Tempo flûte

Sélection de disques et DVD avec flûte publiés en 2007 et 2006

Saverio Mercadante (1795-1870) Trois concertos pour flûte (ré majeur, mi mineur, mi majeur) Raffaele Trevisani, flûte, Orchestre de chambre de Moscou dirigé par Constantine Orbelian Delos international DE 3372 – DDD-2007 (distribution Naxos) 60’32, notes de présentation en anglais seulement

Prolifique compositeur d’opéras dans la veine lyrique bel cantiste, Mercadante a laissé des concertos (que les flûtistes aiment interpréter – particulièrement celui en mi mineur, célèbre pour son « rondo russo »). On ne reprochera pas au Milanais Raffaele Trevisani cette irruption bien naturelle dans son répertoire national ; d’autant plus qu’il possède toutes les qualités requises, brillante technique, sonorité et vibrato, apprises auprès de son maître James Galway. Philippe François

Horizons croisés. Musique d’inspiration populaire pour flûte et guitare Bartok, Six danses populaires roumaines ; Ravel, Pièce en forme de Habanera, Pavane pour une Infante défunte ; Shankar, L’aube enchantée ; Rodrigo, Aria Antigua ; Piazzolla, Histoire du Tango Galina Doychinova, flûte, Sergio De Leeuw, guitare CD-DDD DD0001/1 © 2007 52’, texte de présentation documenté en français http://www.myspace.com/galinadoychinova

Trois continents inspirent le programme : L’Europe de l’ouest et centrale avec Maurice Ravel, Joaquin Rodrigo et Bela Bartok ; l’Asie du sud avec Ravi Shankar et l’Amérique du sud avec Astor Piazzolla. Deux artistes venus il y a quelques années au Conservatoire national supérieur de musique de Paris compléter leur formation, la Bulgare Galina Doychinova et l’Argentin Sergio De Leeuw, présentent un panorama de musique d’inspiration populaire. Inspiration folklorique certes, mais depuis longtemps dans les programmes des salles de concerts. Les Danses populaires roumaines de 1915 ont été arrangées pour plusieurs formations instrumentales et l’orchestre symphonique des 1917. La version flûte et guitare présentée ici est de toute beauté. En 1976 Ravi Shankar compose L’aube enchantée (sur le raga « Todi »), jalon du croisement culturel indo-occidental, pièce inspirée par le traditionnel raga indien : mode musical très expressif, reposant sur une échelle modale très précise. La lente évocation du lever du soleil progresse comme une méditation hindouiste, répétitive et lancinante, aux frontières de la musique et de la spiritualité. Avec Piazzolla, on touche un autre monde, celui du Tango argentin et de quatre époques de son évolution au XXe Siècle : des bars louches de Buenos-Aires à la salle de concert du Tango nuevo qui a parcouru le monde. Ravel et Rodrigo trouvent leur place au programme en liaison avec l’Espagne, la célèbre Habanera, puis la Pavane, danse lente très en vogue au XVIIIe siècle, ainsi que le très noble et classique Air antique du compositeur espagnol. Philippe François

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) – Concertos pour flûte Concertos pour flûte et orchestre – n° 1 en sol majeur K.313 – n° 2 en ré majeur K.314 – pour flûte, harpe et orchestre en ut majeur K. 299 – Andante en ut majeur K. 315 Béla Drahos, flûte et direction, Andrea Vigh, harpe, Orchestre symphonique de Budapest DVD Hungaroton HDVD32560 © 2007 (filmé à l'Académie F. Liszt de Budapest en 2006) 87 minutes –– PAL 16:9 – Dolby Digital – 5.1 PCM stéréo – Langue hongroise avec sous-titrages en français, anglais et allemand – Notes du livret en anglais et hongrois – Interview des artistes

Le label hongrois Hungaroton présente depuis de nombreuses années un riche catalogue classique souvent interprété par d’excellents solistes de ce pays. Des productions DVD sont aussi au catalogue et la flûte est ainsi représentée par une captation en public de la musique de Mozart pour flûte et orchestre. Béla Drahos est un soliste expérimenté du répertoire viennois classique, ses interprétations des symphonies de Haydn enregistrées chez Naxos sont appréciées. Les pages mozartiennes lui sont familières et on apprécie le choix de tempi vifs ainsi que celui d’une formation d’accompagnement « mozartienne » pas trop fournie en basses (une contrebasse et trois violoncelles). La harpiste Andrea Vigh rejoint la scène de la belle salle de l’Académie Franz-Liszt pour un concerto pour flûte et harpe lyrique et joyeux. P. F.

Trios français avec flûte Jean-Michel Damase (1928) : Sonate en concert pour flûte, pianoforte et violoncelle – Claude Debussy (1862–1918) : Pelléas et Mélisande (arrangé par Henri Mouton), Trio en sol majeur Gabriel Pierné (1863–1937): Sonata da Camera Jürgen Franz, flute, Dieter Göltl, violoncelle, Matthias Veit, piano SPEKTRAL SRL4-07005 © 2007 (enregistrement NDR Hambourg) 59’50,présentation en allemand et en anglais

Le flûtiste allemand Jürgen Franz, soliste de l’orchestre de la NDR à Hambourg, a étudié avec trois professeurs très concernés par l’école française : Jean-Claude Gérard à Stuttgart, Maxence Larrieu à Genève et James Galway à Lucerne. Autant dire qu’un programme de rares trios français par un flûtiste allemand de la jeune génération aussi intéressé par la flûte française ne laisse pas indifférent. La sonate en concert de Jean-Michel Damase fut écrite en 1950 et dédiée au flûtiste anglais Geoffrey Gilbert, lequel peu après, allait enseigner à James Galway la méthode française de la flûte. L’œuvre suit la forme d’une suite de danses baroques. Damase est un classique dans la tradition française et cette pièce en est le témoignage. La sonate de chambre de Gabriel Pierné fut écrite en 1927 en mémoire de Louis Fleury, le premier interprète du Syrinx de Debussy en 1913. Debussy occupe en effet une place de choix dans le programme des artistes allemands avec un arrangement pour trio avec flûte du fameux Pelléas et Mélisande de 1902 qui installa Debussy au premier rang des compositeurs français. Réalisé par Henri Mouton, contemporain de l’auteur, à la demande des éditions Durand & Fils, cet arrangement de l’œuvre préserve avec talent l’atmosphère debussyste qui révolutionna la musique française au début du XXe siècle. Le trio en Sol Majeur de Debussy, œuvre de jeunesse (1880), fut publiée par Henle en 1986 après sa redécouverte. C’est un Debussy encore élégiaque et romantique qui s’exprime dans ce trio. Le soin apporté à la réalisation du CD, qualité sonore, présentation et notes musicologiques (non traduites en français hélas), font de ce CD une publication très recommandable. Philippe François

Jeremy Steig Ptérodactyle Quinze compositions pour flûte de Jeremy Steig Jeremy Steig, flûte traversière, flûte basse, flûte indienne, bouteilles Steig music company © 2007 (enregistré en 2006)

Jeremy Steig est l’un des plus grands flûtistes de jazz vivants. Il a joué et enregistré avec Jimi Hendrix, Big Joe Williams, Eddie Gomez, Art Blakey, Paul Bley, Johnny Winter et bien d’autres. Sure shot, le tube des Beastie boys, lui doit beaucoup. Son premier enregistrement, Flute fever (Columbia records), le fit dès 1963 reconnaître parmi les grands improvisateurs. Son dernier album le présente seul, superposant différentes flûtes ou timbres tirés de bouteilles. P.G.

Maurice Sharp, flûte Griffes : Poem pour flûte et orchestre Foote : A night piece Honegger : Concerto da camera pour flûte, cor anglais et cordes Hanson : Serenade pour flûte, harpe et cordes Rubinstein : Sonate pour flûte et piano Saint-Saëns : Caprice sur des airs danois et russes opus 79 Waldemar Bloch : Sonatine pour flûte et accordéon Traits d’orchestre de Beethoven, Rossini, Mendelssohn, Brahms, Hindemith, Dvorak et Ravel Maurice Sharp, flûte traversière, Orchestre de Cleveland dirigé par George Szell et Pierre Boulez, Harvey McGuire, cor anglais, Alice Chalifoux, harpe, Marianne Matousek Mastics, piano, John Mack, hautbois, Franklin Cohen, clarinette, Donald Payne, piano, Jacqueline Hofto, accordéon NFA4 A 715345 © 2007 (enregistré entre 1957 et 1971) Distribution : Sony BMG

Maurice Sharp (1908-1986) fut pendant cinquante ans flûte solo de l’orchestre de Cleveland. Au sein de sa phalange, il se produisit sous la direction de chefs légendaires comme Erich Leinsdorf, Georges Szell, Pierre Boulez et Lorin Maazel. Comme soliste, il a enregistré un unique disque d’œuvres signées Griffes, Foote, Hanson et Honegger. Grâce à l’association nationale américaine de la flûte (NFA), les voici reproduites et complétées d’extraits d’orchestre – trouver dans une anthologie des extraits d’orchestre est bien rare ! – et de pages de musique de chambre. L’intérêt du programme, les qualités du flûtiste, du musicien et de ses collègues, rendent cette édition exceptionnelle et témoignent de la manière de pratiquer la musique en ces lieux à l’époque. Pascal Gresset

Mozart (1756-1791) Quatre sonates pour violon et piano KV 301, 296, 376, 379, arrangées pour flûte par Raffaele Trevisani Raffaele Trevisani, flûte, Paola Girardi, piano Delos International 3367 © 2006 67’46, notes de présentation en anglais seulement Distribution : Naxos

Les sonates pour violons de Mozart ont depuis longtemps inspiré les flûtistes qui peuvent adapter la

partie de violon d’autant plus que celle-ci fait assez peu appel aux effets violonistiques, accords et doubles cordes. Si les sonates KV 296 et 376 sont assez jouées à la flûte, les deux autres du programme, KV 301 et KV 379, le sont moins souvent, d’où l’intérêt de cette publication du label Delos. On soulignera aussi l’importance des parties de piano de ces sonates qui nécessitent non pas un accompagnement mais un partenariat d’égal à égal entre soliste et pianiste. La prise de son équilibre bien le duo Trevisani-Girardi et on apprécie le jeu vivant et subtil des deux interprètes italiens. P. F.

Prokofiev – Poulenc – Martin. Trois œuvres pour flûte et piano Prokoviev, Sonate op. 94 Poulenc, Sonate Martin, Ballade Andrea Oliva, flûte, Marco Grisanti, piano Falaut collection © 2006 (enregistré en 2006) 42’, texte de présentation en italien www.falaut.it

Après avoir remporté le 1er prix du très renommé concours de Kobe au Japon en 2005, Andrea Oliva s’est vu proposé, l’année suivante, son premier enregistrement, par l’association italienne de la flûte Falaut, en compagnie du très expérimenté Marco Grisanti. Trois chefs-d’œuvre du répertoire de la flûte au XXe siècle sont au programme. Les interprétations sont tout bonnement magistrales, l’entente et l’engagement des deux artistes est sans faille. Le concours de Kobe ne récompense que des flûtistes accomplis et l’écoute de la sonate de Prokofiev ne laisse planer aucun doute, c’est une des plus belles de la production discographique : charme, vigueur, lyrisme, fluidité, tout s’y trouve. Excellente prise de son. P.F.