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Table des matières
Introduction : Les personnages de La Comédie humaine dessinés par Charles Huard (1874-1965) .... 2
LES PERSONNAGES .................................................................................................................................... 3
Eugène de Rastignac ................................................................................................................................... 3
Le chevalier de Valois ................................................................................................................................. 3
Le comte Henri de Marsay .......................................................................................................................... 4
Bixiou .......................................................................................................................................................... 4
Ginevra di Piombo....................................................................................................................................... 5
Eugénie Grandet .......................................................................................................................................... 6
Pierrette ....................................................................................................................................................... 6
Rose Cormon ............................................................................................................................................... 7
Vautrin ......................................................................................................................................................... 8
Peyrade ........................................................................................................................................................ 8
Gobseck ....................................................................................................................................................... 9
Cérizet ......................................................................................................................................................... 9
L'Antiquaire du quai Voltaire .................................................................................................................... 10
Le colonel Chabert .................................................................................................................................... 11
L'abbé Bonnet ............................................................................................................................................ 11
La vicomtesse de Beauséant ...................................................................................................................... 12
Le général Armand de Montriveau............................................................................................................ 13
La duchesse de Langeais ........................................................................................................................... 13
La cousine Bette ........................................................................................................................................ 14
César Birotteau .......................................................................................................................................... 15
Mgr Hyacinthe Troubert ............................................................................................................................ 16
LES PLAQUES TYPOGRAPHIQUES ........................................................................................................ 17
Procédé ...................................................................................................................................................... 17
2
Introduction : Les personnages de La Comédie humaine dessinés par Charles
Huard (1874-1965)
Une des salles de l'appartement de Balzac est consacrée aux personnages inventés par l'écrivain. Ces
personnages sont représentés sur des plaques typographiques qui ont servi à illustrer différentes éditions de
ses œuvres complètes.
Ici, nous souhaitons focaliser votre attention sur vingt et un personnages de Balzac dessinés par Charles
Huard (1874-1965) pour l'édition Conard des Œuvres complètes d'Honoré de Balzac (1912-1940).
En cliquant sur chacun des noms dans le menu situé à gauche de cette page, vous pourrez lire le portrait du
personnage livré par l'écrivain ainsi qu'un bref résumé de son histoire.
Les personnages ne sont pas classés selon un ordre défini. Nous espérons que ce dossier vous permettra
d'appréhender la diversité des personnages, célèbres ou moins célèbres, que l'écrivain a inventés : des
hommes, des femmes, des enfants, des ambitieux, des désespérés, des avares, des mystiques... dont Balzac
nous dresse un portrait physique et moral.
Sources :
- La Comédie humaine, Paris, Gallimard, 1976-1981 (Bibliothèque de la Pléiade).
- LOTTE (Fernand), Dictionnaire biographique des personnages de La Comédie humaine, Paris, librairie
José Corti, 1952.
- Dictionnaire des personnages de tous les temps et de tous les pays, Laffont-Bompiani, 1994 (Bouquins).
3
LES PERSONNAGES
Eugène de Rastignac
Ce jeune-homme apparaît dans plusieurs romans de La Comédie humaine, et y incarne l'ambition et le
succès. Issu d'un milieu provincial modeste, venu à Paris pour y étudier le droit, il est bientôt envoûté par
les fastes de la capitale. L'histoire du père Goriot, dépouillé par ses filles, les conseils du forçat Vautrin, et
ceux de la vicomtesse de Beauséant, sa protectrice, tout l'incite désormais à se pousser dans le monde par
tous les moyens. Amant de Delphine de Nucingen, épouse d'un très riche banquier, il devient ministre sous
la monarchie de Juillet.
« Enfin une foule de circonstances inutiles à consigner ici, décuplèrent son désir de parvenir et lui
donnèrent soif de distinctions.
Le chevalier de Valois
Eugène de Rastignac dans Le Père
Goriot, dessiné par Charles Huard
pour illustrer l’édition Conard de la
Comédie humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
« Pendant sa première année de séjour à Paris, le peu de travail que
veulent les premiers grades à prendre dans la Faculté l'avait laissé
libre de goûter les délices visibles du Paris matériel. (...) Dans ces
initiations successives, il (l'étudiant) se dépouille de son aubier,
agrandit l'horizon de sa vie, et finit par concevoir la superposition
des couches humaines qui composent la société. S'il a commencé par
admirer les voitures au défilé des Champs-Elysées par un beau soleil,
il arrive bientôt à les envier. Eugène avait subi cet apprentissage à
son insu, quand il partit en vacances, après avoir été reçu bachelier
ès Lettres et bachelier en Droit. Ses illusions d'enfance, ses idées de
province avaient disparu. Son intelligence modifiée, son ambition
exaltée lui firent voir juste au milieu du manoir paternel, au sein de
la famille. (...) enfin une foule de circonstances inutiles à consigner
ici, décuplèrent son désir de parvenir et lui donnèrent soif de
distinctions. »
Le Père Goriot, La Pléiade, tome III, p. 74-75
Le chevalier de Valois dans La
Vieille Fille, dessiné par Charles
Huard pour illustrer l’édition Conard
de la Comédie Humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
« Chez le coquet chevalier, tout révélait les mœurs de
l'homme à femmes (ladie's man) : il était si minutieux dans
ses ablutions que ses joues faisaient plaisir à voir, elles
semblaient brossées avec une huile merveilleuse. La partie du
crâne que ses cheveux se refusaient à couvrir brillait comme
de l'ivoire. Ses sourcils, comme ses cheveux jouaient la
jeunesse par la régularité que leur imprimait le peigne. Sa
peau déjà si blanche semblait encore extrablanchie par
quelque secret. Sans porter d'odeur, le chevalier exhalait
comme un parfum de jeunesse qui rafraîchissait son aire. Ses
mains de gentilhomme, soignées comme celles d'une petite
maîtresse, attiraient le regard par leurs ongles roses et bien
coupés. Enfin, sans son nez magistral et superlatif, il eût été
poupin. (...) Seulement cet Adonis en retraite n'avait rien de
mâle dans son air, et semblait employer le fard de sa toilette
pour cacher les ruines occasionnées par le service militaire de
la galanterie. »
La Vieille Fille, La Pléiade, tome IV, p. 813-814
4
Sous la Restauration, ce gentilhomme rusé et libertin convoite la main de Mlle Cormon, riche héritière.
Mais sa stratégie est trop subtile pour conquérir la pauvre Mlle Cormon, désespérée de ne jamais trouver
mari. Devancé par un autre prétendant, le vulgaire du Bousquier, il dépérit et meurt avec la chute de la
monarchie légitime en 1830.
« Seulement cet Adonis en retraite n'avait rien de mâle dans son air, et semblait employer le fard de sa
toilette pour cacher les ruines occasionnées par le service militaire de la galanterie. »
Le comte Henri de Marsay
Fils naturel de Lord Dudley, très beau jeune homme, adroit et intelligent, c'est le type même du dandy de la
Restauration. Banquets, intrigues amoureuses (Paquita Valdès, la duchesse Charlotte de X, l'enlèvement de
la duchesse de Langeais pour le général de Montriveau...) marquent ses débuts, brillants et oisifs. Puis,
déçu par l'amour, il se lance dans la politique, menant toujours grand train, et accède au poste de ministre
sous la monarchie de Juillet.
« Hélas, toutes ces belles qualités, ces jolis défauts étaient ternis par un épouvantable vice: il ne croyait ni
aux hommes, ni aux femmes, ni à Dieu, ni au diable. »
Bixiou
« De petite taille, mais bien pris, une figure fine, remarquable par une vague ressemblance avec celle de
Napoléon, lèvres minces, menton plat tombant droit, favoris châtains, vingt-sept ans, blond, voix mordante,
regard étincelant, voilà Bixiou. Cet homme, tout sens et tout esprit, se perdait par une fureur pour les
plaisirs de tout genre qui le jetait dans une dissipation continuelle. Intrépide chasseur de grisettes, fumeur,
amuseur de gens, dîneur et soupeur, se mettant partout au diapason, brillant aussi bien dans les coulisses
qu'au bal des grisettes dans l'Allée des Veuves, il étonnait autant à table que dans une partie de plaisir (...)
Enfin cet artiste, vraiment profond, mais par éclairs, se balançait dans la vie comme sur une escarpolette,
Le comte Henri de Marsay dans La
Fille aux yeux d’or, dessiné par
Charles Huard pour illustrer l’édition
Conard de la Comédie humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
« Quoiqu'il eût vingt-deux ans accomplis, il paraissait en
avoir à peine dix-sept. Généralement, les plus difficiles de
ses rivaux le regardaient comme le plus joli garçon de
Paris. De son père, Lord Dudley, il avait pris les yeux
bleus les plus amoureusement décevants ; de sa mère, les
cheveux noirs les plus touffus ; de tous deux, un sang pur,
une peau de jeune-fille, un air doux et modeste, une taille
fine et aristocratique, de fort belles mains. Pour une
femme, le voir, c'était en être folle (...) Sous cette fraîcheur
de vie, et malgré l'eau limpide de ses yeux, Henri avait un
courage de lion, une adresse de singe. (...) Hélas, toutes
ces belles qualités, ces jolis défauts étaient ternis par un
épouvantable vice : il ne croyait ni aux hommes, ni aux
femmes, ni à Dieu, ni au diable. La capricieuse nature
avait commencé à le douer; un prêtre l'avait achevé. »
La Fille aux yeux d'or, La Pléiade, tome V, p. 105
5
sans s'inquiéter du moment où la corde casserait. Sa vivacité d'esprit, sa prodigalité d'idées le faisaient
rechercher par tous les gens accoutumés au rayonnement de l'intelligence; mais aucun de ses amis ne
l'aimait. Incapable de retenir un bon mot, il immolait ses deux voisins à table avant la fin du premier
service. Malgré sa gaieté d'épiderme, il perçait dans ses discours un secret mécontentement de sa position
sociale, il aspirait à quelque chose de mieux, et le fatal démon caché dans son esprit l'empêchait d'avoir le
sérieux qui en impose tant aux sots. »
Les Employés, La Pléiade, tome VII, p. 975-976
Ginevra di Piombo
Commis au ministère des Finances sous la Restauration, Bixiou
s'y fait remarquer par ses charges et ses plaisanteries caustiques
et justes. Peu assidu aux tâches administratives, il quitte
l'administration et se lance dans la caricature. A la fois craint et
respecté pour son talent, il se rapproche des journalistes,
artistes, lorettes et autres viveurs du moment et partage avec
eux la vie brillante et insouciante de la bohème parisienne.
« Incapable de retenir un bon mot, il immolait ses deux voisins
à table avant la fin du premier service. »
Bixiou, dans Les Employés, dessiné par Charles
Huard pour illustrer l’édition Conard de la
Comédie Humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
Ginevra di Piombo, dans La Vendetta,
dessiné par Charles Huard pour illustrer
l’édition Conard de la Comédie
humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
« De toutes les jeunes filles venues jusqu'alors dans l'atelier de
Servin, elle était la plus belle, la plus grande et la mieux faite. Sa
démarche possédait un caractère de noblesse et de grâce qui
commandait le respect. Sa figure empreinte d'intelligence
semblait rayonner, tant y respirait cette animation particulière aux
Corses et qui n'exclut point le calme. Ses longs cheveux, ses yeux
et ses cils noirs exprimaient la passion. Quoique les coins de sa
bouche se dessinassent mollement et que les lèvres fussent un peu
trop fortes, il s'y peignait cette bonté que donne aux êtres forts la
conscience de leur force. Par un singulier caprice de la nature, le
charme de son visage se trouvait en quelque sorte démenti par un
front de marbre où se peignait une fierté presque sauvage, où
respiraient les mœurs de la Corse. Là était le seul lien qu'il y eût
entre elle et son pays natal: dans tout le reste de sa personne, la
simplicité, l'abandon des beautés lombardes séduisaient si bien
qu'il fallait ne pas la voir pour lui causer la moindre peine.(...)
Elle s'était refusée au mariage, par amour pour son père et sa
mère, en se sentant nécessaire à leurs vieux jours. Son goût pour
la peinture avait remplacé les passions qui agitent ordinairement
les femmes. »
La Vendetta, La Pléiade, tome I, p. 1046-1047
6
Fille de riches propriétaires des environs de Bastia, Ginevra quitte la Corse avec ses parents en 1800, car
son père a tué les membres de la famille Porta par vengeance. De ce carnage, seul subsiste un fils, Luigi
Porta, dont Ginevra tombe amoureuse et qu'elle l'épouse, contre la volonté de son père. Rapidement sans
ressources, elle exploite ponctuellement ses dons de dessinatrice, cultivés dans un atelier à la fin de
l'Empire, avant de mourir de faim avec son enfant en 1820.
« Par un singulier caprice de la nature, le charme de son visage se trouvait en quelque sorte démenti par
un front de marbre où se peignait une fierté presque sauvage, où respiraient les mœurs de la Corse. »
Eugénie Grandet
Humble et soumise à son père, avare et tyrannique, la vie d'Eugénie bascule avec l'arrivée de son cousin
Charles à Saumur. La jeune-femme en tombe follement amoureuse et lui donne toutes ses pièces d'or pour
qu'il parte faire fortune aux Indes. Mais à son retour, Charles la délaisse. Profondément blessée et plus riche
que jamais, elle se marie alors par pure convenance et se consacre à des œuvres de charité.
Remarque : La plaque typographique qui a servi à l'illustration de ce personnage n'est pas visible dans la
salle des personnages de la Maison de Balzac.
« Ses traits, les contours de sa tête que l'expression du plaisir n'avait jamais ni altérés ni fatigués,
ressemblaient aux lignes d'horizon si doucement tranchées dans le lointain des lacs tranquilles. »
Pierrette
« La blancheur excessive de sa figure trahissait une de ces horribles maladies de jeune fille à laquelle la
médecine a donné le nom gracieux de chlorose, et qui prive le corps de ses couleurs naturelles, qui trouble
l'appétit et annonce de grands désordres dans l'organisme. Ce ton de cire existait dans toute la carnation. Le
cou et les épaules expliquaient par leur pâleur d'herbe étiolée la maigreur des bras jetés en avant et croisés.
Les pieds de Pierrette paraissaient amollis, amoindris par la maladie. Sa chemise ne tombait qu'à mi-jambe
Eugénie Grandet, dans La Pléiade,
dessiné par Charles Huard pour illustrer
l’édition Conard de la Comédie humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
« Eugénie, grande et forte, n'avait donc rien du joli qui plaît aux
masses; mais elle était belle de cette beauté si facile à
reconnaître, et dont s'éprennent seulement les artistes. Le
peintre qui cherche ici-bas un type à la céleste pureté de Marie,
qui demande à toute la nature féminine ces yeux modestement
fiers devinés par Raphaël, ces lignes vierges souvent dues aux
hasards de la conception, mais qu'une vie chrétienne et pudique
peut seule conserver ou faire acquérir; ce peintre, amoureux
d'un si rare modèle, eût trouvé tout à coup dans le visage
d'Eugénie la noblesse innée qui s'ignore; il eût vu sous un front
calme un monde d'amour; et, dans la coupe des yeux, dans
l'habitude des paupières, le je ne sais quoi de divin. Ses traits,
les contours de sa tête que l'expression du plaisir n'avait jamais
ni altérés ni fatigués, ressemblaient aux lignes d'horizon si
doucement tranchées dans le lointain des lacs tranquilles. »
Eugénie Grandet, La Pléiade, tome III, p. 1076
7
et laissait voir des nerfs fatigués, des veines bleuâtres, une carnation appauvrie. Le froid qui l'atteignit lui
rendit les lèvres d'un beau violet. Le triste sourire qui tira les coins de sa bouche assez délicate montra des
dents d'un ivoire fin et d'une forme menue, de jolies dents transparentes qui s'accordaient avec ses oreilles
fines, avec son nez un peu pointu mais élégant, avec la coupe de son visage qui, malgré sa parfaite rondeur
était mignonne.
Rose Cormon
Riche héritière apparentée à la noblesse d'Alençon, Mlle Cormon mène un train routinier et confortable
avec son vieil oncle, l'abbé de Sponde. Mais au fond d'elle-même, elle n'a plus qu'une obsession : trouver
enfin un mari. Les prétendants sont nombreux et intriguent : le noble chevalier de Valois, l'artiste passionné
Athanase Granson, et le libéral du Bousquier. Finalement, c'est à ce dernier, vulgaire, tyrannique et
impuissant, que se livre la vieille fille. Dès lors, elle supporte avec courage et abnégation sa nouvelle vie de
femme.
Toute l'animation de ce charmant visage se trouvait dans des yeux dont l'iris,
couleur tabac d'Espagne et mélangé de points noirs, brillait par des reflets
d'or autour d'une prunelle profonde et vive. Pierrette avait dû être gaie, elle
était triste. Sa gaieté perdue existait encore dans la vivacité des contours de
l'œil, dans la grâce ingénue de son front et dans les méplats de son menton
court. Ses longs cils se dessinaient comme des pinceaux sur des pommettes
altérées par la souffrance. Le blanc, prodigué outre mesure, rendait d'ailleurs
les lignes et les détails de la physionomie très purs. L'oreille était un petit
chef-d'œuvre de sculpture: vous eussiez dit du marbre. Pierrette souffrait de
bien des manières. »
Pierrette, La Pléiade, tome IV, p. 35-36
Petite orpheline placée chez des cousins merciers à Provins, cet
enfant, bonne et pieuse, meurt suite aux mauvais traitements
que lui inflige son entourage, le couple Rogron.
« Sa gaieté perdue existait encore dans la vivacité des contours
de l'œil, dans la grâce ingénue de son front et dans les méplats
de son menton court. »
Pierrette Lorrain, dans Pierrette,
dessiné par Charles Huard pour illustrer
l’édition Conard de la Comédie humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
Rose Cormon dans La Vieille Fille,
dessiné par Charles Huard pour illustrer
l’édition Conard de la Comédie Humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
« Une bonne grosse taille, un embonpoint de nourrice, des
bras forts et potelés, des mains rouges, tout en elle
s'harmonisait aux formes bombées, à la grasse blancheur des
beautés normandes. Des yeux d'une couleur indécise et à fleur
de tête donnaient au visage, dont les contours arrondis
n'avaient aucune noblesse, un air d'étonnement et de
simplicité moutonnière qui seyait d'ailleurs à une vieille fille:
si Rose n'avait pas été innocente, elle eût semblé l'être. (...)
Malgré de grosses lèvres rouges, l'indice d'une grande bonté,
ce front annonçait trop peu d'idées pour que le cœur fût dirigé
par l'intelligence: on lui reprochait d'être bienfaisante sans
grâce. (...) Des cheveux châtains et d'une longueur
extraordinaire prêtaient à la figure de Rose Cormon cette
beauté qui résulte de la force et de l'abondance, les deux
caractères principaux de sa personne. »
La Vieille Fille, La Pléiade, tome IV, p. 857
8
« Malgré de grosses lèvres rouges, l'indice d'une grande bonté, ce front annonçait trop peu d'idées pour
que le cœur fut dirigé par l'intelligence. »
Vautrin
Cet ancien bagnard machiavélique, chef de la pègre, se métamorphose à plusieurs reprises pour parvenir à
ses fins. Il est tour à tour le général Crustamente, Trompe-la Mort, le chanoine Carlos Herrera ou encore
William Barker... Il joue également un rôle essentiel comme initiateur des jeunes Rastignac et Lucien de
Rubempré à la vie parisienne et à ses intrigues. En 1830 cependant, sa vie bascule, après le suicide de son
amant Lucien, accusé du meurtre d'Esther Gobseck. La métamorphose de Vautrin est alors définitive : il est
désormais chef de la police de la sûreté, de 1830 à 1845.
« Raoul de Frescas est un jeune homme resté pur comme un ange au milieu de notre bourbier, il est notre
conscience; enfin, c'est ma création; je suis à la fois son père, sa mère, et je veux être sa providence. »
Peyrade
Vautrin, dans Vautrin, dessiné par
Charles Huard pour illustrer
l’édition Conard de la Comédie
humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
« Par ce qui je suis en train de faire de Raoul, voyez ce que je puis.
Raoul de Frescas est un jeune homme resté pur comme un ange au
milieu de notre bourbier, il est notre conscience ; enfin, c'est ma
création ; je suis à la fois son père, sa mère, et je veux être sa
providence. J'aime à faire des heureux, moi qui ne peux plus l'être. Je
respire par sa bouche, je vis de sa vie ; ses passions sont les miennes,
je ne puis avoir d'émotions nobles et pures que dans le cœur de cet
être qui n'est souillé d'aucun crime. Vous avez vos fantaisies, voilà la
mienne ! En échange de la flétrissure que la société m'a imprimée, je
lui rends un homme d'honneur, j'entre en lutte avec le destin ; voulez-
vous être de la partie ? obéissez ! »
Vautrin, éd. Houssiaux, tome 19 (théâtre), p. 52
Né Jacques Collin. Personnage central de la pièce de théâtre Vautrin
et des romans qui composent La Comédie humaine.
Peyrade, dans Splendeurs et misères des
courtisanes, dessiné par Charles Huard pour
illustrer l’édition Conard de la Comédie
Humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
« En vous arrêtant au trait distinctif du visage, un nez plein de
gibbosités, rouge et digne de figurer dans un plat de truffes, vous
eussiez supposé un caractère facile, niais et débonnaire à cet
honnête vieillard essentiellement gobe-mouche, et vous en eussiez
été la dupe, comme tout le café David, où jamais personne n'avait
examiné le front observateur, la bouche sardonique et les yeux
froids de ce vieillard dodeliné par les vices, calme comme un
Vitellius dont le ventre impérial reparaissait, pour ainsi dire,
palingénésiquement. »
Splendeurs et misères des courtisanes, La Pléiade, tome VI, p. 528-
529
9
Lieutenant général de la police sous le Consulat et l'Empire, il est impliqué dans divers complots. Employé
ensuite par son chef Corentin comme espion au service de Louis XVIII, il meurt assassiné par la tante de
Vautrin, Asie, alors qu'il enquête sur la mort d'Esther Gobseck.
« En vous arrêtant au trait distinctif du visage, un nez plein de gibbosités, rouge et digne de figurer dans
un plat de truffes, vous eussiez supposé un caractère facile, niais et débonnaire à cet honnête vieillard
essentiellement gobe-mouche. »
Gobseck
Célèbre usurier sous l'Empire et sous la Restauration, Jean-Esther van Gobseck traverse plusieurs romans
de La Comédie humaine, côtoyant tour à tour maître Derville, le père Goriot et sa fille, la comtesse de
Restaud, Savinien de Portenduère, etc. Implacable devant le malheur, il connaît les moindres rouages et
bassesses de la société qu'il juge durement.
« Vers le soir, l'homme-billet se changeait en un homme ordinaire, et ses métaux se métamorphosaient en
cœur humain. »
Cérizet
« Cérizet, qui n'avait que trente-neuf ans, paraissait être un homme de cinquante, tant il était vieilli par tout
ce qui peut vieillir les hommes. Sa tête, sans cheveux, offrait un crâne jaunâtre, mal couvert par une
perruque que la décoloration avait jaunie. Son masque pâle et flasque, démesurément ridé, semblait d'autant
plus horrible qu'il avait le nez rongé, mais pas assez pour pouvoir le remplacer par un faux nez, car depuis
la naissance du front jusqu'aux narines il existait comme la nature le lui avait fait; la maladie, après lui
avoir mangé les ailes du bout, n'y laissait que deux trous de formes bizarres qui viciaient la prononciation et
gênaient la parole. Les yeux, primitivement bleus, affaiblis par des misères de tout genre, par des nuits
consacrées aux veilles, devenus rouges sur les bords, présentaient des altérations profondes, et le regard,
quand l'âme y envoyait une expression de malice, eût effrayé des juges et des criminels, enfin ceux-là
Gobseck, dans Gobseck, dessiné par
Charles Huard pour illustrer l’édition
Conard de la Comédie Humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
« Quelquefois ses victimes criaient beaucoup, s'emportaient;
puis après il se faisait un grand silence, comme dans une
cuisine où l'on égorge un canard. Vers le soir, l'homme-billet
se changeait en un homme ordinaire, et ses métaux se
métamorphosaient en cœur humain. S'il était content de sa
journée, il se frottait les mains en laissant échapper par les
rides crevassées de son visage une fumée de gaieté, car il est
impossible d'exprimer autrement le jeu muet de ses muscles,
où se peignait une sensation comparable au rire à vide de Bas-
de-Cuir. Enfin, dans ses plus grands accès de joie, sa
conversation restait monosyllabique, et sa contenance était
toujours négative. »
Gobseck, la Pléiade, tome II, p. 965
10
mêmes qui ne s'effrayent de rien. La bouche, démeublée et où se voyaient quelques dents noires, était
menaçante; il y venait une salive écumeuse et rare qui ne dépassait point des lèvres pâlies et minces. »
Les Petits Bourgeois, La Pléiade, tome VIII, p. 78
L'Antiquaire du quai Voltaire
Ce vieillard vend au jeune Raphaël de Valentin, désespéré, une peau de chagrin qui dispose d'un pouvoir
surnaturel : quiconque la détient voit ses moindres désirs se réaliser...
« Une finesse d'inquisiteur trahie par les sinuosités de ses rides et par les plis circulaires dessinés sur ses
tempes, accusait une science profonde des choses de la vie. »
Cérizet, dans Les Petits Bourgeois,
dessiné par Charles Huard pour illustrer
l’édition Conard de la Comédie humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
Orphelin, il travaille d'abord comme prote de David Séchard
à Angoulême puis le trahit au profit de ses concurrents et
rachète son imprimerie (Les Illusions perdues). Condamné à
suspendre cette activité, il fait de la prison puis exerce
divers métiers sous la Restauration et la monarchie de
Juillet -acteur, gérant de journaux d'opposition, financier,
homme politique, usurier- avec ruse et malhonnêteté.
« et le regard, quand l'âme y envoyait une expression de
malice, eût effrayé des juges et des criminels »
L’antiquaire du quai Voltaire, dans La
Peau de Chagrin, dessiné par Charles
Huard pour illustrer l’édition Conard de la
Comédie humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
« La robe ensevelissait le corps comme dans un vaste linceul,
et ne permettait de voir d'autre forme humaine qu'un visage
étroit et pâle. Sans le bras décharné qui ressemblait à un
bâton sur lequel on aurait posé une étoffe et que le vieillard
tenait en l'air pour faire porter sur le jeune homme toute la
clarté de sa lampe, ce visage aurait paru suspendu dans les
airs. Une barbe grise et taillée en pointe cachait le menton de
cet être bizarre, et lui donnait l'apparence de ces têtes
judaïques qui servent de type aux artistes quand ils veulent
représenter Moïse. Les lèvres de cet homme étaient si
décolorées, si minces, qu'il fallait une attention particulière
pour deviner la ligne tracée par la bouche dans son blanc
visage. Son large front ridé, ses joues blêmes et creuses, la
rigueur implacable de ses petits yeux verts dénués de cils et
de sourcils, pouvaient faire croire à l'inconnu que le Peseur
d'or de Gérard Dow était sorti de son cadre. Une finesse
d'inquisiteur trahie par les sinuosités de ses rides et par les
plis circulaires dessinés sur ses tempes, accusait une science
profonde des choses de la vie. »
La Peau de chagrin, La Pléiade, tome X, p. 77-78
11
Le colonel Chabert
Orphelin, il s'engage dans les armées de la République et accède au double rang de colonel de cavalerie de
la Garde impériale sous l'Empire, et de grand officier de la Légion d'honneur. Mais la bataille d'Eylau, le 7
février 1807, met fin à sa brillante ascension. En effet, laissé pour mort durant les combats, il entre en
convalescence pendant des longs mois, et ne parvient plus à recouvrir son identité. En 1820, malgré le
soutien de maître Derville, il abandonne le procès intenté contre sa femme, la riche comtesse Ferraud, qui
refuse de lui verser la part de biens auxquels il a droit. Il vit alors dans la misère et termine ses jours à
l'hospice de Bicêtre.
« Mais un observateur (...) aurait trouvé de plus en cet homme foudroyé les signes d'une douleur profonde,
les indices d'une misère qui avait dégradé ce visage. »
L'abbé Bonnet
Le Colonel Chabert, dans le
Colonel Chabert, dessiné par Charles
Huard pour illustrer l’édition Conard
de la Comédie Humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
« Les bords du chapeau qui couvrait le front du vieillard
projetaient un sillon noir sur le haut du visage. Cet effet bizarre,
quoique naturel, faisait ressortir, par la brusquerie du contraste, les
rides blanches, les sinuosités froides, le sentiment décoloré de
cette physionomie cadavéreuse. Enfin, l'absence de tout
mouvement dans le corps, de toute chaleur dans le regard,
s'accordait avec une certaine expression de démence triste, avec
les dégradants symptômes par lesquels se caractérise l'idiotisme,
pour faire de cette figure je ne sais quoi de funeste qu'aucune
parole humaine ne pouvait exprimer. Mais un observateur, et
surtout un avoué, aurait trouvé de plus en cet homme foudroyé les
signes d'une douleur profonde, les indices d'une misère qui avait
dégradé ce visage, comme les gouttes d'eau tombées du ciel sur un
beau marbre l'ont à la longue défiguré. »
Le Colonel Chabert, La Pléiade, tome III, p. 321-322
L’abbé Bonnet, dans Le Curé de Village,
dessiné par Charles Huard pour illustrer
l’édition Conard de la Comédie Humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
Charismatique et généreux, cet abbé convertit le criminel
Tascheron la veille de son exécution. De plus, avec Véronique
Graslin, l'amante de ce dernier, il transforme la physionomie
économique et morale de Montégnac, petit bourg pauvre du
Limousin.
« Les gens à qui les miracles de la Pensée, de la Foi, de l'Art sont
connus, pouvaient seuls adorer ce regard enflammé du martyr,
cette pâleur de la constance et cette voix de l'amour. »
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« De petite taille et débile en apparence, M. Bonnet frappait tout d'abord par le visage passionné qu'on
suppose à l'apôtre: une figure presque triangulaire commencée par un large front sillonnné de plis, achevée
des tempes à la pointe du menton par les deux lignes maigres que dessinaient ses joues creuses. Dans cette
figure endolorie par un teint jaune comme la cire d'un cierge, éclataient deux yeux d'un bleu lumineux de
foi, brûlant d'espérance vive. Elle était également partagée par un nez long, mince et droit, à narines bien
coupées, sous lequel parlait toujours, même fermée, une bouche large à lèvres prononcées, et d'où il sortait
une de ces voix qui vont au cœur. La chevelure châtaine, rare, fine et lisse sur la tête, annonçait un
tempérament pauvre, soutenu seulement par un régime sobre. La volonté faisait toute la force de cet
homme. Telles étaient ses distinctions.(...) Les gens à qui les miracles de la Pensée, de la Foi, de l'Art sont
connus, pouvaient seuls adorer ce regard enflammé du martyr, cette pâleur de la constance et cette voix de
l'amour qui distinguaient le curé Bonnet. »
Le Curé de village, La Pléiade, tome IX, p. 719-720
La vicomtesse de Beauséant
A la tête de la haute noblesse du faubourg Saint-Germain, parente d'Eugène de Rastignac, la vicomtesse de
Beauséant se retire du monde suite au mariage de son amant, le marquis d'Ajuda-Pinto. Elle est trahie une
seconde fois par le baron Gaston de Nueil, et termine sa vie seule, dans sa propriété de Normandie.
Remarque : La plaque typographique qui a servi à l'illustration de ce personnage n'est pas visible dans la
salle des personnages de la Maison de Balzac.
La Vicomtesse de Beauséant, dans La
Femme abandonnée, dessiné par Charles
Huard pour illustrer l’édition Conard de
la Comédie humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
« Mme la vicomtesse de Beauséant était blonde, blanche comme
une blonde, et avait les yeux bruns. Elle présentait noblement son
front, un front d'ange déchu qui s'enorgueillit de sa faute et ne veut
point de pardon. Ses cheveux, abondants et tressés en hauteur au-
dessus de deux bandeaux qui décrivaient sur ce front de larges
courbes, ajoutaient encore à la majesté de sa tête. L'imagination
retrouvait, dans les spirales de cette chevelure dorée, la couronne
ducale de Bourgogne ; et, dans les yeux brillants de cette grande
dame, tout le courage de sa maison ; le courage d'une femme forte
seulement pour repousser le mépris ou l'audace, mais pleine de
tendresse pour les sentiments doux. Les contours de sa petite tête,
admirablement posée sur un long col blanc ; les traits de sa figure
fine, ses lèvres déliées et sa physionomie mobile gardaient une
expression de prudence exquise, une teinte d'ironie affectée qui
ressemblait à de la ruse et à de l'impertinence. Il était difficile de ne
pas lui pardonner ces deux péchés féminins en pensant à ses
malheurs, à la passion qui avait failli lui coûter la vie, et
qu'attestaient soit les rides qui, par le moindre mouvement,
sillonnaient son front, soit la douloureuse éloquence de ses beaux
yeux souvent levés vers le ciel. […]
Le sourire de cette femme annonçait une haute conscience de sa
valeur. N'étant ni mère ni épouse, repoussée par le monde, privée du
seul coeur qui pût faire battre le sien sans honte, ne tirant d'aucun
sentiment les secours nécessaires à son âme chancelante, elle devait
prendre sa force sur elle-même, vivre de sa propre vie, et n'avoir
d'autre espérance que celle de la femme abandonnée : attendre la
mort, en hâter la lenteur malgré les beaux jours qui lui restaient
encore. »
La Femme abandonnée, La Pléiade, tome II, p. 476-477
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« Mme la vicomtesse de Beauséant était blonde, blanche comme une blonde, et avait les yeux bruns. Elle
présentait noblement son front, un front d'ange déchu qui s'enorgueillit de sa faute et ne veut point de
pardon. »
Le général Armand de Montriveau
« Jamais homme n'eut mieux qu'Armand la physionomie de son caractère, et ne pouvait plus justement
intriguer les regards. Sa tête, grosse et carrée, avait pour principal trait caractéristique une énorme et
abondante chevelure noire qui lui enveloppait la figure de manière à rappeler parfaitement le général
Kléber auquel il ressemblait par la vigueur de son front, par la coupe de son visage, par l'audace tranquille
des yeux, et par l'espèce de fougue qu'exprimaient ses traits saillants. Il était petit, large de buste,
musculeux comme un lion. Quand il marchait, sa pose, sa démarche, le moindre geste trahissait et je ne sais
quelle sécurité de force qui imposait, et quelque chose de despotique. Il paraissait savoir que rien ne
pouvait s'opposer à sa volonté, peut-être parce qu'il ne voulait rien que de juste. Néanmoins, semblable à
tous les gens réellement forts, il était doux dans son parler, simple dans ses manières, et naturellement bon.
Seulement toutes ces belles qualités semblaient devoir disparaître dans les circonstances graves où l'homme
devient implacable dans ses sentiments, fixe dans ses résolutions, terrible dans ses actions. Un observateur
aurait pu voir dans la commissure de ses lèvres un retroussement habituel qui annonçait des penchants vers
l'ironie. »
La Duchesse de Langeais, La Pléiade, tome V, p. 946-947
La duchesse de Langeais
« La duchesse de Langeais avait reçu de la nature les qualités nécessaires pour jouer les rôles de coquette,
et son éducation les avait encore perfectionnées. […] Tout en elle s'harmoniait, depuis le plus petit geste
jusqu'à la tournure particulière de ses phrases, jusqu'à la manière hypocrite dont elle jetait son regard. Le
caractère prédominant de sa physionomie était une noblesse élégante, que ne détruisait pas la mobilité toute
française de sa personne. Cette attitude incessamment changeante avait un prodigieux attrait pour les
hommes. Elle paraissait devoir être la plus délicieuse des maîtresses en déposant son corset et l'attirail de sa
représentation.
Le général Armand de Montriveau,
dans La Duchesse de Langeais, dessiné
par Charles Huard pour illustrer l’édition
Conard de la Comédie humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
Colonel sous l'Empire, prisonnier des Maures pendant deux
années, le général Armand de Montriveau est en 1818 un
homme à la mode. Seule lui résiste, un temps, la duchesse de
Langeais dont il est épris. Séparé d'elle par un malentendu, il
tente de l'enlever de son couvent, avec l'aide de la société
secrète des Treize à laquelle il appartient. Il ne trouve que son
cadavre et l'immerge.
Remarque : La plaque typographique qui a servi à l'illustration
de ce personnage n'est pas visible dans la salle des personnages
de la Maison de Balzac.
« Seulement toutes ces belles qualités semblaient devoir
disparaître dans les circonstances graves où l'homme devient
implacable dans ses sentiments, fixe dans ses résolutions,
terrible dans ses actions. »
14
En effet, toutes les joies de l'amour existaient en germe dans la liberté de ses regards expressifs, dans les
câlineries de sa voix, dans la grâce de ses paroles. Elle faisait voir qu'il y avait en elle une noble courtisane,
que démentaient vainement les religions de la duchesse. Qui s'asseyait près d'elle pendant une soirée, la
trouvait tour à tour gaie, mélancolique, sans qu'elle eût l'air de jouer ni la mélancolie ni la gaieté. Elle savait
être à son gré affable, méprisante, ou impertinente, ou confiante. Elle semblait bonne et l'était. Dans sa
situation, rien ne l'obligeait à descendre à la méchanceté. […] Mais pour la bien peindre ne faudrait-il pas
accumuler toutes les antithèses féminines ; en un mot, elle était ce qu'elle voulait être ou paraître. »
La Duchesse de Langeais, La Pléiade, tome V, p. 947-948
La cousine Bette
La Duchesse de Langeais, dans La
Duchesse de Langeais, dessiné par
Charles Huard pour illustrer l’édition
Conard de la Comédie humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
Amante d'Armand de Montriveau, la duchesse de Langeais se
joue de lui pendant près de trois mois. Sommée par le général de
se livrer, la belle Antoinette, follement amoureuse, obtempère,
mais un malentendu les sépare à jamais. La duchesse, devenue
sœur Thérèse, décède dans un couvent de Carmélites, sur une
petite île espagnole, tandis que Montriveau s'apprête à l'enlever.
Remarque : La plaque typographique qui a servi à l'illustration de
ce personnage n'est pas visible dans la salle des personnages de la
Maison de Balzac.
« Elle paraissait devoir être la plus délicieuse des maîtresses en
déposant son corset et l'attirail de sa représentation. »
La Cousine Bette dans La
Cousine Bette, dessiné par
Charles Huard pour illustrer
l’édition Conard de la Comédie
humaine
© Maison de Balzac / Roger-
Viollet
« La cousine Bette présentait dans les idées cette singularité qu'on
remarque chez les natures qui se sont développées fort tard, chez les
Sauvages qui pensent beaucoup et parlent peu. Son intelligence paysanne
avait d'ailleurs acquis, dans les causeries de l'atelier, par la fréquentation
des ouvriers et des ouvrières, une dose du mordant parisien. […] Douée
d'une finesse devenue profonde, comme chez tous les gens voués à un
célibat réel, avec le tour piquant qu'elle imprimait à ses idées, elle eût
paru redoutable dans toute autre situation. Méchante, elle eût brouillé la
famille la plus unie.
[…] Avec le temps, la cousine Bette avait contracté des manies de vieille
fille, assez singulières. Ainsi, par exemple, elle voulait, au lieu d'obéir à la
mode, que la mode s'appliquât à ses habitudes, et se pliât à ses fantaisies
toujours arriérées. Si la baronne lui donnait un joli chapeau nouveau,
quelque robe taillée au goût du jour, aussitôt la cousine Bette retravaillait
chez elle, à sa façon, chaque chose, et la gâtait en s'en faisant un costume
qui tenait des modes impériales et de ses anciens costumes lorrains. Le
chapeau de trente francs devenait une loque, et la robe un haillon. La
Bette était, à cet égard, d'un entêtement de mule ; elle voulait se plaire à
elle seule et se croyait charmante ainsi ; tandis que cette assimilation,
harmonieuse en ce qu'elle la faisait vieille fille de la tête aux pieds, la
rendait si ridicule, qu'avec le meilleur vouloir, personne ne pouvait
l'admettre chez soi les jours de gala. »
La Cousine Bette, La Pléiade, tome VII, p. 83 et p. 85
15
Motivée par la jalousie et la méchanceté, la cousine Bette, de son vrai nom Elisabeth Fischer, sème le
trouble au sein de la famille Hulot, avec la complicité de sa voisine, la séduisante Valérie Marneffe.
Remarque : La plaque typographique qui a servi à l'illustration de ce personnage n'est pas visible dans la
salle des personnages de la Maison de Balzac.
« La cousine Bette présentait dans les idées cette singularité qu'on remarque chez les natures qui se sont
développées fort tard, chez les Sauvages qui pensent beaucoup et parlent peu. »
César Birotteau
« En peignant les mœurs des détaillants, cette esquisse expliquera d'ailleurs par quels singuliers hasards
César Birotteau se trouvait adjoint et parfumeur, ancien officier de la garde nationale et chevalier de la
Légion-d'Honneur. En éclairant la profondeur de son caractère et les ressorts de sa grandeur, on pourra
comprendre comment les accidents commerciaux que surmontent les têtes fortes deviennent d'irréparables
catastrophes pour de petits esprits. Les événements ne sont jamais absolus, leurs résultats dépendent
entièrement des individus : le malheur est un marche-pied pour le génie, une piscine pour le chrétien, un
trésor pour l'homme habile, pour les faibles un abîme.
[…] Tel était César Birotteau, digne homme à qui les mystères qui président à la naissance des hommes
avaient refusé la faculté de juger l'ensemble de la politique et de la vie, de s'élever au-dessus du niveau
social sous lequel vit la classe moyenne, qui suivait en toute chose les errements de la routine : toutes ses
opinions lui avaient été communiquées, et il les appliquait sans examen. Aveugle mais bon, peu spirituel
mais profondément religieux, il avait un cœur pur. Dans ce cœur brillait un seul amour, la lumière et la
force de sa vie ; car son désir d'élévation, le peu de connaissances qu'il avait acquises, tout venait de son
affection pour sa femme et pour sa fille. »
Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, La Pléiade, tome VI, p. 54 et p. 80
César Birotteau, dans Histoire de
la grandeur et de la décadence de
César Birotteau, dessiné par Charles
Huard pour illustrer l’édition
Conard de la Comédie humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
Parfumeur A La Reine des Roses, rue Saint-Honoré, César
Birotteau voit son ascension sociale, économique et politique
brutalement réduite à néant. En effet, la fuite du notaire
Roguin, avec lequel il avait signé un contrat d'achat de terrains
à la Madeleine, et les dépenses engagées pour l'organisation
d'un grand bal le mettent en faillite. Aidé par sa famille et pas
son commis, Anselme Popinot, il consacre le reste de sa vie au
remboursement de ses dettes et à sa réhabilitation.
Remarque : La plaque typographique qui a servi à l'illustration
de ce personnage n'est pas visible dans la salle des personnages
de la Maison de Balzac.
« Tel était César Birotteau, digne homme à qui les mystères qui
président à la naissance des hommes avaient refusé la faculté
de juger l'ensemble de la politique et de la vie, de s'élever au-
dessus du niveau social sous lequel vit la classe moyenne, qui
suivait en toute chose les errements de la routine... »
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Mgr Hyacinthe Troubert
« L'abbé Troubert causait, à la première vue, un sentiment de terreur involontaire […] Quand, à travers les
arcades et les nefs de Saint-Gatien, le haut chanoine marchait d'un pas solennel, le front incliné, l'oeil
sévère, il excitait le respect : sa figure cambrée était en harmonie avec les voussures jaunes de la cathédrale,
les plis de sa soutane avaient quelque chose de monumental, digne de la statuaire. […] Cependant l'abbé
Troubert, arrivé à l'âge de cinquante ans, avait tout à fait dissipé, par la mesure de sa conduite, par
l'apparence d'un manque total d'ambition et par sa vie toute sainte, les craintes que sa capacité soupçonnée
et son terrible extérieur avaient inspirées à ses supérieurs. Sa santé s'étant même gravement altérée depuis
un an, sa prochaine élévation au vicariat général de l'archevêché paraissait probable. Ses compétiteurs eux-
mêmes souhaitaient sa nomination, afin de pouvoir mieux préparer la leur pendant le peu de jours qui lui
seraient accordés par une maladie devenue chronique. […] L'abbé Chapeloud […] s'était toujours opposé,
mais secrètement et avec beaucoup d'esprit, à l'élévation de l'abbé Troubert ; il lui avait même très
adroitement interdit l'accès de tous les salons où se réunissait la meilleure société de Tours, quoique
pendant sa vie Troubert l'eût traité sans cesse avec un grand respect, en lui témoignant en toute occasion la
plus haute déférence. Cette constante soumission n'avait pu changer l'opinion du défunt chanoine qui,
pendant sa dernière promenade, disait encore à Birotteau : "Défiez-vous de ce grand sec de Troubert ! C'est
Sixte Quint réduit aux proportions de l'Evêché. »
Le Curé de Tours, La Pléiade, tome IV, p. 201-202
Stratège impitoyable et membre de la puissante Congrégration, l'abbé Troubert remporte l'héritage de sa
logeuse, Mlle Gamard, et parvient à la tête de l'évêché de Troyes après de longues années de dissimulation
et d'efficaces manœuvres contre le bon abbé Birotteau d'une part, la baronne de Listomère d'autre part.
« ... Sa figure cambrée était en harmonie avec les voussures jaunes de la cathédrale, les plis de sa soutane
avaient quelque chose de monumental, digne de la statuaire. »
Mgr Hyacinthe Troubert, dans le Curé de
Tours, dessiné par Charles Huard pour illustrer
l’édition Conard de la Comédie humaine
© Maison de Balzac / Roger-Viollet
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LES PLAQUES TYPOGRAPHIQUES
Procédé
Les plaques typographiques, dessinées puis gravées, permettent de reproduire des illustrations en de
multiples exemplaires.
Les romans de Balzac furent illustrés dès son vivant. L'édition dite "Furne", première édition de La
Comédie humaine publiée sous le contrôle de Balzac, s'ornait de gravures sur bois.
La gravure sur bois est obtenue par la taille d'un bois très dur (du buis). Ces planches de la même épaisseur
que les caractères d'imprimerie (2,356 cm) pouvaient être imprimées en même temps que le texte sur les
nouvelles presses du XIXe siècle, ce qui marquait un grand progrès technique. En outre, l'image ainsi
obtenue est d'une excellente qualité.
En raison de leur relative fragilité et de leur coût, les bois ne peuvent être employés pour des tirages
importants, aussi les a-t-on dupliqués en métal au XXe siècle. Pour cela, on réalise à partir du bois un
tirage sur papier lisse que l'on reporte par photogravure sur une plaque de cuivre. Celle-ci est gravée par
trempage dans des bains d'acide et reprise au burin dans les creux les plus étendus ; un aciérage par
électrolyse la consolide ; elle est en suite montée sur une lamelle de plomb et fixée sur une semelle de
chêne pour arriver à la hauteur requise pour l'impression (2,356 cm).
Les illustrations de l'édition Conard (1910-1940) que nous vous présentons ci-après ont été obtenues à
partir de plaques métalliques.