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Thème n°2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du XIXe siècle à nos jours. Médias et opinion publique dans les grandes crises politiques en France depuis l’Affaire Dreyfus M Debuisser

Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

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Page 1: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Thème n°2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du XIXe

siècle à nos jours.

Médias et opinion publique dans les grandes crises politiques

en France depuis l’Affaire Dreyfus

M Debuisser

Page 2: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du
Page 3: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Rappels chronologiques

21 avril 2002

Page 4: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

La presse surveillée

Page 5: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Rappel La liberté de la presse

Page 6: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Introduction les notions page 120

L’opinion publique

L’expression désigne l’ensemble des convictions,

des jugements et des valeurs d’une société à une

époque donnée. Les médias de masse, qui

informent les citoyens et favorisent les débats

contradictoires, contribuent à former l’opinion

publique.

Page 7: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Les médias de masse

L’expression désigne les médias qui ont une

audience suffisamment large pour toucher

un large public dans une société

démocratique. Les médias de masse sont la

presse (dès le milieu du XIXe siècle), la radio

à partir des années 1920, la télévision à partir

des années 1960, Internet depuis les années

1990.

Page 8: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Les crises politiques

Moment critique dans l’évolution d’un régime

politique. Plus ou moins régulièrement, des

crises politiques ébranlent la vie politique et

sociale de la nation. Les médias peuvent révéler

les crises politiques, les nourrir en informant

l’opinion, les provoquer aussi parfois lorsqu’ils

se trouvent être compromis avec le pouvoir.

Page 9: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Comment, depuis l’Affaire Dreyfus, les

crises politiques révèlent-elles l’émergence

des médias et de l’opinion publique comme

composantes majeures de la démocratie

française ?

Page 10: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Autre problématique

Comment les médias contribuent à l’expression

de l’opinion publique et à sa prise en compte

dans la vie politique d’une démocratie?

Page 11: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Composition: En vous appuyant sur quelques

crises politiques étudiées en cours, vous montrerez

comment les médias participent à la formation et

à l’expression de l’opinion publique française.

Etude: La presse avec l'affaire Dreyfus, préacquis

du programme de 1ère, étude obligatoire qui peut

tomber au baccalauréat.

En effet les crises politiques sont un observatoire privilégié pour

mettre en évidence le rôle des médias dans la formation de l’opinion

publique.

Page 12: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Trois études principales apparaissent pertinentes

afin de mettre en lumière les principaux médias.

La presse avec l'affaire Dreyfus, préacquis du

programme de 1ère, étude obligatoire qui peut

tomber au baccalauréat.

La radio avec la crise de 1940

La télévision avec celle de mai 1968

Page 13: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

On peut proposer d’autres exemples complémentaires.

Le 13 mai 1958 une crise médiatisée

La crise du 21 avril 2002 pages 140 141

Page 14: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Fiche à distribuer aux élèves travail en groupes ou individuel, tableau

À remplir pour les quatre études obligatoires

Page 15: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du
Page 16: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

I les affrontements médiatiques divisent l’opinion publique

autour des valeurs républicaines à l’ère de la presse et des débuts

de la radio.

(De l’Affaire Dreyfus à la crise de la défaite de 1940)

1) L’Affaire Dreyfus révèle une révolution médiatique et civique,

pourquoi?

Page 17: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Etude pages 122 123

Quotidien tiré à 300 000 exemplaires!!

Titre trouvé par Clémenceau

Page 18: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du
Page 19: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Elle révèle également une presse et des intellectuels

engagés, une opinion particulièrement divisée…, une

France nouvelle apparaît.

Caricature de

Caran d’Ache

dans Le Figaro

le 14/02/1898

Caran d’Ache qui dessine aussi dans le journal antisémite PSST…!

« Il suffit d’une plume pour faire parler des millions de langues »

Gabriel Tarde

Page 20: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

L’affaire Dreyfus , 1995

Film d’Y. Boisset

Page 21: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Un vendeur de journaux à Paris, 1895

V Duclert la république imaginée imaginée 1870 1914 Belin 2010

Page 22: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Titres et tirages en France de 1870 à 1914

Page 23: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Synthèse sur l’Affaire Dreyfus

- La guerre de la presse.

- Une bipolarisation de l’opinion publique.

- Une rupture du consensus démocratique.

- Une remise en cause des Institutions.

- Une contestation des valeurs dominantes.

- L’engagement des intellectuels.

Page 24: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Approfondissement

L’enracinement de la culture républicaine s’est accompagné de la

conquête essentielle de la liberté de la presse (lois de 1881 et de 1889).

Dans le même temps, les innovations techniques favorisent le

développement de la presse et permettent une baisse du prix des

journaux. Il s’agit d’une révolution médiatique et civique : le citoyen a

dorénavant les moyens de lire le journal pour se forger une opinion et

participer au débat démocratique. La presse triomphe dans une fonction

médiatrice entre le citoyen, l’État et les forces partisanes. Forte de

meilleurs moyens d’informations, d’un personnel qui se professionnalise,

elle devient l’instrument privilégié de la communication politique et sociale.

Les joutes idéologiques jouent un rôle essentiel dans le succès d’un

journal. L’Affaire Dreyfus en est la parfaite illustration : archétype

d’une guerre de la presse, elle permet aux deux camps de s’affronter

à travers éditoriaux, articles, enquêtes et images. L’étude permet de

montrer comment l’Affaire conduit à une bipolarisation de l’opinion

publique, entretenue par l’engagement d’intellectuels qui, comme la

presse, prennent une place nouvelle dans la vie politique et sociale.

Page 25: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du
Page 26: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

2) 1940 le début des « années noires », collaboration, presse

clandestine, et guerre des ondes. Etude pages 126 127

« Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit

pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Demain, comme aujourd'hui,

je parlerai à la Radio de Londres. » Extrait du discours radiodiffusé

par la BBC de Londres le 18 juin 1940

Page 27: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Affiche relatant le message de

Pétain du 17 juin 1940 à la radio

(demande d’armistice)

Page 28: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Diapositive empruntée

Page 29: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

une classe écoute un discours de Pétain à la radio

Page 30: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Les médias : un enjeu de pouvoir pour Vichy et un enjeu

démocratique pour la Résistance.

Page 31: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Synthèse

- Des médias aux ordres (Vichy et troupes

d’occupation).

- Mais une presse clandestine, 1000 titres entre

1940 et 1944.

- Presse, radio, actualités cinéma.

- Une guerre des médias malgré la censure.

Page 32: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Approfondissement

La crise liée à la défaite de 1940, qui débouche sur la mise en place du régime de Vichy (évoquée en

première) provoque une rupture : avec la fin de la démocratie, presse et radio sont totalement

instrumentalisées et soumis à la censure et à la propagande. Jusqu’en 1944, la presse est muselée :

beaucoup de titres disparaissent avec l’interdiction allemande dès 1940, d’autres se réfugient en zone

libre où les conditions de publications sont à peine meilleures. Certains servent la propagande allemande

qui les financent, d’autres la Révolution Nationale. Les services de la propagande allemande soutiennent

la création d’un ensemble de titres dévoués à la collaboration. Les grands journaux des années 1930 qui

survivent perdent la confiance du public, les tirages s’effondrent, les créations allemandes ou vichystes

ne rencontrent qu’une curiosité éphémère. L’essor de la presse clandestine atteste cependant d’une

intense demande d’informations (plus de 1000 titres publiés entre 1940 et 1944 : cf. les combats de la

Résistance étudiés en première). Cette presse de la Résistance s’organise en liaison avec la « France

Libre » (création en 1943 de la Fédération nationale de la presse clandestine). On assiste, par ailleurs, à

une véritable guerre des ondes. Les services de Goebbels diffusent dès le début de la guerre des

émissions en français (Radio Stuttgart). Au moment de la débâcle, alors que la radio reste le seul moyen

d’information dans un pays désorganisé, les postes allemands assaillent les Français d’informations

alarmantes. C’est par le canal radiophonique que Pétain s’adresse aux Français le 17 juin 1940 mais aussi

que passe l’Appel du 18 juin 1940, peu écouté. Après l’armistice, le réseau d’émetteurs est divisé en

deux : Radio Paris au Nord sous contrôle allemand, Radio Vichy au Sud qui s’aligne progressivement sur

les thèmes de la Radio allemande. En septembre 1940 débute, sur les ondes de la BBC, l’émission « Les

Français parlent aux Français », dont le succès s’accentue à mesure qu’approche la Libération, malgré les

attaques virulentes de la propagande allemande et vichyste contre le « général micro ».

Page 33: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du
Page 34: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

II Quelle place pour les médias et l’opinion publique à la fin de la

IV ème République et aux débuts de la Vème République ? (1958

/1968). Un paysage médiatique plus élargi au cœur de nouveaux

enjeux de société.

1) Mai 1958, trois crises, une opinion déchirée et le nouveau

recours à « l’homme providentiel » étude non étudiée

Page 35: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

2) Mai 1968 le « Tumulte contradictoire » (Michel

Winock), une opinion publique chaotique dans la « société

du spectacle ». Etude pages 132 133 et vidéos

Page 36: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du
Page 37: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

La méfiance des manifestants vis-à-vis des médias Affiches pochoirs de Mai 68, anonymes

Page 38: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

S. July, JL Marzorati,,La France en 1968, Hoëbeke, 2007

L’importance de la télévision

Page 39: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du
Page 40: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Télévision : taux d’équipement des ménages selon la catégorie

socioprofessionnelle du chef de ménage

M . Zancarini Fouirnel, C Delacroix, La France du temps présent 1945 2005, Belin, 2010

Page 41: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Vidéo Allocution radiodiffusée de président de la République

Charles de Gaulle le 30 mai 1968.

4 minutes 32

http://www.ina.fr/fresques/de-gaulle/fresque/?periode=1964

Page 42: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

« Françaises, Français, étant le détenteur de la légitimité nationale et républicaine, j'ai envisagé, depuis

vingt quatre heures, toutes les éventualités, sans exception, qui me permettraient de la maintenir. J'ai

pris mes résolutions. Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J'ai un mandat du

peuple, je le remplirai. Je ne changerai pas le Premier ministre dont la valeur, la solidité, la capacité

méritent l'hommage de tous. Il me proposera les changements qui lui paraîtront utiles dans la

composition du gouvernement. Je dissous aujourd'hui l'assemblée nationale. J'ai proposé au pays un

référendum qui donnait aux citoyens l'occasion de prescrire une réforme profonde de notre économie et

de notre université et en même temps de dire s'ils me gardaient leur confiance ou non par la seule voie

acceptable, celle de la démocratie. Je constate que la situation actuelle empêche matériellement qu'il y

soit procédé, c'est pourquoi j'en diffère la date. Quant aux élections législatives, elles auront lieu dans

les délais prévus par la constitution à moins qu'on entende bâillonner le peuple français tout entier en

l'empêchant de s'exprimer en même temps qu'on l'empêche de vivre, par les mêmes moyens qu'on

empêche les étudiants d'étudier, les enseignants d'enseigner, les travailleurs de travailler. Ces moyens,

ce sont l'intimidation, l'intoxication et la tyrannie exercés par des groupes organisés de longue main, en

conséquence, et par un parti qui est une entreprise totalitaire, même s'il a déjà des rivaux à cet égard.

Si, donc, cette situation de force se maintient, je devrai, pour maintenir la république, prendre

conformément à la constitution d'autres voies que le scrutin immédiat du pays. En tous cas, partout et

tout de suite, il faut que s'organise l'action civile. Cela doit se faire pour aider le gouvernement, d'abord,

puis localement, les préfets devenus ou redevenus commissaires de la République, dans leur tâche qui

consiste à assurer, autant que possible, l'existence de la population, et à empêcher la subversion à tout

moment et en tout lieu. La France, en effet, est menacée de dictature. On veut la contraindre à se

résigner à un pouvoir qui s'imposerait dans le désespoir national, lequel pouvoir serait alors

évidemment et essentiellement celui du vainqueur, c'est-à-dire celui du communisme totalitaire.

Naturellement, on le colorerait, pour commencer, d'une apparence trompeuse en utilisant l'ambition et

la haine de politiciens au rancart. Après quoi, ces personnages ne pèseraient pas plus que leur poids,

qui ne serait pas lourd. Et bien non, la République n'abdiquera pas. Le peuple se ressaisira. Le progrès,

l'indépendance et la paix l'emporteront avec la liberté. Vive la République ! Vive la France »

Page 43: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

J’ai la vidéo sur une clef USB pour les élèves intéressés

Page 44: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

A l’occasion de cette crise complexe et multiforme les

médias interviennent de deux façons :

1) Les médias forment et informent l’opinion sur

les différents aspects de la crise: crise politique,

ouvrière, étudiante, générationnelle.

2) Les médias sont un enjeu de pouvoir, un moyen

d’expression pour les manifestants ou de répression

pour le pouvoir en place.

Page 45: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Synthèse

- Une nouvelle importance de l’image avec la

télévision.

- Mais la radio couvre l’information « à chaud ».

- L’Etat veut contrôler les médias mais des

résistances de plus en plus importantes.(Guy

Debord: la société du spectacle 1967) avec la

critique des médias.

- La notion d’engagement.

.

Page 46: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Approfondissement

La crise de mai 1968 constitue un tournant sociétal : elle révèle une opinion

publique fracturée, volatile et sensible à l’influence de médias très critiqués

mais plus puissants. La critique des médias accompagne celle de la société

gaullienne. C’est dans un paysage médiatique plus complexe (presse florissante

dont De Gaulle redoute l’hostilité, écoute généralisée et individualisée de la radio,

popularisation de la télévision) qu’en 1967, Guy Debord publie la « La Société du

Spectacle », manifeste des Situationnistes : il dénonce une communication devenue

un outil d’aliénation de la population. Autant que les programmes, c’est bien le

contrôle de l’audiovisuel par le pouvoir qui est contesté. L’émergence d’une

aspiration à la 1960, entre en contradiction avec le monopole d’État sur les ondes.

Pour tous ceux qui contestent le système, les médias inféodés au pouvoir et aux

classes dominantes sont les agents de la société de consommation. En 1968,

l’information passe d’abord par la radio qui fait le lien entre les multiples fractions

d’une opinion publique chaotique. C’est elle, en effet, qui influe d’abord sur

l’opinion. Les « transistors » sont présents sur les piquets de grève, dans les

universités et usines occupées, dans les manifestations et lors des émeutes. La radio

publique couvre les événements de manière plus distanciée et différée que les radios

périphériques qui ont la faveur des auditeurs.

Page 47: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Suite

C’est délibérément et uniquement à la radio, que le 30 mai, le Général De Gaulle

donne sa seconde allocution. En renouant avec le média qui avait fait sa popularité,

il retourne l’opinion. Très imprégnés d’une culture de l’écrit, les acteurs du

mouvement privilégient quant à eux la presse alternative et les affiches, telles

celles de l’école des Beaux Arts. La télévision, sourde aux événements jusqu’au 10

mai, rejoint le mouvement. Le vendredi 24 mai, à 20 heures, la radio et la

télévision assurent la diffusion de la première allocution du Général qui fait l’objet

de vives critiques. Le 25 mai, le refus de la direction de l’ORTF de diffuser les

réactions de personnalités politiques et syndicales aux propos du chef de l'État

entraîne une large majorité de journalistes de l'information télévisée dans la grève.

Celle-ci se prolonge alors même que le mouvement s’essouffle. Les revendications

des rédactions touchent pour l'essentiel à la liberté d'expression. Ce long conflit

s’achève par d’importantes sanctions et un contrôle renforcé de l’audiovisuel

public

Page 48: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

3) Démocratie d’opinion ou démocratie représentative ?

Prolifération médiatique et instrumentalisation de « l’opinion

publique »

Démocratie représentative ou démocratie d’opinion ?

Une de Libération,

20-21 août 2005

Page 49: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Sondages, opinion et crises politiques, par Pierre Bourdieu

« Le sondage d'opinion est, dans l'état actuel, un instrument d'action politique ; sa fonction la

plus importante consiste peut-être à imposer l'illusion qu'il existe une opinion publique

comme sommation purement additive d'opinions individuelles ; à imposer l'idée qu'il existe

quelque chose qui serait comme la moyenne des opinions ou l'opinion moyenne. L'« opinion

publique » qui est manifestée dans les premières pages de journaux sous la forme de

pourcentages (60 % des Français sont favorables à...), cette opinion publique est un artefact

pur et simple dont la fonction est de dissimuler que l'état de l'opinion à un moment donné du

temps est un système de forces, de tensions et qu’il n’est rien de plus inadéquat pour

représenter l'état de l'opinion qu'un pourcentage. […] Si les enquêtes d'opinion saisissent très

mal les états virtuels de l'opinion et plus exactement les mouvements d'opinion, c'est, entre

autres raisons, que la situation dans laquelle elles appréhendent les opinions est tout à fait

artificielle. Dans les situations où se constitue l'opinion, en particulier les situations de crise,

les gens sont devant des opinions constituées, des opinions soutenues par des groupes, en

sorte que choisir entre des opinions, c'est très évidemment choisir entre des groupes. Tel est le

principe de l'effet de politisation que produit la crise : il faut choisir entre des groupes qui se

définissent politiquement et définir de plus en plus de prises de position en fonction de

principes explicitement politiques. »

Exposé fait à Noroit (Arras) en janvier 1972 et paru dans Les temps modernes, 318, janvier

1973, p. 1292-1309. Repris dans Questions de sociologie, Paris, Les Éditions de Minuit, 1984,

p. 222-235

Page 50: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Les années 90/2000

La réflexion peut se conclure par une évocation de la crise

« rampante » du politique et de la critique fondamentale

des médias qui l’accompagne à partir des années 1990,

avec l’émergence d’une « démocratie d’opinion ».

Si le pays n’a plus connu de crise politique majeure depuis

mai 1968, l’opinion se défie de plus en plus de ceux qui sont

censés la représenter. Une crise politique « rampante » se

nourrit de la désaffection pour le politique (essor régulier de

l’abstention) et d’une mise en cause régulière des médias,

accusés à la fois de collusion avec le politique et de

soumission aux pouvoirs économiques.

Page 51: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Approfondissement.

• Une démocratie d’opinion est un régime où le gouvernement tient

compte des sondages dans son action. Les hommes politiques sont

devenus de gros consommateurs de sondages et les instituts de

sondages se sont multipliés. On reproche d’ailleurs aux

gouvernants d’être plus attentifs aux contenus des sondages qu’aux

enquêtes des médias.

• On constate aussi une relative (mais réelle) perte de confiance des

citoyens dans leurs journalistes. En effet, de nombreux journaux

ont connu des difficultés (chute du lectorat et des recettes

publicitaires) et ils ont été rachetés par des groupes industriels ou

financiers très liés au pouvoir politique. Les citoyens reprochent

aux médias de manquer d’indépendance et d’avoir des liens trop

étroits avec le monde politique. La démocratie d’opinion est une

dérive dangereuse car on ne peut gouverner en recherchant

systématiquement la popularité.

Page 52: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Le 21 avril 2002 VIDEOS + étude pages 140/141

Aucun sondage n’avait prévu cette éventualité

Page 53: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Les instituts de sondages

IFOP: Institut français de l’opinion publique créé en 1938

CSA: Conseil sondage analyse, créé en 1999

BVA: Brulé, Ville et associés créé en 1970

IPSOS: Institut politique de sondages d’opinions créé en 1975

Page 54: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Document: 21 avril 2002 : qui est responsable ?

L’élection de 2002 donne l’occasion d’une nouvelle mise en cause des médias. Après le «

coup de tonnerre » du 21 avril qui voit Jean-Marie Le Pen accéder au second tour, la

télévision est accusée d’avoir, avec les sondages, imposé très tôt, sans la remettre en

question, l’idée que la présidentielle se jouerait entre Chirac et Jospin, détournant ainsi les

électeurs du vote utile du premier tour. Plus encore, en accordant une place surdéterminée

au thème de l’insécurité, surtout pendant la période de campagne active (février-avril),

médias et sondages auraient fait le jeu, à leur insu, du candidat de l’extrême droite. Ainsi

les Français se voient pour la première fois depuis 1974, privés du débat du second tour

qu’ils affectionnent. Jacques Chirac renonce au traditionnel duel télévisé, au grand dam

de son adversaire Jean-Marie Le Pen, lui refusant ainsi toute légitimité républicaine et

médiatique.

Agnès Chauveau, article « élections présidentielles » dans A. Chauveau et Y. Dehée

(dir.), Dictionnaire de la télévision française, Nouveau Monde éditions, 2007.

La « démocratie d’opinion » construite à

partir d’enquêtes, de sondages, d’indices

d’écoute visant à orienter l’action politique,

inquiète. le dossier du livre pages 140 141.

Page 55: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Lionel Jospin

Page 56: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du
Page 57: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du
Page 58: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Internet et les réseaux sociaux

A partir de 1992, Internet est ouvert à tous. Les médias

traditionnels créent aussitôt des sites pour augmenter leur

audience. Cependant, de nouvelles formes d’expression

apparaissent : les blogs, les réseaux sociaux ("Facebook",

"‘Twitter". . .).

Les nouveaux programmes sont interactifs. Internet et les

réseaux sociaux deviennent aussi des moyens d’information

si bien que la frontière entre professionnels des médias et

amateurs devient ténue. Le journalisme citoyen se

développe.

Les réseaux sociaux sont capables d’organiser des

manifestations de grande ampleur.

Page 59: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

L’ère de la

communication

de masse

Page 60: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du
Page 61: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du
Page 62: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Temps hebdomadaire passé

devant un écran

HISTGEOGRAPHIE.COM 62

* Ordinateurs,

tablettes,

consoles de jeux

et autres

22 8

20 12

27 2

23 6

21 9

18

19 16

16 21

30

32

29

29

30

Source: Ministère de la Culture 2013

Page 63: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Diffusion de la presse quotidienne

nationale en France en 2011

Titre des quotidiens nationaux Tirage

Le Parisien / Aujourd’hui en France 462 403

Le Figaro 332 120

Le Monde 322 872

L’Equipe 301 779

Libération 121 707

Les Echos 121 203

La Croix 105 363

La Tribune 75 170

France-Soir 71 290

L’Humanité 49 271

63

Source: OJD, 2013

Page 64: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Moins de quotidiens

et de livres lus dans leur format papier Sur 100 Français de 15 ans et plus 1997 2008

Lisent un quotidien… 73 69

Tous les jours ou presque 36 29

Plusieurs fois par semaine 11 11

Une fois par semaine 15 15

Plus rarement 11 14

Ont lu

au cours des 12 derniers mois…

74 70

1 à 4 livres 23 27

5 à 9 livres 12 12

10 à 19 livres 18 14

+ de 20 livres 19 17

NSP 3 1

Moyenne de livres lus 21 16

64 Source: Ministère de la Culture 2013

Page 65: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Taux d’équipement des ménages français

en multimédia (en %, 2011)

Catégorie socio-

professionnelle

Téléviseur

couleur

Magnétoscope

ou lecteur DVD

Téléphone fixe Téléphone

portable

Ordinateur Internet

Agriculteurs

exploitants

100 87 89,1 90,2 74,5 64,3

Artisans,

commerçants,

chefs

d’entreprise

96,5 86,1 86,1 94,3 88,3 80,7

Cadres et

professions

intellectuelles

supérieures

94,9 91,3 96,7 97,1 98,8 95,7

Professions

intermédiaires

97 91,5 90,8 97,7 93,3 87,9

Employés 98,4 90,2 85,3 95,2 81,9 75,2

Ouvriers 98,5 89,9 83,4 92,5 77,5 71,2

Retraités 99,3 73 94,9 66,6 40,6 37,2

Autres inactifs 97,2 68,6 83,3 73,5 49,7 44,2

Total 97,8 82,1 89,3 84,5 69,7 64,6

65 Source: INSEE 2013

Page 66: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Les médias et les Français

66 Source: Sondage TNS/ Sofres La Croix, 2012

Part des Français (de plus de 18 ans) qui estiment que les informations entendues (à la radio), vues (à la télévision)

et lues (dans le journal ou sur internet) se sont vraiment passées ou à peu près comme elles ont été relatées.

En %

Page 67: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Diversification des chaînes

Page 68: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

-La presse, considérée comme un « quatrième pouvoir » est le média

d’opposition par excellence ; elle peut révéler la crise, nourrir les

débats, parfois même être à l’origine de la crise. Seul média de

masse jusqu’aux années 1930, elle joue un rôle fondamental dans la

formation de l’opinion publique.

-La radio : la radio d’Etat est étroitement contrôlée, les radios libres

(avec autorisation) le sont un peu moins, les radios périphériques ont

leur liberté de ton. La radio est un média de crise par excellence :

elle est au cœur de l’évènement surtout au temps du transistor car ce

dernier est maniable, de petite taille. Mais son action est toujours

conjuguée à celle des autres médias, en particulier la presse.

Conclusion synthèse finale

Page 69: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

-La télévision : le média important à partir des années 1960, qui est

longtemps soumis au pouvoir politique. Média qui ne révèle pas la

crise mais la crise politique est analysée d’une façon démultipliée à

la télévision (infos qui tournent en boucle).

-Internet apparaît dans la vie politique lors de l’élection présidentielle

de 2002 (le « choc » du 21 avril est une crise politique).

Une nouvelle façon de communiquer, l’ère de l’immédiateté et de

l’instantanéité, la notion même d’opinion se trouve remise en cause

car l’opinion personnelle se confond avec l’opinion publique.

-Il faudrait également évoquer le rôle des sondages dans la formation

de l’opinion publique, leur rôle grandissant mais aussi controversé.

(voir les analyses de Pierre Bourdieu texte étudié)

Page 70: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

La démocratie a permis le développement spectaculaire des

médias. Entre 1881 et 2000, le paysage médiatique n’a pas cessé

de se diversifier. Les médias ont joué un rôle, notamment dans les

périodes de crise politique. Aujourd’hui, on assiste à une défiance

croissante des citoyens à l’égard de leurs moyens d’information.

La course à l’audience et la (supposée) complaisance vis-à-vis du

pouvoir politique ont amoindri leur crédibilité. L’avenir est peut-

être dans le développement des médias sur le «Web ».

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Page 74: Thème n 2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du

Opinion publique et médias: des courants de pensée aux réseaux sociaux?

La presse écrite

quotidienne nationale et

régionale

La radio La télévision

1890 1950 1920 1990 2012

Le multimédia

Aides l’Etat à la presse écrite. Essor des grands groupes privés multimédias. Urbanisation et équipements des ménages.

Essor des agences de presse, des magazines, des

actualités cinématographiques

Essor des news magazines et des radios périphériques

Développement des chaînes privées de radio et de

télévision, de l’Internet et du téléphone portable

Economie

et société

Médias

Crise de la

presse écrite et

communication participative

La presse nourrit le débat

(affaire Dreyfus)

La radio amplifie l’événement et mobilise les courants (2de

GM, Mai 68)

La télévision frappe les sensibilités par l’image (Rainbow Warrior, 21 avril 2002);

l’Internet accélère les flux d’informations

Bulle Informative et croissance des

particularismes sociaux.

Liberté de la presse Libéralisation des faisceaux Émancipation des consommateurs d’informations

Evolutions

Opinion et

crises

Diapositive empruntée