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VISIONS DE VICTOIRES EXCLUSIF F1 VETTEL ET LA RB9 VERS LA PASSE DE QUATRE ? MARS 2013 UN MAGAZINE HORS DU COMMUN MAGAZINE SPONSORISÉ

The Red Bulletin Mars 2013 - FR

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Au cœur d’Infiniti Red Bull Racing - Triple tenante du titre de championne du monde de F1.

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VISIONS DE VICTOIRESEXCLUSIF F1 VETTEL ET LA RB9 VERS LA PASSE DE QUATRE ?

MARS 2013UN MAGAZINE HORS DU COMMUN

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le monde de Red Bull

Mars

coulissesdepuis bientôt dix-huit mois et le lancement de la version française du magazine que vous tenez entre les mains, la question suivante revient sans cesse : comment travaillez-vous ? selon une méthode simple qui, aujourd’hui, semble rare. si certaines rédactions s’in-fligent un inévitable nivellement par le bas, notre credo, notre inspiration regarde en haut. la sélection est dras-tique. Maquette, concept visuel, vidéos exclusives pour l’appli téléchargée sur votre tablette, texte, titraille, graphisme, tout est passé au crible, au filtrage de nos exigences. car c’est de l’exigence et du travail d’équipe que naît la qualité. comme red Bull. comme la RB9, dont les débuts, très attendus, en australie donneront le coup d’envoi d’une séduisante saison de F1.Bonne lecture ! Votre RédactionPh

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vEttEl, confEssion intiMELe pilote allemand n’a plus de secrets pour vous ? courez dévorer cet entretien. vous découvrirez l’autre facette de Sebastian vettel.

lE dEssous dEs cartEsc’est l’un des cerveaux de infi niti Red Bull Racing. Adrian Newey dissèque la RB9, dernier bijou de l’écurie. La balle est dans le camp de vettel et Webber.

au cŒur d’infiniti rEd bull racing

triple tenante du titre de championne du monde

de F1, l’écurie nous a ouvert ses portes. Visite guidée en

très bonne compagnie.

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le monde de Red Bull

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un picklE ÉlEctriQuE« To be in a pretty pickle » signifi e être dans le pétrin. ici, dans le pickle, vous êtes à miami.

The Red Bulletin

l’appli tablette !Retrouvez 100 % – voire plus – de votre magazine dans sa version digitale. en bonus ? L’image ou plutôt des vidéos à gogo. À télécharger gratuite-ment sur votre tablette.

QuEst for lovE Questlove est une vraie star. Mais qui est-il vraiment ? interview avant la Red Bull Music Academy de new York.

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routEs book The Red Bulletin a partagé

le quotidien de quatorze acteurs du Dakar 2013.

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Marsle monde de Red Bull

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d’un coup d’Ailes

88 56knight shiftSon nom ? David Knight. L’Anglais, roi de l’enduro, dévoile ses méthodes d’entraînement. Sans sa bécane.

En bout dE lignE droitETous les ans, Red Bull Linecatcher défie Newton. Découverte de cette congrégation de riders.

Bullevard 14 éNeRgiSANT moNDe News des arts

16 éNeRgiSANT FRANce Ed Banger a dix ans cette année

17 moN coRpS eT moi Ivana Španovic

18 HieR eT AujouRD’Hui Skier casqué permet d’allier confort et sécurité

20 DANS LA TêTe De... Channing Tatum

21 çA Se pASSe ici Thomas Pagès

22 FoRmuLe À la force des doigts

24 Le BoN NuméRo S’évader de prison

action 26 les uns sur les autres

Oui, c’est spectaculaire et c’est de l’autre côté des Pyrénées

38 QuestloveQui est-il ? D’où vient-il ? Où va-t-il ?

44 Krief, étoile des neigesThomas Krief a du style. Démonstra-tion imminente aux X Games de Tignes

46 dakar 2013Un tracé, quatorze points de vue

56 Red Bull linecatcherLes temps forts de la 5e édition

66 petites cellules grisesEntretien avec Eric Kandel, expert en neurobiologie

72 infiniti Red Bull RacingLe nouveau bolide de Sebastian Vettel

+ de corps et d’esprit86 voyAgeS Terrains de sport insolites

88 coNSeiLS De pRo David Knight

90 �NigHTLiFe Oxygénez-vous !

94 �uN moNDe eN AcTioN La sélection

96 FocuS Gros plan sur l’actu française

97 KAiNRATH Joli coup de crayon

98 éDiTo CODB n’en rate pas une

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prEnEz dE la hautEur avEc forcE en Catalogne, il y a le Barça et les Castellers, véritables châteaux de cartes humains.

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BE SPECTACULAR

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SEBASTIAN VETTEL,TRIPLE CHAMPION DUMONDE DE FORMULE 1

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C ata m a rC a , a r g e n t i n e

bmx danseDame Nature est-elle visionnaire ? Lorsqu’elle crée, il y a plus de 500 000 ans, le Campo de Piedra Pomez, elle ne pouvait se douter du cachet BMX de ce lieu. Située à 4 000 mètres d’altitude, cette plaine de jeux est jonchée de 5 000 roches volcaniques. L’endroit, unique, est idéal pour Red Bull Ramparanoia, la compétition de BMX la plus élevée au monde. Ici, l’Argentin Martin Postego défie les lois de la gravité. Plus sur www.redbull.com Photo : Luis Vidales/Red Bull Content Pool

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Pa rC Yo s e m it e , É tat s - U n i s

moonwalkL’astre lunaire apparaît derrière la silhouette du Cathedral Peak au moment où Dean Potter déambule sur sa sangle. L’Américain évolue sans équipement de sécurité entre ces deux tours de roche. « Tout ce que j’entreprends, je le fais sans filet et en solo », dit l’escaladeur, BASE jumper, parachutiste et highliner. La peur ? Connaît pas ! « En cas de perte d’équilibre, je fais intégralement confiance à ma capacité de réaction. J’ai développé une technique que je travaille à l ’entraînement depuis l’âge de 19 ans. » Il faut bien ça. Vidéo sur vimeo.com/56298775 Photo : Mikey Schaefer

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B oxh e a d P ot, a n g le t e r r e

Flash dense« Prendre des photos dans une grotte oblige à produire sa propre lumière », explique le photographe et aventurier Robbie Shone. Cela semble, à première vue, anodin mais le défi technique est énorme. L’Anglais se souvient d’un shooting dans le réseau de grottes et de tunnels du célèbre site de Boxhead Pot : « Mon pote Sam Allshorn et moi étions suspendus à la corde et tournoyions en permanence arrosés par une eau glacée et un bruit assourdissant. Mon flash frontal commençait à vaciller avant de me lâcher soudainement. Game over ! » Juste avant cette panne, Shone réussit à prendre ce cliché. Plus sur www.shonephotography.com Photo : Robbie Shone

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ARRÊT SUR IMAGES

INSTANTANÉ

Les meilleures photos seront tirées au sort. Le ou la gagnant(e) repartira avec la gourde suisse SIGG siglée The Red Bulletin.

Faites-nous partager votre univers trépidant en envoyant vos clichés à : [email protected]

BullevardBullevardÉnergisant... à petites doses !

Otepää, Estonie Qui a dit qu’on ne peut glisser en kayak que sur l’eau liquide ? Jaanus Ree, Red Bull Snow Kajak

AbracadabraLe comique américain Steve

Carell va bientôt charmer les cinéphiles dans la peau de

L’incroyable Burt Wonderstone. Retour sur les chefs-d’œuvre

de magie du cinéma.

4. THE GRIM GAME (1919)Harry Houdini incarne un escroc présumé qui échappe à la police.

Comme par magie.

3. HOUDINI LE GRAND MAGICIEN (1953)

Un biopic du magicien escapologiste avec Tony Curtis.

2. MAGIC (1978)Anthony Hopkins devient le jouet

de sa propre marionnette. À (re)voir absolument.

1. PRESTIGE (2006)Hugh Jackman et Christian Bale

se disputent la paternité d’un tour de magie.

Alexandre Arrechea vit

et travaille à Madrid.

Alexandre Arrechea a 42 ans. Cet artiste cubain laisse pantois. Ses sculptures res-semblent à des êtres irréels qui émergent d’un monde parallèle. Il fait pousser des paniers de basket sur des branches d’arbre, crée des machines à expresso surdimension-nées en brique ou donne aux armoires des formes de grenade à main. Pour No Limits, son projet actuel, Arrechea travaille sur dix bâtiments new-yorkais uniques. Ses sculp-tures de gratte-ciel, hautes de six mètres, prennent la forme de tuyaux de pompiers qui se déroulent en se projetant vers le ciel. « La série est une nouvelle façon d’appréhender la relation entre l’art et l’architecture », dit Arrechea. No Limits est à voir à Manhattan jusqu’au 9 juin, le long de Park Avenue, où ses interprétations confrontent les originaux. Où est passée la grande échelle ? Plus sur www.alexandrearrechea.com

JOLIE TOURManhattan dans une interprétation cubaine pleine d’entrain.

Alexandre Arrechea a 42 ans. Cet artiste cubain laisse pantois. Ses sculptures res-semblent à des êtres irréels qui émergent d’un monde parallèle. Il fait pousser des paniers de basket sur des branches d’arbre, crée des machines à expresso surdimension-nées en brique ou donne aux armoires des formes de grenade à main. Pour No Limits, son projet actuel, Arrechea travaille sur dix bâtiments new-yorkais uniques. Ses sculp-tures de gratte-ciel, hautes de six mètres, prennent la forme de tuyaux de pompiers qui se déroulent en se projetant vers le ciel. « La série est une nouvelle façon d’appréhender la relation entre l’art et l’architecture », dit Arrechea.

est à voir à Manhattan jusqu’au 9 juin, le long de Park

Plus sur www.alexandrearrechea.com

Manhattan dans une interprétation cubaine pleine d’entrain.

glisser en kayak que sur l’eau liquide ? Red Bull Snow Ka

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140 caractères et quelques notesLa musique est en pleine mutation. Aujourd’hui, elle s’écoute, se crée et se partage de manière différente. En une quinzaine d’années, le Web a révolution-né ses rouages de consommation. Au jour le jour, de nouvelles règles s’édictent. Ce nouveau modus operandi mondial fait l’objet d’une web-série documentaire en six parties, H∆SHTAG$, produite par Red Bull Music Academy. Des artistes comme How To Dress Well, Flying Lotus, Mount Kimbie, TNGHT et Miguel témoignent, décryptent, discutent et commentent ce phénomène. HASHTAG$ est à découvrir en intégralité sur www.redbullmusicacademy.com

Miramar Milton Martinez prouve en Argentine qu’une pastèque peut aussi être une surface à skater. Gustavo Cherro

Laibach, Slovénie Maxx, futur espoir de snowboard, dort bien à l’abri dans le casque de son papa Marko Grilc. Domen Bizjak

Punta Cana En République Dominicaine, une plage de carte postale pour les kitesurfeurs de Red Bull Sun Slide. David Pou

Avec DJ Qbert, les platines deviennent des instruments. Il ne se contente pas de faire tourner les vinyles, il obtient grâce aux scratches des mélo-dies et des sons nouveaux. Sa technique est le turn-tablism (tourneplatinisme). Ce DJ vétéran de 43 ans a remporté trois championnats du monde DMC et la Coupe du monde des DJ’s hip-hop. Voici les astuces du Califor-nien pour un scratch réussi.

THE RED BULLETIN : À quel instrument peut-on compa-rer une platine ?Qbert : À un Piano. Une main fait le rythme, l’autre joue la mélodie.Quel disque choisir lorsqu’on débute ?

Beaucoup de DJ’s utilisent Superseal (sorti en 2000 sur le label Dirt Style Records, ndlr) qui réunit un maximum de beats et de sons faits pour le scratch. C’est parfait pour apprendre.Pour le bien-être des poignets, le scratch n’est pas très indiqué ?C’est vrai, mais des pauses régulières où l’on se masse et se secoue les mains sont un bon remède.Que conseilleriez-vous à de futurs DJ’s hip-hop ?Quand j’étais ado, je me conformais à une règle de mon héros Jimi Hendrix : « La patience et le travail finissent par payer. » Plus sur www.qbertskratchuniversity.com

I’M A SCRATCH MANQbert dévoile les rudiments de son art. Avec l’aide de... Jimi Hendrix.

FuturBien voir sans être vu pour

mieux domp-ter l’avenir

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et à commande vocale, développées

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réalité virtuelle.

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30 s et les garde en ligne avec leur

géolocalisation.

Le Californien Qbert dans ses œuvres

Cyberculture musicale. HASHTAG$, la nouvelle web-série de Red Bull Music Academy

PHOTO GAGNANTE

Voici les astuces du Califor-nien pour un scratch réussi.

THE RED BULLETIN : À quel instrument peut-on compa-rer une platine ?Qbert : À un Piano. Une main PROJECT GLASS

Avec l’aide de... Jimi Hendrix.

décryptent, discutent et commentent

HASHTAG$ est à découvrir en intégralité sur HASHTAG$ est à découvrir en intégralité sur

surfer sur le net.

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Le Californien Qbert dans ses œuvres

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ED BANGER, ÇA SE FÊTE !Le plus célèbre des labels électro français a dix ans.

La vie selon Ed Banger bientôt à 12Mail/Red Bull Space

Habillé pour l’HivertDe Beaucaire à Alès en passant par Pont- Saint-Esprit, l’édition 2013 de l’étoile de Bessèges a souri à Jonathan Hivert, victorieux de Jérôme Cousin et Anthony Roux. Ce podium tient en cinq petites secondes après 688 km parcourus en cinq jours. Vainqueur du GP La Marseillaise en 2010, Hivert (Sojasun) s’adjuge à Alès sa première victoire dans une course par étapes. Ce Tourangeau de 27 ans débute 2013 sous les meilleurs auspices. Sans doute s’est-il senti poussé des ailes. Red Bull en a profité pour s’immiscer dans la course avec la désormais célèbre Mini. De nombreux directeurs spor-tifs ainsi que d’anciens coureurs (Luc Leblanc et Raymond Poulidor) ont pu goûter aux trois nouveaux parfums Red Bull Éditions. www.etoiledebesseges.com

RBMA Night première !Paris s’en remet à peine. Nadim33&Casabey et Red Bull Music Academy Radio ont organisé la première RBMA Night de l’année à la Machine du Moulin Rouge le 31 janvier dernier. Cette soirée était pla-cée sous le signe de la trap music, de la dirty bass, du hip-hop et de l’électro, avec un line-up fort d’artistes révolutionnant la musique urbaine. Pour la première fois en France, Z (photo) a envoyé du lourd aux côtés du Canadien Ryan Hemsworth et de Cashmere Cat. Les Français de Sound Pellegrino (Orgasmic et Teki Latex) ont propulsé La Machine vers un DJ set 100 % années 2000. Plus sur www.redbull.fr

On peut parler ici d’activisme musical en grande pompe. Après l’énorme soirée qui s’est déroulée à La Villette au début du mois (7 000 personnes), une dizaine de birthday parties suivront à Tokyo, New York, Copenhague ou Londres. Les plus casaniers pourront acheter un nouveau live de Justice ou feuilleter un livre retraçant l’épopée des artistes du label (Busy P, DJ Medhi, Sebastian, Breakbot, Justice, etc.) shootés par le directeur artistique maison, So Me. La Galerie 12Mail/Red Bull Space apportera sa pierre à l’édifice avec une exposition é phémère qui vous permettra d’admirer ces clichés « en vrai » du 1er au 5 avril. À noter sur votre agenda ! Plus sur www.12mail.fr

Höhnhart Cent gamins autrichiens fans de saut à ski écoutent les conseils de la star Andy Goldberger. Lucho Vidales

Valdaora di Sotto Du feu, de la glace et pas de cadeau pour les dingues de Red Bull Kronplatz Cross. Federico Modica

Chiriquí Le pilote Kirby Chambliss s’en-flamme dans de jolies « aérobaties » lors de l’Aero Fest 2013 à Panama City. Alfredo Bocanegra

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GARDER SON CALME 3 J’ai connu beaucoup de petites

blessures mais rarement de celles qui empêchent de

s’entraîner. À l’approche des derniers JO, je m’étais cassé

deux os dans le poignet gauche. Il a bien fallu que je

fasse avec. (Španovic a termi-né 11e à Londres 2012, ndlr.)

2 DU BOUT DES ONGLES J’ai commencé à porter de faux ongles, très longs, il y a quelques années. Je les ai seulement enlevés en début d’année lors d’un entraînement en Afrique du Sud pour une séance de lancer de poids. Mes ongles bien faits sont un plus en compétition.

PIÉTINE TA DOULEUR 5 En 2011, juste avant les

Championnats du monde à Daegu, je me suis cassé un os

du pied gauche, à l’entraîne-ment. Au début, j’ai cherché à

l’ignorer, mais j’avais tellement mal que je ne pouvais pas

prendre appui sur ce pied. Je me suis arrêtée quatre mois.

4 MADAME MUSCLES Mes cuisses sont la partie la plus puissante de mon corps. De là vient mon explosivité. J’ai plus un look de sprinteuse que de sauteuse. Je m’entraîne cinq heures par jour, six jours par semaine. C’est comme ça que je me protège des blessures.

ÂME REVÊCHE 1Plus encore que le physique,

c’est le mental qui décide de tout. Je dois être focalisée

en permanence sur l’idée de faire mieux ; cela demande

beaucoup de préparation, de concentration et de motiva-

tion. Si mon esprit n’est pas à 100 %, mon corps ne suit pas.

MON CORPS ET MOI

À 22 ans, la championne serbe de saut en longueur doit dompter ce corps avec lequel elle entretient une relation complexe. Explications. www.facebook.com/IvanaSpanovic

IVANA ŠPANOVIĆ

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Le premier modèle de casque de ski date des années 60. Fait à l’époque en résine, il sauve aujourd’hui des vies grâce à une technologie venue de la F1.

HIER ET AUJOURD’HUI

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RÉSISTANTDans les années 60, la coque du

casque était moulée en polyépoxyde, puis entièrement recouverte d’une toile de lin. Cette dernière servait à

limiter la résistance de l’air due aux imperfections laissées à la surface

par cette résine difficile à polir.

SPARTIATELe confort était une notion inexistante, le casque ne comportait qu’une fine mousse en guise de rembourrage. Par la suite, une doublure en thermo-plastique (polyéthylène) sera utilisée.

FIN COMME LE LIND’après le règlement actuel

de la FIS, seul le casque inté-gral est admis (protection de la tête et des oreilles). Avant, les oreilles étaient épargnées par un mince tissu en lin. Une attache métallique l’a remplacé.

CASQUE AU POINT

1967 GANT-GAMET GENOSKI

« Quand je participais à la Coupe du monde, la responsabilité du port de casque incombait aux athlètes », rembobine l’Autrichien David Zwilling, champion du monde de descente en 1974 à Saint-Moritz. « Enfant, je ne portais en course qu’un simple bonnet de cuir. Je suis passé au casque à 15 ans pour me sentir plus en sécurité. Au long de ma carrière, cela a limité la gravité de quelques lourdes chutes. »

À 63 ans, David Zwilling est aujourd’hui chef d’entreprise. Plus sur www.fis-ski.com

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DANS LA TÊTECe casque de

600 grammes offre un MIPS (système de

protection d’impact multidirectionnel)

entre la coque et la tête. En cas de choc

latéral, la couche basse de friction

absorbe la force de rotation et prévient les

lésions crâniennes.

COQUE DURELa coque extérieure en carbone et thermo-plastique est « cuite » dans un réceptacle spécial pressurisé. Les ouvertures d’aération situées au niveau des oreilles sont en titane. Ultraléger donc.

CŒUR TENDRELa doublure intérieure en fibres

Coolmax garantit un microclimat idéal et un temps de séchage

réduit. Des pads adhésifs peuvent être ajoutés pour

un résultat sur mesure.

2013 SWEET PROTECTION ROOSTER CORSA

En descente ou en Super-G, Aksel Lund Svindal aime naviguer casqué. Plus sur

sweetprotection.com

Trois ans ont été nécessaires à la création de ce casque en fibres thermoplastique et carbone, deux matériaux utilisés en F1. La capacité maximale de résistance du carbone est obtenue grâce à un procédé de fabrication à haute pression, long de neuf heures. « Un casque ne doit présenter aucune zone de faiblesse. C’est capital à des vitesses atteignant 150 km/h », explique le multiple champion du monde norvégien, Aksel Lund Svindal.

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Plus sur www.gijoemovie.com (sortie le 27 mars)

DANS LA TÊTE DE…

SHINING TATUMC’est à la force du biceps, qu’il a volumineux, que Channing « Shining » Tatum s’est hissé vers Hollywood.

Même quand on est costaud, l’ascension vers les sommets reste une affaire de méthode. Décryptage.

ÉTHIQUE TAC

Le 3 avril, sortira le film Effets secondaires,

où Channing partage l’affiche avec Jude Law.

Ce thriller psychologique est signé de l’inépuisable

Soderbergh. Le 13 octobre, sortira White House

Down, où Tatum sauve le Président. Enfin, on le

verra dans Foxcatcher. Tatum : « On me dit de battre

le fer tant qu’il est chaud. Alors, je le bats ! »

MUSCLORTatum a pris de vitesse les produc-

teurs de G.I. Joe Conspiration. À l’origine, Channing devait

avoir un petit rôle et son personnage devait mourir

rapidement. La production a décidé de revaloriser

la présence du costaud nouvellement bankable. Il

devrait finalement être autant présent que Bruce Willis.

BLEUChanning a ouvert

un bar à la Nouvelle- Orléans, dans

le quartier français :

le Saints & Sinners.

On n’y vend pas de tartes

tatum. Il dit : « Je ne me

voyais pas ouvrir un bar

ailleurs. Les gens qui vivent

à la Nouvelle-Orléans, quand

ils ont un peu d’argent, ils font

la fête. C’est de la folie, j’avais

envie de les aider ! »

UNE ÉTOILE EST NÉE L’an dernier, le « tweener » sort définitivement de l’anonymat grâce à la comédie romantique

Je te promets ou encore Magic Mike, où Tatum tient un rôle inspiré de l’époque stripteaseur.

Le film a coûté 79 millions de dollars mais en a rapporté 565. « Shining Channing »

fait désormais partie des acteurs qui rapportent beaucoup

plus qu’ils ne coûtent.

CHIEN FOUChanning Tatum est né un samedi. C’était le

26 avril 1980. « Chan » a commencé par exceller

dans le sport. Doué pour le baseball et le kung-fu,

une bourse lui permet de goûter au… foot US.

Mais il décide de stopper ses études. Il bosse

dans une animalerie où il a l’habitude de

dénigrer devant le client ses chiens préférés,

histoire de ne pas

les voir partir.

POSETatum a aussi travaillé dans une parfumerie où il était responsable des languettes test. Puis il a été danseur exotique dans les clubs de Floride. On lui fait de l’œil, on lui propose de devenir mannequin, il aime l’idée et rejoint une agence. Rapidement, on le voit à l’écran dans des publicités. Il apparaît même en barman torse nu dans le clip She bangs de Ricky Martin.

EXPERTUne fois reconnu dans la mode,

il pense au cinéma et rallie Los

Angeles. En septembre 2004,

il incarne Bob Davenport dans

Les Experts : Miami. Bob est un

abruti, casquette à l’envers, qui vole

un bateau où se sont accumulées

les preuves d’un meurtre, dont un

cadavre encore chaud. L’inspecteur-

roux-qui-regarde-le-monde-de-profil

établira la vérité.

TWEENER AGEEn 2006, il rencontre Jenna Dewan sur le

tournage de Sexy Dance. Elle deviendra sa

femme en 2009. S’ensuit une douzaine de films

en cinq ans. Certains sont de jolis coups au box-

office. D’autres font partie de ces films à petit budget

dits médiocres. Tatum appelle ça les « tweeners »,

comme ces catcheurs anonymes, ni bons ni mauvais.

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PAGÈS SUR LES CHAPEAUX DE ROUEAlors qu’une nouvelle saison de Red Bull X-Fighters vient tout juste de débuter, Thomas Pagès sort (déjà) ses griffes.

L’an dernier, Levi Sherwood a su être patient. Le Néo-Zélandais a dû attendre la dernière étape de Red Bull X-Fighters pour se débarrasser de l’animateur numéro un de la saison, Thomas Pagès. Cet hiver, le Français n’a pas chômé. Il n’a qu’un seul objectif en tête : monter sur la plus haute marche du classement général de la cuvée 2013. En attendant, Pagès a eu le privilège de partager le haut de l’affiche aux côtés de Travis Pastrana dans son Nitro Circus, la cavalerie motorisée totalement déjantée de la star US. Ce duo de choc s’est produit en Europe (six dates) et en Nouvelle-Zélande. Au pays des All Blacks, Pagès a enchaîné une série de cinq dates dans cinq villes différentes et des stades de 20 000 spectateurs chauffés à blanc : « Nitro Circus, c’est beaucoup de plaisir, s’exclame Tom. C’est sans pression, tout en gardant un gros niveau de ride. »

En février, le Landais s’est reposé. Enfin, façon de parler. À raison de trois semaines d’entraînement intensif rythmées quotidiennement par quatre heures de moto et deux heures de maintien musculaire, Pagès est affûté. Comme jamais. Si elle a débuté le 8 mars dernier à Mexico City, cette saison 2013 s’étale jusqu’au dénouement final prévu à Pretoria le 31 août prochain. De quoi voir venir : « Quand vous avez 48 000 spectateurs déchaînés dans des sites de dingue, l’ambiance est indescriptible », souffle un Pagès au sourire carnassier qui se rendra aussi ce dimanche 17 mars au Costa Rica pour les X Knights. Plus de Red Bull X-Fighters sur www.facebook.com/TomPages

Thomas Pagès, showman numéro un de Red Bull X-Fighters

VITE FAIT, BIEN FAITSportifs vainqueurs et parcours victorieux aux quatre coins de la planète.

Vainqueur aux chutes du Niagara,

Kyle Croxall s’impose lors du championnat du monde Ice Cross Downhill à St Paul.

Après son triomphe à Auckland, l’Allemand Ken Roczen récidive au Supercross d’Anaheim (Californie) dans la catégorie 250 SX.

chutes du Niagara,

Après son triomphe à Auckland, l’Allemand

L’Autrichien Gregor Schlierenzauer célèbre ses 47e et 48e victoires en Coupe du monde de saut à ski à Harrachov (Rép. Tchèque).

Blessé pendant quinze mois, Aaron Hadlow retrouve, à Punta Cana, la plus haute marche du podium. Le kiteboarder britannique s’impose à Red Bull Kite Fest.

Blessé pendant quinze Aaron Hadlow

Blessé pendant quinze Blessé pendant quinze

L’Autrichien

THE RED BULLETIN 21

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FORMULE MAGIQUEUne main de ferComment mesurer la force des doigts d’un grimpeur ? Notre physicien émérite « mérite » un grand bravo*.

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FORMULE pOUsséE Et tRès REchERchéEQuel est le rapport entre la profondeur de prise et la force verticale maximale que peuvent soutenir des doigts agrippés à une « réglette » (figure 1) ? l’an dernier, une étude visant à mesurer la force des doigts a permis de tester des grimpeurs accrochés d’une seule main à une saillie horizontale. les participants sont de niveau 9 sur l’échelle de cotation uiaa (union internationale des associations d’alpinisme). la figure 2 illustre le rapport entre la profondeur de prise et la force des doigts : la force augmente avec la profondeur de prise et plafonne à environ 520 n. en comparaison, l’autrichien Kilian fischhuber, quintuple champion du monde de bloc, a atteint lors du test, un impressionnant 800 n.

le poids du corps résulte de FG = m · g, m étant la masse du grimpeur et g l’accélération de la gravité (environ 10 m/s²). avec ses 63 kg, le corps de Killian pèse environ 630 n. une profondeur de prise supérieure lui permet de se maintenir aisément à l’aide d’une seule main, contrairement aux grimpeurs de même poids testés lors de l’étude.

Quel est le rapport entre la force des doigts et la force musculaire des avant-bras ? la présence de nombreuses articulations rend la biomécanique des doigts difficile à décrire. Mettons qu’il n’y ait qu’une seule articulation. un levier en équilibre implique généralement l’énoncé suivant : la force multipliée par celle du bras de force est égale à la charge multipliée par celle du bras de charge. c’est-à-dire : F · r = FC · rC (figure 3). la flexion de la phalange centrale est due au muscle fléchisseur superficiel des doigts dont nous estimons la force à 650 n (FM). son tendon agit latéralement mais c’est la force verticale F qui est décisive, d’où la nécessité de modifier F = FM · cosα par FC = FM · cosα · rF/rC.

tout est là. à force musculaire égale, la force des doigts est proportionnellement inverse à la charge du bras de charge rC (FC ~ 1/rC). selon la position du point d’appui principal des doigts, c’est-à-dire là où FC s’exerce, la charge du bras de charge se modifie. si la prise est plus large, ce point d’appui se rapproche du pivot : rL diminue (2 cm, par exemple) et FC par conséquent, augmente (450 n). si la prise devient plus étroite, il s’éloigne du point pivot : rC augmente (3 cm) et FC diminue (300 n ; figure 3). les muscles de l’avant-bras aident aussi.

ENtRAÎNEMENt pOUR tOUsQue faire en pratique pour développer la force de ses doigts ? « des exercices sur une planche avec des réglettes vissées à l’horizontale, dit Kilian fischhuber. Mais un solide encadrement de porte fait aussi l’affaire. » Plus sur www.kilian-fischhuber.at 

* Le Professeur Martin Apolin est un physicien de 48 ans qui enseigne à la faculté des Sciences de Vienne. Cet Autrichien est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages de référence.

Quintuple champion du monde, Kilian  Fischhuber, 29 ans, est le grimpeur  de bloc le plus titré.

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9,75Pendant la Seconde Guerre mondiale, le

château allemand de Colditz, situé en Saxe, est un camp de prisonniers réservé aux officiers

alliés. En 1944, deux pilotes anglais détenus y planifient une évasion en

planeur depuis le toit de la forteresse. Secrètement, ils construisent l’engin volant d’une envergure de 9,75 mètres à partir de

lames de parquet, de planches d’étagères et de draps. Or, l’aéronef ne servira jamais. Peu

avant son achèvement, les troupes américaines libèrent Colditz.

Plus sur www.alcatrazhistory.com

3Les évasions de Pascal Payet sont plutôt… efficaces. En octobre 2001, il s’échappe de la maison d’arrêt de Luynes à l’aide d’un hélicoptère détourné par des complices. Deux ans plus tard, il réédite l’opération en venant libérer lui-même trois ex-codétenus. Depuis son retour derrière les barreaux, il est transféré dans une prison différente au moins tous les six mois. En vain. En juillet 2007, un hélico se pose sur le toit du pénitencier de Grasse et emmène une nouvelle fois ce braqueur multirécidiviste vers la liberté.

33Les statistiques de la carrière criminelle

de John Dillinger sont impressionnantes : vingt-quatre braquages de banque, deux

évasions de prison. La seconde réussit le 3 mars 1934. À l’aide de cirage noir,

il teint un morceau de bois en forme de pistolet avec lequel il parvient,

en une quinzaine de minutes, à menacer et à enfermer la totalité des trente-trois gardiens avant de s’échapper au volant

de la voiture du shérif.

1 576Durant ses vingt-neuf années de service, Alcatraz a la réputation d’être une prison d’où il est impossible de s’évader. Les chiffres officiels le prouvent : 1 576 prisonniers, quatorze tenta-tives d’évasion, toutes avortées. Mais en 1962, Frank Morris et deux codétenus se frayent un passage vers les bouches d’aération à l’aide de cuillères. Ils s’évadent sur une « embarca-tion » bricolée à l’aide d’imperméables en caoutchouc. Officiellement, le trio a été déclaré noyé mais les corps n’ont jamais été retrouvés.

320En avril 2011 a lieu dans une

prison afghane l’évasion la plus specta-culaire de l’histoire contemporaine. Par un

tunnel long de 320 mètres qu’ils ont creusé pendant cinq mois, 480 combattants talibans

incarcérés depuis de longues années s’évadent. Que les gardiens n’aient rien

remarqué des travaux semble particulière-ment douteux. À tel point que ces complices

démasqués partagent aujourd’hui les cellules des soixante-dix évadés repris. Et bim !

40 000Surnommé « Houdini » par une majorité de journalistes de l’époque, l’Anglais Alfred Hinds réussit trois évasions durant les années 1950. La première fois, il fraise une copie de sa clé de cellule dans l’atelier de la pri-son et se fait la belle par un mur haut de six mètres. Un an plus tard, il récidive lors de son procès en enfermant les gardiens après avoir demandé à aller aux toilettes. Après sa troi-sième évasion, il aurait vendu l’histoire de sa vie à un journal pour 40 000 dollars. Hinds ne perd pas le Nord. Le business avant tout.

CHIFFRES DU MOIS

ÉCHAPPÉES BELLESIl y a cinquante ans, la prison d’Alcatraz, le pénitencier le plus tristement célèbre, fermait ses portes

dans la baie de San Francisco. L’occasion de revenir en chiffres sur de spectaculaires évasions.

culaire de l’histoire contemporaine. Par un tunnel long de 320 mètres qu’ils ont creusé

pendant cinq mois, 480 combattants talibans

remarqué des travaux semble particulière-ment douteux. À tel point que ces complices ment douteux. À tel point que ces complices

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Pascal Payet

La prison d’Alcatraz

Le château de Colditz

Frank Morris

Alfred Hinds

Mort ou vif : John Dillinger

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Tour de forceEn Catalogne, les bâtisseurs de tours humaines sont légion. Trois cents personnes s’unissent et entrent en action pour modeler ces édifices aux pieds d’argile. Les compétitions sont l’occasion de défendre l’honneur d’un clan.

Texte : Andreas Rottenschlager Photos : Philipp Horak

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Compétition de tour humaine à Vilafranca

del Penedès, près de Barcelone.

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ChaCun sa tourAu même titre que les édifices de Gaudí ou le FC Barcelone, ces manifestations font partie intégrante de la culture catalane. Cette tradition tire son origine des statues portées lors des processions religieuses. Au-jourd’hui, elle est perpétuée par environ 7 000 Castellers regroupés au travers de 66 associations. Les compétitions ont lieu d’avril à novembre dans la région de Bar-celone. Il n’y a pas de juges, le groupe qui réalise la pyramide humaine la plus spec-taculaire l’emporte.

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Dernier tour De pisteLes meilleurs construisent des tours humaines à dix étages. Dès que l’enfant au sommet lève le bras en l’air, la pyramide humaine est considérée comme « chargée ». La passion et l’engagement sont les seuls prérequis. Tout le monde peut participer : la profession, l’âge et le sexe importent peu. Les associations, « colles » en catalan, se voient telle une plate-forme d’intégration. Josep Cabré, le président des Castel-lers de Vilafranca : « Des chômeurs se hissent sur des hommes politiques. Dans la tour, tous sont égaux. »

Les ceintures noires pour les hanches aident à stabiliser la musculature abdominale.

Ceux qui n’ont pas de protection pour la bouche – obliga-toire pour les enfants – mordent leur col de chemise.

L’architecture des tours humaines a évolué et s’est com-plexifiée depuis le XIXe siècle (ici, les Xicots de Vilafranca).

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Les membres des Castellers de Vilafran-ca forment la base pour un castel de neuf étages. Chaque type de tour respecte un plan de construction bien précis.

FonDations en bétonLa base circulaire se nomme la pinya. Elle est constituée autour de quatre hommes placés au centre. Sur leurs épaules, d’autres Castellers grimpent pour la formation des étages supérieurs. Les épaules d’un porteur dans la pinya doivent pouvoir sup-porter jusqu’à 350 ki-los. Salvador Moreno le fait depuis 23 ans : « Il m’arrive de perdre connaissance. » Sans blague.

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Ivan ne fait pas le fier. Il a la jambe dans le

plâtre. Depuis 2006, le port d’un casque et d’une protection

buccale est obligatoire pour

les enfants.

saCré tourLe positionnement d’un

Casteller dans la tour dépend de sa carrure et

de son talent. Les éco-liers se hissent au som-met de la pyramide, les

adolescents forment les étages du milieu avant de finir dans la pinya à l’âge adulte. Avec tou-jours la même devise :

« Força, Equilibri, Valor i Seny » (force, équilibre,

courage et bon sens). Ivan, 6 ans, a chuté du

castel. Il s’est sérieuse-ment blessé. « Mainte-nant, je sais comment

voler », dit-il fièrement.

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Les Castellers originaires de Valls

s’affairent quelques secondes après

l’écroulement de leur tour (ci-contre).

D’autres s’impa-tientent (ci-dessous).

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La plupart des accidents arrivent

pendant la phase de déconstruction. Un

faux mouvement suffit à entraîner

l’effondrement du castel. Les blessures

graves restent une exception. Les pinya

font office de matelas de sauvetage sur

lesquels atterrissent les Castellers des

étages supérieurs.

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Ingénieux. La tour de neuf étages des Castellers de Vilafran-ca inclut une colonne centrale supplémen-taire et un cercle de consolidation au deuxième étage.

tour De magieLa construction de tours humaines im-plique une préparation de plusieurs mois pour que 300 personnes agissent en symbiose le moment venu. Le castel achevé, les spectateurs sont en liesse. Les Castellers, eux, ne célèbrent qu’une fois la dé-construction réussie. Pere Almirall i Piqué, l’entraîneur des Cas-tellers de Vilafranca : « Construire des tours est une addiction. »

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Pere,

l’architecte. Personne n’est mieux placé que lui pour ériger une tour humaine à la perfection. Pere Almirall i Piqué est notre homme. Il porte bien son nom. Véritable père adoptif pour les enfants de Vilafranca del Penedès, il n’a que de l’amour et des consignes à don-ner. Les gamins le regardent avec des yeux ronds comme des billes. Pere a 38 ans et un visage tou-jours juvénile. Il est le cap de colla, l’entraîneur des Castellers de Vila-franca del Penedès, les plus titrés de Catalogne avec huit victoires aux championnats de Tarragone. Record inégalé à ce jour. L’équipe de Pere (prononcer « Péré » en roulant les « r » comme il se doit) est l’une des deux seules au monde à construire des castels à dix étages. « J’aime ce mélange de tradition et d’adrénaline, ex-plique-t-il depuis son bureau au centre de Vilafranca, une ville de 38 000 habitants située à quelques encablures de Barcelone. Construire des tours humaines est une addiction. C’est un peu comme une drogue. Tôt ou tard, on finit par être accro. »

En tant que cap de colla, Pere détermine qui grimpe et à quel étage. Il élabore la tactique lors des compétitions, il dirige la construction. Le 4-3-3 du Barça passe, ici, au second plan. « On apprend de mille façons à connaître et à estimer le talent de chacun à sa juste valeur. Il faut savoir aussi bien motiver l’ouvrier en bâtiment que le banquier. » Depuis l’extérieur de la pinya, la base circulaire du castel, Pere or-chestre la construction de la tour : « C’est une tâche nerveusement éprouvante. Un cap de colla est

responsable du succès sans pour autant pouvoir intervenir activement. »

Pere explique qu’une tour sur cent s’effondre. Généralement, peu après le début de la dé-construction lorsque les Castellers du premier étage sont alors exté-nués. C’est la phase critique. Le dernier effondrement est arrivé à la veille de la compétition, pen-dant l’entraînement sur la place de la mairie devant 4 000 spectateurs locaux. Un membre du deuxième étage avait pris appui sur le mau-vais pied et a glissé. Ce type de né-gligence est fatale. Après la chute, Pere, vendeur de portes coupe-feu de profession, doit remonter le moral de 300 hommes, femmes et enfants. Il détaille : « J’essaie de parler à chacun d’eux. Le cap de colla est aussi psychologue. Je leur dis : Pas d’affolement, vous êtes quand même bons. »

Salvador, le forçat. Visite guidée de Cal Figarot, le siège de l’association des Castellers de Vilafranca. Le bâtiment principal comporte des salles de conférences et un grand réfectoire répartis sur deux étages. En traversant le jardin, on arrive au gymnase où les Castel-lers répètent leurs différentes tours. Une atmosphère d’école de cirque y règne. Protégés par un filet de sécurité à mailles serrées, les Castellers s’exercent. Sur un tableau noir, des croquis de castels futurs attendent leur réalisation. Sur la pelouse devant l’entrée du gymnase, Salvador Moreno s’étire, puis se fait masser son large dos. Salvador a 54 ans et le tronc d’un haltérophile. Sa position dans la tour est celle d’un

« Ne pas s’affoler »Originaires de Vilafranca del Penedès, Pere, Salvador et Silvia nous parlent de la peur de l’effondrement, du mal de dos et de la psychologie naissante de cette pyramide humaine. Rencontre.

Pere est vendeur de portes coupe-feu et entraîneur des castellers. Il dirige jusqu'à 300 personnes.

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Pinya : Consolide le premier et deuxième niveau et maintient le tronc droit. Si un castel s’écroule, la pinya sert de matelas de sauvetage.Tronc : S’étend du premier étage, au centre de la pinya, à l’étage précédent les dosos. Les étages du tronc sont toujours formés par le même nombre de personnes. Cela détermine le type de la tour. Le croquis ci-dessus représente une formation de type 3d8, soit un castel à huit étages et un tronc à trois personnes par niveau.Pom de Dalt : Les trois derniers étages sont formés par des enfants de 6 à 12 ans, principalement à cause de leur poids léger. Dès que l’enxaneta au sommet lève le bras, la tour est dite « chargée ».

fusée à huiT éTagesDes malabars de la pinya à l’écolier au sommet, les castels de Catalogne symbolisent l’union de 300 talents pour ériger une œuvre d’art géante. Et vivante.

baixos, « ceux d’en bas » en cata-lan. Salvador fait partie de la base de la tour. Avec ses partenaires, il tient en équilibre sur ses épaules neuf étages. Selon la répartition du poids, son corps supporte jusqu’à 350 kilos. « Que ressent-on à ce moment-là ? De la difficulté à respirer. Il fait sombre à l’endroit où je me tiens. Je ne distingue pas les gens à côté de moi. Mais nous essayons de nous encourager mu-tuellement. » Les baixos doivent être petits et trapus. Salvador, 1,69 mètre pour 96 kilos, travaille régulièrement sa musculature dorsale. Les Castellers ont l’habi-tude de dire : « Le cœur de la tour bat là où se trouvent les baixos. » La ceinture noire que les Castel-lers enroulent autour des hanches sert de stabilisateur supplémen-taire. Indispensable. « Mais, ça

n’empêche pas les maux de dos, lâche Salvador, membre de ces pyramides humaines depuis 23 ans. En général, on débute enfant au sommet de la tour, avant de se rapprocher de la base au fil des ans. » Salvador est employé dans une jardinerie. « Devenir baixos n’est pas donné à tout le monde. Quand les Castel-lers descendent de mes épaules, il m’arrive de perdre connais-sance. » Alors, pourquoi le faire ? « Construire des tours humaines me rend heureux. »

Silvia, la mère de la tour. Le soir à Cal Figarot, au siège de l’association. La chaîne de télévision locale TV3 diffuse un reportage sur des com-pétitions de construction de tours. Pendant que les adultes autour d’une bière discutent des castels concurrents, une ribambelle d’en-fants chahute dans le réfectoire. Dans les tours humaines, les géné-rations se côtoient. Le benjamin du groupe a 6 ans, le doyen 63. Silvia Sabaté est membre du cas-tel depuis ses 18 ans. Elle apporte son soutien aux baixos, les forçats de la base. Pendant ce temps, ses enfants Pere (11 ans), Foix (10 ans) et Aina (8 ans) se hissent jusqu’au huitième étage. Cette mère de 44 ans est « inquiète à chaque fois qu’ils se retrouvent là-haut ». En 2006, une fille de 12 ans est décédée à Mataró des suites d’une chute. Depuis, le port d’un casque et d’une protection buccale est obligatoire pour les plus jeunes. Avant chaque compé-tition, il y a un échauffement commun. Pendant l’entraînement est pratiquée la chute contrôlée pour prévenir les blessures graves qui sont une exception. Silvia est pédiatre dans la principale cli-nique de la ville. « Je n’enverrais pas mes enfants là-haut si le risque était trop élevé, reconnaît-elle. En plus, je crois aux vertus pédagogiques de cette manifesta-tion. Non seulement mes enfants y apprennent que tous les hommes sont égaux mais ils touchent du doigt une certaine forme d’entraide qui leur sera nécessaire dans la vie. » Plus sur www.castellersdevilafranca.cat et www.cccc.cat

Chez les Sabaté, on croit aux vertus de la construction de tours (ci-contre).Pere Almirall i Piqué, chef des Castellers et droit comme un I (ci-dessous).

VilaFranCa, le barça Des toursAvec un record de huit titres aux championnats de Tarragone, les Castel-lers de Vilafranca del Penedès sont parmi les meilleurs au monde. La colla de la ville, 38 000 habitants au sud-ouest de Barcelone, compte 500 membres dont 300 participent à la construction des tours humaines. Le président Josep Cabré : « Nous sommes plus qu’une association, nous formons une famille. »

Baixos (la base)

Segons (les 2e)

Terços (les 3e)

Quarts

Quints

Dosos (le duo)

Acotxador (le couvreur)

Enxaneta (le chevalier)

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QUESTQUESTQUEST

PAhmir « Questlove » Thompson ne pouvait échapper à la musique. Fils d’un musicien précurseur dans le doo-wop, le fondateur de The Roots est aussi le chef d’orchestre d’un fameux show télé US. Il parle de ses relations avec Jay-Z et des pièges tendus à la génération YouTube. Bluffant. Textes : Jonathan Cohen Photos : Jason Nocito

arce qu’il n’est jamais inutile de montrer sa puissance, NBC a installé son quartier général à Rockefeller Cen-ter, à New York. Sur la route qui mène au studio 6B où le rendez-vous a été fixé, les aspirateurs agacent l’oreille. Mais, c’est pour la bonne cause. Ce soir, a lieu le Late Night with Jimmy Fallon, un des shows télévisés les plus suivis aux États-Unis. Puis le brouhaha cesse, laissant renaître la rythmique d’une caisse claire. Un virage à gauche, qui permet d’atterrir devant une porte bleue sur laquelle est inscrite la men-tion « The Roots ». À côté de la poignée de la porte, un Grammy Award, sous

EN QUÊTE DE

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T H E R O O T S E S T P R O C H E D E S G E N S . C O M M E L’ É TA I T M O N P È R E .

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verre. Derrière la porte, Ahmir Thompson dit « Questlove » répète un des morceaux que son crew, The Roots, livrera le soir même, en direct, chez l’humoriste Jimmy Fallon.

L’artiste voit le jour le 20 janvier 1971 à Philadelphie. Il est le fils de Lee Andrews, également fondateur de Lee Andrews and the Hearts, un groupe mythique du mouvement doo-wop. Aussi loin que remontent ses souvenirs, Ahmir a toujours vécu dans la musique, à arpenter les routes aux côtés de son père. Avant l’adolescence, il joue déjà de la batterie pour le band paternel. En parallèle, il poursuit son éducation musicale à la fameuse Philadelphia High School for the Creative and Performing Arts, véritable couveuse à talents. C’est là qu’il rencontre MC Tariq Trotter avec qui, sitôt diplômé, il fondera The Roots. Il y rencontrera une flopée de musiciens créatifs, comme Boyz II Men ou les jazzmen Christian McBride ou Joey DeFrancesco.

T R B : Vous avez grandi dans une famille de musiciens profes-sionnels. Détaillez-nous ce que vous avez pu vivre…Q : J’ai tout appris du show-bu-siness entre deux et treize ans, j’ai touché du doigt toutes les dimensions que cela représente. J’ai développé mes talents de navigateur : j’ai vite su com-ment me rendre de la maison à un night-club, ou passer d’un État à l’autre. À sept ans, je savais lire une carte. Ensuite, j’ai appris à gérer une garde-robe : le nettoyage à sec, le lavage du blanc, le repassage. À dix ans, je lançais les lu-mières, je devais savoir comment couper les gélatines et gérer les systèmes. Avant les balances sonores, je devais positionner les spots et grimper aux échelles. Vers dix ou onze ans, j’ai appris à m’occuper des cordes des guitares de mon père. D’un coup d’œil, je devais savoir distinguer une corde de si d’une corde de do ou de mi. Je suis devenu aussi le chef d’orchestre, de facto. Puis, vers douze-treize ans, on m’a nommé batteur à plein-temps. Pendant tout ce temps, j’ai vécu la vie de mes parents, qui distrayaient leur public.Forcément, cela a dû avoir un impact sur votre carrière ? J’ai réalisé plus tard que, sans l’avoir cherché, The Roots avaient intégré cette manière de faire. Notre musique est proche des gens. C’est ce que mon père faisait. Il n’a pas seulement écrit et joué de la musique, il a composé la musique de son époque. Il savait très bien com-ment la partager, aussi, lors des concerts.

à un show est plutôt singulier. Les spec-tacles de mon père étaient tellement bons qu’ils transcendaient les circuits « oldies » : une femme modèle et deux enfants dans son show, qui défiaient les âges. Mon père a exploité ça à son avantage. Quand je suis arrivé au lycée, d’un coup, je n’étais plus le requin de l’aquarium, mais plutôt une sardine dans l’océan Pacifique ! Dès le deuxième jour d’école, Christian McBride et Joey DeFrancesco ont séché les cours pour participer au show Philadelphia Morning TV aux côtés de Miles Davis ! Je me sentais un peu comme un musicien

Les cinq premières minutes, il marquait les esprits en jouant quelque chose que les gens connaissaient. Sur les deux mor-ceaux suivants, ma mère s’était transfor-mée à la fois en groupie et en comédienne. J’étais convaincu que tout cela faisait partie de l’éducation de base d’un enfant américain. Je croyais que tous les gosses savaient comment aller à Muncie, par exemple, dans l’État de l’Indiana. J’imagi-nais que tous les mômes de mon âge étaient déjà allés en boîte de nuit, que c’était normal. Ce n’est qu’en grandissant que j’ai réalisé que j’avais été privilégié.Vous avez dû vivre un choc en com-mençant vos études secondaires, dans un univers structuré… J’ai dû tout recommencer à zéro. À huit ans, je jouais de la batterie comme un adulte. Le fait qu’un enfant participe

C’est un terrain de jeux pour musiciens passionnés, un creuset de créations musicales, un véritable nid de visionnaires. Questlove la présente comme « l’entité la plus progres-siste de l’éducation musi-cale ». Depuis 1998, Red Bull Music Academy est une formation itinérante. Une fois par an, elle dé-barque dans une grande ville et s’y installe pendant un mois. Deux groupes de trente participants sont constitués à l’issue de rigoureuses phases de sélection. S’y retrouvent des producteurs, des chanteurs, des DJ’s, des instrumentistes de tous horizons.

Pendant quinze jours, ils travaillent ensemble, dans des studios d’enregistre-ment dernier cri, jouent dans les meilleurs clubs de la ville et échangent leurs savoirs. Les mentors peuvent être Questlove, qui travaille en étroite collaboration avec Red Bull Music Academy depuis 2006, Carl Craig, un vision-naire de la techno, le compositeur Steve Reich ou encore le producteur Mark Ronson.Pour cette quinzième session, le cap est mis sur New York, mère nourricière du punk et du hip-hop. Entre autres. Afin de rendre hommage à la furie créa-trice de la grosse pomme,

un gigantesque festival va alimenter trente-cinq spectacles, soit plus de cent cinquante artistes. Des conférences seront o uvertes au public et menées par des pionniers tels Nile Rodgers (Chic) ou James Murphy (LCD Sound-system). Une installation audiovisuelle signée Brian Eno et des concerts donnés par Kim Gordon (Sonic Youth), Four Tet et, bien sûr, une soixantaine d’heureux élus de la RBMA originaires de trente-cinq pays se produiront en live.

Red Bull Music Academy à New York du 28 avril au 31 mai 2013. Plus sur redbullmusicacademy.com

R E D B U L L M U S I C A C A D E M Y D É B A R Q U E À N E W Y O R K

J ’A I T O U T A P P R I S D U S H O W - B U S I N E S S E N T R E D E U X E T T R E I Z E A N S . À H U I T A N S , J E J O U A I S D E L A B AT T E R I E C O M M E U N A D U LT E .

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de rang, le percussionniste qui joue du triangle, voire du tambourin. J’étais loin d’être la star. J’étais frustré mais en y repensant, je suis ravi que ça se soit passé ainsi. Les stars de l’école, c’étaient les Boyz II Men, les filles hurlaient leur nom. Tariq et moi n’avons pas connu ça, c’est arrivé après que nous avons eu notre diplôme. On a eu un chemin largement inspiré du Lièvre et de la Tortue, nous vivons très bien maintenant, alors que beaucoup de nos contemporains ont disparu ou sont sur le déclin.Les artistes qui émergent aujourd’hui sont-ils de plus grands talents ?L’un de mes plus grands regrets actuelle-ment, c’est le manque de considération pour les musiciens underground. En ne donnant le droit d’exister qu’à ceux qui ont triomphé et donc en massacrant les musiciens qui n’ont pas réussi à percer, le hip-hop s’est tiré une balle dans le pied. Underground ne veut pas dire « sous-culture », mais personne ne s’y intéresse. Le hip-hop est entré dans l’ère du bling-

bling. Tout le monde s’extasie sur les dunks qui déchirent un panneau, mais personne ne s’intéresse aux séquences collectives ou au geste juste. Selon moi, « Puffy » (P. Diddy, alias Sean Combs, ndlr) a lancé cette époque. Les procédés narra-tifs ont commencé à valoriser l’ambition, la réussite. Tout ne parlait plus que de succès. On ne salue plus le statisticien, le porteur d’eau, l’entraîneur adjoint. Ces gens aident l’équipe, pourtant. Finale-ment, tout le monde est focalisé sur un truc : les highlights. Tout ce qui brille.Vous avez une position qui ne plaît pas toujours…Un des débats que j’ai avec Jay-Z, c’est sur la nécessité de surmonter ça et de rétablir une culture underground. Mais le contexte actuel n’aide pas à l’émergence d’une sous-culture black. Une des raisons pour lesquelles The Roots est devenu célèbre, c’est justement parce que nous avons choisi de mélanger les deux univers. Nous avons accepté plein de monde dans notre cercle intime. Ce n’est pas un hasard si The Roots accumulent des ventes d’albums à 200 000 exem-plaires et les disques de platine (un mil-lion d’exemplaires vendus, ndlr). Pareil

pour Mos Def. Pour Gang Starr aussi, D’Angelo, Talib Kweli ou Erykah Badu. Le mouvement macérait et, le résultat, c’est qu’il a créé un contexte. C’est le cas pour la plupart des galériens under-ground. Une fois que vous avez rencontré le succès, c’est une avancée définitive. Vous ne voulez pas revenir en arrière, jusqu’à Sodome et Gomorrhe. C’est un sacrilège que de regarder en arrière. Vous devez vous laisser porter par ces vents. À l’époque de YouTube, vous pouvez rester le cul sur votre lit pour poster une chanson sur Little Dragon et devenir une star du Web en une nuit. Mais ce n’est pas comme ça qu’on lance vingt ans de carrière.La scène reste-t-elle le révélateur des vrais talents ?Un exemple fort : celui de Jill Scott et Jaguar Wright, deux copines de The Roots. On les a rencontrées à peu près à la même époque, entre 1994 et 1995. Quand on a commencé à faire des jam-sessions à la maison, Jill travaillait dans la vente au détail et Jaguar bossait chez Wa-Wa, une chaîne de restauration rapide un peu raffinée. Chaque semaine, elles venaient à la maison pour jammer. Même si elles étaient amies, elles avaient une

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Q U A N D J E S U I S A R R I V É A U LY C É E , D ’ U N C O U P, J E N ’ É TA I S P L U S L E R E Q U I N D E L’A Q U A R I U M , M A I S P L U T Ô T U N E S A R D I N E D A N S L’ O C É A N PA C I F I Q U E   !

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relation semblable à celle entre Mohamed Ali et Joe Frazier. Jaguar possédait un talent indécent dans l’art du chant frees-tyle. Au moindre mot, elle soulevait de terre ses spectateurs. Cela a obligé Jill à améliorer ses prestations, à se préparer pour ces rendez-vous. Et, la semaine d’après, Jill revenait et trouvait chez nous un public. Mais pas Jaguar. C’est arrivé tous les vendredis, de 1997 à 1999, et parfois même le dimanche. Vous leur consacrez trois heures, 365 jours par an et, d’un coup, vous avez face à vous les interprètes les plus chevronnées. C’est ça, l’idée d’un atelier. On y apprend la pa-tience et l’attente. Ça s’est un peu perdu. J’aimerais qu’il existe un produit dans lequel il suffirait d’ajouter de l’eau pour que la performance soit.La maîtrise ne vient-elle qu’avec le temps ?En travaillant pour cette émission, j’ai vu des artistes avec seulement un ou deux ans d’expérience quitter le vestiaire à toute allure pour courir à la salle de bains. Nous étions aussi nerveux quand nous avons fait nos premières prestations live pour Late Night. Maintenant, j’en ris en y repensant, parce qu’on a fait tant de

que It’s a Shame n’est pas un rap de Monie Love, mais une chanson de The Spinners, du début des années soixante. J’étais un peu dans le même état d’esprit quand j’ai débarqué sur Twitter, mais j’ai fini par réaliser que les choses qui me paraissent basiques sont celles qu’on doit justement transmettre. Il y a une grande richesse d’informations, facile d’accès, mais il faut de la patience pour tout passer au crible, et il faut aussi de la patience pour aider l’autre à le faire.Aujourd’hui, la quantité de musique à écouter est infinie…Cela ne m’affole pas. Les trois artistes dont je me préoccupe le plus, dans ce sens, sont Stevie Wonder, Michael Jackson et Prince. J’ai juste assez de place dans mon cerveau pour absorber leurs musiques. Et je suis une personne qui écoute de la musique plusieurs heures par jour. Entre le moment où je me prépare à aller bosser, la voiture et quand je rentre chez moi, j’ai facilement consa-cré cinq heures à l’écoute. Ce que je veux, c’est rendre passionnant le processus de création. Certaines personnes ne viennent pas à bout de leur première corde. Des DJ’s avec lesquels j’ai grandi ont cessé de passer de la musique nouvelle depuis un bon moment. J’aurais probablement pu devenir ce type de personne si je n’avais pas découvert les stems (un stem estla séparation numérique des composantes d’une musique, ndlr). Cela m’offre une nouvelle manière de lire ce qui se crée, parce que je peux voir comment les albums sont réalisés.Il semble que vous n’aimiez pas collaborer à l’écriture d’un seul titre. Si on vous sollicite, vous n’acceptez que si la collaboration est globale ?Je n’ai ni le talent ni la compétence pour faire une déclaration grandiose en trois minutes trente. J’aimerais bien savoir faire ça. Une déclaration, je sais la faire en soixante-dix minutes. C’est déjà pas mal, non ?Les Roots ont été très prolixes en vingt ans de carrière, et vous travaillez sur un seizième nouvel album. Vous avez encore des choses à raconter ?Si vous ne faites pas de compétition avec ce qui fonctionne, comme Rihanna ou Drake, alors peut-être est-ce l’occasion de faire ce que vous voulez faire, du mieux que vous savez le faire, jusqu’à ce que la guillotine tombe. Puis vous vous déten-dez, parce que la guillotine ne tombe pas et, du coup, vous profitez encore. C’est comme ça que j’aborde chaque enregistre-ment. Celui-ci pourrait être le dernier. J’ai toujours envie de quelque chose d’innovant. Ne me demandez pas quoi...

spectacles depuis. Je crois que la recette, c’est un peu moins de dextérité, un peu plus de travail et de patience. Il ne faut pas se jeter sur la ligne d’arrivée.À l’université de New York, où vous allez donner des cours sur les albums classiques, qu’espérez-vous partager avec vos étudiants ?J’avais la possibilité de faire une master class avec une centaine d’étudiants, mais j’ai répondu que je voulais un plus petit groupe. Donc, je vais avoir vingt-quatre élèves. Je veux leur apprendre l’art de la patience, indispensable quand on écoute de la musique. Les gens de ma génération ont plus d’informations à portée de main. Mais je pense que, ce qui manque, ce sont des enseignants qui orientent vers la bonne direction.Pourquoi exprimez-vous ce manque ?Ce matin, j’ai dû engueuler quelqu’un qui engueulait une personne qui ne savait pas

S T E V I E W O N D E R , M I C H A E L J A C K S O N E T P R I N C E S O N T C E U X Q U E J ’ É C O U T E L E P L U S . J ’A I J U S T E A S S E Z D E P L A C E D A N S M O N C E R V E A U P O U R A B S O R B E R L E U R S M U S I Q U E S .

Travie McCoy, Black Thought et Kid Rock partagent la scène de The Roots à Cleveland,

l’an dernier, dans le cadre de la soirée d’ouverture du Rock and Roll Hall of Fame.

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de questions et d’angoisses. thomas a du mal à retrouver ses meilleures sensations : « Je me sens bien quand tous les éléments de mon ski sont réunis, c’est-à-dire la santé, l’envie et le travail. Quand je sens que je suis prêt, j’ai alors presque l’impression d’être invincible.

Voilà comment je vois les choses. » Au fil des mois, la question de la confiance revient. Malgré tout, thomas progresse. Lors de la saison 2010-2011, il signe en Coupe du monde un top 4 et un top 9, tous deux claqués en mars, à tignes. Au classement général final, ça donne

C’est une carrière qui se dessine dans la précocité. traces originelles dans la neige à trois ans, baptême de figures freestyle à six, premier voyage aux États-Unis pour le ski à neuf ou encore dépuce-lage d’une compétition senior à quatorze, où il prend d’ailleurs la seconde place. Ainsi va l’enfance de thomas Krief.

Ce petit prodige, fils unique, a mis sa trace dans les skis du père, freerider de bon niveau. À l’Alpe d’Huez, dans le sillage du paternel, il skie, s’entraîne, voyage et mûrit. ils sont deux copains unis par la même passion. de Yann, son père, thomas dit : « il était tout le temps avec moi. il gérait tout. C’était mon cerveau et moi, je skiais. » C’est l’heure du choix, thomas tranche tout schuss. dans la vie, il fera du half-pipe.

Mais il doit aussi renoncer. À son père. La séparation est difficile mais inévitable pour le sacro-saint proces-sus de professionnalisation. thomas a quatorze ans quand il rejoint, d’abord à la pige puis en permanence, Greg Guenet, ancien membre de l’équipe de France de saut acrobatique et gourou du half-pipe tricolore. L’ex-entraîneur du groupe France en ski freestyle élève déjà au grand air Kevin rolland, Xavier Bertoni et Ben Valentin. depuis, le quatuor ne se quitte plus. il a même créé son groupe d’entraînement, la structure privée Free ski Project coachée par le rigoureux Guenet. « Mine de rien, raconte thomas, le groupe a remporté huit ou neuf mé-dailles aux X Games (huit précisément dont 4 en or pour Kevin Rolland, ndlr). »

dès 2008, à 14 ans, thomas fréquente le plus haut niveau mondial. Par inter-mittence. des blessures freinent sa progression et, avec elles, un chapelet

une 9e place. L’année suivante est encore meilleure. Certes, il termine 10e du général de la Coupe du monde de half-pipe, une compétition jalonnée par une 4e place dans le demi-tube américain de Mammoth Mountain. Mais il rafle le Championnat de France de half-pipe et

s’assure l’argent aux Mondiaux cana-diens de Whistler. Le plus gros cadeau de 2012, c’est sa médaille d’argent aux X Games europe, à tignes.

Flash-back : « J’y étais déjà l’année dernière. Mais j’avais raté la qualifica-tion pour la finale ; un finaliste s’est blessé à l’échauffement, au dernier moment. J’étais en train de signer des autographes quand on m’a rappe-lé. Je n’y croyais pas. et j’avais à peine un quart d’heure pour être en haut du pipe. Pour me convaincre définiti-vement, mon père m’a fait écouter, par téléphone, la foule qui criait “Toto,

Toto !” et j’y suis allé. » thomas n’est plus chaud, il envoie ce qu’il peut et termine 5e. de quoi viser, un an plus tard, le podium. « Quand j’ai remporté l’argent l’an dernier, j’étais devenu un autre skieur, plus sûr de moi. J’ai beaucoup travaillé pour ça. » Habité par l’impres-sion que « rien ne pouvait (lui) arriver », thomas avait caressé du bout de la spatule le rêve de tout freestyler : l’or des X Games, le saint-Graal. Le Grenoblois veut se goinfrer. Le rendez-vous de tignes qui débute le 20 mars aiguise son appétit. Mais il a déjà identifié son plat principal, l’objectif vers lequel il va se préparer dans les prochains mois : l’or olympique. Car le ski freestyle fait son entrée aux JO d’hiver de sotchi en 2014. C’est déjà demain. Plus sur www.thomaskrief.com

PORTRAIT

Krief, l’envolThomas Krief, pas encore vingt ans, aborde avec appétit les X Games Europe

qui débutent à Tignes, le 20 mars prochain. L’hiver dernier, le skieur freestyle de l’Alpe d’Huez avait empoché l’argent en superpipe. Cette fois, il veut l’or.

Texte : Frédéric Pelatan avec Ioris Queyroi

« Pour me convaincre

défi nitivement, mon père m’a fait écouter, par télé-

phone, la foule qui criait “Toto, Toto !”

et j’y suis allé »

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Date et lieu de naissance5 juin 1993, à Grenoble

Taille, poids1,78 m ; 70 kg

ClubSC Alpe d’Huez

Palmarès 2011-2012Médaillé d’argent en super-pipe aux X Games Europe

Médaillé d’argent en half-pipe aux Championnats du monde

Champion de France de half-pipe

Ici, Thomas Krief envoie du lourd il y a tout juste un an lors des Championnats US. Il terminera au pied du podium.

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Q u a t o r z e a c t e u r s d u D a k a r 2 0 1 3 , c i n q u i è m e d u g e n r e e n A m é r i q u e d u S u d , d é v o i l e n t l e u r j o u r n a l d e b o r d à l ’ i s s u e d e s 8   5 0 0 k i l o m è t r e s p a r c o u r u s e n t r e L i m a e t S a n t i a g o d u C h i l i . R é c i t s a n s l e m o i n d r e g r a i n d e s a b l e .

Textes : Werner Jessner avec Ioris Queyroi Photos : Philipp Horak

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L i m A > P i s c oL ’ U R U g U A y e n L A U R e n t L A z A R D ,

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« Un câble rouge et un câble noir… Non. Non. Le rouge ? OK. On verra ça après. Je dois rester calme. Le moteur de ma Yamaha s’est arrêté à peine quatre kilo-mètres après le départ de la première spéciale. Impossible de le faire repartir. S’agglutinent autour de ma bécane une bonne douzaine de pseudo-mécanos pour me prêter main forte. En principe, un mo-teur à explosion n’a rien d’un vaisseau spatial : de l’essence, une étincelle d’allu-mage et c’est parti. Mais pour l’instant, il n’y a ni étincelle ni essence qui passent. Je me suis donné beaucoup de mal pour ma 8e participation au Dakar, je me suis laissé pousser la moustache et le ventre. Je me suis aussi fait personnaliser des sous- vêtements roses avec mon nom des-sus. Dix minutes de parcours se sont transformées en six heures. Je suis bon dernier. Même les camions me sont tous passés devant. J’espère faire repartir la moto, sinon je deviendrais le recordman de la plus courte distance parcourue lors d’un Dakar. »

P i s c o > P i s c oL e p É R U v i e n S i m i o n v e L A S Q U e C R U z ,

L o U e U R D e p A R A S o L S

« J’ai une petite affaire de location de pa-rasols sur la plage de Paracas, une petite commune où je suis né il y a 52 ans. Tôt ce matin, j’ai chargé trente parasols en bois dans mon pick-up Datsun et fait les 17 km jusqu’à la plage de Pisco. Au-jourd’hui, il ne s’y est pas passé grand-chose, la moitié de la ville est ici pour voir le Dakar. Depuis hier, un million de Péru-viens aurait envahi les rues pour assister au passage des voitures, camions et mo-tos. Pour louer à la journée l’un de mes parasols, je demande 10 $ (7,30 €, ndlr). Le bivouac reste deux jours à Pisco, c’est l’occasion pour moi de faire de bonnes affaires. J’ai vu des types vendre des tee-shirts floqués du logo du Dakar qu’ils ont imprimé eux-mêmes, bien que ce soit illégal. Moi, avec mes parasols j’ai la conscience tranquille. Paracas est plus joli que Pisco, le Dakar devrait y passer. »

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Bivouac. Sur le Dakar, le coucher de soleil n’est,

en général, pas de tout repos. La plupart des

concurrents met les mains dans le cambouis. D’autres,

souvent pilotes d’usines, laissent faire les mécanos.

Ainsi va la vie de cette singulière caravane

motorisée.

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« J’ai 60 ans. Depuis huit ans, je suis res-ponsable de l’équipe médicale (58 per-sonnes) qui s’occupe chaque jour d’environ 200 patients. En majorité des pilotes moto. Diarrhées, coups de soleil, piqûres de moustique, mal aigu des montagnes, tout y passe. Nous intervenons aussi en cas d’accidents mortels. Nous sommes équipés pour pratiquer des opérations. Notre unité est sollicitée 24 h/24. Deux remorques escamotables sont montées et démontées à chaque étape. Au total, nous déplaçons douze tonnes de matériel. Notre rôle n’est pas de pousser les concurrents à l’abandon. Si leur état le permet, nous les renvoyons à la course. L’heure de pointe, c’est 18 heures. Le calme ne revient qu’à partir de minuit. On peut alors s’endormir avec la satisfaction du travail accompli. »

n A z c A > A R e q u i P AL e Q A t A R i n A S S e R A L - A t t i y A h ,

C A t É g o R i e A U t o S ( n °   3 0 0 )

« Pour le moment, notre buggy avance très bien. c’est surprenant et très réjouissant pour un projet aussi jeune qui n’a pas bé-néficié d’une période de tests aussi longue que nous l’aurions aimé. contrairement à carlos (Sainz, autre pilote du Qatar Red Bull Rally Team, ndlr) qui semble être poursuivi par la malchance, tout tourne rond pour nous. Ç’a été une belle victoire d’étape aujourd’hui et la 16e de ma car-rière. Je ne suis qu’à 5 minutes (précisé-ment 5’ 16”, ndlr) du leader, Stéphane Peterhansel. Il semblerait que l’on s’oriente vers un duel entre notre buggy débutant à traction arrière et la Mini quatre roues motrices très au point du Français, décidé-ment très à son aise. Je m’en réjouis mais le rallye est encore long. »

P i s c o > n A z c AL ’ A L L e m A n D t i m o g o t t S C h A L k , C o -

p i L o t e D e L ’ e S p A g n o L C A R L o S S A i n z

« J’ai remporté le Dakar il y a deux ans au côté de Nasser Al-Attiyah. Les épreuves sont comparables à un jeu de piste numé-rique. Il faut suivre une à une et dans le bon ordre les positions gPS. Juste avant Pisco, on n’est pas arrivés à trouver un point de contrôle. L’erreur venait d’un faux contact dans le gPS. cela n’a pas empêché une équipe de déposer un re-cours contre nous, même si nous n’avons rien fait de répréhensible. Si la plainte est reçue, on écopera de 20 minutes de pénalité. (Après réclamation de Sainz, le jury a décidé de reclasser le tandem en lui décomptant les 21 minutes perdues lors du pointage raté. La confusion a été causée par les satellites de course du Dakar et non par le GPS du buggy de l’Espagnol, ndlr.) »

É t A p e É t A p eÉ t A p e

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Sous bonne escorte. Entre Córdoba et La rioja, la maré-chaussée veille pendant que

d’autres passent sous les griffes du médecin. règle de base : si tu

peux dormir, dors ! Les Buggys ont cartonné (de gauche

à droite et de haut en bas).

A R i c A > c A L A m AL e R U S S e A n D R e y k A R g i n o v ,

C A t É g o R i e C A m i o n S ( n °   5 1 0 )

« Pour nous, c’est un jour comme les autres. Nous dépassons le Néerlandais Hans Stacey, vainqueur la veille, et aujourd’hui couché sur le toit. Nous nous sommes aussi enlisés. Puis notre co-équipier Mardeev (Ayrat Mardeev, n° 505, pilote de Kamaz-Master comme Karginov, ndlr) est resté prisonnier des sables à son tour. Nous l’avons aidé. À ce moment-là, Miki Biasion (l’Italien, 55 ans, a remporté le championnat du monde des rallyes en 1988 et 1989, ndlr) nous est momentané-ment passé devant. Mais nous avons bou-clé cette étape à la 2e place. ce soir, nous sommes 5e au général. Seul notre mécani-cien se plaint encore des secousses dans la cabine. cela vient probablement du pois-son séché et de la bière que nous nous ac-cordons à la fin de chaque étape (rires). »

É t A p e

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« Parfois, tu t’arrêtes et tu te demandes ce que tu fais là avec une corde dans la main, le Buggy dans un trou, en plein milieu de la Pampa. Comment repartir ? On finit toujours par y arriver, d’une manière ou d’une autre. Enfin, presque toujours... » Pascal Thomasse et Pascal Larroque, le duo français.

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t u c u m á n > c ó R D o b AL e F R A n ç A i S C y R i L D e S p R e S ,

C A t É g o R i e m o t o S ( n °   1 )

« Deux barres de céréales, deux aux amandes, deux gels énergétiques au guarana, cinq de Powerbar, un demi-litre de milk-shake protéiné, deux litres et demi de Hydro Drink... Tout ça a été insuffisant pour la journée. Avant l’étape de liaison, j’ai en plus dévalisé une station-service et acheté un litre et demi d’eau, deux red Bull et de la compote de pommes. Dans ma caravane, mon accompagnateur m’a pré-paré ce soir deux jaunes d’œuf crus et une portion de nourriture d’astronaute, en plus du dîner. L’étape du jour a été particulière-ment difficile (la plus longue journée de ce Dakar, 852 km dont 593 de spéciale, ndlr). Il a fallu constamment se tenir légèrement accroupi sur la moto avec les fesses 20 cm au-dessus de la selle. Mais j’ai roulé vite. Ma victoire aujourd’hui tient autant à ma bonne forme qu’à la préparation optimale des pneus. Les Michelin doivent être échauffés avec précaution pour qu’à l’intérieur, le Bib-mousse ait le meilleur rendement. Il y a deux jours, j’ai dû changer le moteur, tout seul, car l’étape “marathon” n’autorise pas l’intervention de mécaniciens. Je fais très attention au nouveau. Dans les passages rapides, je me limite à 140 km/h bien que des pointes à 160 soient possibles. Malgré tout, je fais un bond au général, passant de la 6e à la 2e place. Aujourd’hui est un D-Day comme disent mes adversaires. un Despres-Day (rires). »

c ó R D o b A > L A R i o j AL ’ A R g e n t i n g A R A y J U L i o C e S A R ,

p o L i C i e R

« Mes onze collègues et moi sommes postés au niveau du gué, au kilomètre 59. Nous veillons à ce que les spectateurs n’empiètent pas trop sur la route. ce n’est pas facile, aucun ruban ne délimite claire-ment la zone réservée au public. Le ther-momètre affiche près de 40 °c. Notre in-tervention a commencé hier à 23 heures pour durer vingt-quatre heures. Trois mille cinq cents policiers assurent la sécu-rité de l’itinéraire et la protection du bi-vouac dans cette étape. »

c A L A m A > s A L t A t h o m A S R e p o S e e n p A i x

À l’aube, le Français Thomas Bourgin, 25 ans, qui participe à son premier Dakar, percute une voiture de la police chilienne lors de la liaison, longue de 584 km, qui mène au départ de la spéciale du jour. Il meurt au bord de la route. Dès le quatrième jour, dans la nuit, un véhicule d’accompagnement de l’équipe anglaise Race2Recovery entrait en collision avec deux taxis péruviens. Bilan : deux morts et sept blessés. Beaucoup de pilotes, surtout les motards, jugent les étapes de liaisons extrêmement longues et totale-ment dénuées d’intérêt sportif. Surtout qu’elles comportent souvent plus de dangers que les épreuves chronométrées.

s A L t A > s A n m i g u e L D e t u c u m á nL ’ A U t R i C h i e n F e R D i n A n D k R e i D L ,

C A t É g o R i e m o t o S ( n °   1 2 5 )

« Avant, Ingo (le pilote allemand, Ingo Zahn, ndlr) et moi, nous nous chambrions souvent sur nos origines allemande et autrichienne. c’était une manière de créer une bonne atmosphère dans la tente et de rendre plus supportables le manque de sommeil, les chutes. Le martyre endu-ré, quoi. Mais depuis que Ingo a un pro-blème d’essence et que je ne m’arrête pas, l’ambiance dans la tente se dégrade. De toute façon, mon aide lui aurait été vaine mais Ingo voit les choses différemment. Pour lui, le Dakar forge des amitiés mais peut aussi les anéantir. Au moins, notre premier objectif sportif est atteint : tenir jusqu’à la mi-temps du Dakar, en arrivant à Tucumán, site de la journée de repos. L’an passé, mon moteur m’avait lâché à 200 km de ce fameux jour de repos alors que Ingo s’était fracturé la clavicule dès le deuxième jour. Quand nous n’avons pas de dossard sur le dos, nous sommes tous les deux des entrepreneurs. On nous sur-nomme “les touristes du Dakar”, nous, les pilotes dont la position au classement général est à trois chiffres. ces “vacances” nous coûtent à chacun 50 000 €, sans compter la moto. Bien que des entreprises autrichiennes locales me soutiennent, je suis mon principal sponsor. »

« ces “vacances”

nous coûtent 50 000 €

chacun. sans compter la

moto »Ferdinand Kreidl

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EDIT

L A R i o j A > F i A m b A L áL ’ A R g e n t i n R A F A e L o L m o S , p R o p R i É -

t A i R e D ’ U n e S t A t i o n - S e R v i C e

« Avec mon frère, je gère la station-service de Fiambalá. c’est la dernière, avant copiapó au chili. Entre les deux, il y a les Andes. Quiconque souhaite passer la frontière doit s’approvisionner en essence chez nous. Pendant le Dakar, nous écou-lons 100 000 litres d’essence, c’est autant que le reste de l’année. certains partici-pants attendent deux à trois heures avec leurs véhicules accompagnateurs. J’espère que le Dakar passera ici longtemps. »

F i A m b A L á > c o P i A P óL e S p h o t o g R A p h e S A R g e n t i n S e t B R É S i -

L i e n S g U S t A v o , v i n i C i U S , e R i C e t J o S É

« Notre journée type est la suivante : lever à 3 h 30, petit-déjeuner, on récupère le panier-repas et c’est parti. Souvent, les meilleurs spots de photos sont à quelques heures de route, hors des voies balisées. À ces heures-là, il n’y a personne pour vous aider si vous vous enlisez sur une dune ou dans un bourbier. Quand le soleil se lève et que vous vous soulagez assis sur la crête d’une dune, au lieu de subir l’en-fer chimique des toilettes mobiles, ces moments deviennent inoubliables. La première moto en vue annonce le début du travail : photographier, retravailler les images dans la voiture, avant de les trans-mettre par téléphone satellite. cela dure souvent jusqu’en fin d’après-midi mais ensuite, il nous faut parcourir 400, 500, et parfois 700 kilomètres pour rallier la prochaine étape. Quand tout se passe bien, nous sommes de retour au bivouac à 22 heures. À ce jour, le Dakar nous a coûté un appareil photo, un écran de portable, le hayon de notre Mitsubishi Pajero, la galerie tordue et un roulement cassé. Depuis notre retour au bivouac à La rioja avec l’arrière-gauche de la voiture en feu, nous avons décidé de nous séparer. Deux d’entre nous s’efforcent de remettre la voiture en état pendant que les deux autres suivent le rallye en auto-stop. Nos clients veulent des photos en temps réel. Malgré tout, l’ambiance est bonne. »

« Aujourd’hui est un D-Day. un Despres-Day »cyril Despres

Ça sent le départ. épuisés, les motards n’aspirent

qu’à se reposer après avoir rallié Santiago du Chili

(ci-dessus). Cyril Despres, vainqueur tout sourire,

à la gauche de ruben faria (ci-contre).

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La moto de LAurEnT LAzArD repartira. Il boucle le Dakar à la 99e place, à 19 h 36 de Despres.

SImIOn VELASquE Cruz et ses parasols sont de retour à Paracas.

Le moteur de leur buggy a lâché. La 6e étape a été fatale à SAInz et GOTTSChALk.

Victime d’une pompe à eau défectueuse, nASSEr AL- ATTIyAh, alors second au général, a abandonné lors de la 9e étape.

Au volant de leur kamaz, Andrey kArGInOV et ses coéquipiers ont fini 3e au général. Jusqu’au bout, ils ont mangé du poisson.

La grande majorité de la cara-vane est passée au moins une fois par L’InfIrmErIE.

Les autorités chiliennes ont ouvert une enquête sur la mort de ThOmAS BOurGIn. Les circonstances de l’accident restent encore à déterminer.

Les guerriers solitaires fErDI-nAnD krEIDL et InGO zAhn ont rallié Santiago au forceps. zahn a terminé 85e, ferdinand a accroché la 88e place.

Grâce à sa grande expérience de l’épreuve, à une condition phy-sique irréprochable et à une machine redoutable, DESPrES gagne son 5e Dakar. En moto, seul Peterhansel a fait mieux.

quand la caravane finit de passer, la police retrouve ses attributions premières. ASO contrôle par GPS la vitesse des participants et le moindre excès est sanctionné par de lourdes amendes.

À la station-service des frèrES OLmOS, le calme est revenu.

un seul des quATrE PhOTO-GrAPhES a atteint Santiago.

GInIEL DE VILLIErS termine à la 2e place, à plus de 42 minutes de STéPhAnE PETErhAnSEL vainqueur de son 5e Dakar en catégorie autos. Son onzième, en ajoutant ses victoires en moto. record absolu.

Les spectateurs croisés cette année espèrent que le DAkAr 2014 passera à nouveau près de chez eux.

c o P i A P ó > L A s e R e n AL e S U D - A F R i C A i n g i n i e L D e v i L L i e R S ,

C A t É g o R i e A U t o S ( n °   3 0 1 )

« Les buggys sont les plus rapides. À moins de rencontrer des problèmes techniques, ils finissent premiers avec une heure d’avance. Les Minis aussi sont plus véloces que nous, elles sont au point et jouissent d’un budget conséquent. Avec notre pick-up (un Imperial Toyota, ndlr), nous faisons beaucoup avec peu. L’an prochain, nous devrons en tirer encore davantage en améliorant le moteur, le châssis et en ré-glant les problèmes de freinage. une place sur le podium demain signifierait que nous sommes allés au- delà de nos objectifs. Nous voulons ce podium. La première place n’échappera pas à Stéphane Pete-rhansel, nous nous battons pour la 2e place (avant le départ de cette étape, le tandem De Villiers-Von Zitzewitz est second au général, à 50’ 21” du duo Peterhansel-Cottret, ndlr). Il faut rouler à une vitesse qui sollicite le moins de concentration. Il y a dix ans, le moteur m’avait lâché à deux kilomètres de l’arrivée... J’y pense encore. »

L A s e R e n A > s A n t i A g oL e S F A n S

Des milliers de spectateurs à la station-service à 4 heures du matin, une haie humaine le long de la route, une marée de drapeaux près de l’autoroute, des crépitements de flashs sur le chemin du bivouac, des cris de jeunes filles, des saluts de garçons, des femmes qui envoient des baisers, des hommes qui dansent... Les fans au Pérou, au chili et en Argentine sont bien les meilleurs. Ils l’ont prouvé sur des kilomètres avec leurs chants, autographes, accolades. une vraie ambiance de stade de foot. une bonne moitié des véhicules civils arborent un autocollant du Dakar. une photo-souvenir au côté de Despres est aussi recherchée et précieuse qu’une avec un mécanicien. Tout simplement inoubliable.

ÉPiLogue

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Vingt riders, adeptes de backcountry, avaient rendez-vous aux Arcs

en janvier dernier à l’occasion de la 5e édition de Red Bull Linecatcher.

Sur la face vierge du Fond Blanc, le Chamoniard Sam Favret l’a

emporté. Reportage dans ce monde de joyeux drilles peu frileux.

Texte  : Baptiste Blanchet Photos  : Jérémy Bernard

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Sommet. L’Italien Markus Eder ne remportera pas l’édition 2013 de Red Bull Lincatcher. Mais ce cliché fera le tour du monde.

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Terrasse avec vue. Imprenable. Quelques secondes suffisent pour rejoindre l’arche Red Bull et voler au-dessus de ces lignes totalement vierges le matin même.

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« nous avons

conscience de vivre

des moments uniques.

nous sommes des

privilégiés »

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le soleil, au zénith, inonde une neige parfaite. Léo Taillefer a hâte d’en dé-coudre. Le Français peaufine son matos avant de dresser un résumé parfait de cette discipline : « Tout se joue sur la lecture du terrain. Mais chaque rider a la sienne. Même avec l’expérience, on peut se faire surprendre. On observe une face de profil, de face et quand on se retrouve en haut, son tracé semble complètement différent. C’est à chacun d’adapter ses capacités physiques en fonction du parcours. » Car pour séduire les trois juges, « il faut aussi tailler des sauts et envoyer des figures », rappelle Sam Favret, vainqueur grâce à un switch cork 540 côté droit, un left cork 720 côté gauche et un 360 sur relief naturel.

Si le classement final reste impor-tant, les participants, qui forment une communauté à part, ne l’envisagent pas comme un Graal à décrocher. « Je trouve ça différent du freestyle ou du half-pipe. Car même si on se mesure les uns aux autres, on a envie que chacun sorte son meilleur run le jour J, insiste l’Américain Sage Cattabriga-Alosa. Je ne viens pas ici pour prendre de l’argent mais pour vivre une expérience. »

Tous maîtrisent toutes les subtilités du freestyle. Ils l’ont souvent pratiqué à haut niveau. Mais, les adeptes du back-country sont avant tout des mordus de haute montagne qui passent la plupart de leur saison à tourner des films documen-taires. Ces « riders d’images » fonctionnent comme un petit monde. « Nous formons tous une grande famille, on se connaît directement ou indirectement », confirme le Français Mathieu, alias « Mati », Imbert. « La plupart de ces gars sont de bons amis, poursuit l’Américain Parker White, 2e aux Arcs. À la fin de la journée, quel que soit le résultat, on boit un verre tous en-semble. Quand on arrive dans une station bien connue par l’un d’entre nous, il nous montre les bons endroits, les bars sympas. Les riders sont hospitaliers. Il n’y a pas de mauvaises vibes entre nous. » Si la concurrence existe aussi pour trouver des sponsors et participer au film le plus spec-taculaire, les riders se rassemblent autour de valeurs communes. À commencer par la solidarité. « Ça vient du fait qu’en haute montagne, tu n’es qu’un morceau de viande. On fait donc attention les uns aux autres. Chacun représente une sécurité pour l’autre car on ne part jamais seul », souligne le Français Richard Permin. Sans se revendiquer des chantres de l’écologie, ces riders de backcountry s’attachent à la préservation de leurs terrains de jeux.

La communauté des riders apprécie se retrouver tous les ans à Red Bull Linecatcher. Richard Permin (à gauche) et Thomas Blanc (à droite) encadrent leurs potes avant de prendre la tangente.

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« à la fin de la journée,

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Alaska ? Non, Les Arcs. Mathieu Imbert vient de s’élancer. Les éléments semblent prendre le dessus. Il n’en est rien. « Mati » en sortira vainqueur.

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FAvRET, LES jEux SoNT FAITS Longtemps, Sam Favret a rêvé de podium, de Marseillaise, de médaille et de village olympique : « Quand j’ai terminé 6e de la Coupe du monde de slopestyle en Finlande, j’ai effectivement pensé me lancer dans la course aux jo. à l’époque, j’étais engagé avec mon précédent sponsor, pour lequel je n’avais pas d’obligation particulière. j’attendais aussi de voir ce que la Fédération allait faire. » Mais l’été dernier, le Chamoniard de 24 ans reçoit une proposition difficile à refuser. « Rossignol m’a contacté pour faire de l’image. j’ai finalement opté pour leur projet, glisse-t-il. Si je me lance dans la course aux jeux, c’est du snowpark à fond et j’oublie le shooting, tu ne peux pas faire moitié-moitié, surtout à un an de l’échéance. En fait, Rossignol m’a aidé à choisir. j’aurai peut-être un petit pincement au cœur quand je verrai le slope à Sotchi. En tout cas, je trouve que les jo sont une bonne chose pour la démocratisation de notre sport. » à Sotchi, le slopestyle et le half-pipe, déjà présents en snowboard, font leur entrée au programme. Aucun regret tant ce montagnard pur jus apprécie sa liberté et mesure la chance de vivre de sa passion : « Au début, mes parents étaient assez pessimistes en voyant ce sport décoller et sans trop savoir où ça pouvait aller. Maintenant, ils sont plutôt fiers. Mais je sais que je ne pourrais pas éternellement vivre du ski. »

Prénom ? Sam. Nom ? Favret. Ce n’est pas forcément celui qu’on attendait qui l’a emporté. Aux Arcs, cette année, Favret a définitivement pris son envol.

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revendiquent tous une forme d’expertise face au danger. Une prise de risque calcu-lée. « Mes proches le savent. Ils me font confiance, me disent rarement : Fais at-tention ! Car je sais quand y aller et quand lever le pied, raconte Sage Cattabriga-Alosa. Il y a parfois la pression des photo-graphes, des films, des sponsors. Quand ça n’est pas le moment, je sais qu’il y en aura un autre. Je sais dire : Pas aujourd’hui ! » Pas des têtes brûlées, ces riders ? « C’est complexe. Nous sommes constamment dans une connexion entre le cerveau et le corps où il faut apprendre à débrancher son cerveau de temps en temps », nuance Léo Taillefer. Pour un néophyte, faire un saut de trente mètres dans la poudreuse ou dévaler une pente ultra-raide à 125 km/h peut s’apparenter à de la folie. Pas pour un rider de haut vol. « C’est un peu comme en moto, entre un mec qui roule vite sur l’autoroute et Valentino Rossi. Il existe un fossé, indique Richard Permin. L’Italien a passé telle-ment de temps sur sa moto qu’il peut faire des choses incroyables. Nous aussi. » Pourtant, même chez les meilleurs riders, la peur est omniprésente. L’Italien Markus eder, référence de la discipline, la reven-dique : « J’ai toujours peur, en tout cas très souvent. Il y a quelques semaines au Canada, je n’ai pas pu dormir pendant deux nuits car j’étais stressé et excité de faire le parcours que j’imaginais.

« Car nous avons tous conscience de vivre des moments uniques », avoue Mathieu Imbert. Mais dans ce sport, pas de place pour le star-system. La montagne force à se montrer humble. Constamment. en quelques secondes, une avalanche ou une barre rocheuse peut briser un destin.

Malgré leur air insouciant, leur bron-zage impeccable et leur look décontracté, ses garçons parfois très jeunes – les riders présents aux Arcs ont entre 21 et 33 ans –

Annoncé comme un des favoris logiques de l’épreuve, le Français Richard Permin aura tout tenté. En vain. Rendez-vous en 2014 pour Rich’.

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LA SAISoN TyPE dE PERMIN Le Français est une valeur sûre de la discipline (retrouvez « Flying Frenchman », un portrait de huit pages dans le numéro de janvier 2012). Basé à Annecy, Richard Permin dévoile ce qui pourrait ressembler à un programme type : « je m’entraîne de novembre à mi-janvier. je fais du cardio, un peu de musculation et beaucoup d’étirements. Il faut être sec et rester souple, notamment pour les réceptions de sauts. Mais j’essaie de faire les choses de manière ludique. Pour m’amuser, il m’arrive aussi d’aller surfer. Ça muscle le dos et constitue un bon complément. je fais aussi du vélo et du skate. à partir de février et jusqu’à mi-mai, je participe à quelques compétitions de back-country et je commence à filmer mes runs. Puis, jusqu’à fin juillet, je suis tranquille. j’en profite alors pour voir ma famille, ma copine et voyager. L’été, je fais plus attention à mes dépenses que durant l’hiver où j’investis vraiment dans mon ski. je recommence à skier début août, au Chili ou en Nouvelle-Zélande, jusqu’à mi- septembre. Et enfin, pendant deux ou trois mois, j’attaque les tournées et les avant- premières de tous les films réalisés. »

Eder Park. Markus Eder est italien. Et fier de l’être. Il respire le backcountry et ses pièges verdoyants ou rocailleux. Comme sur ce cliché.

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Tu regardes la face une fois, deux fois. dix fois pour être sûr. À chaque fois que j’ai été trop sûr de moi, je me suis blessé. »

Presque tous nés en montagne, ces passionnés, souvent passés par le ski alpin, pratiquent leur art en toute liberté, revendiquent une forme de créativité, s’inspirent les uns des autres et fixent leurs propres règles. « L’entraînement en ski alpin était toujours pareil, le coach me disait ce qu’il fallait faire. Maintenant, plus personne ne me donne d’ordres », se réjouit eder. « Une porte rouge, une porte bleue et ainsi de suite, je n’en pouvais plus, s’amuse Permin. Moi, je voulais voir les montagnes, être le seul à tel endroit, dans la nature. » Cette quête d’absolu oblige les riders à sillonner la planète à la recherche des meilleurs spots. en menant une existence nomade qui semble leur convenir : « Ma vie tient dans un sac de voyage. On se déplace par rapport aux conditions de neige. L’an dernier, j’étais au Japon, je me suis posé à Paris à cinq heures du matin, mais j’ai reçu un mail qui me disait que je devais reprendre un avion pour l’Alaska le plus vite possible, se souvient Richard Permin. J’ai changé mon billet à l’aéroport et je ne suis pas rentré chez moi pendant quatre mois. » dans ce contexte, pas facile de voir ses amis et surtout d’avoir une vie amoureuse. « C’est compliqué car tu dépends des

conditions météo, tu pars toujours à la dernière minute, résume Mathieu Imbert. J’ai essayé la vie en couple. Là, je suis en colocation avec des potes à Chamonix. »

a communauté de riders se dis-tingue aussi par son matériel. dans la queue d’un télésiège, ils sont reconnaissables à leurs skis

dernier cri, leur ARVA (appareil de re-cherches de victimes d’avalanche) fixé à la taille, leur sac à dos équipé d’une pelle et d’une sonde. Sans parler d’autres gad-gets comme un airbag. et le look dans tout ça ? en collaborant avec des marques qui les sponsorisent, il se travaille en amont. Mais pas question de manquer de style ! « L’apparence est hyper importante. d’ailleurs, on parle de freestyle, avoue le Français Romain Grojean. Tu essaies d’être le mieux habillé possible. Le fait de porter des choses larges gomme un peu les imperfections techniques à l’image. » Bonnet ou casquette, pantalon baggy ou slim, chemise de bûcheron ou tee-shirt hip-hop, chacun son style autour d’une culture commune. La petite bande possède aussi son propre langage. « Si quelqu’un nous écoute, il comprendra la majorité des discussions », rassure Grojean. Mais il y a beaucoup de mots an-glophones pour les descriptions des sauts qui portent des noms précis (360, cork, backflip, butter, holly). « On a des termes qui paraissent un peu fun mais qui sont techniques, poursuit Richard Permin. On abrège le nom des rotations, on va au plus simple. Mais si on prend l’exemple du foot, on a l’habitude d’entendre les mots tacle, dribble ou hors-jeu. » Malgré leurs faux airs de fêtards, les riders restent des sportifs de haut niveau qui s’astreignent à une grosse préparation physique. Pour éviter les blessures, enchaîner les récep-tions sur les sauts. Car si certains par-viennent à vivre de leur art, aucun ne renoncerait à sa passion : « La poudreuse, c’est la neige la plus douce à skier, là où tout devient possible, raconte Léo Taillefer. C’est une drogue. Quand tu y as goûté, il devient difficile de s’en passer. » Plus sur www.redbull.fr

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Le podium de cette édition 2013 de Red Bull Linecatcher a fière allure. Encadré du Suisse Nicolas vuignier et du prodige américain Parker White (à droite), Sam Favret peut savourer. Le Français décroche, à 24 ans, un de ses plus beaux titres. Si ce n’est le plus beau.

voyez les plus beaux moments de Red Bull Linecatcher 2013 sur l’appli pour tablettes totalement gratuite siglée The Red Bulletin !

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la neige la plus douce

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Quand tu y as goûté,

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s’en passer »

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THE RED BULLETIN : La vue de votre bureau est époustouflante. Y êtes-vous sensible ou n’est-ce pour vous qu’un simple bureau au bout d’un long couloir où se succèdent les laboratoires impersonnels ?ERIC KANDEL : Cette vue sur l’Hudson me rappelle que je ne suis pas à plaindre. Aux États-unis, quand on a 83 ans, on n’est pas contraint de prendre sa retraite si on ne le veut pas. C’est un bon système. L’Hudson m’ouvre de nouveaux horizons de pensée.Je vois là une paire de palmes jaunes. Avez-vous prévu d’aller nager ?Tous les jours, je nage une heure durant la pause déjeuner. Le samedi, je fais un double au tennis et le dimanche, un simple. Je mange avec modération, et très peu de viande. Je compte bien servir la science encore un moment, c’est un réel plaisir.Les neurosciences sont l’objet princi-pal de vos recherches mais vous tou-chez aussi en permanence à d’autres disciplines comme la biologie et même, récemment, l’histoire de l’art. Est-ce dû à la mobilité qui est la vôtre depuis votre plus jeune âge ?Arriver aux États-unis à neuf ans a été parfait pour moi. Je suis devenu instanta-nément un Américain convaincu.

vivantemémoire

L’étude scientifi que du cerveau est totalement passionnante. Mais il est rare que le public en soit informé. Lorsque c’est le cas, il est diffi cile de comprendre. Cependant, Eric Kandel, prix Nobel de médecine en 2000, sait en parler simplement. Fils de réfugiés juifs partis d’Autriche à l’aube du nazisme pour rallier l’Amérique, ce professeur de biochimie et de biophysique à l’université new-yorkaise de Columbia cherche encore. Sur le phénomène de la mémoire, la capacité d’apprentissage de l’être humain et la biologie des sentiments. Kandel n’a décidément rien du savant fou écervelé. À 83 ans,

l’Américain Eric Kandel a toujours bon pied bon œil. Il traverse les

longs couloirs de l’université de Columbia à grands pas, comme s’il voulait promou-voir les joies éternelles de la science. La tenue n’a pas changé d’un iota. Son éter-nel nœud papillon décore son col « depuis vingt ans déjà ». L’expression de l’élé-gance. nous mettons le cap vers l’institut de psychiatrie, à trois douzaines de blocs au nord du campus. un bâtiment dont l’austérité n’a d’égal que sa situation idéale au bord de l’Hudson. Interview.

Texte : Herbert Völker Photos : Gian Paul Lozza

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Les années ne semblent pas

avoir de prise sur Eric Kandel. Prix Nobel de

médecine en 2000, l’Américain voue,

à 83 ans, une passion intacte pour le

cerveau de l’Homme. Autrement dit, sa véri-table carte d’identité.

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Pas besoin de grandes tirades. Depuis, je ne veux aller nulle part ailleurs, encore moins retourner en Autriche. L’instabilité, si c’est à cela que vous faites référence, se situe dans mon parcours d’étudiant. Je n’avais alors pas d’idée précise. C’est plus tard, à Harvard, que l’idée d’étudier l’Histoire m’est venue. Peut-être à cause du traumatisme d’être un enfant juif. Par chance, une amie m’a dit un jour : « Tu ne comprendras pas les motivations des hommes à travers l’Histoire, pour cela tu dois devenir psychanalyste. » J’ai lu Freud et me suis inscrit en médecine. Mais en dernière année, j’ai réalisé qu’un psycha-nalyste devait avoir des connaissances sur le cerveau. À l’époque, un remarquable neurophysiologiste, Harry Grundfest, m’a introduit à la biologie cellulaire. Il a com-plètement changé ma vie. Comme quoi…Au début des années 60, vous vous êtes intéressé à l’aplysie, ce gros mollusque marin sans coquille, limaciforme, qui émet une encre pourpre si on l’attaque…J’essayais d’étudier le fonctionnement de la mémoire chez l’hippocampe dont la structure du cerveau est très complexe. À cette occasion, j’ai beaucoup appris sur la biologie cellulaire mais pas tant sur la mémoire. Mon aptitude au réductionnisme m’avait poussé à étudier des animaux plus simples qui présentent un système nerveux moins complexe que ceux des mammifères mais qui ont cependant la capacité de mémoriser et d’apprendre différentes choses. Là, à partir de réflexes simples, j’ai pu dégager un schéma d’apprentissage. C’est ainsi que mon chemin a croisé celui de l’aplysie avec laquelle j’ai partagé par la suite une vie passionnante. Cet animal m’a appris énormément de choses, encore aujourd’hui. D’ailleurs, je crois que je lui ressemble de plus en plus (rires). Il y en a de tailles différentes, leur poids variant de quelques grammes à un kilo.Peut-on la comparer à un animal de compagnie avec lequel vous auriez pas-sé une longue partie de votre e xistence ?Au sens figuré seulement car il ne s’agit pas d’un individu unique. J’en ai croisé des milliers tout au long de ma carrière.Nous sommes toujours à la recherche de la mémoire…Lorsqu’un individu apprend quelque chose, cela module la puissance de ses connexions synaptiques. J’ai été le premier à le découvrir. On en avait connaissance mais de manière imprécise.

« La bioLogie permet une connaissance approfondie des processus mentaux »

Il restait à comprendre comment cela s’organisait exactement. J’avais réalisé qu’au niveau de la mémoire, cela condui-sait – à court terme seulement – à une modification fonctionnelle entre les synapses. En revanche, la mémoire à long terme produit de nouvelles synapses. De nouvelles connexions anatomiques apparaissent. Autrement dit, la biologie permet une connaissance approfondie des processus mentaux. Cela a ouvert la voie à d’autres découvertes au niveau molécu-laire et ainsi de suite.Le rapprochement entre différentes disciplines des neurosciences vous a valu de nombreux succès et une célébrité grandissante…Je vais vous raconter une anecdote. Cela s’est passé comme dans une scène de cinéma : un dimanche, ma femme a

Date et lieu de naissance7 novembre 1929 à Vienne (Autriche)

PatrieLes États-Unis dès 1938. Kandel est citoyen américain depuis 1945.

étudesIl a fait le tour de différentes disciplines avant de se focaliser sur la neurobiologie.

RécompensesOn ne les compte plus. La plus prestigieuse reste évidemment le prix Nobel de médecine en 2000.

Publication majeureDas Zeitalter der Erkenntnis (L’ère de la connais-sance) paru en 2012.

Son jobToujours à la tête du département de recherches sur le cerveau de l’université de Columbia. Kandel se réjouirait d’un institut au cœur de Manhattan.

Vie privéeMarié à Denise depuis 56 ans. PH

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sommes mais que notre domination est le résultat de l’évolution, Freud a démontré que nous ne sommes pas si rationnels que nous le pensons, que nous serions aussi guidés par des instincts dans l’inconscient qui a une influence étonnamment puis-sante. Schopenhauer et nietzsche l’avaient déjà évoqué mais Freud est le premier à l’avoir saisi de manière systé-matique. À cette époque, ce fascinant et probant exposé sur l’esprit humain avait fait l’effet d’une bombe.C’est donc en Freud que vous voyez le déclencheur de cette unique associa-tion à Vienne entre la connaissance, l’humain et les scénarios à l’aube du XXe siècle ? Aujourd’hui, Sigmund Freud n’a pas que des admirateurs…Freud a permis au monde d’avancer. Cela est plutôt une bonne chose. ressas-ser ses erreurs un siècle après est vain. Freud n’est plus. La jeune génération de chercheurs devrait le laisser en paix et avancer.Cette réflexion entre médecins, écrivains et artistes, entre Juifs et non-Juifs, n’aurait-elle pu avoir lieu qu’à Vienne ?À l’époque, seule Vienne offrait cette densité de personnalités dans une telle diversité de domaines. Les principaux théâtres de ce bouillonnement étaient les salons et les cafés où l’on pouvait voir

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« Toutes mes félicitations pour

ce prix Nobel », glisse le Roi de Suède Carl Gustaf à l’encontre

d’Eric Kandel lorsqu’il lui remet cette

récompense en 2000.

du judaïsme. L’importance qu’on attache à l’éducation, aux valeurs morales, à la décence envers soi-même et à l’égard des autres, ceux qui ne sont pas juifs. Bien sûr ces préceptes sont bafoués. Je ne prétends pas que tout juif est un saint, loin s’en faut ! Il y a chez les Juifs autant de démons que chez tout autre peuple. Mais je trouve les aspects moraux et intellec-tuels du judaïsme dignes d’éloges.Parmi les nombreux documentaires et la multitude d’entretiens que vous accordez tous les mois dans l’enceinte du campus de Columbia, une promo vous concernant titrait dans un raccourci sans doute caricatural : « De la synagogue à la synapse ». Cela vous convient-il ?Je ne savais pas. Ce n’est pas très brillant. J’aime aller à la synagogue mais je n’y vais pas souvent.Vous considérez que le judaïsme a été un catalyseur fondamental du bouil-lonnement intellectuel à l’origine du phénomène Vienne, Fin de siècle auquel vous avez consacré votre dernier livre Das Zeitalter der Erkenntnis (L’ère de la connaissance, ndlr). La notion de connaissance est-elle ici un contrepoint à, celle historique, des Lumières ?Elle s’adresse aussi à la prochaine étape. Après la preuve établie que Dieu n’est pas le créateur des êtres de raison que nous

débarqué au labo avec notre enfant sous le bras pour me dire que j’étais un imbécile et que la vie ne se résumait pas au travail et à rien d’autre. Par chance, je m’en suis rendu compte. Je ne suis pas devenu un père idéal pour notre garçon et notre fille mais je crois que dans l’en-semble, on ne s’est pas trop mal débrouil-lés. Aujourd’hui, nous sommes une grande famille épanouie avec quatre petits-enfants. nous nous retrouvons tous pour les fêtes juives et aussi en août dans notre maison du Cap Cod. Impossible de faire plus américain, un délicieux rituel.Quelle place votre origine juive tient-elle dans votre vie ?une très grande place. Je me sens profon-dément juif et je me réjouis de l’être, même si je ne crois pas qu’il y ait quelqu’un là-haut. J’aime l’aspect culturel

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« Le visage joue un rôLe capitaL dans La perception du contempLateur. Les zones du cer-veau soLLicitées pour La recon-naissance du visage occupent pLus d’espace que toutes Les autres régions du cerveau impLiquées dans La reconnaissance d’objets »

à la table voisine se tramer de petites et de grandes révolutions. C’était le début de la recherche interdisciplinaire qui, depuis, détermine notre science. La tolé-rance de l’empereur François-Joseph Ier à l’égard des Juifs y a bien sûr contribué.Votre approche de l’art est vivante et émotionnelle mais en même temps réductrice. Vos modèles se limitent à cinq personnes, dont Freud et Schnitzler qui à travers la médecine, la psychanalyse et la littérature ont influencé les peintres modernes vien-nois que sont Klimt, Kokoschka et Schiele. N’y a-t-il pas de place pour un Schönberg et un Adolf Loos dans le champ de votre interdisciplinarité ?Il est impossible d’évoquer la totalité de l’art et de la science dans un seul livre. Je prends pour exemple un petit mais signifi-catif courant artistique qui ne comprend que trois artistes : Kokoschka, Klimt et Schiele pour me limiter ensuite aux portraits qu’ils ont réalisés. Cela est impor-tant afin de bien comprendre comment le visage est représenté dans le cerveau du contemplateur. En ce qui concerne la musique et l’architecture, le petit-fils de Schönberg s’en est déjà plaint auprès de moi. J’aime la musique mais je ne suis pas assez familier avec la technique de Schönberg. Et l’architecture viennoise de cette époque est bien mieux décrite par le classique de Carl Schorske (Vienne fin de Siècle, sorti en 1961, ndlr) que je ne saurais le faire.Les exemples de personnages impor-tants ne manqueraient évidemment pas.

Est-il vrai qu’à cette époque les préoc-cupations des intellectuels viennois tendaient beaucoup vers le sexe ?Depuis que le monde est monde, les hommes et les femmes ont toujours eu des aventures. On les évoquait plus librement à l’époque. regardez les hommes politiques de nos jours… Partout des scandales sexuels. Je ne trouve là rien d’extraordinaire. La figure de « süßes Mädel » dans la Vienne du XIXe siècle a fait tourner la tête de bien des hommes.Tous les événements et symptômes psychiques découlent d’un événement physiologique dans le cerveau. Dès lors, vous avez établi un lien dans l’art entre l’érotisme, l’agressivité et l’angoisse.À cette époque, cet examen de conscience intensif était un phénomène généralisé. Freud et Schnitzler ont su décrire l’inconscient avec des mots, Kokoschka et Schiele l’ont représenté de manière picturale.Pourquoi les portraits sont-ils aussi importants dans le lien que vous établissez entre le cerveau et l’art ?Le visage joue un rôle capital dans la perception du contemplateur. En décou-vrir la base biologique a été une tâche gratifiante. Les zones du cerveau sollici-tées pour la reconnaissance du visage occupent plus d’espace que toutes les autres régions du cerveau impliquées dans la reconnaissance d’objets. Quand un individu contemple les formes et les couleurs intenses des portraits expres-sionnistes, ses cellules réagissent de ma-nière frappante. Dans le jargon, on dit qu’elles chauffent. On peut, à partir de la biologie, comprendre le fonctionnement des circuits neurologiques. Pour cette raison, la Wiener Moderne (la modernité viennoise, ndlr) a été un terrain de recherche passionnant et m’a procuré beaucoup de plaisir.Peut-on avancer que la contemplation d’un tableau déclenche une substance chimique dans le corps ? Pouvez-vous nous le décrire en vous basant sur

Sage comme une image. Tel un jeune premier studieux, Eric Kandel aime se retrouver au milieu des cahiers qu’il a noircis durant son existence dans ce bureau de l’université de Columbia. La vue sur l’Hudson River y est imprenable.

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votre tableau préféré ?Si je devais en choisir un, ce serait Judith et Holopherne de Klimt. Mais si vous me demandez quel est mon peintre préféré, cela devient compliqué. Je crois que Ko-koschka m’interpelle plus. Mais Judith constitue un bon exemple de ce qui a été dit précédemment : il y est autant question d’agressivité que d’érotisme. Il serait un peu exagéré d’expliquer la réaction du cerveau en termes techniques mais en gros, on peut dire que différentes parties du cerveau évaluent différents stimuli et se focalisent toutes sur une réaction émotive suscitée par l’œuvre d’art.Vous dites que l’art serait incomplet sans la perception et l’implication émotionnelle du contemplateur. Comment peut-on améliorer sa propre contribution ?En regardant beaucoup de tableaux, en lisant beaucoup de livres sur les tableaux et le mien. Ensuite, vous commencerez à voir les différences : on devient plus ex-périmenté, on perçoit dans le tableau des choses qui auparavant nous échappaient. De nombreuses pièces, surtout chez Schönberg, sont difficiles à appréhender, surtout la première fois. On ne les com-prend pas du tout. Mais une écoute répé-tée permet d’entrevoir une certaine lo-gique qui rend la musique plus accessible.Quel rapport avec la biologie ?Tout a un rapport avec la biologie. Tout est biologie. La moindre pensée que nous avons. notre conversation est une conver-sation biologique. La raison est le fruit de processus biologiques. L’activité cérébrale est au cerveau ce que la course est aux jambes. Juste en plus compliqué.Si votre vie d’érudit se situe entre l’esprit et le cerveau, où se situe votre âme ?Vous êtes un romantique. Je ne crois pas à l’existence de l’âme, je n’en ai d’ailleurs pas besoin.Qu’en est-il du cœur ? Sans lui, pas de cerveau qui fonctionne correctement…C’est une pompe très utile à notre organisme. Mais le cerveau est bien plus complexe et passionnant.Faisons un saut en Autriche, votre ancienne patrie. Votre prix Nobel a engendré un énorme enthousiasme !Le prix nobel a été décerné à un juif Amé-ricain, j’ai été très clair à ce sujet. Je suis resté longtemps irréconciliable. Je ne pouvais pas déceler de véritable contri-tion en Autriche, il restait toujours un

relent de nazisme. L’amélioration décisive n’est intervenue que ces dernières années. Des personnalités publiques ont fait de gros efforts pour créer des liens qui me sont aujourd’hui chers. Cela est aussi le cas pour quelques scientifiques excep-tionnels du pays. Je vais rarement à Vienne mais je n’éprouve plus de réticence à m’y rendre. J’ai fait la paix avec mon ancienne patrie, j’importe même du vin autrichien.Aurez-vous donc plus de temps libre à l’avenir ?Ce n’est pas ce que je dis. J’apprécie tou-jours autant mon travail, tout comme mon épouse. D’ailleurs, pour la première fois, nous collaborerons sur un projet commun. nous sommes mariés depuis 56 ans et nous ne nous sommes jamais ennuyés.

Le rythme annuel de la vie juive en Amé-rique y contribue aussi. nous adorons quand toute la famille se réunit et que ma femme prépare un grand dîner.Un voyage dans le temps dans la Vienne du début du XXe siècle vous ferait-il plaisir ? être assis au Café Central et se délecter des finesses d’un orateur car, vous le savez bien, les Viennois adorent parler pendant des heures…Je ne suis pas passéiste, seul le futur m’in-téresse. Ici, à l’université de Columbia, la biologie du cerveau est notre point fort. Pour ce qui est des neurosciences, nous sommes les meilleurs en Amérique, peut-être même les meilleurs au monde ! Travailler dans ce genre de cadre et d’am-biance est tout simplement fantastique. Les neurosciences sont importantes dans de très nombreux domaines : la prise de décision dans les sciences économiques, l’art, la musique, la politique, le journa-lisme… nous allons réaliser une nouvelle synthèse de toutes les disciplines et je préfère largement contribuer à cela plutôt que de voyager dans le passé. Je veux en-core vivre le jour où une filière doctorante sera mise en place qui permettra à des individus étudiant l’art de travailler avec des spécialistes de l’imagerie cérébrale ou de la psychologie cognitive. C’est cette tentative scientifique approfondie qui m’intéresse, pas le passé.Vous auriez fait un grand personnage dans un roman de Saul Bellow. Philip Roth aurait aussi été très inspiré. Ce sont deux grandes références !(Il sourit.) Il me manque depuis toujours la complexité d’une vie susceptible de fournir la matière nécessaire. Sans cela, je ne peux pas les intéresser. Et je ne suis pas si sûr qu’un neuroscientifique fasse un bon névrosé. Plus sur www.nobelprize.org

« je ne suis pas passéiste, seuL Le futur m’intéresse. ici, à L’université de coLumbia, La bioLogie du cerveau est notre point fort. pour ce qui est des neuro-sciences, nous sommes Les meiLLeurs »

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L’At tAq u eD e p u i s t r o i s a n s, l e ta n D e m i n f i n i t i r e D B u l l r ac i n g -s e Bast i a n V e t t e l est i n V i n c i B l e

e n c h a m p i o n n at D u m o n D e D e f 1 . c o m m e n t g a r D e r l es p o u rs u i Va n ts À D i sta n c e   ? t h e r e D B u l l e t i n s’ est

r e n D u À m i lto n K e Y n es, Da n s l’ u s i n e a n g l a i s e D e c e t t e ass o c i at i o n D’ é l i t e t r i p l e c h a m p i o n n e D u m o n D e

e n t i t r e . texte : Werner Jessner photos : thomas Butler

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ui y a-t-il de pire que de défendre un sacre de cham-pion du monde ? Christian Horner répond illico : « Remporter six titres en trois saisons et devoir ensuite les défendre. » Toutes les écuries sont sur les talons d’une équipe triple championne du monde d’affilée, à la fois dans la catégorie pilotes et constructeurs. Le boss d’Infiniti Red Bull Racing, 39 ans, poursuit : « Quand on est champion du monde, on est le point de référence. L’homme à battre. On doit vivre avec et on en est fier. Nous sommes encore une jeune équipe, n’oublions pas que cette année est seulement notre neuvième saison. »

Cette saison, justement, la concurrence tentera de saisir une ultime chance de cueillir dans la configura-tion actuelle l’écurie à abattre. Un nouveau règle-ment technique entrera en vigueur en 2014 : les mo-teurs turbo V6 à 1,6 litre remplaceront les actuels moteurs atmosphériques V8 de 2,4 litres. Tout le pad-dock sait qu’Adrian Newey, l’ingénieur d’Infiniti Red Bull Racing, est le plus fort quand il s’agit de repartir d’une feuille blanche. Rien que pour ça, cette nouvelle année s’annonce palpitante. Bien qu’Horner ne prévoie pas un début de saison comme le précédent ponctué par sept vainqueurs différents lors des sept premières courses : « Les favoris habituels seront au rendez-vous : nous, Alonso et Ferrari, Jenson Button et McLaren. Lotus aura de nouveau une voiture compétitive et avec Lewis Hamilton, Mercedes s’est repositionnée. Il faudra aussi compter avec Nico Rosberg (l’Allemand est l’autre pilote Mercedes, avec Hamilton, ndlr). »

La RB8, dont le développement a sollicité beau-coup d’énergie jusqu’au terme de la saison, était- elle la plus rapide l’année dernière ? Christian Horner tempère : « C’était le cas sur quelques circuits. Sur d’autres, McLaren en particulier était bien revenue. Au bout du compte, cela a suffi. De nos trois titres mondiaux, le dernier a été incontestablement le plus difficile. » Ce qui a fait la différence ? « En

2010, nous avions la meilleure voiture, en 2011 nous avions été efficaces en tant qu’écurie. L’an passé, lorsqu’il a fallu revenir au classement général, nous avons démontré de quoi l’équipe était capable. D’année en année, nous sommes deve-nus plus forts. Que la RB9 soit prête début février après que nous avons poursuivi le déve-loppement de la RB8 jusqu’à fin novembre est une perfor-mance herculéenne. »

Une fois le titre en poche, on a tendance à vite oublier que la défense de ce dernier a été âprement disputée : « Si Jenson Button avait redoublé Vettel à Abu Dhabi, Sebastian n’aurait pas été champion du monde. (Lors du GP d’Abu Dhabi, le 18e sur 20 de la saison, Vettel double Button au 52e tour et termine 3e. Au général, l’Allemand ne cède que trois points à Alonso, 2e à Abu Dhabi derrière Räikkönen. Trois semaines plus tard, Vettel conserve son titre mondial, avec trois points d’avance au final sur Fernando Alonso, ndlr.) Ou encore le problème récur-rent de dynamo. Un souci mécanique de plus aurait été celui de trop. » Les miracles et les progrès rapides n’existent pas dans un domaine haute-ment compétitif comme la F1. La moindre amélioration compte. Une question, aussi, de management : « Adrian Newey et moi indiquons avec précision la direction à suivre. Nos exigences sont élevées mais nos portes ne sont jamais fermées. Chez Infiniti Red Bull Racing, la hiérarchie est hori-zontale, nous étudions toutes les suggestions d’amélioration. D’ailleurs, nous recevons beaucoup de candidatures venant d’autres écuries.

La chemise Infiniti Red Bull Racing exerce une grande fascination. » Si Infiniti Red Bull Racing était une équipe de foot, laquelle serait-elle ? Horner n’est pas un amateur de la chose footballistique, il réfléchit un instant : « À mon humble avis, je dirais Manchester United. Même si nous sommes une structure beaucoup plus récente et qu’Alex Ferguson pourrait être mon père. Nous avons en com-mun le fait de ne jamais aban-donner, d’avoir des objectifs élevés et de ne jamais se satis-faire de la deuxième place. » Si Christian Horner et Adrian Newey prenaient le volant, qui gagnerait ? « Adrian est un fou du volant et courageux », dit Horner en riant. Il serait sûrement plus rapide que moi. Mais arriverait-il en un seul morceau ? Je suis content qu’il ne soit pas pilote. »

L’imminente nouvelle sai-son va sans doute être la plus

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«   D e n o s t r o i s t i t r es m o n D i aux , l e D e r n i e r a é t é l e p lu s D i f f i c i l e   »

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À Jerez, derrière ce paravent, on travaille sur une RB9. Le boss, Christian Horner (en bas), a « un bon feeling pour la saison ».

« p lu s fac i l e D e sta B i l i s e r u n e Vo i t u r e r a p i D e q u e D’a p p r e n D r e À Vo l e r À u n ca n a r D   »

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compliquée de la carrière du plus jeune patron d’écu-rie. D’un côté, la défense des deux couronnes mon-diales, de l’autre la préparation de l’avenir, symbolisé par la RB10. Combien de personnes travaillent déjà à son développement, plus d’un an avant sa première course ? « Moins de dix. » Quant à sa benjamine, l’actuelle RB9, à en croire les premiers tests, elle a tout ce qu’il faut pour prétendre au titre. Comme ses devancières. « C’est toujours plus facile de stabili-ser une voiture qui va vite que d’apprendre à voler à un canard, rigole Christian Horner. La RB9 est bien partie pour combiner les deux vertus cardinales : vitesse et fiabilité. »

La confiance au sein d’Infiniti Red Bull Racing est solide. On peut le comprendre, aucune autre écurie aussi jeune ne s’était goinfrée d’autant de titres mondiaux. La faim de victoires n’a pas faibli. Que voit Adrian Newey lorsqu’il interroge le futur ? « La diffé-rence majeure entre les monoplaces de 2013 et celles de 2014 sera le moteur. » Une nouveauté qui aura des répercussions sur l’ensemble de la voiture. Le concep-teur maison ébauche la marche à suivre : « Les mo-teurs turbo nécessitent plus de refroidissement que les V8 atmosphériques qui équipent aujourd’hui les voitures. Il faudra leur ajouter un intercooler et des ouvertures d’évacuation d’air plus importantes. »

Infiniti Red Bull Racing travaille depuis un an avec Renault sur la nouvelle génération de moteurs. Leurs exigences : le développement de la perfor-mance et la consommation. Pour rendre une mono-place moins polluante, sa consommation de carbu-rant par course sera limitée à un maximum de 140 litres. À Milton Keynes, les têtes fument déjà.

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Adrian Newey, une tête (très) bien faite

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«   a D r i a n n e W e Y est c o m p l è t e m e n t fo u. r i e n n e l’ e f f r a i e   »

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Sebastian Vettel dans sa RB9, « stable et

rapide dès le début »

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P N E U SCette année, Pirelli a changé le procédé de fabrication. Nous n’avons pu tester qu’un seul jeu de pneus, malheureusement sous une température élevée et sur un circuit vierge. La clé du meilleur temps au tour réside bien dans le comportement des pneus.

P O N T O N SC’est le plus grand changement visuel. Pour des raisons aérodynamiques, les pontons qui abritent les radiateurs sont plus étroits.

N E ZLe règlement impose un nez bosselé. À partir de cette année, son habillage est autorisé, la fente frontale disparaît. Nous utilisons un panneau, très court, pour économiser du poids. Il n’a aucune fonction, ce n’est qu’une question d’esthétique.

A I L E R O N AVA N TIl doit être plus rigide. Le nouveau règlement a apporté beaucoup de modifications. Jusque-là, toutes les écuries en tiraient avantage. Nous avons dû répondre aux problèmes structurels provoqués par cette nouvelle contrainte.

B AT T E R I E SÀ partir de 2014, il ne sera plus possible de placer les batteries de SREC (système de récupération de l’énergie au freinage, ndlr) dans la cloche de l’embrayage, comme ici. Elles seront logées sous le réservoir d’es-sence. « Par mesure de sécurité », dit-on.

U N B O L I D E À L A L O U P EL E G É N I A L C R É AT E U R M A I S O N , A D R I A N N E W E Y, D I SS ÈQ U E L A R B 9 S O U S TO U T ES L ES C O U T U R ES. I M M E RS I O N .

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P O T D ’ É C H A P P E M E N TPour l’instant, il n’est pas très diffé-rent de celui avec lequel nous avons terminé l’année 2012. L’importance

des gaz d’échappement dans l’appui aérodynamique a diminué. C’est

à cause du nouveau règlement sur la cartographie. Par conséquent, les

voitures sont devenues nettement moins rapides à l’entrée des virages.

F R E I N SLa gestion de la chaleur produite

par le freinage montre la difficulté à préserver les pneus en état de

fonctionnement optimal. Quelques degrés de plus ou de moins sont

décisifs. Certaines écuries ont plus de difficultés que d’autres.

D I F F U S E U RLa voiture est sans cesse

améliorée. Une grande part de notre budget est investie

dans les domaines classiques : l’aileron avant, le diffuseur

et, dans une moindre mesure, l’échappement d’air.

C H Â S S I SBien que les pneus soient

nouveaux, nous avons conservé la géométrie du châssis. Lors des

premiers tests, ici à Jerez, nous avons utilisé l’avant de la RB8. La nouvelle configuration sera

lancée à Melbourne lors du premier Grand Prix de la saison.

L’empattement reste le même.

E N Q U O I L A R B 9 E S T- E L L E N O U V E L L E ?Depuis 2009, le règle-ment imposait une flopée de contraintes tech-niques. Notre marge d’action s’est largement réduite. De plus, l’an dernier, nous avons dû adapter la RB8 jusqu’au bout de la saison pour conserver le titre mondial. Cela s’est fait au détriment du dévelop-pement de la RB9 qui va reposer sur la même philosophie que son aînée. Nous avons

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T R O I S Q U E S T I O N S S U P P L É M E N -TA I R E S À A D R I A N N E W E Y

abandonné l’idée d’un concept nouveau, au profit d’une optimisation continue.

Q UA N T AU D E S I G N, L A R B 8 É TA I T- E L L E L A M O I N S R É U S S I E D E T O U T E S ?La beauté est une affaire de goût, donc relative. Le nez bosselé de la RB8 a demandé à l’œil un

temps d’adaptation. La RB9 est plus attrayante. Mais les proportions ont perdu en harmonie depuis l’introduction, en 1998, de voitures plus allon-gées. Notre mission est de rendre ces voitures rapides dans le cadre du règlement. Et, dans l’idéal, plus esthétiques.

L A R B 9 P E U T- E L L E E N C O R E VO U S S U R P R E N D R E ?Nos simulations sont excellentes. Malgré tout, les premiers jours sur un circuit restent tou-jours excitants. Certaines choses, telles que le com-portement des pneuma-tiques, ne peuvent pas être pronostiquées.

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Page 80: The Red Bulletin Mars 2013 - FR

the red bulletin : Comment trouvez-vous la RB9 qui succède à la récente championne du monde, la RB8 ?sebastian vettel : Je me suis senti bien dès les premiers tours d’essais à Jerez. Le plus important reste la fiabilité et la vitesse. Il n’y a pas de gros changements dans la réglementation technique par rapport à la saison dernière, ce qui explique aussi que le passage de l’une à l’autre ne pose pas de problèmes. La RB9 est une évolution de la RB8. Elle est plus performante, elle a notamment une meilleure tenue dans les virages rapides.Quels sont les changements en matière de pneumatiques ?Nous avions certaines attentes, fondées sur les données fournies au préalable par Pirelli (le manufacturier italien est le fournisseur officiel des pneus de la Formule 1, ndlr). Ces attentes semblent avoir été satisfaites mais quant aux certitudes, il faudra attendre Melbourne (le Grand Prix d’Australie lance la saison le 17 mars, ndlr). Je pense néanmoins que mes meilleurs temps au tour de ces tests hivernaux ne sont pas dus qu’à la RB9, les nouveaux pneus Pirelli y sont aussi pour quelque chose.Pensez-vous que cette nouvelle année sera celle de nouveaux records du temps au tour ?Cela va être difficile, surtout lors des essais libres et des qualifications car l’utilisation du DRS (drag reduction system, soit l’aileron arrière mobile, ndlr), au contraire de la saison passée, ne sera plus illimitée mais autorisée seulement dans quelques zones spécifiées (jusqu’alors, ce n’était le cas qu’en course, ndlr).Pendant la pause, qu’est-ce qui vous a le plus manqué de la Formule 1 ?Sans hésiter, le pilotage. Je me sentais un peu rouillé en

arrivant à Jerez mais après quelques tours, les automatismes sont vite revenus.La saison s’étire de mars à novembre. A-t-on encore le sens des saisons quand on est pilote ?Bien plus que quelqu’un qui ne voyage jamais. À chaque fois que je rentre chez moi, en Suisse, après un déplacement, la nature a énormément changé. Un jour, je fais mon footing dans la neige en fonte et deux semaines après, tout est en fleurs autour de moi comme par magie.Vous vous montrez très patient avec vos fans. Est-ce un princi-pe d’éducation ou appréciez-vous ce supplément d’émotion ?C’est agréable d’avoir des fans. Quel que soit le temps, certains attendent pendant des heures. Je sais que je ne peux pas contenter tout le monde mais j’essaie de faire au mieux. Il y a des fans que je vois régulièrement depuis des années. Du coup, une certaine proximité s’est installée.Cette médiatisation peut aussi avoir un côté négatif en vous envahissant. Comment se passe votre quotidien en Suisse ?Les Suisses sont très réservés. Je vois bien que l’on me reconnaît mais on m’aborde rarement. Quand j’ai besoin d’être seul, je

peux me prome-ner dans la rue sans aucun problème.Sans la F1, vous auriez proba-blement fait des études

universitaires après votre bac. Qu’en est-il de vos proches ?Une partie de mes amis est en train de vivre ce passage de la formation à la vie professionnelle. L’un d’eux vient de décrocher son premier CDI, un autre prépare un doctorat et un troisième est encore en plein dans les études. Aujourd’hui, les possibilités sont plus grandes que durant mes années lycée, pour peu que l’on se donne les moyens et que l’on

fac t eu r h u m a i n

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«   Ê t r e p i lot e i m p l i q u e d e d e v e n i r a d u lt e

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à l’orée d’une passion-nante saison 2013,

Sebastian Vettel est, déjà, dans les starting-blocks.

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Si on devait noter tous les changements qu’un pilote peut opérer durant une course, cela remplirait plusieurs pages. Une forte simplification s’impose. Quand je remarque par exemple que les pneus s’amenuisent tour après tour, cela signifie que je ne peux plus freiner au même endroit, sinon c’est la sortie de route garantie. Je pourrais ralentir mais ce n’est pas ce que je veux. La solution se trouve quelque part dans les paramètres sur lesquels je peux agir directement, c’est-à-dire l’accélération, la direction, les freins et les possibles réglages techniques sur la voiture. C’est le jeu auquel nous jouons tous, tour après tour, virage après virage.Pouvez-vous nous donner un exemple concret ?Si les roues avant faiblissent, je ne peux plus aborder le virage avec autant de vitesse. Cela m’oblige à y entrer par un angle plus aigu, à freiner plus, à braquer davantage et accélérer plus tôt pour limiter au maximum la partie du virage qui sollicite le plus l’accroche de l’essieu avant. J’échange donc le gain au milieu du virage contre un petit gain au début et à la fin de celui-ci.Sentez-vous la différence quand vous êtes plus rapide d’un ou de deux dixièmes de seconde au tour ?Bien sûr, même si ces informations sont affichées sur les instruments dans la voiture. Un dixième de seconde représente beaucoup de temps.Ressentez-vous les différences de vitesses ?très peu. Je ressens plutôt les changements de régime. Le moteur produit le même son quelle que soit la vitesse.Lors de la retransmission d’une course à la télé, on entend souvent ce commentaire : « L’aérodynamique

soit prêt à bouger, notamment à l’étranger.Il se dit qu’en F1, on atteint très vite la maturité...on y mûrit plus vite que dans la vie « normale », c’est incontesta-ble. Rapidement et brutalement, un pilote est amené à prendre des décisions et à assumer leurs conséquences. Les nombreux voyages à l’étranger permettent aussi d’élargir son horizon de pensées. Un pilote est entouré de gens plus âgés que lui alors qu’un étudiant vit des expériences avec des jeunes de son âge. être pilote implique de devenir adulte plus rapidement. À 15-16 ans, on met en place des choses qu’un adoles-cent du même âge ne réalisera peut-être que dix ans plus tard. Votre 1er titre de champion du monde en 2010 a-t-il été le plus difficile ? (Longue pause.) Il était unique car il justifiait toute la foi que j’ai pu mettre en moi. Ça, personne ne peut me le reprendre. Mais la vie ne s’est pas arrêtée pour autant, bien au contraire. J’ai naturelle-ment décuplé mes attentes et mes objectifs, j’ai regardé plus loin.Si vous passez en revue les grands moments de votre carrière, que retenez-vous ? Le souvenir le plus fort est ma première victoire à Monza (le 14 septembre 2008, l’Allemand remporte le Grand Prix d’Italie et devient à 21 ans, 2 mois et 11 jours, le plus jeune vainqueur de l’histoire de la F1. Il offrait à l’écurie Toro Rosso son premier succès en F1. Ce même week-end, Vettel était devenu le plus jeune poleman de toute la F1, ndlr). Me retrouver sur le podium et vivre ces images connues de son propre angle de vue, voir la foule depuis le podium... J’ai vécu moi-même ce que j’avais vu pendant des années à la télévision. Comme diraient les photographes, j’ai effectué un champ-contrechamp. Ma victoire à Monza avec la toro Rosso reste inoubliable. Ce fut très spécial.Lors d’une conférence de presse d’après-course, vous avez expliqué avoir changé de style de course pendant ce Grand Prix pour aller chercher la victoire. Pourriez-vous nous en dire davantage...

«   q ua n d J ’a i b e s o i n d’ Ê t r e s e u l , J e p e ux m e p r o m e n e r da n s l a

r u e sans problème  »

n’est plus assurée. » Notamment quand deux voitures se suivent de près. Que doit comprendre le néophyte ?Cela veut dire que la voiture ne fait plus ce que j’attends d’elle. Le dirty air est invisible. L’air derrière la voiture concentre les turbulences imperceptibles à l’œil nu. Il faut donc les deviner.Pour ce faire, en quoi le travail avec les ingénieurs a-t-il un impact ?Il arrive un moment où les ingénieurs doivent s’en remettre au pilote même si les données disent autre chose. Car il existe un facteur de bien-être sans lequel un pilote n’est pas en me-sure de réaliser la performance optimale.L’autorité acquise grâce à vos trois titres de champion du monde facilite-t-elle la commu-nication au sein de l’équipe ?oui, je le pense. Mais c’est surtout grâce à tout le temps déjà passé ensemble.Qui aimeriez-vous inviter à bord de votre RB9 ?D’emblée, je pense à plein de personnes auxquelles je voudrais faire découvrir mon travail. Sur-tout des proches. Mais il serait préférable de ne pas leur faire endurer les secousses, la force centrifuge ou le risque d’un gros accident. Il vaudrait mieux

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c h a m p i o n nat d u m o n d e d e F 1 2 0 1 3 l e s dat e s

maRs15-17 Grand Prix d’Australie, Melbourne22-24 GP de Malaisie, Kuala Lumpur

avRil 12-14 GP de Chine, Shanghaï19-21 GP de Bahreïn, Sakhir

mai10-12 GP d’Espagne, Barcelone 23-26 GP de Monaco, Monte-Carlo

Juin7-9 GP du Canada, Montréal 28-30 GP de Grande-Bretagne, Silverstone

Juillet 5-7 GP d’Allemagne, Nürburgring19-21 En attente*26-28 GP de Hongrie, Budapest

août 23-25 GP de Belgique, Spa-Francorchamps

septembRe 6-8 GP d’Italie, Monza20-22 GP de Singapour, Singapour

octobRe 4-6 GP de Corée du Sud, Yeongam11-13 GP du Japon, Suzuka25-27 GP d’Inde, New Delhi

novembRe 1-3 GP d’Abu Dhabi, Yas Marina15-17 GP des états-Unis, Austin (Texas)22-24 GP du Brésil, São Paulo

* À l’heure où nous mettons sous presse, cette date n’est pas attribuée.

Lorsque vous faisiez du karting, vous aviez collé sur votre casque le S de Senna… J’adorais Senna quand j’étais enfant. Lorsque Red Bull Racing m’a engagé (8e au terme du championnat du monde 2008, le pilote Toro Rosso rejoint Red Bull Racing la saison suivante. Victorieux de quatre Grands Prix mais devancé au général par Jenson Button, Vettel est vice-champion du monde en 2009, ndlr), j’étais fier de remplacer le S de Senna par le logo Red Bull. C’était d’autant plus facile qu’avant ce logo bleu et argent, je n’avais jamais eu un design à moi. Qu’est-ce que cela vous fait d’avoir égalé le nombre de c ouronnes mondiales du Brésilien ?Je ne pense pas à ce genre de choses (vainqueur de quarante et un Grands Prix, Ayrton Senna a remporté le Championnat du monde en 1988, 1990 et 1991, ndlr).Aviez-vous idéalisé la figure du pilote ?De l’intérieur, on a une autre vision du pilote mais en ce qui me concerne, cela ne modifie pas la considération que j’ai pour les pilotes de l’époque. Il nous arrive à tous de faire une mauvaise course, c’est normal.L’opinion que vous avez de Michael Schumacher a-t-elle changé depuis que vous vous êtes affrontés en course ?Comme Senna, Michael était mon idole. Maintenant, c’est avant tout l’homme que je perçois. Sur un plan spor-tif, ça a été bien sûr génial de l’affronter sur les circuits.Les affinités existent-elles au cœur d’une écurie F1 ?Nous passons énormément de temps ensemble les week-ends, il est donc essentiel d’entretenir de bons rapports. Cela ne m’oblige pas à boire une bière avec mon ingénieur tous les dimanches, mais je dois pouvoir développer une relation de confiance qui ne se limite pas aux seules questions techniques. Cela vaut pour tous les membres de l’équipe. Quand je m’arrête au stand, j’aime savoir que chacun est investi totalement dans son rôle. La saison est loin de ressembler à la vie en rose ; je suis de ceux qui préfèrent régler les problèmes dès leur apparition car je suis convaincu que cela ne peut que nous faire progresser. Une mauvaise ambiance influe tôt ou tard sur les performances. Fixez-vous des limites aux gens que vous côtoyez ? Par exemple, diriez-vous : « Je n’admets pas que tu

fasses telle ou telle chose en ma présence » ?Si à un endroit, des gens sont en train de fumer, je n’y vais pas. Je n’accepte pas que des personnes avec

lesquelles je marche dans la rue jettent leurs cannettes vi-des sur la voie publique. Les règles, je les édicte pour moi. Je n’aspire à changer personne.Quels sont les titres à votre sujet que vous aimeriez lire ?Je lis peu la presse et je n’ai aucune attente dans ce domaine. Quant à ce qui peut être dit ou écrit dans les médias, le précepte suivant s’est toujours vérifié : « on n’est jamais aussi bon ou mauvais que ce qui est dit ou écrit. »

préserver le mythe, aussi pour qu’ils n’aient pas peur pour moi.Comment calculez-vous le risque au quotidien ?Le risque varie en fonction de l’activité entreprise. L’adrénaline est stimulante mais l’angoisse est néfaste. Par exemple, lors de mon premier saut en parachute, jusqu’au saut je n’ai éprouvé aucune peur, aucun sentiment de paralysie. Ce n’est arrivé que plus tard, pendant la chute libre. Les premiers mètres, j’avais oublié que j’étais accroché à quelqu’un, que je portais un parachute et qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter.Êtes-vous capable de déterminer le seuil de votre peur ?on le découvre seulement lorsque l’on est confronté à une situation périlleuse. En voiture, le risque se mesure en fonction de l’expérience de chacun. Mais la peur a du bon, elle maintient la vigilance.Où trouvez-vous vos défis ?Pour l’instant, la course automo-bile me procure plus de satisfac-tion que toute autre chose. J’ai la chance d’avoir trouvé ma passion. Je n’arrive pas à imaginer que cet engouement puisse me quitter un jour.

Regardez les premiers tours de piste et le lancement de la RB9 sur l’appli gratuite pour tablette siglée The Red Bulletin.

«   on n’est Jamais auss i b on ou mauvais que ce qui est

d i t ou écr i t  »

La RB9 a décidément fière allure.

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Page 84: The Red Bulletin Mars 2013 - FR

Ent in velisit lor in utpat.In exercidui te dolor se-nibh er si bla feummod ea covmmy nullan ut au-gait et, quat.

Inhalt

80 REISE-TIPPRed Bull X-Fighters

82 GET THE GEARIce-Cross-Down-hill

84/85 KULINARIK Daniel Humm, „Coda alla vaccinara“

86 TRAININGTao Berman, Christian Schiester

88 HANGART-7

89 THE STROKES

90 CLUB & CD

91 TAKE 5Jamie xx

92 TOP-SPOTS

94 SAVE THE DATE

96 RED BULL TV-FENSTER bei ServusTV

98 KOLUMNE mit Christian Ankowitsch

d’espritde corpsplus

+Contenu

86 VOYAGES Skier en Afrique ? Jouer au foot sur l’eau ? Découvrez des lieux insolites où pratiquer votre sport favori

88 PRENEz LE PLIUn triple cham-pion du monde d’enduro dévoile ses méthodes d’entraînement. Son nom ? David Knight

90 NIGHTLIFEQuatre pages très complètes pour profiter de la nuit sous toutes ses coutures

94 AGENDAThe Red Bulletin vous a concocté un tour du monde des meilleurs plans à venir

96 FOCUSévénements à ne pas manquer en France

98 PLEINE LUCARNE L’œil de CODB

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Couleur pourpre. Festival aux mille

couleurs, le Holî s’apprête à inonder

les rues de Delhi à la fin du mois (p. 95).

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Aires de jeu RencontRes en teRRains inconnus. Jouer au foot dans la jungle ou surfer du haut de collines, la passion du sport s’exprime par-fois dans des lieux étonnants. découverte.

1 Hors piste en Afriquesituée dans le petit royaume du lesotho, la bien nommée afriski accueille depuis 2002 des passionnés de glisse. le point le plus bas du pays dit « le royaume des cieux » se situe à 1 400 mètres d’altitude. nul autre nation du continent ne dépasse 1 000 mètres d’altitude à son point le moins élevé. la petite station afriski (capacité d’hébergement limitée à 252 personnes) est perchée à 3 000 m d’altitude, dans la vallée de milibamatso, où en hiver (de juin à septembre) les températures peuvent chuter jusqu’à − 11 °c. si les descentes ne sont pas assez abruptes pour les skieurs aguerris, la majorité appréciera skier dans un envi-ronnement unique. c’est l’endroit le plus insolite parmi les quatre pays d’afrique où le ski sur neige naturelle est possible. www.afriski.net 

2 Foot dans la jungleconçu pour la prochaine coupe du monde, le stade de l’arena amazonia symbolise l’union improbable entre les deux atouts les plus connus du brésil : le football et la forêt tropicale. construire un stade de 44 000 places au beau milieu de l’amazonie n’est pas une mince affaire. il se dresse dans la ville de manaus, une enclave de la civilisation encerclée par

une jungle vierge. tous les matériaux de construction sont acheminés par bateau, avant de « tropicaliser », c’est-à-dire d’adapter le plan d’architecture allemand à la réalité locale. en effet, celle-ci implique une construction dans un milieu humide où la température excède souvent 40 °c. si tout se passe bien (ce projet de 200 millions d’euros semble accuser un retard important), le stade incarnera la synthèse parfaite entre sport et environ-nement. cette enceinte écologique récu-

pèrera l’eau de pluie pour arroser le gazon, utilisera des panneaux solaires pour produire l’électricité de l’éclairage et des plantes réguleront l’atmosphère.  www.fifa.com/worldcup 

3 Principe de basele terme « base jump » laisse imaginer des points fixes élevés, tels des gratte-ciels, des haubans ou des falaises. de grottes, il n’est jamais question. Pourtant, l’autri-chien felix baumgartner s’est lancé sous terre au cœur des 190 mètres d’obscurité de l’étroite grotte croate de mamet. la « prouesse la plus coriace » qu’il ait jamais entreprise. c’était avant son exploit lors de la mission red bull stratos. il a réitéré l’expérience, cette fois dans les entrailles de majlis al Jinn, près de la capitale du sultanat d’oman, mascate, qui abrite la seconde plus grande cavité souterraine au monde. « c’est bas, sombre et étroit, dit-il. il est difficile de voir la zone d’atterrissage ou de se repérer. Ç’a été un saut très périlleux. » venant de lui, ça fait réfléchir.  www.redbull.com 

4 Balle flottanteun lopin de terre disponible peut être le point de départ à la construction d’un terrain de sport. un atout dont ne dispo-saient pas les fans de ballon rond de Koh

Felix Baumgartner aime bien  s’envoyer en l’air 

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Let’s go !Le bon pLan

du mois

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P L U S D E C O R P S E T D ’ E S P R I T

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Au Danemark, on skie sur le toit d’une usine 

de traitement  de  déchets.

À l’occasion d’un tournoi local, leur talent ne passe pas inaperçu et attire un investis-seur qui fait construire un terrain flottant plus grand et plus plat. le Koh Panyee fc a été sacré sept fois meilleure équipe de thaïlande méridionale.  www.vimeo.com/41544315 

5 Skier sur la ville bjarke ingels, un jeune architecte danois, a œuvré au rapprochement entre un sport extrême et des incinérateurs industriels. au cœur de copenhague, son usine écologique de traitement de déchets prévoit, sur le toit, une surface skiable de 31 000 m². snowboard et ski se pratiqueront à cent mètres d’altitude au-dessus du centre-ville. l’usine d’amagerforbrænding qui transforme les déchets en électricité deviendra le premier incinérateur parmi les destina-

tions de ski. Pas question de cacher la nature du site aux usagers. ces derniers auront un aperçu de l’activité intérieure depuis l’ascenseur qui grimpe le long de la cheminée centrale. www.big.dk 

6 Surf hors mer À la périphérie de Zarautz, à quelques kilomètres dans les terres au milieu des collines du Pays basque espagnol, un étang artificiel bordé d’arbres est devenu un improbable spot de surf. wavegarden possède deux déferlantes, à gauche et à droite, qui reproduisent une réalité débarrassée des aléas de la nature. c’est l’œuvre d’un groupe d’ingénieurs espagnols qui ont su allier intelligence et passion pour le surf. sept ans plus tard, ils lâchent avoir développé un système encore plus efficace, écologique et écono-mique que toutes les techniques exis-tantes de création de vagues artificielles. les détails du fonctionnement restent un secret bien gardé avant l’ouverture cette année au public. d’autres sites sont pré-vus dont un, déjà en construction, à bris-tol. le moment de vérité a eu lieu lorsque les meilleurs surfeurs, en avant-première, ont procédé au test du wavegarden espa-gnol : mick fanning, Jordy smith et Kolo-he andino ont approuvé. À l’unanimité. www.wavegarden.com 

Une piste de ski au Lesotho (en haut). Surfer du haut des collines basques d’Espagne (ci-dessus).

Jungle night. L’Arena Amazonia illumine Manaus.

Panyee, un village de pécheurs sur pilotis, près de la côte sud-thaïlandaise. l’histoire commence en 1986. les villageois frustrés suivent la coupe du monde à la télévi-sion, en attendant la pleine lune pour pouvoir jouer, la marée basse laissant apparaître un bout de plage. À partir de vieux cageots de pêche, ils décident de construire un terrain flottant. naît un terrain irrégulier, glissant et rempli de clous mais qui se révèle être une parfaite surface d’entraînement pour la maîtrise du ballon. À la moindre erreur, le joueur finit sa course dans la mer d’andaman.

Sur ce type de terrain, les  plongeons de joueurs sont permis.

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ça se passe où ?Comme vous pouvez le constater, ces sites de sport insolites sont plutôt équitablement répartis aux quatre coins de la planète.

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Retrouvez David Knight en action sur l’application gratuite pour tablettes siglée The Red Bulletin !

Une salle de musculation lui donne la nausée. David Knight est catégorique. « Je déteste. J’y suis uniquement quand je suis blessé et dans l’incapacité de piloter. Mais je m’ennuie à mourir au bout de cinq minutes et me languis des collines et des plages de l’île de Man. » La course d’enduro est un sport physique qui exige une préparation quotidienne. Surtout à 34 ans. « Rien ne vaut l’entraînement sur la bécane, que ce soit en forêt ou dans les dunes de sable, détaille l’Anglais. Ensuite, je fais un footing en montagne ou une longue promenade avec mes chiens. » Knight taille la routine. « Il y a quelques jours, je suis parti en forêt avec une hache abattre quelques arbres pour de nouvelles pistes. Une formidable séance d’entraîne-ment pour le corps ! » Knight est décidément un sacré chevalier.

Knight lifeDAVID KNIGHT. Le pilote d’enduro ne fait pas les choses à moitié. Dix titres nationaux et trois couronnes mon-diales donnent raison à l’Anglais. Quel est son secret ?

LUNDI

Journée libre/voyage retour après la course du week-end.7 h 30 : petit-déjeuner (comme chaque jour, quatre biscuits au blé complet et deux toasts de pain complet)14 h-16 h : longue promenade (environ 15 km) avec les chiens

MARDI

10 h-14 h 30 : séance de moto (parcours dans les dunes)16 h : physiothérapie avec massages

MERCREDI

10 h-12 h : séance de cross enduro dans les dunes13 h-15 h : séance de moto en forêt

JEUDI

9 h-11 h 30 : footing en montagne (16 km)13 h-15 h : séance de moto (parcours dans les dunes)16 h : séance chez le chiroprati-cien (soin des points de tensions dans le dos)

VENDREDI

8 h-10 h : séance de VTT crossAprès-midi : départ pour la

course du week-endSoirée : contre-la-montre des « Super Special Stage »

SAMEDI

9 h-16 h : jour de course (cinq minutes de pause toutes les deux heures, je mange ce que j’ai sous la main : fruits et barres de céréales)

DIMANCHE

9 h-16 h : jour de course

Au long de la saison de Coupe du monde, David Knight passe chaque semaine vingt heures sur deux roues.

Manger plutôt qu’un régime !« Mon régime alimentaire, peu conventionnel, n’est pas un exemple à suivre. Je mange des steaks, des chips et du chocolat. Je ne me dis pas que telle chose est bonne ou mauvaise. Il faut se fier à son instinct, voilà mon conseil. Si avaler une tartine avec du lard avant une course me fait du bien, alors ça me va. Un régime alimentaire ciblé est sans doute très utile pour beaucoup. J’avais essayé de manger sainement pendant un an mais pour moi, ça n’a pas rimé avec bien-être. Depuis, je mange uniquement ce qui m’aide à atteindre les meilleurs résultats. »

LE CONSEIL PERSO

TOUT-TERRAIN

David Knight est l’un des grandissimes favoris des Championnats du monde d’enduro qui se déroulent

au Chili courant mars.

Plus sur www.knighter.net

AU BOULOT

S’ENTRAÎNERCOMME UN PRO

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L’APPLI RED BULLETIN

DES VIDÉOS À COUPER LE SOUFFLE

DES PHOTOS EXCLUSIVESDES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES

Vous trouverez la liste de tous les appareils compatibles avec Android sur www.redbulletin.com

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Page 90: The Red Bulletin Mars 2013 - FR

NightlifeLa nuit ne nuit pas à la santé

DANDYSME

« Ne te retourne pas, pense à demain, vis le jour et célèbre la nuit »Drake, rappeur canadien

NOUVEAUTÉ

Sister actesHaim est le nom de ce trio californien. Trois sœurs qui s’apprêtent cette année à conquérir la planète pop depuis le salon familial.

En juillet dernier, le trio sortait Forever, son premier single. Un morceau pop-folk plein d’allant qui reste dans la tête, une chanson dans la pure tradition des Bangles qui a changé le destin du groupe. Désormais, Haim, élu meilleure révélation 2013 par la BBC, partage l’affiche d’énormes salles avec notam-ment Mumford & Sons et Florence and the Machine. Pas mal comme débuts quand on pense qu’il y a deux ans seulement, Alana (21 ans), Danielle (23 ans) et Este (25 ans) se produi-saient dans de petits festivals folk avec le groupe de papa et maman, Rockinhaim.

The Red Bulletin : N’est-ce pas bizarre d’être sur scène avec ses parents ? Este : Pas du tout. Nous faisons des reprises de morceaux connus de Santana, Tina Turner, Billy Joel. C’est une bonne école ! Nous apprenons les chansons nous-mêmes ce qui nous permet de jouer des instruments.Qui écrit les chansons ?Este : Il n’y a pas de règle. L’une de nous propose une mélodie et ensemble nous la transformons en un morceau. La plu-part du temps dans le living familial qui fait aussi office de salle de répétitions.Aimez-vous le travail en studio ?Danielle : Le plus grand défi est d’arri-ver à mettre sur bande le morceau tel qu’il est dans la tête. Ce n’est pas tou-jours facile car nous sommes perfec-tionnistes. Mais notre succès actuel donne des ailes à notre créativité.

ACTION

Le nouveau single Falling est déjà disponible. Le premier album sort en mai. Plus sur haimtheband.com

Piste noireDÉMARRAGE À l’occasion de l’unique course nocturne de la saison, Jorge Lorenzo (MotoGP), Marc Márquez (MotoGP) et Sandro Cortese (Moto2) remettent le bleu de chauffe le 7 avril à Doha où débutent les championnats du monde.

CHANTIER Ouvert en 2004 et long de 5,3 km, le circuit international de Losail aura coûté 43,5 millions d’euros et nécessité mille employés pour le faire jaillir du désert en l’espace d’un an.

ÉLÉMENT PERTURBATEUR Les précédentes courses nocturnes ont rencontré des problèmes en raison des réverbérations de la lumière sur la piste. Ça gêne les pilotes et peut entraîner des chutes souvent dangereuses.

Este, Danielle et Alana « n’Haim » qu’elles. Énième

groupe de filles ? Non,

Haim a du talent.

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THE ELECTRIC PICKLE2826 North Miami Avenue Miami, Floride 33127, États-Unis Plus sur www.electricpicklemiami.com

À Miami, The Electric Pickle est un joyau unique, bien loin du légendaire snobisme de la ville. Un endroit discret où même les meilleurs DJ’s viennent faire la fête.

« Tirer le meilleur de la nuit »

L’Electric Pickle peut accueillir…… seulement 300 personnes. Au contraire des gigantesques clubs en bord de mer, ici la quantité n’est pas une priorité. Ce qui différencie le club des autres…… la passion de ses gérants. Chaque année, des gens motivés uniquement par l’argent et la célébrité dé-barquent à Miami pour ouvrir un nouveau temple de la nuit. Nous, en revanche, faisons partie de la vie nocturne locale depuis plus de vingt ans.L’intérieur est…… une réalisation personnelle à partir de vieux panneaux publicitaires de Las Vegas, de palettes en bois récupérées sur le port et de meubles d’occasion. Ici, rien de high-tech ou de clinquant. Hormis la sono qui balance un son incroyable.Entretien : Tomas Cedia, gérant

WINTER MUSIC CONFERENCE15-24 mars à Miami. Programme complet des soirées sur wintermusicconference.com

Miami est la meilleure ville pour la fêteparce…… qu’en comparaison avec Berlin ou Las Vegas, il ne s’agit pas de faire la fête pen-dant 24 heures mais de tirer le meilleur de la nuit. Bien sûr aussi pour son climat tropical. Ici, les gens sont plus relax.

Ville de lumièreUn long drink doublement exotique. Ce breuvage se nomme « Salzbourg Forever ». Mais d’où vient le nom de ce cocktail légère-ment crémeux, devenu, depuis, un classique du Mayday, un bar de la cité autrichienne ? D’un client qui, après une gorgée, s’est instan-tanément exclamé : « Inoubliable, comme la ville de Salzbourg ! » Il faut dire que le goût très prononcé du scotch fait de ce cocktail une espèce rare. Les arômes frais et fruités des jus d’ananas et de maracuja sur la note fumée et tourbeuse du scotch libèrent l’envie de parcourir le monde. Alors, ready ?

COCKTAIL

PRÉPARATIONMettre le tout dans un shaker. Ne pas oublier les glaçons. Secouer jusqu’à obtenir un aspect mousseux. Verser dans un grand verre et décorer d’une brochette de fruits.

INGRÉDIENTS 4 cl de scotch 6 cl de jus d’ananas6 cl de jus de maracuja2 cl d’eau-de-vie d’abricot1,5 cl de sirop de bananeGlaçons

CLUBDU MOIS

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Petite faim

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« Dr. Dre est mon mentor » Nouveau messie du rap, Kendrick Lamar, 25 ans, rend hommage à ceux qui l’inspirent, le motivent et lui permettent d’être aujourd’hui au sommet.

L’an dernier, Kendrick Lamar n’est pas passé inaperçu. Loin s’en faut. Son talent, son humour, sa maestria verbale illuminent son album Good Kid, M.A.A.D City. Rien qu’aux États-Unis, il s’en est vendu 250 000 exemplaires en moins de trois mois. D’influents magazines spécialisés tels que Pitchfork et des pointures du genre parmi lesquelles Nas considèrent son album comme le meilleur de 2012. Tous voient en lui le nouveau génie du hip-hop. On a connu de moins bons débuts pour un rappeur de 25 ans originaire de Compton, un quartier pauvre de Los Angeles miné par les guerres de gangs.Dans Good Kid, M.A.A.D City, Lamar évoque sa vie dans ce quartier, ses souvenirs d’enfance dans l’enfer du ghetto. Les tragédies familiales aussi. Or, Lamar a choisi un ton désinvolte, léger tout en étant puissant. Il raconte son histoire au travers de moult personnages, comme le reflète le sous-titre de son opus : « Un court-métrage de Kendrick Lamar ». Il y rend aussi hommage aux rappeurs précurseurs de la côte Ouest. Lamar nous présente ses trois modèles absolus, sources d’inspiration de son chef-d’œuvre.

Manille Banana CueUne petite banane, une brochette en bambou, du sucre, de l’huile et du feu pour s’enticher de l’encas préféré des Philippins. Jusqu’au petit matin, les échoppes font revenir ces reines de Saba.

Snoop DoggLorsque j’étais gamin, sa mu-sique passait en boucle dans notre salon. Ses premiers al-

bums ont une grande influence sur mon style. Il se moquait de savoir s’il allait passer à la ra-

dio, il traçait sa route. C’est aussi mon cas, je ne m’occupe

pas de ce que l’industrie attend de moi, je fais une musique à laquelle les gens peuvent

s’identifier. De plus, Snoop est le type le plus cool du monde.

TupaC ShakurComme lui, j’aborde dans mes

textes des thèmes que d’autres rappeurs évitent : la vulnérabi-

lité et les faiblesses. En la matière, Tupac est un exemple. D’ailleurs, quand j’étais gamin,

j’ai assisté au tournage du clip de California Love. Voir à sept ans Tupac et Dr. Dre en action dans ce décor de désert similaire à celui de

Mad Max, c’était unique. Tupac m’a vraiment marqué à vie.

Son flow est dingue.

Dr. DrEEn 2010, j’étais en tournée

avec Tek9. un jour, mon télé-phone sonne, c’est Dr. Dre qui

m’invite à le rejoindre dans son studio. Le courant est passé

immédiatement. pas vraiment étonnant car il vient aussi de

Compton. Dr. Dre est mon men-tor. récemment, il m’a dit :

« garde bien ton cap, l’apogée de ta carrière est encore loin. » Il voit en moi le même potentiel qu’Eminem. De quoi me moti-

ver à travailler encore plus dur.

QU’EST-CE LA BANANA CUE ?Si vous êtes pressé, écrivez Banana Q ! à Manille, tout le monde comprendra. Le nom combine les mots « banane » et « barbecue », même si aux Philippines ce dernier désigne tout ce qui se fait en brochette. Les bananes doivent être à moitié mûres pour ne pas se désagréger pendant la cuisson. Elles sont roulées dans un mé-lange d’huile et de sucre roux caramélisé, puis sau-poudrées de sucre avant d’être à nouveau plongées dans du caramel chaud. La brochette n’est pas inutile puisqu’elle sert à faciliter la dégustation.

NightLife

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une pâte à base de farine, de lait et de levure puis roulée dans du sucre. Enfin, le ginanggang, le plus proche cousin de la banana cue, est une brochette de Saba enduite de margarine et grillée sur du charbon de bois de coco-tier. N’oublions pas les tostones : des tranches de banane coupées en biais et frites deux fois.

portent des t-shirts à son effigie ou floqués de ses banana cue. Aujourd’hui, son portrait est aus-si connu à Cebu City que celui de Psy, le chanteur sud-coréen et son Gangnam Style. à l’ombre d’un énorme arbre et d’un para-sol, elle ouvre chaque jour son stand où s’est formée une file d’attente avant même qu’elle ne prépare ses premières brochettes à un prix dérisoire.

Ce ketchup n’est pas naturelle-ment rouge, des colorants alimentaires le rougissent.

LE ROYAUME DE SABALa variété de bananes la plus adaptée vient des Philippines. Il s’agit de la Saba appelée aussi Cardaba. Les bananes sont en général de petite taille, environ 14 cm, et se prêtent parfaitement à la cuisson. Elles se vendent en régime de 150 bananes où rien ne se perd jusqu’aux feuilles qui, dans la cuisine d’Asie du Sud-Est, constituent un bon emballage. Leurs fibres servent à la fabrica-tion de cordes et de nattes. Il n’y a pas de gaspillage.

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Sur le marché nocturne de Manille, les fruits sont à l’honneur.

BANANA CUE AND COSi cette brochette est la plus prisée de Manille, elle est loin d’être le seul encas à base de banane Saba. Le turon est en une variante. La banane, coupée en deux dans la longueur, est frite dans un rouleau de printemps et roulée dans du sucre. Dans la re-cette maruya, elle est cuite dans

QUAND LA SABA PASSE AU ROUGEComme dans bien des pays, le ketchup fait partie de la table aux Philippines. Sauf qu’ici, c’est du ketchup de bananes, appelé « puso ng saba » ou bien « jufran », du nom du plus gros fabricant. Pour sa réalisation, les bananes sont écrasées et mélan-gées avec du sucre, du vinaigre et des épices. Une technicienne alimentaire l’a inventé à la suite d’une pénurie de tomates durant la Seconde Guerre Mondiale.

MADAME SABA AU CAMPUSL’un des stands les plus popu-laires de banana cue ne se trouve pas à Manille mais à Cebu City. Sa tenancière, Manang Lisa, est d’ailleurs une légende vivante du campus universitaire. Des étu-diants et autres résidents

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L’élite du freestyle bientôt en France

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Le Cross-Country pénètre la Pologne.

Sport20–22 MARS, TIGNES

Transfert en or1 Depuis 2010, les X Games s’exportent en

dehors des États-Unis. Jouer à domicile dans les Alpes françaises est un avantage dont les skieurs européens n’avaient pas profité l’an passé, même devant 100 000 spectateurs enthousiastes. Les stars canadiennes et américaines avaient raflé la totalité des huit médailles d’or des concours de superpipe et de slopestyle. Par exemple, la Canadienne Kaya Turski s’était imposée en ski slopestyle alors que le minot américain Torin Yater Wallace avait devancé Thomas Krief en ski superpipe. L’icône Shaun White avait sur-volé les débats en snowboard slopestyle et superpipe.

24 MARS, BYDGOSZCZ, POLOGNE

Un bon coup de cross 3 Championnats du monde de Cross Country.

Ici, quatre courses départagent les concurrents. Ce genre de parcours est, en général, très original. Un peu moins de 12 kilomètres pour les hommes, près de 8 kilomètres pour les femmes et les juniors hommes, et quasiment 6 kilomètres pour les jeunes filles. Si vous aimez parier, voici un bon tuyau : chaque année, depuis 2000, l’Éthiopie et le Kenya se partagent le podium. Certes, les athlètes de ces deux nations font partie des favoris logiques de l’épreuve. Vous ne gagne-rez donc pas beaucoup d’argent. En revanche, vous pouvez toujours miser sur un outsider polonais...

22–24 MARS, PLANICA, SLOVÉNIE

Toujours plus loin 2 Coupe du monde FIS de saut à ski. Cevapi,

slivovitz et musique d’accordéon… Tous les ans, plus de 100 000 spectateurs recréent l’ambiance des fêtes populaires slovènes pendant la Coupe du monde de saut à ski. Planica est un haut lieu de cette discipline. Le 15 mars 1936, l’Autrichien Josef « Bubi » Bradl y a franchi la barre des 100 mètres et le 17 mars 1994, le Finlandais Toni Nieminen celle des 200 mètres. Pour Gregor Schlierenzauer ou le matador local Robert Kranjec, il s’agira à la fin du mois de se défier dans deux concours individuels. Sans oublier l’épreuve par équipes.

31 MARS, LONDRES

Sortez les rames4 Depuis 1824, The Boat Race met aux prises,

sur la Tamise, l’université de Cambridge et celle d’Oxford lors de la plus célèbre course d’aviron au monde. Pour l’instant, Cambridge mène 81 victoires à 76. L’an dernier, les spectateurs ont assisté à une édition perturbée. La course de 4 miles (6,8 km) qui remonte le fleuve de Putney et Mortlake avait été inter-rompue à mi-course à cause d’un nageur manifestant. Peu après le nouveau départ, un rameur d’Oxford avait brisé sa rame et à l’arrivée, un membre du huit d’Oxford avait fait un malaise. À l’arrivée, Cambridge l’avait emporté avec plus de quatre longueurs d’avance.

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5-15 AVRIL, MAROC

Chaud et froid5 Le Marathon des Sables est un truc de

dingue ! L’équipement des 800 participants de ce méga marathon, long de 230 kilomètres à travers le désert marocain et lancé en 1986, inclut un kit de survie (sac de couchage, kit contre les morsures de serpent, 2 000 calories de ravitaillement par jour) qui doit être porté en permanence. Les plus rapides bouclent le parcours en 17 heures environ. Les varia-tions de température mettent les coureurs à rude épreuve. Le jour, ils éprouvent un soleil de 40 °C et la nuit, une fraîcheur à 5 °C. Cette épreuve est réservée aux coureurs avertis. Ça va de soi.

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Un monde en actionMars & Avril

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En Inde, le Holî est un tourbillon de couleurs.

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Des fans de mangas dans la peau de leurs héros

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Las Fallas, une fête enflammée du printemps

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230 kilomètres harassants à travers le Maroc

Culture8-17 MARS, AUSTIN, TEXAS

Une ville en musique7 SXSW. Des concerts dans les arrière-cours,

les caves et sur les terrasses des toits, des rues encombrées de fans de musiques débridées et de jeunes musiciens qui traînent leurs amplis d’un club à l’autre. Voilà planté le décor du plus grand festival de musique au monde, le South By Southwest (SXSW) à Austin, Texas. Plus de cent lieux de concerts ouverts aux 2 000 jeunes groupes venus du monde entier. L’endroit offre les meilleures chances d’y être décou-vert : des milliers de producteurs se donnent rendez-vous sur place pour dénicher la perle rare.

14 MARS-1ER AVRIL, LONDRES

Thriller psychologique6 Championnat du monde d’échecs. La finale

mondiale a lieu en novembre mais ce mois-ci, nous connaîtrons le challenger du champion indien Viswanathan Anand à l’issue des épreuves élimina-toires qui opposent, à Londres, les huit meilleurs joueurs de la planète. Parmi eux, l’Israélien Boris Guelfand dominé en finale l’an passé par Anand, le Lucky Luke des échecs, et le grand Vladimir Kramnik, vainqueur de Kasparov et ancien champion du monde.

15-19 MARS, VALENCE, ESPAGNE

Poupées de feu8 Las Fallas. Peu avant minuit, les lumières de

Valence s’éteignent. Le silence se fait, l’obscu-rité devient totale. Soudain, la fanfare retentit. Des feux d’artifice embrasent le ciel et des figurines en papier mâché s’enflamment. C’est l’embrasement total. La fête de Las Fallas est un fantasme de pyromane. Le peuple de Valence a fabriqué ses « ninots », des pou-pées géantes qu’il dresse dans la rue avant de les enflammer solennellement lors de l’ultime nuit.

23-24 MARS, TOKYO

Manga mania9 International Anime Fair. Des ballons en forme

d’animaux aux yeux énormes planent au-dessus des visiteurs du salon. Princesses et guerriers mangas déambulent dans les allées entre figurines et nouveau-tés en matière de films et de bandes dessinées. Ce business génère plus de 80 milliards d’euros de chiffre d’affaires. 100 000 personnes se pressent à ce salon.

27-28 MARS, DELHI, INDE

Purple Rain10 Holî. Nuages et jets d’eau multicolores enva-

hissent les rues. La foule est pleine de visages peints. Bienvenue à la fête aux mille couleurs. En Inde du Nord, on célèbre la fin de l’hiver, la victoire du bien sur le mal. Le Holî, à l’origine une célébration à l’issue de la récolte, est aujourd’hui une manière de surmon-ter les clivages sociaux en célébrant avec la commu-nauté élargie. Si vous êtes dans le coin à la fin du mois, profitez-en. Si ce n’est pas le cas, notez-le pour l’année prochaine. Quoi qu’il en soit, on ne revient jamais indemne d’un aller-retour en Inde.

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JUSQU’AU 20 MAI, EXPO EILEEN GRAY, CENTRE POMPIDOU, PARIS

Une touche de Gray

26 MARS, ÉLIMINATOIRES COUPE DU MONDE, FRANCE-ESPAGNE

Un ticket pour RioC’est – déjà – la finale de ce groupe I, sept mois avant le terme des qualifications pour la Coupe du monde au Brésil l’an prochain. L’Espagne, tenante du titre et double championne d’Europe, et la France sont en tête de leur poule à égalité de points mais seul le vainqueur final du groupe sera directement qualifié. À l’aller, les Bleus ont arraché le nul (1-1) à Madrid. Depuis juillet 1998, le Stade de France – à guichets fermés – n’a sans doute plus connu un match de foot d’une telle intensité pour les Bleus. Attention, quatre jours avant le choc, les joueurs de Deschamps y accueillent aussi la Géorgie en éliminatoires. Pas de blagues… www.fff.fr

Beaubourg propose à ses visiteurs une superbe rétrospective de la carrière de l’architecte et designer irlandaise, Eileen Gray. C’est l’occasion de redécouvrir l’œuvre de cette proche de Le Corbusier qui a marqué l’art déco et l’architecture moderniste par ses créations uniques (mobiliers, projets architecturaux, toiles, photographies, etc.) dans la première moitié du siècle dernier. Décédée en 1976, elle avait présenté sa première collection de panneaux décoratifs en… 1913. Il y a cent ans. www.centrepompidou.fr

FocusMars & Avril

JUSQU’AU 31 DÉCEMBRE, MARSEILLE-PROVENCE, CAPITALE EUROPÉENNE DE LA CULTURE

Marseille en capitalesDepuis la mi-janvier, Marseille révèle petit à petit ses atours de capitale européenne de la culture en 2013. Un défi préparé depuis de longues années et qui a décuplé l’énergie artistique provençale à travers de nouveaux sites et une programmation d’événements (musique, arts graphiques, danse, etc.) qui vont maintenir le challenge pendant l’année à Marseille et dans toute la Provence. À ne pas rater. www.mp2013.fr

11–14 AVRIL, MASTERS, AUGUSTA, ÉTATS-UNIS

Entre maîtresLe Masters disputé sur les greens du très sélect club d’Augusta, en Géorgie, est le premier des quatre tournois du Grand Chelem. La quête du « Graal » – la veste verte réservée au vainqueur – est inestimable. L’Américain Bubba Watson, qui l’a enfilée après sa victoire en 2012, en sait quelque chose. Pour intégrer le nombre restreint de joueurs, il faut être invité par les organisa-teurs. Un luxe rare. Aucun Français n’a été retenu l’an passé. Et cette année ? www.masters.com

Décisif avec Arsenal, Giroud sera l’atout

Bleu face à l’Espagne.

Boonen, cycliste en nord

7 AVRIL, PARIS-ROUBAIX, PRO TOUR CYCLISTE

Vive la « reine »On pense avoir tout dit et tout écrit sur la « reine des classiques » mais chaque année, la course ra-conte encore d’autres histoires. « L’enfer du Nord » est toujours pavé de bonnes intentions pour le peloton au départ de Compiègne. Après plus de 250 kilomètres et quelques dizaines de secteurs pierreux et piégeux, il faut avoir échappé à la boue ou la poussière pour triompher à Roubaix. Tom Boonen, vainqueur pour la 4e fois l’an dernier, connaît la recette. www.letour.fr

ne pas rater.

Boonen, cycliste en nord

7 AVRIL, PARIS-ROUBAIX,

On pense avoir tout dit et tout écrit sur la « reine des classiques » mais chaque année, la course ra-conte encore d’autres histoires. « L’enfer du Nord » est toujours pavé de bonnes intentions pour le peloton au départ de Compiègne. Après plus de 250 kilomètres et quelques dizaines de secteurs pierreux et piégeux, il faut avoir échappé à la boue ou la poussière pour triompher à Roubaix. Tom

e fois l’an dernier, connaît la recette.

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The red bulleTin numéro 18 sera disponible le 10 avril 2013

The Red BulleTin France / numéro 17 – Mars 2013 : The Red Bulletin est publié et édité par Red Bull Media house Gmbh. directeur de la publication Wolfgang Winter directeur d’édition Franz Renkin directeur de la rédaction Robert Sperl directeur adjoint de la rédaction Alexander Macheck Rédacteur en chef France Christophe Couvrat Ont participé à ce numéro Susanne Fortas, Christine Vitel, Étienne Bonamy, Frédéric Pelatan, Ioris Queyroi Responsable de la production Marion Wildmann Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Booking Ellen Haas, Catherine Shaw, Rudi Übelhör Maquette Kasimir Reimann & Erik Turek (DA), Martina de Carvalho-Hutter, Silvia

Druml, Miles English, Kevin Goll, Carita Najewitz Publication Corporate Boro Petric (Directeur), Christoph Rietner (Rédacteur en chef); Dominik Uhl (DA); Markus Kucera (Directeur photo); Lisa Blazek (Rédactrice); Christian Graf-Simpson, Daniel Kudernatsch (Tablettes) Chefs de la Production Michael Bergmeister, Wolfgang Stecher, Walter Sádaba Reprographie Clemens Ragotzky (Chef), Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits Marketing et management international Barbara Kaiser (Directrice), Stefan Ebner, Elisabeth Salcher, Lukas Scharmbacher, Peter Schiffer, Julia Schweikhardt. The Red Bulletin est publié simultanément dans les pays suivants : Autriche, Allemagne, France, Irlande, Koweït, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Suisse, Mexique, Grande-Bretagne et États-Unis. www.redbulletin.com Siège social Autriche Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdingerstr. 11-15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700. Siège social et Rédaction France 64 rue de Cléry, 75002 Paris, +33 1 40 13 57 00 Siège Rédaction Autriche Heinrich-Collin-Strasse 1, A-1140 Vienne, +43 (1) 90221 28800 imprimé par Prinovis Ltd & Co. KG, D-90471 Nuremberg Responsable publicité Cathy Martin, +33 (7) 61 87 31 15 ou [email protected] dépôt légal/iSSn 2225-4722 nous écrire [email protected] Les journalistes de la SNC L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SNC L’Équipe n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

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Agrégé de Lettres, Christophe Ono-dit-Biot est l’auteur de quatre romans, dont birmane, prix Interallié 2007.

la vie est formidable : malgré les nouvelles alarmantes, je viens de bondir de joie dans mon bureau. Deux joies, d’ailleurs, et je ne sais

pas laquelle me fait le plus plaisir. la première : on me dit qu’on vient de découvrir une fleur sur Mars. la deu-xième, nous sommes en mars et David bowie sort un nouvel album. Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à savoir laquelle me fait le plus plaisir ? Parce que les deux informations sont liées ! en 1971, bowie a écrit la plus belle chanson de tous les temps : Life on Mars. l’histoire d’un type dégoûté par l’absurdité de la vie sur terre (« Mickey Mouse s’est transformé en vache », dit-il) et qui se demande s’il ne va pas aller vivre ailleurs. il s’interroge : « Is there life on Mars ? » trente-deux ans plus tard, avec cette fleur, la planète rouge vient de lui répondre. D’une façon sacrément poétique. on me dit à l’instant que ce ne serait pas une fleur que le robot à roulettes Curiosity vient de découvrir au bout de son bras balai-brosse, mais un bloc de quartz brillant comme une fleur. C’est encore plus poétique : un bijou !

alors je préviens tout le monde : si quelqu’un ou quelque chose sur cette pla-nète est capable, alors que David bowie avait disparu depuis dix ans, de nous envoyer un signal aussi beau le jour où il réapparaît, préparons-nous à découvrir sur Mars quelque chose d’incroyable. Ces êtres ne sont pas seulement télépathes, comme nous l’apprenait ray bradbury dans ses Chroniques martiennes, ils ont du goût, et ils sont attentionnés.

la découverte est imminente. la réap-parition de bowie en est d’ailleurs le signe annonciateur. Car il est l’un des leurs. ni homme ni femme, les yeux mi-bleu, mi-vert, rebaptisé Ziggy stardust (Poussière d’étoile), membre du groupe the spiders from Mars (les araignées de Mars)... Faut-il une dernière preuve ? en 1969, sa chanson Space Oddity servit de bande-son à la retransmission par la bbC des premiers pas de l’homme sur la lune.

oui, bowie est un Martien, et c’est eux qui lui ont demandé de refaire surface, de se tenir prêt, parce qu’il va se passer quelque chose.

enfin ! Parce que ça fait quand même 2 500 ans que ça dure, cette obsession de la vie sur Mars. Depuis l’antiquité où les romains intrigués l’ont appelée « Mars », comme le dieu de la guerre, parce qu’elle avait la couleur du sang. Depuis cette his-toire de canaux, aussi, qui a tant obsédé bradbury qu’il a placé en exergue de ses

Chroniques une citation de lord byron évoquant les canaux de Venise. Des gondoles sur Mars ? et pourquoi pas ? on mange bien des pizzas à Kaboul. Combien de livres, combien de films en ont rêvé, de Voltaire qui fit frôler Mars à son Micromégas (1752) à tim burton et Mars Attacks (1996) ; du premier film sF communiste, Aelita de Yakov Protanazov (1924) qui fit de la planète « rouge » – assez paradoxalement – une planète ultra-capitaliste, au Mission to Mars de brian de Palma (2000) basé sur la décou-verte par Viking 1, en 1976, d’une colline en forme de visage humain… il faut la comprendre, cette obsession. Depuis Christophe Colomb en 1492, l’Homme n’a pas eu de territoire nouveau à conquérir, et Mars est la planète la plus proche de nous dans le système solaire. et puis, elle fait rêver : les années y durent 686 jours, et les volcans culminent à vingt-cinq kilo-mètres de hauteur, trois fois l’everest pour le Mont olympus. De quoi satisfaire les dingues d’escalade.

si c’est votre cas, préparez dès mainte-nant vos crampons. le projet Mars one, soutenu par le prix nobel de physique gerard ’t Hooft, prévoit d’emmener d’ici 2023 des humains sur Mars pour y fonder une colonie. le budget de la mission est très inférieur à celui fixé par la nasa, et ce pour une raison simple : il n’y a pas de billet de retour. Malgré ça, un millier de volontaires se sont déjà inscrits (mars-one.com), alors si ça vous inté-resse, fissa ! un programme de télé-réalité filmera l’aventure, vous offrant une célé-brité dont vous ne pourrez pas profiter… sauf avec les Martiennes. Mais on vous l’a dit : elles sont visiblement très attention-nées, et on le rappelle, télépathes, c’est-à-dire qu’elles devinent le moindre de vos désirs. la vie est formidable.

Pleine lucarne

L’exploration de la planète Mars par Curiosity suscite bien

des fantasmes. Dont ceux de CODB. Et si la réapparition

de David Bowie était liée à cette mission spatiale ?

Chronique martienne

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07 JUILLET, DOMAINE NATIONAL DE SAINT-CLOUD, ÎLE-DE-FRANCE.Pour participer : www.redbullcaissesasavon.fr

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