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1 THEME III LES MUTATIONS DE LA FRANCE DEPUIS 1945 La V e République : Cadre institutionnel, vie politique, défis européens. En 1958, le général de Gaulle revient à la tête de la France et fonde un nouveau régime : v e République ? En quoi de Gaulle a-t-il durablement marqué la v e République ? Quelles sont ses évolutions à partir de 1969 ? I. La présidence de de Gaulle (1958-1969) A) 1958-1962 : la mise en place du régime • Appelé au pouvoir pour résoudre la crise algérienne, de Gaulle propose d'emblée une nouvelle constitution, approuvée par 79 % des Français (référendum du 28 septembre 1958) : la V e République est née, caractérisée par le rôle prépondérant du pouvoir exécutif. • Soutenu par une majorité forte à l'assemblée, de Gaulle s'attache à résoudre la crise coloniale algérienne. Malgré une tentative de putsch militaire en avril 1961 et les nombreux attentats de l'OAS, les accords d'Évian sont signés (1962), l'Algérie devient indépendante. • Le 28 octobre 1962, de Gaulle institue, par référendum, l'élection du président de la République au suffrage universel direct. L’évolution de l’élection du Président de la République.

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THEME III LES MUTATIONS DE LA FRANCE DEPUIS 1945

La Ve République : Cadre institutionnel, vie politique, défis européens.

En 1958, le général de Gaulle revient à la tête de la France et fonde un nouveau régime : ve République ? En quoi de Gaulle a-t-il durablement marqué la ve République ? Quelles sont ses évolutions à partir de 1969 ?

I. La présidence de de Gaulle (1958-1969)

A) 1958-1962 : la mise en place du régime

• Appelé au pouvoir pour résoudre la crise algérienne, de Gaulle propose d'emblée une nouvelle constitution, approuvée par 79 % des Français (référendum du 28 septembre 1958) : la Ve République est née, caractérisée par le rôle prépondérant du pouvoir exécutif. • Soutenu par une majorité forte à l'assemblée, de Gaulle s'attache à résoudre la crise coloniale algérienne. Malgré une tentative de putsch militaire en avril 1961 et les nombreux attentats de l'OAS, les accords d'Évian sont signés (1962), l'Algérie devient indépendante. • Le 28 octobre 1962, de Gaulle institue, par référendum, l'élection du président de la République au suffrage universel direct. L’évolution de l’élection du Président de la République.

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B) 1962-1967 : une France forte

• En 1967, la France se retire du commandement intégré de l'OTAN tout en restant membre de l'Alliance. Elle renforce son équipement militaire et se lance dans la création d'une force nucléaire de dissuasion (première bombe atomique en 1960). Elle affirme ainsi son indépendance militaire. • De Gaulle tient à préserver également l'indépendance diplomatique de la France. Alors que sévit la guerre froide, il refuse le bipolarisme et s'oppose particulièrement à l'hégémonie américaine. L'Europe est un autre moyen d'échapper à l'influence américaine. De Gaulle favorise ainsi le rapprochement franco-allemand (1963) mais s'oppose fermement à l'intégration du Royaume-Uni, « cheval de Troie » des États-Unis. Son gouvernement poursuit la construction de la CEE, tout en refusant l'idée d'une Europe supranationale. • Persuadé que de solides finances sont la condition première d'une politique d'indépendance nationale, de Gaulle crée le nouveau franc en 1958, sur la proposition d'Antoine Pinay. Une politique budgétaire stricte et une planification, privilégiant l'équipement et le développement de la technologie, permettent au pays de connaître une forte croissance. Le niveau de vie des Français augmente rapidement.

C) 1967-1969 : le divorce entre de Gaulle et les Français

• Les partis pris par de Gaulle, notamment en matière de politique étrangère, ne sont pas toujours compris des Français. Lors de la présidentielle de 1965, le président sortant est mis en ballottage par François Mitterrand. • La crise de mai 1968 ébranle le pays. D'abord universitaire, la crise devient sociale ; une grève générale paralyse bientôt l'économie. Le 27 mai sont signés les accords de Grenelle, aussitôt rejetés par la base ouvrière. Le 30 mai, de Gaulle dissout l'Assemblée. La lassitude de l'opinion lui assure un triomphe lors des législatives de juin. • De Gaulle tente de répondre à la crise par un projet de participation. Il propose un référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat (en avril 1969). 52 % des Français votent contre. Estimant qu'il s'agit là d'un désaveu personnel, de Gaulle démissionne le lendemain.

II° La Ve République de 1969 à nos jours

A) 1969-1981 : une France « social-démocrate »

• Prenant en compte les aspirations des Français exprimées en mai 1968, le nouveau président de la République, Georges Pompidou, fait passer au second plan la politique étrangère. Il cherche à bâtir une « nouvelle société ». La croissance permet des avancées sociales (création du SMIC, salaire minimum indexé sur la croissance ; développement de la formation permanente ; création d'un nouveau régime de convention collective). • Valéry Giscard d'Estaing (élu en 1974) multiplie les réformes (majorité à 18 ans, loi Veil légalisant l'avortement, libéralisation du divorce). Les modes de vie se transforment. Mais les chocs pétroliers de 1973 et de 1979 accentuent une crise économique marquée par l'inflation et l'apparition d'un chômage persistant. • À la politique de relance du Premier ministre Jacques Chirac succède, à partir de 1976, une politique d'austérité mise en œuvre par Raymond Barre. Économies d'énergie, restructurations industrielles, encouragement à l'épargne, blocage des prix, augmentation des impôts et limitation des salaires limitent le déficit budgétaire et ménagent la stabilité du franc mais n'enrayent ni la montée du chômage ni celle de l'inflation.

B) 1981-1988 : la gauche au pouvoir

• Le 10 mai 1981, l'opposition gagne les élections. François Mitterrand est élu à la présidence de la République. Son premier gouvernement (Pierre Mauroy) entreprend de « changer la vie » : abolition de la peine de mort, autorisation des radios libres, adoption de la semaine de 39 heures, octroi de la cinquième semaine de congés payés et de la retraite à 60 ans, augmentation du salaire minimum. De grandes entreprises sont nationalisées. Cette politique de relance est un échec : pénalisées par l'augmentation des charges, les entreprises sont moins compétitives. • Si le retour à la rigueur permet de réduire le déficit commercial et l'inflation, le chômage continue d'augmenter. Dès les élections municipales de 1983, la droite redevient majoritaire dans le pays. Elle gagne les législatives de 1986.

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La France connaît alors sa première cohabitation, entre 1986 et 1988 : le président (F. Mitterrand) et le Premier ministre (Jacques Chirac) n'appartiennent pas à la même tendance politique.

C) De 1988 à nos jours : l'alternance droite gauche

La période qui va de 1988 à nos jours est dominée par l'alternance de la droite et de la gauche au gouvernement. • De 1988 à 1993, le gouvernement de gauche tente de contrer la crise sociale en instaurant le revenu minimum d'insertion (RMI) et la contribution sociale généralisée (CSG). Ces réformes n'empêchent pas l'électorat de redonner la victoire à la droite en 1993. • Lors d'une deuxième cohabitation (Mitterrand-Balladur) sont mises en œuvre de nouvelles privatisations. • Élu président en 1995, Jacques Chirac s'engage à réduire la « fracture sociale », cependant la politique sociale menée par Alain Juppé mécontente l'opinion. Soucieux de renforcer sa légitimité, le président dissout l'Assemblée nationale mais la gauche l'emporte (juin 1997). • La France connaît alors une troisième cohabitation (Chirac-Jospin). Dans un contexte de reprise internationale qui favorise la baisse du chômage, la gauche, revenue au gouvernement, multiplie les réformes de société : pacte civil de solidarité (PACS), couverture maladie universelle (CMU), loi sur la parité hommes femmes en politique. Il instaure les 35 heures de travail hebdomadaire. Pour éviter toute nouvelle cohabitation, le mandat présidentiel est également réduit à 5 ans. Mais les déficits publics se creusent et la montée de l'insécurité inquiète à nouveau les électeurs. • Chirac est réélu en 2002. Il lance de grandes réformes (décentralisation, retraites), renforce la lutte contre l'insécurité et réaffirme la laïcité dans le cadre de l'école. • Conclusion : Qu'ils optent pour une relance par la consommation ou pour l'austérité, pour une politique de renforcement de l'intervention de l'État ou pour le désengagement de celui-ci, les différents gouvernements qui se succèdent depuis 1988 peinent à enrayer la crise. Les succès électoraux du Front national et le développement de l'abstention révèlent le malaise croissant des électeurs. Dans cette période d'hésitations politiques, une constante apparaît cependant : tous les gouvernements poursuivent activement la construction européenne. (voir fiche). DOCUMENTS ANNEXES :

1. Organigramme de la Vème République

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2. Tableau des forces politiques sous la Vème République.

De 1958 à 1997

Aujourd’hui

Extrême gauche gauche centre droite Extrême droite NPA : nouveau parti anticapitaliste ex LCR (ligue communiste révolutionnaire) LO : Lutte ouvrière

PS : Parti socialiste Radicaux de gauche

Europe Ecologie/ les Verts

PC Parti communiste

Modem : mouvement démocrate UDF nouveau centre

UMP (Union pour la majorité présidentielle)

FN : Front National MNR : mouvement des nationalistes républicains.

3. Acteurs, dates clés, notions principales

LES ACTEURS CLÉS

Charles de Gaulle (1890/1970) : Fondateur de la V° République. Président de 1958 jusqu’à sa démission en 1969 suite au référendum sur la réforme du Sénat et la décentralisation où le "non" l’emporte.

Georges Pompidou (1911/1974) : Premier ministre de 1962 à 1968. Élu à la présidence de la République en 1969, il veut mener une politique d’ouverture. Malade, il meurt en 1974 avant de terminer son mandat.

Valéry Giscard d’Estaing (né en 1926) : Président de la République de 1974 à 1981, il méne une politique libérale et européenne. On lui doit principalement la majorité à 18 ans et la légalisation de l’avortement. Il préside la Convention européenne de 2002 à 2003, en charge de rédiger une constitution pour l’Union Européenne.

François Mitterrand (1916/1996) : Premier président de gauche en 1981, il est réélu en 1988 pour un second septennat. Ses mandats sont marqués par d’importantes réformes (abolition de la peine de mort, nationalisations, décentralisation,...) et l’apparition de la cohabitation.

Jacques Chirac (né en 1932) : Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing (1974/1976), il démissionne et fonde le RPR. Il est élu maire de Paris en 1977. Président de la République de 1995 à 2002 puis, avec la réforme du quinquennat, de 2002 à 2007 (où il a été élu face à J.M. Le Pen).

QUELQUES DATES CLÉS

1945/1965 : Années du baby-boom en France 1945/1975 : Les Trente Glorieuses en France (croissance économique) 1958 : Naissance de la V° République 1962 : Élection du président de la République au suffrage universel 1968 : Révolte étudiante ; crise de mai 1974 : Majorité à 18 ans 1981 : La gauche au pouvoir ; abolition de la peine de mort 1986 : Première cohabitation

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1992 : Traité de Maastricht 2000 : Loi sur le quinquennat

UN POINT SUR LES NOTIONS À MAITRISER

* Constitution : C’est un ensemble de textes qui définit les règles de la vie politique. Les droits des citoyens, la forme de gouvernement et la distribution des pouvoirs y sont rigoureusement décrits. La première Constitution date de 1791. La Constitution actuelle a été mise en place depuis près de 50 ans, ce qui est une longévité relativement exceptionnelle.

* Bipolarisation : Partage des forces politiques en général entre un bloc des droites et un bloc des gauches.

* Droite/Gauche : La division droite/gauche est née au début de la Révolution. Les valeurs politiques censées représentées l’une et l’autre ont fluctué au cours des temps. La droite est attachée au libéralisme économique tandis que la gauche met en avant le rôle de l’Etat-providence. Enfin aujourd’hui, la distinction droite/gauche s’applique aux questions de société : la gauche apparaît plus favorable à la libéralisation des moeurs et la droite plus attachée aux valeurs traditionnelles. Certains pensent de nos jours, que les notions de droite et de gauche ne sont plus pertinentes pour comprendre les débats de notre temps.

* Cohabitation : Situation politique où le président de la République et le Premier ministre appartiennent à des groupes politiques opposés. Le président de la République est la "clé de voûte" du régime. Lorsqu’il a le soutien de la majorité parlementaire il joue un rôle primordial mais si celle-ci lui fait défaut alors son rôle est nettement plus effacé. Cette configuration est apparue trois fois lors de la V° République.

* Nationalisation : Appropriation par l’Etat de certains moyens de production appartenant à des particuliers (usines, banques, compagnies d’assurances,...) afin de mieux servir l’intérêt public, d’assurer l’indépendance de l’Etat ou d’interdire la réalisation de bénéfices privés dans certaines activités. La dernière grande loi relative aux nationalisations date de 1982.

* Privatisation : Transfert de propriété d’entreprises du secteur public au secteur privé. Longtemps, le processus de privatisation a constitué un enjeu entre la droite et la gauche. Commencé par le gouvernement de Jacques Chirac en 1986 les privatisations ont été poursuivies par celui de Lionel Jospin à partir de 1997. Ainsi en 20 ans, 3 000 entreprises publiques employant un million de personnes ont basculé dans le secteur privé.

* Société des loisirs : Société qui donne la possibilité de consacrer du temps aux loisirs. Son développement est le résultat de facteurs conjugués : progrès économiques, baisse de la durée du travail et allongement de la vie donnant plus de place au temps libre. La démocratisation de l’éducation, de la culture et du sport étendent les centres d’intérêt et permettent une grande variété de loisirs.

* Catégorie sociale : Elle rassemble des personnes ayant des caractéristiques semblables, des perspectives comparables et la conscience d’appartenir à un groupe particulier.