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Tous droits de reproduction, traduction et adaptation · aux ouvrages de Georges Duhamel et d'autres grands pro- sateurs ; je ne me souviens pas d'avoir « fait une dictée » signée

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Tous droits de reproduction, traduction et adaptation réservés peur tous pays.

© by SAGEREP - L 'AFRIQUE ACTUELLE.

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Olympe BHELY-QUENUM

R É C I T

SAGEREP - L'AFRIQUE ACTUELLE 19, rue Grenéta, PARIS ( 2 - Dossier Littéraire n° 2 H.C.

.

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LIAISON D'UN ÉTÉ ET AUTRES RÉCITS

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DU MÊME AUTEUR

UN PIEGE SANS FIN - roman - Editions Stock (Paris) — 1960

LE CHANT DU LAC - roman - Editions Présence Africaine (Paris) — 1965 (« Grand Prix Littéraire de l'Afrique Noire » — 1966)

En collaboration avec S.A.M. PRATT :

PRACTICAL FRENCH, (7 volumes) ouvrages d'ensei- gnement du français en Afrique anglophone - Editions Longmans et Green, Londres.

Pour paraître prochainement :

FORCES OBSCURES - roman.

UNE GRANDE AMITIE - enquête.

En préparation :

LES AMAZONES DU ROI

AS-TU VU KOKOI ?

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A V A N T P R O P O S

Les textes réunis ici jalonnent dix-neuf années de taton- nements dans un domaine littéraire un peu particulier. J'étais parti, en 1949, de ce qu'on appelle aujourd'hui « la littérature différente », sans avoir jamais connu à l'adjectif « différent » l'acceptation qu'il semble impliquer actuelle- ment. Mais très rapidement, l'observation et la description du monde africain éclipsa le réalisme des rêves, et celui aussi du merveilleux des contes de mes grands-parents dont on trouvera un seul exemple dans ce livre.

« Quand avez-vous commencé d'écrire ? » « Quels faits », « quel événement », « quelle émotion est à l'origine de votre tout premier livre ? » Cinquante-sept hommes fort sérieux (pour la plupart des professeurs de sociologie, de lettres, d'anthropologie culturelle, et qui étaient ou sont des Africains, des Européens et des Américains) m'ont posé ces questions depuis la publication d' « UN PIEGE SANS FIN » en 1960. Les uns avaient vu dans cet ouvrage, comme dans LE CHANT DU LAC, « une structure tragique », « une certaine idée de la générosité et de la tolérance » ; les autres, « l'alternance dans une conscience aiguë de la vie et de la mort dont vous ne semblez pas avoir peur. »

Je ne comprends rien à toutes ces grandes expressions. Je ne pense à rien de tel en écrivant. Toutes les grandes idées qu'on prétend trouver dans mes livres me sont étran- gères. C'est peut-être aussi pour cela qu'il m'est toujours difficile de répondre sincèrement aux interrogations dont m'accablent mes correspondants. Ce n'est ni parce que je « joue à l'écrivain », ni parce que je suis « snob » ou « un crétin » que je ne réponds pas à toutes les lettres ou réponds « en toute conscience à côté de la question posée. » La vérité est qu'aucun événement, aucune émotion n'a jamais

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déclenché en moi l'acte d'écrire : l'idée vient, née d'un rêve ou de l'observation d'un fait divers parfois récent ou très ancien ; alors calmement, froidement, je me mets à la concré- tiser, noir sur blanc.

PROMENADE DANS LA FORET, le premier texte que j'ai écrit, je suis sûr qu'il n'existerait pas aujourd'hui, si je n'avais rencontré André BRETON en 1949. J'ai rapporté cet événement dans un in memoriam consacré à l'auteur de NADJA le jour même de sa mort, et qui a paru dans L'AFRIQUE ACTUELLE. Voici ce texte.

« Des Africains m'ont critiqué d'avoir consacré un édi- torial à Georges Duhamel (1) ; Ils me feront des reproches plus sévères quand ils sauront que j'ai dédié ma première nouvelle « à André Breton à qui je racontai d'abord cette histoire et à mes camarades du collège Littré où je l'écrivis... »

En Afrique, dans les écoles primaires, nos instituteurs nous soumettaient à des épreuves d'orthographe empruntées aux ouvrages de Georges Duhamel et d'autres grands pro- sateurs ; je ne me souviens pas d'avoir « fait une dictée » signée André Breton. L'homme qui mourut aujourd'hui 27 septembre 1966, à l'âge de 70 ans, je le rencontrai à l'époque où je découvrais les œuvres d'Aimé Césaire. Ce devait être en 1949. J'étais venu d'Avranches à Paris et je me promenais avec mon ami E. de S. (2) tué plus tard en Algérie pendant la guerre. Nous étions à Saint-Germain-des-Prés.

— Tiens, voilà André Breton, me dit E. qui m'avait fait lire Nadja et Les Vases Communicants.

— Tu es sûr ? — Toi qui ne manques pas d'aplomb, va donc lui deman-

(1) J'ai connu Georges Duhamel et il m'a accordé un entretien peu après la publication d' « UN PIEGE SANS FIN » ; il m'a ensuite, moralement, beaucoup encouragé avant et après la création de « L'Afri- que Actuelle ».

(2) E. est le personnage nommé Edouard Saint-Barguigner dans mon premier roman encore inédit et dont le manuscrit avait été traité de « froidement féroce » par quelques éditeurs.

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d e r s ' i l es t b i e n A n d r é B r e t o n , d i t E . e n m e r e g a r d a n t d u c o i n d e l 'œ i l .

L a s c è n e se p a s s a i t , si m e s s o u v e n i r s s o n t e x a c t s , e n t r e le c a f é d e F l o r e e t l a r u e d e s S a i n t s - P è r e s . B r e t o n m o n t a i t

à p i e d le b o u l e v a r d S a i n t - G e r m a i n . N o u s d é c i d â m e s d e l e su iv re . A p r è s p l u s d e d i x m i n u t e s d ' h é s i t a t i o n s , j ' a b o r d a i l ' i l l u s t r e s u r r é a l i s t e e t lu i d e m a n d a i s ' i l é t a i t b i e n M. A n d r é

B r e t o n . I l m e r e g a r d a s a n s s u r p r i s e ; j e l u s a l o r s s u r s o n v i s a g e c e s o u r i r e d i s c r e t e t i r o n i q u e q u e j e v e r r a i p l u s t a r d s u r ses p h o t o g r a p h i e s . E . d e S. s e t e n a i t à q u e l q u e s m è t r e s d e r r i è r e nous . . . L ' é c r i v a i n e t m o i a v i o n s a i n s i su iv i l e b o u -

l e v a r d j u s q u ' à l a r u e M o n t a l e m b e r t o ù B r e t o n m e f i t e n t r e r p o u r l a p r e m i è r e fo is d a n s le B a r - R e s t a u r a n t M o n t a l e m b e r t ?

E . d e S... y e n t r a auss i , q u e j e p r é s e n t a i a u c é l è b r e é c r i v a i n .

— E. d e S... m o n a m i q u i m ' a p r ê t é q u e l q u e s - u n s d e v o s l iv res .

— L ' a m i t i é e s t u n e b o n n e c h o s e , d i t B r e t o n q u i a j o u t a : je vo i s q u e v o u s a i m e z les p o è t e s e t q u e v o u s l i s e z C é s a i r e e t S e n g h o r ; e s t - c e q u e v o u s é c r i v e z ?

— O h , non . . .

— V o u s n ' é c r i v e z p a s d e p o è m e s ? — ... N o n , j e g r i b o u i l l e d e s h i s t o i r e s b a n a l e s . — Q u ' e s t - c e q u e v o u s a p p e l e z a i n s i ? — D e s c h o s e s q u i m ' a m u s e n t . — Q u ' e s t - c e q u e v o u s n ' a v e z p a s e n c o r e é c r i t ? L a q u e s t i o n m e s u r p r i t m a i s j e r é p o n d i s : — U n r ê v e q u e j ' a i f a i t h i e r . — Q u ' e s t - c e q u i s ' é t a i t p a s s é ? J e lui r a c o n t a i m o n r ê v e , e t il é c o u t a c e t t e h i s t o i r e q u i

d u r a p l u s d ' u n q u a r t d ' h e u r e ; il a v a i t l ' a i r f r o i d d ' u n g e n t l e m a n , m e r e g a r d a i t e t j ' a v a i s l e s e n t i m e n t q u ' i l l i s a i t d a n s m a p e n s é e . Q u a n d j ' e u s f in i l e r é c i t , il m e d i t :

— C ' e s t é t r a n g e , m a i s c ' e s t d u r ê v e à l ' é t a t b r u t . J e vo i s q u e v o u s n ' a v e z p a s e n c o r e l u F r e u d , m a i s v o u s d e v r i e z é c r i r e c e r ê v e , a v a n t d e d e v e n i r é c r i v a i n .

R e n t r é a v e c E . à l ' h ô t e l d u b o u l e v a r d d e la T o u r M a u -

b o u r g o ù je d e s c e n d a i s a lo r s , n o u s p a r l â m e s l o n g t e m p s

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d'André Breton qui m'avait fasciné. Sans beaucoup d'argent, je dus passer toute une semaine à errer le long des quais de la Seine, à chercher chez les bouquinistes les livres d'André Breton. Retourné à Avranches, j'écrivis la « Pro- menade dans la forêt », une nouvelle dont le thème est le rêve que j'avais raconté à l'auteur de Nadja.

J'aime chez ce grand écrivain l'homme en qui j'avais senti vibrer la haine du monde prosaïque et robotisé, et dont les efforts tendaient moins à résoudre le problème de la condition sociale que celui de la condition humaine. Poète sublime, André Breton, baptisé le pape du surréalisme, a écrit sur ce mouvement qui n'était pas seulement littéraire, des textes qui dans cinquante ans remettront à l'épreuve la sagacité des critiques... Ce que j'aime encore chez lui, c'est sa prose inimitable réglée dans sa violence où l'image et la pensée semblent se poursuivre, puis se mesurer l'une à l'autre.

— Pourquoi tu as souligné ces lignes dans « Arcane 17 » ? me demanda E. de S. peu avant son départ pour l'Algérie.

— Je te les lis à haute voix : « Mélusine, à demi reprise par la vie panique, aux atta-

ches inférieures de pierrailles ou d'herbes aquatiques ou de duvet de nid, c'est elle que j'invoque, je ne vois qu'elle qui puisse rédimer cette époque sauvage. C'est la femme tout entière et pourtant la femme telle qu'elle est aujourd'hui, la femme privée de son assiette humaine, prisonnière de ses racines mouvantes tant qu'on veut, mais aussi par elles en communications providentielles avec les forces de la nature... »

— Si je reviens d'Algérie, je ferai un petit travail sur la femme dans l'œuvre d'André Breton, avait conclu E.

Il ne reviendra pas d'Algérie. Voilà pourquoi aujourd'hui je pense à la fois à André Breton et au jeune Français sans qui je n'aurais peut-être pas rencontré le grand homme des lettres françaises qui vient de mourir »

J'ajouterai seulement qu'à l'exception de la REINE AU BRAS D'OR, les histoires qu'on lira dans cet ouvrage ne

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sont pas classées selon l'ordre chronologique. Toutes, y compris LA ont été traduites en langues étrangères, diffusées par des radios dans des pays africains ou européens ; elles paraîtront en anglais après leur publication en français. Toutes - sauf deux - sont nourries d'événements réels, nées de faits authentiques qui avaient eu lieu çà et là en Afrique, parfois au Dahomey et dont peu d'enfants de ce pays douteront ; à moins que ces der- niers n'aient jamais été curieux des petits faits vrais de la terre natale.

Pourquoi publier ces textes aujourd'hui ? Eh bien, simplement parce qu'il m'a paru normal de livrer, enfin, au public près d'une vingtaine d'années de moisson provenue des champs de la Négritude, et j'ai agi en toute conscience, même en ce qui concerne une nouvelle aussi farfelue que « La suite des brigands » ; car là aussi l'imagi- nation, en serrant de près les recoupements issus de la légende d'Akpanankan — personnage authentique dont je conserve le nom dans les textes qui lui sont consacrés — me semble coïncider avec les procès-verbaux de la gendar- merie dahoméenne.

Paris, le 5 janvier 1968

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« 0 il y a quelques années, alors que je n'avais pas encore achevé [de grandir,

J'allais me baigner avant le jour, et quand je remontais, marchant [dans la boue et les roseaux,

Je voyais l'Aurore grandir au-dessus des forêts, Et comme quelqu'un qui remet sa chemise, tout nu je levais les deux

[bras vers les coquelicots d'or ! O quand reviendra le soleil ! Que je te revoie encore cette fois,

[soleil de la terre ! »

Paul CLAUDEL (Tête d'Or)

« Ecrire, c 'est s'ouvrir jusqu'à l'excès ; l'extrême sincérité et l'ex- trême abandon dont on use dans les relations humaines sont loin d'être suffisants pour l'écrire. Ce qu'on emporte avec soi de cette surface n'est rien et s'effondre à l'instant où un sentiment plus vrai fait vaciller ces couches superficielles. »

F. KAFKA « Lettres à Felice » cité par Claude David

Cf. « Le Monde » du 27-4-68

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PROMENADE DANS LA FORÊT

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A André Breton à qui je racontai d'abord cette histoire ; au Collège Littré d'Avranches et à mes anciens camarades de cet établissement où j'écrivis ce récit ; mais aussi à la ville d'Avranches où j'ai beaucoup appris.

Quand j'avais onze ans, un de mes oncles un jour m'emmenait avec lui à sa ferme. Il s'appelait Akpoto, un bel homme aux grands yeux noirs, fort et distingué.

Nous étions partis de bonne heure, pourtant le très matinal soleil d'Afrique nous avait déjà devancés. Nous avions parcouru plus de treize kilomètres en longeant la route intercantonale ; puis nous nous sommes engagés dans le sentier qui menait à Houêtô. Une petite rivière guéable à toutes les heures de la journée coupait le chemin de sable d'or très fin qui serpentait dans une forêt haute et touffue.

Nous avions traversé la rivière et continuions de mar- cher sur du cron... J'aimais la douceur de cette terre sablon- neuse ; sa surface veloutée caressait agréablement la plante de mes pieds nus. Mais la joie que j'éprouvais à marcher sur ce chemin cédait peu à peu à la peur au fur et à mesure que nous nous enfoncions dans la forêt.

Lorsque nous quittâmes le chemin pour une piste mouillée, j'eus tout à coup l'impression que l'humidité s'imbibait dans tout mon corps, et la peur me devenait insup- portable.

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Je me mis alors à harceler mon oncle de petites questions aussi agaçantes que bêtes. Je me heurtais sans cesse contre lui, m'accrochais à sa main ou me mettais maladroitement devant lui et risquai maintes fois de le faire tomber...

Nous traversions une sorte de clairière, où le ciel au- dessus de nous était invisible comme dans la plupart de nos forêts. Nous avions déjà trop marché. Combien de temps ? Je ne puis le dire : je n'allais pas encore à l'école et, naturellement, ne connaissais rien en français, à la grande indignation de mon père, l'honorable instituteur qui me voyait toujours malade et incapable de supporter les tracas et les bruits des établissements scolaires. Mon oncle, lui, pouvait définir l'heure selon la position du soleil : par une sorte de sensation, ou plutôt, d'intuition ; aussi, après avoir inutilement levé le regard vers les voûtes de végé- tation arborescente dissimulant le ciel à nos yeux, me dit-il de sa voix très douce que je perçois encore : « Attends-moi ici, je reviens dans un instant ».

Il me quitta en s'enfonçant à grands pas dans la brousse s'étendant à perte de vue, après m'avoir laissé dans les mains une grosse orange et quatre goyaves.

Soudain, je me sentis cloué de fatigue ; j'avais envie de pleurer, mais je me retenais ; car je n'ai jamais pu aimer les pleureurs : je ne déteste rien tant que cette façon d'exté- rioriser nos peines. Et j'attendais. Oh, j'ai attendu, certai- nement plus que je ne saurai jamais le faire ; mais mon oncle ne revenait pas ! J'eus le temps de manger deux goyaves, puis mon orange et j'attendis très longtemps avant de cro- quer mes deux autres goyaves.

Epuisé par l'angoisse de ne voir que la brousse autour de moi avec son calme effrayant, je m'assis à même l'humus, enfouis mon visage dans les mains comme pour ne plus rien voir de l'endroit où j'étais ; mais vivement saisi par l'humi- dité. je dus me relever aussitôt et me mis à marcher sans trop savoir où j'allais.

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J'aurais dû chercher le chemin que nous avions suivi jusque-là, mais la panique régnait dans tous mes sens et je marchais ainsi qu'un automate. J'aurais voulu pouvoir crier une seule fois, siffler, chanter ou parler à haute voix ou murmurer quelque chose, n'importe quoi pour atténuer l'effet de la peur en moi ; n'importe quoi me fît prendre conscience de ma personne ou me donnât simplement l'illu- sion que j'étais toujours moi : un être humain et vivant qui par hasard se trouvait là ; mais je ne pus rien dire... Vraiment, c'est la seule fois que je me souvienne d'avoir eu peur.

Je marchais sans arrêt, incapable de retrouver le che- min couvert de cron ; je ne revis pas la rivière roulant ses eaux avec une suave musique ; mais j'aperçus tout à coup devant moi une grande femme enveloppée dans un pagne blanc qui voilait son visage et cachait ses pieds. Elle s'avan- çait vers moi ; mon cœur se mit à battre à coups précipités ; j'avais l'impression de recevoir de grands cognements d'un bélier ne réussissant pas à vite défoncer ma poitrine. Je commençai de crier ; non, j'eusse voulu crier ; je sentais que je criais, mais ne m'entendais pas crier ; je souhaitais voir la terre s'ouvrir sous mes pieds, tandis que l'humus résis- tait à mes efforts ; alors je me sentis vaincu, tendis les bras vers la dame tel un bébé vers sa maman.

A mon étonnement, cette femme passa près de moi, indifférente et muette. Je regardai en arrière ; elle aussi avait tourné la tête et, avant que j'eusse le temps de détour- ner mes yeux, elle avait déjà découvert son visage. Je vis alors quelque chose de formidable : un visage hâve, litté- ralement décharné qui me fit une affreuse et répugnante grimace.

Je me mis à courir à toutes jambes tout en jetant de temps en temps de furtifs coups d'œil en arrière ; ce qui n'arrangeait rien, car je revoyais sans cesse le personnage à une vingtaine de pas derrière moi, bien qu'il ne courût

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pas. Mais ma course ne dura guère, car quelques instants après cette rencontre, je me trouvais devant la ligne du chemin de fer ; mon cœur battait à rompre ma poitrine. Je regardai encore en arrière et vis mon oncle.

— Où étais-tu ? Pourquoi tu m'as abandonné dans la forêt ? dis-je d'un air sévère lourd de reproche.

Il me regarda avec pitié parce qu'il lisait l'angoisse dans mes regards ; il me fit remarquer qu'il n'avait pourtant pas tardé à quitter Houêtô :

— J'ai aussitôt donné l'ordre à mes cultivateurs d'attra- per ces poulets que voici, et je suis allé déterrer moi-même des tubercules de manioc pour ta grand-mère et ta grand- tante. Ma mission terminée, je suis revenu dans la clairière où j'ai été étonné de ne pas te retrouver ; alors j'ai continué le chemin du retour en regardant partout. Tout à coup, je perçus un grand frou-frou dans la brousse à ma gauche ; je crus d'abord que c'était une biche, mais je dus me ravi- ser ensuite quand je vis une forme humaine en train de courir à toutes jambes ; c'était toi. J'aurais pu t'appeler, mais je préférai te suivre des yeux, car nous cheminions parallèlement l'un à l'autre. Un seul pas, mais un grand pas me séparait de toi, mon petit. Et puis, je n'avais rien à craindre pour toi, car la forêt n'est pas dangeureuse.

Je me sentais triste de l'avoir amené à me donner des explications ; mais mon cœur breloquait encore de colère et de sanglots intérieurs lorsque je lui demandai d'une voix tremblante s'il avait revu la rivière.

— Mais, pourquoi pas ? Elle était là avant la naissance de nos ancêtres et y restera certainement après nous !

— Possible, mais je ne l'ai pas traversée de nouveau. — Qu'est-ce que tu me racontes ? Tu dois l'avoir guéée

sans t'en être aperçu. — Mais c'est vrai, oncle ! Je n'ai pas revu la moindre

trace de la rivière ; à preuve, regarde mes jambes et mes pieds, ils ne sont pas trempés comme les tiens.

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— Tu m'étonnes, Codjo ! — Retournons dans la clairière en empruntant le chemin

qui m'a amené ici, si tu ne me crois pas ! dis-je avec une certitude qui me surprend aujourd'hui de la part de l'enfant que j'étais.

Mon oncle déposa ses corbeilles de manioc et de pou- lets sous un hallier, me mit à califourchon sur ses épaules et nous prîmes le sentier que j'avais emprunté ou plutôt, cette voie qui, peut-être, n'existerait pas si je n'avais pas été le premier homme qui, de la clairière jusqu'aux rails, avait dans sa course d'apeuré farouchement abattu l'herbe à cet endroit-là.

Nous étions parvenus à la clairière, puis à la ferme bien plus vite que nous n'eussions pu le faire en empruntant le chemin couvert de cron.

Akpoto fut abasourdi de n'avoir pas eu à guéer la rivière qu'il traversait depuis plus de trente-cinq ans, et dont il s'imaginait la source quelque part dans la forêt.

Il me déposa, j'avais la bouche desséchée ; je me désal- térai en me servant d'une calebasse, ce qui intensifia la fraîcheur de l'eau et le plaisir de la boire, puis nous reprî- mes le chemin du retour en empruntant de nouveau mon espèce de layon devenu la voie la plus rapide pour aller à Houêtô et pour en revenir.

« Un squelette qui marche, cela n'existe pas. Aucun mort ne revient vivre parmi les hommes ; ma grand-mère et mon arrière-grand-père paternels se sont succédés à un mois d'intervalle dans la mort ; personne n'a dit les avoir rencontrés depuis trois ans qu'ils ont cessé de me choyer ». Ainsi pensais-je convaincu que ma rencontre avec le sque- lette était seulement l'effet d'une hallucination.

Je voulais vérifier cette illusion et profitai d'un moment d'inattention de mes parents pour fuir notre domicile où je m'ennuyais : j'aimais le grand air, la solitude au bord de

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la mer ou dans les bois ; ou bien les milieux humains où l'on n'exigeât rien de moi et où je pusse me rendre utile sans que ce fût par devoir.

Chez mes parents, on me faisait tout ; j'étais comblé, oisif ; je sentais ma parfaite inutilité.

La clairière regagnée par le layon, je me mis à la recherche de la source de la rivière. Cette investigation occu- pait toute ma pensée. Peut-être parce que j'étais ce que mes parents appelaient un être obstiné ; peut-être aussi parce que j'avais l'arrière-pensée d'étonner mon oncle par la découverte de la vérité que je voulais cerner.

Je m'enfonçai donc dans la forêt, glissais sur les cailloux, m'embourbais dans l'humus spongieux et sussurant, enjam- bais les lianes, rampais parmi les ronces. Devant moi appa- rut un gros caméléon. Nous nous regardâmes une longue seconde et sa peau visiblement, progressivement, prit la cou- leur du pagne couleur indigo que je portais noué au cou par-dessus ma culotte kaki. A cet instant, je pensai à mon vénéré arrière-grand-père qui, dans ses contes, ne cachait pas son affectation pour le caméléon : « il manque rarement son but parce qu'il sait s'adapter au milieu où il se trouve, et ne regarde jamais en arrière ».

Qu'est-ce que cela signifiait ? Je n'en savais rien ; j'étais un enfant gâté, exigeant, qu'un arrière-grand-père trop bon voulait peut-être exhorter à la patience et à la gentillesse en lui faisant la morale. Mais il raisonnait en se servant de symboles incompréhensibles pour cet enfant. Ce fut pourtant à cet auguste vieillard que je songeai ce jour-là, et, en voyant le caméléon prendre la couleur de mon pagne, je décidai, non seulement de ne pas regarder en arrière, mais aussi de m'adapter à la forêt, de comprendre son langage, de me plier à ses lois, sans pour autant oublier que j'étais un homme : la seule créature à laquelle il ne sera pas pardonné de s'être asservi. J'étais né pour grandir et vivre même par-delà la mort...

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Un petit bruit me fit sursauter ; je ne m'en souciai pas, continuai de me faufiler parmi les ronces déchirant mon pagne. Un long serpent indifférent passa entre mes jambes, un boa s'enroulait le long d'un arbre vers lequel je m'avan- çais. Je n'eus pas peur ; je ne pensais pas à lui : mon souci ? découvrir la source de la rivière. J'avais croisé le caméléon qui, peut-être, gardait encore la couleur de mon vêtement en souvenir de notre rencontre fortuite, ou l'avait troquée contre celle d'une des feuilles particulièrement vertes ou rouges que je me souvenais d'avoir vues.

De lianes en ronces, je parvins à une autre clairière. L'immobilité de la voûte de feuilles au-dessus de ma tête coffrait le lieu dans une tragique solitude. Je sentis le vide en moi comme si je n'eusse été désormais qu'une chétive carcasse tendue de peau noire. A ce moment, le squelette apparut à quelques pas de moi, enveloppé dans son grand pagne blanc lui recouvrant la tête. Je n'éprouvai aucun sen- timent ; ou plus précisément, je n'eus pas peur, le considé- rant comme quelque chose à quoi j'étais habitué ; je me frottai pourtant les yeux comme pour me débarrasser d'une illusion d'optique, afin d'être sûr de ce que je voyais. Il s'approcha ; je ne m'élançai pas vers lui comme lors de notre première rencontre; il fallait se montrer digne. Il ne repré- sentait rien à mes yeux. C'était le néant en marche et moi, un homme. Cette certitude due à la différence perçue entre nous deux m'arma, non de courage dont je n'avais cure, mais d'aplomb, et je vis mon corps s'élever à sa hauteur. Il n'y avait plus de concession à faire. La forêt ne me sem- blait pas devoir être la demeure des morts, mais des êtres vivants. N'en étais-je pas un ? Nous avançions l'un vers l'autre comme sur une piste destinée à un seul piéton et où rien n'avait été prévu pour les croisements. Je ne fis rien pour le laisser passer lorsque nous fûmes l'un en face de l'autre. Alors, il me tendit la main ; j'aurai voulu à cet instant-là croiser mes bras, me montrer dédaigneux, puisque

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la fois dernière lui aussi avait été hautain vis-à-vis de moi ; mais je décidai d'être sublime et accueillis ses os dans ma main.

Au lieu de m'obliger à retourner sur mes pas, il fit le contraire tout en gardant ma main dans la sienne. Je le suivis ainsi, curieux de connaître où il m'emmenait. Nous cheminâmes flanc contre flanc sans que j'eusse éprouvé la moindre appréhension. Mais avoir peur de quoi ? D'avoir dans ma main celle d'un squelette humain ? Humain. C'était bien le mot. N'étais-je pas avec quelque chose d'humain ? N'étais-je pas sûr maintenant que ma première rencontre n'était pas seulement l'effet d'une hallucination ?

Non, vraiment, je n'avais plus peur ; j'avais huit ans lorsque ma grand-mère et mon arrière-grand-père paternels cessèrent de vivre. Je me souviens d'avoir beaucoup pleuré devant leurs corps, veillé assis à côté de leurs dépouilles de grands vieillards à peine noueux, malgré les vains efforts de mes parents pour m'épargner ce qu'ils appelaient les chocs trop violents. Oui, je m'en souviens encore : je me suis préci- pité sur ma grand-mère lorsqu'on a voulu la mettre dans la bière ; j'ai pris sa main, l'ai serrée très fort comme pour lui communiquer toute ma chaleur. 0 cette pénétrante froideur qu'elle laissa dans mes mains et qui s'y trouve toujours, permanente ! C'est elle que je ressentis de nouveau tout le temps que le squelette gardait ma main dans la sienne. Il ne la tenait pas serrée, n'y exerçait aucune pression, et nous avions cheminé ainsi comme deux amis !

N'empêche, je n'oubliais pas que j'étais un homme, un être vivant, un enfant d'à peine douze ans, tandis que lui, un squelette. Avait-il été un homme ou une femme ? Je ne le sus jamais. D'ailleurs, cela n'avait aucune importance. Les yeux grands ouverts, je fixais la forêt devant moi. Pas une seule fois je n'eus l'idée de regarder mon compagnon de route. Et pourquoi l'aurais-je regardé, puisque je sentais sa main dans la mienne. Il aurait disparu soudain qu'à coup

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ACHEVÉ D'IMPRIMER A RECLOSES JUIN 1968

P A R L ' I M P R I M E R I E DES É D I T I O N S DU PAROI

POUR LE COMPTE DE LA S. A G. E. R. E. P. S O C I É T É A F R I C A I N E DE GESTION, D'ÉDITIONS ET DE RÉALISATION DE P R E S S E ———— R. C. 65. B 44 64

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Olympe BHÊLY-QUÉNUM, ancien professeur de Lettres en France, fut tenté par la diplomatie dès le début des indépendances des pays africains ; il se soumit à cette nouvelle discipline, passa des examens couronnés de succès.

Stages à l'Académie de Droit International de La Haye, puis dans les consulats généraux de France à Gênes, Milan, Florence et à l'ambassade de France à Rome. Connaissant l'Italie depuis 1950 et parlant italien, il consacra son mémoire de fin de stage diplomatique aux « Réactions de la presse italienne devant les événements africains ».

Revenu à Paris, il renonça à l'enseignement et à la diplomatie et se dirigea vers le monde de la presse. Ses premiers articles avaient été publiés sous des pseudonymes dans la presse normande et dans certains journaux pari- siens entre 1956 et 1959. La première fois qu'il signa son nom, c'était pour répondre très vivement, en 1957, à un député normand qui avait écrit « Le feu couve en Afrique », parce que les pays africains évoluaient vers l'indé- pendance. On eut peur pour Olympe, mais ses collègues du lycée de Cou- tances où il enseignait alors le soutinrent

Nommé à Paris en 1958, il collabora à plusieurs journaux dont La Vie Africaine qu'il dirigea plus tard de 1962 à 1965 où ce magazine dut dispa- raitre. Trois mois après cet événement qu'il regretta, Olympe BHÉLY-QUÉNUM, marié à une Française et père de quatre enfants, créa avec sa femme, une Normande, L'AFRIQUE ACTUELLE, le premier magazine bilingue africain (français-anglais), qui s'imposa d'emblée par son courage, son objectivité et la qualité de ses articles.

« C'est une folie que d'être à la fois un Nègre et le propriétaire d'un journal de qualité : j'ai vu beaucoup de portes se fermer devant moi et je me suis ruiné ; mais je suis heureux d'avoir tenté cette entreprise », répète-

n sou frant. Dans le monde littéraire, tant africain qu'européen. Olympe BHÉLY-QUÉNUM

n'est pas un inconnu. « UN PIÈGE SANS FIN », salué par la quasi totalité de la presse parisienne et européenne en 1960, a révélé son talent de romen cier. « LE CHANT DU LAC ». paru en 1965, lui valut le Grand Prix Littéra ture d'Afrique Noire. L'ouvrage fut très rapidement adapté par Driss

praibi et pendant une heure, la troupe des comédiens noirs l'interpréta France-Culture.

Ce Dahoméen est un écrivain africain qui, sans mépriser l'événementiel, puisqu'il est devenu un journaliste renommé, sait plonger dans la houle et

même dans la matrice de la terre africaine d'où il remonte avec de singu- ores « moissons »

il est impossible de résumer les huit nouvelles rassemblées dans « LIAISONS D'UN ÉTÉ ». Ce qui est certain, c'est qu'on y trouvera les qualités qui font d'Olympe BHÊLY-QUÉNUM un « authentique écrivain africain de langue française », « un explorateur perspicace du monde culturel négro- atr ain qu'il sait faire sentir dans des phrases dont il a le secret. »

Un critique français, André RETIF, parlant de BHÊLY-QUÉNUM à propos du « CHANT DU LAC », avait écrit : « Un maitre de la langue française à laquelle Il porte comme un culte. L'écriture est soignée, élégante, aristo- cratique. »

Et un autre critique, dans « Dialogues », déclarait que ce roman, « par son action continue, tient en haleine au même titre que « Le vieil homme et la mer » d'Hemingway.

Or, ce style, le sens du tragique et de l'humour dominent chacune des histoires de « LIAISON D'UN ÉTÉ ». Dès les premières lignes de « Prome- nade dans la forêt » par lequel commence le livre, on est pris, implaca- blement entrainé... M -G. L