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théorie des RENTE PETROLIEREexcerpts.numilog.com/books/9782717821918.pdfRENTE PETROLIERE Eirik Schreder AMUNDSEN Publié avec le concours du NAVF ECONOMICA 49, rue Héricart, 7^015

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théorie des RESSOURCES EPUISABLES

et RENTE PETROLIERE

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Collection « Bibliothèque des Matières Premières »

dirigée par Philippe Chalmin

L'objet de la « Bibliothèque des Matières Premières » est de réunir et de publier des textes, manuels de synthèse ou travaux de recherche, traitant de l'économie mondiale des matières premières : production, consommation, fonctionnement des marchés, stratégie des opérateurs publics ou privés..., qu'il s'agisse de produits agricoles miniers ou énergétiques.

Série « Energie » dirigée par Jacques Percebois.

AMUNDSEN Eirik Schr0der Théorie des ressources épuisables et rente pétrolière.

AYOUB Antoine / PERCEBOIS Jacques Pétrole : marchés et stratégies.

GICQUEL Renaud Introduction aux problèmes énergétiques globaux.

PERCEBOIS Jacques Economie du pétrole.

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Collection « Bibliothèque des Matières Premières » dirigée par Philippe CHALMIN

Série : « Energie » dirigée par Jacques PERCEBOIS

t h é o r i e d e s

RESSOURCES EPUISABLES

e t

RENTE PETROLIERE

Eirik Schreder AMUNDSEN

Publié avec le concours du NAVF

ECONOMICA

49, rue Héricart, 7^015 Paris

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©Ed. ECONOMICA, 1992

Tous droits de reproduction, de traduction, d'adaptation et d'exécution réservés pour tous les pays.

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Remerciements

Pour l 'appui financier, je tiens à remerc ie r : — l ' Inst i tut d 'Économie et la Facul té des Sciences Sociales à

l 'Université de Bergen. — le NAVF (Conseil Norvegien de la Recherche Scientifique) — Wilhelm Keilhaus Minnefond.

J 'adresse également mes s incères remerc iements à : Madame Elina Almasy, Maison des Sciences de l 'Homme (Paris), M. Jac- ques Percebois, Professeur de Sciences Economiques à l'Univer- sité de Montpell ier I, et à M. Rolf Tobiassen, Coordina teur Norvège-France pour les Universités et Grandes Écoles.

Pour la contr ibut ion au niveau l inguist ique de cet ouvrage, j 'exprime ma gra t i tude à M. Alberto Seeger, Professeur de Mathé- mat iques Appliquées à l 'Université de Barcelone, et à Madame Renée Perlat Klepsland, Maî t re de Conférences de français à l 'Ecole Nationale des Hautes Etudes Commercia les de Norvège. De même, je voudrai r emerc ie r Brith. Saetre pour avoir tapé une grande par t ie de ce travail.

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A Bitten A Jeanet te A Bjarke

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Avant-propos

Cet ouvrage est une version abrégée de ma thèse « Les rentes dans la théorie des ressources épuisables : Le cas du pétrole », sotenue à l 'Université de Paris II (Panthéon-Assas) en 1988. Mon intérêt pour ce thème a débuté en 1980, lorsque j 'é tais à S tanford University. Mais l 'écr i ture de la thèse a commencé plus tard, en 1983, quand je suis venu à Paris p o u r suivre, à nouveau, des cours de doctorat en sciences économiques ; cours conjo in tement orga- nisés par l 'Ecole Nationale Supér ieure du Pétrole et des Moteurs (C.E.S.E.P.), l 'Université de Paris II et l 'Université de Dijon.

Par r appor t à la thèse, quelques thèmes sont exclus de l 'ouvrage. Il s 'agit no tamment de l ' approche h is tor ique de la théo- rie de la rente fonçière et de la théorie de la rente minière. Les conclusions principales de cette par t ie h is tor ique sont, cepen- dant, presentées dans l ' in t roduct ion générale de cet ouvrage. Sont aussi exclues, quelques par t ies d 'un long chapi t re sur la rente pétrol ière mondiale, mais, ici aussi, j 'ai gardé les conclu- sions et les résul ta ts principaux.

Pour ses remarques , cr i t iques construct ives, suggestions et l ' inspirat ion qu'il m 'a apporté , je suis t rès reconnaissant au Directeur de la thèse: M. Jean Fericelli, Professeur de Sciences Economiques à l 'Université de Paris II. J ' expr ime également ma grat i tude aux aut res membres du jury de ma thèse : MM. Antoine Ayoub, Professeur à l 'Université Laval et Direc teur du Groupe de Recherche en Economie de l 'Energie et des Ressources nature l les (GREEN), Université Laval, Québec, Canada, Jean-Marie Huriot , Professeur à l 'Université de Dijon, et Bengt-Arne Wickstr0m, Pro- fesseur à Johannes-Kepler Universitàt, Linz, Autriche. Pour des points de vue st imulants, mes remerc iments vont aussi à M. Alberto Seeger, Saeb El Hachem et à mes collègues de l ' Inst i tut d 'Economie de l 'Université de Bergen en Norvège.

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le profi t et le salaire et de moins en moins vers la rente foncière. Puis, lorsque les prix du pétrole ont augmenté en 1973/74, le sur- plus sous la forme de rente est à nouveau devenu important et intéressant . Cependant, cette fois il s 'agissait d 'une rente minière (ou rente de ressource) et d 'un problème de dis t r ibut ion interna- tionale.

Dans la l i t té ra ture on utilise souvent les vielles notions de rente foncière de la théorie classique lorsqu'on traite de la rente pétrolière. On parle, pa r exemple de ressources marginales, de rente différentielle, de marge extensive etc. Mais, même s'il existe des simili tudes évidentes entre le concept de rente foncière et celui de rente minière, ces deux concepts sont quali tat ivement différents. Le concept de rente foncière, pa r exemple, est un con- cept statique, où la dimension temporelle ne joue pas un rôle important . Par contre, pour le concept de rente minière, la dimen- sion temporel le a une importance décisive et une analyse de ce concept devient impossible sans une référence directe aux aspects dynamiques. Donc, on ne peut pas simplement supposer que les résul ta ts obtenus dans la théorie de rente foncière sont aussi valables dans la théorie de rente minière.

Cependant, on peut envisager le concept de rente foncière et le concept de rente minière comme deux cas spéciaux d 'un con- cept général de rente. Le p remie r correspond à une ressource renouvelable qu 'on ne peut pas stocker et le deuxième à une res- source non renouvelable qu 'on peut stocker. Ent re ces deux for- mes de rente on trouve une autre forme intermédiaire : la ressource peut, en partie, être stockée et, en partie, être renouve- lée (p. ex. le poisson, la forêt.)

A notre avis, le concept de rente minière est d 'une telle impor- tance qu'il devrait être le sujet d 'une analyse d'ensemble. Le thème de cet ouvrage est donc le concept de rente minière lié aux ressources non renouvelables.

Étant donné qu'il sera nécessaire de faire des nombreuses références à la théorie de la rente foncière pendant ce travail, il semble ê t re utile de présenter d 'abord les caractér is t iques princi- pales du concept moderne de cette type de rente. Nous donnons, aussi, un cour t aperçu sur le développement historique du con- cept de rente minière.

CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES DU CONCEPT DE RENTE FONCIÈRE

Après la première contr ibut ion essentielle de James Ander- son à la fin du XVIIIe siècle,1 de nombreux économistes ont con-

1. Pou r un aperçu su r le développement de la théorie de la rente foncière, voir J.L. Guigou (1982) ou E.S. Amundsen (1988).

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t r ibué à la théorie de la rente foncière, j u squ ' à ce qu'elle ait pris sa forme moderne telle que présentée, pa r exemple, p a r Ragnar Frisch (1931, 1947) et Paul A. Samuelson (1959). Le concept moderne de rente foncière peut être carac tér i sé p a r les points sui- vants :

Pour David Ricardo la rente foncière étai t la somme que le fermier devait payer au p ropr ié ta i re pour le droi t d 'exploi ter les facultés primit ives et indes t ruct ib les du sol, c 'est-à-dire la valeur des services annuels et répéti t i fs du sol. Généralement , on peut dire que la rente foncière représen te une évaluation, faite p a r le marché, de la valeur située au-dessus du coût d 'exploi ta t ion des services product i fs de la na ture .

L'existence de la rente d 'un fac teur de p roduc t ion est dûe à une rare té dans l 'offre des meil leures uni tés du fac teur (les plus fertiles, celles de la mei l leure qualité, celles possédan t la meil- leure position, celles ayant les coûts de p roduc t ion les plus bas etc.). Un tel fac teur est r a re parce qu'il est impossible de p rodu i re un subst i tu t de ce facteur, soit pa rce que cela est impossible au sens technologique, soit parce que les coûts d 'une telle produc- tion sont t rop élevés. Ainsi, la rente exis tera même dans un équili- bre à long terme (ce qui fait la différence entre la rente pu re et la quasi-rente).

L'existence et la réal isat ion de la rente foncière n ' empèchent pas l 'existence d 'un op t imum parèt ien. Donc, « les lois de la théo- rie du rendement social » sont aussi valables p o u r un économie où se réalise de la rente foncière d 'une maniè re impor tante .

La rente foncière est dé terminée de façon résiduelle. Le pr ix d 'un bien produi t à l 'aide d 'un fac teur rare, n 'es t pas élevé parce que la rente est élevée ; c 'est le con t ra i re qui est le cas.

La rente foncière n 'es t pas un surp lus au-delà des concepts de surplus marshall ien. La rente foncière liée à des facteurs utili- sés dans la product ion d 'un bien est perçue sur le surp lus du pro- duc teur dans la product ion du bien.

L ' impor tance de la rente foncière est dé te rminée par une uti- lisation opt imale dépendant de la forme du marché. Quelquefois ceci implique que les unités du fac teur sont util isées à des fins différentes.

La rente differentielle a t tachée à une unité du fac teur est le surplus situé au-dessus de la rente de l 'unité marginale. L 'unité marginale est la dernière unité qu 'on peut employer de façon pro- fitable. Cette uni té porte no rma lemen t une rente égal à zéro, mais il est possible aussi qu'elle por te une rente positive. Dans ce cas, l 'unité marginale est rare et sa rente représen te une rente de rareté.

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Pour les facteurs por tan t une rente foncière il existe souvent s imul tanément un problème d 'a jus tement intensif (p. ex. sur un seul lopin de terre) et extensif (sur plusieures lopins de terre). Ceci entra îne à la fois une rente différentielle intensive et une rente différentielle extensive.

La rente différentielle peut être dûe à des différences de ferti- lité, de qualité et de position.

En raison des indivisibilités et des discontinuités du coût d'exploitation, de la qualité ou de la position des unités d 'un fac- teur rare, le facteur peut po r t e r une rente de rareté temporaire. Cette type de rente peut d isparaî t re après une augmentat ion de la demande du facteur.

Les unités d 'un facteur, considérées marginales avec une forme de marché, ne sont pas nécessairement marginales avec une au t re forme de marché. Ceci est le cas tant pour l 'ajustement intensif qu'extensif.

Une croissance de la demande entraîne une augmentat ion de la rente foncière, alors que le progrès technique peut ent ra îner soit une augmenta t ion soit une réduction de cette rente.

Même si le facteur por t eu r d 'une rente est parfa i tement iné- lastique à l 'offre (élasticité-prix égale à zéro), il peut arr iver qu 'un bien, p rodui t au moyen de ce facteur, possède une élasticité-prix s t r ic tement positive par rappor t à l'offre.

Même si l 'offre totale d 'un facteur est parfa i tement inélasti- que, l 'offre de ce facteur à des fins différentes peut être élastique.

Si toute la rente est liée à la product ion des services d 'un capi- tal naturel , alors la valeur de ce capital est déterminée comme étant la valeur actual isée de toutes les rentes foncières futures (lorsque tous les marchés du capital sont parfai ts et lorsqu'il n'y a pas d' incertitude).

On peut suppr imer toute la rente foncière par la fiscalité, sans influencer l 'offre du facteur. La manière dont on le fait peut avoir, cependant, des conséquences sur l 'allocation des res- sources.

DÉVELOPPEMENT DU CONCEPT DE RENTE MINIÈRE

Le développement du concept de rente minière est confondu avec le développement du concept de rente foncière, et témoigne d 'une his toire beaucoup plus courte que le concept correspon- dant de rente foncière. En fait, la contr ibut ion principale de la période classique et de la première période qui a suivi la révolu- tion marginaliste, était de souligner le fait qu'il y a une différence entre le concept de rente minière et celui de rente foncière. C'est d ' abord avec Lewis C. Gray (1913,1914) qu 'a commencé une

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analyse sérieuse du concept de rente minière, qu 'Haro ld Hotel- ling (1931)1 devait poursuivre plus tard. La théor ie d ' un usage extensif des mines ou des gisements de minerais , débu ta avec l 'article célèbre de Herf indahl de 1967?

Dans la période classique, Adam Smi th avait in t rodui t un concept de rente assez large incluant une grande par t ie des biens de la nature; et il t ra i ta la rente minière sur le même plan que la rente foncière? Par exemple, dans « The Weal th of Nat ions », à propos d 'un problème d 'augmenta t ion de la demande de bois en Europe, il dit que la demande de bois et le prix élevé qui en résul te a provoqué le pa iement d 'une rente su r les forêts en Norvège, rente qui ne devait pas être versée auparavant . Ce t r a i t emen t de la rente a été vivement cr i t iqué p a r David Ricardo5 qui observai t que dans le cas rappor té p a r Adam Smith, la compensa t ion étai t versée pour la l iberté d 'enlever et de vendre le bois et non p o u r la faculté de p lan te r de nouveaux a rb re s (c'est-à-dire p o u r les facultés primit ives et indes t ruct ib les du sol.)

Ce que David Ricardo perçoit? donc, c 'est que la rente fon- cière est un pa iement pour les services du sol p o u r une pér iode donnée, alors que la rente minière est le pa iement p o u r la consom- mation d 'un capital cons t ru i t p a r la na ture .

1. Il existe aussi une con t r ibu t ion de Gustav Cassel (1929). Cf la référence dans G. Gaudet(1983, p. 21).

2. Pour un ape rçu su r le développement de la rente minière et la « rente de forêt », voir P. Crabbé (1983, pp. 195-220).

3. Il par le ainsi de rente de « skin of an imais for c loa th ing », « bui ld ing mate- rials », « precious stones » etc. C'est seu lement dans la deuxième moi t ié du XIXe siècle, à l 'époque de la révolut ion marginal is te , qu 'on a commencé à ut i l i ser un concept ainsi étendu. Cf. J.A. S c h u m p e t e r (1954, p. 937).

4. Adam Smith fait auss i l 'observat ion évidente, mais non sans impor tance , que l 'existence d 'une ren te p o u r une mine de cha rbon ne dépend pas seu lement de la ferti l i té de la mine, mais aussi de sa « s i tuat ion » (c'est-à-dire de sa localisa- tion). C'est clair que les coûts de t r a n s p o r t re la t ivement élevés p a r r appor t à la valeur du charbon, peuvent t r a n s f o r m e r des mines r iches et fer t i les en mines marginales. Cf. A. Smith (1976 (1776), p. 182).

5. D. Ricardo (éd. 1971 (1817), pp. 91-92). Cf. aussi, Chapi t re XXIV « Doctr ine of Adam Smith Concerning the Rent of Land » pp. 324-333.

6. Mais ce qui por te à confusion, c 'est que Ricardo (« Principles.. . », p. 108) semble avoir oublié ses p ropres object ions lorsqu' i l dit :« Les mines ainsi que la te r re r appor t en t en général une rente à leur propr ié ta i re ; . . . Le r endemen t du capital de la mine la plus pauvre qui ne r appo r t e pas de ren te p o u r r a i t servir à régler la rente de toutes les au t res mines plus product ives . On suppose que cet te mine r appor te les profi ts ord ina i res su r le capital. Tout ce que les au t r e s mines produisent en plus de cela, sera nécessa i rement payé au p rop r i é t a i r e sous forme de rente. Ce pr inc ipe é tant p réc i sément le même que celui que nous avons posé p a r r appor t à la terre, il sera i t inuti le de nous y a r r ê t e r davantage ». C'est-à-dire que Ricardo semble ut i l iser le concept de rente minière exacte- ment de la même manière qu 'Adam Smith. Su r ce point, voir aussi L.C. Gray (1914, p. 482).

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C ' e s t l à e n f a i t u n e o b s e r v a t i o n f o r t p e r s p i c a c e p o u r l ' é p o q u e e t q u ' A l f r e d M a r s h a l l ' n e p o u v a i t q u e r é p é t e r q u e l q u e c e n t a n s

p l u s t a r d . M a r s h a l l f a i t a i n s i u n e d i s t i n c t i o n e n t r e « r e n t e » ( r e n t e f o n c i è r e ) e t « r o y a l t y » ( r e n t e m i n i è r e ) 2 o ù c e t t e d e r n i è r e ' » ...

e l l e - m ê m e p e r ç u e s u r u n e t o n n e d e c h a r b o n , l o r s q u ' o n l ' a f i x é e a v e c p r é c i s i o n , r é p r é s e n t e l a r é d u c t i o n d e l a m i n e c o n s i d é r é e

c o m m e u n e s o u r c e d e r i c h e s s e d a n s le f u t u r , r é d u c t i o n q u i e s t

p r o v o q u é e p a r l ' e x t r a c t i o n d ' u n e t o n n e ( d e c h a r b o n ) d e l ' e n t r e p ô t d e l a n a t u r e l » D o n c , il s e m b l e q u e , p o u r M a r s h a l l , l a r o y a l t y e s t

u n e s o r t e d e c o û t d ' u s a g e m a r g i n a l , q u i r e f l è t e l e c o û t à l o n g t e r m e p o u r o b t e n i r u n e n o u v e l l e u n i t é d e l a r e s s o u r c e ( p . e x . p a r

e x p l o r a t i o n ) . C e c i c o r r e s p o n d b i e n a u c o n c e p t t h é o r i q u e d e

r o y a l t y , d é v e l o p p é p a r L .C . G r a y e t p l u s t a r d H . H o t e l l i n g .

C e p e n d a n t , M a r s h a l l s e m b l e u t i l i s e r l e t e r m e « r o y a l t y »

a u s s i d ' u n e f a ç o n p l u s p r a t i q u e . P a r e x e m p l e , c e c i e s t le c a s l o r s q u ' i l d i t q u e le p r o d u c t e u r d ' u n e m i n e p e r ç o i t h a b i t u e l l e m e n t

à l a f o i s u n e r o y a l t y e t u n e r e n t e , c a r « le p r o p r i é t a i r e d é s i r e r e c e - v o i r l a r o y a l t y s a n s r e t a r d e x a g é r é : 1 » V r a i s e m b l a b l e m e n t , M a r s -

h a l l a v a i t a u s s i p r é s e n t à l ' e s p r i t l e c o n c e p t p r a t i q u e d e r o y a l t y

l o r s q u ' i l d i s a i t q u e « ... b i e n q u e l a r e n t e n ' e n t r e p a s d i r e c t e m e n t

d a n s l e s d é p e n s e s p a y é e s , l a r o y a l t y m i n i m u m e n t r e d i r e c t e m e n t d a n s l e s d é p e n s e s p a y é e s p o u r c h a c u n e d e s p a r t i e s d u p r o d u i t ,

q u ' i l s o i t m a r g i n a l o u n o n ? » S u r c e p o i n t L e w i s C. G r a y p e n s e a u t r e m e n t .

L e w i s C. G r a y c o m m e n c e s o n a r t i c l e c é l è b r e ( c ' e s t - à - d i r e

c e l u i d e 1 9 1 4 ) p a r u n e c r i t i q u e d u v i e u x p o i n t d e v u e r i c a r d i e n

s e l o n l e q u e l l a r e n t e e s t l e p a i e m e n t p o u r l e s p o u v o i r s « i n d e s t r u c -

t i b l e s e t o r i g i n a u x » d e l a t e r r e . P u i s , il c o n t i n u e p a r u n e c r i t i q u e

d u p o i n t d e v u e p o s t é r i e u r d e J o h n C o m m o n s 7 e t d ' A l f r e d M a r s -

1. Sur l'une des premières contributions à la notion de rente de rareté tem- poraire pour les mines, voir J.S. Mill (1965 (1871), pp. 492-493).

2. A. Marshall (1961 (1920), p. 438). : « Les principes » (c'est-à-dire les princi- pes de la rente foncière) » ne sont pas applicables aux mines... Une royalty n'est pas une rente, bien qu'on l'appelle souvent ainsi. Car, sauf lorsque les carrières, etc... sont pratiquement inépuisables, on doit considérer l'excédent de leur revenu au-dessus de leurs dépenses directes au moins en partie comme le prix obtenu pour la vente de biens stockés - stockés évidemment par la nature — mais qui sont considérés à présent comme propriété privée... » Ici, J. A. Schumpeter (op. cit., p.935) fait la critique de Marshall pour penser que la royalty n'est pas une rente. Selon Schumpeter, il y a aucune raison pour utiliser un autre terme pour la rente minière comme pour les autres « cadeaux de la nature ». Sur ce point voir aussi, L.C. Gray (1914 p. 484).

3. Cf A. Marshall op. cit. p. 438. 4. En discutant les quasi-rentes, Marshall (op. cit., p. 427) observe qu'il y a

une ressemblance entre la royalty et le coût de « wear and tear » qu'il est néces- saire de soustraire avant de calculer les quasi-rentes. Voir aussi B. Gibson ( 1984).

5. A. Marshall op. cit., p. 438. 6. Ibid., p. 439 (note). 7. L. C. Gray (1914, p. 467).

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hall selon lesquels, en réalité, c 'est la carac té r i s t ique originale d'« extension » de la te r re qui rappor te une rente. Gray, tout parti- culièrement, ne voit pas pourquoi l ' indest ruct ibi l i té est une con- dition sine qua non à la rente. Gray semble pense r que ceci devrai t exclure l 'ut i l isation du te rme « rente » sur l ' ext ract ion des miné- raux, puisque l 'extract ion est un acte de des t ruc t ion et qu 'une mine ne peut être ramenée à son état d 'origine une fois exploitée!

Alors, Gray décide d 'ut i l iser le t e rme de rente aussi p o u r les mines, mais il r emarque que la doctr ine de rente doit être considé- rablement revue à cause de la carac té r i s t ique capi tale d 'un gise- ment minéral . Comme il lustrat ion, Gray donne un exemple concret d 'extract ion d 'une mine de cha rbon et il mon t r e que le propr ié ta i re a r rê t e ra son extract ion avant d ' a t t e indre le point où la dernière unité des dépenses sera égale à la va leur p rocurée p a r l ' augmentat ion de l 'extraction. La ra ison en est que le proprié- taire d 'une mine peut r eme t t r e à plus t a rd l 'extract ion et, ainsi, que l 'extract ion au jourd 'hu i a un coût d 'oppor tun i té (ou coût d'usage) en terme d 'ext rac t ion future? Donc, même en concur- rence parfai te il y a un surp lus positif à la marge intensive. Il est impor tan t de noter que Gray semble pa r l e r ici d 'une marge inten- sive séparée pour chaque pér iode de temps et pas seulement de la marge intensive à la fin de l 'exploitat ion de la mine. Cependant, Gray n 'a pas bien mont ré quelle est la re lat ion entre la marge intensive et la rente. Il f aud ra a t t endre l 'art icle qui ouvre d ' au t res voies, celui de Harold Hotelling.

Dans son article, Gray fait aussi quelques r emarques à pro- pos de la marge extensive. Il dit3 : « Si nous ne considérons plus les conditions qui dé te rminent la marge intensive de l 'uti l isation, mais considérons celles qui dé te rminen t la marge extensive, le changement de la supposi t ion concernant l ' épuisement ne change pas beaucoup la formule de Ricardo. Il est p robable qu 'une extension de la marge a lieu à chaque fois qu 'une telle extension est suffisante pour couvr i r les frais d 'extract ion. Bien qu'il existe un surplus à la marge intensive, il n'y en a u r a pas à la marge extensive ». Alors, Gray considère comme la marge extensive une mine qui ne r appor t e aucune rente. Mais il y a un problème d ' in te rpré ta t ion dans la dern ière phrase de la citation. Il n ' appara î t pas c la i rement s'il par le de la marge intensive dans une mine extensivement marginale ou de la marge intensive dans des mines infra-marginales. Evidemment , la première interpréta- tion semble impl iquer une contradict ion. Comment pourrai t- i l

1. Cependant, on peut dire que le pouvoir de la na tu re p o u r c rée r des miné- raux est intact ; c 'est le capital des miné raux qui est détrui t .

2. Cf. L. C. Gray (1914, p. 471). 3. Ibid., p. 480. :

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n ' y a v o i r a u c u n e r e n t e d a n s u n e m i n e e x t e n s i v e m e n t m a r g i n a l e l o r s q u ' i l y a d e s r e n t e s p o s i t i v e s s u r s e s m a r g e s i n t e n s i v e s ? B i e n

s û r , u n e m i n e m a r g i n a l e n e p e u t a v o i r d e r e n t e s p o s i t i v e s à s e s m a r g e s i n t e n s i v e s ; c a r e l l e n e s e r a i t a l o r s p l u s m a r g i n a l e . Il e s t

i n t é r e s s a n t d e r e m a r q u e r q u ' u n p r o b l è m e i d e n t i q u e d ' i n t e r p r é t a - t i o n , s u r g i t à p r o p o s d u m ê m e s u j e t d a n s u n e c o n t r i b u t i o n b e a u -

c o u p p l u s r é c e n t e d e C h a r l e s H o w e (1979) . N o u s r e v i e n d r o n s p l u s t a r d s u r c e p r o b l è m e !

C e p e n d a n t , l ' o p i n i o n d e G r a y s e m b l e ê t r e c o r r e c t e l o r s q u ' i l c r i t i q u e G . S o r e l y ; A . W . F l u x e t A . M a r s h a l l . C e s d e r n i é r s s e m -

b l e n t p e n s e r q u ' u n e m i n e m a r g i n a l e r a p p o r t e u n e r o y a l t y p o s i - t i v e , m a i s p a s d e r e n t e . E n e f f e t , G r a y c r i t i q u e i c i l ' i d é e g é n é r a l e d e l ' é p o q u e s e l o n l a q u e l l e l e s u r p l u s d ' u n e m i n e d o i t ê t r e d i v i s é

e n d e u x : u n e p a r t i e r o y a l t y c o r r e s p o n d a n t à u n « m o n t a n t d e

d é p r é c i a t i o n »3 e t u n e r e n t e c o r r e s p o n d a n t à l ' i n t é r ê t s u r l e c a p i - t a l d e l a n a t u r e l P o u r G r a y l a v a l e u r d ' u n e m i n e e s t : « d û e a u

f a i t q u ' e l l e r a p p o r t e u n r e v e n u n e t a u - d e s s u s d e s d é p e n s e s o c c a - s i o n n é e s p a r l ' e x t r a c t i o n »' L e c h a r b o n i n s i t u a u n e v a l e u r

p a r c e q u ' i l p e u t ê t r e e x t r a i t a v e c u n s u r p l u s . C ' e s t - à - d i r e , q u e le

c h a r b o n d a n s l a m i n e m a r g i n a l e q u i n e r a p p o r t e p a s d e r e n t e , n ' a

p a s d e v a l e u r q u i p e u t s e r v i r c o m m e b a s e d ' u n e r o y a l t y .

P o u r t e r m i n e r , G r a y a b o r d e a u s s i l a q u e s t i o n d e s a v o i r s i l e s

r o y a l t i e s e n t r e n t d a n s l e p r i x d ' o f f r e d u p r o d u i t d ' u n e m i n e . C e t t e

q u e s t i o n e s t u n p a r a l l è l e d e l a q u e s t i o n c l a s s i q u e 6 d e s a v o i r s i l a

r e n t e f o n c i è r e d é t é r m i n e le p r i x d u p r o d u i t d e l a t e r r e . S u r c e

p o i n t , G r a y , c o n t r a i r e m e n t à M a r s h a l l , c o n c l u t q u e l e s r o y a l t i e s

n ' e n t r e n t p a s d a n s l e p r i x d ' o f f r e , b i e n q u ' i l r e c o n n a î t q u e l a f a ç o n

d o n t l e s r o y a l t i e s s o n t p r é l e v é e s s u r l a m i n e d o i t e n i n f l u e n c e r s o n

e x p l o i t a t i o n :

1. Cf. Chapi t re 1, par t ie 5.6.1. Sur ce point voir aussi les conclusions de J. Desrousseaux (1966, pp. 370-372).

2. L.C. Gray op. cit., p. 481. 3. Cette idée générale est notament présente chez Bohm-Bawerk qui divise le

revenu bru t d 'un bien durable (non-infini) en deux parties, un « montant de dépré- ciation » et un intérêt sur le capital investi. Voir aussi, P. Crabbé (1983 p.201 et p.207).

4. Gray écri t : « La véri table rente, en effet, dans le présent n 'est pas simple- men t ce m o n t a n t o (c'est-à-dire la rente dans le sens d ' intérêt , E.S.A.) « elle est p lu tô t tout le su rp lus qui est dé terminé p a r la différence entre le produi t brut à l 'heure actuelle et les frais de product ion. On peut dire que l'on peut très bien appeler ce « mon tan t de déprécia t ion », une royalty. Cela est vrai. La seule objec- tion que l 'on peut faire est qu 'on utilise le t e rme de rente pour désigner un résidu après avoir effectué la sous t rac t ion du montan t dit royalty du rendement total. » Ibid., p. 484. Cf aussi F.W. Taussig (1946, p. 140).

5. Ibid., p. 481. 6. Cf. la controverse en t re D. Ricardo et T.R. Malthus. Voir p. ex. Amundsen

(1988). 7. Gray écrit : « L 'étude de l ' incidence des taxes sur les mines montre claire-

ment que la royalty n 'est pas nécessa i rement une par t ie du prix d'offre. La rente totale et une par t ie de la royalty peuvent être prises sans affecter l 'offre à condi-

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E n 1931, l a t h é o r i e d e l a r e n t e m i n i è r e e t l a t h é o r i e d e l ' e x t r a c -

t i o n o p t i m a l e d e r e s s o u r c e s é p u i s a b l e s f i r e n t u n g r a n d b o n d e n

a v a n t a v e c l a p u b l i c a t i o n d e l ' a r t i c l e » T h e E c o n o m i c s o f E x h a u s - t i b l e R e s s o u r c e s » d e H a r o l d H o t e l l i n g . L ' a n a l y s e d a n s c e t a r t i c l e

é t a i t b i e n s u p é r i e u r e à c e l l e f a i t p a r L e w i s C. G r a y , m a i s e l l e é t a i t

p e u t - ê t r e m o i n s r é a l i s t e s u r t o u t e n c e q u i c o n c e r n e l e s h y p o t h è - s e s f a i t e s s u r l a s t r u c t u r e d u c o û t d a n s l e s m i n e s . E n f a i t , H o t e l -

l i n g n ' a p a s f o r m u l é d u t o u t d e s t r u c t u r e s p é c i f i q u e d u c o û t m a i s

il f a i t s o n a n a l y s e e n n e c o n s i d é r a n t q u e l e p r i x n e t , c ' e s t - à - d i r e

le p r i x r e ç u a p r è s a v o i r p a y é l e c o û t d e l ' e x t r a c t i o n e t l e t r a n s p o r t

j u s q u ' a u m a r c h é '

L e s p r i n c i p a u x r é s u l t a t s d e c e t a r t i c l e , s o n t l e s s u i v a n t s : E n

p r e m i e r l i e u , il a m o n t r é a v e c r i g u e u r l e c r i t è r e d e l a v a l e u r a c t u a -

l i s é e c o n s t a n t e d u p r i x n e t — o u p l u s g é n é r a l e m e n t — d e l a v a l e u r

a c t u a l i s é e c o n s t a n t e d u p r o f i t m a r g i n a l à c h a q u e m o m e n t d e l a

p é r i o d e d ' e x t r a c t i o n , p o u r u n e e x t r a c t i o n o p t i m a l e d ' u n e r e s -

s o u r c e é p u i s a b l e . D e u x i è m e m e n t , il a m o n t r é l a c o r r e s p o n d a n c e

d e l a s o l u t i o n e n t r e u n p r o b l è m e d ' o p t i m i s a t i o n s o c i a l e e t c e l u i d ' u n e é c o n o m i e c o n c u r r e n t i e l l e . T r o i s i è m e m e n t , il a m o n t r é l a

c o n d i t i o n d ' u n e e x t r a c t i o n o p t i m a l e e n c o n d i t i o n d e m o n o p o l e e t

il a m o n t r é q u e l a p é r i o d e d ' e x t r a c t i o n e n m o n o p o l e e s t p l u s l o n -

g u e q u e c e l l e e n c o n c u r r e n c e p a r f a i t e a v e c d e s h y p o t h è s e s s p é c i f i -

q u e s . Q u a t r i è m e m e n t , il a é t u d i é l e s c o n s é q u e n c e s d e s t a x e s s u r l ' e x t r a c t i o n o p t i m a l e e t c i n q u i è m e m e n t , il a a u s s i é t u d i é d ' a u t r e s

c a s t e l s q u e l e d u o p o l e e t l e p r o b l è m e d e s d i s c o n t i n u i t é s d a n s l a p r o d u c t i o n .

L e t r a v a i l d e H o t e l l i n g s e m b l e a v o i r d e v a n c é c o n s i d é r a -

b l e m e t s o n é p o q u e . C a r e n e f f e t , c e n ' e s t q u e v e r s l a s e c o n d e

m o i t i é d e s a n n é e s 5 0 q u e l ' o n v o i t à n o u v e a u a p p a r a î t r e u n e

l i t t é r a t u r e s u r l a t h é o r i e d e s r e s s o u r c e s é p u i s a b l e s ? D u r a n t l e s a n n é e s 6 0 o n v e r r a d e s n o u v e l l e s c o n t r i b u t i o n s , m a i s e l l e

n e s o n t p a s e n c o r e n o m b r e u s e s . P a r m i c e l l e s - c i o n d e v r a m e n -

t i o n n e r : B a r n e t t e t M o r s e (1963 ) , D e s r o u s s e a u x ( 1 9 6 6 ) , H e r f i n d a h l

(1967 ) , S c o t t ( 1967 ) , G o r d o n ( 1 9 6 7 ) , S m i t h ( 1 9 6 8 ) e t C u m m i n g s (1969) . P u i s , a u c o u r s d e s a n n é e s 7 0 o n v o i t u n f o i s o n n e m e n t

d ' a r t i c l e s d a n s le d o m a i n e d e l ' é c o n o m i e d e r e s s o u r c e s . D e s

r é f é r e n c e s f r é q u e n t e s à n o m b r e d e c e s a r t i c l e s s e r o n t d o n n é e s

d a n s l e s c h a p i t r e s s u i v a n t s e t n o u s n ' a l l o n s p a s l e s t r a i t e r i c i p l u s e n d é t a i l .

t ion que ce soit fait de telle manière que la re la t ion en t re le revenu net de la pro- duct ion présente et celui de la p roduc t ion fu ture ne soit pas affectée. » L.C. Gray (1914, p. 488).

1. Haro ld Hotelling cons idéra i t auss i les effets de stock su r le prix. Cepen- dant, cette s t ruc tu re du coût se cachai t dans la fonction du prix-net.

2. O.C. Herf indahl (1955)

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OBJET ET PLAN DE L'OUVRAGE

Nous nous proposons d 'analyser le contenu du concept de rente minière sous différentes formes de marché en nous appuyant sur la théorie économique des ressources non renouve- lables. Sur cette base, nous nous proposons d'évaluer la rente minière at tachée aux ressources du pétrole b ru t du monde. A par- t ir de ce propos essentiel, on pou r r a dist inguer plusieurs points annexes :

— dél imiter le concept de rente minière pa r rappor t aux autres concepts de rente et de surplus (par exemple le concept stati- que de rente foncière, le surplus du producteur , le surplus du consommateur) .

— cont r ibuer à l 'analyse dans les domaines de la théorie écono- mique des ressources non renouvelables, là où il est néces- saire pour pouvoir réal iser une analyse complète du concept de rente minière. Il s'agit, pa r exemple, des contr ibutions dans les domaines suivants : investissement optimal dans un gise- ment d 'une ressource non renouvelable, analyse de plusieurs gisements, s i tuation de monopole et prise en compte de l ' incert i tude.

— proposer et appl iquer des modèles numér iques pour les diffé- rentes formes du marché en tenant compte du secteur du raffi- nage et des marchés des produi ts pétroliers. L'objet ici est de calculer les différents types de rente pétrolière.

Dans le chapi t re 1, on présen te ra un modèle d'analyse du con- cept de rente por tan t sur un seul gisement d 'une ressource épui- sable (« rente intensive »). Il est assez impor tant que le modèle tienne compte du plus grand nombre d 'éléments de coût qui inter- viennent dans la vie réelle, pour éviter des conclusions erronées en ce qui concerne la rente minière et la rareté de la ressource.

Dans le chapi t re 2, on t ra i tera le concept de rente minière dans l 'analyse de plusieurs gisements (« rente extensive » et « marginal i té »). On t ra i te ra aussi la question de savoir comment les changements dans la demande et le progrès technique influen- cent la rente minière.

La rente de monopole sera le thème du chapitre 3. On fera une analyse tant pour un seul gisement que pour plusieurs gisements, et on confrontera les résul ta ts aux solutions correspondantes dans la si tuation de concurrence parfaite. On t ra i tera aussi le concept de marginal i té en condit ion de monopole.

Le concept de rente sous d 'aut res formes de marché possède des caractér is t iques tant du concept de rente de concurrence par- faite que de celui de monopole. Ceci sera le thème du chapitre 4. Dans ce chapitre, le problème de compréhension du concept de rente dans l ' incertain fera aussi l 'objet d 'une discussion.

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Le chapi t re 5 se tourne vers le calcul de la rente pétrolière, celle qui est réalisée au cours d 'une année donnée comme celle qui est liée à l 'ensemble des ressources de pétrole b r u t du monde « non socialiste ». Il est impor tan t de noter que les calculs sont faits à par t i r des modèles types de la théorie économique des res- sources non renouvelables pour différentes formes du marché. Il est aussi impor tan t de noter qu 'on prend en compte le fait que la demande de pétrole b r u t est dédui te de la demande des pro- duits pétrol iers via le secteur du raffinage.

A chaque chapitre, une in t roduct ion p résen te ra les grandes lignes du chapi t re et une conclusion rassemble ra les résul ta ts les plus importants .

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CHAPITRE 1

Rentes intensives

1. INTRODUCTION

Dans ce chapitre, nous considérons les rentes liées à un seul gisement d'une ressource non renouvelable en équilibre concur- rentiel. En comparant avec la littérature existant sur ce sujet (e.g. Howe (1979), Fisher (1979), Devarajan et Fisher (1982), Yückel (1989)), nous chercherons à identifier les différentes composantes de la rente pour étudier leurs relations réciproques et leur déve- loppement. Dans ce but, nous construirons un modèle d'extrac- tion optimale des ressources. Pour éviter des résultats érronés, il est important que la structure du coût dans le modèle se rappro- che le plus possible de la réalité' Dans la mesure où les éléments et les résultats d'un tel modèle n'existent pas encore dans la litté- rature, nous essayerons de contribuer à la construction d'un tel modèle.

Tout d'abord, nous procéderons à une comparaison de la pro- duction agricole avec celle de la ressource non renouvelable et nous chercherons à identifier les similitudes et les différences ayant de l'importance pour la théorie de la rente miniè re. Nous prendrons un gisement pétrolier comme représentatif d'un gise- ment d'une ressource non renouvelable.

Dans une 2e partie, nous discuterons la structure du coût incluant le concept de coût d'usage. Dans la 3e partie on formu-

1. Par exemple, on considère souvent des modèles ayant des coûts d'extrac- tion constants à l'unité . En mesurant la rente d'anticipation d'épuisement (mar- ginale) de la ressource comme le coût d'usage marginal (cf. la discussion dans chapitre III 5.4.),on arrive à la conclusion que la rente augmente au fur et à mesure qu'on se rapproche de l'épuisement du gisement (cf Webb et Ricetts (1980, p.39). Donc, une rente croissante par rapport au temps est ce qu'on peut attendre pour la ressource épuisable. Cependant, cette conclusion repose sur l'idée de coûts d'extraction constants à l'unité. En réalité, en raison des effets de stock et de l'existence d'un prix back-stop, le contraire peut être vrai ; le coût marginal d'usage peut diminuer avec le temps.

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l e r a u n m o d è l e d ' e x t r a c t i o n o p t i m a l e des r e s s o u r c e s qu i i n c l u t les c a r a c t é r i s t i q u e s les p l u s i m p o r t a n t e s d u coû t . D a n s la d e r n i è r e p a r t i e de ce c h a p i t r e o n p r o c é d e r a à l ' a p p l i c a t i o n de ce m o d è l e .

2. NATURE DE LA PRODUCTION PÉTROLIÈRE COMPARÉE A CELLE DE LA PRODUCTION AGRICOLE.

2.1. Simil i tudes

On constate que les gisements pétroliers ont une importante caractér is t ique en commun avec la terre : ils sont at t r ibués libre- ment pa r la na ture et ce, en quanti té limitée. Pour cette raison, l ' approvis ionnement de la na ture en gisements de pétrole est tout à fait indépendant du prix, bien que l ' intensité avec laquelle ces gisements sont exploités dépende é t roi tement du prix du pétrole. Ceci est, bien sûr, la base de la rente dans la product ion pétro- lière, comme il en est de la product ion agricole.

De plus, les gisements de pétrole n 'ont à la base aucune autre al ternat ive d 'ut i l isat ion que d ' ê t r e utilisés pour la product ion pétrolière. Néanmoins, la product ion pétrolière peut entrer en concurrence avec d 'aut res usages productifs des terrains où se t rouvent les gisements, pa r exemple avec l 'agriculture ou la pêche.

Le coût d 'extract ion peut varier considérablement d 'un gise- ment à l ' au t re en fonction de la profondeur à laquelle sont situés les gisements, des caractér is t iques d ' é c o u l e m e n t etc. Donc, la « fertili té » des gisements de pétrole peut varier exactement comme celle de la terre.

Les gisements sont différents aussi en ce qui concerne la « qualité » (densite du pétrole, contenu en soufre, impuretés dans le pétrole etc.).

De plus, exactement comme pour la terre, la « situation » des gisements de pétrole peut varier. Certains gisements sont pro- ches du marché , d ' au t res en sont éloignés. La distance jusqu 'au marché peut donc en par t ie dé te rminer la rentabili té de l'exploi- tat ion d 'un gisement.

Ces différences de « fertilité », de « qualité », et de « situa- tion » sont donc la base de la rente différentielle de la production pétrolière.

2.2. Différences

Comme Ricardo .l'a souligné, et plus ta rd Marshall, un stock de minéraux ou d 'hydro-carbones in-situ est en réalité, de cette manière, un stock de capitaux amassé p a r la nature. C'est pour- quoi la théorie du capital s'y applique et, pour cette raison, l 'aspect-temps est spécialement important . L'exploitation d'un

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gisement de pétrole implique une réduct ion du capi tal pé t ro l ie r in-situ jusqu 'à ce que le gisement soit épuisé ou non rentable. Dans la product ion agricole ce sont les services du sol qui sont exploités et, en principe, l 'exploitat ion peut con t inuer éternelle- ment. Dans un monde s ta t ique non doté de progrès, la p roduc t ion sur un sol agricole est répéti t ive et ident ique d 'année en année. Mais, lorsqu'i l s 'agit d 'une ressource épuisable, l ' ext ract ion n 'est pas constante dans le temps, même dans des condit ions stat iques. On a donc un besoin addi t ionnel de concepts de rente couvrant toute la pér iode de product ion.

La quant i té l imitée de pétrole et son exploi tat ion continuel le imposent que le prix de celui-ci doive tôt ou t a rd augmen te r en raison d 'une rare té croissante, même dans un univers s ta t ique où la demande ne croît pas. Ce processus est, bien sûr, con t reca r ré p a r le progrès technique réduisan t le coût, ainsi que p a r de nou- velles découvertes de gisements de pétrole. Dans l 'univers ricar- dien ou malthusien, c 'é taient l ' accro issement de la popula t ion et l ' augmentat ion de la p roduc t ion agricole qui à leur tour occasion- naient une augmenta t ion des prix, ainsi que des rentes de plus en plus élevées sur les mei l leures terres .

L'aspect capital du pétrole in-situ implique donc qu'il y ait un problème in ter tempore l sur le fait de dé t e rmine r quand et quelle quant i té de pétrole on doit extraire . Ce prob lème n 'es t pas présent dans la théorie classique de la rente foncière.

L 'ampleur et la diversité dans le t emps de la p roduc t ion pétrol ière implique donc le problème de savoir comment définir ce qu 'on entend p a r marge intensive. Dans la p roduc t ion agricole, la marge intensive est donnée par la dern ière dose de capi tal et de travail dans le processus de p roduc t ion annuelle. Dans la pro- duction pétrolière, il y a beaucoup de marges intensives au cours de la vie du gisement pétrolier . Et, tandis que la marge intensive dans la product ion agricole est cons tante dans le temps dans une économie statique, la marge intensive dans la p roduc t ion pétro- lière changera dans le temps.

Il y a aussi une différence en ce qui concerne la marge exten- sive. Dans l 'agriculture, la marge extensive va coexister avec la product ion sur les t e r ra ins infra-marginaux. Dans la product ion pétrolière, pa r contre, il y a un prob lème de succession des gise- ments. Il peut ê t re opt imal d 'exploi ter seulement quelques gise- ments à la fois et de r epo r t e r à plus t a rd l 'exploitat ion des gisements les moins rentables. Donc, à un m o m e n t donné, tous les gisements exploités doivent ê t re infra-marginaux et ils ont tous des rentes positives.

Enfin, la product ion pétrolière, et spécia lement la produc- tion pétrol ière off-shore, est caractér isée p a r des invest issements

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2. Rente sous d 'aut res formes de marché 145

2.1. Modèles microéconomiques 146 2.2. Calculs de la rente totale cumulée dans des

modèles microéconomiques 152 2.3. Modèles macroéconomiques et modèles de

type polit ico-économique 160

3. Incer t i tude et rente 163

3.1. Li t téra ture existante 165 3.2. Incer t i tude dans le sec teur pé t ro l ie r 166 3.3. Risque per t inent et non-per t inent 167 3.4. Impor tance des marchés de capi taux parfa i t s 168 3.5. Rentes intensives dans l ' incertain 171 3.6. Rentes extensives et marginal i té dans l ' incer-

tain 178

5. Conclusion 186

CHAPITRE V - Rente pétrol ière et sec teur du raff inage mon- dial 189

1. In t roduct ion 189

2. Modèle 190

2.1. Types de marché, var iables endogènes, varia- bles exogènes et relat ions exogènes 191

2.2. Régions, types de bruts , types de p rodu i t s et types de raffinage 192

2.3. Relations du modèle 194

3. S t ruc tu re de la rente pétrol ière en 1986 203

3.1. Solution d 'équil ibre 203 3.2. Rente pétrol ière périodique, rente de position,

rente de qualité, rente de ferti l i té différentielle et rente de rare té ins tantanée 204

4. Progrès technique dans le secteur du raffinage . . 208

5. Rentes totales cumulées dans le monde 209

5.1. Évolution de la demande et s t ruc tu re du coût 210 5.2. Concurrence p a r i t é . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212

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5.3. Monopole 215 5.4. Solution «cohérente dynamique» 216

6. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217

Annexe 219

Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221