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1 La théorie Hégélienne de l’histoire : humanisme ou radicalisme ? Contribution au dénouement du contentieux entre Hegel et les Africanistes. Par le Dr SANGARE Abou www.contrepointphilosophique.ch Rubrique Philosophie 14 octobre 2012 Introduction Depuis la publication de la Raison dans l’histoire, œuvre où Hegel présente l’Afrique comme pays factuellement situé au seuil de l’histoire, sa théorie de l’historicité est frappée d’un vice d’humanisme, tant elle a indigné et continue d’indigner encore un certain milieu intellectuel mondial et particulièrement africain. Sur cette excommunication de l’Afrique de l’eucharistie historique, beaucoup de choses tendant à le blâmer ont été dites et écrites: Hegel est le théoricien par excellence du racisme. Sa théorie de la contradiction, la dialectique, est, sans conteste, reconnue par tous ses lecteurs comme un formidable succès dans le champ de la réflexion philosophique, mais selon ses détracteurs, son application à la réalité africaine, en raison des exclusions qu’elle suscite, fait nourrir des résistances et réticences sur son positionnement à la tribune des penseurs humanistes. Le Professeur Tanoh Gobert du département de philosophie de l’Université de Bouaké, dans un article publié au Portique sous le titre être Africain, quoique reconnaissant les légitimes raisons des propos hégéliens sur l’Afrique, n’a pu s’empêcher d’écrire: « En parcourant les idées de Hegel sur l’Afrique, nous avons été souvent choqué et même scandalisé de voir qu’un si grand penseur comme lui puisse, sur des rapport d’explorateurs, venir à une conception assez dévalorisante de l’humanité noire. Celle-ci est encore à être. Elle ne l’est pas à présent, de telle sorte qu’en écrivant sur l’Afrique, Hegel voyait à peine de différence entre une bête sauvage et le nègre au sens littéral de la comparaison » 1 . C’est cette image de négateur sans scrupule du nègre en son humanité, d’idéologue du racisme qui triomphera, ou du moins qui connaîtra une large diffusion dans certains cercles du monde universitaire africain, dominés par des idées africanistes où la seule évocation du nom de Hegel et la mention de la Raison dans l’histoire suffisent à soulever l’indignation. Loin des critiques obligées d’un Hegel littéralement cloué au pilori, écrasant la différence faible, légitimant la déraison, les lignes qui suivent s’efforcent de s’élever à un niveau qui puisse restituer la complexité et les nuances d’une pensée humaniste, mal connue. Le concept hégélien d’histoire comme manifestation vivante de l’esprit L’histoire, parce qu’elle est, dans l’économie de la pensée hégélienne, la saisie rationnelle des grandes secousses et vibrations qui déterminent le progrès de l’humanité, apparaît comme constitutive de l’acte même de philosopher. Mais quoiqu’étant pour lui créditée d’une estimation privilégiée dans le domaine de la réflexion, elle n’a pas fait, dans son système, 1 -Tanoh (Jean-Gobert).- ‘’Etre africain : Approche métaphysique de l’identité humaine en Afrique’’, in Le Portique, (en ligne) 2-2006/Varia, mis en ligne le 15 déc. 2006, consulté le 08 déc. 2011, p. 27.

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La théorie Hégélienne de l’histoire : humanisme ou radicalisme ? Contribution au dénouement du contentieux entre Hegel et les Africanistes.

Par le Dr SANGARE Abou www.contrepointphilosophique.ch Rubrique Philosophie 14 octobre 2012 Introduction Depuis la publication de la Raison dans l’histoire, œuvre où Hegel présente l’Afrique comme pays factuellement situé au seuil de l’histoire, sa théorie de l’historicité est frappée d’un vice d’humanisme, tant elle a indigné et continue d’indigner encore un certain milieu intellectuel mondial et particulièrement africain. Sur cette excommunication de l’Afrique de l’eucharistie historique, beaucoup de choses tendant à le blâmer ont été dites et écrites: Hegel est le théoricien par excellence du racisme. Sa théorie de la contradiction, la dialectique, est, sans conteste, reconnue par tous ses lecteurs comme un formidable succès dans le champ de la réflexion philosophique, mais selon ses détracteurs, son application à la réalité africaine, en raison des exclusions qu’elle suscite, fait nourrir des résistances et réticences sur son positionnement à la tribune des penseurs humanistes. Le Professeur Tanoh Gobert du département de philosophie de l’Université de Bouaké, dans un article publié au Portique sous le titre être Africain, quoique reconnaissant les légitimes raisons des propos hégéliens sur l’Afrique, n’a pu s’empêcher d’écrire: « En parcourant les idées de Hegel sur l’Afrique, nous avons été souvent choqué et même scandalisé de voir qu’un si grand penseur comme lui puisse, sur des rapport d’explorateurs, venir à une conception assez dévalorisante de l’humanité noire. Celle-ci est encore à être. Elle ne l’est pas à présent, de telle sorte qu’en écrivant sur l’Afrique, Hegel voyait à peine de différence entre une bête sauvage et le nègre au sens littéral de la comparaison »1. C’est cette image de négateur sans scrupule du nègre en son humanité, d’idéologue du racisme qui triomphera, ou du moins qui connaîtra une large diffusion dans certains cercles du monde universitaire africain, dominés par des idées africanistes où la seule évocation du nom de Hegel et la mention de la Raison dans l’histoire suffisent à soulever l’indignation.

Loin des critiques obligées d’un Hegel littéralement cloué au pilori, écrasant la différence faible, légitimant la déraison, les lignes qui suivent s’efforcent de s’élever à un niveau qui puisse restituer la complexité et les nuances d’une pensée humaniste, mal connue.

Le concept hégélien d’histoire comme manifestation vivante de l’esprit

L’histoire, parce qu’elle est, dans l’économie de la pensée hégélienne, la saisie rationnelle des grandes secousses et vibrations qui déterminent le progrès de l’humanité, apparaît comme constitutive de l’acte même de philosopher. Mais quoiqu’étant pour lui créditée d’une estimation privilégiée dans le domaine de la réflexion, elle n’a pas fait, dans son système,                                                                                                                          1-Tanoh (Jean-Gobert).- ‘’Etre africain : Approche métaphysique de l’identité humaine en Afrique’’, in Le Portique, (en ligne) 2-2006/Varia, mis en ligne le 15 déc. 2006, consulté le 08 déc. 2011, p. 27.

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l’objet d’une absolutisation : c’est dans l’étude de l’esprit objectif, correspondant au traitement des rapports sociaux et politiques, qu’elle donne lieu à un traitement conceptuel.

Ces secousses et vibrations, marques de son dynamisme, de sa vitalité et de sa vivacité, ne donnent-elles pas la preuve qu’elle n’est pas le lieu d’un somnambulisme auquel font défaut les soubresauts ? Ces grands mouvements ne révèlent-ils pas que l’esprit humain, à l’image de la conscience de soi, en proie à une folie dionysiaque, « conquiert, ainsi que le dit Hegel, sa vérité seulement à condition de se retrouver soi-même dans l’absolu déchirement(…) car il est cette puissance seulement en sachant regarder le négatif en face et en sachant séjourner auprès de lui »2 ? L’histoire, de ce point de vue, représente le temps pour autant que la raison y est en travail se soi. Elle est faite de contradictions et de conflits à travers lesquels les peuples cherchent à aller vers le maximum d’eux-mêmes. Elle manifeste, de cette façon, le progrès de la conscience de la liberté.

« Si l’histoire appartient d’abord au royaume de l’esprit en son processus d’auto-libération, cependant, elle reste toujours affectée par le fond obscur opaque de naturalité d’où elle émerge. La phénoménalité spatio-temporelle du sensible est sous la dictée d’une contingence extra-posée, d’une contradiction non résolue, échappant à l’emprise de l’identification intelligible. Il y a dans l’histoire l’altérité excessive et scandaleuse d’une déraison, signe d’une limite définitive de la raison et de la pure idéalité. »3 Même si l’esprit objectif, l’esprit en tant qu’il se donne lisibilité et consistance dans les figures du droit, de la moralité et de l’éthicité, intègre et convertit en monde de liberté instituée, la vérité encore morte, déchirée ou abstraite de la nature, il n’est point de peuple qui ne se réclame fils d’un sol, dont l’esprit même ne porte la marque comme originelle d’une naissance naturelle. Dans cette perspective, il est impossible de séparer abstraitement nature et création.

« Ce qui relève de la nature et ce qui relève de l’histoire, forment une figure vivante, et c’est là l’histoire »4. Cette histoire, dans son progrès, porte nécessairement la marque d’une localisation géographique qui distingue de manière décisive les configurations naturelles et culturelles des peuples-nations. L’histoire, à cet égard, se tient toujours entre sa provenance naturelle et sa destination spirituelle, et l’esprit dans l’histoire a pour vocation de se libérer de la nature. Cette vocation ne doit pas faire oublier qu’une telle libération s’effectue encore dans la nature, une nature sans doute qui ne détermine pas l’esprit mais qui le conditionne. Se comprend mieux ici pourquoi le concept de race, dans l’œuvre de Hegel, est abordé dans la section philosophie de la nature et non dans celle philosophie de l’esprit.

A l’intérieur de ce cadre général, ce que Hegel appelle histoire qui, malheureusement fait l’objet de plusieurs mésinterprétations, est le lieu d’un agir fondamentalement politique. En tant que tel, elle éjecte hors de soi les sociétés qui ne sont pas organisés en Etat, l’Etat étant considéré, pour lui, comme l’institution par laquelle un groupe humain se donne en figure d’acteur et de protagoniste historique. Il s’agit là d’une histoire universelle politique qui n’est nullement histoire de toutes les dimensions du passé humain.

Ne pas considérer le passé, les cultures comme la marque essentielle de la caractérisation de l’histoire, ce n’est pas envisager de les abandonner comme des vêtements usés car le passé

                                                                                                                         2-­‐Hegel (G.W.F.), Phénoménologie de l’esprit, T1, Trad. J. Hyppolite, Paris, Aubier Montaigne, 1941, p. 71. 3  -Guibal (Francis), ‘’Histoire et esprit. Le devenir-philosophie du monde selon Hegel’’, in Autour de Hegel. Hommage à Bernard Bourgeois, Paris, Vrin, 2000, pp. 162-163  4-Hegel (G.W.F.), Raison dans l’histoire, trad.K. Papaioannou, 10/18, 1965, p. 270.

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culturel est d’une grande importance pour un peuple, puisque c’est lui qui permet de se situer et de forger une âme qui le nourrisse et l’accompagne dans chacune de ses entreprises. « Dans la vie d’une communauté, un peuple qui renie ses attaches au passé, la mémoire de lui-même, est en proie à tous les vents, et ne peut rien envisager puisqu’en son existence, en l’absence de centre, il ne reconnaîtra d’autre réalité que l’éparpillement. Ne jouissant d’aucun sentiment de lui-même, il n’aura ni présent ni avenir, et ne fera que perpétuellement subir les assauts de l’extériorité, se vouant ainsi au déclin et à la mort »5.

Mais sous les tropiques, ce qui est donné de voir en général, c’est que les Africains brandissent leur passé culturel comme marque de leur historicité quand ils ne peuvent plus supporter le poids du négatif, l’effort de la pensée, quand ils ont renoncé, par cela même qu’ils ne peuvent supporter quelque chose de consistant, à l’appel du concept, pour s’installer dans une chaleur morose, sans vie, dans une sorte de bonheur végétatif d’où sont absents toute inquiétude et tout bruit, pour reprendre cette expression de Dibi Augustin. Pour nous, l’homme ne peut assumer son humanité, c’est-à-dire acquérir une assise substantielle que dans le flux qui consiste pour lui à se dessaisir librement du poids de toute adhérence à un immédiat. Rappeler cette épaisseur de l’histoire, c’est indiquer que la relation au passé culturel n’est significative pour un peuple que s’il s’appréhende comme un lien dynamique, mais non comme un étendard qu’on brandit pour attester de son humanité. Tanoh disait à juste titre à ce propos que « L’identité essentielle de l’homme ne peut être, a priori, définie par la culture ; car elle est, ce qui rend l’homme capable d’habiter la terre en être historial, auquel participe la culture. Celle-ci étant une donnée relative au temps et l’espace n’a de consistance, aussi bien pour le vécu individuel que le vécu collectif, qu’à partir de l’instant où elle est irradiée par le penser comme identité essentielle de l’homme. Et c’est dans cette identité que l’homme africain doit se tenir et maintenir pour élever son être et sa culture à leur pleine dignité ».6

L’histoire, dans le système hégélien, contrairement à ce qui est généralement admis, ce n’est ni l’ensemble des événements passés de la vie d’un individu, d’une institution ou d’un peuple, ni une narration à prétention scientifique des actes ou représentations humains dans un intervalle de temps précis du passé. Il suffit de lire, pour s’en convaincre, la distinction faite dans la Raison dans l’histoire, entre histoire originale, histoire réfléchissante et histoire philosophique. Une telle spécification, marque de la complexité de l’œuvre de Hegel, n’exige-t-elle pas des intellectuels qui prétendent y apporter des contributions critiques, un séjour dans le labyrinthe conceptuel de celui-ci ?

Ainsi que le recommande Hölderlin, l’intellectuel, dans l’endurance du concept, doit penser froidement la matière de sa réflexion avant toute entreprise critique. Malheureusement, s’agissant du rapport de Hegel à l’Afrique, ce protocole est inversé. Les intellectuels, africanistes et culturalistes dissertent d’abord sur Hegel avant de le lire ; et quel type de lecture ! Des lectures très souvent par procuration et non authentiques qui donnent les résultats déclinés, pour la plupart, en indignations, récriminations à l’égard du philosophe. Suffit-il d’avoir seulement en main la Raison dans l’histoire pour se prévaloir en mesure d’intenter un procès en accusation racialiste contre Hegel ? Une telle attitude n’est-elle pas ce qui conduit à l’holocauste des pensées vivantes ? Thomas d’Acquin avait raison quant il disait craindre l’homme d’un seul livre.                                                                                                                          5-Dibi (K. A), L’Afrique et son autre: la différence libérée, Abidjan, StratecaDiffusion, 1994, p. 56.  6- Tanoh (Jean-Gobert).- ‘’Etre africain : Approche métaphysique de l’identité humaine en Afrique’’, in Le Portique, (en ligne) 2-2006/Varia, mis en ligne le 15 déc. 2006, consulté le 08 déc. 2011, p. 1

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Travestis délibérément à souhait, les propos du philosophe, sur l’Afrique, n’ont pas été analysés comme il convient. Mais pouvait-il en être autrement, puisque ceux qui parlent souvent de Hegel dans son rapport à l’Afrique, occultent, sinon ignorent, la dimension systématique de sa pensée dont l’ensemble, dans un syllogisme savamment intégré, appelle une dialectique des différents moments qui constituent le tout. Les intellectuels africains se sont pour l’essentiel cristallisés sur une figure d’illustration circonstancielle du devenir de l’histoire qui voit en sa réflexion un appareil de répression propre au système colonialiste et esclavagiste.

Il importe, pour nous, de replacer le débat dans un cadre dégagé de tout africanisme étriqué fait de subjectivisme anticolonialiste, qui pense trouver dans un culturalisme suffisamment interrogé, la voie royale pour l’avenir de l’Afrique. Dans l’histoire, selon Hegel, il est question de l’esprit se parcourant soi-même pour donner forme et contenu à la réalité qu’il est. Et cette réalité est la liberté, car comme le disait Dibi, « c’est d’une aventure de la liberté qu’il est question chaque fois que l’on parle de l’homme »7. L’histoire, dit autrement, c’est l’ensemble des réalisations humaines, intellectuelles, artistiques, politiques en vue de la réalisation de la finalité la plus haute de toute communauté : l’Etat, communauté politique la plus élaborée que puissent concevoir les hommes en société, manifestation la plus achevée de la raison.

La philosophie de Hegel, une pensée généreuse en concepts, en raison de sa complexité, ne se laisse pas aisément saisir. Son extraordinaire difficulté donne « l’impression, selon Koyré, d’assister à une espèce de sorcellerie ou de magie spirituelle »8. Une telle difficulté, afin d’éviter une plausible confusion sémantique ne nécessite-t-elle pas une précision du mot raison, un terme connu de tous les initiés de la philosophie à partir du développement que Descartes en fait? La raison, c’est bien sûr cette capacité de l’intelligence humaine à organiser le réel à partir de constructions logiques ou de systèmes cohérents. Mais elle n’est pas une simple virtualité, une simple potentialité. C’est la transformation par l’homme du devenir, ses efforts théoriques et pratiques pour orienter le devenir vers la réalisation de la société politique idéale : l’Etat. Les actes des individus, des héros, des saints, même au service d’une ambition personnelle, sont orientés par une nécessité immanente vers la réalisation de l’incarnation sublime de la raison qu’est l’Etat. Un peuple qui ne se manifeste pas encore en Etat, le rationnel en et pour soi, n’est pas encore le reflet objectif, l’incarnation vivant de la raison.

Quand on a bien compris le concept d’histoire chez Hegel, comment peut-on s’offusquer de savoir que, dans l’histoire universelle, il ne peut être question que des peuples qui forment un Etat. Synthèse ultime entre l’idée et le réel, l’Etat est la figure vivante de l’accomplissement de la raison en acte, la raison véritablement réalisée dans l’histoire. Le point de vue central reste chez Hegel celui du droit Etatique, de l’objectivité instituée, de la liberté publique partagée.

La démarche hégélienne, en sa structure spécifique, appréhende l’histoire, en tant que c’est l’histoire des peuples qui honorent dans leurs faits et gestes l’humanité. Et ce qui l’honore essentiellement, c’est la liberté. « De même que la substance de la matière est la pesanteur, nous devons dire que la substance, l’essence de l’esprit est la liberté. Chacun admet volontiers que l’esprit possède aussi parmi d’autres qualités, la liberté; mais la philosophie nous enseigne que toutes les qualités de l’esprit ne subsistent que grâce à la liberté, qu’elles ne sont toutes que des moyens en vue de la liberté, que toutes cherchent                                                                                                                          7-Dibi (K. A).- L’Afrique et son autre : la différence libérée, Abidjan, Strateca Diffusion, 1994, p. 58. 8-Koyré (A).- Etudes d’histoire de la pensée philosophique, Paris, Gallimard, 1971, p. 148.

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et produisent seulement celle-ci; c’est une connaissance de la philosophie spéculative que la liberté est uniquement ce qu’il y a de vrai dans l’esprit »9. Indéniablement, cette liberté n’acquiert une existence objective et n’en jouit effectivement que dans l’Etat, lieu où la loi est l’objectivité de l’esprit et la volonté dans sa vérité. En l’Etat se dresse un état de mœurs et une éducation qui intègrent l’homme à la Sittlichkeit (Communauté). En outre, l’histoire rationnelle ou universelle est une sorte d’auto-jugement des peuples, à l’image du cataclysme biblique final en lequel, ici bas, les hommes, par leurs actions, décident de leur situation future dans l’au-delà: le paradis pour les élus et l’enfer pour les blâmés. De manière analogue, les peuples n’ayant pas fructifié le talent de leur raison par la construction d’Etats véritables, passent entre les mailles du filet de l’histoire.

Que nous est-il donné de constater en Afrique, si ce ne sont des gouvernements dictatoriaux dans lesquels les peuples sont déclarés mineurs et infantilisés et où le centre autour duquel tout tourne et vers lequel tout revient, c’est le chef d’Etat ? De lui dépend le bien du pays et du peuple… comme, la puissance, lui seul se rapproche du ciel et non les individus en tant que tels »10. Dans nos Etats, les ambitions personnelles se déchainent et la particularité cherche sa propre satisfaction au détriment du substantiel qui finit par se défaire. Les Africains se considèrent d’abord comme des individus et ensuite comme des citoyens. Mais cette gradation est directement l’inverse de celle qu’exige l’Etat. Dans l’Etat, la volonté particulière doit être moins vive et la volonté substantielle toujours plus active. Dans une Afrique où l’on n’est presque jamais prêt à sacrifier sa volonté d’individu, le négatif surgit comme corruption, laxisme, clientélisme…, le tout couronné par un fanatisme politique de mauvaise aloi qui conduit directement à la dislocation du corps social. « La destruction qui est la conséquence de ce mouvement violent a sa raison d’être en ce que ce n’est pas un contenu idéel, une pensée qui provoque ces impulsions, mais un fanatisme plus physique que spirituel »11. Ne serait-il pas déshonorant de voir pareil gouvernement dans un peuple parvenu à l’histoire.

Cette contribution qui se donne pour vocation de participer au dénouement du contentieux entre Hegel et les africanistes est un appel à lire et relire ses textes en ce qu’ils sont essentiellement, c’est-à-dire comme des textes systématiques qui appellent à relier la partie au tout. Ne conviendrait-il pas, pour qu’une telle lecture soit possible, de briser le pilier central sur lequel reposent les critiques et attaques sur sa philosophie de l’histoire: le préjugé d’un Hegel raciste, à l’origine, et cause de toutes les représentations colonialistes de l’Afrique, à l’effet de sauver son image des ombres terrifiantes et inquiétantes que les lectures hâtives lui font subir.

II – Les fondements conceptuels de la réfutation hégélienne du racisme

La question fondamentale que devraient poser les différentes controverses par rapport aux positions de Hegel sur l’Afrique et les Africains est la suivante: Hegel a-t-il dénié l’humanité aux nègres? Naturellement non. A ce propos, ces lignes de l’exposé du Professeur Dibi Augustin, dont la connaissance intime des textes hégéliens, la lecture précise et toujours enrichissante qu’il en donne, le souci de restituer toute leur dignité et leur profondeur spéculative aux exigences de pensée qu’ils (les textes hégéliens) attendent et qu’il (Dibi) s’efforce de rendre accessibles dans ses publications et productions, sont significatives et

                                                                                                                         9-Hegel (G.W.F).- Leçons sur la philosophie de l’histoire, trad. J. Gibelin, Paris, Vrin, 1979, p. 27. 10Idem, p. 103. 11-Hegel (G.W.F.).- Raison dans l’histoire, trad. K. Papaioannou, Paris, 10/18, 1965, p. 266.

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éclairantes. « Hegel n’a jamais écrit de texte dans lequel il aurait affirmé qu’en raison d’une harmonie préétablie, d’une disposition originaire, les noirs ne contiennent en eux aucune humanité adéquate! L’on aime volontiers citer des passages de sa philosophie de l’histoire relatifs au monde Africain, en oubliant de les situer dans leur contexte. On peut bien accepter qu’un peuple, considéré à un moment de son devenir historique, ne trouve pas tout à fait, pour des raisons diverses, les ressources capables de répondre aux exigences de l’esprit manifeste. Concernant le processus de l’esprit en Afrique, Hegel, à plusieurs reprises, prend soin d’utiliser l’expression ‘’pas encore’’, ‘’noch nicht’’. Cette expression signifie qu’il ne condamne point ce peuple à l’immobilisme, car serait un reniement absolu même de la dialectique où puise sa racine son philosopher dans sa globalité »12. A la suite de Dibi, posons une question, à laquelle on ne fait pas toujours attention, mais dont la réponse peut aider à mieux éclairer l’humanisme qui se trouve au cœur de la pensée de Hegel. Pourquoi le Hegel de la maturité a-t-il estimé que le monde grec, qu’il avait tant admiré dans ses écrits de jeunesse comme modèle de rationalité, devra trouver sa vérité dans le monde germanique?

En effet, l’organisation de la société grecque en cité, c’est-a-dire en un Universel d’où le moment de la subjectivité est dialectisé, et dont la pérennité et l’harmonie demeurent dans la conformité entre liberté et mœurs, impressionne Hegel: « Chez les Grecs, dit-il nous nous sentons aussitôt chez nous, car nous nous trouvons sur le terrain de l’esprit (…) et l’ascension proprement dite et la véritable renaissance de l’esprit doivent être cherchées d’abord en Grèce »13. Mieux, avec Hölderlin et Schelling qu’il a rencontrés au séminaire protestant de Tübingen, Hegel voue un véritable culte à la Grèce, à cette Grèce raisonnante et raisonneuse, s’abandonnant à la griserie des idées, où la jeunesse découvre son pouvoir en venant converser avec Socrate en individus libres et égaux à l’Agora. Malgré cette admiration pour la société grecque alors considérée comme modèle de rationalité, Hegel reconnaît que cette belle vie éthique qui l’y avait tant fasciné comportait des faiblesses, puisqu’en elle, les esclaves, les femmes et les enfants, étaient excommuniés des instances décisionnelles pour des raisons qu’on peut lire dans la Politique d’Aristote: « L’esclave est totalement privé de la partie délibérative; la femme la possède, mais démunie d’autorité, quant à l’enfant, il la possède bien, mais elle n’est pas développée »14. Ainsi, le monde grec, pour avoir développé une noble géronto-phallocratie, pour n’avoir pas compris que « tout être humain est libre, simplement parce qu’un humain, indépendamment de son inscription particularisée dans un ensemble de conditions individuelles et sociales »15, va se voir ruiné et dépassé par un autre, historiquement supérieur et plus vaste: le monde germanique qui répond le mieux aux aspirations de la raison dans la recherche de la liberté grâce à son affinité avec l’esprit chrétien qui élabore la notion de liberté, non sur le contrat, mais plutôt sur l’être. Une telle façon de concevoir la liberté qui atteste que la destination de l’individu se trouve en lui-même achève de convaincre que Hegel condamne toute forme de pratique pouvant minorer sa réalisation.

                                                                                                                         12-Dibi (K.A.).- ‘’L’auto-suppression du jugement : ‘’L’être de l’esprit n’est pas un os chez Hegel’’ : Réfutation

du racisme’’, cité par Peter von Arnim in ‘’Hegel contre le racisme : une invitation à lire Hegel dans ses

textes’’, (en ligne), www.hegel.net/fr/f311112-contre racisme

13-Hegel (G.W.F.).- Leçons sur la philosophie de l’histoire, trad. J. Gibelin, Paris, Vrin, 1976, p. 171. 14-Aristote.- La politique, trad. O. Immisch, Paris, 1929, p. 77. 15-Jarczyk (G) et Larrière (P-J).- De kojève à Hegel : 150 ans de pensée hégélienne en France, Paris, Albin Michel, 1996, p. 171.

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Hegel ne peut prétendre que certains hommes soient qualifiés de sous-hommes, d’anhistoriques ou d’esclaves par nature, comme l’estiment les Grecs et comme l’a théorisé Aristote dont le génie est affirmé dans les Leçons sur l’histoire de la philosophie comme celui du plus grand penseur spéculatif. Sa thèse fondamentale, c’est que l’homme n’est pas esclave où libre par nature, mais qu’il ne devient homme qu’en se libérant de la nature. La notion d’homme libre par nature n’a pas à ses yeux de signification. C’est par la culture, et en se dégageant de la nature, grâce à une lutte victorieuse contre elle que l’homme devient véritablement homme. « Selon son existence immédiate, l’homme est en lui-même un être naturel, extérieur à son concept. Ce n’est que par la culture de son propre corps et de son esprit, c’est-à-dire en prenant conscience de lui-même comme d’un être libre, qu’il prend possession de lui-même, qu’il devient la propriété de lui-même et de personne d’autre »16. Il ne saurait être question d’une hérédité de la maîtrise ou de la servitude. L’homme est libre en soi, mais il a à le devenir pour soi.

Aristote, sur la base de son naturalisme social, ne fait pas de distinction entre le travailleur libre et l’esclave. Hegel, lui, opère de manière souveraine et nette cette distinction entre le travail libre de l’homme qui peut aliéner à autrui des fruits particuliers de ses aptitudes physiques ou spirituelles, son emploi pendant une durée limitée, et le travail servile, c’est-à-dire l’esclavage, qu’il désapprouve, en raison de ce qu’il refuse la liberté à des vies. Mieux, à la situation du travailleur libre qui vend contractuellement à un employeur sa force de travail pour que celui-ci en fasse usage pendant une durée déterminée, Hegel oppose celle de l’esclave qui, par aliénation totale de son temps et de sa force de production, est fait propriété d’un autre.

Contrairement à Aristote, ce théoricien de la domination par nature, Hegel condamne l’esclavage avec vigueur, aussi bien dans son acception antique que dans son mode contemporain : l’esclavage de l’homme noir. Ce passage des Principes de la philosophie du droit, s’il est lu avec patience et attention, peut éclairer sur cette condamnation, et au-delà, toutes les autres formes d’exploitation de l’humain. « La justification de l’esclavage, quelles que soient les raisons alléguées pour le fonder: la capture en cas de guerre, la vie sauve, la subsistance assurée, l’éducation, le bien fait, le consentement libre…, comme la justification de la domination par le simple droit du maître, ainsi que toutes les considérations historiques sur le droit d’esclavage et de domination, reposent sur le point de vue qui consiste à appréhender l’homme comme être naturel, selon une existence… qui n’est pas conforme à son concept »17.

Est-il besoin d’une grande perspicacité intellectuelle, si ce n’est peut-être par mauvaise foi, pour comprendre que ce texte reprouve toutes les formes de domination, de discrimination et surtout d’exclusion de l’homme en tant qu’homme ? Alors, la supposée anhistoricité de l’Afrique prônée par Hegel, qui induirait nécessairement une légitimation de la domination et de l’exclusion de l’homme noir, selon les propos de Hegel lui-même, ne repose sur aucun fondement rationnel, puisqu’elle ne peut, en aucune façon, être conforme au concept de l’homme : la liberté. Une telle réprobation de l’exclusion n’achève-t-elle pas de convaincre qu’on ne peut à bon droit qualifier l’auteur de la raison dans l’histoire de penseur exclusionniste ?

                                                                                                                         16-Hegel (G.W.F.).- Principes de la philosophie du droit, trad. J-F. Kervegen, Paris, P.U.F., 2003, p. 163. 17-Hegel (G.W.F.), Idem, p. 164.

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Conclusion

Les propos de Hegel sur l’Afrique, sans aucun doute, blessent la sensibilité des Africains. Mais, à la différence des africanistes qui le traitent de raciste parce qu’il aurait animalisé et marginalisé les Africains du sud du Sahara, ses critiques méritent d’être positivées, car très souvent c’est l’altérité qui indique au mieux les faiblesses avec objectivité, l’homme ayant tendance à s’ériger en poète lorsqu’il s’agit de parler de soi. Au-delà de ses propos acerbes, le rapport de Hegel à l’Afrique présente une certaine objectivité. En effet, dans la lutte des contraire avec l’Occident, l’Afrique n’a pas pu s’imposer, se faire reconnaître. En ce sens, nous pouvons dire qu’elle a connu un retard dans le service divin de la raison. Pour nous, la meilleure manière de répondre aux allégations méprisantes de Hegel, c’est de tisser dans le temps et dans l’espace des actions dignes de l’humanité qui passent toutes par une nécessaire élévation de la pensée en concept

Plutôt que de déceler dans la caractérisation hégélienne de l’Afrique la marque d’un racisme que requiert sa philosophie de l’histoire et la justification de l’exclusion, l’on serait fondé à y reconnaître la conscience de ce que la grande affaire de l’histoire, à savoir la liberté, ne serait qu’une simple illusion s’il lui manque les moyens de son effectuation : l’Etat. En vérité, l’Afrique est apparue à Hegel comme un continent qui tarde à rendre manifeste le jeu d’un ordre juridico-éthique sans lequel il est pratiquement impossible d’épouser et de concilier les déterminations essentielles de l’histoire.

Hegel sauve l’humanité des hommes de tout risque de limitation dans la reconnaissance de cette essence aux hommes, à tout homme. Tout homme est pleinement un homme, quelles que soient ses conditions d’existence. D’où sa ferme condamnation de l’esclavage. Le droit de l’homme comme tel, pris universellement, est ainsi fondé absolument parce qu’il est fondé sur ce qu’il élève l’homme au-dessus de son existence naturelle, physique, sur ce qu’il y a d’intelligible ou de rationnel en lui. C’est pourquoi l’humanisme est niveau de la théorie hégélienne de l’histoire un principe déterminant comme ce qui réconcilie tous les hommes dans la reconnaissance à chacun d’une existence libre

© Dr SANGARE Abou Enseignant-Chercheur à L'Université de Bouaké Département de Philosophie 22 BP 1199 Abidjan 22 Cel: (00225) 03 32 30 57 Fax: (00225) 22 42 47 78

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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7-Dibi (Kouadio Augustin), -L’Afrique et son autre : la différence libérée, Abidjan, Stratéca Diffusion, 1994, p. 58. 8-Koyré (Alexandre), Etudes d’histoire de la pensée philosophique, Paris, Gallimard, 1971, p. 148. 9-Hegel (Georg Wilhelm Friedrich), Leçons sur la philosophie de l’histoire, Trad. J.Gibelin, Paris, J.Vrin 1979, p. 27. 10- Idem, p. 103. 11- Hegel (Georg Wilhelm Friedrich), Raison dans l’histoire, Trad. K. Papaioannou, 10-18, 1965, p. 266. 12-Dibi (Kouadio Augustin), L’auto-suppression du jugement : ‘’L’être de l’esprit n’est pas un os chez Hegel’’ : Réfutation du racisme, cité par Peter von Arnim in Hegel contre le racisme : une invitation à lire Hegel dans ses textes. (en ligne), www.hegel.net/fr/f311112-contre racisme, consulté le 08 déc 2011. 13-Hegel (Georg Wilhelm Friedrich), Leçons sur la philosophie de l’histoire, Trad. J.Gibelin, Paris, J.Vrin 1979, p. 171. 14-Aristote, La politique, trad.O. Immisch, Paris, Vrin, 1929, p. 77.

15-Jarczyk (Gwendoline) et Labarrière (Pierre-Jean), De Kojève à Hegel : 150 ans de pensée hégélienne en France, Paris, Albin Michel, 1996, p. 171. 16-Hegel (Georg Wilhelm Friedrich), Principes de la philosophie du droit, Trad. J-F. Kervegan, Paris, P.U.F., 2003, p. 163. 17- Idem, p. 164.