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Les entreprises françaises & l’Afrique Rapport 2014 Hors-série - Décembre 2013 - 25 euros

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  • Les entreprises franaises & lAfrique

    Rapport 2014

    Hors-srie - Dcembre 2013 - 25 euros

  • LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013 3

    LE MOCIDirecteur de la publication et Directeur gnral Vincent Lalu

    RDACTIONRdacteur en chef Christine Gilguy

    Conseiller de la rdaction Georges Rambaldi

    Ralisation Delphine Miot (maquette)

    Ont collabor ce numro :Bndicte Chtel, Anne Guillaume-Gentil

    (articles sur les perspectives et synthses

    de conjoncture par pays)

    Conception graphique et maquetteamarena / www.amarena.fr

    ImpressionImprimerie de Champagne

    Directrice du dveloppement Delphine Chne

    Directeur commercialPhilippe Chebance

    FabricationRobin Loison

    Commission paritaire.

    Publication n 0916 T 81051

    DITEUR Sedec SA11, rue de Milan, 75009 Paris

    Tlphone : 01 53 80 74 00

    www.lemoci.com

    CONSEIL FRANAIS DES INVESTISSEURS EN AFRIQUE

    45, rue de la Chausse dAntin

    75009 Paris

    Tl. : +33 (0)1 45 62 55 76

    Fax : +33 (0)1 42 56 79 33

    Email : [email protected]

    Site : www.cian.asso.fr

    Fondateur du rapport

    Jean-Pierre Prouteau

    Comit de rdaction

    Anthony BouthelierAlix CamusStephen Decam

    Copyright : toute reproduction, mme partielle, des

    textes et documents parus dans le prsent numro

    est soumise lautorisation pralable de la rdaction.

    RAPPORT 2013 / SOMMAIRE

    Le rve africain ? 5Anthony Bouthelier, Prsident dlgu du CIAN

    Les faits marquants de 2013 6

    Les changes franco-africains 8Chiffres-cls et tendances marquantes

    Une approche innovante de lAfrique 12

    Entretien avec Henri de Cazotte, Coordinateur de la mission gouvernementale franaise sur lagenda du dveloppement post-2015 12

    Les ajustements novateurs des groupes franais 16

    2iE, au-del de la formation, un accompagnateur de lvolution du continent 18

    Grande consommation 20

    Comment lmergence des classes moyennes change la

    donne pour CFAO 20

    Face la monte des dchets lectroniques, la solution clic vert des Ateliers du Bocage 22

    Quand lAfrique dfend ses indications gographiques 24

    Services 28

    Quand les chercheurs se penchent au chevet de lemploi 28

    Onomo International ou le pari dune chane htelire Made in Africa 30

    Sant : comment Pasteur soutient la recherche africaine 32

    Produits techniques 34

    Cartes prpayes : la rvolution africaine du mobile money 34

    Tlcommunications : linnovation stimule par lutilisateur 36

    Solutions numriques mobiles pour renforcer la dmocratie 38

    Analyse conomique par zone et par pays 40Les rsultats 2013 de lenqute CIAN 40

    Afrique du Nord 48

    Afrique de lOuest 64

    Afrique centrale 102

    Afrique australe, orientale et ocan Indien 124

    RAPPORT DACTIVIT 2014 DU CIANLes actions et les projets du CIAN

  • LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013 5

    Editorial

    Le rve africain ?

    Ce Rapport CIAN 2014 confirme la prosprit de nos entreprises mais indique aussiune insuffisance voire une dgradation de lenvironnement des affaires qui bride len-vole conomique tant attendue.

    Les 5 6 % de croissance tant clbrs par contraste avec latonie des conomiesdes pays du Nord sont insuffisants pour sortir lAfrique de lornire. La rfrence auxgrands mergents Chine, Inde, Brsil est inadquate car ces pays sont dotsdune unit politique et dune seule monnaie. Cette unit, le continent la rve maisnoublions pas lexistence de 54 pays dans une immensit qui peut contenir toutensemble, la Chine, lInde et lEurope.

    Si lAfrique peut tre notre nouvelle frontire et que des volutions positives mergentici ou l naissance dune classe moyenne, diminution des conflits arms rien neserait pire que de se bercer dillusions et de croire lautomatisme dun dveloppe-ment gnr par des facteurs tels que lvolution dmographique ou lurbanisation.

    La mobilisation de tous les acteurs reste de rigueur, le secteur priv joue un rleessentiel dans la cration de richesses, et dans la construction dun tat de droitqui librera les forces entrepreneuriales.

    Les entreprises franaises, dans un environnement africain difficile, disposent delatout majeur quest lexprience comme en tmoignent leurs excellents rsultatspublis dans ce Rapport. Cet avantage comparatif, il faut le jouer trs vite et trsfort dans une conjoncture qui reste encore porteuse.

    la runion qui sest tenue Bercy, en marge du Sommet de llyse pour la Paix etla Scurit en Afrique des 6 et 7 dcembre 2013, la Ministre des finances du Nigeria, Madame Ngozi Okonjo-Iweala, a malicieusement conseill de se penchersur des exemples de russites et elle a mentionn la Core du Sud. Qui se souvientquil y a soixante ans, son PIB tait de 50 USD par habitant, alors quil atteint plus de20 000 USD aujourdhui ?

    Face un dferlement de bonnes ides et une dbauche conceptuelle bien fran-aise, cette attitude douverture sur le monde et dcoute tait dun pragmatismequi ne peut quinterpeller le secteur priv.

    Dans un colloque rcent, Lionel Zinsou, voquant lvolution du CIAN, relve queles entreprises investies en Afrique de nos jours ne sont plus celles de la colonisa-tion. Ces socits sont dsormais globales, leur champ daction est mondial et faitdelles des tmoins voire des acteurs de dveloppements russis.

    Dans le dialogue public-priv, dautant plus voqu que mal mis en uvre, le talentdu priv est surtout dans le tmoignage des pratiques russies la lumire dune cul-ture du rsultat.

    Bref, le secteur priv sait ce qui marche ou qui ne marche pas , non par intelli-gence suprieure, mais par exprience du terrain et la Ministre Ngozi Okonjo-Iwealaa bien eu raison de recommander la dmarche de modestie que requiert lobservationdu monde.

    Anthony Bouthelier, Prsident dlgu

    D.R

    .

  • 6 LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013

    2013 / Les faits marquants

    Janvier Mali. Des Jihadistes prennent le Nord du pays. Suite une

    demande du prsident par intrim Dioncounda Traor Fran-ois Hollande et au secrtaire gnral de lONU, Ban Ki Moon,une intervention militaire franaise est dclenche le 11 janviersous mandat de lONU. Lopration Serval, associe aux Forcesde lUnion africaine, va stopper lavance des rebelles, per-mettre larme malienne de reprendre pied dans le Nord etenclencher un redmarrage des institutions dmocratiques.

    Fvrier Guine. La marche pacifique organise le 27 fvrier par lop-

    position guinenne pour rclamer des lections lgislativeslibres et transparentes se termine par des affrontements (130 blesss dont 68 policiers et gendarmes).

    Tunisie. Le parti islamiste Ennahda annonce renoncer auxministres rgaliens ouvrant la voie la constitution d'un gou-vernement d'union nationale.

    Cameroun. La famille franaise Tanguy Moulin-Fournir estenleve le 19 fvrier par le groupe islamiste Boko Haram. Ellesera libre le 19 avril.

    Mars Soudan. Les deux Soudan parviennent un accord sur la

    question de l'acheminement du ptrole vers Port Soudan. Rpublique centrafricaine. La coalition rebelle de la Slka

    prend le contrle de Bangui. Le prsident lu Franois Bozizfuit au Cameroun voisin. La France renforce son contingentmilitaire pour assurer la scurit de ses ressortissants.

    Chine/Afrique. Le prsident chinois Xi Jinping effectue sapremire visite officielle en Afrique (Tanzanie, Afrique du Sud,Congo Brazzaville). Pkin propose des prts de 20 milliardsUSD sur 2013-2015.

    Avril France/Afrique. Le livre blanc de la Dfense remis Fran-

    ois Hollande met laccent sur lAfrique. Les troupes fran-aises en Afrique devraient tre maintenues mais l'implica-tion des allis sollicite.

    Banque Africaine de dveloppement (BAD). DonaldKaberuka, prsident de la BAD dvoile la nouvelle stratgiedcennale (2013-2022) qui met l'accent, notamment, sur lesinfrastructures, lintgration conomique et le secteur priv.

    Mai Afrique. CFAO, premier groupe franais de distribution en

    Afrique, sassocie avec Carrefour pour crer, dici 10 ans, 35 galeries marchandes dans 8 pays.

    Juin gypte. Les manifestants pro et anti Morsi s'affrontent vio-

    lemment au Caire et Alexandrie, le prsident gyptien refu-sant des lections anticipes. Sa destitution le 3 juillet par lar-me, marque la fin du contrle du pouvoir par les FrresMusulmans et louverture dune nouvelle priode de transition.

    Juillet tats-Unis/Afrique. En visite en Afrique du Sud, le prsi-

    dent amricain Barack Obama annonce son plan PowerAfrica de 7 milliards USD destin faciliter l'accs l'lec-tricit, avec pour partenaire central General Electric.

    Zimbabwe. Le prsident Rober Mugabe, 89 ans, est pro-clam vainqueur de la prsidentielle avec 61 % des voix etune majorit des deux tiers l'Assemble.

    Aot Mali. Ibrahima Boubacar Keita est lu prsident du Mali avec

    77 % des suffrages face Soumaila Ciss.

    Septembre Kenya. Pendant 4 jours, des dizaines de personnes au cen-

    tre commercial de Westgate, Nairobi, sont prises en otagespar un commando des Chabaab somaliens. Bilan : 67 mortset 175 blesss.

    Octobre Afrique. La croissance du PIB africain atteindrait 4,9 % en

    2013 (4,2 % en 2012) et devrait acclrer 5,5 % en 2015.(Africa Pulse, Banque mondiale).

    Rpublique centrafricaine. Le Conseil de scurit del'ONU approuve l'envoi de troupes en RCA.

    Madagascar. Le premier tour du scrutin prsidentiel se tientle 25 octobre, aprs 4 ans de crise. Le 2e tour devait avoirlieu le 20 dcembre.

    Mozambique. La Renamo (opposition) revient sur l'accordde paix de 1992, conduisant des milliers de personnes des-cendre dans la rue et manifester en faveur de la paix.

    Novembre Mali. Le 2 novembre, les journalistes de RFI, Ghislaine

    Dupont et Claude Verlon, sont enlevs Kidal et excuts. Cameroun. Le pre Georges Vandenbeusch est enlev le

    13 novembre au Cameroun.

    Dcembre Rpublique Centrafricaine. Le 5 dcembre, le Conseil de

    scurit de l'ONU donne son feu vert pour un mandat d'in-tervention d'un an la Misca (porte 3 600 hommes) et de six mois renouvelable aux forces franaises. Franois Hollande lance l'opration Sangaris (1 600 soldats).

    France. Le sommet Afrique-France pour la paix et la scurit enAfrique se tient Paris les 6 et 7 dcembre, en prsence d'unequarantaine de chefs d'Etats. L'Afrique doit assurer sa scu-rit et doit tre dote d'une force de raction rapide : 20 000soldats africains pourraient tre forms par la France. Paris veutpar ailleurs doubler ses changes avec l'Afrique d'ici cinq anset lancer un nouveau modle de partenariat conomique avecle continent inspir des principales conclusions du rapport dela mission Vdrine, prsentes le 4 dcembre.

    Afrique du Sud. Dcs, le 5 dcembre, de Nelson Mandela quireoit un hommage mondial. Plus de 100 chefsd'tat et de gouvernement rendront hommage Madiba dans le grand stade de Soweto.

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  • 8 LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013

    Diagnostic douloureux,mobilisation gnraleEn France lheure est la mobilisationgnrale : lHexagone a perdu sur cecontinent des positions depuis unedizaine dannes, sa part de march chu-tant ainsi de 10,1 % en 2000 4,7 % en 2011, a rappel Pierre Moscovici, ministre franais de lconomie et desfinances, lors du Forum conomiqueAfrique-France du 4 dcembre 2013, quia prcd le Sommet Afrique-France des 6 et 7 dcembre. Peu de grandscontrats majeurs (eau, nergie, ferro-viaire) ont rcemment t remports pardes entreprises franaises constataitNicole Bricq, ministre du Commerceextrieur, dplorant que la part de mar-ch franaise se soit nettement rodeen 20 ans dans des pays comme leCameroun (de 36 14 %) ou la CtedIvoire (de 31 13 %) sans quelle nedcolle dans les pays anglophones telsque le Kenya (1,5 %) ou le Nigeria(3,6 %). La ministre aurait pu aussi citerlexemple du Maroc, o la France a trelgue au deuxime rang des fournis-seurs en 2012 par lEspagne, qui a for-tement relanc ses exportations pourcompenser la crise. Do lappel unnouveau modle de partenariat cono-mique entre lAfrique et la France , titrede ce forum qui a fourni le cadre de laprsentation du rapport Vdrine sur Unpartenariat pour lavenir . Le prsidentfranais Franois Hollande a fix pourobjectif de doubler les changes dansles deux sens .

    Des marchs dimportationsdynamiquesSi les besoins dinvestissements en infra-structures sont estims un minimum de50 milliards deuros pour les dix ans venir par lOCDE, les financements nesont pas toujours au rendez-vous. Toute-fois, au regard des tendances rcentes

    Chiffres cls et tendances marquantes

    des importations du continent africain,selon les statistiques disponibles dans labase GTA de GTIS*, les achats dun cer-tain nombre de pays restent extrmementdynamiques. Quelques exemples de ten-dances 2012 et 2013 : Afrique du sud : les importations ontaugment de 10 % en valeur en 2012(79 Mds EUR), mais la tendance est au repli cette anne (- 3,75 % sur les 9 premiers mois 2013) ; gypte : si 2013 est au ralentissement(+ 0,83 % sur 8 mois), les impor-tations ont bondi de 17,5 % en 2012(52,5 Mds EUR) ; Algrie : les importations algriennes

    Lanne 2013 aura sans conteste t marque, en France, par la prise de conscience auplus haut niveau quil tait temps de relancer les relations conomiques africaines, enessayant dinnover dans les approches. Au regard des statistiques commerciales et desIDE, la France peut sans aucun doute amliorer une performance qui nest pas la hauteurdes savoir-faire quelle peut offrir aux pays africains.

    LES CHANGES FRANCO-AFRICAINS

    LES EXPORTATIONS FRANAISES EN DIRECTION DE LAFRIQUE

    LES 20 PREMIERS PAYS AFRICAINS CLIENTS EN 2012 (EN EURO)

    2011 2012 2012/2011 (%)

    Algrie 5 766 549 580 6 360 392 052 10,30Maroc 4 316 483 311 4 027 964 949 - 6,68Tunisie 3 610 885 391 3 613 629 441 0,08Afrique du Sud 2 300 210 697 1 882 391 783 - 18,16gypte 1 840 588 718 1 720 917 989 - 6,50Nigeria 1 477 078 484 1 346 052 393 - 8,87Cte-dIvoire 739 575 186 999 696 249 35,17Sngal 889 286 017 827 721 109 - 6,92Gabon 782 589 824 769 438 394 - 1,68Cameroun 633 824 653 672 146 173 6,05Congo 490 644 324 588 983 587 20,04Angola 585 072 494 543 920 820 - 7,03Libye 227 400 964 539 999 639 137,47Togo 249 729 601 366 623 726 46,81Maurice 336 661 873 344 564 537 2,35Ghana 308 665 555 330 358 263 7,03Mali 311 062 054 301 567 797 - 3,05Madagascar 278 845 485 298 230 467 6,95Bnin 809 097 049 267 562 794 - 66,93Burkina Faso 218 698 347 262 641 219 20,09

    Total Afrique 28 203 607 191 28 191 713 571 - 0,04

    sont toujours la hausse : + 12 % surles 9 premiers mois de lanne, aprs+ 15,5 % en 2012 (39,2 Mds EUR) ; Maroc : galement la hausse avec+ 6,39 % en 2012 (33,3 Mds EUR) ; Nigeria : + 5,3 % de hausse des impor-tations au premier semestre 2013 (15,7Mds EUR), aprs une chute de 26,4 %en 2012 ; Cte dIvoire : la tendance 2013 est + 21,5 % pour les neuf premiers moisde 2013 (6,5 Mds EUR), aprs la fortereprise (+ 57,7 %) de 2012 ; Kenya : la tendance des impor-tations tait + 19,16 % en 2012 (12,4 Mds EUR) ;

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  • 10 LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013

    LES CHANGES FRANCO-AFRICAINS

    LES IMPORTATIONS FRANAISES EN PROVENANCE DAFRIQUE

    LES 20 PREMIERS PAYS AFRICAINS FOURNISSEURS EN 2012 (EN EURO)

    2011 2012 2012/2011 (%)

    Libye 1 997 454 940 4 293 255 995 114,94Algrie 4 393 127 022 3 918 737 097 - 10,80Tunisie 4 026 626 321 3 763 215 200 - 6,54Nigeria 4 345 927 003 3 720 147 339 - 14,40Maroc 3 148 145 836 3 268 815 407 3,83Guine quatoriale 431 716 276 1 944 120 889 350,32gypte 1 342 694 623 1 317 670 234 - 1,86Ghana 1 342 884 771 945 237 524 - 29,61Angola 1 312 110 423 933 144 517 - 28,88Congo 527 610 931 868 611 841 64,63Afrique du Sud 959 104 847 839 770 394 - 12,44Cte-dIvoire 549 294 592 545 645 782 - 0,66Niger 287 606 994 428 851 165 49,11Madagascar 316 671 113 335 791 224 6,04Maurice 276 988 102 288 968 904 4,33Cameroun 293 023 809 217 319 078 - 25,84Gabon 116 513 940 172 176 034 47,77Namibie 85 866 132 125 592 232 46,27Mauritanie 193 891 172 110 890 703 - 42,81Seychelles 72 752 145 97 826 097 34,46

    Total Afrique 26 807 030 413 28 766 994 994 7,31

    LES FLUX DINVESTISSEMENTSDIRECTS DE LA FRANCE ENAFRIQUE PAR PAYS (en million deuros)

    2011 2012

    Monde 34 884 28 009Afrique 1 753 1 794Autres pays 1 679 1 308d'AfriquePays de la Zone - 59 723FrancPays du Maghreb 430 674Afrique du Nord 74 486

    Angola 651 709Maroc 162 435Congo 130 362Algrie 241 211Gabon 57 199Egypte 95 183Afrique du Sud 149 97Cameroun -140 65Cte d'Ivoire 10 56Tunisie 27 28Kenya 27 14Liberia - 3 9Mali 18 2Sngal - 67 - 3Tchad - 3 - 3Maurice 26 - 23Nigeria 473 - 328Libye - 451 - 371

    Source : Banque de FranceNB : sans signe = augmentation des IDE ;signe (-) = diminution des IDE

    Ghana : la progression des importa-tions a t de 17,4 % en 2012 (10,4 Mds EUR) ; Maurice : les achats de lIle ont aug-ment de 9,2 % en 2012 (4 Mds EUR).

    Le top 10 des partenairescommerciaux de la FranceLes donnes des douanes franaisesmontrent les trs grosses variations deschanges de la France avec les pays afri-cains dun pays lautre, voire duneanne sur lautre (tableaux ci-contre). Cequi tend confirmer lexistence dunpotentiel de croissance rel, avec unencessit de renforcer les flux rguliers. La tendance sur les neuf premiers moisde lanne 2013 (janvier-dcembre)confirme ainsi une forte concentrationdes changes franco-africains (import-export) sur les pays dAfrique du nord etles pays ptroliers et gaziers, de mmequen Afrique de lOuest : Les trois premiers partenaires commer-ciaux de la France sur le continent sontau Maghreb avec par ordre dcroissant :Algrie (par ailleurs 15e partenaire de la France au plan mondial), avec des

    changes en progression de 11,8 % (7,7 Mds EUR) ; Tunisie (25e rang mon-dial), avec 5,6 Mds (+ 2,45 %) ; Maroc(26e mondial) avec 5,3 Mds (- 0,24 %),o la France sest fait ravir son rang de premier fournisseur du royaume par lEspagne en 2012. Le Nigeria reste un gros partenaire, en4e position (mais seulement 33e parte-naire de la France au plan mondial) avec 3,9 Mds EUR, en hausse de5,27 %, juste devant la Libye dont leschanges tendent stagner (+ 0,56 %, 3,3 Mds EUR). La tendance est la baisse deschanges avec les deux suivants,lAfrique du Sud, 6e partenaire africain(et 50e mondial) avec 1,9 Mds EUR (- 5,6 %) et lgypte 7e, avec 1,9 Mds (- 13,4 %). La Cte dIvoire avec lesquels leschanges connaissent une forte reprise(+ 16,1 % sur neuf mois 2013, 1,2 Md EUR) est le 8e partenaire africainet 3e au sud du Sahara de lHexagone,devant lAngola, avec lequel leschanges sont galement en forte pro-gression (+ 20,9 %, 1,1 Md EUR).

    Le Ghana arrive au 10e rang des par-tenaires africains, avec des changes quisemblent sessouffler (928 M EUR surneuf mois, - 6,38 %).Au-del de ce top 10 les tendances sonttrs variables : alors que les changescommerciaux sont en forte baisse sur lesneuf premiers mois de 2013 avec plu-sieurs pays linstar de la Guine qua-toriale (- 34,1 %), du Congo (- 15,6 %)ou encore du Sngal (-15,6 %), ils pro-gressent dans dautres comme le Gabon(+ 19 %) ou le Cameroun (+ 1,8 %).

    * Base Global Trade Atlas (GTA), de la socitGlobal Trade International Services (GTIS),qui compile les statistiques douanires offi-cielles.

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  • 12 LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013

    LE MOCI. Quelle est votre analyse dela capacit du secteur priv franais

    innover pour faire face aux dfis

    africains ?

    Henri de Cazotte. Le continent africainest plong dans une grande transforma-tion avec son entre dans la mondialisa-tion. Paralllement, les agences de dve-loppement dont lAFD ont un nouvelagenda autour du dveloppement dura-ble : on lutte la fois contre la pauvrettout en veillant la soutenabilit environ-nementale. Les enjeux (inclusion, solida-rit, qualit de vie, changement clima-tique, urbanisation, etc.) sont tels que lesgouvernements et leurs agences ny suf-firont pas. Le rle du secteur priv estdonc, aujourdhui, non seulement crucialmais reconnu et lAFD doit accompagnerce mouvement. Par ailleurs, les bouleversements techno-logiques, des moyens de communication,de linformation, appellent davantagedinnovations et ce dautant plus quenombre de solutions viennent aujourdhuiautant du Sud que du Nord : le mobilebanking, par exemple, est un produitknyan. Ainsi, les vieilles recettes ne sontpas ncessairement les meilleures. Onsinterroge, face cela, sur le nouveaugrand partenariat entre les agences dedveloppement et le secteur priv.

    LE MOCI. Mais ce partenariat avec lesecteur priv nest pas nouveau

    H. de C. Oui. Dailleurs lAFD a t pion-nire dans ce domaine. On a cr Pro-parco, des instruments financiers portspar les banques de dveloppement tour-

    ns vers le secteur priv. Bref, on a faitun mtier de banquier. On a aussiconstruit de nombreux partenariatspublic-priv (PPP) pour financer les infra-structures et apporter des servicesessentiels. On a encourag le finance-ment des PME.Aujourdhui, une nouvelle tape estdevant nous : sommes-nous ensemble,secteur priv et AFD, capables de pren-dre des risques pour le dveloppementinclusif et pour affronter les dfis envi-ronnementaux en Afrique ? Certes, desexpriences ont t faites avec un cer-tain nombre dentreprises franaises Danone, Lafarge, Total, Rougier, etc. Ilreste en faire un vrai secteur dinter-vention. En ralit, nous navons pas encore lesinstruments incitatifs suffisants et devonstravailler sur la structure des relations

    Suite sa prise de fonctions fin mai 2013, la nouvelle directrice gnrale de lAgence fran-aise de dveloppement (AFD), Anne Paugam, a demand Henry de Cazotte, coordina-teur de la mission gouvernementale franaise sur lagenda du dveloppement post-2015,de mener bien le grand chantier de linnovation lAFD voulu galement par Pascal Canfin, ministre dlgu charg du Dveloppement.

    UNE APPROCHE INNOVANTE DE LAFRIQUE

    entre le secteur priv et les pouvoirspublics autour de ce quon appelle un dveloppement inclusif . Commentintervenir au bnfice dune populationplus large, situe hors ou en marge dumarch ? En association avec des entre-prises voulant tre prsentes sur ce ter-rain et qui ont la capacit dtre efficaces,nous pourrions travailler des initiativesinnovantes, intelligentes, productrices denouveauts adaptes ces nouveauxmarchs . Malgr lintrt quelle portait ce sec-teur, lAFD a pris un peu de retard faceaux initiatives amricaines ou britan-niques. Certes, lAFD a t trs crativeailleurs, en microfinance par exemple, endveloppant des outils financiers inno-vants via des fonds dinvestissementseux-mmes parties prenantes de projetsdinvestissements sociaux. Cest le casaussi du Fonds franais pour lenviron-nement mondial (FFEM) qui a t trsinnovant dans le cadre de sa mission.Mais aujourdhui, les entreprises senga-gent plus, et nous interrogent sur cequelles peuvent faire de plus avec nous.

    LE MOCI. Quels sont vos secteurs deprdilection ?

    H. de C. La ville durable et, dans cecadre, la mobilit, lefficacit nergtiquepour rduire lempreinte dmission deGES, les infrastructures rsilientes, lascurit alimentaire. Comme noussommes habilits faire des interventionsdirectes avec les villes, nous pouvonsimaginer de nouveaux types de PPP quise construisent autour de la ville durable.

    D.R

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    Entretien avec

    Henri de Cazotte, Coordinateur de la mission gouvernementale franaise sur lagenda du dveloppement post-2015

    Le nouveau challenge serait que cette relation avec le secteur priv contribue un renouvellement

  • 14 LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013

    UNE APPROCHE INNOVANTE DE LAFRIQUE

    LE MOCI. Donc une ville franaisepaule les efforts dune ville africaineavec le soutien de lAFD ?H. de C. Oui et potentiellement avec despartenariats privs. Cest la nouveaut quenous pourrions dvelopper. LAFD pour-rait tre leurs cts, dans les aspectsles moins rentables : lalimentation en eaudes bidonvilles, lintgration des quartiersles plus pauvres dans le cadre dun projettransport Pour les projets lis au monderural, on va sintresser aux conomiesdeau, la gestion des bassins versants,au paiement pour les services environne-mentaux, la gestion durable des fortsou de la biodiversit, laccs lnergieet aux moyens de communication, l o ilpeut y avoir une participation du secteurpriv. Cest donc un dfi nouveau pour lessecteurs public et priv.

    LE MOCI. On a limpression que le sec-teur priv cale ses investissementssur des besoins nouveaux en Afrique,pour apporter des solutions, tandisque lAFD part plutt de thmatiquesfixes au niveau mondial et essaie deles appliquer lAfriqueH. de C. Cest la fois exact et faux.Nous sommes ports par la demandelocale car nous sommes trs prsentssur le terrain. Mais il existe aussi de nou-veaux engagements mondiaux auxquelsla France adhre : quit, inclusion, dve-loppement durable, rduction de la pau-vret, et qui sont partags par la com-munaut des Nations.

    LE MOCI. Quels sont, selon vous, lesples de comptences en Franceoffrant des solutions rellement inno-vantes pour lAfrique ?H. de C. Nos entreprises rvaluent leursstratgies car la concurrence internatio-nale vient de Chine, dInde, du Brsil etnos partenaires africains proposent aussides solutions produites sur place. Nous

    devons nous adapter au march delAfrique et non pas au seul march mer-gent africain. Il faut travailler avec 100 %de lAfrique et y promouvoir les innova-tions diffusables qui rpondent auxbesoins et aux capacits des populations.Des changements extrmement rapidessont faire. Certaines grandes entre-prises le comprennent. On doit acclrerlinnovation, adapter nos produits, nos ins-truments, nos outils de financement, pourtre pertinent dans un monde qui va trsvite. Les gens sont maintenant informsde tout et on a limpression que lAfriqueest en retard. Mais pas tellement que a.Les lites africaines vivent entre NewYork, Paris, Shanghai, So Paulo, et ellesvoient que le monde bouge. Nous devonsaussi adopter cette vitesse-l.

    LE MOCI. lAFD, y a-t-il une nouvellefaon de travailler pour coller cesralits africaines si changeantes ?H. de C. Depuis 10 ans, lAFD a beau-coup renouvel ses quipes. Les colla-borateurs sont jeunes, trs engags,ayant souvent une connaissance de len-semble des pays mergents grce uneforte mobilit. Notre regard est plusouvert et donc plus propice produirede linnovation, de lintelligence et aider susciter des solutions.

    LE MOCI. Mais les techniques dinter-vention sont-elles nouvelles ?H. de C. Lindustrie du financement dudveloppement est un monde trsconcurrentiel o se trouvent maintenantde nombreux acteurs privs ; ils bouscu-lent les institutions tablies. Par ailleursnos partenaires sont eux-mmes produc-

    teurs de solutions et ont des exigencesnouvelles. Il suffit de voir la puissancecroissante des grandes banques de dve-loppement du Sud. La demande voluevers plus de technologie, de savoir-faire,de cration doutils, de renforcement decapacits. Notre faon de travailler vo-lue dans ce panorama trs diversifi desinstitutions de financement du dvelop-pement mme si nous continuons avoirdes pesanteurs et des mthodes de ges-tion parfois trop prudentes. Nous avonsbesoin de nous positionner rellementcomme producteurs de solutions. Linno-vation, cest laudaceLe nouveau challenge serait que cetterelation avec le secteur priv contribue un renouvellement pour lAFD. On peutrsoudre des problmes, produire delimpact notamment en passant par lescollectivits locales et sans court-circui-ter ltat. Ce partenariat global auquel leSecrtaire gnral des Nations uniesappelle avec les villes, les entreprises, lasocit civile organise, constitue uneinflexion forte pour lAFD.Appuyer les innovations peut donc treun instrument stratgique au niveau delAFD. Cela concerne tant les sujets tech-nologiques que financiers, institutionnelset partenariaux, et ce dans tous lesdomaines et thmatiques. Proposer unregard neuf, ne pas hsiter remettre enquestion des certitudes et des pratiques,participer des exprimentations collec-tives, tre dans une dynamique ambi-tieuse qui valorise les apports de chacun,bref tre une AFD innovante au servicedes dfis africains : voil lambition. Propos recueillis par Bndicte Chtel

    et Anne Guillaume-Gentil

    Il faut travailler avec 100 % de lAfrique ety promouvoir les innovations

    Une des cls du dveloppement durable est linnovation. Aussile ministre des Affaires trangres, sous limpulsion du minis-tre dlgu charg du Dveloppement, Pascal Canfin, et enpartenariat avec lAFD, a lanc Forum Afrique 100 inno-vations pour un dveloppement durable loccasion duSommet de llyse du 4 au 7 dcembre 2013.

    Objectif ? Soutenir et aider la diffusion dinnovations pour ledveloppement durable, portes par des innovateurs africains,dans des domaines tels que la sant, lenvironnement, lagri-culture, la scurit alimentaire, lducation, lgalit femmes-hommes, les nouvelles technologies ou encore lappui auxentreprises. Une premire

    Les innovateurs africains en avant-premire

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    Les ajustements novateurs des groupes franais

    qui a aussi conduit le groupe agro-indus-triel franais Somdiaa lancer en 2009la marque Princesse Tatie selon Lor-raine Vilgrain, directrice du dveloppe-ment. Somdiaa a rsolument jou la cartelocale : avoir une marque forte, ddie la promotion du sucre produit et com-mercialise en Afrique . Nous voulionsdune part que la marque reflte lide deproduction locale et dautre part quellevoque un produit de base, dun cotacceptable et destin tous les consom-mateurs , confiait-elle rcemment JeuneAfrique. La volont de renforcer prsenceet proximit des groupes sur chacun deces marchs africains, soulignant ainsileurs spcificits, sillustre aussi par latoute rcente dcision du cimentierLafarge de crer de vrais patrons pays ,relguant lhistoire ancienne la gestionrgionale de ses marchs africains quiprvalait jusqu prsent.Cette connaissance intrinsque du conti-nent a permis un autre grand oprateurfranais de se positionner depuis toujours,autrement. Ainsi, Bollor Africa Logistics(BAL) dveloppe depuis le tournant desannes 2000 le concept de corridor. Les

    Les grands groupes franais, implants depuis longtemps en Afrique, ont parfois sembldpasss par lvolution acclre de certains marchs africains. Leur connaissance intime ducontinent leur permet aujourdhui dtre ractifs et de dvelopper des stratgies, produits etapproches originaux, souvent en partenariat avec dautres. De plus en plus, des Africains.

    UNE APPROCHE INNOVANTE DE LAFRIQUE

    gestionnaires de terminaux conteneursnont en gnral pas la terre. Leur stratgiesarrte au port. Ils ne sintressent pas ce qui se passe au-del. Notre force etcest par a quon reconnat notre exper-tise, est de travailler sur le dveloppementen profondeur de lAfrique, au dsencla-vement , souligne Dalila Berritane, direc-trice de la Communication et du dvelop-pement durable. Nous grons descorridors que nous connaissons par curet qui vont au fin fond de la brousse. Au-del des projets, les grands groupes fran-ais misent aujourdhui, avant tout, sur lescomptences africaines. Limportant pourdemain, cest de pouvoir disposer dejeunes Africains qui soient forms dansdes grandes coles africaines , souligneBenot Coquelet, directeur gnral dl-gu de Somdiaa. Mais la difficult est deles trouver. Depuis 2 3 ans, nous le fai-sons savoir en empruntant tous les moyensmodernes dchange et dinformation dontles Africains sont particulirement friands :Internet, les sites web, les rseauxsociaux. Le groupe dveloppe aussi leconcept dapprentissage et sappuie surdes coles qui y ont recours comme parexemple lInstitut Suprieur Darwin (ISD) Douala. BAL dont plus de 80 % de sescadres sont africains joue aussi la cartede la formation avec des accords aveclEcole polytechnique de Yamoussoukro,lEcole suprieure de commerce de Dakar,sans oublier ses propres centres de for-mation pour des mtiers techniques.

    Total veut que dans sesstations-service le clientpuisse acheter la fois soncarburant, sa pizza, faire devraies oprations bancairesgrce son tlphoneportable

    Tota

    l

    Total, Lafarge, Bollor, Somdiaa Laconnaissance intime et souvent historiquede lAfrique par ces grands groupes fran-ais leur permet aujourdhui, alors que laconcurrence fait rage sur le continent, dedvelopper de nouvelles stratgies. Ellessappuient davantage et mieux sur desressources humaines africaines de plusen plus qualifies. Total, qui, au contrairede ses rivaux, continue miser sur le seg-ment de la distribution, est un exemple. Seule major oprer sur ltendue ducontinent africain, Total fait dsormaisface une nouvelle concurrence, trsagile, innovante, ractive et proposantgalement un service et des installationsde qualit , explique Mamadou Ngom,directeur du Dveloppement commercialde la direction Afrique/ Moyen-Orient dela branche Marketing & Services de Total. Do la dcision du groupe franais defaire de ses stations-service une sorte de one stop center . Le client peut nonseulement acheter son carburant, laver savoiture, acheter un hamburger ou unepizza, retirer de largent un distributeurde billets classique, mais il peut aussi fairede vraies oprations bancaires grce lexplosion du tlphone portable enAfrique. En juillet, Total a ainsi sign avecOrange un partenariat permettant de dis-tribuer Orange Money dans les stations-service aussi recules soient-elles sur lecontinent. En Cte dIvoire, un grantma expliqu que des passagers de lagare routire voisine de sa station-servicetransfrent sur leur tlphone mobile lessommes quils ne veulent pas transportersur eux cause des coupeurs deroute . Arrivs destination, ils se ren-dent tout simplement la station-serviceTotal la plus proche pour rcuprer leurargent , explique Mamadou Ngom. Cest la connaissance intime du continent,la volont de bien coller au march ettre plus proche de nos consommateurs

    Ils misent avant toutsur les comptencesafricaines

  • 18 LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013

    UNE APPROCHE INNOVANTE DE LAFRIQUE

    Aujourdhui, en Afrique de lOuest, lestaux de croissance conomique vont de 5 10-15 % selon les pays. Dans cecontexte, les entreprises ont de plus enplus besoin de ressources humaines qua-lifies, de niveau international , expliqueSophie Rivire, conseillre et directricedu bureau 2iE Paris. Nous ne nouscontentons pas dapporter nos tu-diants la connaissance. Nous allons plusloin et les incitons rflchir, avec leursbases scientifique et technologique, surla faon dont eux-mmes peuvent devenirporteurs de solutions. Une mthode indite dcline par un ta-blissement hors du commun, ne serait-ceque par son histoire. 2iE est n en 2006de la fusion de deux tablissements inter-tatiques dAfrique de lOuest et du Cen-tre, lcole dingnieurs de lquipementrural (EIER) cre en 1968 Ouaga-dougou et lcole des techniciens de lhy-draulique et de lquipement rural (Ets-her) datant de 1970. Au bord de la faillite,lEIER et lEtsher fusionnent en 2001pour crer le Groupe Eier-Etsher. Ildeviendra 2iE en 2006. La direction gnrale a dabord tconfie au Franais Paul Ginis, ingnieurde formation avec une longue carriredans le dveloppement et de nombreusesannes passes en Afrique. Il sattlealors proposer des mcanismespour moderniser un modle devenu obso-lte. Il engage la construction partir de2007 de nouveaux btiments et lance uneprofonde rforme de linstitution. Premier chantier, la gouvernance delInstitut est entirement revisite. Nousavons 4 collges aujourdhui : les tatsafricains fondateurs plus quelques tatsqui nous ont rejoints rcemment ; les par-tenaires techniques et financiers, dont laFrance ; les partenaires scientifiques etacadmiques ; les partenaires privs,notamment les entreprises , souligneSophie Rivire.

    Deuxime grand chantier, linstaurationde frais de scolarit. Cela a t assezcomplexe mettre en uvre mais assezrapidement les familles ont bien comprisque 2iE reprsentait vraiment une alter-native des tudes plus coteuses enEurope ou ailleurs et un investissementparfaitement rentable. Aujourdhui, 40 %des tudiants sont boursiers et les deux-tiers issus des classes moyennes ; despossibilits de prts tudiants ont tngocies par ltablissement auprs deBank of Africa. Sur la trentaine de natio-nalits prsentes, 25 sont africaines.Troisime chantier et non des moin-dres , le cursus et le concept sont enti-rement revisits, collant au plus prs aumonde de lentreprise. Des cours de plusen plus nombreux sont dispenss enanglais, mais aussi en chinois et en arabe. Dautres innovations majeures sont adop-tes, cette anne encore. Ainsi, aux ctsdes enseignements, on retrouve le Tech-nopole, dispositif dappui lentrepre-neuriat. Il comprend un incubateur et uneppinire dentreprises adosss aux deuxcentres communs de recherche de lIns-titut, ce qui permet de valider desmodles scientifiques et de bnficier de

    lappui denseignants chercheurs. Jusque-l, ils taient destins aux dipl-ms du 2iE. Mais depuis cette anne, toutporteur de projet innovant peut en fairepartie. Cela fait suite au concours inter-national que le 2iE a lanc en juin, leGreen Start Up Challenge, avec pourobjectif datteindre ceux dsirant crerune entreprise innovante dans le secteurde la croissance verte en Afrique. La technicit de 2iE et son pragmatismeont t illustrs cette anne encore parlinauguration du laboratoire Total Anac, une premire en Afrique sub-saha-rienne. Le laboratoire est constitu, defaon originale, dun conteneur mobiledestin lanalyse qualitative de carbu-rants et de lubrifiants fournis aux stations-service Total en Afrique. Un laboratoireaccessible aux entreprises et organismespartenaires de 2iE mais aussi aux tu-diants pour leurs travaux pratiques.Autre innovation 2013, le dispositif de for-mation Taxi brousse Low-cost . Tousceux qui souhaitent obtenir une comp-tence spcifique peuvent sinscrire uncertificat et composer eux-mmes leurparcours de formation. Ces certificatssont courts, accessibles financirementet lapprenant choisit lui-mme son cur-sus , prcise Sophie Rivire. La vision des fondateurs tait de fairedu 2iE plus quun centre de formation,mais un institut qui accompagne llandun continent. , conclut la conseillre.

    2iE, au-del de la formation, un accompagnateur de lvolution du continent

    2iE ? Dans le monde de la formation, la rputation de lInstitut international dIngnierie delEau et de lEnvironnement nest plus faire. Un concept part qui accueille aujourdhuiquelque 2 000 tudiants sur son campus Ouagadougou et 1 500 autres en e-learning.

    Des initiatives novatrices, du Green StartUp au Taxi Brousse Low-Cost

    Aujourdhui, 40 % des tudiants sontboursiers et les deux-tiers issus des classesmoyennes.

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    Depuis 125 ans, CFAO, n 1 de la dis-tribution en Afrique, uvre sur le conti-nent. Carrefour, quant lui, n 2 mondialde la distribution alimentaire, vient desouffler ses 50 bougies. Il ne fallait pasmoins que lalliance de ces deux groupesfranais pour saisir au mieux le virage actuel du march de la consommationen Afrique et se lancer dans le renforce-ment dune vraie distribution moderne enAfrique. Une distribution moderne dontle taux de pntration nest que de 5 %en moyenne sur le continent. La croissance africaine est une ralit.Elle se traduit par lmergence duneclasse moyenne qui permet aujourdhuide considrer plusieurs grands payscomme trs attractifs , souligne XavierDesjobert nomm rcemment directeurgnral de CFAO Retail. Lorsquon parle de distribution, notam-ment alimentaire, le march traditionnelen Afrique reprsente la quasi-totalitdes ventes. Toute la population se rendsur ces marchs traditionnels, hormis les1 2 % de lupper class, dont les expa-tris, qui ont toujours achet autrement.Lmergence des classes moyenneschange la donne ! , note Xavier Desjo-bert qui fut, avant darriver chez CFAO,lancien patron des 3 Suisses puis deLapeyre en passant par la direction lin-ternational de Casino. Et cette classemoyenne, ce sont des gens qui gagnentaujourdhui 150 euros de revenus parmois. Cela leur permet de consommerautrement .Cette classe moyenne reprsente entre12 et 20 % des pays africains et com-mence entrer dans une autre logique, vouloir manger diffremment, sint-resser la scurit alimentaire, avoirdes moyens de locomotion, etc. Cestelle que nous visons .Pour profiter de cet essor rapide, CFAO,en averti des marchs africains, a choiside sallier avec Carrefour pour aller

    Comment lmergence des classesmoyennes change la donne pour CFAO

    vite et capitaliser sur son savoir-faire.Tout un concept, propre aux marchsafricains, a d tre pens et ralis, lessupermarchs ou hypermarchs alimen-taires tant la locomotive des galeriesmarchandes que CFAO compte instal-ler, en partenariat avec dautres grandesenseignes.Tout dabord au niveau de loffre dansces supermarchs : le pouvoir dachatdes populations vises augmente vitemais demeure faible comparativement dautres grandes rgions mergentes ;les habitudes alimentaires nationales et,plus largement, de consommation fontquon ne vendra pas la mme chose Douala qu Abidjan. En revanche, les standards sont trsproches de ce quon pratique dans lespays matures. Cette classe moyenne vade temps en temps en Europe. Elle peutavoir de la famille en France, auRoyaume Uni ou aux tats-Unis. Par latlvision, Internet, le mobile, les popu-lations africaines ont en outre une per-ception assez prcise de loffre prsentesur les grands marchs dvelopps.Cest ce que nous voulons leur offrir travers le concept de one stop shop-ping : des standards en termes de ser-vices, de scurit alimentaire, de pro-pret, de chalandises, dassortiments, demerchandising, qui soient la hauteurdes standards internationaux. Autres particularits de lAfrique : les pro-blmatiques lies la scurit qui sonttoutes autres quen Europe et mme enAsie et ltroitesse des zones de cha-landises. Dans les grandes villes afri-

    caines, la circulation est souvent extr-mement difficile donc vos zones de cha-landises sont relativement troites. Nousen avons tenu compte dans la dfinitionde notre projet avec des dimensionne-ments de magasins adapts . taillehumaine, plus compact, plus humain quedans limmensit dun Vlizy avec ses300 000 m2 , ces centres commerciauxcompteront 20 50 magasins avecncessairement des points de restaura-tion. Dans les spcificits de lAfriquepar rapport au reste du monde, je notecette envie de convivialit. Clairement,ces lieux ncessairement climatiss,scuriss et modernes doivent tredes lieux de consommation mais ausside plaisir, de rencontres et dchanges ,explique le responsable de CFAO. Sur la partie alimentaire, les deuxgroupes entendent clairement tra-vailler la constitution de chanes agroa-limentaires locales. Aujourdhui, nouspouvons sourcer localement entre 15 et20 % des produits . Huit sites ont t choisis comme pre-miers lieux dimplantation Cameroun,Congo, Cte dIvoire, Gabon, Ghana,Nigeria, RD Congo, Sngal avec unepremire ouverture prvue en 2015 enCte dIvoire. Des pays que, historique-ment, CFAO connat trs bien. Il y aune vraie logique qui veut que notresavoir-faire, lADN de notre groupe, cestnotre connaissance du monde afri-cain. Et ctait partager avec un groupecomme Carrefour. Nous avons une com-plmentarit totale , conclue XavierDesjobert.

    Lurbanisation, lmergence des classes moyennes, la croissance, autant de facteurs qui ontconduit CFAO, pilier depuis toujours de la distribution en Afrique, se lancer dans la cra-tion de galeries marchandes version one-stop shopping .

    GRANDE CONSOMMATION

    CFAO a choisi de sallier avec Carrefour pour aller vite et capitaliser sur sonsavoir-faire

  • 22 LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013

    GRANDE CONSOMMATION

    Face la monte des dchets lectroniques,la solution clic vert des Ateliers du BocageLa vritable rvolution informatique en Afrique donne lieu un rel problme de dchetslectroniques. Les Ateliers du Bocage, membre de la communaut dEmmas, ont montune opration efficace et originale.

    Il fallait y penser ! Chacun a en tte cesmilliers de sacs plastiques accrochs auxarbres qui polluent les paysages africainset tuent le btail. Ce quon a moins les-prit, mais qui est dautant plus polluantet ce de faon croissante, sont lesdchets lectroniques. Chacun applau-dit aux sauts de gnration dans la tl-phonie et llectronique, propulsant lacroissance conomique africaine, dyna-misant les classes moyennes et faisantentrer lAfrique de plain-pied dans la mon-dialisation. Mais une fois hors service, que faire duportable, de lordinateur ? Pire encore,que faire des milliers, voire des millionsde portables doccasion envoys par car-gos entiers en Afrique pour tre thori-quement rutiliss mais qui ne sont pasen tat de marche ? Hormis lAfrique dusud, le continent ne dispose pas dusinesde recyclage. Une question qui proc-cupe nombre dacteurs, notamment dusecteur priv car cela corche leur image,mais aussi des pouvoirs publics : la Com-mission conomique pour lAfrique apondu nombre de rapports, un sujet entte de Rio +20.Face cela, lingniosit dEmmas sestmanifeste trs tt. Au dbut des annes2000, le mouvement fond en France parlAbb Pierre en 1949 a cr en son seinune branche conomie Solidaire et aintgr le concept dentreprise dinser-tion. Lassociation Les Ateliers du Bocageen a t une des toutes premires. Nous avons commenc travailler aveclAfrique il y a longtemps et lorsque nousavons voulu mettre en uvre des projetssolidaires, nous avons repris contactavec le Burkina Faso o nous avions djparticip linstallation de dispensaires,de puits, etc. , explique son fondateuret directeur Bernard Arru. Une de nosactivits principales tant de recycler dumatriel informatique, nous leur avonspropos den fournir aux tudiants. Toutefois, pas question pour lorganisa-

    tion solidaire dtre assimile tousceux qui envoient des cargos entiers soi-disant de matriels doccasion alors quece sont des mlanges de dchets et dematriel doccasion ! Ainsi, ds ledmarrage du projet, non seulement LesAteliers du Bocage se sont engags nenvoyer que du matriel en tat defonctionnement mais galement rapa-trier les dchets une fois les ordinateurshors dusage, non seulement ceuxenvoys initialement par Les Ateliers maistous ceux dont les ambassades, lesentreprises en Afrique veulent se dbar-rasser. Nous avons donc intgr dansles Deux-Svres, ct de nos boutiqueset ateliers de service aprs-vente, un ate-lier de dmantlement du matriel infor-matique pour pouvoir rapatrier les tubescathodiques, les piles, les cartes lec-troniques qui navaient pas dexutoires enAfrique, hormis lAfrique du Sud. Lopration sest rplique sur le segmentdes tlphones mobiles, en partenariatavec loprateur franais Orange. Dansle cadre dune dmarche cocitoyenne lance grand renfort publi-citaire, Orange a incit les utilisateurs, enFrance tout dabord, se dbarrasser deleur vieux tlphone portable dans uneborne Emmas-Orange. Les tlphonesainsi collects sont ensuite acheminsaux Ateliers du Bocage qui leur donnentune seconde vie et les expdient enAfrique. Actuellement, 40 000 tl-phones portables y sont traits en

    moyenne par mois. Il y a cinq ans, LesAteliers du Bocage et Orange, se sontassocis pour monter une opration sem-blable le Clic vert, mais en Afrique. Cette opration, assez unique, a com-menc au Burkina Faso avec notre premier atelier de dmantlement.Aujourdhui, nous sommes au Bnin, Madagascar, au Niger, en Cte dIvoireavec Orange : nous collectons tous lesdchets des tlphones portables, nousles sparons par matires, les regrou-pons. Puis, ce qui peut tre trait locale-ment lest, mais lessentiel des dchets notamment les dchets polluants (bat-teries, cartes lectroniques, coques plas-tiques, chargeurs) est rapatri sur notresite dans les Deux-Svres qui a toutesles autorisations pour traiter les dchetset les recycler , explique Bernard Arru. videmment, les Ateliers du Bocage nesont pas seuls faire cela en Afrique.Mais ils ont t prcurseurs. HP et Dellont, eux aussi, mont mais en Afrique delEst une collecte de dchets informa-tiques. Nous avons eu lide peu prsen mme temps mais eux ont mis long-temps faire le montage juridique ; nousavons commenc rapatrier des conte-neurs quand eux taient encore laphase dtude. Les Chinois, les Indienssont galement, aujourdhui, trs actifs,mais ne sintressent quaux dchetscontenant des mtaux prcieuxBilan pour Clic Vert ? Sagissant desdchets lectroniques, plus de 40 000tonnes ont t collectes en 2012 et surce total 33 tonnes non traitables locale-ment sont parties vers la France. Le Sud-Nord, a existe aussi !

    Le Clic Vert est prsent au Burkina Faso, au Bnin, Madagascar, au Niger et enCte dIvoire.

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    Lappellation dorigine (AO) est peurpandue linternational. Nombre depays et de faon croissante en Asie ont plutt opt pour lindication gogra-phique (IG). Aussi lAO nest-elle recon-nue, aujourdhui, que dans les seuls 26pays signataires de lArrangement de Lis-bonne de 1958, gr par lOrganisationmondiale de la proprit intellectuelle(OMPI) qui dpend de lONU.Moins strict que lappellation, le conceptdIG a t introduit en 1994 par lAccordsur les aspects des droits de propritintellectuelle lis au commerce (ADPIC)de lOrganisation mondiale du commerce(OMC). Il a donc une porte mondiale.Son principe est simple : si un lien essen-tiel entre les qualits, les caractristiquesou la rputation dun produit et son ori-gine gographique est tabli, il sera pro-tg. Toutefois, chaque tat demeurelibre de dterminer ses outils juridiquespour protger la qualit lie lorigine. Ainsi, lUE ne protge que les appella-tions dorigine et les indications gogra-phiques dsignant des produits agricoleset alimentaires. En Afrique francophone,au contraire, lAccord de Bangui qui adonn naissance lOffice africain de laproprit intellectuelle (OAPI), rvis en1999 a au moins trois particularismes :il protge les produits artisanaux en susdes produits agricoles et alimentaires,cest une loi uniforme applique dans ses17 tats membres mais, jusquen 2013,aucun produit navait t enregistr. LEurope, et surtout la France mais aussila Suisse, ont fortement appuy ces der-nires annes le passage lacte. Ainsi,depuis 2010, lAgence franaise de dve-loppement (AFD) et le Cirad travaillentmain dans la main avec lOAPI. Desproduits ont t choisis par les acteursde chaque pays impliqu. Il sagit de pro-duits pilotes les plus mme dtre enre-gistrs comme IG car la rputation est

    Quand lAfrique dfend ses indications gographiques

    dj existante, la filire est dj organi-se , explique Delphine Marie-Vivien duCirad. Et en 2013, trois premiers produitsse sont vus dcerner une indication go-graphique par lOAPI : au Cameroun, lepoivre du Penja et le miel dOku ainsi quele caf Ziama-Macenta de Guine. Mme si linstrument a t essaim partir des modles europens, chaquecahier des charges de chaque IG reposesur des pratiques locales : les produc-teurs du Penja veulent le conditionne-ment du poivre sur place ; ce sont lesproducteurs du miel dOkou qui ont ditvouloir se mettre avec les autres pro-ducteurs, de lautre ct de la montagne.En fait, les producteurs dfinissent lecahier des charges par rapport leurspratiques locales, ce qui les distinguedes normes gnriques et mondialisescomme Fair Trade, Rainforest, Ecolabel,etc. Il a pu y avoir quelques copier-collermais, globalement, chaque rglementa-tion est maintenant spcifique danschaque pays de lOMC et surtout chaque

    IG est construite sur la typicit dun lieu ,prcise la spcialiste. La France a financ plusieurs formationssur les IG en Afrique et a contribu lapublication dun guide avec la FAO et leCentre technique de coopration agri-cole et rurale (CTA) UE/ACP. En ralit,la France sintresse de trs prs audveloppement de cette notion notam-ment en Afrique car dune part, elle estsource de valeur ajoute et donc dedveloppement, mais aussi parce queplus le concept la philosophie desIG ou des AO est compris et adopt,plus les produits europens ainsi identi-fis sont protgs. Pour lEurope, cest aussi une manirede valoriser sa conception de lagricul-ture diffrencie, avec en filigrane, despetites sources dagriculture, des terri-toires diffrencis, une diversit de pro-duction. Cest trs culturellement ancren France et en Europe du sud , noteDelphine Marie-Vivien.Et le concept fait son chemin en Afrique.Sont actuellement ltude des produitsaussi divers que le Violet de Galmi auNiger, le riz de Kovi au Togo, lchalotedu pays Dogon au Mali, le miel de Casa-mance au Sngal, le th de Gisovu auRwanda ainsi que le riz de Mangrove enGuine-Conakry, mais aussi les toiles deKorhogo ou de Fakaha, ou les poteriesde Katiola en Cte dIvoire.

    La notion dindications gographiques (IG) remonte la nuit des temps. Chacun se souvientde la myrrhe dEthiopie des rois mages Une notion vhicule essentiellement par lespays du Sud de lEurope, singulirement par la France connue pour ses appellations dori-gine contrles (AOC). LAfrique sempare dsormais de ces labels avec son concours.

    GRANDE CONSOMMATION

    Le cahier des charges de chaque indicationgographique (IG) repose sur des pratiques locales

    Cirad

    Au Cameroun, les producteurs de poivre duPenja veulent le conditionnement de leurproduction sur place.

  • 28 LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013

    330 millions de jeunes Africains sur lemarch de lemploi en 2025, lquivalentde la population des tats-Unis Autotal, en 2050, lAfrique comptera600 millions de personnes de plus quelactuelle population chinoise et repr-sentera 2,5 fois celle de lEurope. Unenjeu de taille sur lequel se penchent denombreuses ttes chercheuses afri-caines, de lUnion africaine (UA), auNepad (Nouveau Partenariat pour ledveloppement de lAfrique, un pro-gramme de lUA), la Banque africainede dveloppement (BAD), mais aussidailleurs OIT, Pnud, OCDE, etc. , et notamment, en France, le Centre decoopration internationale en rechercheagronomique pour le dveloppement(Cirad) ou encore lAgence franaise dedveloppement (AFD). Confrences,tables rondes, colloques se succdentUne des solutions ? Lagriculture et lemonde rural. Selon Ibrahim Mayaki,secrtaire excutif du Nepad, lagricul-ture est une des cls majeures la crois-sance, lemploi et la rduction de la pau-vret. Pour ce faire, le Nepad prconisellaboration de Plans nationaux dinves-tissements agricoles afin daffecter unminimum de recettes publiques ce sec-teur conomique vital.Et pour cause. Le secteur agricoleconstitue 60 % de la population active,voire 80 % dans les pays sahliens.Cest le principal secteur dactivit co-nomique et il le restera ces quinze pro-

    Quand les chercheurs se penchent au chevet de lemploi

    chaines annes. Ce poids durable delagriculture sexplique par plusieurs fac-teurs : labsence dindustrialisation effec-tive malgr une forte urbanisation, de fai-bles perspectives de dveloppementdautres secteurs dactivit dans uncontexte international trs concurrentiel,une tension gnralise sur les marchsdu travail rendant difficile lmigrationvers les pays dvelopps , souligne leCirad. Pour lorganisme de recherchefranais, priorit est donner aux agri-cultures familiales et aux filires vivrires.Surtout, larticulation ville-campagne doittre renforce. Dans une tude intitule LAfrique desvilles a encore besoin de lAfrique deschamps , le chercheur Bruno Loschsouligne la spcificit de lvolution afri-caine par rapport aux autres rgions dumonde. Lconomie du dveloppementa t conceptualise en rfrence auxprocessus de transformation structurelleobservs historiquement dans les diff-rentes rgions du monde et caractrisspar le passage progressif dconomiescentres sur lagriculture des configu-rations plus diversifies, bases sur lin-

    dustrie, puis les services , explique-t-il. Dans ce processus, lAfrique subsaha-rienne fait exception. Ce particularismeconduit, estime-t-il, carter lindustria-lisation comme rponse prioritaire auxdfis africains tant dmographiques quede lemploi, et lui prfrer laccom-pagnement des activits existantes, quisont trs majoritairement celles de lin-formel urbain et de linformel rural ().Dans linformel rural, on retrouve le rledu secteur agricole [qui] reste central etdterminant, la fois pour absorber unemain-duvre rurale toujours plus nom-breuse au risque de rendre encoreplus difficile les ajustements urbains parun exode accru et pour acclrer leprocessus de diversification cono-mique. Cette capacit de lagriculture absor-ber une partie de la population activedpend essentiellement de la viabilitdes exploitations, ce qui ramne auxquestions des conditions daccs auxmarchs au niveau national et internatio-nal, de laccroissement potentiel de laproductivit de la terre et du travail, delamlioration de loffre de biens publics,mais aussi de la structuration des orga-nisations paysannes et de la valorisationdu capital humain , soulignent, pour leurpart, des chercheurs de lIram*.

    *Cahiers A savoir n 5 de lAFD, Transitiondmographique et emploi en Afrique subsa-harienne , avril 2011.

    330 millions de jeunes Africains qui arriveront dici 2025 sur le march du travail ? Uneproblmatique qui interpelle fortement, non seulement le continent mais aussi ses voi-sins europens, voire le monde. LAFD et le Cirad, entre autres, participent la rflexionpour des solutions de long terme.

    SERVICES

    Pour mieux saisir les transformations rurales en cours, uneopration conjointe du Nepad avec le Cirad et lAFD a per-mis de raliser et publier en juillet dernier un atlas indit cejour, Une nouvelle ruralit mergente *. Il sinscrit dans lecadre du nouveau programme Rural Futures du Nepad. Ladmographie, lurbanisation mais aussi surtout ? le dve-

    loppement des communications ont profondment modifi lanature des campagnes africaines et inscrit sous un nouveaujour la relation ville-campagne.

    * Une nouvelle ruralit mergente Regards croiss sur les transfor-mations rurales africaines , consultable sur le site Internet du Cirad,www.cirad.fr la rubrique publications.

    Un Atlas original, fruit dun travail commun

    Lagriculture et le monde rural, une des solutions

  • 30 LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013

    SERVICES

    En Afrique subsaharienne, on passeencore souvent, sans grande transition,du grand htel 4 ou 5 toiles lhtel bonmarch. Il existe peu doffres pourhommes daffaires africains, habitus voyager linternational et donc cer-taines normes, mais nayant pas toujoursles moyens ni lenvie de descendre dansde grands htels o, au rveil, on sedemande si on est Shanghai, Paris ouDakar. Il existe trois courants sociolo-giques dans lhtellerie. Tout dabord laglobalisation, cest--dire des profils quisont partout pareils o que vous soyezdans le monde. Face cela, vous avezdes profils trs identitaires, trs enraci-ns dans le local. Onomo a cette parti-cularit dtre sur le troisime courantsociologique qui est le mtissage ,explique Philippe Colleu, prsident-fondateur de la chane htelire OnomoInternational. Ds la conception de lhtel, on prendce qui nous intresse dans le courant dumonde occidental et dans le local. O jesuis. Par exemple, lenceinte de lhtel deDakar est en terre crue, les meubles etles tissus ont t dessins et fabriqus Dakar, les produits daccueil sham-poing, bain douche, etc. sont la foisnaturels et fabriqus This , prciselancien directeur gnral Afrique dugroupe franais Accor. Un grand profes-sionnel de lhtellerie internationale quirve, entre autres articles, de draps encoton local pour ses htels. Il tient pr-ciser que des meubles fabriqus Dakaront t exports pour les Onomo deLibreville et dAbidjan. Dans ce dernier,les nouveaux matelas seront en latexlocal, bio, trs confortable .

    Onomo International ou le pari dune chane htelire Made in Africa

    Lafricanit des htels Onomo ne sersume pas leur approvisionnement enproduits locaux. Cest lensemble de lastructure, du concept des btiments, quitmoigne dune fine connaissance delAfrique de Philippe Colleu mais aussi deson partenaire de lpoque, ChristianMure, ancien responsable dAccor ga-lement. Larchitecte franais Arnaud Gou-jon, auteur des deux premiers tablisse-ments, avait pour cahier des chargesquils soient un sas entre les cultures,entre les mondes . Si chaque Onomo tend sidentifier aumieux son lieu dimplantation, grossomodo, on retrouve les mmes concepts.Lhtel est tourn vers lintrieur, leschambres donnant sur un grand patio,notamment pour des raisons de scuritmais aussi desthtisme. Le hall daccueiljoue un rle majeur. Cest un hall parti-culirement polyvalent et grand, notam-ment par rapport aux standards interna-tionaux de cette gamme dhtel. Tout sedcline autour dun lot central, multi-fonctionnel, avec un accueil, un bar, unrestaurant, des espaces de travail et derepos. Cest vous qui dcidez si vousvoulez djeuner, prendre un pot, rencon-trer quelquun ou avoir un rendez-vousde travail. Cest vraiment la case du vil-lage. En Afrique, cest trs important depouvoir accueillir des visiteurs dans votrehtel ; je ne suis pas sr quil y ait lamme ncessit en Europe. Cest unespcificit africaine.

    Car 70 % de la clientle de la chanehtelire est africaine, essentiellementdes hommes daffaires la recherchedune gamme dhtel professionnelle,scurise et abordable , prcise PhilippeColleu : les tarifs ont t calculs entenant compte des niveaux de per diempratiqus dans la rgion. Le march afri-cain est actuellement le plus porteur ,confie le spcialiste.Du local, donc, mari du mondial pourla scurit, le professionnalisme, lqui-pement, lexprience. Nous travaillonsbeaucoup sur la globalisation et sommesen train de passer des contrats avec degrands oprateurs pour avoir des appli-cations technologiques intressantes la fois dans les chambres et dans lesmodalits de paiement et de rserva-tion. Histoire de coller la rvolu-tion du portable en AfriqueSil y a 10 ou 15 ans ce qui tait chicvenait dailleurs, aujourdhui le dialogueest en train de basculer. Certains Afri-cains recherchent encore des repres lextrieur mais dautres sont trs ancrsdans lidentitaire et disent On reven-dique ! . En ralit, je suis un entrepre-neur militant entre lEurope et lAfrique ,dclare le chef dentreprise. Et trs fidle lAfrique. La chaneOnomo a vocation se dvelopper, maisuniquement sur le continent o le groupea de nombreux projets. Le prochain sou-vrirait dici le mois de juin Bamako. PuisLom et Freetown.

    Forts de leur exprience au sein du groupe Accor, Philippe Colleu et Christian Mure sesont lancs dans le dveloppement dune chane htelire profile pour lAfrique.

    Si chaque Onomo tend sidentifier au mieux son lieudimplantation, onretrouve les mmesconcepts. Ci-Contre le Onomode Libreville.

    D.R

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    Le hall, cest vraiment la case du village

  • 32 LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013

    La matire grise face aux dfis africains ?En matire de sant, la France a rarementt en reste ! Bien videmment, on pensetout de suite aux fameux French Doctors,ces fameux 15 mdecins franais qui,mus par la guerre au Biafra, ont cr en1971 Mdecins sans Frontires. Cestlindpendance desprit, limpertinence quia t rcompense , soulignera PhilippeBiberson, prsident de MSF, par rapportau Prix Nobel de la paix que lorganisationsest vu attribuer en 1999. Aujourdhui, nombre dinstituts derecherche sont prsents, essayant de cer-ner au mieux les ralits du terrain avecune technologie souvent de pointe. Unepolitique de terrain linstar de lapprochede lInstitut Pasteur qui a pour missionde rpondre aux attentes des ministresde la Sant , explique Marc Jouan, secr-taire gnral du rseau international desInstituts Pasteur. Sur les 32 instituts recen-ss au plan international, 9 se trouvent enAfrique dont le plus ancien qui a plusde 100 ans Madagascar. La grande particularit de lInstitut Pas-teur , souligne le responsable, estdabord davoir un ensemble dinstituts quifont partie dun rseau international, dau-tre part davoir des structures prennesqui permettent de dvelopper des labora-toires et daccueillir des quipes quellesque soient leurs origines. Et de poursui-

    Sant Comment Pasteur soutient la recherche africaine

    vre : Une de nos forces est davoir sules conserver, les prserver et surtout lesfaire voluer et les moderniser. Ces insti-tuts se trouvent aujourdhui en Afrique aucur des volutions non seulement co-nomiques, dmographiques, mais aussipidmiologiques et des cosystmes ducontinent. Un des principaux axes aujourdhui delInstitut est son soutien lmergencedune communaut scientifique africaine. Ces dernires annes ont montr lint-rt que portaient les gouvernements afri-cains mais aussi les universits soute-nir cette recherche. Cest un enjeu

    complexe parce quil tend marier deuxpopulations parfois diffrentes ceux dela recherche et ceux de la surveillance desmaladies et les rendre encore plus effi-cientes face de nouveaux dfis tels quelmergence de nouvelles maladies infec-tieuses et la transition pidmiologique.Cest--dire lapparition sur le continentafricain de pathologies qui sont celles despays industrialiss : diabte, maladies car-diovasculaires, hypertension artrielle . Aussi, en 2012 lInstitut a-t-il conu un nou-veau programme permettant des jeuneschercheurs qui ont fait un doctorat deniveau international, de retourner dans leurpays ou rgion dorigine dans de bonnesconditions et de constituer des groupesde recherche indpendants : deux cher-cheurs ont t slectionns en 2012 pourdiriger un groupe en Afrique.Autre axe majeur, la modernisation et lerenforcement des laboratoires locaux.Entre autres exemples rcents, les Insti-tuts Pasteur de Cte dIvoire et de Cen-trafrique ont t dots de laboratoires descurit P3 ce qui permet de rpondre auxnormes internationales de bioscurit etdentreprendre sur place lanalyse dchan-tillons suspects contenir des agentspathognes exotiques. Une politiquercompense en 2012 par le Prix Dedon-der-Clayton attribu deux chercheurs durseau Pasteur dont un du Cameroun.

    Nombre dinstituts et de centres de recherche franais lis la sant travaillent depuislongtemps avec et en Afrique, accompagnant le continent dans ses profondes mutations.LInstitut Pasteur est lun des plus anciens. Il appuie la recherche africaine.

    SERVICES

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    La rflexion des instituts de sant franais porte galementsur laccessibilit des mdicaments, et ce dans la droite lignedes objectifs de lOrganisation mondiale de la sant. Ainsi, legroupe pharmaceutique Sanofi a travaill en collaborationavec lUniversit de Berkeley, lInstitute for OneWorld Health(IOWH) et la Fondation Bill & Melinda Gates pour rduire lecot des mdicaments destins combattre le paludisme, undes flaux de lAfrique, notamment le prix dune des matirespremires, lartmisinine. Il a ainsi mis au point un produit syn-

    thtique dont le processus de fabrication a dmarr en 2012. Ce projet a t initi par la direction Accs au Mdicamentde Sanofi qui avait pour objectif de fournir les traitementsACTs (Artemisinin Combination Therapies) prix cotant auxpopulations qui nont pas les moyens de se les payer. Pourcela, il fallait trouver un prix dquilibre permettant de ne pasmettre mal les sources dartmisinine provenant de lagri-culture traditionnelle. Objectif : quilibrer la production et lescots, et viter la spculation.

    Laccessibilit des mdicaments chez Sanofi

    Lmergence dune communautscientifique

  • 34 LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013

    En Afrique, la soif de consommer est bienl mais la capacit de le faire demeurerduite. Do le succs du prpay enmatire de tlphonie mobile, un seg-ment parmi dautres sur lequel OberthurTechnologies (OT) sest positionne et asu faire voluer son offre pour rpondreau mieux aux spcificits des marchsafricains. Il y a une quinzaine dannes, cest en

    Afrique que, pour la premire fois, lesoprateurs de tlphonie mobile ontinvent le prpay. Aujourdhui, plus de70 % du continent est quip dun tl-phone mobile avec des recharges men-suelles par utilisateur qui slvent entre 7 et 15 USD, ce qui quivaut plusieursheures de communication mensuelle ,explique Julien Traisnel, directeur Busi-ness Development MoreMagic chez OT. Il y a tout dabord eu des offres de cartes gratter, les fameuses scratch cards qui permettent de recharger un compteprpay. Puis le groupe franais sestpositionn avec des plateformes de topup lectroniques. On na plus besoindaller acheter une carte et la gratter. Ondonne son numro de tlphone et onreoit un SMS qui indique que le rechar-gement a t fait. Cela rduit les cotsdopration et offre un service plus ergo-nomique. Surtout, cela rpond la sp-cificit du march africain et son app-tence pour les promotions. Llasticitprix/usage est trs forte dans ces rgionso on peut lancer des campagnes de pro-motions trs cibles et efficaces, commepar exemple doffrir deux fois plus decommunication ou SMS gratuits pour toutrechargement effectu le jour dun matchde football sponsoris par loprateur. Un systme prpay que le fournisseurde solutions didentification scurises atranspos aux cartes bancaires : venduesen supermarchs, on peut les rechargersans avoir de compte bancaire. Uneopportunit majeure pour un continent

    Cartes prpayes : la rvolution africaine du mobile money

    o les services bancaires sont toujoursrservs aux 10 15 % les plus aiss ,souligne le spcialiste. De la carte prpaye bancaire au MobileMoney, il ny avait quun pas. Un conceptinvent, en loccurrence, vraiment pourlAfrique. Il a t lanc au Kenya avant destendre sur le continent mais aussi enAfghanistan, aux Philippines, etc. En ra-lit, ce sont les oprateurs qui ont com-menc sintresser cette partie de lapopulation non bancarise et qui ont cr un porte-monnaie prpay, virtuel donclectronique, li un tlphone mobile ,explique Julien Traisnel. Soit vous avezune application smart phone, soit unmenu SMS ou un menu USSD. Vousouvrez un compte chez un agent MobileMoney agr par loprateur mobile etvous pouvez dposer de largent via lerseau de distribution. Cet argent peutensuite tre transfr quelquun qui aun tlphone mobile hberg chez lemme oprateur. On peut ainsi payer desfactures, des frais de scolarit, etc. Le mme oprateur , Oberthur Tech-nologies a voulu librer le consommateurafricain de cette contrainte et a cr lin-ter-oprabilit . Jusque-l, la carte pr-paye tlphonique et bancaire

    ntait utilisable quentre clients du mmeoprateur de tlphonie mobile. Cest lemcanisme du closed loop ou du closed garden . OT qui, entre autres,fabrique et fournit des cartes bancairesau niveau mondial, a mis au point uneoffre Mobile Money avec une carte depaiement utilisable dans nimporte quelrseau qui accepte ces cartes. La Cartecompagnon .Il restait transposer la logique du porte-monnaie la tlvision. linstar de ladmatrialisation du prpaiement mobileou du prpay bancaire, OT a t rete-nue en juillet dernier par Canal+ Over-seas pour dmatrialiser le renouvelle-ment des souscriptions prpayes detlvision en Afrique. En dautres termes,les abonns Canal+ pourront rechargerde faon instantane, de leur canap, leurcompte de tlvision payante par le biaisde leur tlphone portable. Aujourdhui,cest au Kenya, en Ouganda, en Tanza-nie, donc en Afrique de lEst o lon enre-gistre les grands succs des services deMobile Money au sens large, donc les ser-vices financiers sur mobile dmatrialis.Cest le peer-to-peer : les travailleursruraux qui envoient leur argent via MobileMoney leur famille reste en ville. Une activit qui a un poids croissantdans les conomies africaines. En retour,lAfrique devient un march de plus enplus important pour le groupe franais etreprsente aujourdhui quelque 10 % deson chiffre daffaires mondial.

    Tlphone, services bancaires, tlvision la porte de tous. Des objectifs dOberthurTechnologies, spcialiste des technologies de la carte puce, rendus possible notammentgrce au prpaiement dmatrialis. Coup de projecteur sur une rvolution partie dAfrique.

    PRODUITS TECHNIQUES

    Aujourdhui, plus de 70 % du continent estquip dun tlphone mobile avec desrecharges mensuelles.

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    Transposer la logique du porte-monnaie la tlvision

  • 36 LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013

    La capacit dun groupe comme Orange rpondre aux particularismes africains ?Vaste sujet. Car pour loprateur franaisde tlphonie implant dans 18 pays ducontinent, ce sont 18 marchs diff-rents Le facteur cl cest notre capa-cit adapter notre innovation pays parpays. Les priorisations sont souvent trsdiffrentes dun pays lautre et grceau dploiement de notre rseau, nouspouvons couter le march et trouver lesbonnes innovations. Mme si, parfois, cesont de petits marchs. Cela nous per-met aussi didentifier nos objectifs desannes venir , explique Arnauld Blon-det, directeur marketing pour les paysmergents chez Orange. Et ce dernierde souligner que le groupe franais vientdtre lu entreprise de tlcommuni-cations de lanne en Afrique par Frost& Sullivan prcisment pour sa mise enuvre de stratgies de croissance auda-cieuses.Une politique maison qui trouve un chodans la soif des consommateurs africainspour tout ce qui est innovation, ce quiconduit parfois des rsultats inatten-dus. On manque tellement de tout quetoute nouveaut trouve son client, sonutilisation, etc. Cest pourquoi il ne fautpas construire linnovation jusquau bout ;il faut rendre la main de linnovation lamain de lutilisateur. Lorsquon lance unservice, on se rend compte de plus enplus quil est, en dfinitive, utilis pourautre chose que ce quon avait imaginau dpart. Cette soif se traduit par une acclrationdes volutions, nettement suprieure ce qui est constat sur les marchsmatures comme lEurope. La jeunessedes populations permet de faire dessauts technologiques : dune absencetotale de tlphone, on passe de suite un smartphone. On passe la data beau-coup plus vite quen Europe ; des ser-vices type Orange Money remportent un

    Tlcommunications : linnovation stimule par lutilisateur

    succs fou. Donc, sur certains sujets, onest en train daller beaucoup plus vite quelEurope. Il en est de mme du dyna-misme et de la capacit dployer denouveaux services. Dailleurs, on testeaussi en Afrique des concepts qui pour-raient intresser des pays europens. Lexemple du dploiement en Afrique,dbut 2012, de Facebook USSD est di-fiant. Cest Facebook sans Internet ! ,note le responsable qui y voit une vraieavance dans la dmocratisation dInter-net pour tous. Cette technologie USSDpermet, en effet, des utilisateurs detlphones basics (et non de smart-phones), donc sans accs Internet, dese connecter au rseau social. Concr-tement, lutilisateur envoie un code surles plates-formes dOrange qui renvoientune page de texte qui ressemble unepage web, mais sans images ni vidos.L encore, lutilisation de Facebook est difiante , devenant un vritable moyende rencontres mais aussi de travail. Dans certains pays africains, des clientslutilisent de faon quasi professionnelle,donc plusieurs heures par jour, commeun outil de communication, de promotion.Donc, sur la mme base et sur les

    mmes services, on constate des utilisa-tions et des usages vraiment spcifiquesquon navait pas toujours identifis defaon trs scientifique avant. Le succsmajeur dOrange en Afrique cette annea t lEmergency Credit. Dores et dj,selon les marchs, entre 20 et 50 % desclients lutilisent de faon mensuelle oucontinue. Il se dcline soit en version pr-paye, cest--dire un crdit la consom-mation qui permet dajouter du crditlorsquon tombe zro, soit en versionPay for Me qui est, ni plus ni moins, lesanciens appels en PCV bien connus enEurope une poque. Cependant, lagrande diffrence et innovation par rap-port ces derniers, cest leur transposi-tion sur les mobiles, spcifiquement pourle march africain. Cest a aussi lin-novation : rutiliser des concepts maisles adapter , souligne le responsable. Les thmes davenir pour Orange enAfrique ? Le Mobile Government , sansaucun doute, linstar de ce que fontdautres entreprises franaises majeurescomme Gemalto ou Oberthr Technolo-gies (lire par ailleurs dans nos pages), enpartenariat ou non avec Orange. Si la len-teur et la complexit des prises de dci-sion sont perues par loprateur commetant les difficults majeures dans la miseen place de ces programmes gouverne-mentaux, le processus est lanc et ladmatrialisation des actes administra-tifs inluctables. Les inscriptions uni-versitaires en utilisant Orange Money sefont dj en Cte dIvoire, au Mali, auSngal, au Niger, Madagascar, auCameroun , souligne Arnauld Blondet. Avant, on se rendait aux bureaux desinscriptions avec sa liasse de billets. AuNiger, par exemple, il y a vraiment eu unavant et un aprs.

    Orange a cr dbut 2011 un Technocentre Abidjan afin didentifier au plus prs les par-ticularismes des marchs africains et, notamment, dvelopper le multi media alors que laplupart des Africains ont des portables dentre de gamme et non des smartphones.

    PRODUITS TECHNIQUES

    Orange teste en Afrique (ici son sige Douala) de nouveaux concepts.

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    Le dploiement de Facebook sans Internet

  • 38 LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013

    LAfrique est la veille dun boom cono-mique comme on la vu en Chine il y a 30ans ou en Inde il y a 20 ans. Tous les indi-cateurs sont au vert. Et dans la plupart despays, le climat est trs favorable la moder-nisation des pays, leur dmocratisation.Cest l, entre autres, que nous interve-nons , explique Eric Billiaert, directeur de lacommunication Programmes gouverne-mentaux chez Gemalto. La dmocratie enAfrique ? On en parle depuis des dcen-nies Mais, l, quelque chose est vraimenten train de se passer. Pour assurer deslections plus transparentes, pour renfor-cer des processus dmocratiques, nousavons t appels depuis deux ans par plu-sieurs pays africains pour constituer aveceux, avant les lections, lenregistrementbiomtrique de lensemble des populationsafin de mettre en place plus fortement ceprincipe simple, connu de tous : un vote,une voix , poursuit le responsable.Entre autres technologies de pointe, le lea-der mondial de la scurit numrique acr des sortes de valises, autonomes carfonctionnant sur batterie, totalement qui-pe avec PC, lumire, appareil photogra-phique, prise dempreintes, etc. Desvalises qui permettent de sillonner les payspour enregistrer les personnes, vrifierleurs identits et leur dlivrer un documentnumrique pour voter. La gestion de pro-jets est devenue un lment essentiel denotre activit car il sagit denregistrer comme ce fut le cas au Burkina Faso 6 millions de personnes en 3 mois, en for-mer 3 000 autres, envoyer 200 t de mat-riel et 3 500 kits denregistrement. Cestdevenu notre mtier. Nous nous mesuronsaux meilleurs dAsie parce quils sont, vi-demment, sur le continent africain, trsagressifs ; on se mesure des concur-rents allemands mais locaux aussi. Des valises dont le prix se veut com-ptitif, conues spcialement pour lAfriquepour rsister aux pluies et aux tempra-tures tropicales, des conditions parfois

    Des solutions numriquesmobiles pour renforcer la dmocratie

    spartiates lorsquil faut effectuer des op-rations denregistrement pendant 8 heuresdaffiles dans des coles, sans lectricit,au fond des campagnes africaines. LAfrique du Sud, quant elle, a dcidde tourner encore une page de son his-toire post-apartheid en renouvelant len-semble de ses cartes nationales diden-tit. Aprs avoir labor un cahier descharges trs prcis, Pretoria a dcid demettre excution son projet et Gemalto,slectionn sur appel doffres, a livr lim-primerie nationale sud-africaine les nou-velles cartes nationales numriques afinque les premires soient livres le 18 juil-let dernier : Nelson Mandela en a t undes premiers rcipiendaires pour son95e anniversaire ! Outre le ct hautementsymbolique, ces pices didentit, scuri-ses, ouvrent la voie au dploiement dunensemble de services gouvernementauxlectroniques venir. Dautres pages se tournent, toujours aveccette technologie franaise qui se veutavant tout innovante et adapte au contexteafricain. Ainsi, le Gabon sest lanc dansun vaste programme de scurit sociale.Une faon pour ltat, explique Eric Billiaert,de redistribuer des ressources nationalesmanant essentiellement du ptrole tra-

    vers des prestations sociales. Dailleurs, undes lments cls du cahier des chargesaurait t de sassurer que ces prestationssoient redistribues aux bonnes personnes. Limportant tait didentifier de faon trsrapide et scurise les nationaux et de direaux autres que ce programme ne sadres-sait quaux Gabonais. De dire aussi que,mme si le panier de prestations est limitpour linstant, il est donn lensemble commencer par les plus indigents. Pourmoi, cest un signe , note le responsable.En Algrie, un nouveau systme de santlectronique (CHIA) a t mis au point en2009 par Gemalto. Plus de 13 500 prati-ciens sont identifis au moyen de jetons(clefs USB munis dun microprocesseur)et un patient voulant consulter un mdecinpour la quatrime fois de la semaine voitsa carte bloque. Autant de bonds en avant pour nombrede pays africains et mme par rapport lEurope, notamment la France o onen est encore la dmatrialisation destats civils qui sont toujours sur des regis-tres. Mais lAfrique nest pas la seulegagnante. Pour le groupe franais, lecontinent est un vecteur de croissancetrs fort depuis environ 2009. Sur les 80 programmes gouvernementauxdans lesquels Gemalto est ou a t impli-qu, 15 % sont en Afrique. Chaque paysclient a souvent un, deux voire trois pro-grammes. Cest le boom conomiqueen Afrique qui fait opter les pays pourcette technologie de pointe , conclut EricBilliaert.

    Gemalto, leader mondial de la scurit numrique, a trouv en Afrique des marchs enplein boom. Des sauts technologiques majeurs sont en cours permettant damliorer ce quitait devenu des serpents de mer africains : la gouvernance et la citoyennet.

    PRODUITS TECHNIQUES

    Eric Billiaert, directeur de la communication,Programmes gouvernementaux chez Gemalto.

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    Des valises numriques au service des lections dmocratiques

  • 40 LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013

    ANALYSE CONOMIQUE PAR ZONE ET PAR PAYS

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    Dodoma

    Pretoria

    Gaborone

    Windhoek

    Luanda

    Cabinda

    Brazzaville

    Kinshasa

    Libreville

    Sao Tome

    AccraLome

    YaoundeBangui

    Ndjamena

    Malabo

    Abuja

    Porto-Novo

    NiameyOuagadougou

    Bamako

    Monrovia

    Freetown

    Conakry

    Bissau

    Banjul

    Praia

    Dakar

    Nouakchott

    Yamoussoukro

    LusakaHarare

    Lilongwe

    Mbabane

    Maputo

    Maseru

    Antananarivo

    Port-Louis

    BujumburaKigali

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    G U I NE-QUATORIALE

    G U I NE-BISSAU

    SI E RRALEON E

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    MA

    DA

    GA

    SC

    AR

    ZIMBABWE

    Afrique du Norddont UMA

    Union du Maghreb arabe UMA

    Communaut conomiquedAfrique de lOuestCEDEAO dont UEMOA

    Communaut conomiqueet montaire dAfriquecentrale - CEMAC

    Pays appartenant la Zone franc

    Afrique orientaleet ocan Indien

    Southern Africa

    DevelopmentCommunity - SADC

    Cinq zones pour un continent

  • LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013 41

    Les rsultats 2013 de lenqute CIAN

    Cette 25e dition du Baromtre CIAN prsente, pour 31 pays dAfriquesur la priode 2012-2014, les perspectives dactivits des entreprisesfranaises implantes sur le continent ainsi que leur apprciation delenvironnement des affaires. Ce tmoignage des oprateurs de terrainlui confre sa singularit et en fait un outil de rfrence pour les inves-tisseurs.

    Le Baromtre CIAN est labor partir duneenqute mene chaque t auprs des responsa-bles de filiales ou de socits installes en Afrique.Ces chefs dentreprise sont appels apprcierplusieurs points, diviss en deux parties : une partie conjoncturelle sur les perspectivesdactivit de ltablissement : chiffre daffaires,investissements, rentabilit, crances sur ltat etcrances sur le secteur priv local ; une partie structurelle sur la perception de len-vironnement des affaires dans le pays dactivit :39 critres rpartis en sept grands postes infra-structures, administration, conomie et finance,social, socio-culturel, cots des facteurs et dve-loppement durable.

    En 2013, ce sont 514 dirigeants dentreprises quiont tmoign de la marche de leurs activits surlensemble du continent africain (70 en Afrique duNord, 183 en Afrique de lOuest, 121 en AfriqueCentrale et 140 en Afrique Australe, Orientale etocan Indien).

    La tendance gnrale des rsultats sinscrit dansla droite ligne des annes prcdentes les entre-prises mnent des activits prospres malgr unenvironnement des affaires africain difficile maislanalyse par rgion permet de nuancer ce pano-

    rama continental. Nanmoins, se dgage un pointcommun chacune des quatre rgions : unedgradation gnrale de lenvironnement desaffaires dans lequel oprent les investisseurs.

    Bilan de lactivit des entreprises 2012-2014

    Mthodologie

    Lenqute porte sur la tendance de cinq indica-teurs sur les exercices 2012, 2013 et 2014 : chiffre daffaires : croissance, stagnation,baisse ; investissements : hausse, interruption, baisse ; rsultats : bnficiaires, quilibrs, dficitaires ;niveau des crances sur ltat : lev, normal, fai-ble ; niveau des crances sur le secteur priv local :

    lev, normal, faible.Les graphiques, sur la page suivante, prsententles tendances par grandes zones gographiques,celles-ci tant ensuite dtailles pour chacun des31 pays faisant lobjet dune valuation cetteanne.

    LAfrique est un march dynamique et en pleinessor, lactivit des entreprises qui y sont inves-ties lillustre. Pour la grande majorit dentre elles,les perspectives sont positives.

    Leurs chiffres daffaires (CA) sont en en aug-mentation et devraient continuer ltre pourlanne venir : 58 % des entreprises sondesdclarent un CA en hausse en 2012, 51 % en2013 et 62 % en 2014. Cest en Afrique de lOuest que la tendance, bienque bonne, est la plus basse : 52 % en 2013 et58 % en 2014. Les prvisions sont les plus encou-rageantes au Maghreb o en 2013, seulement44 % des socits affichaient un CA en crois-sance alors quelles sont 20 % de plus (64 %) leprvoir pour 2014.Certains pays se distinguent par des perspectives

    REMERCIEMENTS

    Les responsables de lenqute CIAN remercient chaleureusement cha-cune des entreprises ayant pris le temps dy rpondre ainsi que toutes lesstructures qui ont bien voulu en assurer une large diffusion localement :adhrents du CIAN, conseillers du commerce extrieur, chambres decommerce et dindustrie franaises locales, organismes patronaux, mis-sions conomiques et ambassades de France. Les rponses obtenues directement des oprateurs font de ce Barom-tre le seul tmoignage du terrain existant la disposition des investis-seurs et acteurs du dveloppement africains. Sont valus uniquementles pays pour lesquels le nombre de rponses reues est estim suffisantproportionnellement la prsence conomique franaise sur place.

  • 42 LE MOCI - Hors srie - dcembre 2013

    ANALYSE CONOMIQUE PAR ZONE ET PAR PAYS

    Rentabilit en %

    Bnficiaire quilibre Dficitaire

    Niveau des crances sur ltat en %

    levNormalFaible

    Tendances du chiffre daffaires en %

    Croissance Stagnation Baisse

    Tendances des investissements en %

    Hausse Interruption Baisse

    Niveau des crances sur le secteur priv local en %

    levNormalFaible

    2012

    2013

    2014

    2012

    2013

    2014

    2012

    2013

    2014

    2012

    2013

    2014

    2012

    2013

    2014

    49 17 34

    33 2344

    2764 9

    43 3126

    3743 20

    2651 23

    54 20 26

    2169 10

    2757 16

    37 2934

    37 36 27

    34 42 24

    27 52 21

    24 53 23

    26 61 13

    Rentabilit en %

    Bnficiaire quilibre Dficitaire

    Niveau des crances sur ltat en %

    levNormalFaible

    Tendances du chiffre daffaires en %

    Croissance Stagnation Baisse

    Tendances des investissements en %