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Universit é Paris-Dauphine U.F.R. Sciences des organisations Centre de théorie économique Jean-Baptiste Say THESE Pour l'obtention du titre de DOCTEUR EN SCIENCES ECONOMIQUES par François GUILLAUMAT Comment l'étude des structures industrielles peut-elle être scientifique ? JURY

Thèse de François Guillaumat, version du 31 mars 2010.doc

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Universit Paris-Dauphine

Universit Paris-DauphineU.F.R. Sciences des organisationsCentre dethorie conomique Jean-Baptiste SayTHESEPour l'obtention dutitre deDOCTEUR EN SCIENCES ECONOMIQUESpar Franois GUILLAUMATComment l'tude desstructures industrielles peut-elle tre scientifique?JURYDirecteur dethse:Pascal Salin

Professeur, Universit Paris-Dauphine

Place du Mal deLattre deTassigny, 75775 Paris CEDEX 16Rapporteurs:Grard BRAMOULLE

Professeur, Universit Aix-Marseille III

3, avenue Robert Schuman, 13100 Aix-en-Provence

Bertrand LEMENNICIER

Professeur, Universit Paris-II Assas

92, rue d'Assas, 75006 ParisSuffragantsPhilippe STOFFEL-MUNCK

Professeur, Universit Paris-XII

Georges LANE

Matre deconfrences, Universit Paris-Dauphine

Place du Mal deLattre deTassigny, 75775 Paris CEDEX 16Prsente etsoutenue publiquement le 19 dcembre 2001

Universit Paris-DauphineCentre deThorie conomique Jean-Baptiste SayComment l'tude desstructures industrielles peut-elle tre scientifique?THESEdeSCIENCES ECONOMIQUESpar:Franois GUILLAUMATDirecteur dethse:Pascal SalinProfesseur l'Universit Paris-DauphineL'Universit n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions mises danslesthses: ces opinions doivent tre considres comme propres leurs auteurs.Comment l'tude desstructures industrielles peut-elle tre scientifique?tc "Comment l'tude desstructures industrielles peut-elle tre scientifique?" \l 1Pour enfinir avec lespolitiques deconcurrenceSommaireComment l'tude desstructures industrielles peut-elle tre scientifique?Pour enfinir avec lespolitiques deconcurrenceSommaire6Remerciements11Introduction19Premire partie: unetude est scientifique danslamesure o samthode est capable dedcrire sonobjet29Chapitre 1.Lamthode conventionnelle est-elle capable derpondre laquestion pose?33A. Lesimpasses dupseudo-exprimentalisme33L'"exprience cruciale" est indfinissable, p.35; Le contre-exemple dulibre-changisme, p.44; Il n'y a pas lieu dechoisir l'exprience contre lalogique, p.48.

B. Cen'est pas sans inconvnients quel'on ignore l'approche conceptuelle56Ils'agit bien derpondre desquestions pratiques p.72.

C. Lelaisser-aller philosophique desconomistes techniques fait perdre sapertinence aucritre dePareto73Lacohrence logique, ennemi public deladmocratie sociale p.76; Lacohrence logique disqualifie comme "irrationnelle" p.78; Lepre detous lesvols deconcepts p.83; Lacohrence logique comme "source dutotalitarisme" p.85; Lesubjectivisme dmocrate-social impuissant face auxsubjectivismes plus ouvertement violents p.90; Le pseudo-exprimentalisme inspire lesocialisme moderne p.95; Dfinition cohrente del'unanimit p.102; Les contradictions du"consentement" l'impt fondent lesoupon devouloir dtruire leconcept p.102; Leconsentement, dfini sanscontradiction p.105; Leretour desmorts-vivants p.128; Pareto avait sap lesfondements desonpropre critre p.131.

D. Lesinstruments d'tude conventionnels ne sont donc pas adapts leurobjet136Chapitre 2 LaLogique del'action etlascience dudroit141A. Lamthode pour sortir del'impasse141Latradition praxologique p.144; L'cole autrichienne p.150; L'analyse inclut lacration etlanouveaut p.151; Etudier lesactes delapense p.155; A quoi servent lesstatistiques p.159; Lacausalit sociale relle p.160; Les limites delagnralisation empirique p.162; Lamthode axiomatique p.168; Imprcision desconcepts en"structures industrielles" p.171.

B. Lascience duDroit permet d'viter leserreurs del'utopisme scientiste173Application uneutopie socialiste lamode p.183; Absurdit del'idalisme scientiste p.188; Iln'y a pas deDroit cohrent qui puisse imposer untat prdtermin lacoopration sociale p.190; Deserreurs communes l'conomie etaudroit p.193; Lapseudo-mesure p.195.

C. Du doute sur laWertfreiheit l'absolu ducritre dejustice196Que sauver delaWertfreiheit? p.201; Les tenants delaWertfreiheit dansleursuvres p.204; Obligations morales plus ou moins reconnues deladmarche scientifique p.207; Laraison comptente enphilosophie morale p.209; Anti-concepts normatifs p.212; Fcondit ducritre delacontradiction pratique p.214; Implication inattendue del'thique scientifique p.219.

Conclusion delapremire partie225Seconde partie Application l'tude desstructures industrielles235Introduction237Chapitre 3 Etat defait239A. Lespolitiques deconcurrence nesont fondes sur aucun principe dedroit239Les politiques deconcurrence constituent uneinnovation contraire latradition juridique franaise p.239; AuxEtats-Unis, les politiques deconcurrence sont tout aussi arbitraires etimprvisibles p.242; Onnepeut pas trouver dergles communes auxpolitiques deconcurrence p.243.

B. Lanotion de"monopole defait" suit lesprogrs etlesrgressions delaphilosophie morale246Le "monopole defait" comme apparence universelle p.248; Onconteste enfin lacondamnation du"monopole defait" p.256; Latradition franaise deslumires exclut lanotion de"monopole defait" p.266; A l'inverse del'cole franaise, lesconomistes d'inspiration anglo-saxonne retombent progressivement danslesconfusions mdivales sur lemonopole p.270; La"synthse no-classique" p.283; Aux Etats-Unis, lestatistes laprussienne inventent lemonopole naturel pour cause derendements croissants p.285; Mme lesauteurs libraux contemporains n'chappent pas laconfusion p.292; AuxEtats-Unis, lesconomistes autrichiens retrouvent ladfinition institutionnelle dumonopole p.308.

C.Le"compromis marshallien", source majeure desmalentendus contemporains315Laconscience humaine vise l'objectivit p.318; Lavaleur etlecot sont demme nature p.321; Lecompromis marshallien fige lareprsentation deschoix humains p.323; On peut analyser leschelles deprfrences entermes desraisonnements qui lesont labores p.327; Leschoix duproducteur sont devrais choix humains p.331; Lecompromis marshallien permet lasophistique tatiste d'opposer desreprsentations mcaniques absurdes laralit deschoix humains p.332; Lesjugements devaleur seforment continuellement dansuncadre institutionnel p.345; Le "socialisme demarch", fils delaconception mcaniste delaproduction p.349; C'est cause du "compromis marshallien" queKeynes a fait rgresser lascience conomique, p.354.

D. Le fondement thorique del'analyse des"structures industrielles"366Le "modle delaconcurrence parfaite" p.368; La"tarification aucot marginal" p.374; Commentle"monopole" fixe sonprix p.374; "Profit demonopole". Et"perte sociale" p.375; La"concurrence destructrice" p.376.

E. Lespolitiques deconcurrence qui enrsultent376La"Concentration" et"pouvoir demarch" p.377; Les"barrires l'entre" p.377; Laprise encompte descots d'information etdesurveillance p.379; La rponse au"Monopole naturel" et la"Concurrence destructrice" p.380.

Chapitre 4 Retour l'approche raliste383A. Lathorie conventionnelle repose sur desconcepts contradictoires383"Un produit est lafois lui-mme etunautre" p.395; "Un monopoleur n'est pas unmonopoleur, mais c'est nousquidcidons quandill'est" p.396; Lathorie secondaire du"prix limite" p.399; On nepeut pas mesurer le"pouvoir demarch" p.400; On nepeut pas non plus"mesurer laconcurrence" p.400; Laconcurrence existe toujours p.401; "Personne nedevrait avoir ledroit dechoisir savie" p.403; Reprocher auxgens cequ'ils nepeuvent pas nepas tre p.405; Consquences judiciaires p.406; Laseule distinction pertinente, l'analyse conventionnelle est incapable d'en rendre compte p.408; L'"information parfaite"? Et pourquoi pas laproduction gratuite? p.411; Laconcurrence serait inutile si l'information tait "parfaite" p.418; Lesimpasses delaplanification rvlent lespoints aveugles delathorie conventionnelle p.427; Si l'information tait "parfaite", ilnepourrait jamais yavoir deprofit etencore moins degaspillage p.432; Desconclusions incompatibles avec leshypothses p.434; Lathorie conventionnelle ne sait pas concevoir lacontinuit del'action productive p.439; Irresponsabilit, esclavagisme etillogisme p.442; Une abolition duDroit, aumoins dansson principe p.444.

B. Lathorie conventionnelle voque desventualits de"gaspillages" etde"gains indus" qui ne peuvent avoir aucuneexistence sur unmarch libre444Lalogique neconvainct pas tout lemonde p.445; Que l'information n'est pas gratuite nejustifie pas l'intervention del'Etat p.446; De quelle "imperfection" parle-t-on? p.448; Faut-il lerappeler? Iln'y a pas deprofit certain p.451; Comment dfinir un"gaspillage" sur unmarch libre? p.454; Iln'y a pas d'"exploitation" sansagression ni tromperie p.463; Toute rente marchande rsulte d'unacte productif p.469; L'ennui, c'est quetoute richesse est produite par quelqu'un p.470; Lathorie conventionnelle nepeut mme pas rendre compte delaproduction p.474; Lathorie conventionnelle nepeut pas fonder lanorme dont ellesesert pour juger lessituations relles p.476; Iln'y a pas de"monopole naturel" ni de"concurrence destructrice" sur unmarch libre p.483; L'ide de"perte sociale" mconnat lefait quelesjugements devaleur sont lefait desagents moraux p.484; Lespolitiques deconcurrence rpriment desactes qui sont par nature insparables del'action concurrentielle p.486; Certains investissements productifs nesont pas reconnus comme tels p.486; Rprimer la"vente perte" aunom dela"concurrence" est doublement absurde p.488; Lavente implique leconsentement duvendeur p.489; Leshommes del'tat mconnaissent larationalit decertains contrats p.491; Lacrainte draisonnable du"monopole" priv p.491; Interdire lesententes fausse la concurrence etdtruit la production p.493; Laraison d'tre des actes concurrentiels p.497; Toute intervention del'Etat porte atteinte laconcurrence p.498; Lemonopole, privilge restrictif, est unvol etuneentrave laproduction p.500; Leshommes del'tat visent imposer uncontrle centralis descontrats p.500; Cesont prcisment leshommes del'tat qui ne disposent pas desinformations pertinentes etqui ne sont pas soumis auxincitations ncessaires p.503; Iln'existe pas denorme objective par quoi laviolation duconsentement d'autrui puisse tre guide p.503; Leshommes del'tat sont deplus mauvais spculateurs quelescapitalistes p.509; Seule lalibert descontrats peutrgler lacoopration sociale p.512; Le fondement duDroit p.517; Toute lacoopration sociale peut tre rgle par lecontrat p.520; C'est uneillusion decroire quel'interventionnisme public rendrait plusefficace lacoopration sociale p.521; Enl'absence detout critre objectif dedcision, c'est l'opportunit politique qui guide l'intervention del'tat p.522; Lapolitique relle delaconcurrence porte larivalit dansl'arne politique, o elleest exacerbe parce quedestructrice p.525; Quelle contenance prendre quand onadcouvert lescontradictions del'approche conventionnelle? p.526.

Conclusion delaseconde partie529"Couper lacinquime patte tous leslapins" p.529

Conclusion gnrale535Bibliographie 547Rsum/Summary586Remerciementstc "Remerciements" \l 1Pour remercier comme ilsedoit lesdizaines d'auteurs qui ont inspir plusieurs annes dedcouvertes, ilfaudrait despages derfrences. Enoutre, lesauteurs lesplus importants ou sont morts comme Ludwig von Mises, ou bien savent dj ce quejeleurdois (Murray Rothbard, qui inspire essentiellement cettetude, serangeant hlas danslesdeuxcatgories). Il faut nanmoins respecter lesrgles dugenre, etrendre leur d auxplus mritants. Lespremiers auteurs citer sont peut-tre, paradoxalement, ceux auxquels madmarche s'oppose leplus directement. Ancien adepte delasecte pseudo-exprimentaliste, c'est d'abord enson sein quej'ai appris raisonner. Parexemple, auprs defeu leprofesseur Pierre Debray-Ritzen, qui et peut-tre tsurpris d'apprendre quec'est grce lui quej'ai abandonn sonpositivisme: c'est lui qui m'a fait comprendre quelebonsens peut tre pris endfaut, et queleraisonnement doit suivre desrgles qui sediscutent ets'apprennent comme lereste. Il n'tait plus qued'appliquer plusavant ceprincipe delacohrence logique pour serendre compte queson proprepositivisme neseconforme pas soncritre mme del'nonc valide. LeProfesseur Frdric Jenny, leplusbrillant desadeptes franais delathorie conventionnelle desstructures demarch, est peu prs danslemme cas: je n'aurais pas mesur l'intrt desrfutations deRothbard, Lepage, Armentano etconsorts, sijen'avais pas assist son cours. De mme, de feu Christophe Riboud, dont lepseudo-galitarisme naf est venu point nomm pour mefaire apprcier la rigueur etl'importance de Rothbard.C'est aussi, curieusement, enpartie lecas deFriedrich Hayek. Ce n'est pas qu'iln'ait, enthoricien del'information, dment explor, etfaitconnatre, lesaspects essentiels delaconcurrence relle, telsqu'Israel Kirzner lesexpose dsormais systmatiquement alors queRothbard lui-mme a pour sa part toujours jug nepas devoir lesdvelopper au-del d'unerfutation deserreurs del'poque: lestextes deHayek sur laconcurrence sont irremplaables pour qui souhaite vraiment chapper sesreprsentations mcanistes. Cependant, Hayek n'tait pas celui qui pouvait exterminer lessophismes del'antitrust: jusqu'au bout, ilaura refus derenoncer sonfauxconcept de"coercition", grave erreur pour unphilosophe politique etqui mlange le"pouvoir conomique" avec un"pouvoir politique", et queRothbard, lasuite deRonald Hamowy, abien sr rfut (cf.infra). EnversHayek, cependant, j'ai unedette personnelle etdirecte, pour lesdeux entretiens qu'ilm'aaccords Fribourg et Lindau sur lamthodologie autrichienne enseptembre 1981 etenjuillet 1983. J'aurai finalement renonc sonconseil dedvelopper unecritique del'approche macroconomique. C'tait unprojet lafois tropvaste danssonobjet, ettroplimit quant auxprincipes qu'il met encause. En effet, cettecritique-l n'est qu'unedesapplications decelle plusgnralement adresse par lamthodologie autrichienne touteentreprise thorique prtendant trouver sesmoyens depreuve dansl'observation, comme Hayek ledisait lui-mme, de"faits historiques complexes". Or, siHayek demeure, pour ungrand nombre d'conomistes autrichiens, legrand initiateur cettetradition-l, iln'est pasexagr dedire quelui-mme s'tait arrtenchemin, notamment sous l'influence deKarl Popper, revenu troptt deNouvelle-Zlande. Hans-Hermann Hoppe affirme mme qu'ilnereprsente pasvraiment latradition autrichienne:"lefait qu'aprs l'attribution duprixNobel d'conomie Hayek pour 1974, lenom decedernier l'emporta enpopularit sur celui desautres autrichiens ycompris Mises (telpoint qu'iltait devenu synonyme d''coleautrichienne'), aconduit unesrie d'erreurs dejugement etd'interprtation propos decette dernire, nonseulement dansl'opinion publique ausenslarge maisaussi, particulirement, danslessciences conomiques etsociales. Pour juger correctement l'cole autrichienne (quelle quesoit lamanire dont onapprcie lacontributionparticulire desreprsentants decettecole) ilestindispensable decomprendre lesraisons externes [historiques] etinternes [intellectuelles] qui fondent ladiffrence entre uneligne fondamentale laligne MengerBhm-BawerkMisesRothbard etlesdiverses branches annexes Wieser, Schumpeter, Hayek, Kirzner etLachmann. Laraison ostensible tient ce quecettediffrenciation-l correspond auxinterprtations mmes despersonnes encause. Bhm-Bawerk seconsidrait comme lesuccesseur deMenger, etMises comme celui deBhm-Bawerk etdeMenger. Quant Rothbard, ilsevoyait comme lecontinuateur deMises etcomme sonlve. Plusencore, cetteestimationpersonnelle dechacun dessuccesseurs correspondait exactement avec l'apprciation correspondante faite par lesprdcesseurs directs. Malgr unedistanciation critique marque, Menger reconnaissait Bhm-Bawerk comme leplusimportant deses disciples. Lamme chose vaut pour Bhm-Bawerk vis--vis deMises, etdemme pour Mises enrelation avec Rothbard. Enrevanche, malgr leursrapports dematre lve, etuneapprciation rciproque nondissimule, Bhm-Bawerk neconsidrait nullement Schumpeter comme sonsuccesseur, pas plus queSchumpeter nesevoyait comme tel. Et demme, Mises nereconnaissait pas Hayek comme sonhritier intellectuel, Hayek nesevoyant pas nonplus danscerle-l. Ilsseconsidraient plutt (rciproquement) comme des'dviants'. Enoutre, ilexiste d'abord uneraisoninterne uneraison logique pour cettediffrenciation entre uneligne centrale etdiverses branches annexes. Lecourant qui va deMenger Rothbard enpassant par Bhm-Bawerk etMises sereconnat unmode deraisonnement unitaire qui ledistingue fondamentalement detous lesautres courants delatradition. DeMenger Rothbard, onseconsidre expressment comme rationaliste, etonrefuse catgoriquement demanipuler aucunedecescartes jouer durelativisme quesont l'historicisme, lepositivisme, le'falsificationnisme' ou lescepticisme danslessciences sociales."Il faut rappeler quec'est LudwigvonWieser qui avait initi Hayek lathorie conomique et quevonWieser, beaucoup plus influenc par l'conomie mathmatique, appartient comme Schumpeter bien plus l'cole deLausanne qu'l'cole autrichienne proprement dite. Pour cequi est del'inspiration positive, ilfaut commencer par Henri Lepage, sanslequel je neserais probablement pas devenu conomisteautrichien voire pasconomiste dutout. Des"intellectuels" franais dumilieu dusicle ont fait carrire parce qu'ilsavaient lu lesauteurs trangers dansletexte mais necitaient jamais leurssources. Henri Lepage atoujours fait lecontraire, faisant dcouvrir toute unegnration desauteurs dumondeentier, derrire lesquels ils'esteffac alors quesamanire delesrsumer etdeleslier entre eux traduit unpuissant esprit, synthtique etoriginal. James Buchanan s'en est bien rendu compte:"Lepage fait davantage quersumer unensemble dedveloppements del'conomie moderne sous uneforme accessible aulecteur profane. Il associe cesdcouvertes unephilosophie politique cohrente, philosophie qui fournit sonsoubassement intellectuel toute lastructure desinstitutions sociales. Sans cettayage philosophique, mme lescontributions lesplus raffines latechnique dela"science conomique" n'ontaucunsens."Ce n'est pas unhasard si nombre deses"compilations" supposes ont t traduites l'tranger. "C'est unhommage personnel rendu Henri Lepage que[Demain lecapitalisme] a t reu enEurope comme ill'a t et quesoncompte rendu descontributions amricaines rcentes l'conomie est dsormais traduit pour leslecteurs anglophones". "[] Le moment est venu pour l'ouvrage d'exception qui replace carrment l'conomie dansuncadre philosophique, offre aulecteur la"grande vision" qui fait lasynthse entre desargumentations disparates, etdonne sapertinence lathorie conomique. Leslivres correspondant cettenorme secomptent sur lesdoigts delamain: LaRoute delaservitude (1944) deF.A.Hayek, Capitalisme etlibert (1960) deMilton Friedman, LaLibert duchoix (1980) deMilton etRose Friedman, L'Heure delavrit (1978) deWilliamSimon [] Dsormais, ilfaudra ajouter cetteliste Demain lecapitalisme [1978] deHenriLepage."C'est notamment grce auxouvrages d'Henri Lepage quej'ai connu MurrayRothbard. Surlesstructures industrielles, cequiva suivre n'estpasseulement undveloppement desprincipes etdmonstrations deRothbard. Ceux-ci ayant engendr unecole depense, notamment auxEtats-Unis, onne s'tonnera pas detrouver, sasuite, desauteurs comme Dominic Armentano, Professor Emeritus enconomie del'Universit deHartford (Connecticut, Etats-Unis), auteur duclassique Antitrust andMonopoly: Anatomy ofaPolicy Failure, rdit depuis 26ans, etqui dit deRothbard:"Ilm'a normment influenc. Ilcherchait toujours dcouvrir lavritable histoire qui secachait derrire uncas particulier d'intervention tatique. Saversion lui del'histoire n'tait jamais artificiellement reconstruite comme l'histoire conomique conventionnelle peut l'tre parfois. LireRothbard aboulevers mavision dumonde etacompltement transform l'ide quejemefaisais del'conomie entant quesavant. Enfait, ilchang toute mavie. Non quejen'aie dj t convaincu desvertus dulibralisme: jel'tais depuislelyce. Cependant, je n'avais aucuneide qu'il existait desgens comme Rothbard. Je me rappelle qu'en lisant Henry Hazlitt, je me disais: 'c'est peut-tre lapersonnalit laplus librale queje connatrai jamais detoute mon existence'. J'ai luAyn Rand, qui parlait souvent deMises, mais deRothbard, jamais. Sonnom, ilme semble queje l'ai trouv quelque part dansunenote debas depage. Desorte que, quand jel'ailu pour lapremire fois, aat unedcouverte formidable, impressionnante. Je n'oublierai jamais lemoment ojel'ai rencontr en1972, c'tait lorsd'uneconfrence Philadelphie. Quelhonneur pour moi quederencontrer cegrandhomme."S'ilmefallait prtendre uneide personnelle, peut-tre nepourrait-on mentionner quelelien entre l'idalismeparadoxal despseudo-exprimentalistes etlesthories dumonde comme intrinsquement mauvais, danslatradition deRicardo condamnant larente dusol, unedes raisons qui fait croire depuisplus d'un sicle etdemi quec'est pour cela queThomas Carlyle avaitappel l'conomie "lascience lugubre". Cependant, lier cette mtaphysique dumonde mauvais unefausse analyseconomique et unepolitique d'esclavage, n'est-ce pas encore uneide dignedeRothbard? Celui-ci (mari lacatholique Jo-Ann), disait decesthories qu'ellestaient "protestantes", etontrouve bien untelpessimisme quant lanaturehumaine danscertainstextes deLuther etCalvin ets'iln'tait quesecondaire, pourquoi leConcile deTente se serait-il donn lapeine, contre lesthses deLuther, Zwingli etCalvin, deraffirmer lelibre arbitre etlalibert del'homme?"Quiconque avance que[] lelibre arbitre del'homme a t perdu etteint, etqu'iln'est plus qu'un mot ou unnom sansralit, unefiction enfin []. Quiconque soutient qu'il n'est pas aupouvoir del'homme derendre sesvoies mauvaises [], quiconque dit quelelibrearbitre del'homme, m etexcit par Dieu, necoopre aucunement [] mais que, lafaon d'un tre sansvie, ilne fait absolument rien etsecomporte d'unemanire toute passive, qu'ilsoit anathme.Or, qu'est-ce donc quel'approche antitrust, sinon uneconception del'action humaine qui suppose quel'entrepreneur, enne faisant quedisposer paisiblement desa proprit lgitime, peut faire lemal sansl'avoir voulu, sansenavoir seulement conscience, sansaucune participation consciente desa part?Grce Rothbard, qui s'yrfrait sanscesse alors quesonapriorisme mthodologique m'avait d'abord repouss, j'ai pu connatre Ludwig vonMises, leplusgrand conomiste detous lestemps. Rothbard m'avait initi laphilosophie raliste, lesecond m'apermis del'appliquer l'conomie. Lapraxologie, leurapproche commune, permet detirer toutes lesconsquences dufait quelesobjets delascienceconomique, laproduction etlesjugements devaleur, sont directement lefruit d'actes delapense tandis que, comme l'amontr leurdisciple commun Hans-Hermann Hoppe, l'approche pseudo-exprimentaliste neserend mme pas compte que, pour tre cohrente avec elle-mme, illui faudrait lenier absolument. Hoppe n'a pas seulement dgag untableau systmatique desnoncs vridiques qui relvent delamme mthode, ila aussi rtabli, par l'intermdiaire del'action, enrecherchant lesprsupposs implicites avec lesquels lesnoncs etlesactes peuvent setrouver encontradiction pratique, lelien logique entre l'conomie etlaphilosophie politique qui permet delier leserreurs duraisonnement descriptif cellesduraisonnement normatif, etvice-versa. Aprsdesdcennies depseudo-agnosticisme scientiste, Rothbard etHoppe aurontdonc, dansunretour laphilosophie classique, rintgr certains jugements devaleur aunombre despropositions defait qui relvent intgralement delaraison.Lesuns etlesautres mprisaient Ayn Rand. Nanmoins sadmarche, qu'elleappelait objectiviste, n'est passi diffrente delaleur: nonseulement elletentaitaussi, danslatradition classique, defournir unsystme depense cohrent, mais elleinsistait demme (c'est expressment lethme desonplus gros roman, Atlas Shrugged, sur lerle del'esprithumain danslasocit). Il est donc normal qu'elleait entirement rejet leraisonnement antitrust, aupoint qu'elleavait publi desarticles dnonant l'injustice despolitiques qui s'eninspiraient auxEtats-Unis, et quesondisciple AlanGreenspan, dsormais mieux connu qu'elle danslereste dumonde, y a lui-mme consacr unarticle. C'est pourquoi jesuis reconnaissant Paul Blair pour me l'avoir faitdcouvrir.C'est d'ailleurs paradoxalement grce Ayn Rand, dont ilmesemblait partager laconception delavrit, quej'ai puconnatre Claude Tresmontant, qui enseignait alors laphilosophie (etlathologie, contre laraison d'tre duprtendu "servicepublic") l'U.E.R. dephilosophie Paris-IVSorbonne. Ilm'aappris raisonner enmtaphysique, discipline dont AynRand affirmait juste titre qu'elleexiste etqu'on doit l'apprendre, mais sansmatriser laquestion centrale del'tre. C'est grce ses crits, sescours, et nosentretiens quej'ai pu baucher cequ'onpourrait danscecontexte appeler une"mtaphysique delaproduction", sanslaquelle unexpos deslimites del'approchescientiste, etnotamment desmalentendus quant aucaractre productif ou non deschoix d'affectation desressources neserait pas vritablement complet. Enfin, je souhaite particulirement remercier lesmembres demonjury dethse, notamment Pascal Salin, Professeur, etGeorges Lane, matre deconfrences l'Universit Paris-Dauphine. PascalSalin a bien voulu devenir mondirecteur dethse etm'encourager, par diversmoyens originaux, l'achever, quand l'excitation deladcouverte s'tait affadie. Alors quelaperspective d'avoir soutenir desopinions sidiffrentes decequ'onm'avait enseign m'a toujours intimid, il leurporte pour sa part untel intrt, il les comprend si bien aupoint den'avoir, l'occasion d'uncolloque, trouv delangage commun qu'avec Israel Kirzner, ilreconnat tellement l'importance deMurray Rothbard et, plus gnralement, ilreprsente etdfend sihardiment l'cole autrichienne dansles milieux internationaux o, ladiffrence desonpropre pays, on lereconnat pour cequ'il vaut, queson exemple a t pour moi uneinspiration etunsoutien. De mme, Georges Lane medonne parfois l'impression demieux comprendre l'approche autrichienne quemoi-mme : il a toujours sucritiquer mescrits avec pertinence, aupoint d'entirer des implications nouvelles etdemeilleures manires delesprsenter. En outre, alors qu'il tait bien plac pourmesurer ladifficult delachose, ila su meconvaincre demettre unpoint final laprsente tude. LeProfesseur Bramoull est tout aussi expert delamthodologie autrichienne, etle Professeur Lemennicier n'a pas moins lu lesauteurs qui m'inspirent (pour quelques-uns, je l'espre, par latraduction quej'en ai faite) etne leur donne pas moins d'importance. Ce serait unparadoxe, mais il est presque craindre quelesides prsentes ici ne paraissent gure originales cejury-l, et quel'on droge dece fait la tradition, quej'ai dcouverte lors decelle de Philippe Nemo, qui veut quelasoutenance soit un rite d'humiliation, o lecandidat se soumet lacritique d'individus qui en savent moins quelui sur son sujet; il n'en sera quemieux plac poury mesurer les limites demon apport personnel. Leseul membre dece jury auquel j'espre faire dcouvrir quelque chose enconomie, c'est peut-tre M.Philippe Stoffel-Munck, Professeur l'Universit Paris-XII, qui a bien voulu enfaire partie l'invitation duProfesseur Salin, malgr sesobligations etce qu'il dit tre son"incomptence"; je crains plutt qu'en cequiconcerne mesrflexions sur leDroit, ilnetrouve l'occasion demerappeler ladistance qui spare leprofessionnel del'amateur. Jepourrais tenter del'intimider ensoulignant quecetterflexion, je l'ai largement faite etparfois rdige en commun avec le Prfet Franois Lefebvre, queje remercie cetteoccasion pouravoir admis unepartie de mes rflexions sur la norme conomique dansLePouvoir d'entreprendre; cependant, la dernire fois quej'ai prsent enpublic le produit desditesrflexions, MmeBerlioz-Houin, alors Prsident del'universit Paris-Dauphine, m'a fait savoir que"je ne savais pas ce quec'est quele droit"; etcomme c'tait sans mefaire l'aumne d'uneexplication, je ne risque gure d'avoir progress depuis.Introductiontc "Introduction" \l 1Pardfaut, les politiques deconcurrence, qui prtendent s'inspirer del'analyse des"structures industrielles" quej'entends rfuter ici, sont devenues undesplusimportants instruments delapolitique industrielle. Entrouvant lesmoyens desesoustraire auxeffets desrglementations financires, lesentrepreneurs-capitalistes avaient progressivement forc leshommes del'tat reculer sur biendesaspects deleur"rpression financire"; face auxsurprises delaconjoncture etdesmarchs, ceux-ci avaient mme fini par admettre qu'ilsnesont pas vraiment lesmieux placs pour choisir lesproductions del'avenir. Or, deuxdomaines ont chapp cetteremise encause delapolitique industrielle: lepremier tient aufait que, il y a denombreuses dcennies, leshommes del'tat ont confisqu tout l'espace hertzien, sous prtexte quel'anarchie y aurait rgn: enconsquence, mesure quel'ondcouvre denouvelles manires del'utiliser, ladistribution politique desfrquences est devenue uninstrument decensure (que ne disait-on pas lorsque Ceausescu prtendait distribuer lui-mme lepapier auxjournaux sous prtexte quecelui-ci tait rare) et, deplus enplus, unobstacle supplmentaire laproduction: aulieu delaisser chaque nouvel utilisateur local desfrquences s'yinstaller etdevenir propritaire delaportion d'espace hertzien qu'il a mis envaleur, leshommes del'tat ydistribuent arbitrairement ou yvendent des"droits" d'accs. L'effet est d'ycrer uneraret artificielle etmassive qui, lorsqu'ils mettent ces"droits" aux enchres, quivaut imposer unesuper-taxe sur ledveloppement des tlcommunications. Cependant, l'autre obstacle artificiel audveloppement, deplus enplus spectaculaire, tient auxconfiscations dupouvoir degrer lesentreprises auxquelles, sous prtexte de"protger laconcurrence", selivrent lesfonctionnaires desEtats-Unis etdel'Union Europenne. Deplus enplus d'entrepreneurs doivent dsormais, pour disposer deleursbiens, en demander lapermission non pas unmais deuxgroupes d'individus arms, lesquels sont mme rsolus leurfaire violence aposteriori aucas o cesdcisions neleurplairaient pas ycompris enl'absence detout avertissement pralable. Leslgislations delaconcurrence donnent lepouvoir dedisposer dubien d'autrui despersonnages dont lesdcisions lesplus rcentes (l'interdiction, le10octobre 2001, delafusion entre Schneider etLegrand par leCommissaire Monti, est unecatastrophe pour lesdeuxentreprises) montrent qu'part leurdsir desedonner del'importance etleprtexte qu'ilsinvoquent, ni leursprincipes nileursraisonnements ne sont assez prvisibles pour qu'onpuisse deviner cequ'ilsferont. Interdisant certains justiciables desavoir l'avance cequi leursera permis ou interdit, elles instituent untat denon-droit circonscrit qui discrimine contre unnombre limit devictimes, mais qui a dsormais unimpact considrable par lesrichesses qu'ellesusurpent etqu'ellesdtruisent.Outre leurcaractre galement arbitraire etdestructeur, cesdeuxpolitiques ontunautre point commun, savoir qu'au lieu delespercevoir comme unavatar delapolitique industrielle, qu'inspirent lesillusions scientistes caractristiques dusocialisme, ony voit trs souvent "unemise en oeuvre deprincipes libraux". Leshommes del'tat ranonnent-ils l'accs l'espace hertzien qu'ilsontvol etvolent sespremiers utilisateurs? C'est une"solution demarch", y compris pour lesditorialistes duWall Street Journal. Lesconcurrents deMicrosoft obtiennent-ils queleshommes del'tat entreprennent d'en disposer, leurprofit, contre leDroit decelui qui l'a cr, dtruisant instantanment lamoiti delavaleur delaplus grande entreprise du monde? Joseph Stiglitz, tout juste distingu par leprix Nobel, affirme quec'est pour"tablir lesrgles dujeu permettant uneconomie demarch defonctionner", enmaintenant "uneconcurrence vive maisloyale": violer ledroit deproprit, voil l'"conomie demarch"; employer laforce contre sesrivaux, c'est cela qui est "loyal". Et deserjouir que, dsormais, cene soient pas unmais deuxgroupes arms quelesgrands entrepreneurs devront sesoumettre pour pouvoir disposer encommun deleurproprit. C'est cequ'il appelle non pas l'addition desnuisances mais la"concurrence entre lespolitiques deconcurrence" (unlectricien, pour sapart, ne confondrait pas unbranchement ensrie avec unbranchement parallle). Ilimplique aussi quela"redistribution politique auservice deslobbies industriels" ce neseraient pas lespolitiques deconcurrence qui lareprsentent, mais lalibert descontrats end'autres termes, quevioler lesdroits deproprit neserait plus uneintervention redistributrice del'tat, tandis quelesrespecter enserait.Ondirait quelaprofession desconomistes est aussi vhmentement attache l'ide despolitiques deconcurrence qu' ladfense dulibre change. Alors quelespolitiques deconcurrence contredisent etnient touslesprincipes dulibre change. Elles ne lesnient pas seulement enfait etenDroit, interdisant auxpropritaires lgitimes d'changer paisiblement leursbiens acquis sansviolence nitromperie, ce qui doitbien, en entravant leurindustrie (comme disait Frdric Bastiat), crer unepseudo-rente protectionniste auprofit deleursrivaux (parce qu'elle nermunre aucuneproduction, j'appelle ici "pseudo-rente" larente qui nat delaredistribution politique, par opposition celle qui nat ducapital authentique cf.infra); ellesmconnaissent tout autant sesnoncs universels etsesmoyens depreuve, puisqu'elles refusent devoir quecescontrats-l, comme tout change volontaire, sont forcment productifs puisque chacun, conformment auprincipe universel del'action volontaire, attribue plusde valeur cequ'il y reoit qu' cequ'il donne, affirmant aucontraire, endpit del'vidence, quesi leshommes del'tat nelesempchaient pas, la production serait "moindre"; etsurtout, elles n'admettent pas quecela est vrai par dfinition, puisqu'affirmer lecontraire est absurde: elles seruent aucontraire dansl'tude descasconcrets, avec force indices deHerfindahl etmodles conomtriques, pour faire semblant de"mesurer leschiffres" qui "prouveront" l'absurdit prcite accdant ds lors deplein droit, danslagrande bibliothque delasophistique tatiste, aumeuble tiquet: "Jeprouve statistiquement quedeux etdeux font cinq".Lorsqu'on examine lesperscutions antitrust contre Microsoft, par exemple, onconstate quelereproche principal qu'on lui fait, c'est d'avoir ajout desfonctions sonsystme d'exploitation, sans lesfacturer auconsommateur. Comme ledisait Joe Dunn:"Leshommes del'tat menacent decasser Microsoft. Pour quelcrime? Jusqu' prsent, on a entendu queMicrosoft acombin plusieurs logiciels enunseul. Misre! Jenesavais plus qu'on n'avait plusledroit d'endonner davantage auxconsommateurs pour leurargent. Ne serait-ce pas plutt uncastypique d'arrogance deshommes del'tat dansl'exercice deleurpouvoir?Quant l'accusation de"monopole", ellerepose sur uneprtendue "mesure" dela"part demarch" qui nepeut tre qu'arbitraire: tout produit ayantncessairement dessubstituts, onpeut toujours, enjouant sur laclasse deproduits quel'on considre, manipuler l'tendue du"march" detelle manire qu'unemarque paraisse le"monopoliser": c'est cequ'onfait quandonn'examine, comme l'afait lejuge Penfield Jackson, quelemarch desordinateurs personnels "compatibles", rien n'est alors plus facile quede"constater" une"concentration" deplus de90%. Or, c'est entre produits et, endernireanalyse, entre personnes quelaconcurrence sefait. Faites par desgens diffrents, lesproductions d'unemme socit rivalisent entre elles: leplus grand rival desproduits queMicrosoft vend aujourd'hui, nesont-ce pas lesproduits queMicrosoft avendus hier, sanscompter les30% dont lesgens seservent sanslesavoir pays?Lorsque lediscours antitrust crie au "monopole" sur unmarch libre, danslamesure o cela a unsens identifiable, cela ne veut dire qu'unechose: quedanscettedmocratie qu'estlemarch cent mille fois plusdmocratique quen'importe quel simulacre lectif, lesacheteurs choisissent librement denevoter quepour unseul fournisseur d'uncertain produit. Par ailleurs, lalibert deschanges nefait quemettre enoeuvre l'interdiction duvol etdel'agression, norme dejustice naturelle quetout lemonde connat, et laquelle chacun sesoumet danssa vie detous lesjours (ycompris d'ailleurs leshommesdel'tat, quand ilsn'agissent pas entant qu'hommes del'tat). On peut toujours gloser sur lestermes den'importequel contrat, trouver certains prix "tropdiffrents", etd'autres "tropbas" ou encore "trop levs"; par hypothse, cesconditions ontt voulues comme clauses del'change libre: lescapitalistes acceptent devendre leurstitres deproprit lors desfusions etacquisitions; lescontrats dedistribution exclusive, lesventes lies sont desaccords o l'onchoisit, comme dansn'importe quel change libre, derenoncer certains avantages pour enobtenir d'autres. Lalibert deschanges sedfinissant comme ladouble miseenoeuvre duDroit dedonner autrui cequ'onn'avol personne, ils'ensuit quelespolitiques dites "deconcurrence" violent ncessairement lajustice naturelle enmme temps quelalibert deschanges. Comme tout producteur, Microsoft possde unDroit deproprit sur sonproduit. CeDroit implique celui delevendre, ou pas, tout fabricant dematriel auxconditions acceptes par lesdeux. Ilimplique aussi d'intgrer sonexplorateur Web, InternetExplorer, danssonsystme d'exploitation Windows98; etdenelevendre qu'lacondition qu'on nel'ampute pas d'unepartie desoncode deprogrammation. Queleshommes del'tat semlent de"rgler" saconduite enlamatire apoureffet d'empcher deschanges productifs enviolant sesDroits. Et comme toute injustice, la perscution antitrust, enfaussant lesconditions delaconcurrence, institue unprivilge demonopole: en effet, ellelaisse lesconcurrents deMicrosoft parfaitement libres deselancer danslesactivits mmes qu'ellelui reproche lui, segardant bien deleur chercher noise quand ils ontaussi pass descontrats d'exclusivit avec desfabricants ou interdit auxutilisateurs desupprimer unepartie quelconque ducode logiciel dont ilsgardent laproprit ultime. Il n'est donc qued'appliquer lesprincipes dulibre change etdelajustice naturelle aux"structures industrielles" pour endduire queMicrosoft, quin'a commis aucun acte deviolence nitromp qui quecesoit, n'est pas coupable maisvictime d'injustice, etqu'en l'occurrence ce n'est pas Microsoft mais leshommes del'tat qui, encensurant lelibre change, dtruisent laproduction etcrent lemonopole.Comme chaque fois qu'on croit voir persister uneanomalie dansl'ordre social, ou bien onnelefait queparce qu'onapplique unsystme irrationnel devaleurs, ou bien alors letrouble existe vraiment, mais onledoit cequ'uneviolence injuste ausurp lepouvoir delefaire disparatre ceux qui leconnaissent etqui ensouffrent. Dans lecas o Microsoft aurait vraiment unmonopole, cene pourrait tre qu'unprivilge institutionnel: on a voqu lemonopole queleshommes del'tat confreraient audtenteur d'unbrevet d'invention. Cependant, pluscertaine est lalgislation antitrust elle-mme qui, toujours enviolation desprincipes del'change libre etdelajustice naturelle, interdit sesclients ou sesrivaux deconstituer descartels pour faire pice sonexcs depuissance suppose. Alors, mme si c'est pour faire le mal, onne peut qu'admirer laruse: quecesoit pour dpouiller Bill Gates ou lefavoriser, quelmeilleur camouflage pour leprotectionnisme redistributeur quedelefaire sous prtexte de"prserver laconcurrence"? Cependant, lorsqu'ona compris cela, lorsqu'on avu l'vidence desimpasses etdescontradictions delasophistique antitrust, lorsqu' partir desprincipes dulibre change, universellement accepts par lesconomistes (pardfinition del'"conomiste") etdelajustice naturelle, universellement accepts par lesgens normaux (pardfinition des"gens normaux"), onpeut spontanment dduire cequ'onvient deconclure, savoir quelesprtendues "politiques deconcurrence" nesont passeulement destructrices mais qu'elles sont destructrices parce queprotectionnistes, etprotectionnistes donccratrices demonopoles institutionnels etqu'elles lesont par nature, sansavoir besoin d'observer unseul cas de"structure industrielle" on se rend compte aussi quel'on fait partie d'une minorit.En effet, ce n'est pas uneaffaire d'oeuf deColomb quedecomprendre quel'approche conventionnelle des"structures industrielles" n'est pas scientifique, maissert seulement derationalisation despolitiques redistributrices banalises mais perverses parce qu'elles prtendent faire lecontraire decequ'elles font, parce qu'elles perscutent ostensiblement lesmeilleurs. Il devrait pourtant suffire derappeler auxconomistes, auxgens normaux, auxconomistes qui sont desgens normaux, lesprincipes susmentionns pour qu'ils endduisent ce qui endcoule. Or, justement, cela nesuffit pas; ils nedduisent pas. Et soi-mme onenamis, dutemps, dduire, alors mme qu'onconnaissait explicitement lesprincipes delajustice naturelle depuis l'ge deraison, etceux dulibre change depuis ladeuxime anne. Dominic Armentano, auteur deAntitrust: TheCase forRepeal etduclassique Antitrust andMonopoly: Anatomy ofaPolicy Failure, raconte l'anecdote suivante:"L'cole deChicago continue d'tre marie lathorie no-classique desprix. Elleest toujours marie lathorie del'quilibre et uneversion dela'concurrence parfaite' comme modle, ou comme uncritre derfrence quoi vousrapportez lesrsultats delaralit concrte. Et lesconomistes deChicago continuent d'entretenir uneconception incorrecte dupouvoir demonopole. Ils s'obstinent vouloir parler departs demarch etdetaux deconcentration. Ils n'ont toujours pas adopt l'ide que, aussi longtemps quelaloi n'interdit pas l'entre sur lesmarchs, ceux-ci sont ncessairement concurrentiels etdynamiques, etqu'il n'y a pas lieu deles rglementer. "La consquence est lasuivante: Lesconomistes deChicago serefusent dire qu'il faut supprimer lespolitiques deconcurrence. Je merappelle avoir pass desheures tenter depersuader Yale Brozen qu'il fallait supprimer leslois antitrust. Il mesuivait sur 99% duchemin, puis soudain ildisait 'mais alors, Dominic, etlesententes sur lesprix?'"Pourl'cole deChicago, il n'y a rien deplus indcent ni deplus attentatoire laconcurrence quelesententes sur lesprix. Mme sivousrecensez lestudes qui prouvent quecesententes, habituellement, netiennent pas (et cela, mme GeorgeStigler lereconnat) ilsprtendent toujours quec'est uneactivit improductive etqu'elle nerend aucun service lasocit. L'cole deChicago ne possde pas dethorie del'efficacit productive ' l'autrichienne', fonde sur lacoordination [desprojets], qui reconnatrait quelesmarchs connaissent unprocessus perptuel detransformation. Cesconomistes nereconnaissent pas qu'ilest impossible defiger lemarch, pour dcrter quetelle ou telle configuration serait 'efficiente' l'aune d'unquelconque critre extrieur au[processus de] march. Il importe detrouver unmoyen pourconvaincre lesgens deChicago qu'ilsdevraient laissertomber leursmodles d'quilibre pour adopter lathorie autrichienne. Je doute quecela arrive unjour."

C'estdonc qu'ilfaut trouver autre chose quelasimple ngligence intellectuelle, oul'incomprhension, pour expliquer queperdure voireprospre unsystme d'abstractions aussi incohrent etaussi chimrique quelasophistique antitrust. Pour rellement traiter l'analyse conventionnelle des"structures industrielles", ilnesuffit pas dedmasquer sespostulats incompatibles, sesraisonnements incohrents, sesnormes arbitraires etabsurdes, etdeseplaindre qu'on ne puisse jamais identifier lacontrepartie desesconcepts dansl'exprience del'action humaine; ilfaut aussi expliquer:

pourquoi desupposs savants nesesont pas inquits decescontradictions, a fortiori pourquoi, quand onleur met lenez dessus, cela nesuffit pas lesendtourner. Pourquoi cela nelesgne pas que, dansl'approche conventionnelle des"structures industrielles", on nepuisse pas, qu'on nepuisse jamais fournir lecritre objectif quipermettrait detrouver danslaralit ce quoi serfrent lesmots dont ellesesert, desorte quel'on puisse enfin donner unsens prcis sessupposes "variables" et sesprtendues "mesures". Pourquoi, delasorte, toutessesconclusions ettous sesjugements dpendent defaon sicruciale dejugements subjectifs dusoi-disant expert, comme s'ilsuffisait desedire "savant" pour quece quel'on fait passe pour dela"science". Pourquoi, ensomme, sont dsormais dconsidrs lesconomistes qui, conformment lanorme lmentaire detoutescience (afortiori exprimentale), continuent tenir lacontradiction pour unepreuve immdiate etdfinitive del'erreur, etsesoucient d'abord decefait, toujours conformment lanorme susdite, delavalidit desconcepts etlacohrence duraisonnement.Larponse est quelaplupart desconomistes ont aujourd'hui adopt uneconception perverse delascience. Si ladmonstration logique nelesimpressionne plus, c'est qu'ils ont pris ausrieux dessophismes quiprsentent enfait lacohrence logique non pas commeuneexigence minimum mais aucontraire, au moins implictement, comme unmotif dedisqualification intellectuelle. Desnoncs dutype: "deux etdeux font quatre", proposition irrfutable etuniverselle universellement vraie, ils dclarent neplus les tenir pourdesvrits scientifiques maispourdesnoncs "vides desens". Et sioninventait aujourd'hui lathorie dulibre change, ellenesurvivrait pas non plus l'aune deleurcritre.Cettedraison consciencieusement apprise etsystmatiquement entretenue, aunfondement intellectuel, c'est qu'ilsprtendent pratiquer lamthode exprimentale, qu'ilscroient laseule "scientifique", alors qu'ilsmconnaissent sesconditions devalidit nonseulement lesexigences dj cites mais aussi uncertain nombre deprsupposs sanslesquels ellen'aurait pasdesens, etqui limitent son champ d'application; elleacependant aussi unfondement existentiel, c'est qu'elle leurfournit desprtextes poursedispenser descontraintes delacohrence logique lorsqu'ils lestrouvent gnantes: leurillogisme deprincipe nepouvant, l'vidence, nisepenser nisevivre, il neleursert qued'Echappatoire Intellectuel, d'Inconsquence Optionnelle, deDispense deRespecter laLogique. Enfin, cettedraison aunmotif politique, savoir quelaplupart desconomistes vivent aujourd'hui auxcrochets del'tat, alors quelacohrence logique dmontre pour sapart quel'impt, dont ilsvivent, etlesinterventions deshommes del'tat, qui lespaient pourintimider leurscritiques, nesont jamais justifies. Leurpseudo-exprimentalisme permet d'vincer oudednaturer lesconcepts delajustice naturelle auprofit denotions subjectives, indfinissables, enharmonie avec len'importe quoi redistributif deladmocratie sociale. Onpourrait bien, l'occasion d'unethse, vouloir retracer lechemin desdcouvertes successives qui part d'uneadmiration baubie pour desexperts del'approche conventionnelle (comme Frdric Jenny) etpour lesdoctrinaires dupseudo-exprimentalisme (commeMilton Friedman), pour seretrouver faire ledtail deleurscontradictions. Onpartirait despremiers doutes, despremires observations empiriques comme quoi lapratique antitrust n'a jamais servi qu'auxmauvais producteurs, pourgner l'industrie deleursrivaux plushabiles; oncontinuerait par ladcouverte deRothbard, dmolissant l'ensemble desfaux concepts du"monopole sur unmarch libre", puis dmontrant lelaissez-faire aussi bien enconomie qu'enDroit; enfin, avec Rothbard, Rand etHoppe, ondmontrerait la fausset duprjug pseudo-exprimentaliste, etla masse infinie desabsurdits qu'ilpeut inspirer etqu'ilcontinue d'inspirer, lentement etsrement. Ceprojet seheurte deuxobstacles, unpratique etunlogique: l'obstacle pratique est que, lorsqu'on setrouve personnellement l'issue d'uncheminement intellectuel, onnepeut plus sereplacer aupoint dedpart. Lesconclusions les plus gnrales, oulesplus bibliquement simples comme l'opposition entre l'antitrust etlelibre change qu'on a mis tant detemps trouver, s'imposent dsormais spontanment l'esprit etbientt auclavier, car ils'agit encore derecherche, eton ne veut pas perdre cequ'on vient dedcouvrir. L'obstacle logique provient delaraction prvisible del'conomiste conventionnel, devantqui onsemploierait dmonter, abstraction flottante aprs abstraction flottante, l'ensemble desraisonnements danslesquels ila tellement investi. Ilhausserait automatiquement lespaules, pour chercher unrefuge farouche danslesptitions deprincipe etl'Illogisme Options dupseudo-exprimentalisme: "unepreuve logique irrfutable, maisrestons srieux, voulez-vous!" Etdefaire remarquer que, par-dessus lemarch, onnelui prsente aucunmodle, pasunseul chiffre, ni ledernier effort deschercheurs quisont surcettebrche-l depuisdesannes. Or, laquestion pose est desavoir si cesmodles eux-mmes ontunsens, si l'tude historique permet deles valider, etdonc si leschercheurs enquestion neperdent pas tout simplement leurtemps, s'approcher asymptotiquement (" 99%", disait Armentano) d'unevrit qui se trouve porte demain mais quileurchappera toujours eux tantqu'ilsn'auront pas chang demthode; et cesquestions-l, biensr, on nepeutpas rpondre par cesmoyens-l.

Cest donc cequ'il faut commencer par dmontrer: il faut dabord poser laquestion desmoyens depreuve recevables pourjuger despolitiques deconcurrence, pouramener l'adepte del'approche conventionnelle des"structures industrielles" serendre compte quesesmthodes lui conduisent l'impasse; cest ensuite quon lui prsentera demanire lerassurer voire l'allcher cedont ils'estpriv jusqu' prsent ens'yaccrochant. Cest uniquement aprs l'avoir initi tout cela quel'onpourra, danslaseconde partie, prendre l'approche conventionnelle aupige deses contradictions etprsenter laplace uneconception raliste delaconcurrence, pourprouver qu'elle tait tout sauf scientifique: ce qu'ils'agissait dedmontrer. Premire partietc "Premire partie" \l 1Une tude estscientifique danslamesure osamthode estcapable dedcrire sonobjettc "Une tude est scientifique danslamesure o samthode est capable dedcrire sonobjet" \l 1Lorsque, aprs avoir tudi l'analyse conventionnelle des"structures industrielles" danslecadre desesprsupposs eteny adhrant pleinement, ona fini par comprendre, etmieux encore peut-tre quelui-mme, ce queLudwig vonMises entendait par "la validit desconcepts etlacohrence duraisonnement", onest aumoins certain d'unechose: pourfaire comprendre unconomiste habitu cetteanalyse-l quesafameuse "science", sifire desesformalisations mathmatiques, n'a pas deconcepts dfinis, queson"exprimentalisme" dogmatique nefait quemultiplier lesfaux "tests" etdessimulacres de"mesures" etque, pour cequi est de sesfameuses "normes", ellenesaurait enfait lesjustifier, ilfaut fournir denombreusesexplications pralables, unesorte d'introduction l'approche raliste quel'on veut prsenter laplaceCette premire partie entend donc d'abord attirer l'attention del'conomiste sur lefait quelepseudo-exprimentalisme ici critiqu est bien incapable devalider lesconclusions qu'il prtend avoirtablies. Il s'agit derappeler lesconditions delavalidation exprimentale, deconstater quelaplupart desconomistes qui y croient nes'yconforment pas, etmme quedanscertains cas ils l'avouent. Cependant, comme ilssont loin d'en tirer touteslesconsquences, on leurmontrera danslepremier chapitre cequien dcoule: impasses del'tude thorique, caractre nonconcluant del'observation, etplus quetout, parce quec'est lebut ultime decette manipulation, affirmations normatives qui sont contradictoires entre autres parce qu'elles sont, etde leur propre aveu, arbitraires.Ledeuxime chapitre tentera d'initier l'conomiste qui nelaconnatrait pas l'approche raliste del'conomie, qui laconoit comme uneanalyse deslois gnrales del'action humaine, avec tout cequi endcoule: l'objet del'conomie, est leproduit desactes delapense; ils'ensuit queluiappliquer lamthode exprimentale conduit descontradictions (qu'il suffit devoir), mais queladiscipline delacohrence logique, detoutes faons exigible dusavant, setrouve suffire pour valider etlesconcepts etlesnoncs thoriques, y compris normatifs. L'conomie etledroit ayant lemme objet d'tude, ilsetrouve aussi quelesanalyses delaphilosophie politique rejoignent celles del'conomique normative.L'conomiste qui nelesconnaissait pas pourra, cetteoccasion, s'initier destypes deraisonnement etdesmoyens depreuve dont iln'a pas l'habitude etdont onpeut tirer uncertain parti partir dumoment o onlesa compris cequi entend reprsenter l'apport essentiel decette premire partie. Chapitre 1.Lamthode conventionnelle est-elle capable derpondre laquestion pose?tc "Chapitre 1.Lamthode conventionnelle est-elle capable derpondre laquestion pose?" \l 1Observez l'inversion mise enavant par cette argumentation: uneproposition nepourrait passer pourunevrit factuelle, empirique, ques'il tait possible defaireabstraction desfaits del'exprience etd'inventer arbitrairement unensemble decirconstances impossibles qui contrediraient cesfaits.

Enrevanche, unevrit

dontl'imagination humaine elle-mme est impuissante concevoir langation, cettevrit-l, on la tient pourindpendante desfaits delaralit

etnon-pertinente sanature,

c'est--dire enfait comme une"convention" arbitraire deshommes entre eux. Leonard Peikoff A. Lesimpasses dupseudo-exprimentalismetc "A. Lesimpasses dupseudo-exprimentalisme" \l 1Tout lemonde connat ladevinette: "Unbateau fait cinquante mtres delong, quinzedelarge, aquatre mtres detirant d'eau, etc. quel est l'ge ducapitaine? Enconomie, quiconque n'a pas appris auprs deMises, Rothbard etHoppe quellesfins onpeut ou nepeut pas l'employer, etpour quel type dersultat, risque rgulirement d'achever untest empirique avec l'impression, plusoumoins vague maisrcurrente, quecettemthode derecherche nepermettait pasvraiment derpondre laquestion pose. Voil qui met mal l'aise, pour qui s'tait form lamthodologie dePopper etFriedman, pour laquelle :"la connaissance durel, quel'on appelle connaissance empirique, doit tre vrifiable oudumoins rfutable par l'exprience; etl'exprience est toujours d'unenaturetelle qu'elleaurait pu tre autre qu'elle nel'a effectivement t, desorte quepersonne nepouvait savoir l'avance c'est--dire avant defaire telle ou telle exprience particulire, silersultat enirait dansunsens ou dansl'autre. Si, toutes choses gales par ailleurs, l'information n'estpasvrifiable ou rfutable par l'exprience, alors elleneconcerne pas quelquechose quiexiste rellement c'est--dire quecen'est pas uneconnaissance empirique maisunesimple information sur lesmots, sur lamanire dont lestermes s'emploient, surdessymboles etsur lesrgles deconversion qui lesconcernent cequ'on appelle uneconnaissance analytique. Et ilest enfait extrmement douteux qu'on puisse seulement ranger cetteconnaissance 'analytique' parmi les'connaissances' relles."On peut toujours choisir defaire comme si derien n'tait. Cependant Friedman, toutenaffirmant qu'il n'y a pas deuxmthodes enscience conomique, seulement debons ou demauvais conomistes, nel'a jamais dit quepournier ladiffrence entre sapropre cole etl'cole autrichienne. Or, unefois que, grce cettecaution, onalu desauteurs "autrichiens", onserendcompte quepoureux, lathorie conomique nedoit rien l'observation desfaits historiques contingents. Cetteaffirmation, au dpart si choquante, conduit nanmoins serappeler cesoccasions o onavait vainement tent dedfinir uneexprience cruciale pourtester unethorie, unefois celle-ci formule aveccohrence. C'tait toujours soit l'unsoitl'autre: ou bien lathorie taitcohrente etonne pouvait plus imaginer desituation o elleneserait pas vraie, ou bien ellerestait testable, maisnerespectait plus lesexigences delalogique. End'autres termes, si elletait cohrente, elledevenait irrfutable, etsi ellerestait testable, l'observation devenait inutile puisque, lacontradiction tant lapreuve ultime del'erreur, onlasavait fausse dsledpart (ce qui n'empchait pas nombre d'individus delaconserver comme une"bonne approximation", notamment des fins de"prvision"). Parexemple, laproposition suivant laquelle "le salaire minimum cre duchmage involontaire" est testable parce qu'il faut quelesalaire impos soitsuprieur ausalaire d'ajustement pourqu'onobserve lechmage postul. Cependant, ellen'est pas vraiment gnrale, c'est--dire thorique. Laproposition thorique est:

"si lesalaire minimum adeseffets, ilnepeut lesobtenir queparce qu'ilinterdit effectivement certains detravailler". Et cetteproposition-l est ncessairement vraie, ettout ce quel'observation peut tablir, c'est combien depersonnes lesalaire minimum impose effectivement sesinterdictions detravailler, etaussi qui profite, etdecombien, decetteviolence qu'illeur inflige.L'"exprience cruciale" est indfinissabletc " L'\"exprience cruciale\" est indfinissable" \l 1L'insatisfaction ressentie quandoncherche "tester" statistiquement lespropositions thoriques setransforme enconscience d'uneimpasse ds lors qu'ona os serendre compte quecetteexprience cruciale ncessaire lamthode exprimentale, observation cense permettre dedpartager deshypothses concurrentes enconstatant qu'unphnomne est, ou n'est pas l, cetteexprience-l, onnepeut pas logiquement ladfinir ds lors quelespropositions traitent vraiment detous lescas, c'est--dire lorsque lathorie est correctement formule. Prenons un autre exemple, celui delaloi delaparit despouvoirs d'achat, qui affirme queletaux d'change entre deux monnaies reflte leurspouvoirs d'achat respectifs, nepeut pas tre teste: si c'estdespouvoirs d'achat l'extrieur quel'on cherche unindicateur, iln'en existe pas logiquement demeilleure expression queletaux dechange lui-mme. S'il enexistait unemeilleure, cela voudrait dire qu'on pourrait faire unprofit enidentifiant despaniers debiens qui reflteraient cespouvoirs d'achat d'unemanire plusfiable, puis enarbitrant indfiniment cespaniers debiens contre delamonnaie. Comme iln'existe pas deprofit certain (autre proposition logique, toujours non testable), cettepossibilit d'arbitrage indfini n'existe pas. Sil'on prtend observer unedviation dutaux dechange par rapport laparit despouvoirs d'achat, cela nesignifie pas quelathorie soitfausse, mais quelesindicateurs depouvoir d'achat retenus par lestatisticien nerefltent pas fidlement lespouvoirs d'achat extrieurs desmonnaies. Unrsultat statistique encontradiction avec laloi nepermettrait pas dejuger laloi, mais lapertinence desindicateurs statistiques. En particulier, l'indice desprix laconsommation est unindicateur trsgrossier etnon fiable delaparit despouvoirs d'achat entre deuxmonnaies, non seulement parcequ'il nereflte pas fidlement (aucun indice nepeut lefaire) lepouvoir d'achat intrieur, mais parce quecela n'a pas desens deparler "du"pouvoir d'achat intrieur d'unemonnaie.Logiquement, cesexpriences-l (carpour desexpriences, cesont desexpriences) donnent quiconque, s'il lesrenouvelle, autant d'occasions deserendre compte qu'unetelle thorie n'estjamais empiriquement testable: soit parce qu'il sesera aperu qu'elle tait fausse avant defaire quelqueobservation quecesoit, s'tantheurt auxcontradictions auxquelles doiventconduire lesconcepts maldfinis qui caractrisent unethorie fausse enconomie. soit parce qu'ayant mis aupoint unethorie logiquement cohrente, ilsesera rendu compte quedanscecas-l, ilne peut plus imaginer untat dumonde qui lacontredirait, desorte queletest empirique est non seulement inutile maisimpensable. Unefois rendu cetteimpasse, sion demeure convaincu qu'il nesaurait yavoir descience qu'exprimentale, onpartagera latentation prouve par tant deprdcesseurs, laquelle cdent leshistoricistes, qui est derenoncer defacto lathorie conomique. Ainsi, "enAllemagnexe "Allemagne", delafin duXIXme siclexe "XIXme sicle, dbut del'analphabtisme conomique l'allemande" jusqu'auxannes 1920xe "1920, ilapparat aucours deladcennie desconomistes allemands dignes dece nom", lessciences conomiques etsociales furent domines par lesreprsentants dece qu'onaappel l'"cole historiquexe "cole historique"

xe "historique, cole"". Gustav vonSchmollerxe "Schmoller, Gustav von" [(1838-1917)] passait pour tre lematre d'une"science conomique del'Etat [wirtschaftliche Staatswissenschaft]." Soncole, celle des"Socialistes delachairexe "Socialistes delachaire"

xe "chaire, socialistes dela"" [Kathedersozialistenxe "Kathedersozialisten [Socialistes delachaire]"], rgnait sur lesuniversits allemandes." L'influence prpondrante del'Ecole historique sur lessciences conomiques etsociales enAllemagne taitdue auxrelations d'amiti troite queSchmoller entretenait avec FriedrichAlthoff, Directeur charg desquestions universitaires auMinistre desCultes del'Etat prussien entre 1882 et1908."Schmollerxe "Schmoller, Gustav von" etsesadeptes, comme sessuccesseurs dont par exemple Werner Sombartxe "Sombart, Werner", tenaient pour tabli qu'il n'existait pas delois universellement valides enconomie. Enconomie lathorie, quand elletait lemoins dumonde possible, tait cense nepouvoir sedduire quedel'exprience historique. L'histoire conomique tait lagrande mode, etle"savant" tait celui qui publiait descompilations raboutes partir deliasses dedocuments. L'conomie politique classique abstraite etthorique, ettout particulirement lerationalisme absolu del'cole autrichiennexe "autrichienne, cole", taient tenus dansleplus grand mpris".L'historicisme neniait pasentirement l'existence deloisconomiques mais, ayant chou comme nos"macroconomistes" contemporains trouver deslois empiriques qui fussent stables, ilnepouvait admettre qu'une thorie soit rellement possible, ausens derelations causales vritablement gnrales etindpendantes descirconstances. C'est cequ'tablit encore Bostaph:"Dans sapropre version dela'mthode historique', Schmoller niait entirement l'existence delois noncontingentes enconomie, c'est--dire l'existence d'aucuneloi 'absolue' [] impliquant undegr dencessit inexistant dansleslois 'relatives'; cependant, lescrits deSchmoller contiennent lesindices lesplus reprsentatifs delathorie historiciste desconcepts etlesnoncs lesplus explicites deleurconception desrelationscausales. Apartir descrits deSchmoller, onpeut construire pour l'ensemble del'Ecole historiciste uncadre pistmologique ordonn, raisonnablement cohrent, qui explique lescrits desesprdcesseurs et, dansuncertain sens, leurfournit unecohrence un point qu'ilsn'avaient su atteindre. Elle conserve aussi leuridentification entant qu'empiristes."Schumpeter a bien fait d'appeler laposition historiciste un'collectivisme mthodologique' cause desaconcentration sur desinstitutions ou desprocessus sociaux qui sont descollectivits d'individus ou derelations entre cesindividus. Roscher etl'ancienne cole historique s'intressaient davantage l'tude del''organisme' social tout entier etdesonvolution, tandis queSchmoller tudiait lesinstitutions etleursrelations rciproques, ainsi quelesprocessus sociaux ausein del'conomie nationale. Schmoller prnait l'observation, laclassification etlaformation deconcepts relatifs auxinstitutions sociales, leursrapports rciproques, etlerapport del'tat l'conomie. Ilconsidrait sontravail descriptif comme uneprparation ncessaire ladescription del''essence gnrale' desphnomnes conomiques, ou 'thorie gnrale'."Schmoller, cependant, enrecherchant l''essence' dephnomnes spcifiques, dsirait unedescription del'ensemble deleurscaractristiques danslamesure dupossible. Pluscomplte tait ladescription, plus exact etreprsentatif ilcroyait leconcept. On devait atteindre cette'essence' enrsumant toutes lescaractristiques del'ensemble decesentits, plutt qu'en apprhendant ou percevant unecaractristique centrale qui permettrait deladfinir. C'est pourquoi lamanire laplus utile declasser Schmoller est del'identifier comme 'nominaliste' danssathorie desuniversaux, mme s'il serait difficile d'imaginer unnominaliste moinscohrent etmoins port sur larecherche. Les'essences' deSchmoller sont pratiquement encyclopdiques, alors quelaplupart desnominalistes considreraient comme inutile untel caractre exhaustif."([extrait delanote11] Dsigner Schmoller comme nominaliste rconcilie saposition sur lathorie desuniversaux avec celle qu'ilprofessait sur lanature delacausalit laquelle apparat intgralement nominaliste [cf.infra sur lanotion autrichienne decausalit relle par opposition laconception pseudo-exprimentaliste]. Pourunargument comme quoi l'historicisme impliquerait enfait l''essentialisme mthodologique' d'Aristote voirPopper, Misre del'historicisme. Ilsepeut quece quePopper dcrit comme "essentialiste", cesoient leslments hgliens del'approche despremiers historicistes ([Wilhelm] Roscher, enparticulier) plutt quel'cole historiciste danssonensemble. Malheureusement iln'identifie expressment aucundesmembres del'cole historique)."Laconception queSchmoller sefaisait delacausalit, comme sonide desconcepts, est purement descriptive; elledsigne unesuccession uniformment observe etvrifie. PourSchmoller, l'essence d'unconcept taitsujette modification mesure ques'accroissait lenombre d'existants auxquels ils'appliquait [endcrivant lerlecognitif desconcepts, AynRand amontr qu'onchoisit aucontraire sadfinition defaon telle qu'onpuisse accumuler laconnaissance sonsujet sansavoir laremettre encause, saufexceptionnellement cf.infra]. Comme unethorie desconcepts est implicitement prsuppose danstoutethorie delacausalit, ils'ensuit que, pour quiconque s'imagine quelesconcepts seraient contingents, lesrelations causales entre existants doiventaussi s'ilest cohrent apparatre comme dpendantes ducontexte del'exprience danslequel ellesapparaissent. En examinant l'exprience au moyen de la mthode comparative, Roscher avait espr distiller des gnralisations partir d'uniformits dansla succession, sous la forme delois dudveloppement. Cependant, Roscher s'tait attendu ce qu'elles fussent des lois 'absolues', alors queles lois querecherchait Schmoller n'taient pas entendues decette manire. Au contraire, celui-ci confinait son attention larecherche deloisempiriques ' court terme'".Leshistoricistes qui finirent par vilipender l'Angleterre comme une"nation deboutiquiers" mconnaissaient queleurpropre pratique avaitt inspire Schmoller par l'empirisme anglo-saxon deDavid Hume, par l'intermdiaire deJohnStuart Mill:"Laconception delacausalit qui explique lemieux leslois relatives 'court terme' recherches par l'ancienne cole historique etleslois empiriques recherches par Schmoller', [explique Samuel Bostaph,] 'est celle deDavid Hume. C'est Hume qui lepremier avait avanc l'explication delarelation causale comme celle d'unesimple uniformit desquence. Dans cettethorie, onperoit lesvnements soit comme simultans soit comme sesuccdant. Tout cequ'on yentend par 'causalit' est queceslments ontt constats danscesconditions etnon qu'onaurait peru qu'ilexiste unlien intrinsque etncessaire associant cesvnements. Lesprocessus delapense humaine interprtent cettesuccession comme unerelation decause effet. Ainsi, lancessit est unechose qui n'existe quedansl'esprit, non danslesobjets. C'est unetelle 'ncessit interne' delapense queSchmoller devait serfrer lorsqu'ilprtendait queles'lois' empiriques obtenues par la'mthode historique' auraient possd lemme degr dencessit queleslois dduites par lamthode 'abstraite' ou raliste deCarl Menger." DeDavid Hume, Ayn Rand crivait entre autres:"S'il tait possible unanimal dedcrire lecontenu desaconscience, lersultat serait unetranscription delaphilosophie deHume. Sesconclusions seraient celles d'uneconscience confine auniveau delaperception, ragissant passivement l'exprience desconcrets immdiats, sansaucune capacit former desabstractions, d'intgrer dansdesconcepts lesobjets qu'elle aperus, attendant envain qu'apparaisse unobjet appel 'causalit' (sauf qu'unetelle conscience serait incapable detirer aucuneconclusion)""Latransmission[, prcise Bostaph,] l'cole historique del'pistmologie deHume s'tait plus queprobablement produite par l'intermdiaire deJohnStuart Mill [et dece queMurray Rothbard appelait sa'malheureuse mthodologie hypothtique dupositivisme, par opposition ausystme praxologique dedduction partir d'axiomes vrais etcomplets recommand etpratiqu par Say etSenior.']. "Schumpeter affirme que'... [Wilhelm] Roscher... s'tait donn beaucoup demal pour exprimer sonaccord avec lamthodologie deMill'. Windelband etJones mentionnent expressment l'influence deHume sur Mill. Schmoller aussi parle deMill avec loges. Nanmoins, l'identification [] del'pistmologie historiciste comme humienne repose davantage sur lasimilitude desopinions exprimes quesur untravail de'dtective' historique)."L'coleprussienne nefaisant qu'appliquer leurmthode mme, ladiffrence tant qu'elle ignorait lathorie conomique laquelle leurvient enfait d'unetradition autre, lesempiristes ont rarement su expliquer sonincomptence etsastrilit, mme lorsqu'ils lesreconnaissaient. Ilarrive mme que, comme KarlPopper, ilss'enprennent l'historicisme sanscomprendre qu'ilest l'expression pure deleurpropre empirisme, unefois transplant dansunmilieu dpourvu deculture thorique, eto l'tatismeaffaiblissait laresponsabilit personnelle, etqui s'yest dvelopp enl'absence decescontraintes, comme leslapins enAustralie. Cequiavait d'ailleurs permis Anthony deJasay d'attirer l'attention, etensaprsencemme, sur sonhistoricisme lui:"il est possible de lire la politique de Popper comme si ce qu'il disait, ce n'est pas quel'historicisme a toujours tort, mais quele truc est de savoir comment tre un bon historiciste."Dans le fond, l'historicisme traite l''histoire' comme une suite d'vnements [] qui prsentent certaines rgularits, plus faciles prvoir qued'autres. Cette conception peut tre rapporte l'hypothse inductiviste [] qui affirme queles vnements connus dupass constitueraient un corpus suffisant d'informations factuelles pour qu'on puisse en tirer des extrapolations valides en ce qui concerne lesvnements venir []. Enconsquence, l'histoire ou l'volution sociale auraient des lois qui pourraient tre dcouvertes etutilises."Popper n'accepte rien de tout cela. [] Mais alors, si l'historicisme n'a pas de fondement rationnel, comment est-il possible de jouer les ingnieurs sociaux? [] Pour l'anti-historiciste consquent, l'ingnierie sociale devrait tre impossible pour la raison fondamentale quenous ne pouvons pas consciemment manipuler la socit moins denous autoriser d'une hypothse rfutable sur sa'physique'; cependant, toute hypothse decegenre serait historiciste et, en tant quetelle, se rvlerait irrfutable etdonc dpourvue desens. [] "On pourrait le penser, mais on aurait tort. Car, loin dedsesprer delachose comme nous pourrions l'attendre deson pistmologie, Popper a unegrande confiance dansl'ingnierie sociale. Bien plus, il y voit davantage quele simple tripotage aveugle, alatoire, d'une machine qui fait des siennes, quenouscomprenions ou non comment ellefonctionne. [] "Une comprhension bien fonde de la machine est la fois possible etncessaire: 'Unetechnologie sociale est ncessaire, qui sera teste par une ingnierie sociale graduelle''. [] Il s'agit [] decontribuer mettre sur pied, par l'exprimentation rcurrente, toute une 'technologie sociale', [] une technologie pour l'amlioration immdiate dumonde o nous vivons [] pour uneintervention dmocratique'."Quelle est donc ladiffrence entre les 'lois du dveloppement social', quePopper mprise, etlecorpus d'hypothses sur la manire dontlasocit fonctionne, qu'il juge tre possible etutile? Est-il, ou n'est-il pas, historiciste? [] Popper ne nous a pas dit de nous garder des sophismes historicistes parce qu'ils embrassaient uneconception fallacieuse, strilement inductiviste de la connaissance. [] "Mais alors, pourquoi laprophtie historique [] est-elle fausse, etla prdiction sociale etl'intervention qui se fonde sur elle, rationnelle etdigne d'tre encourage? La rponse polissonne semble tre quemme la prophtie historique a raison lorsqu'elle prdit correctement. 'Nous devons exiger quele capitalisme sans entraves laisse la place un interventionnisme conomique. Et c'est prcisment ce qui est arriv'. Mais si l'historicisme n'a pistmologiquement aucun sens, est-ce quene c'est pas pour demauvaises raisons, par pur hasard, qu'il ne s'est pas tromp? Ou alors, est-ce quea n'a plus d'importance?"Lacroyance en unetechnologie sociale est incontestablement unecroyance enune forme d'historicisme. [Pour Popper, ] une hypothse [relative la causalit sociale] appartient latechnologie sociale lorsqu'elle est expose autest dusuccs ou de l'chec, au tour de passe-passe lorsqu'elle ne l'est pas. Cependant, lesdeux sont historicistes ence qu'elles prsupposent unescience [exprimentale] delasocit."Mises, dont lathse portait, elle, sur laThorie delamonnaie etducrdit (1912), donnait (avec quelmpris) unexemple d'unecontribution lascience conomique produite par laformation historiciste avec ledoctorat d'conomie obtenu par WalterRathenau, grce safulgurante tude du"Commerce delabire enbouteille Berlin en1905". Abracadabras mathmatico-statistiques enplus, la'science conomique' contemporaine lafranaise, quand elleserduit uncommentaire favorable despolitiques etinstitutions delaredistribution politique, nepourrait-elle pas facilement passer pour unehritire decet'idal' schmollrien-l, l'essentiel tant de'partir desfaits'?Ona, videmment, d'autant plus dechances d'adopter lerejet historiciste del'approche logique qu'on n'a paseul'occasion del'apprendre: cequi permettait Mises deremarquer queleshistoricistes (et Popper nefait pas exception) chappaient gnralement ausoupon delaconnatre. Ceux qui l'ont quelquepeu apprise, enrevanche, remarquent que, paradoxalement dansuneoptique empiriste, lathorie conomique, toute "tautologique" qu'elle soit quand onl'a logiquement formule, marche remarquablement. D'oladeuxime solution pratique, tacitement adopte par lesconomistes deChicago, etqui consiste, omettant detirer lesdductions qui embarrassent, fairecommesi ilstestaient lathorie quandilsymlent deslments contingents dansun"modle" cens rendrecompte delaralit: lemodle sera testable, eton"oubliera" des'apercevoir quel'observation historique nepermet deconstater quelecaractre applicable delathorieutilise (lathorie montaire, par exemple, n'estutilisable quesi unemonnaie circule) et queletest, s'ilest bien men, nepeut indiquer quel'ordredegrandeur desphnomnes detoutes faons prvus par lathorie; etque, pour cequi est delathorie mme, onne l'aura toujours pas, onne l'aura jamais teste.Le contre-exemple dulibre-changismetc " Le contre-exemple dulibre-changisme" \l 1Cependant, peut-tre parce quec'estcelui o lespremiers conomistes ont leplusbataill audpart, et unepoque pas si lointaine oleraisonnement logique allait desoi, ilexiste undomaine, celui deschanges internationaux, olesempiristes encoredominants conoivent correctement aussi bien lesmoyens depreuve delathorie conomique quelathorie elle-mme. Dans unfameux change avec lemathmaticien StanislasUlam, MiltonFriedman avait unjour admis, tout enreconnaissant qu'ellessontvraies, quelesthories dulibre-change sont destautologies. Cedouble caractre, qu'iladmettait, tait-il compatible avec sonparti pris pseudo-exprimentaliste? Quel dommage qu'il n'ait pas saisicetteoccasion, pour nous fairesavoir quellessont, enconomie politique, lespropositions universellement vraies qui neprsentent pas lemme caractre tautologique. Toujours est-il quecetteexception audogme peutfournir auxconomistes queleraisonnement seul laisse sceptiques uneoccasion decontempler dehaut uncas, qui pourra leurparatre vident, d'erreurs deraisonnement inspires etentretenues par leprjug exprimentaliste. Car enconomie, ct des"pseudo-exprimentalistes" par ailleurs convenablement instruits, ilenexiste qui sont desamateurs, voire desautodidactes. Cesamateurs, leurformation scientifique initiale lesconduisait nonseulement penser quelamthode exprimentale est laseulescientifique, mais aussi admettre, dumoins audpart, quelathorie conomique est possible: ellelesaseulementpersuads qu'euxn'avaient pasbesoin, dufait deleurformation scientifique avance, desubir lesapprentissages normaux enlamatire: cesont lesingnieurs qui seprennent pour desconomistes. Ceux-l, croyant naturel, ncessaire, de"vrifier" statistiquement desthories dulibrechange dont, dansleurinculture, ilsignorent lesmoyens depreuve (lesquelspermettent, qui lesconnat, deretrouver leursnoncs valides), adoptent spontanment uneversion falsifie deleursnoncs pour lesrendre testables: ilsdnaturent lesconcepts qui lesfondent, etsemprennent sur leursconsquences. Bienentendu, unefois devenue "testable", parce quefausse, lathorie cesse videmment d'treuniverselle etcertaine: ilspourront d'autant plus facilement trouver descas o"elle nes'applique pas" qu'ilsy l'auront davantage rendue "testable", c'est--dire incohrente. C'est ainsi quepar exemple ChristianStoffaes, dansLaGrande menace industrielle, puisMauriceAllais, danssescrits contre lelibre-change, ont faitpasser pour "contingentes" voire partiellement "rfutes" lespropositions thoriques relatives l'change libre, alors quecelles-ci, justement, tous lesconomistes srieux admettent, pour unefois, onnepeut pas lescontredire si onlesa correctement formules. Et comment, eneffet, imaginer quelespropositions suivantes puissent tre fausses: on donne plus devaleur cequ'on reoit qu' cequ'on donne aucours del'change, desorte quel'change volontaire est enlui-mme toujours productif.tout lemonde a intrt sespcialiser dansledomaine o ilest lemieux plac, c'est--dire qui lui donnera leplus desatisfactions, tant donns sesdons etlesgratifications qu'offre lasocit.Comment "falsifie"-t-on, auxdeuxsens duterme, cespropositions-l? Enrefusant delesprendreencompte sous cetteforme tropvisiblement "tautologique". Lapremire, tout d'abord, onfera comme si ellen'existait pas, alorsqu'elle est suffisante pour prouver quelelibrechange est productif etleprotectionnisme destructeur: c'est qu'elle n'estpas seulement vraie apriori, ellel'est aussi indpendamment detouterfrence matrielle ; admettre cela seraitreconnatre quecrer delavaleur etenjuger sont desactes delapense, quelaproduction nesemesure pas, et quel'conomie seconoit donc en-dehors desmodles matrialistes ce quel'ingnieur n'apprend pas faire. Quant laseconde, cettevrit universelle qui justifie laspcialisation danssonprincipe, onomettra deladgager desconsidrations contingentes sur lesdotations enfacteurs etconditions deproduction qu'ymlent lesformulations ricardiennes etno-ricardiennes, etqui visent enfait, pour leurpart, guider l'opportunit detel ou telchoix concret despcialisation. Quandona uneculture conomique troplacunaire pour distinguer lespropositions vraies apriori desgnralisations qui demeurent contingentes, onprend spontanment pour unedmonstration gnrale ducaractre productif del'change volontaire laquestion dedeviner si, danstel ou tel cas, ilsera opportun d'changer; erreur decatgorie, dugenre decelle quecommettrait quiconqueconfondrait lemobile ducrime avec saqualification, considrant par exemple l'esprit delucre, leprjugracial ou lapassion amoureuse comme criminels ensoi, sous prtexte qu'ilyaeu force crimes crapuleux, racistes ou passionnels. L'erreur decatgorie conduit confondre lesmotifs d'unchange particulier avec lejugement deprincipe quel'onpeutporter sur toutchange. Etcela, parce qu'un invincible prjug pseudo-exprimentaliste aura pouss rechercher desfaits directement mesurables avant toute rflexion cohrente: "d'abord, partir desfaits". Decetteerreur decatgorie, ondduira quel'change libre n'estproductif que"danscertaines conditions": etlecritre nesera pas cequidemeure rellement incertain, savoir silesparties l'change enauront aposteriori tirlasatisfaction qu'elles enespraient, maislaprsence ou l'absence deconditions pralables "objectivement" observables telles queladotation enfacteurs, lesproductivits etlesprix, censes, danscetterduction force uncalcul matrialiste, conduire uneaugmentation "mesurable" de"laproduction". Et c'est ainsi que, d'unevrit simplissime, universelle etcertaine, leprjug pseudo-exprimentaliste fait unensemble degnralisations compliques, jamais rvisables comme tout produit delascience exprimentale, etdont tout lemonde, decefait, a ledroit, sinon ledevoir dedouter. Juan Carlos Cachanosky endcrit lesconsquences:"Supposons qu'unquidam soutienne queledveloppement industriel desEtats-Unis est d uncertain degr deprotectionnisme. Laseulechose quel'onpuisse rellement faire pour combattre cetargument est dedmontrer par laraison, c'est--dire sansrecourir l'exprience, quec'est endpitduprotectionnisme quel'industrie amricaine s'estdveloppe etque, s'il n'y avait pas eu deprotection, ilyaurait uneindustrie diffrente etplusefficace. Enrevanche, iln'existe aucunmoyen derefaire l'histoire pour dmontrer l'erreur delathse protectionniste. Onpeut encore moins dmontrer cetteerreur enprenant l'exemple d'unpays plusprotectionniste quelesEtats-Unis etdemoindre potentiel industriel, comme par exemple l'Argentine. Le protectionniste pourrait arguer quelesconditions n'taient pas lesmmes, parce quel'Argentine subissait d'autres facteurs qui ont fait plus quecompenser leseffets delaprotection. D'unautre ct, unpays totalement libral pourrait avoir unvolume deproduction infrieur unautre qui serait protectionniste si lesvaleurs prdominant chezlesmembres delasocit libre favorisaient l'oisivet etlamditation plutt quelaproduction debiens etdeservices "matriels". Enrsum, sansobservation ceteris paribus, c'est--dire avec desvariables contrles, ilestimpossible derfuter etencore moins deprouver despropositions. Asontour, cela rend possible qu'apparaissent etsemaintiennent desthories fausses avec laplus grande facilit.[Juan Carlos Cachanosky est undisciple deHans F.Sennholz, l'une desquatre conomistes avoir pass sondoctorat New York University avec Ludwig von Mises. Ilest donc, pour reprendre uneanalogie d'origine japonaise, son"petit-lve".]Et pour dtruire ainsi lascience lamieux tablie, enl'occurrence dansunesecte dont l'influence restecirconscrite, ilaura suffi qu'ilneviennepas l'ide desadeptes qu'uneautre mthode tait possible etmme ncessaire. Ilsuffira enoutre ques'yajoute, chezdesgens qui sont leplussouvent fonctionnaires, leprjug suivant lequel leshommes del'tat seraient mieuxplacs quelesentrepreneurs pour s'assurer decesconditions-l, pour endduire quel'change international devraittresoumis leurautorisation, faute dequoi ilneserait plus optimal. Et, dedresser laliste deschanges qui devraient treinterdits ainsi quedeceux qu'ilfaudrait subventionner.Que rapport, dira-t-on, avec lespolitiques deconcurrence? C'est qu'ondevrait plutt s'interroger sur ladiffrence: pourquoi, danslesfacults, enseigne-t-on queleprotectionnisme est mauvais, alors quel'antitrust seraitbon, voire indispensable? Lorsqu'on aremarqu quel'change volontaire traverse unefrontire, l'entrave lalibert d'changer, laconfiscation desDroits deproprit par leshommes del'tat passe pour protectionniste etonlarpute destructrice, universellement etcertainement; lorsque l'change netraverse pas defrontire, ou qu'on nel'a pasremarqu, onsemble oublier quelessaisies deshommes del'tat, interdictions rglementaires etautres impositions dont lespolitiques deconcurrence fontpartie, dtruisent demme laproduction, tout aussi universellement etcertainement. Carlafrontire, bien entendu, nefait rien l'affaire: c'estaucontraire quand l'analyse s'entient laralit del'action humaine, etnes'encombre pas dedfinir des"pays" plus ou moins "dots enfacteurs", qui "changeraient" (comme si "unpays" tait unagent moral) queladmonstration est laplusincontestable. Ce queprouvent lesdmonstrations dites dulibrechange (dmonstrations purement logiques comme mme lespseudo-exprimentalistes lereconnaissent alors): quetout change volontaire est ipsofacto productif, quepar consquent toute interdiction d'changer dtruit laproduction, et quequiconque supprime uneinterdiction d'changer permet d'accrotre laproduction, s'appliquent toutchange ondevrait dire toutchange interpersonnel, parce quel'change sefait toujours entre despersonnes, etnesefait jamais qu'entredespersonnes. Donc, quand ilspensent queleschanges sur lesquels ilsraisonnent traversent lesfrontires, lesconomistes savent, aussi vrai quedeux etdeux fontquatre etpour lesmmes raisons lenier serait absurde quetoute atteinte lalibert deschanges est destructrice. Forts decettecertitude, ilsont mme sucomprendre quec'estauxentrepreneurs d'yfaire eux-mmes leurschoix despcialisation, queleurprofit ytraduit unprogrs delaproduction, quesi celui-ci neleurest pas garanti, leshommes del'tat nesontpas lesmieux placs pour leprvoir etpourenjuger. Cependant, ds qu'aucune "frontire" n'estplus encause, cescertitudes font place laconfusion; lalibert descontrats devient sujette caution, etlesprincipes, auparavant universels etcertains, rencontrent desexceptions, se heurtent d'autres "principes" dont onnes'est gure souci devrifier lacohrence. Aleurplace, lapseudo-"mesure" surabonde, l'conomiste sejuge capable derefaire l'histoire etdeprvoir l'avenir, etl'arbitrage deshommes del'tat devient indispensable. Onneparlerait pas depolitique antitrust si cen'tait pas lecas, entre autres quand ilestquestion destructures industrielles: par exemple, comme nousleverrons, onnepeut pas "dmontrer" quesur unmarch libre, "unpouvoir demonopole" pourrait conduire unesituation "sous-optimale" si onneselivre pas lamme rification matrialiste desjugementsdevaleur quecelle qui conduit lesingnieurs qui seprennent pour desconomistes inventer descas, imaginaires etabsurdes, olesprogrs del'change libre nepermettraient pas ncessairement d'accrotre laproduction. Pourquoi cetteinconsquence? Laconscience desconomistes s'est-elle constitue enstrates successives, a-t-elle hrit lescertitudes dulibrechange del'poque o onlesformait encore auraisonnement logique, etlaprtendue "concurrence pure etparfaite" uneautre, o lesabracadabras duscientisme impressionnaient dj? C'est unequestion pour lesociologue delaconnaissance, pour lepsychologue ou pour l'analyste politique qui saura expliquer pourquoi onlaisse subsister cescontradictions-l. Ici, ilnes'agira quedetirer lesconsquences dufait, qu'admettent touslesconomistes srieux, quel'change libre produit enlui-mme toujours del'utilit, parce qu'onnepeutpas imaginer comment cetteproposition pourrait trefausse. Et que, ou plutt desorteque, alors mme queleur identit d'conomistes serfre, aussi, aumoinsimplicitement, laprtendue "concurrencepure etparfaite", lesprincipes qui fondent lelibrechange rfutent lespolitiques deconcurrence. Que si danslepremier cas, lathorie est correcte, c'est parce qu'elle est cohrente, cepourquoi onl'aadmise comme vraieapriori, alors quedanslesecond, si elleestcontradictoire, c'est parce qu'on y arenonc cemoyen depreuve-l auprofit depseudo-mesures censes "faire scientifique".Il n'y a pas lieu dechoisir l'exprience contre lalogiquetc " Il n'y a pas lieu dechoisir l'exprience contre lalogique" \l 1Percevant undilemme entre lalogique etl'exprience, etcroyant qu'admettre desvrits purement logiques implique decroire auxidesinnes, lepseudo-exprimentaliste apar hypothse fait "lechoix del'exprience" qui luiparat lemoins draisonnable deslments du"dilemme". Cependant, quefaire quand ontombe sur desauteurs qui affirment queleditdilemme n'existepas, qu'il n'y a pas choisir entre lalogique etl'exprience? Qui affirment, comme Ayn Rand etLeonard Peikoff, quelalogique doit autant l'exprience quen'importe quelle proposition prtendument "empirique"? Quirappellent quelepostulat pseudo-exprimentaliste, suivantlequel iln'y aurait deconnaissance valide qu'issue delamthode exprimentale, n'est pas issu decettemthode: d'o lespseudo-exprimentalistes letirent-ils, etpourquoi ycroient-ils, si onnepeutpas leprouver par laseule manire qu'ilsreconnaissent? Quiprouvent ensuite quetoute exprience, afortiori uneexprience qui prtend"confirmer" ou "rfuter" unegnralisation thorique doittoujours tenir pour absolument vrais apriori uncertainnombre d'noncs? AynRand endonne pour sapart unedfinition etunexempl