1
662 GEOBIOS, 28-6 - Analyse d'0uvrage THE PAI,AEOBIOLOGY OF TRACE FOSSILS Stephen K. DONOVAN (ed.) John Wiley & Sons, 308 p. ISBN 0-471-94843-8. Prix 39,39 £. Le titre surprendra certains lecteurs : peut-on parler de biologie, ou de pal6obiologie, pour des traces ? On comprendra 6videmment qu'~ travers les traces fossiles il est possible d'appr6hender de mani~re efficace et originale la biologie de nombreux organismes ayant v6cu sur notre plan~te. C'est ce que d6montrent les divers auteurs de cet ouvrage qui est un ensemble d'articles ind6pendants. L'article de R.K. Pickerill fair le point sur les nombreux probl6mes taxonomiques sp6cifiques aux traces fossiles. Tr6s document6, il ne se contente pas d'analyser les multiples difficult6s rencontr6es par les pal6oichnelogistes, mais propose les solutions les plus raisonnables. C'est une excellente synth6se mais qui introduirait mieux un trait6 de pal6oichnologie que l'ouvrage en question, plus directement ax6 sur la signification biologique des traces. L'article de E. Savazzi, 6galement tr6s document6, traite des invert6br6s fouisseurs et perforants. En sont exclus les organismes corps mou, l'auteur s'int6ressant ~ la morphologie fonctionne.lle des exosquelettes. Une large part est faite ~ l'approche actualiste avec de nombreuses donn6es sur la morphologie et l'4thologie des faunes vivantes, mais des groupes 6teints et peu connus, comme par exemple les Mitrata du Pal6ozoique, sont 6galement pris en compte. H.A. Curran montre la grande vari6t6 des ichnocoenoses et leur zonation dans les environnements c6tiers quaternaires des Bahamas. Ces derniers fournissent un excellent champ d'6tude off peuvent ~tre faites simultan6ment des observations directes sur la biologie des organismes fouisseurs, sur les modalit6s de conservation de leurs terriers ainsi que sur les traces r4sultantes. En total contraste, l'article de T.P. Crimes est une synth6se sur les associations de traces les plus anciennes. I1 s'int6resse en particulier ~ la grande p4riode de diversification des m6tazoaires de la limite Pr6cambrien-Cambrien (traces fossiles plus abondantes, plus diversifi6es et plus complexes). L'auteur insiste sur l'int6r~t des premi6res traces pour les corr61ations biostratigraphiques, un aspect peu connu de la pal6eichnologie, mais important pour les temps anciens. L'article de R.G. Bromley est une synth6se sur les multiples actions des organismes sur les substrats durs. Un excellent diagramme pr6sente les diff6rents types de traces produites. Tousles aspects de la bio6rosion (nature du substrat, gen6se des traces, successions 6cologiques, bathym6trie, stratigraphie) sont rapidement abord6s. I1 est curieux que l'article de D.J. Bottjer et M.L. Droser ne suive pas celui de T.P. Crimes car il en constitue le prolongement logique. I1 aborde en effet l'histoire de la bioturbation au cours du Phan6rozoique. Quelques tendances remarquables sont notamment soulign6es comme la diversit6 croissante des traces, le pourcentage croissant des traces profondes et l'importance grandissante de la bioturbation r6sultante. L'accent est 6galement mis sur l'6volution de la signification environnementale de certains taxons. L'article de J.F. Bockelie montre l'int6r~t et la difficult6 de l'6tude des traces de racines. I1 ne s'appuie toutefois que sur l'examen de carottes de sondage. L'auteur donne un rapide panorama des faci6s ~ racines au cours des temps g6ologiques et propose une classification des principaux types de traces de racines. Les insectes et autres arthropodes sont les principaux invert6br6s responsables de traces fossilisables en milieu terrestre et d'eau douce. S.K. Donovan montre la diversit~ des traces produites (pistes, terriers, nids, fourreaux larvaires, traces d'int6raction avec les plantes). Malgr6 un int~r~t 6vident pour les reconstitutions environnementales, il subsiste, dans certains cas, des difficult~s pour diff6rencier les milieux marins et non-marins. A.P. Hunt, K. Chin & M.G. Lockley s'int6ressent ~ une cat6gorie assez peu 6tudi6e de traces : les coprolites de vert6br6s. Ils sont ici pris au sens large (= Bromalites), inchiant les coprolites s.s., les cololites (contenu intestinal fossilis6 in situ) et les regurgitalites (traces de r6gurgitation). Sont abord6s les aspects taxonomiques, stratigraphiques et taphonomiques, puis les m6thodes d'analyse et d'interpr6tation pal6o6cologique. M.G. Lockley, A.P. Hunt & C.A. Meyer pr6cisent le concept d'ichnofaci6s relatif aux pistes de vert~br6s et en souligne l'int6r~t aussi bien pour la connaissance de la biologie des animaux concern6s que pour celle des pal6oenvironnements. Est pr6sent6 un inventaire actualis6 des principaux ichnofaci~s au cours des temps g6ologiques. Le C6nozoique est toutefois ~ peine abord6 car les auteurs ne se sont int6ress4s qu'aux traces de reptiles et, 6ventuellement, d'oiseaux. Enfin, les oeufs de vert6br6s, consid6r6s aussi comme traces fossiles, sont abord6s par K.F. Hirsch. L'auteur pr6sente une classification des structures de coquilles, puis un inventaire des oeufs fossiles connus, par groupe syst6matique. En prenant en compte non seulement les oeufs, mais aussi les nids, il discute ensuite des probl6mes taphonomiques et des conclusions pal6obiologiques possibles. En dehors des 11 articles bri6vement r6sum6s ci-dessus et repr6sentant autant de chapitres, l'ouvrage comporte une introduction de l'6diteur et un index dont la partie syst6matique est trait6e ~ part. L'ensemble repr6sente 308 pages. La qualit6 d'impression et la pr6sentation sont excellentes. L'illustration est abondante, bien adapt6e et de bonne qualit6. En conclusion, cet ouvrage regroupe de v4ritables articles de synth6se r6dig6s' par quelques uns des principaux sp6cialistes actuels. Malgr4 une certaine h6t6rog6n6it6 inh4rente ~ ce type de publication ~ auteurs multiples, il n'y a pas de redondances g6nantes et les grands th6mes relatifs au sujet abord6 sont trait6s d'une mani6re plus ou moins d6taill6e. C'est donc un excellent ouvrage de base qui plaira autant aux pal6oichnologistes qu'aux pal~ontologues et ~ tousles g6ologues s'int6ressant ~ la g~ologie s6dimentaire. Analyse Christian GAILLARD

The palaeobiology of trace fossils

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: The palaeobiology of trace fossils

662 G E O B I O S , 28-6 - A n a l y s e d ' 0 u v r a g e

T H E P A I , A E O B I O L O G Y O F T R A C E F O S S I L S

Stephen K. DONOVAN (ed.)

John Wiley & Sons, 308 p. ISBN 0-471-94843-8. Prix 39,39 £. Le t i t re surprendra certains lecteurs : peut-on parler de biologie, ou de pal6obiologie, pour des traces ? On comprendra 6videmment qu'~ t ravers les traces fossiles il est possible d 'appr6hender de mani~re efficace et originale la biologie de nombreux organismes ayant v6cu sur notre plan~te. C'est ce que d6montrent les divers auteurs de cet ouvrage qui est un ensemble d'articles ind6pendants.

L'article de R.K. Pickerill fair le point sur les nombreux probl6mes taxonomiques sp6cifiques aux traces fossiles. Tr6s document6, il ne se contente pas d'analyser les multiples difficult6s rencontr6es par les pal6oichnelogistes, mais propose les solutions les plus raisonnables. C'est une excellente synth6se mais qui introduirai t mieux un trait6 de pal6oichnologie que l 'ouvrage en question, plus directement ax6 sur la signification biologique des traces.

L'article de E. Savazzi, 6galement tr6s document6, t rai te des invert6br6s fouisseurs et perforants. En sont exclus les organismes corps mou, l 'auteur s ' int6ressant ~ la morphologie fonctionne.lle des exosquelettes. Une large par t est faite ~ l 'approche actualiste avec de nombreuses donn6es sur la morphologie et l'4thologie des faunes vivantes, mais des groupes 6teints et peu connus, comme par exemple les Mit ra ta du Pal6ozoique, sont 6galement pris en compte.

H.A. Curran montre la grande vari6t6 des ichnocoenoses et leur zonation dans les environnements c6tiers quaternaires des Bahamas. Ces derniers fournissent un excellent champ d'6tude off peuvent ~tre faites s imultan6ment des observations directes sur la biologie des organismes fouisseurs, sur les modalit6s de conservation de leurs terriers ainsi que sur les traces r4sultantes. En total contraste, l 'article de T.P. Crimes est une synth6se sur les associations de traces les plus anciennes. I1 s'int6resse en particulier ~ la grande p4riode de diversification des m6tazoaires de la limite Pr6cambrien-Cambrien (traces fossiles plus abondantes, plus diversifi6es et plus complexes). L'auteur insiste sur l 'int6r~t des premi6res traces pour les corr61ations biostratigraphiques, un aspect peu connu de la pal6eichnologie, mais important pour les temps anciens.

L'article de R.G. Bromley est une synth6se sur les multiples actions des organismes sur les substrats durs. Un excellent diagramme pr6sente les diff6rents types de traces produites. Tous l e s aspects de la bio6rosion (nature du substrat , gen6se des traces, successions 6cologiques, bathym6trie, stratigraphie) sont rapidement abord6s.

I1 est curieux que l 'article de D.J. Bottjer et M.L. Droser ne suive pas celui de T.P. Crimes car il en constitue le prolongement logique. I1 aborde en effet l 'histoire de la bioturbation au cours du Phan6rozoique. Quelques tendances remarquables sont no tamment soulign6es comme la diversit6 croissante des traces, le pourcentage croissant des traces profondes et l ' importance grandissante de la bioturbation r6sultante. L'accent est 6galement mis sur l'6volution de la signification environnementale de certains taxons.

L'article de J.F. Bockelie montre l 'int6r~t et la difficult6 de l '6tude des traces de racines. I1 ne s'appuie toutefois que sur l 'examen de carottes de sondage. L'auteur donne un rapide panorama des faci6s ~ racines au cours des temps g6ologiques et propose une classification des principaux types de traces de racines. Les insectes et autres arthropodes sont les principaux invert6br6s responsables de traces fossilisables en milieu terrestre et d'eau douce. S.K. Donovan montre la diversit~ des traces produites (pistes, terriers, nids, fourreaux larvaires, traces d'int6raction avec les plantes). Malgr6 un int~r~t 6vident pour les reconstitutions environnementales, il subsiste, dans certains cas, des difficult~s pour diff6rencier les milieux marins et non-marins.

A.P. Hunt, K. Chin & M.G. Lockley s ' int6ressent ~ une cat6gorie assez peu 6tudi6e de traces : les coprolites de vert6br6s. Ils sont ici pris au sens large (= Bromalites), inchiant les coprolites s.s., les cololites (contenu intest inal fossilis6 in situ) et les regurgitalites (traces de r6gurgitation). Sont abord6s les aspects taxonomiques, strat igraphiques et taphonomiques, puis les m6thodes d'analyse et d ' interpr6tat ion pal6o6cologique. M.G. Lockley, A.P. Hunt & C.A. Meyer pr6cisent le concept d'ichnofaci6s relat if aux pistes de vert~br6s et en souligne l 'int6r~t aussi bien pour la connaissance de la biologie des animaux concern6s que pour celle des pal6oenvironnements. Est pr6sent6 un inventaire actualis6 des principaux ichnofaci~s au cours des temps g6ologiques. Le C6nozoique est toutefois ~ peine abord6 car les auteurs ne se sont int6ress4s qu'aux traces de reptiles et, 6ventuellement, d'oiseaux. Enfin, les oeufs de vert6br6s, consid6r6s aussi comme traces fossiles, sont abord6s par K.F. Hirsch. L 'auteur pr6sente une classification des s tructures de coquilles, puis un inventaire des oeufs fossiles connus, par groupe syst6matique. En prenant en compte non seulement les oeufs, mais aussi les nids, il discute ensuite des probl6mes taphonomiques et des conclusions pal6obiologiques possibles.

En dehors des 11 articles bri6vement r6sum6s ci-dessus et repr6sentant au tan t de chapitres, l 'ouvrage comporte une introduction de l '6diteur et un index dont la part ie syst6matique est trait6e ~ part. L'ensemble repr6sente 308 pages. La qualit6 d'impression et la pr6sentat ion sont excellentes. L'illustration est abondante, bien adapt6e et de bonne qualit6.

En conclusion, cet ouvrage regroupe de v4ritables articles de synth6se r6dig6s' par quelques uns des principaux sp6cialistes actuels. Malgr4 une certaine h6t6rog6n6it6 inh4rente ~ ce type de publication ~ auteurs multiples, il n'y a pas de redondances g6nantes et les grands th6mes relatifs au sujet abord6 sont trait6s d'une mani6re plus ou moins d6taill6e. C'est donc un excellent ouvrage de base qui plaira au t an t aux pal6oichnologistes qu'aux pal~ontologues et ~ tous les g6ologues s ' int6ressant ~ la g~ologie s6dimentaire.

Analyse Christian GAILLARD