Modest Moussorgski

Les tableaux d'une exposition (1874)

� Cycle d’œuvres pour piano composé par Moussorgsky en 1874.

� Œuvre inspirée par une série de dix tableaux de Victor Hartmann, un ami du

compositeur. Plusieurs ont été perdus. Il n’en reste plus que six.

� Œuvre qui a fait l’objet de multiples orchestrations, notamment celle de

Ravel en 1922, à laquelle nous nous réfèrerons.

Le déroulement de l’œuvre est le suivant :

� Promenade (Allegro giusto, nel modo russico ; senza allegrezza, ma poco sostenuto)

� I - Gnome (Sempre vivo)

� Promenade (Moderato comodo e con delicatezza)

� II - Le vieux château (Andante molto cantabile e con dolore)

� Promenade (Moderato non tanto, pesamente)

� III - Les Tuileries (Allegretto non troppo, cappricioso)

� IV - Bydlo (Sempre moderato, pesante)

� Promenade (Tranquillo)

� V - Ballet des poussins dans leur coque (Scherzino : vivo, leggiero – Trio)

� VI - Samuel Goldenberg et Schmuyle (Andante)

� Promenade (Allegro giusto, nel modo russico, poco sostenuto)

� VII - Le marché de Limoges (Allegretto vivo, sempre scherzando)

� VIII - Catacombe (Largo)

� Cum mortuis in lingua mortua (Andante non troppo, con lamento)

� IX - La cabane sur des pattes de poule (Allegro con brio, feroce – Andante mosso – Allegro molto)

� X - La grande porte de Kiev (Allegro alla breve. Maestoso. Con grandezza)

Etude de quelques passages :

V Ballet des petits poussins dans leur coque :

D’après des esquisses de Hartmann pour des costumes de ballet.

Sur le plan musical :

Aspect léger et frétillant qui évoque les pépiements et les petits pas des

poussins. Prédominance des bois et cordes dans la version pour orchestre.

Vélocité et virtuosité instrumentale + aspect maladroit, balbutiant, illustré à

l’aide des petites dissonances (appoggiatures).

VI Samuel Goldenberg et Schmuyle :

Cette pièce est inspirée des deux tableaux suivants : Le juif riche et Le juif pauvre

Sur le plan musical : utilisation de la modalité (présence de la seconde augmentée) qui rappelle la

musique hébraïque.

Deux thèmes musicaux contrastés, associés à deux personnalités tranchées :

-1er thème au caractère imposant, joué à l’unisson par tous les instruments (ou par les deux mains

dans la version pour piano).

-2ème thème plus doux, aux sonorités plus fragiles.

Puis superposition des deux thèmes.

VIII Catacombes « Cum mortis in lingua mortua

Le tableau montre des effets de clair-obscur. On distingue les ombres de deux

personnages fantomatiques en haut-de-forme La seule source de lumière émane du personnage au

premier plan. Sur la droite, on devine un empilement de crânes humains.

Sur le plan musical : utilisation du registre grave, de courbes mélodiques descendantes, de

dissonances, qui évoquent une vision inquiétante et lugubre des catacombes, associées à la mort.

Figuralisme musical.

IX Baba Yaga ou La cabane sur des pattes de poule

Evocation de la cabane en forme d’horloge et à pattes de poule de la sorcière

Baba Yaga qui, dans les contes russes, attire les enfants chez elle pour les

dévorer.

Sur le plan musical :

Caractère agité et agressif créé par le tempo vif et endiablé, le jeu staccato

l’importance des percussions et des cuivres.

Les sonorités graves donnent un aspect menaçant.

Au début de la pièce, il y a un contraste entre les interventions de l’orchestre à

l’unisson (cordes, bois, grosse caisse, timbales) et les silences qui viennent

brusquement interrompre le discours, créant une tension et un effet inquiétant.

X La grande porte de Kiev.

Le tableau est en réalité un plan réalisé par Hartmann dans le cadre d’un

concours d’architecture organisé afin de commémorer la tentative déjouée

d’assassinat du tsar Alexandre II. La nouvelle porte devait être monumentale et

surmontée d’une coupole mais le projet ne verra jamais le jour.

Sur le plan musical :

Caractère triomphal et majestueux créé grâce à une écriture très verticale,

harmonique et à l’utilisation du tutti de l’orchestre (avec une présence

imposante des cuivres et percussions). Le plus souvent, les nuances sont forte

ce qui donne une impression de puissance. Le thème revient plusieurs fois, avec

des variations. Les cloches présentes à la fin du morceau renforcent le

caractère glorieux et rappellent aussi les grandes cérémonies religieuses russes.

Thèmes associés :

Le figuralisme musical

La musique à programme

L’art de l’orchestration

Le groupe des cinq