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8/9/2019 TAUX D'INTÉRÊT, Taux d'Intérêt Réels Et Nominaux - Encyclopædia Universalis
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TAUX D'INTÉRÊT
Les taux d'intérêt sont des variables importantes pour l'économie, car ils influencent
directement les deux principaux postes de la demande : la consommation et
l'investissement, ainsi que plus indirectement le taux de change et le commerce
extérieur. Par leur impact sur la demande, ils ont aussi des effets sur l'inflation. Ainsi,
dans tous les grands pays avancés, les taux d'intérêt sont les instruments utilisés par
les banques centrales pour atteindre leurs objectifs d'inflation. L'essentiel de la
politique monétaire consiste à contrôler le niveau des taux d'intérêt sur le marché
monétaire. Les taux d'intérêt fixés par les banques centrales se diffusent ensuite àl'ensemble des taux qui s'appliquent aux différents emprunteurs.
Il existe une multitude de taux d'intérêt : à court terme, à moyen ou long terme, pour
des emprunts plus ou moins risqués, pour des placements en différentes devises,
etc. Tous ces taux d'intérêt sont liés entre eux par des relations d'arbitrage, qui
tendent à égaliser les rendements anticipés des différents placements.
1. Taux d'intérêt réels et nominauxPour comprendre le rôle des taux d'intérêt dans l'économie, il faut d'abord distinguer
le taux d'intérêt nominal du taux d'intérêt réel. En cela, le taux d'intérêt n'est guère
différent des autres variables économiques, comme le revenu. La variable nominaleexprime un nombre d'unités monétaires, et la variable réelle correspondante, le
« pouvoir d'achat » procuré par ce montant, c'est-à-dire la quantité de biens et de
services qu'il est possible d'acheter en le dépensant.
• Le rôle de l'inflationLe taux d'intérêt peut être défini comme la rémunération annuelle en pourcentage
reçue pour un placement (ou versée pour un emprunt). Prenons l'exemple d'un
placement à un an. Pour le taux d'intérêt nominal, il s'agit simplement de la
rémunération monétaire du placement en pourcentage. Quant au taux d'intérêt réel,
il est défini par la quantité de biens et services supplémentaire qui pourra être
acquise au bout d'un an rapportée à la quantité qui aurait pu être achetée aumoment du placement. Le taux d'intérêt réel dépend donc de l'évolution des prix au
cours de la durée du placement. Par exemple, si les prix augmentent davantage que
le taux d'intérêt, la somme restituée à l'issue du placement a un pouvoir d'achat plus
faible qu'elle n'en avait précédemment.
Ainsi, la rémunération réelle des placements peut être négative, si le taux d'inflation
excède le taux d'intérêt nominal. Or si le taux d'intérêt nominal est affiché clairement
au moment de la décision contractuelle (placement ou emprunt), le taux réel est une
variable qui n'est pas directement observable mais dépend des anticipations des
agents sur l'évolution u ltérieure des prix.
Pour calculer le taux d'intérêt réel, on peut utiliser la relation établie par IrvingFisher en 1930, qui est toujours valable. Celle-ci stipule que le taux d'intérêt nominal
est la somme du taux réel et du taux d'inflation anticipé. Par exemple, si le taux
d'intérêt nominal est de 4 p. 100, l'inflation anticipée de 2 p. 100, le taux d'intérêt réel
est alors de 2 p. 100. Une autre question est de savoir comment anticiper l'inflation.
Auteur de l'article
Virginie COUDERT (conseiller scientifique,direction de la stabilité financière, Banque deFrance, professeur associé, université de Paris-XIII)
SommaireIntroduction
Taux d'intérêt réels et nominaux
Le rôle de l'inflation
La conception néo-classique du taux d'intérêt réel
L'approche keynésienne du taux d'intérêt nominal
Les taux d'intérêt à court terme et la politique
monétaireLes taux du marché monétaire
La réaction de la banque centrale aux conditionséconomiques
Les taux d'intérêt à long terme
Le lien entre taux d'intérêt et prix des obligations
La théorie des anticipations
La prime de terme
La courbe des taux
Les dérivés de taux d'intérêt
Les « spreads » de taux d'intérêt
Le taux de référence du marché
Le risque de défautLe rôle des agences de notation
Les liaisons internationales de taux d'intérêt
La parité des taux d'intérêt non couverte
Les conséquences en change fixe et en changeflottant
Bibliographie
C072766
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Sur un placement à court terme (moins d'un an), une méthode souvent utilisée
consiste à prendre le dernier chiffre d'inflation publié. À plus long terme, cette
hypothèse n'est guère viable, on peut lui préférer une moyenne des taux d'inflation
observés sur les années précédentes ou les résultats d'un modèle prenant en
compte l'ensemble de l'information d isponible.
Les taux d'intérêt réels comportent nécessairement un élément d 'incertitude lié à
l'anticipation d'inflation. Les erreurs dans les anticipations peuvent entraîner des
déboires pour les épargnants si l'inflation augmente brusquement pendant la durée
du placement, ou de bonnes surprises dans le cas inverse.
• La conception néo-classique du tauxd'intérêt réelDans la théorie néo-classique (Eugen von Böhm-Bawerk, William Stanley Jevons,
Irving Fisher), le taux d'intérêt réel a un rôle crucial, car il permet d'équilibrer l'épargne
et l'investissement. Pour financer l'économie, un certain nombre d'agents, les
épargnants, doivent accepter de prêter à d'autres agents, qui désirent dépenser
pour investir. D'un côté, le taux d'intérêt réel a pour fonction de rémunérer les
épargnants en échange de leur renoncement à la consommation présente. Il est
donc justifié par une « préférence pour le présent » liée elle-même à l'incertitude sur
la durée de vie humaine. Plus le taux d'intérêt réel est élevé, et plus les épargnantssont prêts à différer leur consommation aujourd'hui pour consommer davantage à la
période suivante. L'épargne est donc une fonction positive du taux d'intérêt réel. De
l'autre côté, les emprunteurs acceptent de payer un intérêt car ils prévoient un
rendement de leur investissement, qui est supérieur au taux d'intérêt versé. Plus le
taux d'intérêt est élevé, moins il y a de projets d'investissement considérés comme
rentables après l'emprunt. L'investissement dépend donc négativement du taux
d'intérêt réel. Le taux d'intérêt réel se détermine ainsi au croisement entre les deux
courbes d'épargne et d'investissement : il doit être assez élevé pour attirer les
épargnants et assez bas pour ne pas décourager les investisseurs.
Dans cette approche, le taux d'intérêt nominal est une simple résultante du tauxd'intérêt réel, auquel on ajoute le taux d 'inflation. Le taux d 'inflation lui-même est
déterminé indépendamment par la croissance de l'offre de monnaie.
Il est peu contestable que les décisions d'emprunt dépendent davantage du taux
d'intérêt réel que du taux d'intérêt nominal. Si les taux réels sont bas, voire négatifs,
les agents sont incités à s'endetter ; à l'inverse, des taux d'intérêt réels élevés ont
tendance à décourager l'emprunt. Cependant, il est plus discutable de relier la
décision d'épargne au taux d'intérêt. Les raisons d'épargner ne tiennent pas
nécessairement au taux d'intérêt. Il peut s'agir d'une épargne dite de « précaution »
destinée à se prémunir contre les aléas de l'existence comme le chômage. Dans ce
cas, l'épargne ne dépend pas du taux d'intérêt réel, mais seulement du revenu,
comme le pensait John Maynard Keynes. La conception du taux d'intérêt est alorsbien différente.
• L'approche keynésienne du taux d'intérêtnominalDans la théorie keynésienne, c'est le taux d'intérêt nominal qui est le plus important,
et le taux d'intérêt réel n'en est qu'une résultante. Les ménages décident par
précaution d'allouer une partie de leur revenu à l'épargne, sans prendre en compte
le niveau du taux d'intérêt. Ils cherchent ensuite des placements sûrs, qui leur
permettent d'en disposer le moment voulu. Dans cette recherche, ils manifestent
toujours une « préférence pour la liquidité », sachant qu'un placement « liquide » est
disponible à tout moment, sans risque de perte en capital. En l'absence de tauxd'intérêt, les épargnants se tourneraient spontanément vers la forme ultime de la
liquidité, qui est la monnaie fiduciaire (billets et pièces) ; cela conduirait à une
thésaurisation, néfaste à l'économie. Les taux d'intérêt sont là pour les en dissuader
et les inciter à diriger leur épargne vers des formes plus productives pour la société.
http://www.universalis.fr/encyclopedie/john-maynard-keynes/
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Plus le taux d'intérêt est élevé, plus les agents acceptent de renoncer à leur
préférence pour la liquidité, pour acquérir des titres.
Dans cette conception, le taux d'intérêt se forme dans la sphère monétaire et
financière, et non dans la sphère réelle. Il résulte de l'arbitrage entre monnaie et
titres, la demande de monnaie dépendant négativement du taux d'intérêt. Le
contrôle de l'offre de monnaie permet donc de régler le taux d'intérêt. En effet, si
l'offre de monnaie augmente, Keynes supposant à l'inverse des néo-classiques qu'il
n'y aura guère de variations de prix à court terme, l'équilibre entre offre et demande
de monnaie se rétablira par une baisse des taux d'intérêt, qui rendra les titres moinsattrayants par rapport à la monnaie (et éventuellement aussi par une hausse de la
demande). Cette conception monétaire du taux d 'intérêt a maintenant triomphé, au
moins pour expliquer la formation des taux d'intérêt à court terme. D'où l'importance
de la politique monétaire dans la fixation de ces taux d'intérêt.
2. Les taux d'intérêt à court terme et la politiquemonétaireL'essentiel de la politique monétaire des banques centrales consiste à contrôler les
taux d'intérêt sur le marché monétaire. Comme les liquidités échangées sur ce
marché le sont sur des périodes très courtes (principalement à moins de trois mois),
les taux d'intérêt à court terme sont ainsi déterminés par les banques centrales.
• Les taux du marché monétaireLa première fonction du marché monétaire est de permettre aux institutions
financières d'obtenir le refinancement en liquidité ou « monnaie centrale »
nécessaire à leur activité. Cette « monnaie centrale » répond à trois besoins : faire
face à leurs obligations de réserves obligatoires, aux retraits en billets de leur
clientèle et à la compensation entre banques dans le système des paiements
interbancaires. Les banques centrales interviennent sur le marché interbancaire de
façon à fournir cette liquidité aux banques.
Par exemple, la Banque centrale européenne (B.C.E.) intervient principalement dedeux manières : soit en accordant (ou en acceptant) des prêts à la demande des
banques, dans le cadre des « facilités permanentes », soit en conduisant des
opérations dites d'open market , qui visent à gérer globalement la liquidité bancaire.
Les taux directeurs de la B.C.E. correspondent à ces deux types d'intervention. Ces
taux fixes sont déterminés par la banque centrale et leur changement constitue une
décision importante de politique monétaire.
Les facilités permanentes permettent aux banques d'emprunter (ou de déposer) des
fonds auprès de la banque centrale à un taux fixé à l'avance par la banque centrale
de manière discrétionnaire. Pour obtenir de la liquidité, les banques ont recours aux
facilités de prêts. Comme leur montant n'est pas contingenté et que toutes les
banques peuvent les utiliser, leur taux constitue un plafond pour les taux d'intérêt
interbancaire du marché au jour le jour, dit Eonia (european overnight index
average). De même, comme il existe des facilités de dépôts non contingentées, leur
taux d'intérêt forme un plancher pour le marché interbancaire au jour le jour. Ainsi les
taux des facilités permanentes fixent les bornes d'un corridor dans lequel évoluent
les taux interbancaires.
Les interventions des banques centrales sur l'open market prennent principalement
la forme de prises en pension (ou repurchase agreements ou repo). Par les prises
en pension, le prêteur fournit temporairement des liquidités contre des titres, qui sont
restitués à l'emprunteur à l'échéance. Ces opérations sont réalisées par appel
d'offres, les fonds étant alloués aux banques proposant les taux d'intérêt les plusélevés. Le taux directeur de la B.C.E. est le taux de soumission minimal à ces appels
d'offre. C'est un taux fixe, dont les variations sont décidées lors d'un Conseil des
gouverneurs, en raison de la situation économique. Aux États-Unis, le taux des fonds
fédéraux (federal funds) joue un rôle analogue. La décision de faire varier ce taux est
http://www.universalis.fr/encyclopedie/monnaie-theorie-economique-de-la-monnaie/http://www.universalis.fr/encyclopedie/banque-centrale-europeenne/
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financiers y placent leurs fonds, en espérant un rendement plus élevé que sur le
court terme.
• Le lien entre taux d'intérêt et prix desobligationsUne obligation est un titre de dette émis à maturité longue, par exemple 10 ou
20 ans, et qui rapporte chaque année un intérêt dit « coupon ». Le coupon versé
dépend des taux d'intérêt du marché au moment de l'émission. Lorsque les taux
d'intérêt se modifient, le prix de l'obligation fluctue. Supposons une obligation devaleur faciale de 100 euros, de maturité de 10 ans par exemple, qui donne droit à
recevoir un versement de 5 euros par an : son taux de rendement à l'émission est
donc de 5 p. 100. Supposons que peu après l'émission, le taux d'intérêt des
obligations à 10 ans ait augmenté, si bien que les emprunteurs doivent maintenant
proposer un taux de 6 p. 100 pour arriver à lever des fonds. Notre obligation devient
alors moins intéressante pour les épargnants, et sa revente sur le marché
secondaire est soumise à une décote. Au lieu de valoir 100 euros comme
précédemment, son prix baissera de façon à ce que son achat aujourd'hui procure
exactement le même rendement que les 6 p. 100 du marché. Les prix des
obligations dépendent donc négativement des taux d'intérêt et varient continûment
de façon à ajuster exactement les rendements aux conditions de l'ensemble du
marché. Ces conditions dépendent de l'arbitrage avec les marchés de court terme.
• La théorie des anticipationsL'évaluation des prix d'actifs repose toujours sur le principe de l'arbitrage. L'arbitrage
est une opération qui vise à réaliser un profit en tirant parti de la d ifférence entre les
rendements attendus sur les différents placements. En l'absence d'aversion pour le
risque, ces opérations pratiquées par un grand ensemble d'agents conduisent à
égaliser les rendements attendus entre les différents actifs. Si un placement était
considéré plus rentable qu'un autre, tous les agents se le procureraient, ce qui ferait
monter son prix et baisser son rendement, jusqu'à rétablir la parité.
Il en est de même entre le taux des obligations et les taux courts. Considérons lerendement d'une obligation d'un État, dont le risque de non-remboursement est
négligeable, et des agents neutres vis-à-vis du risque. Dans ce cas, le rendement
annuel d'une obligation de maturité n années doit être égal au rendement moyen
anticipé obtenu en plaçant la même somme à court terme pendant n années
consécutives.
Dans cet arbitrage, un terme est connu aujourd'hui – le taux de rendement de
l'obligation sur n années, mais l'autre est inconnu : personne ne sait en effet ce que
sera le taux à court terme dans les prochaines années. Ce terme doit donc être
anticipé. Ainsi, le taux d'intérêt d'une obligation à n années est égal à la moyenne
des taux à 1 an anticipés pour les n années suivantes.
Ce raisonnement est valable à toutes les maturités et toutes les périodes : un
placement à 1 an doit aussi rapporter le même rendement anticipé qu'un placement
renouvelé sur le marché monétaire chaque mois pendant un an. Comme les taux
d'intérêt à court terme sont déterminés par la politique monétaire, les anticipations
des taux à court terme reviennent à prévoir ce que sera la politique monétaire dans
les périodes futures. Les intervenants de marchés suivent donc assidûment les
déclarations des banques centrales, pour décrypter leur stratégie future.
• La prime de termeSi on lève l'hypothèse de neutralité vis-à-vis du risque, il ne suffit plus d'égaliser les
rendements espérés des différents placements, il faut aussi compenser le risque
supporté par les épargnants. Or, même pour une obligation sans risque de défaut, le
détenteur du titre supporte un risque, puisque la valeur de son placement varie selon
le taux d'intérêt. Dans ce cadre, le taux d'intérêt d'une obligation à n années est bien
égal à ce que nous avons dit précédemment – la moyenne des taux à 1 an sur
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lesn années suivantes – mais il lui faut ajouter une « prime de terme » positive.
La prime de terme compense l'investisseur contre le risque lié à la durée
d'immobilisation de ses fonds. Elle augmente donc avec la maturité du placement.
Elle peut aussi dépendre de la volatilité des taux d'intérêt, qui accroît le risque de
taux. Dans la réalité, la prime de terme est difficile à mesurer, car elle n'est pas
directement observable, puisque les anticipations ne le sont pas. Son existence
même a été remise en question au début des années 2000 aux États-Unis, car les
taux longs y sont restés étonnamment bas par rapport aux taux courts .
• La courbe des tauxLa « structure par terme » des taux d'intérêt est définie par l'ensemble des taux
observés à un moment donné pour une même catégorie d'emprunt sur toutes les
maturités proposées. Elle est illustrée visuellement par la « courbe des taux »,
construite en mettant en abscisse les maturités, de 1 jour à 30 ans par exemple, et
en ordonnée les taux d'intérêt à ces différentes maturités. On peut la tracer pour un
emprunteur donné (par exemple un État) ou en moyenne sur un ensemble de titres.
Dans le cas standard, où peu de variations de taux d'intérêt sont attendues, le taux
d'intérêt à long terme est plus grand que le taux d'intérêt à court terme en raison de
l'existence d'une prime de terme positive. La forme standard de la courbe des tauxest donc croissante. Il peut arriver, cependant, qu'elle soit décroissante, les taux
longs étant inférieurs aux taux courts. On parle alors de courbe « inversée ».
Certains travaux ont montré qu'une courbe des taux inversée est un signe
annonciateur d'une récession économique. En effet, elle témoigne d 'une anticipation
de baisse des taux courts. Or les baisses de taux courts sont généralement
pratiquées par les banques centrales pour tenter de contrer les récessions.
• Les dérivés de taux d'intérêtLes marchés dérivés de taux permettent de se couvrir contre le risque de variation
des taux d'intérêt, ou de spéculer sur leur évolution future. Les plus simples sont les
contrats à terme de taux d'intérêt. Comme tous les contrats à terme, ils consistent àfixer aujourd'hui le prix (ici le taux d'intérêt) demandé pour une transaction future. Les
taux à terme correspondent aux taux anticipés par les agents pour les périodes
futures. Ils sont liés à la courbe des taux, puisque celle-ci reflète aussi les
anticipations. Il existe deux types d'instruments sur les taux à terme : les contrats de
taux d'intérêt à terme (aussi appelés forward rate agreements ou F.R.A.) et
lesfutures. Les futures sont les plus importants, car ce sont des contrats
standardisés. Les swaps de taux d'intérêt sont aussi des instruments très utilisés par
les entreprises pour obtenir de meilleures conditions d 'emprunt. Ils consistent à
échanger les conditions d'un emprunt à taux variable et à taux fixe.
4. Les « spreads » de taux d'intérêtLes taux d'intérêt appliqués aux emprunts des entreprises sont généralement
différents de ceux consentis aux États. Ils incorporent une prime de risque
supplémentaire, ou spread , qui varie selon la fiabilité des emprunteurs.
Le spread peut être défini comme l'écart entre le taux d'intérêt d'un emprunt donné et
un taux dit de référence sur la même maturité. Il compense le risque de défaut de
l'emprunteur, c'est-à-dire le risque que l'emprunt ne soit pas servi aux conditions
prévues dans le contrat.
• Le taux de référence du marchéLes taux de référence, ou taux sans risque, dans une monnaie donnée, sont
généralement ceux des emprunts d'État. Les États sont, en effet, considérés commeles emprunteurs les plus sûrs du marché, lorsqu'ils s'endettent dans leur propre
monnaie. En effet, la probabilité pour que les emprunts d'État en monnaie locale ne
soient pas remboursés est faible, puisqu'en cas de menace d'insolvabilité, un État
peut faire appel à l'impôt, voire demander à la banque centrale de le renflouer pour
http://www.universalis.fr/encyclopedie/recession/
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éviter la crise. Ainsi, les États bénéficient généralement des taux d'intérêt les plus bas
du pays lorsqu'ils s'endettent dans leur propre monnaie. Leurs taux servent de
référence aux autres emprunteurs. Le taux des obligations d'État est considéré
comme le taux de référence sur le marché obligataire, celui des bons du Trésor, pour
les emprunts à court terme.
Lorsqu'un État s'endette en devises, au contraire, son taux n'est plus une référence.
L'histoire récente est ponctuée de crises, où des États font défaut sur leur dette en
devises (par exemple, l'Argentine au début des années 2000). L'État empruntant en
devises se voit donc appliquer un spread de taux, le taux de référence étant alorscelui de l'État émetteur de la devise. Le taux des obligations de l'État américain sert
ainsi de référence au calcul des taux d'intérêt payés par les pays émergents, pour
leurs emprunts en dollars.
• Le risque de défautLe « défaut » d'un emprunteur est défini soit par le retard ou l'absence de paiement
des intérêts ou du principal, soit par un rééchelonnement ou une restructuration de la
dette imposés aux créditeurs. Dans tous ces cas, la créance est fortement
dévalorisée. Comme le spread compense le risque de défaut, plus le défaut est
probable, plus le spread est élevé.
Le spread dépend donc positivement de la probabilité de défaut. Il dépend aussi de
la perte encourue en cas de défaut, ou du « taux de recouvrement ». En effet, en
cas de défaut, la valeur de la créance ne tombe pas à zéro. Une partie de la dette
peut être recouverte, soit au moment de la liquidation de l'entreprise, soit sur le
marché secondaire, hautement spéculatif, des créances en défaut. Au total, le
rendement sur un placement risqué est égal soit au taux de recouvrement s'il y a
défaut, soit à son taux d'intérêt, sinon. Si on fait la moyenne entre ces deux
situations, le rendement moyen du placement « dit espéré », n'est donc pas égal au
taux d'intérêt affiché sur l'emprunt, mais lui est inférieur.
Comme tous les prix d'actifs, le taux d'intérêt sur un emprunt risqué et le taux sans
risque sont liés par les lois de l'arbitrage. Les rendements espérés sur les deuxplacements sont donc égaux, pour les mêmes maturités, en l'absence d'aversion au
risque. Avec ce raisonnement, on trouve que le spread est à peu près égal à la
probabilité de défaut de l'emprunteur multipliée par la perte encourue en cas de
défaut (elle-même égale à 1 moins le taux de recouvrement).
• Le rôle des agences de notationLe taux d'intérêt dépend donc du risque de défaut de l'emprunteur. Or évaluer ce
risque demande du temps et des ressources, ce qui est hors de portée de la plupart
des investisseurs. C'est pourquoi les investisseurs s'en remettent à des organismes
indépendants, les agences de notation. Leur rôle est d'évaluer le risque de défaut
des emprunteurs présents sur les marchés internationaux, que ce soient les grandesentreprises ou les États. Les trois principales sont Standard & Poors' et Moody's, les
grandes agences américaines créées au début du XXe siècle, auxquelles s'ajoute
une agence européenne, Fitch, créée à la fin des années 1990. Bien qu'elles soient
régulièrement critiquées pour leurs erreurs d'évaluation, leur notation est
déterminante dans la formation du spread de taux. L'emprunteur noté AAA, qui
présente un risque de défaut minimal, peut lever des fonds à un taux d'intérêt bien
inférieur à celui appliqué à des emprunteurs moins bien notés. Les écarts entre les
taux d'intérêt sur les différentes notations ne sont pas fixes, mais fluctuent au cours
du temps selon les conditions du marché et l'aversion pour le risque des
investisseurs.
5. Les liaisons internationales de taux d'intérêtLes arbitrages sur les marchés internationaux conduisent à égaliser les rendements
attendus des placements (et des emprunts) sur les différentes monnaies. Par
exemple, des placements en euro, en dollar ou en peso mexicain ont théoriquement
8/9/2019 TAUX D'INTÉRÊT, Taux d'Intérêt Réels Et Nominaux - Encyclopædia Universalis
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Pour citer cet article
Virginie COUDERT, « TAUX D'INTÉRÊT », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 26 janvier 2015. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/taux-d-interet/
Taux de change
Classification thématique de cet article :
un rendement attendu équivalent.
• La parité des taux d'intérêt non couverteConsidérons l'arbitrage entre deux placements à un an sans risque de défaut sur
deux monnaies, l'euro ou le dollar. Un investisseur européen, par exemple, peut
placer ses fonds en euros, ce qui lui rapporte le taux d'intérêt sur l'euro. Il peut aussi
décider d'investir en dollar en prenant un risque de change. Cette option sera
particulièrement rentable si le dollar s'apprécie sur la période. Son placement lui
rapporte alors le taux d 'intérêt sur le dollar plus l'appréciation du dollar vis-à-vis del'euro sur la période (ou moins sa dépréciation). Comme l'arbitrage égalise les
rendements anticipés entre les deux placements, l'écart de taux d'intérêt entre les
deux monnaies doit compenser les variations attendues du change. Le taux d'intérêt
sur l'euro doit donc être égal au taux d'intérêt américain plus l'appréciation du dollar
anticipée sur la période.
Cette relation est dite de « parité des taux d'intérêt non couverte », car elle porte sur
des placements sans couverture du risque de change. Elle est valable dès lors que
les capitaux sont mobiles entre les pays et qu'il n'y a pas d'aversion pour le risque.
Elle relie l'ensemble des taux d'intérêt et des anticipations de taux de change entre
les monnaies. La parité est une relation ex ante, portant sur des anticipations. Elle
n'est jamais vérifiée ex post, car la variation des taux de change est toujoursdifférente de l'anticipation qui en était faite, ne serait-ce qu'en raison des nouvelles
qui surviennent en cours de période. Les conséquences de la parité des taux
d'intérêt non couverte sont bien différentes en change fixe et en change flottant.
• Les conséquences en change fixe et enchange flottantDans les pays à taux de change fixe, les banques centrales doivent fixer le taux
d'intérêt de façon à ajuster la parité. C'est le cas de petits pays, autour de la zone
euro, comme les nouveaux membres de l'Union européenne. Par exemple, dans un
pays qui fixe sa monnaie par rapport à l'euro, le taux d'intérêt doit être égal à celui de
la zone euro plus la dépréciation anticipée du taux de change contre euro. Si le tauxde change fixe est parfaitement crédible, il suffit au pays d'adopter le même taux
d'intérêt que l'euro. Si, comme cela est souvent le cas, les agents anticipent qu'il peut
y avoir une dévaluation, le taux d'intérêt doit être fixé à un niveau supérieur à celui de
la zone euro, pour compenser la dépréciation attendue. Dans les deux cas, la
fixation des taux d'intérêt est complètement déterminée par la politique monétaire du
pays dont la monnaie sert d'ancre et par les anticipations du marché. Elle est donc
entièrement contrainte par l'objectif de change.
Lorsque les changes sont flottants, au contraire, les taux d'intérêt sont fixés en
fonction des objectifs internes, inflation et croissance. C'est le cas des grands pays,
comme la zone euro, des États-Unis, du Japon. La parité des taux d'intérêt restevalable, mais c'est le taux de change qui s'ajuste aux variations des taux d'intérêt.
Une hausse des taux d'intérêt dans un pays apprécie son taux de change, toutes
choses égales par ailleurs, en attirant davantage de capitaux ; à l'inverse, une baisse
des taux d'intérêt provoque une dépréciation de la monnaie.
Virginie COUDERT
http://www.universalis.fr/encyclopedie/taux-d-interet/1-taux-d-interet-reels-et-nominaux/#http://www.universalis.fr/commun/affinite.php?nref=C072766http://www.universalis.fr/encyclopedie/taux-de-change/http://www.universalis.fr/classification/economie-et-gestion/marches-et-prix/marches/marche-des-changes/taux-de-change/http://www.universalis.fr/encyclopedie/change-les-regimes-de-change/
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Politique du crédit
Marchés obligataires
AGENCES DE NOTATIONDans le chapitre " Institutionnalisation des notations"
AGIOS
ALLAIS MAURICE (1911-2010)
ANTICIPATIONS, économieDans le chapitre "Les modèles purement autorégressifs de formation des anticipations"
BANQUE - La crise des subprimes et le système bancaireDans le chapitre "Déroulement de la crise"
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« TAUX D'INTÉRÊT » est également traité dans :
Voir aussi
ACTIFS FINANCIERS • CHANGE FLOTTANT ou FLOTTEMENT MONÉTAIRE • CHANGES
FIXES • CONTRAT À TERME ou FUTURE • CRÉANCES & DETTES • CROISSANCE
ÉCONOMIQUE • ENDETTEMENT • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE
économie • INTÉRÊT • KEYNÉSIANISME • MARCHÉ MONÉTAIRE • MARCHÉS À
TERME • MARCHÉS DÉRIVÉS • NOTATION FINANCIÈRE • OBLIGATION Bou rse • POLITIQUE
MONÉTAIRE • RISQUE ÉCONOMIQUE • SPREAD économie financière • SWAP économie
financière • TERME crédit bancaire • THÉORIE ÉCONOMIQUE NÉO-CLASSIQUE • TITRE banque etBourse
BibliographieM. AGLIETTA, Macroéconomie financière, coll. Repères, La Découverte, Paris, 2004
B ANQUE CENTRALE EUROPÉENNE, La Politique monétaire de la B.C.E. , 2004,www.ecb.int/pub/pdf/other/politiquemontaire2004fr.pdf
A. BÉNASSY-QUÉRÉ, L. BOONE & V. COUDERT, Les Taux d'intérêt , coll. Repères, La Découverte, 2003
H. DE LA BRUSLERIE, Gestion obligataire, Economica, Paris
F. MISHKIN, Monnaie, banque et marchés financiers, Pearson Education, 2004.
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