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LE BERRY REPUBLICAIN MERCREDI 13 MARS 2013 9 Bourges Vivre sa ville LOISIRS Un Berruyer se souvient du passage sur l’ancienne rampe du Prado du skater américain Tony Hawk Ses histoires avec la légende du skate Benjamin Gardel [email protected] I maginez Michael Jordan au Palais des sports du Prado, Pelé au stade Jacques-Rim- baud. Les rêves les plus fous de sportifs berruyers qui, avouons-le, n’ont qu’une infime chance de se réaliser. Les passionnés de skateboard peuvent, eux, se targuer d’avoir vu en chair et en os pour les plus anciens, en images repas- sées en boucle sur Internet pour les plus jeunes, Tony Hawk ska- ter à Bourges. Ce nom ne vous dit rien ? Ni plus ni moins que la « référen- ce » disent certains riders. Le « Dieu vivant » de la planche à roulettes pour d’autres. Un homme qu’a côtoyé à partir du milieu des années 1980 un Ber- ruyer, Nicolas Malinowski. Aujourd’hui installé au calme dans la campagne berrichonne, ce bientôt quinquagénaire est, avec une bande de copains, à l’origine de cette improbable aventure remontant à 1985. « Cette année-là, nous avions organisé au Prado un camp d’entraînement qui attirait des grands noms du skate. Des Américains à Bourges, ville au milieu de nulle part ? Cela pa- raît invraisemblable. Sauf qu’ils étaient tombés amoureux de l’énorme rampe que nous avi- ons fabriquée. » D’un faux bond est née une vraie légende L’année suivante, le skate camp doit accueillir de nouvel- les stars. L’une d’entre elle, Ste- ve Caballero, se désiste. À la dernière minute. De ce faux bond naît une vraie légende. « Une connaissance, Kevin Staab, m’avait dit : “Ne t’inquiè- tes pas. J’ai un remplaçant”. Et en juillet 1986, on voit débar- quer Tony Hawk. Le truc de fou. » Du haut de ses dix-huit ans, l’Américain est déjà connu de toute la planète skate : « Quand les autres venaient à Bourges avec une soixantaine de plan- ches à vendre pour se faire de l’argent, Tony, lui, venait en va- cances pour tenter un 900 (une figure composée de deux tours et demi qu’il réalisera bien plus tard, NDLR) qu’il pensait pou- voir réaliser sur notre rampe. » Hormis un amour commun pour les acrobaties, tout semble opposer Nicolas le Berruyer à Tony l’Américain. Et pourtant… « Lui devait déjà toucher 100 à 150.000 dollars par an, moi je n’avais pas un rond. Dès que j’avais un franc, je le mettais dans le skate. On s’est bien amusé et il faut croire que lui aussi, plaisante Nicolas Mali- nowski. À tel point qu’en 1987, il est revenu sans qu’on l’ait in- vité. » Bourges devient incontourna- ble. De nombreux magazines spécialisés et leurs photogra- phes affluent, des gamins « pé- tés de thunes viennent de Suis- se pour obtenir un autocollant ou un autographe ». L’histoire écrite sur la rampe, dans les bars berruyers ou en boîte de nuit ne reste pas sans lende- main : « On peut dire que nous étions devenus potes. » Assez proches en tout cas pour qu’en 1990 Nicolas Malinowski décolle pour les États-Unis. Di- rection la Californie et San Die- go. « Des amis skaters devaient venir me chercher à l’aéroport. Ils ne sont jamais venus, ils étaient en Australie. J’étais com- me un con avec ma planche, quelques dollars en poche, mes bagages et ma planche. C’en est un autre qui est venu me pren- dre. On a roulé sur trente kilo- mètres jusqu’à s’arrêter devant une propriété au milieu du dé- sert. J’étais embarrassé, mais j’ai passé trois semaines dans la maison de Tony Hawk. » Plus de vingt ans après, Tony Hawk en reparle Au récit qui ferait saliver plus d’un jeune rider, Nicolas Mali- nowski joint les images, des photos ayant survécu aux an- nées et aux déménagements. On y voit Tony Hawk, torse nu, en train de retaper avec papa le skatepark construit dans le jar- din ; avec Nicolas à partager une bière dans un jacuzzi : « Ce n’est pas à la portée de tout le monde d’avoir son skatepark et son jacuzzi. À part ça, c’est un gars comme les autres, Tony. Très généreux, très intelligent avec 148 de QI, hyper cool. Mais au bout de quelques jours, j’avais envie de partir. Bouffer du fast-food tous les jours, j’en avais marre. » Les années passent, chacun taille sa route. À Tony la gloire. À Nicolas l’anonymat. Deux chemins qui, parfois, se recroi- sent. Dans les Landes, à Hosse- gor, en 2008, autour d’un soda. Ou au Grand Palais à Paris pour un événement promotionnel d’un équipementier. C’était en 2009 et Tony Hawk, interrogé par un journaliste, évoquait ses souvenirs berruyers. Devant la vidéo, le fiston Lucas dans ses bras, Nicolas savoure : « Plus de vingt ans après, il en parle en- core. Tout est dit… » Avec sa rampe du Prado, Bourges était dans les années 1980 le lieu où tous les skaters se pressaient. Y compris Tony Hawk, le meilleur d’entre eux. Nicolas Malinowski, ancien rider berruyer, nous raconte cette improbable rencontre. DOCUMENT. Tony Hawk sur la rampe du Prado en 1986. PHOTO N. MALINOWSKI « Tony, lui, venait en vacances pour tenter un 900 qu’il pensait pouvoir réaliser sur notre rampe. » NICOLAS MALINOWSKI Ancien skater berrichon SOUVENIRS D’UN BERRUYER AYANT SÉJOURNÉ CHEZ LE DIEU VIVANT DU SKATEBOARD INDÉLÉBILES En 1990, quand il s’envole pour les États-Unis et San Diego, Nicolas Malinowski ne sait pas encore qu’il va séjourner pendant trois semaines chez Tony Hawk. Il découvrira dans son jardin le skatepark personnel de la star et cette rampe inspirée de celle qui trônait dans les années 1980 au Prado. Avec d’autres skaters et le père de Tony Hawk, le Berruyer a participé à sa réfection. Souvenirs jaunis, écornés mais indélébiles. PHOTOS NICOLAS MALINOWSKI LES RENDEZ-VOUS DU JOUR CONCERT. Au théâtre Jacques-Cœur. Le saxophoniste César Poirier et Freiman-Freiman, à 20 h 30. Tarifs, 20 et 15 euros, réduit 10 euros. Réservations au 06.85.79.14.86. VISITE. Musée du Berry. Visite du midi : la petite crèche de Jean et Jacqueline Lerat, à 12 h 15, 4 rue des Arènes. Gratuit. CONFÉRENCE. Maison des associations. 2.600 ans de migrations de l’Espagne et du Portugal, regards sur le Berry, à 20 h 30. Entrée libre. EMMETROP. Le Nadir. L’association Emmetrop propose tous les deux mois une rencontre au Nadir pour présenter sa programmation bimes- trielle en musique et vidéos. Elle aura lieu ce soir, à 19 heures, et sera dé- diée aux spectacles de mars et avril. Un moment sympa pour découvrir les groupes belges qui joueront le 23 mars, la soirée Jarring Effects du 27 avril… Gratuit. SAINT-PATRICK ROCK’N’ROLL LE MURRAYFIELD. Photos et concert. Vendredi 15 mars, à 19 heures, présentation de Love me Thunder, livre de photos noir et blanc de Misteratomic dédié aux fans actuels des années 1950 et de leur esthétique, suivie d’une programma- tion musicale avec trois DJ. Samedi 16 mars, à 21 heu- res, concert de Oil City Band (photo), du rock dans la lignée de Dr Feelgood.

Tony Hawk et Bourges

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Tony Hawk et Bourges

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  • LE BERRY REPUBLICAIN MERCREDI 13 MARS 2013 9

    Bourges Vivre sa ville

    LOISIRS Un Berruyer se souvient du passage sur lancienne rampe du Prado du skater amricain Tony Hawk

    Ses histoires avec la lgende du skate

    Benjamin Gardel

    [email protected]

    I

    maginez Michael Jordan au

    Palais des sports du Prado,

    Pel au stade JacquesRim

    baud. Les rves les plus fous

    d e s p o r t i f s b e r r u ye r s q u i ,

    avouonsle, nont quune infime

    chance de se raliser.

    Les passionns de skateboard

    peuvent, eux, se targuer davoir

    vu en chair et en os pour les

    plus anciens, en images repas

    ses en boucle sur Internet pour

    les plus jeunes, Tony Hawk ska

    ter Bourges.

    Ce nom ne vous dit rien ? Ni

    plus ni moins que la rfren

    ce disent certains riders. Le

    Dieu vivant de la planche

    roulettes pour dautres. Un

    homme qua ctoy partir du

    milieu des annes 1980 un Ber

    ruyer, Nicolas Malinowski.

    Aujourdhui install au calme

    dans la campagne berrichonne,

    ce bientt quinquagnaire est,

    avec une bande de copains,

    lorigine de cette improbable

    aventure remontant 1985.

    Cette annel, nous avions

    organis au Prado un camp

    dentranement qui attirait des

    grands noms du skate. Des

    Amricains Bourges, ville au

    milieu de nulle part ? Cela pa

    rat invraisemblable. Sauf quils

    taient tombs amoureux de

    lnorme rampe que nous avi

    ons fabrique.

    Dun faux bond

    est ne une vraie lgende

    Lanne suivante, le skate

    camp doit accueillir de nouvel

    les stars. Lune dentre elle, Ste

    ve Caballero, se dsiste. la

    dernire minute. De ce faux

    bond nat une vraie lgende.

    Une connaissance, Kevin

    Staab, mavait dit : Ne tinqui

    tes pas. Jai un remplaant. Et

    en juillet 1986, on voit dbar

    quer Tony Hawk. Le truc de

    fou.

    Du haut de ses dixhuit ans,

    lAmricain est dj connu de

    toute la plante skate : Quand

    les autres venaient Bourges

    avec une soixantaine de plan

    ches vendre pour se faire de

    largent, Tony, lui, venait en va

    cances pour tenter un 900 (une

    figure compose de deux tours et

    demi quil ralisera bien plus

    tard, NDLR) quil pensait pou

    voir raliser sur notre rampe.

    Hormis un amour commun

    pour les acrobaties, tout semble

    opposer Nicolas le Berruyer

    Tony lAmricain. Et pourtant

    Lui devait dj toucher 100

    150.000 dollars par an, moi je

    navais pas un rond. Ds que

    javais un franc, je le mettais

    dans le skate. On sest bien

    amus et il faut croire que lui

    aussi, plaisante Nicolas Mali

    nowski. tel point quen 1987,

    il est revenu sans quon lait in

    vit.

    Bourges devient incontourna

    ble. De nombreux magazines

    spcialiss et leurs photogra

    phes affluent, des gamins p

    ts de thunes viennent de Suis

    se pour obtenir un autocollant

    ou un autographe . Lhistoire

    crite sur la rampe, dans les

    bars berruyers ou en bote de

    nuit ne reste pas sans lende

    main : On peut dire que nous

    tions devenus potes.

    Assez proches en tout cas pour

    quen 1990 Nicolas Malinowski

    dcolle pour les tatsUnis. Di

    rection la Californie et San Die

    go. Des amis skaters devaient

    venir me chercher laroport.

    Ils ne sont jamais venus, ils

    taient en Australie. Jtais com

    me un con avec ma planche,

    quelques dollars en poche, mes

    bagages et ma planche. Cen est

    un autre qui est venu me pren

    dre. On a roul sur trente kilo

    mtres jusqu sarrter devant

    une proprit au milieu du d

    sert. Jtais embarrass, mais jai

    pass trois semaines dans la

    maison de Tony Hawk.

    Plus de vingt ans aprs,

    Tony Hawk en reparle

    Au rcit qui ferait saliver plus

    dun jeune rider, Nicolas Mali

    nowski joint les images, des

    photos ayant survcu aux an

    nes et aux dmnagements.

    On y voit Tony Hawk, torse nu,

    en train de retaper avec papa le

    skatepark construit dans le jar

    din ; avec Nicolas partager

    une bire dans un jacuzzi : Ce

    nest pas la porte de tout le

    monde davoir son skatepark et

    son jacuzzi. part a, cest un

    gars comme les autres, Tony.

    Trs gnreux, trs intelligent

    avec 148 de QI, hyper cool. Mais

    au bout de quelques jours,

    javais envie de partir. Bouffer

    du fastfood tous les jours, jen

    avais marre.

    Les annes passent, chacun

    taille sa route. Tony la gloire.

    Nicolas lanonymat. Deux

    chemins qui, parfois, se recroi

    sent. Dans les Landes, Hosse

    gor, en 2008, autour dun soda.

    Ou au Grand Palais Paris pour

    un vnement promotionnel

    dun quipementier. Ctait en

    2009 et Tony Hawk, interrog

    par un journaliste, voquait ses

    souvenirs berruyers. Devant la

    vido, le fiston Lucas dans ses

    bras, Nicolas savoure : Plus de

    vingt ans aprs, il en parle en

    core. Tout est dit

    Avec sa rampe du Prado,

    Bourges tait dans les

    annes 1980 le lieu o

    tous les skaters se

    pressaient. Y compris Tony

    Hawk, le meilleur dentre

    eux. Nicolas Malinowski,

    ancien rider berruyer,

    nous raconte cette

    improbable rencontre.

    DOCUMENT. Tony Hawk sur la rampe du Prado en 1986. PHOTO N. MALINOWSKI

    Tony, lui, venait en vacances pour

    tenter un 900 quil pensait pouvoir

    raliser sur notre rampe.

    NICOLAS MALINOWSKI Ancien skater berrichon

    SOUVENIRS DUN BERRUYER AYANT SJOURN CHEZ LE DIEU VIVANT DU SKATEBOARD

    INDLBILES

    En 1990, quand il senvole pour les tatsUnis et

    San Diego, Nicolas Malinowski ne sait pas encore

    quil va sjourner pendant trois semaines chez Tony

    Hawk. Il dcouvrira dans son jardin le skatepark

    personnel de la star et cette rampe inspire de celle

    qui trnait dans les annes 1980 au Prado. Avec

    dautres skaters et le pre de Tony Hawk, le

    Berruyer a particip sa rfection. Souvenirs jaunis,

    corns mais indlbiles. PHOTOS NICOLAS MALINOWSKI

    LES RENDEZ-VOUS DU JOUR

    CONCERT. Au thtre Jacques-Cur. Le

    saxophoniste Csar Poirier et FreimanFreiman,

    20 h 30. Tarifs, 20 et 15 euros, rduit 10 euros.

    Rservations au 06.85.79.14.86.

    VISITE. Muse du Berry. Visite du midi : la petite

    crche de Jean et Jacqueline Lerat, 12 h 15, 4

    rue des Arnes. Gratuit.

    CONFRENCE. Maison des associations.

    2.600 ans de migrations de lEspagne et du

    Portugal, regards sur le Berry, 20 h 30. Entre

    libre.

    EMMETROP. Le Nadir. Lassociation

    Emmetrop propose tous les deux

    mois une rencontre au Nadir pour

    prsenter sa programmation bimes

    trielle en musique et vidos. Elle aura

    lieu ce soir, 19 heures, et sera d

    die aux spectacles de mars et avril.

    Un moment sympa pour dcouvrir

    les groupes belges qui joueront le

    23 mars, la soire Jarring Effects du

    27 avril Gratuit.

    SAINT-PATRICK ROCKNROLL

    LE MURRAYFIELD. Photos et

    concert. Vendredi 15 mars,

    19 heures, prsentation

    de Love me Thunder, livre

    de photos noir et blanc de

    Misteratomic ddi aux

    fans actuels des annes

    1950 et de leur esthtique,

    suivie dune programma

    tion musicale avec trois DJ.

    Samedi 16 mars, 21 heu

    res, concert de Oil City

    Band (photo), du rock dans

    la ligne de Dr Feelgood.