Terra Incognita - Nouveaux Voyages Aux Centre de La Terre

8/6/2019 Terra Incognita - Nouveaux Voyages Aux Centre de La Terre

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Marc Bosche

TERRA

INCOGNITA

Nouveaux Voyages au Centre de la Terre

Roman


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Terra Incognita / (Nouveaux) Voyages au Centre de la Terre / Science fiction- Roman Marc Bosche 2005-2007, some rights reserved : licence Creative Commons 2.0.

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Notre lumire est froide et votre chaleur est aveugle...

En hommage Mr Jules Verne

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Le chapitre VIII a dj t publi sous la forme d'une nouvelle, par la revue du

Genepi, une structure associative des visiteurs de prisons, dans son dition

spciale littrature en 1993 grce l'aimable invitation de Monsieur Alain

Fericelli, le directeur de la rdaction.

Ce numro spcial o figurait aussi un texte du pre Guy Gilbert tait

particulirement destin aux dtenus.

[Avertissement de l'auteur : cher lecteur, n'oubliez pas que ceci est un roman,

une vocation littraire & imaginaire]

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Rien napparat sans cause, le fruit nexiste pas dans les causes prises part

ou dans leur ensemble, rien ne vient dailleurs, ne subsiste ou ne disparat. En

quoi diffre dune illusion magique ce que les sots prennent pour la ralit ? Ce

qui est cr par la magie et ce qui est cr par les causes, do cela vient-il ? O

cela va-t-il ? Voil ce quil faut rechercher. Ce qui apparat par le concours

dautres lments et qui disparat sils sont absents, ce phnomne artificiel,pareil un reflet, comment aurait-il le caractre de ralit ? (...) Les destines

des tres sont pareilles un rve. Il ny a aucune diffrence entre ceux qui sont

dans le nirvana et ceux qui ny sont pas. Les choses tant vides dexistence, quy

a-t-il perdre ou gagner? Qui est l pour nous honorer ou nous mpriser ?

Do viendraient le plaisir et la douleur ? Quest-ce qui peut tre agrable ou

odieux ? En qute de labsolu, quy a-t-il dsirer, qui dsire ? Si on examine le

monde des vivants, qui meurt? Qui natra ? Qui est n ? Quest-ce quun

parent, un ami ? Comprenez comme moi que tout est semblable lespace !

Shantideva, La marche vers lveil

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Marc Bosche 2005-2007, some rights reserved

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PREMIER VOYAGE

LE ROYAUME DES SOURCES

Ce sont des amis dun pass lointain en apparence, cependant ce temps

est bien prsent au plus profond des consciences. Ils mont guid en

Terra Incognita aujourdhui, quand la tranquillit a amen jusquici leur

sourire.

Cest un jour paisible et ensoleill, dans la banlieue de Paris. Dans la

pice baigne de soleil, ct du parc, je mdite sur le vide qui imprgne

toute chose, ce nest pas si difficile. Il suffit de laisser les penses se

disperser comme des brumes. Lorsque les perceptions montent, on les

voit. Et dans cette vigilance que lon garde, elles svanouissent.

chaque inspiration lair est un souffle qui volatilise lintrieur de

lenveloppe physique. chaque expiration une clart se diffuse et

lefface. Jusqu la peau, qui nest plus une frontire et se dissout aussi

dans la lumire, dans ce grand Tout qui tout imprgne. Et il ne reste plus

de moi. Il ne reste que la claire unit dans laquelle le je a disparu.

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Et cest l que les amis de la Terra Incognita viennent me chercher, par

une porte dimensionnelle qui souvre au regard du dedans; une issue

simple, par laquelle nous allons entrer, dun plongeon de la conscience,

dans la cit inconnue. Les amis sont deux. Lun a la stature dun homme,

et lautre, celle dune femme. Ltoffe qui tombe doucement sur leurs

paules, est belle sur leurs silhouettes dambre. Lhomme aux cheveux

noirs prend ma main gauche. La jeune femme tient ma droite dans sa

paume. Nous partons, main dans la main, visiter le royaume sous la

Terre.

La galerie est haute. Cest une caverne. Le long de ses parois brutes, des

lampes espaces diffusent un clairage jaune. Une cathdrale naturelle

est sculpte dans la roche. De nombreux tres assis en prire y chantent,

et regardent vers un autel central. L, une sphre luit et sclaire selon le

son qui la touche. La brillance de cette boule, symbole de la Terre,

tmoigne, par les nuances quelle met, de la bont des mditants qui

focalisent sur elle leur attention.

Les voix slvent comme une seule, harmonique pntrant jusquaux

parois de pierre. La sphre devient bleue, mauve, violette. La plnitude

qui mane de lassemble est comme lcho dun de mes souvenirs

enfouis.

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La visite se poursuit. Les amis ouvrent les portes dune cole. Des tres

apprennent dcouvrir les lois de la vitalit du corps, et on leur enseigne

trs jeunes comment se soigner. Le garon qui nous guide murmure

loreille: Cest la volont des sages, dont proviennent les fiers

enseignants de la Terra Incognita, de ne plus renouveler la guerre, en

enseignant jusquau partage de la sant. Ici, les tres connaissent trs

jeunes la relativit de la vie et de la mort, et la compassion que la

souffrance appelle.

Nous dcouvrons des jardins. Y mrissent, sous une brise, des crales

blondes. Et., aux cuisines, on prpare avec soin une nourriture frugale.

Lhomme parle de nouveau, dans le silence de nos consciences

accordes:

On ne se nourrit pas plus quil nest ncessaire, et lon ne consommepas de viande. Les ressources sont offertes, et le partage est la clef de

notre vie communautaire. travers une paroi, nous passons dans une

salle o une machine produit de lnergie pour la cit. II y a un

mcanisme de couleur verte. Il est difficile dimaginer comment il

fonctionne.

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Dans une autre pice, adosss en tailleur des siges bas, des spectateurs

en aube safran regardent les images qui dfilent sur un cran de

projection en relief. Et si le cinma des terres den haut tait une

invention qui nous vient des salles obscures de la Terra Incognita?

La curiosit mincite visiter les laboratoires, qui sont nombreux. Nous

devons pourtant rester devant la porte close. Un signe complexe, inscrit

en un motif circulaire, un sceau, en rserve lentre. La jeune femme

lexplique dun sourire: Les secrets des alchimistes sont trs tentants

pour celui qui ne sest pas prpar. Or la recherche constitue le pain

quotidien de beaucoup de ceux qui habitent sous la terre, leur manire

de payer leur dette afin de vivre en paix. Cette porte ne souvrira pas

aux yeux du curieux.

Mais ce voyage touche sa fin. Il faut retourner dans les mondes den-

haut. Si je leur faisais un cadeau avant de partir ? Je demande dme

me:

Comment vous remercier ? De quoi avez-vous besoin? . Ils rpondent

gentiment: Priez pour nous. Au moment de partir, vers la vie de

surface, je leur offre ces images. Je leur donne les arbres au printemps,ivres de parfum. Ils dsignent les leurs, qui restent au frais dans

lhumidit de sortes de ppinires. Je pense la nuit toile, aux espaces

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illimits. Ils montrent quici lhomme apprend voyager hors de son

corps. Ainsi, chacun peut sortir de cette grande maison sous le sol, et

parcourir, outre la Terre, une infinit despaces beaux et lointains. Enfin

je visualise la mer, les pcheurs, les vagues bleues, et le paresseux (que je

Suis) se dorant au soleil. Nous convenons, en riant, que ce paysage est

difficile trouver en Terra Incognita bien que lhumour y abonde.

Envelopp de leur bndiction, je reviens, surpris de ce voyage, ce jour

de printemps. Je suis sur Terre, adoss un sofa de colon beige. Dehors il

fait toujours beau. peine une heure a pass. Les lvres portent encore

leur exhortation: Rvle.

Tandis que, venant juste dmerger, je doute encore, le regard se pose sur

la pousse nouvelle qui surgit, belle meraude, dune plante

dappartement. travers cette image se rvle que lhumain aspire

sexprimer, et suggrer ainsi son essence si elle existe par sa vie. La

vocation spanouir le fait grandir mieux que le secret.

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DEUXIME VOYAGE

DES PLAISIRS ET DES PEINES

Je suis invit menfoncer vers les portes de la Terra Incognita par un

guide ta peau dbne, aux yeux dun clat intense. II se rvle tre,

derrire son apparence sombre, un gardien amical. Il protge laccs, et

garde son visiteur des faux- pas de la conscience. Il prend mon avant-

bras gauche et mentrane fermement, dans un tunnel dnergie, jusquau

royaume souterrain. Puis il disparat, du moins en apparence. Ce voyage

vers un visage sveille, celui d'une femme brune.

Cette femme travaille librement dans la cit, ici et l, en fonction des

besoins et des affinits. Elle aide en particulier aux cuisines. La vie est

communautaire, et il ny a pas de tensions inutiles. On vit aux bons

rythmes, avec peu dgosme, et on partage. Ainsi la notion de statut

social nexiste pas en tant que telle. La cuisinire nest pas moins

respecte que lenseignant, dautant quelle est, comme tous les citoyens

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dici, enseignante de sa vie. Et comme il ny a pas dargent gagner, ni

dpenser, on ne sen soucie pas. II y a beaucoup de libert vivre, mme

si la discipline collective est impeccable.

Dans le mode de vie de la Terra Incognita, on se regroupe par affinits.

Chaque caverne constitue, pour un moment, ou pour une dure plus

longue, la matrice despace o on chante, prie, aime, travaille ensemble.

La vie sociale porte la marque de cette intimit de la runion dmes qui

se choisissent pour vivre des instants partags. Cest une des dimensions

de la culture de la Terra Incognita Elle comporte une multiplicit de

niveaux de vie qui schelonnent. Ils correspondent aussi de

nombreuses cits. Comme en- haut, les diffrentes facettes de lhumanit

y sont reprsentes, de la plus instinctive la plus spiritualise.

Pour cette femme, le moment du dpart est venu. Elle sest allonge,

accompagne de prsences et de chants. Ils sont nombreux la guider

vers les mondes de lau-del. Ils pratiquent dabord, pour son

apaisement, un lissage subtil, en passant leur paume au-dessus de son

corps et en caressant son tissage dnergie. Ils accordent leurs voix et

leurs prires aux mmes harmoniques, qui rsonnent dans la caverne.

ct deux la femme sexpanse vers les mondes dau-del le seuil. Dans

cette atmosphre sereine son dpart nest pas angoiss.

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Puis vient la vision fugitive dun espace ouvert, puits de lumire au

centre du royaume, qui ouvre sur le ciel. Des quais lisses reoivent le

vaisseau de mtal translucide qui se pose en silence, tel un grand

papillon. Des tres en sortent, la stature noble. Ils sont vtus dune

combinaison souple de couleur orange. Leur visage semble venir dun

tableau de Raphal. Ils regardent dans cette direction...

Tout sefface...

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TROISIME VOYAGE

UN ANCIEN RACONTE...

Comme les autres soirs, le corps sest allong. Des prsences sont l, qui

approchent du seuil de la conscience. Au fur et mesure que cette

dernire se stabilise, le tourbillon de leurs images se ralentit, des brumes

se dissolvent, cela se prcise. Je suis maintenant parmi un petit groupe

dhommes gs, du moins la conscience est avec eux, alors que la partie

physique est reste tendue quelque part dans une chambre. La

personne qui parle a un visage mince et une silhouette de petite stature.

Son expression est marque par les ans, amaigrie, ride, svre, mais si

vivante. Il a un petit grain de beaut sur la joue droite. Il porte la robe

couleur safran. Il se prsente avec simplicit comme un Ancien de la

Terra Incognita, un des reprsentants de ce royaume. LAncien raconte

lhistoire de la migration oublie de son peuple :

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Du temps de lantiquit oublie, les anctres des habitants de la Terra

Incognita constituaient la caste sacerdotale. Elle tait gardienne des rites,

cest--dire de la tradition. Rites de moisson, de fcondit, de naissance,

dinitiations et aussi de dpart, tous les sacrements taient la charge

des enseignants. Ils portaient ainsi la responsabilit daider les habitants

de larchipel bien vivre, ils harmonisaient les pluies, bnissaient les

futures rcoltes, prenaient soin de la sant des citoyens. Posidon tait la

capitale. Son temple tait couvert de feuilles dor. Il ressemblait ceux

que lon trouve encore en Thalande. Se dessine alors sur lcran de la

conscience les images des temples de Watpo et de Chengmai en

Thalande avec leur forme de pyramide. Lenseignant continue

dexpliquer avec cette sobrit qui nappartient quaux sages :

Contrairement ce qui a pu tre crit ou dit, il ny avait pas de

sacrifices sanglants, animaux ou humains, sur les autels de ces temples.

Le rgent des enseignants insiste : Notre tradition, qui est la tradition,

est vgtarienne et pacifiste. Cest aprs que nous ayons abandonn ces

lieux sacrs aux barbares, que cela a pu se produire.

Le vieil homme reprend. La prsence de barbares, et leur pouvoir

destructeur grandissant, nous ont amens fuir. Nous tions de plus en

plus menacs, mais surtout la Tradition tait attaque travers nous.

Pour la prserver, nous sommes partis. Je demande lAncien : Ces

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barbares, sont-ils extrieurs votre socit ? Il rpond : oui, ils sont

extrieurs , mais nen dit pas plus.

Aprs une pause silencieuse, charge dhistoire, il reprend. Au dpart

de notre ancienne cit, partaient des galeries souterraines qui servaient

des usages thrapeutiques, et galement des naissances, ou des rites de

dpart. Elles comportaient des bassins aliments par des sources. Les

issues, des portiques de pierre, en taient bien connues de la population.

Nous avons investi ces espaces souterrains, les avons habits,

dvelopps en le systme qui existe aujourdhui. Disposant des

connaissances et des transmissions psychiques sur les esprits de la

nature, les dvas, nous avons pu crer, dans ces lieux, des jardins

suffisamment fertiles et prolifiques pour nous nourrir. Nous

emportmes, dans nos bras pour ainsi dire, la technologie de notre

civilisation, dont nous tions les responsables. Personne nosa nous

suivre, car nous tions les gardiens de ces lieux souterrains. Et les gens

savaient ce quils risquaient pntrer l o il ne fallait pas. Il y avait

parmi ceux que nous prservmes, des secrets concernant le stockage et

la transmission dinformation, les lasers, la radioactivit. Ils ne devaient

pas tomber entre les mains des barbares. Dailleurs il leur a fallu tant de

millnaires depuis ces temps-l, pour les retrouver par un labeur

darrache-pied. Il semble quune certaine joie vibre dans la voix duvnrable, lide que la rsistance des enseignants de la Terra Incognita

ait pu retarder la possession de certains de ces trsors par une frange de

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lhumanit qui nen tait pas digne. Il continue avec clart et prcision :

Car dis-toi bien que ce sont les mmes barbares, ceux qui ont prcipit la

chute de notre socit et sa destruction, qui sont aujourdhui luvre

dans les socits humaines den haut, dans les sciences appliques et les

technologies, en particulier. La destruction qui menaait alors, menace

encore. Mais, en ces jours, on ne doit plus fuir, il faut tenir tte. La

confrontation, cest dire lessence de la guerre, qui sest produite il y a

longtemps, se reproduit aujourdhui, mais la situation des forces de

lombre et des forces de bont sest modifie.

Avant la catastrophe qui conclut le rgne des barbares, et qui

correspond au Dluge dont vos livres sacrs ont gard la mmoire, nous

nous tions rfugis ici, en Terra Incognita. Dautres, parmi les initis de

la caste sacerdotale, allrent semer ce qui devint l'gypte antique. Ils

difirent le tmoignage du macrocosme. Nous prservmes celui du

microcosme.

L'gypte put faire rayonner la juste vison du cosmos. En revanche nous

gardmes, dans le secret des souterrains, les secrets de la matire. Ainsi

lhumanit a reu, depuis, davantage denseignements concernant le

grand univers extrieur, que dinstructions concernant la matire et

lespace intrieur de la nature. LHindouisme et le Bouddhisme, plus

gnralement la vie monastique, sont venus temprer cela, mais nont

pas compltement rtabli lquilibre. Le grand et le petit communiquent

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heureusement, et sont limage lun de lautre, tout comme La vie

interstellaire, en- haut, et la Terra Incognita, en bas, sont en relation. La

situation actuelle est ainsi, parce que nous nous sommes enfuis alors.

Aujourdhui nous sommes dans une situation inextricable ajoute le

vieil homme, avec une pointe dmotion. Inextricable, parce que nous

ne pouvons pas sortir maintenant, nous serions broys par les forces de

lobscurit. Et nous ne pouvons pas rester isols du reste de lhumanit,

lheure o tout appelle lunion des forces positives. Ainsi notre

situation actuelle est-elle dlicate.

Avant que tu ne ten ailles, permet-nous de te faire partager une petite

exprience, ajoute le vieil homme. On apporte un foulard rouge destin

couvrir le visage. On me le passe sur les yeux et le front. Je ne distingue

plus rien. Ou plutt si. Une fleur apparat, cest une fleur de bleuet, ou

dillet sauvage, elle se fane. Un papillon de couleur claire se pose sur

elle. Est-ce une petite mise lpreuve ? On me fait comprendre que la

conscience, grce ce foulard, acquiert une mobilit plus grande, et peut

se dplacer avec facilit. Et je me glisse sur les ailes du papillon, dont je

perois la conscience pure et lgre, et nous nous envolons ensemble. Je

serais volontiers parti plus loin sur les ailes de cet aimable compagnon,

mais la voix de lAncien nous rappelle dans la petite assemble. Tu

vois, dit-il avec un zeste dhumour, nous avons des choses comme cefoulard. Nous tavons prsent cette exprience, parce que les hommes

den haut sont sensibles ces petits trucs pratiques. Cela les

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Le soin promis se produira au petit matin suivant. Les Anciens

minvitent constituer une rplique vide en lumire de mon corps, et

allonger cette image au milieu deux. Ils posent leurs mains sur cette

manation et, distance, nourriront dune nergie chaleureuse le corps

de chair allong dans sa chambre.

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QUATRIME VOYAGE

LE MDITANT DU SOLEIL INTRIEUR

La force invisible qui me rejoint dsormais le soir, et qui na pas rvl

son nom, mattire vers le pass. Deux guides me prennent fermement

par les bras de lumire. Le physique reste paisiblement dans sa chambre.

Nous voil propulss dans un tunnel aux radiances qui ondoient. Au

fond brille une lueur. Nous la rejoignons toute vitesse ; ils

disparaissent. Nous sommes arrivs dans une des mmoires de la Terra

Incognita, et cest aussi le souvenir de la vie elle-mme.

Un homme est assis en tailleur. Il a les jambes glabres et lisses du peuple

rouge. Ses pieds sont nus, ses sandales disposes, un peu plus loin, sur le

sol. Il est vtu dune robe grise, use, porte depuis longtemps. Si sa

silhouette parat jeune, son visage est marqu par des mditations

austres. Il sest assis en concentration, II se tient, envelopp dans cette

robe passe, au fond dune caverne de la Terra Incognita. II est encore

dans la force de lge. Il avait commenc sexercer lorsquil tait plus

jeune. Il mdite sur le feu intrieur. II est absorb en lui-mme. Il a peur

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de lchec, de la mort. Cest pour cette raison quil pratique. Il sait que le

soleil intrieur montera, sil vainc ses peurs. Tel est lhomme assis. Sa

face est signe dpais sourcils. Ses cheveux ont pouss, depuis que sa

tte a t rase. Il pratique depuis longtemps, intensment, loin des

autres. La pice isole est mise la disposition de ceux qui veulent

connatre la voie juste. On lui passe sa nourriture par une petite

ouverture. Dautres asctes bnficient de ce traitement, dans dautres

ermitages souterrains. Il dispose dun point deau, avec une petite source

frache, pour faire ses ablutions et boire. II mange peu, mais ses repas

sont chauds. Dans un bol, on lui amne des lgumes, bien cuits, afin de

ne pas trop solliciter lorganisme tendu vers lveil. Un creux de rocher

fissur est agenc pour ses besoins. Il est vraiment seul au monde.

Pourtant la vision dun tre juvnile, habill avec une belle robe couleur

safran, simpose. Est-ce lui-mme, quand il tait plus jeune ? Une image

flotte dans lair. Est-ce une pense, un rve, une nostalgie, ou son

avenir ? Est-ce un guide ? Cest tout cela la fois: limage de lveill

quil chrit.

Il est plutt heureux. Il ne ressent gure de dsirs. Pourtant il attend

lveil avec la culpabilit dtre toujours l, incarn. Ce sentiment est

partag, en Terra Incognita, par dautres tres sur le chemin. Son

problme consiste en cette culpabilit diffuse. Elle rsulte de la tendance

croire quon est quelquun, quelque chose, quon existe par soi-mme

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alors quon est tissage de causes et de consquences. Cette motion

bloque lveil, lempche de brler ce qui devra, un jour, se consumer

dans ses enveloppes lgres, et dans sa matire dense.

Nanmoins il peut sentir sa forme se dissoudre. De bas en haut, celle-ci

se fait plus tnue, presque translucide. Il peroit lnergie qui monte en

spirales. droite, elle est lumire; gauche, elle se fait douceur. Devant

sa colonne vertbrale ces deux canaux invisibles se croisent une fois,

deux fois... Il fait lexprience de seffacer, au fur et mesure que la

chaleur monte. Il se sent nue qui rayonne. La caverne nest plus quune

amicale cavit, matrice de cette goutte de sensibilit qui frissonne. Cela

se prolonge, et sexpanse. Il offre cette paix aux tres emprisonns,

comme lui, dans ces grottes, et qui cherchent lveil. Son dos a mal. Il

souffre. Il a des rhumatismes, car il est assis prs du sol depuis tant

dannes. Il est seul avec ses douleurs qui le rappellent la vie. Mais il

est dans la paix.

Un visiteur est entr. Il est plus jeune. Cest son matre de mditation.

Dans ce contact, passe quelque chose dintense. Dans cette prsence, il

ralise que le temps a fil. Un sourire illumine le visage la peau claire

du bienvenu, ses grands yeux intelligents, son front haut. Il est vtu

dune robe au pli harmonieux. Ce saint homme a brl la grossiret. Il

guide ce disciple qui fait retraite. Il vient senqurir de son avancement

Ils partagent une relation de destins: dans une autre vie, cet instructeur a

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t, pour un temps, un jeune disciple. Maintenant les rles se sont

inverss. Ce qui se passe entre eux est de lordre de lnergie. Il est donc

difficile de le mettre en mots. Le guide apprcie leffort du mditant. Et

ce dernier souvre linstructeur. Lamiti, dans sa forme pure, circule

entre les deux amis, unis par la passion de lveil. Aussi simplement que

le got de la vie et du bonheur.

Ils se tiennent les mains. Au dbut celles du mditant sont froides. Il est

fatigu, il na pas vcu lveil espr. La chaleur des paumes de lami

spirituel pntre dans tout son tre, et il retrouve la joie. Il lui dit merci.

Et lautre sourit, ils se serrent dune accolade. Un baiser se pose sur la

joue au moment du dpart, la tendresse des veills et des simples se rit

des convenances rigides.

Aprs cette visite, la pratique est plus facile. Mais un sentiment

dinsatisfaction domine : pourquoi tre encore si loin de lveil ? se

demande notre homme. Cest par manque de confiance rpond

maintenant, si longtemps aprs, le scribe de ces mots. Des sicles ont

coul, et cest toujours la mme chose : on nimagine pas que lamiti, le

bonheur soient possibles. On croit toujours quils sont lextrieur,

inaccessibles. Pourtant tout se trouve l, dj. Il suffit de croire. Cet

homme a besoin de foi en lui-mme et en la vie.

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Il part, un jour, en position de mditation, dans des souffrances aigues : il

a mal. Il est amaigri, min par ses peurs. Il le comprend en se dployant.

Il quitte ce personnage vieilli. Il slve. Il contemple la ruche de la Terra

Incognita, avec ses maisons souterraines. Il aperoit les grottes

priphriques. Un instant, il est tent de les rejoindre. Mais retenu par la

discipline, il continue vers le haut. Il traverse les plans des lmentaires,

o les dragons gardent laccs du royaume. Il pntre des couches

volcaniques, des paisseurs de basalte.

Il sort du royaume de la Terra Incognita par la chemine dun volcan, en

Auvergne prs du Puy de Dme. Il monte encore. Contemple le paysage,

les prairies verdoyantes, le ciel, les nuages, le soleil. Il slve, et se

dissout dans lespace. Il nest plus quune goutte de lumire, une perle

deau dans le ciel. Et l, deux tres sapprochent. Lun est sombre, lautre

est clair, ils peuvent lentraner chacun de son ct... Il se tourne vers

lange blanc, et le suit. Ils filent vers le ciel. Ce dernier se fait immacul.

Ils arrivent au royaume de lau-del o ils sont dj attendus...

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CINQUIME VOYAGE

LINITIATION LUNAIRE :

LA CHAMBRE DE BASALTE

Avant dentreprendre ce voyage, la petite voix intrieure ma prvenu lexprience que tu vas vivre est trange. Il te faudra laisser-faire, et

mettre de ct tes doutes. Ne sois pas surpris.

Jai hte de mallonger. En mme temps, une secrte apprhension

tempre lexcitation engendre par la curiosit. Et, au fond, une paixintense et chaleureuse, une sensation nouvelle, nat entre ces deux

impressions contradictoires.

Le corps sest tendu sur le lit, des nergies se manifestent de suite. Elles

semblent tre dans la chambre, et pas seulement dans le secret de la

conscience. Ce ne sont pas des prsences humaines, plutt de petites

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entits dautres plans. Elles circulent, mobiles, et actives. Elles sont

nombreuses et entrent en contact avec mes motions.

La petite voix reprend: Il y a un temps pour chaque chose. Ce soir

temmne dans un espace spcial de la Terra Incognita. Un endroit o tu

nes pas encore all, quil te reste dcouvrir. Cest un lieu sombre. Nul

clairage ny parvient pour en rompre le mystre. Dans cette cavit on

sallonge, on ressent des sensations la fois agrables et tranges. Cest

un lieu dinitiation au mystre du dsir. De telles choses existent, et il est

temps den parler aujourdhui.

En Terra Incognita, sont offerts des enseignements pour le ct clair.

Laspect solaire de lindividu. Ils correspondent la moiti droite du

corps. Il existe galement des instructions pour le ct obscur et profond

de ltre. La facette lunaire de lhomme. Ils sadressent la partie gauche

de la forme physique.

Une initiation lunaire va tre propose ton ct gauche. Lindividu

qui la reoit fait lexprience de la fragmentation de sa personnalit, par

lintermdiaire de perceptions quil reoit en plusieurs points. Ce sont

des perceptions invisibles, qui agissent sur la sphre psychosomatique.

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Je suis allong sur une table de basalte, que lobscurit totale dissimule.

Des sensations vont et viennent. Elles surprennent, effacent la sensation

de matriser le volume et les dimensions du corps. Cest une impression

frache. Les entits invisibles, qui emplissent la caverne de leurs

prsences, ne sont ni bonnes, ni mauvaises, mais neutres. Elles sont

invites ici afin de faciliter un certain travail. En cela leur collaboration

est utile, elle peut tre ressentie comme bnfique.

La voix du silence slve encore: Dans cette ouverture quelque chose

de nouveau, certains peuvent faire lexprience du dgagement hors du

corps physique. Il suffit de laisser faire les nergies qui explorent ton

tre.

Les sagesses du ct droit concernent le macrocosme, le monde

extrieur. Celles du ct gauche, comme celle-ci, touchent luniversintrieur.

Cette caverne existe au prsent, ici et maintenant, ce nest pas une

simple vision. Elle tinvite une exprience nouvelle. En tant stimul

depuis lextrieur, tu ralises que ces vibrations existent aussi en toi. Tules purifies, en en prenant conscience. Tant que ltre est le jouet de ces

motions, il ne peut les nettoyer. Mais sil les peroit telles quelles sont,

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il en neutralise le caractre excessif, et retrouve la modration. Cest ce

qui se passe se soir.

Si tu sens que certains centres de perception sont ferms en toi, cest

que cet apprentissage le rvle, en mme temps quil tend les ouvrir. Et

tu ralises quils ntaient pas parfaitement panouis. Linitiation joue

sur tes nergies, comme les doigts, sur les cordes dune harpe, en

rvlent les qualits sonores. Jai effectivement limpression dtre un

instrument qui joue de la musique silencieuse, de petites mains pincent

des fils invisibles.

La voix prcise: Tu es ici dans une salle obscure, tu ne peux en voir les

parois. La nature de la roche est importante. Sa pierre noire a une

certaine connexion avec la lune. Ses qualits agissent favorablement dans

le cours de lexprience.

Je suis tendu dans cet espace, mais incapable de dire prcisment o. Il

ny a plus de point de repre. La mlodie de mots en explique le sens

dans le monde den haut, vous connaissez les caissons disolation

sensorielle. En Terra Incognita, nous utilisons, de la mme faon, des

salles de basalte. Nous les appelons chambres nuptiales, parce que syralisent les noces mystiques de lhomme avec sa femme intrieure. Avec

sa lune.

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Le corps est comme une grande harpe olienne. Comme si les rayons qui

en manent taient touchs par des souffles qui les font vibrer avec

prcision et dlicatesse. Tous les sens sactivent, en particulier celui li au

dsir.

Les mots sinscrivent de nouveau: il est bon que tu remercies. Cest un

privilge de recevoir, ici, lenseignement gard longtemps secret de la

chambre obscure, et de ses noces mystiques.

Entour de cette roche noire, dans lobscurit absolue, Il te fautressentir la matrice minrale. Tu es abandonn en elle, comme dans

lutrus dune mre. Comme le bb, tu ne choisis pas les motions que

tu reois. Comme lembryon, tu tes ouvert ce qui vient, et tu fais

lexprience de lintriorit. Cest l un paradoxe : ltre intrieur se

constitue grce cette ouverture aux stimulations extrieures.

On peut aussi sortir de la forme physique ce point. Cela vient du

dehors. On ne le choisit pas par une impulsion de son petit soi. Une

volont indpendante contrle lexpansion. Fais-le savoir : la tentative

dinterfrer, sur le corps motionnel, pour le dgager, est le plus souventune impasse. Elle peut avoir des rpercussions sur le dveloppement

spirituel. Le voyage consiste tre tir de son enveloppe dense par une

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SIXIME VOYAGE

ON, CITOYEN DE LA TERRA INCOGNITA

on est un citoyen de la Terra Incognita, un habitant parmi tant

dautres , prcise-t-il. Cest un garon aux cheveux et aux yeux noirs. Il

porte la robe couleur safran. Son regard est tendre et profond. Il mavait

guid lors du tout premier voyage. Grce lui, les portes du royaume

souvrirent Il me semble le connatre dautre vies et le rencontrer, parfois

au quotidien, lorsque nos consciences laissent se fusionner leur arcs en

ciel. Compagnon de ce chemin sans doute, en dautres temps, une

tendresse inexplicable nous relie. Nous sommes sur deux plans voisins

de lhumanit. Les retrouvailles, lorsque les barrires de largile sont

franchies par lesprit, savrent la fois joyeuses et mouvantes. Il me

semble connatre son me, et la mienne ne rserve pas de grand secret

pour lui. Qui est-il vraiment, cet tre lge dhomme et au regard de

sage ? Celui que la sparation rendit plus prcieux.

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Ds la fin de cet aprs-midi ses yeux viennent du fond de la mmoire,

comme le reflet de leau au fond dun puits, affleurer au niveau de la

conscience. on vient ma rencontre. Il guidera le voyage en Terra

Incognita de ce soir.

Le crpuscule arrive. Le corps sallonge. on vient, sur lcran de la

conscience, et nous entrane en Terra Incognita. Nous voil ct dun

petit groupe qui mdite dans une caverne blanche, illumine en son

centre. Ils sont absorbs dans leur concentration, et ne semblent pas nous

voir. Mais leur travail spirituel est focalis sur nous. Ils stabilisent et

apaisent distance ma conscience, afin de faciliter cette exploration.

Nous sortons de cette caverne par un couloir sombre. Javance la suite

d on qui marche, silencieusement, pieds nus. Sa silhouette se dcoupe,

tche claire, dans lombre. Nous cheminons. La conscience se familiarise

avec les vibrations de ce lieu. La marche spirituelle permet aux

enveloppes qui ont pu sexpanser, de sharmoniser avec lami de temps

antiques, qui a la bont de me recevoir. Il se retourne, peut-tre a-t-il

capt cette pense. Son visage dhomme, mri par la volont de servir,

esquisse peine un sourire sur son visage plein, au teint de miel.

Comment ai-je pu oublier ces longs sourcils en arc, ces cils fins ? Nous

nous prenons dans les bras lun de lautre. Je lui laisse linitiative, car je

crains de ne pas avoir le geste juste, ntant pas familier avec lesdimensions o il ma attir. Il souvre dans une tendre accolade. Il est de

petite taille. Sa silhouette est fine. Cest un homme frle qui maccueille

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bras ouverts. Sil tait en haut, il aurait une stature plus forte, plus

volumineuse pour son ge, mais ici, en Terra Incognita, cette densit

physique nest pas ncessaire. Il ma pris par la main et nous continuons,

cte cte, dans ce couloir au plafond haut, o apparaissent dsormais

quelques lampes. Par terre, un trait clair est trac. on explique quil sert

la transmission dinformations entre les diverses salles du domaine.

Le groupe dhommes et de femmes qui mditent l-bas se focalise

toujours sur nous, afin de garder la conscience sa stabilit. Et ce soir,

grce leur travail, elle se centre avec prcision. Nous arrivons dans une

large salle, claire par le sol. Au milieu sinscrit un bassin de roche

circulaire. Il est poli dans le mme bloc de pierre que nous foulons aux

pieds. Une vasque translucide, en forme de lotus, murmure en son

centre. Un clairage situ lintrieur fait resplendir leau qui jaillit en

corolle. Les parois de la caverne refltent les irisations de leau que

polarise la lumire. Ce dcor fascinant chamarre les parois claires. La

grotte reoit lclairage de la fontaine et de quelques hublots. Ils

affleurent du sol autour du bassin. Ce dernier comporte un rebord lisse,

comme un banc circulaire poli dans sa margelle. Nous nous y asseyons.

on a pris mes mains dans les siennes. Ses paumes sont fines et rondes.

Ce sont des mains dlicates. Bien quelles soient fraches, de la chaleur et

de la lumire en manent, jusque dans le corps qui repose quelque part,l-haut, dans une chambre. Ici nous sommes tous thrapeutes , dit

lhomme dune voix pose. Nous sommes des mdecins de lme, et ne

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crois pas rencontrer une exception. Les habitants de la Terra Incognita

apprennent soigner. Tout comme vous, l-haut, apprenez les sciences

naturelles ou le calcul mental lcole. Il trempe ses doigts dans la

fontaine, et caresse ma joue avec cette eau frache. Je ressens une

impression ineffable de douceur. Ces quelques gouttes communiquent

tout ltre une sentiment de chaleur et de tendresse. Cest une des

sources les plus sacres de la Terra Incognita , ajoute le garon.

Chacune des eaux diffuse des proprits spcifiques, et celle-ci connat

la vertu dapaiser les mes. Je pose sur ta joue ces quelques gouttes,

parce que cela fait longtemps que nous nous sommes vus, peut-tre as-tu

souffert de cette sparation, peut-tre as-tu besoin de cette douceur.

Sache que les flots que la Terra Incognita recueille, arrivent dans des

sources la surface de la Terre. Des eaux du monde den haut sont

bnies par les tres qui vivent dans ce royaume souterrain. Lorsque vous

les buvez, vous partagez quelques-unes de nos penses de tendresse. Il

reprend quelques gouttes dans ses doigts et les dpose sur lautre joue.

Cette sensation suave envahit de nouveau jusqu la pointe des pieds. Il

reprend mes mains dans les siennes et nous nous absorbons nouveau

dans notre mutuelle contemplation. Les parois de la grotte

svanouissent. Il ne reste que la profondeur des iris don. Il ne

demeure que leur source qui nous entrane en un autre temps, proche decelui-ci. on fait revivre une scne appartenant un pass rcent.

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Il est dabord difficile didentifier limage qui tend se cristalliser. Une

forme de couleur claire surgit du sol, comme la corolle dune fleur. Cest

une coupe blanche tourne vers nous. Prs de son centre est dispose

une tige. De petits hmisphres de couleur jaune la constituent. Cest

un dispositif permettant denseigner , chuchote on. Devant, un

groupe dindividus se tient assis. Je les vois de dos. Ils portent des tenues

gris anthracite. Quelques visages aux hautes pommettes se dcoupent.

Ils sont de type asiatique. on sest effac derrire les images. Il

murmure : Chaque petite sphre sur la tige, au centre de la coupe,

communique avec un lve. Ainsi chacun deux reoit la transmission

directe dun enseignement. Celui- ci vient de lantiquit. On la enregistr

sur un support durable. Cette instruction de grande valeur peut treainsi prserve et transmise aux gnrations suivantes. Les gens qui

assistent ne sont pas des citoyens de la Terra Incognita. Ce sont des

humains den haut. Ils viennent recevoir une connaissance. Ces Choisis

descendent, par des itinraires gards secrets, et bnficient de cette

initiation.

Le groupe semble provenir de Mongolie et de Chine. La plupart portent

les vtements col Mao, dans le style du rgime de Pkin dil y a

quelques annes. Un des hommes parat trs g, il arbore de longues

moustaches. on continue: ces tres remonteront tout lheure auxterres den haut. Ils seront guids. Ils garderont en eux les secrets quils

ont reus et les feront rayonner. Ainsi la Terra Incognita garde le contact

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avec lhumanit plus que tu ne crois. Cest un change permanent qui se

produit entre nos deux cits. Et celui-ci est appel se dvelopper. Que

ce soit dans la forme physique, ou dans celle de lumire, de plus en plus

dhumains viendront nous voir en Terra Incognita. Ils extrairont, telles

des ppites dor, un peu de sagesse que la roche garde enferme depuis

douze mille ans. Les images que nous voyons se dissipent, telles des

brumes.

Nous voil nouveau dans cette salle au plafond en coupole, sur lequel

sirisent les reflets de la fontaine aux chatoiements dargent. Le

jaillissement dessine une fleur de lotus ondoyant sur la vasque

translucide, pose au cur de la gnreuse coupe de pierre. on a pos

ma main sur son genou. Le contact de sa jambe au travers de son

vtement me surprend, et je ne puis retenir une vague sensation de gne.

II garde sa paume pose ainsi sur la mienne et me regarde gravement:

dans cette vie, jai puis le dynamisme du dsir sensuel. Il ne sera plus

un obstacle, et il en sera de mme pour toi bientt. Ne sois pas gn de ce

contact. Navons-nous pas tous notre dignit? Ici, en Terra Incognita,

nous avons dpass les prjugs dans lesquels, en haut, vous tes encore

emptrs. La confusion que tu ressens na pas sa place. Ne sommes-nous

pas des amis? Navons nous pas t des mres et des fils lun pour

lautre, depuis dinnombrables cycles dunivers ? Ne sommes-nous pasassez intimes, pour viter linconfort ? Il reprend doucement mes

paumes dans ses mains...

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II mentrane de nouveau. Je quitte regret cette salle o bruit leau, o

tinte son cristal dans la vasque en fleur. Nous passons dans un couloir

surlev et de forme ovode. Il est noir, lisse comme un laque. on

prcise :

Il est vitrifi. Par cette technique il a pu tre perc. Ce nest pas une

cavit naturelle. Nous le suivons, et une lueur lointaine se reflte sur

les parois dobsidienne. Il mane de la roche une tideur agrable. Elle

semble rayonner une qualit presque amicale... Nous arrivons dans une

salle claire et vaste, au plafond bas, o saffairent des gens. Des tables

sont alignes, des fleurs roses disposes dans des petits vases sur

chacune. Ils prparent le repas. Nous sommes ici dans une des salles

manger du royaume, me dit le jeune guide. Nous nous installons une

table, elle est paisse. Devant nous a t dispos un bol dune laque

minrale et pourtant lgre. on explique :

Cette matire est expanse de la roche. Elle garde les proprits de

celle-ci, et devient plus lgre. Elle peut tre mise en forme selon les

usages. Cette technique a t mise au point dans les laboratoires des

alchimistes. Lagencement des molcules peut tre modifi avec une

faible adjonction de chaleur. En Terra Incognita on touche aux

molcules, mais pas latome. Latome est sacr, cest la peau de Dieu.

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Avec ces derniers mots, il me regarde intensment. Lclat plein de

dtermination de ses prunelles pntre avec une infinie tendresse. ct

du bol sont poses des baguettes de la mme matire. Certaines

personnes mangent avec leurs doigts, dautres avec des baguettes,

dautres avec une cuillre dente dit on qui prfre la premire

solution.

Un personnage la silhouette imposante sest approch. Cest un tre

difforme quil est difficile de dcrire, il a peine se dplacer. distance

le groupe de mditants se rvle mon attention. Ils ont dtect que je

viens de capter une interfrence du monde astral. Cette forme

nappartient pas leur royaume. Je ne le comprends pas de suite. De

conscience conscience, on le confirme. Il faut remonter. Notre

rencontre ne peut plus se prolonger, la fatigue ne permet plus de

stabiliser convenablement la mditation sur les frquences de la Terra

Incognita. Il fait signe que je dois partir. Je me dissous progressivement

dans cette salle manger o a surgi linterfrence. Il joint les mains, en

signe dau revoir et de bndiction, et me regarde mlever. Je traverse le

plafond de la salle, dautres pices au-dessus. Ce sont des salles

mdicales. Des tres allongs reoivent un soin vibratoire des mains

dtres draps de blanc. Je suis pntr par dautres couches de roches,

dautres salles. Une vritable fourmilire. Je mlve et sois par une fortverdoyante, une jungle aux arbres immenses, entrelacs de lianes. Jai

lintuition que cest en Amazonie, quelques centaines de kilomtres de

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Cusco. Je respire lair libre. La chaleur et lhumidit de lair me

submergent de leur touffeur moite. Il faut retrouver le lieu de ma maison

physique, quelque part sur la plante, men approcher et lhabiter

comme une main entre dans un gant. Je my faufile par la couronne. Je

reviendrai voir mon ami ds je me serai rgnr.

Merci on, demain. Quarante-cinq minutes viennent de scouler

aux horloges den haut.

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SEPTIME VOYAGE

LA PSYCHOLOGIE DES PROFONDEURS

Le soir nest pas encore arriv, le besoin dallonger ce corps se fait

perceptible. Les enseignements transmis par lhomme ont t

interrompus lors du prcdent voyage. on vient me chercher derrire

mes yeux clos. Il vient offrir de poursuivre. Tu vois, dit-il, les amis ne

sont jamais spars, lorsque les battements de leur cur sharmonisent.

Il est l, dans une des galeries de la Terra Incognita. Une fois de plus,

jaccompagne sa silhouette dlicate et souple, qui avance avec la grce

dun jeune chat. Nous arrivons dans une salle circulaire, aux parois

ingales, probablement une cavit naturelle creuse par danciennes

eaux. Le sol incurv remonte en pente douce vers les bords. Parfaitement

lisse et noir, ce sol porte la marque du travail des hommes de la Terra

Incognita. En son centre se tient, imperturbable, un tre plus g, assis en

lotus. Nous nous asseyons face cet tre immobile. Il porte son front

un disque clair, peine luminescent. Cette personne est un despsychologues de notre royaume, me dit on. Nous lui confions nos

difficults, et il nous aide mieux nous connatre. Comme vous, en haut,

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nous avons des praticiens, dont le travail thrapeutique est bas sur le

bon fonctionnement de lme, de la pense et des mmoires. Il peut te

permettre de faire le point, de retrouver les images, aujourdhui

enfouies, qui expliquent tes comportements, bien que tu nen aies pas

conscience. Aller la recherche de ces souvenirs permet de les dpasser,

deffacer les traces quils ont inscrites dans tes voiles subtils, et parfois

aussi jusque dans ton corps physique.

La personne na toujours pas boug, impassible, comme absorbe en une

contemplation tourne vers ses visiteurs. Le disque blanc sur son front

est retenu par une lanire noire qui enserre la tte.

Limportance de ce dispositif, continue on, ne doit pas tre exagre.

Il donne simplement la possibilit damplifier, de prciser davantage, les

images qui viennent, afin que le thrapeute puisse les suivre et te guider

dans leur jungle. Mais le travail, sache-le bien, cest toi qui le feras. Il ne

pourra que taccompagner sur ce chemin, qui est avant tout celui de ton

cur, un retour vers ton centre. on sest tu, il entre son tour en

mditation et, de conscience conscience, fait part dune proposition. Il

suggre que nous allions la recherche des mmoires qui nous

permettront de comprendre pourquoi nous sommes, lui et moi,

inexplicablement attirs lun vers lautre. Assis tous les trois en lotus,

nous formons un triangle. Le thrapeute va nous aider, nous servir de

guide vers des souvenirs que nous partageons depuis longtemps.

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Jai ferm les yeux. La salle a disparu. la place, il ny plus quune lueur

vive. La prsence dore du jeune ami rayonne ct. Le disque, plus

ple, du regard du thrapeute sest tourn vers nous. L, il ny plus

dchappatoire, il va falloir plonger, plonger avec ce compagnon, dans le

ventre des temps.

Une ralit se cristallise petit petit. Nous rsidons dans une des

cavernes de la Terra Incognita, mais cest il y a bien longtemps. on et

moi avons dautres corps. Cest au temps de lantiquit oublie, peu

aprs la fuite de la caste sacerdotale dans les couloirs souterrains. on

est enseignant. Il est lan de nous deux. Lpaisseur de ses sourcils, la

gomtrie de son visage expriment la fermet, la dtermination. Il porte

une tenue gris fonce, je suis vtu dune tenue plus claire. Je suis ici un

jeune homme dune vingtaine dannes. on est lami spirituel, celui qui

guide sur le chemin. Je respecte en lui le matre, tout autant que le

compagnon de route. Et nous nous faisons face, dans une caverne qui

nest pas encore amnage. Bien plus tard, seulement, la caste des Dignes

sinstallera plus confortablement dans ce qui ntait, au dbut, que

cavernes austres. Cette grande salle nous accueille. Assis en diamant,

nous mditons lamour universel. Cest une prire. Nous nous sommes

enfoncs en nous-mme, pour mieux expanser une goutte de paix que

nous voyons slargir, bien au-del de la grotte. Grce la visualisation,

nous la voyons se dposer, rose pure, sur toute la plante, puis sur

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celles qui lentourent dans lespace, jusquaux confins de la galaxie. Telle

est la contemplation qui nous habite, celui qui fut on, et cet autre moi-

mme. Et cette goutte de batitude, nous la situons entre nous deux, la

hauteur des sourcils. Nous sommes harmoniss. Cette perle de rose est

ne sur le rayon invisible qui unit nos fronts.

La scne se dissipe, nous voici revenus dans la grotte, o le thrapeute,

assis avec nous mme le sol, nous fait sentir que la visualisation tait

correcte. Il a suivi pas pas, et nest pas intervenu, car il nen tait pas

besoin. Il nous encourage reprendre le vol, poursuivre lexpansion de

nos deux consciences unies. Il propose daller puiser une fois de plus aux

mmoires du temps, celles que lespace comporte, incrustes, dans les

replis de sa trame. la recherche dune autre vie, o nous nous

connmes.

La salle sefface de nouveau, et nous voil plongs dans cette clart. on

est une femme. Je suis son fils. Cest en dautres temps, aux terres den

bas. Elle prpare un repas dans un petit bol de granit, avec un pilon de

pierre polie. Elle mlange des crales et des fruits, en les broyant

ensemble avec soin. Elle me prend sur ses genoux. Je suis l, avec elle,

dans les plis de sa robe la couleur sacerdotale du jaune solaire. Elle

donne manger de ses doigts. Elle a enlac mes petites paules de son

bras droit et, de sa main, elle tient le bol. De la gauche, elle porte les

bouches de nourriture mes lvres. Je suis un tre qui a sa premire

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dentition, heureux en cet instant. Jmets quelques gazouillements. Elle

rpond par un sourire.

Le thrapeute nous propose, dune suggestion silencieuse, daller la fin

de cette vie-l. Nous sentons limpulsion davancer de quelques dizaines

annes. Celle qui fut on est devenue une vieille femme qui va partir

vers lau-del. Son fils a dsormais atteint lge dun homme mr. Il va

laccompagner, avec dautres, runis son chevet dans un petit groupe

de prire. Lamour et la gratitude qui nous habitent poussent les penses

vers cet tre qui dj senvole, afin de revenir un jour. Et les mots

quon pronona tout lheure reviennent : lorsque les amis

harmonisent les battements de leur cur, ils ne sont jamais spars.

nouveau la salle apparat, nous partageons la compagnie du

thrapeute. Il sort enfin de sa mditation, te la lanire lastique tenant le

disque clair. Il tourne vers nous son long visage rid, ses sourcils en

bataille et ses cheveux grisonnants. Il esquisse un bon sourire. on et

moi lui offrons des salutations et, les mains jointes, prenons cong de

celui qui nous a entrans vers les eaux profondes qui coulent la racine

dune amiti que le temps na su effacer. Nos sources de vie.

on mentrane par lissue de cette salle, dans un couloir au sol

fluorescent, la vote en ogive. Au fond, il ny a que lobscurit. Nous

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ne sommes guids que par le sol luminescent. Nous avanons lun

derrire lautre. Une fois de plus, il me guide. un certain point, il

semble que nous ne marchons plus. Ou plutt cest comme si le corps

avance, mais que lesprit se stabilise et commence se dissoudre.

Effectivement nous vivons la sensation de ne plus exister, de nous effacer

dans lespace. De deux, ils ne sont plus quun... glisse, dans quelque

oreille invisible, celui qui sest fondu avec moi. De deux, ils ne font

quun. De mille, ils ne font quun. Lhumanit est une. Il ny a pas de

sparation... Telle est la comprhension qui est donne en cet instant.

Nous sommes dissous dans lespace, unis avec cette Terre, qui est aussi

pure radiance, unis avec ces tres qui sont manations illumines de

lEsprit trs saint. Nous ne formons quun, une seule goutte qui sestirise. Nous sommes une vanescence sans contour, la vacuit qui sans

cesse rejoue son mystre, qui sans cesse recre ses formes. Cette Terra

Incognita est l, vibrante, bruissante, avec toutes ses silhouettes qui

saffairent. Au centre de la vie palpitent dautres mondes. Des couches

de lave en fusion bouillonnent au-dessus. Et sur la couche terrestre,

maille de vgtation verdoyante, les autres humains ne sont pas

diffrents. Et mme les oiseaux dans lair, les insectes qui vibrent,

appartiennent au mme monde, perle de lumire cristallise dans la

forme.

on et moi continuons nous expanser, nous rsoudre en lumire,

visiter les plans physiques qui environnent la Terre. Les particules de

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vitalit vibrent, l, partout, billes de conscience comme nous, elles

tourbillonnent et dansent. Nous sommes devenus une de ces petites

billes lumineuses et, comme elles, nous faisons des zigzags dans lair.

Nous manons dune douce radiance. Comme elle, nous sommes de

passage ici.

Nous nous sommes vraiment effacs. II reste la chaleur de lamiti, il ne

demeure que cela en filigrane. Nous lavons donne au monde.

Laffection qui se tisse est ce que nous offrons lunivers, notre

contribution. Le cadeau fait en rglement de dettes de gratitude. Ce

sentiment panoui constitue le bnfice qui sert impulser les nuances

vibratoires compatibles avec lvolution. Ainsi lamiti est-elle dimension

fondamentale de lexistence.

Aujourdhui on me raccompagne jusqu mon corps de chair. Il fait le

chemin, sur la terre. Sa conscience fusionne nous pousse sur les alizs,

jusqu cette chambre. Il a pntr dans cette pice, sous sa forme sans

pesanteur. Nous sommes ct de ce corps tendu. Nous nous dlaons

lun de lautre. Je me glisse dans ce corps allong, ce lourd vase dargile

qui attend. Il se tient ses cts, lattention tourne vers lui.

Oui, lamiti est chose prcieuse, et, mme si elle parat vagabonde, elle

na pas de frontires, pas de limite. Elle triomphe de toute pesanteur. Elle

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contribue au projet humain. Ce sont ses mots que je garde, prcieux

gemmes, au chaud du cur. on est toujours l, au chevet. Notre

affection est une douce vague qui apaise chacun des atomes du corps

physique et rgularise ses fonctions.

Lhomme de la Terra Incognita va sloigner, revenir au monde qui

laccueille, car il ne peut supporter beaucoup plus longtemps les

vibrations dun autre plan que le sien. Avec son corps de lumire, il

touche ma joue de ses doigts. De ce contact invisible, le visage ressent

une impulsion dlicate et tendre. Quoffrir, que partager, qui ne soit dj

inscrit dans ces vibrations qui nous baignent? Rvle ce secret...

enjoint-il en disparaissant, goutte de soleil absorbe vers dautres plans.

...Rvle ce secret damiti, offre-le au monde. Je le ferai tout

lheure, en retranscrivant ces pages, avec limpression dun abandon

douloureux. Au del de lattachement, sveille la ncessit de

tmoigner. on est parti. Il reste la trace de beaut sur la joue qui va

garder ce sceau, des heures durant.

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HUITIME VOYAGE

LINITIATION SOLAIRE :

LES JUMEAUX DHLIOS

La petite voix sest leve. Ce que tu recevras, une fois allong, sera lafois trange et familier. Et il sera bon de le recevoir avec simplicit. Ne

pas douter de ltrange, parce quil chappe lexprience. Et ne pas

remettre en cause la valeur de lenseignement qui parat familier, car il

contient, lui aussi, sa part de sagesse voile par lhabitude.

Une fois tendu, les oreilles captent la rumeur des churs qui baignent

la Terra Incognita, lunivers du dedans. Chaque espace clos ouvre sur

lexprience de la profondeur. Vu de dehors cest ferm, vu de dedans

cest ouvert.

Une mthode simple permet de pntrer par la conscience au royaume

du soleil intrieur. Il suffit de visualiser une fleur de tournesol. On

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lappelle parfois aussi soleil. Elle aime tant la lumire, quelle tourne sa

corolle vers lastre du jour, et a fini par lui ressembler.

Si tu regardes cette grande corolle, tu vois les flammes solaires qui

schappent en ptales jaunes. Son large cur est rempli de graines. Par

la pense, tu pntres en lui, perois la chaleur des semences qui

attendent lclosion venir, puis tu passes derrire, dans la coupe que

constitue la tige verte. Tu te fonds en elle et commence descendre le

long de sa cavit rugueuse, que baigne la lymphe vgtale. Tu passes

proximit des feuilles dont la grce paisible tadresse un salut amical. Et

tu descends encore au niveau de la terre, dans sa plnitude dense et

heureuse. Tu tunis aux racines et plonges en elles. Tu pntres enfin

dans lune des radicelles qui prolonge la racine enfouie. Cette radicelle

stire en un filament blanc, un fil qui senfonce jusqu une grotte. Nous

sommes sous Terre, et nous sommes bien.

Aux parois de cette salle de roche calcaire, se distinguent des formations

de stalactites. Le sol est fait aussi de cette calcite. La surface nest pas

loin. Ce lieu connecte avec certaines grottes que lhomme peut atteindre.

Non loin dici se trouve une caverne que les touristes de France visitent

chaque jour. Mme ici, nous ne sommes pas seuls. Des prsences

bruissent. Des tres lmentaires vivent dans cette caverne. Ils

permettent de mesurer le degr de calme du visiteur. Vont-ils lagiter

inutilement, le faire souffrir?

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Les prsences sagitent autour. Bien sr, elles sont un peu inquitantes.

Les froissements des corps subtils, que leur contact provoque, pourraient

faire peur. Un puits qui be dans le sol propose une issue possible. Je

choisis, instinctivement, de ne pas y pntrer. La motivation qui me

pousse ce soir est offerte ces petits tres. Tmoigner de lappel qui

monte du sein mme de la Terre. Cette motivation est offerte aux entits

qui mentourent, comme une bndiction adresse ce quil y a de

meilleur en elles. Il se produit un dclic. Une porte sest ouverte.

Quelque chose luit l, dans le fond. Un corridor se prolonge. Me voici

attir dans un couloir brillamment clair. Aux parois naturelles de cette

cavit saccrochent les stalactites. Ce lieu pourrait tre situ en

Dordogne. Devant, quelquun porte une torche. Ce flambeau nest pas

ordinaire, ce nest pas non plus une lampe lectrique. Sa flamme

ressemble nos halognes. Elle est trs vive. Un tre la tient de la main

gauche, et jaccompagne cette silhouette drape. Nous avanons. Nous,

car il y a dautres tres, dans leur corps de lumire, quil nest paspossible devoir. Ce nest pas utile. Le travail daujourdhui est

individuel, et il nest pas ncessaire que soient connus les compagnons

de ce soir. Mais ils marchent aussi, invits pntrer dans les espaces

sous la surface du globe. Ce soir nous suivons une artre sculpte par

danciennes voies deau souterraines, au cur mme dune roche

calcaire.

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Nous sommes arrivs dans une salle claire. On nous a fait allonger sur

des tables de marbre. Des thrapeutes saffairent autour, et harmonisent

nos robes de vie, ils vacuent certaines pollutions, quil serait inutile

dintroduire plus avant, au cur de la citadelle de lamour. Ils extraient

des corps subtils les entits qui ont pu sy loger. Ou simplement

brossent, de leurs paumes, lnergie parasite qui ne trouve pas sa place

ici. Nous sommes dans une salon de toilettage me dit-on, avec ce

zeste dhumour qui nappartient qu ceux qui nont plus peur. On

extrait de mes voiles une nergie parasite qui stait prise dans mes

voiles subtils. On me fait part de la ncessit dviter les locaux

enfums... Louverture des centres dnergie mineurs est encore trop

sensible certaines frquences. Lorsque le corps subtils les capte, lamaladie sinvite.

Un tre au beau visage, dont le crne ras luit sous lclairage de la salle,

applique un baume de couleur orange, au niveau de larticulation de la

jambe. Avec cette mme substance il masse le creux du genou, le mollet,

la cheville, et jusque sous le pied. Un autre soignant, qui lui ressemble,

fait le mme travail du ct droit. Il ptrit les membres avec cet onguent

la teinte vermillon.

Cest une glaise damiti plaisante celui qui saffaire gauche.

Soudainement vient une interrogation. Comment se fait-il que nous

puissions tre soigns sous notre forme subtile ce niveau matriel ? Les

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thrapeutes lont perue et lexpliquent: la ralit comporte un double

vibratoire. Tu tes fondu dans celui-ci ce soir, et tu lexplores. Elle existe

sous la forme de voiles.

Ces tres en blanc sont comme deux jumeaux, grands et minces. La petite

voix du dedans explique quils appartiennent aux royaumes solaires.

Leur patrie nest pas la Terre. Ce sont des Galactiques qui viennent

visiter et aider ici-bas. Ce soir constitue une initiation solaire pour toi ,

dit celui qui saffaire droite, ptrissant toujours cette substance rouge

clair sur la jambe. Un autre tre se tient debout derrire. Il a pos ses

paumes contre mes tempes et mes oreilles. Il accorde tes centres

acoustiques. Comme tu le sais, loreille est le sige de lquilibre. Il y a l

un mystre. On harmonise la sant dun tre en quilibrant les messages

que capte son oue. Une autre sensation de contact se fait sentir sur le

haut du front. Une main est place l, et je ne sais qui elle appartient.

Elle communique une impulsion positive tous les corps. Elle leur rend

la mmoire de leur axe central, qui est aussi son dynamisme vertical.

Cette paume place sur le haut du front vient inscrire un fil dor qui part

du bas de la robe de lumire jusqu sa tte. Il informe tous les organes,

et tous les tres lmentaires qui vivent dans cet organisme, de

lexistence dun centre, dun noyau, dun axe autour duquel tout

sorganise et trouve sa place.

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Les jumeaux prennent mes poignets, et me font asseoir. Je repose sur

cette table de roche claire, qui vibre doucement. Cest un marbre, me

dit- on, mais dune espce spciale. Dans le domaine minral aussi, il y a

des tres qui ont progress plus ou moins vite. Et la pierre sur laquelle tu

es assis, est une gemme initie. Les entits qui la constituent sont plus

avances sur le chemin de lvolution que la plupart des tres minraux

que tu peux rencontrer dans les cailloux de ton chemin. Oui, la pierre

aussi sveille. Il existe entre les roches autant de diffrences quentre les

tres humains. Dans les mondes minral, vgtal, dans lanimal et dans

lhomme, rside la possibilit de linitiation. La pierre, sur laquelle tu tes

allong, soffre pour communiquer ces pulsations illumines. Ne crois

pas que sa nature soit moins affine que la tienne.

Les deux tres, au beau visage oblong, mont accompagn et nous nous

tenons dans un espace blouissant. Ses parois disparaissent derrire

laverse de lumire. Cest comme si nous tions douchs de soleil. Cest

effectivement cela Tu es en train de recevoir des rayonnements solaires.

Ils tonifient tes vtements de vie, essentiellement ton corps motionnel.

Ainsi de lombre te quitte par tes racines. Je perois mieux le volume de

la salle. En haut se dverse cette radiance. Sous les pieds stend un sol

noir. Sa surface semble poreuse, un peu spongieuse. Elle a la proprit

dabsorber les nergies les plus denses. Ainsi, de haut en bas, tu esnettoy. La lumire descend, te purifie et les vibrations lourdes

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schappent par tes pieds. La douche fait effet, les nergies parasites

senfuient dans le sol.

Il faut maintenant retrouver une certaine paix. La conscience qui sest

tendue doit se relaxer. Avec ces rayonnements qui prparent

lenseignement, lesprit a gagn en nergie, mais a perdu en stabilit.

Dans un angle de la salle, qui rvle des parois carres, un coin de roche

polie, peine inclin, tend son coussin naturel. Je massieds en

mditation afin de retrouver le calme et de le diffuser. Lther de vie

ptille autour comme des bulles de champagne. Les changes sont

constants entre ta forme et lair ambiant, il n y a pas de coupure. Tu es

une flamme , dit la petite voix, dont il est difficile de savoir do elle

provient. Qui murmure ainsi?

Nous navons pu nettoyer tes corps denses. Ce qui sinscrivit en eux, tu

devras lliminer par toi-mme. Par contre, nous avons purifi tes robes,

afin quelles communiquent dans les jours prochains des vibrations

heureuses ton corps de chair. Ltre en blanc se tient en face. Cest

lun des deux thrapeutes solaires. Longiligne, il ne porte pas de

chevelure, car il la coupe. Il fait voir quau naturel, il arbore une longue

toison dore. Il la sacrifie pour venir travailler aux cits sous la terre.

Cest une manire doffrir quelque chose de prcieux, confie-t-il. Et,

rassure-toi, cela pousse. Cela repousse toujours, comme la vie , ajoute-t-

il dun air malicieux.

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Il prend mes paumes dans les siennes. Leur forme savre spciale. Une

impression de malaise se marie lamusement. Quel trange contact que

celui dorganes que la nature na pas constitus identiques. Nous rions

tous les deux. Cest une impression tonnante que de saisir ainsi des

extrmits aux formes diffrentes. Elles ont trois doigts mobiles, qui

peuvent bouger dans toutes les directions.

Trois suffisent, mme dans votre plan matriel , dit ltre, qui semble

sourire de ma surprise. De ses pinceaux, souples comme des fibres, il

caresse le creux de mes paumes. Il ajuste avec prcision un rayon,

comme un laser dor, dans chacun des points dacupuncture quil

choisit. Ses mains sont vraiment faites pour soigner et communiquer la

paix. Les organes se spcialisent peu peu, dit-il, selon le travail quon

leur demande. Tu vois, mes mains sont formes, non pour saisir, comme

les tiennes, mais pour soigner. Ces trois doigts, qui tont un peu choqu

au dbut, sont destins donner, plus qu recevoir. Mais peut-on

vraiment parler de pouce, dindex ou de majeur, pour ces filaments

mobiles comme des plantes ? Les membres humains paraissent en

comparaison rudimentaires, si rigides, tellement limits dans leur

capacit donner, tellement larges et offerts dans leur tendance

prendre. Regarde ta main. Son dos appelle la caresse , acquiesce ltre

en face. Il y tale un pinceau dor, du bout de ses doigts. Il na quasiment

pas de paumes. Ses poignets sont prolongs par ces trois fibres mobiles.

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Mes mains sont faites pour donner, dit ltre, car jai moins besoin que

toi de recevoir. Dis-toi bien que cette forme corporelle est relative ton

propre seuil de perception. Dautres tres verraient ces organes

diffremment. Mais dans tes mondes, dans tes dimensions, cest bien

ainsi quelles apparaissent.

Cest donc ton initiation solaire. rpte le deuxime tre qui mavait

soign, sur la table en marbre. Il apparat ct de son compagnon et

saisit mon autre poignet. La qualit dnergie qui se communique mes

deux extrmits nest pas la mme. Tu vois, nous paraissons

identiques, mais nous avons individualis nos vibrations, au-del de ce

que tu peux imaginer. Nous sommes plus diffrents, et moi, que deux

humains de ton espce. Ils regardent en souriant. Ils paraissent

semblables, mais les nergies qui les enveloppent leurs sont propres.

Lvolution va vers lidentique en dveloppant le spcifique. En nous

sest apaise la matire. Le corps sest pacifi, il est dj retourn au

modle humain.

Oui, nous sommes en quelque sorte des humains. Nous nappartenons

pas aux entits les plus avances du systme solaire. Nous poumons tre

qualifis de consciences. En cela nous pouvons tre utiles aux hommes.

Et vous, chers habitants de la plante Terre, vous nous aiderez plus tard

combler nos propres handicaps, car nous en avons aussi : nous sommes

en retard sur notre propre volution, en quelque sorte. Voil le sens du

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don que nous vous avons fait. Ceux dHlios, qui sont alls plus vite sur

le chemin, nous assistent aussi.

Ainsi noire apparence physique se ressemble, parce que nous lavons

tout fait assume. Par contre nous mettons des nergies diffrentes,

parce que nous progressons sur le chemin de la spcialisation vibratoire.

Nous cherchons encore des voies. Un jour nous runirons nos radiances

dans le mme faisceau, et deviendrons pareils, lun et lautre. Cela se

produira lorsque nous raliserons lunit, en allant jusquau bout de la

flamme qui nous caractrise.

Je suis assis en tailleur sur ce banc de roche, parfaitement adapt la

position du lotus. Il forme un cousin naturel, relev sous le bas du dos.

En face, debout, les deux tres solaires tiennent mes paumes dans les

leurs.

Nos vtements constituent notre chair , expliquent-ils, alors que, par

curiosit, je dtaille leurs silhouettes. Ils sont notre forme. Ainsi nous

navons pas besoin de nous habiller, ni de nous dshabiller , ajoutent-ils

avec humour. Ces tres sont vtus de lumire. Elle tisse une robe, mais

on ne peut distinguer de pieds. Nous en disposons, mais tu ne pourraisles voir. Tu ne peux contempler que nos enveloppes extrieures. Pour toi

nos vtements et notre chair font un. Pour des tres plus affins, nous

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pourrions aussi dnuder ce corps et rvler ses formes. Le costume sert

voiler ce qui doit ltre, aux yeux qui ne sont pas prpars le voir. Tel

est le sens des coutumes de la Terre. Sur le soleil, et dautres plantes

volues, il en va de mme. Le vtement protge les yeux trop candides

de leur propre lumire. Ils ne sauraient encore reconnatre quelle est

leur. Ils croiraient quelle provient de lextrieur. Plus tard nous

pourrons te rvler la nature de ce corps, et la fusionner avec la tienne,

lorsquil sera temps dveiller ta dimension solaire. Mais pour linstant, il

est temps dveiller ta nature humaine. Voil la tche qui test confie, ta

dignit.

Sache cet gard que, dans les espaces autour de la Terre, lhomme est

apprci. Son libre-arbitre est magnifique. Dans un sens, nous, qui avons

suivi un autre chemin, savons le reconnatre: la libert de choix humaine

porte une promesse. Lorsque la civilisation de ta plante se sera

panouie, elle transmettra quelque chose de nouveau, dautant plus pur

et divin que lerrance aura t profonde et difficile. Ainsi sache que nous

vous chrissons. Vous, les hommes, arrivez ladolescence. Comment

pourrions- nous vous en vouloir? Vous tes aimables nos yeux. Et vos

errements, vos maux, correspondent une pubert difficile. Allez-vous

bientt accder lamour?

Les tres soignent les organes qui en ont besoin, de leurs tranges

paumes trois doigts. Ils insufflent des courants solaires qui circulent,

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comme des fils, dans les voiles du vivant. Ils viennent nourrir les

circulations, rparer les connections, rajuster les assemblages invisibles,

que la matrialit mal assume avait endommags.

Ils me font savoir quil faut utiliser meilleur escient le corps. Si on sen

sert maladroitement, cest parce quon rserve diffrents organes une

fraction de jour. Il faudra reconnatre que, dans le quotidien, chaque

instant rsulte de la contribution de toutes les cellules. Ainsi sollicites

de manire plus harmonieuse dans la journe, on naura pas besoin

dexcs d'une sorte ou d'une autre. Cest la condition pour panouir la

sant et la communiquer galement aux tres.

vos yeux nous paraissons immortels, me disent-ils. Nous ne

vieillissons pas. Nous avons dpass ce que votre monde nomme la

mort. Nous suivons nos propres vies, mais elles procdent diffremment

des vtres. La mort nest pas inluctable, elle nexiste que dans certains

plans. Au-del, son rgne na plus demprise. Elle nest plus quune

simple reprsentation.

Ils font signe quil est temps de partir. La caverne se dissout dans

lobscurit Les deux tres en face tiennent encore mes paumes. Ils sedissolvent galement dans leur forme, et apparaissent comme deux

halos. Voici comment tu peux nous rencontrer, au quotidien, dans ton

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tat habituel , font-ils encore savoir. Lorsque tu sens cette lumire en

toi, sache que nous sommes l. Nous sommes venus te voir.

Nous sommes des anges. Il ta t donn, ce soir, de nous rencontrer

face face. Nous sommes et . Voici nos noms, tu peux les offrir

aussi dautres. Ne les garde pas gostement. Je me tiens dans

lobscurit, ces deux halos, relis mes mains. Nous refaisons le trajet

parcouru laller dans les cavernes de calcaire. Dans un des derniers

couloirs, un train, construit par les hommes den haut, attend les

touristes du lendemain. Combien dentre eux pourront imaginer que ce

site nest pas seulement destin aux petits tours en train lectrique ?

Nous parvenons lextrieur dune large grolle qui souvre en entonnoir

au flanc dune colline. Le guichet est ferm. Une route vicinale sarrte l.

Les deux amis rayonnent comme une brume de soleil fugace. Cest le

soir, il a plu, tout est humide dans les prs. Cela sent lautomne. Un

manage de fracheur et de douceur. Les deux compagnons fondent leur

brume en moi. Simultanment le corps allong dans sa chambre peroit

leur prsence. Non, tu nes pas spar , disent- ils, comme pour un

dernier tmoignage.

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NEUVIME VOYAGE

AU CUR DU JOYAU

Cest laprs-midi. Il est bon de se dtendre. Je visualise une sphre bleue

qui rayonne. Une vitalit chaleureuse se fait jour. Est-ce la sensation de

vivre, ou lnergie qui emplit tout lespace?

on maccueille, bonne surprise. Son visage est l, derrire mes yeux

clos. Grave et serein, austre et tendre. Il tend la main droite, et mattire

de lautre ct du miroir, sur lautre face de la trame. Je pntre dans ladoublure de ce monde. Nous nous faufilons, main dans la main, dans ce

plan o il se dplace avec aisance, comme chez lui. Nous traversons un

corridor dont les parois sont des segments de lumire. Nous descendons

un escalier. Il est tiss par nos deux mes. En marchant ensemble nous

nous harmonisons. Lescalier ouvre sur le royaume de la Terra Incognita,

ou plutt son double lumineux, quon connat bien. Nous allons vite.

Un souffle caresse ses cheveux. Nous glissons de degr en degr. Le

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monde a disparu, il ne reste plus que le mouvement qui nous propulse

dans le couloir. Au fond, des cavernes attendent, anciennes voies deaux

souterraines, avec leurs concrtions aux parois. Mes vibrations doivent

slever. Le tunnel stire en longueur, le taux vibratoire augmente. Je

garde la main dans celle d'on. Au fur et mesure que les rythmes

sactivent, le corps de glaise, allong dans une chambre, semplit dune

radiance dor. Puis tout devient luminosit. Il ny a plus, ni sujet, ni

monde. Tout sest estomp. Un autre rel sassemble....

Nous sommes dans une grotte, face au dragon. on est ct. Il lche

ma paume. Lanimal mythique garde un seuil de pierre. Cest un

portique fait de deux lourdes meulires, avec une solive de roc pose au-

dessus. Pour accder ce porche dimensionnel nous devons dabord

passer devant lanimal. on me glisse ce simple mot: paix . Le dragon

fait face, les yeux exorbits, il sort une langue de serpent, des dents

acres, il crache le feu par sa bouche rouge. Son corps est couvert

dcailles luisantes. Le dragon nous observe avec intelligence. Je ressens

une affinit avec lui, de lamour. Il exprime la mme force qui nous

donne aussi la vitalit. Il en est simplement plus pourvu quun autre, il

en est un rsum. Comment pourrais-je le craindre, ou le har, puis-ce

que je vibre aussi de sa vie? Le dragon nest pas un ennemi ,

murmure-t-on, au fond de moi. II ne faut pas le tuer, maislapprivoiser. Je mapproche du dragon, et caresse ses cailles aux

reflets mtalliques, laques de vert et de jaune. Une poudre dor lisse les

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maille. La chaleur de la vie rayonne, avec une tonnante douceur,

jusqu leur surface vernisse. Une crte se hrisse sur son dos, comme

celle dun coq, do manent des reflets rougeoyants. Sa large queue

ondoie. Il sest soulev sur ses pattes de derrire. Il oscille comme un

antique dinosaure, en remuant ses frles membres de devant aux griffes

recourbes. Les animaux prhistoriques possdaient cette nature de

dragon. Ceux qui leur ont succd jusqu nos jours nen ont gard que

la colonne vertbrale. Les serpents ont conserv aussi ce lointain

souvenir, mais ils ont perdu son feu.

Une vive intelligence rayonne dans les deux yeux ronds, boules de cristal

au cur de lune. On dirait un vieux moine habit dune immense

passion de vivre. Comme ai-je pu oublier le sympathique dragon? II

garde les veines de la terre. II est aussi le veilleur dun seuil intrieur.

Cest un ami des hommes den bas. Grce lui, ils peuvent se chauffer.

Tous les tres portent sa flamme, qui les fait se tendre vers le ciel et

senraciner la terre. Il est aussi la force qui fait jaillir les laves des

volcans. Je suis attir, nose plus avancer, fascin par son nergie qui

tourbillonne et me capte. Se dfaire de cette attraction. lever lesprit. Je

lui offre ma forme, ce vhicule qui sest expans. Aprs tout, cest lui qui

lui insuffle la vie. Je loffre au dragon, mavance, place ce corps de

lumire entre ses pattes. Dun souffle, il dissout ce corps, en fait unebrume. Elle sinsre au tourbillon, virevolte et se mle ses nergies.

on a fait de mme, il a offert son habit subtil, et nexiste plus qu ltat

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dune bille de conscience. Nous voil maintenant comme deux graines

dme, dpouilles des enveloppes que nous avons confies au bon soin

du dragon, en une charpe de paix. Il nous a fait lhonneur de les

recevoir.

Nous nous glissons, semences de soleils, par le porche de pierre devenu

luminescent avec lautorisation dy pntrer. Tout sest clair. Les

cavits de la Terra Incognita dans lesquelles nous filons se rvlent

sculptes dans la pierre prcieuse. Nous traversons des parois

translucides, dbouchons dans des couloirs iriss, des salles claires par

leur propre rayonnement. Elles nous paraissent formes dans la lumire.

La Terre est un joyau illumin, la plante est en veil. dit cette bille de

conscience, qui sappelle on. Nous sommes deux souffles, deux

photons. Nous glissons vers le centre de la Terre. Nous traversons des

chemines blanches, dboulons travers des rivires de cristal fluide,

sans doute de leau, tout simplement.

Dans ce priple, nous passons proximit dentits tranges, que nous

qualifierions en haut dinfernales. Elles gardent un repli de ce monde.

Des brasiers flamboient et des tres sy consument. L des vivants

veillent sur des mes qui brlent pour resplendir. Leur gangue revient

ltat de scorie pour que luise le diamant quelle cache. on murmure :

ce nest quun passage . Dj nous dpassons le plan de ces geles.

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Nous allons plus vite. Nous fonons, bien au-del du royaume humain

de la Terra Incognita, vers le noyau de la plante.

La course sarrte. Cest un palais merveilleux. Une fontaine coule parmi

des jardins dont la matire est translucide. Une femme, vtue de blanc,

sest approche. Nous sommes dans un monde du rve, et pourtant je

sais quil existe. Tu es dans le palais des fes me dit on Dehors il y a

un coucher de soleil. Cest tonnant. Nous sommes alls vers le centre de

la Terre, et il nous semble tre lextrieur. Ce noyau plantaire ouvre

sur la Cration. Dans ce palais, lespace est circulaire, chaque fentre

ouvre sur un univers diffrent, sur des ciels clairs, des nuits toiles, des

oiseaux, des mers, des paysages...

Quel est donc ce plan ? on rpond dune corbeille de penses cette

question silencieuse: Tu es dans un monde o la matire sest efface.

Au centre de la Terre, il ny a plus de pesanteur. Ainsi les images que tu

portes au fond de toi peuvent-elles sexprimer. Ntant pas soumis la

gravit, le rve de ta prdilection peut sexpanser. Ainsi le palais o tu te

trouves maintenant, tapparat-il, car il correspond ton univers

intrieur. Ne vois pas en lui une rplique ou un niveau particulier de la

Terra Incognita. Considre quil est toi-mme. Mais la Terra Incognita

nest-elle pas aussi un visage de ton cur ? Ici il nest plus de poids, ni

de densit. Il ny demeure que la libert de gnrer lhologramme de ton

intime aspiration. Regarde donc.

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Documents

Terra Incognita - Nouveaux Voyages Aux Centre de La Terre