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TROISIÈME SÉRIE DIXIÈME ANNÉE N° 6 NOVEMBRE-DÉCEMBRE BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX D'ART ET D'HISTOIRE FIG. I. - BAS-RF.LIEF DU BRITISH MUSE UM, PROVENANT DE CALAIj (Asl:irnazirpal). 'i 938 PARC DU CINQ!IANTENAIRE, BRUXELLES

BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

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Page 1: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

TROISIEgraveME SEacuteRIE DIXIEgraveME ANNEacuteE Ndeg 6 NOVEMBRE-DEacuteCEMBRE

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX

DART ET DHISTOIRE

FIG I - BAS-RFLIEF DU BRITISH MUSEUM

PROVENANT DE CALAIj (Aslirnazirpal)

i 938 PARC DU CINQIANTENAIRE

BRUXELLES

I - LE PERSONNAGE AUX PAvors

DEPUIS plus de quatre-vingts ans nos Museacutees conservent un monument assyrien qui meacuterite lattention des

connaisseurs O 48 En voici dabord la description et ensuite la comparaison avec les œuvres similaires Pour plus de faciliteacute nous les mentionnerons par les figures 2 agrave 6 Le nocirctre figure 2 est un bas-relief en basalte de om95 de haut + om33 de large dont la face anteacuterieure seule porte une sculpture Un personnage debout le pied gauche en avant eacutetendant la main droite agrave la hauteur de leacutepaule en signe dhommage et tenant dans la main gauche rabaisseacutee un rameau dougrave pendent trois fruits Nous verrons plus loin que cetle figure faisait partie dun thegraveme religieux repreacutesentant un roi un dieu ou un objet de culte par exemple larbre sacreacute auxquels le personnage qui nous inshyteacuteresse ici rendait hommage ou auxquels il apportait loffrande comme assiStant dun officiant

Il est vecirctu dun long chacircle qui couvre une tunique et dont lextreacutemiteacute tombe en haut par-dessus leacutepaule gauche en bas agrave la hauteur de la cheville Chacircle et tunique sont bordeacutes dune laquo grecque raquo davant la lettre Celle-ci eSt compleacuteteacutee au chacircle par une frange composeacutee de longues megraveches parallegraveles et par deux floches suspendues agrave la ceinture au moyen de deux cordes qui deacutelimitent lextrecircme bord du chacircle et qui coupent verticalement la tunique aushydessus de la rotule tandis que celle de la tunique surmonte cinq floches quon reconshynaicirct au-dessus des genoux et des chevilles

La chevelure eSt soigneusement natteacutee et retenue par un diadegraveme Celui-ci se compose

1 Commc on l o bse rve tregraves bien sur plusieurs rel iefs du IX siegravecle e t pattieuliegraveremcnt sur la dalle repreacuteshysentant A V urnazirpal au Fius William Museum Cambridge (Photo 6882 A) ici les deux cordes sont doubleacutees mais il ny a que deux floches tandis quc sur la figure 2 (Phot 137 14 B) on diSting ue deux fois deux cordes et quatre floches

dune matiegravere probablement tisseacutee noueacutee par derriegravere et est orneacute de cinq - six rosaces dont trois visibles Dans le cou se reacutepandent des megraveches reacuteguliegraveres dont les boucles se superposent en cing rangeacutees

Tout aussi soigneacutee est la barbe Elle couvre les joues de boucles pareillement arrangeacutees et tombe sur la poitrine formant un cadre de cinq rangeacutees parallegraveles La moustacbe agrave peine perceptible est indiqueacutee par quelques traits verticaux peu profonds et coupeacutes au niveau des legravevres tandis que la mouche se confond avec les boucles de la barbe comme on le conState sur la plushypart des sculptures qui repreacutesentent Je type barbu

Le poignet droit porte un bracelet deacutecoreacute d une rosace et le bras droit est entoureacute dun dou ble cercle les deux bijoux sont probablement de meacutetal preacutecieux Le poignet gauche est entoureacute dun cercle coupeacute pershypendiculairement et diviseacute horizontalement en deux eacuteleacutements par un trait simple Aushydessus du coude se deacuteroule un anneau semblable agrave celui du bras droit

Au lobe de loreille droite pend une longue boucle composeacutee de plusieurs eacuteleacutements emboicircteacutes cvlindriques et circulaires On diStingue aiseacutement lanneau auquel se ratshytache un tube-perle termineacute en cocircne trois parties dagrave peu pregraves eacutegale longueur lensemble eacutetant un peu plus long que loreille

On na pas de peine agrave deacutecouvrir les deacuteshytails deacutecrits ci-dessus sur la plupart des bas-reliefs datant depuis le IXe siegravecle repreacuteshysentant des personnages divins ou royaux des dignitaires ou des officiants Ainsi le bijou rappelle les boucles figureacutees agrave partir du IXe siegravecle Deacutejagrave alors elles eacutetaient cylinshydriques longues ou courtes et circulaires ou semi-circulaires tandis quau cours des VIUe-VIle siegravecles elles subissent une eacutevolushytion dont le nO 048 naccuse pas de trace

BULLETIN DES MUSEumlES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 123

nous verrons plus loin linteacuterecirct de ces deacutetails 1

De mecircme les deacutetails anatomiques nous reshyportent agrave plusieurs sculpshytures connues par ailshyleurs Dabord lindicashytion exageacutereacutee des mu scles des bras et de la jambe gauche i vec un peu dimagination on peut reconnaicirctre sur les avant-bras droit et gaushyche le long supinateur lextenseur commun les grand et petit palmaire le radial et le cubital sur la jambe gauche le jumeau le long peacuteronier lateacuteral et le soleacuteaire sur le pied gauche les trois preacuteceacutedents qui permetshytent lextension Il eSt clair que le sculpteur n a pas eu la preacutetention de reproduire exactement ces leviers et comme dhabitude il sest conshytenteacute de suggeacuterer lem existence par q uelq lJes lignes llus ou mOInS approchantes bien lourshydes pou r eacutevoquer la forshyce ceSt-agrave-clire se lo n la mentaliteacute des anciens la digniteacute du personnage

Puis lapplication de lœil vu de face sur un visage de profil enfin le sourcil se terminant

la plus belle eacutepoque na guegravere suse Ii beacute rer

Remarquons encore limpassibiliteacute du visage la courbe prononceacutee du nez et des narines ainsi que leacutepaisseur charnue de la legravevre qLli en comshypleacutement clu costume acshycusent Lln type bien deacuteshytermineacute loSJ)I-ien et quon ne peut pas conshyfondre avec celui du Seacutemite tout court DeshypUIS longtemps nous savons que la race assyshyrienne si ( race )) il Y a se compose cie nombreux apports ou eacuteleacutements heacuteshyteacuterogegravenes ougrave se mecirclent le sumeacuterien le burrite le mitannicn le cassite le chaldeacuteen larameacuteen et peut-ecirctre mecircme laryen qui ont contribueacute penshydant des siegravecles agrave la coshylonisation de la MeacutesoposhytamIe centrale Longshytemps on la appeleacutee seacutemitique parce quelle rarlait unc langue AeshyxionneJJe app~ renteacutee aux dialectes seacutemitiqLes en opposition aux SumeacuteroshyEacutelamites Kassites Mishytanniens et Urarteacuteens qui se servaien t dune langue agglutinative de caracshy

FG 2 - 13AS-J( ELIEF J)ES iUSIES ROYllIX tegravere et dorigine laquo asianishyDART LT l)HI SfOrJE (048) ques )) CeSt encore un

en pointe au-dessus du nez autant de soushy exemple clu fait conStateacute par ailleurs que venirs dLln archaiumlsme dont lart as syrien de la langue seule nest pas une caraeacuteteacuteristique

laquo essentielle JJ de la race et quun peuple 1 Cf A MooRTe1 OgtrH)IJtck der Ar~rer (Arch iv aussi mecircleacute que celui d issur et de Ninive

f Orieorforschung JV 927 pp 185-206) ougrave lauteur malgreacute sa puissance mateacuterielle et leacutetendueartribue une signifiearion symholique agrave plusieurs fonnes des vrrr-vn ( siegravecles seacuteculaire de son expansion (xue_vue siegravecles)

1Z4 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

ne peut preacutetendre agrave lhomogeacuteneacuteiteacute raciale Bref les deacutetails deacutecrits loin decirctre

reacutealistes trahissent ce que XI Deacuteonna appelle dans une magistrale eacutetude les caraCtegraveres dun art laquo primitiviste )) Quoi quil en soit dans le cadre bien traceacute des arts meacutesopotamiens notre bas-relief peut passer pour une belle piegravece et il remonte certainement agrave un chef-dœuvre quoique son exeacutecution savegravere infeacuterieure si on le compare agrave quelques piegraveces que nous signashylerons bientocirct Terminons la description en attirant lattention sur trois parties leacutegegravereshyment abicircmeacutees le deltoiumlde la partie posteacuteroshyinfeacuterieure du chacircle et le talon droit

La premiegravere question que nous fait poser

notre sculpture est celle de son origine Linventaire ancien des Museacutees deacuteclare quelle provient de Ninive cela veut dire dune des ruines colossales qui constituaient lantique citeacute avant sa chute en 61Z proshyvoqueacutee par la coalition des Chaldeacuteens des Megravedes et des Perses Ces ruines sont couvertes aujourdhui par les deux tells appeleacutes Kuyundjik et Nebi J unus Le preshymier seul a eacuteteacute seacuterieusement fouilleacute et on y a mis agrave nu entre autregraves le palais occupeacute par Sinacheacuterib (7deg5 -68 z) et A urbanipal (668-6z7) dougrave viennent la plupart des sculptures des VIIre-VIIe siegravecles Il y a donc beaucoup de chances que le 0-48 est originaire dune de ses salles quil contrishybuait agrave deacutecorer Encore faut-il se rappeler que nombre de sculptures de Sargon agrave Khorsabad furent transporteacutees aux palais de Ninive par ses successeurs

Si lindication dorigine est exacte le bas-relief doit avoir eacuteteacute deacutecouvert parmi des centaines de piegraveces compleacutementaires par les premiers fouilleurs soit Henry Layard et son assistant Hormuzd Rassam

1 Primitivisme et ClassicisJe dans le Bulletin de de lOffice International des InStituts dArcheacuteologie et dHiStoire de lArr IV 19 37 pp 7-22

qui y opeacuteraient entre 185deg-1854 et ce dernier entre 1877-92 soit Eacutemile Botta qui y fit des recherches en 1843 avec Flanshydin soit enfin Victor Place qui abandonna le site en 185 l afin de concentrer son aeacutehviteacute agrave Khorsabad seul

Nous ne saurons probablement jamais le nom de son inventeur et par lagrave mecircme celui de la localiteacute dorigine car il y a des preacutesomptions seacuterieuses en faveur de lopishynion dapregraves laquelle le bas-relief viendrait dailleurs de sorte que le doute planera toujours sur la place exacte quil occupait dans la salle du palais ou du temple avant de passer dans les mains des tiers et de lagrave dans nos propres colleCtions Parmi ces derniers il convient de citer M Calamatta qui vendit la piegravece en deacutecembre 1854 pour deux cent cinquante francs au Museacutee Royal dAntiquiteacutes et dArmures (Porte de Hal) ougrave elle fut conserveacutee sous le numeacutero dinventaire 951 Nous ignorons encore malgreacute nos recherches si elle a fait lobjet dune eacutetude mais elle a deacutejagrave eacuteteacute mentionshyneacutee dans le Catalogue des Collections composant le Museacutee Rqyal dAntiquiteacutes dArmures et dArtillerie par Juste Theacuteodore Consershyvateur du Museacutee 3 Remarquons degraves mainshytenant que lauteur qualifie de laquo chasseshymouche )) le rameau que tient la main gauche Nous y reviendrons

Lors du transfert des antiquiteacutes au Palais du Cinquantenaire ou aux Museacutees Royaux des Arts Deacutecoratifs et Industriels en 1 889 la piegravece y fut naturellement transporteacutee et depuis feacutevrier 1908 elle figure dans linvenshytaire de la Section des Antiquiteacutes Orientales sous le nO 048 elle a gardeacute ce chiffre dans le Deacutepartement de lAsie Anteacuterieure dont elle relegraveve

La question de lorigine se rattache agrave

2 Voir SIELEERSL L es Fouilles CIl Asie Al1teacuterieure 928 16 sl pp 27 et passim

3 Imprimerie De Bruylant-Christophc amp CI Bruxelles 864 p 97 nO AI

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 125

celle des reacutepliques dont il en existe dexcelshylentes si semblables agrave la nocirctre quelles peushyvent passer pour identiques et quelles suggegraverent lideacutee que le su jet a eacuteteacute traiteacute en sene comme on le fit pour dautres

- sculptures et mecircme seulement pour des inscriptions telle la laquo Standard Inscription )) dAsurnazirpal (885-860) dont nous posshyseacutedons neuf exemplaires 1 et dont le British Museum le Vatican le Museum of the Historical Society of New York Central Park W en conservent eacutegalement Ce dershynier possegravede une quinzaine de dalles repreacutesentant Asurnazirpal ou des geacutenies devant larbre sacreacute (cf notre personnage) justement accompagneacutes de la laquo Standardshyinscription raquo 2 La reacuteplique figure 3 qui sen rapproche le plus se trouve au Louvre et a eacuteteacute publieacutee il y a une trentaine danneacutees par le Reacutev Archibald Paterson 3 Elle y est signaleacutee comme provenant du palais de Sargon (722-7deg5) agrave Khorsabad Au premier coup dœil on constate que si lidentiteacute des deux personnages est certaine mecircme en ce qui concerne les lignes indiquant la musculatu re conventionnelle il saute aux yeux que la piegravece du Louvre est mieux exeacutecuteacutee Ainsi son relief est plus fin et plus harmonieux certaines arecirctes sont moins vives et limpression donc plus douce cest-agrave-dire quentre les deux exeacutecutions on constate une diffeacuterence dans le sens de la rudesse (2) et de la douceur (3) Dans le premier cas on admettrait volontiers que notre bas-relief remonte agrave leacutepoque du IXe siegravecle dont il a gardeacute la rudesse et par conseacutequent que celui du Louvre (3) est une copie adoucie dune maniegravere plus virile du IXe siegravecle Remarquons encore

1 SPELEERS L Notice sur les Inscriptions de lAsie Anteacuterieure des Museacutees Royaux du Cinquantenaire 1923 p_ 46 Remeil des Inscriptions de f Asie Anteacuterieure des Museacutees Rqyallx d Cinquantenaire 1925 pp_ 39-0 II 2-4_

2_ Provenant de lancienne Lenox Collection voir le Catalogue of the LVItlseul1l amp Gallery of Art of NeTII York Historical Society 1903 pp_ 94-5 191 5 pp_ 101-7_

3- Assyrian Sculptures_ chez a Kleinmann amp Co Haarlem sans date pL VTT

que les deux speacutecimens sont incomplets Leacutepaule gauche de celui du Louvre ne montre aucune trace de frange qui est bien visible sur leacutepaule et le bras de notre reacuteplishyque Le bras gauche accuse seulement par une perpendiculaire lexistence dun vecircteshyment De mecircme notre speacutecimen est incomshyplet car lextreacutemiteacute du chacircle qui devrait couvrir le dos cest-agrave-dire tomber sur leacutepaule eSt reSteacutee sans exeacutecution La laquo grecque raquo qui termine le chacircle saperccediloit aiseacutement au-dessus du bras droit de 2

devant le bracelet tandis que sur la dalle 3 cet ornement est absent

La tunique de la figu re 2 est limiteacutee aushydessus de la rotule par cette laquo grecque raquo

suivie dune seacuterie de cinq floches sur le bas-relief du Louvre elles sont toutes inshyvisibles et le sculpteur na pas reproduit non plus les floches au-dessus des chevilles mais les a remplaceacutees par les megraveches

Enfin en ce qui concerne lallure geacuteneacuterale on ne manquera pas de reconnaicirctre encore une diffeacuterence essentielle dans les proporshytions Comme il convient aux sculptures raffineacutees de leacutepoque de Sargon le personshynage du Louvre est plus eacutelanceacute tandis que le nocirctre est plus trapu_ En dautres mots ce dernier teacutemoigne dune certaine lourdeur massive par laquelle il sapparente aux œuvres du IXe siegravecle

Un speacutecimen du preacuteceacutedent figure 4 mais repreacutesentant le mecircme personnage dans la direction opposeacutee provient sans doute du palais de Sargon agrave Khorsabad 4 Il suffit de consideacuterer un instant la facture du vecircteshyment et de la coiffure pour admettre que la piegravece eSt un chef-dœuvre tellement supeacuteshyrieur aux figures 2 agrave 6 que toute comparaison est inutile la preacutesence du poignard fixeacute dans la ceinture et des sandales ninfirme pas cette opinion pas plus que la direction Remarquons toutefois que lensemble et surtout les megraveches de la frange malgreacute leur

4- Encyclopeacutedie pbotogmphique de lArt 1936 nO 307 (fig 4)shy

126 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

mouvement ondulant ont encore quelque chose de raide qui ne se trouve pas sur la dalle na II 8813 (fig 6) agrave laquelle nous reviendrons 1

1 Cf la figure aileacutee portant [offrande GAOD

SolleJ of Assyrja 1936 pl l Ct tenant la tige Hcuric

FIG 3 - BAS-R EIJEF DU LOUIΠlROVEN NT DE

KHORS RAO

Une reacuteplique (fig 5) digne de menshytion de mecircme provenance que celle du Louvre eSt conserveacutee au British Museum 2

Par le Style de la coiffure de la barbe et des franges elle eSt plus proche de notre piegravece que du relief du Louvre elle preacutesente dailleurs la mecircme rudesse dexeacutecution Dautre part elle est plus complegravete malgreacute lamputation des pieds survenue sans doute pendant ou apregraves les fouilles afin de facishyliter le transport ou la mise en place ou lusage abusif dont teacutemoigne le trou agrave la hauteur du pouce droit Remarquons que lextreacutemiteacute du chacircle qui couvre le dos eSt indiqueacutee mais non deacutetailleacutee Le bras droit laquo semble)) navoir pas eacuteteacute couvert par le vecircteshyment tandis que sur notre exemplaire la frange du chacircle sarrecircte seulement devant le cercle-braceletmiddot Le rameau ond ule forteshyment tandis que sur les exemplaires de Bruxelles et du Louvre sa courbe est plus rectiligne Enfin la main droite est moins releveacutee et le poignet porte un bracelet formeacute dun cercle plat peut-ecirctre identique agrave celui de gauche mais inacheveacute Toutes ces divergences son t minimes elles monshytrent seulement que les laquo copistes raquo usaient dune certaine liberteacute qUl nenlegraveve et najoute rien de remarquable au thegraveme fonshydamental

Faisant pendant un sujet identique (fig 6) est reproduit sur la planche XXVIII nO II88I3 il meacuterite donc notre attention Mecircme provenance mais non mecircme exeacutecushytion Le corps est plus eacutelanceacute plus mince et plus souple les megraveches de la frange plus longues plus leacutegegraveres et plus mouvementeacutees une laquo grecque )) double compleacuteteacutee de megraveches couvrent le bras gauche etc A part la musculature de la jambe droite ce Style se rapproche plus des œuvres du vme siegravecle que les exemplaires 2 agrave 4

semblable agrave la nocirctre dans lautre main eacutepoque dAssurshynapirpal Museacutee de Berlin

z Ass)rjall Smfilures frolll Sho1Jomur III 10 SenlJficherib 1938 pl XXVIII nO 118814

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 127

il pourrait mecircme passer pour une œuvre de transition entre le style de Sargon et celui de Sinacheacuteshy 1

rib Sa provenance seule indique Sargon Somme tonte les deux figures 5 et 6 ont eacuteteacute reacutealiseacutees par des mains diffeacuterentes teacutemoignant dune virtuositeacute ou dun goucirct diffeacuteren ts On pourrait en ce sens eacutetablir une gradation chroshynologique et deacutefendre la thegravese dapregraves laquelle-middot si lorigine inshydiqueacutee reste acquise et si elle acshycuse comme auteurs les artistes dun des rois auxquels on attrishybue les palais - on devrait adopshyter la datation correspondante

3 4 middot Les reliefs du Louvre (pl VII) sont de Sargon-Khorshysabad (722-7deg 5)

2 5 Ceux de Bruxelles et du British Museum (pl XXVIII nO JI 8814) proviennent de Khorshysabad mais sont exeacutecuteacutes dans un Style anteacuterieur Salmanasar V (727-723) ou Tiglatpileacuteser III (746-7 27)

FlG 4 - BAS-RELl E F DU LO UV RE P ROVFC T DE K HOR SABI D 6 Celui du British Museum (pl XXVIII nO II88I3) eSt de Khorsabad mais annonce la maniegravere de terme Kuyundjik-Asurbanipal parce Sinacheacuterib (705-682) quenfin des sculptures de Khorsabad ont

Pourquoi middot choisissons-nous ces quatre eacuteteacute transfeacutereacutees agrave Kuyundjik et peut-ecirctre de rois-lagrave Parce que ce sont ceux auxquels Calab agrave Khorsabad Ces raisons sont nous pouvons attribuer avec le plus de matiegravere agrave discuss ion mais elles conservent certitude la plupart des œuvres sinon tout leur poids en labsence de certitude toutes de Khorsabad (Sargon) de Kuyundshy relative agrave ces eacutecoles jik (Sinacheacuterib Asurbanipal) et de Calab Quoi quil en soit le sujet mecircme remonte (Tiglatpileacuteser III Salmanasar V sans oublier au regravegne dAsurnazirpal on en a plusieurs Asurnazirpal (868-860) parce que certaines repreacutesentations (fig l 7 agrave 9) ce sont des dalles deacutecouvertes dans ces palais sont dignitaires ou des geacutenies (aileacutes ou non) identiques de suje t mais diffeacuterentes dexeacuteshy tenant en main un rameau termineacute en cution si bien quune transition sy accuse fleur rosace ou fruit honorant un autre qui doit nous conduire neacutecessairement deshy motif (arbre ou personnage) et deacutecorant puis le palais de Calab (Asurnazirpal) plusieurs salles du palais de ce roi agrave Calao jusquagrave celui de Khorsabad et de lagrave au (Nimrud) Il suffit de consideacuterer lattitude

J28 BULLETIN DES MUSEES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

le geste et les attributs des personnages du British Museum op cit 1914 reproshyduits sur les planches XXXVIII XXXIX et XLVIII ou du geacutenie aileacute portant lofshyfrande du Museacutee de Berlin 952 pour dissiper le doute et pour admettre que les speacutecimens du VIlle siegravecle napportent rien de nouveau sinon un Style moins lourd et aussi excepteacutee la reacuteplique 4 une virtuositeacute deacutecroissante dans le traiteshyment des deacutetails En dautres mots la virtuositeacute du IXe siegravecle a pu engendrer la deacutecadence du goucirct et de la main-dœuvre du VIlle siegravecle car les piegraveces citeacutees de Calab sont supeacuterieures agrave celles du VIlle siegravecle excepteacutee la figure 3 malgreacute leur massiviteacute par le paralleacutelisme des traits qui composent le costume et la coiffure

Nonobstant cette appreacuteciation neacutegative en ce qui concerne notre bas-relief nous ne pouvons pas oublier que celui-ci est inacheshyveacute quil constitue une reacuteplique et quavec dautres il faisait plus que probablement partie dune seacuterie Lemploi de ce proceacutedeacute expliquerait quil ne pouvait ecirctre un chefshydœuvre

Un deacutetail doit nous inteacuteresser particushy

liegraverement parce quil importe de preCIser la nature de tattribut que tient la main et de corriger la description du Catalogue de 1864 ougrave il eSt interpreacuteteacute comme un chasseshymouche (fig JO)

Ce dessein nous Impose lobligation de recourir non seulement aux repreacutesentations analogues deacutejagrave signaleacutees mais aussi agrave toutes autres qui nous donnent loccasion dabord de constater lexistence dobjets semblables reproduits fidegravelement ou dune maniegravere approchante et ensuite de juger par comshyparaison de la forme et de la nature de lobjet

Sil eSt vrai que le chasse-mouche ne manque pas dans liconographie assyrienne

I GADD op cil pl l ASurnazirpal

il Y garde toutefois une forme caracteacuterisshytique que ne rappelle pas lattribut en question Voici des exemples du IXe siegravecle (Calab) Assyrian Sculptures British Museum 1914 planches XIXXXXXXXI XXXV Exemples du vme siegravecle (Kuyundjik) PATERSON Asyrian Sculptures Palace of Sinachegraverib planche VIII planches LXXIV LXXVIII (le roi sur le trocircne agrave Lakis) planche XXIX (le roi sur son char de parade PLACE Ninive et tAsYrie 1867 t III pl LVII (le roi sur son lit de parade) Aucun de ces exemples ne reproduit notre attribut on pourrait donc admettre agrave priori que lauteur du catalogue preacuteciteacute seSt trompeacute

Il eSt agrave remarquer en outre que le chasse-mouche neSt jamais utiliseacute que par un dignitaire en compagnie du roi Or nos reliefs repreacutesentent des dignitaires particishypant agrave une ceacutereacutemonie cultuelle ougrave la preacuteshysence du roi eSt plus accidentelle que neacutecessaire et ougrave par conseacutequent le chasseshymouches ne joue aucun rocircle essentiel (voir les exemples citeacutes plus loin) Cest une seconde objetlion contre la deStination indiqueacutee dans le Catalogue Des objections plus probantes encore reacutesultent de lexashymen de lobjet lui-mecircme

Il existe en effet plusieurs scegravenes des IXe-Vm e siegravecles ougrave lon voit un geacutenie aileacute 2 un roi 3 ou un dignitaire 4 tenant dans une main le symbole de leur foncshytion essentielle offrande sceptre et dans lautre un objet accidentel ceSt-agrave-dire que lobjet en queStion ne peut ecirctre que laccessoire dune scegravene doffrande (ou de parade) et quune fleur ou un fruit Dune offrande car le porteur de lobjet assiste un porteur doffrande la taille supeacuterieure de ce dernier indique que le premier nest quun officiant de second rang Un fruit

2 GADD op cil pl l 952 3 Tiglalpileacuteser III Uil de Schalkamer rler Otldheid

Amsterdam 1938 pl XX 4 Louvre fig 4middot

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

car il eSt pareil sauf leacutetat de maturiteacute (fleur) et lespegravece agrave lattribut que tiennent le porteur doffrande et mecircme le roi comme un accessoire et non comme un objet cultuel il suffirait de le leur enlever pour laisser agrave la scegravene son sens et son cashyractegravere essentiels 1 Cette opinion laquo semble )) conshytredite par le fait que la glyptique a reproduit des geacutenies aileacutes ou non seuls ou suivis dun assiStant honorant larbre sacreacute dans la mecircme attitude et tenant le mecircme attribut gue ceux des sculpteurs (voir les exemples p 130) Mai s on doit admettre agrave priori que ces gravures sont inspireacutees de la grande sculpture ougrave les lapicishydes puisaient des motifs quils assemblaient pour en faire une composition plus ou moins arbitraire selon la surface disponishyble Et mecircme dans le cas dune copie ( fidegravele raquo de la grande sculpture on doit convenir en opposishytion avec lobjeeacutehon preacuteshyceacutedente que sur les grashyvures citeacutees ces geacutenies sont le plus souvent inshy

en botanique les remarques suivantes contribueront tant soit peu agrave le distinguer

De prime abord et en nous basant sur les nombreuses reproductions sculpteacutees des IXe-Vlle siegravecles cinq fruits seuls pourraient

ecirctre repreacutesenteacutes tous eacutegashyIement utiles et partant symboliques dans nos scegravenes la pomme de pin (Pinus brutia) et du cegravedre (J uniperus phœnica) la baie du palmier-dattier (Phenix dactylifera) la figue et la grenade Exashyminons dabord les trois premlers

Le fruit du cegravedre et du pin ont la forme conolshyque elliptique ou ovoiumlde et leurs eacutecailles sont reacuteshyguliegraverement espaceacutees Ils figurent le plus souvent dans ces scegravenes au cours desquelles un roi un dignitaire ou un geacutenie tenant la sltule dans une main legravevent le cocircne dans lautre (horizontalement) et aspergent l C( arbre sacreacute raquo de leau quils viennent de puiser au moyen du fruit dans la situle Exemples du IXe siegravecle (As[yr Sculpt Br Musdeacutependants tandis que FIG 5 - BAS-R ELIEF DU BRITISH MU SEUM 1914) planshy

sur les sculptures ils PROVENAN T DE KHORSABAD ches XI XXX XXXII jouent le rocircle dassiStants Du reSte cette qualiteacute d laquo( accessoire l) na pas grand inteacuterecirct dans la controverse relashytive agrave la nature de lattribut

Tacircchons maintenant de speacutecifier le truit Quoique nous nayons aucune compeacutetence

1 Contra H DANTH TNE L e Palmier-Dallier e les arbres sacreacutes (Bibl archeacuteolog et hisor t XV 1937 p 134) la fleur ou le fruit sont porteacutes par le roi comme attribut au mecircme titre que son bacircton de comshymandement

agrave XXXIV XXXVIII agrave XL XLIV agrave XLVIII (voir notre fig 7)-

Exemples du vure siegravecle (As[yr Sculpt Brlt Mus 1938) planche XXVII

On pensait jadis quil sagissait de la feacutecondation du palmier femelle au moyen du fruit du palmier macircle comme on la pratique encore aujourdhui par simple deacutepocirct de la semence de celui-ci sur celle-lagrave Cette interpreacutetation a eacuteteacute abandonneacutee en

130 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

faveur de la lustration de lexorcisme desshy le palmier nen ont souvent rendu quune tineacutes agrave chasser les mauvaises influences stylisation de sorte quon voit sur lui agrave la Ailleurs le mecircme geste se repreacutesente dans foi s les cocircnes du pin ou du cegravedre 4 puis la les scegravenes de libation en preacutesence du roi l grappe de raisin et la grenade j bull bull La conshyou simplement dhommage 2 ou de lustrashy fusion est complegravete tion 3 Il arrive mecircme que lofficiant porte une palme qui a la mecircme forme styliseacutee gue celles de l laquo arbre sacreacute)) (op cit 1914 pl XXVI) En outre il est parfois remplaceacute par un rashymeau semblable agrave une tige de bleacute pl XXVII ou par un attribut fantaisiste comshyme le cercle formeacute de roshysaces pl XLI XLII l1ui sont probablement ellesshymecircmes une stylisation Mais les sculp tures ne permettent pas toujours de distingue r le fruit des deux essences cegravedre et pin bien que la forme des conifegraveres soit nettement diffeacuterente Celuishyci a en opposition avec celui-lagrave les branches netteshyment montantes PATERSON

Pal Sinach planches XVI XXIV XXV XXVII XXVIII XXXI agrave XXXIII etc C Le cegravedre ne semble pas avoir eacuteteacute sculpteacute Il est vrai que leurs cocircnes se resshysemblent agrave sy meacuteprendre mais le cegravedre est moins freacute-

De mecircme il est parfois difficile de reconnaicirctre la forme exacte du fruit du palmier tel que le preacutesenshytent les œuvres assyriennes La fleur eSt agrave trois feuilles ce qui pourrait nous la faire confondre avec certaines figures de la grenade La fleur macircle a deux verticelles de trois eacutetamines qui ne sont pas repreacutesenteacutes et la fleur femelle trois carpelshyles contenant chacun un ovale A chaque carpelle correspond une ex treacutemiteacute pointue repreacutesenteacutee sur cershytaines sculptures et ici enshycore il eSt aiseacute de confondre avec la grenade Compashyrons donc le laquo fruit raquo du dattier et celui du grenashydier

Les baies du dattier sont suspendues en laquo reacutegime raquo

qui lui est toujours conishyque et non pas spheacuterique comme la grenade La difshyfeacuterence entre le cocircne et la

FIG 6 - BIS-RELIEF DU BRlTl s H grenade se constate bien sur MUSEU~r rROVENANT DE KHORSABAD la planche XLVIII de Asshy

quent en Asie Anteacuterieure ryrian Smlptures 1914 (op tandis que le pin se rencontre de Syrie cit) agrave gauche le cocircne du pin ou du cegravedre en Afghanistan et les armeacutees assyriennes agrave droite la grenade spheacuterique agrave 3 carpelles ont ducirc le rencontrer partout ougrave la conshyquecircte les a conduites 4 RAWLIN SON Five GreaI monarchies 1864 ( Il

p 235 Cf Sa rgon tenant la mecircme plante que celleLa distineacutelion de ces fruits est dautant du bas-relief 048 devant un arbre sacreacute aux fruits

plus difficile que les artistes repreacutesentant coniques mais disposeacutes en seacuterie de trois ( P ERROT

CHrrIEZ H isloire de larl t Il 1884 p 5 r 2) qui se raient I Affrtpl 1914 pl XXXmiddotXXXII des figues (B ONA VI Flora of Ihe Ass)r montIII 2 Ib id pl XXXlII-XXXIV 18 94 p 57) 3 Ibid pl XLV-XLVI 5middot BONAVlol op ril p 55

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 131

A Kuyundjik les palmiers avec reacutegime laquo conique raquo sont abondamment reproduits comme si les sculp teurs avaient voulu trashyduire la couleur locale des pays eacutetrangers que les armeacutees victorieuses venaient de deacutevaster 1 palmes reacutegimes tronc et dimenshysions du palmier rendent la confusion laquo parfoisraquo impossible autant avec le greshynadier quavec le pin et le cegravedre

Abando nnons un instant la sculptu re et jetons un coup dœil sur les pierres grashyveacutees dans le dessein dy trouver la plante que nous cherchons agrave deacuteterminer Les intailles assyriennes et mecircme celles des pays limitropnes ne repreacutesentent que larbre ou la plante quon sest habitueacute agrave qualifier d laquo arbre de vie arbre sacreacute palmier sacreacute raquo qui reccediloit lhommage ou qui accompagne unescegravene On a admis quil sagitdu palmiershydattier agrave cause de sa ressemblance avec loriginal de son utiliteacute alimentaire et par sui te de son caractegravere symbolique dans la plupart des gravures Neacuteanmoins on

saperccediloit tout de suite que la fantaisie des artistes sest donneacute libre cours dans sa figuration Ici les stylisations des laquo arbres sacreacutes )) sont innombrables autant par laspect du tronc que par celui des fruits et des feui lles nous ne saurions deacutecrire tous les types et nous sortirions du sujet Quil suffi se den indiquer quelques-uns 2

Les graveurs repreacutesentent le plus souvent

1 Voir entre autres As)r JCIIlplures 1938 les pl XJJ XIII X L i XLV LII agrave VI LXVJ XCIV XCV

2 Consulrez J D NfHfNE op cit album Voici lluelques o u vrages de g lyp tique d ont nous extrayons les exemples preacutesents

Bibliothegraveque Nationa le DELAPoRTE 1 1910 Colleclion ries Cylinrlres orienlaux el ries Cacoels rie la Biblioloegraveque Naiionalf

DECLERCQ Calalo~ue rie la Coleclioll Derlercf t 11888 Louvre DELA PORTE L Calalogue ries Cylinrlres

~rienlalx ri illseacutee ri LOlvre 1920 1 Newcl l v D OSTEN Allc or Seals in loe Colleclioll

or Mr Edn T Newell 1934 Pierpont W J-I WARD Cylinrlrs n Ie Library

of ] lierponl liorgall 1919 Pennsylvania L EGRAt L CIltlre or loe lob)

IOliOTi19 2 j

WARD Cyliurler lcals of IF Asia 1910

un arbre dont les rameaux se terminent par un des fruits-motifs suiva nts

o Le globe Bibliothegraveque Nationale 376 Declercq 329 Pennsylvania 588 597

~ Le mecircme globe mais traverseacute par la pointe qui nest que lextreacutemiteacute du rameau auquel il est attacheacute Biblioshythegraveque Nationale 378 Louvre 5 Pierpont 163 561-2

o Le cocircne ou le g lobe termineacute en pointe Ward 691-4 696 Pennsylvania 591

t) Le globe portant 3 tiges ougrave on pourrait reconnaicirctre la grenade Ward 679 695 de Clercq planche XXXII nO 344 Newell pl XXX 37

~ Le cocircne qui semble indiquer ses eacutecailles Pierpont 16o Newell 667

Les feuiJies ~ agrave 5 Ward 699

Les feuilles ~ agrave iuml Ward 7deg9

Les feuilles ~ agrave 3 au-dessus de 2 enshyroulements ou voiutes Declercq 342 Ward 702

8gg Les globes superposeacutes Ward 661 Le globe rayonnant Louvre 18 ~ Pennsylvania 601 ~ Les branchages formant treillis surshycm monteacutes de fruits coniques Ward 678

683 agrave 690 Declercq 340 Les mecircmes abritant un objet de culte Ward 1153 Etc

Cette stylisation a produit des formes ougrave on ne reconnaicirct plus aucune essence mecircme approximativement les exemples en sont dautant plu s obscurs que les grashyvures sont useacutees ou que leur exeacutecution laissait agrave deacutesirer

Mais il reste des exemples ougrave le palmier se distingue clairement soit par le tronc barreacute dimbrications qui indiquent la base des palmes coupeacutees soit par ses branches (palmes) courbes larges et tombantes soit enfin par les reacutegimes de dattes qui en tomshybent ces derniers eacutetan t dordinaire au nombre

IF BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

de deux par goucirct de symeacutetrie deacutecorative

Arbre avec son reacutegime Ward 680 706 Arbre avec branches larges courbes

tombantes Xard 668 589 Arbre avec branches enrouleacutees ~

ard 713 A rbre avec feuilles nettement seacutepareacutees

b Pierpont 159 Ward 7 14

~ Declercq 3l Z

Arbre avec feuilles rlaceacutees sur une tige

~ Xard 707

Etc Sauf dans le cas ougrave larbre porte ses

reacutegimes et ougrave les palmes ont la largeur et la courbe speacuteciales on nest donc pas absolu-

FIG 7 - BAS-RELI E f DU BRITISH MUSEU~I PROV ENANT

DE CALU (Aslirnazirpa l)

ment sucircr quil sagisse du Phenix dactylifera ou dattier E t dans la figuration peinte ou plutocirct dans les scegravenes composeacutees de briques de faiumlence colorieacutees que constatonsshynous Larbre est tellement styliseacute que seules la forme et la chu te de ses feuilles indiquent le palmier 1 T ou tefois ici il eSt associeacute agrave une baie g lobuleuse surmonteacutee de trois feuilles qui ressemblent agrave la grenade Dans la Porte Gurgurri 2 on a deacutecouvert une applique murale en ceacuteramique colorieacutee ougrave cette pseudo-grenade est associeacutee au cocircne mais les deux motifs sont fixeacutes sur les volutes gui composent dordinaire le palshymier Styliseacute En dautres mots la fantaisie explique sinon justifie lemploi des sujets les plus disparates Ce gui nempecircche pas gue le palmier soit quelquefois reproduit er reconnaissable agrave son reacutegime 3 et mecircme sans son reacutegime 4 La peinture sur faiumlence nous eSt donc encore dun secours moindre que la g lyptique pour deacuteterminer la plante qui figure dans la main gauche cie notre pershysonnage (0-48) Celle-ci a-t-elle eacuteteacute repreacuteshysenteacutee sur les gravures

Heacutelas les repreacutesentations graveacutees en som tregraves rares La seule qui puisse nous eacuteclairer - et encore -- constitue une copie exacte compte tenu cles exigences de la matiegravere de la surface du meacutetier et de loutillage des grandes sculptures deacutejagrave mentionneacutees agrave partir du rxe siegravecle arbre sacreacute Stylishysation clu palmier devant lequel deux geacutenies aileacutes son t posteacutes tenant dans le bras loffrande (cervicleacute ou (aprideacute) et clans la main correspondante la plante ou le rameau dont seacutechappent trois fruits 5

Ceux-ci ressemblent agrave la grenade car ils se

1 Ex de Nimrud Photo ManseJJ na 575 clicheacute 3630 2 W ANDRAE Fes ful1jSlIerke 1913 pl LXXXIl

Wiss Ver D O G na 23 3 Par ex Yi A ND RAE ASnr Farbige Keramik

[92 3 pl Il 4 Ibid plJ 1II-1 V XI-XIV XIX-XXlI etc 1 H eJcna CARNEGIE Cataloue Colcctioll Alltique

GelJlJ JOlltberk r II 1908 pl VII Qc 14 DECLERcQ nO 343 accompagneacute dun precirctre dEa Pennsylvan ia na 59 I

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 133

composent du corps g lobulaire surmonteacute de trois traits (carpelles) Nous en verrons plus loin la nature Remarquons encore quagrave la diffeacuterence des fruits de nos basshyreliefs ceux-ci se redressent au lieu de penshydre ce deacutetail na pas assez dimportance pour innrmer lopinion quils sont idenshytiques aux fruits sculpteacutes Comme il sagit dune piegravece de dimensions minimes le grashyveur na pas pu indiquer au-dessous du corps globulaire un leacuteger bourrelet netteshyment visible sur les sculptures et auquel nous attachons une importance capitale

Revenons donc agrave nos sculptures et demandons-nous ennn SI le fruit de notre personnage est une ngue ou une g renade Fig ue (ncus carica) Non car sa forme est plutocirct ovale ct sa feuille plutocirct heacutemispheacuteshyrigue ni lune ni lautre ne peuvent ecirctre compa reacutees agrave no tre fruit J

Grenade Peut-ecirctre car son corps globushylaire est surmonteacute de pointes-feu illes termishynales Or de leacutepoque dAsurnazirpal pour ne citer gue les œuvres du British Museum (op cit) il y a plusieurs repreacutesentations dun fruit semblable toutes conventionnelles ou scheacutematiques excepteacute la derniegravere soit la branche portant des rosaces donc un attrishybut purement arbitraire 2 et mecircme celles-ci compleacuteteacutees par trois feuilles pointues qui rappellent des brindilles 3 ou enfin la forme qui se rapproche le plus de la grenade (pl 48) au corps spheacuterique combleacute de traits qui simulent leacutecorce et surmonteacute de

l Voir les reliefs du palais de Sinacheri b PATElSON op cil pl 32-5 les meacutemes feuilles et un fruit spheacuterique sur larbrisseau tableau d e faiumlence il Khorsabad PLACE N inive el lAssyrie 1867 t Ill pl 3

2 1914 PI 38 Fig VII Par mesu re de prudence faisons ici unc objeaion on pourrait opiner que la branche porte par exemple des paVOis vus de desJls el styliseacutes en forme de rOsace LAYAR D Nin Il pl V 1 pl XXX VIlb XXXVlllb Cette sectlylisation nous paraicirc t dautant moins vraisemblable que la rosace SC rt agrave deacuteco rer dautres ob jets ougrave toute ideacutee de fig uration du pavot eSt agrave priori absente comme sur le sectlick d e Assyr Jcupl Br Mils 1914 rI XXXIV

3 PI XXXVI XXX1X Cf GADD The llones of Ass)ria 19 36 pl 5 geacuten ies aileacutes de maintien identique ct tenant la branche agrave 2-3 rosaces ct brindilles CalaQ

trois pointes qui scheacutematisent lextreacutemiteacute des feuilles Ce dernier exemple a sans doute servi de modegravele pendant lexeacutecution des

FIG 8 - BAS-RELIEF DU FlTTS WILLIAmiddotr M USEurshy

CAM BltlDGE PROVENANT DE CArA~ (AsurnazirpaJ)

trois œuvres du vrrre siegravecle mais ougrave le fruit est reSteacute agrave leacutetat de scheacutema jpregraves examen ces derniers exemples ne peuvent en auCtin cas figurer fa grenade 4 parce que celle-ci sattache directement au rameau et t( seule raquo alors que nous avons ici troir fruits produits par

4middot Con Ira H DANTH1NE op cit pp 132 133fig909 915916922 ct N ell P ERROT Ba1) oniaca t X VIf 1937 pp 114-5 fig 98 100 104 qui y reconnaissen t des grenades

134 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

une seule tige 1 La confirmation sen trouve aiseacutement sur les mecircmes bas-reliefs qui figurent le grenadier

Voici dabord dans le palais de Kuyunshydjik les grenadiers avec ou sans fruits planches VII agrave IX XII XIV agrave XX XXXII agrave XXXV etc Et soulignons maintenant quelques-unes de ses ressemblances Cest le fruit dun arbrisseau tandis que le dattier atteint une hauteur consideacuterable fidegravele-

J Le geacutenie de Berlin (GADD op cil pl 1) ti ent un rameau agrave quatre fruit s Le roi (LAYARD N iniveb t T pl XXXVllIb) cn a cinq montant tous de la mecircme tige

FIG 9 - nAS-R E IEF DU BRITISH MUSEUM PROVENAN T

D E CALA) (ASurnazirpal)

ment observeacutee sur les sculptures La base spheacuterique est couronneacutee de trois points correspondant aux carpelles qui constituent leacutecorce et qui sont toujours visibles sur les sculptures au nombre de trois au mJins 2

Mais le grenadier ressemble encore sur les sculptures agrave la vigne par la dimension minime (en comparaison de celle du palshymier) de sorte que la forme du fruit seule conStitue une diffeacuterence qui ne trompe

pas baie spheacuterique pour la grenade grappe pour la vigne A Kuyundjik il y en a de bons exemples 3 qui montrent les plantes associeacutees dans les mecircmes paysages Lassoshyciation de la grenade de la vigne et du pin se preacutesente aussi 4 Ici les branches montent presque directement en partant du tronc agrave la diffeacuterence du palmier qui a les branches plus deacuteveloppeacutees en largeur

Les sculptures du IXe siegravecle connaissent eacutegalement la vigne mais non associeacutee agrave dautres plantes

Si la grappe de raisn peut ecirctre facilement confondue avec le reacutegime de dattes il existe heureusement une scegravene ougrave les fruits sont repreacutesenteacutes si clairement que leur confusion est impossiblel sagit du cortegravege de servants apportant les eacuteleacutements dun feStin 6 Outre les jarres dougrave sortent des rameaux fleuris il y a des plateaux portant des dattes des grappes de raisins et des grenadeJ Ici on conState la reacutegulariteacute de la forme conique des reacutegimes laspect plutocirct irreacutegulier des grappes et la forme spheacuterique aux 3 brindilles des grenades Dautres sershyvants tiennent des grenades identiques aux preacuteceacutedentes mais enfileacutees 7

Les formes repreacutesenteacutees dans ce fragshy

2 Voir pl XLVIII de AH)r Sculpllres 1914 rI gtOJmiddotSUgrave1l

3 PATERSON op cil pl XVI il XX XXII XXXI il XXXV LXVIIJ LXXI il LXXVI LXXXVIII XCVIII

4 Planches XVI agrave XX XXIV XXXI-III ere

lmiddot A S-Dr Sculptures 19 [4 pl XVII 6 PATERSON op cil plI LXXXVIII-LXXXIX ou

A syr Setpl British Museum 938 pl LXVIII 7 Ibid pl LXXXIX

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 135

ment de la scegravene du festin se diStinguent toutes par leur netteteacute il serait difficile de sy meacuteprendre Remarquons encore que certains servants portent des rameaux feuilshylus sans fruits les relegravevent mecircme comme sils voulaient les agiter agrave linstar dun chasse-mouche Mais il eSt eacutevident que ces rameaux ne ressemblent en rien agrave celui du Catalogue de 1864 T out au plus peut-on eStimer que les feuilles servaient agrave couvrir et agrave proteacuteger les comestibles contre la poussiegravere et toutes bes tio les usage qui nest pas encore perdu aujourdhui en Orient et chez nous

Enfin attirons lattention sur les deux dignitaires qui tiennent agrave la hauteur des yeux un fruit allongeacute conique surmoLteacute de feuillegt au corps rayeacute de traits reacuteguliers et fixeacute sur une tige On serait tenteacute dy reconnaicirctre un des fruits mentionneacutes plus haut plus ou moins Sty li seacute si laspect geacute neacuteshyral ne se rapprochait pas davantage dun fruit de la famille des bromeacuteliaceacutees dont la fleur est disposeacutee en eacutepi dont le frui t est un laquo syncarpe formeacute des ovaires et de bracshyteacutees devenus charnus et soudeacutes pour conStituer une masse ovoiumlde surmonteacutee dun bouquet de bracteacutees foliaceacutees)) et dont le nom le plus reacutepandu est lananas Sil en est ainsi ce fruit ne peut constituer un terme de comparaison avec reacutegimes de dattes grenades e t cocircnes dautant plus quon le trouve surtou t dans les reacutegions tropica les (Ameacuterique) Bref des comparaishySOnS preacuteceacutedentes nous pouvons admettre agrave priori que les fruits des jigunf 2 cl 6 Ile repreacutesentent pas la grenade Cette preacutesomption devient une certitude si nous nous souveshynons que sous le corps globulaire il existe un bourrelet par lequel le globe se rattache agrave la tige et que la grenade se soude directeshyment au rameau isoleacutement et non comme sur les figures 2-6 accompagneacutee de plushysieurs autres speacutecimens formant avec la tige un ensemble inteacutegral

Sil ne sagit pas clune varieacuteteacute il est

certain que le fruit des figures 2-6 rentre dans la famille des papaveacuteraceacutees Celles-ci produisent un fruit en forme de capsule

FIG 10 - Dimiddot il OF NORE BAS-lŒLlI3F (048)

o blongue et raccordeacutee agrave la tige au-dessus dun bourrelet Le corps globuleux est glabre mais pour en extraire le suc il faut y pratishyquer des entailles Ces derniegraveres pourraient ecirctre repreacutesenteacutees de faccedilon scheacutematique sur la planche XLVIII (Assyr Jculpt 1914)

Nou s aurions donc agrave faire avec un genre de coquelicot ou de pavot noms vulgaires du papaver somniferum ou de son voisin le papaver setigerum 1 Les fruits de cette

) Alphonse DE CANOOLE ()rilt~ines des piailles Cfltishydes 1883 pp 319-0

13 6 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164

Page 2: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

I - LE PERSONNAGE AUX PAvors

DEPUIS plus de quatre-vingts ans nos Museacutees conservent un monument assyrien qui meacuterite lattention des

connaisseurs O 48 En voici dabord la description et ensuite la comparaison avec les œuvres similaires Pour plus de faciliteacute nous les mentionnerons par les figures 2 agrave 6 Le nocirctre figure 2 est un bas-relief en basalte de om95 de haut + om33 de large dont la face anteacuterieure seule porte une sculpture Un personnage debout le pied gauche en avant eacutetendant la main droite agrave la hauteur de leacutepaule en signe dhommage et tenant dans la main gauche rabaisseacutee un rameau dougrave pendent trois fruits Nous verrons plus loin que cetle figure faisait partie dun thegraveme religieux repreacutesentant un roi un dieu ou un objet de culte par exemple larbre sacreacute auxquels le personnage qui nous inshyteacuteresse ici rendait hommage ou auxquels il apportait loffrande comme assiStant dun officiant

Il est vecirctu dun long chacircle qui couvre une tunique et dont lextreacutemiteacute tombe en haut par-dessus leacutepaule gauche en bas agrave la hauteur de la cheville Chacircle et tunique sont bordeacutes dune laquo grecque raquo davant la lettre Celle-ci eSt compleacuteteacutee au chacircle par une frange composeacutee de longues megraveches parallegraveles et par deux floches suspendues agrave la ceinture au moyen de deux cordes qui deacutelimitent lextrecircme bord du chacircle et qui coupent verticalement la tunique aushydessus de la rotule tandis que celle de la tunique surmonte cinq floches quon reconshynaicirct au-dessus des genoux et des chevilles

La chevelure eSt soigneusement natteacutee et retenue par un diadegraveme Celui-ci se compose

1 Commc on l o bse rve tregraves bien sur plusieurs rel iefs du IX siegravecle e t pattieuliegraveremcnt sur la dalle repreacuteshysentant A V urnazirpal au Fius William Museum Cambridge (Photo 6882 A) ici les deux cordes sont doubleacutees mais il ny a que deux floches tandis quc sur la figure 2 (Phot 137 14 B) on diSting ue deux fois deux cordes et quatre floches

dune matiegravere probablement tisseacutee noueacutee par derriegravere et est orneacute de cinq - six rosaces dont trois visibles Dans le cou se reacutepandent des megraveches reacuteguliegraveres dont les boucles se superposent en cing rangeacutees

Tout aussi soigneacutee est la barbe Elle couvre les joues de boucles pareillement arrangeacutees et tombe sur la poitrine formant un cadre de cinq rangeacutees parallegraveles La moustacbe agrave peine perceptible est indiqueacutee par quelques traits verticaux peu profonds et coupeacutes au niveau des legravevres tandis que la mouche se confond avec les boucles de la barbe comme on le conState sur la plushypart des sculptures qui repreacutesentent Je type barbu

Le poignet droit porte un bracelet deacutecoreacute d une rosace et le bras droit est entoureacute dun dou ble cercle les deux bijoux sont probablement de meacutetal preacutecieux Le poignet gauche est entoureacute dun cercle coupeacute pershypendiculairement et diviseacute horizontalement en deux eacuteleacutements par un trait simple Aushydessus du coude se deacuteroule un anneau semblable agrave celui du bras droit

Au lobe de loreille droite pend une longue boucle composeacutee de plusieurs eacuteleacutements emboicircteacutes cvlindriques et circulaires On diStingue aiseacutement lanneau auquel se ratshytache un tube-perle termineacute en cocircne trois parties dagrave peu pregraves eacutegale longueur lensemble eacutetant un peu plus long que loreille

On na pas de peine agrave deacutecouvrir les deacuteshytails deacutecrits ci-dessus sur la plupart des bas-reliefs datant depuis le IXe siegravecle repreacuteshysentant des personnages divins ou royaux des dignitaires ou des officiants Ainsi le bijou rappelle les boucles figureacutees agrave partir du IXe siegravecle Deacutejagrave alors elles eacutetaient cylinshydriques longues ou courtes et circulaires ou semi-circulaires tandis quau cours des VIUe-VIle siegravecles elles subissent une eacutevolushytion dont le nO 048 naccuse pas de trace

BULLETIN DES MUSEumlES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 123

nous verrons plus loin linteacuterecirct de ces deacutetails 1

De mecircme les deacutetails anatomiques nous reshyportent agrave plusieurs sculpshytures connues par ailshyleurs Dabord lindicashytion exageacutereacutee des mu scles des bras et de la jambe gauche i vec un peu dimagination on peut reconnaicirctre sur les avant-bras droit et gaushyche le long supinateur lextenseur commun les grand et petit palmaire le radial et le cubital sur la jambe gauche le jumeau le long peacuteronier lateacuteral et le soleacuteaire sur le pied gauche les trois preacuteceacutedents qui permetshytent lextension Il eSt clair que le sculpteur n a pas eu la preacutetention de reproduire exactement ces leviers et comme dhabitude il sest conshytenteacute de suggeacuterer lem existence par q uelq lJes lignes llus ou mOInS approchantes bien lourshydes pou r eacutevoquer la forshyce ceSt-agrave-clire se lo n la mentaliteacute des anciens la digniteacute du personnage

Puis lapplication de lœil vu de face sur un visage de profil enfin le sourcil se terminant

la plus belle eacutepoque na guegravere suse Ii beacute rer

Remarquons encore limpassibiliteacute du visage la courbe prononceacutee du nez et des narines ainsi que leacutepaisseur charnue de la legravevre qLli en comshypleacutement clu costume acshycusent Lln type bien deacuteshytermineacute loSJ)I-ien et quon ne peut pas conshyfondre avec celui du Seacutemite tout court DeshypUIS longtemps nous savons que la race assyshyrienne si ( race )) il Y a se compose cie nombreux apports ou eacuteleacutements heacuteshyteacuterogegravenes ougrave se mecirclent le sumeacuterien le burrite le mitannicn le cassite le chaldeacuteen larameacuteen et peut-ecirctre mecircme laryen qui ont contribueacute penshydant des siegravecles agrave la coshylonisation de la MeacutesoposhytamIe centrale Longshytemps on la appeleacutee seacutemitique parce quelle rarlait unc langue AeshyxionneJJe app~ renteacutee aux dialectes seacutemitiqLes en opposition aux SumeacuteroshyEacutelamites Kassites Mishytanniens et Urarteacuteens qui se servaien t dune langue agglutinative de caracshy

FG 2 - 13AS-J( ELIEF J)ES iUSIES ROYllIX tegravere et dorigine laquo asianishyDART LT l)HI SfOrJE (048) ques )) CeSt encore un

en pointe au-dessus du nez autant de soushy exemple clu fait conStateacute par ailleurs que venirs dLln archaiumlsme dont lart as syrien de la langue seule nest pas une caraeacuteteacuteristique

laquo essentielle JJ de la race et quun peuple 1 Cf A MooRTe1 OgtrH)IJtck der Ar~rer (Arch iv aussi mecircleacute que celui d issur et de Ninive

f Orieorforschung JV 927 pp 185-206) ougrave lauteur malgreacute sa puissance mateacuterielle et leacutetendueartribue une signifiearion symholique agrave plusieurs fonnes des vrrr-vn ( siegravecles seacuteculaire de son expansion (xue_vue siegravecles)

1Z4 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

ne peut preacutetendre agrave lhomogeacuteneacuteiteacute raciale Bref les deacutetails deacutecrits loin decirctre

reacutealistes trahissent ce que XI Deacuteonna appelle dans une magistrale eacutetude les caraCtegraveres dun art laquo primitiviste )) Quoi quil en soit dans le cadre bien traceacute des arts meacutesopotamiens notre bas-relief peut passer pour une belle piegravece et il remonte certainement agrave un chef-dœuvre quoique son exeacutecution savegravere infeacuterieure si on le compare agrave quelques piegraveces que nous signashylerons bientocirct Terminons la description en attirant lattention sur trois parties leacutegegravereshyment abicircmeacutees le deltoiumlde la partie posteacuteroshyinfeacuterieure du chacircle et le talon droit

La premiegravere question que nous fait poser

notre sculpture est celle de son origine Linventaire ancien des Museacutees deacuteclare quelle provient de Ninive cela veut dire dune des ruines colossales qui constituaient lantique citeacute avant sa chute en 61Z proshyvoqueacutee par la coalition des Chaldeacuteens des Megravedes et des Perses Ces ruines sont couvertes aujourdhui par les deux tells appeleacutes Kuyundjik et Nebi J unus Le preshymier seul a eacuteteacute seacuterieusement fouilleacute et on y a mis agrave nu entre autregraves le palais occupeacute par Sinacheacuterib (7deg5 -68 z) et A urbanipal (668-6z7) dougrave viennent la plupart des sculptures des VIIre-VIIe siegravecles Il y a donc beaucoup de chances que le 0-48 est originaire dune de ses salles quil contrishybuait agrave deacutecorer Encore faut-il se rappeler que nombre de sculptures de Sargon agrave Khorsabad furent transporteacutees aux palais de Ninive par ses successeurs

Si lindication dorigine est exacte le bas-relief doit avoir eacuteteacute deacutecouvert parmi des centaines de piegraveces compleacutementaires par les premiers fouilleurs soit Henry Layard et son assistant Hormuzd Rassam

1 Primitivisme et ClassicisJe dans le Bulletin de de lOffice International des InStituts dArcheacuteologie et dHiStoire de lArr IV 19 37 pp 7-22

qui y opeacuteraient entre 185deg-1854 et ce dernier entre 1877-92 soit Eacutemile Botta qui y fit des recherches en 1843 avec Flanshydin soit enfin Victor Place qui abandonna le site en 185 l afin de concentrer son aeacutehviteacute agrave Khorsabad seul

Nous ne saurons probablement jamais le nom de son inventeur et par lagrave mecircme celui de la localiteacute dorigine car il y a des preacutesomptions seacuterieuses en faveur de lopishynion dapregraves laquelle le bas-relief viendrait dailleurs de sorte que le doute planera toujours sur la place exacte quil occupait dans la salle du palais ou du temple avant de passer dans les mains des tiers et de lagrave dans nos propres colleCtions Parmi ces derniers il convient de citer M Calamatta qui vendit la piegravece en deacutecembre 1854 pour deux cent cinquante francs au Museacutee Royal dAntiquiteacutes et dArmures (Porte de Hal) ougrave elle fut conserveacutee sous le numeacutero dinventaire 951 Nous ignorons encore malgreacute nos recherches si elle a fait lobjet dune eacutetude mais elle a deacutejagrave eacuteteacute mentionshyneacutee dans le Catalogue des Collections composant le Museacutee Rqyal dAntiquiteacutes dArmures et dArtillerie par Juste Theacuteodore Consershyvateur du Museacutee 3 Remarquons degraves mainshytenant que lauteur qualifie de laquo chasseshymouche )) le rameau que tient la main gauche Nous y reviendrons

Lors du transfert des antiquiteacutes au Palais du Cinquantenaire ou aux Museacutees Royaux des Arts Deacutecoratifs et Industriels en 1 889 la piegravece y fut naturellement transporteacutee et depuis feacutevrier 1908 elle figure dans linvenshytaire de la Section des Antiquiteacutes Orientales sous le nO 048 elle a gardeacute ce chiffre dans le Deacutepartement de lAsie Anteacuterieure dont elle relegraveve

La question de lorigine se rattache agrave

2 Voir SIELEERSL L es Fouilles CIl Asie Al1teacuterieure 928 16 sl pp 27 et passim

3 Imprimerie De Bruylant-Christophc amp CI Bruxelles 864 p 97 nO AI

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 125

celle des reacutepliques dont il en existe dexcelshylentes si semblables agrave la nocirctre quelles peushyvent passer pour identiques et quelles suggegraverent lideacutee que le su jet a eacuteteacute traiteacute en sene comme on le fit pour dautres

- sculptures et mecircme seulement pour des inscriptions telle la laquo Standard Inscription )) dAsurnazirpal (885-860) dont nous posshyseacutedons neuf exemplaires 1 et dont le British Museum le Vatican le Museum of the Historical Society of New York Central Park W en conservent eacutegalement Ce dershynier possegravede une quinzaine de dalles repreacutesentant Asurnazirpal ou des geacutenies devant larbre sacreacute (cf notre personnage) justement accompagneacutes de la laquo Standardshyinscription raquo 2 La reacuteplique figure 3 qui sen rapproche le plus se trouve au Louvre et a eacuteteacute publieacutee il y a une trentaine danneacutees par le Reacutev Archibald Paterson 3 Elle y est signaleacutee comme provenant du palais de Sargon (722-7deg5) agrave Khorsabad Au premier coup dœil on constate que si lidentiteacute des deux personnages est certaine mecircme en ce qui concerne les lignes indiquant la musculatu re conventionnelle il saute aux yeux que la piegravece du Louvre est mieux exeacutecuteacutee Ainsi son relief est plus fin et plus harmonieux certaines arecirctes sont moins vives et limpression donc plus douce cest-agrave-dire quentre les deux exeacutecutions on constate une diffeacuterence dans le sens de la rudesse (2) et de la douceur (3) Dans le premier cas on admettrait volontiers que notre bas-relief remonte agrave leacutepoque du IXe siegravecle dont il a gardeacute la rudesse et par conseacutequent que celui du Louvre (3) est une copie adoucie dune maniegravere plus virile du IXe siegravecle Remarquons encore

1 SPELEERS L Notice sur les Inscriptions de lAsie Anteacuterieure des Museacutees Royaux du Cinquantenaire 1923 p_ 46 Remeil des Inscriptions de f Asie Anteacuterieure des Museacutees Rqyallx d Cinquantenaire 1925 pp_ 39-0 II 2-4_

2_ Provenant de lancienne Lenox Collection voir le Catalogue of the LVItlseul1l amp Gallery of Art of NeTII York Historical Society 1903 pp_ 94-5 191 5 pp_ 101-7_

3- Assyrian Sculptures_ chez a Kleinmann amp Co Haarlem sans date pL VTT

que les deux speacutecimens sont incomplets Leacutepaule gauche de celui du Louvre ne montre aucune trace de frange qui est bien visible sur leacutepaule et le bras de notre reacuteplishyque Le bras gauche accuse seulement par une perpendiculaire lexistence dun vecircteshyment De mecircme notre speacutecimen est incomshyplet car lextreacutemiteacute du chacircle qui devrait couvrir le dos cest-agrave-dire tomber sur leacutepaule eSt reSteacutee sans exeacutecution La laquo grecque raquo qui termine le chacircle saperccediloit aiseacutement au-dessus du bras droit de 2

devant le bracelet tandis que sur la dalle 3 cet ornement est absent

La tunique de la figu re 2 est limiteacutee aushydessus de la rotule par cette laquo grecque raquo

suivie dune seacuterie de cinq floches sur le bas-relief du Louvre elles sont toutes inshyvisibles et le sculpteur na pas reproduit non plus les floches au-dessus des chevilles mais les a remplaceacutees par les megraveches

Enfin en ce qui concerne lallure geacuteneacuterale on ne manquera pas de reconnaicirctre encore une diffeacuterence essentielle dans les proporshytions Comme il convient aux sculptures raffineacutees de leacutepoque de Sargon le personshynage du Louvre est plus eacutelanceacute tandis que le nocirctre est plus trapu_ En dautres mots ce dernier teacutemoigne dune certaine lourdeur massive par laquelle il sapparente aux œuvres du IXe siegravecle

Un speacutecimen du preacuteceacutedent figure 4 mais repreacutesentant le mecircme personnage dans la direction opposeacutee provient sans doute du palais de Sargon agrave Khorsabad 4 Il suffit de consideacuterer un instant la facture du vecircteshyment et de la coiffure pour admettre que la piegravece eSt un chef-dœuvre tellement supeacuteshyrieur aux figures 2 agrave 6 que toute comparaison est inutile la preacutesence du poignard fixeacute dans la ceinture et des sandales ninfirme pas cette opinion pas plus que la direction Remarquons toutefois que lensemble et surtout les megraveches de la frange malgreacute leur

4- Encyclopeacutedie pbotogmphique de lArt 1936 nO 307 (fig 4)shy

126 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

mouvement ondulant ont encore quelque chose de raide qui ne se trouve pas sur la dalle na II 8813 (fig 6) agrave laquelle nous reviendrons 1

1 Cf la figure aileacutee portant [offrande GAOD

SolleJ of Assyrja 1936 pl l Ct tenant la tige Hcuric

FIG 3 - BAS-R EIJEF DU LOUIΠlROVEN NT DE

KHORS RAO

Une reacuteplique (fig 5) digne de menshytion de mecircme provenance que celle du Louvre eSt conserveacutee au British Museum 2

Par le Style de la coiffure de la barbe et des franges elle eSt plus proche de notre piegravece que du relief du Louvre elle preacutesente dailleurs la mecircme rudesse dexeacutecution Dautre part elle est plus complegravete malgreacute lamputation des pieds survenue sans doute pendant ou apregraves les fouilles afin de facishyliter le transport ou la mise en place ou lusage abusif dont teacutemoigne le trou agrave la hauteur du pouce droit Remarquons que lextreacutemiteacute du chacircle qui couvre le dos eSt indiqueacutee mais non deacutetailleacutee Le bras droit laquo semble)) navoir pas eacuteteacute couvert par le vecircteshyment tandis que sur notre exemplaire la frange du chacircle sarrecircte seulement devant le cercle-braceletmiddot Le rameau ond ule forteshyment tandis que sur les exemplaires de Bruxelles et du Louvre sa courbe est plus rectiligne Enfin la main droite est moins releveacutee et le poignet porte un bracelet formeacute dun cercle plat peut-ecirctre identique agrave celui de gauche mais inacheveacute Toutes ces divergences son t minimes elles monshytrent seulement que les laquo copistes raquo usaient dune certaine liberteacute qUl nenlegraveve et najoute rien de remarquable au thegraveme fonshydamental

Faisant pendant un sujet identique (fig 6) est reproduit sur la planche XXVIII nO II88I3 il meacuterite donc notre attention Mecircme provenance mais non mecircme exeacutecushytion Le corps est plus eacutelanceacute plus mince et plus souple les megraveches de la frange plus longues plus leacutegegraveres et plus mouvementeacutees une laquo grecque )) double compleacuteteacutee de megraveches couvrent le bras gauche etc A part la musculature de la jambe droite ce Style se rapproche plus des œuvres du vme siegravecle que les exemplaires 2 agrave 4

semblable agrave la nocirctre dans lautre main eacutepoque dAssurshynapirpal Museacutee de Berlin

z Ass)rjall Smfilures frolll Sho1Jomur III 10 SenlJficherib 1938 pl XXVIII nO 118814

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 127

il pourrait mecircme passer pour une œuvre de transition entre le style de Sargon et celui de Sinacheacuteshy 1

rib Sa provenance seule indique Sargon Somme tonte les deux figures 5 et 6 ont eacuteteacute reacutealiseacutees par des mains diffeacuterentes teacutemoignant dune virtuositeacute ou dun goucirct diffeacuteren ts On pourrait en ce sens eacutetablir une gradation chroshynologique et deacutefendre la thegravese dapregraves laquelle-middot si lorigine inshydiqueacutee reste acquise et si elle acshycuse comme auteurs les artistes dun des rois auxquels on attrishybue les palais - on devrait adopshyter la datation correspondante

3 4 middot Les reliefs du Louvre (pl VII) sont de Sargon-Khorshysabad (722-7deg 5)

2 5 Ceux de Bruxelles et du British Museum (pl XXVIII nO JI 8814) proviennent de Khorshysabad mais sont exeacutecuteacutes dans un Style anteacuterieur Salmanasar V (727-723) ou Tiglatpileacuteser III (746-7 27)

FlG 4 - BAS-RELl E F DU LO UV RE P ROVFC T DE K HOR SABI D 6 Celui du British Museum (pl XXVIII nO II88I3) eSt de Khorsabad mais annonce la maniegravere de terme Kuyundjik-Asurbanipal parce Sinacheacuterib (705-682) quenfin des sculptures de Khorsabad ont

Pourquoi middot choisissons-nous ces quatre eacuteteacute transfeacutereacutees agrave Kuyundjik et peut-ecirctre de rois-lagrave Parce que ce sont ceux auxquels Calab agrave Khorsabad Ces raisons sont nous pouvons attribuer avec le plus de matiegravere agrave discuss ion mais elles conservent certitude la plupart des œuvres sinon tout leur poids en labsence de certitude toutes de Khorsabad (Sargon) de Kuyundshy relative agrave ces eacutecoles jik (Sinacheacuterib Asurbanipal) et de Calab Quoi quil en soit le sujet mecircme remonte (Tiglatpileacuteser III Salmanasar V sans oublier au regravegne dAsurnazirpal on en a plusieurs Asurnazirpal (868-860) parce que certaines repreacutesentations (fig l 7 agrave 9) ce sont des dalles deacutecouvertes dans ces palais sont dignitaires ou des geacutenies (aileacutes ou non) identiques de suje t mais diffeacuterentes dexeacuteshy tenant en main un rameau termineacute en cution si bien quune transition sy accuse fleur rosace ou fruit honorant un autre qui doit nous conduire neacutecessairement deshy motif (arbre ou personnage) et deacutecorant puis le palais de Calab (Asurnazirpal) plusieurs salles du palais de ce roi agrave Calao jusquagrave celui de Khorsabad et de lagrave au (Nimrud) Il suffit de consideacuterer lattitude

J28 BULLETIN DES MUSEES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

le geste et les attributs des personnages du British Museum op cit 1914 reproshyduits sur les planches XXXVIII XXXIX et XLVIII ou du geacutenie aileacute portant lofshyfrande du Museacutee de Berlin 952 pour dissiper le doute et pour admettre que les speacutecimens du VIlle siegravecle napportent rien de nouveau sinon un Style moins lourd et aussi excepteacutee la reacuteplique 4 une virtuositeacute deacutecroissante dans le traiteshyment des deacutetails En dautres mots la virtuositeacute du IXe siegravecle a pu engendrer la deacutecadence du goucirct et de la main-dœuvre du VIlle siegravecle car les piegraveces citeacutees de Calab sont supeacuterieures agrave celles du VIlle siegravecle excepteacutee la figure 3 malgreacute leur massiviteacute par le paralleacutelisme des traits qui composent le costume et la coiffure

Nonobstant cette appreacuteciation neacutegative en ce qui concerne notre bas-relief nous ne pouvons pas oublier que celui-ci est inacheshyveacute quil constitue une reacuteplique et quavec dautres il faisait plus que probablement partie dune seacuterie Lemploi de ce proceacutedeacute expliquerait quil ne pouvait ecirctre un chefshydœuvre

Un deacutetail doit nous inteacuteresser particushy

liegraverement parce quil importe de preCIser la nature de tattribut que tient la main et de corriger la description du Catalogue de 1864 ougrave il eSt interpreacuteteacute comme un chasseshymouche (fig JO)

Ce dessein nous Impose lobligation de recourir non seulement aux repreacutesentations analogues deacutejagrave signaleacutees mais aussi agrave toutes autres qui nous donnent loccasion dabord de constater lexistence dobjets semblables reproduits fidegravelement ou dune maniegravere approchante et ensuite de juger par comshyparaison de la forme et de la nature de lobjet

Sil eSt vrai que le chasse-mouche ne manque pas dans liconographie assyrienne

I GADD op cil pl l ASurnazirpal

il Y garde toutefois une forme caracteacuterisshytique que ne rappelle pas lattribut en question Voici des exemples du IXe siegravecle (Calab) Assyrian Sculptures British Museum 1914 planches XIXXXXXXXI XXXV Exemples du vme siegravecle (Kuyundjik) PATERSON Asyrian Sculptures Palace of Sinachegraverib planche VIII planches LXXIV LXXVIII (le roi sur le trocircne agrave Lakis) planche XXIX (le roi sur son char de parade PLACE Ninive et tAsYrie 1867 t III pl LVII (le roi sur son lit de parade) Aucun de ces exemples ne reproduit notre attribut on pourrait donc admettre agrave priori que lauteur du catalogue preacuteciteacute seSt trompeacute

Il eSt agrave remarquer en outre que le chasse-mouche neSt jamais utiliseacute que par un dignitaire en compagnie du roi Or nos reliefs repreacutesentent des dignitaires particishypant agrave une ceacutereacutemonie cultuelle ougrave la preacuteshysence du roi eSt plus accidentelle que neacutecessaire et ougrave par conseacutequent le chasseshymouches ne joue aucun rocircle essentiel (voir les exemples citeacutes plus loin) Cest une seconde objetlion contre la deStination indiqueacutee dans le Catalogue Des objections plus probantes encore reacutesultent de lexashymen de lobjet lui-mecircme

Il existe en effet plusieurs scegravenes des IXe-Vm e siegravecles ougrave lon voit un geacutenie aileacute 2 un roi 3 ou un dignitaire 4 tenant dans une main le symbole de leur foncshytion essentielle offrande sceptre et dans lautre un objet accidentel ceSt-agrave-dire que lobjet en queStion ne peut ecirctre que laccessoire dune scegravene doffrande (ou de parade) et quune fleur ou un fruit Dune offrande car le porteur de lobjet assiste un porteur doffrande la taille supeacuterieure de ce dernier indique que le premier nest quun officiant de second rang Un fruit

2 GADD op cil pl l 952 3 Tiglalpileacuteser III Uil de Schalkamer rler Otldheid

Amsterdam 1938 pl XX 4 Louvre fig 4middot

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

car il eSt pareil sauf leacutetat de maturiteacute (fleur) et lespegravece agrave lattribut que tiennent le porteur doffrande et mecircme le roi comme un accessoire et non comme un objet cultuel il suffirait de le leur enlever pour laisser agrave la scegravene son sens et son cashyractegravere essentiels 1 Cette opinion laquo semble )) conshytredite par le fait que la glyptique a reproduit des geacutenies aileacutes ou non seuls ou suivis dun assiStant honorant larbre sacreacute dans la mecircme attitude et tenant le mecircme attribut gue ceux des sculpteurs (voir les exemples p 130) Mai s on doit admettre agrave priori que ces gravures sont inspireacutees de la grande sculpture ougrave les lapicishydes puisaient des motifs quils assemblaient pour en faire une composition plus ou moins arbitraire selon la surface disponishyble Et mecircme dans le cas dune copie ( fidegravele raquo de la grande sculpture on doit convenir en opposishytion avec lobjeeacutehon preacuteshyceacutedente que sur les grashyvures citeacutees ces geacutenies sont le plus souvent inshy

en botanique les remarques suivantes contribueront tant soit peu agrave le distinguer

De prime abord et en nous basant sur les nombreuses reproductions sculpteacutees des IXe-Vlle siegravecles cinq fruits seuls pourraient

ecirctre repreacutesenteacutes tous eacutegashyIement utiles et partant symboliques dans nos scegravenes la pomme de pin (Pinus brutia) et du cegravedre (J uniperus phœnica) la baie du palmier-dattier (Phenix dactylifera) la figue et la grenade Exashyminons dabord les trois premlers

Le fruit du cegravedre et du pin ont la forme conolshyque elliptique ou ovoiumlde et leurs eacutecailles sont reacuteshyguliegraverement espaceacutees Ils figurent le plus souvent dans ces scegravenes au cours desquelles un roi un dignitaire ou un geacutenie tenant la sltule dans une main legravevent le cocircne dans lautre (horizontalement) et aspergent l C( arbre sacreacute raquo de leau quils viennent de puiser au moyen du fruit dans la situle Exemples du IXe siegravecle (As[yr Sculpt Br Musdeacutependants tandis que FIG 5 - BAS-R ELIEF DU BRITISH MU SEUM 1914) planshy

sur les sculptures ils PROVENAN T DE KHORSABAD ches XI XXX XXXII jouent le rocircle dassiStants Du reSte cette qualiteacute d laquo( accessoire l) na pas grand inteacuterecirct dans la controverse relashytive agrave la nature de lattribut

Tacircchons maintenant de speacutecifier le truit Quoique nous nayons aucune compeacutetence

1 Contra H DANTH TNE L e Palmier-Dallier e les arbres sacreacutes (Bibl archeacuteolog et hisor t XV 1937 p 134) la fleur ou le fruit sont porteacutes par le roi comme attribut au mecircme titre que son bacircton de comshymandement

agrave XXXIV XXXVIII agrave XL XLIV agrave XLVIII (voir notre fig 7)-

Exemples du vure siegravecle (As[yr Sculpt Brlt Mus 1938) planche XXVII

On pensait jadis quil sagissait de la feacutecondation du palmier femelle au moyen du fruit du palmier macircle comme on la pratique encore aujourdhui par simple deacutepocirct de la semence de celui-ci sur celle-lagrave Cette interpreacutetation a eacuteteacute abandonneacutee en

130 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

faveur de la lustration de lexorcisme desshy le palmier nen ont souvent rendu quune tineacutes agrave chasser les mauvaises influences stylisation de sorte quon voit sur lui agrave la Ailleurs le mecircme geste se repreacutesente dans foi s les cocircnes du pin ou du cegravedre 4 puis la les scegravenes de libation en preacutesence du roi l grappe de raisin et la grenade j bull bull La conshyou simplement dhommage 2 ou de lustrashy fusion est complegravete tion 3 Il arrive mecircme que lofficiant porte une palme qui a la mecircme forme styliseacutee gue celles de l laquo arbre sacreacute)) (op cit 1914 pl XXVI) En outre il est parfois remplaceacute par un rashymeau semblable agrave une tige de bleacute pl XXVII ou par un attribut fantaisiste comshyme le cercle formeacute de roshysaces pl XLI XLII l1ui sont probablement ellesshymecircmes une stylisation Mais les sculp tures ne permettent pas toujours de distingue r le fruit des deux essences cegravedre et pin bien que la forme des conifegraveres soit nettement diffeacuterente Celuishyci a en opposition avec celui-lagrave les branches netteshyment montantes PATERSON

Pal Sinach planches XVI XXIV XXV XXVII XXVIII XXXI agrave XXXIII etc C Le cegravedre ne semble pas avoir eacuteteacute sculpteacute Il est vrai que leurs cocircnes se resshysemblent agrave sy meacuteprendre mais le cegravedre est moins freacute-

De mecircme il est parfois difficile de reconnaicirctre la forme exacte du fruit du palmier tel que le preacutesenshytent les œuvres assyriennes La fleur eSt agrave trois feuilles ce qui pourrait nous la faire confondre avec certaines figures de la grenade La fleur macircle a deux verticelles de trois eacutetamines qui ne sont pas repreacutesenteacutes et la fleur femelle trois carpelshyles contenant chacun un ovale A chaque carpelle correspond une ex treacutemiteacute pointue repreacutesenteacutee sur cershytaines sculptures et ici enshycore il eSt aiseacute de confondre avec la grenade Compashyrons donc le laquo fruit raquo du dattier et celui du grenashydier

Les baies du dattier sont suspendues en laquo reacutegime raquo

qui lui est toujours conishyque et non pas spheacuterique comme la grenade La difshyfeacuterence entre le cocircne et la

FIG 6 - BIS-RELIEF DU BRlTl s H grenade se constate bien sur MUSEU~r rROVENANT DE KHORSABAD la planche XLVIII de Asshy

quent en Asie Anteacuterieure ryrian Smlptures 1914 (op tandis que le pin se rencontre de Syrie cit) agrave gauche le cocircne du pin ou du cegravedre en Afghanistan et les armeacutees assyriennes agrave droite la grenade spheacuterique agrave 3 carpelles ont ducirc le rencontrer partout ougrave la conshyquecircte les a conduites 4 RAWLIN SON Five GreaI monarchies 1864 ( Il

p 235 Cf Sa rgon tenant la mecircme plante que celleLa distineacutelion de ces fruits est dautant du bas-relief 048 devant un arbre sacreacute aux fruits

plus difficile que les artistes repreacutesentant coniques mais disposeacutes en seacuterie de trois ( P ERROT

CHrrIEZ H isloire de larl t Il 1884 p 5 r 2) qui se raient I Affrtpl 1914 pl XXXmiddotXXXII des figues (B ONA VI Flora of Ihe Ass)r montIII 2 Ib id pl XXXlII-XXXIV 18 94 p 57) 3 Ibid pl XLV-XLVI 5middot BONAVlol op ril p 55

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 131

A Kuyundjik les palmiers avec reacutegime laquo conique raquo sont abondamment reproduits comme si les sculp teurs avaient voulu trashyduire la couleur locale des pays eacutetrangers que les armeacutees victorieuses venaient de deacutevaster 1 palmes reacutegimes tronc et dimenshysions du palmier rendent la confusion laquo parfoisraquo impossible autant avec le greshynadier quavec le pin et le cegravedre

Abando nnons un instant la sculptu re et jetons un coup dœil sur les pierres grashyveacutees dans le dessein dy trouver la plante que nous cherchons agrave deacuteterminer Les intailles assyriennes et mecircme celles des pays limitropnes ne repreacutesentent que larbre ou la plante quon sest habitueacute agrave qualifier d laquo arbre de vie arbre sacreacute palmier sacreacute raquo qui reccediloit lhommage ou qui accompagne unescegravene On a admis quil sagitdu palmiershydattier agrave cause de sa ressemblance avec loriginal de son utiliteacute alimentaire et par sui te de son caractegravere symbolique dans la plupart des gravures Neacuteanmoins on

saperccediloit tout de suite que la fantaisie des artistes sest donneacute libre cours dans sa figuration Ici les stylisations des laquo arbres sacreacutes )) sont innombrables autant par laspect du tronc que par celui des fruits et des feui lles nous ne saurions deacutecrire tous les types et nous sortirions du sujet Quil suffi se den indiquer quelques-uns 2

Les graveurs repreacutesentent le plus souvent

1 Voir entre autres As)r JCIIlplures 1938 les pl XJJ XIII X L i XLV LII agrave VI LXVJ XCIV XCV

2 Consulrez J D NfHfNE op cit album Voici lluelques o u vrages de g lyp tique d ont nous extrayons les exemples preacutesents

Bibliothegraveque Nationa le DELAPoRTE 1 1910 Colleclion ries Cylinrlres orienlaux el ries Cacoels rie la Biblioloegraveque Naiionalf

DECLERCQ Calalo~ue rie la Coleclioll Derlercf t 11888 Louvre DELA PORTE L Calalogue ries Cylinrlres

~rienlalx ri illseacutee ri LOlvre 1920 1 Newcl l v D OSTEN Allc or Seals in loe Colleclioll

or Mr Edn T Newell 1934 Pierpont W J-I WARD Cylinrlrs n Ie Library

of ] lierponl liorgall 1919 Pennsylvania L EGRAt L CIltlre or loe lob)

IOliOTi19 2 j

WARD Cyliurler lcals of IF Asia 1910

un arbre dont les rameaux se terminent par un des fruits-motifs suiva nts

o Le globe Bibliothegraveque Nationale 376 Declercq 329 Pennsylvania 588 597

~ Le mecircme globe mais traverseacute par la pointe qui nest que lextreacutemiteacute du rameau auquel il est attacheacute Biblioshythegraveque Nationale 378 Louvre 5 Pierpont 163 561-2

o Le cocircne ou le g lobe termineacute en pointe Ward 691-4 696 Pennsylvania 591

t) Le globe portant 3 tiges ougrave on pourrait reconnaicirctre la grenade Ward 679 695 de Clercq planche XXXII nO 344 Newell pl XXX 37

~ Le cocircne qui semble indiquer ses eacutecailles Pierpont 16o Newell 667

Les feuiJies ~ agrave 5 Ward 699

Les feuilles ~ agrave iuml Ward 7deg9

Les feuilles ~ agrave 3 au-dessus de 2 enshyroulements ou voiutes Declercq 342 Ward 702

8gg Les globes superposeacutes Ward 661 Le globe rayonnant Louvre 18 ~ Pennsylvania 601 ~ Les branchages formant treillis surshycm monteacutes de fruits coniques Ward 678

683 agrave 690 Declercq 340 Les mecircmes abritant un objet de culte Ward 1153 Etc

Cette stylisation a produit des formes ougrave on ne reconnaicirct plus aucune essence mecircme approximativement les exemples en sont dautant plu s obscurs que les grashyvures sont useacutees ou que leur exeacutecution laissait agrave deacutesirer

Mais il reste des exemples ougrave le palmier se distingue clairement soit par le tronc barreacute dimbrications qui indiquent la base des palmes coupeacutees soit par ses branches (palmes) courbes larges et tombantes soit enfin par les reacutegimes de dattes qui en tomshybent ces derniers eacutetan t dordinaire au nombre

IF BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

de deux par goucirct de symeacutetrie deacutecorative

Arbre avec son reacutegime Ward 680 706 Arbre avec branches larges courbes

tombantes Xard 668 589 Arbre avec branches enrouleacutees ~

ard 713 A rbre avec feuilles nettement seacutepareacutees

b Pierpont 159 Ward 7 14

~ Declercq 3l Z

Arbre avec feuilles rlaceacutees sur une tige

~ Xard 707

Etc Sauf dans le cas ougrave larbre porte ses

reacutegimes et ougrave les palmes ont la largeur et la courbe speacuteciales on nest donc pas absolu-

FIG 7 - BAS-RELI E f DU BRITISH MUSEU~I PROV ENANT

DE CALU (Aslirnazirpa l)

ment sucircr quil sagisse du Phenix dactylifera ou dattier E t dans la figuration peinte ou plutocirct dans les scegravenes composeacutees de briques de faiumlence colorieacutees que constatonsshynous Larbre est tellement styliseacute que seules la forme et la chu te de ses feuilles indiquent le palmier 1 T ou tefois ici il eSt associeacute agrave une baie g lobuleuse surmonteacutee de trois feuilles qui ressemblent agrave la grenade Dans la Porte Gurgurri 2 on a deacutecouvert une applique murale en ceacuteramique colorieacutee ougrave cette pseudo-grenade est associeacutee au cocircne mais les deux motifs sont fixeacutes sur les volutes gui composent dordinaire le palshymier Styliseacute En dautres mots la fantaisie explique sinon justifie lemploi des sujets les plus disparates Ce gui nempecircche pas gue le palmier soit quelquefois reproduit er reconnaissable agrave son reacutegime 3 et mecircme sans son reacutegime 4 La peinture sur faiumlence nous eSt donc encore dun secours moindre que la g lyptique pour deacuteterminer la plante qui figure dans la main gauche cie notre pershysonnage (0-48) Celle-ci a-t-elle eacuteteacute repreacuteshysenteacutee sur les gravures

Heacutelas les repreacutesentations graveacutees en som tregraves rares La seule qui puisse nous eacuteclairer - et encore -- constitue une copie exacte compte tenu cles exigences de la matiegravere de la surface du meacutetier et de loutillage des grandes sculptures deacutejagrave mentionneacutees agrave partir du rxe siegravecle arbre sacreacute Stylishysation clu palmier devant lequel deux geacutenies aileacutes son t posteacutes tenant dans le bras loffrande (cervicleacute ou (aprideacute) et clans la main correspondante la plante ou le rameau dont seacutechappent trois fruits 5

Ceux-ci ressemblent agrave la grenade car ils se

1 Ex de Nimrud Photo ManseJJ na 575 clicheacute 3630 2 W ANDRAE Fes ful1jSlIerke 1913 pl LXXXIl

Wiss Ver D O G na 23 3 Par ex Yi A ND RAE ASnr Farbige Keramik

[92 3 pl Il 4 Ibid plJ 1II-1 V XI-XIV XIX-XXlI etc 1 H eJcna CARNEGIE Cataloue Colcctioll Alltique

GelJlJ JOlltberk r II 1908 pl VII Qc 14 DECLERcQ nO 343 accompagneacute dun precirctre dEa Pennsylvan ia na 59 I

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 133

composent du corps g lobulaire surmonteacute de trois traits (carpelles) Nous en verrons plus loin la nature Remarquons encore quagrave la diffeacuterence des fruits de nos basshyreliefs ceux-ci se redressent au lieu de penshydre ce deacutetail na pas assez dimportance pour innrmer lopinion quils sont idenshytiques aux fruits sculpteacutes Comme il sagit dune piegravece de dimensions minimes le grashyveur na pas pu indiquer au-dessous du corps globulaire un leacuteger bourrelet netteshyment visible sur les sculptures et auquel nous attachons une importance capitale

Revenons donc agrave nos sculptures et demandons-nous ennn SI le fruit de notre personnage est une ngue ou une g renade Fig ue (ncus carica) Non car sa forme est plutocirct ovale ct sa feuille plutocirct heacutemispheacuteshyrigue ni lune ni lautre ne peuvent ecirctre compa reacutees agrave no tre fruit J

Grenade Peut-ecirctre car son corps globushylaire est surmonteacute de pointes-feu illes termishynales Or de leacutepoque dAsurnazirpal pour ne citer gue les œuvres du British Museum (op cit) il y a plusieurs repreacutesentations dun fruit semblable toutes conventionnelles ou scheacutematiques excepteacute la derniegravere soit la branche portant des rosaces donc un attrishybut purement arbitraire 2 et mecircme celles-ci compleacuteteacutees par trois feuilles pointues qui rappellent des brindilles 3 ou enfin la forme qui se rapproche le plus de la grenade (pl 48) au corps spheacuterique combleacute de traits qui simulent leacutecorce et surmonteacute de

l Voir les reliefs du palais de Sinacheri b PATElSON op cil pl 32-5 les meacutemes feuilles et un fruit spheacuterique sur larbrisseau tableau d e faiumlence il Khorsabad PLACE N inive el lAssyrie 1867 t Ill pl 3

2 1914 PI 38 Fig VII Par mesu re de prudence faisons ici unc objeaion on pourrait opiner que la branche porte par exemple des paVOis vus de desJls el styliseacutes en forme de rOsace LAYAR D Nin Il pl V 1 pl XXX VIlb XXXVlllb Cette sectlylisation nous paraicirc t dautant moins vraisemblable que la rosace SC rt agrave deacuteco rer dautres ob jets ougrave toute ideacutee de fig uration du pavot eSt agrave priori absente comme sur le sectlick d e Assyr Jcupl Br Mils 1914 rI XXXIV

3 PI XXXVI XXX1X Cf GADD The llones of Ass)ria 19 36 pl 5 geacuten ies aileacutes de maintien identique ct tenant la branche agrave 2-3 rosaces ct brindilles CalaQ

trois pointes qui scheacutematisent lextreacutemiteacute des feuilles Ce dernier exemple a sans doute servi de modegravele pendant lexeacutecution des

FIG 8 - BAS-RELIEF DU FlTTS WILLIAmiddotr M USEurshy

CAM BltlDGE PROVENANT DE CArA~ (AsurnazirpaJ)

trois œuvres du vrrre siegravecle mais ougrave le fruit est reSteacute agrave leacutetat de scheacutema jpregraves examen ces derniers exemples ne peuvent en auCtin cas figurer fa grenade 4 parce que celle-ci sattache directement au rameau et t( seule raquo alors que nous avons ici troir fruits produits par

4middot Con Ira H DANTH1NE op cit pp 132 133fig909 915916922 ct N ell P ERROT Ba1) oniaca t X VIf 1937 pp 114-5 fig 98 100 104 qui y reconnaissen t des grenades

134 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

une seule tige 1 La confirmation sen trouve aiseacutement sur les mecircmes bas-reliefs qui figurent le grenadier

Voici dabord dans le palais de Kuyunshydjik les grenadiers avec ou sans fruits planches VII agrave IX XII XIV agrave XX XXXII agrave XXXV etc Et soulignons maintenant quelques-unes de ses ressemblances Cest le fruit dun arbrisseau tandis que le dattier atteint une hauteur consideacuterable fidegravele-

J Le geacutenie de Berlin (GADD op cil pl 1) ti ent un rameau agrave quatre fruit s Le roi (LAYARD N iniveb t T pl XXXVllIb) cn a cinq montant tous de la mecircme tige

FIG 9 - nAS-R E IEF DU BRITISH MUSEUM PROVENAN T

D E CALA) (ASurnazirpal)

ment observeacutee sur les sculptures La base spheacuterique est couronneacutee de trois points correspondant aux carpelles qui constituent leacutecorce et qui sont toujours visibles sur les sculptures au nombre de trois au mJins 2

Mais le grenadier ressemble encore sur les sculptures agrave la vigne par la dimension minime (en comparaison de celle du palshymier) de sorte que la forme du fruit seule conStitue une diffeacuterence qui ne trompe

pas baie spheacuterique pour la grenade grappe pour la vigne A Kuyundjik il y en a de bons exemples 3 qui montrent les plantes associeacutees dans les mecircmes paysages Lassoshyciation de la grenade de la vigne et du pin se preacutesente aussi 4 Ici les branches montent presque directement en partant du tronc agrave la diffeacuterence du palmier qui a les branches plus deacuteveloppeacutees en largeur

Les sculptures du IXe siegravecle connaissent eacutegalement la vigne mais non associeacutee agrave dautres plantes

Si la grappe de raisn peut ecirctre facilement confondue avec le reacutegime de dattes il existe heureusement une scegravene ougrave les fruits sont repreacutesenteacutes si clairement que leur confusion est impossiblel sagit du cortegravege de servants apportant les eacuteleacutements dun feStin 6 Outre les jarres dougrave sortent des rameaux fleuris il y a des plateaux portant des dattes des grappes de raisins et des grenadeJ Ici on conState la reacutegulariteacute de la forme conique des reacutegimes laspect plutocirct irreacutegulier des grappes et la forme spheacuterique aux 3 brindilles des grenades Dautres sershyvants tiennent des grenades identiques aux preacuteceacutedentes mais enfileacutees 7

Les formes repreacutesenteacutees dans ce fragshy

2 Voir pl XLVIII de AH)r Sculpllres 1914 rI gtOJmiddotSUgrave1l

3 PATERSON op cil pl XVI il XX XXII XXXI il XXXV LXVIIJ LXXI il LXXVI LXXXVIII XCVIII

4 Planches XVI agrave XX XXIV XXXI-III ere

lmiddot A S-Dr Sculptures 19 [4 pl XVII 6 PATERSON op cil plI LXXXVIII-LXXXIX ou

A syr Setpl British Museum 938 pl LXVIII 7 Ibid pl LXXXIX

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 135

ment de la scegravene du festin se diStinguent toutes par leur netteteacute il serait difficile de sy meacuteprendre Remarquons encore que certains servants portent des rameaux feuilshylus sans fruits les relegravevent mecircme comme sils voulaient les agiter agrave linstar dun chasse-mouche Mais il eSt eacutevident que ces rameaux ne ressemblent en rien agrave celui du Catalogue de 1864 T out au plus peut-on eStimer que les feuilles servaient agrave couvrir et agrave proteacuteger les comestibles contre la poussiegravere et toutes bes tio les usage qui nest pas encore perdu aujourdhui en Orient et chez nous

Enfin attirons lattention sur les deux dignitaires qui tiennent agrave la hauteur des yeux un fruit allongeacute conique surmoLteacute de feuillegt au corps rayeacute de traits reacuteguliers et fixeacute sur une tige On serait tenteacute dy reconnaicirctre un des fruits mentionneacutes plus haut plus ou moins Sty li seacute si laspect geacute neacuteshyral ne se rapprochait pas davantage dun fruit de la famille des bromeacuteliaceacutees dont la fleur est disposeacutee en eacutepi dont le frui t est un laquo syncarpe formeacute des ovaires et de bracshyteacutees devenus charnus et soudeacutes pour conStituer une masse ovoiumlde surmonteacutee dun bouquet de bracteacutees foliaceacutees)) et dont le nom le plus reacutepandu est lananas Sil en est ainsi ce fruit ne peut constituer un terme de comparaison avec reacutegimes de dattes grenades e t cocircnes dautant plus quon le trouve surtou t dans les reacutegions tropica les (Ameacuterique) Bref des comparaishySOnS preacuteceacutedentes nous pouvons admettre agrave priori que les fruits des jigunf 2 cl 6 Ile repreacutesentent pas la grenade Cette preacutesomption devient une certitude si nous nous souveshynons que sous le corps globulaire il existe un bourrelet par lequel le globe se rattache agrave la tige et que la grenade se soude directeshyment au rameau isoleacutement et non comme sur les figures 2-6 accompagneacutee de plushysieurs autres speacutecimens formant avec la tige un ensemble inteacutegral

Sil ne sagit pas clune varieacuteteacute il est

certain que le fruit des figures 2-6 rentre dans la famille des papaveacuteraceacutees Celles-ci produisent un fruit en forme de capsule

FIG 10 - Dimiddot il OF NORE BAS-lŒLlI3F (048)

o blongue et raccordeacutee agrave la tige au-dessus dun bourrelet Le corps globuleux est glabre mais pour en extraire le suc il faut y pratishyquer des entailles Ces derniegraveres pourraient ecirctre repreacutesenteacutees de faccedilon scheacutematique sur la planche XLVIII (Assyr Jculpt 1914)

Nou s aurions donc agrave faire avec un genre de coquelicot ou de pavot noms vulgaires du papaver somniferum ou de son voisin le papaver setigerum 1 Les fruits de cette

) Alphonse DE CANOOLE ()rilt~ines des piailles Cfltishydes 1883 pp 319-0

13 6 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164

Page 3: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

BULLETIN DES MUSEumlES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 123

nous verrons plus loin linteacuterecirct de ces deacutetails 1

De mecircme les deacutetails anatomiques nous reshyportent agrave plusieurs sculpshytures connues par ailshyleurs Dabord lindicashytion exageacutereacutee des mu scles des bras et de la jambe gauche i vec un peu dimagination on peut reconnaicirctre sur les avant-bras droit et gaushyche le long supinateur lextenseur commun les grand et petit palmaire le radial et le cubital sur la jambe gauche le jumeau le long peacuteronier lateacuteral et le soleacuteaire sur le pied gauche les trois preacuteceacutedents qui permetshytent lextension Il eSt clair que le sculpteur n a pas eu la preacutetention de reproduire exactement ces leviers et comme dhabitude il sest conshytenteacute de suggeacuterer lem existence par q uelq lJes lignes llus ou mOInS approchantes bien lourshydes pou r eacutevoquer la forshyce ceSt-agrave-clire se lo n la mentaliteacute des anciens la digniteacute du personnage

Puis lapplication de lœil vu de face sur un visage de profil enfin le sourcil se terminant

la plus belle eacutepoque na guegravere suse Ii beacute rer

Remarquons encore limpassibiliteacute du visage la courbe prononceacutee du nez et des narines ainsi que leacutepaisseur charnue de la legravevre qLli en comshypleacutement clu costume acshycusent Lln type bien deacuteshytermineacute loSJ)I-ien et quon ne peut pas conshyfondre avec celui du Seacutemite tout court DeshypUIS longtemps nous savons que la race assyshyrienne si ( race )) il Y a se compose cie nombreux apports ou eacuteleacutements heacuteshyteacuterogegravenes ougrave se mecirclent le sumeacuterien le burrite le mitannicn le cassite le chaldeacuteen larameacuteen et peut-ecirctre mecircme laryen qui ont contribueacute penshydant des siegravecles agrave la coshylonisation de la MeacutesoposhytamIe centrale Longshytemps on la appeleacutee seacutemitique parce quelle rarlait unc langue AeshyxionneJJe app~ renteacutee aux dialectes seacutemitiqLes en opposition aux SumeacuteroshyEacutelamites Kassites Mishytanniens et Urarteacuteens qui se servaien t dune langue agglutinative de caracshy

FG 2 - 13AS-J( ELIEF J)ES iUSIES ROYllIX tegravere et dorigine laquo asianishyDART LT l)HI SfOrJE (048) ques )) CeSt encore un

en pointe au-dessus du nez autant de soushy exemple clu fait conStateacute par ailleurs que venirs dLln archaiumlsme dont lart as syrien de la langue seule nest pas une caraeacuteteacuteristique

laquo essentielle JJ de la race et quun peuple 1 Cf A MooRTe1 OgtrH)IJtck der Ar~rer (Arch iv aussi mecircleacute que celui d issur et de Ninive

f Orieorforschung JV 927 pp 185-206) ougrave lauteur malgreacute sa puissance mateacuterielle et leacutetendueartribue une signifiearion symholique agrave plusieurs fonnes des vrrr-vn ( siegravecles seacuteculaire de son expansion (xue_vue siegravecles)

1Z4 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

ne peut preacutetendre agrave lhomogeacuteneacuteiteacute raciale Bref les deacutetails deacutecrits loin decirctre

reacutealistes trahissent ce que XI Deacuteonna appelle dans une magistrale eacutetude les caraCtegraveres dun art laquo primitiviste )) Quoi quil en soit dans le cadre bien traceacute des arts meacutesopotamiens notre bas-relief peut passer pour une belle piegravece et il remonte certainement agrave un chef-dœuvre quoique son exeacutecution savegravere infeacuterieure si on le compare agrave quelques piegraveces que nous signashylerons bientocirct Terminons la description en attirant lattention sur trois parties leacutegegravereshyment abicircmeacutees le deltoiumlde la partie posteacuteroshyinfeacuterieure du chacircle et le talon droit

La premiegravere question que nous fait poser

notre sculpture est celle de son origine Linventaire ancien des Museacutees deacuteclare quelle provient de Ninive cela veut dire dune des ruines colossales qui constituaient lantique citeacute avant sa chute en 61Z proshyvoqueacutee par la coalition des Chaldeacuteens des Megravedes et des Perses Ces ruines sont couvertes aujourdhui par les deux tells appeleacutes Kuyundjik et Nebi J unus Le preshymier seul a eacuteteacute seacuterieusement fouilleacute et on y a mis agrave nu entre autregraves le palais occupeacute par Sinacheacuterib (7deg5 -68 z) et A urbanipal (668-6z7) dougrave viennent la plupart des sculptures des VIIre-VIIe siegravecles Il y a donc beaucoup de chances que le 0-48 est originaire dune de ses salles quil contrishybuait agrave deacutecorer Encore faut-il se rappeler que nombre de sculptures de Sargon agrave Khorsabad furent transporteacutees aux palais de Ninive par ses successeurs

Si lindication dorigine est exacte le bas-relief doit avoir eacuteteacute deacutecouvert parmi des centaines de piegraveces compleacutementaires par les premiers fouilleurs soit Henry Layard et son assistant Hormuzd Rassam

1 Primitivisme et ClassicisJe dans le Bulletin de de lOffice International des InStituts dArcheacuteologie et dHiStoire de lArr IV 19 37 pp 7-22

qui y opeacuteraient entre 185deg-1854 et ce dernier entre 1877-92 soit Eacutemile Botta qui y fit des recherches en 1843 avec Flanshydin soit enfin Victor Place qui abandonna le site en 185 l afin de concentrer son aeacutehviteacute agrave Khorsabad seul

Nous ne saurons probablement jamais le nom de son inventeur et par lagrave mecircme celui de la localiteacute dorigine car il y a des preacutesomptions seacuterieuses en faveur de lopishynion dapregraves laquelle le bas-relief viendrait dailleurs de sorte que le doute planera toujours sur la place exacte quil occupait dans la salle du palais ou du temple avant de passer dans les mains des tiers et de lagrave dans nos propres colleCtions Parmi ces derniers il convient de citer M Calamatta qui vendit la piegravece en deacutecembre 1854 pour deux cent cinquante francs au Museacutee Royal dAntiquiteacutes et dArmures (Porte de Hal) ougrave elle fut conserveacutee sous le numeacutero dinventaire 951 Nous ignorons encore malgreacute nos recherches si elle a fait lobjet dune eacutetude mais elle a deacutejagrave eacuteteacute mentionshyneacutee dans le Catalogue des Collections composant le Museacutee Rqyal dAntiquiteacutes dArmures et dArtillerie par Juste Theacuteodore Consershyvateur du Museacutee 3 Remarquons degraves mainshytenant que lauteur qualifie de laquo chasseshymouche )) le rameau que tient la main gauche Nous y reviendrons

Lors du transfert des antiquiteacutes au Palais du Cinquantenaire ou aux Museacutees Royaux des Arts Deacutecoratifs et Industriels en 1 889 la piegravece y fut naturellement transporteacutee et depuis feacutevrier 1908 elle figure dans linvenshytaire de la Section des Antiquiteacutes Orientales sous le nO 048 elle a gardeacute ce chiffre dans le Deacutepartement de lAsie Anteacuterieure dont elle relegraveve

La question de lorigine se rattache agrave

2 Voir SIELEERSL L es Fouilles CIl Asie Al1teacuterieure 928 16 sl pp 27 et passim

3 Imprimerie De Bruylant-Christophc amp CI Bruxelles 864 p 97 nO AI

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 125

celle des reacutepliques dont il en existe dexcelshylentes si semblables agrave la nocirctre quelles peushyvent passer pour identiques et quelles suggegraverent lideacutee que le su jet a eacuteteacute traiteacute en sene comme on le fit pour dautres

- sculptures et mecircme seulement pour des inscriptions telle la laquo Standard Inscription )) dAsurnazirpal (885-860) dont nous posshyseacutedons neuf exemplaires 1 et dont le British Museum le Vatican le Museum of the Historical Society of New York Central Park W en conservent eacutegalement Ce dershynier possegravede une quinzaine de dalles repreacutesentant Asurnazirpal ou des geacutenies devant larbre sacreacute (cf notre personnage) justement accompagneacutes de la laquo Standardshyinscription raquo 2 La reacuteplique figure 3 qui sen rapproche le plus se trouve au Louvre et a eacuteteacute publieacutee il y a une trentaine danneacutees par le Reacutev Archibald Paterson 3 Elle y est signaleacutee comme provenant du palais de Sargon (722-7deg5) agrave Khorsabad Au premier coup dœil on constate que si lidentiteacute des deux personnages est certaine mecircme en ce qui concerne les lignes indiquant la musculatu re conventionnelle il saute aux yeux que la piegravece du Louvre est mieux exeacutecuteacutee Ainsi son relief est plus fin et plus harmonieux certaines arecirctes sont moins vives et limpression donc plus douce cest-agrave-dire quentre les deux exeacutecutions on constate une diffeacuterence dans le sens de la rudesse (2) et de la douceur (3) Dans le premier cas on admettrait volontiers que notre bas-relief remonte agrave leacutepoque du IXe siegravecle dont il a gardeacute la rudesse et par conseacutequent que celui du Louvre (3) est une copie adoucie dune maniegravere plus virile du IXe siegravecle Remarquons encore

1 SPELEERS L Notice sur les Inscriptions de lAsie Anteacuterieure des Museacutees Royaux du Cinquantenaire 1923 p_ 46 Remeil des Inscriptions de f Asie Anteacuterieure des Museacutees Rqyallx d Cinquantenaire 1925 pp_ 39-0 II 2-4_

2_ Provenant de lancienne Lenox Collection voir le Catalogue of the LVItlseul1l amp Gallery of Art of NeTII York Historical Society 1903 pp_ 94-5 191 5 pp_ 101-7_

3- Assyrian Sculptures_ chez a Kleinmann amp Co Haarlem sans date pL VTT

que les deux speacutecimens sont incomplets Leacutepaule gauche de celui du Louvre ne montre aucune trace de frange qui est bien visible sur leacutepaule et le bras de notre reacuteplishyque Le bras gauche accuse seulement par une perpendiculaire lexistence dun vecircteshyment De mecircme notre speacutecimen est incomshyplet car lextreacutemiteacute du chacircle qui devrait couvrir le dos cest-agrave-dire tomber sur leacutepaule eSt reSteacutee sans exeacutecution La laquo grecque raquo qui termine le chacircle saperccediloit aiseacutement au-dessus du bras droit de 2

devant le bracelet tandis que sur la dalle 3 cet ornement est absent

La tunique de la figu re 2 est limiteacutee aushydessus de la rotule par cette laquo grecque raquo

suivie dune seacuterie de cinq floches sur le bas-relief du Louvre elles sont toutes inshyvisibles et le sculpteur na pas reproduit non plus les floches au-dessus des chevilles mais les a remplaceacutees par les megraveches

Enfin en ce qui concerne lallure geacuteneacuterale on ne manquera pas de reconnaicirctre encore une diffeacuterence essentielle dans les proporshytions Comme il convient aux sculptures raffineacutees de leacutepoque de Sargon le personshynage du Louvre est plus eacutelanceacute tandis que le nocirctre est plus trapu_ En dautres mots ce dernier teacutemoigne dune certaine lourdeur massive par laquelle il sapparente aux œuvres du IXe siegravecle

Un speacutecimen du preacuteceacutedent figure 4 mais repreacutesentant le mecircme personnage dans la direction opposeacutee provient sans doute du palais de Sargon agrave Khorsabad 4 Il suffit de consideacuterer un instant la facture du vecircteshyment et de la coiffure pour admettre que la piegravece eSt un chef-dœuvre tellement supeacuteshyrieur aux figures 2 agrave 6 que toute comparaison est inutile la preacutesence du poignard fixeacute dans la ceinture et des sandales ninfirme pas cette opinion pas plus que la direction Remarquons toutefois que lensemble et surtout les megraveches de la frange malgreacute leur

4- Encyclopeacutedie pbotogmphique de lArt 1936 nO 307 (fig 4)shy

126 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

mouvement ondulant ont encore quelque chose de raide qui ne se trouve pas sur la dalle na II 8813 (fig 6) agrave laquelle nous reviendrons 1

1 Cf la figure aileacutee portant [offrande GAOD

SolleJ of Assyrja 1936 pl l Ct tenant la tige Hcuric

FIG 3 - BAS-R EIJEF DU LOUIΠlROVEN NT DE

KHORS RAO

Une reacuteplique (fig 5) digne de menshytion de mecircme provenance que celle du Louvre eSt conserveacutee au British Museum 2

Par le Style de la coiffure de la barbe et des franges elle eSt plus proche de notre piegravece que du relief du Louvre elle preacutesente dailleurs la mecircme rudesse dexeacutecution Dautre part elle est plus complegravete malgreacute lamputation des pieds survenue sans doute pendant ou apregraves les fouilles afin de facishyliter le transport ou la mise en place ou lusage abusif dont teacutemoigne le trou agrave la hauteur du pouce droit Remarquons que lextreacutemiteacute du chacircle qui couvre le dos eSt indiqueacutee mais non deacutetailleacutee Le bras droit laquo semble)) navoir pas eacuteteacute couvert par le vecircteshyment tandis que sur notre exemplaire la frange du chacircle sarrecircte seulement devant le cercle-braceletmiddot Le rameau ond ule forteshyment tandis que sur les exemplaires de Bruxelles et du Louvre sa courbe est plus rectiligne Enfin la main droite est moins releveacutee et le poignet porte un bracelet formeacute dun cercle plat peut-ecirctre identique agrave celui de gauche mais inacheveacute Toutes ces divergences son t minimes elles monshytrent seulement que les laquo copistes raquo usaient dune certaine liberteacute qUl nenlegraveve et najoute rien de remarquable au thegraveme fonshydamental

Faisant pendant un sujet identique (fig 6) est reproduit sur la planche XXVIII nO II88I3 il meacuterite donc notre attention Mecircme provenance mais non mecircme exeacutecushytion Le corps est plus eacutelanceacute plus mince et plus souple les megraveches de la frange plus longues plus leacutegegraveres et plus mouvementeacutees une laquo grecque )) double compleacuteteacutee de megraveches couvrent le bras gauche etc A part la musculature de la jambe droite ce Style se rapproche plus des œuvres du vme siegravecle que les exemplaires 2 agrave 4

semblable agrave la nocirctre dans lautre main eacutepoque dAssurshynapirpal Museacutee de Berlin

z Ass)rjall Smfilures frolll Sho1Jomur III 10 SenlJficherib 1938 pl XXVIII nO 118814

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 127

il pourrait mecircme passer pour une œuvre de transition entre le style de Sargon et celui de Sinacheacuteshy 1

rib Sa provenance seule indique Sargon Somme tonte les deux figures 5 et 6 ont eacuteteacute reacutealiseacutees par des mains diffeacuterentes teacutemoignant dune virtuositeacute ou dun goucirct diffeacuteren ts On pourrait en ce sens eacutetablir une gradation chroshynologique et deacutefendre la thegravese dapregraves laquelle-middot si lorigine inshydiqueacutee reste acquise et si elle acshycuse comme auteurs les artistes dun des rois auxquels on attrishybue les palais - on devrait adopshyter la datation correspondante

3 4 middot Les reliefs du Louvre (pl VII) sont de Sargon-Khorshysabad (722-7deg 5)

2 5 Ceux de Bruxelles et du British Museum (pl XXVIII nO JI 8814) proviennent de Khorshysabad mais sont exeacutecuteacutes dans un Style anteacuterieur Salmanasar V (727-723) ou Tiglatpileacuteser III (746-7 27)

FlG 4 - BAS-RELl E F DU LO UV RE P ROVFC T DE K HOR SABI D 6 Celui du British Museum (pl XXVIII nO II88I3) eSt de Khorsabad mais annonce la maniegravere de terme Kuyundjik-Asurbanipal parce Sinacheacuterib (705-682) quenfin des sculptures de Khorsabad ont

Pourquoi middot choisissons-nous ces quatre eacuteteacute transfeacutereacutees agrave Kuyundjik et peut-ecirctre de rois-lagrave Parce que ce sont ceux auxquels Calab agrave Khorsabad Ces raisons sont nous pouvons attribuer avec le plus de matiegravere agrave discuss ion mais elles conservent certitude la plupart des œuvres sinon tout leur poids en labsence de certitude toutes de Khorsabad (Sargon) de Kuyundshy relative agrave ces eacutecoles jik (Sinacheacuterib Asurbanipal) et de Calab Quoi quil en soit le sujet mecircme remonte (Tiglatpileacuteser III Salmanasar V sans oublier au regravegne dAsurnazirpal on en a plusieurs Asurnazirpal (868-860) parce que certaines repreacutesentations (fig l 7 agrave 9) ce sont des dalles deacutecouvertes dans ces palais sont dignitaires ou des geacutenies (aileacutes ou non) identiques de suje t mais diffeacuterentes dexeacuteshy tenant en main un rameau termineacute en cution si bien quune transition sy accuse fleur rosace ou fruit honorant un autre qui doit nous conduire neacutecessairement deshy motif (arbre ou personnage) et deacutecorant puis le palais de Calab (Asurnazirpal) plusieurs salles du palais de ce roi agrave Calao jusquagrave celui de Khorsabad et de lagrave au (Nimrud) Il suffit de consideacuterer lattitude

J28 BULLETIN DES MUSEES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

le geste et les attributs des personnages du British Museum op cit 1914 reproshyduits sur les planches XXXVIII XXXIX et XLVIII ou du geacutenie aileacute portant lofshyfrande du Museacutee de Berlin 952 pour dissiper le doute et pour admettre que les speacutecimens du VIlle siegravecle napportent rien de nouveau sinon un Style moins lourd et aussi excepteacutee la reacuteplique 4 une virtuositeacute deacutecroissante dans le traiteshyment des deacutetails En dautres mots la virtuositeacute du IXe siegravecle a pu engendrer la deacutecadence du goucirct et de la main-dœuvre du VIlle siegravecle car les piegraveces citeacutees de Calab sont supeacuterieures agrave celles du VIlle siegravecle excepteacutee la figure 3 malgreacute leur massiviteacute par le paralleacutelisme des traits qui composent le costume et la coiffure

Nonobstant cette appreacuteciation neacutegative en ce qui concerne notre bas-relief nous ne pouvons pas oublier que celui-ci est inacheshyveacute quil constitue une reacuteplique et quavec dautres il faisait plus que probablement partie dune seacuterie Lemploi de ce proceacutedeacute expliquerait quil ne pouvait ecirctre un chefshydœuvre

Un deacutetail doit nous inteacuteresser particushy

liegraverement parce quil importe de preCIser la nature de tattribut que tient la main et de corriger la description du Catalogue de 1864 ougrave il eSt interpreacuteteacute comme un chasseshymouche (fig JO)

Ce dessein nous Impose lobligation de recourir non seulement aux repreacutesentations analogues deacutejagrave signaleacutees mais aussi agrave toutes autres qui nous donnent loccasion dabord de constater lexistence dobjets semblables reproduits fidegravelement ou dune maniegravere approchante et ensuite de juger par comshyparaison de la forme et de la nature de lobjet

Sil eSt vrai que le chasse-mouche ne manque pas dans liconographie assyrienne

I GADD op cil pl l ASurnazirpal

il Y garde toutefois une forme caracteacuterisshytique que ne rappelle pas lattribut en question Voici des exemples du IXe siegravecle (Calab) Assyrian Sculptures British Museum 1914 planches XIXXXXXXXI XXXV Exemples du vme siegravecle (Kuyundjik) PATERSON Asyrian Sculptures Palace of Sinachegraverib planche VIII planches LXXIV LXXVIII (le roi sur le trocircne agrave Lakis) planche XXIX (le roi sur son char de parade PLACE Ninive et tAsYrie 1867 t III pl LVII (le roi sur son lit de parade) Aucun de ces exemples ne reproduit notre attribut on pourrait donc admettre agrave priori que lauteur du catalogue preacuteciteacute seSt trompeacute

Il eSt agrave remarquer en outre que le chasse-mouche neSt jamais utiliseacute que par un dignitaire en compagnie du roi Or nos reliefs repreacutesentent des dignitaires particishypant agrave une ceacutereacutemonie cultuelle ougrave la preacuteshysence du roi eSt plus accidentelle que neacutecessaire et ougrave par conseacutequent le chasseshymouches ne joue aucun rocircle essentiel (voir les exemples citeacutes plus loin) Cest une seconde objetlion contre la deStination indiqueacutee dans le Catalogue Des objections plus probantes encore reacutesultent de lexashymen de lobjet lui-mecircme

Il existe en effet plusieurs scegravenes des IXe-Vm e siegravecles ougrave lon voit un geacutenie aileacute 2 un roi 3 ou un dignitaire 4 tenant dans une main le symbole de leur foncshytion essentielle offrande sceptre et dans lautre un objet accidentel ceSt-agrave-dire que lobjet en queStion ne peut ecirctre que laccessoire dune scegravene doffrande (ou de parade) et quune fleur ou un fruit Dune offrande car le porteur de lobjet assiste un porteur doffrande la taille supeacuterieure de ce dernier indique que le premier nest quun officiant de second rang Un fruit

2 GADD op cil pl l 952 3 Tiglalpileacuteser III Uil de Schalkamer rler Otldheid

Amsterdam 1938 pl XX 4 Louvre fig 4middot

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

car il eSt pareil sauf leacutetat de maturiteacute (fleur) et lespegravece agrave lattribut que tiennent le porteur doffrande et mecircme le roi comme un accessoire et non comme un objet cultuel il suffirait de le leur enlever pour laisser agrave la scegravene son sens et son cashyractegravere essentiels 1 Cette opinion laquo semble )) conshytredite par le fait que la glyptique a reproduit des geacutenies aileacutes ou non seuls ou suivis dun assiStant honorant larbre sacreacute dans la mecircme attitude et tenant le mecircme attribut gue ceux des sculpteurs (voir les exemples p 130) Mai s on doit admettre agrave priori que ces gravures sont inspireacutees de la grande sculpture ougrave les lapicishydes puisaient des motifs quils assemblaient pour en faire une composition plus ou moins arbitraire selon la surface disponishyble Et mecircme dans le cas dune copie ( fidegravele raquo de la grande sculpture on doit convenir en opposishytion avec lobjeeacutehon preacuteshyceacutedente que sur les grashyvures citeacutees ces geacutenies sont le plus souvent inshy

en botanique les remarques suivantes contribueront tant soit peu agrave le distinguer

De prime abord et en nous basant sur les nombreuses reproductions sculpteacutees des IXe-Vlle siegravecles cinq fruits seuls pourraient

ecirctre repreacutesenteacutes tous eacutegashyIement utiles et partant symboliques dans nos scegravenes la pomme de pin (Pinus brutia) et du cegravedre (J uniperus phœnica) la baie du palmier-dattier (Phenix dactylifera) la figue et la grenade Exashyminons dabord les trois premlers

Le fruit du cegravedre et du pin ont la forme conolshyque elliptique ou ovoiumlde et leurs eacutecailles sont reacuteshyguliegraverement espaceacutees Ils figurent le plus souvent dans ces scegravenes au cours desquelles un roi un dignitaire ou un geacutenie tenant la sltule dans une main legravevent le cocircne dans lautre (horizontalement) et aspergent l C( arbre sacreacute raquo de leau quils viennent de puiser au moyen du fruit dans la situle Exemples du IXe siegravecle (As[yr Sculpt Br Musdeacutependants tandis que FIG 5 - BAS-R ELIEF DU BRITISH MU SEUM 1914) planshy

sur les sculptures ils PROVENAN T DE KHORSABAD ches XI XXX XXXII jouent le rocircle dassiStants Du reSte cette qualiteacute d laquo( accessoire l) na pas grand inteacuterecirct dans la controverse relashytive agrave la nature de lattribut

Tacircchons maintenant de speacutecifier le truit Quoique nous nayons aucune compeacutetence

1 Contra H DANTH TNE L e Palmier-Dallier e les arbres sacreacutes (Bibl archeacuteolog et hisor t XV 1937 p 134) la fleur ou le fruit sont porteacutes par le roi comme attribut au mecircme titre que son bacircton de comshymandement

agrave XXXIV XXXVIII agrave XL XLIV agrave XLVIII (voir notre fig 7)-

Exemples du vure siegravecle (As[yr Sculpt Brlt Mus 1938) planche XXVII

On pensait jadis quil sagissait de la feacutecondation du palmier femelle au moyen du fruit du palmier macircle comme on la pratique encore aujourdhui par simple deacutepocirct de la semence de celui-ci sur celle-lagrave Cette interpreacutetation a eacuteteacute abandonneacutee en

130 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

faveur de la lustration de lexorcisme desshy le palmier nen ont souvent rendu quune tineacutes agrave chasser les mauvaises influences stylisation de sorte quon voit sur lui agrave la Ailleurs le mecircme geste se repreacutesente dans foi s les cocircnes du pin ou du cegravedre 4 puis la les scegravenes de libation en preacutesence du roi l grappe de raisin et la grenade j bull bull La conshyou simplement dhommage 2 ou de lustrashy fusion est complegravete tion 3 Il arrive mecircme que lofficiant porte une palme qui a la mecircme forme styliseacutee gue celles de l laquo arbre sacreacute)) (op cit 1914 pl XXVI) En outre il est parfois remplaceacute par un rashymeau semblable agrave une tige de bleacute pl XXVII ou par un attribut fantaisiste comshyme le cercle formeacute de roshysaces pl XLI XLII l1ui sont probablement ellesshymecircmes une stylisation Mais les sculp tures ne permettent pas toujours de distingue r le fruit des deux essences cegravedre et pin bien que la forme des conifegraveres soit nettement diffeacuterente Celuishyci a en opposition avec celui-lagrave les branches netteshyment montantes PATERSON

Pal Sinach planches XVI XXIV XXV XXVII XXVIII XXXI agrave XXXIII etc C Le cegravedre ne semble pas avoir eacuteteacute sculpteacute Il est vrai que leurs cocircnes se resshysemblent agrave sy meacuteprendre mais le cegravedre est moins freacute-

De mecircme il est parfois difficile de reconnaicirctre la forme exacte du fruit du palmier tel que le preacutesenshytent les œuvres assyriennes La fleur eSt agrave trois feuilles ce qui pourrait nous la faire confondre avec certaines figures de la grenade La fleur macircle a deux verticelles de trois eacutetamines qui ne sont pas repreacutesenteacutes et la fleur femelle trois carpelshyles contenant chacun un ovale A chaque carpelle correspond une ex treacutemiteacute pointue repreacutesenteacutee sur cershytaines sculptures et ici enshycore il eSt aiseacute de confondre avec la grenade Compashyrons donc le laquo fruit raquo du dattier et celui du grenashydier

Les baies du dattier sont suspendues en laquo reacutegime raquo

qui lui est toujours conishyque et non pas spheacuterique comme la grenade La difshyfeacuterence entre le cocircne et la

FIG 6 - BIS-RELIEF DU BRlTl s H grenade se constate bien sur MUSEU~r rROVENANT DE KHORSABAD la planche XLVIII de Asshy

quent en Asie Anteacuterieure ryrian Smlptures 1914 (op tandis que le pin se rencontre de Syrie cit) agrave gauche le cocircne du pin ou du cegravedre en Afghanistan et les armeacutees assyriennes agrave droite la grenade spheacuterique agrave 3 carpelles ont ducirc le rencontrer partout ougrave la conshyquecircte les a conduites 4 RAWLIN SON Five GreaI monarchies 1864 ( Il

p 235 Cf Sa rgon tenant la mecircme plante que celleLa distineacutelion de ces fruits est dautant du bas-relief 048 devant un arbre sacreacute aux fruits

plus difficile que les artistes repreacutesentant coniques mais disposeacutes en seacuterie de trois ( P ERROT

CHrrIEZ H isloire de larl t Il 1884 p 5 r 2) qui se raient I Affrtpl 1914 pl XXXmiddotXXXII des figues (B ONA VI Flora of Ihe Ass)r montIII 2 Ib id pl XXXlII-XXXIV 18 94 p 57) 3 Ibid pl XLV-XLVI 5middot BONAVlol op ril p 55

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 131

A Kuyundjik les palmiers avec reacutegime laquo conique raquo sont abondamment reproduits comme si les sculp teurs avaient voulu trashyduire la couleur locale des pays eacutetrangers que les armeacutees victorieuses venaient de deacutevaster 1 palmes reacutegimes tronc et dimenshysions du palmier rendent la confusion laquo parfoisraquo impossible autant avec le greshynadier quavec le pin et le cegravedre

Abando nnons un instant la sculptu re et jetons un coup dœil sur les pierres grashyveacutees dans le dessein dy trouver la plante que nous cherchons agrave deacuteterminer Les intailles assyriennes et mecircme celles des pays limitropnes ne repreacutesentent que larbre ou la plante quon sest habitueacute agrave qualifier d laquo arbre de vie arbre sacreacute palmier sacreacute raquo qui reccediloit lhommage ou qui accompagne unescegravene On a admis quil sagitdu palmiershydattier agrave cause de sa ressemblance avec loriginal de son utiliteacute alimentaire et par sui te de son caractegravere symbolique dans la plupart des gravures Neacuteanmoins on

saperccediloit tout de suite que la fantaisie des artistes sest donneacute libre cours dans sa figuration Ici les stylisations des laquo arbres sacreacutes )) sont innombrables autant par laspect du tronc que par celui des fruits et des feui lles nous ne saurions deacutecrire tous les types et nous sortirions du sujet Quil suffi se den indiquer quelques-uns 2

Les graveurs repreacutesentent le plus souvent

1 Voir entre autres As)r JCIIlplures 1938 les pl XJJ XIII X L i XLV LII agrave VI LXVJ XCIV XCV

2 Consulrez J D NfHfNE op cit album Voici lluelques o u vrages de g lyp tique d ont nous extrayons les exemples preacutesents

Bibliothegraveque Nationa le DELAPoRTE 1 1910 Colleclion ries Cylinrlres orienlaux el ries Cacoels rie la Biblioloegraveque Naiionalf

DECLERCQ Calalo~ue rie la Coleclioll Derlercf t 11888 Louvre DELA PORTE L Calalogue ries Cylinrlres

~rienlalx ri illseacutee ri LOlvre 1920 1 Newcl l v D OSTEN Allc or Seals in loe Colleclioll

or Mr Edn T Newell 1934 Pierpont W J-I WARD Cylinrlrs n Ie Library

of ] lierponl liorgall 1919 Pennsylvania L EGRAt L CIltlre or loe lob)

IOliOTi19 2 j

WARD Cyliurler lcals of IF Asia 1910

un arbre dont les rameaux se terminent par un des fruits-motifs suiva nts

o Le globe Bibliothegraveque Nationale 376 Declercq 329 Pennsylvania 588 597

~ Le mecircme globe mais traverseacute par la pointe qui nest que lextreacutemiteacute du rameau auquel il est attacheacute Biblioshythegraveque Nationale 378 Louvre 5 Pierpont 163 561-2

o Le cocircne ou le g lobe termineacute en pointe Ward 691-4 696 Pennsylvania 591

t) Le globe portant 3 tiges ougrave on pourrait reconnaicirctre la grenade Ward 679 695 de Clercq planche XXXII nO 344 Newell pl XXX 37

~ Le cocircne qui semble indiquer ses eacutecailles Pierpont 16o Newell 667

Les feuiJies ~ agrave 5 Ward 699

Les feuilles ~ agrave iuml Ward 7deg9

Les feuilles ~ agrave 3 au-dessus de 2 enshyroulements ou voiutes Declercq 342 Ward 702

8gg Les globes superposeacutes Ward 661 Le globe rayonnant Louvre 18 ~ Pennsylvania 601 ~ Les branchages formant treillis surshycm monteacutes de fruits coniques Ward 678

683 agrave 690 Declercq 340 Les mecircmes abritant un objet de culte Ward 1153 Etc

Cette stylisation a produit des formes ougrave on ne reconnaicirct plus aucune essence mecircme approximativement les exemples en sont dautant plu s obscurs que les grashyvures sont useacutees ou que leur exeacutecution laissait agrave deacutesirer

Mais il reste des exemples ougrave le palmier se distingue clairement soit par le tronc barreacute dimbrications qui indiquent la base des palmes coupeacutees soit par ses branches (palmes) courbes larges et tombantes soit enfin par les reacutegimes de dattes qui en tomshybent ces derniers eacutetan t dordinaire au nombre

IF BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

de deux par goucirct de symeacutetrie deacutecorative

Arbre avec son reacutegime Ward 680 706 Arbre avec branches larges courbes

tombantes Xard 668 589 Arbre avec branches enrouleacutees ~

ard 713 A rbre avec feuilles nettement seacutepareacutees

b Pierpont 159 Ward 7 14

~ Declercq 3l Z

Arbre avec feuilles rlaceacutees sur une tige

~ Xard 707

Etc Sauf dans le cas ougrave larbre porte ses

reacutegimes et ougrave les palmes ont la largeur et la courbe speacuteciales on nest donc pas absolu-

FIG 7 - BAS-RELI E f DU BRITISH MUSEU~I PROV ENANT

DE CALU (Aslirnazirpa l)

ment sucircr quil sagisse du Phenix dactylifera ou dattier E t dans la figuration peinte ou plutocirct dans les scegravenes composeacutees de briques de faiumlence colorieacutees que constatonsshynous Larbre est tellement styliseacute que seules la forme et la chu te de ses feuilles indiquent le palmier 1 T ou tefois ici il eSt associeacute agrave une baie g lobuleuse surmonteacutee de trois feuilles qui ressemblent agrave la grenade Dans la Porte Gurgurri 2 on a deacutecouvert une applique murale en ceacuteramique colorieacutee ougrave cette pseudo-grenade est associeacutee au cocircne mais les deux motifs sont fixeacutes sur les volutes gui composent dordinaire le palshymier Styliseacute En dautres mots la fantaisie explique sinon justifie lemploi des sujets les plus disparates Ce gui nempecircche pas gue le palmier soit quelquefois reproduit er reconnaissable agrave son reacutegime 3 et mecircme sans son reacutegime 4 La peinture sur faiumlence nous eSt donc encore dun secours moindre que la g lyptique pour deacuteterminer la plante qui figure dans la main gauche cie notre pershysonnage (0-48) Celle-ci a-t-elle eacuteteacute repreacuteshysenteacutee sur les gravures

Heacutelas les repreacutesentations graveacutees en som tregraves rares La seule qui puisse nous eacuteclairer - et encore -- constitue une copie exacte compte tenu cles exigences de la matiegravere de la surface du meacutetier et de loutillage des grandes sculptures deacutejagrave mentionneacutees agrave partir du rxe siegravecle arbre sacreacute Stylishysation clu palmier devant lequel deux geacutenies aileacutes son t posteacutes tenant dans le bras loffrande (cervicleacute ou (aprideacute) et clans la main correspondante la plante ou le rameau dont seacutechappent trois fruits 5

Ceux-ci ressemblent agrave la grenade car ils se

1 Ex de Nimrud Photo ManseJJ na 575 clicheacute 3630 2 W ANDRAE Fes ful1jSlIerke 1913 pl LXXXIl

Wiss Ver D O G na 23 3 Par ex Yi A ND RAE ASnr Farbige Keramik

[92 3 pl Il 4 Ibid plJ 1II-1 V XI-XIV XIX-XXlI etc 1 H eJcna CARNEGIE Cataloue Colcctioll Alltique

GelJlJ JOlltberk r II 1908 pl VII Qc 14 DECLERcQ nO 343 accompagneacute dun precirctre dEa Pennsylvan ia na 59 I

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 133

composent du corps g lobulaire surmonteacute de trois traits (carpelles) Nous en verrons plus loin la nature Remarquons encore quagrave la diffeacuterence des fruits de nos basshyreliefs ceux-ci se redressent au lieu de penshydre ce deacutetail na pas assez dimportance pour innrmer lopinion quils sont idenshytiques aux fruits sculpteacutes Comme il sagit dune piegravece de dimensions minimes le grashyveur na pas pu indiquer au-dessous du corps globulaire un leacuteger bourrelet netteshyment visible sur les sculptures et auquel nous attachons une importance capitale

Revenons donc agrave nos sculptures et demandons-nous ennn SI le fruit de notre personnage est une ngue ou une g renade Fig ue (ncus carica) Non car sa forme est plutocirct ovale ct sa feuille plutocirct heacutemispheacuteshyrigue ni lune ni lautre ne peuvent ecirctre compa reacutees agrave no tre fruit J

Grenade Peut-ecirctre car son corps globushylaire est surmonteacute de pointes-feu illes termishynales Or de leacutepoque dAsurnazirpal pour ne citer gue les œuvres du British Museum (op cit) il y a plusieurs repreacutesentations dun fruit semblable toutes conventionnelles ou scheacutematiques excepteacute la derniegravere soit la branche portant des rosaces donc un attrishybut purement arbitraire 2 et mecircme celles-ci compleacuteteacutees par trois feuilles pointues qui rappellent des brindilles 3 ou enfin la forme qui se rapproche le plus de la grenade (pl 48) au corps spheacuterique combleacute de traits qui simulent leacutecorce et surmonteacute de

l Voir les reliefs du palais de Sinacheri b PATElSON op cil pl 32-5 les meacutemes feuilles et un fruit spheacuterique sur larbrisseau tableau d e faiumlence il Khorsabad PLACE N inive el lAssyrie 1867 t Ill pl 3

2 1914 PI 38 Fig VII Par mesu re de prudence faisons ici unc objeaion on pourrait opiner que la branche porte par exemple des paVOis vus de desJls el styliseacutes en forme de rOsace LAYAR D Nin Il pl V 1 pl XXX VIlb XXXVlllb Cette sectlylisation nous paraicirc t dautant moins vraisemblable que la rosace SC rt agrave deacuteco rer dautres ob jets ougrave toute ideacutee de fig uration du pavot eSt agrave priori absente comme sur le sectlick d e Assyr Jcupl Br Mils 1914 rI XXXIV

3 PI XXXVI XXX1X Cf GADD The llones of Ass)ria 19 36 pl 5 geacuten ies aileacutes de maintien identique ct tenant la branche agrave 2-3 rosaces ct brindilles CalaQ

trois pointes qui scheacutematisent lextreacutemiteacute des feuilles Ce dernier exemple a sans doute servi de modegravele pendant lexeacutecution des

FIG 8 - BAS-RELIEF DU FlTTS WILLIAmiddotr M USEurshy

CAM BltlDGE PROVENANT DE CArA~ (AsurnazirpaJ)

trois œuvres du vrrre siegravecle mais ougrave le fruit est reSteacute agrave leacutetat de scheacutema jpregraves examen ces derniers exemples ne peuvent en auCtin cas figurer fa grenade 4 parce que celle-ci sattache directement au rameau et t( seule raquo alors que nous avons ici troir fruits produits par

4middot Con Ira H DANTH1NE op cit pp 132 133fig909 915916922 ct N ell P ERROT Ba1) oniaca t X VIf 1937 pp 114-5 fig 98 100 104 qui y reconnaissen t des grenades

134 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

une seule tige 1 La confirmation sen trouve aiseacutement sur les mecircmes bas-reliefs qui figurent le grenadier

Voici dabord dans le palais de Kuyunshydjik les grenadiers avec ou sans fruits planches VII agrave IX XII XIV agrave XX XXXII agrave XXXV etc Et soulignons maintenant quelques-unes de ses ressemblances Cest le fruit dun arbrisseau tandis que le dattier atteint une hauteur consideacuterable fidegravele-

J Le geacutenie de Berlin (GADD op cil pl 1) ti ent un rameau agrave quatre fruit s Le roi (LAYARD N iniveb t T pl XXXVllIb) cn a cinq montant tous de la mecircme tige

FIG 9 - nAS-R E IEF DU BRITISH MUSEUM PROVENAN T

D E CALA) (ASurnazirpal)

ment observeacutee sur les sculptures La base spheacuterique est couronneacutee de trois points correspondant aux carpelles qui constituent leacutecorce et qui sont toujours visibles sur les sculptures au nombre de trois au mJins 2

Mais le grenadier ressemble encore sur les sculptures agrave la vigne par la dimension minime (en comparaison de celle du palshymier) de sorte que la forme du fruit seule conStitue une diffeacuterence qui ne trompe

pas baie spheacuterique pour la grenade grappe pour la vigne A Kuyundjik il y en a de bons exemples 3 qui montrent les plantes associeacutees dans les mecircmes paysages Lassoshyciation de la grenade de la vigne et du pin se preacutesente aussi 4 Ici les branches montent presque directement en partant du tronc agrave la diffeacuterence du palmier qui a les branches plus deacuteveloppeacutees en largeur

Les sculptures du IXe siegravecle connaissent eacutegalement la vigne mais non associeacutee agrave dautres plantes

Si la grappe de raisn peut ecirctre facilement confondue avec le reacutegime de dattes il existe heureusement une scegravene ougrave les fruits sont repreacutesenteacutes si clairement que leur confusion est impossiblel sagit du cortegravege de servants apportant les eacuteleacutements dun feStin 6 Outre les jarres dougrave sortent des rameaux fleuris il y a des plateaux portant des dattes des grappes de raisins et des grenadeJ Ici on conState la reacutegulariteacute de la forme conique des reacutegimes laspect plutocirct irreacutegulier des grappes et la forme spheacuterique aux 3 brindilles des grenades Dautres sershyvants tiennent des grenades identiques aux preacuteceacutedentes mais enfileacutees 7

Les formes repreacutesenteacutees dans ce fragshy

2 Voir pl XLVIII de AH)r Sculpllres 1914 rI gtOJmiddotSUgrave1l

3 PATERSON op cil pl XVI il XX XXII XXXI il XXXV LXVIIJ LXXI il LXXVI LXXXVIII XCVIII

4 Planches XVI agrave XX XXIV XXXI-III ere

lmiddot A S-Dr Sculptures 19 [4 pl XVII 6 PATERSON op cil plI LXXXVIII-LXXXIX ou

A syr Setpl British Museum 938 pl LXVIII 7 Ibid pl LXXXIX

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 135

ment de la scegravene du festin se diStinguent toutes par leur netteteacute il serait difficile de sy meacuteprendre Remarquons encore que certains servants portent des rameaux feuilshylus sans fruits les relegravevent mecircme comme sils voulaient les agiter agrave linstar dun chasse-mouche Mais il eSt eacutevident que ces rameaux ne ressemblent en rien agrave celui du Catalogue de 1864 T out au plus peut-on eStimer que les feuilles servaient agrave couvrir et agrave proteacuteger les comestibles contre la poussiegravere et toutes bes tio les usage qui nest pas encore perdu aujourdhui en Orient et chez nous

Enfin attirons lattention sur les deux dignitaires qui tiennent agrave la hauteur des yeux un fruit allongeacute conique surmoLteacute de feuillegt au corps rayeacute de traits reacuteguliers et fixeacute sur une tige On serait tenteacute dy reconnaicirctre un des fruits mentionneacutes plus haut plus ou moins Sty li seacute si laspect geacute neacuteshyral ne se rapprochait pas davantage dun fruit de la famille des bromeacuteliaceacutees dont la fleur est disposeacutee en eacutepi dont le frui t est un laquo syncarpe formeacute des ovaires et de bracshyteacutees devenus charnus et soudeacutes pour conStituer une masse ovoiumlde surmonteacutee dun bouquet de bracteacutees foliaceacutees)) et dont le nom le plus reacutepandu est lananas Sil en est ainsi ce fruit ne peut constituer un terme de comparaison avec reacutegimes de dattes grenades e t cocircnes dautant plus quon le trouve surtou t dans les reacutegions tropica les (Ameacuterique) Bref des comparaishySOnS preacuteceacutedentes nous pouvons admettre agrave priori que les fruits des jigunf 2 cl 6 Ile repreacutesentent pas la grenade Cette preacutesomption devient une certitude si nous nous souveshynons que sous le corps globulaire il existe un bourrelet par lequel le globe se rattache agrave la tige et que la grenade se soude directeshyment au rameau isoleacutement et non comme sur les figures 2-6 accompagneacutee de plushysieurs autres speacutecimens formant avec la tige un ensemble inteacutegral

Sil ne sagit pas clune varieacuteteacute il est

certain que le fruit des figures 2-6 rentre dans la famille des papaveacuteraceacutees Celles-ci produisent un fruit en forme de capsule

FIG 10 - Dimiddot il OF NORE BAS-lŒLlI3F (048)

o blongue et raccordeacutee agrave la tige au-dessus dun bourrelet Le corps globuleux est glabre mais pour en extraire le suc il faut y pratishyquer des entailles Ces derniegraveres pourraient ecirctre repreacutesenteacutees de faccedilon scheacutematique sur la planche XLVIII (Assyr Jculpt 1914)

Nou s aurions donc agrave faire avec un genre de coquelicot ou de pavot noms vulgaires du papaver somniferum ou de son voisin le papaver setigerum 1 Les fruits de cette

) Alphonse DE CANOOLE ()rilt~ines des piailles Cfltishydes 1883 pp 319-0

13 6 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164

Page 4: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

1Z4 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

ne peut preacutetendre agrave lhomogeacuteneacuteiteacute raciale Bref les deacutetails deacutecrits loin decirctre

reacutealistes trahissent ce que XI Deacuteonna appelle dans une magistrale eacutetude les caraCtegraveres dun art laquo primitiviste )) Quoi quil en soit dans le cadre bien traceacute des arts meacutesopotamiens notre bas-relief peut passer pour une belle piegravece et il remonte certainement agrave un chef-dœuvre quoique son exeacutecution savegravere infeacuterieure si on le compare agrave quelques piegraveces que nous signashylerons bientocirct Terminons la description en attirant lattention sur trois parties leacutegegravereshyment abicircmeacutees le deltoiumlde la partie posteacuteroshyinfeacuterieure du chacircle et le talon droit

La premiegravere question que nous fait poser

notre sculpture est celle de son origine Linventaire ancien des Museacutees deacuteclare quelle provient de Ninive cela veut dire dune des ruines colossales qui constituaient lantique citeacute avant sa chute en 61Z proshyvoqueacutee par la coalition des Chaldeacuteens des Megravedes et des Perses Ces ruines sont couvertes aujourdhui par les deux tells appeleacutes Kuyundjik et Nebi J unus Le preshymier seul a eacuteteacute seacuterieusement fouilleacute et on y a mis agrave nu entre autregraves le palais occupeacute par Sinacheacuterib (7deg5 -68 z) et A urbanipal (668-6z7) dougrave viennent la plupart des sculptures des VIIre-VIIe siegravecles Il y a donc beaucoup de chances que le 0-48 est originaire dune de ses salles quil contrishybuait agrave deacutecorer Encore faut-il se rappeler que nombre de sculptures de Sargon agrave Khorsabad furent transporteacutees aux palais de Ninive par ses successeurs

Si lindication dorigine est exacte le bas-relief doit avoir eacuteteacute deacutecouvert parmi des centaines de piegraveces compleacutementaires par les premiers fouilleurs soit Henry Layard et son assistant Hormuzd Rassam

1 Primitivisme et ClassicisJe dans le Bulletin de de lOffice International des InStituts dArcheacuteologie et dHiStoire de lArr IV 19 37 pp 7-22

qui y opeacuteraient entre 185deg-1854 et ce dernier entre 1877-92 soit Eacutemile Botta qui y fit des recherches en 1843 avec Flanshydin soit enfin Victor Place qui abandonna le site en 185 l afin de concentrer son aeacutehviteacute agrave Khorsabad seul

Nous ne saurons probablement jamais le nom de son inventeur et par lagrave mecircme celui de la localiteacute dorigine car il y a des preacutesomptions seacuterieuses en faveur de lopishynion dapregraves laquelle le bas-relief viendrait dailleurs de sorte que le doute planera toujours sur la place exacte quil occupait dans la salle du palais ou du temple avant de passer dans les mains des tiers et de lagrave dans nos propres colleCtions Parmi ces derniers il convient de citer M Calamatta qui vendit la piegravece en deacutecembre 1854 pour deux cent cinquante francs au Museacutee Royal dAntiquiteacutes et dArmures (Porte de Hal) ougrave elle fut conserveacutee sous le numeacutero dinventaire 951 Nous ignorons encore malgreacute nos recherches si elle a fait lobjet dune eacutetude mais elle a deacutejagrave eacuteteacute mentionshyneacutee dans le Catalogue des Collections composant le Museacutee Rqyal dAntiquiteacutes dArmures et dArtillerie par Juste Theacuteodore Consershyvateur du Museacutee 3 Remarquons degraves mainshytenant que lauteur qualifie de laquo chasseshymouche )) le rameau que tient la main gauche Nous y reviendrons

Lors du transfert des antiquiteacutes au Palais du Cinquantenaire ou aux Museacutees Royaux des Arts Deacutecoratifs et Industriels en 1 889 la piegravece y fut naturellement transporteacutee et depuis feacutevrier 1908 elle figure dans linvenshytaire de la Section des Antiquiteacutes Orientales sous le nO 048 elle a gardeacute ce chiffre dans le Deacutepartement de lAsie Anteacuterieure dont elle relegraveve

La question de lorigine se rattache agrave

2 Voir SIELEERSL L es Fouilles CIl Asie Al1teacuterieure 928 16 sl pp 27 et passim

3 Imprimerie De Bruylant-Christophc amp CI Bruxelles 864 p 97 nO AI

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 125

celle des reacutepliques dont il en existe dexcelshylentes si semblables agrave la nocirctre quelles peushyvent passer pour identiques et quelles suggegraverent lideacutee que le su jet a eacuteteacute traiteacute en sene comme on le fit pour dautres

- sculptures et mecircme seulement pour des inscriptions telle la laquo Standard Inscription )) dAsurnazirpal (885-860) dont nous posshyseacutedons neuf exemplaires 1 et dont le British Museum le Vatican le Museum of the Historical Society of New York Central Park W en conservent eacutegalement Ce dershynier possegravede une quinzaine de dalles repreacutesentant Asurnazirpal ou des geacutenies devant larbre sacreacute (cf notre personnage) justement accompagneacutes de la laquo Standardshyinscription raquo 2 La reacuteplique figure 3 qui sen rapproche le plus se trouve au Louvre et a eacuteteacute publieacutee il y a une trentaine danneacutees par le Reacutev Archibald Paterson 3 Elle y est signaleacutee comme provenant du palais de Sargon (722-7deg5) agrave Khorsabad Au premier coup dœil on constate que si lidentiteacute des deux personnages est certaine mecircme en ce qui concerne les lignes indiquant la musculatu re conventionnelle il saute aux yeux que la piegravece du Louvre est mieux exeacutecuteacutee Ainsi son relief est plus fin et plus harmonieux certaines arecirctes sont moins vives et limpression donc plus douce cest-agrave-dire quentre les deux exeacutecutions on constate une diffeacuterence dans le sens de la rudesse (2) et de la douceur (3) Dans le premier cas on admettrait volontiers que notre bas-relief remonte agrave leacutepoque du IXe siegravecle dont il a gardeacute la rudesse et par conseacutequent que celui du Louvre (3) est une copie adoucie dune maniegravere plus virile du IXe siegravecle Remarquons encore

1 SPELEERS L Notice sur les Inscriptions de lAsie Anteacuterieure des Museacutees Royaux du Cinquantenaire 1923 p_ 46 Remeil des Inscriptions de f Asie Anteacuterieure des Museacutees Rqyallx d Cinquantenaire 1925 pp_ 39-0 II 2-4_

2_ Provenant de lancienne Lenox Collection voir le Catalogue of the LVItlseul1l amp Gallery of Art of NeTII York Historical Society 1903 pp_ 94-5 191 5 pp_ 101-7_

3- Assyrian Sculptures_ chez a Kleinmann amp Co Haarlem sans date pL VTT

que les deux speacutecimens sont incomplets Leacutepaule gauche de celui du Louvre ne montre aucune trace de frange qui est bien visible sur leacutepaule et le bras de notre reacuteplishyque Le bras gauche accuse seulement par une perpendiculaire lexistence dun vecircteshyment De mecircme notre speacutecimen est incomshyplet car lextreacutemiteacute du chacircle qui devrait couvrir le dos cest-agrave-dire tomber sur leacutepaule eSt reSteacutee sans exeacutecution La laquo grecque raquo qui termine le chacircle saperccediloit aiseacutement au-dessus du bras droit de 2

devant le bracelet tandis que sur la dalle 3 cet ornement est absent

La tunique de la figu re 2 est limiteacutee aushydessus de la rotule par cette laquo grecque raquo

suivie dune seacuterie de cinq floches sur le bas-relief du Louvre elles sont toutes inshyvisibles et le sculpteur na pas reproduit non plus les floches au-dessus des chevilles mais les a remplaceacutees par les megraveches

Enfin en ce qui concerne lallure geacuteneacuterale on ne manquera pas de reconnaicirctre encore une diffeacuterence essentielle dans les proporshytions Comme il convient aux sculptures raffineacutees de leacutepoque de Sargon le personshynage du Louvre est plus eacutelanceacute tandis que le nocirctre est plus trapu_ En dautres mots ce dernier teacutemoigne dune certaine lourdeur massive par laquelle il sapparente aux œuvres du IXe siegravecle

Un speacutecimen du preacuteceacutedent figure 4 mais repreacutesentant le mecircme personnage dans la direction opposeacutee provient sans doute du palais de Sargon agrave Khorsabad 4 Il suffit de consideacuterer un instant la facture du vecircteshyment et de la coiffure pour admettre que la piegravece eSt un chef-dœuvre tellement supeacuteshyrieur aux figures 2 agrave 6 que toute comparaison est inutile la preacutesence du poignard fixeacute dans la ceinture et des sandales ninfirme pas cette opinion pas plus que la direction Remarquons toutefois que lensemble et surtout les megraveches de la frange malgreacute leur

4- Encyclopeacutedie pbotogmphique de lArt 1936 nO 307 (fig 4)shy

126 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

mouvement ondulant ont encore quelque chose de raide qui ne se trouve pas sur la dalle na II 8813 (fig 6) agrave laquelle nous reviendrons 1

1 Cf la figure aileacutee portant [offrande GAOD

SolleJ of Assyrja 1936 pl l Ct tenant la tige Hcuric

FIG 3 - BAS-R EIJEF DU LOUIΠlROVEN NT DE

KHORS RAO

Une reacuteplique (fig 5) digne de menshytion de mecircme provenance que celle du Louvre eSt conserveacutee au British Museum 2

Par le Style de la coiffure de la barbe et des franges elle eSt plus proche de notre piegravece que du relief du Louvre elle preacutesente dailleurs la mecircme rudesse dexeacutecution Dautre part elle est plus complegravete malgreacute lamputation des pieds survenue sans doute pendant ou apregraves les fouilles afin de facishyliter le transport ou la mise en place ou lusage abusif dont teacutemoigne le trou agrave la hauteur du pouce droit Remarquons que lextreacutemiteacute du chacircle qui couvre le dos eSt indiqueacutee mais non deacutetailleacutee Le bras droit laquo semble)) navoir pas eacuteteacute couvert par le vecircteshyment tandis que sur notre exemplaire la frange du chacircle sarrecircte seulement devant le cercle-braceletmiddot Le rameau ond ule forteshyment tandis que sur les exemplaires de Bruxelles et du Louvre sa courbe est plus rectiligne Enfin la main droite est moins releveacutee et le poignet porte un bracelet formeacute dun cercle plat peut-ecirctre identique agrave celui de gauche mais inacheveacute Toutes ces divergences son t minimes elles monshytrent seulement que les laquo copistes raquo usaient dune certaine liberteacute qUl nenlegraveve et najoute rien de remarquable au thegraveme fonshydamental

Faisant pendant un sujet identique (fig 6) est reproduit sur la planche XXVIII nO II88I3 il meacuterite donc notre attention Mecircme provenance mais non mecircme exeacutecushytion Le corps est plus eacutelanceacute plus mince et plus souple les megraveches de la frange plus longues plus leacutegegraveres et plus mouvementeacutees une laquo grecque )) double compleacuteteacutee de megraveches couvrent le bras gauche etc A part la musculature de la jambe droite ce Style se rapproche plus des œuvres du vme siegravecle que les exemplaires 2 agrave 4

semblable agrave la nocirctre dans lautre main eacutepoque dAssurshynapirpal Museacutee de Berlin

z Ass)rjall Smfilures frolll Sho1Jomur III 10 SenlJficherib 1938 pl XXVIII nO 118814

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 127

il pourrait mecircme passer pour une œuvre de transition entre le style de Sargon et celui de Sinacheacuteshy 1

rib Sa provenance seule indique Sargon Somme tonte les deux figures 5 et 6 ont eacuteteacute reacutealiseacutees par des mains diffeacuterentes teacutemoignant dune virtuositeacute ou dun goucirct diffeacuteren ts On pourrait en ce sens eacutetablir une gradation chroshynologique et deacutefendre la thegravese dapregraves laquelle-middot si lorigine inshydiqueacutee reste acquise et si elle acshycuse comme auteurs les artistes dun des rois auxquels on attrishybue les palais - on devrait adopshyter la datation correspondante

3 4 middot Les reliefs du Louvre (pl VII) sont de Sargon-Khorshysabad (722-7deg 5)

2 5 Ceux de Bruxelles et du British Museum (pl XXVIII nO JI 8814) proviennent de Khorshysabad mais sont exeacutecuteacutes dans un Style anteacuterieur Salmanasar V (727-723) ou Tiglatpileacuteser III (746-7 27)

FlG 4 - BAS-RELl E F DU LO UV RE P ROVFC T DE K HOR SABI D 6 Celui du British Museum (pl XXVIII nO II88I3) eSt de Khorsabad mais annonce la maniegravere de terme Kuyundjik-Asurbanipal parce Sinacheacuterib (705-682) quenfin des sculptures de Khorsabad ont

Pourquoi middot choisissons-nous ces quatre eacuteteacute transfeacutereacutees agrave Kuyundjik et peut-ecirctre de rois-lagrave Parce que ce sont ceux auxquels Calab agrave Khorsabad Ces raisons sont nous pouvons attribuer avec le plus de matiegravere agrave discuss ion mais elles conservent certitude la plupart des œuvres sinon tout leur poids en labsence de certitude toutes de Khorsabad (Sargon) de Kuyundshy relative agrave ces eacutecoles jik (Sinacheacuterib Asurbanipal) et de Calab Quoi quil en soit le sujet mecircme remonte (Tiglatpileacuteser III Salmanasar V sans oublier au regravegne dAsurnazirpal on en a plusieurs Asurnazirpal (868-860) parce que certaines repreacutesentations (fig l 7 agrave 9) ce sont des dalles deacutecouvertes dans ces palais sont dignitaires ou des geacutenies (aileacutes ou non) identiques de suje t mais diffeacuterentes dexeacuteshy tenant en main un rameau termineacute en cution si bien quune transition sy accuse fleur rosace ou fruit honorant un autre qui doit nous conduire neacutecessairement deshy motif (arbre ou personnage) et deacutecorant puis le palais de Calab (Asurnazirpal) plusieurs salles du palais de ce roi agrave Calao jusquagrave celui de Khorsabad et de lagrave au (Nimrud) Il suffit de consideacuterer lattitude

J28 BULLETIN DES MUSEES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

le geste et les attributs des personnages du British Museum op cit 1914 reproshyduits sur les planches XXXVIII XXXIX et XLVIII ou du geacutenie aileacute portant lofshyfrande du Museacutee de Berlin 952 pour dissiper le doute et pour admettre que les speacutecimens du VIlle siegravecle napportent rien de nouveau sinon un Style moins lourd et aussi excepteacutee la reacuteplique 4 une virtuositeacute deacutecroissante dans le traiteshyment des deacutetails En dautres mots la virtuositeacute du IXe siegravecle a pu engendrer la deacutecadence du goucirct et de la main-dœuvre du VIlle siegravecle car les piegraveces citeacutees de Calab sont supeacuterieures agrave celles du VIlle siegravecle excepteacutee la figure 3 malgreacute leur massiviteacute par le paralleacutelisme des traits qui composent le costume et la coiffure

Nonobstant cette appreacuteciation neacutegative en ce qui concerne notre bas-relief nous ne pouvons pas oublier que celui-ci est inacheshyveacute quil constitue une reacuteplique et quavec dautres il faisait plus que probablement partie dune seacuterie Lemploi de ce proceacutedeacute expliquerait quil ne pouvait ecirctre un chefshydœuvre

Un deacutetail doit nous inteacuteresser particushy

liegraverement parce quil importe de preCIser la nature de tattribut que tient la main et de corriger la description du Catalogue de 1864 ougrave il eSt interpreacuteteacute comme un chasseshymouche (fig JO)

Ce dessein nous Impose lobligation de recourir non seulement aux repreacutesentations analogues deacutejagrave signaleacutees mais aussi agrave toutes autres qui nous donnent loccasion dabord de constater lexistence dobjets semblables reproduits fidegravelement ou dune maniegravere approchante et ensuite de juger par comshyparaison de la forme et de la nature de lobjet

Sil eSt vrai que le chasse-mouche ne manque pas dans liconographie assyrienne

I GADD op cil pl l ASurnazirpal

il Y garde toutefois une forme caracteacuterisshytique que ne rappelle pas lattribut en question Voici des exemples du IXe siegravecle (Calab) Assyrian Sculptures British Museum 1914 planches XIXXXXXXXI XXXV Exemples du vme siegravecle (Kuyundjik) PATERSON Asyrian Sculptures Palace of Sinachegraverib planche VIII planches LXXIV LXXVIII (le roi sur le trocircne agrave Lakis) planche XXIX (le roi sur son char de parade PLACE Ninive et tAsYrie 1867 t III pl LVII (le roi sur son lit de parade) Aucun de ces exemples ne reproduit notre attribut on pourrait donc admettre agrave priori que lauteur du catalogue preacuteciteacute seSt trompeacute

Il eSt agrave remarquer en outre que le chasse-mouche neSt jamais utiliseacute que par un dignitaire en compagnie du roi Or nos reliefs repreacutesentent des dignitaires particishypant agrave une ceacutereacutemonie cultuelle ougrave la preacuteshysence du roi eSt plus accidentelle que neacutecessaire et ougrave par conseacutequent le chasseshymouches ne joue aucun rocircle essentiel (voir les exemples citeacutes plus loin) Cest une seconde objetlion contre la deStination indiqueacutee dans le Catalogue Des objections plus probantes encore reacutesultent de lexashymen de lobjet lui-mecircme

Il existe en effet plusieurs scegravenes des IXe-Vm e siegravecles ougrave lon voit un geacutenie aileacute 2 un roi 3 ou un dignitaire 4 tenant dans une main le symbole de leur foncshytion essentielle offrande sceptre et dans lautre un objet accidentel ceSt-agrave-dire que lobjet en queStion ne peut ecirctre que laccessoire dune scegravene doffrande (ou de parade) et quune fleur ou un fruit Dune offrande car le porteur de lobjet assiste un porteur doffrande la taille supeacuterieure de ce dernier indique que le premier nest quun officiant de second rang Un fruit

2 GADD op cil pl l 952 3 Tiglalpileacuteser III Uil de Schalkamer rler Otldheid

Amsterdam 1938 pl XX 4 Louvre fig 4middot

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

car il eSt pareil sauf leacutetat de maturiteacute (fleur) et lespegravece agrave lattribut que tiennent le porteur doffrande et mecircme le roi comme un accessoire et non comme un objet cultuel il suffirait de le leur enlever pour laisser agrave la scegravene son sens et son cashyractegravere essentiels 1 Cette opinion laquo semble )) conshytredite par le fait que la glyptique a reproduit des geacutenies aileacutes ou non seuls ou suivis dun assiStant honorant larbre sacreacute dans la mecircme attitude et tenant le mecircme attribut gue ceux des sculpteurs (voir les exemples p 130) Mai s on doit admettre agrave priori que ces gravures sont inspireacutees de la grande sculpture ougrave les lapicishydes puisaient des motifs quils assemblaient pour en faire une composition plus ou moins arbitraire selon la surface disponishyble Et mecircme dans le cas dune copie ( fidegravele raquo de la grande sculpture on doit convenir en opposishytion avec lobjeeacutehon preacuteshyceacutedente que sur les grashyvures citeacutees ces geacutenies sont le plus souvent inshy

en botanique les remarques suivantes contribueront tant soit peu agrave le distinguer

De prime abord et en nous basant sur les nombreuses reproductions sculpteacutees des IXe-Vlle siegravecles cinq fruits seuls pourraient

ecirctre repreacutesenteacutes tous eacutegashyIement utiles et partant symboliques dans nos scegravenes la pomme de pin (Pinus brutia) et du cegravedre (J uniperus phœnica) la baie du palmier-dattier (Phenix dactylifera) la figue et la grenade Exashyminons dabord les trois premlers

Le fruit du cegravedre et du pin ont la forme conolshyque elliptique ou ovoiumlde et leurs eacutecailles sont reacuteshyguliegraverement espaceacutees Ils figurent le plus souvent dans ces scegravenes au cours desquelles un roi un dignitaire ou un geacutenie tenant la sltule dans une main legravevent le cocircne dans lautre (horizontalement) et aspergent l C( arbre sacreacute raquo de leau quils viennent de puiser au moyen du fruit dans la situle Exemples du IXe siegravecle (As[yr Sculpt Br Musdeacutependants tandis que FIG 5 - BAS-R ELIEF DU BRITISH MU SEUM 1914) planshy

sur les sculptures ils PROVENAN T DE KHORSABAD ches XI XXX XXXII jouent le rocircle dassiStants Du reSte cette qualiteacute d laquo( accessoire l) na pas grand inteacuterecirct dans la controverse relashytive agrave la nature de lattribut

Tacircchons maintenant de speacutecifier le truit Quoique nous nayons aucune compeacutetence

1 Contra H DANTH TNE L e Palmier-Dallier e les arbres sacreacutes (Bibl archeacuteolog et hisor t XV 1937 p 134) la fleur ou le fruit sont porteacutes par le roi comme attribut au mecircme titre que son bacircton de comshymandement

agrave XXXIV XXXVIII agrave XL XLIV agrave XLVIII (voir notre fig 7)-

Exemples du vure siegravecle (As[yr Sculpt Brlt Mus 1938) planche XXVII

On pensait jadis quil sagissait de la feacutecondation du palmier femelle au moyen du fruit du palmier macircle comme on la pratique encore aujourdhui par simple deacutepocirct de la semence de celui-ci sur celle-lagrave Cette interpreacutetation a eacuteteacute abandonneacutee en

130 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

faveur de la lustration de lexorcisme desshy le palmier nen ont souvent rendu quune tineacutes agrave chasser les mauvaises influences stylisation de sorte quon voit sur lui agrave la Ailleurs le mecircme geste se repreacutesente dans foi s les cocircnes du pin ou du cegravedre 4 puis la les scegravenes de libation en preacutesence du roi l grappe de raisin et la grenade j bull bull La conshyou simplement dhommage 2 ou de lustrashy fusion est complegravete tion 3 Il arrive mecircme que lofficiant porte une palme qui a la mecircme forme styliseacutee gue celles de l laquo arbre sacreacute)) (op cit 1914 pl XXVI) En outre il est parfois remplaceacute par un rashymeau semblable agrave une tige de bleacute pl XXVII ou par un attribut fantaisiste comshyme le cercle formeacute de roshysaces pl XLI XLII l1ui sont probablement ellesshymecircmes une stylisation Mais les sculp tures ne permettent pas toujours de distingue r le fruit des deux essences cegravedre et pin bien que la forme des conifegraveres soit nettement diffeacuterente Celuishyci a en opposition avec celui-lagrave les branches netteshyment montantes PATERSON

Pal Sinach planches XVI XXIV XXV XXVII XXVIII XXXI agrave XXXIII etc C Le cegravedre ne semble pas avoir eacuteteacute sculpteacute Il est vrai que leurs cocircnes se resshysemblent agrave sy meacuteprendre mais le cegravedre est moins freacute-

De mecircme il est parfois difficile de reconnaicirctre la forme exacte du fruit du palmier tel que le preacutesenshytent les œuvres assyriennes La fleur eSt agrave trois feuilles ce qui pourrait nous la faire confondre avec certaines figures de la grenade La fleur macircle a deux verticelles de trois eacutetamines qui ne sont pas repreacutesenteacutes et la fleur femelle trois carpelshyles contenant chacun un ovale A chaque carpelle correspond une ex treacutemiteacute pointue repreacutesenteacutee sur cershytaines sculptures et ici enshycore il eSt aiseacute de confondre avec la grenade Compashyrons donc le laquo fruit raquo du dattier et celui du grenashydier

Les baies du dattier sont suspendues en laquo reacutegime raquo

qui lui est toujours conishyque et non pas spheacuterique comme la grenade La difshyfeacuterence entre le cocircne et la

FIG 6 - BIS-RELIEF DU BRlTl s H grenade se constate bien sur MUSEU~r rROVENANT DE KHORSABAD la planche XLVIII de Asshy

quent en Asie Anteacuterieure ryrian Smlptures 1914 (op tandis que le pin se rencontre de Syrie cit) agrave gauche le cocircne du pin ou du cegravedre en Afghanistan et les armeacutees assyriennes agrave droite la grenade spheacuterique agrave 3 carpelles ont ducirc le rencontrer partout ougrave la conshyquecircte les a conduites 4 RAWLIN SON Five GreaI monarchies 1864 ( Il

p 235 Cf Sa rgon tenant la mecircme plante que celleLa distineacutelion de ces fruits est dautant du bas-relief 048 devant un arbre sacreacute aux fruits

plus difficile que les artistes repreacutesentant coniques mais disposeacutes en seacuterie de trois ( P ERROT

CHrrIEZ H isloire de larl t Il 1884 p 5 r 2) qui se raient I Affrtpl 1914 pl XXXmiddotXXXII des figues (B ONA VI Flora of Ihe Ass)r montIII 2 Ib id pl XXXlII-XXXIV 18 94 p 57) 3 Ibid pl XLV-XLVI 5middot BONAVlol op ril p 55

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 131

A Kuyundjik les palmiers avec reacutegime laquo conique raquo sont abondamment reproduits comme si les sculp teurs avaient voulu trashyduire la couleur locale des pays eacutetrangers que les armeacutees victorieuses venaient de deacutevaster 1 palmes reacutegimes tronc et dimenshysions du palmier rendent la confusion laquo parfoisraquo impossible autant avec le greshynadier quavec le pin et le cegravedre

Abando nnons un instant la sculptu re et jetons un coup dœil sur les pierres grashyveacutees dans le dessein dy trouver la plante que nous cherchons agrave deacuteterminer Les intailles assyriennes et mecircme celles des pays limitropnes ne repreacutesentent que larbre ou la plante quon sest habitueacute agrave qualifier d laquo arbre de vie arbre sacreacute palmier sacreacute raquo qui reccediloit lhommage ou qui accompagne unescegravene On a admis quil sagitdu palmiershydattier agrave cause de sa ressemblance avec loriginal de son utiliteacute alimentaire et par sui te de son caractegravere symbolique dans la plupart des gravures Neacuteanmoins on

saperccediloit tout de suite que la fantaisie des artistes sest donneacute libre cours dans sa figuration Ici les stylisations des laquo arbres sacreacutes )) sont innombrables autant par laspect du tronc que par celui des fruits et des feui lles nous ne saurions deacutecrire tous les types et nous sortirions du sujet Quil suffi se den indiquer quelques-uns 2

Les graveurs repreacutesentent le plus souvent

1 Voir entre autres As)r JCIIlplures 1938 les pl XJJ XIII X L i XLV LII agrave VI LXVJ XCIV XCV

2 Consulrez J D NfHfNE op cit album Voici lluelques o u vrages de g lyp tique d ont nous extrayons les exemples preacutesents

Bibliothegraveque Nationa le DELAPoRTE 1 1910 Colleclion ries Cylinrlres orienlaux el ries Cacoels rie la Biblioloegraveque Naiionalf

DECLERCQ Calalo~ue rie la Coleclioll Derlercf t 11888 Louvre DELA PORTE L Calalogue ries Cylinrlres

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or Mr Edn T Newell 1934 Pierpont W J-I WARD Cylinrlrs n Ie Library

of ] lierponl liorgall 1919 Pennsylvania L EGRAt L CIltlre or loe lob)

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WARD Cyliurler lcals of IF Asia 1910

un arbre dont les rameaux se terminent par un des fruits-motifs suiva nts

o Le globe Bibliothegraveque Nationale 376 Declercq 329 Pennsylvania 588 597

~ Le mecircme globe mais traverseacute par la pointe qui nest que lextreacutemiteacute du rameau auquel il est attacheacute Biblioshythegraveque Nationale 378 Louvre 5 Pierpont 163 561-2

o Le cocircne ou le g lobe termineacute en pointe Ward 691-4 696 Pennsylvania 591

t) Le globe portant 3 tiges ougrave on pourrait reconnaicirctre la grenade Ward 679 695 de Clercq planche XXXII nO 344 Newell pl XXX 37

~ Le cocircne qui semble indiquer ses eacutecailles Pierpont 16o Newell 667

Les feuiJies ~ agrave 5 Ward 699

Les feuilles ~ agrave iuml Ward 7deg9

Les feuilles ~ agrave 3 au-dessus de 2 enshyroulements ou voiutes Declercq 342 Ward 702

8gg Les globes superposeacutes Ward 661 Le globe rayonnant Louvre 18 ~ Pennsylvania 601 ~ Les branchages formant treillis surshycm monteacutes de fruits coniques Ward 678

683 agrave 690 Declercq 340 Les mecircmes abritant un objet de culte Ward 1153 Etc

Cette stylisation a produit des formes ougrave on ne reconnaicirct plus aucune essence mecircme approximativement les exemples en sont dautant plu s obscurs que les grashyvures sont useacutees ou que leur exeacutecution laissait agrave deacutesirer

Mais il reste des exemples ougrave le palmier se distingue clairement soit par le tronc barreacute dimbrications qui indiquent la base des palmes coupeacutees soit par ses branches (palmes) courbes larges et tombantes soit enfin par les reacutegimes de dattes qui en tomshybent ces derniers eacutetan t dordinaire au nombre

IF BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

de deux par goucirct de symeacutetrie deacutecorative

Arbre avec son reacutegime Ward 680 706 Arbre avec branches larges courbes

tombantes Xard 668 589 Arbre avec branches enrouleacutees ~

ard 713 A rbre avec feuilles nettement seacutepareacutees

b Pierpont 159 Ward 7 14

~ Declercq 3l Z

Arbre avec feuilles rlaceacutees sur une tige

~ Xard 707

Etc Sauf dans le cas ougrave larbre porte ses

reacutegimes et ougrave les palmes ont la largeur et la courbe speacuteciales on nest donc pas absolu-

FIG 7 - BAS-RELI E f DU BRITISH MUSEU~I PROV ENANT

DE CALU (Aslirnazirpa l)

ment sucircr quil sagisse du Phenix dactylifera ou dattier E t dans la figuration peinte ou plutocirct dans les scegravenes composeacutees de briques de faiumlence colorieacutees que constatonsshynous Larbre est tellement styliseacute que seules la forme et la chu te de ses feuilles indiquent le palmier 1 T ou tefois ici il eSt associeacute agrave une baie g lobuleuse surmonteacutee de trois feuilles qui ressemblent agrave la grenade Dans la Porte Gurgurri 2 on a deacutecouvert une applique murale en ceacuteramique colorieacutee ougrave cette pseudo-grenade est associeacutee au cocircne mais les deux motifs sont fixeacutes sur les volutes gui composent dordinaire le palshymier Styliseacute En dautres mots la fantaisie explique sinon justifie lemploi des sujets les plus disparates Ce gui nempecircche pas gue le palmier soit quelquefois reproduit er reconnaissable agrave son reacutegime 3 et mecircme sans son reacutegime 4 La peinture sur faiumlence nous eSt donc encore dun secours moindre que la g lyptique pour deacuteterminer la plante qui figure dans la main gauche cie notre pershysonnage (0-48) Celle-ci a-t-elle eacuteteacute repreacuteshysenteacutee sur les gravures

Heacutelas les repreacutesentations graveacutees en som tregraves rares La seule qui puisse nous eacuteclairer - et encore -- constitue une copie exacte compte tenu cles exigences de la matiegravere de la surface du meacutetier et de loutillage des grandes sculptures deacutejagrave mentionneacutees agrave partir du rxe siegravecle arbre sacreacute Stylishysation clu palmier devant lequel deux geacutenies aileacutes son t posteacutes tenant dans le bras loffrande (cervicleacute ou (aprideacute) et clans la main correspondante la plante ou le rameau dont seacutechappent trois fruits 5

Ceux-ci ressemblent agrave la grenade car ils se

1 Ex de Nimrud Photo ManseJJ na 575 clicheacute 3630 2 W ANDRAE Fes ful1jSlIerke 1913 pl LXXXIl

Wiss Ver D O G na 23 3 Par ex Yi A ND RAE ASnr Farbige Keramik

[92 3 pl Il 4 Ibid plJ 1II-1 V XI-XIV XIX-XXlI etc 1 H eJcna CARNEGIE Cataloue Colcctioll Alltique

GelJlJ JOlltberk r II 1908 pl VII Qc 14 DECLERcQ nO 343 accompagneacute dun precirctre dEa Pennsylvan ia na 59 I

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 133

composent du corps g lobulaire surmonteacute de trois traits (carpelles) Nous en verrons plus loin la nature Remarquons encore quagrave la diffeacuterence des fruits de nos basshyreliefs ceux-ci se redressent au lieu de penshydre ce deacutetail na pas assez dimportance pour innrmer lopinion quils sont idenshytiques aux fruits sculpteacutes Comme il sagit dune piegravece de dimensions minimes le grashyveur na pas pu indiquer au-dessous du corps globulaire un leacuteger bourrelet netteshyment visible sur les sculptures et auquel nous attachons une importance capitale

Revenons donc agrave nos sculptures et demandons-nous ennn SI le fruit de notre personnage est une ngue ou une g renade Fig ue (ncus carica) Non car sa forme est plutocirct ovale ct sa feuille plutocirct heacutemispheacuteshyrigue ni lune ni lautre ne peuvent ecirctre compa reacutees agrave no tre fruit J

Grenade Peut-ecirctre car son corps globushylaire est surmonteacute de pointes-feu illes termishynales Or de leacutepoque dAsurnazirpal pour ne citer gue les œuvres du British Museum (op cit) il y a plusieurs repreacutesentations dun fruit semblable toutes conventionnelles ou scheacutematiques excepteacute la derniegravere soit la branche portant des rosaces donc un attrishybut purement arbitraire 2 et mecircme celles-ci compleacuteteacutees par trois feuilles pointues qui rappellent des brindilles 3 ou enfin la forme qui se rapproche le plus de la grenade (pl 48) au corps spheacuterique combleacute de traits qui simulent leacutecorce et surmonteacute de

l Voir les reliefs du palais de Sinacheri b PATElSON op cil pl 32-5 les meacutemes feuilles et un fruit spheacuterique sur larbrisseau tableau d e faiumlence il Khorsabad PLACE N inive el lAssyrie 1867 t Ill pl 3

2 1914 PI 38 Fig VII Par mesu re de prudence faisons ici unc objeaion on pourrait opiner que la branche porte par exemple des paVOis vus de desJls el styliseacutes en forme de rOsace LAYAR D Nin Il pl V 1 pl XXX VIlb XXXVlllb Cette sectlylisation nous paraicirc t dautant moins vraisemblable que la rosace SC rt agrave deacuteco rer dautres ob jets ougrave toute ideacutee de fig uration du pavot eSt agrave priori absente comme sur le sectlick d e Assyr Jcupl Br Mils 1914 rI XXXIV

3 PI XXXVI XXX1X Cf GADD The llones of Ass)ria 19 36 pl 5 geacuten ies aileacutes de maintien identique ct tenant la branche agrave 2-3 rosaces ct brindilles CalaQ

trois pointes qui scheacutematisent lextreacutemiteacute des feuilles Ce dernier exemple a sans doute servi de modegravele pendant lexeacutecution des

FIG 8 - BAS-RELIEF DU FlTTS WILLIAmiddotr M USEurshy

CAM BltlDGE PROVENANT DE CArA~ (AsurnazirpaJ)

trois œuvres du vrrre siegravecle mais ougrave le fruit est reSteacute agrave leacutetat de scheacutema jpregraves examen ces derniers exemples ne peuvent en auCtin cas figurer fa grenade 4 parce que celle-ci sattache directement au rameau et t( seule raquo alors que nous avons ici troir fruits produits par

4middot Con Ira H DANTH1NE op cit pp 132 133fig909 915916922 ct N ell P ERROT Ba1) oniaca t X VIf 1937 pp 114-5 fig 98 100 104 qui y reconnaissen t des grenades

134 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

une seule tige 1 La confirmation sen trouve aiseacutement sur les mecircmes bas-reliefs qui figurent le grenadier

Voici dabord dans le palais de Kuyunshydjik les grenadiers avec ou sans fruits planches VII agrave IX XII XIV agrave XX XXXII agrave XXXV etc Et soulignons maintenant quelques-unes de ses ressemblances Cest le fruit dun arbrisseau tandis que le dattier atteint une hauteur consideacuterable fidegravele-

J Le geacutenie de Berlin (GADD op cil pl 1) ti ent un rameau agrave quatre fruit s Le roi (LAYARD N iniveb t T pl XXXVllIb) cn a cinq montant tous de la mecircme tige

FIG 9 - nAS-R E IEF DU BRITISH MUSEUM PROVENAN T

D E CALA) (ASurnazirpal)

ment observeacutee sur les sculptures La base spheacuterique est couronneacutee de trois points correspondant aux carpelles qui constituent leacutecorce et qui sont toujours visibles sur les sculptures au nombre de trois au mJins 2

Mais le grenadier ressemble encore sur les sculptures agrave la vigne par la dimension minime (en comparaison de celle du palshymier) de sorte que la forme du fruit seule conStitue une diffeacuterence qui ne trompe

pas baie spheacuterique pour la grenade grappe pour la vigne A Kuyundjik il y en a de bons exemples 3 qui montrent les plantes associeacutees dans les mecircmes paysages Lassoshyciation de la grenade de la vigne et du pin se preacutesente aussi 4 Ici les branches montent presque directement en partant du tronc agrave la diffeacuterence du palmier qui a les branches plus deacuteveloppeacutees en largeur

Les sculptures du IXe siegravecle connaissent eacutegalement la vigne mais non associeacutee agrave dautres plantes

Si la grappe de raisn peut ecirctre facilement confondue avec le reacutegime de dattes il existe heureusement une scegravene ougrave les fruits sont repreacutesenteacutes si clairement que leur confusion est impossiblel sagit du cortegravege de servants apportant les eacuteleacutements dun feStin 6 Outre les jarres dougrave sortent des rameaux fleuris il y a des plateaux portant des dattes des grappes de raisins et des grenadeJ Ici on conState la reacutegulariteacute de la forme conique des reacutegimes laspect plutocirct irreacutegulier des grappes et la forme spheacuterique aux 3 brindilles des grenades Dautres sershyvants tiennent des grenades identiques aux preacuteceacutedentes mais enfileacutees 7

Les formes repreacutesenteacutees dans ce fragshy

2 Voir pl XLVIII de AH)r Sculpllres 1914 rI gtOJmiddotSUgrave1l

3 PATERSON op cil pl XVI il XX XXII XXXI il XXXV LXVIIJ LXXI il LXXVI LXXXVIII XCVIII

4 Planches XVI agrave XX XXIV XXXI-III ere

lmiddot A S-Dr Sculptures 19 [4 pl XVII 6 PATERSON op cil plI LXXXVIII-LXXXIX ou

A syr Setpl British Museum 938 pl LXVIII 7 Ibid pl LXXXIX

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 135

ment de la scegravene du festin se diStinguent toutes par leur netteteacute il serait difficile de sy meacuteprendre Remarquons encore que certains servants portent des rameaux feuilshylus sans fruits les relegravevent mecircme comme sils voulaient les agiter agrave linstar dun chasse-mouche Mais il eSt eacutevident que ces rameaux ne ressemblent en rien agrave celui du Catalogue de 1864 T out au plus peut-on eStimer que les feuilles servaient agrave couvrir et agrave proteacuteger les comestibles contre la poussiegravere et toutes bes tio les usage qui nest pas encore perdu aujourdhui en Orient et chez nous

Enfin attirons lattention sur les deux dignitaires qui tiennent agrave la hauteur des yeux un fruit allongeacute conique surmoLteacute de feuillegt au corps rayeacute de traits reacuteguliers et fixeacute sur une tige On serait tenteacute dy reconnaicirctre un des fruits mentionneacutes plus haut plus ou moins Sty li seacute si laspect geacute neacuteshyral ne se rapprochait pas davantage dun fruit de la famille des bromeacuteliaceacutees dont la fleur est disposeacutee en eacutepi dont le frui t est un laquo syncarpe formeacute des ovaires et de bracshyteacutees devenus charnus et soudeacutes pour conStituer une masse ovoiumlde surmonteacutee dun bouquet de bracteacutees foliaceacutees)) et dont le nom le plus reacutepandu est lananas Sil en est ainsi ce fruit ne peut constituer un terme de comparaison avec reacutegimes de dattes grenades e t cocircnes dautant plus quon le trouve surtou t dans les reacutegions tropica les (Ameacuterique) Bref des comparaishySOnS preacuteceacutedentes nous pouvons admettre agrave priori que les fruits des jigunf 2 cl 6 Ile repreacutesentent pas la grenade Cette preacutesomption devient une certitude si nous nous souveshynons que sous le corps globulaire il existe un bourrelet par lequel le globe se rattache agrave la tige et que la grenade se soude directeshyment au rameau isoleacutement et non comme sur les figures 2-6 accompagneacutee de plushysieurs autres speacutecimens formant avec la tige un ensemble inteacutegral

Sil ne sagit pas clune varieacuteteacute il est

certain que le fruit des figures 2-6 rentre dans la famille des papaveacuteraceacutees Celles-ci produisent un fruit en forme de capsule

FIG 10 - Dimiddot il OF NORE BAS-lŒLlI3F (048)

o blongue et raccordeacutee agrave la tige au-dessus dun bourrelet Le corps globuleux est glabre mais pour en extraire le suc il faut y pratishyquer des entailles Ces derniegraveres pourraient ecirctre repreacutesenteacutees de faccedilon scheacutematique sur la planche XLVIII (Assyr Jculpt 1914)

Nou s aurions donc agrave faire avec un genre de coquelicot ou de pavot noms vulgaires du papaver somniferum ou de son voisin le papaver setigerum 1 Les fruits de cette

) Alphonse DE CANOOLE ()rilt~ines des piailles Cfltishydes 1883 pp 319-0

13 6 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164

Page 5: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 125

celle des reacutepliques dont il en existe dexcelshylentes si semblables agrave la nocirctre quelles peushyvent passer pour identiques et quelles suggegraverent lideacutee que le su jet a eacuteteacute traiteacute en sene comme on le fit pour dautres

- sculptures et mecircme seulement pour des inscriptions telle la laquo Standard Inscription )) dAsurnazirpal (885-860) dont nous posshyseacutedons neuf exemplaires 1 et dont le British Museum le Vatican le Museum of the Historical Society of New York Central Park W en conservent eacutegalement Ce dershynier possegravede une quinzaine de dalles repreacutesentant Asurnazirpal ou des geacutenies devant larbre sacreacute (cf notre personnage) justement accompagneacutes de la laquo Standardshyinscription raquo 2 La reacuteplique figure 3 qui sen rapproche le plus se trouve au Louvre et a eacuteteacute publieacutee il y a une trentaine danneacutees par le Reacutev Archibald Paterson 3 Elle y est signaleacutee comme provenant du palais de Sargon (722-7deg5) agrave Khorsabad Au premier coup dœil on constate que si lidentiteacute des deux personnages est certaine mecircme en ce qui concerne les lignes indiquant la musculatu re conventionnelle il saute aux yeux que la piegravece du Louvre est mieux exeacutecuteacutee Ainsi son relief est plus fin et plus harmonieux certaines arecirctes sont moins vives et limpression donc plus douce cest-agrave-dire quentre les deux exeacutecutions on constate une diffeacuterence dans le sens de la rudesse (2) et de la douceur (3) Dans le premier cas on admettrait volontiers que notre bas-relief remonte agrave leacutepoque du IXe siegravecle dont il a gardeacute la rudesse et par conseacutequent que celui du Louvre (3) est une copie adoucie dune maniegravere plus virile du IXe siegravecle Remarquons encore

1 SPELEERS L Notice sur les Inscriptions de lAsie Anteacuterieure des Museacutees Royaux du Cinquantenaire 1923 p_ 46 Remeil des Inscriptions de f Asie Anteacuterieure des Museacutees Rqyallx d Cinquantenaire 1925 pp_ 39-0 II 2-4_

2_ Provenant de lancienne Lenox Collection voir le Catalogue of the LVItlseul1l amp Gallery of Art of NeTII York Historical Society 1903 pp_ 94-5 191 5 pp_ 101-7_

3- Assyrian Sculptures_ chez a Kleinmann amp Co Haarlem sans date pL VTT

que les deux speacutecimens sont incomplets Leacutepaule gauche de celui du Louvre ne montre aucune trace de frange qui est bien visible sur leacutepaule et le bras de notre reacuteplishyque Le bras gauche accuse seulement par une perpendiculaire lexistence dun vecircteshyment De mecircme notre speacutecimen est incomshyplet car lextreacutemiteacute du chacircle qui devrait couvrir le dos cest-agrave-dire tomber sur leacutepaule eSt reSteacutee sans exeacutecution La laquo grecque raquo qui termine le chacircle saperccediloit aiseacutement au-dessus du bras droit de 2

devant le bracelet tandis que sur la dalle 3 cet ornement est absent

La tunique de la figu re 2 est limiteacutee aushydessus de la rotule par cette laquo grecque raquo

suivie dune seacuterie de cinq floches sur le bas-relief du Louvre elles sont toutes inshyvisibles et le sculpteur na pas reproduit non plus les floches au-dessus des chevilles mais les a remplaceacutees par les megraveches

Enfin en ce qui concerne lallure geacuteneacuterale on ne manquera pas de reconnaicirctre encore une diffeacuterence essentielle dans les proporshytions Comme il convient aux sculptures raffineacutees de leacutepoque de Sargon le personshynage du Louvre est plus eacutelanceacute tandis que le nocirctre est plus trapu_ En dautres mots ce dernier teacutemoigne dune certaine lourdeur massive par laquelle il sapparente aux œuvres du IXe siegravecle

Un speacutecimen du preacuteceacutedent figure 4 mais repreacutesentant le mecircme personnage dans la direction opposeacutee provient sans doute du palais de Sargon agrave Khorsabad 4 Il suffit de consideacuterer un instant la facture du vecircteshyment et de la coiffure pour admettre que la piegravece eSt un chef-dœuvre tellement supeacuteshyrieur aux figures 2 agrave 6 que toute comparaison est inutile la preacutesence du poignard fixeacute dans la ceinture et des sandales ninfirme pas cette opinion pas plus que la direction Remarquons toutefois que lensemble et surtout les megraveches de la frange malgreacute leur

4- Encyclopeacutedie pbotogmphique de lArt 1936 nO 307 (fig 4)shy

126 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

mouvement ondulant ont encore quelque chose de raide qui ne se trouve pas sur la dalle na II 8813 (fig 6) agrave laquelle nous reviendrons 1

1 Cf la figure aileacutee portant [offrande GAOD

SolleJ of Assyrja 1936 pl l Ct tenant la tige Hcuric

FIG 3 - BAS-R EIJEF DU LOUIΠlROVEN NT DE

KHORS RAO

Une reacuteplique (fig 5) digne de menshytion de mecircme provenance que celle du Louvre eSt conserveacutee au British Museum 2

Par le Style de la coiffure de la barbe et des franges elle eSt plus proche de notre piegravece que du relief du Louvre elle preacutesente dailleurs la mecircme rudesse dexeacutecution Dautre part elle est plus complegravete malgreacute lamputation des pieds survenue sans doute pendant ou apregraves les fouilles afin de facishyliter le transport ou la mise en place ou lusage abusif dont teacutemoigne le trou agrave la hauteur du pouce droit Remarquons que lextreacutemiteacute du chacircle qui couvre le dos eSt indiqueacutee mais non deacutetailleacutee Le bras droit laquo semble)) navoir pas eacuteteacute couvert par le vecircteshyment tandis que sur notre exemplaire la frange du chacircle sarrecircte seulement devant le cercle-braceletmiddot Le rameau ond ule forteshyment tandis que sur les exemplaires de Bruxelles et du Louvre sa courbe est plus rectiligne Enfin la main droite est moins releveacutee et le poignet porte un bracelet formeacute dun cercle plat peut-ecirctre identique agrave celui de gauche mais inacheveacute Toutes ces divergences son t minimes elles monshytrent seulement que les laquo copistes raquo usaient dune certaine liberteacute qUl nenlegraveve et najoute rien de remarquable au thegraveme fonshydamental

Faisant pendant un sujet identique (fig 6) est reproduit sur la planche XXVIII nO II88I3 il meacuterite donc notre attention Mecircme provenance mais non mecircme exeacutecushytion Le corps est plus eacutelanceacute plus mince et plus souple les megraveches de la frange plus longues plus leacutegegraveres et plus mouvementeacutees une laquo grecque )) double compleacuteteacutee de megraveches couvrent le bras gauche etc A part la musculature de la jambe droite ce Style se rapproche plus des œuvres du vme siegravecle que les exemplaires 2 agrave 4

semblable agrave la nocirctre dans lautre main eacutepoque dAssurshynapirpal Museacutee de Berlin

z Ass)rjall Smfilures frolll Sho1Jomur III 10 SenlJficherib 1938 pl XXVIII nO 118814

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 127

il pourrait mecircme passer pour une œuvre de transition entre le style de Sargon et celui de Sinacheacuteshy 1

rib Sa provenance seule indique Sargon Somme tonte les deux figures 5 et 6 ont eacuteteacute reacutealiseacutees par des mains diffeacuterentes teacutemoignant dune virtuositeacute ou dun goucirct diffeacuteren ts On pourrait en ce sens eacutetablir une gradation chroshynologique et deacutefendre la thegravese dapregraves laquelle-middot si lorigine inshydiqueacutee reste acquise et si elle acshycuse comme auteurs les artistes dun des rois auxquels on attrishybue les palais - on devrait adopshyter la datation correspondante

3 4 middot Les reliefs du Louvre (pl VII) sont de Sargon-Khorshysabad (722-7deg 5)

2 5 Ceux de Bruxelles et du British Museum (pl XXVIII nO JI 8814) proviennent de Khorshysabad mais sont exeacutecuteacutes dans un Style anteacuterieur Salmanasar V (727-723) ou Tiglatpileacuteser III (746-7 27)

FlG 4 - BAS-RELl E F DU LO UV RE P ROVFC T DE K HOR SABI D 6 Celui du British Museum (pl XXVIII nO II88I3) eSt de Khorsabad mais annonce la maniegravere de terme Kuyundjik-Asurbanipal parce Sinacheacuterib (705-682) quenfin des sculptures de Khorsabad ont

Pourquoi middot choisissons-nous ces quatre eacuteteacute transfeacutereacutees agrave Kuyundjik et peut-ecirctre de rois-lagrave Parce que ce sont ceux auxquels Calab agrave Khorsabad Ces raisons sont nous pouvons attribuer avec le plus de matiegravere agrave discuss ion mais elles conservent certitude la plupart des œuvres sinon tout leur poids en labsence de certitude toutes de Khorsabad (Sargon) de Kuyundshy relative agrave ces eacutecoles jik (Sinacheacuterib Asurbanipal) et de Calab Quoi quil en soit le sujet mecircme remonte (Tiglatpileacuteser III Salmanasar V sans oublier au regravegne dAsurnazirpal on en a plusieurs Asurnazirpal (868-860) parce que certaines repreacutesentations (fig l 7 agrave 9) ce sont des dalles deacutecouvertes dans ces palais sont dignitaires ou des geacutenies (aileacutes ou non) identiques de suje t mais diffeacuterentes dexeacuteshy tenant en main un rameau termineacute en cution si bien quune transition sy accuse fleur rosace ou fruit honorant un autre qui doit nous conduire neacutecessairement deshy motif (arbre ou personnage) et deacutecorant puis le palais de Calab (Asurnazirpal) plusieurs salles du palais de ce roi agrave Calao jusquagrave celui de Khorsabad et de lagrave au (Nimrud) Il suffit de consideacuterer lattitude

J28 BULLETIN DES MUSEES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

le geste et les attributs des personnages du British Museum op cit 1914 reproshyduits sur les planches XXXVIII XXXIX et XLVIII ou du geacutenie aileacute portant lofshyfrande du Museacutee de Berlin 952 pour dissiper le doute et pour admettre que les speacutecimens du VIlle siegravecle napportent rien de nouveau sinon un Style moins lourd et aussi excepteacutee la reacuteplique 4 une virtuositeacute deacutecroissante dans le traiteshyment des deacutetails En dautres mots la virtuositeacute du IXe siegravecle a pu engendrer la deacutecadence du goucirct et de la main-dœuvre du VIlle siegravecle car les piegraveces citeacutees de Calab sont supeacuterieures agrave celles du VIlle siegravecle excepteacutee la figure 3 malgreacute leur massiviteacute par le paralleacutelisme des traits qui composent le costume et la coiffure

Nonobstant cette appreacuteciation neacutegative en ce qui concerne notre bas-relief nous ne pouvons pas oublier que celui-ci est inacheshyveacute quil constitue une reacuteplique et quavec dautres il faisait plus que probablement partie dune seacuterie Lemploi de ce proceacutedeacute expliquerait quil ne pouvait ecirctre un chefshydœuvre

Un deacutetail doit nous inteacuteresser particushy

liegraverement parce quil importe de preCIser la nature de tattribut que tient la main et de corriger la description du Catalogue de 1864 ougrave il eSt interpreacuteteacute comme un chasseshymouche (fig JO)

Ce dessein nous Impose lobligation de recourir non seulement aux repreacutesentations analogues deacutejagrave signaleacutees mais aussi agrave toutes autres qui nous donnent loccasion dabord de constater lexistence dobjets semblables reproduits fidegravelement ou dune maniegravere approchante et ensuite de juger par comshyparaison de la forme et de la nature de lobjet

Sil eSt vrai que le chasse-mouche ne manque pas dans liconographie assyrienne

I GADD op cil pl l ASurnazirpal

il Y garde toutefois une forme caracteacuterisshytique que ne rappelle pas lattribut en question Voici des exemples du IXe siegravecle (Calab) Assyrian Sculptures British Museum 1914 planches XIXXXXXXXI XXXV Exemples du vme siegravecle (Kuyundjik) PATERSON Asyrian Sculptures Palace of Sinachegraverib planche VIII planches LXXIV LXXVIII (le roi sur le trocircne agrave Lakis) planche XXIX (le roi sur son char de parade PLACE Ninive et tAsYrie 1867 t III pl LVII (le roi sur son lit de parade) Aucun de ces exemples ne reproduit notre attribut on pourrait donc admettre agrave priori que lauteur du catalogue preacuteciteacute seSt trompeacute

Il eSt agrave remarquer en outre que le chasse-mouche neSt jamais utiliseacute que par un dignitaire en compagnie du roi Or nos reliefs repreacutesentent des dignitaires particishypant agrave une ceacutereacutemonie cultuelle ougrave la preacuteshysence du roi eSt plus accidentelle que neacutecessaire et ougrave par conseacutequent le chasseshymouches ne joue aucun rocircle essentiel (voir les exemples citeacutes plus loin) Cest une seconde objetlion contre la deStination indiqueacutee dans le Catalogue Des objections plus probantes encore reacutesultent de lexashymen de lobjet lui-mecircme

Il existe en effet plusieurs scegravenes des IXe-Vm e siegravecles ougrave lon voit un geacutenie aileacute 2 un roi 3 ou un dignitaire 4 tenant dans une main le symbole de leur foncshytion essentielle offrande sceptre et dans lautre un objet accidentel ceSt-agrave-dire que lobjet en queStion ne peut ecirctre que laccessoire dune scegravene doffrande (ou de parade) et quune fleur ou un fruit Dune offrande car le porteur de lobjet assiste un porteur doffrande la taille supeacuterieure de ce dernier indique que le premier nest quun officiant de second rang Un fruit

2 GADD op cil pl l 952 3 Tiglalpileacuteser III Uil de Schalkamer rler Otldheid

Amsterdam 1938 pl XX 4 Louvre fig 4middot

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

car il eSt pareil sauf leacutetat de maturiteacute (fleur) et lespegravece agrave lattribut que tiennent le porteur doffrande et mecircme le roi comme un accessoire et non comme un objet cultuel il suffirait de le leur enlever pour laisser agrave la scegravene son sens et son cashyractegravere essentiels 1 Cette opinion laquo semble )) conshytredite par le fait que la glyptique a reproduit des geacutenies aileacutes ou non seuls ou suivis dun assiStant honorant larbre sacreacute dans la mecircme attitude et tenant le mecircme attribut gue ceux des sculpteurs (voir les exemples p 130) Mai s on doit admettre agrave priori que ces gravures sont inspireacutees de la grande sculpture ougrave les lapicishydes puisaient des motifs quils assemblaient pour en faire une composition plus ou moins arbitraire selon la surface disponishyble Et mecircme dans le cas dune copie ( fidegravele raquo de la grande sculpture on doit convenir en opposishytion avec lobjeeacutehon preacuteshyceacutedente que sur les grashyvures citeacutees ces geacutenies sont le plus souvent inshy

en botanique les remarques suivantes contribueront tant soit peu agrave le distinguer

De prime abord et en nous basant sur les nombreuses reproductions sculpteacutees des IXe-Vlle siegravecles cinq fruits seuls pourraient

ecirctre repreacutesenteacutes tous eacutegashyIement utiles et partant symboliques dans nos scegravenes la pomme de pin (Pinus brutia) et du cegravedre (J uniperus phœnica) la baie du palmier-dattier (Phenix dactylifera) la figue et la grenade Exashyminons dabord les trois premlers

Le fruit du cegravedre et du pin ont la forme conolshyque elliptique ou ovoiumlde et leurs eacutecailles sont reacuteshyguliegraverement espaceacutees Ils figurent le plus souvent dans ces scegravenes au cours desquelles un roi un dignitaire ou un geacutenie tenant la sltule dans une main legravevent le cocircne dans lautre (horizontalement) et aspergent l C( arbre sacreacute raquo de leau quils viennent de puiser au moyen du fruit dans la situle Exemples du IXe siegravecle (As[yr Sculpt Br Musdeacutependants tandis que FIG 5 - BAS-R ELIEF DU BRITISH MU SEUM 1914) planshy

sur les sculptures ils PROVENAN T DE KHORSABAD ches XI XXX XXXII jouent le rocircle dassiStants Du reSte cette qualiteacute d laquo( accessoire l) na pas grand inteacuterecirct dans la controverse relashytive agrave la nature de lattribut

Tacircchons maintenant de speacutecifier le truit Quoique nous nayons aucune compeacutetence

1 Contra H DANTH TNE L e Palmier-Dallier e les arbres sacreacutes (Bibl archeacuteolog et hisor t XV 1937 p 134) la fleur ou le fruit sont porteacutes par le roi comme attribut au mecircme titre que son bacircton de comshymandement

agrave XXXIV XXXVIII agrave XL XLIV agrave XLVIII (voir notre fig 7)-

Exemples du vure siegravecle (As[yr Sculpt Brlt Mus 1938) planche XXVII

On pensait jadis quil sagissait de la feacutecondation du palmier femelle au moyen du fruit du palmier macircle comme on la pratique encore aujourdhui par simple deacutepocirct de la semence de celui-ci sur celle-lagrave Cette interpreacutetation a eacuteteacute abandonneacutee en

130 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

faveur de la lustration de lexorcisme desshy le palmier nen ont souvent rendu quune tineacutes agrave chasser les mauvaises influences stylisation de sorte quon voit sur lui agrave la Ailleurs le mecircme geste se repreacutesente dans foi s les cocircnes du pin ou du cegravedre 4 puis la les scegravenes de libation en preacutesence du roi l grappe de raisin et la grenade j bull bull La conshyou simplement dhommage 2 ou de lustrashy fusion est complegravete tion 3 Il arrive mecircme que lofficiant porte une palme qui a la mecircme forme styliseacutee gue celles de l laquo arbre sacreacute)) (op cit 1914 pl XXVI) En outre il est parfois remplaceacute par un rashymeau semblable agrave une tige de bleacute pl XXVII ou par un attribut fantaisiste comshyme le cercle formeacute de roshysaces pl XLI XLII l1ui sont probablement ellesshymecircmes une stylisation Mais les sculp tures ne permettent pas toujours de distingue r le fruit des deux essences cegravedre et pin bien que la forme des conifegraveres soit nettement diffeacuterente Celuishyci a en opposition avec celui-lagrave les branches netteshyment montantes PATERSON

Pal Sinach planches XVI XXIV XXV XXVII XXVIII XXXI agrave XXXIII etc C Le cegravedre ne semble pas avoir eacuteteacute sculpteacute Il est vrai que leurs cocircnes se resshysemblent agrave sy meacuteprendre mais le cegravedre est moins freacute-

De mecircme il est parfois difficile de reconnaicirctre la forme exacte du fruit du palmier tel que le preacutesenshytent les œuvres assyriennes La fleur eSt agrave trois feuilles ce qui pourrait nous la faire confondre avec certaines figures de la grenade La fleur macircle a deux verticelles de trois eacutetamines qui ne sont pas repreacutesenteacutes et la fleur femelle trois carpelshyles contenant chacun un ovale A chaque carpelle correspond une ex treacutemiteacute pointue repreacutesenteacutee sur cershytaines sculptures et ici enshycore il eSt aiseacute de confondre avec la grenade Compashyrons donc le laquo fruit raquo du dattier et celui du grenashydier

Les baies du dattier sont suspendues en laquo reacutegime raquo

qui lui est toujours conishyque et non pas spheacuterique comme la grenade La difshyfeacuterence entre le cocircne et la

FIG 6 - BIS-RELIEF DU BRlTl s H grenade se constate bien sur MUSEU~r rROVENANT DE KHORSABAD la planche XLVIII de Asshy

quent en Asie Anteacuterieure ryrian Smlptures 1914 (op tandis que le pin se rencontre de Syrie cit) agrave gauche le cocircne du pin ou du cegravedre en Afghanistan et les armeacutees assyriennes agrave droite la grenade spheacuterique agrave 3 carpelles ont ducirc le rencontrer partout ougrave la conshyquecircte les a conduites 4 RAWLIN SON Five GreaI monarchies 1864 ( Il

p 235 Cf Sa rgon tenant la mecircme plante que celleLa distineacutelion de ces fruits est dautant du bas-relief 048 devant un arbre sacreacute aux fruits

plus difficile que les artistes repreacutesentant coniques mais disposeacutes en seacuterie de trois ( P ERROT

CHrrIEZ H isloire de larl t Il 1884 p 5 r 2) qui se raient I Affrtpl 1914 pl XXXmiddotXXXII des figues (B ONA VI Flora of Ihe Ass)r montIII 2 Ib id pl XXXlII-XXXIV 18 94 p 57) 3 Ibid pl XLV-XLVI 5middot BONAVlol op ril p 55

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 131

A Kuyundjik les palmiers avec reacutegime laquo conique raquo sont abondamment reproduits comme si les sculp teurs avaient voulu trashyduire la couleur locale des pays eacutetrangers que les armeacutees victorieuses venaient de deacutevaster 1 palmes reacutegimes tronc et dimenshysions du palmier rendent la confusion laquo parfoisraquo impossible autant avec le greshynadier quavec le pin et le cegravedre

Abando nnons un instant la sculptu re et jetons un coup dœil sur les pierres grashyveacutees dans le dessein dy trouver la plante que nous cherchons agrave deacuteterminer Les intailles assyriennes et mecircme celles des pays limitropnes ne repreacutesentent que larbre ou la plante quon sest habitueacute agrave qualifier d laquo arbre de vie arbre sacreacute palmier sacreacute raquo qui reccediloit lhommage ou qui accompagne unescegravene On a admis quil sagitdu palmiershydattier agrave cause de sa ressemblance avec loriginal de son utiliteacute alimentaire et par sui te de son caractegravere symbolique dans la plupart des gravures Neacuteanmoins on

saperccediloit tout de suite que la fantaisie des artistes sest donneacute libre cours dans sa figuration Ici les stylisations des laquo arbres sacreacutes )) sont innombrables autant par laspect du tronc que par celui des fruits et des feui lles nous ne saurions deacutecrire tous les types et nous sortirions du sujet Quil suffi se den indiquer quelques-uns 2

Les graveurs repreacutesentent le plus souvent

1 Voir entre autres As)r JCIIlplures 1938 les pl XJJ XIII X L i XLV LII agrave VI LXVJ XCIV XCV

2 Consulrez J D NfHfNE op cit album Voici lluelques o u vrages de g lyp tique d ont nous extrayons les exemples preacutesents

Bibliothegraveque Nationa le DELAPoRTE 1 1910 Colleclion ries Cylinrlres orienlaux el ries Cacoels rie la Biblioloegraveque Naiionalf

DECLERCQ Calalo~ue rie la Coleclioll Derlercf t 11888 Louvre DELA PORTE L Calalogue ries Cylinrlres

~rienlalx ri illseacutee ri LOlvre 1920 1 Newcl l v D OSTEN Allc or Seals in loe Colleclioll

or Mr Edn T Newell 1934 Pierpont W J-I WARD Cylinrlrs n Ie Library

of ] lierponl liorgall 1919 Pennsylvania L EGRAt L CIltlre or loe lob)

IOliOTi19 2 j

WARD Cyliurler lcals of IF Asia 1910

un arbre dont les rameaux se terminent par un des fruits-motifs suiva nts

o Le globe Bibliothegraveque Nationale 376 Declercq 329 Pennsylvania 588 597

~ Le mecircme globe mais traverseacute par la pointe qui nest que lextreacutemiteacute du rameau auquel il est attacheacute Biblioshythegraveque Nationale 378 Louvre 5 Pierpont 163 561-2

o Le cocircne ou le g lobe termineacute en pointe Ward 691-4 696 Pennsylvania 591

t) Le globe portant 3 tiges ougrave on pourrait reconnaicirctre la grenade Ward 679 695 de Clercq planche XXXII nO 344 Newell pl XXX 37

~ Le cocircne qui semble indiquer ses eacutecailles Pierpont 16o Newell 667

Les feuiJies ~ agrave 5 Ward 699

Les feuilles ~ agrave iuml Ward 7deg9

Les feuilles ~ agrave 3 au-dessus de 2 enshyroulements ou voiutes Declercq 342 Ward 702

8gg Les globes superposeacutes Ward 661 Le globe rayonnant Louvre 18 ~ Pennsylvania 601 ~ Les branchages formant treillis surshycm monteacutes de fruits coniques Ward 678

683 agrave 690 Declercq 340 Les mecircmes abritant un objet de culte Ward 1153 Etc

Cette stylisation a produit des formes ougrave on ne reconnaicirct plus aucune essence mecircme approximativement les exemples en sont dautant plu s obscurs que les grashyvures sont useacutees ou que leur exeacutecution laissait agrave deacutesirer

Mais il reste des exemples ougrave le palmier se distingue clairement soit par le tronc barreacute dimbrications qui indiquent la base des palmes coupeacutees soit par ses branches (palmes) courbes larges et tombantes soit enfin par les reacutegimes de dattes qui en tomshybent ces derniers eacutetan t dordinaire au nombre

IF BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

de deux par goucirct de symeacutetrie deacutecorative

Arbre avec son reacutegime Ward 680 706 Arbre avec branches larges courbes

tombantes Xard 668 589 Arbre avec branches enrouleacutees ~

ard 713 A rbre avec feuilles nettement seacutepareacutees

b Pierpont 159 Ward 7 14

~ Declercq 3l Z

Arbre avec feuilles rlaceacutees sur une tige

~ Xard 707

Etc Sauf dans le cas ougrave larbre porte ses

reacutegimes et ougrave les palmes ont la largeur et la courbe speacuteciales on nest donc pas absolu-

FIG 7 - BAS-RELI E f DU BRITISH MUSEU~I PROV ENANT

DE CALU (Aslirnazirpa l)

ment sucircr quil sagisse du Phenix dactylifera ou dattier E t dans la figuration peinte ou plutocirct dans les scegravenes composeacutees de briques de faiumlence colorieacutees que constatonsshynous Larbre est tellement styliseacute que seules la forme et la chu te de ses feuilles indiquent le palmier 1 T ou tefois ici il eSt associeacute agrave une baie g lobuleuse surmonteacutee de trois feuilles qui ressemblent agrave la grenade Dans la Porte Gurgurri 2 on a deacutecouvert une applique murale en ceacuteramique colorieacutee ougrave cette pseudo-grenade est associeacutee au cocircne mais les deux motifs sont fixeacutes sur les volutes gui composent dordinaire le palshymier Styliseacute En dautres mots la fantaisie explique sinon justifie lemploi des sujets les plus disparates Ce gui nempecircche pas gue le palmier soit quelquefois reproduit er reconnaissable agrave son reacutegime 3 et mecircme sans son reacutegime 4 La peinture sur faiumlence nous eSt donc encore dun secours moindre que la g lyptique pour deacuteterminer la plante qui figure dans la main gauche cie notre pershysonnage (0-48) Celle-ci a-t-elle eacuteteacute repreacuteshysenteacutee sur les gravures

Heacutelas les repreacutesentations graveacutees en som tregraves rares La seule qui puisse nous eacuteclairer - et encore -- constitue une copie exacte compte tenu cles exigences de la matiegravere de la surface du meacutetier et de loutillage des grandes sculptures deacutejagrave mentionneacutees agrave partir du rxe siegravecle arbre sacreacute Stylishysation clu palmier devant lequel deux geacutenies aileacutes son t posteacutes tenant dans le bras loffrande (cervicleacute ou (aprideacute) et clans la main correspondante la plante ou le rameau dont seacutechappent trois fruits 5

Ceux-ci ressemblent agrave la grenade car ils se

1 Ex de Nimrud Photo ManseJJ na 575 clicheacute 3630 2 W ANDRAE Fes ful1jSlIerke 1913 pl LXXXIl

Wiss Ver D O G na 23 3 Par ex Yi A ND RAE ASnr Farbige Keramik

[92 3 pl Il 4 Ibid plJ 1II-1 V XI-XIV XIX-XXlI etc 1 H eJcna CARNEGIE Cataloue Colcctioll Alltique

GelJlJ JOlltberk r II 1908 pl VII Qc 14 DECLERcQ nO 343 accompagneacute dun precirctre dEa Pennsylvan ia na 59 I

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 133

composent du corps g lobulaire surmonteacute de trois traits (carpelles) Nous en verrons plus loin la nature Remarquons encore quagrave la diffeacuterence des fruits de nos basshyreliefs ceux-ci se redressent au lieu de penshydre ce deacutetail na pas assez dimportance pour innrmer lopinion quils sont idenshytiques aux fruits sculpteacutes Comme il sagit dune piegravece de dimensions minimes le grashyveur na pas pu indiquer au-dessous du corps globulaire un leacuteger bourrelet netteshyment visible sur les sculptures et auquel nous attachons une importance capitale

Revenons donc agrave nos sculptures et demandons-nous ennn SI le fruit de notre personnage est une ngue ou une g renade Fig ue (ncus carica) Non car sa forme est plutocirct ovale ct sa feuille plutocirct heacutemispheacuteshyrigue ni lune ni lautre ne peuvent ecirctre compa reacutees agrave no tre fruit J

Grenade Peut-ecirctre car son corps globushylaire est surmonteacute de pointes-feu illes termishynales Or de leacutepoque dAsurnazirpal pour ne citer gue les œuvres du British Museum (op cit) il y a plusieurs repreacutesentations dun fruit semblable toutes conventionnelles ou scheacutematiques excepteacute la derniegravere soit la branche portant des rosaces donc un attrishybut purement arbitraire 2 et mecircme celles-ci compleacuteteacutees par trois feuilles pointues qui rappellent des brindilles 3 ou enfin la forme qui se rapproche le plus de la grenade (pl 48) au corps spheacuterique combleacute de traits qui simulent leacutecorce et surmonteacute de

l Voir les reliefs du palais de Sinacheri b PATElSON op cil pl 32-5 les meacutemes feuilles et un fruit spheacuterique sur larbrisseau tableau d e faiumlence il Khorsabad PLACE N inive el lAssyrie 1867 t Ill pl 3

2 1914 PI 38 Fig VII Par mesu re de prudence faisons ici unc objeaion on pourrait opiner que la branche porte par exemple des paVOis vus de desJls el styliseacutes en forme de rOsace LAYAR D Nin Il pl V 1 pl XXX VIlb XXXVlllb Cette sectlylisation nous paraicirc t dautant moins vraisemblable que la rosace SC rt agrave deacuteco rer dautres ob jets ougrave toute ideacutee de fig uration du pavot eSt agrave priori absente comme sur le sectlick d e Assyr Jcupl Br Mils 1914 rI XXXIV

3 PI XXXVI XXX1X Cf GADD The llones of Ass)ria 19 36 pl 5 geacuten ies aileacutes de maintien identique ct tenant la branche agrave 2-3 rosaces ct brindilles CalaQ

trois pointes qui scheacutematisent lextreacutemiteacute des feuilles Ce dernier exemple a sans doute servi de modegravele pendant lexeacutecution des

FIG 8 - BAS-RELIEF DU FlTTS WILLIAmiddotr M USEurshy

CAM BltlDGE PROVENANT DE CArA~ (AsurnazirpaJ)

trois œuvres du vrrre siegravecle mais ougrave le fruit est reSteacute agrave leacutetat de scheacutema jpregraves examen ces derniers exemples ne peuvent en auCtin cas figurer fa grenade 4 parce que celle-ci sattache directement au rameau et t( seule raquo alors que nous avons ici troir fruits produits par

4middot Con Ira H DANTH1NE op cit pp 132 133fig909 915916922 ct N ell P ERROT Ba1) oniaca t X VIf 1937 pp 114-5 fig 98 100 104 qui y reconnaissen t des grenades

134 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

une seule tige 1 La confirmation sen trouve aiseacutement sur les mecircmes bas-reliefs qui figurent le grenadier

Voici dabord dans le palais de Kuyunshydjik les grenadiers avec ou sans fruits planches VII agrave IX XII XIV agrave XX XXXII agrave XXXV etc Et soulignons maintenant quelques-unes de ses ressemblances Cest le fruit dun arbrisseau tandis que le dattier atteint une hauteur consideacuterable fidegravele-

J Le geacutenie de Berlin (GADD op cil pl 1) ti ent un rameau agrave quatre fruit s Le roi (LAYARD N iniveb t T pl XXXVllIb) cn a cinq montant tous de la mecircme tige

FIG 9 - nAS-R E IEF DU BRITISH MUSEUM PROVENAN T

D E CALA) (ASurnazirpal)

ment observeacutee sur les sculptures La base spheacuterique est couronneacutee de trois points correspondant aux carpelles qui constituent leacutecorce et qui sont toujours visibles sur les sculptures au nombre de trois au mJins 2

Mais le grenadier ressemble encore sur les sculptures agrave la vigne par la dimension minime (en comparaison de celle du palshymier) de sorte que la forme du fruit seule conStitue une diffeacuterence qui ne trompe

pas baie spheacuterique pour la grenade grappe pour la vigne A Kuyundjik il y en a de bons exemples 3 qui montrent les plantes associeacutees dans les mecircmes paysages Lassoshyciation de la grenade de la vigne et du pin se preacutesente aussi 4 Ici les branches montent presque directement en partant du tronc agrave la diffeacuterence du palmier qui a les branches plus deacuteveloppeacutees en largeur

Les sculptures du IXe siegravecle connaissent eacutegalement la vigne mais non associeacutee agrave dautres plantes

Si la grappe de raisn peut ecirctre facilement confondue avec le reacutegime de dattes il existe heureusement une scegravene ougrave les fruits sont repreacutesenteacutes si clairement que leur confusion est impossiblel sagit du cortegravege de servants apportant les eacuteleacutements dun feStin 6 Outre les jarres dougrave sortent des rameaux fleuris il y a des plateaux portant des dattes des grappes de raisins et des grenadeJ Ici on conState la reacutegulariteacute de la forme conique des reacutegimes laspect plutocirct irreacutegulier des grappes et la forme spheacuterique aux 3 brindilles des grenades Dautres sershyvants tiennent des grenades identiques aux preacuteceacutedentes mais enfileacutees 7

Les formes repreacutesenteacutees dans ce fragshy

2 Voir pl XLVIII de AH)r Sculpllres 1914 rI gtOJmiddotSUgrave1l

3 PATERSON op cil pl XVI il XX XXII XXXI il XXXV LXVIIJ LXXI il LXXVI LXXXVIII XCVIII

4 Planches XVI agrave XX XXIV XXXI-III ere

lmiddot A S-Dr Sculptures 19 [4 pl XVII 6 PATERSON op cil plI LXXXVIII-LXXXIX ou

A syr Setpl British Museum 938 pl LXVIII 7 Ibid pl LXXXIX

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 135

ment de la scegravene du festin se diStinguent toutes par leur netteteacute il serait difficile de sy meacuteprendre Remarquons encore que certains servants portent des rameaux feuilshylus sans fruits les relegravevent mecircme comme sils voulaient les agiter agrave linstar dun chasse-mouche Mais il eSt eacutevident que ces rameaux ne ressemblent en rien agrave celui du Catalogue de 1864 T out au plus peut-on eStimer que les feuilles servaient agrave couvrir et agrave proteacuteger les comestibles contre la poussiegravere et toutes bes tio les usage qui nest pas encore perdu aujourdhui en Orient et chez nous

Enfin attirons lattention sur les deux dignitaires qui tiennent agrave la hauteur des yeux un fruit allongeacute conique surmoLteacute de feuillegt au corps rayeacute de traits reacuteguliers et fixeacute sur une tige On serait tenteacute dy reconnaicirctre un des fruits mentionneacutes plus haut plus ou moins Sty li seacute si laspect geacute neacuteshyral ne se rapprochait pas davantage dun fruit de la famille des bromeacuteliaceacutees dont la fleur est disposeacutee en eacutepi dont le frui t est un laquo syncarpe formeacute des ovaires et de bracshyteacutees devenus charnus et soudeacutes pour conStituer une masse ovoiumlde surmonteacutee dun bouquet de bracteacutees foliaceacutees)) et dont le nom le plus reacutepandu est lananas Sil en est ainsi ce fruit ne peut constituer un terme de comparaison avec reacutegimes de dattes grenades e t cocircnes dautant plus quon le trouve surtou t dans les reacutegions tropica les (Ameacuterique) Bref des comparaishySOnS preacuteceacutedentes nous pouvons admettre agrave priori que les fruits des jigunf 2 cl 6 Ile repreacutesentent pas la grenade Cette preacutesomption devient une certitude si nous nous souveshynons que sous le corps globulaire il existe un bourrelet par lequel le globe se rattache agrave la tige et que la grenade se soude directeshyment au rameau isoleacutement et non comme sur les figures 2-6 accompagneacutee de plushysieurs autres speacutecimens formant avec la tige un ensemble inteacutegral

Sil ne sagit pas clune varieacuteteacute il est

certain que le fruit des figures 2-6 rentre dans la famille des papaveacuteraceacutees Celles-ci produisent un fruit en forme de capsule

FIG 10 - Dimiddot il OF NORE BAS-lŒLlI3F (048)

o blongue et raccordeacutee agrave la tige au-dessus dun bourrelet Le corps globuleux est glabre mais pour en extraire le suc il faut y pratishyquer des entailles Ces derniegraveres pourraient ecirctre repreacutesenteacutees de faccedilon scheacutematique sur la planche XLVIII (Assyr Jculpt 1914)

Nou s aurions donc agrave faire avec un genre de coquelicot ou de pavot noms vulgaires du papaver somniferum ou de son voisin le papaver setigerum 1 Les fruits de cette

) Alphonse DE CANOOLE ()rilt~ines des piailles Cfltishydes 1883 pp 319-0

13 6 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164

Page 6: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

126 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

mouvement ondulant ont encore quelque chose de raide qui ne se trouve pas sur la dalle na II 8813 (fig 6) agrave laquelle nous reviendrons 1

1 Cf la figure aileacutee portant [offrande GAOD

SolleJ of Assyrja 1936 pl l Ct tenant la tige Hcuric

FIG 3 - BAS-R EIJEF DU LOUIΠlROVEN NT DE

KHORS RAO

Une reacuteplique (fig 5) digne de menshytion de mecircme provenance que celle du Louvre eSt conserveacutee au British Museum 2

Par le Style de la coiffure de la barbe et des franges elle eSt plus proche de notre piegravece que du relief du Louvre elle preacutesente dailleurs la mecircme rudesse dexeacutecution Dautre part elle est plus complegravete malgreacute lamputation des pieds survenue sans doute pendant ou apregraves les fouilles afin de facishyliter le transport ou la mise en place ou lusage abusif dont teacutemoigne le trou agrave la hauteur du pouce droit Remarquons que lextreacutemiteacute du chacircle qui couvre le dos eSt indiqueacutee mais non deacutetailleacutee Le bras droit laquo semble)) navoir pas eacuteteacute couvert par le vecircteshyment tandis que sur notre exemplaire la frange du chacircle sarrecircte seulement devant le cercle-braceletmiddot Le rameau ond ule forteshyment tandis que sur les exemplaires de Bruxelles et du Louvre sa courbe est plus rectiligne Enfin la main droite est moins releveacutee et le poignet porte un bracelet formeacute dun cercle plat peut-ecirctre identique agrave celui de gauche mais inacheveacute Toutes ces divergences son t minimes elles monshytrent seulement que les laquo copistes raquo usaient dune certaine liberteacute qUl nenlegraveve et najoute rien de remarquable au thegraveme fonshydamental

Faisant pendant un sujet identique (fig 6) est reproduit sur la planche XXVIII nO II88I3 il meacuterite donc notre attention Mecircme provenance mais non mecircme exeacutecushytion Le corps est plus eacutelanceacute plus mince et plus souple les megraveches de la frange plus longues plus leacutegegraveres et plus mouvementeacutees une laquo grecque )) double compleacuteteacutee de megraveches couvrent le bras gauche etc A part la musculature de la jambe droite ce Style se rapproche plus des œuvres du vme siegravecle que les exemplaires 2 agrave 4

semblable agrave la nocirctre dans lautre main eacutepoque dAssurshynapirpal Museacutee de Berlin

z Ass)rjall Smfilures frolll Sho1Jomur III 10 SenlJficherib 1938 pl XXVIII nO 118814

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 127

il pourrait mecircme passer pour une œuvre de transition entre le style de Sargon et celui de Sinacheacuteshy 1

rib Sa provenance seule indique Sargon Somme tonte les deux figures 5 et 6 ont eacuteteacute reacutealiseacutees par des mains diffeacuterentes teacutemoignant dune virtuositeacute ou dun goucirct diffeacuteren ts On pourrait en ce sens eacutetablir une gradation chroshynologique et deacutefendre la thegravese dapregraves laquelle-middot si lorigine inshydiqueacutee reste acquise et si elle acshycuse comme auteurs les artistes dun des rois auxquels on attrishybue les palais - on devrait adopshyter la datation correspondante

3 4 middot Les reliefs du Louvre (pl VII) sont de Sargon-Khorshysabad (722-7deg 5)

2 5 Ceux de Bruxelles et du British Museum (pl XXVIII nO JI 8814) proviennent de Khorshysabad mais sont exeacutecuteacutes dans un Style anteacuterieur Salmanasar V (727-723) ou Tiglatpileacuteser III (746-7 27)

FlG 4 - BAS-RELl E F DU LO UV RE P ROVFC T DE K HOR SABI D 6 Celui du British Museum (pl XXVIII nO II88I3) eSt de Khorsabad mais annonce la maniegravere de terme Kuyundjik-Asurbanipal parce Sinacheacuterib (705-682) quenfin des sculptures de Khorsabad ont

Pourquoi middot choisissons-nous ces quatre eacuteteacute transfeacutereacutees agrave Kuyundjik et peut-ecirctre de rois-lagrave Parce que ce sont ceux auxquels Calab agrave Khorsabad Ces raisons sont nous pouvons attribuer avec le plus de matiegravere agrave discuss ion mais elles conservent certitude la plupart des œuvres sinon tout leur poids en labsence de certitude toutes de Khorsabad (Sargon) de Kuyundshy relative agrave ces eacutecoles jik (Sinacheacuterib Asurbanipal) et de Calab Quoi quil en soit le sujet mecircme remonte (Tiglatpileacuteser III Salmanasar V sans oublier au regravegne dAsurnazirpal on en a plusieurs Asurnazirpal (868-860) parce que certaines repreacutesentations (fig l 7 agrave 9) ce sont des dalles deacutecouvertes dans ces palais sont dignitaires ou des geacutenies (aileacutes ou non) identiques de suje t mais diffeacuterentes dexeacuteshy tenant en main un rameau termineacute en cution si bien quune transition sy accuse fleur rosace ou fruit honorant un autre qui doit nous conduire neacutecessairement deshy motif (arbre ou personnage) et deacutecorant puis le palais de Calab (Asurnazirpal) plusieurs salles du palais de ce roi agrave Calao jusquagrave celui de Khorsabad et de lagrave au (Nimrud) Il suffit de consideacuterer lattitude

J28 BULLETIN DES MUSEES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

le geste et les attributs des personnages du British Museum op cit 1914 reproshyduits sur les planches XXXVIII XXXIX et XLVIII ou du geacutenie aileacute portant lofshyfrande du Museacutee de Berlin 952 pour dissiper le doute et pour admettre que les speacutecimens du VIlle siegravecle napportent rien de nouveau sinon un Style moins lourd et aussi excepteacutee la reacuteplique 4 une virtuositeacute deacutecroissante dans le traiteshyment des deacutetails En dautres mots la virtuositeacute du IXe siegravecle a pu engendrer la deacutecadence du goucirct et de la main-dœuvre du VIlle siegravecle car les piegraveces citeacutees de Calab sont supeacuterieures agrave celles du VIlle siegravecle excepteacutee la figure 3 malgreacute leur massiviteacute par le paralleacutelisme des traits qui composent le costume et la coiffure

Nonobstant cette appreacuteciation neacutegative en ce qui concerne notre bas-relief nous ne pouvons pas oublier que celui-ci est inacheshyveacute quil constitue une reacuteplique et quavec dautres il faisait plus que probablement partie dune seacuterie Lemploi de ce proceacutedeacute expliquerait quil ne pouvait ecirctre un chefshydœuvre

Un deacutetail doit nous inteacuteresser particushy

liegraverement parce quil importe de preCIser la nature de tattribut que tient la main et de corriger la description du Catalogue de 1864 ougrave il eSt interpreacuteteacute comme un chasseshymouche (fig JO)

Ce dessein nous Impose lobligation de recourir non seulement aux repreacutesentations analogues deacutejagrave signaleacutees mais aussi agrave toutes autres qui nous donnent loccasion dabord de constater lexistence dobjets semblables reproduits fidegravelement ou dune maniegravere approchante et ensuite de juger par comshyparaison de la forme et de la nature de lobjet

Sil eSt vrai que le chasse-mouche ne manque pas dans liconographie assyrienne

I GADD op cil pl l ASurnazirpal

il Y garde toutefois une forme caracteacuterisshytique que ne rappelle pas lattribut en question Voici des exemples du IXe siegravecle (Calab) Assyrian Sculptures British Museum 1914 planches XIXXXXXXXI XXXV Exemples du vme siegravecle (Kuyundjik) PATERSON Asyrian Sculptures Palace of Sinachegraverib planche VIII planches LXXIV LXXVIII (le roi sur le trocircne agrave Lakis) planche XXIX (le roi sur son char de parade PLACE Ninive et tAsYrie 1867 t III pl LVII (le roi sur son lit de parade) Aucun de ces exemples ne reproduit notre attribut on pourrait donc admettre agrave priori que lauteur du catalogue preacuteciteacute seSt trompeacute

Il eSt agrave remarquer en outre que le chasse-mouche neSt jamais utiliseacute que par un dignitaire en compagnie du roi Or nos reliefs repreacutesentent des dignitaires particishypant agrave une ceacutereacutemonie cultuelle ougrave la preacuteshysence du roi eSt plus accidentelle que neacutecessaire et ougrave par conseacutequent le chasseshymouches ne joue aucun rocircle essentiel (voir les exemples citeacutes plus loin) Cest une seconde objetlion contre la deStination indiqueacutee dans le Catalogue Des objections plus probantes encore reacutesultent de lexashymen de lobjet lui-mecircme

Il existe en effet plusieurs scegravenes des IXe-Vm e siegravecles ougrave lon voit un geacutenie aileacute 2 un roi 3 ou un dignitaire 4 tenant dans une main le symbole de leur foncshytion essentielle offrande sceptre et dans lautre un objet accidentel ceSt-agrave-dire que lobjet en queStion ne peut ecirctre que laccessoire dune scegravene doffrande (ou de parade) et quune fleur ou un fruit Dune offrande car le porteur de lobjet assiste un porteur doffrande la taille supeacuterieure de ce dernier indique que le premier nest quun officiant de second rang Un fruit

2 GADD op cil pl l 952 3 Tiglalpileacuteser III Uil de Schalkamer rler Otldheid

Amsterdam 1938 pl XX 4 Louvre fig 4middot

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car il eSt pareil sauf leacutetat de maturiteacute (fleur) et lespegravece agrave lattribut que tiennent le porteur doffrande et mecircme le roi comme un accessoire et non comme un objet cultuel il suffirait de le leur enlever pour laisser agrave la scegravene son sens et son cashyractegravere essentiels 1 Cette opinion laquo semble )) conshytredite par le fait que la glyptique a reproduit des geacutenies aileacutes ou non seuls ou suivis dun assiStant honorant larbre sacreacute dans la mecircme attitude et tenant le mecircme attribut gue ceux des sculpteurs (voir les exemples p 130) Mai s on doit admettre agrave priori que ces gravures sont inspireacutees de la grande sculpture ougrave les lapicishydes puisaient des motifs quils assemblaient pour en faire une composition plus ou moins arbitraire selon la surface disponishyble Et mecircme dans le cas dune copie ( fidegravele raquo de la grande sculpture on doit convenir en opposishytion avec lobjeeacutehon preacuteshyceacutedente que sur les grashyvures citeacutees ces geacutenies sont le plus souvent inshy

en botanique les remarques suivantes contribueront tant soit peu agrave le distinguer

De prime abord et en nous basant sur les nombreuses reproductions sculpteacutees des IXe-Vlle siegravecles cinq fruits seuls pourraient

ecirctre repreacutesenteacutes tous eacutegashyIement utiles et partant symboliques dans nos scegravenes la pomme de pin (Pinus brutia) et du cegravedre (J uniperus phœnica) la baie du palmier-dattier (Phenix dactylifera) la figue et la grenade Exashyminons dabord les trois premlers

Le fruit du cegravedre et du pin ont la forme conolshyque elliptique ou ovoiumlde et leurs eacutecailles sont reacuteshyguliegraverement espaceacutees Ils figurent le plus souvent dans ces scegravenes au cours desquelles un roi un dignitaire ou un geacutenie tenant la sltule dans une main legravevent le cocircne dans lautre (horizontalement) et aspergent l C( arbre sacreacute raquo de leau quils viennent de puiser au moyen du fruit dans la situle Exemples du IXe siegravecle (As[yr Sculpt Br Musdeacutependants tandis que FIG 5 - BAS-R ELIEF DU BRITISH MU SEUM 1914) planshy

sur les sculptures ils PROVENAN T DE KHORSABAD ches XI XXX XXXII jouent le rocircle dassiStants Du reSte cette qualiteacute d laquo( accessoire l) na pas grand inteacuterecirct dans la controverse relashytive agrave la nature de lattribut

Tacircchons maintenant de speacutecifier le truit Quoique nous nayons aucune compeacutetence

1 Contra H DANTH TNE L e Palmier-Dallier e les arbres sacreacutes (Bibl archeacuteolog et hisor t XV 1937 p 134) la fleur ou le fruit sont porteacutes par le roi comme attribut au mecircme titre que son bacircton de comshymandement

agrave XXXIV XXXVIII agrave XL XLIV agrave XLVIII (voir notre fig 7)-

Exemples du vure siegravecle (As[yr Sculpt Brlt Mus 1938) planche XXVII

On pensait jadis quil sagissait de la feacutecondation du palmier femelle au moyen du fruit du palmier macircle comme on la pratique encore aujourdhui par simple deacutepocirct de la semence de celui-ci sur celle-lagrave Cette interpreacutetation a eacuteteacute abandonneacutee en

130 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

faveur de la lustration de lexorcisme desshy le palmier nen ont souvent rendu quune tineacutes agrave chasser les mauvaises influences stylisation de sorte quon voit sur lui agrave la Ailleurs le mecircme geste se repreacutesente dans foi s les cocircnes du pin ou du cegravedre 4 puis la les scegravenes de libation en preacutesence du roi l grappe de raisin et la grenade j bull bull La conshyou simplement dhommage 2 ou de lustrashy fusion est complegravete tion 3 Il arrive mecircme que lofficiant porte une palme qui a la mecircme forme styliseacutee gue celles de l laquo arbre sacreacute)) (op cit 1914 pl XXVI) En outre il est parfois remplaceacute par un rashymeau semblable agrave une tige de bleacute pl XXVII ou par un attribut fantaisiste comshyme le cercle formeacute de roshysaces pl XLI XLII l1ui sont probablement ellesshymecircmes une stylisation Mais les sculp tures ne permettent pas toujours de distingue r le fruit des deux essences cegravedre et pin bien que la forme des conifegraveres soit nettement diffeacuterente Celuishyci a en opposition avec celui-lagrave les branches netteshyment montantes PATERSON

Pal Sinach planches XVI XXIV XXV XXVII XXVIII XXXI agrave XXXIII etc C Le cegravedre ne semble pas avoir eacuteteacute sculpteacute Il est vrai que leurs cocircnes se resshysemblent agrave sy meacuteprendre mais le cegravedre est moins freacute-

De mecircme il est parfois difficile de reconnaicirctre la forme exacte du fruit du palmier tel que le preacutesenshytent les œuvres assyriennes La fleur eSt agrave trois feuilles ce qui pourrait nous la faire confondre avec certaines figures de la grenade La fleur macircle a deux verticelles de trois eacutetamines qui ne sont pas repreacutesenteacutes et la fleur femelle trois carpelshyles contenant chacun un ovale A chaque carpelle correspond une ex treacutemiteacute pointue repreacutesenteacutee sur cershytaines sculptures et ici enshycore il eSt aiseacute de confondre avec la grenade Compashyrons donc le laquo fruit raquo du dattier et celui du grenashydier

Les baies du dattier sont suspendues en laquo reacutegime raquo

qui lui est toujours conishyque et non pas spheacuterique comme la grenade La difshyfeacuterence entre le cocircne et la

FIG 6 - BIS-RELIEF DU BRlTl s H grenade se constate bien sur MUSEU~r rROVENANT DE KHORSABAD la planche XLVIII de Asshy

quent en Asie Anteacuterieure ryrian Smlptures 1914 (op tandis que le pin se rencontre de Syrie cit) agrave gauche le cocircne du pin ou du cegravedre en Afghanistan et les armeacutees assyriennes agrave droite la grenade spheacuterique agrave 3 carpelles ont ducirc le rencontrer partout ougrave la conshyquecircte les a conduites 4 RAWLIN SON Five GreaI monarchies 1864 ( Il

p 235 Cf Sa rgon tenant la mecircme plante que celleLa distineacutelion de ces fruits est dautant du bas-relief 048 devant un arbre sacreacute aux fruits

plus difficile que les artistes repreacutesentant coniques mais disposeacutes en seacuterie de trois ( P ERROT

CHrrIEZ H isloire de larl t Il 1884 p 5 r 2) qui se raient I Affrtpl 1914 pl XXXmiddotXXXII des figues (B ONA VI Flora of Ihe Ass)r montIII 2 Ib id pl XXXlII-XXXIV 18 94 p 57) 3 Ibid pl XLV-XLVI 5middot BONAVlol op ril p 55

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 131

A Kuyundjik les palmiers avec reacutegime laquo conique raquo sont abondamment reproduits comme si les sculp teurs avaient voulu trashyduire la couleur locale des pays eacutetrangers que les armeacutees victorieuses venaient de deacutevaster 1 palmes reacutegimes tronc et dimenshysions du palmier rendent la confusion laquo parfoisraquo impossible autant avec le greshynadier quavec le pin et le cegravedre

Abando nnons un instant la sculptu re et jetons un coup dœil sur les pierres grashyveacutees dans le dessein dy trouver la plante que nous cherchons agrave deacuteterminer Les intailles assyriennes et mecircme celles des pays limitropnes ne repreacutesentent que larbre ou la plante quon sest habitueacute agrave qualifier d laquo arbre de vie arbre sacreacute palmier sacreacute raquo qui reccediloit lhommage ou qui accompagne unescegravene On a admis quil sagitdu palmiershydattier agrave cause de sa ressemblance avec loriginal de son utiliteacute alimentaire et par sui te de son caractegravere symbolique dans la plupart des gravures Neacuteanmoins on

saperccediloit tout de suite que la fantaisie des artistes sest donneacute libre cours dans sa figuration Ici les stylisations des laquo arbres sacreacutes )) sont innombrables autant par laspect du tronc que par celui des fruits et des feui lles nous ne saurions deacutecrire tous les types et nous sortirions du sujet Quil suffi se den indiquer quelques-uns 2

Les graveurs repreacutesentent le plus souvent

1 Voir entre autres As)r JCIIlplures 1938 les pl XJJ XIII X L i XLV LII agrave VI LXVJ XCIV XCV

2 Consulrez J D NfHfNE op cit album Voici lluelques o u vrages de g lyp tique d ont nous extrayons les exemples preacutesents

Bibliothegraveque Nationa le DELAPoRTE 1 1910 Colleclion ries Cylinrlres orienlaux el ries Cacoels rie la Biblioloegraveque Naiionalf

DECLERCQ Calalo~ue rie la Coleclioll Derlercf t 11888 Louvre DELA PORTE L Calalogue ries Cylinrlres

~rienlalx ri illseacutee ri LOlvre 1920 1 Newcl l v D OSTEN Allc or Seals in loe Colleclioll

or Mr Edn T Newell 1934 Pierpont W J-I WARD Cylinrlrs n Ie Library

of ] lierponl liorgall 1919 Pennsylvania L EGRAt L CIltlre or loe lob)

IOliOTi19 2 j

WARD Cyliurler lcals of IF Asia 1910

un arbre dont les rameaux se terminent par un des fruits-motifs suiva nts

o Le globe Bibliothegraveque Nationale 376 Declercq 329 Pennsylvania 588 597

~ Le mecircme globe mais traverseacute par la pointe qui nest que lextreacutemiteacute du rameau auquel il est attacheacute Biblioshythegraveque Nationale 378 Louvre 5 Pierpont 163 561-2

o Le cocircne ou le g lobe termineacute en pointe Ward 691-4 696 Pennsylvania 591

t) Le globe portant 3 tiges ougrave on pourrait reconnaicirctre la grenade Ward 679 695 de Clercq planche XXXII nO 344 Newell pl XXX 37

~ Le cocircne qui semble indiquer ses eacutecailles Pierpont 16o Newell 667

Les feuiJies ~ agrave 5 Ward 699

Les feuilles ~ agrave iuml Ward 7deg9

Les feuilles ~ agrave 3 au-dessus de 2 enshyroulements ou voiutes Declercq 342 Ward 702

8gg Les globes superposeacutes Ward 661 Le globe rayonnant Louvre 18 ~ Pennsylvania 601 ~ Les branchages formant treillis surshycm monteacutes de fruits coniques Ward 678

683 agrave 690 Declercq 340 Les mecircmes abritant un objet de culte Ward 1153 Etc

Cette stylisation a produit des formes ougrave on ne reconnaicirct plus aucune essence mecircme approximativement les exemples en sont dautant plu s obscurs que les grashyvures sont useacutees ou que leur exeacutecution laissait agrave deacutesirer

Mais il reste des exemples ougrave le palmier se distingue clairement soit par le tronc barreacute dimbrications qui indiquent la base des palmes coupeacutees soit par ses branches (palmes) courbes larges et tombantes soit enfin par les reacutegimes de dattes qui en tomshybent ces derniers eacutetan t dordinaire au nombre

IF BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

de deux par goucirct de symeacutetrie deacutecorative

Arbre avec son reacutegime Ward 680 706 Arbre avec branches larges courbes

tombantes Xard 668 589 Arbre avec branches enrouleacutees ~

ard 713 A rbre avec feuilles nettement seacutepareacutees

b Pierpont 159 Ward 7 14

~ Declercq 3l Z

Arbre avec feuilles rlaceacutees sur une tige

~ Xard 707

Etc Sauf dans le cas ougrave larbre porte ses

reacutegimes et ougrave les palmes ont la largeur et la courbe speacuteciales on nest donc pas absolu-

FIG 7 - BAS-RELI E f DU BRITISH MUSEU~I PROV ENANT

DE CALU (Aslirnazirpa l)

ment sucircr quil sagisse du Phenix dactylifera ou dattier E t dans la figuration peinte ou plutocirct dans les scegravenes composeacutees de briques de faiumlence colorieacutees que constatonsshynous Larbre est tellement styliseacute que seules la forme et la chu te de ses feuilles indiquent le palmier 1 T ou tefois ici il eSt associeacute agrave une baie g lobuleuse surmonteacutee de trois feuilles qui ressemblent agrave la grenade Dans la Porte Gurgurri 2 on a deacutecouvert une applique murale en ceacuteramique colorieacutee ougrave cette pseudo-grenade est associeacutee au cocircne mais les deux motifs sont fixeacutes sur les volutes gui composent dordinaire le palshymier Styliseacute En dautres mots la fantaisie explique sinon justifie lemploi des sujets les plus disparates Ce gui nempecircche pas gue le palmier soit quelquefois reproduit er reconnaissable agrave son reacutegime 3 et mecircme sans son reacutegime 4 La peinture sur faiumlence nous eSt donc encore dun secours moindre que la g lyptique pour deacuteterminer la plante qui figure dans la main gauche cie notre pershysonnage (0-48) Celle-ci a-t-elle eacuteteacute repreacuteshysenteacutee sur les gravures

Heacutelas les repreacutesentations graveacutees en som tregraves rares La seule qui puisse nous eacuteclairer - et encore -- constitue une copie exacte compte tenu cles exigences de la matiegravere de la surface du meacutetier et de loutillage des grandes sculptures deacutejagrave mentionneacutees agrave partir du rxe siegravecle arbre sacreacute Stylishysation clu palmier devant lequel deux geacutenies aileacutes son t posteacutes tenant dans le bras loffrande (cervicleacute ou (aprideacute) et clans la main correspondante la plante ou le rameau dont seacutechappent trois fruits 5

Ceux-ci ressemblent agrave la grenade car ils se

1 Ex de Nimrud Photo ManseJJ na 575 clicheacute 3630 2 W ANDRAE Fes ful1jSlIerke 1913 pl LXXXIl

Wiss Ver D O G na 23 3 Par ex Yi A ND RAE ASnr Farbige Keramik

[92 3 pl Il 4 Ibid plJ 1II-1 V XI-XIV XIX-XXlI etc 1 H eJcna CARNEGIE Cataloue Colcctioll Alltique

GelJlJ JOlltberk r II 1908 pl VII Qc 14 DECLERcQ nO 343 accompagneacute dun precirctre dEa Pennsylvan ia na 59 I

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 133

composent du corps g lobulaire surmonteacute de trois traits (carpelles) Nous en verrons plus loin la nature Remarquons encore quagrave la diffeacuterence des fruits de nos basshyreliefs ceux-ci se redressent au lieu de penshydre ce deacutetail na pas assez dimportance pour innrmer lopinion quils sont idenshytiques aux fruits sculpteacutes Comme il sagit dune piegravece de dimensions minimes le grashyveur na pas pu indiquer au-dessous du corps globulaire un leacuteger bourrelet netteshyment visible sur les sculptures et auquel nous attachons une importance capitale

Revenons donc agrave nos sculptures et demandons-nous ennn SI le fruit de notre personnage est une ngue ou une g renade Fig ue (ncus carica) Non car sa forme est plutocirct ovale ct sa feuille plutocirct heacutemispheacuteshyrigue ni lune ni lautre ne peuvent ecirctre compa reacutees agrave no tre fruit J

Grenade Peut-ecirctre car son corps globushylaire est surmonteacute de pointes-feu illes termishynales Or de leacutepoque dAsurnazirpal pour ne citer gue les œuvres du British Museum (op cit) il y a plusieurs repreacutesentations dun fruit semblable toutes conventionnelles ou scheacutematiques excepteacute la derniegravere soit la branche portant des rosaces donc un attrishybut purement arbitraire 2 et mecircme celles-ci compleacuteteacutees par trois feuilles pointues qui rappellent des brindilles 3 ou enfin la forme qui se rapproche le plus de la grenade (pl 48) au corps spheacuterique combleacute de traits qui simulent leacutecorce et surmonteacute de

l Voir les reliefs du palais de Sinacheri b PATElSON op cil pl 32-5 les meacutemes feuilles et un fruit spheacuterique sur larbrisseau tableau d e faiumlence il Khorsabad PLACE N inive el lAssyrie 1867 t Ill pl 3

2 1914 PI 38 Fig VII Par mesu re de prudence faisons ici unc objeaion on pourrait opiner que la branche porte par exemple des paVOis vus de desJls el styliseacutes en forme de rOsace LAYAR D Nin Il pl V 1 pl XXX VIlb XXXVlllb Cette sectlylisation nous paraicirc t dautant moins vraisemblable que la rosace SC rt agrave deacuteco rer dautres ob jets ougrave toute ideacutee de fig uration du pavot eSt agrave priori absente comme sur le sectlick d e Assyr Jcupl Br Mils 1914 rI XXXIV

3 PI XXXVI XXX1X Cf GADD The llones of Ass)ria 19 36 pl 5 geacuten ies aileacutes de maintien identique ct tenant la branche agrave 2-3 rosaces ct brindilles CalaQ

trois pointes qui scheacutematisent lextreacutemiteacute des feuilles Ce dernier exemple a sans doute servi de modegravele pendant lexeacutecution des

FIG 8 - BAS-RELIEF DU FlTTS WILLIAmiddotr M USEurshy

CAM BltlDGE PROVENANT DE CArA~ (AsurnazirpaJ)

trois œuvres du vrrre siegravecle mais ougrave le fruit est reSteacute agrave leacutetat de scheacutema jpregraves examen ces derniers exemples ne peuvent en auCtin cas figurer fa grenade 4 parce que celle-ci sattache directement au rameau et t( seule raquo alors que nous avons ici troir fruits produits par

4middot Con Ira H DANTH1NE op cit pp 132 133fig909 915916922 ct N ell P ERROT Ba1) oniaca t X VIf 1937 pp 114-5 fig 98 100 104 qui y reconnaissen t des grenades

134 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

une seule tige 1 La confirmation sen trouve aiseacutement sur les mecircmes bas-reliefs qui figurent le grenadier

Voici dabord dans le palais de Kuyunshydjik les grenadiers avec ou sans fruits planches VII agrave IX XII XIV agrave XX XXXII agrave XXXV etc Et soulignons maintenant quelques-unes de ses ressemblances Cest le fruit dun arbrisseau tandis que le dattier atteint une hauteur consideacuterable fidegravele-

J Le geacutenie de Berlin (GADD op cil pl 1) ti ent un rameau agrave quatre fruit s Le roi (LAYARD N iniveb t T pl XXXVllIb) cn a cinq montant tous de la mecircme tige

FIG 9 - nAS-R E IEF DU BRITISH MUSEUM PROVENAN T

D E CALA) (ASurnazirpal)

ment observeacutee sur les sculptures La base spheacuterique est couronneacutee de trois points correspondant aux carpelles qui constituent leacutecorce et qui sont toujours visibles sur les sculptures au nombre de trois au mJins 2

Mais le grenadier ressemble encore sur les sculptures agrave la vigne par la dimension minime (en comparaison de celle du palshymier) de sorte que la forme du fruit seule conStitue une diffeacuterence qui ne trompe

pas baie spheacuterique pour la grenade grappe pour la vigne A Kuyundjik il y en a de bons exemples 3 qui montrent les plantes associeacutees dans les mecircmes paysages Lassoshyciation de la grenade de la vigne et du pin se preacutesente aussi 4 Ici les branches montent presque directement en partant du tronc agrave la diffeacuterence du palmier qui a les branches plus deacuteveloppeacutees en largeur

Les sculptures du IXe siegravecle connaissent eacutegalement la vigne mais non associeacutee agrave dautres plantes

Si la grappe de raisn peut ecirctre facilement confondue avec le reacutegime de dattes il existe heureusement une scegravene ougrave les fruits sont repreacutesenteacutes si clairement que leur confusion est impossiblel sagit du cortegravege de servants apportant les eacuteleacutements dun feStin 6 Outre les jarres dougrave sortent des rameaux fleuris il y a des plateaux portant des dattes des grappes de raisins et des grenadeJ Ici on conState la reacutegulariteacute de la forme conique des reacutegimes laspect plutocirct irreacutegulier des grappes et la forme spheacuterique aux 3 brindilles des grenades Dautres sershyvants tiennent des grenades identiques aux preacuteceacutedentes mais enfileacutees 7

Les formes repreacutesenteacutees dans ce fragshy

2 Voir pl XLVIII de AH)r Sculpllres 1914 rI gtOJmiddotSUgrave1l

3 PATERSON op cil pl XVI il XX XXII XXXI il XXXV LXVIIJ LXXI il LXXVI LXXXVIII XCVIII

4 Planches XVI agrave XX XXIV XXXI-III ere

lmiddot A S-Dr Sculptures 19 [4 pl XVII 6 PATERSON op cil plI LXXXVIII-LXXXIX ou

A syr Setpl British Museum 938 pl LXVIII 7 Ibid pl LXXXIX

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ment de la scegravene du festin se diStinguent toutes par leur netteteacute il serait difficile de sy meacuteprendre Remarquons encore que certains servants portent des rameaux feuilshylus sans fruits les relegravevent mecircme comme sils voulaient les agiter agrave linstar dun chasse-mouche Mais il eSt eacutevident que ces rameaux ne ressemblent en rien agrave celui du Catalogue de 1864 T out au plus peut-on eStimer que les feuilles servaient agrave couvrir et agrave proteacuteger les comestibles contre la poussiegravere et toutes bes tio les usage qui nest pas encore perdu aujourdhui en Orient et chez nous

Enfin attirons lattention sur les deux dignitaires qui tiennent agrave la hauteur des yeux un fruit allongeacute conique surmoLteacute de feuillegt au corps rayeacute de traits reacuteguliers et fixeacute sur une tige On serait tenteacute dy reconnaicirctre un des fruits mentionneacutes plus haut plus ou moins Sty li seacute si laspect geacute neacuteshyral ne se rapprochait pas davantage dun fruit de la famille des bromeacuteliaceacutees dont la fleur est disposeacutee en eacutepi dont le frui t est un laquo syncarpe formeacute des ovaires et de bracshyteacutees devenus charnus et soudeacutes pour conStituer une masse ovoiumlde surmonteacutee dun bouquet de bracteacutees foliaceacutees)) et dont le nom le plus reacutepandu est lananas Sil en est ainsi ce fruit ne peut constituer un terme de comparaison avec reacutegimes de dattes grenades e t cocircnes dautant plus quon le trouve surtou t dans les reacutegions tropica les (Ameacuterique) Bref des comparaishySOnS preacuteceacutedentes nous pouvons admettre agrave priori que les fruits des jigunf 2 cl 6 Ile repreacutesentent pas la grenade Cette preacutesomption devient une certitude si nous nous souveshynons que sous le corps globulaire il existe un bourrelet par lequel le globe se rattache agrave la tige et que la grenade se soude directeshyment au rameau isoleacutement et non comme sur les figures 2-6 accompagneacutee de plushysieurs autres speacutecimens formant avec la tige un ensemble inteacutegral

Sil ne sagit pas clune varieacuteteacute il est

certain que le fruit des figures 2-6 rentre dans la famille des papaveacuteraceacutees Celles-ci produisent un fruit en forme de capsule

FIG 10 - Dimiddot il OF NORE BAS-lŒLlI3F (048)

o blongue et raccordeacutee agrave la tige au-dessus dun bourrelet Le corps globuleux est glabre mais pour en extraire le suc il faut y pratishyquer des entailles Ces derniegraveres pourraient ecirctre repreacutesenteacutees de faccedilon scheacutematique sur la planche XLVIII (Assyr Jculpt 1914)

Nou s aurions donc agrave faire avec un genre de coquelicot ou de pavot noms vulgaires du papaver somniferum ou de son voisin le papaver setigerum 1 Les fruits de cette

) Alphonse DE CANOOLE ()rilt~ines des piailles Cfltishydes 1883 pp 319-0

13 6 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164

Page 7: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 127

il pourrait mecircme passer pour une œuvre de transition entre le style de Sargon et celui de Sinacheacuteshy 1

rib Sa provenance seule indique Sargon Somme tonte les deux figures 5 et 6 ont eacuteteacute reacutealiseacutees par des mains diffeacuterentes teacutemoignant dune virtuositeacute ou dun goucirct diffeacuteren ts On pourrait en ce sens eacutetablir une gradation chroshynologique et deacutefendre la thegravese dapregraves laquelle-middot si lorigine inshydiqueacutee reste acquise et si elle acshycuse comme auteurs les artistes dun des rois auxquels on attrishybue les palais - on devrait adopshyter la datation correspondante

3 4 middot Les reliefs du Louvre (pl VII) sont de Sargon-Khorshysabad (722-7deg 5)

2 5 Ceux de Bruxelles et du British Museum (pl XXVIII nO JI 8814) proviennent de Khorshysabad mais sont exeacutecuteacutes dans un Style anteacuterieur Salmanasar V (727-723) ou Tiglatpileacuteser III (746-7 27)

FlG 4 - BAS-RELl E F DU LO UV RE P ROVFC T DE K HOR SABI D 6 Celui du British Museum (pl XXVIII nO II88I3) eSt de Khorsabad mais annonce la maniegravere de terme Kuyundjik-Asurbanipal parce Sinacheacuterib (705-682) quenfin des sculptures de Khorsabad ont

Pourquoi middot choisissons-nous ces quatre eacuteteacute transfeacutereacutees agrave Kuyundjik et peut-ecirctre de rois-lagrave Parce que ce sont ceux auxquels Calab agrave Khorsabad Ces raisons sont nous pouvons attribuer avec le plus de matiegravere agrave discuss ion mais elles conservent certitude la plupart des œuvres sinon tout leur poids en labsence de certitude toutes de Khorsabad (Sargon) de Kuyundshy relative agrave ces eacutecoles jik (Sinacheacuterib Asurbanipal) et de Calab Quoi quil en soit le sujet mecircme remonte (Tiglatpileacuteser III Salmanasar V sans oublier au regravegne dAsurnazirpal on en a plusieurs Asurnazirpal (868-860) parce que certaines repreacutesentations (fig l 7 agrave 9) ce sont des dalles deacutecouvertes dans ces palais sont dignitaires ou des geacutenies (aileacutes ou non) identiques de suje t mais diffeacuterentes dexeacuteshy tenant en main un rameau termineacute en cution si bien quune transition sy accuse fleur rosace ou fruit honorant un autre qui doit nous conduire neacutecessairement deshy motif (arbre ou personnage) et deacutecorant puis le palais de Calab (Asurnazirpal) plusieurs salles du palais de ce roi agrave Calao jusquagrave celui de Khorsabad et de lagrave au (Nimrud) Il suffit de consideacuterer lattitude

J28 BULLETIN DES MUSEES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

le geste et les attributs des personnages du British Museum op cit 1914 reproshyduits sur les planches XXXVIII XXXIX et XLVIII ou du geacutenie aileacute portant lofshyfrande du Museacutee de Berlin 952 pour dissiper le doute et pour admettre que les speacutecimens du VIlle siegravecle napportent rien de nouveau sinon un Style moins lourd et aussi excepteacutee la reacuteplique 4 une virtuositeacute deacutecroissante dans le traiteshyment des deacutetails En dautres mots la virtuositeacute du IXe siegravecle a pu engendrer la deacutecadence du goucirct et de la main-dœuvre du VIlle siegravecle car les piegraveces citeacutees de Calab sont supeacuterieures agrave celles du VIlle siegravecle excepteacutee la figure 3 malgreacute leur massiviteacute par le paralleacutelisme des traits qui composent le costume et la coiffure

Nonobstant cette appreacuteciation neacutegative en ce qui concerne notre bas-relief nous ne pouvons pas oublier que celui-ci est inacheshyveacute quil constitue une reacuteplique et quavec dautres il faisait plus que probablement partie dune seacuterie Lemploi de ce proceacutedeacute expliquerait quil ne pouvait ecirctre un chefshydœuvre

Un deacutetail doit nous inteacuteresser particushy

liegraverement parce quil importe de preCIser la nature de tattribut que tient la main et de corriger la description du Catalogue de 1864 ougrave il eSt interpreacuteteacute comme un chasseshymouche (fig JO)

Ce dessein nous Impose lobligation de recourir non seulement aux repreacutesentations analogues deacutejagrave signaleacutees mais aussi agrave toutes autres qui nous donnent loccasion dabord de constater lexistence dobjets semblables reproduits fidegravelement ou dune maniegravere approchante et ensuite de juger par comshyparaison de la forme et de la nature de lobjet

Sil eSt vrai que le chasse-mouche ne manque pas dans liconographie assyrienne

I GADD op cil pl l ASurnazirpal

il Y garde toutefois une forme caracteacuterisshytique que ne rappelle pas lattribut en question Voici des exemples du IXe siegravecle (Calab) Assyrian Sculptures British Museum 1914 planches XIXXXXXXXI XXXV Exemples du vme siegravecle (Kuyundjik) PATERSON Asyrian Sculptures Palace of Sinachegraverib planche VIII planches LXXIV LXXVIII (le roi sur le trocircne agrave Lakis) planche XXIX (le roi sur son char de parade PLACE Ninive et tAsYrie 1867 t III pl LVII (le roi sur son lit de parade) Aucun de ces exemples ne reproduit notre attribut on pourrait donc admettre agrave priori que lauteur du catalogue preacuteciteacute seSt trompeacute

Il eSt agrave remarquer en outre que le chasse-mouche neSt jamais utiliseacute que par un dignitaire en compagnie du roi Or nos reliefs repreacutesentent des dignitaires particishypant agrave une ceacutereacutemonie cultuelle ougrave la preacuteshysence du roi eSt plus accidentelle que neacutecessaire et ougrave par conseacutequent le chasseshymouches ne joue aucun rocircle essentiel (voir les exemples citeacutes plus loin) Cest une seconde objetlion contre la deStination indiqueacutee dans le Catalogue Des objections plus probantes encore reacutesultent de lexashymen de lobjet lui-mecircme

Il existe en effet plusieurs scegravenes des IXe-Vm e siegravecles ougrave lon voit un geacutenie aileacute 2 un roi 3 ou un dignitaire 4 tenant dans une main le symbole de leur foncshytion essentielle offrande sceptre et dans lautre un objet accidentel ceSt-agrave-dire que lobjet en queStion ne peut ecirctre que laccessoire dune scegravene doffrande (ou de parade) et quune fleur ou un fruit Dune offrande car le porteur de lobjet assiste un porteur doffrande la taille supeacuterieure de ce dernier indique que le premier nest quun officiant de second rang Un fruit

2 GADD op cil pl l 952 3 Tiglalpileacuteser III Uil de Schalkamer rler Otldheid

Amsterdam 1938 pl XX 4 Louvre fig 4middot

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car il eSt pareil sauf leacutetat de maturiteacute (fleur) et lespegravece agrave lattribut que tiennent le porteur doffrande et mecircme le roi comme un accessoire et non comme un objet cultuel il suffirait de le leur enlever pour laisser agrave la scegravene son sens et son cashyractegravere essentiels 1 Cette opinion laquo semble )) conshytredite par le fait que la glyptique a reproduit des geacutenies aileacutes ou non seuls ou suivis dun assiStant honorant larbre sacreacute dans la mecircme attitude et tenant le mecircme attribut gue ceux des sculpteurs (voir les exemples p 130) Mai s on doit admettre agrave priori que ces gravures sont inspireacutees de la grande sculpture ougrave les lapicishydes puisaient des motifs quils assemblaient pour en faire une composition plus ou moins arbitraire selon la surface disponishyble Et mecircme dans le cas dune copie ( fidegravele raquo de la grande sculpture on doit convenir en opposishytion avec lobjeeacutehon preacuteshyceacutedente que sur les grashyvures citeacutees ces geacutenies sont le plus souvent inshy

en botanique les remarques suivantes contribueront tant soit peu agrave le distinguer

De prime abord et en nous basant sur les nombreuses reproductions sculpteacutees des IXe-Vlle siegravecles cinq fruits seuls pourraient

ecirctre repreacutesenteacutes tous eacutegashyIement utiles et partant symboliques dans nos scegravenes la pomme de pin (Pinus brutia) et du cegravedre (J uniperus phœnica) la baie du palmier-dattier (Phenix dactylifera) la figue et la grenade Exashyminons dabord les trois premlers

Le fruit du cegravedre et du pin ont la forme conolshyque elliptique ou ovoiumlde et leurs eacutecailles sont reacuteshyguliegraverement espaceacutees Ils figurent le plus souvent dans ces scegravenes au cours desquelles un roi un dignitaire ou un geacutenie tenant la sltule dans une main legravevent le cocircne dans lautre (horizontalement) et aspergent l C( arbre sacreacute raquo de leau quils viennent de puiser au moyen du fruit dans la situle Exemples du IXe siegravecle (As[yr Sculpt Br Musdeacutependants tandis que FIG 5 - BAS-R ELIEF DU BRITISH MU SEUM 1914) planshy

sur les sculptures ils PROVENAN T DE KHORSABAD ches XI XXX XXXII jouent le rocircle dassiStants Du reSte cette qualiteacute d laquo( accessoire l) na pas grand inteacuterecirct dans la controverse relashytive agrave la nature de lattribut

Tacircchons maintenant de speacutecifier le truit Quoique nous nayons aucune compeacutetence

1 Contra H DANTH TNE L e Palmier-Dallier e les arbres sacreacutes (Bibl archeacuteolog et hisor t XV 1937 p 134) la fleur ou le fruit sont porteacutes par le roi comme attribut au mecircme titre que son bacircton de comshymandement

agrave XXXIV XXXVIII agrave XL XLIV agrave XLVIII (voir notre fig 7)-

Exemples du vure siegravecle (As[yr Sculpt Brlt Mus 1938) planche XXVII

On pensait jadis quil sagissait de la feacutecondation du palmier femelle au moyen du fruit du palmier macircle comme on la pratique encore aujourdhui par simple deacutepocirct de la semence de celui-ci sur celle-lagrave Cette interpreacutetation a eacuteteacute abandonneacutee en

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faveur de la lustration de lexorcisme desshy le palmier nen ont souvent rendu quune tineacutes agrave chasser les mauvaises influences stylisation de sorte quon voit sur lui agrave la Ailleurs le mecircme geste se repreacutesente dans foi s les cocircnes du pin ou du cegravedre 4 puis la les scegravenes de libation en preacutesence du roi l grappe de raisin et la grenade j bull bull La conshyou simplement dhommage 2 ou de lustrashy fusion est complegravete tion 3 Il arrive mecircme que lofficiant porte une palme qui a la mecircme forme styliseacutee gue celles de l laquo arbre sacreacute)) (op cit 1914 pl XXVI) En outre il est parfois remplaceacute par un rashymeau semblable agrave une tige de bleacute pl XXVII ou par un attribut fantaisiste comshyme le cercle formeacute de roshysaces pl XLI XLII l1ui sont probablement ellesshymecircmes une stylisation Mais les sculp tures ne permettent pas toujours de distingue r le fruit des deux essences cegravedre et pin bien que la forme des conifegraveres soit nettement diffeacuterente Celuishyci a en opposition avec celui-lagrave les branches netteshyment montantes PATERSON

Pal Sinach planches XVI XXIV XXV XXVII XXVIII XXXI agrave XXXIII etc C Le cegravedre ne semble pas avoir eacuteteacute sculpteacute Il est vrai que leurs cocircnes se resshysemblent agrave sy meacuteprendre mais le cegravedre est moins freacute-

De mecircme il est parfois difficile de reconnaicirctre la forme exacte du fruit du palmier tel que le preacutesenshytent les œuvres assyriennes La fleur eSt agrave trois feuilles ce qui pourrait nous la faire confondre avec certaines figures de la grenade La fleur macircle a deux verticelles de trois eacutetamines qui ne sont pas repreacutesenteacutes et la fleur femelle trois carpelshyles contenant chacun un ovale A chaque carpelle correspond une ex treacutemiteacute pointue repreacutesenteacutee sur cershytaines sculptures et ici enshycore il eSt aiseacute de confondre avec la grenade Compashyrons donc le laquo fruit raquo du dattier et celui du grenashydier

Les baies du dattier sont suspendues en laquo reacutegime raquo

qui lui est toujours conishyque et non pas spheacuterique comme la grenade La difshyfeacuterence entre le cocircne et la

FIG 6 - BIS-RELIEF DU BRlTl s H grenade se constate bien sur MUSEU~r rROVENANT DE KHORSABAD la planche XLVIII de Asshy

quent en Asie Anteacuterieure ryrian Smlptures 1914 (op tandis que le pin se rencontre de Syrie cit) agrave gauche le cocircne du pin ou du cegravedre en Afghanistan et les armeacutees assyriennes agrave droite la grenade spheacuterique agrave 3 carpelles ont ducirc le rencontrer partout ougrave la conshyquecircte les a conduites 4 RAWLIN SON Five GreaI monarchies 1864 ( Il

p 235 Cf Sa rgon tenant la mecircme plante que celleLa distineacutelion de ces fruits est dautant du bas-relief 048 devant un arbre sacreacute aux fruits

plus difficile que les artistes repreacutesentant coniques mais disposeacutes en seacuterie de trois ( P ERROT

CHrrIEZ H isloire de larl t Il 1884 p 5 r 2) qui se raient I Affrtpl 1914 pl XXXmiddotXXXII des figues (B ONA VI Flora of Ihe Ass)r montIII 2 Ib id pl XXXlII-XXXIV 18 94 p 57) 3 Ibid pl XLV-XLVI 5middot BONAVlol op ril p 55

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 131

A Kuyundjik les palmiers avec reacutegime laquo conique raquo sont abondamment reproduits comme si les sculp teurs avaient voulu trashyduire la couleur locale des pays eacutetrangers que les armeacutees victorieuses venaient de deacutevaster 1 palmes reacutegimes tronc et dimenshysions du palmier rendent la confusion laquo parfoisraquo impossible autant avec le greshynadier quavec le pin et le cegravedre

Abando nnons un instant la sculptu re et jetons un coup dœil sur les pierres grashyveacutees dans le dessein dy trouver la plante que nous cherchons agrave deacuteterminer Les intailles assyriennes et mecircme celles des pays limitropnes ne repreacutesentent que larbre ou la plante quon sest habitueacute agrave qualifier d laquo arbre de vie arbre sacreacute palmier sacreacute raquo qui reccediloit lhommage ou qui accompagne unescegravene On a admis quil sagitdu palmiershydattier agrave cause de sa ressemblance avec loriginal de son utiliteacute alimentaire et par sui te de son caractegravere symbolique dans la plupart des gravures Neacuteanmoins on

saperccediloit tout de suite que la fantaisie des artistes sest donneacute libre cours dans sa figuration Ici les stylisations des laquo arbres sacreacutes )) sont innombrables autant par laspect du tronc que par celui des fruits et des feui lles nous ne saurions deacutecrire tous les types et nous sortirions du sujet Quil suffi se den indiquer quelques-uns 2

Les graveurs repreacutesentent le plus souvent

1 Voir entre autres As)r JCIIlplures 1938 les pl XJJ XIII X L i XLV LII agrave VI LXVJ XCIV XCV

2 Consulrez J D NfHfNE op cit album Voici lluelques o u vrages de g lyp tique d ont nous extrayons les exemples preacutesents

Bibliothegraveque Nationa le DELAPoRTE 1 1910 Colleclion ries Cylinrlres orienlaux el ries Cacoels rie la Biblioloegraveque Naiionalf

DECLERCQ Calalo~ue rie la Coleclioll Derlercf t 11888 Louvre DELA PORTE L Calalogue ries Cylinrlres

~rienlalx ri illseacutee ri LOlvre 1920 1 Newcl l v D OSTEN Allc or Seals in loe Colleclioll

or Mr Edn T Newell 1934 Pierpont W J-I WARD Cylinrlrs n Ie Library

of ] lierponl liorgall 1919 Pennsylvania L EGRAt L CIltlre or loe lob)

IOliOTi19 2 j

WARD Cyliurler lcals of IF Asia 1910

un arbre dont les rameaux se terminent par un des fruits-motifs suiva nts

o Le globe Bibliothegraveque Nationale 376 Declercq 329 Pennsylvania 588 597

~ Le mecircme globe mais traverseacute par la pointe qui nest que lextreacutemiteacute du rameau auquel il est attacheacute Biblioshythegraveque Nationale 378 Louvre 5 Pierpont 163 561-2

o Le cocircne ou le g lobe termineacute en pointe Ward 691-4 696 Pennsylvania 591

t) Le globe portant 3 tiges ougrave on pourrait reconnaicirctre la grenade Ward 679 695 de Clercq planche XXXII nO 344 Newell pl XXX 37

~ Le cocircne qui semble indiquer ses eacutecailles Pierpont 16o Newell 667

Les feuiJies ~ agrave 5 Ward 699

Les feuilles ~ agrave iuml Ward 7deg9

Les feuilles ~ agrave 3 au-dessus de 2 enshyroulements ou voiutes Declercq 342 Ward 702

8gg Les globes superposeacutes Ward 661 Le globe rayonnant Louvre 18 ~ Pennsylvania 601 ~ Les branchages formant treillis surshycm monteacutes de fruits coniques Ward 678

683 agrave 690 Declercq 340 Les mecircmes abritant un objet de culte Ward 1153 Etc

Cette stylisation a produit des formes ougrave on ne reconnaicirct plus aucune essence mecircme approximativement les exemples en sont dautant plu s obscurs que les grashyvures sont useacutees ou que leur exeacutecution laissait agrave deacutesirer

Mais il reste des exemples ougrave le palmier se distingue clairement soit par le tronc barreacute dimbrications qui indiquent la base des palmes coupeacutees soit par ses branches (palmes) courbes larges et tombantes soit enfin par les reacutegimes de dattes qui en tomshybent ces derniers eacutetan t dordinaire au nombre

IF BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

de deux par goucirct de symeacutetrie deacutecorative

Arbre avec son reacutegime Ward 680 706 Arbre avec branches larges courbes

tombantes Xard 668 589 Arbre avec branches enrouleacutees ~

ard 713 A rbre avec feuilles nettement seacutepareacutees

b Pierpont 159 Ward 7 14

~ Declercq 3l Z

Arbre avec feuilles rlaceacutees sur une tige

~ Xard 707

Etc Sauf dans le cas ougrave larbre porte ses

reacutegimes et ougrave les palmes ont la largeur et la courbe speacuteciales on nest donc pas absolu-

FIG 7 - BAS-RELI E f DU BRITISH MUSEU~I PROV ENANT

DE CALU (Aslirnazirpa l)

ment sucircr quil sagisse du Phenix dactylifera ou dattier E t dans la figuration peinte ou plutocirct dans les scegravenes composeacutees de briques de faiumlence colorieacutees que constatonsshynous Larbre est tellement styliseacute que seules la forme et la chu te de ses feuilles indiquent le palmier 1 T ou tefois ici il eSt associeacute agrave une baie g lobuleuse surmonteacutee de trois feuilles qui ressemblent agrave la grenade Dans la Porte Gurgurri 2 on a deacutecouvert une applique murale en ceacuteramique colorieacutee ougrave cette pseudo-grenade est associeacutee au cocircne mais les deux motifs sont fixeacutes sur les volutes gui composent dordinaire le palshymier Styliseacute En dautres mots la fantaisie explique sinon justifie lemploi des sujets les plus disparates Ce gui nempecircche pas gue le palmier soit quelquefois reproduit er reconnaissable agrave son reacutegime 3 et mecircme sans son reacutegime 4 La peinture sur faiumlence nous eSt donc encore dun secours moindre que la g lyptique pour deacuteterminer la plante qui figure dans la main gauche cie notre pershysonnage (0-48) Celle-ci a-t-elle eacuteteacute repreacuteshysenteacutee sur les gravures

Heacutelas les repreacutesentations graveacutees en som tregraves rares La seule qui puisse nous eacuteclairer - et encore -- constitue une copie exacte compte tenu cles exigences de la matiegravere de la surface du meacutetier et de loutillage des grandes sculptures deacutejagrave mentionneacutees agrave partir du rxe siegravecle arbre sacreacute Stylishysation clu palmier devant lequel deux geacutenies aileacutes son t posteacutes tenant dans le bras loffrande (cervicleacute ou (aprideacute) et clans la main correspondante la plante ou le rameau dont seacutechappent trois fruits 5

Ceux-ci ressemblent agrave la grenade car ils se

1 Ex de Nimrud Photo ManseJJ na 575 clicheacute 3630 2 W ANDRAE Fes ful1jSlIerke 1913 pl LXXXIl

Wiss Ver D O G na 23 3 Par ex Yi A ND RAE ASnr Farbige Keramik

[92 3 pl Il 4 Ibid plJ 1II-1 V XI-XIV XIX-XXlI etc 1 H eJcna CARNEGIE Cataloue Colcctioll Alltique

GelJlJ JOlltberk r II 1908 pl VII Qc 14 DECLERcQ nO 343 accompagneacute dun precirctre dEa Pennsylvan ia na 59 I

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composent du corps g lobulaire surmonteacute de trois traits (carpelles) Nous en verrons plus loin la nature Remarquons encore quagrave la diffeacuterence des fruits de nos basshyreliefs ceux-ci se redressent au lieu de penshydre ce deacutetail na pas assez dimportance pour innrmer lopinion quils sont idenshytiques aux fruits sculpteacutes Comme il sagit dune piegravece de dimensions minimes le grashyveur na pas pu indiquer au-dessous du corps globulaire un leacuteger bourrelet netteshyment visible sur les sculptures et auquel nous attachons une importance capitale

Revenons donc agrave nos sculptures et demandons-nous ennn SI le fruit de notre personnage est une ngue ou une g renade Fig ue (ncus carica) Non car sa forme est plutocirct ovale ct sa feuille plutocirct heacutemispheacuteshyrigue ni lune ni lautre ne peuvent ecirctre compa reacutees agrave no tre fruit J

Grenade Peut-ecirctre car son corps globushylaire est surmonteacute de pointes-feu illes termishynales Or de leacutepoque dAsurnazirpal pour ne citer gue les œuvres du British Museum (op cit) il y a plusieurs repreacutesentations dun fruit semblable toutes conventionnelles ou scheacutematiques excepteacute la derniegravere soit la branche portant des rosaces donc un attrishybut purement arbitraire 2 et mecircme celles-ci compleacuteteacutees par trois feuilles pointues qui rappellent des brindilles 3 ou enfin la forme qui se rapproche le plus de la grenade (pl 48) au corps spheacuterique combleacute de traits qui simulent leacutecorce et surmonteacute de

l Voir les reliefs du palais de Sinacheri b PATElSON op cil pl 32-5 les meacutemes feuilles et un fruit spheacuterique sur larbrisseau tableau d e faiumlence il Khorsabad PLACE N inive el lAssyrie 1867 t Ill pl 3

2 1914 PI 38 Fig VII Par mesu re de prudence faisons ici unc objeaion on pourrait opiner que la branche porte par exemple des paVOis vus de desJls el styliseacutes en forme de rOsace LAYAR D Nin Il pl V 1 pl XXX VIlb XXXVlllb Cette sectlylisation nous paraicirc t dautant moins vraisemblable que la rosace SC rt agrave deacuteco rer dautres ob jets ougrave toute ideacutee de fig uration du pavot eSt agrave priori absente comme sur le sectlick d e Assyr Jcupl Br Mils 1914 rI XXXIV

3 PI XXXVI XXX1X Cf GADD The llones of Ass)ria 19 36 pl 5 geacuten ies aileacutes de maintien identique ct tenant la branche agrave 2-3 rosaces ct brindilles CalaQ

trois pointes qui scheacutematisent lextreacutemiteacute des feuilles Ce dernier exemple a sans doute servi de modegravele pendant lexeacutecution des

FIG 8 - BAS-RELIEF DU FlTTS WILLIAmiddotr M USEurshy

CAM BltlDGE PROVENANT DE CArA~ (AsurnazirpaJ)

trois œuvres du vrrre siegravecle mais ougrave le fruit est reSteacute agrave leacutetat de scheacutema jpregraves examen ces derniers exemples ne peuvent en auCtin cas figurer fa grenade 4 parce que celle-ci sattache directement au rameau et t( seule raquo alors que nous avons ici troir fruits produits par

4middot Con Ira H DANTH1NE op cit pp 132 133fig909 915916922 ct N ell P ERROT Ba1) oniaca t X VIf 1937 pp 114-5 fig 98 100 104 qui y reconnaissen t des grenades

134 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

une seule tige 1 La confirmation sen trouve aiseacutement sur les mecircmes bas-reliefs qui figurent le grenadier

Voici dabord dans le palais de Kuyunshydjik les grenadiers avec ou sans fruits planches VII agrave IX XII XIV agrave XX XXXII agrave XXXV etc Et soulignons maintenant quelques-unes de ses ressemblances Cest le fruit dun arbrisseau tandis que le dattier atteint une hauteur consideacuterable fidegravele-

J Le geacutenie de Berlin (GADD op cil pl 1) ti ent un rameau agrave quatre fruit s Le roi (LAYARD N iniveb t T pl XXXVllIb) cn a cinq montant tous de la mecircme tige

FIG 9 - nAS-R E IEF DU BRITISH MUSEUM PROVENAN T

D E CALA) (ASurnazirpal)

ment observeacutee sur les sculptures La base spheacuterique est couronneacutee de trois points correspondant aux carpelles qui constituent leacutecorce et qui sont toujours visibles sur les sculptures au nombre de trois au mJins 2

Mais le grenadier ressemble encore sur les sculptures agrave la vigne par la dimension minime (en comparaison de celle du palshymier) de sorte que la forme du fruit seule conStitue une diffeacuterence qui ne trompe

pas baie spheacuterique pour la grenade grappe pour la vigne A Kuyundjik il y en a de bons exemples 3 qui montrent les plantes associeacutees dans les mecircmes paysages Lassoshyciation de la grenade de la vigne et du pin se preacutesente aussi 4 Ici les branches montent presque directement en partant du tronc agrave la diffeacuterence du palmier qui a les branches plus deacuteveloppeacutees en largeur

Les sculptures du IXe siegravecle connaissent eacutegalement la vigne mais non associeacutee agrave dautres plantes

Si la grappe de raisn peut ecirctre facilement confondue avec le reacutegime de dattes il existe heureusement une scegravene ougrave les fruits sont repreacutesenteacutes si clairement que leur confusion est impossiblel sagit du cortegravege de servants apportant les eacuteleacutements dun feStin 6 Outre les jarres dougrave sortent des rameaux fleuris il y a des plateaux portant des dattes des grappes de raisins et des grenadeJ Ici on conState la reacutegulariteacute de la forme conique des reacutegimes laspect plutocirct irreacutegulier des grappes et la forme spheacuterique aux 3 brindilles des grenades Dautres sershyvants tiennent des grenades identiques aux preacuteceacutedentes mais enfileacutees 7

Les formes repreacutesenteacutees dans ce fragshy

2 Voir pl XLVIII de AH)r Sculpllres 1914 rI gtOJmiddotSUgrave1l

3 PATERSON op cil pl XVI il XX XXII XXXI il XXXV LXVIIJ LXXI il LXXVI LXXXVIII XCVIII

4 Planches XVI agrave XX XXIV XXXI-III ere

lmiddot A S-Dr Sculptures 19 [4 pl XVII 6 PATERSON op cil plI LXXXVIII-LXXXIX ou

A syr Setpl British Museum 938 pl LXVIII 7 Ibid pl LXXXIX

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 135

ment de la scegravene du festin se diStinguent toutes par leur netteteacute il serait difficile de sy meacuteprendre Remarquons encore que certains servants portent des rameaux feuilshylus sans fruits les relegravevent mecircme comme sils voulaient les agiter agrave linstar dun chasse-mouche Mais il eSt eacutevident que ces rameaux ne ressemblent en rien agrave celui du Catalogue de 1864 T out au plus peut-on eStimer que les feuilles servaient agrave couvrir et agrave proteacuteger les comestibles contre la poussiegravere et toutes bes tio les usage qui nest pas encore perdu aujourdhui en Orient et chez nous

Enfin attirons lattention sur les deux dignitaires qui tiennent agrave la hauteur des yeux un fruit allongeacute conique surmoLteacute de feuillegt au corps rayeacute de traits reacuteguliers et fixeacute sur une tige On serait tenteacute dy reconnaicirctre un des fruits mentionneacutes plus haut plus ou moins Sty li seacute si laspect geacute neacuteshyral ne se rapprochait pas davantage dun fruit de la famille des bromeacuteliaceacutees dont la fleur est disposeacutee en eacutepi dont le frui t est un laquo syncarpe formeacute des ovaires et de bracshyteacutees devenus charnus et soudeacutes pour conStituer une masse ovoiumlde surmonteacutee dun bouquet de bracteacutees foliaceacutees)) et dont le nom le plus reacutepandu est lananas Sil en est ainsi ce fruit ne peut constituer un terme de comparaison avec reacutegimes de dattes grenades e t cocircnes dautant plus quon le trouve surtou t dans les reacutegions tropica les (Ameacuterique) Bref des comparaishySOnS preacuteceacutedentes nous pouvons admettre agrave priori que les fruits des jigunf 2 cl 6 Ile repreacutesentent pas la grenade Cette preacutesomption devient une certitude si nous nous souveshynons que sous le corps globulaire il existe un bourrelet par lequel le globe se rattache agrave la tige et que la grenade se soude directeshyment au rameau isoleacutement et non comme sur les figures 2-6 accompagneacutee de plushysieurs autres speacutecimens formant avec la tige un ensemble inteacutegral

Sil ne sagit pas clune varieacuteteacute il est

certain que le fruit des figures 2-6 rentre dans la famille des papaveacuteraceacutees Celles-ci produisent un fruit en forme de capsule

FIG 10 - Dimiddot il OF NORE BAS-lŒLlI3F (048)

o blongue et raccordeacutee agrave la tige au-dessus dun bourrelet Le corps globuleux est glabre mais pour en extraire le suc il faut y pratishyquer des entailles Ces derniegraveres pourraient ecirctre repreacutesenteacutees de faccedilon scheacutematique sur la planche XLVIII (Assyr Jculpt 1914)

Nou s aurions donc agrave faire avec un genre de coquelicot ou de pavot noms vulgaires du papaver somniferum ou de son voisin le papaver setigerum 1 Les fruits de cette

) Alphonse DE CANOOLE ()rilt~ines des piailles Cfltishydes 1883 pp 319-0

13 6 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164

Page 8: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

J28 BULLETIN DES MUSEES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

le geste et les attributs des personnages du British Museum op cit 1914 reproshyduits sur les planches XXXVIII XXXIX et XLVIII ou du geacutenie aileacute portant lofshyfrande du Museacutee de Berlin 952 pour dissiper le doute et pour admettre que les speacutecimens du VIlle siegravecle napportent rien de nouveau sinon un Style moins lourd et aussi excepteacutee la reacuteplique 4 une virtuositeacute deacutecroissante dans le traiteshyment des deacutetails En dautres mots la virtuositeacute du IXe siegravecle a pu engendrer la deacutecadence du goucirct et de la main-dœuvre du VIlle siegravecle car les piegraveces citeacutees de Calab sont supeacuterieures agrave celles du VIlle siegravecle excepteacutee la figure 3 malgreacute leur massiviteacute par le paralleacutelisme des traits qui composent le costume et la coiffure

Nonobstant cette appreacuteciation neacutegative en ce qui concerne notre bas-relief nous ne pouvons pas oublier que celui-ci est inacheshyveacute quil constitue une reacuteplique et quavec dautres il faisait plus que probablement partie dune seacuterie Lemploi de ce proceacutedeacute expliquerait quil ne pouvait ecirctre un chefshydœuvre

Un deacutetail doit nous inteacuteresser particushy

liegraverement parce quil importe de preCIser la nature de tattribut que tient la main et de corriger la description du Catalogue de 1864 ougrave il eSt interpreacuteteacute comme un chasseshymouche (fig JO)

Ce dessein nous Impose lobligation de recourir non seulement aux repreacutesentations analogues deacutejagrave signaleacutees mais aussi agrave toutes autres qui nous donnent loccasion dabord de constater lexistence dobjets semblables reproduits fidegravelement ou dune maniegravere approchante et ensuite de juger par comshyparaison de la forme et de la nature de lobjet

Sil eSt vrai que le chasse-mouche ne manque pas dans liconographie assyrienne

I GADD op cil pl l ASurnazirpal

il Y garde toutefois une forme caracteacuterisshytique que ne rappelle pas lattribut en question Voici des exemples du IXe siegravecle (Calab) Assyrian Sculptures British Museum 1914 planches XIXXXXXXXI XXXV Exemples du vme siegravecle (Kuyundjik) PATERSON Asyrian Sculptures Palace of Sinachegraverib planche VIII planches LXXIV LXXVIII (le roi sur le trocircne agrave Lakis) planche XXIX (le roi sur son char de parade PLACE Ninive et tAsYrie 1867 t III pl LVII (le roi sur son lit de parade) Aucun de ces exemples ne reproduit notre attribut on pourrait donc admettre agrave priori que lauteur du catalogue preacuteciteacute seSt trompeacute

Il eSt agrave remarquer en outre que le chasse-mouche neSt jamais utiliseacute que par un dignitaire en compagnie du roi Or nos reliefs repreacutesentent des dignitaires particishypant agrave une ceacutereacutemonie cultuelle ougrave la preacuteshysence du roi eSt plus accidentelle que neacutecessaire et ougrave par conseacutequent le chasseshymouches ne joue aucun rocircle essentiel (voir les exemples citeacutes plus loin) Cest une seconde objetlion contre la deStination indiqueacutee dans le Catalogue Des objections plus probantes encore reacutesultent de lexashymen de lobjet lui-mecircme

Il existe en effet plusieurs scegravenes des IXe-Vm e siegravecles ougrave lon voit un geacutenie aileacute 2 un roi 3 ou un dignitaire 4 tenant dans une main le symbole de leur foncshytion essentielle offrande sceptre et dans lautre un objet accidentel ceSt-agrave-dire que lobjet en queStion ne peut ecirctre que laccessoire dune scegravene doffrande (ou de parade) et quune fleur ou un fruit Dune offrande car le porteur de lobjet assiste un porteur doffrande la taille supeacuterieure de ce dernier indique que le premier nest quun officiant de second rang Un fruit

2 GADD op cil pl l 952 3 Tiglalpileacuteser III Uil de Schalkamer rler Otldheid

Amsterdam 1938 pl XX 4 Louvre fig 4middot

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

car il eSt pareil sauf leacutetat de maturiteacute (fleur) et lespegravece agrave lattribut que tiennent le porteur doffrande et mecircme le roi comme un accessoire et non comme un objet cultuel il suffirait de le leur enlever pour laisser agrave la scegravene son sens et son cashyractegravere essentiels 1 Cette opinion laquo semble )) conshytredite par le fait que la glyptique a reproduit des geacutenies aileacutes ou non seuls ou suivis dun assiStant honorant larbre sacreacute dans la mecircme attitude et tenant le mecircme attribut gue ceux des sculpteurs (voir les exemples p 130) Mai s on doit admettre agrave priori que ces gravures sont inspireacutees de la grande sculpture ougrave les lapicishydes puisaient des motifs quils assemblaient pour en faire une composition plus ou moins arbitraire selon la surface disponishyble Et mecircme dans le cas dune copie ( fidegravele raquo de la grande sculpture on doit convenir en opposishytion avec lobjeeacutehon preacuteshyceacutedente que sur les grashyvures citeacutees ces geacutenies sont le plus souvent inshy

en botanique les remarques suivantes contribueront tant soit peu agrave le distinguer

De prime abord et en nous basant sur les nombreuses reproductions sculpteacutees des IXe-Vlle siegravecles cinq fruits seuls pourraient

ecirctre repreacutesenteacutes tous eacutegashyIement utiles et partant symboliques dans nos scegravenes la pomme de pin (Pinus brutia) et du cegravedre (J uniperus phœnica) la baie du palmier-dattier (Phenix dactylifera) la figue et la grenade Exashyminons dabord les trois premlers

Le fruit du cegravedre et du pin ont la forme conolshyque elliptique ou ovoiumlde et leurs eacutecailles sont reacuteshyguliegraverement espaceacutees Ils figurent le plus souvent dans ces scegravenes au cours desquelles un roi un dignitaire ou un geacutenie tenant la sltule dans une main legravevent le cocircne dans lautre (horizontalement) et aspergent l C( arbre sacreacute raquo de leau quils viennent de puiser au moyen du fruit dans la situle Exemples du IXe siegravecle (As[yr Sculpt Br Musdeacutependants tandis que FIG 5 - BAS-R ELIEF DU BRITISH MU SEUM 1914) planshy

sur les sculptures ils PROVENAN T DE KHORSABAD ches XI XXX XXXII jouent le rocircle dassiStants Du reSte cette qualiteacute d laquo( accessoire l) na pas grand inteacuterecirct dans la controverse relashytive agrave la nature de lattribut

Tacircchons maintenant de speacutecifier le truit Quoique nous nayons aucune compeacutetence

1 Contra H DANTH TNE L e Palmier-Dallier e les arbres sacreacutes (Bibl archeacuteolog et hisor t XV 1937 p 134) la fleur ou le fruit sont porteacutes par le roi comme attribut au mecircme titre que son bacircton de comshymandement

agrave XXXIV XXXVIII agrave XL XLIV agrave XLVIII (voir notre fig 7)-

Exemples du vure siegravecle (As[yr Sculpt Brlt Mus 1938) planche XXVII

On pensait jadis quil sagissait de la feacutecondation du palmier femelle au moyen du fruit du palmier macircle comme on la pratique encore aujourdhui par simple deacutepocirct de la semence de celui-ci sur celle-lagrave Cette interpreacutetation a eacuteteacute abandonneacutee en

130 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

faveur de la lustration de lexorcisme desshy le palmier nen ont souvent rendu quune tineacutes agrave chasser les mauvaises influences stylisation de sorte quon voit sur lui agrave la Ailleurs le mecircme geste se repreacutesente dans foi s les cocircnes du pin ou du cegravedre 4 puis la les scegravenes de libation en preacutesence du roi l grappe de raisin et la grenade j bull bull La conshyou simplement dhommage 2 ou de lustrashy fusion est complegravete tion 3 Il arrive mecircme que lofficiant porte une palme qui a la mecircme forme styliseacutee gue celles de l laquo arbre sacreacute)) (op cit 1914 pl XXVI) En outre il est parfois remplaceacute par un rashymeau semblable agrave une tige de bleacute pl XXVII ou par un attribut fantaisiste comshyme le cercle formeacute de roshysaces pl XLI XLII l1ui sont probablement ellesshymecircmes une stylisation Mais les sculp tures ne permettent pas toujours de distingue r le fruit des deux essences cegravedre et pin bien que la forme des conifegraveres soit nettement diffeacuterente Celuishyci a en opposition avec celui-lagrave les branches netteshyment montantes PATERSON

Pal Sinach planches XVI XXIV XXV XXVII XXVIII XXXI agrave XXXIII etc C Le cegravedre ne semble pas avoir eacuteteacute sculpteacute Il est vrai que leurs cocircnes se resshysemblent agrave sy meacuteprendre mais le cegravedre est moins freacute-

De mecircme il est parfois difficile de reconnaicirctre la forme exacte du fruit du palmier tel que le preacutesenshytent les œuvres assyriennes La fleur eSt agrave trois feuilles ce qui pourrait nous la faire confondre avec certaines figures de la grenade La fleur macircle a deux verticelles de trois eacutetamines qui ne sont pas repreacutesenteacutes et la fleur femelle trois carpelshyles contenant chacun un ovale A chaque carpelle correspond une ex treacutemiteacute pointue repreacutesenteacutee sur cershytaines sculptures et ici enshycore il eSt aiseacute de confondre avec la grenade Compashyrons donc le laquo fruit raquo du dattier et celui du grenashydier

Les baies du dattier sont suspendues en laquo reacutegime raquo

qui lui est toujours conishyque et non pas spheacuterique comme la grenade La difshyfeacuterence entre le cocircne et la

FIG 6 - BIS-RELIEF DU BRlTl s H grenade se constate bien sur MUSEU~r rROVENANT DE KHORSABAD la planche XLVIII de Asshy

quent en Asie Anteacuterieure ryrian Smlptures 1914 (op tandis que le pin se rencontre de Syrie cit) agrave gauche le cocircne du pin ou du cegravedre en Afghanistan et les armeacutees assyriennes agrave droite la grenade spheacuterique agrave 3 carpelles ont ducirc le rencontrer partout ougrave la conshyquecircte les a conduites 4 RAWLIN SON Five GreaI monarchies 1864 ( Il

p 235 Cf Sa rgon tenant la mecircme plante que celleLa distineacutelion de ces fruits est dautant du bas-relief 048 devant un arbre sacreacute aux fruits

plus difficile que les artistes repreacutesentant coniques mais disposeacutes en seacuterie de trois ( P ERROT

CHrrIEZ H isloire de larl t Il 1884 p 5 r 2) qui se raient I Affrtpl 1914 pl XXXmiddotXXXII des figues (B ONA VI Flora of Ihe Ass)r montIII 2 Ib id pl XXXlII-XXXIV 18 94 p 57) 3 Ibid pl XLV-XLVI 5middot BONAVlol op ril p 55

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 131

A Kuyundjik les palmiers avec reacutegime laquo conique raquo sont abondamment reproduits comme si les sculp teurs avaient voulu trashyduire la couleur locale des pays eacutetrangers que les armeacutees victorieuses venaient de deacutevaster 1 palmes reacutegimes tronc et dimenshysions du palmier rendent la confusion laquo parfoisraquo impossible autant avec le greshynadier quavec le pin et le cegravedre

Abando nnons un instant la sculptu re et jetons un coup dœil sur les pierres grashyveacutees dans le dessein dy trouver la plante que nous cherchons agrave deacuteterminer Les intailles assyriennes et mecircme celles des pays limitropnes ne repreacutesentent que larbre ou la plante quon sest habitueacute agrave qualifier d laquo arbre de vie arbre sacreacute palmier sacreacute raquo qui reccediloit lhommage ou qui accompagne unescegravene On a admis quil sagitdu palmiershydattier agrave cause de sa ressemblance avec loriginal de son utiliteacute alimentaire et par sui te de son caractegravere symbolique dans la plupart des gravures Neacuteanmoins on

saperccediloit tout de suite que la fantaisie des artistes sest donneacute libre cours dans sa figuration Ici les stylisations des laquo arbres sacreacutes )) sont innombrables autant par laspect du tronc que par celui des fruits et des feui lles nous ne saurions deacutecrire tous les types et nous sortirions du sujet Quil suffi se den indiquer quelques-uns 2

Les graveurs repreacutesentent le plus souvent

1 Voir entre autres As)r JCIIlplures 1938 les pl XJJ XIII X L i XLV LII agrave VI LXVJ XCIV XCV

2 Consulrez J D NfHfNE op cit album Voici lluelques o u vrages de g lyp tique d ont nous extrayons les exemples preacutesents

Bibliothegraveque Nationa le DELAPoRTE 1 1910 Colleclion ries Cylinrlres orienlaux el ries Cacoels rie la Biblioloegraveque Naiionalf

DECLERCQ Calalo~ue rie la Coleclioll Derlercf t 11888 Louvre DELA PORTE L Calalogue ries Cylinrlres

~rienlalx ri illseacutee ri LOlvre 1920 1 Newcl l v D OSTEN Allc or Seals in loe Colleclioll

or Mr Edn T Newell 1934 Pierpont W J-I WARD Cylinrlrs n Ie Library

of ] lierponl liorgall 1919 Pennsylvania L EGRAt L CIltlre or loe lob)

IOliOTi19 2 j

WARD Cyliurler lcals of IF Asia 1910

un arbre dont les rameaux se terminent par un des fruits-motifs suiva nts

o Le globe Bibliothegraveque Nationale 376 Declercq 329 Pennsylvania 588 597

~ Le mecircme globe mais traverseacute par la pointe qui nest que lextreacutemiteacute du rameau auquel il est attacheacute Biblioshythegraveque Nationale 378 Louvre 5 Pierpont 163 561-2

o Le cocircne ou le g lobe termineacute en pointe Ward 691-4 696 Pennsylvania 591

t) Le globe portant 3 tiges ougrave on pourrait reconnaicirctre la grenade Ward 679 695 de Clercq planche XXXII nO 344 Newell pl XXX 37

~ Le cocircne qui semble indiquer ses eacutecailles Pierpont 16o Newell 667

Les feuiJies ~ agrave 5 Ward 699

Les feuilles ~ agrave iuml Ward 7deg9

Les feuilles ~ agrave 3 au-dessus de 2 enshyroulements ou voiutes Declercq 342 Ward 702

8gg Les globes superposeacutes Ward 661 Le globe rayonnant Louvre 18 ~ Pennsylvania 601 ~ Les branchages formant treillis surshycm monteacutes de fruits coniques Ward 678

683 agrave 690 Declercq 340 Les mecircmes abritant un objet de culte Ward 1153 Etc

Cette stylisation a produit des formes ougrave on ne reconnaicirct plus aucune essence mecircme approximativement les exemples en sont dautant plu s obscurs que les grashyvures sont useacutees ou que leur exeacutecution laissait agrave deacutesirer

Mais il reste des exemples ougrave le palmier se distingue clairement soit par le tronc barreacute dimbrications qui indiquent la base des palmes coupeacutees soit par ses branches (palmes) courbes larges et tombantes soit enfin par les reacutegimes de dattes qui en tomshybent ces derniers eacutetan t dordinaire au nombre

IF BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

de deux par goucirct de symeacutetrie deacutecorative

Arbre avec son reacutegime Ward 680 706 Arbre avec branches larges courbes

tombantes Xard 668 589 Arbre avec branches enrouleacutees ~

ard 713 A rbre avec feuilles nettement seacutepareacutees

b Pierpont 159 Ward 7 14

~ Declercq 3l Z

Arbre avec feuilles rlaceacutees sur une tige

~ Xard 707

Etc Sauf dans le cas ougrave larbre porte ses

reacutegimes et ougrave les palmes ont la largeur et la courbe speacuteciales on nest donc pas absolu-

FIG 7 - BAS-RELI E f DU BRITISH MUSEU~I PROV ENANT

DE CALU (Aslirnazirpa l)

ment sucircr quil sagisse du Phenix dactylifera ou dattier E t dans la figuration peinte ou plutocirct dans les scegravenes composeacutees de briques de faiumlence colorieacutees que constatonsshynous Larbre est tellement styliseacute que seules la forme et la chu te de ses feuilles indiquent le palmier 1 T ou tefois ici il eSt associeacute agrave une baie g lobuleuse surmonteacutee de trois feuilles qui ressemblent agrave la grenade Dans la Porte Gurgurri 2 on a deacutecouvert une applique murale en ceacuteramique colorieacutee ougrave cette pseudo-grenade est associeacutee au cocircne mais les deux motifs sont fixeacutes sur les volutes gui composent dordinaire le palshymier Styliseacute En dautres mots la fantaisie explique sinon justifie lemploi des sujets les plus disparates Ce gui nempecircche pas gue le palmier soit quelquefois reproduit er reconnaissable agrave son reacutegime 3 et mecircme sans son reacutegime 4 La peinture sur faiumlence nous eSt donc encore dun secours moindre que la g lyptique pour deacuteterminer la plante qui figure dans la main gauche cie notre pershysonnage (0-48) Celle-ci a-t-elle eacuteteacute repreacuteshysenteacutee sur les gravures

Heacutelas les repreacutesentations graveacutees en som tregraves rares La seule qui puisse nous eacuteclairer - et encore -- constitue une copie exacte compte tenu cles exigences de la matiegravere de la surface du meacutetier et de loutillage des grandes sculptures deacutejagrave mentionneacutees agrave partir du rxe siegravecle arbre sacreacute Stylishysation clu palmier devant lequel deux geacutenies aileacutes son t posteacutes tenant dans le bras loffrande (cervicleacute ou (aprideacute) et clans la main correspondante la plante ou le rameau dont seacutechappent trois fruits 5

Ceux-ci ressemblent agrave la grenade car ils se

1 Ex de Nimrud Photo ManseJJ na 575 clicheacute 3630 2 W ANDRAE Fes ful1jSlIerke 1913 pl LXXXIl

Wiss Ver D O G na 23 3 Par ex Yi A ND RAE ASnr Farbige Keramik

[92 3 pl Il 4 Ibid plJ 1II-1 V XI-XIV XIX-XXlI etc 1 H eJcna CARNEGIE Cataloue Colcctioll Alltique

GelJlJ JOlltberk r II 1908 pl VII Qc 14 DECLERcQ nO 343 accompagneacute dun precirctre dEa Pennsylvan ia na 59 I

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 133

composent du corps g lobulaire surmonteacute de trois traits (carpelles) Nous en verrons plus loin la nature Remarquons encore quagrave la diffeacuterence des fruits de nos basshyreliefs ceux-ci se redressent au lieu de penshydre ce deacutetail na pas assez dimportance pour innrmer lopinion quils sont idenshytiques aux fruits sculpteacutes Comme il sagit dune piegravece de dimensions minimes le grashyveur na pas pu indiquer au-dessous du corps globulaire un leacuteger bourrelet netteshyment visible sur les sculptures et auquel nous attachons une importance capitale

Revenons donc agrave nos sculptures et demandons-nous ennn SI le fruit de notre personnage est une ngue ou une g renade Fig ue (ncus carica) Non car sa forme est plutocirct ovale ct sa feuille plutocirct heacutemispheacuteshyrigue ni lune ni lautre ne peuvent ecirctre compa reacutees agrave no tre fruit J

Grenade Peut-ecirctre car son corps globushylaire est surmonteacute de pointes-feu illes termishynales Or de leacutepoque dAsurnazirpal pour ne citer gue les œuvres du British Museum (op cit) il y a plusieurs repreacutesentations dun fruit semblable toutes conventionnelles ou scheacutematiques excepteacute la derniegravere soit la branche portant des rosaces donc un attrishybut purement arbitraire 2 et mecircme celles-ci compleacuteteacutees par trois feuilles pointues qui rappellent des brindilles 3 ou enfin la forme qui se rapproche le plus de la grenade (pl 48) au corps spheacuterique combleacute de traits qui simulent leacutecorce et surmonteacute de

l Voir les reliefs du palais de Sinacheri b PATElSON op cil pl 32-5 les meacutemes feuilles et un fruit spheacuterique sur larbrisseau tableau d e faiumlence il Khorsabad PLACE N inive el lAssyrie 1867 t Ill pl 3

2 1914 PI 38 Fig VII Par mesu re de prudence faisons ici unc objeaion on pourrait opiner que la branche porte par exemple des paVOis vus de desJls el styliseacutes en forme de rOsace LAYAR D Nin Il pl V 1 pl XXX VIlb XXXVlllb Cette sectlylisation nous paraicirc t dautant moins vraisemblable que la rosace SC rt agrave deacuteco rer dautres ob jets ougrave toute ideacutee de fig uration du pavot eSt agrave priori absente comme sur le sectlick d e Assyr Jcupl Br Mils 1914 rI XXXIV

3 PI XXXVI XXX1X Cf GADD The llones of Ass)ria 19 36 pl 5 geacuten ies aileacutes de maintien identique ct tenant la branche agrave 2-3 rosaces ct brindilles CalaQ

trois pointes qui scheacutematisent lextreacutemiteacute des feuilles Ce dernier exemple a sans doute servi de modegravele pendant lexeacutecution des

FIG 8 - BAS-RELIEF DU FlTTS WILLIAmiddotr M USEurshy

CAM BltlDGE PROVENANT DE CArA~ (AsurnazirpaJ)

trois œuvres du vrrre siegravecle mais ougrave le fruit est reSteacute agrave leacutetat de scheacutema jpregraves examen ces derniers exemples ne peuvent en auCtin cas figurer fa grenade 4 parce que celle-ci sattache directement au rameau et t( seule raquo alors que nous avons ici troir fruits produits par

4middot Con Ira H DANTH1NE op cit pp 132 133fig909 915916922 ct N ell P ERROT Ba1) oniaca t X VIf 1937 pp 114-5 fig 98 100 104 qui y reconnaissen t des grenades

134 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

une seule tige 1 La confirmation sen trouve aiseacutement sur les mecircmes bas-reliefs qui figurent le grenadier

Voici dabord dans le palais de Kuyunshydjik les grenadiers avec ou sans fruits planches VII agrave IX XII XIV agrave XX XXXII agrave XXXV etc Et soulignons maintenant quelques-unes de ses ressemblances Cest le fruit dun arbrisseau tandis que le dattier atteint une hauteur consideacuterable fidegravele-

J Le geacutenie de Berlin (GADD op cil pl 1) ti ent un rameau agrave quatre fruit s Le roi (LAYARD N iniveb t T pl XXXVllIb) cn a cinq montant tous de la mecircme tige

FIG 9 - nAS-R E IEF DU BRITISH MUSEUM PROVENAN T

D E CALA) (ASurnazirpal)

ment observeacutee sur les sculptures La base spheacuterique est couronneacutee de trois points correspondant aux carpelles qui constituent leacutecorce et qui sont toujours visibles sur les sculptures au nombre de trois au mJins 2

Mais le grenadier ressemble encore sur les sculptures agrave la vigne par la dimension minime (en comparaison de celle du palshymier) de sorte que la forme du fruit seule conStitue une diffeacuterence qui ne trompe

pas baie spheacuterique pour la grenade grappe pour la vigne A Kuyundjik il y en a de bons exemples 3 qui montrent les plantes associeacutees dans les mecircmes paysages Lassoshyciation de la grenade de la vigne et du pin se preacutesente aussi 4 Ici les branches montent presque directement en partant du tronc agrave la diffeacuterence du palmier qui a les branches plus deacuteveloppeacutees en largeur

Les sculptures du IXe siegravecle connaissent eacutegalement la vigne mais non associeacutee agrave dautres plantes

Si la grappe de raisn peut ecirctre facilement confondue avec le reacutegime de dattes il existe heureusement une scegravene ougrave les fruits sont repreacutesenteacutes si clairement que leur confusion est impossiblel sagit du cortegravege de servants apportant les eacuteleacutements dun feStin 6 Outre les jarres dougrave sortent des rameaux fleuris il y a des plateaux portant des dattes des grappes de raisins et des grenadeJ Ici on conState la reacutegulariteacute de la forme conique des reacutegimes laspect plutocirct irreacutegulier des grappes et la forme spheacuterique aux 3 brindilles des grenades Dautres sershyvants tiennent des grenades identiques aux preacuteceacutedentes mais enfileacutees 7

Les formes repreacutesenteacutees dans ce fragshy

2 Voir pl XLVIII de AH)r Sculpllres 1914 rI gtOJmiddotSUgrave1l

3 PATERSON op cil pl XVI il XX XXII XXXI il XXXV LXVIIJ LXXI il LXXVI LXXXVIII XCVIII

4 Planches XVI agrave XX XXIV XXXI-III ere

lmiddot A S-Dr Sculptures 19 [4 pl XVII 6 PATERSON op cil plI LXXXVIII-LXXXIX ou

A syr Setpl British Museum 938 pl LXVIII 7 Ibid pl LXXXIX

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 135

ment de la scegravene du festin se diStinguent toutes par leur netteteacute il serait difficile de sy meacuteprendre Remarquons encore que certains servants portent des rameaux feuilshylus sans fruits les relegravevent mecircme comme sils voulaient les agiter agrave linstar dun chasse-mouche Mais il eSt eacutevident que ces rameaux ne ressemblent en rien agrave celui du Catalogue de 1864 T out au plus peut-on eStimer que les feuilles servaient agrave couvrir et agrave proteacuteger les comestibles contre la poussiegravere et toutes bes tio les usage qui nest pas encore perdu aujourdhui en Orient et chez nous

Enfin attirons lattention sur les deux dignitaires qui tiennent agrave la hauteur des yeux un fruit allongeacute conique surmoLteacute de feuillegt au corps rayeacute de traits reacuteguliers et fixeacute sur une tige On serait tenteacute dy reconnaicirctre un des fruits mentionneacutes plus haut plus ou moins Sty li seacute si laspect geacute neacuteshyral ne se rapprochait pas davantage dun fruit de la famille des bromeacuteliaceacutees dont la fleur est disposeacutee en eacutepi dont le frui t est un laquo syncarpe formeacute des ovaires et de bracshyteacutees devenus charnus et soudeacutes pour conStituer une masse ovoiumlde surmonteacutee dun bouquet de bracteacutees foliaceacutees)) et dont le nom le plus reacutepandu est lananas Sil en est ainsi ce fruit ne peut constituer un terme de comparaison avec reacutegimes de dattes grenades e t cocircnes dautant plus quon le trouve surtou t dans les reacutegions tropica les (Ameacuterique) Bref des comparaishySOnS preacuteceacutedentes nous pouvons admettre agrave priori que les fruits des jigunf 2 cl 6 Ile repreacutesentent pas la grenade Cette preacutesomption devient une certitude si nous nous souveshynons que sous le corps globulaire il existe un bourrelet par lequel le globe se rattache agrave la tige et que la grenade se soude directeshyment au rameau isoleacutement et non comme sur les figures 2-6 accompagneacutee de plushysieurs autres speacutecimens formant avec la tige un ensemble inteacutegral

Sil ne sagit pas clune varieacuteteacute il est

certain que le fruit des figures 2-6 rentre dans la famille des papaveacuteraceacutees Celles-ci produisent un fruit en forme de capsule

FIG 10 - Dimiddot il OF NORE BAS-lŒLlI3F (048)

o blongue et raccordeacutee agrave la tige au-dessus dun bourrelet Le corps globuleux est glabre mais pour en extraire le suc il faut y pratishyquer des entailles Ces derniegraveres pourraient ecirctre repreacutesenteacutees de faccedilon scheacutematique sur la planche XLVIII (Assyr Jculpt 1914)

Nou s aurions donc agrave faire avec un genre de coquelicot ou de pavot noms vulgaires du papaver somniferum ou de son voisin le papaver setigerum 1 Les fruits de cette

) Alphonse DE CANOOLE ()rilt~ines des piailles Cfltishydes 1883 pp 319-0

13 6 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164

Page 9: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

car il eSt pareil sauf leacutetat de maturiteacute (fleur) et lespegravece agrave lattribut que tiennent le porteur doffrande et mecircme le roi comme un accessoire et non comme un objet cultuel il suffirait de le leur enlever pour laisser agrave la scegravene son sens et son cashyractegravere essentiels 1 Cette opinion laquo semble )) conshytredite par le fait que la glyptique a reproduit des geacutenies aileacutes ou non seuls ou suivis dun assiStant honorant larbre sacreacute dans la mecircme attitude et tenant le mecircme attribut gue ceux des sculpteurs (voir les exemples p 130) Mai s on doit admettre agrave priori que ces gravures sont inspireacutees de la grande sculpture ougrave les lapicishydes puisaient des motifs quils assemblaient pour en faire une composition plus ou moins arbitraire selon la surface disponishyble Et mecircme dans le cas dune copie ( fidegravele raquo de la grande sculpture on doit convenir en opposishytion avec lobjeeacutehon preacuteshyceacutedente que sur les grashyvures citeacutees ces geacutenies sont le plus souvent inshy

en botanique les remarques suivantes contribueront tant soit peu agrave le distinguer

De prime abord et en nous basant sur les nombreuses reproductions sculpteacutees des IXe-Vlle siegravecles cinq fruits seuls pourraient

ecirctre repreacutesenteacutes tous eacutegashyIement utiles et partant symboliques dans nos scegravenes la pomme de pin (Pinus brutia) et du cegravedre (J uniperus phœnica) la baie du palmier-dattier (Phenix dactylifera) la figue et la grenade Exashyminons dabord les trois premlers

Le fruit du cegravedre et du pin ont la forme conolshyque elliptique ou ovoiumlde et leurs eacutecailles sont reacuteshyguliegraverement espaceacutees Ils figurent le plus souvent dans ces scegravenes au cours desquelles un roi un dignitaire ou un geacutenie tenant la sltule dans une main legravevent le cocircne dans lautre (horizontalement) et aspergent l C( arbre sacreacute raquo de leau quils viennent de puiser au moyen du fruit dans la situle Exemples du IXe siegravecle (As[yr Sculpt Br Musdeacutependants tandis que FIG 5 - BAS-R ELIEF DU BRITISH MU SEUM 1914) planshy

sur les sculptures ils PROVENAN T DE KHORSABAD ches XI XXX XXXII jouent le rocircle dassiStants Du reSte cette qualiteacute d laquo( accessoire l) na pas grand inteacuterecirct dans la controverse relashytive agrave la nature de lattribut

Tacircchons maintenant de speacutecifier le truit Quoique nous nayons aucune compeacutetence

1 Contra H DANTH TNE L e Palmier-Dallier e les arbres sacreacutes (Bibl archeacuteolog et hisor t XV 1937 p 134) la fleur ou le fruit sont porteacutes par le roi comme attribut au mecircme titre que son bacircton de comshymandement

agrave XXXIV XXXVIII agrave XL XLIV agrave XLVIII (voir notre fig 7)-

Exemples du vure siegravecle (As[yr Sculpt Brlt Mus 1938) planche XXVII

On pensait jadis quil sagissait de la feacutecondation du palmier femelle au moyen du fruit du palmier macircle comme on la pratique encore aujourdhui par simple deacutepocirct de la semence de celui-ci sur celle-lagrave Cette interpreacutetation a eacuteteacute abandonneacutee en

130 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

faveur de la lustration de lexorcisme desshy le palmier nen ont souvent rendu quune tineacutes agrave chasser les mauvaises influences stylisation de sorte quon voit sur lui agrave la Ailleurs le mecircme geste se repreacutesente dans foi s les cocircnes du pin ou du cegravedre 4 puis la les scegravenes de libation en preacutesence du roi l grappe de raisin et la grenade j bull bull La conshyou simplement dhommage 2 ou de lustrashy fusion est complegravete tion 3 Il arrive mecircme que lofficiant porte une palme qui a la mecircme forme styliseacutee gue celles de l laquo arbre sacreacute)) (op cit 1914 pl XXVI) En outre il est parfois remplaceacute par un rashymeau semblable agrave une tige de bleacute pl XXVII ou par un attribut fantaisiste comshyme le cercle formeacute de roshysaces pl XLI XLII l1ui sont probablement ellesshymecircmes une stylisation Mais les sculp tures ne permettent pas toujours de distingue r le fruit des deux essences cegravedre et pin bien que la forme des conifegraveres soit nettement diffeacuterente Celuishyci a en opposition avec celui-lagrave les branches netteshyment montantes PATERSON

Pal Sinach planches XVI XXIV XXV XXVII XXVIII XXXI agrave XXXIII etc C Le cegravedre ne semble pas avoir eacuteteacute sculpteacute Il est vrai que leurs cocircnes se resshysemblent agrave sy meacuteprendre mais le cegravedre est moins freacute-

De mecircme il est parfois difficile de reconnaicirctre la forme exacte du fruit du palmier tel que le preacutesenshytent les œuvres assyriennes La fleur eSt agrave trois feuilles ce qui pourrait nous la faire confondre avec certaines figures de la grenade La fleur macircle a deux verticelles de trois eacutetamines qui ne sont pas repreacutesenteacutes et la fleur femelle trois carpelshyles contenant chacun un ovale A chaque carpelle correspond une ex treacutemiteacute pointue repreacutesenteacutee sur cershytaines sculptures et ici enshycore il eSt aiseacute de confondre avec la grenade Compashyrons donc le laquo fruit raquo du dattier et celui du grenashydier

Les baies du dattier sont suspendues en laquo reacutegime raquo

qui lui est toujours conishyque et non pas spheacuterique comme la grenade La difshyfeacuterence entre le cocircne et la

FIG 6 - BIS-RELIEF DU BRlTl s H grenade se constate bien sur MUSEU~r rROVENANT DE KHORSABAD la planche XLVIII de Asshy

quent en Asie Anteacuterieure ryrian Smlptures 1914 (op tandis que le pin se rencontre de Syrie cit) agrave gauche le cocircne du pin ou du cegravedre en Afghanistan et les armeacutees assyriennes agrave droite la grenade spheacuterique agrave 3 carpelles ont ducirc le rencontrer partout ougrave la conshyquecircte les a conduites 4 RAWLIN SON Five GreaI monarchies 1864 ( Il

p 235 Cf Sa rgon tenant la mecircme plante que celleLa distineacutelion de ces fruits est dautant du bas-relief 048 devant un arbre sacreacute aux fruits

plus difficile que les artistes repreacutesentant coniques mais disposeacutes en seacuterie de trois ( P ERROT

CHrrIEZ H isloire de larl t Il 1884 p 5 r 2) qui se raient I Affrtpl 1914 pl XXXmiddotXXXII des figues (B ONA VI Flora of Ihe Ass)r montIII 2 Ib id pl XXXlII-XXXIV 18 94 p 57) 3 Ibid pl XLV-XLVI 5middot BONAVlol op ril p 55

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 131

A Kuyundjik les palmiers avec reacutegime laquo conique raquo sont abondamment reproduits comme si les sculp teurs avaient voulu trashyduire la couleur locale des pays eacutetrangers que les armeacutees victorieuses venaient de deacutevaster 1 palmes reacutegimes tronc et dimenshysions du palmier rendent la confusion laquo parfoisraquo impossible autant avec le greshynadier quavec le pin et le cegravedre

Abando nnons un instant la sculptu re et jetons un coup dœil sur les pierres grashyveacutees dans le dessein dy trouver la plante que nous cherchons agrave deacuteterminer Les intailles assyriennes et mecircme celles des pays limitropnes ne repreacutesentent que larbre ou la plante quon sest habitueacute agrave qualifier d laquo arbre de vie arbre sacreacute palmier sacreacute raquo qui reccediloit lhommage ou qui accompagne unescegravene On a admis quil sagitdu palmiershydattier agrave cause de sa ressemblance avec loriginal de son utiliteacute alimentaire et par sui te de son caractegravere symbolique dans la plupart des gravures Neacuteanmoins on

saperccediloit tout de suite que la fantaisie des artistes sest donneacute libre cours dans sa figuration Ici les stylisations des laquo arbres sacreacutes )) sont innombrables autant par laspect du tronc que par celui des fruits et des feui lles nous ne saurions deacutecrire tous les types et nous sortirions du sujet Quil suffi se den indiquer quelques-uns 2

Les graveurs repreacutesentent le plus souvent

1 Voir entre autres As)r JCIIlplures 1938 les pl XJJ XIII X L i XLV LII agrave VI LXVJ XCIV XCV

2 Consulrez J D NfHfNE op cit album Voici lluelques o u vrages de g lyp tique d ont nous extrayons les exemples preacutesents

Bibliothegraveque Nationa le DELAPoRTE 1 1910 Colleclion ries Cylinrlres orienlaux el ries Cacoels rie la Biblioloegraveque Naiionalf

DECLERCQ Calalo~ue rie la Coleclioll Derlercf t 11888 Louvre DELA PORTE L Calalogue ries Cylinrlres

~rienlalx ri illseacutee ri LOlvre 1920 1 Newcl l v D OSTEN Allc or Seals in loe Colleclioll

or Mr Edn T Newell 1934 Pierpont W J-I WARD Cylinrlrs n Ie Library

of ] lierponl liorgall 1919 Pennsylvania L EGRAt L CIltlre or loe lob)

IOliOTi19 2 j

WARD Cyliurler lcals of IF Asia 1910

un arbre dont les rameaux se terminent par un des fruits-motifs suiva nts

o Le globe Bibliothegraveque Nationale 376 Declercq 329 Pennsylvania 588 597

~ Le mecircme globe mais traverseacute par la pointe qui nest que lextreacutemiteacute du rameau auquel il est attacheacute Biblioshythegraveque Nationale 378 Louvre 5 Pierpont 163 561-2

o Le cocircne ou le g lobe termineacute en pointe Ward 691-4 696 Pennsylvania 591

t) Le globe portant 3 tiges ougrave on pourrait reconnaicirctre la grenade Ward 679 695 de Clercq planche XXXII nO 344 Newell pl XXX 37

~ Le cocircne qui semble indiquer ses eacutecailles Pierpont 16o Newell 667

Les feuiJies ~ agrave 5 Ward 699

Les feuilles ~ agrave iuml Ward 7deg9

Les feuilles ~ agrave 3 au-dessus de 2 enshyroulements ou voiutes Declercq 342 Ward 702

8gg Les globes superposeacutes Ward 661 Le globe rayonnant Louvre 18 ~ Pennsylvania 601 ~ Les branchages formant treillis surshycm monteacutes de fruits coniques Ward 678

683 agrave 690 Declercq 340 Les mecircmes abritant un objet de culte Ward 1153 Etc

Cette stylisation a produit des formes ougrave on ne reconnaicirct plus aucune essence mecircme approximativement les exemples en sont dautant plu s obscurs que les grashyvures sont useacutees ou que leur exeacutecution laissait agrave deacutesirer

Mais il reste des exemples ougrave le palmier se distingue clairement soit par le tronc barreacute dimbrications qui indiquent la base des palmes coupeacutees soit par ses branches (palmes) courbes larges et tombantes soit enfin par les reacutegimes de dattes qui en tomshybent ces derniers eacutetan t dordinaire au nombre

IF BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

de deux par goucirct de symeacutetrie deacutecorative

Arbre avec son reacutegime Ward 680 706 Arbre avec branches larges courbes

tombantes Xard 668 589 Arbre avec branches enrouleacutees ~

ard 713 A rbre avec feuilles nettement seacutepareacutees

b Pierpont 159 Ward 7 14

~ Declercq 3l Z

Arbre avec feuilles rlaceacutees sur une tige

~ Xard 707

Etc Sauf dans le cas ougrave larbre porte ses

reacutegimes et ougrave les palmes ont la largeur et la courbe speacuteciales on nest donc pas absolu-

FIG 7 - BAS-RELI E f DU BRITISH MUSEU~I PROV ENANT

DE CALU (Aslirnazirpa l)

ment sucircr quil sagisse du Phenix dactylifera ou dattier E t dans la figuration peinte ou plutocirct dans les scegravenes composeacutees de briques de faiumlence colorieacutees que constatonsshynous Larbre est tellement styliseacute que seules la forme et la chu te de ses feuilles indiquent le palmier 1 T ou tefois ici il eSt associeacute agrave une baie g lobuleuse surmonteacutee de trois feuilles qui ressemblent agrave la grenade Dans la Porte Gurgurri 2 on a deacutecouvert une applique murale en ceacuteramique colorieacutee ougrave cette pseudo-grenade est associeacutee au cocircne mais les deux motifs sont fixeacutes sur les volutes gui composent dordinaire le palshymier Styliseacute En dautres mots la fantaisie explique sinon justifie lemploi des sujets les plus disparates Ce gui nempecircche pas gue le palmier soit quelquefois reproduit er reconnaissable agrave son reacutegime 3 et mecircme sans son reacutegime 4 La peinture sur faiumlence nous eSt donc encore dun secours moindre que la g lyptique pour deacuteterminer la plante qui figure dans la main gauche cie notre pershysonnage (0-48) Celle-ci a-t-elle eacuteteacute repreacuteshysenteacutee sur les gravures

Heacutelas les repreacutesentations graveacutees en som tregraves rares La seule qui puisse nous eacuteclairer - et encore -- constitue une copie exacte compte tenu cles exigences de la matiegravere de la surface du meacutetier et de loutillage des grandes sculptures deacutejagrave mentionneacutees agrave partir du rxe siegravecle arbre sacreacute Stylishysation clu palmier devant lequel deux geacutenies aileacutes son t posteacutes tenant dans le bras loffrande (cervicleacute ou (aprideacute) et clans la main correspondante la plante ou le rameau dont seacutechappent trois fruits 5

Ceux-ci ressemblent agrave la grenade car ils se

1 Ex de Nimrud Photo ManseJJ na 575 clicheacute 3630 2 W ANDRAE Fes ful1jSlIerke 1913 pl LXXXIl

Wiss Ver D O G na 23 3 Par ex Yi A ND RAE ASnr Farbige Keramik

[92 3 pl Il 4 Ibid plJ 1II-1 V XI-XIV XIX-XXlI etc 1 H eJcna CARNEGIE Cataloue Colcctioll Alltique

GelJlJ JOlltberk r II 1908 pl VII Qc 14 DECLERcQ nO 343 accompagneacute dun precirctre dEa Pennsylvan ia na 59 I

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 133

composent du corps g lobulaire surmonteacute de trois traits (carpelles) Nous en verrons plus loin la nature Remarquons encore quagrave la diffeacuterence des fruits de nos basshyreliefs ceux-ci se redressent au lieu de penshydre ce deacutetail na pas assez dimportance pour innrmer lopinion quils sont idenshytiques aux fruits sculpteacutes Comme il sagit dune piegravece de dimensions minimes le grashyveur na pas pu indiquer au-dessous du corps globulaire un leacuteger bourrelet netteshyment visible sur les sculptures et auquel nous attachons une importance capitale

Revenons donc agrave nos sculptures et demandons-nous ennn SI le fruit de notre personnage est une ngue ou une g renade Fig ue (ncus carica) Non car sa forme est plutocirct ovale ct sa feuille plutocirct heacutemispheacuteshyrigue ni lune ni lautre ne peuvent ecirctre compa reacutees agrave no tre fruit J

Grenade Peut-ecirctre car son corps globushylaire est surmonteacute de pointes-feu illes termishynales Or de leacutepoque dAsurnazirpal pour ne citer gue les œuvres du British Museum (op cit) il y a plusieurs repreacutesentations dun fruit semblable toutes conventionnelles ou scheacutematiques excepteacute la derniegravere soit la branche portant des rosaces donc un attrishybut purement arbitraire 2 et mecircme celles-ci compleacuteteacutees par trois feuilles pointues qui rappellent des brindilles 3 ou enfin la forme qui se rapproche le plus de la grenade (pl 48) au corps spheacuterique combleacute de traits qui simulent leacutecorce et surmonteacute de

l Voir les reliefs du palais de Sinacheri b PATElSON op cil pl 32-5 les meacutemes feuilles et un fruit spheacuterique sur larbrisseau tableau d e faiumlence il Khorsabad PLACE N inive el lAssyrie 1867 t Ill pl 3

2 1914 PI 38 Fig VII Par mesu re de prudence faisons ici unc objeaion on pourrait opiner que la branche porte par exemple des paVOis vus de desJls el styliseacutes en forme de rOsace LAYAR D Nin Il pl V 1 pl XXX VIlb XXXVlllb Cette sectlylisation nous paraicirc t dautant moins vraisemblable que la rosace SC rt agrave deacuteco rer dautres ob jets ougrave toute ideacutee de fig uration du pavot eSt agrave priori absente comme sur le sectlick d e Assyr Jcupl Br Mils 1914 rI XXXIV

3 PI XXXVI XXX1X Cf GADD The llones of Ass)ria 19 36 pl 5 geacuten ies aileacutes de maintien identique ct tenant la branche agrave 2-3 rosaces ct brindilles CalaQ

trois pointes qui scheacutematisent lextreacutemiteacute des feuilles Ce dernier exemple a sans doute servi de modegravele pendant lexeacutecution des

FIG 8 - BAS-RELIEF DU FlTTS WILLIAmiddotr M USEurshy

CAM BltlDGE PROVENANT DE CArA~ (AsurnazirpaJ)

trois œuvres du vrrre siegravecle mais ougrave le fruit est reSteacute agrave leacutetat de scheacutema jpregraves examen ces derniers exemples ne peuvent en auCtin cas figurer fa grenade 4 parce que celle-ci sattache directement au rameau et t( seule raquo alors que nous avons ici troir fruits produits par

4middot Con Ira H DANTH1NE op cit pp 132 133fig909 915916922 ct N ell P ERROT Ba1) oniaca t X VIf 1937 pp 114-5 fig 98 100 104 qui y reconnaissen t des grenades

134 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

une seule tige 1 La confirmation sen trouve aiseacutement sur les mecircmes bas-reliefs qui figurent le grenadier

Voici dabord dans le palais de Kuyunshydjik les grenadiers avec ou sans fruits planches VII agrave IX XII XIV agrave XX XXXII agrave XXXV etc Et soulignons maintenant quelques-unes de ses ressemblances Cest le fruit dun arbrisseau tandis que le dattier atteint une hauteur consideacuterable fidegravele-

J Le geacutenie de Berlin (GADD op cil pl 1) ti ent un rameau agrave quatre fruit s Le roi (LAYARD N iniveb t T pl XXXVllIb) cn a cinq montant tous de la mecircme tige

FIG 9 - nAS-R E IEF DU BRITISH MUSEUM PROVENAN T

D E CALA) (ASurnazirpal)

ment observeacutee sur les sculptures La base spheacuterique est couronneacutee de trois points correspondant aux carpelles qui constituent leacutecorce et qui sont toujours visibles sur les sculptures au nombre de trois au mJins 2

Mais le grenadier ressemble encore sur les sculptures agrave la vigne par la dimension minime (en comparaison de celle du palshymier) de sorte que la forme du fruit seule conStitue une diffeacuterence qui ne trompe

pas baie spheacuterique pour la grenade grappe pour la vigne A Kuyundjik il y en a de bons exemples 3 qui montrent les plantes associeacutees dans les mecircmes paysages Lassoshyciation de la grenade de la vigne et du pin se preacutesente aussi 4 Ici les branches montent presque directement en partant du tronc agrave la diffeacuterence du palmier qui a les branches plus deacuteveloppeacutees en largeur

Les sculptures du IXe siegravecle connaissent eacutegalement la vigne mais non associeacutee agrave dautres plantes

Si la grappe de raisn peut ecirctre facilement confondue avec le reacutegime de dattes il existe heureusement une scegravene ougrave les fruits sont repreacutesenteacutes si clairement que leur confusion est impossiblel sagit du cortegravege de servants apportant les eacuteleacutements dun feStin 6 Outre les jarres dougrave sortent des rameaux fleuris il y a des plateaux portant des dattes des grappes de raisins et des grenadeJ Ici on conState la reacutegulariteacute de la forme conique des reacutegimes laspect plutocirct irreacutegulier des grappes et la forme spheacuterique aux 3 brindilles des grenades Dautres sershyvants tiennent des grenades identiques aux preacuteceacutedentes mais enfileacutees 7

Les formes repreacutesenteacutees dans ce fragshy

2 Voir pl XLVIII de AH)r Sculpllres 1914 rI gtOJmiddotSUgrave1l

3 PATERSON op cil pl XVI il XX XXII XXXI il XXXV LXVIIJ LXXI il LXXVI LXXXVIII XCVIII

4 Planches XVI agrave XX XXIV XXXI-III ere

lmiddot A S-Dr Sculptures 19 [4 pl XVII 6 PATERSON op cil plI LXXXVIII-LXXXIX ou

A syr Setpl British Museum 938 pl LXVIII 7 Ibid pl LXXXIX

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 135

ment de la scegravene du festin se diStinguent toutes par leur netteteacute il serait difficile de sy meacuteprendre Remarquons encore que certains servants portent des rameaux feuilshylus sans fruits les relegravevent mecircme comme sils voulaient les agiter agrave linstar dun chasse-mouche Mais il eSt eacutevident que ces rameaux ne ressemblent en rien agrave celui du Catalogue de 1864 T out au plus peut-on eStimer que les feuilles servaient agrave couvrir et agrave proteacuteger les comestibles contre la poussiegravere et toutes bes tio les usage qui nest pas encore perdu aujourdhui en Orient et chez nous

Enfin attirons lattention sur les deux dignitaires qui tiennent agrave la hauteur des yeux un fruit allongeacute conique surmoLteacute de feuillegt au corps rayeacute de traits reacuteguliers et fixeacute sur une tige On serait tenteacute dy reconnaicirctre un des fruits mentionneacutes plus haut plus ou moins Sty li seacute si laspect geacute neacuteshyral ne se rapprochait pas davantage dun fruit de la famille des bromeacuteliaceacutees dont la fleur est disposeacutee en eacutepi dont le frui t est un laquo syncarpe formeacute des ovaires et de bracshyteacutees devenus charnus et soudeacutes pour conStituer une masse ovoiumlde surmonteacutee dun bouquet de bracteacutees foliaceacutees)) et dont le nom le plus reacutepandu est lananas Sil en est ainsi ce fruit ne peut constituer un terme de comparaison avec reacutegimes de dattes grenades e t cocircnes dautant plus quon le trouve surtou t dans les reacutegions tropica les (Ameacuterique) Bref des comparaishySOnS preacuteceacutedentes nous pouvons admettre agrave priori que les fruits des jigunf 2 cl 6 Ile repreacutesentent pas la grenade Cette preacutesomption devient une certitude si nous nous souveshynons que sous le corps globulaire il existe un bourrelet par lequel le globe se rattache agrave la tige et que la grenade se soude directeshyment au rameau isoleacutement et non comme sur les figures 2-6 accompagneacutee de plushysieurs autres speacutecimens formant avec la tige un ensemble inteacutegral

Sil ne sagit pas clune varieacuteteacute il est

certain que le fruit des figures 2-6 rentre dans la famille des papaveacuteraceacutees Celles-ci produisent un fruit en forme de capsule

FIG 10 - Dimiddot il OF NORE BAS-lŒLlI3F (048)

o blongue et raccordeacutee agrave la tige au-dessus dun bourrelet Le corps globuleux est glabre mais pour en extraire le suc il faut y pratishyquer des entailles Ces derniegraveres pourraient ecirctre repreacutesenteacutees de faccedilon scheacutematique sur la planche XLVIII (Assyr Jculpt 1914)

Nou s aurions donc agrave faire avec un genre de coquelicot ou de pavot noms vulgaires du papaver somniferum ou de son voisin le papaver setigerum 1 Les fruits de cette

) Alphonse DE CANOOLE ()rilt~ines des piailles Cfltishydes 1883 pp 319-0

13 6 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164

Page 10: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

130 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

faveur de la lustration de lexorcisme desshy le palmier nen ont souvent rendu quune tineacutes agrave chasser les mauvaises influences stylisation de sorte quon voit sur lui agrave la Ailleurs le mecircme geste se repreacutesente dans foi s les cocircnes du pin ou du cegravedre 4 puis la les scegravenes de libation en preacutesence du roi l grappe de raisin et la grenade j bull bull La conshyou simplement dhommage 2 ou de lustrashy fusion est complegravete tion 3 Il arrive mecircme que lofficiant porte une palme qui a la mecircme forme styliseacutee gue celles de l laquo arbre sacreacute)) (op cit 1914 pl XXVI) En outre il est parfois remplaceacute par un rashymeau semblable agrave une tige de bleacute pl XXVII ou par un attribut fantaisiste comshyme le cercle formeacute de roshysaces pl XLI XLII l1ui sont probablement ellesshymecircmes une stylisation Mais les sculp tures ne permettent pas toujours de distingue r le fruit des deux essences cegravedre et pin bien que la forme des conifegraveres soit nettement diffeacuterente Celuishyci a en opposition avec celui-lagrave les branches netteshyment montantes PATERSON

Pal Sinach planches XVI XXIV XXV XXVII XXVIII XXXI agrave XXXIII etc C Le cegravedre ne semble pas avoir eacuteteacute sculpteacute Il est vrai que leurs cocircnes se resshysemblent agrave sy meacuteprendre mais le cegravedre est moins freacute-

De mecircme il est parfois difficile de reconnaicirctre la forme exacte du fruit du palmier tel que le preacutesenshytent les œuvres assyriennes La fleur eSt agrave trois feuilles ce qui pourrait nous la faire confondre avec certaines figures de la grenade La fleur macircle a deux verticelles de trois eacutetamines qui ne sont pas repreacutesenteacutes et la fleur femelle trois carpelshyles contenant chacun un ovale A chaque carpelle correspond une ex treacutemiteacute pointue repreacutesenteacutee sur cershytaines sculptures et ici enshycore il eSt aiseacute de confondre avec la grenade Compashyrons donc le laquo fruit raquo du dattier et celui du grenashydier

Les baies du dattier sont suspendues en laquo reacutegime raquo

qui lui est toujours conishyque et non pas spheacuterique comme la grenade La difshyfeacuterence entre le cocircne et la

FIG 6 - BIS-RELIEF DU BRlTl s H grenade se constate bien sur MUSEU~r rROVENANT DE KHORSABAD la planche XLVIII de Asshy

quent en Asie Anteacuterieure ryrian Smlptures 1914 (op tandis que le pin se rencontre de Syrie cit) agrave gauche le cocircne du pin ou du cegravedre en Afghanistan et les armeacutees assyriennes agrave droite la grenade spheacuterique agrave 3 carpelles ont ducirc le rencontrer partout ougrave la conshyquecircte les a conduites 4 RAWLIN SON Five GreaI monarchies 1864 ( Il

p 235 Cf Sa rgon tenant la mecircme plante que celleLa distineacutelion de ces fruits est dautant du bas-relief 048 devant un arbre sacreacute aux fruits

plus difficile que les artistes repreacutesentant coniques mais disposeacutes en seacuterie de trois ( P ERROT

CHrrIEZ H isloire de larl t Il 1884 p 5 r 2) qui se raient I Affrtpl 1914 pl XXXmiddotXXXII des figues (B ONA VI Flora of Ihe Ass)r montIII 2 Ib id pl XXXlII-XXXIV 18 94 p 57) 3 Ibid pl XLV-XLVI 5middot BONAVlol op ril p 55

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 131

A Kuyundjik les palmiers avec reacutegime laquo conique raquo sont abondamment reproduits comme si les sculp teurs avaient voulu trashyduire la couleur locale des pays eacutetrangers que les armeacutees victorieuses venaient de deacutevaster 1 palmes reacutegimes tronc et dimenshysions du palmier rendent la confusion laquo parfoisraquo impossible autant avec le greshynadier quavec le pin et le cegravedre

Abando nnons un instant la sculptu re et jetons un coup dœil sur les pierres grashyveacutees dans le dessein dy trouver la plante que nous cherchons agrave deacuteterminer Les intailles assyriennes et mecircme celles des pays limitropnes ne repreacutesentent que larbre ou la plante quon sest habitueacute agrave qualifier d laquo arbre de vie arbre sacreacute palmier sacreacute raquo qui reccediloit lhommage ou qui accompagne unescegravene On a admis quil sagitdu palmiershydattier agrave cause de sa ressemblance avec loriginal de son utiliteacute alimentaire et par sui te de son caractegravere symbolique dans la plupart des gravures Neacuteanmoins on

saperccediloit tout de suite que la fantaisie des artistes sest donneacute libre cours dans sa figuration Ici les stylisations des laquo arbres sacreacutes )) sont innombrables autant par laspect du tronc que par celui des fruits et des feui lles nous ne saurions deacutecrire tous les types et nous sortirions du sujet Quil suffi se den indiquer quelques-uns 2

Les graveurs repreacutesentent le plus souvent

1 Voir entre autres As)r JCIIlplures 1938 les pl XJJ XIII X L i XLV LII agrave VI LXVJ XCIV XCV

2 Consulrez J D NfHfNE op cit album Voici lluelques o u vrages de g lyp tique d ont nous extrayons les exemples preacutesents

Bibliothegraveque Nationa le DELAPoRTE 1 1910 Colleclion ries Cylinrlres orienlaux el ries Cacoels rie la Biblioloegraveque Naiionalf

DECLERCQ Calalo~ue rie la Coleclioll Derlercf t 11888 Louvre DELA PORTE L Calalogue ries Cylinrlres

~rienlalx ri illseacutee ri LOlvre 1920 1 Newcl l v D OSTEN Allc or Seals in loe Colleclioll

or Mr Edn T Newell 1934 Pierpont W J-I WARD Cylinrlrs n Ie Library

of ] lierponl liorgall 1919 Pennsylvania L EGRAt L CIltlre or loe lob)

IOliOTi19 2 j

WARD Cyliurler lcals of IF Asia 1910

un arbre dont les rameaux se terminent par un des fruits-motifs suiva nts

o Le globe Bibliothegraveque Nationale 376 Declercq 329 Pennsylvania 588 597

~ Le mecircme globe mais traverseacute par la pointe qui nest que lextreacutemiteacute du rameau auquel il est attacheacute Biblioshythegraveque Nationale 378 Louvre 5 Pierpont 163 561-2

o Le cocircne ou le g lobe termineacute en pointe Ward 691-4 696 Pennsylvania 591

t) Le globe portant 3 tiges ougrave on pourrait reconnaicirctre la grenade Ward 679 695 de Clercq planche XXXII nO 344 Newell pl XXX 37

~ Le cocircne qui semble indiquer ses eacutecailles Pierpont 16o Newell 667

Les feuiJies ~ agrave 5 Ward 699

Les feuilles ~ agrave iuml Ward 7deg9

Les feuilles ~ agrave 3 au-dessus de 2 enshyroulements ou voiutes Declercq 342 Ward 702

8gg Les globes superposeacutes Ward 661 Le globe rayonnant Louvre 18 ~ Pennsylvania 601 ~ Les branchages formant treillis surshycm monteacutes de fruits coniques Ward 678

683 agrave 690 Declercq 340 Les mecircmes abritant un objet de culte Ward 1153 Etc

Cette stylisation a produit des formes ougrave on ne reconnaicirct plus aucune essence mecircme approximativement les exemples en sont dautant plu s obscurs que les grashyvures sont useacutees ou que leur exeacutecution laissait agrave deacutesirer

Mais il reste des exemples ougrave le palmier se distingue clairement soit par le tronc barreacute dimbrications qui indiquent la base des palmes coupeacutees soit par ses branches (palmes) courbes larges et tombantes soit enfin par les reacutegimes de dattes qui en tomshybent ces derniers eacutetan t dordinaire au nombre

IF BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

de deux par goucirct de symeacutetrie deacutecorative

Arbre avec son reacutegime Ward 680 706 Arbre avec branches larges courbes

tombantes Xard 668 589 Arbre avec branches enrouleacutees ~

ard 713 A rbre avec feuilles nettement seacutepareacutees

b Pierpont 159 Ward 7 14

~ Declercq 3l Z

Arbre avec feuilles rlaceacutees sur une tige

~ Xard 707

Etc Sauf dans le cas ougrave larbre porte ses

reacutegimes et ougrave les palmes ont la largeur et la courbe speacuteciales on nest donc pas absolu-

FIG 7 - BAS-RELI E f DU BRITISH MUSEU~I PROV ENANT

DE CALU (Aslirnazirpa l)

ment sucircr quil sagisse du Phenix dactylifera ou dattier E t dans la figuration peinte ou plutocirct dans les scegravenes composeacutees de briques de faiumlence colorieacutees que constatonsshynous Larbre est tellement styliseacute que seules la forme et la chu te de ses feuilles indiquent le palmier 1 T ou tefois ici il eSt associeacute agrave une baie g lobuleuse surmonteacutee de trois feuilles qui ressemblent agrave la grenade Dans la Porte Gurgurri 2 on a deacutecouvert une applique murale en ceacuteramique colorieacutee ougrave cette pseudo-grenade est associeacutee au cocircne mais les deux motifs sont fixeacutes sur les volutes gui composent dordinaire le palshymier Styliseacute En dautres mots la fantaisie explique sinon justifie lemploi des sujets les plus disparates Ce gui nempecircche pas gue le palmier soit quelquefois reproduit er reconnaissable agrave son reacutegime 3 et mecircme sans son reacutegime 4 La peinture sur faiumlence nous eSt donc encore dun secours moindre que la g lyptique pour deacuteterminer la plante qui figure dans la main gauche cie notre pershysonnage (0-48) Celle-ci a-t-elle eacuteteacute repreacuteshysenteacutee sur les gravures

Heacutelas les repreacutesentations graveacutees en som tregraves rares La seule qui puisse nous eacuteclairer - et encore -- constitue une copie exacte compte tenu cles exigences de la matiegravere de la surface du meacutetier et de loutillage des grandes sculptures deacutejagrave mentionneacutees agrave partir du rxe siegravecle arbre sacreacute Stylishysation clu palmier devant lequel deux geacutenies aileacutes son t posteacutes tenant dans le bras loffrande (cervicleacute ou (aprideacute) et clans la main correspondante la plante ou le rameau dont seacutechappent trois fruits 5

Ceux-ci ressemblent agrave la grenade car ils se

1 Ex de Nimrud Photo ManseJJ na 575 clicheacute 3630 2 W ANDRAE Fes ful1jSlIerke 1913 pl LXXXIl

Wiss Ver D O G na 23 3 Par ex Yi A ND RAE ASnr Farbige Keramik

[92 3 pl Il 4 Ibid plJ 1II-1 V XI-XIV XIX-XXlI etc 1 H eJcna CARNEGIE Cataloue Colcctioll Alltique

GelJlJ JOlltberk r II 1908 pl VII Qc 14 DECLERcQ nO 343 accompagneacute dun precirctre dEa Pennsylvan ia na 59 I

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 133

composent du corps g lobulaire surmonteacute de trois traits (carpelles) Nous en verrons plus loin la nature Remarquons encore quagrave la diffeacuterence des fruits de nos basshyreliefs ceux-ci se redressent au lieu de penshydre ce deacutetail na pas assez dimportance pour innrmer lopinion quils sont idenshytiques aux fruits sculpteacutes Comme il sagit dune piegravece de dimensions minimes le grashyveur na pas pu indiquer au-dessous du corps globulaire un leacuteger bourrelet netteshyment visible sur les sculptures et auquel nous attachons une importance capitale

Revenons donc agrave nos sculptures et demandons-nous ennn SI le fruit de notre personnage est une ngue ou une g renade Fig ue (ncus carica) Non car sa forme est plutocirct ovale ct sa feuille plutocirct heacutemispheacuteshyrigue ni lune ni lautre ne peuvent ecirctre compa reacutees agrave no tre fruit J

Grenade Peut-ecirctre car son corps globushylaire est surmonteacute de pointes-feu illes termishynales Or de leacutepoque dAsurnazirpal pour ne citer gue les œuvres du British Museum (op cit) il y a plusieurs repreacutesentations dun fruit semblable toutes conventionnelles ou scheacutematiques excepteacute la derniegravere soit la branche portant des rosaces donc un attrishybut purement arbitraire 2 et mecircme celles-ci compleacuteteacutees par trois feuilles pointues qui rappellent des brindilles 3 ou enfin la forme qui se rapproche le plus de la grenade (pl 48) au corps spheacuterique combleacute de traits qui simulent leacutecorce et surmonteacute de

l Voir les reliefs du palais de Sinacheri b PATElSON op cil pl 32-5 les meacutemes feuilles et un fruit spheacuterique sur larbrisseau tableau d e faiumlence il Khorsabad PLACE N inive el lAssyrie 1867 t Ill pl 3

2 1914 PI 38 Fig VII Par mesu re de prudence faisons ici unc objeaion on pourrait opiner que la branche porte par exemple des paVOis vus de desJls el styliseacutes en forme de rOsace LAYAR D Nin Il pl V 1 pl XXX VIlb XXXVlllb Cette sectlylisation nous paraicirc t dautant moins vraisemblable que la rosace SC rt agrave deacuteco rer dautres ob jets ougrave toute ideacutee de fig uration du pavot eSt agrave priori absente comme sur le sectlick d e Assyr Jcupl Br Mils 1914 rI XXXIV

3 PI XXXVI XXX1X Cf GADD The llones of Ass)ria 19 36 pl 5 geacuten ies aileacutes de maintien identique ct tenant la branche agrave 2-3 rosaces ct brindilles CalaQ

trois pointes qui scheacutematisent lextreacutemiteacute des feuilles Ce dernier exemple a sans doute servi de modegravele pendant lexeacutecution des

FIG 8 - BAS-RELIEF DU FlTTS WILLIAmiddotr M USEurshy

CAM BltlDGE PROVENANT DE CArA~ (AsurnazirpaJ)

trois œuvres du vrrre siegravecle mais ougrave le fruit est reSteacute agrave leacutetat de scheacutema jpregraves examen ces derniers exemples ne peuvent en auCtin cas figurer fa grenade 4 parce que celle-ci sattache directement au rameau et t( seule raquo alors que nous avons ici troir fruits produits par

4middot Con Ira H DANTH1NE op cit pp 132 133fig909 915916922 ct N ell P ERROT Ba1) oniaca t X VIf 1937 pp 114-5 fig 98 100 104 qui y reconnaissen t des grenades

134 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

une seule tige 1 La confirmation sen trouve aiseacutement sur les mecircmes bas-reliefs qui figurent le grenadier

Voici dabord dans le palais de Kuyunshydjik les grenadiers avec ou sans fruits planches VII agrave IX XII XIV agrave XX XXXII agrave XXXV etc Et soulignons maintenant quelques-unes de ses ressemblances Cest le fruit dun arbrisseau tandis que le dattier atteint une hauteur consideacuterable fidegravele-

J Le geacutenie de Berlin (GADD op cil pl 1) ti ent un rameau agrave quatre fruit s Le roi (LAYARD N iniveb t T pl XXXVllIb) cn a cinq montant tous de la mecircme tige

FIG 9 - nAS-R E IEF DU BRITISH MUSEUM PROVENAN T

D E CALA) (ASurnazirpal)

ment observeacutee sur les sculptures La base spheacuterique est couronneacutee de trois points correspondant aux carpelles qui constituent leacutecorce et qui sont toujours visibles sur les sculptures au nombre de trois au mJins 2

Mais le grenadier ressemble encore sur les sculptures agrave la vigne par la dimension minime (en comparaison de celle du palshymier) de sorte que la forme du fruit seule conStitue une diffeacuterence qui ne trompe

pas baie spheacuterique pour la grenade grappe pour la vigne A Kuyundjik il y en a de bons exemples 3 qui montrent les plantes associeacutees dans les mecircmes paysages Lassoshyciation de la grenade de la vigne et du pin se preacutesente aussi 4 Ici les branches montent presque directement en partant du tronc agrave la diffeacuterence du palmier qui a les branches plus deacuteveloppeacutees en largeur

Les sculptures du IXe siegravecle connaissent eacutegalement la vigne mais non associeacutee agrave dautres plantes

Si la grappe de raisn peut ecirctre facilement confondue avec le reacutegime de dattes il existe heureusement une scegravene ougrave les fruits sont repreacutesenteacutes si clairement que leur confusion est impossiblel sagit du cortegravege de servants apportant les eacuteleacutements dun feStin 6 Outre les jarres dougrave sortent des rameaux fleuris il y a des plateaux portant des dattes des grappes de raisins et des grenadeJ Ici on conState la reacutegulariteacute de la forme conique des reacutegimes laspect plutocirct irreacutegulier des grappes et la forme spheacuterique aux 3 brindilles des grenades Dautres sershyvants tiennent des grenades identiques aux preacuteceacutedentes mais enfileacutees 7

Les formes repreacutesenteacutees dans ce fragshy

2 Voir pl XLVIII de AH)r Sculpllres 1914 rI gtOJmiddotSUgrave1l

3 PATERSON op cil pl XVI il XX XXII XXXI il XXXV LXVIIJ LXXI il LXXVI LXXXVIII XCVIII

4 Planches XVI agrave XX XXIV XXXI-III ere

lmiddot A S-Dr Sculptures 19 [4 pl XVII 6 PATERSON op cil plI LXXXVIII-LXXXIX ou

A syr Setpl British Museum 938 pl LXVIII 7 Ibid pl LXXXIX

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ment de la scegravene du festin se diStinguent toutes par leur netteteacute il serait difficile de sy meacuteprendre Remarquons encore que certains servants portent des rameaux feuilshylus sans fruits les relegravevent mecircme comme sils voulaient les agiter agrave linstar dun chasse-mouche Mais il eSt eacutevident que ces rameaux ne ressemblent en rien agrave celui du Catalogue de 1864 T out au plus peut-on eStimer que les feuilles servaient agrave couvrir et agrave proteacuteger les comestibles contre la poussiegravere et toutes bes tio les usage qui nest pas encore perdu aujourdhui en Orient et chez nous

Enfin attirons lattention sur les deux dignitaires qui tiennent agrave la hauteur des yeux un fruit allongeacute conique surmoLteacute de feuillegt au corps rayeacute de traits reacuteguliers et fixeacute sur une tige On serait tenteacute dy reconnaicirctre un des fruits mentionneacutes plus haut plus ou moins Sty li seacute si laspect geacute neacuteshyral ne se rapprochait pas davantage dun fruit de la famille des bromeacuteliaceacutees dont la fleur est disposeacutee en eacutepi dont le frui t est un laquo syncarpe formeacute des ovaires et de bracshyteacutees devenus charnus et soudeacutes pour conStituer une masse ovoiumlde surmonteacutee dun bouquet de bracteacutees foliaceacutees)) et dont le nom le plus reacutepandu est lananas Sil en est ainsi ce fruit ne peut constituer un terme de comparaison avec reacutegimes de dattes grenades e t cocircnes dautant plus quon le trouve surtou t dans les reacutegions tropica les (Ameacuterique) Bref des comparaishySOnS preacuteceacutedentes nous pouvons admettre agrave priori que les fruits des jigunf 2 cl 6 Ile repreacutesentent pas la grenade Cette preacutesomption devient une certitude si nous nous souveshynons que sous le corps globulaire il existe un bourrelet par lequel le globe se rattache agrave la tige et que la grenade se soude directeshyment au rameau isoleacutement et non comme sur les figures 2-6 accompagneacutee de plushysieurs autres speacutecimens formant avec la tige un ensemble inteacutegral

Sil ne sagit pas clune varieacuteteacute il est

certain que le fruit des figures 2-6 rentre dans la famille des papaveacuteraceacutees Celles-ci produisent un fruit en forme de capsule

FIG 10 - Dimiddot il OF NORE BAS-lŒLlI3F (048)

o blongue et raccordeacutee agrave la tige au-dessus dun bourrelet Le corps globuleux est glabre mais pour en extraire le suc il faut y pratishyquer des entailles Ces derniegraveres pourraient ecirctre repreacutesenteacutees de faccedilon scheacutematique sur la planche XLVIII (Assyr Jculpt 1914)

Nou s aurions donc agrave faire avec un genre de coquelicot ou de pavot noms vulgaires du papaver somniferum ou de son voisin le papaver setigerum 1 Les fruits de cette

) Alphonse DE CANOOLE ()rilt~ines des piailles Cfltishydes 1883 pp 319-0

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espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164

Page 11: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 131

A Kuyundjik les palmiers avec reacutegime laquo conique raquo sont abondamment reproduits comme si les sculp teurs avaient voulu trashyduire la couleur locale des pays eacutetrangers que les armeacutees victorieuses venaient de deacutevaster 1 palmes reacutegimes tronc et dimenshysions du palmier rendent la confusion laquo parfoisraquo impossible autant avec le greshynadier quavec le pin et le cegravedre

Abando nnons un instant la sculptu re et jetons un coup dœil sur les pierres grashyveacutees dans le dessein dy trouver la plante que nous cherchons agrave deacuteterminer Les intailles assyriennes et mecircme celles des pays limitropnes ne repreacutesentent que larbre ou la plante quon sest habitueacute agrave qualifier d laquo arbre de vie arbre sacreacute palmier sacreacute raquo qui reccediloit lhommage ou qui accompagne unescegravene On a admis quil sagitdu palmiershydattier agrave cause de sa ressemblance avec loriginal de son utiliteacute alimentaire et par sui te de son caractegravere symbolique dans la plupart des gravures Neacuteanmoins on

saperccediloit tout de suite que la fantaisie des artistes sest donneacute libre cours dans sa figuration Ici les stylisations des laquo arbres sacreacutes )) sont innombrables autant par laspect du tronc que par celui des fruits et des feui lles nous ne saurions deacutecrire tous les types et nous sortirions du sujet Quil suffi se den indiquer quelques-uns 2

Les graveurs repreacutesentent le plus souvent

1 Voir entre autres As)r JCIIlplures 1938 les pl XJJ XIII X L i XLV LII agrave VI LXVJ XCIV XCV

2 Consulrez J D NfHfNE op cit album Voici lluelques o u vrages de g lyp tique d ont nous extrayons les exemples preacutesents

Bibliothegraveque Nationa le DELAPoRTE 1 1910 Colleclion ries Cylinrlres orienlaux el ries Cacoels rie la Biblioloegraveque Naiionalf

DECLERCQ Calalo~ue rie la Coleclioll Derlercf t 11888 Louvre DELA PORTE L Calalogue ries Cylinrlres

~rienlalx ri illseacutee ri LOlvre 1920 1 Newcl l v D OSTEN Allc or Seals in loe Colleclioll

or Mr Edn T Newell 1934 Pierpont W J-I WARD Cylinrlrs n Ie Library

of ] lierponl liorgall 1919 Pennsylvania L EGRAt L CIltlre or loe lob)

IOliOTi19 2 j

WARD Cyliurler lcals of IF Asia 1910

un arbre dont les rameaux se terminent par un des fruits-motifs suiva nts

o Le globe Bibliothegraveque Nationale 376 Declercq 329 Pennsylvania 588 597

~ Le mecircme globe mais traverseacute par la pointe qui nest que lextreacutemiteacute du rameau auquel il est attacheacute Biblioshythegraveque Nationale 378 Louvre 5 Pierpont 163 561-2

o Le cocircne ou le g lobe termineacute en pointe Ward 691-4 696 Pennsylvania 591

t) Le globe portant 3 tiges ougrave on pourrait reconnaicirctre la grenade Ward 679 695 de Clercq planche XXXII nO 344 Newell pl XXX 37

~ Le cocircne qui semble indiquer ses eacutecailles Pierpont 16o Newell 667

Les feuiJies ~ agrave 5 Ward 699

Les feuilles ~ agrave iuml Ward 7deg9

Les feuilles ~ agrave 3 au-dessus de 2 enshyroulements ou voiutes Declercq 342 Ward 702

8gg Les globes superposeacutes Ward 661 Le globe rayonnant Louvre 18 ~ Pennsylvania 601 ~ Les branchages formant treillis surshycm monteacutes de fruits coniques Ward 678

683 agrave 690 Declercq 340 Les mecircmes abritant un objet de culte Ward 1153 Etc

Cette stylisation a produit des formes ougrave on ne reconnaicirct plus aucune essence mecircme approximativement les exemples en sont dautant plu s obscurs que les grashyvures sont useacutees ou que leur exeacutecution laissait agrave deacutesirer

Mais il reste des exemples ougrave le palmier se distingue clairement soit par le tronc barreacute dimbrications qui indiquent la base des palmes coupeacutees soit par ses branches (palmes) courbes larges et tombantes soit enfin par les reacutegimes de dattes qui en tomshybent ces derniers eacutetan t dordinaire au nombre

IF BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

de deux par goucirct de symeacutetrie deacutecorative

Arbre avec son reacutegime Ward 680 706 Arbre avec branches larges courbes

tombantes Xard 668 589 Arbre avec branches enrouleacutees ~

ard 713 A rbre avec feuilles nettement seacutepareacutees

b Pierpont 159 Ward 7 14

~ Declercq 3l Z

Arbre avec feuilles rlaceacutees sur une tige

~ Xard 707

Etc Sauf dans le cas ougrave larbre porte ses

reacutegimes et ougrave les palmes ont la largeur et la courbe speacuteciales on nest donc pas absolu-

FIG 7 - BAS-RELI E f DU BRITISH MUSEU~I PROV ENANT

DE CALU (Aslirnazirpa l)

ment sucircr quil sagisse du Phenix dactylifera ou dattier E t dans la figuration peinte ou plutocirct dans les scegravenes composeacutees de briques de faiumlence colorieacutees que constatonsshynous Larbre est tellement styliseacute que seules la forme et la chu te de ses feuilles indiquent le palmier 1 T ou tefois ici il eSt associeacute agrave une baie g lobuleuse surmonteacutee de trois feuilles qui ressemblent agrave la grenade Dans la Porte Gurgurri 2 on a deacutecouvert une applique murale en ceacuteramique colorieacutee ougrave cette pseudo-grenade est associeacutee au cocircne mais les deux motifs sont fixeacutes sur les volutes gui composent dordinaire le palshymier Styliseacute En dautres mots la fantaisie explique sinon justifie lemploi des sujets les plus disparates Ce gui nempecircche pas gue le palmier soit quelquefois reproduit er reconnaissable agrave son reacutegime 3 et mecircme sans son reacutegime 4 La peinture sur faiumlence nous eSt donc encore dun secours moindre que la g lyptique pour deacuteterminer la plante qui figure dans la main gauche cie notre pershysonnage (0-48) Celle-ci a-t-elle eacuteteacute repreacuteshysenteacutee sur les gravures

Heacutelas les repreacutesentations graveacutees en som tregraves rares La seule qui puisse nous eacuteclairer - et encore -- constitue une copie exacte compte tenu cles exigences de la matiegravere de la surface du meacutetier et de loutillage des grandes sculptures deacutejagrave mentionneacutees agrave partir du rxe siegravecle arbre sacreacute Stylishysation clu palmier devant lequel deux geacutenies aileacutes son t posteacutes tenant dans le bras loffrande (cervicleacute ou (aprideacute) et clans la main correspondante la plante ou le rameau dont seacutechappent trois fruits 5

Ceux-ci ressemblent agrave la grenade car ils se

1 Ex de Nimrud Photo ManseJJ na 575 clicheacute 3630 2 W ANDRAE Fes ful1jSlIerke 1913 pl LXXXIl

Wiss Ver D O G na 23 3 Par ex Yi A ND RAE ASnr Farbige Keramik

[92 3 pl Il 4 Ibid plJ 1II-1 V XI-XIV XIX-XXlI etc 1 H eJcna CARNEGIE Cataloue Colcctioll Alltique

GelJlJ JOlltberk r II 1908 pl VII Qc 14 DECLERcQ nO 343 accompagneacute dun precirctre dEa Pennsylvan ia na 59 I

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 133

composent du corps g lobulaire surmonteacute de trois traits (carpelles) Nous en verrons plus loin la nature Remarquons encore quagrave la diffeacuterence des fruits de nos basshyreliefs ceux-ci se redressent au lieu de penshydre ce deacutetail na pas assez dimportance pour innrmer lopinion quils sont idenshytiques aux fruits sculpteacutes Comme il sagit dune piegravece de dimensions minimes le grashyveur na pas pu indiquer au-dessous du corps globulaire un leacuteger bourrelet netteshyment visible sur les sculptures et auquel nous attachons une importance capitale

Revenons donc agrave nos sculptures et demandons-nous ennn SI le fruit de notre personnage est une ngue ou une g renade Fig ue (ncus carica) Non car sa forme est plutocirct ovale ct sa feuille plutocirct heacutemispheacuteshyrigue ni lune ni lautre ne peuvent ecirctre compa reacutees agrave no tre fruit J

Grenade Peut-ecirctre car son corps globushylaire est surmonteacute de pointes-feu illes termishynales Or de leacutepoque dAsurnazirpal pour ne citer gue les œuvres du British Museum (op cit) il y a plusieurs repreacutesentations dun fruit semblable toutes conventionnelles ou scheacutematiques excepteacute la derniegravere soit la branche portant des rosaces donc un attrishybut purement arbitraire 2 et mecircme celles-ci compleacuteteacutees par trois feuilles pointues qui rappellent des brindilles 3 ou enfin la forme qui se rapproche le plus de la grenade (pl 48) au corps spheacuterique combleacute de traits qui simulent leacutecorce et surmonteacute de

l Voir les reliefs du palais de Sinacheri b PATElSON op cil pl 32-5 les meacutemes feuilles et un fruit spheacuterique sur larbrisseau tableau d e faiumlence il Khorsabad PLACE N inive el lAssyrie 1867 t Ill pl 3

2 1914 PI 38 Fig VII Par mesu re de prudence faisons ici unc objeaion on pourrait opiner que la branche porte par exemple des paVOis vus de desJls el styliseacutes en forme de rOsace LAYAR D Nin Il pl V 1 pl XXX VIlb XXXVlllb Cette sectlylisation nous paraicirc t dautant moins vraisemblable que la rosace SC rt agrave deacuteco rer dautres ob jets ougrave toute ideacutee de fig uration du pavot eSt agrave priori absente comme sur le sectlick d e Assyr Jcupl Br Mils 1914 rI XXXIV

3 PI XXXVI XXX1X Cf GADD The llones of Ass)ria 19 36 pl 5 geacuten ies aileacutes de maintien identique ct tenant la branche agrave 2-3 rosaces ct brindilles CalaQ

trois pointes qui scheacutematisent lextreacutemiteacute des feuilles Ce dernier exemple a sans doute servi de modegravele pendant lexeacutecution des

FIG 8 - BAS-RELIEF DU FlTTS WILLIAmiddotr M USEurshy

CAM BltlDGE PROVENANT DE CArA~ (AsurnazirpaJ)

trois œuvres du vrrre siegravecle mais ougrave le fruit est reSteacute agrave leacutetat de scheacutema jpregraves examen ces derniers exemples ne peuvent en auCtin cas figurer fa grenade 4 parce que celle-ci sattache directement au rameau et t( seule raquo alors que nous avons ici troir fruits produits par

4middot Con Ira H DANTH1NE op cit pp 132 133fig909 915916922 ct N ell P ERROT Ba1) oniaca t X VIf 1937 pp 114-5 fig 98 100 104 qui y reconnaissen t des grenades

134 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

une seule tige 1 La confirmation sen trouve aiseacutement sur les mecircmes bas-reliefs qui figurent le grenadier

Voici dabord dans le palais de Kuyunshydjik les grenadiers avec ou sans fruits planches VII agrave IX XII XIV agrave XX XXXII agrave XXXV etc Et soulignons maintenant quelques-unes de ses ressemblances Cest le fruit dun arbrisseau tandis que le dattier atteint une hauteur consideacuterable fidegravele-

J Le geacutenie de Berlin (GADD op cil pl 1) ti ent un rameau agrave quatre fruit s Le roi (LAYARD N iniveb t T pl XXXVllIb) cn a cinq montant tous de la mecircme tige

FIG 9 - nAS-R E IEF DU BRITISH MUSEUM PROVENAN T

D E CALA) (ASurnazirpal)

ment observeacutee sur les sculptures La base spheacuterique est couronneacutee de trois points correspondant aux carpelles qui constituent leacutecorce et qui sont toujours visibles sur les sculptures au nombre de trois au mJins 2

Mais le grenadier ressemble encore sur les sculptures agrave la vigne par la dimension minime (en comparaison de celle du palshymier) de sorte que la forme du fruit seule conStitue une diffeacuterence qui ne trompe

pas baie spheacuterique pour la grenade grappe pour la vigne A Kuyundjik il y en a de bons exemples 3 qui montrent les plantes associeacutees dans les mecircmes paysages Lassoshyciation de la grenade de la vigne et du pin se preacutesente aussi 4 Ici les branches montent presque directement en partant du tronc agrave la diffeacuterence du palmier qui a les branches plus deacuteveloppeacutees en largeur

Les sculptures du IXe siegravecle connaissent eacutegalement la vigne mais non associeacutee agrave dautres plantes

Si la grappe de raisn peut ecirctre facilement confondue avec le reacutegime de dattes il existe heureusement une scegravene ougrave les fruits sont repreacutesenteacutes si clairement que leur confusion est impossiblel sagit du cortegravege de servants apportant les eacuteleacutements dun feStin 6 Outre les jarres dougrave sortent des rameaux fleuris il y a des plateaux portant des dattes des grappes de raisins et des grenadeJ Ici on conState la reacutegulariteacute de la forme conique des reacutegimes laspect plutocirct irreacutegulier des grappes et la forme spheacuterique aux 3 brindilles des grenades Dautres sershyvants tiennent des grenades identiques aux preacuteceacutedentes mais enfileacutees 7

Les formes repreacutesenteacutees dans ce fragshy

2 Voir pl XLVIII de AH)r Sculpllres 1914 rI gtOJmiddotSUgrave1l

3 PATERSON op cil pl XVI il XX XXII XXXI il XXXV LXVIIJ LXXI il LXXVI LXXXVIII XCVIII

4 Planches XVI agrave XX XXIV XXXI-III ere

lmiddot A S-Dr Sculptures 19 [4 pl XVII 6 PATERSON op cil plI LXXXVIII-LXXXIX ou

A syr Setpl British Museum 938 pl LXVIII 7 Ibid pl LXXXIX

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 135

ment de la scegravene du festin se diStinguent toutes par leur netteteacute il serait difficile de sy meacuteprendre Remarquons encore que certains servants portent des rameaux feuilshylus sans fruits les relegravevent mecircme comme sils voulaient les agiter agrave linstar dun chasse-mouche Mais il eSt eacutevident que ces rameaux ne ressemblent en rien agrave celui du Catalogue de 1864 T out au plus peut-on eStimer que les feuilles servaient agrave couvrir et agrave proteacuteger les comestibles contre la poussiegravere et toutes bes tio les usage qui nest pas encore perdu aujourdhui en Orient et chez nous

Enfin attirons lattention sur les deux dignitaires qui tiennent agrave la hauteur des yeux un fruit allongeacute conique surmoLteacute de feuillegt au corps rayeacute de traits reacuteguliers et fixeacute sur une tige On serait tenteacute dy reconnaicirctre un des fruits mentionneacutes plus haut plus ou moins Sty li seacute si laspect geacute neacuteshyral ne se rapprochait pas davantage dun fruit de la famille des bromeacuteliaceacutees dont la fleur est disposeacutee en eacutepi dont le frui t est un laquo syncarpe formeacute des ovaires et de bracshyteacutees devenus charnus et soudeacutes pour conStituer une masse ovoiumlde surmonteacutee dun bouquet de bracteacutees foliaceacutees)) et dont le nom le plus reacutepandu est lananas Sil en est ainsi ce fruit ne peut constituer un terme de comparaison avec reacutegimes de dattes grenades e t cocircnes dautant plus quon le trouve surtou t dans les reacutegions tropica les (Ameacuterique) Bref des comparaishySOnS preacuteceacutedentes nous pouvons admettre agrave priori que les fruits des jigunf 2 cl 6 Ile repreacutesentent pas la grenade Cette preacutesomption devient une certitude si nous nous souveshynons que sous le corps globulaire il existe un bourrelet par lequel le globe se rattache agrave la tige et que la grenade se soude directeshyment au rameau isoleacutement et non comme sur les figures 2-6 accompagneacutee de plushysieurs autres speacutecimens formant avec la tige un ensemble inteacutegral

Sil ne sagit pas clune varieacuteteacute il est

certain que le fruit des figures 2-6 rentre dans la famille des papaveacuteraceacutees Celles-ci produisent un fruit en forme de capsule

FIG 10 - Dimiddot il OF NORE BAS-lŒLlI3F (048)

o blongue et raccordeacutee agrave la tige au-dessus dun bourrelet Le corps globuleux est glabre mais pour en extraire le suc il faut y pratishyquer des entailles Ces derniegraveres pourraient ecirctre repreacutesenteacutees de faccedilon scheacutematique sur la planche XLVIII (Assyr Jculpt 1914)

Nou s aurions donc agrave faire avec un genre de coquelicot ou de pavot noms vulgaires du papaver somniferum ou de son voisin le papaver setigerum 1 Les fruits de cette

) Alphonse DE CANOOLE ()rilt~ines des piailles Cfltishydes 1883 pp 319-0

13 6 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164

Page 12: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

IF BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

de deux par goucirct de symeacutetrie deacutecorative

Arbre avec son reacutegime Ward 680 706 Arbre avec branches larges courbes

tombantes Xard 668 589 Arbre avec branches enrouleacutees ~

ard 713 A rbre avec feuilles nettement seacutepareacutees

b Pierpont 159 Ward 7 14

~ Declercq 3l Z

Arbre avec feuilles rlaceacutees sur une tige

~ Xard 707

Etc Sauf dans le cas ougrave larbre porte ses

reacutegimes et ougrave les palmes ont la largeur et la courbe speacuteciales on nest donc pas absolu-

FIG 7 - BAS-RELI E f DU BRITISH MUSEU~I PROV ENANT

DE CALU (Aslirnazirpa l)

ment sucircr quil sagisse du Phenix dactylifera ou dattier E t dans la figuration peinte ou plutocirct dans les scegravenes composeacutees de briques de faiumlence colorieacutees que constatonsshynous Larbre est tellement styliseacute que seules la forme et la chu te de ses feuilles indiquent le palmier 1 T ou tefois ici il eSt associeacute agrave une baie g lobuleuse surmonteacutee de trois feuilles qui ressemblent agrave la grenade Dans la Porte Gurgurri 2 on a deacutecouvert une applique murale en ceacuteramique colorieacutee ougrave cette pseudo-grenade est associeacutee au cocircne mais les deux motifs sont fixeacutes sur les volutes gui composent dordinaire le palshymier Styliseacute En dautres mots la fantaisie explique sinon justifie lemploi des sujets les plus disparates Ce gui nempecircche pas gue le palmier soit quelquefois reproduit er reconnaissable agrave son reacutegime 3 et mecircme sans son reacutegime 4 La peinture sur faiumlence nous eSt donc encore dun secours moindre que la g lyptique pour deacuteterminer la plante qui figure dans la main gauche cie notre pershysonnage (0-48) Celle-ci a-t-elle eacuteteacute repreacuteshysenteacutee sur les gravures

Heacutelas les repreacutesentations graveacutees en som tregraves rares La seule qui puisse nous eacuteclairer - et encore -- constitue une copie exacte compte tenu cles exigences de la matiegravere de la surface du meacutetier et de loutillage des grandes sculptures deacutejagrave mentionneacutees agrave partir du rxe siegravecle arbre sacreacute Stylishysation clu palmier devant lequel deux geacutenies aileacutes son t posteacutes tenant dans le bras loffrande (cervicleacute ou (aprideacute) et clans la main correspondante la plante ou le rameau dont seacutechappent trois fruits 5

Ceux-ci ressemblent agrave la grenade car ils se

1 Ex de Nimrud Photo ManseJJ na 575 clicheacute 3630 2 W ANDRAE Fes ful1jSlIerke 1913 pl LXXXIl

Wiss Ver D O G na 23 3 Par ex Yi A ND RAE ASnr Farbige Keramik

[92 3 pl Il 4 Ibid plJ 1II-1 V XI-XIV XIX-XXlI etc 1 H eJcna CARNEGIE Cataloue Colcctioll Alltique

GelJlJ JOlltberk r II 1908 pl VII Qc 14 DECLERcQ nO 343 accompagneacute dun precirctre dEa Pennsylvan ia na 59 I

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 133

composent du corps g lobulaire surmonteacute de trois traits (carpelles) Nous en verrons plus loin la nature Remarquons encore quagrave la diffeacuterence des fruits de nos basshyreliefs ceux-ci se redressent au lieu de penshydre ce deacutetail na pas assez dimportance pour innrmer lopinion quils sont idenshytiques aux fruits sculpteacutes Comme il sagit dune piegravece de dimensions minimes le grashyveur na pas pu indiquer au-dessous du corps globulaire un leacuteger bourrelet netteshyment visible sur les sculptures et auquel nous attachons une importance capitale

Revenons donc agrave nos sculptures et demandons-nous ennn SI le fruit de notre personnage est une ngue ou une g renade Fig ue (ncus carica) Non car sa forme est plutocirct ovale ct sa feuille plutocirct heacutemispheacuteshyrigue ni lune ni lautre ne peuvent ecirctre compa reacutees agrave no tre fruit J

Grenade Peut-ecirctre car son corps globushylaire est surmonteacute de pointes-feu illes termishynales Or de leacutepoque dAsurnazirpal pour ne citer gue les œuvres du British Museum (op cit) il y a plusieurs repreacutesentations dun fruit semblable toutes conventionnelles ou scheacutematiques excepteacute la derniegravere soit la branche portant des rosaces donc un attrishybut purement arbitraire 2 et mecircme celles-ci compleacuteteacutees par trois feuilles pointues qui rappellent des brindilles 3 ou enfin la forme qui se rapproche le plus de la grenade (pl 48) au corps spheacuterique combleacute de traits qui simulent leacutecorce et surmonteacute de

l Voir les reliefs du palais de Sinacheri b PATElSON op cil pl 32-5 les meacutemes feuilles et un fruit spheacuterique sur larbrisseau tableau d e faiumlence il Khorsabad PLACE N inive el lAssyrie 1867 t Ill pl 3

2 1914 PI 38 Fig VII Par mesu re de prudence faisons ici unc objeaion on pourrait opiner que la branche porte par exemple des paVOis vus de desJls el styliseacutes en forme de rOsace LAYAR D Nin Il pl V 1 pl XXX VIlb XXXVlllb Cette sectlylisation nous paraicirc t dautant moins vraisemblable que la rosace SC rt agrave deacuteco rer dautres ob jets ougrave toute ideacutee de fig uration du pavot eSt agrave priori absente comme sur le sectlick d e Assyr Jcupl Br Mils 1914 rI XXXIV

3 PI XXXVI XXX1X Cf GADD The llones of Ass)ria 19 36 pl 5 geacuten ies aileacutes de maintien identique ct tenant la branche agrave 2-3 rosaces ct brindilles CalaQ

trois pointes qui scheacutematisent lextreacutemiteacute des feuilles Ce dernier exemple a sans doute servi de modegravele pendant lexeacutecution des

FIG 8 - BAS-RELIEF DU FlTTS WILLIAmiddotr M USEurshy

CAM BltlDGE PROVENANT DE CArA~ (AsurnazirpaJ)

trois œuvres du vrrre siegravecle mais ougrave le fruit est reSteacute agrave leacutetat de scheacutema jpregraves examen ces derniers exemples ne peuvent en auCtin cas figurer fa grenade 4 parce que celle-ci sattache directement au rameau et t( seule raquo alors que nous avons ici troir fruits produits par

4middot Con Ira H DANTH1NE op cit pp 132 133fig909 915916922 ct N ell P ERROT Ba1) oniaca t X VIf 1937 pp 114-5 fig 98 100 104 qui y reconnaissen t des grenades

134 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

une seule tige 1 La confirmation sen trouve aiseacutement sur les mecircmes bas-reliefs qui figurent le grenadier

Voici dabord dans le palais de Kuyunshydjik les grenadiers avec ou sans fruits planches VII agrave IX XII XIV agrave XX XXXII agrave XXXV etc Et soulignons maintenant quelques-unes de ses ressemblances Cest le fruit dun arbrisseau tandis que le dattier atteint une hauteur consideacuterable fidegravele-

J Le geacutenie de Berlin (GADD op cil pl 1) ti ent un rameau agrave quatre fruit s Le roi (LAYARD N iniveb t T pl XXXVllIb) cn a cinq montant tous de la mecircme tige

FIG 9 - nAS-R E IEF DU BRITISH MUSEUM PROVENAN T

D E CALA) (ASurnazirpal)

ment observeacutee sur les sculptures La base spheacuterique est couronneacutee de trois points correspondant aux carpelles qui constituent leacutecorce et qui sont toujours visibles sur les sculptures au nombre de trois au mJins 2

Mais le grenadier ressemble encore sur les sculptures agrave la vigne par la dimension minime (en comparaison de celle du palshymier) de sorte que la forme du fruit seule conStitue une diffeacuterence qui ne trompe

pas baie spheacuterique pour la grenade grappe pour la vigne A Kuyundjik il y en a de bons exemples 3 qui montrent les plantes associeacutees dans les mecircmes paysages Lassoshyciation de la grenade de la vigne et du pin se preacutesente aussi 4 Ici les branches montent presque directement en partant du tronc agrave la diffeacuterence du palmier qui a les branches plus deacuteveloppeacutees en largeur

Les sculptures du IXe siegravecle connaissent eacutegalement la vigne mais non associeacutee agrave dautres plantes

Si la grappe de raisn peut ecirctre facilement confondue avec le reacutegime de dattes il existe heureusement une scegravene ougrave les fruits sont repreacutesenteacutes si clairement que leur confusion est impossiblel sagit du cortegravege de servants apportant les eacuteleacutements dun feStin 6 Outre les jarres dougrave sortent des rameaux fleuris il y a des plateaux portant des dattes des grappes de raisins et des grenadeJ Ici on conState la reacutegulariteacute de la forme conique des reacutegimes laspect plutocirct irreacutegulier des grappes et la forme spheacuterique aux 3 brindilles des grenades Dautres sershyvants tiennent des grenades identiques aux preacuteceacutedentes mais enfileacutees 7

Les formes repreacutesenteacutees dans ce fragshy

2 Voir pl XLVIII de AH)r Sculpllres 1914 rI gtOJmiddotSUgrave1l

3 PATERSON op cil pl XVI il XX XXII XXXI il XXXV LXVIIJ LXXI il LXXVI LXXXVIII XCVIII

4 Planches XVI agrave XX XXIV XXXI-III ere

lmiddot A S-Dr Sculptures 19 [4 pl XVII 6 PATERSON op cil plI LXXXVIII-LXXXIX ou

A syr Setpl British Museum 938 pl LXVIII 7 Ibid pl LXXXIX

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 135

ment de la scegravene du festin se diStinguent toutes par leur netteteacute il serait difficile de sy meacuteprendre Remarquons encore que certains servants portent des rameaux feuilshylus sans fruits les relegravevent mecircme comme sils voulaient les agiter agrave linstar dun chasse-mouche Mais il eSt eacutevident que ces rameaux ne ressemblent en rien agrave celui du Catalogue de 1864 T out au plus peut-on eStimer que les feuilles servaient agrave couvrir et agrave proteacuteger les comestibles contre la poussiegravere et toutes bes tio les usage qui nest pas encore perdu aujourdhui en Orient et chez nous

Enfin attirons lattention sur les deux dignitaires qui tiennent agrave la hauteur des yeux un fruit allongeacute conique surmoLteacute de feuillegt au corps rayeacute de traits reacuteguliers et fixeacute sur une tige On serait tenteacute dy reconnaicirctre un des fruits mentionneacutes plus haut plus ou moins Sty li seacute si laspect geacute neacuteshyral ne se rapprochait pas davantage dun fruit de la famille des bromeacuteliaceacutees dont la fleur est disposeacutee en eacutepi dont le frui t est un laquo syncarpe formeacute des ovaires et de bracshyteacutees devenus charnus et soudeacutes pour conStituer une masse ovoiumlde surmonteacutee dun bouquet de bracteacutees foliaceacutees)) et dont le nom le plus reacutepandu est lananas Sil en est ainsi ce fruit ne peut constituer un terme de comparaison avec reacutegimes de dattes grenades e t cocircnes dautant plus quon le trouve surtou t dans les reacutegions tropica les (Ameacuterique) Bref des comparaishySOnS preacuteceacutedentes nous pouvons admettre agrave priori que les fruits des jigunf 2 cl 6 Ile repreacutesentent pas la grenade Cette preacutesomption devient une certitude si nous nous souveshynons que sous le corps globulaire il existe un bourrelet par lequel le globe se rattache agrave la tige et que la grenade se soude directeshyment au rameau isoleacutement et non comme sur les figures 2-6 accompagneacutee de plushysieurs autres speacutecimens formant avec la tige un ensemble inteacutegral

Sil ne sagit pas clune varieacuteteacute il est

certain que le fruit des figures 2-6 rentre dans la famille des papaveacuteraceacutees Celles-ci produisent un fruit en forme de capsule

FIG 10 - Dimiddot il OF NORE BAS-lŒLlI3F (048)

o blongue et raccordeacutee agrave la tige au-dessus dun bourrelet Le corps globuleux est glabre mais pour en extraire le suc il faut y pratishyquer des entailles Ces derniegraveres pourraient ecirctre repreacutesenteacutees de faccedilon scheacutematique sur la planche XLVIII (Assyr Jculpt 1914)

Nou s aurions donc agrave faire avec un genre de coquelicot ou de pavot noms vulgaires du papaver somniferum ou de son voisin le papaver setigerum 1 Les fruits de cette

) Alphonse DE CANOOLE ()rilt~ines des piailles Cfltishydes 1883 pp 319-0

13 6 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164

Page 13: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 133

composent du corps g lobulaire surmonteacute de trois traits (carpelles) Nous en verrons plus loin la nature Remarquons encore quagrave la diffeacuterence des fruits de nos basshyreliefs ceux-ci se redressent au lieu de penshydre ce deacutetail na pas assez dimportance pour innrmer lopinion quils sont idenshytiques aux fruits sculpteacutes Comme il sagit dune piegravece de dimensions minimes le grashyveur na pas pu indiquer au-dessous du corps globulaire un leacuteger bourrelet netteshyment visible sur les sculptures et auquel nous attachons une importance capitale

Revenons donc agrave nos sculptures et demandons-nous ennn SI le fruit de notre personnage est une ngue ou une g renade Fig ue (ncus carica) Non car sa forme est plutocirct ovale ct sa feuille plutocirct heacutemispheacuteshyrigue ni lune ni lautre ne peuvent ecirctre compa reacutees agrave no tre fruit J

Grenade Peut-ecirctre car son corps globushylaire est surmonteacute de pointes-feu illes termishynales Or de leacutepoque dAsurnazirpal pour ne citer gue les œuvres du British Museum (op cit) il y a plusieurs repreacutesentations dun fruit semblable toutes conventionnelles ou scheacutematiques excepteacute la derniegravere soit la branche portant des rosaces donc un attrishybut purement arbitraire 2 et mecircme celles-ci compleacuteteacutees par trois feuilles pointues qui rappellent des brindilles 3 ou enfin la forme qui se rapproche le plus de la grenade (pl 48) au corps spheacuterique combleacute de traits qui simulent leacutecorce et surmonteacute de

l Voir les reliefs du palais de Sinacheri b PATElSON op cil pl 32-5 les meacutemes feuilles et un fruit spheacuterique sur larbrisseau tableau d e faiumlence il Khorsabad PLACE N inive el lAssyrie 1867 t Ill pl 3

2 1914 PI 38 Fig VII Par mesu re de prudence faisons ici unc objeaion on pourrait opiner que la branche porte par exemple des paVOis vus de desJls el styliseacutes en forme de rOsace LAYAR D Nin Il pl V 1 pl XXX VIlb XXXVlllb Cette sectlylisation nous paraicirc t dautant moins vraisemblable que la rosace SC rt agrave deacuteco rer dautres ob jets ougrave toute ideacutee de fig uration du pavot eSt agrave priori absente comme sur le sectlick d e Assyr Jcupl Br Mils 1914 rI XXXIV

3 PI XXXVI XXX1X Cf GADD The llones of Ass)ria 19 36 pl 5 geacuten ies aileacutes de maintien identique ct tenant la branche agrave 2-3 rosaces ct brindilles CalaQ

trois pointes qui scheacutematisent lextreacutemiteacute des feuilles Ce dernier exemple a sans doute servi de modegravele pendant lexeacutecution des

FIG 8 - BAS-RELIEF DU FlTTS WILLIAmiddotr M USEurshy

CAM BltlDGE PROVENANT DE CArA~ (AsurnazirpaJ)

trois œuvres du vrrre siegravecle mais ougrave le fruit est reSteacute agrave leacutetat de scheacutema jpregraves examen ces derniers exemples ne peuvent en auCtin cas figurer fa grenade 4 parce que celle-ci sattache directement au rameau et t( seule raquo alors que nous avons ici troir fruits produits par

4middot Con Ira H DANTH1NE op cit pp 132 133fig909 915916922 ct N ell P ERROT Ba1) oniaca t X VIf 1937 pp 114-5 fig 98 100 104 qui y reconnaissen t des grenades

134 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

une seule tige 1 La confirmation sen trouve aiseacutement sur les mecircmes bas-reliefs qui figurent le grenadier

Voici dabord dans le palais de Kuyunshydjik les grenadiers avec ou sans fruits planches VII agrave IX XII XIV agrave XX XXXII agrave XXXV etc Et soulignons maintenant quelques-unes de ses ressemblances Cest le fruit dun arbrisseau tandis que le dattier atteint une hauteur consideacuterable fidegravele-

J Le geacutenie de Berlin (GADD op cil pl 1) ti ent un rameau agrave quatre fruit s Le roi (LAYARD N iniveb t T pl XXXVllIb) cn a cinq montant tous de la mecircme tige

FIG 9 - nAS-R E IEF DU BRITISH MUSEUM PROVENAN T

D E CALA) (ASurnazirpal)

ment observeacutee sur les sculptures La base spheacuterique est couronneacutee de trois points correspondant aux carpelles qui constituent leacutecorce et qui sont toujours visibles sur les sculptures au nombre de trois au mJins 2

Mais le grenadier ressemble encore sur les sculptures agrave la vigne par la dimension minime (en comparaison de celle du palshymier) de sorte que la forme du fruit seule conStitue une diffeacuterence qui ne trompe

pas baie spheacuterique pour la grenade grappe pour la vigne A Kuyundjik il y en a de bons exemples 3 qui montrent les plantes associeacutees dans les mecircmes paysages Lassoshyciation de la grenade de la vigne et du pin se preacutesente aussi 4 Ici les branches montent presque directement en partant du tronc agrave la diffeacuterence du palmier qui a les branches plus deacuteveloppeacutees en largeur

Les sculptures du IXe siegravecle connaissent eacutegalement la vigne mais non associeacutee agrave dautres plantes

Si la grappe de raisn peut ecirctre facilement confondue avec le reacutegime de dattes il existe heureusement une scegravene ougrave les fruits sont repreacutesenteacutes si clairement que leur confusion est impossiblel sagit du cortegravege de servants apportant les eacuteleacutements dun feStin 6 Outre les jarres dougrave sortent des rameaux fleuris il y a des plateaux portant des dattes des grappes de raisins et des grenadeJ Ici on conState la reacutegulariteacute de la forme conique des reacutegimes laspect plutocirct irreacutegulier des grappes et la forme spheacuterique aux 3 brindilles des grenades Dautres sershyvants tiennent des grenades identiques aux preacuteceacutedentes mais enfileacutees 7

Les formes repreacutesenteacutees dans ce fragshy

2 Voir pl XLVIII de AH)r Sculpllres 1914 rI gtOJmiddotSUgrave1l

3 PATERSON op cil pl XVI il XX XXII XXXI il XXXV LXVIIJ LXXI il LXXVI LXXXVIII XCVIII

4 Planches XVI agrave XX XXIV XXXI-III ere

lmiddot A S-Dr Sculptures 19 [4 pl XVII 6 PATERSON op cil plI LXXXVIII-LXXXIX ou

A syr Setpl British Museum 938 pl LXVIII 7 Ibid pl LXXXIX

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 135

ment de la scegravene du festin se diStinguent toutes par leur netteteacute il serait difficile de sy meacuteprendre Remarquons encore que certains servants portent des rameaux feuilshylus sans fruits les relegravevent mecircme comme sils voulaient les agiter agrave linstar dun chasse-mouche Mais il eSt eacutevident que ces rameaux ne ressemblent en rien agrave celui du Catalogue de 1864 T out au plus peut-on eStimer que les feuilles servaient agrave couvrir et agrave proteacuteger les comestibles contre la poussiegravere et toutes bes tio les usage qui nest pas encore perdu aujourdhui en Orient et chez nous

Enfin attirons lattention sur les deux dignitaires qui tiennent agrave la hauteur des yeux un fruit allongeacute conique surmoLteacute de feuillegt au corps rayeacute de traits reacuteguliers et fixeacute sur une tige On serait tenteacute dy reconnaicirctre un des fruits mentionneacutes plus haut plus ou moins Sty li seacute si laspect geacute neacuteshyral ne se rapprochait pas davantage dun fruit de la famille des bromeacuteliaceacutees dont la fleur est disposeacutee en eacutepi dont le frui t est un laquo syncarpe formeacute des ovaires et de bracshyteacutees devenus charnus et soudeacutes pour conStituer une masse ovoiumlde surmonteacutee dun bouquet de bracteacutees foliaceacutees)) et dont le nom le plus reacutepandu est lananas Sil en est ainsi ce fruit ne peut constituer un terme de comparaison avec reacutegimes de dattes grenades e t cocircnes dautant plus quon le trouve surtou t dans les reacutegions tropica les (Ameacuterique) Bref des comparaishySOnS preacuteceacutedentes nous pouvons admettre agrave priori que les fruits des jigunf 2 cl 6 Ile repreacutesentent pas la grenade Cette preacutesomption devient une certitude si nous nous souveshynons que sous le corps globulaire il existe un bourrelet par lequel le globe se rattache agrave la tige et que la grenade se soude directeshyment au rameau isoleacutement et non comme sur les figures 2-6 accompagneacutee de plushysieurs autres speacutecimens formant avec la tige un ensemble inteacutegral

Sil ne sagit pas clune varieacuteteacute il est

certain que le fruit des figures 2-6 rentre dans la famille des papaveacuteraceacutees Celles-ci produisent un fruit en forme de capsule

FIG 10 - Dimiddot il OF NORE BAS-lŒLlI3F (048)

o blongue et raccordeacutee agrave la tige au-dessus dun bourrelet Le corps globuleux est glabre mais pour en extraire le suc il faut y pratishyquer des entailles Ces derniegraveres pourraient ecirctre repreacutesenteacutees de faccedilon scheacutematique sur la planche XLVIII (Assyr Jculpt 1914)

Nou s aurions donc agrave faire avec un genre de coquelicot ou de pavot noms vulgaires du papaver somniferum ou de son voisin le papaver setigerum 1 Les fruits de cette

) Alphonse DE CANOOLE ()rilt~ines des piailles Cfltishydes 1883 pp 319-0

13 6 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164

Page 14: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

134 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

une seule tige 1 La confirmation sen trouve aiseacutement sur les mecircmes bas-reliefs qui figurent le grenadier

Voici dabord dans le palais de Kuyunshydjik les grenadiers avec ou sans fruits planches VII agrave IX XII XIV agrave XX XXXII agrave XXXV etc Et soulignons maintenant quelques-unes de ses ressemblances Cest le fruit dun arbrisseau tandis que le dattier atteint une hauteur consideacuterable fidegravele-

J Le geacutenie de Berlin (GADD op cil pl 1) ti ent un rameau agrave quatre fruit s Le roi (LAYARD N iniveb t T pl XXXVllIb) cn a cinq montant tous de la mecircme tige

FIG 9 - nAS-R E IEF DU BRITISH MUSEUM PROVENAN T

D E CALA) (ASurnazirpal)

ment observeacutee sur les sculptures La base spheacuterique est couronneacutee de trois points correspondant aux carpelles qui constituent leacutecorce et qui sont toujours visibles sur les sculptures au nombre de trois au mJins 2

Mais le grenadier ressemble encore sur les sculptures agrave la vigne par la dimension minime (en comparaison de celle du palshymier) de sorte que la forme du fruit seule conStitue une diffeacuterence qui ne trompe

pas baie spheacuterique pour la grenade grappe pour la vigne A Kuyundjik il y en a de bons exemples 3 qui montrent les plantes associeacutees dans les mecircmes paysages Lassoshyciation de la grenade de la vigne et du pin se preacutesente aussi 4 Ici les branches montent presque directement en partant du tronc agrave la diffeacuterence du palmier qui a les branches plus deacuteveloppeacutees en largeur

Les sculptures du IXe siegravecle connaissent eacutegalement la vigne mais non associeacutee agrave dautres plantes

Si la grappe de raisn peut ecirctre facilement confondue avec le reacutegime de dattes il existe heureusement une scegravene ougrave les fruits sont repreacutesenteacutes si clairement que leur confusion est impossiblel sagit du cortegravege de servants apportant les eacuteleacutements dun feStin 6 Outre les jarres dougrave sortent des rameaux fleuris il y a des plateaux portant des dattes des grappes de raisins et des grenadeJ Ici on conState la reacutegulariteacute de la forme conique des reacutegimes laspect plutocirct irreacutegulier des grappes et la forme spheacuterique aux 3 brindilles des grenades Dautres sershyvants tiennent des grenades identiques aux preacuteceacutedentes mais enfileacutees 7

Les formes repreacutesenteacutees dans ce fragshy

2 Voir pl XLVIII de AH)r Sculpllres 1914 rI gtOJmiddotSUgrave1l

3 PATERSON op cil pl XVI il XX XXII XXXI il XXXV LXVIIJ LXXI il LXXVI LXXXVIII XCVIII

4 Planches XVI agrave XX XXIV XXXI-III ere

lmiddot A S-Dr Sculptures 19 [4 pl XVII 6 PATERSON op cil plI LXXXVIII-LXXXIX ou

A syr Setpl British Museum 938 pl LXVIII 7 Ibid pl LXXXIX

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 135

ment de la scegravene du festin se diStinguent toutes par leur netteteacute il serait difficile de sy meacuteprendre Remarquons encore que certains servants portent des rameaux feuilshylus sans fruits les relegravevent mecircme comme sils voulaient les agiter agrave linstar dun chasse-mouche Mais il eSt eacutevident que ces rameaux ne ressemblent en rien agrave celui du Catalogue de 1864 T out au plus peut-on eStimer que les feuilles servaient agrave couvrir et agrave proteacuteger les comestibles contre la poussiegravere et toutes bes tio les usage qui nest pas encore perdu aujourdhui en Orient et chez nous

Enfin attirons lattention sur les deux dignitaires qui tiennent agrave la hauteur des yeux un fruit allongeacute conique surmoLteacute de feuillegt au corps rayeacute de traits reacuteguliers et fixeacute sur une tige On serait tenteacute dy reconnaicirctre un des fruits mentionneacutes plus haut plus ou moins Sty li seacute si laspect geacute neacuteshyral ne se rapprochait pas davantage dun fruit de la famille des bromeacuteliaceacutees dont la fleur est disposeacutee en eacutepi dont le frui t est un laquo syncarpe formeacute des ovaires et de bracshyteacutees devenus charnus et soudeacutes pour conStituer une masse ovoiumlde surmonteacutee dun bouquet de bracteacutees foliaceacutees)) et dont le nom le plus reacutepandu est lananas Sil en est ainsi ce fruit ne peut constituer un terme de comparaison avec reacutegimes de dattes grenades e t cocircnes dautant plus quon le trouve surtou t dans les reacutegions tropica les (Ameacuterique) Bref des comparaishySOnS preacuteceacutedentes nous pouvons admettre agrave priori que les fruits des jigunf 2 cl 6 Ile repreacutesentent pas la grenade Cette preacutesomption devient une certitude si nous nous souveshynons que sous le corps globulaire il existe un bourrelet par lequel le globe se rattache agrave la tige et que la grenade se soude directeshyment au rameau isoleacutement et non comme sur les figures 2-6 accompagneacutee de plushysieurs autres speacutecimens formant avec la tige un ensemble inteacutegral

Sil ne sagit pas clune varieacuteteacute il est

certain que le fruit des figures 2-6 rentre dans la famille des papaveacuteraceacutees Celles-ci produisent un fruit en forme de capsule

FIG 10 - Dimiddot il OF NORE BAS-lŒLlI3F (048)

o blongue et raccordeacutee agrave la tige au-dessus dun bourrelet Le corps globuleux est glabre mais pour en extraire le suc il faut y pratishyquer des entailles Ces derniegraveres pourraient ecirctre repreacutesenteacutees de faccedilon scheacutematique sur la planche XLVIII (Assyr Jculpt 1914)

Nou s aurions donc agrave faire avec un genre de coquelicot ou de pavot noms vulgaires du papaver somniferum ou de son voisin le papaver setigerum 1 Les fruits de cette

) Alphonse DE CANOOLE ()rilt~ines des piailles Cfltishydes 1883 pp 319-0

13 6 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164

Page 15: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE 135

ment de la scegravene du festin se diStinguent toutes par leur netteteacute il serait difficile de sy meacuteprendre Remarquons encore que certains servants portent des rameaux feuilshylus sans fruits les relegravevent mecircme comme sils voulaient les agiter agrave linstar dun chasse-mouche Mais il eSt eacutevident que ces rameaux ne ressemblent en rien agrave celui du Catalogue de 1864 T out au plus peut-on eStimer que les feuilles servaient agrave couvrir et agrave proteacuteger les comestibles contre la poussiegravere et toutes bes tio les usage qui nest pas encore perdu aujourdhui en Orient et chez nous

Enfin attirons lattention sur les deux dignitaires qui tiennent agrave la hauteur des yeux un fruit allongeacute conique surmoLteacute de feuillegt au corps rayeacute de traits reacuteguliers et fixeacute sur une tige On serait tenteacute dy reconnaicirctre un des fruits mentionneacutes plus haut plus ou moins Sty li seacute si laspect geacute neacuteshyral ne se rapprochait pas davantage dun fruit de la famille des bromeacuteliaceacutees dont la fleur est disposeacutee en eacutepi dont le frui t est un laquo syncarpe formeacute des ovaires et de bracshyteacutees devenus charnus et soudeacutes pour conStituer une masse ovoiumlde surmonteacutee dun bouquet de bracteacutees foliaceacutees)) et dont le nom le plus reacutepandu est lananas Sil en est ainsi ce fruit ne peut constituer un terme de comparaison avec reacutegimes de dattes grenades e t cocircnes dautant plus quon le trouve surtou t dans les reacutegions tropica les (Ameacuterique) Bref des comparaishySOnS preacuteceacutedentes nous pouvons admettre agrave priori que les fruits des jigunf 2 cl 6 Ile repreacutesentent pas la grenade Cette preacutesomption devient une certitude si nous nous souveshynons que sous le corps globulaire il existe un bourrelet par lequel le globe se rattache agrave la tige et que la grenade se soude directeshyment au rameau isoleacutement et non comme sur les figures 2-6 accompagneacutee de plushysieurs autres speacutecimens formant avec la tige un ensemble inteacutegral

Sil ne sagit pas clune varieacuteteacute il est

certain que le fruit des figures 2-6 rentre dans la famille des papaveacuteraceacutees Celles-ci produisent un fruit en forme de capsule

FIG 10 - Dimiddot il OF NORE BAS-lŒLlI3F (048)

o blongue et raccordeacutee agrave la tige au-dessus dun bourrelet Le corps globuleux est glabre mais pour en extraire le suc il faut y pratishyquer des entailles Ces derniegraveres pourraient ecirctre repreacutesenteacutees de faccedilon scheacutematique sur la planche XLVIII (Assyr Jculpt 1914)

Nou s aurions donc agrave faire avec un genre de coquelicot ou de pavot noms vulgaires du papaver somniferum ou de son voisin le papaver setigerum 1 Les fruits de cette

) Alphonse DE CANOOLE ()rilt~ines des piailles Cfltishydes 1883 pp 319-0

13 6 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164

Page 16: BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX · derniers, il convient de citer M. Calamatta qui vendit la pièce en décembre . 1854, pour deux cent cinquante francs, au Musée Royal d'Antiquités

13 6 BULLETIN DES MUSEacuteES ROYAUX DART ET DHISTOIRE

espegravece ont deacutejagrave eacuteteacute repeacutereacutes dans les palashyfittes suisses ( eacutep eacuteneacuteolithique) employeacutes comme aliments Il y a pregraves de trois mille ans on les aurait deacutejagrave cultiveacutes en Asie Mineure Pourquoi les sculpteurs assyriens ne les aushyraient-ils pas connus Ils les ont effeaiveshyment connus puisquun modegravele presque parfait en a eacuteteacute graveacute sur un sceau proveshynant de Ninive et qui en reproduit tous les eacuteleacutements conStitutifs la capsule surmonteacutee de trois folioles agrave laquelle adhegraverent encore les seacutepales-peacutetales recouvrant le bourrelet circulaire (Archiv fuumlr Orientfonch V 1928-9 p 228 selon LAYARD Nlontllll Nin II pl LXIX nO 3) Tout nous inciterait donc agrave reconnaicirctre sur nos figures 2-6 une varieacuteteacute de cette espegravece si un fait deacuteterminant ne sy opposait Les papaveacuteraceacutees ont ri l OU

12 centimegravetre de distance sous la capsule une soudure dont la section est netteshy

ment l curviligne I=t tandis que nos

figures montrent un bourrelet directement rattacheacute agrave la capsule et ce bourrelet prend laspeB dune bande rectangulaire En dautres mots la soudure du pavot est le

~ dernier teacutemoin des seacutepales-peacutetales

tombeacutes avant la maturiteacute du fruit tandis que le bourrelet de nos figures ne selllbie pas - ou ne petit pas ecirctre - le reste de ces eacuteleacutements tombeacutes

Y aurait-il une raison ressortissant agrave la technique ou une convention lineacuteaires qui justifient lerreur commise laquo reacuteguliegraverement Il

par les sculpteurs Auraient-ils volontaishyrement confondu la grenade (Assyr Sculpt

1914 pl XLVIII) avec le pavot en reshypreacutesentant une forme hybride dont les deacuteshytails appartiennen t aux deux plan tes comme ils lont fait si souvent pour les espegraveces comshypareacutees p 134 Faut-il simplement admettre - comme nous le ficircmes plus haut - que ces laquo pavots raquo des figures 2-6 sont encore inacheveacutes ce qui nous interdit de preacutejuger de leur aspect deacutefinitif

Nous vicircmes page 1 29 que certains officiants tenant lattribut essentiel de leur fonction ou linstrument de leur acte tenaient dans lautre main un objet accesshysoire (fleur ou fruit) Si notre interpreacutetation eacutetait trop absolue si cet accessoire eacutetait reacuteellement indispensable et enfin en admetshytant que nos figures 2-6 repreacutesentent des capsules dune varieacuteteacute de pavots il resterait en tous cas une question agrave reacutesoudre agrave savoir si loffrande deacutecrite plus haut eacutetait accompagneacutee en Assyrie entre les IXe et vne siegravecles des fruits dont on preacuteparait le breuvage narcotique ou dont on se servait dans lalimentation

Les Anciens ont connu lusage des boisshysons alcooliseacutees l provenant de la fermentashytion des fruits dattes raisins grenades pour ne citer que ceux-ci Ont-ils connu lextraction du suc de la capsule mentionneacutee) Si oui mais ce point reste agrave eacutetablir dans une eacutetude compleacutementaire ils ont aussi employeacute le Suc en question dans certains rites et notamment dans loffrande dont un seul acteur nous occupait

Louis SPELEERS

1 Voir pour S U~IEH Zdrcbl f AS~)lio t XXXIX I930 pp I46-164