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Thème n°2 : Idéologies et opinions en Europe de la fin du XIXe
siècle à nos jours.
Médias et opinion publique dans les grandes crises politiques
en France depuis l’Affaire Dreyfus
M Debuisser
Rappels chronologiques
21 avril 2002
La presse surveillée
Rappel La liberté de la presse
Introduction les notions page 120
L’opinion publique
L’expression désigne l’ensemble des convictions,
des jugements et des valeurs d’une société à une
époque donnée. Les médias de masse, qui
informent les citoyens et favorisent les débats
contradictoires, contribuent à former l’opinion
publique.
Les médias de masse
L’expression désigne les médias qui ont une
audience suffisamment large pour toucher
un large public dans une société
démocratique. Les médias de masse sont la
presse (dès le milieu du XIXe siècle), la radio
à partir des années 1920, la télévision à partir
des années 1960, Internet depuis les années
1990.
Les crises politiques
Moment critique dans l’évolution d’un régime
politique. Plus ou moins régulièrement, des
crises politiques ébranlent la vie politique et
sociale de la nation. Les médias peuvent révéler
les crises politiques, les nourrir en informant
l’opinion, les provoquer aussi parfois lorsqu’ils
se trouvent être compromis avec le pouvoir.
Comment, depuis l’Affaire Dreyfus, les
crises politiques révèlent-elles l’émergence
des médias et de l’opinion publique comme
composantes majeures de la démocratie
française ?
Autre problématique
Comment les médias contribuent à l’expression
de l’opinion publique et à sa prise en compte
dans la vie politique d’une démocratie?
Composition: En vous appuyant sur quelques
crises politiques étudiées en cours, vous montrerez
comment les médias participent à la formation et
à l’expression de l’opinion publique française.
Etude: La presse avec l'affaire Dreyfus, préacquis
du programme de 1ère, étude obligatoire qui peut
tomber au baccalauréat.
En effet les crises politiques sont un observatoire privilégié pour
mettre en évidence le rôle des médias dans la formation de l’opinion
publique.
Trois études principales apparaissent pertinentes
afin de mettre en lumière les principaux médias.
La presse avec l'affaire Dreyfus, préacquis du
programme de 1ère, étude obligatoire qui peut
tomber au baccalauréat.
La radio avec la crise de 1940
La télévision avec celle de mai 1968
On peut proposer d’autres exemples complémentaires.
Le 13 mai 1958 une crise médiatisée
La crise du 21 avril 2002 pages 140 141
Fiche à distribuer aux élèves travail en groupes ou individuel, tableau
À remplir pour les quatre études obligatoires
I les affrontements médiatiques divisent l’opinion publique
autour des valeurs républicaines à l’ère de la presse et des débuts
de la radio.
(De l’Affaire Dreyfus à la crise de la défaite de 1940)
1) L’Affaire Dreyfus révèle une révolution médiatique et civique,
pourquoi?
Etude pages 122 123
Quotidien tiré à 300 000 exemplaires!!
Titre trouvé par Clémenceau
Elle révèle également une presse et des intellectuels
engagés, une opinion particulièrement divisée…, une
France nouvelle apparaît.
Caricature de
Caran d’Ache
dans Le Figaro
le 14/02/1898
Caran d’Ache qui dessine aussi dans le journal antisémite PSST…!
« Il suffit d’une plume pour faire parler des millions de langues »
Gabriel Tarde
L’affaire Dreyfus , 1995
Film d’Y. Boisset
Un vendeur de journaux à Paris, 1895
V Duclert la république imaginée imaginée 1870 1914 Belin 2010
Titres et tirages en France de 1870 à 1914
Synthèse sur l’Affaire Dreyfus
- La guerre de la presse.
- Une bipolarisation de l’opinion publique.
- Une rupture du consensus démocratique.
- Une remise en cause des Institutions.
- Une contestation des valeurs dominantes.
- L’engagement des intellectuels.
Approfondissement
L’enracinement de la culture républicaine s’est accompagné de la
conquête essentielle de la liberté de la presse (lois de 1881 et de 1889).
Dans le même temps, les innovations techniques favorisent le
développement de la presse et permettent une baisse du prix des
journaux. Il s’agit d’une révolution médiatique et civique : le citoyen a
dorénavant les moyens de lire le journal pour se forger une opinion et
participer au débat démocratique. La presse triomphe dans une fonction
médiatrice entre le citoyen, l’État et les forces partisanes. Forte de
meilleurs moyens d’informations, d’un personnel qui se professionnalise,
elle devient l’instrument privilégié de la communication politique et sociale.
Les joutes idéologiques jouent un rôle essentiel dans le succès d’un
journal. L’Affaire Dreyfus en est la parfaite illustration : archétype
d’une guerre de la presse, elle permet aux deux camps de s’affronter
à travers éditoriaux, articles, enquêtes et images. L’étude permet de
montrer comment l’Affaire conduit à une bipolarisation de l’opinion
publique, entretenue par l’engagement d’intellectuels qui, comme la
presse, prennent une place nouvelle dans la vie politique et sociale.
2) 1940 le début des « années noires », collaboration, presse
clandestine, et guerre des ondes. Etude pages 126 127
« Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit
pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Demain, comme aujourd'hui,
je parlerai à la Radio de Londres. » Extrait du discours radiodiffusé
par la BBC de Londres le 18 juin 1940
Affiche relatant le message de
Pétain du 17 juin 1940 à la radio
(demande d’armistice)
Diapositive empruntée
une classe écoute un discours de Pétain à la radio
Les médias : un enjeu de pouvoir pour Vichy et un enjeu
démocratique pour la Résistance.
Synthèse
- Des médias aux ordres (Vichy et troupes
d’occupation).
- Mais une presse clandestine, 1000 titres entre
1940 et 1944.
- Presse, radio, actualités cinéma.
- Une guerre des médias malgré la censure.
Approfondissement
La crise liée à la défaite de 1940, qui débouche sur la mise en place du régime de Vichy (évoquée en
première) provoque une rupture : avec la fin de la démocratie, presse et radio sont totalement
instrumentalisées et soumis à la censure et à la propagande. Jusqu’en 1944, la presse est muselée :
beaucoup de titres disparaissent avec l’interdiction allemande dès 1940, d’autres se réfugient en zone
libre où les conditions de publications sont à peine meilleures. Certains servent la propagande allemande
qui les financent, d’autres la Révolution Nationale. Les services de la propagande allemande soutiennent
la création d’un ensemble de titres dévoués à la collaboration. Les grands journaux des années 1930 qui
survivent perdent la confiance du public, les tirages s’effondrent, les créations allemandes ou vichystes
ne rencontrent qu’une curiosité éphémère. L’essor de la presse clandestine atteste cependant d’une
intense demande d’informations (plus de 1000 titres publiés entre 1940 et 1944 : cf. les combats de la
Résistance étudiés en première). Cette presse de la Résistance s’organise en liaison avec la « France
Libre » (création en 1943 de la Fédération nationale de la presse clandestine). On assiste, par ailleurs, à
une véritable guerre des ondes. Les services de Goebbels diffusent dès le début de la guerre des
émissions en français (Radio Stuttgart). Au moment de la débâcle, alors que la radio reste le seul moyen
d’information dans un pays désorganisé, les postes allemands assaillent les Français d’informations
alarmantes. C’est par le canal radiophonique que Pétain s’adresse aux Français le 17 juin 1940 mais aussi
que passe l’Appel du 18 juin 1940, peu écouté. Après l’armistice, le réseau d’émetteurs est divisé en
deux : Radio Paris au Nord sous contrôle allemand, Radio Vichy au Sud qui s’aligne progressivement sur
les thèmes de la Radio allemande. En septembre 1940 débute, sur les ondes de la BBC, l’émission « Les
Français parlent aux Français », dont le succès s’accentue à mesure qu’approche la Libération, malgré les
attaques virulentes de la propagande allemande et vichyste contre le « général micro ».
II Quelle place pour les médias et l’opinion publique à la fin de la
IV ème République et aux débuts de la Vème République ? (1958
/1968). Un paysage médiatique plus élargi au cœur de nouveaux
enjeux de société.
1) Mai 1958, trois crises, une opinion déchirée et le nouveau
recours à « l’homme providentiel » étude non étudiée
2) Mai 1968 le « Tumulte contradictoire » (Michel
Winock), une opinion publique chaotique dans la « société
du spectacle ». Etude pages 132 133 et vidéos
La méfiance des manifestants vis-à-vis des médias Affiches pochoirs de Mai 68, anonymes
S. July, JL Marzorati,,La France en 1968, Hoëbeke, 2007
L’importance de la télévision
Télévision : taux d’équipement des ménages selon la catégorie
socioprofessionnelle du chef de ménage
M . Zancarini Fouirnel, C Delacroix, La France du temps présent 1945 2005, Belin, 2010
Vidéo Allocution radiodiffusée de président de la République
Charles de Gaulle le 30 mai 1968.
4 minutes 32
http://www.ina.fr/fresques/de-gaulle/fresque/?periode=1964
« Françaises, Français, étant le détenteur de la légitimité nationale et républicaine, j'ai envisagé, depuis
vingt quatre heures, toutes les éventualités, sans exception, qui me permettraient de la maintenir. J'ai
pris mes résolutions. Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J'ai un mandat du
peuple, je le remplirai. Je ne changerai pas le Premier ministre dont la valeur, la solidité, la capacité
méritent l'hommage de tous. Il me proposera les changements qui lui paraîtront utiles dans la
composition du gouvernement. Je dissous aujourd'hui l'assemblée nationale. J'ai proposé au pays un
référendum qui donnait aux citoyens l'occasion de prescrire une réforme profonde de notre économie et
de notre université et en même temps de dire s'ils me gardaient leur confiance ou non par la seule voie
acceptable, celle de la démocratie. Je constate que la situation actuelle empêche matériellement qu'il y
soit procédé, c'est pourquoi j'en diffère la date. Quant aux élections législatives, elles auront lieu dans
les délais prévus par la constitution à moins qu'on entende bâillonner le peuple français tout entier en
l'empêchant de s'exprimer en même temps qu'on l'empêche de vivre, par les mêmes moyens qu'on
empêche les étudiants d'étudier, les enseignants d'enseigner, les travailleurs de travailler. Ces moyens,
ce sont l'intimidation, l'intoxication et la tyrannie exercés par des groupes organisés de longue main, en
conséquence, et par un parti qui est une entreprise totalitaire, même s'il a déjà des rivaux à cet égard.
Si, donc, cette situation de force se maintient, je devrai, pour maintenir la république, prendre
conformément à la constitution d'autres voies que le scrutin immédiat du pays. En tous cas, partout et
tout de suite, il faut que s'organise l'action civile. Cela doit se faire pour aider le gouvernement, d'abord,
puis localement, les préfets devenus ou redevenus commissaires de la République, dans leur tâche qui
consiste à assurer, autant que possible, l'existence de la population, et à empêcher la subversion à tout
moment et en tout lieu. La France, en effet, est menacée de dictature. On veut la contraindre à se
résigner à un pouvoir qui s'imposerait dans le désespoir national, lequel pouvoir serait alors
évidemment et essentiellement celui du vainqueur, c'est-à-dire celui du communisme totalitaire.
Naturellement, on le colorerait, pour commencer, d'une apparence trompeuse en utilisant l'ambition et
la haine de politiciens au rancart. Après quoi, ces personnages ne pèseraient pas plus que leur poids,
qui ne serait pas lourd. Et bien non, la République n'abdiquera pas. Le peuple se ressaisira. Le progrès,
l'indépendance et la paix l'emporteront avec la liberté. Vive la République ! Vive la France »
J’ai la vidéo sur une clef USB pour les élèves intéressés
A l’occasion de cette crise complexe et multiforme les
médias interviennent de deux façons :
1) Les médias forment et informent l’opinion sur
les différents aspects de la crise: crise politique,
ouvrière, étudiante, générationnelle.
2) Les médias sont un enjeu de pouvoir, un moyen
d’expression pour les manifestants ou de répression
pour le pouvoir en place.
Synthèse
- Une nouvelle importance de l’image avec la
télévision.
- Mais la radio couvre l’information « à chaud ».
- L’Etat veut contrôler les médias mais des
résistances de plus en plus importantes.(Guy
Debord: la société du spectacle 1967) avec la
critique des médias.
- La notion d’engagement.
.
Approfondissement
La crise de mai 1968 constitue un tournant sociétal : elle révèle une opinion
publique fracturée, volatile et sensible à l’influence de médias très critiqués
mais plus puissants. La critique des médias accompagne celle de la société
gaullienne. C’est dans un paysage médiatique plus complexe (presse florissante
dont De Gaulle redoute l’hostilité, écoute généralisée et individualisée de la radio,
popularisation de la télévision) qu’en 1967, Guy Debord publie la « La Société du
Spectacle », manifeste des Situationnistes : il dénonce une communication devenue
un outil d’aliénation de la population. Autant que les programmes, c’est bien le
contrôle de l’audiovisuel par le pouvoir qui est contesté. L’émergence d’une
aspiration à la 1960, entre en contradiction avec le monopole d’État sur les ondes.
Pour tous ceux qui contestent le système, les médias inféodés au pouvoir et aux
classes dominantes sont les agents de la société de consommation. En 1968,
l’information passe d’abord par la radio qui fait le lien entre les multiples fractions
d’une opinion publique chaotique. C’est elle, en effet, qui influe d’abord sur
l’opinion. Les « transistors » sont présents sur les piquets de grève, dans les
universités et usines occupées, dans les manifestations et lors des émeutes. La radio
publique couvre les événements de manière plus distanciée et différée que les radios
périphériques qui ont la faveur des auditeurs.
Suite
C’est délibérément et uniquement à la radio, que le 30 mai, le Général De Gaulle
donne sa seconde allocution. En renouant avec le média qui avait fait sa popularité,
il retourne l’opinion. Très imprégnés d’une culture de l’écrit, les acteurs du
mouvement privilégient quant à eux la presse alternative et les affiches, telles
celles de l’école des Beaux Arts. La télévision, sourde aux événements jusqu’au 10
mai, rejoint le mouvement. Le vendredi 24 mai, à 20 heures, la radio et la
télévision assurent la diffusion de la première allocution du Général qui fait l’objet
de vives critiques. Le 25 mai, le refus de la direction de l’ORTF de diffuser les
réactions de personnalités politiques et syndicales aux propos du chef de l'État
entraîne une large majorité de journalistes de l'information télévisée dans la grève.
Celle-ci se prolonge alors même que le mouvement s’essouffle. Les revendications
des rédactions touchent pour l'essentiel à la liberté d'expression. Ce long conflit
s’achève par d’importantes sanctions et un contrôle renforcé de l’audiovisuel
public
3) Démocratie d’opinion ou démocratie représentative ?
Prolifération médiatique et instrumentalisation de « l’opinion
publique »
Démocratie représentative ou démocratie d’opinion ?
Une de Libération,
20-21 août 2005
Sondages, opinion et crises politiques, par Pierre Bourdieu
« Le sondage d'opinion est, dans l'état actuel, un instrument d'action politique ; sa fonction la
plus importante consiste peut-être à imposer l'illusion qu'il existe une opinion publique
comme sommation purement additive d'opinions individuelles ; à imposer l'idée qu'il existe
quelque chose qui serait comme la moyenne des opinions ou l'opinion moyenne. L'« opinion
publique » qui est manifestée dans les premières pages de journaux sous la forme de
pourcentages (60 % des Français sont favorables à...), cette opinion publique est un artefact
pur et simple dont la fonction est de dissimuler que l'état de l'opinion à un moment donné du
temps est un système de forces, de tensions et qu’il n’est rien de plus inadéquat pour
représenter l'état de l'opinion qu'un pourcentage. […] Si les enquêtes d'opinion saisissent très
mal les états virtuels de l'opinion et plus exactement les mouvements d'opinion, c'est, entre
autres raisons, que la situation dans laquelle elles appréhendent les opinions est tout à fait
artificielle. Dans les situations où se constitue l'opinion, en particulier les situations de crise,
les gens sont devant des opinions constituées, des opinions soutenues par des groupes, en
sorte que choisir entre des opinions, c'est très évidemment choisir entre des groupes. Tel est le
principe de l'effet de politisation que produit la crise : il faut choisir entre des groupes qui se
définissent politiquement et définir de plus en plus de prises de position en fonction de
principes explicitement politiques. »
Exposé fait à Noroit (Arras) en janvier 1972 et paru dans Les temps modernes, 318, janvier
1973, p. 1292-1309. Repris dans Questions de sociologie, Paris, Les Éditions de Minuit, 1984,
p. 222-235
Les années 90/2000
La réflexion peut se conclure par une évocation de la crise
« rampante » du politique et de la critique fondamentale
des médias qui l’accompagne à partir des années 1990,
avec l’émergence d’une « démocratie d’opinion ».
Si le pays n’a plus connu de crise politique majeure depuis
mai 1968, l’opinion se défie de plus en plus de ceux qui sont
censés la représenter. Une crise politique « rampante » se
nourrit de la désaffection pour le politique (essor régulier de
l’abstention) et d’une mise en cause régulière des médias,
accusés à la fois de collusion avec le politique et de
soumission aux pouvoirs économiques.
Approfondissement.
• Une démocratie d’opinion est un régime où le gouvernement tient
compte des sondages dans son action. Les hommes politiques sont
devenus de gros consommateurs de sondages et les instituts de
sondages se sont multipliés. On reproche d’ailleurs aux
gouvernants d’être plus attentifs aux contenus des sondages qu’aux
enquêtes des médias.
• On constate aussi une relative (mais réelle) perte de confiance des
citoyens dans leurs journalistes. En effet, de nombreux journaux
ont connu des difficultés (chute du lectorat et des recettes
publicitaires) et ils ont été rachetés par des groupes industriels ou
financiers très liés au pouvoir politique. Les citoyens reprochent
aux médias de manquer d’indépendance et d’avoir des liens trop
étroits avec le monde politique. La démocratie d’opinion est une
dérive dangereuse car on ne peut gouverner en recherchant
systématiquement la popularité.
Le 21 avril 2002 VIDEOS + étude pages 140/141
Aucun sondage n’avait prévu cette éventualité
Les instituts de sondages
IFOP: Institut français de l’opinion publique créé en 1938
CSA: Conseil sondage analyse, créé en 1999
BVA: Brulé, Ville et associés créé en 1970
IPSOS: Institut politique de sondages d’opinions créé en 1975
Document: 21 avril 2002 : qui est responsable ?
L’élection de 2002 donne l’occasion d’une nouvelle mise en cause des médias. Après le «
coup de tonnerre » du 21 avril qui voit Jean-Marie Le Pen accéder au second tour, la
télévision est accusée d’avoir, avec les sondages, imposé très tôt, sans la remettre en
question, l’idée que la présidentielle se jouerait entre Chirac et Jospin, détournant ainsi les
électeurs du vote utile du premier tour. Plus encore, en accordant une place surdéterminée
au thème de l’insécurité, surtout pendant la période de campagne active (février-avril),
médias et sondages auraient fait le jeu, à leur insu, du candidat de l’extrême droite. Ainsi
les Français se voient pour la première fois depuis 1974, privés du débat du second tour
qu’ils affectionnent. Jacques Chirac renonce au traditionnel duel télévisé, au grand dam
de son adversaire Jean-Marie Le Pen, lui refusant ainsi toute légitimité républicaine et
médiatique.
Agnès Chauveau, article « élections présidentielles » dans A. Chauveau et Y. Dehée
(dir.), Dictionnaire de la télévision française, Nouveau Monde éditions, 2007.
La « démocratie d’opinion » construite à
partir d’enquêtes, de sondages, d’indices
d’écoute visant à orienter l’action politique,
inquiète. le dossier du livre pages 140 141.
Lionel Jospin
Internet et les réseaux sociaux
A partir de 1992, Internet est ouvert à tous. Les médias
traditionnels créent aussitôt des sites pour augmenter leur
audience. Cependant, de nouvelles formes d’expression
apparaissent : les blogs, les réseaux sociaux ("Facebook",
"‘Twitter". . .).
Les nouveaux programmes sont interactifs. Internet et les
réseaux sociaux deviennent aussi des moyens d’information
si bien que la frontière entre professionnels des médias et
amateurs devient ténue. Le journalisme citoyen se
développe.
Les réseaux sociaux sont capables d’organiser des
manifestations de grande ampleur.
L’ère de la
communication
de masse
Temps hebdomadaire passé
devant un écran
HISTGEOGRAPHIE.COM 62
* Ordinateurs,
tablettes,
consoles de jeux
et autres
22 8
20 12
27 2
23 6
21 9
18
19 16
16 21
30
32
29
29
30
Source: Ministère de la Culture 2013
Diffusion de la presse quotidienne
nationale en France en 2011
Titre des quotidiens nationaux Tirage
Le Parisien / Aujourd’hui en France 462 403
Le Figaro 332 120
Le Monde 322 872
L’Equipe 301 779
Libération 121 707
Les Echos 121 203
La Croix 105 363
La Tribune 75 170
France-Soir 71 290
L’Humanité 49 271
63
Source: OJD, 2013
Moins de quotidiens
et de livres lus dans leur format papier Sur 100 Français de 15 ans et plus 1997 2008
Lisent un quotidien… 73 69
Tous les jours ou presque 36 29
Plusieurs fois par semaine 11 11
Une fois par semaine 15 15
Plus rarement 11 14
Ont lu
au cours des 12 derniers mois…
74 70
1 à 4 livres 23 27
5 à 9 livres 12 12
10 à 19 livres 18 14
+ de 20 livres 19 17
NSP 3 1
Moyenne de livres lus 21 16
64 Source: Ministère de la Culture 2013
Taux d’équipement des ménages français
en multimédia (en %, 2011)
Catégorie socio-
professionnelle
Téléviseur
couleur
Magnétoscope
ou lecteur DVD
Téléphone fixe Téléphone
portable
Ordinateur Internet
Agriculteurs
exploitants
100 87 89,1 90,2 74,5 64,3
Artisans,
commerçants,
chefs
d’entreprise
96,5 86,1 86,1 94,3 88,3 80,7
Cadres et
professions
intellectuelles
supérieures
94,9 91,3 96,7 97,1 98,8 95,7
Professions
intermédiaires
97 91,5 90,8 97,7 93,3 87,9
Employés 98,4 90,2 85,3 95,2 81,9 75,2
Ouvriers 98,5 89,9 83,4 92,5 77,5 71,2
Retraités 99,3 73 94,9 66,6 40,6 37,2
Autres inactifs 97,2 68,6 83,3 73,5 49,7 44,2
Total 97,8 82,1 89,3 84,5 69,7 64,6
65 Source: INSEE 2013
Les médias et les Français
66 Source: Sondage TNS/ Sofres La Croix, 2012
Part des Français (de plus de 18 ans) qui estiment que les informations entendues (à la radio), vues (à la télévision)
et lues (dans le journal ou sur internet) se sont vraiment passées ou à peu près comme elles ont été relatées.
En %
Diversification des chaînes
-La presse, considérée comme un « quatrième pouvoir » est le média
d’opposition par excellence ; elle peut révéler la crise, nourrir les
débats, parfois même être à l’origine de la crise. Seul média de
masse jusqu’aux années 1930, elle joue un rôle fondamental dans la
formation de l’opinion publique.
-La radio : la radio d’Etat est étroitement contrôlée, les radios libres
(avec autorisation) le sont un peu moins, les radios périphériques ont
leur liberté de ton. La radio est un média de crise par excellence :
elle est au cœur de l’évènement surtout au temps du transistor car ce
dernier est maniable, de petite taille. Mais son action est toujours
conjuguée à celle des autres médias, en particulier la presse.
Conclusion synthèse finale
-La télévision : le média important à partir des années 1960, qui est
longtemps soumis au pouvoir politique. Média qui ne révèle pas la
crise mais la crise politique est analysée d’une façon démultipliée à
la télévision (infos qui tournent en boucle).
-Internet apparaît dans la vie politique lors de l’élection présidentielle
de 2002 (le « choc » du 21 avril est une crise politique).
Une nouvelle façon de communiquer, l’ère de l’immédiateté et de
l’instantanéité, la notion même d’opinion se trouve remise en cause
car l’opinion personnelle se confond avec l’opinion publique.
-Il faudrait également évoquer le rôle des sondages dans la formation
de l’opinion publique, leur rôle grandissant mais aussi controversé.
(voir les analyses de Pierre Bourdieu texte étudié)
La démocratie a permis le développement spectaculaire des
médias. Entre 1881 et 2000, le paysage médiatique n’a pas cessé
de se diversifier. Les médias ont joué un rôle, notamment dans les
périodes de crise politique. Aujourd’hui, on assiste à une défiance
croissante des citoyens à l’égard de leurs moyens d’information.
La course à l’audience et la (supposée) complaisance vis-à-vis du
pouvoir politique ont amoindri leur crédibilité. L’avenir est peut-
être dans le développement des médias sur le «Web ».
Opinion publique et médias: des courants de pensée aux réseaux sociaux?
La presse écrite
quotidienne nationale et
régionale
La radio La télévision
1890 1950 1920 1990 2012
Le multimédia
Aides l’Etat à la presse écrite. Essor des grands groupes privés multimédias. Urbanisation et équipements des ménages.
Essor des agences de presse, des magazines, des
actualités cinématographiques
Essor des news magazines et des radios périphériques
Développement des chaînes privées de radio et de
télévision, de l’Internet et du téléphone portable
Economie
et société
Médias
Crise de la
presse écrite et
communication participative
La presse nourrit le débat
(affaire Dreyfus)
La radio amplifie l’événement et mobilise les courants (2de
GM, Mai 68)
La télévision frappe les sensibilités par l’image (Rainbow Warrior, 21 avril 2002);
l’Internet accélère les flux d’informations
Bulle Informative et croissance des
particularismes sociaux.
Liberté de la presse Libéralisation des faisceaux Émancipation des consommateurs d’informations
Evolutions
Opinion et
crises
Diapositive empruntée