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Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN 1
Thème 1 : La longue histoire de l’humanité et des migrations
Adaptation des programmes :
La civilisation amérindienne des Petites Antilles
Auteures :
Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN
Le thème des civilisations amérindiennes des Antilles dans le cycle 3 amène « à
présenter les premières traces d’occupation des territoires ultramarins à partir d’un
site ou d’un objet symbolique » en CM1 et « d’évoquer les premiers peuplements à
travers l’histoire des premières migrations » en classe de 6è. Ce premier thème de
l’adaptation demande de « souligner les spécificités chronologiques et culturelles »
en classe de 6è mais permet aussi d’évoquer les héritages.
Pourquoi enseigner cette question dans le cadre de l’adaptation des
programmes ?
L’étude des migrations amérindiennes permet de contextualiser cette approche en
soulignant le caractère particulier du peuplement de l’archipel antillais, d’une
civilisation « caraïbe insulaire »1 et amène à se poser la question d’un temps
spécifique des Amérindiens. En effet, Jean Pierre SAINTON pose le problème du
temps amérindien par rapport au temps occidental : peut-on parler de Préhistoire
amérindienne ?2
Problématique scientifique
Comment les Amérindiens ont-ils peuplé les îles de l’archipel antillais, quelles
informations les objets archéologiques apportent-ils sur notre connaissance de ces
civilisations, comment les textes des Européens et les sources de l’anthropologie
permettent-elle de comprendre et connaître la complexité de cette civilisation ?
Problématique didactique
Comment les Amérindiens ont-ils peuplé les îles de l’archipel antillais ?
Quelle civilisation ont-ils développée. ? Quels héritages ont-ils laissés ?
1 Sous la direction de Bernard GRUNBERG -Les Indiens des Petites Antilles,-Editions l’Harmattan-
2011 2 Jean-Pierre SAINTON – L’intrusion de l’Histoire : la Caraïbe et les premiers chroniqueurs français des
Antilles in Les civilisations amérindiennes des Petites Antilles-Conseil Général/Musée Archéologie-
2004
Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN 2
La place de la séquence dans la programmation
Cette séquence sera placée après l’étude de la Révolution du Néolithique.
Elle pourra être réinvestie en géographie dans le thème « le monde habité » en
géohistoire dans l’étude des foyers de peuplement à différentes époques.
Quels sont les points forts du thème pour l’enseignant ?
Á l’arrivée des Européens, l’archipel antillais était occupé depuis plusieurs millénaires
par des populations amérindiennes. Notre connaissance des origines et des
dynamiques de la civilisation amérindienne des Petites Antilles est largement tributaire
des découvertes archéologiques, débutées dans les années 1930 ; ces données sont
à croiser avec celles des sources historiques, celles des linguistes et des
anthropologues.
Les documents sources, datant du XVIIème siècle, témoignages des Chroniqueurs qui
décrivent les populations du sud de l’archipel, sont à interpréter avec prudence,
puisque ces civilisations avaient déjà été modifiées par plus de cent ans de contacts.
Une nouvelle chronologie plus neutre a donc été mise en place par les archéologues,
et remplace celle qui découpait le temps amérindien en temps Arawak et Caraïbe. Les
archéologues préfèrent donc découper la période précolombienne en une période
« Précéramique » et une période « Céramique ».
Le Céramique est divisé en quatre périodes : le Saladoïde Ancien, le Saladoïde
Modifié, le Troumassoïde, et le Suazoïde (différentes dénominations tirées des sites
archéologiques Saladero au Vénézuéla, Troumassé à Sainte-Lucie, et Suazey à
Grenade.
LE PRÉCÉRAMIQUE (5000 av J-C)
Le premier peuplement des Antilles ne semble pas antérieur au Vème millénaire avant
notre ère. Il est le fait de populations nomades qualifiées de précéramiques en raison
de l’absence de poteries.
Deux hypothèses sont établies sur leur origine : une arrivée depuis le Yucatan ou
depuis le nord du Vénézuéla ; cette thèse est la plus communément admise. Ces
sociétés de chasseurs-cueilleurs utilisaient la pierre taillée et polie et le coquillage.
L’extension de leur migration s’est faite vers Porto-Rico, les Îles Vierges (entre -4000
et 500) mais leur présence dans le sud des Antilles n’est pas certifiée ; il existe
quelques indices en Martinique (sites de Boutbois et de Godinot au Carbet) mais sans
datation fiable.
LE CÉRAMIQUE (vers -500 à 1450)
Cette période débute par le Saladoïde Ancien (de-500 à 350 ap J-C) ; durant cette
période les premières données fiables sur l’occupation des Petites Antilles
correspondent à l’arrivée de populations originaires du Bassin de l’Orénoque. Certains
spécialistes pensent que vers -250, la migration aurait continué à travers les îles
jusqu’à Porto-Rico, puis Hispaniola, atteinte au IIIème siècle après J-C ; ce serait un
Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN 3
phénomène de conquête, pionnier et réfléchi. Il est mis en évidence aujourd’hui que
ces vagues migratoires n’ont été ni brutales, ni massives, ni même organisées comme
certains historiens ont pu l’affirmer.
Ces populations saladoïdes de l’Orénoque, des horticulteurs qui maîtrisent la culture
des tubercules, en particulier le manioc, sont aussi des potiers qui produisent une
poterie fine aux décors variés, aux motifs géométriques peints en blanc sur rouge,
avec notamment des « adornos », ces éléments de préhension anthropomorphes et
zoomorphes. Il s’agit de coupes, de bouteilles, de platines, ces grands disques en
céramique destinés à la cuisson du manioc. Ces céramiques sont retrouvées dans tout
l’archipel.
Dans les Petites Antilles, ces populations s’installent sur des terres agricoles, en
hauteur, près de paysages similaires à celui de leur terroir d’origine (les rivières et la
forêt tropicale) : c’est le cas à Grenade, en Martinique, à Saint Martin où la culture sur
brûlis est attestée. Ils cultivent la patate douce, le coton, les plantes médicinales et le
manioc.
Leurs outils sont en pierre polie, en coquillage ; les pierres taillées sont utilisées pour
les « grages » à manioc (râpes à manioc).
Cependant, « l’hypothèse d’une agriculture sur brûlis comme principal support de
subsistance est inexacte, car les dégâts dans la végétation auraient été presque
irréversibles, et les descriptions des découvreurs de nos îles auraient été
diamétralement opposées » 3
Dès le Vème siècle, les échanges sont attestés entre les îles, « ce champ d’îles était
au Vème siècle complètement reconnu des Amérindiens, y compris sur les marges les
plus orientales. Même si toutes les terres n’ont pas été forcément habitées au même
moment et avec les mêmes densités, à chaque île était distribuée une fonction
précise »4.
Durant le saladoïde modifié, de 350 à 700 ap J-C, dans toutes les îles, on assiste à un
glissement de
l’habitat vers la mer. Les groupes apparaissent bien adaptés à leur environnement
maritime.
Les céramiques sont plus variées avec un nouveau répertoire de couleurs (bordeaux,
marron,
orange ou peinture rouge soutenue couvrant tout le vase) les objets sont moins
stéréotypés. Un des sites caractéristiques est celui de Dizac au Diamant. C’est à cette
période que l’on voit apparaître les premières pierres à trois pointes, à associer sans
doute au culte des Zémis, représentations des ancêtres et des esprits.
3 JOSEPH Philippe « L’Homme amérindien dans son environnement » in Les civilisations amérindiennes des
Petites Antilles- Conseil Général/ Musée Archéologie- 2004
4 SAINTON Jean-Pierre -Histoire et civilisation de la Caraïbe – édition Maisonneuve et Larose -2004
Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN 4
L’âge céramique se poursuit avec les périodes troumassoïde (750-1050 après J-C) et
suazoïde (1050-1450 ap J-C). Durant cette période des différences apparaissent entre
Grandes et Petites Antilles : l’apparition des chefferies, la hiérarchisation de la société
et une agriculture permanente. « Ainsi dans les Grandes Antilles commencent à se
développer les phénomènes sociaux et économiques qui vont être à l’origine de
l’émergence des sociétés taïnos » 5
Dans les Petites Antilles, aucune migration n’est identifiée et l’évolution est endogène. Il semble y avoir eu une étape d’insularisation, avec le développement sur place de cultures insulaires proprement antillaises ; on ne trouve pas de traces d’une autre migration massive depuis le continent, celle des Kalinas6, qui aurait refoulé les Arawaks, comme il a pu être affirmé dans les récits des Chroniqueurs européens du XVIIème siècle. Durant ces périodes, la vie et les activités sont de plus en plus tournées vers la mer
ou les zones de mangroves, avec une forte consommation de coquillages (site de
Macabou en Martinique).
L’outillage reste semblable à celui des périodes antérieures et s’il existe une forte
continuité dans la céramique avec les décors de peinture rouge, noire et blanche, les
spirales, les incisions, la céramique évolue vers plus de sobriété. La proportion d’objets
décorés diminue avec quelques nouveautés cependant : on voit apparaître les platines
à manioc tripodes aux pieds plus massifs.
Les caractères généraux des sociétés précolombiennes des Petites Antilles.
Pour aborder la vie quotidienne des Amérindiens des Petites Antilles, on se reporte au
corpus des sources historiques, des récits de voyageurs, de missionnaires ayant vécu
dans les îles. Mais la prudence s’impose car ces ressources traitent des Amérindiens
de la période de contact, particulièrement ceux du sud de l’archipel, les Kallinagos.
Ce corpus de textes des XVIIème et XVIIIème a été à l’origine de la différenciation
entre les dits Arawaks, populations pacifiques présentées comme les occupants les
plus anciens des Antilles, et les dits Caraïbes, décrits comme belliqueux et
5 BÉRARD Benoît « Caraïbes et Arawaks , caractérisation culturelle et identification ethnique » in Les civilisations
amérindiennes des Petites Antilles- Conseil Général /Musée d’Archéologie 2004
6 On peut citer Jean-Pierre SAINTON : « la civilisation kallinago des Petites Antilles […]est une civilisation originale qu’à défaut d’un terme qui lui soit spécifiquement consacré, nous pourrions qualifier de marine et semi-nomade, mais qu’il ne serait pas inexact d’appeler amphibie. En effet, son territoire physique est autant la mer que les parties émergées des terres. L’identité des individus et des groupes ne s’ancre pas dans une île particulière mais dans la totalité de l’espace intra-insulaire à l’intérieur duquel la mobilité par mer, d’une île à l’autre est la norme ». Sainton Jean-Pierre – Histoire et civilisation de la Caraïbe, Paris, 2005. NB : Il y a bien des expéditions guerrières, mais aussi des échanges ; Il faut donc éviter de transposer la notion de « frontière » sur l’espace amérindien
Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN 5
anthropophages, qui auraient migré plus récemment pour occuper le sud de l’archipel
antillais.7
Mais on sait que cette différenciation n’est pas fondée, que ces populations sont de
langue Arawak, « les termes Arawak et Caraïbe ont une signification précise pour les
linguistes : ce sont les noms de deux grandes familles de langues parlées par les
Amérindiens de la zone amazonienne. Toutes les langues amérindiennes des Antilles
appartiennent à la famille Arawak même celles des Kalinagos dits Caraïbes »8.
L’archéologie donne une idée de la manière de vivre de ces groupes humains, de la
structure du village composé de cases (on peut citer des vestiges du site amérindien
de l’Anse à la Gourde en Guadeloupe, site du Céramique Moyen (de 400 à 1350) et
du site de Vivé datant du IVème siècle).
Mais on ne peut écarter les descriptions des Chroniqueurs qui font vivre ces vestiges
archéologiques, évoquent des modes de vie, des techniques qui ont évolué sur un
temps plus long.
Le Père BRETON, dans le Dictionnaire caraïbe-français précise « les sauvages n’ont
que des bois abattus là où ils demeurent, à savoir la place d’un carbet et quelques
maisonnettes à l’entour ».
Dans cette société égalitaire, le pouvoir n’est pas héréditaire, l’unité de base est le
village autonome, les hommes tirent de l’environnement l’essentiel de leurs ressources
en touchant à peine à l’équilibre écologique.
L’habitat est familial ou multifamilial, l’organisation du travail est communautaire ou
collective est répartie selon le sexe et l’âge : les occupations masculines sont la
7 « Les peuples des Petites Antilles, qui se désignaient comme Kalinas, appelés Caribe ( Caraïbe) et/ou Canibales
(Cannibale) par les Espagnols et les Chroniqueurs français, ont été décrits comme étant particulièrement
belliqueux, idolâtres , anthropophages et opposés aux « bons sauvages Taïnos des Grandes Antilles. Ils ont été
considérés juste bons à être anéantis ou asservis. (il suffit qu’un groupe soit désigné comme comme Caraïbes pour
pouvoir être réduit en esclavage) ».GRUNBERG Bernard- Les Indiens des Petites Antilles – Edition l’Harmattan-
2011
8 BÉRARD Benoît « Caraïbes et Arawaks , caractérisation culturelle et identification ethnique » in Les civilisations
amérindiennes des Petites Antilles- Conseil Général /Musée d’Archéologie 2004
Peu de certitudes quant aux croyances et coutumes religieuses : les éléments les mieux connus
viennent essentiellement de la civilisation Kallinago et évoquent « une perception de
l’ordonnancement ouvert de l’univers »⁹ et des mythes reliant la terre, le ciel et l’eau. Les pierres à trois
pointes, objets cérémoniels et rituels, associés aux zémis de bois et de pierre , représentations des
ancêtres et des esprits seraient à rattacher à la protection des âmes des ancêtres et à des rites de
fertilité Autre signe à caractère sacré sans doute, les pétroglyphes, roches gravées de dessins, à l’instar
de ceux de Sainte-Luce ou Trinité en Martinique et Trois Rivières en Guadeloupe. Le sens des
pétroglyphes qui se sont développés durant la période saladoïde « est à rechercher dans les mythes
qui traitent de la sécheresse (monde brûlé) ou des inondations (monde noyé). Ils représentent le monde
et protègent l’humanité contre les risques qui les menacent (sècheresse, ouragans et inondations), ces
catastrophes qui mettent en péril la survie de l’humanité»₁₀.
Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN 6
chasse, la pêche, l’abattage des arbres, la construction des cases, des pirogues, la
manufacture du bois, de la pierre, la fabrication des
Instruments de chasse, de pêche. Aux femmes sont dévolues les plantations, les
récoltes, les tâches domestiques, le tissage, tâches moins prestigieuses et se
déroulant près du foyer.
Peu de certitudes quant aux croyances et coutumes religieuses : les éléments les
mieux connus viennent essentiellement de la civilisation Kallinago et évoquent « une
perception de l’ordonnancement ouvert de l’univers »9 et des mythes reliant la terre,
le ciel et l’eau. Les pierres à trois pointes, objets cérémoniels et rituels, associés aux
zémis de bois et de pierre, représentations des ancêtres et des esprits seraient à
rattacher à la protection des âmes des ancêtres et à des rites de fertilité Autre signe
à caractère sacré sans doute, les pétroglyphes, roches gravées de dessins, à l’instar
de ceux de Sainte-Luce ou Trinité en Martinique et Trois Rivières en Guadeloupe. Le
sens des pétroglyphes qui se sont développés durant la période saladoïde « est à
rechercher dans les mythes qui traitent de la sécheresse (monde brûlé) ou des
inondations (monde noyé). Ils représentent le monde et protègent l’humanité contre
les risques qui les menacent (sècheresse, ouragans et inondations), ces
catastrophes qui mettent en péril la survie de l’humanité».10
Quels héritages de la civilisation amérindienne ?
L’héritage amérindien est visible dans des survivances alimentaires comme la pratique
du « jardin caraïbe » héritier de l’ichali amérindien dans lequel on associe plusieurs
plantes, fruits et tubercules, dans les techniques artisanales : la pêche à la nasse, à
la senne (au filet), la vannerie, l’utilisation de la conque de lambi, de la calebasse, la
survivance du gommier (embarcation faite d’une seule pièce à partir d’un tronc de
gommier). Il faut y ajouter le lexique de la faune dérivé de langues amérindiennes
utilisés dans les langues créoles et françaises : acajou-ajoupa-anoli-arawak-balaou-
carbet-calalou-cassave-coulirou-lambi--manioc-mabouya- matoutou-pipiri-titiri-yinyin,
etc.
9 Sous la direction de Jean-Pierre Sainton : Histoire et Civilisation de la Caraïbe – Tome 1- Editions Maisonneuve et Larose – 2004
10 PETITJEAN ROGET Henri – « Actes du XXIIIème Congrès de l’Association d’Archéologie de la Caraïbe »
-Antigua 2009
Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN 7
Comment mettre en œuvre le thème dans la classe ?
Les compétences travaillées
Ce thème permet de travailler la compétence : se repérer dans le temps - construire
des repères historiques pour permettre aux élèves de comprendre la notion de temps
long et la spécificité de la périodisation de la civilisation amérindienne
Les élèves pourront également se repérer dans l’espace, construire des repères
géographiques, nommer et localiser les lieux dans un espace géographique.
Avec la compétence Raisonner, ils seront amenés à établir des hypothèses, se poser
des questions et vérifier la validité de celles-ci. Ils pourront ainsi comprendre l’intérêt
et les limites des traces archéologiques et comprendre les enjeux de la recherche.
Pour cela, ils seront amenés à analyser et comprendre le sens des documents, à
classer et à mettre en relation
L’écriture d’un petit texte pour décrire les migrations et les caractéristiques étudiées
de la civilisation amérindienne pourra être travaillée.
Les objectifs de connaissances
Savoir comment l’archipel antillais a été peuplé depuis le continent,
Comprendre la particularité de la chronologie amérindienne, différente de celle des
migrations préhistoriques.
Connaître les caractéristiques majeures de cette civilisation et leurs évolutions
Les notions à retenir
Amérindiens - Langue arawak - céramique - civilisation du manioc - migration
Principaux repères à construire
Occupation de l’Amérique : 10 000 ans avant J-C
Pré-céramique : vers 5000 av J-C
Céramique : vers 500 av J-C à 1450 ap J-C
Période des premiers contacts c : XVè-XVIIè
Quels écueils éviter ?
Etablir une chronologie archéologique trop détaillée.
Montrer seulement des ruptures brutales.
Présenter des aspects stéréotypés sur la civilisation amérindienne (opposition entre le
«gentil Arawak » et le Caraïbe).
Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN 8
Propositions d’activités pour les élèves
Tâche complexe : rédaction d’un texte pour décrire le mode de vie des Amérindiens.
Les élèves peuvent effectuer un travail de groupe à partir d’un dossier documentaire.
Visite au Musée : compte-rendu de visite à partir d’une fiche-questionnaire.
Situer dans le temps et l’espace des vestiges archéologiques.
Construction de frises simples avec les repères majeurs.
Comparaison avec une frise des périodes de la préhistoire et de l’Histoire pour montrer
les périodes du temps amérindien.
Travail sur cartes : mise en relation des toponymies amérindienne et actuelle à partir
de carte
Repérage des sites sur une carte de la Martinique.
Analyse de textes sur quelques aspects de mode de vie.
Prolongements possibles
En histoire des Arts : étude de la céramique amérindienne.
Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN 9
Éléments de bibliographie
BÉRARD Benoît : L’occupation saladoïde cédrosane ancienne de la Martinique
https://hal.univ-antilles.fr/hal-01216058
Archéologie précolombienne dans les Petites Antilles
https://hal.univ-antilles.fr/hal-00975450
Jacques Adélaide Merlande : Histoire générale des Antilles et de la Guyane -Éditions
Caribéennes 1994
Petitjean -Roget Henri : Les populations amérindiennes, aspects de la Préhistoire
antillaise in Historial Antillais 1982
Sous la direction de Jean-Pierre Sainton : Histoire et civilisation de la Caraïbe Tome
1, Éditions Maisonneuve et Laporte- 2005
Sous la direction de Bernard Grunberg : Les Indiens des Petites Antilles, des
premiers peuplements aux débuts de la colonisation européenne. É ditions
l’Harmattan- 2011
Les civilisations amérindiennes des Petites Antilles - Musée départemental
d’Archéologie Précolombienne et de Préhistoire-2004
Les Amérindiens des Petites Antilles à travers les sources et la littérature du
Vème siècle avant J-C à nos jours -- Musée départemental d’Archéologie
Précolombienne et de Préhistoire- 2011-
R P J-B Du Tertre, Histoire Générale des Antilles Editions Koloziej- 1978
Père Raymond Breton, Relation de l’île de la Guadeloupe-Dictionnaire français
Caraïbe.
Archéologie Martinique – Guide des collections – Musée départemental
d’archéologie
Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN 10
DOCUMENTS ANNEXES
Pour la compétence : construire des repères spatiaux
FIGURE 1 CARTE DES MIGRATIONS AMERINDIENNES -MUSEE D’ARCHEOLOGIE
PRECOLOMBIENNE ET DE PREHISTOIRE.
FIGURE 2 TOPONYMIE AMERINDIENNE –
Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN 11
FIGURE 3 TOPONYMIE AMERINDIENNE11 –
NB : La carte et l’explicitation de la toponymie permettent de mettre en œuvre la
compétence se repérer dans l’espace en appréhendant la réalité de l’espace
amérindien. Chaque île a son utilité en fonction de ses ressources.
FIGURE 4 LES SITES AMERINDIENS EN MARTINIQUE.
Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN 12
FIGURE 5 COUPE - SALADOÏDE ANCIEN – SITE DE FOND -BRULE AU LORRAIN- MUSEE DE
MARTINIQUE
NB : Les coupes de cette période sont représentées par des bases annulaires, en
forme de cloche renversée avec un décor caractérisé par une ornementation en lignes
courbes et des incisions , peinte en blanc et brun rouge sur fond de couleur naturelle
de l’argile.
:
FIGURE 6 VASE A OUICOU – SALADOÏDE MODIFIE – MUSEE DE MARTINIQUE
NB :Vase à ouicou ( boisson de manioc fermenté consommée dans les fêtes à ouicou
qui ponctuaient les moments importants comme les naissances, les rites de passage,
les expéditions, les visites d’un hôte de marque)
On assiste en Martinique à une évolution dans la céramique. La peinture et le
modelage remplacent les techniques de motifs gravés ou incisés ; on retrouve des
motifs blancs peint sur un fond brun-rouge.
Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN 13
FIGURE 7 PLATINE A MANIOC -TROUMASSOÏDE ( 800 A 1500) LA COURONNE -GUADELOUPE
NB :Ces platines servaient à faire cuire les cassaves* de manioc .
Cassaves : galettes de manioc.
Les céramiques présentées peuvent servir de fil conducteur pour évoquer des aspects
de ces civilisations du manioc. On utilisera avec profit les très riches collections des
musées de Martinique, Guadeloupe .
FIGURE 8 PIERRE A TROIS POINTES (300-600 AP J-C)-SITE DE MOREL EN GUADELOUPE -
MUSEE EDGAR CLERC¹
FIGURE 9 CHRONOLOGIE PROPOSEE DANS L’OUVRAGE HISTOIRE ET CIVILISATION DE LA
CARAÏBE -TOME 1
NB : La compétence construire des repères historiques peut être mise en œuvre avec
l’utilisation ou la réalisation d’une frise simplifiée par les élèves.
Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN 14
Ces pierres à trois pointes ne se retrouvent pas sur le continent. Elles sont le produit
d’une culture purement insulaire. On suppose qu’elles étaient la symbolisation d’un
principe de fertilité et de fécondité.12
FIGURE 10 SITE DE VIVÉ -LORRAIN -FOUILLES DE 2018 – PHOTO MARIE-LAURE MOUSTIN-
DUBOYER
NB Les fouilles qui ont eu lieu à Vivé en archéologie préventive ont mis à jour un village
amérindien datant du IVème siècle ; on note le trous qui supportaient les poteaux des
éléments d’habitation.
Document : L’usage des poteries d’après les archéologues
« Nous pouvons distinguer dans l’ensemble de ces céramiques deux types bien
distincts : les unes, d’usage domestique, et d’autres d’utilisation plus rituelle […] Les
canallis, sortes de marmites font penser aux « canaris » martiniquais, car leur base
noircie profondément par le feu prouve que de toute évidence elles servaient
normalement à la cuisson des aliments[…] Nous insisterons sur une dernière sorte de
poterie ménagère : le récipient servant à la fabrication de boissons fermentées (ouicou
). Si nous interprétons leur usage de la sorte, c’est que les parois intérieures sont
profondément rongées sur toute leur surface et nous savons que la fermentation
alcoolique attaque la terre cuite, tandis que l’extérieur parfaitement conservé ne
présente pas la moindre trace de feu. »
Premier congrès international d’Études des Civilisations précolombiennes des Petites
Antilles (1961).
Société d’Histoire de la Martinique, Fort-de-France, 1964.
NB : Ce texte permet aux élèves de confronter leurs hypothèse émises lors de la mise
en œuvre de la compétence Raisonner , avec celles des scientifiques »
12 SAINTON Jean-Pierre – Histoire et civilisation de la Caraïbe -Edition Maisonneuve et Larose -2005
Marie-Laure MOUSTIN-DUBOYER – Yolaine CARPIN 15
Document : Quelques aspects de la vie quotidienne des Amérindiens d’après les
Chroniqueurs du XVIIème siècle.
« Après ce repas, quelques-uns vont à la pêche, qu’ils pratiquent de plusieurs
manières : les uns tirent le poisson à coups de flèches et plongent aussitôt pour le
prendre, d’autres, lorsqu’ils voient des homards […] prennent une grosse pièce dans
leurs deux mains et plongent la tête en avant, laissant la pierre au fond et rapportent
les homards […]. On en voit qui font des lignes pour pêcher en haute mer […] les
autres font des arcs, des flèches, des catolis (c’est une espèce de hotte dont se servent
les femmes sauvages) les plus diligents s’occupent à faire des canots et des pirogues
et y passent souvent une année entière. Quand ils sont priés d’aller abattre le bois de
l’habitation de leur voisin, ils y vont tous ensemble […].
Cela achevé, elles (les femmes) mettent la pain à la pâte : : à faire du pain pour le
déjeuner […] puis elles font cuire ce que leurs maris et enfants leur ont apporté de la
chasse et de la pêche […] Après cela elles vont cultiver leurs jardins et labourer la
terre avec un gros bâton pointu, tel un épieu. Elles ont aussi le soin de planter les
vivres, de les cultiver, d’arracher le manioc, de le gratter, de le presser, et de le faire
cuire en cassave (…] Celles qui demeurent à la case s’occupent à faire des lits en
coton […] Il faut observer que ce serait une infamie à un homme d’avoir touché à un
travail de femme. »
Révérend Père Du Tertre – Histoire générale des Antilles
Figure 1 Carte des migrations amérindiennes -Musée d’Archéologie
Précolombienne et de Préhistoire. 9
Figure 2 Toponymie amérindienne – 9
Figure 3 Toponymie amérindienne – 10
Figure 4 Les sites amérindiens en martinique. 10
Figure 5 Coupe - Saladoïde ancien – Site de Fond -Brûlé au Lorrain- Musée de
Martinique 11
Figure 6 Vase à ouicou – Saladoïde modifié – Musée de Martinique 11
Figure 7 Platine à manioc -Troumassoïde ( 800 à 1500) La Couronne -
Guadeloupe 11
Figure 8 Pierre à trois pointes (300-600 ap J-C)-site de Morel en Guadeloupe -
Musée Edgar Clerc¹ 12
Figure 9 Chronologie proposée dans l’ouvrage Histoire et Civilisation de la
Caraïbe -Tome 1 12
Figure 10 site de VIVÉ -Lorrain -Fouilles de 2018 – Photo Marie-Laure
MOUSTIN-DUBOYER 13