Toilettes sèches : Hey ! Levons nos verres !

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  • 8/17/2019 Toilettes sèches : Hey ! Levons nos verres !

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     Arrêtons d'emmerder l'eau

      Page commune au LOT EN ACTION n° 98 et à LA TROUSSE CORRÉZIENNE n° 5 - vendredi 04 mars 2016 P 15 

    notre source de vie imbuvable et l'humain yest devenu expert. Y mettre nos excrémentsest un de ces moyens. Ils constituent en effetune bonne pollution organique, bactérienne,virale, mais aussi chimique. Si pour les pre-mières les différents traitements de l'eau li-mitent les dégâts, concernant les moléculesde synthèse nos technologies sont impuis-santes à les filtrer. Et nous sommes en Franceles plus grands consommateurs de médica-ments. Du seizième jusqu’au début du vingt-et-unième siècle, le paradigme de la toxicolo-gie était celui énoncé par Paracelse (2) : « c'estla dose qui fait le poison ». Les scientifiquescomptaient jusqu'alors sur les fortes dilutionspour garantir l’innocuité. Dans les années 90,la découverte des perturbateurs endocriniens(3) change la donne. On constate alors quela faible dose peut avoir un effet détermi-nant dans la durée, qu'elle agit en décalé surplusieurs générations et que le nombre éle-vé de molécules dans un milieu multiplie demanière exponentielle leurs facultés de nuire.

    Distinguer nos eaux. C'est l'un des moyensà portée de citoyen pour limiter le suicidecollectif en cours. Il s'agit de ne plus pro-duire d'eau vanne, cette eau chargée d'ex-

    créments, et ainsi n'avoir plus que des eauxgrises à traiter, celles de la douche et del'évier. Des toilettes sèches et c'est 99% dela pollution domestique de l'eau réglée d'uncoup ! Reconnaissez que le jeu en vaut lachandelle et quelques contraintes. En Cor-rèze c'est possible. L'environnement et l'ha-bitat s'y prêtent. Ce dossier vous présentedes éléments concrets pour y penser sérieu-sement et, pourquoi pas, passer à l'acte 

    Notes 

    (1) « Si la désinfection de l’eau écarte le risque microbiologique,

    elle soulève une autre problématique liée à la formation de sous- 

    produits de désinfection (SPD). Ces derniers, reconnus potentiel- 

    lement néfastes à long terme pour la santé du consommateur,

    apparaissent après réaction des désinfectants avec la matière

    organique naturelle ou les polluants anthropiques initialement

    présents dans la ressource en eau (résidus de médicaments, pesti- 

    cides,....) » Source : rapport de l'académie nationale de pharmacie

    et des technologies 15 février 2012 

     (2) Paracelse (1493 – 1541) est le précurseur de la toxicologie. Cita- 

    tion : « Toutes les choses sont poison, rien n’est sans poison ; seule la

    dose détermine ce qui n’est pas un poison. » 

     (3) Définition de l'OMS en 1996 : « substance étrangère à l'orga- nisme qui produit des effets délétères sur l'organisme ou sa descen- 

    dance, à la suite d'une modification de la fonction hormonale ».

    Extrait des Travaux parlementaires du Sénat au 16/04/2014 : per- 

    turbateurs endocriniens, le temps de la précaution : « Dans le cas

    des perturbateurs endocriniens, cette mise en cause d'ordre philo- 

    sophique de la perception du risque et de la toxicologie classique

    trouve un écho d'autant plus grand qu'un nombre très significatif

    d'études montre, selon les produits, des effets à faible dose et pa- 

    radoxaux, des effets fenêtre, des effets cocktail et des effets trans- 

    générationnels. »

    Les toilettes sèches sont désormais incontournables dans tous les festoches qui ont la fibre écologique et apparaissent même sur ceux qui l'ont

    nettement moins. Mais les installations individuelles tardent à se généraliser, même si la tendance est nettement à la hausse. Il y a d’abord les

    convaincus, ceux qui ne veulent plus d’eau potable dans leur WC, puis il y a ceux qui veulent bien essayer, notamment pour faire des écono-

    mies. Mais pour que les toilettes sèches deviennent la norme, il y a encore du boulot. L'idée reçue que « l'eau ça purifie » est présente depuisprès de 3 000 ans. Odeur, crainte d’infection, les toilettes sèches pâtissent encore d’une image peu reluisante.

    Pourtant, depuis 2009, un arrêté autorise officiellement l’usage de toilettes sans eau. Elles ne doivent générer « aucune nuisance pour le voi-

    sinage, ni rejet liquide en dehors de la parcelle, ni pollution des eaux superficielles ou souterraines ». Ce qui signifie que le compostage de la li-

    tière (les matières fécales et l’urine mélangées à la sciure ou aux copeaux de bois) doit se faire sur place, dans le jardin, et sur une aire étanche.

    Et nos excréments, une fois dégradés, sont un trésor pour les sols.

    Alors qu'attend-on ? L'épuration est une aberration, car en plus de consommer des quantités phénoménales d'eau potable, elle détruit à

    grands frais une matière première indispensable et vitale pour la biosphère et constitue une nuisance environnementale majeure. Mais elle

    est contrôlée par les multinationales de l'eau, qui ont construit leur business sur la pollution de ces mêmes eaux. La boucle est bouclée et il n'y

    a rien à attendre ni des pouvoirs publics, ni des firmes. Les choses bougent et changeront au niveau des individus.

    Voilà pourquoi nous reprenons le dossier central de nos copains de La Trousse corrézienne, qui sort en même temps que ce numéro 98 du LEA.

    Plouf ! Nous nous jetons à l'eau pour y  jeter l'idée reçue qu'il serait hygiéniquede faire nos besoins dedans. Plouf, plouf,

    nous revenons sur terre, pragmatiques, poury remettre à leur place nos déjections et fer-mer la parenthèse destructrice et irration-nelle de plus d'un demi-siècle de chasse d'eau.Plouf, plouf, plouf, l'enjeu est de taille et lechangement viscéral, évidemment. Alors enguise d'introduction, nous vous proposonsun dernier plouf libératoire pour couler en-suite notre prose dans le silence des copeaux.

    L'eau n'est pas le bon endroit pour la décom-position d'une déjection humaine. Et plutôt

    qu'un long discours, je vous propose ici unesimple expérience. Prenez deux seaux. Vousremplissez l'un de cinq centimètres d'eau etl'autre de cinq centimètres de copeaux debois. Faites ensuite vos besoins dedans. Re-couvrez d'eau pour l'un et de copeaux pourl'autre. Laissez agir une dizaine de jours...Vous pressentez en me lisant qu'il ne voussera pas utile d'aller au bout de l'expérience

    pour réaliser le tableau. Dix jours plus tard...d'un côté, l'excrément commence à compos-ter, la matière ne sent pas. De l'autre, l'eauest devenue un mélange putride et puant. Leconstat est simple : une déjection humainea besoin d'oxygène pour se décomposer ra-pidement et efficacement. Mais alors pour-quoi chions-nous dans l'eau ? Les raisonssont certes techniques mais aussi psychiques.Elles seront exposées dans ce dossier.

    L'eau c'est la vie et chier dans la vie est mor-tifère. Notre circuit domestique d'eau estponctionné dans celui du cycle naturel, auniveau de la nappe phréatique quand c'estpossible, puisque c'est là qu'elle est la pluspure, filtrée et enrichie par sa percolationdans le sol. Un système d’adduction nous lagarantit potable. Nous l'utilisons, la souillonsde savons, de lessives, d'urine, de fèces. L'eaudevenue impropre est rassemblée dans desstations spécifiques qui l'épurent. Et nous larendons au cycle naturel, souvent dans unerivière. Systèmes d’adduction et d'épura-tion sont là pour que l'eau ne devienne pasla mort. Ils demandent toujours plus d'inves-tissement. Pour exemple, l’Agglo de Brivea investi quatre-vingts millions d’euros de-puis sa création pour l’évacuation et la dé-pollution des eaux. Au regard de l'argentdépensé, les résultats sont décevants. Lespollutions en nitrates, phosphates, métauxlourds, résidus pétroliers restent, de ma-nière générale, élevées en sortie de stationd’épuration. Et c'est sans parler des recom-positions induites par les traitements (1).

    L'eau devient un cocktail pétrochimique.Il y a bien des façons de faire pour rendre Suite du dossier >

    Dossier préparé par l'équipe de La Trousse corrézienne

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    ci, là, maintenant. Quoi écrire à propos de

    l'eau, que nous ne sachions déjà ? Sansdoute ce que nous ne voulons toujours pasentendre ou voir.Ce qui est de plus en plus difficile. Les in-

    fos, documentaires, articles, conférencesabondent : les compilations se font de plusen plus précises, de plus en plus exhaustives.Difficiles de se planquer ! Pourtant, je l'avoue,

     je chie encore dans l'eau : certaines habitudesont la vie dure.

    Tirer la chasse et oublier, d'un même mouve-ment, ce non-sens absolu, ou presque, consis-tant à salir de l'eau « potable » : j'évoque justele principe, hein, inutile de me parler de l'eaudu robinet, je n'en bois plus depuis des an-nées, elle me rend malade, toute déstructu-rée, dévitalisée, chlorée qu'elle est.

    Aussi, comprenez ce que raconte l'eau des ri-

    vières, qui transite par les centrales nucléaires,toute réchauffée et « informée » lorsqu’elleretourne à la rivière…Rien que nous ne sachions déjà.Sauf à nous boucher les oreilles, à nous fer-

    mer les yeux et plaquer nos propres mains surnotre bouche ?

    Revenons à nos toilettes. Ce qui était une né-cessité, une bienfaisance hygiénique, liée à laconcentration urbaine des débuts de la révo-lution industrielle, est devenu un « gros » pro-blème, voire un des éléments majeurs (avec ladestruction du sol nourricier) d'un effondre-ment de plus en plus imminent.Comme pour tout ce qui est érigé en dogme

    (ici l'hygiénisme), figé, « séparé » du mouve-

    ment de la vie.

    Notre effondrement est avant tout vital, c'estcelui de notre vitalité, de notre élan, tout sim-plement. Rien de mystérieux là-dedans si cen'est l'oubli de qui nous sommes : des êtresvivants baignant dans le vivant, la vie.

    Et nous avons à chier : ça, c'est incontour-nable. Si ce n'est dans l'eau, alors ça ne peutêtre que « hors eau ».Nous avons l'expérience des toilettes sèches,

    à « litière bio maîtrisée » (équilibrant matièressèches et azotées, pour un compostage effi-cace) : pouvons-nous généraliser cette expé-rience ? Y aura-t-il, dans un proche avenir, une com-mune « 100 % tlbm » ?Oui, si le compostage est efficace (prise en

    charge des volumes générés), sûr au plan sa-nitaire (élimination des pathogènes), et mul-tifonctionnel (production d'un compost deculture, production de chaleur). Une chau-dière bionique à électrocompostage, coupléeà un échangeur de chaleur, est une solution àl'échelle précitée.Il s'agit juste de se jeter … à l'eau.

    Quel est le premier moyen de transportutilisé quotidiennement par « l’Hommemoderne » ? La voiture ?... Non ! La

    marche à pied...? Non plus ! Vous faitesfausse route. Le premier moyen de transportqu’il utilise est... l’eau. Oui, l’eau ! Notam-ment parce qu’il l’utilise plusieurs fois par jourpour pousser son caca hors de sa vue.

    En effet l’eau dans les toilettes sert principa-lement à transporter nos excréments vers delaborieux systèmes d’élimination qui sont ap-pelés « stations d’épuration » ou autres fossestoutes eaux...

    À l’inverse, les toilettes sèches ne disposentd’eau ni pour la dilution ni pour le transportdes excréments. Ces derniers sont soit com-postés, soit déshydratés et bénéficient géné-ralement d’une valorisation agronomique.

    Les types de toilettes sèches sont divers. Si lespays occidentaux en produisent de multiplessystèmes, les pays en voie de développementfont avec les moyens du bord. Mais il existe

    une multitude de procédés en fonction ducontexte et des contraintes locales.

    D’un point de vue pratique on distingue

    deux principaux types de toilettes sèches : lestoilettes sèches sans séparation dites « uni-taires » et celles avec séparation à la sourcedes urines et des matières fécales.

    Toilettes unitairesPour les toilettes unitaires, le principe repose

    sur la récupération et le traitement conjointdes urines et des fèces.Dans les toilettes unitaires à copeaux ou Toi-

    lettes à Litière Biomaîtrisée (TLB), les excré-ments (urines et matières fécales) tombentpar gravité dans une chambre de compos-tage ou un réceptacle. L’ajout de litière avantla mise en service ainsi qu’après chaque utili-sation a notamment pour effet d’absorber lesliquides et de bloquer les odeurs.

    Dans le cas des toilettes unitaires à sépara-tion gravitaire, les excréments tombent aussi

    par gravité dans une chambre de compostageou un réceptacle. Les urines percolent vers lebas du composteur où elles sont évacuées

    vers un dispositif de traitement (tout à l’égoutou filière de gestion des eaux ménagères). Lesmatières fécales sont hygiénisées par com-postage ou lombricompostage à l’intérieur duréceptacle ou de la chambre de compostageou sur une aire extérieure.

    Toilettes à séparationPour les toilettes à séparation à la source, les

    urines sont récupérées séparément des ma-tières fécales par des cuvettes spécifiques. Lestoilettes à séparation à la source permettentd’espacer les fréquences de vidange, ne né-cessitent pas d’ajout de matière carbonée(litières) et évacuent, par gravité, les urinesqui représentent environ 90% du volume denos excréments. Les urines sont évacuées versune zone de traitement (aire de compostageou dispositif d’assainissement des eaux mé-nagères, tout-à-l’égout) ou éventuellement

    vers un réservoir de stockage (bidon, cuve).Les fèces sont collectées dans un réservoirde stockage. Il est à vidanger sur une aire decompostage.

    Enfin quelques autres systèmes, peu com-mercialisés en Europe, appliquent complè-tement le terme « sèches » à ces toilettes. Ils’agit des toilettes sèches à déshydratation.Leur principe est simple : par la chaleur faireévaporer toute la fraction liquide des excrétas.Il ne reste plus alors qu’une toute petite frac-tion de poudre qui sera épandue sur le jardin.

    Si le mot toilettes sèches fait encore sourire iln’en reste pas moins un nouvel équipementmoderne pour l’habitation. Elles ne sont plusréservées aux écolos convaincus. Tout un cha-cun peu les adopter. Elles pourraient rapide-ment devenir incontournables. Les grandesenseignes de bricolage et de construction (Le-roy Merlin, Lapeyre...) l’ont bien compris, ellesproposent des toilettes sèches à la vente dansleurs magasins.

    « Tous ensemble ! On va faire n'importe quoi ... »

    (Deux degrés avant la fin du monde)Par Bruno

    Pour ne plus séchersur les toilettes

    Par Yannig Jaouen

    Ils l'ont fait...Par Témoin de Jabadao

    « Ah, on dirait la cabane au fond du jardin ! ». Eh non, ce sont des Toilettes Sèches

    (TS). Ce terme générique recouvre différentes modalités de mise en œuvre adaptées

    aux besoins... Leur principe : le compostage des matières.

    Leur caractéristique : ne pas utiliser d'eau.

    P 16  Page commune au LOT EN ACTION n° 98 et à LA TROUSSE CORRÉZIENNE n° 5 - vendredi 04 mars 2016

    La mise en place de toilettes sèches n'est pas  réservée aux festivals et aux maisons des babos.Plusieurs collectivités ont sauté le pas et en sont

    équipées. En voici une liste nationale non exhaus-tive.

    L'école élémentaire de Saint-Germé dans leGers est la première école publique équipée de toi-lettes sèches. À sa construction le conseil municipala décidé que la nouvelle école ne posséderait pasune seule toilette à eau.

    La commune d’Auzances en Creuse  pour son jardin public. Si ce jardin public est très proche dela station d'épuration, l'intérêt écologique a primédans le choix de toilettes.

    En centre ville, dans le onzième arrondissementde Paris, le nouveau siège parisien de la FondationCharles Léopold Meyer a souhaité ce progrès del'humanité : arrêter de chier dans l'eau potable. Plu-

    sieurs composteurs y sont installés.

    La commune de Loperhet en Bretagne pour l'unede ses plages. Hé oui, au pays des algues vertes, ilscommencent à ne plus déféquer dans l'eau potable.

    Si vous voulez suer écolo il y a la salle de fitnessen paille à Prudhomat dans le Lot . Elle n'est équi-pée que de toilettes sèches.

    Et aussi les jardins familiaux de Châteauroux.

    Enfin, nous n'avons plus besoin de vous présenterl'exemple corrézien en la matière : Le Battementd'Ailes à Cornil. Il fut le premier établissement re-cevant du public avec hébergement à être équipé àcent pour cent de toilettes sèches en France...

    Et plein d'autres exemples dont la rédaction de LaTrousse Corrézienne n'a pas connaissance.

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    J'adopte des TLBPar Philippe Van Assche, chiotte master

    Les TLB sont des toilettes faciles à mettre en

    œuvre, très bon marché, et qui per  mettent l'expression créatrice. Fini le froid

    du carrelage et de l'émail réunis, ils ont laisséplace à des aménagements en bois plus cha-leureux. Finis les branchements d'évacuationet d'alimentation en eau, il s'agit ici de valori-ser et non plus de se débarrasser de nos déjec-tions. Rien à voir donc... Pourtant le principeest simple. En place de la fameuse cuvette àeau, un seau avec cinq centimètres de sciuredans le fond. En place de la chasse d'eau quifuit tout le temps, un réservoir de copeaux debois dans lequel on viendra prendre un bol, àverser sur la petite ou la grosse commission.

    En pratique, il y a quelques subtilités pourque les toilettes soient plus agréables et leurmaintenance la plus aisée possible. Il faut fa-briquer un caisson, en bois en général, avecune assise à hauteur confortable, celle d'unechaise, soit quarante-cinq centimètres. On yfera un trou à la scie sauteuse de la dimensiond'une lunette avec abattant. Il s'agit de trou-ver alors un réceptacle à mettre dessous dontles dimensions optimales sont : quarantecentimètres de haut et quarante centimètresde diamètre. Il existe des grandes marmitesémaillées ou aluminium qui font l'affaire. Ilfaut éviter le plastique dans lequel s'incrusteplus facilement l'odeur. Plus le seau est léger,plus la maintenance sera facilitée. Détail quin'en est pas, il est important de veiller à cequ'il vienne à ras de l'assise. Le jet d'urine fé-

    minin, à tendance horizontale, aura tôt fait,sinon, de vous pourrir le caisson. Une bavetteen EPDM (sorte de bâche caoutchouc épaisse)peut venir faire étanchéité.

    Le seau que nous préconisons a une conte-nance de cinquante litres. Il convient à unefamille de deux à six personnes. Il se videquand il est rempli aux trois-quarts ou toutesles semaines. Plus longtemps, c'est risquer les

    remontées d'odeurs acres liées à la transfor-mation de l'urine en ammoniac au fond duseau. Le poids du récipient peut inviter à faireune vidange plus rapprochée. Dans le casd'une construction neuve, il est malin de pré-voir son évacuation par l'extérieur. Une petitetrappe sous l'assise côté jardin et le tour est

     joué. Il faut aller déposer lla collecte nomméedès lors pudiquement « les matières » dansun compost spécifique. Nous en parleronsaprès. C'est la contrainte. Jamais de gain sanscontrainte. Dix minutes par semaine, le tempsde sortir, vider, rincer, remettre en place.

    Le principe fondamental

    des toilettes à litière

    est le compostageLe TLB, comme la troisième lettre de son

    acronyme l'indique, consiste a bien maîtriserles éléments vivants d'une bonne décompo-sition et ce dès l'étape du seau. La pompeusebio-maîtrise consiste à avoir un équilibreazote/carbone, un milieu humide sans êtresubmergé, une matière le plus aérée possible.

    Nos excréments sont de liquides à humides etfortement azotés. Nous ajoutons le papier toi-lettes et un mélange de copeaux et de sciure,fortement carboné et sec. Le copeau structurele mélange, la sciure absorbe. C'est l'idéal. Anoter que le premier seul peut satisfaire le be-soin. Il faut éviter que le mélange baigne dansla miction. Il est donc préconisé au moins auxmessieurs de faire pipi dehors et si possiblepas toujours au même endroit.

    Le compostage, qui commence dans le seau,se poursuit dehors dans un coin ombragé du

     jardin dans un composteur spécifique. Ce der-nier est constitué de trois bacs d'environ unmètre cube. Le premier est couvert de ma-nière étanche. Il reçoit les matières de l'année.Le deuxième bac est rempli des matières de

    l'année précédente en deuxième phase decompostage. Il n'est pas forcement couvert.Le troisième bac permet de stocker de la ma-

    tière structurante et plutôt carbonée : de lapaille, des feuilles, du foin, du broyat... Aprèschaque seau versé, une couverture de cettematière vient le recouvrir. Le premier bac,compostage en cours, est arrêté à date fixe,début d'automne c'est bien.

    Il est alors temps de recueillir l'or brun dudeuxième bac. Il a bien diminué en volume.Il en reste une bonne moitié. Les matières ontcomposté en moyenne un an et demi. Un hu-mus noir est prêt à structurer et enrichir votresol. Votre deuxième bac étant vide, vous pou-vez y retourner votre tas en cours. Il est déjàméconnaissable, plus de trace de fèces et uneodeur délicate de sous-bois s'en exhale. Faites

    un mélange alterné : matière du tas / matièreverte (herbe fraîchement coupée, dernièresorties...). Il s'agit de relancer le processus decompostage. Les matières sont redevenuescarbonées, il nous faut ajouter de l'azote. Unarrosage du tas en fin de retournement per-mettra de retrouver un niveau d'humidité suf-fisant. Couvrir le tout de vingt centimètres depaille ou foin pour l'isolation et un peu d'étan-chéité. Le plus, l'astuce : doubler les murs ducompost avec du carton. Il permet d'isoler etd'assurer une meilleure montée en tempéra-ture.

    Tordre le cou aux idées reçuesVenons-en maintenant aux principales réti-

    cences. La plus fréquente : « j'ai peur que çasente mauvais ». Un TLB ne pue pas, il exhalenaturellement un léger petit fumet agréable,variable en fonction des essences de bois uti-lisées. Pas besoin de Febreze pour parfumervotre petit coin. Par contre, il faut reconnaîtreque l'eau a ce pouvoir, que n'a pas le copeau,de couper instantanément les odeurs. Au

    moment de faire le caca, son expression ol-factive n'est donc pas jugulée aussi efficace-ment. Pour pallier ce désagrément passager

    mais néanmoins incommodant, il est pos-sible d'installer ou de détourner une aérationforcée du caisson de l'assise vers l'extérieur.Cette aération se déclenche idéalement parun détecteur de présence. Elle n'est nécessairequ'une dizaine de minutes après l'expression

    de l'excrément. Ensuite le compostage faitson effet et l'odeur disparaît.

    Une autre : « je vais cultiver mes microbeschez moi si je suis malade et polluer mon solavec les médocs ». A noter qu'en cas de ma-ladie ou de traitement, la vraie question est

    « que deviennent ces organismes et ces molé-cules au sortir de leur cheminement intestinal? » La chasse d'eau dissout le problème maisne le résout pas. Et il semble scientifiquementde plus en plus évident que le compostage estle plus efficace pour traiter nos déjections. Lamontée en température est un élément des-tructeur des mauvaises bactéries. Il apparaîtaussi que la richesse du milieu d'un bon com-post concurrence les velléités des pathogènesà se développer. Et quand l'eau est un véhi-cule, la terre est un filtre. Là encore, les toi-lettes à litière sont les plus performantes. Etc'est toujours pour la même raison : l’excré-ment y est à sa place.

    Eh bien tout est dit, vous avez le mode d'em-

    ploi. Alors en selle, si je puis dire. Il ne resteplus qu'à essayer... Mais attention, l'essayer,c'est l'adopter.

    Suite du dossier >

    Pour préserver la ressource en eau, les pouvoirs publics nous ont incités par le porte-monnaie à fermer le robinet pendant

    le brossage des dents, au moment du shampoing et prendre un lave-vaisselle. Certes. Soit. Mais une fois que nous avons compris

    ce que faire dans l'eau veut dire, ces mesures nous semblent bien dérisoires.

    Et l'envie pourrait nous venir... comme un besoin... d'adopter des Toilettes à Litière Bio-maîtrisée (TLB).

    Si Il est saisissant de constater avec quelleminutie l’être humain occidental se sé-pare de ses déjections en évitant au maxi-

    mum de les prendre en considération !Comme si ces déjections corporelles consti-

    tuaient une partie tellement impure de notreexistence qu’elles ne méritent pas la moindreattention ni le moindre égard.Imaginez une pièce carrelée, désinfectée

     jusqu’au plafond. Vous êtes assis sur une lu-nette désinfectée ! En train de faire caca dansune eau… désinfectée elle aussi. Pas très durà imaginer ! Tirez la chasse et hop tout rentreà nouveau dans l’ordre ! L’infection étantpartie loin de votre regard, la satisfaction dudevoir accompli dans un respect parfait desrègles d’hygiène vous rassure ! Personne neverra votre partie sombre, elle a été emportée

    par l’eau chlorée.L’eau est un vecteur, elle transporte, c’est

    pratique mais elle est le plus mauvais desendroits (l’eau chlorée d’autant plus) pourévacuer et transformer nos déjections ! Lesouci c’est qu’elle rend la zone d’épurationtrès pauvre en oxygène. L’oxygène est prin-cipale source d’énergie pour les organismesde transformation et de purification desmatières organiques. Le manque d’oxygène

    stimule le développement des micro-orga-nismes de putréfaction, générateurs de mala-dies graves et ralentit, puis limite la qualité duprocessus d’épuration.Et si ce geste, si courant aujourd’hui, symbole

    d’une société hygiéniste, fière d’une avancéesalubre et salutaire nous éloignait toujoursplus du vivant, de notre lien à la Terre ? Une

    simple traction synonyme de confort et depropreté limitant à ce point l’effort que nousen oublierions d’où vient la vie !

    L’agriculture nourricière est intimement liéeà l’animal et à ses déjections, source de ferti-lité pour les sols, nourriture énergétique pourles micro-organismes responsables de l’amé-lioration de la terre, substrat de la croissancevégétale.

    L’infiniment petit vivant, mis autrefois aurang de forces divines, est aujourd’hui (unpeu) mieux compris par le milieu scientifiquemais complètement dénigré, voire mêmeignoré, de la plus grande partie de notre so-ciété occidentale. Seul le microbe pathogèneest considéré et plébiscité par les médias.

    Le syndrome de la chasse d’eau

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    Nous croyons vivre seuls avec nous-mêmes,aveuglés par notre égo supérieur intellectuel,mais il n’en est rien ! Sans les cortèges de bac-téries et levures présentes dans notre intes-tin (et partout ailleurs), nous ne serions rien.Nous sommes une équipe à nous tout seuls !Faire équipe avec son intestin est la base de lasanté humaine, selon la naturopathie.

    Ce que nous mangeons influe sur ce quenous sommes… Ce que nous sommes, nosémotions, influent sur nos déjections et viceversa (« je me chie dessus »… « Va chier »…« Il est constipé ou quoi »… « à pisser derire »). Pourquoi donc alors dénigrer ce travailcollectif, au point de le dévaloriser au rang dedéjection impropre à toute transformationpositive!Ce geste quotidien d’actionnement d’une

    petite manette pour faire disparaitre cettesource énergétique, lien entre l’animal etle végétal nous raconte bien des choses surnotre posture d’humains déracinés. Notrelien aux cycles naturels est aujourd’hui extrê-

    mement ténu.

    Les exemples rimant avec chasse d’eau nemanquent pas… Au point d’y voir un syn-drome !

    Pesticides et herbicides détruisant toute viesur leur passage au motif de protéger et net-toyer.

    Médicaments traitant de manière sympto-matique au détriment des systèmes immuni-taires.

    Incinération massive des déchets ménagers,enfouissement des déchets nucléaires, océanpoubelle…

    « Hors de ma vue ! » du racisme populaire,nettoyage au Kärcher de la pauvreté dans lescentres villes…

    Pas le droit de pleurer si t’es un homme !CHASSE moi tout ça de ton visage !

    L’utilisation de toilettes dites sèches replace

    une partie des activités de l’individu dans lecycle naturel des matières organiques. Recy-cler son caca pour le transformer en com-post, l’or noir des cultures, énergie pure pourles plantes, tout en évitant de polluer l’eaupotable, et ce ne sont probablement pas lesseuls avantages de leur utilisation.L’affaire est peut-être bien plus profonde !

    OUI ! Il faut un peu prendre sur soi ! Gérerson caca et celui des autres… Pas de bruitsmais de l’odeur ! Aller vider, remuer le tas et yapporter des matières vertes, remuer encore,améliorer les conditions de transformation,nettoyer soigneusement les contenants et sefournir en copeaux…Au delà des efforts que cela demande, vient

    ensuite un rapport différent avec la matièresécrétée. La gestion de ces déjections s’im-misce dans le quotidien et devient naturelle.Elle donne un sens retrouvé à l’existentiel desindividus, habitants terrestres organiques etcompostables.Quid ici du rapport à notre gestion des par-

    ties de nous-mêmes que nous désirons reje-ter. Tares physiques, dissimulation de nos par-

    ties immorales, émotions refoulées ... ?

    La traction de la chasse d’eau ressemble às’y méprendre à une propension développéeà faire l’autruche en ce qui concerne la partie(re)cyclage de notre présence sur notre pla-

    nète nourricière.Les écolos et leurs toilettes sèches che-minent sans doute, par une hygiène morale,naturelle, pourquoi pas émotionnelle, vers laprise en considération et la transformationde leurs parties sombres… en OR ! Une sortede développement personnel guidé par unlien restauré en l’homme de sa nature... dechieur !

    P 18  Page commune au LOT EN ACTION n° 98 et à LA TROUSSE CORRÉZIENNE n° 5 - vendredi 04 mars 2016

    Le site de référence international deJoseph Orszagh, ingénieur chercheurBelge qui a popularisé les Toilettes à

    Litières Biomaîtrisée (TLB) et mis en ligneses recherches. « Le concept de EAUTAR-CIE est une des formulations possiblesde l'assainissement écologique, avec uneparticularité : au lieu de faire l'inventairedes problèmes, on remonte aux sourcesde ceux-ci et l'on propose des solu-tions efficaces, simples et bon marché. ».www.eautarcie.org.

    Le livret d'Éric Sabot, La pratique ducompost et des toilettes sèches,

    édité par La maison au-tonome, 2008. « D'ungeste désinvolte nous

     jetons à la poubelle outirons la chasse d'eaupour nous débarrasserd'une richesse qui doitêtre gérée au mieuxafin de préserver cetteprécieuse couche d'humus à l'origine de lavie »

    La coopérative d'éducation populaireLe contrepied  vous propose une confé-rence gesticulée, en DVD ou en vrai : Wa-ter-causettes, une autre histoire de l’écolo-gie, par Anthony Brault et Samuel Lanoë.« Cette conférence gesticulée vous per-mettra de dépasser le tabou du caca, devoir au-delà d’une nécessaire remunicipa-

    lisation de l’eau puis surtout de répondreà cette énigme : comment doivent être lestoilettes de l’archiduchesse ? ».

    www.lecontrepied.org/les-dvd

    Le Réseau d'Assainissement Écologique(RAE). Ce sont environ 50 structures enFrance qui œuvrent pour la promotion d'unassainissement écologique et donc pourle développement des toilettes sèches.Chaque année, depuis dix ans, ils se re-trouvent pour une bien nommée Intesti-nale afin d'échanger sur leurs pratiqueset faire avancer ensemble la cause auprèsdes ministères. Le RAE édite aussi en ligneune plaquette didactique pour la mise enœuvre de TLB familiales.http://www.rae-intestinale.fr/ 

    Un petit coin pour soulager la planète :Toilettes sèches et histoires d'eau, 2006 ,de Christophe Elain, Editeur : Goutte desable.De notre rapport aux

    excréments à la lé-gislation en passantpar la constructionde toilettes sèches, laprésentation des dif-férents modèles, leproblème des orga-nismes pathogènes, laquestion des odeursmais également le traitement des eauxusées, tous les aspects sont ici abordés.Ce livre s'adresse aussi bien aux personnesqui s'interrogent sur leurs pratiques quoti-diennes qu'à celles qui, ayant déjà adop-té les toilettes sèches, sont à la recherched'informations complémentaires.

    Pour aller plus loin

    En Corrèze :  l'association Le Battementd'ailes et l'entreprise Toilettes & co. Il ya dix ans le centre agroécologique était lepremier en Corrèze à proposer des toilettessèches pour les festivals et les manifesta-tions publics. Il a transmis cette année cettepartie de l'activité à l'entreprise Toilettes &co. Elle poursuit la professionnalisation dece qui est devenu un métier. Le Battementd'ailes reste un interlocuteur pour répondreaux questions des particuliers et collectivi-tés sur les TLB.www.lebattementdailes.orgwww.toilettesandco.com