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Rev. For. Fr. LXXI - 2-2019 - ©AgroParisTech, 2019 177 HISTOIRE ET TERRITOIRES Toussaint-Yves Catros, pépiniériste et introducteur de talent sous la Révolution et l’Empire Jean-François Larché Né à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) le 20 mai 1757 (1) , Toussaint-Yves Catros est issu d’une « famille de laboureurs et de jardiniers » des Côtes-d’Armor connue au XVII e siècle à Pommeret (2) , ce que confirme l’intéressé qui se qualifie de « cultivateur de pépinière de père en fils » dans l’introduc- tion de son ouvrage principal (Traité raisonné des arbres fruitiers). Dès son plus jeune âge, il semble occuper diverses fonctions au service de châtelains fortunés (3) avant d’être employé vers 1780 comme jardinier-chef (4) de la pépinière royale du Roule, du nom d’un faubourg parisien, avant de travailler à l’aménagement du parc de Vincennes. Après cette expérience parisienne, Catros entre au service de la pépinière royale de Guyenne, à Bordeaux, le 1 er juillet 1786 (5) comme directeur, poste qu’il semble devoir aux influences conju- guées de l’intendant et du directeur de la pépinière du Roule, ce qui lui permet de s’éloigner de l’effervescence révolutionnaire de la capitale. Née sous la Régence, cette pépinière, qui s’étendait au nord-ouest du Jardin royal de Bordeaux (actuel Jardin public) sur un peu plus de 12 ha, était renommée pour le bénéfice que l’on retirait des ventes d’arbres forestiers et fruitiers. Catros y travaillera sous les ordres de l’intendant De Néville (6) et de Nicolas Brémontier, ingénieur du Roi en chef pour les Ponts-et-Chaussées et ports maritimes de la Généralité de Bordeaux. Ce dernier reconnaîtra rapidement ses capacités et la justesse de son jugement au point de le considérer comme un homme de valeur sur lequel il peut s’appuyer. DIRECTEUR DE LA PÉPINIÈRE ROYALE DE BORDEAUX La plus grande partie du temps du nouveau directeur est absorbée par le fonctionnement de la pépinière pour laquelle il engage des fonds personnels qu’il peine à se faire rembourser (7) . (1) Toussaint-Yves « né et baptisé le même jour, fils d’Yves Catros et de Jeanne Gabaret sa femme » (registre paroissial, AD des Côtes d’Armor). (2) Lamare mentionne qu’il est né « d’une famille de laboureurs et de jardiniers », Levot précise qu’il serait issu d’une famille de pépiniéristes. (3) Le comte de La Noüe et le prince de Conti en particulier (cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Toussaint_Yves_Catros) mais cela reste à authentifier. (4) Féret prétend qu’il y dirigeait les cultures fruitières. (5) C 1522, requêtes, mémoires et comptes de dépenses 1701-1790/AD 33. (6) François-Claude-Michel-Benoit Le Camus de Neville, intendant de la Généralité de Bordeaux (une circonscription administrative), de 1785 à 1790. (7) Demande de remboursements de 3 000 livres/an aux administrateurs du département, 22-04-1791 (C 1520, comptes de dépenses 1785-1786/AD 33).

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HistoiRe et teRRitoiRes

Toussaint-Yves Catros,pépiniériste et introducteur de talentsous la Révolution et l’Empire

Jean-François Larché

Né à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) le 20 mai 1757(1), Toussaint-Yves Catros est issu d’une « famillede laboureurs et de jardiniers » des Côtes-d’Armor connue au XVIIe siècle à Pommeret(2), ce queconfirme l’intéressé qui se qualifie de « cultivateur de pépinière de père en fils » dans l’introduc-tion de son ouvrage principal (Traité raisonné des arbres fruitiers). Dès son plus jeune âge, ilsemble occuper diverses fonctions au service de châtelains fortunés(3) avant d’être employé vers1780 comme jardinier-chef (4) de la pépinière royale du Roule, du nom d’un faubourg parisien,avant de travailler à l’aménagement du parc de Vincennes.

Après cette expérience parisienne, Catros entre au service de la pépinière royale de Guyenne, àBordeaux, le 1er juillet 1786(5) comme directeur, poste qu’il semble devoir aux influences conju-guées de l’intendant et du directeur de la pépinière du Roule, ce qui lui permet de s’éloigner del’effervescence révolutionnaire de la capitale.

Née sous la Régence, cette pépinière, qui s’étendait au nord-ouest du Jardin royal de Bordeaux(actuel Jardin public) sur un peu plus de 12 ha, était renommée pour le bénéfice que l’on retiraitdes ventes d’arbres forestiers et fruitiers. Catros y travaillera sous les ordres de l’intendantDe Néville(6) et de Nicolas Brémontier, ingénieur du Roi en chef pour les Ponts-et-Chaussées etports maritimes de la Généralité de Bordeaux. Ce dernier reconnaîtra rapidement ses capacités etla justesse de son jugement au point de le considérer comme un homme de valeur sur lequel ilpeut s’appuyer.

DIRECTEUR DE LA PÉPINIÈRE ROYALE DE BORDEAUX

La plus grande partie du temps du nouveau directeur est absorbée par le fonctionnement de lapépinière pour laquelle il engage des fonds personnels qu’il peine à se faire rembourser(7).

(1) Toussaint-Yves « né et baptisé le même jour, fils d’Yves Catros et de Jeanne Gabaret sa femme » (registre paroissial, AD des Côtesd’Armor).(2) Lamare mentionne qu’il est né « d’une famille de laboureurs et de jardiniers », Levot précise qu’il serait issu d’une famille depépiniéristes.(3) Le comte de La Noüe et le prince de Conti en particulier (cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Toussaint_Yves_Catros) mais cela reste àauthentifier.(4) Féret prétend qu’il y dirigeait les cultures fruitières.(5) C 1522, requêtes, mémoires et comptes de dépenses 1701-1790/AD 33.(6) François-Claude-Michel-Benoit Le Camus de Neville, intendant de la Généralité de Bordeaux (une circonscription administrative), de1785 à 1790.(7) Demande de remboursements de 3 000 livres/an aux administrateurs du département, 22-04-1791 (C 1520, comptes de dépenses1785-1786/AD 33).

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Les quittances et l’état des journées des jardiniers et manœuvres employés à la pépinière sontparaphés de sa main(8) jusqu’à la suppression de l’institution. Les livraisons d’arbres aux parti-culiers dans la période hivernale sont essentiellement des pommiers et poiriers (plus de 60 %),des ormes greffés ou francs (10 %), des mûriers blancs (7 %), le reste est composé de ceps devigne, cerisiers, pruniers, frênes, plaqueminiers, peupliers d’Italie et de Caroline, érables syco-mores, robiniers, abricotiers, arbres de Judée, platanes et faux-indigo(9).

Une ferme expérimentale adjointe à la pépinière, et dont l’importance reste mal connue, permet-tra la culture de plantes alimentaires destinées aux sols les plus pauvres. Vers 1789, quand l’in-tendant réussit à lui procurer des graines de chanvre de Piémont ou de Bologne (Canabis sativavar. gigantea) « plante destinée aux terrains pauvres des landes » (La Maison rustique duXIXe siècle, 1837), c’est à son attention qu’il fera parvenir la récolte obtenue accompagnée d’unmémoire (Bulletin d’histoire naturelle, 1829).

Le grand défi auquel sera confronté le nouveau directeur de la pépinière sera son déménage-ment. Sans doute attiré par un meilleur bénéfice à attendre de l’urbanisme qui gagnait l’ouestde la ville, le propriétaire décida de reprendre la jouissance de son fonds. Après avoir manifestéplusieurs fois le désir de le récupérer, il entreprit de vendre son terrain en lots sans que l’ins-titution puisse déménager par manque de solution de remplacement, ce qui fut la cause depillages. Dans l’attente d’un nouvel emplacement, l’administration se résolut à un déménage-ment partiel sur des terres appartenant à l’enclos des chartreux(10) de Saint-Bruno pour les-quelles des travaux de nivellement sont entrepris le 27 décembre 1785 et de désherbage enjanvier suivant.

Entre-temps, une solution est trouvée dans la paroisse de Talence, à 6 km de Bordeaux, sur uneterre en prés et friches appartenant à Antoine-Philippe Lemoine, ancien commissaire général dela Marine. Par contrat passé le 1er mars 1786, celui-ci s’engage à céder son terrain 3 ans pourun loyer sensiblement équivalent (1 750 livres/an), un tiers plus grand mais au sol médiocre audire de Brémontier : « les plants qui provenaient des terres de l’ancienne pépinière avaient dumal à se satisfaire des terres plus pauvres qu’ils rencontraient en ce lieu, il serait souhaitablede choisir dorénavant des cultures moins exigeantes même sur les meilleures terres(11) » (lettredu 12 septembre 1790, C 1522/AD 33). Dès l’accord conclu, pas moins de 61 voyages de tombe-reaux et charrettes transporteront en deux mois des arbres, échalas, ustensiles, meubles et fumiervers la nouvelle pépinière.

Malgré une utilité souvent démontrée, les administrateurs du Directoire départemental, succes-seurs des services de l’intendance, décidèrent de ne pas renouveler le bail de la pépinière à ladate anniversaire du contrat le 18 février 1791. Les arbres commandés (14 500 pieds) seront livrésjusqu’à l’hiver suivant et le restant (35 300 plants non vendus) ainsi que les outils seront resti-tués à l’Administration. Catros percevra 1 800 livres en plus de son traitement pour « entretien,culture, façon, garde et surveillance » des biens de la pépinière jusqu’à sa fermeture définitivele 1er mars 1792 (photo 1, p. 179).

(8) Requêtes, mémoires et comptes de dépenses concernant les états de journées de jardiniers et manœuvres employés à l’entretiende la pépinière royale de Bordeaux (C1522 1701-1790, AD 33).(9) Chiffres de 1791 portant sur 2 437 arbres livrés en décembre (série C, AD 33).(10) Ce couvent des Chartreux sera construit à partir de 1605 sur des terrains destinés à être assainis et plantés. À la Révolution,leurs biens sont pillés et le domaine confisqué et vendu par lots. L’enclos, qui contenait prairies et vignoble, accueillera progressivementun cimetière dès 1791, une autre parcelle le jardin des plantes en 1802 et la pépinière départementale héritière de la pépinière royalevers 1806.(11) Brémontier se laissa aller à cette comparaison digne d’un homme aussi expérimenté que lucide : « il en est peut-être, à cet égard,des plantes comme des hommes : lorsqu’ils ont vécu dans l’abondance ils souffrent difficilement les privations. Celui qui, au contraire,a été élevé dans une condition médiocre est bien plus sensible aux douceurs d’un état aisé et aux jouissances qu’il procure ».

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Entre-temps, Toussaint-Yves s’établit à son compte en créant dans le quartier de Bacalan, vers1790, une petite pépinière qui va s’enrichir de plants livrés d’Amérique par bateau dont le Cyprès-chauve (Taxodium distichum) planté en 1792 dans une terre des palus et le Cyprès blanc(Chamaecyparis thyoïdes) originaire également de la côte est de l’Amérique du Nord. Avec Jean-Louis Gérand, que sa sœur Anne-Jeanne va épouser, il crée à Eysines en 1792 une pépinière plusconforme à son attente et achète une propriété de 120 hectares, le domaine de Nauville, au quar-tier du Haillan, dans les landes de Saint-Médard, en juin 1797. Il semble vouloir y cultiver essen-tiellement des végétaux introduits d’Amérique du Nord pour l’obtention desquels il noue desrelations avec des pépiniéristes et des capitaines de bateaux qui lui livreront plants et grainesau port de Bordeaux. À chaque déménagement de sa pépinière, il prend soin de déraciner lesplants les plus précieux pour le nouveau domaine ; ainsi Toussaint-Yves est un des premiers àcultiver dans le nouveau département, et même dans la région, le Magnolia à grande fleur(Magnolia grandiflora) qu’il introduit à Bordeaux dès 1795 et dont le plus bel exemplaire feral’admiration des visiteurs un siècle après sa plantation(12), de même le Chêne à feuilles de saule(Quercus phellos) dont quelques exemplaires sont toujours debout (photos 2 et 3, p. 180) etprobablement le Tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera).

(12) « Disons en passant que nous en avons vu un, au Haillan, dans un jardin au bord de la route, qui mesure 2 m 80 decirconférence, 15 mètres de hauteur, et dont la cime a plus de 10 mètres de diamètre. Ce spécimen, qui a crû librement, et nonsoumis à la taille excessive qu’on lui applique trop fréquemment à Bordeaux, est sans doute unique en France » (Hickel et Bacon deLavergne, 1910).

Photo 1. Une des dernières quittancesde la pépinière royale de Bordeaux :commande de pommiers, poiriers,cerisiers, mûriers blancs, sycomores,ormeaux et ébéniers (kaki),le 13 décembre 1791 (C 1522 / AD 33 /cliché de l’auteur).

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Cette essence a été introduite en France par desgraines ramenées par l’amiral La Galissonnièreet semées au Trianon en 1732, puis par desplants ramenés par le marquis de La Rouërieau château de La Motte (Maen Roche, Ille-et-Vilaine). Sa présence dans la région deBordeaux est attestée au début du XIXe siècledans de rares lieux dont le parc du château deGrenade qui propose encore un exemplairebicentenaire (photo 4)(13).

(13) Dans les premières années du XIXe siècle, cette essence apparaît dans quelques parcs : en Haute-Garonne et Ariège dans lesjardins et parcs de MM. De Saintenac et Duchalonge, à Pamiers, de Morteaux au château de Bourdette et au jardin des plantes deToulouse (Bulletin de la Société d’Acclimatation).

Photos 2 et 3. Feuillage et stature du Chêne saule. En Gironde, le plus gros sujet (479 cm de circonférence)dans le bois du Bourgailh (commune de Pessac), sur sol acide et humide, est contemporain de Catros (clichésde l’auteur).

Photo 4. Cet exemplaire, planté vers 1805 dans ledomaine de Grenade (Saint-Selve, Gironde), mesurait587 cm de circonférence pour environ 40 m de hauten 2015 (cliché de l’auteur).

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Histoire et territoires

Ses compétences et la qualité de ses collections feront beaucoup pour sa renommée, ce qui lefera demander pour tracer ou restaurer les parcs de belles demeures bourgeoises dont les pro-priétaires accroissent leur fortune par des acquisitions foncières ; sans doute le trouva-t-on àl’œuvre pour la fourniture de plants et même l’exécution de parcs comme ceux de La Fon-Marguerite (Saint-Médard-en-Jalles, Gironde) ou de Margaux (Margaux-Cantenac, Gironde), mais lemanque de certitude ne permet pas d’aller plus loin.

L’AMI BRÉMONTIER ET LA COMMISSION DES DUNES

Reconnu pour ses qualités, Toussaint-Yves Catros est élu membre de l’Académie des Sciences,Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, une société savante créée sous Louis XIV, le 8 janvier 1798,et membre de la Société linnéenne dès sa création en 1818. Considéré comme un homme « spé-cial » (Actes de la Société linnéenne, 1841), adjectif à comprendre dans le sens de spécialisé,Toussaint-Yves participe à diverses assemblées et jurys comme celui présidé par Dargelas, pro-fesseur de botanique et conservateur de la Ville, où il est appelé à se prononcer « sur le méritedes compositions faites, cette année, par les élèves de l’école de botanique » (P.V. du 26 août1813, Bulletin polymathique du Muséum de Bordeaux). C’est sans doute pour ses connaissancespratiques qu’il sera intégré, avec son beau-frère Gérand, aux destinées de plusieurs sociétéssavantes. Considéré à l’égal de Dupuy, directeur en vue de la pépinière départementale, il sembleêtre le personnage clef sur lequel pourra s’appuyer Nicolas Brémontier dans son œuvre d’ense-mencement des dunes. C’est tout logiquement que l’Académie des Sciences proposera Catroscomme pépiniériste avec deux autres de ses membres, les érudits François Bergeron et Labadie-de-Haux, en tant que propriétaires, pour faire partie d’une Commission des dunes dans laquelleil retrouve Nicolas Brémontier, président de la commission.

Créée par les consuls de la 1re république le 13 Messidor an IX (2 juillet 1801), la Commissiondes dunes est une assemblée d’experts chargée de la mise en application des plans de Brémontierpour entreprendre les travaux nécessaires à la fixation des dunes littorales de Gascogne. Aprèsconsultation avec l’Académie des Sciences, le préfet Dieudonné Dubois rend un arrêté le17 Thermidor an IX (5 août 1801), nommant les membres de la Commission des dunes. Nous ytrouvons les trois membres de l’Académie des Sciences aux côtés de Nicolas Brémontier, repré-sentant le corps des Ponts-et-Chaussées, de Pierre-Timothée Guyet de Laprade, conservateur desEaux et Forêts, et de l’inspecteur Peyjehan pour sa grande expérience. Il semble que cetteCommission renforcée — 6 membres au lieu de 5 — intègre déjà le proche départ de Brémontier(14)

qui sera nommé inspecteur général à Paris dès l’année suivante.

Le fonctionnement de cette Commission ne sera pas idyllique car sa direction n’est pas partagéeentre le représentant des Ponts-et-Chaussées (Brémontier) et celui des Forêts (Guyet de Laprade).Dans cette période où Brémontier passe pour être l’inventeur du procédé de fixation des sableset le réalisateur des premiers essais, sa nomination à la présidence de cette commission est légi-time ; elle l’est moins quand il sera reconnu comme ayant seulement perfectionné le procédé qued’autres surent inventer(15).

La première année de fonctionnement, Brémontier et Guyet de Laprade « furent les deux chevillesouvrières de la Commission. Les trois autres membres… n’eurent qu’une action très effacée, celle

(14) Brémontier passa une partie de sa carrière à Bordeaux comme sous-ingénieur des Ponts-et-Chaussées de 1766 à 1780, ce qui nel’empêcha nullement de s’intéresser aux dunes de Gascogne ; il y reviendra comme ingénieur en chef de la Généralité puis du dépar-tement de 1783 à 1802.(15) Sur la lutte d’influence entre Guyet de Laprade et Brémontier, il faut lire Buffault (Le premier conservateur des forêts à Bordeaux,Guyet de Laprade, 1933). Quant aux procédés de fixation des dunes littorales, les frères Ruat, l’abbé Desbiey, Delorthe et d’autresréussirent sur de modestes surfaces, l’ingénieur de marine Charlevoix de Villers s’inspira de ces devanciers dans son mémoire.

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d’un comité consultatif. Cependant, Catros s’est signalé par plusieurs tournées dont subsistentdes rapports intéressants. Ses deux autres collègues n’ont rien laissé » (Buffault, 1903). Sansdoute l’auteur faisait-il référence à des tournées d’inspection comme celle du 17 octobre 1810destinée à la visite de la dune du Pachou (commune de La Teste, Gironde) pour superviser desessais de plantations de mélèzes, d’épicéas, de sapins et de pins de Corse.

Catros est convaincu de l’intérêt des semis de pins pour fixer les dunes d’autant plus qu’ilconstate que les plantations sur substrat dunaire donnent de la résine dans leur 15e année contre30 dans la lande (Buffault, ibid). Son activité réelle dans cette Commission est difficile à déter-miner ; il participe certainement aux ateliers de semis et plantations au côté du conservateur etfournit des graines et plants. Il est possible que sa présence ne fût pas toujours très utile carla bonne marche de son entreprise l’accapare et Guyet de Laprade est omniprésent sur les chan-tiers. Brémontier parti dès la seconde année de fonctionnement, le grand homme de cette com-mission des dunes est incontestablement le conservateur Guyet de Laprade. De cette aventure,il serait juste de retenir que, malgré la lutte d’influence entre les Ponts et Chaussées et l’admi-nistration des Forêts(16), la Commission des dunes travailla avec sérieux et application.

Maints auteurs rapportèrent que Catros vint à Paris recueillir les derniers instants de Brémontierà sa mort le 16 août 1809(17), ce qui en dit long sur le lien d’amitié qui les unissait. Jusqu’à lasuppression de la Commission des dunes en 1817, Catros collaborera avec les ingénieurs succes-seurs de Brémontier, partagé avec ses activités de pépiniériste et ses obligations mondaines.

ÉCRIVAIN, CRITIQUE ET EXPÉRIMENTATEUR

Si sa valeur semble avoir été reconnue de son vivant, l’importance de son action apparaît postmortem par des formules comme « le bras droit de Brémontier pour la fixation des dunes »(18),mais aussi « un émule de Michaux » (Hickel), sans doute pour sa connaissance de la résistancedes végétaux au stress hydrique, à son envie constante d’introduire de nouvelles essences dansdes conditions les plus diverses, sans doute aussi parce que les travaux les plus importants ontété réalisés en sa présence (Féret).

Catros signe avec Jean Gérand des articles révélateurs de son érudition en matière d’arbres frui-tiers, arbustes et arbres exotiques qu’il ne cesse d’introduire en Gironde comme dans les dépar-tements limitrophes. Le pépiniériste passionné atteint la notoriété après la publication de sonTraité raisonné des arbres fruitiers (1810) qui consacre le résultat d’une pratique et où il avouepuiser son expérience dans autant d’établissements de Bordeaux « que dans une lande, communede Saint-Médard en Jalles… où l’on trouve des arbres fruitiers de toutes les meilleures espèces,et une nombreuse collection d’arbres et d’arbrisseaux exotiques de pleine terre et d’orangerie ».Un certain nombre de graines et plants de ses collections d’Azalées (Azalea), Andromèdes (Pieris),Kalmias (Kalmia), Tulipiers (Liriodendron), Magnolias (Magnolia), Sassafras (Sassafra), Chênes(Quercus), Benjoins (Styrax)… viennent de la collaboration qu’il entretient avec Huisseler (ou Eller),un pépiniériste de Baltimore (Maryland, États-Unis). Nous y trouverons aussi le Cyprès blanc del’Atlantique (Chamaecyparis thyoïdes), la Pruche du Canada (Tsuga canadensis) et le Robinier àfleurs roses (Robinia hispida), sans oublier les vignes américaines cultivées vers 1820.

(16) Un autre ingénieur des Ponts-et-Chaussées prit la direction de la Commission des dunes jusqu’en 1811, au grand désespoir duconservateur Guyet de Laprade bien plus compétent en matière de semis et plantations. En 1817, la Commission fut supprimée et sestravaux confiés à l’administration des Ponts-et-Chaussées jusqu’au décret du 29 avril 1862 qui confia entièrement les travaux à l’ad-ministration des Forêts. À cette époque, 58 % des 78 006 hectares appartenant à l’État étaient fixés (Revue des Eaux et Forêts, 1926).(17) « M. de Brémontier mourut entre ses bras en 1809 et le nomma son exécuteur testamentaire » (Laboubée).(18) Cf. Gères ; Féret dit la même chose, puisée vraisemblablement dans les notes de Laboubée.

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Ses tournées lui permettent de ramener des greffons d’arbres fruitiers qu’il juge intéressant degreffer ; c’est le cas d’un pêcher pleureur (Prunus persica) baptisé pêcher-Catros. Mais c’est pourles espèces exotiques acclimatées que sa collection sera considérée comme un arboretum de réfé-rence (Chevalier, 1944), cité au même titre que l’arboretum voisin de Geneste créé par Ivoy, unnordiste de vingt ans plus jeune.

Arrivé à la soixantaine, devenu simple correspondant de l’Académie bordelaise comme de laSociété linnéenne, Toussaint se consacre à une de ses activités favorites : l’écriture. À la Sociéténationale d’Horticulture de Paris qui lui demande dans quel état se trouve l’horticulture enGironde, il répond « que les progrès et les introductions qui y ont eu lieu sont dus en grandepartie à notre établissement… un pays aussi riche et aussi brillant que le notre est bien arriéréen horticulture » (État de l’horticulture…, 1829). Et de citer plus loin que l’introduction de toutesces nouveautés n’est pas sans risques(19).

Toussaint-Yves dresse un portrait peu flatteur de ses confrères du département et plus encore del’esprit qui anime les Girondins en matière de choses agricoles : « Les pépiniéristes sont peu nom-breux, il n’y a que trois maisons de ce genre dont la collection soit bien complète en arbres deterre… Les autres pépiniéristes ont fort peu de choses ; il n’y a qu’un seul fleuriste qui s’occupede chauffer sous châssis des fleurs pour l’hiver, aussi fait-il de bonnes affaires ; les autres n’ontde fleurs que pour l’été… Les négociants ne pensent qu’au commerce, et les propriétaires à leursvignes pour lesquelles ils ne regrettent rien ; cependant le luxe est aussi grand ici qu’à Paris etl’argent ne manque pas : ainsi on ne peut attribuer cet oubli de l’horticulture qu’à la mode »(ibid.). Cet article sera une de ses rares contributions à la Société parisienne qui le considéreracomme un de ses principaux collaborateurs.

En 1826, il reçoit les membres de la Société linnéenne au grand complet dans son domaine duHaillan (Gironde). Lors de cette réception, le préfet du département, le baron d’Haussez, lui rendun hommage public en le citant comme « ayant porté à son plus haut degré l’art de naturaliserles plantes étrangères. Grand pépiniériste, il a facilité les propriétaires par les écrits, en donnantla manière de cultiver les jardins chaque mois de l’année, il a puissamment contribué au semides dunes pour arrêter les progrès de la mer » (Actes de la Société linnéenne, 1837). De soncôté, le botaniste Laterrade souligne la justesse de ses observations et son sens du bien publicquand il sera question de la fondation d’un marché aux fleurs dans Bordeaux, nuisible à ses inté-rêts mais de la plus grande utilité pour l’agriculture régionale (ibid.).

À travers ses activités et engagements, il en est une qui lui tenait particulièrement à cœur : ladiffusion des arbres exotiques. En la matière, sa plus grande réussite est celle du Chêne à feuillesde saule (Quercus phellos) qu’il cultive dès 1802 à partir d’un plant unique prélevé sur les bordsdu Mississipi par Huisseler. À l’arrivée du bateau, l’arbre, planté en février 1802, sera l’objet dessoins les plus attentifs(20). Plus tard, Toussaint-Yves constatera que les autres plants, tous issusde cet unique géniteur, « ne sont pas aussi beaux mais de belle venue. L’un d’eux a huit mètresde hauteur sur 36 millimètres de circonférence ; nous croyons que cette espèce encore rare mérited’être plus connue » (Bulletin polymathique, 1820).

Les qualités esthétiques des jeunes arbres de cette nouvelle espèce n’échappent pas à notre pépi-niériste : « il y a apparence qu’il ne fructifie pas aussi vite dans notre climat, que dans le pays ouM. Michaux l’a observé. Aucun des nôtres, quoique déjà beaux, n’a produit des glands, mais la

(19) « Notre établissement avait marché plus rapidement que le goût de la science, et quoique nous ayons répandu une bonnequantité de ces végétaux dans le commerce, il nous en restait encore beaucoup dont nous avons été obligés de nous débarrasseren bois de chauffage » (Catros. État de l’horticulture… 1829).(20) Bien que très faible, il atteindra 8,5 m de haut pour 50 cm de circonférence dix-huit ans après sa plantation (Bulletin polymathiquedu Muséum d’instruction publique de Bordeaux, XVIII, 1820).

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vigueur peut être en cause ; car on sait que les arbres vigoureux fructifient plus tard que ceux quilanguissent. Nous continuons à multiplier par tous les moyens possibles cette belle espèce » (ibid.).

Catros destinait probablement cet arbre au boisement des lettes marécageuses des dunes deGascogne. D’autre part, l’expérimentation avait montré que son greffage sur Chêne vert lui per-mettait de supporter plus facilement le froid(21). La culture d’autres chênes américains (Quercusrubra, Q. x heterophylla, Q. coccinea) s’avère plus facile. Un siècle après les premiers essais deCatros, force est de constater leur prolifération à partir de lieux inattendus(22).

Toussaint meurt le 10 novembre 1836 dans son domaine de l’Oiseau, au Bouscat (Gironde), etses obsèques ont lieu dans l’église Saint-Seurin de Bordeaux. Resté célibataire, son nom va per-sister dans l’entreprise commerciale fondée avec Jean-Louis Gérand, son beau-frère, et continuéepar les neveux Charles et Jean, puis les petits-neveux. Le domaine de Loiseau quittera le gironfamilial pour faire l’objet de convoitise de promoteurs immobiliers au point qu’il se trouvait par-tiellement loti dès 1882. Quant à la pépinière du Haillan, elle est achetée à la famille pour finirdans les mains d’héritiers qui s’empresseront de saccager les plantations en y faisant couper lesarbres de rapport en 1865 (Blanchard, 1887).

Dans les années suivantes, Ernest Jaille, pépiniériste et horticulteur, rachètera les vestiges del’arboretum pour y poursuivre les travaux sur les essences forestières, notamment la culture duChêne à feuilles de saule, et celle de l’Oranger des osages (Maclura aurantiaca) pour un usagedans la sériciculture, et de quelques espèces d’Eucalyptus. En 1910, le forestier-botaniste Paul-Robert Hickel, visitant minutieusement la pépinière du Haillan, jugera le successeur de Catrosavec admiration : « excellent connaisseur des arbres, il n’a cessé, non seulement de conserverles restes de l’œuvre de Catros, mais de la compléter par l’introduction d’espèces nouvelles… LeQuercus phellos est l’arbre forestier de prédilection du propriétaire de Catros et les spécimensque nous avons vus justifient cette prédilection » (Hickel et Bacon de Lavergne, 1910).

Non seulement Jaille poursuit l’œuvre de Catros dans le même lieu, mais il en préserve dignementl’esprit scientifique, la générosité et la passion pour les arbres malgré les difficultés. Sur le Chêneà feuilles de saule, Jaille écrit : « je fais de mon mieux pour continuer la propagation de cet arbre,mais, malgré les quelques forts exemplaires que je possède, je récolte si peu de glands, et encorepas tous les ans, que j’ai tout juste quelques sujets à distribuer » (Journal d’Agriculture, 1898).

Grâce au sauvetage réalisé par Ernest Jaille, Hickel pourra reconnaître l’importance du travail deCatros au point de placer cette collection comme une des premières et des plus importantes deFrance, au même niveau que celle d’Yvoy à Geneste, également située aux environs de Bordeaux.Quatre-vingts ans après sa disparition, l’esprit d’entreprise et de découverte insufflé par Catrospuis par son successeur reste perceptible dans ce lieu.

En visitant régulièrement les derniers chênessaule bicentenaires de Pessac et leur progéni-ture essaimée dans le voisinage, je ne peuxm’empêcher de penser à la volonté de cethomme qui ne se laissa pas impressionner parles obstacles pour vivre sa passion dans sarégion d’adoption.

(21) « Un individu de chêne à feuille de saule, greffé sur l’yeuse, a supporté sans abri, pendant cinq jours consécutifs, seize à dix-septdegrés de froid et des individus de la même espèce, venus de graines, sont morts à sept degrés et demi de gelée » (Sageret, 1830).(22) « Auprès de Bordeaux (Geneste, Catros) les vieux exemplaires sont nombreux. Dans la Gironde et dans les Landes il a suffi dequelques pieds plantés dans les jardins des gares pour qu’ils essaiment au loin dans la pinède » (Hickel, 1925).

Jean-François LARCHÉChargé de mission Plan vert et Développement durable

Bordeaux Sciences Agro1 cours du Général de Gaulle

CS 40201F-33175 GRADIGNAN CEDEX

([email protected])

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Histoire et territoires

Remerciements

Mes plus sincères remerciements à :Anne-Marie Elie pour ses observations et corrections ;Jean-Pierre Bériac, historien des jardins, pour ses conseils et observations.

BIBLIoGRAPHIE

(De nombreux ouvrages cités sont issus des collections de Gallica, la bibliothèque numérique dela BNF).

AUBERT DU PETIT THOUARS (Aubert), 1825. Notice historique sur la pépinière du roi au Roule, Paris : « toutesles graines et plants vivants transmis par ce naturaliste infatigable (André Michaux) furent essayés àRambouillet, le surplus fut déposé à la pépinière du Roule pour se répandre dans toute la France ».

AUGUSTIN J.-P., BÉRIAC J.-P., 2014. Toussaint Yves Catros, un jardinier-pépiniériste bordelais impliqué dans l’amé-nagement. Figures d’Aquitaine de la célébrité à l’oubli. Comité des Travaux Historiques et Scientifiques-PUB.pp. 179-188.

BILLAUDEL J.-B., 1839. Recueil des portraits et histoire des hommes utiles, bienfaiteurs et bienfaitrices del’humanité. in-8, Paris.

BLANCHARD J., 1887. Une visite au domaine de Catros. Revue horticole, pp. 37-42, erratum p. 76.

BUFFAULT P., 1903. Les débuts de la fixation de dunes. Revue philomatique de Bordeaux et du Sud-Ouest, n° 1.

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BUFFAULT P., 1925-1926. Le pays landais, sa transformation par la forêt. Revue de géographie commerciale.

BUFFAULT P., 1933. Le premier conservateur des forêts à Bordeaux, Guyet de Laprade. Revue des Eaux et Forêts,LXXI.

CATROS T.-Y., 1810. Traité raisonné des arbres fruitiers et la synonymie des noms les plus connus, avec ceux desdépartements méridionaux, leur description et celle des fruits, le temps le plus ordinaire de leur maturité.Bordeaux : Imprimerie Moreau.

CATROS T.-Y., 1816. Rapport fait à l’Académie royale des sciences et arts de Bordeaux le 25 janvier 1816. BulletinPhilomathique du Muséum d’instruction publique de Bordeaux, XIV.

CATROS T.-Y., GÉRAND J., 1829. État de l’horticulture dans le département de la Gironde. Annales de la Sociétéd’horticulture de Paris, IV. Paris : édition Huzard.

CATROS-GÉRAND J., 1898. À propos du Chêne à feuille de saule. Journal d’agriculture pratique, janvier-juin,pp. 753-754.

CAZENAVETTE, 1829. Bulletin d’histoire naturelle de la Société linnéenne de Bordeaux, III. Laguillotière, Bordeaux.

CHEVALIER A., 1944. Notes sur le parc-arboretum de Baleine. Revue de botanique appliquée et d’agriculturetropicale, n° 272-274, avril-juin.

FÉRET É., 1844-1909. Statistique générale, topographique, scientifique, administrative, industrielle, commerciale,agricole, historique, archéologique et biographique du département de la Gironde III. Biographies p. 127.

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HICKEL P.R., 1925. Dendrologie forestière. Paul Lechevalier éditeur.

IZAAC E., 1902. Une injustice à réparer. L’Avenir du bassin d’Arcachon, édition du 30 mars.

LAMARE J., 1884. Histoire de la ville de Saint-Brieuc, II chapitre VIII. Édition Francisque Guyon.

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jean-françois larChé

PARDÉ L., 1910. Les arbres dans la région de Bordeaux. Revue des Eaux et Forêts, IL, pp. 385-394.VILMORIN M. de, 1899. Sur un chêne hybride (Quercus phellos x rubra). Bulletin de la Société botanique de

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sources imprimées

Actes de la Société linnéenne de Bordeaux : IX, 1837 (éloge du baron d’Haussez, marché aux fleurs) ; LXIX, 1915(excursion de la Société linnéenne, le 16 mai 1915 à la propriété Catros).

L’Agriculture comme source de richesses, comme garantie du repos social (L) : 1840, pp. 279-280 (Prix auxquelsM. Ivoy livre les mûriers sortant de sa belle pépinière de Geneste du Pian) ; 1841 (État des arbres fruitiers,arbres d’alignements et arbustes provenant de la pépinière départementale) ; 1843 (Vote du Conseil relatif àl’agriculture) ; 1847 (Extrait des registres des délibérations du Directoire du département de la Gironde du18 février 1791) ; 1849 (Semis de betteraves par Catros-Gérand p. 18), (Pépinière de Château-Lamothe àLansac, canton de Bourg, pp. 21-23) ; 1850 (Collection de 120 variétés de vignes dans la pépinière départe-mentale avec l’aide de Bouchereau du château Carbonnieux).

Bulletin d’histoire naturelle de la Société linnéenne de Bordeaux, III, 1829.Bulletin polymathique du Muséum d’instruction publique de Bordeaux : III, 1805 (Synonymie des arbres fruitiers

du département de la Gironde) ; XI, 1813 (P.V. du 26 août, p. 366) ; XIV, 1816, pp. 109-112) ; XVIII, 1820.Bulletin de la Société d’Acclimatation, II, 1875, Paris.Mémoire des sociétés savantes et littéraires de la République française, II, 1801.Revue des Eaux et Forêts, LXIV, 1926.Société d’Horticulture de Paris. Maison rustique du XIXe siècle, II : cultures industrielles et animaux domestiques,

1837.

Archives

Archives départementales des Côtes-d’Armor (AD 22).Registre paroissial de Saint-Michel de Saint-Brieuc 1756-1757, micro film, image n° 105.Archives départementales de la Gironde (AD 33).C1520. Bail entre Lemoyne, ancien commissaire général de la Marine et Miral, de bâtiments et terrains situés à

Talence pour y transférer la pépinière royale.C1522 (1701-1790). Requêtes, mémoires et comptes de dépenses concernant les états de journées de jardiniers

et France employés à l’entretien de la pépinière royale de Bordeaux et mémoire de Brémontier sur l’établis-sement des pépinières royales.

Bibliothèque municipale de Bordeaux-Métropole (fonds patrimonial).Ami des champs (L’), collection de 1823 à 1854.Registres de Marie-Vital-Auguste Laboubée. Notices sur les hommes éminents de la province. Fonds Laboubée,

III (sans date).

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Histoire et territoires

toussAint-YVes CAtRos, pépiniéRiste et intRoDuCteuR De tAlent sous lA RéVolution et l’eMpiRe (Résumé)

Natif de Saint-Brieuc le 20 mai 1757, Toussaint-Yves Catros occupe diverses fonctions dans les pépinières etjardins de châtelains puis à la pépinière du Roule avant de se faire embaucher comme directeur de la pépi-nière royale de Bordeaux en 1786. À partir de 1790, il s’établit à son compte dans le quartier de Bacalanpuis à Eysines et au Haillan (Gironde) en se spécialisant dans les végétaux d’Amérique du Nord qu’il fait venirà grands frais tels le Magnolia à grandes fleurs et le Chêne saule. Élu membre de l’Académie des Sciences,Belles-Lettres et Arts en 1798 et adhérent de plusieurs société savantes, en 1801, il est intégré dans laCommission des dunes, une assemblée d’experts sous les ordres de Nicolas Brémontier, chargée de fixer lesdunes littorales de la côte atlantique par ensemencement de pins maritimes. Auteur de nombreux articles éru-dits et propriétaire d’un arboretum et d’une magnifique collection d’arbustes à fleurs, d’arbres forestiers et frui-tiers, Catros est célèbre quand il meurt en 1836. Si l’entreprise commerciale Catros-Gérand survivra grâce à sesneveux et descendants, l’arboretum sera partiellement sauvé par Jaille pour transmettre l’œuvre du pionnier.

toussAint-YVes CAtRos, nuRseRYMAn AnD tAlent intRoDuCeR DuRinG tHe ReVolution AnD tHe eMpiRe (Abstract)

Born in Saint-Brieuc on May 20, 1757, Toussaint-Yves Catros carried out various duties at the Roule nurserybefore being hired as director of the royal nursery of Bordeaux in 1786. As of 1790, he set up his own busi-ness in the Bacalan neighbourhood, and then at Eysines and again Haillan (Gironde) specialising in NorthAmerican plants that he brought over at great cost such as Magnolia grandiflora and willow oak. He waselected as member of the Academy of Sciences, Literature and Arts in 1798 and in his capacity as memberof several learned societies, he was appointed to the Dunes Commission in 1801. This Commission was anassembly of experts under the orders of Nicolas Brémontier that was entrusted with the task of stabilising thecoastal dunes along the Atlantic by seeding maritime pines. Author of many scholarly articles and owner of anarboretum and a magnificent collection of flowering shrubs, forest trees and fruit trees, by the time Catros diedin 1836, he was famous. The Catros-Gérand firm was able to survive thanks to his nephews and descendantsand the arboretum was partly saved by Jaille for the purpose of passing on the achievements of the pioneer.