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Tissus coptes des Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles (don Demulling) Le 23 mai 2004, les Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles ont reçu, par l’entremise de la Fondation (entre-temps renommée Associa- tion) Égyptologique Reine Élisabeth, un lot d’une vingtaine de tissus cop- tes acquis en Égypte par feu Albert Demulling. Ces objets ont été inscrits à l’inventaire des Musées le 10 janvier 2005, sous les n os E. 9598-9622∞∞( 1 ). Sans attendre la publication scientifique de l’ensemble, il a paru utile d’évoquer la personnalité du collectionneur qui avait réuni ces tissus et de fournir une présentation sommaire de ces derniers∞∞( 2 ). I. ALBERT DEMULLING, INDUSTRIEL ET MÉCÈNE Albert Demulling (FIG. 1) est né à Paris en 1884, d’un père luxembour- geois et d’une mère belge. Diplômé de l’«École d’Électricité et de Méca- nique industrielles» connue sous le nom d’«École Violet», il s’engage, vers 1905, dans la Marine Nationale française. Cette expérience, qui le mène jusqu’en Extrême-Orient, contribue à développer en lui le goût des voyages lointains∞∞( 3 ). Libéré du service, A. Demulling se consacre un temps au sport auto- mobile, domaine pour lequel il conservera également une vive prédilec- tion. Dès 1907, il trouve un emploi dans l’industrie sucrière: il rejoint l’équipe, alors en pleine réorganisation, de la «Société Générale des Sucreries et de la Raffinerie d’Égypte», dont le Directeur Général est le Belge Henri Naus (1875-1938)∞∞( 4 ). D’abord affecté à l’usine de Kôm ALAIN MARTIN ET MARGUERITE RASSART-DEBERGH 375 (1) Le n o d’Inv. E. 9623 a été attribué à de menus débris de cartonnage peint, offerts en même temps que les étoffes. (2) La première partie a été rédigée par Alain Martin, la seconde par Marguerite Ras- sart-Debergh. (3) Il lui arrivera, au cours de ses pérégrinations, de croiser l’itinéraire de l’aventurier et homme de lettres Henry de Monfreid (1879-1974). (4) Sur cette figure et, en général, sur l’histoire de l’industrie sucrière en Égypte, cf. U. M. KUPFERSCHMIDT, Henri Naus Bey: Retrieving the Biography of a Belgian Industrialist in Egypt (Bruxelles, 1999).

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Tissus coptes des Musées Royauxd’Art et d’Histoire de Bruxelles

(don Demulling)

Le 23 mai 2004, les Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxellesont reçu, par l’entremise de la Fondation (entre-temps renommée Associa-tion) Égyptologique Reine Élisabeth, un lot d’une vingtaine de tissus cop-tes acquis en Égypte par feu Albert Demulling. Ces objets ont été inscritsà l’inventaire des Musées le 10 janvier 2005, sous les nos E. 9598-9622∞∞(1).Sans attendre la publication scientifique de l’ensemble, il a paru utiled’évoquer la personnalité du collectionneur qui avait réuni ces tissus et defournir une présentation sommaire de ces derniers∞∞(2).

I. ALBERT DEMULLING, INDUSTRIEL ET MÉCÈNE

Albert Demulling (FIG. 1) est né à Paris en 1884, d’un père luxembour-geois et d’une mère belge. Diplômé de l’«École d’Électricité et de Méca-nique industrielles» connue sous le nom d’«École Violet», il s’engage,vers 1905, dans la Marine Nationale française. Cette expérience, qui lemène jusqu’en Extrême-Orient, contribue à développer en lui le goût desvoyages lointains∞∞(3).

Libéré du service, A. Demulling se consacre un temps au sport auto-mobile, domaine pour lequel il conservera également une vive prédilec-tion. Dès 1907, il trouve un emploi dans l’industrie sucrière: il rejointl’équipe, alors en pleine réorganisation, de la «Société Générale desSucreries et de la Raffinerie d’Égypte», dont le Directeur Général est leBelge Henri Naus (1875-1938)∞∞(4). D’abord affecté à l’usine de Kôm

ALAIN MARTIN ET MARGUERITE RASSART-DEBERGH

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(1) Le no d’Inv. E. 9623 a été attribué à de menus débris de cartonnage peint, offerts enmême temps que les étoffes.

(2) La première partie a été rédigée par Alain Martin, la seconde par Marguerite Ras-sart-Debergh.

(3) Il lui arrivera, au cours de ses pérégrinations, de croiser l’itinéraire de l’aventurier ethomme de lettres Henry de Monfreid (1879-1974).

(4) Sur cette figure et, en général, sur l’histoire de l’industrie sucrière en Égypte, cf. U.M. KUPFERSCHMIDT, Henri Naus Bey: Retrieving the Biography of a Belgian Industrialist inEgypt (Bruxelles, 1999).

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Ombo, il est ensuite désigné à la direction des installations d’Abou Kour-gas, en Moyenne-Égypte, au cœur d’une région où réside une importanteminorité copte.

Son cadre de vie est ainsi fixé: à proximité de l’usine, A. Demullingoccupe une petite villa, confortable et entourée de jardins, en compagniede son épouse, Marie Zarifi (1902-1991), une Smyrniote de souche grec-que dont la famille s’est établie à Alexandrie, et des deux filles nées deleur union. En marge de ses occupations professionnelles, il prend l’initia-tive d’organiser une petite école française à Abou Kourgas et se dévouesans compter aux visiteurs de passage, en particulier aux égyptologuesauxquels H. Naus offre l’hospitalité dans les locaux de sa Société∞∞(5).

Cette existence active, entrecoupée de séjours de villégiature enFrance, s’interrompt tragiquement en 1941. Après une journée difficile,marquée par un incendie (d’origine peut-être criminelle) dans le dépôtde bagasse de la sucrerie, A. Demulling entreprend une dernière tournéed’inspection. Un coup de feu éclate dans la nuit, qui le laisse mort;l’identité du commanditaire de l’attentat, dont on n’est pas sûr qu’il aitvisé expressément A. Demulling, n’a jamais pu être établie. Les prochesdu défunt passeront quelques années encore au Caire, grâce au soutienbienveillant de la communauté française établie dans la ville, notammentde Pierre Jouguet (1869-1949), qui, de 1928 à 1940, avait dirigé l’Insti-tut français d’Archéologie orientale. La dernière veillée de Noël égyp-tienne de la famile se déroule, en 1946, aux côtés du chanoine ÉtienneDrioton (1889-1961), Directeur du Musée Égyptien du Caire, et dufouilleur de la nécropole de Touna el Gebel, Sami Gabra (1892-1979),deux autres amis d’A. Demulling.

Les liens ne furent pas moins étroits avec les égyptologues belges. LeDirecteur Général de la «Société Générale des Sucreries et de la Raffineried’Égypte», H. Naus, avait participé, en 1923, à la création de la FondationÉgyptologique Reine Élisabeth, dont il devait présider le Conseil jusqu’àson décès. C’est par son entremise sans doute qu’A. Demulling entra en

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(5) Chr. DESROCHES NOBLECOURT, La grande Nubiade ou le parcours d’une égyptolo-gue (Paris, 1992), p. 115, se souvient de l’accueil dont elle bénéficia à la sucrerie d’AbouKourgas, en 1938: «Le directeur, M. Demuling (sic), et son épouse nous reçurent, puisnous procurèrent les ânes pour nous rendre sur le site d’Antinoë». L’auteur reproduit unepetite photographie où Mme Demulling apparaît en compagnie de l’archéologue SergioDonadoni, sur le site même d’Antinoé (p. 117). Au début de la Seconde Guerre Mondiale,A. Demulling, qui ne fait pas mystère de ses sympathies gaullistes, offre un toit à un groupede pilotes de la «Royal Air Force», en congé entre deux séries de missions.

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TISSUS COPTES DES MUSÉES ROYAUX D’ART ET D’HISTOIRE DE BRUXELLES

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FIGG. 2-3 — Visite royale à Touna el Gebel (1930).FIG. 1 — Albert Demulling (1884-1941).

FIG. 4 — MRAH, Inv. E. 9616.

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contact avec Jean Capart (1877-1947), Directeur de la Fondation Égypto-logique et Conservateur en chef des Musées Royaux d’Art et d’His-toire∞∞(6). Au fil des séjours de ce dernier en Égypte, les relations entre lesdeux hommes se firent de plus en plus cordiales. Les conséquences heu-reuses de la rencontre de 1927 seront rappelées ci-dessous, mais le voyagede 1930, au cours duquel J. Capart servit de guide au couple royal belge,mérite une mention spéciale. Les Musées possèdent en effet une copie du film d’amateur tourné par A. Demulling lors de la visite de la ReineÉlisabeth au chantier de Touna el Gebel, le 16 mars∞∞(7): on y aperçoit J. Capart (reconnaissable à son casque blanc), commentant le tombeau dePétosiris (FIG. 2)∞∞(8), puis la souveraine elle-même, descendant du véhi-cule tout-terrain que l’on avait mis à sa disposition pour traverser la bandede désert comprise entre le Bahr Youssouf et la nécropole (FIG. 3)∞∞(9).

En 1927, A. Demulling s’est affilié à la Fondation Égyptologique, avecrang de membre protecteur. Sa bienveillance à l’égard de l’institution s’estmanifestée la même année, à la suite du séjour de J. Capart déjà signalé,par l’envoi d’une belle série de papyrus (en deux lots, semble-t-il)∞∞(10). À cette heure, quelques pièces seulement en ont été publiées: une amuletteattribuée au VIe siècle et son sceau∞∞(11); un autre fragment magique, sans

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(6) L’éloge que J. CAPART, CE 17 (1942), p. 42, rend à la mémoire d’A. Demullingtémoigne de la chaleur de leurs relations, de même que la correspondance échangée entreeux et conservée dans les archives de l’Association Égyptologique Reine Élisabeth, dont unextrait est reproduit ci-dessous (cf. infra, n. 16).

(7) Sur cette visite, cf. J. CAPART, «Visite officielle du Roi et de la Reine des Belges auRoi d’Égypte», CE 5 (1930), pp. 172-173; Fouilles en Égypte. El Kab. Impressions et sou-venirs (Bruxelles, 1946), p. 144.

(8) «La visite se fait rapidement au milieu d’une foule enthousiaste. Ce n’est pas ainsiqu’il faut voir les monuments, car tout le monde est distrait et la tête tourne … On estpressé de partir et de reprendre du calme», note J. Capart dans son journal, cité par A.-M.et A. BRASSEUR CAPART, Jean Capart ou le rêve comblé de l’égyptologie (Bruxelles, 1974),p. 117.

(9) Cet épisode a frappé le mécanicien et amateur d’automobiles qu’était A. Demulling(s’il n’a pas été lui-même l’un des organisateurs de l’excursion). De longs plans du filmsont consacrés à des manœuvres de ce véhicule (ou d’un autre exemplaire du mêmemodèle, une Renault 10 CV de type «six-roues») en terrain sablonneux, apparemmentquelque temps après la visite royale.

(10) Les informations relatives à ces papyrus ont été rassemblées en tête de l’édition deP. Bingen 22 (cf. infra, n. 12); cf. A. MARTIN, «Les collections de papyrus conservées enBelgique», Atti del XXII Congresso Internazionale di Papirologia. Firenze, 23-29 agosto1998, II (Florence, 2001), pp. 893-894; «La collection de papyrus de Bruxelles, MuséesRoyaux d’Art et d’Histoire (MRAH)», Papyrus Collections World Wide, 9-10 March 2000(Brussels - Leuven) (Bruxelles, 2000), p. 21.

(11) Inv. E. 6390-6391 [ed.: K. PREISENDANZ, «Deux papyrus magiques de la collection de la Fondation Égyptologique (P. Bruxelles Inv. E. 6390 et 6391)», CE 6 (1931), pp. 137-140,

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doute contemporain, pourvu de dessins∞∞(12); trois documents grecs mutilésd’époque romaine, provenant du nome Oxyrhynchite∞∞(13). L’essentiel dudon, constitué de papyrus coptes, reste inédit, — à l’exception d’un textedes VIe-VIIe siècles, attribuable au nome Hermopolite∞∞(14), — mais ungroupe cohérent de documents relatifs au monastère d’Apa Apollô àBaouît y a été récemment identifié∞∞(15).

Un lot d’étoffes coptes vient rejoindre les papyrus offerts il y a près de80 ans. Ainsi se trouvent confirmés les propos par lesquels A. Demullingclôturait sa dernière lettre conservée, consécutive à l’annonce par J. Capartde la mort de H. Naus: «Veuillez bien, ainsi que vos collaborateurs, recevoir … l’assurance de mon continuel dévouement à la FondationReine Élisabeth»∞∞(16).

II. INVENTAIRE PRÉLIMINAIRE DU DON DEMULLING

Les Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles possèdent une fortbelle collection d’objets égyptiens, couvrant aussi les périodes que l’onnomme communément «tardive» et «copte»∞∞(17). Si certains ont été ache-tés, la plupart sont entrés aux Musées grâce à des échanges (notammentavec le Service des Antiquités de l’Égypte) ou à la suite de legs et dedons. C’est le cas des tissus présentés ici, comme il a été expliqué plushaut. Le don Demulling se compose de 25 ensembles de fragments. Leur

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2 figg.] = P.G.M. LX; cf. U. HORAK, «Oculi protegentes - oculi defendentes. Augenamu-lette und der ‘Böse Blick’», Mirabilia Artium librorum Recreant Te tuosque Ebriant. Donanatalicia Ioanni Marte oblata. Festschrift zum 66. Geburtstag für Hans Marte, Generaldi-rektor der Österreichischen Nationalbibliothek (Vienne, 2001), p. 99, fig. 10.

(12) Inv. E. 9138 [ed.: A. MARTIN, P. Bingen 22, pl. 12].(13) Inv. E. 9139-9141 [ed.: A. MARTIN, P. Bingen 63-65, pl. 35].(14) Inv. E. 9406-9408, fr. a-b [ed.: A. DELATTRE, «La formule épistolaire copte ‘c’est

votre serviteur qui ose écrire à son Seigneur’», APF 51 (2005), pp. 110-111, pl. VIII].(15) Ces textes ont fait l’objet d’un dissertation doctorale, défendue à l’Université Libre

de Bruxelles, le 26 février 2004: A. DELATTRE, Édition, traduction et commentaires depapyrus documentaires inédits, coptes et grecs, conservés aux Musées Royaux d’Art etd’Histoire de Bruxelles. Recherches philologiques, historiques et économiques sur l’Égyptecopte (VIIe-VIIIe siècles) (en cours de publication).

(16) Le lettre a été expédiée de l’Hôtel Beau-Rivage à Ramleh (Alexandrie), le 11 octo-bre 1938.

(17) En général, sur le fonds égyptien des Musées Royaux d’Art et d’Histoire, cf. B. VAN DE WALLE, L. LIMME et H. DE MEULENAERE, La collection égyptienne. Les étapesmarquantes de son développement (Bruxelles, 1980). Deux petits guides ont été consacrésrespectivement aux momies et à un choix d’objets d’époque «tardive»: M.-P. VAN LATHEM,Cercueils et momies de l’Égypte ancienne (Bruxelles, 1983); M. RASSART-DEBERGH, Anti-quités romaines et chrétiennes d’Égypte (Bruxelles, 1976).

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origine demeure inconnue: tout au plus peut-on envisager que, à l’imagedes textes sur papyrus déjà mentionnés, ils proviennent de Moyenne-Égypte; comme dans le cas des papyrus, A. Demulling se les est sansdoute procurés auprès de marchands locaux.

Le lecteur s’étonnera peut-être de la brièveté des descriptions qui sui-vent: on n’y mentionne ni la matière, ni la technique; on n’étudie pas lesmotifs; on ne donne ni comparaisons, ni datation (même approximative).Ce choix s’explique aisément. Tous nos textiles associent lin et laine, lesdécors étant, comme d’habitude, tissés directement ou appliqués. Or,selon une coutume fréquente à l’époque où ils ont été achetés, la plupartdes ornements ont été découpés après leur découverte, puis recousus surdes morceaux de lin, souvent (mais pas toujours) d’époque. Une véritableétude exigerait que les fragments assemblés à coups de grands points defil blanc (ou rouge) fussent décousus avec le plus grand soin, déchiffon-nés, mis à plat, nettoyés, traités si nécessaire, mesurés et placés sur unfond ad hoc; elle mentionnerait le plus grand nombre possible de compa-raisons thématiques ainsi que stylistiques, et serait munie d’une biblio-graphie fournie. Il a paru téméraire actuellement de décrire par le détailet complètement chacune de ces pièces; leur catalogue exhaustif est enpréparation et sera publié dans une plaquette consacrée aux textiles de lasection égyptienne.

Présenter les 25 morceaux dans leur état actuel offre toutefois l’avan-tage de montrer combien la perception de l’objet, dans les premièresdécennies du XXe siècle, était différente de la nôtre. Encore couverts deshumeurs du défunt qui les portait, du sable qui couvrait le corps, du selqui est peu à peu sorti, ces fragments témoignent du travail du découvreuret de celui du vendeur. Car non seulement on a découpé les décors, — cequi était alors courant, — mais on a tenté de les remonter en les présen-tant sous leur meilleur jour∞∞(18).

Nous nous bornons ici à une énumération rapide, avec mention desdimensions de l’ensemble (hauteur x largeur), tel qu’il se présentait à sonarrivée. On trouvera ensuite la description de quelques exemples illustrés,extraits de la série; même très sélectif, ce choix donnera un avant-goût duréel intérêt que présente le don Demulling.

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(18) On constate en effet une recherche certaine dans l’assemblage des fragments: har-monisation des couleurs et des motifs d’une part, essai de donner forme à la découpe del’autre (Inv. E. 9607, par exemple).

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Inv. E. 9598 3 fragments, 1 monochrome et 2 polychromes, cousus sur sup-port de lin; 30 cm x 25,7.

Inv. E. 9599 3 fragments monochromes, cousus sur support de lin; 23,5 cmx 24,8.

Inv. E. 9600 5 fragments polychromes, au motif identique, cousus sur supportde lin; 30,6 cm x 39,5.

Inv. E. 9601 5 fragments monochromes, cousus sur support de lin; 21,5 cm x 24,3.

Inv. E. 9602 2 fragments monochromes presque jointifs, cousus sur support delin; 23,2 cm x 29.

Inv. E. 9603 1 fragment polychrome, cousu sur support de lin; 22 cm x 22.Inv. E. 9604 1 fragment polychrome, cousu sur support de lin; 22,5 cm x 22,2.Inv. E. 9605 2 fragments cousus sur support de lin, l’un monochrome, l’autre

polychrome; 18,5 cm x 24.Inv. E. 9606 2 fragments cousus sur support de lin, l’un monochrome, l’autre

polychrome; un petit morceau de lin ancien est resté collé sur lesdécors; 30 cm x 34.

Inv. E. 9607 1 fragment monochrome, bordé d’une bande de lin et cousu sursupport de lin; 21,3 cm x 20,4.

Inv. E. 9608 1 fragment polychrome, cousu sur support de lin; 22,2 cm x 23,5.Inv. E. 9609 5 fragments, 2 monochromes, les autres polychromes, cousus sur

support de lin; 27,5 cm x 26,2.Inv. E. 9610 1 fragment de lin orné d’un carré monochrome, cousu sur sup-

port de lin; 21 cm x 26.Inv. E. 9611 1 fragment de lin avec médaillon polychrome, cousu sur support

de lin; 14 cm x 18.Inv. E. 9612 1 fragment de lin orné de décors polychromes et d’une croix

monochrome; 26,5 cm x 43,7.Inv. E. 9613 2 bandes polychromes, cousues sur support de lin; 26,5 cm

x 37,5.Inv. E. 9614 1 fragment monochrome, bordé d’une bande de lin et cousu sur

support de lin; 24,7 cm x 31,2.Inv. E. 9615 1 fragment polychrome, cousu sur support de lin; 23 cm x 22,5.Inv. E. 9616 5 fragments polychromes, cousus sur support de lin; 34,5 cm

x 31,3.Inv. E. 9617 4 fragments polychromes, cousus sur support de lin; 22 cm

x 29,5.Inv. E. 9618 1 fragment de lin orné d’un carré monochrome, cousu sur sup-

port de lin; 24,5 cm x 28,2.Inv. E. 9619 1 fragment polychrome, cousu sur support en carton; 23,5 cm

x 24,5.Inv. E. 9620 1 fragment de lin, orné de décors polychromes; 35 cm x 39,5.Inv. E. 9621 1 fragment de lin, orné de décors polychromes; 26,5 cm x 33,5.Inv. E. 9622 1 fragment de lin, orné de décors polychromes; 33 cm x 79; fort

proche de Inv. E. 9620, il appartenait sans doute à un mêmetissu, que l’on s’efforcera de reconstituer.

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Monochromes ou polychromes, décors conservés sur leur support d’ori-gine ou bandes assemblées à l’époque moderne par le vendeur (et cousuesparfois sur un lin récent), tous les textiles énumérés ci-dessus appartien-nent à ce qu’on nomme communément les «tissus coptes»∞∞(19), à l’excep-tion des fragments Inv. E. 9608 et E. 9616, qui paraissent plus modernes.

De ce lot intéressant, nous extrayons cinq pièces particulièrement repré-sentatives tantôt de la manière de procéder des vendeurs, tantôt de l’utili-sation des textiles et de l’iconographie qu’on y rencontre. Leur descriptionsuccincte sera étayée de quelques rapprochements avec des tissus conser-vés dans les fonds des Musées Royaux d’Art et d’Histoire, qui montrerontcomment ce don vient enrichir ces derniers en les complétant∞∞(20). Afin deprésenter nos pièces de manière concise mais précise, et de les replacerdans leur contexte, nous commencerons par évoquer rapidement lesdécouvertes de la fin du XIXe siècle et la constitution des premières collec-tions de tissus∞∞(21), et nous rappellerons l’usage qui en était fait autrefois.

Les premiers travaux à Achmîm ont «jeté dans le commerce plusieursmilliers de momies», annonçait G. Maspero en 1887∞∞(22). Le savant fran-çais précisait ensuite: «On a déterré des chrétiens qui vivaient au VIe, auVIIIe et même au IXe siècle. Ils étaient habillés de leurs costumes de céré-monie, et c’est sur eux qu’on a recueilli la plupart des étoffes brochées ou

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(19) Le mot «copte» (ou «cophte» jusqu’au XIXe siècle), comme on sait, est la défor-mation, via l’arabe, du mot Aîgúptiov, par lequel les Grecs désignaient l’habitant «égyp-tien» du pays; puis il servit aux Musulmans pour désigner les autochtones demeurés chré-tiens après la conquête de l’Égypte, ce qui explique l’interprétation restrictive du terme,habituellement entendu comme synonyme de «égyptien chrétien». La tradition veut quel’Égypte ait été évangélisée par l’apôtre Marc (vers 40), mais c’est essentiellement entre lesVe et VIIIe siècles que naît et croît un véritable art chrétien, sans toutefois que disparaissentles motifs païens.

(20) C’est ce à quoi tendent les renvois à des pièces de nos collections; voir à leur sujet:I. ERRERA, Collection d’anciennes étoffes égyptiennes (Bruxelles, 1916) [= Collection];Catalogue d’étoffes anciennes et modernes, 3e éd. (Bruxelles, 1927); J. LAFONTAINE-DOSO-GNE, avec la collaboration de D. DE JONGHE, Textiles coptes des Musées Royaux d’Art etd’Histoire (Bruxelles, 1988) [= Textiles]. — Parmi les expositions belges qui les ont misesà l’honneur: [M. RASSART-DEBERGH et J. LAFONTAINE-DOSOGNE], L’art chrétien du Nil.Studio 44, Passage 44, 12/2 - 17/3/74 (Bruxelles, 1974); M. RASSART-DEBERGH (expositionpréparée et catalogue édité par), Arts tardifs et chrétiens d’Égypte. Musée archéologique deLouvain-la-Neuve. Exposition du 6-IX au 23-X 1988. Catalogue = Le Monde Copte 14-15(Limoges, 1988) [= Arts tardifs]; M.-C. BRUWIER (coordination et édition scientifique),Égyptiennes. Étoffes coptes du Nil. [Musée Royal de Mariemont, 25 avril - 28 septembre1997] (Mariemont, 1997) [= Égyptiennes].

(21) Sur ces questions, cf. notamment M. RASSART-DEBERGH, «Découverte des arts tar-difs et copte», Égyptiennes, pp. 39-48.

(22) G. MASPERO, Bulletin du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques 1887, p. 331 (séance du 1er juin 1887).

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brodées et des bandes de tapisserie qui ont été rapportées récemment àParis». Des momies somptueusement vêtues apparurent ensuite à Anti-noé, lors des dégagements entrepris par Albert Gayet∞∞(23). Ces riches trou-vailles n’amenèrent pas au fouilleur les crédits espérés; le 17 juin 1901,une vente au Musée Guimet dispersa définitivement les premiers grandsensembles qu’il avait ramenés au jour. Les Musées Royaux se portèrentacquéreurs d’une partie d’entre eux: les vêtements d’un dénommé Aure-lius Colluthus rejoignirent ainsi Bruxelles, ainsi que la momie d’Euphé-miâan, connue sous la dénomination de «Brodeuse», et le matériel quil’accompagnait. Le conservateur de l’époque, Jean Capart, annonça cesacquisitions avec une joie et une fierté légitimes∞∞(24). Les vêtements deColluthus et une partie de ceux d’Euphémiâan passèrent dans le départe-ment «Industries d’Art», plus précisément dans la section aujourd’huidénommée «Textile et tapisseries», et furent publiés par IsabelleErrera∞∞(25), tandis que la momie d’Euphémiâan et le matériel de satombe∞∞(26) furent confiés à la section «Égypte» du département «Anti-quité», où le don Demulling vient également de trouver place.

Le matériel récolté à Antinoé permet d’expliquer l’usage de la plupartdes fragments décorés présents dans les collections de tissus coptes, y com-pris dans la série qui nous occupe. On trouve des ornements en premier lieusur les tuniques, qui, portées par les hommes et les femmes, comme par lesenfants, descendent jusqu’aux genoux, voire jusqu’aux pieds. L’étoffe, sou-vent du lin, est ornée de décors: clavi (bandes verticales ou paragaudes), de

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(23) Sur les trouvailles d’A. Gayet, cf. M. RASSART-DEBERGH, Textiles d’Antinoé(Égypte) en Haute-Alsace. Donation É. Guimet (Colmar, 1997); Fl. CALAMENT, La révéla-tion d’Antinoé par Albert Gayet. Histoire, archéologie, muséographie (Le Caire, 2005).

(24) J. CAPART, «Antiquités égyptiennes», Bulletin des Musées Royaux des Arts Déco-ratifs et Industriels 1 (1901-1902), p. 82. Le savant français Ch. PICARD, RA, 1960, II, p. 110, devait souligner que cette vente s’était faite «dans l’indifférence complète de la partdes responsables français»: «Ils laissèrent la Belgique acquérir le matériel (le seul datableavec précision!) constitué dans la tombe de Colluthus et de son épouse Tisoia. Un autreensemble, non moins important, celui de la ‘brodeuse Euphémian’ (?) prit lui aussi le che-min des pays nordiques (Bruxelles)».

(25) Les vêtements de Colluthus et d’Euphémiâan sont énumérés dans Collection, p. 209 (index). L’une des pièces maîtresses de l’ensemble de Colluthus a participé à denombreuses expositions et a fait l’objet de plusieurs présentations, dont une étude pluridis-ciplinaire: «Le suaire d’Aurelius Colluthus», Bulletin de l’Institut Royal du Patrimoineartistique 26 (1994-1995), pp. 7-19.

(26) Il fut répertorié et réuni en 1987 lors de la préparation de l’exposition de Louvain-la-Neuve; des fragments conservés dans la réserve des Musées Royaux et dépourvus d’in-dication de provenance furent alors identifiés comme appartenant à la momie: cf. Arts tar-difs, en part. p. 48.

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part et d’autre de l’encolure; orbiculi (médaillons) et tabulae (carrés), pla-cés aussi bien sur les épaules qu’au bas du vêtement, ou encore (mais pluspetits) à la base des clavi; d’autres galons décorent parfois les manchesainsi que l’encolure (importants, ils constituent un véritable plastron). Ontrouve également des ornements sur des manteaux (parfois avec capuchon),sur des châles, mais aussi sur des tentures, des draps, des nappes et descoussins; c’est le cas de ceux glissés sous la tête et les pieds d’Euphé-miâan; la tombe de cette dernière a aussi livré plusieurs draps, tentures,couvertures, châles (dont l’un servit de «rembourrage» autour du cou pourdonner au corps la forme requise), tous richement décorés, ainsi que desobjets personnels, dont les aiguilles, fusaïoles, fils et «cartons» qui lui ontvalu le titre de «Brodeuse».

Deux fragments du don Demulling (Inv. E. 9616 et E. 9617) servirontà illustrer la mise en garde qui précède quant à la présentation de certainstextiles lors de leur acquisition; trois autres (Inv. E. 9618, E. 9602 et E.9619) montreront l’utilisation de pièces décorées.

Inv. E. 9616 (FIG. 4). — Sur un morceau de lin blanchâtre a été cousueune autre pièce, ornée de fleurettes au point de croix, dont les laines asso-cient du bleu, du rose, du jaune et du blanc. Presque au milieu a été ajoutéun nouveau fragment, orné cette fois d’un volatile (un coq sans doute);ses couleurs vives ne sont pas sans rappeler celles du motif floral, mais ilest évident que ces fragments n’ont aucun lien entre eux, si ce n’est le tra-vail du vendeur. Le dernier fragment est ancien et trouve ses parallèlesaussi bien à Achmîm∞∞(27) qu’à Antinoé, sur le châle de la «Brodeuse» parexemple. Le tapis fleuri est nettement plus récent∞∞(28).

Inv. E. 9617 (FIG. 5). — Au centre d’un lin blanc, ont été assemblésdeux fragments, l’un avec des «fleurs papillons» (que l’on trouve aussisur Inv. E. 9600) et l’autre, monochrome, orné d’arcades rouges abritantdes végétaux de la même teinte. Tout autour, on a cousu des restes (bleu,rose, jaune), qui font penser aux «fleurs papillons», et des bandes où, surun fond sombre, se font suite éléments géométriques, cordiformes et flo-raux. Sans les «fleurs papillons», on pourrait penser à un plastron, maisun désassemblage s’impose d’abord.

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(27) Textiles, fig. 51.(28) À moins qu’il ne soit «moderne», mais il serait téméraire de trancher actuelle-

ment; ce pourrait être un morceau d’une nappe de table: cf. Égyptiennes, pp. 216-218, nos 100-102.

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FIG. 5 — MRAH, Inv. E. 9617.

FIG. 6 — MRAH, Inv. E. 9618.

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Inv. E. 9618 (FIG. 6). — Un quadrilatère en lin, orné d’un vaste motifmonochrome, a été découpé de son support d’origine, puis a été recoususur du lin ancien. La rangée de denticules qui l’enferme est presque com-plète. Au centre, un mammifère gambade allègrement dans une sphèreinscrite dans un petit carré dont les écoinçons sont soulignés à la navettevolante (la croix de l’un d’eux est parfaitement visible). Autour dumédaillon central, des feuillages se déploient en d’élégantes volutes. Cesmotifs se rencontrent aussi bien sur des coussins∞∞(29) que sur des carrésd’épaule ou dans le bas de tuniques∞∞(30).

Inv. E. 9602 (FIG. 7). — Il s’agit d’un classique fragment de vêtement,un galon de manche monochrome. Séparés par une étroite bande perlée,deux bandeaux abritent des rinceaux aux élégantes volutes habitées.

Inv. E. 9619 (FIG. 8). — Sur fond pourpre se détachent deux ensem-bles, cousus parfois en se chevauchant. À gauche, deux médaillons mono-chromes contiennent l’un un animal à cornes surmonté d’une tête, l’autreau moins un personnage debout; à droite s’avance, majestueux, un cava-lier haut en couleur, montant un animal richement harnaché. Ces motifssont fréquents, mais le problème se posait de savoir si le fragment poly-chrome avait été assemblé avec les autres médaillons ou si le tout consti-tuait une seule pièce. Exceptionnellement, on a partiellement détaché letissu: un raccord ténu (quelques fils) relie bien ces deux fragments autre-fois jointifs. L’ensemble s’apparente à un médaillon d’Achmîm attribuéaux VIIe-VIIIe siècles∞∞(31): même personnage nimbé (armé d’un bouclier),dont le manteau, en s’envolant, accentue le mouvement du cheval, —mais ici le cavalier et sa monture sont entourés d’éléments qu’une étudeaprès restauration permettra d’identifier; quant au capridé et à la têtehumaine qui se trouvaient à Achmîm sous les pattes du cheval, ils ornentici le médaillon supérieur. Un élément vertical (arbre stylisé?) coupe lesecond médaillon en son centre; à gauche se tient un personnage vêtud’une tunique et d’un manteau; il est impossible actuellement de dire qui(ou ce qui) lui faisait face. Cette description sommaire laisse deviner toutl’intérêt de ce textile, que l’on sera mieux en mesure d’apprécier lorsque,complètement détaché et restauré, il pourra être analysé avec précision.

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(29) Textiles, figg. 19-26 et 34.(30) Textiles, figg. 8, 29, 30, 39.(31) Textiles, fig. 80; aussi, pour le cavalier, en général, figg. 19-22 et pp. 17-18.

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FIG. 7 — MRAH, Inv. E. 9602.

FIG. 8 — MRAH, Inv. E. 9619.

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Dans ce dernier exemple, comme souvent dans les tissus coptes, for-mes géométriques, semis floraux et animaux, qui peuvent appartenir aumonde païen comme à la sphère chrétienne, voisinent avec des croix etun saint cavalier. Quelle date faut-il assigner à cette pièce et aux autresfragments qui composent le don Demulling? La plupart des nécropoles,sources d’approvisionnement majeures de nos textiles, ont servi pendantdes siècles et leur chronologie est loin d’être fixée. Il est donc très diffi-cile de trouver des critères permettant de dater, avec une certaine préci-sion, les lambeaux de tissus qui nous sont parvenus. Jusqu’à il y a peu, ondéterminait l’époque de leur confection en se fondant essentiellement surl’analyse des ornements et sur leur style. D’autres techniques sont main-tenant fréquemment utilisées: par exemple, la méthode du radiocarbone(«C14»)∞∞(32). Malgré tout l’apport de ces techniques et le caractère deplus en plus pointu des enquêtes, les informations récoltées, pour précieu-ses qu’elles soient, ne mènent pas encore à des certitudes: en effet, nom-bre d’analyses ont été effectuées sur des textiles dont la provenanceexacte est inconnue, en sorte qu’il est impossible de confronter les résul-tats ainsi obtenus aux données de l’archéologie. L’étude chronologiquedes tissus coptes étant en pleine mutation, on se contentera, jusqu’à plusample analyse, d’assigner les fragments du don Demulling à une périodepostérieure aux IVe-Ve siècles.

Alain MARTIN et Marguerite RASSART-DEBERGH

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(32) M. VAN STRYDONCK, Le radiocarbone. Une mesure du passé (Bruxelles, 1995); cf.M. VAN STRYDONCK, Kl. VAN DER BORG et A. DE JONG, «La datation des textiles coptes parla méthode du radiocarbone», Égyptiennes, pp. 110-116.