Textes spirituels d’Ibn Taymiyya. Nouvelle série: X. La nécessité du Message

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  • 8/4/2019 Textes spirituels dIbn Taymiyya. Nouvelle srie: X. La ncessit du Message

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    Textes spirituels dIbn Taymiyya. Nouvelle srie

    X. La ncessit du MessageUne fois nest pas coutume, la langue anglaise permet une meilleure

    traduction dun terme arabe que le franais ; en loccurrence, pourrisla, Messengership aussi bien que Message . Car cest bienla qualit de Messager, rasl, le fait dtre un Messager, oulinstitution faisant de certains des Messagers de Dieu, que le termearabe vise autant que le Message mme. Pour les Prophtes (nab) on

    peut parler de Prophtat (nubuwwa), comme onparle de pontificat pour un pontife ou de gouvernorat pour un gouverneur. Maisquid des Messagers ? Messagerie existe certes, comme boucherie pour boucher , mais na assurment pasla connotation approprie. Conve-nait-il de forger un nologisme dugenre messageriat ? Je ne laipas os et, dans les pages quisuivent, risla a machinalementt rendu par Message .Quand ce terme apparat, on vou-dra donc bien se souvenir quil nesagit peut-tre pas simplement

    de ce qui est transmis par le Mes-sager mais aussi de son office, desa fonction, et de lorganisation decette dernire par la Providence.

    Pour les philosophes musulmansclassiques, la religion est une ncessitde nature politique. Sans lenvoi de Pro-phtes et de Messagers, sans la Loi quilsinstaurent, il ny aurait pas de justice et leshommes resteraient ce quils sont fondamenta-lement, cest--dire pires que les btes, lesquelles sontsoumises la loi naturelle. La Providence stant aussi soucie dedtails lors de la cration de lhomme, elle se devait a fortioridorganiser le Prophtat, institution indispensable son existence et sa survie. Raison de la stabilit de lespce humaine, crit Avi-

    cenne, le Prophtat existe donc. Sinon, lhomme ne serait pas

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    . Ibn Taymiyya accorderait volontiers Avicenne que, ntaient lesProphtes, les hommes seraient dans une situation pire mme quecelle des troupeaux et des btes. Pour lui aussi, le Message est unencessit (arriyya) pour les serviteurs et lhomme a ncessai-rement besoin de la Loi (shar) . Il sagit cependant moins dunencessit et dun besoin dordre politique que mtaphysique ou,plutt, thologique, cest--dire ne sexpliquant que relativement lastructure la plus profonde du rel. Pour le Shaykh de lIslam, cebesoin est plus grand que le besoin que lhomme a du soleil et de lalune, daliments, de boissons ou de sa propre vie, et plus intense quetout ce quon pourrait imaginer comme besoin. Il en est ainsi parceque le Message est lesprit du monde, sa lumire et sa vie . Endautres termes, sans Messagers, ce monde na rien de bon et nest quetnbres, ignorance et garement ; il est vain, sans vie et maudit.

    Le tableau quIbn Taymiyya peint du monde est tellement ngatifquon en arriverait croire que, pour lui, le monde na pas t cr parle Dieu dont il est dit dans le Coran Notre Seigneur, Tu nas pas crcela en vain2. Mais justement, pour le thologien damascain, lacration nest en quelque sorte que loccasion dautre chose, savoirla rvlation, le Prophtat, le Message. Loin dtre autosuffisant,lontologique ne fait sens que parachev par la religion, cest--direaussi lthique. Sans quil en parle explicitement, cest une fois deplus la distinction quIbn Taymiyya opre gnralement entre la

    Illustration : Muammad et la mosque de Mdine. Dtail dunchromo populaire, gypte, vers 1970.

    1. Voir Y. MICHOT,Destine, p. 36-37.2. Coran, l Imrn - III, 191.

    seigneurialit et la divinit de Dieu, Son vouloir instaurateur dtre etSa guidance canonique3, qui inspire les rflexions du prsent texte. Sesuffire dun monothisme sans prophtisme ne serait pas comprendrelIslam en sa spcificit. Laction divine est une question de jugement(ukm), dimpratif (amr), cest--dire aussi de Prophtat (nubuwwa)et de Message (risla), autant que ou sinon mme plus que de

    cration (khalq). la diffrence de maints autres ulmas,Ibn Taymiyya labore ainsi une thologie rendantpleinement justice lune et lautre des deux

    parties du credo musulman si souventrptes conjointement, que ce soit dans

    lappel la prire, la fin de celle-ci ouau cours de sermons : Il nest pas dedieu sinon Dieu, et Muammad est leMessager de Dieu. Entre les deuxextrmes dun tawd trop absolupour saccommoder du Prophtat et,par ailleurs, dune exaltation sansretenue du Messager conduisant lassocier de facto la divinit, lemonothisme prophtiste du Shaykh

    de lIslam se dveloppe selon unevia media4.En ce monde maudit, il ne suffit

    donc pas d tre l pour avoir de lavaleur aux yeux de Dieu mais il con-

    vient dtre clair par le soleil duMessage et de se fonder sur lui. Ibn Tay-

    miyya douvrir alors une perspective escha-tologique en notant que, lorsquil ne restera plus

    de traces des Messagers sur la terre, Dieu dtruirale monde et fera surgir la rsurrection . Nous nen

    sommes cependant pas encore l. Dune certaine manire, considrerlconomie du Prophtat sur le long terme, on pourrait mme parler depriode de grce, ou tout le moins de dernire chance offerte parDieu chacun dentre nous. Au cours de lhistoire, Dieu punit maints

    peuples qui, en sopposant Ses Messagers, sactivaient replonger lemonde dans lobscurit, lignorance et la mort. De nombreuses ruinesantiques tmoignent encore de leur chtiment. Selon le Prophte, il y aune quinzaine de sicles, Dieu eut mme lhumanit en aversion lexception de ce qui restait des gens du Livre. Ctait en effet unepoque de tideur religieuse, daltration des critures, de rempla-cement des Lois divines par des inventions humaines, de multi-plication des vues corrompues. Le Trs-Haut fit cependant prvaloirSa misricorde sur Son courroux : il envoya Muammad avec laguidance et la religion du Rel , comme une lampe qui illumine ,pour nous enseigner ce qui nous est vraiment utile ou nuisible.

    Et Ibn Taymiyya, en un merveilleux pangyrique du Sceau desProphtes, dexpliquer alors comment, par Muammad, Dieu nous tirades tnbres, de laveuglement, de lignorance, de lerrance, nouspurifia, nous enseigna le Livre, la Sagesse, et, fermant en sa faveurlensemble des autres voies, rendit claires notre route et notredestination. Cest donc relativement Muammad que les pieux sedistinguent des dpravs, le Jardin du Feu, et cest son sujet que lesmorts sont interrogs dans la tombe. Le suivre, cest tre bien guid etaller vers le bonheur et le succs, non pas seulement en ce monde, ousocio-politiquement parlant, mais de tout point de vue, y compris pourlau-del ; sopposer lui ou ignorer son Message, cest par contresgarer, se nuire soi-mme et causer son propre malheur, ici-bas etaprs la mort. Comment donc appellerait-on jamais assez sur lui lapaix et la bndiction divines ?

    3. Voir les textes traduits in Y. M ICHOT, Textes spirituels II-IV.4. Sur la prophtologie taymiyyenne, voir aussi les textes traduits in

    Y. MICHOT, Pages spirituelles II, IV-VII, XI;Intermdiaires.

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    TRADUCTION1Lesprit, la lumire et la vie du monde

    Le Shaykh de lIslam Taq al-Dn Ab l-Abbs Amad b.Abd al-alm b. Abd al-Salm b. Ab l-Qsim b. MuammadIbn Taymiyya de arrn Dieu soit satisfait de lui et illumineson tombeau ! a dit [ce qui suit].

    Dieu la louange, le Seigneur des mondes ! [Le prsent textepropose] une rgle utile concernant lobligation de sattacher

    (itim) au Message (risla) [prophtique] et un expos que lebonheur et la guidance consistent suivre le Messager Dieuprie sur lui et lui donne la paix ! tandis que lgarement et lemalheur consistent sopposer lui, que tout bien enlexistence, gnral ou particulier, a son origine du ct duMessager tandis que tout mal dans le monde est propre auserviteur et a pour cause lopposition au Messager oulignorance de ce avec quoi il est venu ; enfin, que le bonheurdes serviteurs, durant leur vie [ici-bas] et dans leur au-del(mad), [sobtient] en suivant le Message.

    Le Message est une ncessit (arriyya) pour les serviteurs.Ils en ont immanquablement besoin et le besoin quils en ontest suprieur au besoin quils ont de toute [autre] chose. Le

    Message est lesprit du monde, sa lumire et sa vie. Quest ceque le monde aurait de bon (al) si lesprit, la vie et lalumire y taient inexistants ? Ce bas monde est entnbr,maudit, sauf ce sur quoi le soleil du Message se lve.Semblablement pour le serviteur : tant que le soleil du Messagene brille pas en son cur et quil ne lui confre2 pas de sa vie etde son esprit, il est dans les tnbres et il est dentre les morts.Le Dieu [94] Trs-Haut a dit : Quelquun qui tait mort, queNous avons ramen la vie et pour qui Nous avons fait unelumire grce laquelle il marche parmi les gens est-il commequelquun de pareil lui, dans les tnbres, et qui nen sortpas3 ? Telle est la description du croyant : il tait mort, dansles tnbres de lignorance, Dieu la ramen la vie par lespritdu Message et la lumire de la foi, et Il a fait pour lui unelumire grce laquelle il marche parmi les gens. Quant aumcrant, il a le cur mort, dans les tnbres.

    Le Dieu Trs-Haut a nomm Son Message esprit (r), etquand lesprit est inexistant, la vie se perd. Le Dieu Trs-Haut adit : Et ainsi tavons-Nous rvl un esprit procdant de Notrecommandement, alors que tu ne savais pas ce que le Livre est,non plus que la foi. Mais Nous en avons fait une lumire parlaquelle Nous guidons qui Nous voulons de Nos serviteurs4. [Dieu] a ici mentionn les deux principes, savoir lesprit et lalumire. Lesprit est la vie et la lumire la lumire. En guisedimage de la rvlation quIl a fait descendre comme une vie

    pour les curs et comme une lumire pour eux, Dieu proposepar ailleurs leau quIl fait descendre du ciel comme une viepour la terre et le feu grce auquel advient la lumire. Ainsi enva-t-il dans ces paroles du Trs-Haut : Il a fait descendre uneeau du ciel et des oueds se sont mis couler, leur mesure, leflux emportant une cume qui saccrot. Une cume semblableprovient de ce que vous portez fusion dans le feu, pour pro-

    1. IBN TAYMIYYA,MF, d. IBN QSIM, t. XIX, p. 93-105.2. tanlu-hu : yanlu-hu F3. Coran, al-Anm - VI, 122.4. Coran, al-Shr - XLII, 52.

    duire un objet de parure ou un ustensile. Ainsi Dieu propose-t-Il des images de ce qui est vrai et de ce qui est vain. Lcumesen va, rejete, tandis que ce qui est utile aux hommesdemeure sur la terre Ainsi Dieu propose-t-Il des images5.

    Il a assimil le savoir leau quIl fait descendre du ciel parceque cest de lui que dpend la vie des curs, tout comme cest[95] de leau que dpend la vie des corps. Il a assimil les cursaux oueds parce quils sont le lieu dinhrence (maall) dusavoir tout comme les oueds sont le lieu dinhrence de leau.[Tel] cur peut contenir beaucoup de savoir, [tel] oued peutcontenir beaucoup deau, et [tel] cur [ne] peut contenir [que]peu de savoir, tel oued [ne] peut contenir [que] peu deau. LeTrs-Haut [nous] a informs que de lcume se forme au-dessusdu flux en raison du caractre mlang de leau et quelle senva, rejete cest--dire quon la jette et quelle disparat tandis que ce qui est utile aux hommes demeure sur la terre etsy fixe. Ainsi les passions et les suspicions se mlangent-ellesaux curs et, quand le vrai saccrot en eux, ces passions et cessuspicions viennent leur surface puis sen vont, rejetes,tandis quen eux se fixent la foi et le Coran, utiles qui lapossde et aux gens.

    Il a aussi dit : Une cume semblable provient de ce quevous portez fusion dans le feu, pour produire un objet deparure ou un ustensile. Ainsi Dieu propose-t-Il des images dece qui est vrai et de ce qui est vain. Ceci est la deuximeimage, relative au feu. La premire vise la vie, la deuxime lalumire.

    Pareilles ces deux images il y a les deux imagesmentionnes dans la sourate La Vache, l o le Trs-Haut dit : Leur image, cest comme limage de quelquun qui faitflamber un feu puis, quand celui-ci claire ce qui lentoure,Dieu fait sen aller leur lumire et les abandonne dans destnbres, non-voyants. Sourds, muets, aveugles, ils n[en]reviendront pas. Ou cest comme un nuage de pluie [sabattant]

    du ciel et en lequel il y a tnbres, tonnerre et clairs : ils semettent les doigts dans les oreilles, contre les coups de foudre,pour se garder de la mort. Et Dieu encercle les mcrants6.

    Le mcrant est dans les tnbres de la mcrance et delassociationnisme, non vivant. Alors mme que sa vie est unevie bestiale, il est priv de la vie spirituelle suprieure dont lacause est la cause de la foi et grce laquelle le bonheur et lesuccs arrivent au serviteur ici-bas et dans la vie dernire. Dieu Lou est-Il ! a fait des Messagers des intermdiaires entreLui et Ses serviteurs pour leur faire connatre ce qui leur estutile et ce qui leur est nuisible, ainsi que pour rendre parfait cequi est bon pour eux durant leur vie [ici-bas] et dans leur au-del (mad). Ils ont tous t suscits pour [1] inviter [ aller]vers Dieu, [2] faire connatre la voie qui fait arriver vers Lui, et[3] exposer leur tat aprs quils arrivent vers Lui. [96]

    Le premier fondement implique dtablir (ithbt) les attributs[divins], le monothisme (tawd) et le dcret (qadar) [divins],ainsi que dvoquer les [grands] jours de Dieu sagissant de SesAmis et de Ses ennemis, savoir les histoires (qia) quIl a

    5. Coran, al-Rad- XIII, 17.6. Coran, al-Baqara - II, 17-19. Ibn Taymiyya ne cite pas intgra-

    lement ces versets mais indique jusqu puis, jusqu la fin duverset .

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    racontes Ses serviteurs et les images quIl leur a proposes.Le deuxime fondement implique de dtailler les prescrip-

    tions Lgales, les commandements, les prohibitions, les autori-sations, et dexposer ce que Dieu aime et ce quIl hait.

    Le troisime fondement implique de croire au Jour dernier, auJardin et au Feu, la rcompense et au tourment.

    Malade entour de mdecins1Lacte crateur et le commandement [divins] ont ces trois

    fondements pour axe. Le bonheur et le succs dpendent deuxet il nest de voie pour les connatre que provenant desMessagers. Lintellect ne guide en effet ni vers leurs dtails nivers la connaissance de leurs vrits, quand bien mme il peuten quelque sorte saisir, dune manire globale, la ncessit deles [connatre], linstar du malade qui saisit en quelque sortele besoin quil a de la mdecine et de quelquun qui le soignemais nest pas guid vers [la connaissance] des dtails de sa

    maladie et de ladministration du mdicament [approprie] son [cas]. Le besoin que le serviteur a du Message est beaucoupplus grand que le besoin que le malade a de la mdecine. Eneffet, la pire chose laquelle on sattende en labsence dunmdecin est la mort des corps. Par contre, quand la lumire duMessage et sa vie narrivent pas au serviteur, son cur meurt,dune mort avec laquelle il ny aura plus jamais despoir de vie,ou bien il est malheureux, [97] dun malheur avec lequel il nyaura plus jamais de bonheur. Il ny a de succs quen suivant leMessager. Dieu a en effet caractris par le succs les croyantsqui le suivent et laident vaincre. Ainsi le Trs-Haut a-t-Il dit : Ceux qui croient en lui, le soutiennent, laident vaincre etsuivent la lumire descendue avec lui, ceux-l seront ceux qui

    auront le succs2. Cest--dire : personne naura le succssinon eux. Ainsi aussi le Trs-Haut a-t-Il dit : Quissue devous il y ait une communaut [de gens] qui appellent au bien,commandent le convenable et prohibent le rprhensible, car ceseront ceux-l qui auront le succs3. Il a donc caractrisceux-l par le succs comme Il a caractris4 par la guidance et

    1. Miniature dAL-ARR, Maqmt, gypte, 735/1334 (Vienne,Bibliothque Nationale Autrichienne,MS. Cod. A. F. 9).

    2. Coran, al-Arf- VII, 157.3. Coran, l Imrn - III, 104.4. : wa F

    le succs les craignants-Dieu qui croient en linconnu, clbrentla prire, dpensent de ce dont Il les a pourvus, croient en cequIl a fait descendre vers Son Messager et ce quIl a faitdescendre avant lui [comme rvlation], et ont une certitudeconcernant lau-del. On sait par l que la guidance et le succssont fonction de la distorsion5 du Message, selon quelle existeou nexiste pas.

    Ceci est dentre les choses sur lesquelles il y a accord desLivres descendus du ciel et avec lesquelles lensemble desMessagers ont t suscits. Cest pour cela que Dieu nous aracont les histoires des communauts qui avaient trait lesMessagers de menteurs, ce que leur sort final en vint tre, etquIl a fait subsister leurs traces et leurs demeures, commeleon et admonition pour ceux qui [vivraient] aprs eux. Ainsiaussi mtamorphosa-t-Il ceux quIl mtamorphosa, en singes eten cochons, du fait de leur opposition Ses Prophtes. Ainsiencore [en alla-t-il] de ceux quIl ensevelit, contre qui Il envoyades pierres du [haut du] ciel, quIl engloutit dans la mer, contrequi Il envoya la clameur, et quIl attrapa par [diverses] espcesde chtiments; et cela, pour la seule raison quils staientopposs aux Messagers, staient dtourns de ce avec quoi

    ceux-ci taient venus et avaient adopt des Amis en de deLui.Telle est Sa manire dagir (sunna) Lou est-Il ! envers

    qui soppose Ses Messagers, se dtourne de ce avec quoi ilssont venus [98] et suit autre chose que leur chemin. Voilpourquoi Dieu Lou est-Il ! a fait subsister les traces deceux qui traitaient [les Prophtes] de menteurs : afin que nousen tirions une leon et y trouvions une admonition, pour quenous nagissions pas comme ils ont agi, avec la consquenceque nous frapperait ce qui les frappa ! Ainsi le Trs-Haut a-t-Ildit : Assurment, Nous allons faire descendre sur les gens decette cit une fureur du ciel, du fait que ce sont des pervers. Decette [cit], Nous avons laiss un signe vident pour des gens

    qui intelligent6. Le Trs-Haut a aussi dit : Ensuite, Nousavons dtruit les autres. Vous passez assurment au-dessusdeux, le matin et la nuit. Nintelligerez-vous pas7 ? Cest--dire : vous passez sur eux quotidiennement, le matin et lanuit. Puis Il dit : Nintelligerez-vous pas ? Des villes dupeuple de Loth, le Trs-Haut a dit : Et sur eux Nous avons faitpleuvoir des pierres dargile dure. Il y a assurment, en cela,des signes pour ceux qui savent observer. Elles se trouventassurment sur un chemin qui a subsist8. Cest--dire : leursvilles se trouvent sur une voie qui a subsist et sont vues deceux qui passent par elle. Et le Trs-Haut de dire encore : Nont-ils pas parcouru la terre et examin comment a t lesort final de ceux qui [vcurent] avant eux9 ?

    5. zaygh : rabi (?) F. La distorsion du Message , cest--dire lamanire dont les curs le malmnent et sen loignent.

    6. Coran, al-Ankabt- XXIX, 34-35.7. Coran, al-fft- XXXVII, 136-138.8. Coran, al-ijr - XV, 74-76.9. Coran, al-Rm - XXX, 9. Sagissant des vestiges laisss par les

    socits pr-islamiques de la pninsule arabique, on consultera avecgrand intrt le catalogue superbement illustr de lexposition RoutesdArabie. Archologie et histoire du royaume dArabie saoudite , sousla direction de A. I. AL-GHABBAN, B. ANDR-SALVINI, F. DEMANGE,C. JUVIN & M. COTRY, Paris, Somogy - Muse du Louvre, 2010.

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    Loth chappant la destruction de Sodome1Ceci est frquent dans le noble Livre : Dieu Lou est-Il !

    informe de la perdition (ihlk) de ceux qui sopposent auxMessagers et du salut de ceux qui suivent les Envoys. Voilpourquoi, dans la sourateLes Potes, Il voque Lou est-Il ! lhistoire de Mose, Abraham, No, d, Thamd, Loth,Shuayb et, pour chaque Prophte, voque [comment] Il fitprir (ahlaka) ceux qui les traitaient de menteurs et [donna] lesalut ces [Prophtes] et leurs suivants. Ensuite, Il scelle[chaque] histoire en disant : En cela, il y a assurment unsigne. La plupart dentre eux ne furent pourtant pas croyants.Ton Seigneur est assurment, Lui, le Puissant, le Misricor-dieux2. Il scelle donc [chaque] histoire par deux de Ses nomsque ces histoires exigent, savoir le Puissant, le Misri-cordieux . Il Se venge de Ses ennemis par Sa puissance etsauve Ses Messagers et leurs suivants par Sa misricorde. [99]

    Sans les Messagers, ce monde est maudit

    Le Message est une ncessit (arriyya), pour le mieux-tre(il) du serviteur durant sa vie [ici-bas] et dans son au-del.Tout comme il ny a rien de bon (al) pour lui, en sa viedernire, sinon en suivant le Message, ainsi ny a-t-il rien debon pour lui, durant sa vie ici-bas, sinon en suivant le Message.Lhomme a ncessairement besoin de la Loi (inna l-insn

    muarr il l-shar). Il est en effet [pris] entre deux mouve-

    1. Miniature dISQ B.IBRHM AL-NSBR (m. 427/1036), Qiaal-Anbiy (Istanbul, Bibliothque Sleymaniye,MS. Hamidiye 980) ;voir M. AND, Mitologyas, p. 202. Sur le genre des histoires desProphtes , voir aussi B. M. WHEELER, Prophets in the Quran: anIntroduction to the Quran and Muslim Exegesis, London & New York,Continuum International Publications, 2002. Sur ce genre dans lart dulivre musulman, voir R. MILSTEIN, K. RHRDANZ & B. SCHMITZ,Stories of the Prophets: Illustrated Manuscripts of Qia al-Anbiy,Costa Mesa, Mazda Publishers, 1999.

    2. Coran, al-Shuar - XXVI, 8-9, 67-68, 103-104, 121-122, 139-140, 158-159, 174-175, 190-191.

    ments : un mouvement par lequel il attire ce qui lui est utile etun mouvement par lequel il repousse ce qui lui est nuisible. LaLoi est la lumire qui rend clair ce qui lui est utile et ce qui luiest nuisible. La Loi est la lumire de Dieu sur Sa terre, Sajustice entre Ses serviteurs et Sa forteresse, telle que celui qui yentre est en scurit.

    Ce quon veut dire par la Loi , ce nest pas distinguer lenuisible et lutile par les sens. Ceci arrive en effet aux petits desanimaux, lne et le chameau distinguant assurment lorge dela poussire ! Ce quon veut dire par l, cest, bien plutt,distinguer les actions qui nuisent leur auteur, durant sa vie[ici-bas] et dans son au-del, de celles qui lui sont utiles dansles deux3. Sont ainsi utiles la foi et le monothisme (tawd), lajustice et la pit, donner laumne (taadduq) et tre bienfai-sant (isn), la probit (amna) et la retenue (iffa), le courage,lindulgence (ilm) et la patience, commander le convenable etprohiber le rprhensible, prserver les liens de sang et rvrerses parents, la bienfaisance envers les esclaves (mamlk) et lesvoisins, honorer les droits [des gens], consacrer son action Dieu et se fier en Lui, Lui demander Son aide et tre satisfaitdes objets de Sa dcision (qadar), se soumettre Son jugement

    et se plier Son commandement, tre lami de Ses Amis etlennemi de Ses ennemis, [100] Le craindre en secret et enpublic, Lui tre dvou (taqw) en accomplissant les devoirsquIl impose et en scartant des choses quIl interdit, sersigner en comptant (itisb)4 tre rcompens auprs de Lui,Le juger vridique et juger Ses Messagers vridiques en tout cedont ils [nous] ont informs, Lui obir en tout ce quilscommandent [toutes] choses qui sont utiles et bonnes pour leserviteur, ici-bas et en sa vie dernire, alors quen leurscontraires se trouvent pour lui le malheur et des chosesnuisibles, ici-bas et en sa vie dernire.

    Ntait le Message, lintellect ne serait pas guid vers lesdtails de ce qui est utile et nuisible en cette vie et dans lau-

    del. Parmi les plus grandes grces de Dieu vis--vis de Sesserviteurs et Ses plus sublimes gards leur endroit, il y a lefait quIl leur a envoy Ses Messagers, a fait descendre sur euxSes Livres et leur a rendu claire la Voie droite. Si cela ntaitpas, ils seraient pareils aux troupeaux et aux btes ou, pluttmme, dans une situation pire queux. Qui accepte le Messagede Dieu et se conduit droitement en le suivant est dentre lesmeilleures cratures. Qui le repousse et sy soustrait est dentreles pires cratures, et dans une situation plus mauvaise que leschiens, les cochons et les animaux, les bestiaux.

    Dans le a, parmi les adths dAb Ms Dieu soitsatisfait de lui ! [il est rapport] propos du Prophte Dieuprie sur lui et lui donne la paix ! quil a dit : Ce avec quoiDieu ma suscit, de la guidance et du savoir, est limagedune pluie qui touche une terre ; une partie en reoit leau etelle fait pousser herbage et pturage en abondance tandisquune autre, nue et strile, retient leau [en sous-sol] et est parl utile aux hommes ils en boivent, en tirent de lutilit et descultures ; enfin, [cette pluie] touche une autre partie encore decette [terre], une plaine o leau stagne, sans tre retenue [par le

    3. wa llat tanfau-hu f-him + : madi-hi F4. Sur litisb, voir IBN TAYMIYYA, MF, trad. MICHOT, Textes

    spirituels, N.S. III, p. 7.

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    sol] ni faire pousser dherbage. Telle est [en premier lieu]limage de celui qui a une comprhension (faquha) de lareligion du Dieu Trs-Haut et qui ce avec quoi Dieu masuscit est utile, si bien quil sait et enseigne. Cest [ensuite]limage de quelquun qui ne montre pas dintrt pour cela etnaccepte pas la guidance de Dieu avec laquelle jai tenvoy. Il y a accord [des deux as] sur lauthenticit dece [adth]1. [101] La louange au Dieu Qui nous a envoy unMessager pris parmi nous, qui nous psalmodie les versets deDieu, nous purifie et nous enseigne le Livre et la Sagesse alorsquauparavant, nous tions assurment dans un garementvident2 ! Et les gens du Jardin de dire : La louange au DieuQui nous a guids vers ceci ! Nous naurions pas t guids siDieu ne nous avait pas guids. Les Messagers de notre Seigneursont assurment venus avec la vrit3.

    Ce bas monde est entirement maudit, et maudit est ce qui sytrouve sauf ce sur quoi le soleil du Message brille et ce dontldifice est fond sur lui. Il nest de permanence (baq) pourles gens de la terre que tant que les traces des Messagerscontinuent exister parmi eux. Quand les traces des Messagersseffacent de la terre et quelles en sont totalement limines,

    Dieu dtruit le monde suprieur et infrieur et Il fait surgir larsurrection.Le besoin que les gens de la terre ont du Messager nest pas

    comme leur besoin du soleil et de la lune, des vents et de lapluie, ni comme le besoin que lhomme a de sa vie, ni commele besoin que lil a de sa lumire (aw), et le corps desaliments et de la boisson, mais est un besoin plus grand mmeque cela, et plus intense que tout ce quon supposerait et quipasserait par lesprit.

    Les Messagers sont des intermdiaires (wsia) entre Dieu etSes cratures, sagissant de Ses commandements et de Sesprohibitions. Ils sont les ambassadeurs (safr) entre Lui et Sesserviteurs. Leur sceau, leur matre et le plus noble dentre eux

    pour son Seigneur fut Muammad, fils de Abd Allh Dieuprie sur lui et lui donne la paix ! Il a dit : les gens, Moi, jesuis seulement une misricorde [qui vous a t] offerte4. LeDieu Trs-Haut a aussi dit : Nous ne tavons envoy quecomme une misricorde pour les mondes5. Il a aussi dit surlui les prires de Dieu et Sa paix ! : Dieu regarda les gens dela terre et les eut en aversion (maqata), les Arabes dentre euxet les non-Arabes, sauf ce qui restait des gens du Livre6. Cetteaversion tait due au fait quils ntaient pas guids par lesMessagers. [102] Dieu carta deux cette aversion de par SonMessager Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! Il le suscitaen effet comme une misricorde pour les mondes, une destina-tion (maajja) pour les itinrants et un argument (ujja) lencontre de lensemble des cratures. Il imposa aux serviteurs

    1. Voir AL-BUKHR, a, Ilm (Boulaq, t. I, p. 27) ; MUSLIM,a, Fail(Constantinople, t. VII, p. 63).

    2. Paraphrase du Coran, l Imrn - III, 164.3. Coran, al-Arf- VII, 43.4. Voir Ab Abd Allh Muammad, AL-KIM AL-NSBR

    (m. 405/1014), al-Mustadrak al l-aayn, dition dA. A. al-R.Muqbil b. H. AL-WADI, 5 vols., Le Caire, Dr al-aramayn li-l-iba wa l-Nashr wa l-Tawz, 1417/1997,mn, t. I, p. 83, n 100.

    5. Coran, al-Anbiy - XXI, 107.6. Voir MUSLIM, a,Janna (Constantinople, t. VIII, p. 159).

    de lui obir et de laimer, de lassister (tazr), de le vnrer(tawqr) et de faire en sorte dhonorer ses droits. Il ferma en safaveur lensemble des voies et, de la sorte, nouvrit plus[dissue] personne sinon partir de sa voie. De lensembledes Prophtes et des Messagers Il obtint lengagement et leserment de croire en lui et de le suivre, et Il leur commandad[aussi] les obtenir des croyants qui les suivaient [eux].

    Dieu envoya [Muammad] avec la guidance et la religion duRel, par devant lHeure, en annonciateur et en avertisseur,conviant vers Dieu avec Son autorisation et comme une lampequi illumine7. Par lui Il scella le Message. Par lui Il guida horsde lerrance. Par lui Il enseigna [et tira] de lignorance. Par sonMessage Il ouvrit des yeux aveugles, des oreilles sourdes et descurs incirconcis. Par son Message Il illumina la terre aprsquelle avait t dans les tnbres. Par lui les curs sallirentaprs avoir t disperss. Par lui Il rendit droite la route (milla)tortueuse. Par lui Il rendit claire la destination imprcise8. Il luipanouit la poitrine, ta de lui son fardeau et leva [toute]mention de lui9. Il imposa lhumilit et la petitesse quiconquesopposa son commandement. Il lenvoya en un temps detideur par rapport aux Messagers et doblitration des

    Livres, un temps durant lequel les paroles [divines] avaient taltres et les Lois (shara) remplaces [par dautres choses],chaque groupe de gens (qawm) se fondant sur les plus obscuresde leurs vues et mettant des jugements, lencontre de Dieu etentre Ses serviteurs, sur la base de leurs dires corrompus et deleurs caprices. Par lui Dieu guida donc les cratures. Par lui Ilrendit la route claire. Par lui Il fit sortir les hommes destnbres vers la lumire. Par lui Il [tira] de laveuglement et fitvoir. Par lui Il [tira] de lerrance et conduisit. De lui Il fit ledmarcateur du Jardin et du Feu et le sparateur de ce quidistingue les pieux et les dpravs (fjir). Il plaa la guidance etle succs dans le fait de le suivre et dtre daccord avec lui, [103] lgarement et le malheur dans le fait de lui dsobir et de

    sopposer lui. propos de [Muammad Dieu] soumet les cratures

    examen dans leurs tombes. Dans les tombes, [les gens] sontinterrogs son sujet et soumis examen son propos. Dans satombe on vient en effet dire au serviteur : Que disais-tu de cethomme qui a t suscit parmi vous ?

    Le croyant de dire alors : Je tmoigne quil est le serviteurde Dieu, venu nous avec les preuves claires et la guidance.Nous le crmes donc et le suivmes. Sur quoi il lui est dit : Tu as dit vrai. Tu as vcu dans cette [croyance] ; dans cette[croyance] tu es mort et dans cette [croyance] tu serasressuscit, si Dieu veut. Dors du sommeil du nouveau mari,duquel ne [le] rveille que ltre le plus aim de lui. De laplace lui est alors faite dans sa tombe, de la lumire lui y estdonne et une porte souvre pour lui, vers le Jardin. Sa joie etson allgresse saccroissent donc.

    Quant au mcrant et lhypocrite, ils disent : Je ne saispas. Jai entendu les gens dire quelque chose et je lai dit. Surquoi il leur est dit : Nous savions cela. Tu as vcu dans cet[tat] ; dans cet [tat] tu es mort et dans cet [tat] tu seras

    7. Voir Coran, al-Fat - XLVIII, 28, et al-Azb - XXXIII, 45-46.8. al-bay : al-bay F9. Voir Coran, al-Shar - XCIV, 1-2, 4.

  • 8/4/2019 Textes spirituels dIbn Taymiyya. Nouvelle srie: X. La ncessit du Message

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    ressuscit, si Dieu veut. Il sont alors frapps avec une barrede fer et poussent un hurlement que toute chose entend sauflhomme.

    Le Jardin dEden1Dieu a command dobir Son Messager Dieu prie sur lui

    et lui donne la paix ! en plus de trente endroits du Coran. Il atabli un lien entre Lui obir et lui obir et Il a tabli un lienentre sopposer Lui et sopposer lui, tout comme il a tabli

    un lien entre Son nom et son nom. Mention nest donc pointfaite de Dieu sans quon le mentionne avec Lui. Pour toi,Nous avons lev [chaque] mention [qui est faite] de toi2. Ausujet de ces dires du Trs-Haut, Ibn Abbs Dieu soit satisfaitde lui ! [104] a dit : Je ne suis pas mentionn, a dit [Dieu],sans que [toi, Muammad], tu sois mentionn avec Moi. Ainsi en va-t-il du tmoignage [rendu la fin de la prirecanonique] (tashahhud), des sermons et de lappel la prire.

    Je tmoigne quil nest pas de dieu sinon Dieu et jetmoigne que Muammad est le Messager de Dieu. Il ny adIslam valide quen mentionnant son nom et en tmoignant desa qualit de Messager(risla). Semblablement, il ny a dappel la prire valide quen le mentionnant et en en tmoignant, ilny a de prire valide quen le mentionnant et en en tmoignant,et il ny a de sermon valide quen le mentionnant et en entmoignant.

    Dieu Lou et Exalt est-Il ! a mis en garde contre letourment et la mcrance, pour qui soppose lui. Ne traitez pas , a dit le Trs-Haut, lappel du Messager parmi vouscomme un appel que vous vous lancez lun lautre. Dieu

    1. Illustration de M. YZIJ ZDEH (m.855/1451), Kitb al-Muam-madiyya fl-kamlt al-Amadiyya ([Istanbul]: 1306/ [1889]), p. 357.

    2. Coran, al-Shar - XCIV, 4.

    connat certes ceux de vous qui sesquivent grce des conni-vences. Que ceux donc qui sopposent son commandementprennent garde quune preuve (fitna) ne les atteigne, ou que neles atteigne un tourment douloureux3. Limm Amad [b.anbal] le Dieu Trs-Haut lui fasse misricorde ! a dit : De quelle preuve sagit-il ? Il sagit seulement de lamcrance.

    Dieu Lou est-il ! a semblablement fait revtir lhumilitet la petitesse quiconque soppose son commandement.Ainsi [lit-on] propos du Prophte Dieu prie sur lui et luidonne la paix ! , dans le Musnadde limm Amad, parmi lesadths de Abd Allh b. Umar, quil a dit : Jai t suscit,par devant lHeure, afin que Dieu seul soit ador, sans avoirdassoci. Ma subsistance a t place sous la protection de malance, lhumilit et la petitesse imposes quiconque soppose mon commandement. Quiconque sassimile un groupe degens est lun dentre eux4. [105]

    De mme que celui qui soppose lui, se dresse contre lui etlui est hostile est malheureux et prit, ainsi aussi prit celui quise dtourne de lui et de ce avec quoi il est venu, trouve lasrnit en un autre que lui et se satisfait de cet autre en

    remplacement de lui. Le malheur et lgarement consistent sedtourner de lui et le traiter de menteur. La guidance et lesuccs consistent se tourner vers ce avec quoi il est venu et lui donner la priorit sur tout ce qui est autre que lui. Il y a donctrois types [dhommes] : [1] celui qui croit en lui, cest--direcelui qui le suit, laime, et lui donne la priorit sur les autresque lui ; [2] celui qui lui est hostile et lui rsiste ; [3] celui quise dtourne de ce avec quoi il est venu. Le premier, cest lui lebienheureux ; les deux autres, ce sont eux deux qui prissent.

    Au Dieu sublime nous demandons de nous mettre parmi ceuxqui suivent [Muammad], qui croient en lui, de nous faire vivreselon sa voie (sunna), de nous recouvrer (tawaff)5sur elle et dene pas nous en sparer. Il est Celui Qui entend les invocations

    et en Qui il vaut la peine desprer. Il nous suffit ! Quelle grceque [ce] rpondant6! Dieu la louange, le Seigneur desmondes ! Dieu prie sur notre matre Muammad, sa famille etses Compagnons, les excellents, les purs !

    Yahya M. MICHOT (Hartford,afar 1432 - Janvier 2011)Addenda. Textes spirituels N.S. VI, p. 4, n. 2 : Sur les exgsesmusulmanes classiques de lhistoire de Joseph en gypte, voir aussiB. M. WHEELER, Prophets, 127-145 ; sur une interprtation mystique,voir A. KEELER, Sufi Hermeneutics: The Qurn Commentary ofRashd al-Dn Maybud, Oxford, Oxford University Press - Londres,The Institute of Ismaili Studies, Quranic Studies Series, 3 , 2006,p. 278-309. Textes spirituels N.S. IX, p. 2, n. 2 : Sur lesinterprtations mystiques du Verset de la Lumire, linfluence

    dAvicenne sur al-Ghazl ce sujet et les rflexions critiques dIbnTaymiyya, voir aussi K. Z. SANDS, fCommentaries on the Qurnin Classical Islam, Londres & New York, Routledge, RoutledgeStudies in the Quran , 2006, p. 110-135. Textes spirituels N.S. IX,p. 5, n. 2 : Sur les interprtations mystiques du savoir intrieur dal-Khair et lembarras de Mose, voir aussi K. Z. SANDS, Commentaries,p. 79-96 ; A. KEELER,Hermeneutics, p. 241-277.

    3. Coran, al-Nr - XXIV, 63.4. Voir IBN ANBAL,Musnad(Boulaq, t. II, p. 50, 92).5. Sur ce sens de tawaff, voir Y. MICHOT, Textes spirituels, N.S. I,

    p. 1.6. Voir Coran, l Imrn - III, 173.