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 21/2/2015 Tobi e Nathan: "cor ps d' humai n, cor ps de dj i nn" http://www.ethnopsychi atr i e.net/actu/dj inn.htm 1/18  Corps d'humains // corps de djinns  Tobie Nathan [1]  Observation n°1 : Un étranger dans la maison [2] D’entrée, après quelques minutes d’entretien, les parents nous brossent un tableau de la situation. Souleyman, l’aîné des enfants, serait possédé par une djenneya – une femme- djinn qui le distrait sans cesse, l’empêchant d’étudier, qui verse sur lui de l’urine et des matières fécales ou, quelquefois, lui presse les entrailles afin de le faire lui-même uriner ou déféquer, n’importe où, n’importe quand. Elle lui modifie son comportement, l’incitant à commettre des dépradations ou à se montrer agressif envers d’autres enfants ou envers sa propre famille – "elle le contraint à courir et à taper sur les voitures…", dit le père. Elle le réveille en pleine nuit pour le menacer. Elle lui parle également et il l’entend dans sa tête et parfois dans ses oreilles. Elle commet elle-même des détériorations. Elle fait couler de l’urine ou des matières fécales du  plafond, déplac e la télévision en pleine nuit, cache des chaises ou les brise. Elle se présente également aux autres membres de la famille. La maman l’a déjà vue en rêve. Quant aux autres enfants, Leïla et Chams, ils commencent à leur tour à être perturbés par la djenneya . Leïla : _ je vois des fois des yeux, des lunettes ; des fois je vois un homme… Depuis le début de ces manifestations, les parents ont consulté un très grand nombre de guérisseurs, tant maghrébins que français. Ils ont également fait appel à la psychiatrie et aux services sociaux avant, finalement, et en désespoir de cause, de s’adresser à la justice. M. ´Hok : _ … le satan de mon fils s’est manifesté… l'enfant il faisait peur… Un français magnétiseur a dit je sens qu'il y a quelqu'un sur ses nerfs. Après l’intervention du magnétiseur, l'enfant est devenu normal. Puis, il y avait des traces à la maison, de l'eau sur les murs, autour des WC… un jour, dans la classe il y avait de l'urine par terre… Le maître a dit à l'enfant c'est toi ? J'ai fait l'enquête l'enfant 

Tobie Nathan corps d'Humain, Corps de Djinn

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corps d'Humain, Corps de DjinnTobie Nathan

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  • 21/2/2015 TobieNathan:"corpsd'humain,corpsdedjinn"

    http://www.ethnopsychiatrie.net/actu/djinn.htm 1/18

    Corpsd'humains//corpsdedjinns

    TobieNathan[1]

    Observationn1:Untrangerdanslamaison[2]Dentre,aprsquelquesminutesdentretien, lesparentsnousbrossent un tableau de la situation. Souleyman, lan desenfants,seraitpossdparunedjenneyaunefemmedjinnqui ledistrait sanscesse, lempchant dtudier, qui verse surluidelurineetdesmatiresfcalesou,quelquefois,luipresseles entrailles afin de le faire luimme uriner ou dfquer,nimporteo,nimportequand.

    Elle luimodifie son comportement, lincitant commettre desdpradationsou semontrer agressif enversdautresenfantsou envers sa propre famille "elle le contraint courir et tapersurlesvoitures",ditlepre.

    Elle le rveille en pleine nuit pour le menacer. Elle lui parlegalement et il lentend dans sa tte et parfois dans sesoreilles.

    Elle commet ellemme des dtriorations. Elle fait couler delurineoudesmatiresfcalesduplafond,dplacelatlvisionenpleinenuit,cachedeschaisesoulesbrise.Elleseprsentegalement aux autres membres de la famille. La maman ladjvueenrve.Quantauxautresenfants,LelaetChams,ilscommencentleurtourtreperturbsparladjenneya.

    Lela : _ je vois des fois des yeux, des lunettes desfoisjevoisunhomme

    Depuisledbutdecesmanifestations,lesparentsontconsultun trs grand nombre de gurisseurs, tant maghrbins quefranais. Ils ont galement fait appel la psychiatrie et auxservices sociaux avant, finalement, et en dsespoir de cause,desadresserlajustice.

    M.Hok:_lesatandemonfilssestmanifestl'enfant il faisait peur Un franaismagntiseur adit je sensqu'il y aquelqu'un sur sesnerfs.Aprslintervention du magntiseur, l'enfant est devenunormal.Puis, il yavaitdes traces lamaison, del'eausurlesmurs,autourdesWCunjour,danslaclasse il y avait de l'urine par terre Le matre adit l'enfant c'est toi ? J'ai fait l'enqute l'enfant

    http://www.ethnopsychiatrie.net/TobieNathan.htm

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    avait t travaill par le diable, par le sheytan.Parce quon se demande qui dchire les feuillesMabellesur,elleaconsulton luiaditque lacausedetout,ctait lItalienEn fait, les Italiens,les voisins, avaient fait appel un Malien. Legurisseur marocain a dit "ce n'est pas l'enfant,c'estlediable!Il leprendparlamainetlefrappeavec une lumire blanche. Il faut dire que cetenfant, Dieu le protge Sans cela, il serait djmort depuis longtemps Nous sommes allsconsulterunspcialiste,unfkihmarocain,chezlui,l bas, dans l'Atlas. Il na pas pu faire entrerSouleyman en transe parce quil tait trop jeune.Pourfairesortirlesprit,ilfautqueladjenneyasoitl il n'arrivait pas dclencher la transe pourparleravecladjenneyailaessay,pourtant.

    Daprslafamille,toutauraitcommenccausedunequerellede voisinage. Les locataires de ltage suprieur, une familledorigine italienne faisaient perptuellement du tapage. plusieurs reprises,M.etMmeHok leurauraient demand decesser ce bruit insupportable, obsdant, jour et nuit.Finalement, la famille Hok a port plainte. Les gendarmessontintervenusetlesItaliens,poursevenger,auraientfaitunpremier sort (en arabe shur ) contre Souleyman, un secondcontretoutelafamille.

    Le sort aurait comport lenvoi dun esprit un djinn surSouleyman. Pourquoi sur lui, prcisment ? Pour la simpleraisonquiltaitlaumomentdelagressionsorcire.

    M. Hok : _Mon enfant a t attaqu il avait7ans.Ilvaavoir12ans.Maintenant,ilnetravailleplus l'cole avant il tait premier, maintenantdernier.

    Lesmots

    Djinn : tres surnaturels susceptibles de s'emparer

    du corps et du fonctionnement psychique dunepersonne afin d'obtenir une compensation de la partdeshumains:uneoffrande,unsacrifice,unautel.

    Djinn est un mot arabe provenant dune racineprolifique.

    Lamatrice,janna,voquelidedobscurit,devoile,surtout de dissimulation.Djinn dsigne avant toutechoseun"treinvisible".[3]

    Lepluriel, jenounoujnouna donn junanou jenanquisignifie"lafolie"cartrepris,capturparuntreinvisibleimpliquelalinationdelapersonne.

    Texteparudans"Corps"Prtentaine,,N12/13,Montpellier,mars2000,7190.

    Majnoun signifie tre sous lemprise dun djinn donc, littralement : "endjinn" motgnralementutilispourdsignerlafolie.

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    Cependant,cettemmeracineaproduitdautresmotspermettantdefaireressortirvivementlapolysmieintrinsqueduterme:

    janin,"leftus",sansdoutedufaitquilesttoujourscachoupeuttrelelongdunesortedemtaphore:ledjinncachdanslanuitcommeunftusdanslamatrice

    jnna,"lejardin"

    jennat,"leparadis"

    janan,"lecadavre,letombeau".

    En arabe courant, pour dire fou, on utilise le motmajnoun. Cependant, on peut presqueindifremmentdire:

    majnoun:"prisparundjinn","endjinn"

    madroub:"frapp"[parundjinn]),

    markoub:"mont"[parundjinn]),

    maskoun:"habit"[parundjinn]),

    mamlouk:"possd"ausensol'on"possde", l'onest"propritaire"d'un terrainoud'unappartement[parundjinn]),

    masloukh:"frottjusqu'ausang"[parundjinn]),

    malbouss"port"[parundjinn]commeonenfileunvtement),etc.

    La richesse du vocabulaire dcrivant la relation entre les esprits et les humains suffirait dmontrercombiencetteinterprtationestinvestieparlaculturemaghrbine.Entouttatdecause,l'attaqueparledjinnn'estpasunvnementsimpleetbnficiedanslevocabulaireetdanslespratiquesculturellesd'unsurinvestissementdesignificationsparfoiscontradictoires.Quoiqu'ils vivent dans "le monde de l'envers" la nuit, le dsert, la fort, la brousse, lesordures,lesruines,lescanalisationsd'gout,lesangdesanimauxlesjnounsontl'imagedeshumains:ilenexistedesmlesetdesfemellesilssereproduisentdemaniresexuelle.Toutcommes les humains, ils peuvent avoir une religion. Les jnounmusulmans sont les moinsdangereuxparcequ'onpeutfacilement"ngocier"aveceuxeninvoquantlenomd'Allah.LesChrtiens sont plus difficiles, mais moins que les Juifs qui sont quasiment irrcuprables.Quant aux jnounpaens (kafrin), ce sont les plus craints, car totalement inaccessibles aux"arguments" des humains et les plus violents de tous. Le diagnostic d'existence d'undjinn"kafar"(paen)signaleunegraveinquitudepourlaviedumalade.

    Lesdjinnssontdoncdestresinvisiblesdontlexistenceestlargementadmiseycomprisparleprophtequitentemmedelesconvertir.Envrit,silonanalyselephnomnedunpointde vue historique et culturel, les djinns sont un terme gnrique dsignant sans doute lesdivinitsdespopulationssoumiseslIslamavant leurconversion(unpeucommelediabledsignait lensembledespratiquespaennesdespopulationschristianises). Ilnendemeurepasmoinsqueplusdedouzesiclesplustard,lesdjinnssonttoutaussiprsentsdanslespaysdu Maghreb. Ils servent de matrice dinterprtation aux ngativits de lexistence. Ilsconstituentgalement lmedesprocdures thrapeutiques "traditionnelles".Lamaladie esttrssouventinterprtecommelaconsquencedelactiondecetinvisible,ledjinn,ettraiteselon cette logique. Les mthodes de traitement sont innombrables, cependant quelquesgrandsprincipespeuventtredistingus:

    1. Danslesthrapiescoraniques,lonnepeutenaucunemanirengocieravecledjinn.Ilsagitdanstouslescasdelechasser.Lethrapeute(cheikh,fkih,taleb)prie,appelleDieucontreltreinvisible,limpressionne,lemenace,lebat,afindobtenirsondpart.Lonpourraitassimilercetypedetraitementlexorcismechrtien.

    2. Exemple:MrE.A.(unpatientmaghrbin,dcrivantlessoinsqu'untalebaprodigusonfils):

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    _ilprendlepoucedelenfantetpriejusqu'cequiltombe.IljettedeleauavecleCoransurlafemmeoulhommeetlediablepeutsortir.Ilparleaveclediable.Lediablequiaprismonfilsestallchezlui,pasenrvemaisenrel!Ilestmmeapparumafemmeet luiadit :"Vousavez faitmalmoietlenfant".Ilacommencappelerlessiens,lesautresdiables

    1. Dautrestypesdethrapies,surtoutpratiquesparlesfemmes,cherchentaucontraire"apprivoiser"ledjinn.Lamalade,investieparltreinvisible,peuticitrecompareunelue.Onchercheradonclinitier,engnralauseinduneconfrrie.Danscecas,les patients sont en vrit de futurs voyants quil sagira de prparer au sein decongrgations.Leritethrapeutiqueressembleiciunesortederituelreligieux.

    2. Une troisime catgorie pourrait comporter les thrapeutes qui travaillent avec lesdjinnsetnonpascontreeux.Ceux lont des sortes desprits auxiliaires (galementdjinns ) leur service et les envoient pour lutter ou pour convaincre le djinnresponsabledelamaladiedequitterlemalade.Ilsemblequecesthrapeutescapturentles djinns qui ont rendu la personne malade et les utilisent ensuite leur proprebnfice.

    Lorsque l'ondit"fou"enarabeque l'onutiliseMajnoun , "endjinn",markoub , "mont",madroub,"frapp",maskoun,"habit",mamlouk,"possd",masloukh,"corch",etc,c'esttoutl'universdesinterprtations,desactes,desobjets,despratiques,quiseprofilederrirelemotutilis.

    Ce mot, comme on l'a vu, du fait de ses parents, tablit des ponts smantiques avec desnotionscomme"ftus","mort","cadavre","paradis","jardin"qu'ilnepossdevidemmentpasdansd'autreslangues.

    De plus, tous ces mots vhiculent des nuances, des prcisions, des localisationsgographiques,desappartenances

    Zar:EnEgypteetauSoudan,bienquonlecomprenne,onnutilisepresquejamaislemotdjinn,maispluttafrittouzar leafrittsedistinguantdudjinnpar sa localisation. Il nesagitpas,commeledjinn,duntredesjardins,maisd'untreaquatiquepuisqu'ilsecachedeprfrencedanslestourbillonsduNil.Ilestsansdouteconstitudulimon,dosonnom,sansdouteparentdeaffar,"poussire".

    Quantaumotzar,enarabe,enamharique,enhbreu,lestroislanguessmitiquesapparentesencoreenusagedenosjours,ils'inscrittoujoursdansunechanedesensautourde"ltranger"oudu"visiteur".Iln'estdoncpasindiffrentd'utiliserlesmotsdelasriedjinnetlesmotsdelasriezarpuisque,danschaquecas,ununiversspcifiquesedploieral'arrireplan.

    Shur :Une personne peut tre atteinte par un shur dans sa chair et dans sa capacit penseretceladufaitd'unactedemalveillanceperptrcontreellesoitqu'unjalouxouunenvieuxaitluimmefabriqul'objetmagiqueleshurdestinledtruire,soitqu'ilaitfaitappelun"spcialiste",unsahar,un"sorcier",danscebut.

    Souvent,l'existencedecesobjetsestseulementsuppute,quelquefoisilsexistentrellement,sont retrouvs et prsents au thrapeute qui sait les "dfaire", en annuler l'effet. Lessymptmesd'unetelleatteintepeuventallerdessentimentsd'apathieetdefaiblessejusqu'devritablescrisesdefolie.

    Ainsi,leshurdsignetil la fois l'actiondesorcellerieet l'objetpar l'entremiseduquel le"sorcier"parvientsesfins.Cetobjetestdposdansunendroitdtermin:surleseuildelamaison de la victime, dissimul sous son lit, enseveli sous le chemin qu'il emprunterancessairement,enterrdansuncimetire,accrochunarbredansunendroitdsert, sur lamontagne,utilisenfumigationsoumllanourriture.

    Danstouscescas,leshurpossdeuncertainnombredecaractristiques:ils'agitd'unobjetmanufacturetcompositecommelesplatscuisinsoulesobjetsd'industriemaisdontonnepeutimmdiatementpercevoirlafonction.Quoiquilensoit,son"efficacit",attesteparunnombre infinide tmoignages, est incontestable. Il reste cependant expliciter lemode defonctionnement de ces objets, autrement dit les chemins par lesquels ils agissent sur les

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    personnes.[4]

    La famille Hok, comme trs souvent dans ce genre de situation, a fait appel aux troiscatgoriesdethrapeutes:lesgurisseurscoraniques,leszaouias(congrgations)etceuxquelonpourraitdsignercommeles"sorciers"autrementdit"lesindpendants".

    Lesgurisseurscoraniquessesontrvls,commesouvent,insuffisants.

    CeuxtravaillantencongrgationnesontpasparvenusfaireentrerSouleymanentranse,sansdoute,commeleprciselepre,dufaitdesonjeunege.ToutescestentativesdethrapiesontrevenuestrscherlafamilleM.Hokparledehuitmillions(80000F).

    Ilsembletoutdemmequeladerniretentative,ayantsollicitunthrapeutedelatroisimecatgorie,lindpendantassocidesdjinns,aittplusefficace.Lethrapeuteafaitappelses propresdjinns et leur a ordonn de partir la recherche du sort (shur ) lorigine dudsordre.

    MmeHok:_ilafaitunecriturequilaensuitebrleavecde l'encrefabriqueavecdelalainedemoutonilabrllescrituresjusqu'cequelesdjinnssoientl.Puis,ilsestmisparlerauxjnoun.Ilmadit:"metslamainsurlabassinejecomptejusqu'troisposelamainsurlebassinesitutrouvesquelquechose.Etjaitrouv.Ilasorticetobjet.DansunemanchedetricotdeSouleyman,uncritenrouge,dusangetaussidesmorceauxdeferplis,deuxcrituresdanslamancheonzenoeudssurunfildesoiepourqu'il soitmalade pendant onze ans, paraitilEt un fil de fer en forme decrochetunhameon,quoitoutadansuntricotetdelaterrepardessus,avecdel'herbefraiche

    Legurisseuradonc faitapparatre, sousunebassine,unmorceaude tricot reconnupar lesparentscommeayantappartenuSouleymanassociunesriedobjetsdont lassemblageleurasemblhtroclite.Malgrcettedescriptionextrmementprcise,MmeHokdclarera:

    "jenecroispasceschoseslCelafaittroisansqueloncherche,malgra,l'enfantesttrsmaladelafilleaussi,maintenant"

    Depuis cette dernire intervention, cependant, il semble bien que le comportement deSouleyman se soit notablement amlior. Il parvient se concentrer sur des lectures, il necommetplusdedprdations, lesmanifestations somatiques se fontplus rares ainsique lescrises.

    Laconsultationprsenteicisestdroule,danslargionparisienne,en1999,lademandedunjugedesenfants.Lenfant,dscolaris,commenaitprsenterdegraveshandicaps.Lestentatives de prise en charge psychologique ont systmatiquement t refuses tant parlenfant que par sa famille. Lquipe ducative, charge par le juge dune mesure Aideducativeenmilieuouvert,taitcomprhensiveetouverteauxrevendicationsdelafamille.

    Devantuntelcas,uncliniciensetrouveauxprisesavecplusieursproblmesvidents:

    1. lalanguedespatients2. leuruniversconceptions,raisonnements,certitudes3. la ralit, lacohrenceet lefficacitdeprofessionnelsagissantparalllement lui

    gurisseursfranaisetmaghrbins,tantenFrancequaupays.

    Lethnopsychiatrieestunedisciplinequitentederpondrecesproblmesdordreclinique,tantsurleplanthoriquequetechnique.

    M.Hok,lepredeSouleyman,estletroisimedunefratriedesix.Sonpre,originairedelargiondeDjerba,enTunisie,adabordeuunepremirepousedcdeen laissantun fils.BeaucoupplusgqueM.Hok,cefilsavcuGrenobleilestaujourdhuidcd.M.Hokestdefaitlandelafamille.Ilnapastscolaris,agrandiTunis,sintressantsurtoutausport.Il est arriv enFrance audbutdes annes "60", gdunevingtainedannes. Il estentrenFrancesansaucunpapier.Lorsquilaobtenusanaturalisationfranaiseen1971,ila

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    changsonprnometsefaitdsormaisappelerGeorges.Ilatravaillunequinzainedannesenmcaniqueautomobile.Lorsquelegarageadpossonbilanilsestretrouvauchmage,en1986.

    En1983,M.HokapousTunisKhadidjaqui la rejointenFrance lannesuivante, en1984.Decetteunionsontd'abordnsungaronayantmissamreendangeraumomentdel'accouchement,garondcdpeuaprs sanaissanceetune fillemortene. cettemmepoque, dcde galement le pre de Mr Hok Il na pu se rendre lenterrement, pasdavantageceluidesamre.Lecoupleaconnudesdifficultspouravoirunenfant.M.Hokdiraquesafemmeavaittmalade(attaqueparlilelen).Oncomprendquedansuntelcontexte,lanaissancedeSouleymanaittbienacceuillie.Ilestdcritparsesparentscommeunenfantsansproblmeetdontilstaientfiers.Petit,iltaittoujoursparmilespremiersenclasse,jusqu'cette"attaqueensorcellerie"parcesvoisinsitaliens.Souleymanavait7ans!

    Encoredesmots Khfif[5]Latechniqueduplombfondu

    Dans une petite casserole, la femme faitfondredesmorceauxdeplombprovenantparexemplededbrisdevieux tuyaux.Lorsquelamatire est devenue liquide, elle la versed'un geste brusque dans un rcipient pleind'eau. La vapeur s'chappe dumtal brlanten sifflant et l'on voit le plomb se figer enadoptant des formes tranges, distordues,grimaantes.La femmese saisit du fragmentde plomb saisi, le tourne dans sa main, lemontre la famille alentour et formule unepropositiondutype:"_Vousvoyezl,c'estl'en,"l'il"",montrantunebulled'airfige,brillante un il, assurment ! Elle peutajouterune remarquecomme : " _Regardezl'animal,lVousdevriezoffrirunmouton!"

    Prtentaine,N12/13,Montpellier,mars2000,7190

    L'assistance observe son tour les fragments aux dcoupes insolites. Lesfemmes s'chappent dans des suppositions et ruminent en secret de vieillesrancurs. La voyante ramasse maintenant les scories restes au fond de labassined'eauet lesremetdanssacasserolequ'ellechauffenouveausur sonpetit "campinggaz". Aprs un second "saisissement" du plomb, elle peutapprocherencoreduresponsabledumal:"_C'estunefemmeetellefaitpartiedelafamille.Connaissezvousquelqu'unquisenommeAcha?"

    Quelquefois,leplombrefusedesecompacterets'clateenmyriadesaufonddurcipient. La voyante considre alors gnralement que c'est mauvais signe.Peuttre l'origine du mal n'estelle pas humaine ? Peuttre les djinns, lesesprits de la terre, avaientils quelque raison d'tre en colre contre cettepersonne?

    Curieusement,lafindutraitementquipeutcomporterplusieurssancesfaitesselonlammetechnique,lemaladesesentmieux.Ilseraitnafdepenserquelesoulagementprovientduseulfaitd'identifieruncoupable.Ilyabienpluscarlafabrication de la statuette de plomb, les paroles prononces (imprcations etprires),maisaussilestressollicitscetteoccasion[6]fontquel'objetissudecettesanceconstitueaussiuneagressionsorcirecontrelecoupableprsume.D'ailleurs,cedernierpourra,lasuited'unmalheuroud'unemaladie,s'adressersontouruneautrevoyantequiidentifieral'originedesonmalheur,peuttre

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    l'aide de cette mme technique du plomb fondu. Nous avions un maladeperplexe et l'issue du dispositif, nous trouvons un malade soulag et uncoupable agress son tour en sorcellerie. Il s'agit donc, sur le planmacroscopique,d'unvritablesystmederedistributiondesagressionssorciresselon les lignes de force de la dramaturgie sociale. Du seul fait de sonintroductiondanslesystme,lemaladeestpassdequestionnantensouffranceencommanditaire(plusoumoinsconscient)d'uneagressionsorcire.

    Il arrive qu' l'issue du traitement, le corps du malade vienne confirmer ladivination du plomb. Des femmes peuvent entrer en transe ou clater ensanglots.Jaidcritailleurslecasd'unpatientqui,aprsavoirttraitdecettemanire,avomiunematirenoirtredslasecondesance[7].Lapparitiondelimagedushurdansleplombavaitdclenchlarestitutiondupoisonparlecorps.

    en , "lil" Certaines personnes sont rputes possder descaractristiques impliquant que leur regard pos sur une personne peutdclencherdesdsordres,desmalheurs,desmaladies.Cescaractristiquessontphysiques(ilsagitdela"nature"deleuril).en:"lil",lorganenonpasune mtaphore du regard mauvais, envieux, quoique ce type de notion nepuisse tre totalement exclue, mais lactivit physique de lil metteur desubstances, sorte de bouche oprant distance, susceptible de capturer, dedvorer. Certains yeux, en effet, sont rputs possder des caractristiquesphysiques destructrices indpendantes de la psychologie de lindividu (lesyeuxclairs, surtoutbleus) si bienque londit que lil jet par lamrepourrait atteindre son propre enfant sans que cette mre ne soit jamaissouponne de la moindre pense ambivalente. Cet "oeil" ne pourrait trecomparqulasubstancedesorcelleriese trouvantdans leventredusorcierquelonrencontreenAfriquecentrale,agissantinfailliblementendvorantsavictime, la plupart du temps son insu [8]. Pour se protger de "lil", onprsente des objets ou des gestes apotropaques : desmains, des gestes, desparoles. On crve "lil" apparu dans les figurines de plomb ou dans lufutiliscommeobjetdedivination.

    M.Hoknousapprendaucoursdesconsultationsque sa famille appartient unecongrgationreligieuseetqueluimmeaplusieursfoisdanssavietencontact avec des phnomnes religieux. Il serait une sorte dtre pur, nonsusceptibledtre"mlang","souill"parlecontactavecltranger.Ilestrestclibatairejusqulgedequaranteans,certifienavoirjamaiseuderelationavecune femmeavant sonmariage.Lecouple est ensuite rest striledurantcinq ans. Larrive de lenfant, mais surtout son entre lcole primaire adclenchlinstallationdanslafamilledecettredelautremonde:lafemmedjinn.

    NotonsgalementqueM.Hok,malgrplusdetrentecinqansdeprsenceenFrance,matrisetrsmallalanguefranaisesonpousemoinsencoresibienque ltranger pouvant tre pris pour un semblable (lcole franaise) estmdiatisparuntranger"absolu",untrangerdunautremonde,ladjenneya.

    On peut penser que les enfants, notamment depuis leur accs lcole,deviennentdefaitdessortes"dtrangers".Cestlorsdelaconstitutiondecette"tranget"quintervientladjenneya,contraignantdefaittoutelafamilleunretour aux traditions afin de soigner Souleyman et de remettre la familledaplomb.

    Elleintervientdabordessentiellementdansledomainescolaire,empchantlaprsencedelenfantlcole,amenantmmeladministrationexclurelenfantdelenseignement.Deplus,ladjenneyaportelamarquedelaltrit.On nousprcisera quelle est noire, la moiti de son corps est brl. Dailleurs,lorsquellesemparedelenfant,Souleymaninsultesonpreenfranais:

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    http://www.ethnopsychiatrie.net/actu/djinn.htm 8/18

    M. Hok : lenfantminsulte en franais. La djenneya , ellesappelle Brigitte. Elle a dit quelle avait 800 ans. Elle a ditaussiquelleavaitcinqenfants.Maisellementlesdjinns,ament toujours une autre fois, elle a dit quelle en avaitquatre.

    M.Hokagalementvuundjinn,lorsquiltaitenfant.Ilnousraconte.

    M.Hok:_audpart,oncroyaitpastouta.Depuislemoisde septembre, jai perdu unmillion et demi surmon fils pourquilgurisse.Personnenemaaid,nilesservicessociaux,niles allocations familiales.Cestmoi qui ai port plainte pourmonfils,paslejuge.Ilapeuttremalcomprisconsidrquilsagissait dune mauvaise famille. Mais moi, je nai peur depersonne.Jaivulediablequandjtaispetit,avecdespiedsdemoutons.lamain,ilportaitunehacheenor.Jenaipaspeurparcequecestres,sionneleurfaitpasdemal,ilsnefontpasmal

    Dun point de vue structural, la djenneya reprsente la fois laltrit, lasouillurequenepeutsupporterM.Hokdufaitdelapuretdesanature.Mais,paradoxalement,elledevientgalementceparquoiilorganiselesprocdureslui permettant de retrouver la puret un moment oublie. Depuis tous cesvnements, M. Hok recommence prier, sintresse aux techniquestraditionnelles,necessederentreraupays

    Si lon se place dans le contexte culturel, linterprtation selon laquelleSouleyman aurait t investi par un djinn femme semble pour le moinsinsuffisante. Lon ne comprend ni la raison profonde de lagression, ni lafonctionnalitdecetteinterprtation.Cenestquenconsidrantlidentitetleparcoursdesonprequelonpeutcomprendreunetelle"attaque".CestcommesilafamilleHokdisait:"loindupays,investisparlaltritsoussesformeslesplusdiverses(lcolefranaise,lacohabitationaveclesItaliens,lesMaliens),commenttoutdemmeconserver"unnoyau"intact.

    Si cette interprtation est correcte, on peut facilement en conclure que ladjenneyanecesserasesattaquesquelorsquelcolenemettraplusendangerlenoyauculturelde lafamille.Decepointdevue, il convientdeconsidrer lecoupleM.Hok/Souleymanetnonpaslefilsseul.

    Onvoitbienleffetdelamigrationsurlaconstitutiondunetellepathologie,maisonneparvientpasrellementdmlerlesfils.Onpeutnanmoinsreprercertainsfacteurscontribuantladstabilisationdunefamille:

    1. Lesproblmeslinguistiques2. Lintroduction de ltranget, le plus souvent par lintermdiaires des

    enfants,quilarapportentdeleurexpriencescolaire.3. Ladifficultorganisercorrectementdesenterrementsetdesrituelsde

    deuil[9].4. Ladifficulttrouveretutiliserlesobjetsthrapeutiquesdelasocit

    dorigine

    considrerunetelleobservationclinique,lonseprendpenserquil seraitfacile dappliquer les catgories de la psychopathologie, psychiatrique oupsychanalytiquefacile,certes mais tropfacile, lonyperdrait linspirationmmedelaplaintedecettefamille.Londevraitsacrifiersestres(lesdjinns),sesobjets(lesshur),sestiologies("lil"),sesralits(tousattestentavoirvuladjenneya rejeter ses excrments par le plafond). Si lon se refuse un telsacrifice, commence alors une vritable aventure intellectuelle, celle delethnopsychiatrie.

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    Unenotionindispensable:cellede"nichecologique"

    Maisilnesuffitpasdeclasserlesdsordresplusmme:jeprtendspourmapartquenregardantlespathologies,onnevoitquun10meduproblme.Car,lorsquilexisteundsordredansuneculturedonne,ilsaccompagnetoujoursdtres (les djinns dans le premier exemple), dobjets (les shur), deprofessionnels (les talebs, les fkih, les cheikh),de rseauxdeprofessionnels(congrgations,couvents,lieuxdinitiation),dunelaborationduvocabulairede la langue, si bien que le dsordre seul devient incomprhensible. Cestpourquoi,jesuivraivolontiersHackingdanssapropositiondeconsidrerune"nichecologique"pluttquunsyndrome[10].

    ObservationN2:pousedundjinna[11]

    FamilleB,delanguemalink,migrantsoriginairesdeGuinepour lemari,duMalipourlpouse,sacousine.

    Fatouestunebellejeunefemmelaspectrieur.Elleestgedune trentainedannes et vient demettre aumonde, dansune communede laSeineSaintDenis,soncinquimeenfantunecinquimefille!Dslanaissance,ellenapasvoulummeluijeterunsimpleregard,refusantdeleprendredanssesbrasetlenourrissantaubiberonenletenantdistance.Sesprochesontdabordmiscet trange comportement sur le compte de la fatigue.Dautant que Fatou aprsent desmanifestations surprenantes chacun de ses accouchements.Aumoment de donner un nom pour ltat civil, elle dit : "Linda", son mari :"Ciss". Ils se disputent violemment.Cest finalement le pre qui emporte ladcision la gamine se nommeraCiss.Mais, depuis quelle est sortie de lamaternit, Fatou appelle sa fille : "Djenneba". Le mari insiste, revient lacharge,estmmeprtaccepterlapremireproposition,lanommer"Linda".MaisFatougarde lair absent, ne rpondpas.De temps autres, elle fait des"crises", le dispute violemment, laccuse de vouloir se dbarrasser delle, lefrappe,mme.Elleserendchezlesassistantessocialeset leurfaitpartdesonsouhaitdedivorcer.Elleprtendquilaunematresse,quil lensorcelleavecdes grisgris quil dispose partout dans la maison, quil empoisonne sanourriture. Dans un premier temps, le mari ragit au contenu explicite desaccusations de sa femme, se justifie, fournit des preuves. Puis, il se fche, labouscule.Riennyfait.Fatourestetoutaussitrange.

    Aucoursdelaconsultation,ildira:

    "jaitlphonmamre.Elleestalleconsulterunkharamoko,ungurisseur,aupays.Ellemadit"tafemme,l,elleestdjprise.Sonmari,cestundjinna.Cequilfait,l,ledjinna,cestquilveutrcuprersesenfants.""

    Danscecas,cequelonpeutobserver,cesontdesmanifestationsdpressivesetdissociatives la suite dun accouchement [12] chez une femme migrante,ntantpasrentrechezelledepuisunedizainedannes.Maispourleclinicientraditionnel, lekharamoko , il sagitbiendes signesdunepossessionparuntre,ledjinna,pourlequelilfaudraunjouroulautre,organiserunrituel.

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    Commentcomprendrelesdjinns? unedfinitiondtresrputsnantisduncertainnombredequalits: ilssontinvisibles,

    ils vivent dans lenvers de lhabitat deshumains (la brousse, la fort, leau desmarigots,desrivires,desfleuvesoudelamer,le sommet des arbres, les canalisations desmaisons, lesvieilles ruines abandonnes deprfrence celles provenant de civilisationsdisparues),ils sont sexus (certains textes laissentsupposer que leur sexualit est surtoutmasturbatoireunorganemlesurunecuisse,unorganefemellesurlautre),ils ne sintressent aux humains que parcequilssouhaitentquonleurinstalleunauteletquon leur rende un culte "quon lesnourrisse",commeondit.Cesontdoncdesautres,devraisautresnonpasdes semblables,nos"prochains",maisdesmodles daltrit. Ce sont pourtant nosjumeaux,dumoins

    lorigine. Certains commentaires bibliques, repris ensuite dans lislam etnaturellementrutilissdanslespratiquesdesgurisseursmusulmanslaissentpenserquelesdjinnssont lesdescendantsde toutes lescopulationsquauraiteueslapremirefemmedAdam,Lilithautrementdit:"lanuit"avectouslesanimauxdelacration.voquantlesdjinns,unpatientsnagalaismeditunjour:"nousnesommespasseulsaumonde".

    Des dsordres apparaissant dans les communauts humaines et touchant de nombreusessphres:

    desenfantsmortsenbasgepeuventavoirtprispardesdjinns,changscontredesenfantsdjinns.Desfemmesquiserefusentlasexualit,laconjugalit,lchangesocialavecleursbellesurs, avec leurs amies. Des femmes qui refusent de se nourrir, qui restentlongtempssolitaires,silencieuses,quifontdescrises.Deshommesquifontdtrangesrencontres,quicroisentlamortsanssenapercevoir.Deshommes tranges, qui ont lair de tout ce quils ne sont pas : des animaux, desdieux,desfemmes,aussi,parfois

    Maisaussidesvnementsnigmatiques:survenantparexempledansunemaison,desbruitsdepierresurletoit,desincendiesinexplicables,destracesdebouelaissesenpleinenuitsurlestapisoudansunlieupublic:desvoix,desdplacementsdobjetsetc.Des mthodes thrapeutiques de diffrentes natures destines remdier ce type dedsordres:

    De vritables cultes rendus par certaines populations reconnues trangres et qui serunissentpourrendrehommageauxdjinns[13].Des initiationsdepersonnesprsentantcertainsdsordresdesconfrriesvoues aucultedesesprits.Desprisesenchargeindividuellepardesthrapeutesayantdesdjinnscomme espritsauxiliairesafindelesseconderdansleursdmarchesthrapeutiques.

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    Desthrapeutesquitravaillentpartir:

    desparfums,descouleurs,destextescoraniques,destextesdemdecinesavanteislamique,delafabricationdobjetsdeprotection,delidentificationdobjetsdedestruction

    Desrseauxtraversanttoutlepaysparexemple,auMaroc,desconfrries(zaouias),placessouslesignedunmmeespritetquiseretrouventannuellementpourunecrmonieetdessacrificesdanimaux.

    Deshirarchiestransversales:onpeuttrericheetpuissantetntrepourtantquunapprentiauseindelazaouia.

    Desinventionsderemdes:parfums,amulettes,objetsdedivination.

    Uncommerce:dobjetslisauculte,danimauxdesacrifice,deservicesetc

    Les djinns , cest tout cela : des tres, des maladies, des thrapies, des objets (parfums,couleurs), des rseaux de familiarit et de solidarit, des hirarchies, des contraintes linvention,uncommerceetjenoubliesansdoutecertainement!

    Nousdevonsenconclurequedjinn,estune"machine"(ausensdeDeleuzeetdeGuattari)quipousseunesocitdhumainsdes"noces",pourreprendrelestermesdeDeleuzeavecunecertaine espce dtrangers, dautres, de radicalement diffrents. On peut supposer que laconsquence de telles "noces" est une identification de ces trangers, une connaissanceapprofondiedeleurnature,deleurhabitus,deleursmodesdtresetdagir.

    Maisilfautremarquerquecestrangersconstituentdessocitsdinvisiblessilsveulentlesidentifier, les humains ne peuvent se fier leurs sens. Ils nont donc que deux modes deconnaissance:lalecturedestextesanciensdontonpeutpenserquilsonttcritslasuitederencontresavecde tels"tres"et,cequinous intresseenpremier lieu ici : lesmaladiesactuellesdeshumains.

    Catgoriesdedjinns Les deux sries de sens du mot djinn que lon avait repres plus haut celle, arabe,sorganisantautourdelinvisibleetcelle,hbraqueetamhariqueautourde"zar", ltrangeroulevisiteur se retrouventpour constituer les lignes de force contraignant une socit sortirdellemme.Donousdevonsenconclurequeleslanguesaussiavaientcontractdes"noces"puisquilestimpossibledtreunspcialistearabedesdjinnssansconnatredunemanireouduneautrelesensamhariquedumot,etviceversa,naturellement!Autrementdit,lonnepeutpenserlinvisibilitsanslanotiondtranget.Lesdjinnssontdoncdesconcepts,au sens o lentend Deleuze dansQuest ce que la philosophie ?[14]Mais des conceptsvivants dous dune autonomie, dune vitalit autonme, des concepts qui ne se laissentjamaissaisir,quelondoitpoursuivrelinfini.

    Erreurs habituellement commises par les humains dans la comprhension de la nature desdjinns:

    Ne retenir que le premier paragraphe de la dfinition : lesdjinns sont des tres quipossdentlesqualitssuivantes:Ainsi,onlestransformeenobjetsdecroyanceonnepeutalorsleuraccorderdexistencequedanslepsychismedeshumains.Commeon la constat au dcours de cette dmonstration, cette position, raisonnable enapparence,nousdliedelobligationdeconsidrerla listedecaractresquisuivent.Ainsi, dire "les djinns sont des tres imaginaires auxquels croient les populationsdAfriqueduNordetdAfriquedelOuest"seraitlafoisuneerreuretuneagression

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    puisque cette proposition priverait ipso facto ces populations de la totalit de lamachine.LesMusulmansdisenthabituellementquelesdjinnssontlesdieuxdavantlIslametles cultes qui leur sont encore rendus des survivances dun pass rvolu. Un grandnombre de commentateurs, danthropologues, de spcialistes dhistoire des religionsleur ont embot le pas [15].Or, ce qui caractrise les djinns , la diffrence desdivinits, justement,cest leur indertminationapriori .Autant un dieu aime trehonordelamanirequiluiconvientetquilexigedesesfidles,autantnulnesaitparavance lidentit, lenomet lesdemandesspcifiquesde teldjinn.Ils sont parfum choixparmiunemultitudedepossiblescontraignantunefabricationspcifiquequiestlafoisunecrationetunecrature.LedjinndelalampedAladinestparfumluiqui,unefoissortidesonflaconnesauraitenaucunemanireyrevenir.Ilssontcouleur non pas jaune ou rouge, mais une couleur fabrique artisanalement partirdingrdients spcifiques. Ils sont objets non pas une amulete gnrique dont onreproduiraitlemodlelinfini,maiscelleci,creexnihilopourloccasion.Ilssontactions et non pas rites si lon accepte lide que le rite est une institution. Lesactionsquelonditrituellessontinventerpourchaquedjinn.Ilssontdmons

    "Lesdmonssedistinguentdesdieux,parcequelesdieuxontdesattributs,despropritsetdesfonctionsfixes,desterritoiresetdescodes:ilsontaffaireauxsillons,auxbornesetauxcadastres.Lepropredesdmons,c'estdesauterlesintevalles,etd'unintervallel'autre."[16]

    Crer des concepts, inventer des tres nouveaux tel serait donc le travail du philosophe.Identifier de nouveaux djinns jamais rencontrs auparavant les nommer, dfinir leursexigences,organiserdesrituelsspcifiquestelestdoncletravailduthrapeutedumondedesdjinns.

    Jairsumdansuntableausimplelesdiffrencessignificativesentretroisordres,lareligion,laphilosophieetlemondedesdjinnsquitraitenttroistypes dtres : les dieux, les concepts et un troisime type, que nouscherchons saisir : les djinns . Si lexistence des dieux implique desconnaissances et celle des concepts, lobligation dapprendre lesconstructions des philosophes nous ayant prcd, celle des djinnscontraintlinvention.

    L'tre Religion Monde desdjinns Philosophie

    Exigences

    et

    Obligations

    Connaissancesconcernantlidentitdudieu,sonnometsesexigences.

    Obligationsrespecter.

    Indterminationconcernantlidentit,lenometlesexigencesdeltre.

    Obligationsdcouvrirconstruire.

    Recherchedeconnaissancesconcernantlidentitduconcept,sesexigencesetlesobligationsquilimplique.

    Caractristiquesdeltre

    Invisible

    Pur

    Crateur

    Anim

    Invisible

    Sale

    Crature

    Anim

    Concevable

    Pur

    Cration

    Inanim

    Effets consquencesde sonexistence

    Conversionsdeshumains,

    phnomnesdappartenance

    Constructiondespacespolitiquesetsociaux

    Explorationdesenvers,

    Lignesdefuite,

    Thrapiedeshumainsensouffrance

    Multiplicationdesontreauseinduncorpustransgnrationnel

    Effetsdesens

    Constructiondespacessociaux

    ObservationN3:HybrideCurdefemmedjinndansuncorpsdhomme[17]

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    IlsadresselaconsultationduCentreGeorgesDevereuxaprsavoirrencontrbiendesdboireschezdautresthrapeutes.

    Illentendlintrieurdeluiparfoisilperoitsavoixquiluiintimedesordresabsurdes:"rpter9999foislafatiha""seviolerluimmecommesiltaitunefemme""jeterauxordureslepainsurlequelilaprononcbismillah[18]",etc

    Elledtestesonpouse.Ellelinjurie,labreuvedinsanits,lafrappemmequelquefois.

    Ellelempchedefairelamouravecsajeunepouse,lepoussesortirdulitlorsquellesytrouve,quitterlappartementenpleinenuit.

    Dieuseulsaitpourquoi,ellesemetencolreet lefrappeluiaussi,Akim.Soncorpsse tordalors et adopte des positions impossibles, son visage grimace, ses pieds se contractent, sesmainsdeviennentcrochues.Ilgrognededouleur.

    Lorsquelleaenviedunhomme,elleluidclencheunerectionetlinciteregarderlhommeavecdesyeuxnamours.

    Elleluisouffledesvritssurlespersonnesquilcroisemaisilnepeutjamaissavoirsicestpourlinformeroupourletromper.Parexemple:untelestmaladeilesthabitparundjinn.Ilnapaslaudacedallerposerlaquestionlinconnu.

    Elleluiprometdelelaissertranquillesilsesoumettelleoutelleobligationparexemplesenduirelescheveuxdunegominamalodorante.Ilyconsent,maiselleesttoujourslluiimposerdenouveauxdiktats.

    IlseprocuredesrcitationsduCoranencassetteetlescoutedurantdesheures,lecasqueduwalkmanvisssurlatte.

    Dethrapeutes,ilenaconsultdesdizaines.Desgurisseursmusulmans(fkih,taleb,cheikh).Cestjustementundeceuxlquiaposlediagnostic:ilsagitdundjinndesexefemellequialudomiciledanssoncorps.Et leremde?Descriturescoraniquesbanales desversetscenss protger des purifications accomplir des fumigations rpandre danslappartement.Riendespcifiquecettrel.Rsultat:nant!Aucunchangement.

    Unegurisseusefranaise,catholique,vivantdanslemidi,aidentifiundmon,luiaprescritdestisanes,desherbesinhaler,deseauxboire.Rsultat:ngatif!Ltrearecommencdeplusbelleavecplusdeforceencore,peuttre...

    IlareprisaveclesMusulmans.EnEgypte,ungurisseurafrappladjenneya[19]encrasantles doigts dAkim, surtout le pouce. Il intimait violemment des ordres lesprit. Rsultat :nouveauxsymptmes,nouvellesdouleurs.Cettedjenneyanaimaitpaslabrutalit.

    On peut deviner ce quont pens les psychiatres. Homosexualit inconsciente cherchant surgir dans la vie rellemalgr toutes les tentatives de refoulement. Ides dlirantes. SansdouteontilspensauPrsidentSchreber[20]etladescriptiondesespulsionsinconscientesanalyses par Freud. Ils lui ont prescrit neuroleptiques pour les ides dlirantes et lui ontconseillunepsychothrapie,sansdoutepourlereste,pourlhomosexualit.Rsultat:ilnapusupporterleseffets"secondaires"desmdicamentsetsenestdbarrasauboutdequinzejours.Quantauxpsychothrapeutes,ilenavuunebonnedizainemaisaucundentreeuxne"croyait"auxdjinns.Ilsnycroyaientpas!Cestdirequilstaientcommelesautreslesmusulmans,lesmarocains,lesgyptiens,lesturcscommelacatholiquequihabitaitdanslemidi.Ilsnycroyaientpasparcequilsnesesontpassentisdans lobligationdinventerunconceptdecrerunritedefabriquerdesobjets.Ilsnontfaitquappliquercequilssavaientparailleurs,auparavant,detoujours

    1. Identifiersoninvisible.2. tablirsonnom,

    sesappartenances,sagnalogie

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    sagnalogie

    3. Identifiersesaffections:elleavoueradurantlunedessancesquenousauronsavecluiquelleaperduunenfant,autrefois,enunautretemps.

    4. Identifiersesintentions,sesdsirsetsesbesoins.5. Identifierlesobjetsquelleaime,lesactesetlesritesquelleattend.6. IdentifierenfinlesbnficesqueAkimpourrafinalementtirerdeses"noces"avecune

    telledjenneya.

    Maintenantquediredelamachine"djinns"?Ilsagitbiendunemachinequiassembledeuxordresetinciteundevenir.soninsu,contresongr,AkimsengagedansundevenirfemmedjinnOn comprend quil y trouve un intrt pour ainsi dire de chercheur, la fois unsurcrotdeconnaissanceetdtre.Attention!PasundevenirfemmeDailleursilservolteavecviolencecontredepossiblesideshomosexuellesoutransexuelles.Etnallonspaspenser"quilsedfend"contresonhomosexualitlonneferaitalorsqueluiscier les jambes,etfairedisparatredummecouptouslesdjinnsdesonmonde.Parcequepenserlautrenestpasneutreengnral,lepenserconsisteseprparerluidonnerdesordres.

    Admettons que nous ayons compris lintrt dAkim rester dans cette dmarche, quellepourraittreceluidesonthrapeute?Uneseulerponsepossible:lacration.Sinscriredanscemmedevenir lui donnera cet irremplaable plaisir de donner vie.Car le thrapeute quiparvientaccomplirlamissionquonluiaconfieestdieu,lespacedunseulinstant.

    Nouscomprenonsgalementquecetypedemachinenepeuttrelacrationdunhommesauf disparatre pour inutilit.Ces "machines" sontmises en relations, crations de lignes, deparcours,dans lesquelles lapersonne, thoricien, thrapeuteou patient viendra prendre uneplace, participer la fabrication de lamachine tout en tant lun de ses rouages. Peuttrepourraitondirequecelafaitpartiedujeudeprtendrequunhommeainventtelleoutellemachine,maislonsaitquesictaitvrai,cettemachineneserviraitrien.

    Quelles sont les "machines thrapeutiques" ? Et quelles machines devrons nous nousintresser,nousautres,psychologues?Larponseestsanshsitation:cellesquipermettent lhumain de prendre la fuite vers dautres ordres non pas celles qui prtendent leconnatre,lidentifier,lecernercelles,prcisment,quiluipermettentderesterdansleflouquantsanature,mais lexpdientdansdesaventures impossibles,dansdes identificationsimpensables,dansdesalliancescontrenature.

    Comment les reconnatre ?Dabordau fait que lon peut en aucunemanire identifier leurcrateur.Ensuite,dufaitquedanslespacecrparcesmachines,onpeutfairedelhumour,pasdelironie[21]delaprovocation,pasdelinjureonpeutprouverdelajoiecettejoiesiloindu"sentimentocanique"detoutcomprendre,detoutenglober.

    Dautresexemplesdemachines

    Nous devrions maintenant tre mme de comprendre des systmes thrapeutiques plusproches, dapparence moins exotique. Essayons maintenant pour la chimiothrapie despsychotropes.

    Lachimiothrapie,cest:

    1. Avanttoutdestres, lesmolcules,dont la listesallongetouslesjoursetpour lacrationdesquels linventivit, la crativitdeschercheursestindispensable.

    2. Des lieux, les laboratoires de recherche de lindustriepharmaceutique, o les secrets de fabrication sont gardscommedessecretsmilitaires.

    3. Desmthodes de fabrication, apparues aprs guerre, dont lesuccssestrpandutouslessecteursdelasocitvoirce

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    quePh.Pignarrenomme"lelaboratoirededoubleinsu"[22].4. Des objets, les mdicaments, qui produisent des profits

    gigantesques et ncessitent un ramnagement de toute lasocit usines, rseaux de distribution, officines depharmacie,activitsdesreprsentants,etc.

    5. Des professions entirement reconstruites par lexistence decette machine : les neurologues, les psychiatres, lespsychologues,lesinfirmiers,etc.

    6. Plus mme, ce qui constituait jusqualors le noyau de lapsychiatrie, ce quelle avaitmis cent ans btir pierre aprspierre, sanosographie, est en train de voler en clats, dtretotalementrestructureparlirruptiondecesnouveauxtres.

    7. Dansunmmemouvement,elle redfinit lepoison, ladrogueetdistribuedescertificatsdelicititauxsubstanceslalcool,autabac,auhachichmaisaussiaukhat,auth,auxnoixdecola,auLSD,etc

    Et quels sont les ordres que cettemachinemet en prsence ? Pourreprendre les formulations prcdentes, elle expdie lhumain dansundevenirchimie, un peu comme le peuttremme la suiteduchamanismequilexpdiaithorsdesonmondejusqulefairefrlerundevenirplante[23].Elleluifournitcesentimentexcitantdevertigequipousselesujetlachose,sonnoyaumme.Danscetteperspective, les usagers des drogues ne seraient pas destoxicomanesmaisdeschercheurs,lundesrouagesdecettemachine.Il est prvisible quelle viendra chercher les humains, mme enbonne sant au plus profond : dans leur humeur (prozac ) leursexualit(viagra),leurmtabolisme,leurlongvit

    Doilnousfautconclurequelamachine"psychotropes"estcousinede la machine "djinns" , aussi efficace, probablement, aussiintelligente, sans doute, peuttre seulementmoins complteQuoidtonnant alors que les populations dAfrique du Nord et de lOuestcontinuent accorder toute leur confiance aux djinns , tout encommenantsintressertrssrieusementauxpsychotropes.

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    http://www.ethnopsychiatrie.net/actu/djinn.htm 16/18

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    Notes

    [1]. Professeur de Psychologie clinique et pathologique, Centre GeorgesDevereux,UniversitdeParis8.

    [2].Consultationdethnopsychiatrie,CentreGeorgesDevereux,Ilvadesoiqueles noms de personnes et de lieux ont t modifis, ainsi que tout dtailpermettantunepossibleidentificationdelafamille.[3].CfaussiJ.Guedmi,1984"RvedesdoublesouFatihal'oublie".Nouvellerevued'ethnopsychiatrie,2,1334.

    [4].A ce sujet, on peut consulter le Cahier N 8 de Systmes de pense enAfrique noire : Ftiches, objets enchants, mots raliss, et le N 16 de laNouvelle Revue d'Ethnopsychiatrie: Objets, charmes et sorts, et bien sr lefameuxtextedeMausssurlamagie(1902),notammentdanssadiscussiondelanotiondeMana.

    [5].Khfif,enarabe:"lger".Cemotdsigneaussispcifiquementlatechniquededivinationl'aideduplombfondupeuttreparinversion,peuttredufaitquelesfigurinesdeplombsontbienpluslgresquel'onpourraits'attendre.Ilfaut galement dire qu'en Tunisie, on nomme la mdecine traditionnellera'ouani, c'estdire: mdecine l'envers (information fournie par MondherJouida,encoursdethsesurlamdecinetraditionnelleenTunisie).

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    [6].En gnral, une praticienne du khfif fait appel ses gnies (djinn ) pourl'aidermanipulerlessubstances.

    [7].L'influence qui gurit,Paris,Odile Jacob, 1994.CF aussi le rcit du casd'unefamillekabyletraitedelammemaniredansLafoliedesautres,Paris,Dunod,1986.

    [8]. E.E.EvansPritchard,Sorcellerie, oracle etmagie chez lesAzand. Trad.Fr.:Paris,Gallimard,1972(uvreoriginale:1937).Cfgalement,lanalyseduterme"manger"dansNathanT.,LewertowskiC.,1998,Soignerlevirusetleftiche.Paris,OdileJacob,1998.

    [9]. A ce sujet, voir Franois Dagognet, Tobie Nathan, 1999, La mort vueautrement.Paris,SynthelaboLesempcheursdepenserenrond.

    [10].Voir la dfinition que je propose de l'ethnopsychiatrie dans T. Nathan,19998, G. Devereux et lethnopsychiatrie clinique. Nouvelle revuedethnopsychiatrie,3536,718.

    [11].Consultationdethnopsychiatrie,CentreGeorgesDevereux, Il va de soique lesnomsdepersonnesetde lieuxont tmodifis, ainsique toutdtailpermettantunepossibleidentificationdelafamille.[12].UncascliniquedtailldansT.Nathan,M.R.Moro,"Enfantsdedjinn.Evaluation ethnopsychanalytique des interactions prcoces." in Lebovici S.,Mazet Ph.,Visier J.P. (Ed.) :L'valuation des interactions prcoces entre lebbetsespartenaires.Genve,ESHEL,1989,307339.

    [13].Cfparexemple:BrunelR.,1926EssaissurlaconfrriereligieusedesAssoaauMaroc,Paris,GeuthnerPaquesV.,1967Lemondedesgnawain:L'autre et l'ailleurs. Hommage Roger Bastide, Paris, BergerLevrault Crapanzano V., The Hamadsha. A Study in Maroccan Ethnopsychiatry,Berkeley,UniversityofCaliforniaPress,1973PaquesV.,1991Lareligiondesesclaves,recherchesurlaconfrriemarocainedesgnawa,Bergamo,MorettietVitali Abdelhafid Chlyeh, 1995 La thrapie syncrtique des Gnaouamarocains.Thsededoctoratd'ethnologie,UniversitdeParisVII.

    [14]."Lephilosopheestlamiduconcept,ilestenpuisancedeconcept.Cestdire que la philosophie nest pas un simple art de former, dinventer ou defabriquerdesconcepts,carlesconceptsnesontpasncessairementdesformes,des trouvailles ou des produits. La philosophie, plus rigoureusement, est ladiscipline qui consiste crer des concepts crer des concepts toujoursnouveaux, cest lobjet de la philosophie. " Gilles Deleuze, Felix Guattari,1991,Questcequelaphilosophie?Paris,ed.deMinuit.

    [15].CfparexempleE.Doutt,1908,Magieetreligiondansl'AfriqueduNord.ReprisparMaisonneuveetGeuthner,Paris,1984.

    [16].GillesDeleuze,ClaireParnet,Dialogues,Paris,Flammarion,1995,p.51.

    [17].Consultation dethnopsychiatrie,Centre Georges Devereux, Il va de soique lesnomsdepersonnesetde lieuxont tmodifis, ainsique toutdtailpermettantunepossibleidentificationdelafamille.

    [18].Bismillah,"aunomdedieu",conjurationmusulmanetrsemployepourcarterlestresdautresmondesincroyantsetesprits.[19].Fminindedjinn.

    [20].CflanalysedeFreud:Remarquespsychanalytiquessurl'autobiographied'un cas de paranoa (Le Prsident Schreber). inCinq psychanalyses , Paris,P.U.F.,1970.

  • 21/2/2015 TobieNathan:"corpsd'humain,corpsdedjinn"

    http://www.ethnopsychiatrie.net/actu/djinn.htm 18/18

    [21]."L'humourestjustelecontraire:lesprincipescomptentpeu,onprendtoutlalettre,onvousattendauxconsquences(c'estpourquoil'humournepassepaspar les jeuxdemots,par les calembours,qui sontdu signifiant, qui sontcommeunprincipedansleprincipe).L'humour,c'estl'artdesconsquencesoudeseffetsL'humourjuifcontrel'ironiegrecque,I'humourJobcontrel'ironiedipe,I'humourinsulairecontrel'ironiecontinentaleI'humourstoiciencontrel'ironie platonicienne, I'humour zen contre l'ironie bouddhique I'humourmasochistecontrel'ironiesadiqueI'humourProustcontrel'ironieGide,etc"GillesDleuze,ClaireParnet,op.cit.,p.83.

    [22]. Ph. Pignarre, 1999, Puissance des psychotropes, pouvoir des patients.Paris, P.U.F. La mthode dvaluation de laction dune molcule, dite endoubleaveugleoudouble insu,estdevenue la rfrencepourdpartager le "vraimdicament"du"placebo".

    [23].ClaudeLviStraussa fait remarquerquilnexistaitpasdechamanismesansthoriedelamtamorphosedelhumainpartirdelaplante.LeviStrauss,1958,Anthropologiestructurale.Paris,Plon.

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