trémoussent pour faire comprendre qu’ils ont mal, qu’ils

sont indignés, qu’ils sont capables d’en prendre ou qu’ils vont se venger. Dans le

deuxième groupe se trouvent les gestes qui ont une relation de fait avec leur objet.

Pointer du doigt signifie qu’une chose se trouve exactement dans telle direction.

Indiquer sa route à quelqu’un en s’aidant avec les mains copie en miniature son

véritable parcours. Piloter un voilier rend compte à l’échelle de la direction et de

l’intensité du vent. Dans la troisième catégorie, enfin, il y a tous les gestes qui ren-

voient à une signification par le biais d’une convention. Un policier qui fait la cir-

culation au coin d’une rue fait des mouvements que tout le monde comprend

parce qu’ils appartiennent à code universel. Jules César, l’empereur romain, ré-

compense ou châtie ses gladiateurs en levant ou en baissant le pouce. Les muets

et les sourds-muets nous sidèrent par la facilité avec laquelle ils enlignent des

mouvements des mains et de la bouche. Mais là où les gestes se montrent les plus

efficaces, là où deux heures d’explication ne suffiraient pas à rendre compte d’une


seule idée, c’est dans le domaine de la vulgarité. Peut-on croire raisonnablement

que des mots parviendront jamais à en dire autant qu’un annulaire pointé vers le

haut avec colère ? Ou bien un avant-bras basculé par en arrière mais retenu au

coude par l’autre main ?

Tout bien considéré, qu’on s’attarde au fonctionnement de la gestuelle en

général ou dans ses manifestations les plus concrètes, il y a lieu de croire que nous

nous privons d’une ressource de communication extrêmement efficace. Pourquoi

cela ? Peut-être parce que nous avons peur qu’elle tourne à notre désavantage,

mais aussi en raison d’un manque de pratique qui nous a rendus un peu mal-

adroits à son égard. Il reste que notre corps supplante la parole bien plus souvent

qu’on ne le pense. Il y a même lieu de regretter que l’étiquette, le savoir-vivre, la

contenance et surtout l’hypocrisie nous forcent à en user avec modération. Parce

qu’en réalité, on a tenté de nous faire croire que rien ne pouvait mieux communi-

quer que le verbe, vu qu’il parvient à dire énormément de choses au prix de très

peu d’efforts. Sauf qu’il ne faudrait pas oublier qu’il existe un autre moyen d’en

dire encore bien davantage, pourvu que l’on n’ait pas peur des conséquences, et

que l’on s’en donne un peu la peine !


Plan de dissertation explicative

Introduction

(Banalité) Pour être heureux, il faut rechercher le confort, le luxe et le plaisir

(Contradiction) Pourtant, ceux qui peuvent le plus s’en permettre n’ont pas l’air plus satisfaits que les autres

(Hypothèse) Pour être heureux, il est nécessaire de savoir relever des défis

Développement

Principe de classification des arguments : de la naïveté à la lucidité

Lien contradiction/hypothèse : si les bien nantis n’ont pas l’air plus satisfaits que les autres, c’est qu’ils ignorent que le bonheur est lié à la capacité de relever des défis

1-Tout le monde a conscience que l’argent ne fait pas le bonheur

2-L’enfant qui ne comprend pas tout à fait le sens de l’argent parvient à être heu-reux

3-Ses jeux sont des défis qu’il s’arrange pour relever (sauter par-dessus le pui-sard)

4-Ses rêves sont des défis amplifiés par son imagination (je veux devenir astro-naute, je veux devenir sœur Saint-Jean-Marie)

Lien banalité/contradiction : bien que le bonheur paraisse relié au confort, au luxe et au plaisir, les mieux nantis sont loin d’avoir l’air plus satisfaits que les autres


1-C’est vrai que les mieux nantis n’ont pas l’air plus satisfaits que les autres

2-Pour être heureux, il faut avoir l’air bien nanti

3-J’ai décidé de compenser ma beauté discutable par le charme (en imitant le re-gard de Marlon Brando)

4-Puis de compenser mon manque d’argent par le style (en allant chercher ma blonde en Coccinelle)

Lien banalité/hypothèse : bien que le bonheur paraisse relié au confort, au luxe et au plaisir, il émane en réalité de la capacité à relever des défis

1-Gagner sa vie donne de la lucidité et convainc qu’avoir l’air bien nanti ne suffit pas

2-Rien n’est plus grisant pour l’enfant comme pour l’adulte que d’avoir l’impres-sion de réussir

3-Pour être sûr de réussir, j’ai relevé le défi de la comptabilité parce que j’avais des dispositions (taper des quantités de chiffres sans regarder)

4-Pour convaincre les autres que je réussis en comptabilité, j’ai monté un petit numéro (faire des additions de mémoire et parler souvent de mes prouesses)

Conclusion

En examinant les conditions du bonheur d’un regard de plus en plus lucide (prin-cipe de classification), il ressort que si les mieux nantis n’ont pas l’air plus satis-faits que les autres (contradiction), c’est que le bonheur dépend de notre capacité à relever des défis (hypothèse). En conséquence, il incombe à ceux qui veulent être heureux de ne pas rechercher aveuglément le confort, le luxe et le plaisir (ba-nalité modifiée).


Ma conception du bonheur

Il paraît qu’on a pas mal moins de chance de gagner au 6/49 que de se faire

frapper par la foudre. Ça ne vous empêche probablement pas d’acheter des billets,

et moi non plus. Les Casinos de Montréal et de Charlevoix, semble-t-il, font des

profits monstres à chaque année avec l’argent que nous perdons dans les ma-

chines et aux tables de jeu. Et pourtant nous y allons en grand nombre et de

bonne grâce ! J’ai un petit cochon que je remplis et que je vide plusieurs fois par

année pour me contenter. C’est qu’au fond, tout comme vous, j’ai l’impression que

la vie serait tellement plus belle si j’avais beaucoup d’argent, même si je sais per-

tinemment par les journaux et la télévision que les vrais de vrais millionnaires ont

l’air d’en arracher bien plus que moi. Ils vivent dans le confort, le luxe et les plai-

sirs, mais tout le monde leur en veut un peu pour leur aisance et ils finissent par

avoir toutes sortes de problèmes. En plus, après un certain temps, plusieurs

d’entre eux cessent d’apprécier la situation matérielle extraordinaire dans laquelle

ils vivent, comme s’il leur manquait quelque chose qui se trouve en ma posses-

sion ! C’est le monde à l’envers quoi ! et je suis convaincu qu’il y a beaucoup de

vérité là-dedans. Le bonheur se trouve peut-être plus à notre portée qu’on ne le


croit. Au cours des prochaines minutes, je vais d’ailleurs vous faire bénéficier de

ma vaste expérience en la matière.

Est-ce trop vous demander de me croire quand je vous dis que l’argent ne

fait pas le bonheur ? Oui ? Non ? Ça n’a pas d’importance, je me charge de vous

convaincre. À la fin de mon discours, je suis persuadé que vous allez tous vous vi-

der les poches et me donner votre argent, parce que vous aurez autre chose à faire

dans la vie que de dépenser. Les enfants comprennent à peine le sens de l’argent

et, que je sache, ils n’ont pas l’air de s’en faire pour autant. Alors faisons comme

eux et essayons de voir ce qui nous rendrait le plus heureux.

Ce qui nous fait vivre au fond, riches ou pauvres, beaux ou laids, intelli-

gents ou pas, malades ou en santé, c’est notre capacité de nous fixer constamment

des défis et de les relever. L’opulence a tendance à rendre la vie très facile. Elle est

un risque reconnu de cancer, de maladies cardio-vasculaires et de sida ! Ceux qui

ont un trop-plein d’argent devraient m’engager comme conseiller, je leur dirais

comment se protéger et être bien mieux dans leur peau. Premièrement, il faut se

donner de la misère. Quand j’étais enfant, je passais mon temps à sauter par-des-

sus un puisard creusé au bout du terrain, sachant très bien que ma mère me cor-

rigerait si je tombais dedans. Je garde un souvenir ému de mes prouesses, et aussi


des claques que j’ai reçues… Deuxièmement, il vaut mieux prolonger les défis

quotidiens par des rêves ambitieux, pour éviter d’accumuler de la frustration. Par

exemple, plutôt que de mettre à exécution mon projet de canon de balles à bad-

minton avec de la poudre de pétard, je me suis convaincu, au cours de ma qua-

trième année, que si j’y mettais de l’effort, je deviendrais un bon pilote de fusée

spatiale. Tout allait bien dans le meilleur des mondes jusqu’au moment où ayant

eu comme professeur une sœur admirable du nom de Saint-Jean-Marie, mon

idéal a basculé : ne comprenant pas que les hommes ne pouvaient pas devenir

comme elle, j’ai abandonné le pilotage au profit de l’idolâtrie. Je voulais devenir et

c’était très sérieux sœur Saint-Normand-de-Dieu ! Je vous avoue que pendant

deux semaines je ne tenais plus par terre.

Il faut donc s’arranger pour relever des défis, réels ou imaginaires. À l’ado-

lescence, par la force des choses, je devais ajouter un autre volet à ma réflexion.

S’il est vrai que les mieux nantis ne semblent pas plus satisfaits que les autres, je

me suis dit qu’il valait peut-être mieux procéder autrement : au prix d’un raison-

nement très subtil, que je m’abstiendrai de dévoiler ici, j’en suis venu à croire que

ce qui importe, ce n’est pas tant de posséder quelque chose que d’avoir l’air de le

posséder. J’ai peut-être vécu alors la période la plus excitante de ma vie. Paraître


était devenu ma consigne. Pour compenser ma beauté somme toute assez discu-

table, je me suis mis à imiter le regard de Marlon Brando pour plaire aux filles, et

ça marchait. Et comme je n’avais pas tellement d’argent, j’ai aussi pris la résolu-

tion de compenser par le style. J’étais très fier et plein d’orgueil d’aller chercher

ma blonde dans une Coccinelle, qui n’avait pas vraiment de chaufferette et qui en

réalité me faisait damner. À ma grande surprise, elle paraissait aussi contente que

moi.

Puis est venu le moment ingrat de gagner ma vie. C’est bien beau les défis,

les rêves et le show-off, il me fallait de toute urgence trouver un moyen de rester

au-dessus de mes affaires. J’ai convenu, en faisant du Beaulieu thinking, que dé-

sormais ça ne servirait plus à rien de mousser mon image. Pour la première fois

de ma vie, je réalisais que rien ne me ferait plus plaisir que d’avoir l’impression de

réussir. Quelque chose d’ailleurs me dit que je ne suis pas le seul à avoir eu cette

idée ! Pour être bien sûr de mon coup, je me suis lancé dans un domaine où j’avais

beaucoup de dispositions, les chiffres et les registres. Figurez-vous que pour des

raisons génétiques, je suis capable de rentrer une quantité inimaginable de

chiffres sur une machine à additionner, avec élégance, souplesse, sans erreur et

sans regarder. Je n’ai pas ma pareille, également, pour additionner à vue des co-


lonnes de chiffres à une vitesse surprenante : je m’en vante beaucoup, puisqu’il

faut aussi que je donne aux autres l’impression que j’ai réussi.

Morale de cette histoire, mesdames et messieurs, le bonheur se trouve à

notre portée. Qu’on jette sur la vie un regard lucide comme le mien, ou encore ce-

lui d’un enfant ou d’un adolescent, la méthode est efficace et le résultat le même.

Primo, cesser de penser aux gens cossus ou plus beaux que nous : c’est le péché

d’envie qui, je vous le rappelle, mène à une tristesse que l’on ressent à la vue du

bien du prochain, ou à une joie coupable du mal qui lui arrive (Catéchisme, ar-

ticle 62). Voilà tout le contraire de l’objectif que nous poursuivons. Secundo,

considérer que le bonheur dépend des projets que nous avons en tête, et qu’à cet

égard il importe de ne pas trop se montrer ambitieux. Tertio, se convaincre que le

confort, le luxe et les plaisirs ne sont pas une fin en soi, ni même un moyen. N’est-

ce pas brillant tout cela ? Sauf que, si vous le permettez, je vais tout de même

continuer à aller au Casino et à acheter des billets de Loto-Québec, parce que je

suis sûr qu’avec mon expérience et mon niveau de conscience, la richesse m’ira

comme un gant !


Plan de dissertation critique ou essai

Introduction

(Banalité) Le stress est aujourd’hui perçu d’une manière particulièrement néga-

tive

(Contradiction) Pourtant, des chercheurs éminents ont démontré que sans lui

l’être humain ne pourrait se maintenir en vie

(Hypothèse) Seuls les cas pathologiques de stress sont portés à l’attention du pu-

blic

Développement

Principe de classification des arguments : du stress entendu comme cause de l’ac-

tion vers les effets du stress après l’action

1a-Sans le stress, il serait difficile de trouver de la motivation dans quelque projet

que ce soit

1b-L’intérêt et la passion procurent tout autant de motivation que le stress

1c-L’intérêt et la passion ne viennent pas assez spontanément pour assurer un

bon rendement sur une base quotidienne

2a-Un projet comme un discours en public a plus de chance de réussir s’il dé-

clenche du stress


2b-Un orateur aguerri pourrait arriver à un résultat satisfaisant sans trop s’en

faire

2c-Les orateurs de métier ont l’air de ne pas être stressés parce qu’il ont d’excel-

lents moyens de ne pas le montrer

3a-Dans le cas d’un discours en public réussi, l’orateur éprouve une satisfaction

en proportion de son stress

3b-Le stress fait perdre leurs moyens à bien des orateurs

3c-Le risque du stress vaut le coup puisqu’il est le seul moyen d’assurer l’excel-

lence qui, en retour, est gage de santé

4-Seuls les cas pathologiques de stress, c’est-à-dire ceux impliquant des gens qui

se fixent des projets sans tenir compte de leurs capacités, sont portés à l’attention

du public (retour de l’hypothèse)

Conclusion

Ayant examiné le stress comme cause et comme effet de l’action (principe de clas-

sification des arguments), nous constatons que bien qu’il soit un principe de vie

pour l’être humain (contradiction), seules ses conséquences pathologiques sont

portées à l’attention du public (hypothèse). Par conséquent, il est possible que le

stress soit perçu d’une façon particulièrement erronée et mensongère (banalité

modifiée).


Heureusement que je suis stressé !

C’est assez rare de nos jours que l’on entende parler en bien du stress. Les

médecins se tuent à nous dire de nous calmer, peut-être parce qu’ils voient beau-

coup de patients qui en souffrent et qu’ils se sentent eux-mêmes affectés par le

problème. Il y a quelques années, je me suis entendu ordonner par l’un d’eux de

me calmer les nerfs parce que je souffrais d’ulcères d’estomac. J’ai suivi des cours

de yoga, fait de la respiration profonde et tout le tra-la-la, en incluant du sport sur

une base régulière, pour retrouver mon harmonie. Après coup, je ne suis pas trop

sûr d’avoir attaqué le problème à la source. Le grand chercheur canadien Hans

Selye, inventeur et spécialiste de la théorie du stress, n’a-t-il pas dit qu’une bonne

dose de nervosité est essentielle à la vie et que sans elle l’espèce humaine ne serait

certainement pas rendue où elle est ? Peut-être qu’en essayant de me calmer, moi

qui me perçois comme un nerveux du dimanche, je me faisais plus de tort que de

bien. Peut-être que mes douleurs seraient disparues bien plus vite en recherchant

des occasions de stress comme je le fais aujourd’hui. Une chose est sûre, en tout

cas, c’est que l’on ne parle jamais des avantages du stress et que seuls des cas pa-

thologiques sont portés à l’attention du public. Ne trouvez-vous pas qu’il y a là

quelque chose de bizarre ?

Nous vivons dans une société de concurrence où nous n’avons pas le choix

de performer. Tout le monde le sait et agit en conséquence. Or, sans le stress qui


accompagne nos projets, réussirions-nous vraiment à les accomplir ? Personnel-

lement j’en doute, puisque le calme encourage le repos et que le repos est tout à

fait le contraire du travail. Il y en a bien sûr qui prétendent que l’intérêt ou la pas-

sion sont des stimulants encore bien plus efficaces. Mais peut-on demander à une

majorité de gens de compter sur l’un et l’autre pour renouveler leur motivation

sur une base quotidienne ? À mon sens, il est beaucoup plus réaliste de compter

sur le stress.

Vous et moi, à première vue, sommes assez fous de nous donner du mal à

faire des discours en public. Ma pression monte, mon pouls s’accélère et je me

sens tout confus, même si j’ai intérêt à ne pas le montrer. Il se trouve, bien enten-

du, des orateurs plus aguerris que moi qui ne s’en feraient pas outre mesure et qui

vous en mettraient plein la vue et les oreilles sans le moindre embarras. Mais leur

art, justement, ne consiste-t-il pas à dégager la confiance alors qu’au fond ils res-

sentent un peu la même anxiété que nous ? Et s’ils savent si bien ordonner leur

pensée, ne faut-il pas qu’ils aient une compulsion à le faire ? À nouveau, je pré-

tends que le stress doit y être pour quelque chose.

Il y a une répercussion extraordinaire au trac que l’on éprouve en prenant

la parole en public. C’est qu’advenant une bonne prestation, la satisfaction que

l’on ressent se trouve toujours en proportion des papillons que l’on a endurés

avant de passer aux actes. En contrepartie, ce stress peut empêcher la réalisation

d’un discours dégagé et convaincant, et même faire vivre à l’orateur des moments

de véritable angoisse. Mais ce risque existe-t-il vraiment pour quelqu’un qui effec-


tue une préparation appropriée et qui sait se fixer des objectifs convenant à ses

capacités ? La satisfaction du devoir accompli, excellente pour la santé en général

et pour la flore de l’estomac en particulier, vaut certainement la peine que l’on

tente l’aventure. Tributaire du stress, elle est bien plus éprouvée que n’importe

quelle prescription médicale.

Autrement dit, si vous avez envie de vivre longtemps et d’avoir une qualité

de vie acceptable, mieux vaut vous énerver un peu que de ne pas vous énerver du

tout. Le calme mène à l’ennui qui à son tour conduit au spleen puis à la dépres-

sion. Il y a bien des gens malchanceux, malades chroniques, chômeurs ou per-

sonnes qui restent à la maison, qui pourraient nous le confirmer. Qu’on examine

le stress comme moteur de l’action ou dans ses effets sur le corps et l’esprit, tout

porte à croire qu’il constitue bel et bien un avantage, voire même un principe de

vie. Et si la médecine y voit une maladie caractéristique des pays industrialisés,

c’est peut-être qu’elle se veut beaucoup plus curative que préventive, sans oublier

que les compagnies pharmaceutiques y trouvent largement leur compte ! Du

moins, il est étrange que ses conséquences négatives soient portées si souvent à

notre attention ; pour moi, il s’agit d’une diversion qui nous empêche de décou-

vrir la véritable source des maux qui nous guettent.


Documents

Table des matières - claudealbert.ca · Exemples de concrétisation Page "8 sur "27. porte qui se trompe en demandant une question plutôt que de la poser, en sortant les vidanges