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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO UNIVERSITE PEDAGOGIQUE NATIONALE Chaire Unesco en Sciences de l’Education pour l’Afrique Centrale Antenne Nationale de Kinshasa DEA en Didactique de Physique Travail Pratique De Didactique de la Physique Résumé de Quelques Résultats de Recherches en Didactique de la Physique au service de la Formation des Maîtres. Élaboré par : MPANDA MAKAMBUA TOKO Marcel E-mail : [email protected] E- mail: [email protected] Tél. : 00243815407209 (RDC) Tél : 00243898390687 (RDC) 00244923712654 (Angola) 00244924169998(Angola)

TP de Didactique de La Physique

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Page 1: TP de Didactique de La Physique

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGOUNIVERSITE PEDAGOGIQUE NATIONALE

Chaire Unesco en Sciences de l’Education pour l’Afrique CentraleAntenne Nationale de KinshasaDEA en Didactique de Physique

Travail Pratique De

Didactique de la Physique

Résumé de Quelques Résultats de Recherches en Didactique de la Physique au service de la Formation des Maîtres.

Élaboré par :

MPANDA MAKAMBUA TOKO MarcelE-mail : [email protected] E-mail: [email protected]él. : 00243815407209 (RDC) Tél : 00243898390687 (RDC) 00244923712654 (Angola) 00244924169998(Angola)

Dirigé par :Professeur Ordinaire NTAMPAKA

Kinshasa-Janvier 2010

Page 2: TP de Didactique de La Physique

TABLE DES MATIÈRES

Table des matières…………………………………………………………………….1

Introduction…………………………………………………………………………...2

I. Textes sur l’enseignement et l’apprentissage de l’électricité…………………….6

Texte 1 : Enseigner l’électricité élémentaire………………………………………… 6

Texte 2 : Apprendre et comprendre les concepts clés de l’électricité……………… 14

II. Textes sur l’enseignement et l’apprentissage de la Mécanique……………… 19

Texte 3 : Conceptions des élèves et résolution des problèmes en Mécanique……… 19

III. Textes sur l’enseignement et l’apprentissage de la Thermodynamique…… 24

Texte 4 : Faits expérimentaux et formes de raisonnement en Thermodynamique : Approche commune chez les apprenants…………………………………………….. 24

IV. Différents textes de Didactique de la Physique……………………………….. 29

Texte 5 : Causalité dans l’apprentissage des ssciences……………………………… 29

Texte 6 : L’application en classe de modèle allostérique d’apprentissage de Giordani : une contribution à l’acquisition des compétences terminales en Chimie et en Phys 44

Texte 7 : Une introduction de conception en Didactique de la Physique……………53

Texte 8 : Ètude de l’activité des élèves de lycée en situation d’enseignement de la Physique………………………………………………………………………………..56

Texte 9 : Le problème de Physique et sa pédagogie. Comment les élèves s’y prennent-ils ?..................................................................................................................................62

Conclusion…………………………………………………………………………... 66

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Page 3: TP de Didactique de La Physique

INTRODUCTION

Les textes proposés pour lecture et résumé en guise des travaux pratiques des

séminaires de DEA en didactique de Physique à la chaire UNESCO à l’UPN-Kinshasa

sont la plupart des Résultats de Recherche en Didactique de la Physique au service de

la Formation des Maîtres.

La synthèse que nous proposons dans ces pages a pour but de mettre à la

disposition des formateurs de maîtres en physique, en formation initiale ou continue, les

résultats de la recherche en didactique de la physique déjà entrepris au niveau

international.

Certaines références objectées sont des chapitres publiés dans le livre de la

Commission internationale sur l'enseignement de la physique (ICPE) dont les éditeurs

principaux sont : Andrée Tiberghien, E. Leonard Jossem, Jorge

Barojas.(http://icar.univ-lyon2.fr/Equipe2/coast/ressources/ICPE/francais/TOC.asp).

D’autres textes proposés à résumer et ne constituant pas de chapitres de ce livre

s’alignent logiquement, par leur nature, sur les pistes des courants actuels de recherche

en Didactique de Physique.

De nos jours, la recherche en didactique de la physique est un défi pour plusieurs

raisons :

La recherche en didactique de la physique est un domaine de recherche très

récent (40 ans environ). Dans cette option, il peut s'avérer difficile de trouver des

résultats qui soient immédiatement transférables à la pratique.

La recherche en didactique émerge dans un processus de différenciation entre la

recherche dans la discipline, l'enseignement de cette discipline, et la recherche

sur l'enseignement et l'apprentissage de la discipline. Ce processus de

différenciation a atteint des stades variés selon les pays. Dans tous les cas, les

formateurs de maîtres jouent un rôle central dans la mesure où ils doivent utiliser

des connaissances de chacun de ces trois domaines : recherche en physique,

recherche en didactique de la physique et expérience pratique de l'enseignement

de la physique.

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Page 4: TP de Didactique de La Physique

De plus, en raison de la relative nouveauté de la recherche en didactique de la

physique, il n'existe pas de nos jours de réel consensus sur un large corpus de

savoir.

Pour toutes ces raisons, l’intention de plusieurs chercheurs est de présenter

différentes approches de recherche de manière à ce que les formateurs de maîtres soient

informés de la variété et de la richesse de ce domaine, même si, du fait de la jeunesse de

la recherche en didactique de la physique, il n'est pas toujours possible que les résultats

obtenus soient directement utilisables pour la formation des maîtres. Les parties de

recherche souvent explorées pour expliciter ces différences et ainsi fournir une vue

d'ensemble de l'état de la recherche actuelle sont :

Perspectives sur la physique,

Connaissances des élèves et apprentissage,

Attitudes et pratiques des enseignants,

Développement de programmes,

Évaluation et situations d'enseignement

Le modèle du triangle didactique de Houssaye bien connu, où les trois sommets

savoir - élèves - enseignants interagissent au sein de la structure du système éducatif,

décrit ci bas les relations entre le triangle didactique et ces différentes parties :

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Page 5: TP de Didactique de La Physique

Ce triangle est une manière de structurer le champ de l'éducation quand on prend

la perspective d'étudier l'enseignement et l'apprentissage d'une discipline spécifique,

qui, dans notre cas, est la physique. Chacune des quatre parties est directement relative à

un sommet du triangle, même si les interactions avec les autres sommets sont prises en

compte. Une partie : "développement de programmes, contrôles des connaissances et

situations d'enseignement" traite simultanément des trois sommets. Les non-spécialistes

de la recherche considèrent fréquemment ce thème comme étant central pour ce

domaine de recherche ; c'est toutefois le thème qui semble le plus difficile à

appréhender :

Concernant les Perspectives sur la physique, il est connu que l'enseignant de

physique a un seul type de pratique de la physique ; il utilise un savoir déjà

établi par d'autres. En tant qu'enseignant, il doit "manipuler" le savoir de

manière à l'enseigner, afin de le rendre apprenable par ses élèves tout en

respectant le programme officiel (s'il existe). Il n'utilise pas directement le savoir

produit par les chercheurs, mais un savoir intermédiaire qui a déjà été reformulé.

Ce savoir a été l'objet de transpositions faites sous des contraintes variées,

comme les conditions d'enseignement (les objectifs de l'enseignement sont ceux

qui sont établis par la société), et la nécessité de légitimation par la communauté

de la physique. Dans ces transpositions, les manières de considérer le savoir de

la physique peuvent être très différentes. Il nous semble utile pour les

professeurs d'avoir une appréciation de cette variété de points de vue sur la

physique.

Au niveau des Connaissances des élèves et apprentissage, le domaine le plus

ancien en didactique de la physique, ces recherches dans plusieurs pays ont été

le produit secondaire du développement important de projets ; ces recherches

visaient à mieux comprendre les difficultés des élèves dans l'apprentissage des

aspects conceptuels de la physique ; il s'agit des travaux sur les conceptions des

élèves appelées aussi conceptions alternatives ou misconceptions suivant les

auteurs. Les résultats de ces recherches constituent un corps important de savoir

qui peut être utilisé. Une connaissance des conceptions des élèves joue aussi un

rôle important pour les recherches sur les curriculums, l'évaluation et les

situations d'enseignement.

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Page 6: TP de Didactique de La Physique

Les Attitudes et pratiques des enseignants sont des sujets de recherche plutôt

récents en didactique de la physique. Des résultats récents de recherche abordent

les relations entre les croyances des enseignants et leurs activités

d'enseignement, ce qui est un domaine de recherche d'un grand intérêt pour les

formateurs de maîtres.

La partie sur le Développement de programmes, contrôles des connaissances et

situations d'enseignement, traitant simultanément des trois sommets du triangle,

illustre la complexité de ces objets d'étude. Peut-être est-ce pour cette raison que

le développement de curriculums fait l'objet de nombreux projets d'innovations.

Les innovations ont pour objectif d'améliorer l'enseignement sans faire un détour

par la recherche ; elles sont considérées comme étant des réponses directes aux

difficultés de l'enseignement de la physique. Dans cette partie, l'aspect de

l'évaluation et du contrôle des connaissances est également inclus, puisqu'il

s'agit d'un "régulateur" crucial de toute activité d'enseignement. Ce domaine a,

depuis longtemps;  fait l'objet de recherche, et présente les aspects importants de

l'évaluation dans le fonctionnement des systèmes éducatifs de nos sociétés. Cela

montre également la variété des rôles de l'évaluation et l'importance que les

enseignants en soient informés et qu'ils reconnaissent le besoin d'élargir leur

panoplie des méthodes d'évaluation qu'ils utilisent. Ce dernier aspect est crucial

si les systèmes éducatifs veulent évoluer au même rythme que notre société.

Le savoir physique est l'un des liens principaux entre les parties, pas en tant que

tel, mais comme faisant partie du processus d'interaction, soit entre personnes - c'est-à-

dire entre élèves ou entre enseignants et élèves - ou entre institutions - communauté de

la physique, système éducatif, société civile. Ces processus d'interaction contraignent

les formes prises par le savoir. Ainsi, l'enseignement de la physique est, dans son

essence même, un processus d'interaction qui implique des objets d'étude et des

pratiques professionnelles complexes, et qui conséquemment nous entraîne dans un

terrain difficile mais fascinant.

Pour question d’organisation et de structuration, nous résumons ces textes en les

groupant en quatre catégories :

Textes sur l’enseignement et l’apprentissage de l’Électricité

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Page 7: TP de Didactique de La Physique

Textes sur l’enseignement et l’apprentissage de la Mécanique

Textes sur l’enseignement et l’apprentissage de la Thermodynamique

Autres textes de Didactique de la Physique

I. Textes sur l’enseignement et l’apprentissage de l’Électricité.

Texte 1: Enseigner l’électricité élémentaire

Auteur: Dimitri Psillos, School of Education, Aristotle University of

Thessaloniki, Grèce

URL: http://icar.univ-lyon.2.fr/Equipe2/Coast/ressources/ICPE.../E4.htm

«Enseigner l’électricité élémentaire» est une recherche théorique de type diagnostic sur

l’enseignement de l’électricité identifiant et tenant compte des difficultés

d’apprentissage des élèves. Il informe donc sur les connaissances des élèves et leur

apprentissage en électricité. Cette recherche est fondée sur des approches

constructivistes et s’est centrée sur des cheminements alternatifs qui peuvent faciliter la

construction de connaissances scientifiques par les élèves. C’est un article qui fournit

des directives sur la planification et analyse de situations d’enseignement en électricité

élémentaire.

Dans ce travail, l’auteur elargit le champ experimental de façon à inclure non

seulement les états stationnaires mais également les situations évolutives :

de lier les phenomenes électrocinétiques et électrostatiques,

de développer des modèles adaptés au raisonnement causal des élèves,

de débuter la modélisation conceptuelle par la tension et l’énergie en

introduisant ces concepts comme primaires et non comme des concepts

relationnels,

de présenter une hiérarchie de modèles permettant de répondre progressivement

à des questions sophistiquées et conduisant à des niveaux croissants de

compréhension.

Pour montrer l’efficacité de cette séquence, l’auteur, partant d’une étude

bibliographique, introduit son travail en décrivant les difficultés des élèves apparaissant

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Page 8: TP de Didactique de La Physique

sûrement à tous les domaines impliquant des processus physiques mais spécialement

limitées, dans cette étude, à l’électricité élémentaire.

Selon les analyses reportées dans cette problématique, les élèves ont des

difficultés d’apprentissage relatives :

1. au développement de raisonnement systémique qui, fondamentalement différent

du raisonnement causal linéaire «source-consommateur», est nécessaire pour

comprendre le circuit électrique comme un système fermé dans lequel tous les

composants interagissent entre eux et toute perturbation s’étend dans toutes les

directions.

2. à la différenciation conceptuelle de «courant/énergie», la tension étant

considérée comme une propriété du courant indiquant sa « force ».

3. selon Frederiksen & White (1992), à l’établissement des relations

phénoménologiques communes évidentes entre l’électrocinétique et

l’électrostatique, entre l’attraction ou la répulsion des corps électrifiés et

l’éclairage électrique.

4. à relier différents modèles, qualitatifs et quantitatifs, macroscopiques et

microscopiques, selon Elyon & Gniel(1990)

Ainsi, pour trouver une remédiation à toutes ces difficultés d’apprentissage,

l’auteur de cet article specifie, partant d’une perspective constructive de l’enseignement

et de l’apprentissage, deux courants didactiques ou cheminements pour enseigner

l’électricité élémentaire :

En se referant aux idées de Berg et Grosheide (1993), la première approche

s’appuie sur la faisabilité et la valeur éducative de la poursuite de la

compréhension par les élèves du mécanisme du circuit électrique. Celle-ci

ressort des applications importantes comme l’électricité à la maison et/ou

l’économie de l’énergie électrique et des stratégies efficaces pour rendre

apprenables les caractéristiques essentielles de sujets plus traditionnels, tels que

la fonction des circuits électriques.

Swedes inspire la deuxième approche qui s’appuie sur les analogies et le

raisonnement analogique comme moyen pour induire le changement conceptuel

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Page 9: TP de Didactique de La Physique

chez les élèves en donnant l’exemple des analogies hydrauliques pour la

compréhension des circuits électriques comme système fermé.

Les stratégies de confrontation constituent un moyen de faciliter ce changement

conceptuel. Ce présent article fournit les grandes lignes des aspects clés de cette

approche pour enseigner l’électricité de base dans l’enseignement secondaire général.

De prime à bord, toute approche de l’enseignement et de l’apprentissage de la

science se centralise sur le savoir scientifique dont la principale fonction est la

modélisation du monde réel. Le noyau du savoir scientifique comprend les modèles

d’objets réels et les processus qui sont élaborés et partagés par la communauté

scientifique de manière à interpréter la nature. Concernant la structure et l’objet du

savoir scientifique à enseigner, l’épistémologie constructiviste affirme qu’il y a des liens

forts entre les questions posées à la nature, les observations et le cadre théorique. Et il

est à retenir que les questions qui sont pertinentes dans un contexte théorique n’ont pas

de sens dans un autre. Toute approche théorique réfère à un champ expérimental et est

instrumentale dans la structuration de ce champ. Les explications restent intégrées dans

un cadre théorique dont l’évolution implique un changement du type d’explication et de

causalité acceptée par la communauté scientifique. Ainsi, grâce à l’interaction continue

et quotidienne entre modèles et théories, phénomènes et idées, les idées personnelles des

élèves subissent de manière particulière un changement conceptuel d’interpréter la

nature.

Pour traiter de sujets importants faisant correspondre les difficultés

d’apprentissage des élèves avec les perspectives épistémologiques ci haut stipulées,

l’auteur présente brièvement trois hypothèses suivantes :

Enseigner la science devrait impliquer tous les niveaux du savoir scientifique,

c’est-à-dire la théorie, les modèles et le champ expérimental. Ceci implique la

nécessité de transposition didactique afin d’adapter le savoir scientifique à la

causalité des élèves.

Enseigner la science devrait impliquer une cohérence entre les modèles à

enseigner et le champ expérimental, c’est-à-dire la présentation successive de

modèles conceptuels plus puissants.

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Page 10: TP de Didactique de La Physique

Enseigner la science devrait impliquer des constructions hypothétiques des

modèles qui nécessitent un processus de validation pour le développement du

savoir scientifique.

Le concept central formulé dans ces hypothèses est le développement successif

de modèles pour décrire les aspects principaux d’une séquence d’enseignement en

électricité élémentaire. Plusieurs groupes d’élèves (15 ans) de la fin de l’école

secondaire obligatoire en Grèce, ayant étudié la physique durant deux ans, ont servi de

champ expérimental. D’un côté, les objectifs conceptuels de cette séquence, pour faire

mention de la théorie, comportent la description et l’interprétation du comportement

d’un circuit et des phénomènes électrostatiques en terme des grandeurs physiques V, I,

R, E, Q et t. D’un autre côté, les objectifs cognitifs motivant la conception des modèles,

comportent la différenciation des concepts V, I et E, le développement et l’utilisation de

modèles appropriés pour rendre compte des phénomènes électriques, le lien des

phénomènes électrostatiques et électrocinétiques et le développement d’une idée

systémique des circuits électriques.

L’idée systémique d’analyse et de compréhension plus profonde des concepts

d’électricité élémentaire implique une logique d’étude interne et structurée de la

séquence d’enseignement en quatre parties consécutives :

La partie phénoménologique traite des questions relatives à des objets et

évènements familiers mais non évidents aux élèves qui sont formulées au

niveau des phénomènes électriques et les expériences.

L’objectif de cette partie est de ramener les élèves à comprendre, à prédire et

à interpréter le circuit fermé de manière à construire les relations de

causalité relatives aux événements instantanés comme la brillance de

l’ampoule et aux événements se prolongeant dans le temps comme la durée

de l’éclairage ou la vie de la pile, par exemple, «plus de piles en parallèle

implique un éclairage sur une plus longue durée».

Comme le savoir acquis par les élèves est dans la lignée du modèle «source

consommatrice», l’enseignement à ce stade est limité à l’établissement des

relations entre des grandeurs observables comme le nombre de piles et

d’ampoules, la configuration du circuit et les variations de l’éclairage.

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Page 11: TP de Didactique de La Physique

L’intensité et la durée de l’éclairage sont toutes deux considérées comme

étant des effets importants. Ceci facilite l’intelligibilité du nouveau savoir et

la construction de modèles causaux pour le fonctionnement du circuit.

La partie conceptuelle est fondée sur la modélisation de phénomènes

électriques au niveau macroscopique (en incluant les concepts de tension,

d’intensité, d’énergie, de résistance et de temps) voire microscopique

(particules chargées, électrons). Il est à souligner que le point de départ pour

la modélisation conceptuelle des circuits électriques est un sujet sur lequel il

n’y a pas un accord entre tous les chercheurs.

L’objectif de cette partie est de ramener les élèves à développer une nouvelle

relation entre l’énergie et l’intensité du courant.

Comme le domaine de connaissance doit être adapté au raisonnement

séquentiel qui informe sur la causalité, le progrès conceptuel et

l’intelligence des élèves, l’enseignement à ce niveau implique deux

modèles :

le premier est le modèle du flux qui met en jeu les grandeurs

physiques tension, intensité et résistance ainsi que leurs relations.

L’auteur pense que faciliter la construction du concept de résistance

joue un rôle prépondérant dans le développement de flux

macroscopique et fournit un pont vers le modèle microscopique.

L’accent devra donc être mis sur l’enseignement de la résistance

après développement du concept d’abord de tension et ensuite

d’intensité en s’appuyant sur l’analogie hydraulique. Par la suite,

relier les résistors aux ampoules fait assigner à ces deux objets deux

fonctions qui sont celles d’utilisateur d’énergie et de régulateur de

courant. Ceci est une étape cruciale où le flux de courant peut

acquérir une signification pour les élèves, c’est-à-dire que le flux de

quelque chose peut devenir le flux de particules matérielles

invisibles. Donc dans le modèle du flux, la tension est introduite

comme un concept primaire avec une référence directe à la pile, ce

qui signifie que c’est son potentiel qui établit le courant dans un

circuit. La tension est reliée de manière causale à la génération de

courant.

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Page 12: TP de Didactique de La Physique

Le deuxième est le modèle énergétique qui met en jeu les grandeurs

physiques Energie et Temps après développement des concepts

Intensité et Energie impliquant une différenciation conceptuelle. Le

modèle «entassé» pour l’intensité s’inscrit bien dans la lignée du

traitement séquentiel des changements dans un circuit électrique.

Dans le modèle énergétique, l’énergie est reliée au volume de la pile

(pour des piles du même type), en ce sens qu’une pile est un réservoir

d’énergie. De ce fait, l’énergie stockée dans la pile est reliée de

manière causale à la durée de l’éclairage. Cette approche est

radicalement différente de nombreuses autres approches

traditionnelles dans lesquelles la tension et l’énergie sont introduites

par des relations fonctionnelles. Ce qui prouve que les élèves

comprennent mieux les propriétés des objets que les relations entre

concepts.

La partie microscopique fournit une explication au niveau du mécanisme

microscopique de manière à rendre compte de la fonction d’un resitor et de

la circulation du courant en se servant des modèles causaux qualitatifs. Leur

développement fournit des réponses à la question cruciale à ce stade de

savoir relier les champs électrostatiques et électrostatiques, apparemment

séparés pour les élèves. Aussi, en se servant de la machine de Whimshurst,

des expériences, analogies, métaphores, concepts et structures conceptuelles

restent-ils utilisés pour établir des liens à la fois aux niveaux des

phénomènes et du modèle causal simplifié et attractif pour les élèves. Ce

modèle, centré sur la pile, est utilisé pour fournir un mécanisme explicatif du

fonctionnement d’un circuit électrique : la tension correspond au surplus et

au manque d’électrons, crées par les réactions chimiques, sur les bornes de la

pile. Les forces d’attraction et de répulsion exercées sur les électrons libres

en les mettant en mouvement sont la cause du courant électrique. Dès lors,

les variables macroscopiques Intensité, Tension et Résistance électrique

acquièrent une représentation microscopique qui facilite les relations micro-

macro.

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Page 13: TP de Didactique de La Physique

La partie quantitative renforce la vue systémique du circuit électrique traité

de forme semi-quantitative dans les parties précédentes. A cette étape, les

élèves, ayant acquis qualitativement les concepts de l’électricité élémentaire

avec leur représentation microscopique, sont impliqués à mesurer avec

appareils de mesure appropriés, à comparer des grandeurs, à prédire et à

interpréter de manière quantitative voire graphiquement les différents aspects

des relations mathématiques de la loi d’Ohm, de Pouillet, d’association des

resistors…A la fin de cette partie, les élèves apprennent que tout changement

local implique un changement global dans le circuit.

Les stratégies et techniques d’enseignement, qui ont sous-tendu les activités

constructives des élèves en vue de faciliter la compréhension des modèles ou des

stratégies de confrontation lors de l’expérimentation et des discussions collaboratives

de prédilection ou d’interprétation des phénomènes, ont intégré logiquement deux

épisodes : celles premièrement de faciliter la différenciation conceptuelle et ensuite

d’induire un conflit cognitif significatif.

Les étapes essentielles pour faciliter cette différenciation conceptuelle peuvent

viser à renforcer les caractéristiques conceptuelles qui sont peu développées dans les

connaissances initiales des élèves : la discrimination entre les caractéristiques des

différents concepts et l’établissement de relations nouvelles entre les concepts.

Les aspects de cette épisode d’enseignement consiste à :

Changer le niveau de questionnement à la fin de la partie phénoménologique

en introduisant des concepts de tension et d’énergie en vue de faciliter

l’utilisation par les élèves des caractéristiques de ces concepts comme

éventuelles réponses.

Elargir le champ expérimental des piles et ampoules aux voltmètres et leurs

lectures.

Valider les nouvelles connaissances issues des modèles conceptuels à partir

des données qualitatives familières et semi-quantitatives servant de moyen

pour décrire les attributs de ces concepts.

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Page 14: TP de Didactique de La Physique

Introduire les modèles significatifs de l’énergie et du flux en vue de

permettre aux élèves de changer le niveau des relations causales en décrivant

et interprétant des phénomènes similaires en termes de grandeurs physiques.

Elaborer les modèles en utilisant ce qui est familier pour les élèves.

Induire un conflit significatif vise à faciliter la construction par les élèves d’un

modèle pour les résistors et le concept de résistances. Ce deuxième épisode utilise une

stratégie fondée sur l’acquisition progressive des connaissances préliminaires relatives à

la résistance par les élèves, lesquelles restent toujours interprétables en terme de modèle

«Source consommatrice».

Les étapes essentielles de cet épisode concernent :

La confrontation avec des contre évidences reconnaissables par les

élèves qui est un aspect crucial pour l’efficacité d’une telle stratégie.

La présentation concomitante d’une explication alternative meilleure des

deux fonctions du résistor à savoir : être un chemin pour le courant et

être un utilisateur de l’énergie, en termes de mécanisme microscopique

unificateur où les électrons sont présentés comme les particules qui

remuent et qui chauffent les fils par friction

L’application de nouvelles connaissances concernant la résistance

facilitée par l’interprétation des résultats précédents.

Les résultats expérimentaux de l’application de cette séquence telle décrite ci-

haut permettent, selon les analyses de l’auteur, deux points de vue :

Le point de vue pessimiste regarde les conceptions alternatives qui se

manifestent chez un certain nombre d’élèves en dépit de leur implication dans

une importante séquence d’enseignement constructive spécialement conçue ou

probablement créée par l’interaction entre l’enseignement et les connaissances

des élèves.

Le point de vue optimiste prudent considère deux effets : premièrement les

progrès considérables qui ont été réalisés pendant et après enseignement, et

deuxièmement les résultats qui sont significativement meilleurs en comparaison

des pratiques existantes entre différentes écoles.

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Page 15: TP de Didactique de La Physique

Dès lors, l’auteur suggère que, pour l’enseignement de l’électricité élémentaire,

on modifie la représentation traditionnelle des connaissances qui est basée sur les

contenus en une représentation des connaissances qui soit valide pédagogiquement. Par

conséquent, un changement conceptuel doit se produire dans l’esprit des concepteurs de

programmes, des formateurs de maîtres et des enseignants.

Texte 2 : Apprendre et comprendre les concepts clés de l’électricité

Auteurs :

Reinders Duit, Institute for Science Education at the University of Kiel,

Germany

Christoph von Rhöneck, Pädagogische Hochschule Ludwigsburg,

Germany

URL:http://icar.univlyon2.fr/Equipe2/coast/ressources/ICPE/francais/partieC/

C2.doc

Ce chapitre écrit par Renders Duit et Christoph von Rhöneck fournit une vue

d'ensemble de la plupart des recherches qui ont été menées sur la compréhension par les

élèves de l'électricité. L’électricité est l’un des domaines de base de la physique qui est

important quel que soit le niveau d’enseignement. A l'école primaire, les jeunes enfants

acquièrent de l’expérience avec des circuits électriques simples. Aux niveaux suivants,

l’électricité est systématiquement enseignée et constitue un thème important pour tous

les types d’études.

Ce chapitre a deux objectifs principaux :

le premier est de résumer brièvement les résultats sur les conceptions des élèves

dans le domaine de l’électricité avant et après enseignement ainsi que ceux sur le

double rôle de ces conceptions dans les processus d’enseignement et

d’apprentissage. Dans ce double rôle, les conceptions constituent des obstacles à

l’apprentissage et sont des éléments dans le processus de construction de la

compréhension par les étudiants.

Le deuxième objectif est d’utiliser la connaissance des difficultés

d’apprentissage en électricité pour attirer l’attention sur des aspects plus

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Page 16: TP de Didactique de La Physique

généraux du rôle des conceptions avant enseignement dans l’apprentissage de la

physique.

Pour des raisons de brièveté de description du premier objectif, les auteurs

présentent et discutent les différentes conceptions sans se référer à l’évolution des

conceptions des élèves avec l’âge et le niveau d’enseignement.

L'accent est mis sur les circuits simples comportant des piles et des ampoules.

Les auteurs, en citant plusieurs études, décrivent certaines difficultés conceptuelles des

élèves (avant l'université) sur l’intensité, la tension et la résistance :

Au niveau des significations quotidiennes de l’intensité : les significations des

mots pour l’intensité dans les langues européennes sont généralement plus

proches de la signification en physique de l’énergie que de l’intensité. En

d’autres termes, le mot intensité dans le langage de tous les jours comprend un

grand éventail de significations avec une prédominance pour l’idée d’énergie

Au niveau de l’identification de l’effet causal entre les piles et les ampoules :

Chez les élèves, l’effet causal linéaire entre la pile et l’ampoule

n’implique pas un circuit fermé : habituellement, les élèves développent

l’idée qu’un agent se déplace de la pile à l’ampoule. Cet agent peut être

appelé électricité ou courant électrique. L’électricité, ou courant, est

stockée dans la pile et peut "demeurer" dans les fils. L’agent est

consommé dans la pile, c’est-à-dire qu’il n’existe pas d’idée de

conservation de l’électricité chez ces élèves.

Un nombre significatif d’élèves pensent qu’un fil entre la pile et

l’ampoule est suffisant et que le deuxième fil dans les circuits

fonctionnant dans la vie de tous les jours sert simplement à amener plus

de courant à l’ampoule. Il y a aussi des résultats montrant que deux types

de courant vont tous les deux de la pile à l’ampoule ; ils sont parfois

appelés courants "plus" et "moins" (voir ci-dessous). Dans l’ampoule, il

y a un conflit entre les deux courants, notion qui a été appelée "les

courants antagonistes" (Osborne, 1983), ou bien il y a une sorte de

réaction (chimique) qui conduit à la lumière fournie par l’ampoule.

La recherche a montré que l’idée de consommation de courant ne

disparaît pas avec l’enseignement formel : les élèves considèrent le

15

Page 17: TP de Didactique de La Physique

courant comme une sorte de combustible qui s’écoule de la pile à

l’ampoule et qui est alors consommé.

Au niveau de la consommation du courant, la conception comme quoi le courant

est consommé est persistante chez les élèves même après enseignement puisque,

pour nombreux d’entre eux la conservation du courant est en désaccord avec le

fait que la pile doive «se vider».

Au niveau du raisonnement local, les élèves concentrent leur attention sur un

point du circuit ignorant ce qui se passe ailleurs, par exemple, beaucoup d’élèves

considèrent la pile comme une source à intensité constante et non comme une

source à tension constante.

Au niveau des significations du concept Tension : Avant enseignement, les

élèves lient la tension à la "force de la pile" ou à "l’intensité ou force du

courant". Même après enseignement, ils utilisent encore le concept de tension

comme ayant approximativement les mêmes propriétés que le concept

d’intensité.

Au niveau du raisonnement séquentiel : les élèves analysent un circuit en termes

de "avant" et "après" que le courant "passe" à cet endroit. Une modification au

"début" du circuit influence les éléments qui sont après, alors qu’une

modification "à la fin" n’influence pas les éléments situés avant. L’information

de la modification est transmise par le courant électrique.

Au niveau des significations du concept Résistance, par exemple dans le cas de

deux circuits en parallèle, où les élèves ont des difficultés à l’établissement des

relations de variations entre les résistances associées et les intensités des

courants dérivés.

La recherche a montré de manière générale que les conceptions des élèves sont

spécifiques du contexte, c’est-à-dire qu’elles dépendent de la tâche concrète qui est

présentée. Même après enseignement, des éléments des conceptions avant enseignement

restent approximativement reliés à certains éléments des concepts enseignés. Si la

situation change entre un premier exercice et un autre similaire (du point de vue du

physicien), les élèves peuvent employer des conceptions très différentes pour résoudre

la tâche.

Les résultats de cet important corpus de recherche montrent clairement que les

conceptions avant enseignement des élèves influencent profondément ou même

16

Page 18: TP de Didactique de La Physique

déterminent l’apprentissage. La plupart des conceptions des élèves ont montré qu’elles

constituaient des obstacles à l’apprentissage, car elles sont en opposition aux concepts

physiques qui doivent être appris.

Comment alors utiliser la connaissance des difficultés d’apprentissage en électricité

pour attirer l’attention sur des aspects plus généraux du rôle des conceptions avant

enseignement dans l’apprentissage de la physique ?

Du fait que les conceptions des élèves avant enseignement doivent constituer le

point de départ nécessaire de chaque processus d’apprentissage, les obstacles doivent

être surmontés de manière intelligente. Comme les conceptions peuvent aller au-delà

des preuves empiriques et des processus d’apprentissage des élèves, dès lors, les auteurs

orientent d’enseigner l’électricité en tenant compte de leurs difficultés d’apprentissage.

Ici également, la recherche a fourni des approches précieuses qui peuvent conduire à des

enseignements et des apprentissages plus efficaces et plus agréables pour les

enseignants et pour les élèves, dans le domaine de l’électricité comme dans d’autres

domaines.

De ces approches, Il apparaît trois points clés :

1. Le flux de courant et le flux d’énergie doivent être clairement différenciés

depuis le tout début de manière à prendre en compte les idées des élèves sur la

consommation du courant qui sont très résistantes à l’enseignement.

2. L’intensité et la tension doivent être différenciées très tôt de façon à fournir aux

élèves une notion du phénomène de flux de courant qui comporte l’idée d’un

flux de quelque chose dans le circuit et celle d’une "force" directrice de ce flux,

mais aussi qui permette de distinguer ces deux idées.

3. De manière à traiter le raisonnement "local" et "séquentiel" précédemment

discuté qui domine les idées des élèves sur le flux du courant, il est nécessaire de

guider également très tôt les élèves vers une "idée de système" du circuit

électrique (Härtel, 1985). Lorsqu’il se produit un changement de n’importe

quelle sorte dans un point du circuit, il y a également des changements

simultanés dans les autres points. Un modèle approprié ne se fondera pas sur des

charges (ou des particules) se déplaçant individuellement, mais sur une approche

où toutes les particules sont intimement interconnectées.

17

Page 19: TP de Didactique de La Physique

Cette façon d'aider les élèves à améliorer leur compréhension se veut

constructive puisqu’elle tient compte des changements conceptuels sans ou sous

condition, des chemins d’apprentissage continus et discontinus observés.

Il a aussi été largement prouvé que les étudiants, qui ont étudié la physique au

début de leurs cursus universitaires, ont des difficultés conceptuelles similaires

(McDermott and Shaffer, 1992). Il faut inclure parmi ces étudiants les professeurs de

l'école élémentaire, du collège et du lycée, aussi bien ceux qui enseignent que ceux en

formation initiale. Puisque l'électricité fait partie de l'enseignement pré universitaire, il

est important que les professeurs dépassent leurs difficultés relatives à ce contenu et

deviennent familiers avec les stratégies efficaces d'enseignement qu'ils peuvent utiliser

pour aider leurs élèves.

Ayant donc pour but d'attirer l'attention sur les résultats de recherche sur la

compréhension par les étudiants des circuits électriques, l'identification des difficultés

dans ce travail constitue seulement une partie de la contribution que peut faire la

recherche à l'amélioration de l'enseignement. Par ailleurs, l’utilisation des résultats pour

guider le développement de l'évaluation de l'enseignement s’impose car il y a encore

beaucoup à faire.

Ainsi, restent-elles encouragées des recherches qui portent sur des stratégies évitant le

conflit cognitif, c’est-à-dire qu'elles proposent de commencer l'enseignement par les

facettes des conceptions des élèves avant enseignement qui partagent déjà au moins

quelques aspects communs avec le point de vue de la physique. A partir de ce noyau de

conformité il y a un développement vers le point de vue de la physique par

l’intermédiaire d’un chemin principalement continu. Selon Jung (1986), un type de

telles stratégies peut être appelé "réinterprétation"

18

Page 20: TP de Didactique de La Physique

II. Textes sur l’enseignement et l’apprentissage de la Mécanique

Texte 3 : Conceptions des élèves et résolution de problèmes en mécanique

Auteur:Lillian C. McDermott, Department of physics, University of

Washington, Seattle, Washington, USA

URL:http://icar.univlyon2.fr/Equipe2/coast/ressources/ICPE/francais/partieC/

C1.doc

Cet article est un autre chapitre du livre de l’ ICPE sous la responsabilité de

Laurence Viennot et informe sur les connaissances des élèves et leur apprentissage en

Mécanique. C'est un domaine qui a probablement été l'objet du plus grand nombre de

travaux durant ces deux dernières décades. Les investigations ont montré qu'avant

enseignent sur un sujet donné, les enfants et les étudiants ont habituellement un

ensemble d'idées et de manières de raisonner très différentes de celles de la physique, et

que ces idées sont souvent extrêmement résistantes à l'enseignement.

Il faut noter qu'un aspect important ressort de toutes ces études sur la

compréhension commune des apprenants : on ne peut pas mener des investigations sur

les idées des élèves dans un domaine donné de connaissance sans réexaminer cette

connaissance, ce processus peut conduire à de nouveaux buts d'enseignement. L'analyse

du contenu et l'investigation de la compréhension commune des apprenants sont deux

approches qui sont nécessairement et intimement liées.

En Mécanique, ces recherches de Lillian C. McDermott fournissent les moyens

de trouver de nombreux résultats concernant les idées courantes des élèves et des

professeurs stagiaires sur la résolution des problèmes. L’auteur présente aussi des

nombreux tests classiques ainsi que les principales erreurs prévisibles des élèves.

19

Page 21: TP de Didactique de La Physique

L’auteur affirme que, pour orienter des stratégies d’enseignement, un consensus

entre les chercheurs insiste que l’apprenant devrait se trouver en position d’être aussi

actif que possible dans la construction de ses propres connaissances. Cette démarche

pédagogique utilise les moyens comme l’analyse qualitative, le traitement explicite des

idées courantes, le débat, les décisions expérimentales et pédagogiques.

Les questions qui orientent souvent la prise de décision sont les suivantes : Faut-

il rendre les difficultés et les erreurs prévisibles des élèves explicites l’une après l’autre,

test après test, une seule situation étant considérée à chaque fois ? Ou au contraire est-ce

que l’apprenant doit être informé de la "logique" qui semble sous-tendre un ensemble

d’idées courantes ? Si oui, quelle échelle devrions-nous adopter pour grouper les idées ?

Quelles idées devrions-nous prendre en compte ensemble ?

En cinématique, l’auteur fait ressortir les différentes conceptions des

apprenants :

les apprenants confondent les concepts de vitesse et de position et plus

fréquemment les concepts de vitesse et d’accélération sans aucune

compréhension qualitative de l’accélération comme le rapport de Δv/Δt.

La plupart d’étudiants d’université utilisent de manière non appropriée un

modèle causal, c’est-à-dire invoquant des forces ou autres causes de mouvement

Les étudiants comme des professeurs ont des difficultés pour interpréter des

diagrammes de trajectoire des mouvements à deux dimensions uniformes et

uniformément variés

Sur la compréhension du déplacement, de la vitesse et du référentiel, les résultats

de recherche démontrent que plus les problèmes deviennent faciles à résoudre de

manière quantitative, plus il est difficile de différencier les élèves à partir de leur

niveau de compréhension des concepts de base

Sur la compréhension par les élèves des représentations graphiques de la vitesse,

les difficultés se rencontrent au niveau d’établissement des liens entre les

concepts de cinématique, leurs représentations graphiques et les mouvements

d’objets réels.

20

Page 22: TP de Didactique de La Physique

Les moyens propices pour conduire de telles recherches en cinématique sont les

études détaillées conduites à une petite échelle et également à partir de l’utilisation à

grande échelle d’instruments conçus pour évaluer la compréhension conceptuelle. Le

test de compréhension des graphes en cinématique (Test of Understanding Graphs in

Kinematics/TUG-K) est proposé pour tester la capacité des élèves à interpréter les

représentations graphiques du mouvement.

En Dynamique, les résultats de recherche démontrent que les conceptions avant

enseignement sont équivalentes à celles après enseignement. Les idées erronées souvent

produites sur les concepts de force et mouvement sont :

Une force produit un mouvement

Une force constante produit une vitesse constante avec une intensité de la vitesse

proportionnelle à celle de la force

L'accélération est due à l'augmentation de la force ; en l'absence de force, les

objets soit sont au repos, soit ralentissent.

Le mouvement implique une force

Aucune force n’agit sur un objet au repos

La relation entre la force et la vitesse est linéaire

La difficulté d’interprétation des trajectoires dans le cas de mouvements

composés

Les difficultés relatives aux situations mettant en jeu la gravité comme le temps

de chute entre les corps présents et légers : pour eux, l’objet le plus lourd tombe

plus vite.

Les difficultés des élèves de décrire le mouvement, l’équilibre, l’accélération,

les forces internes et externes, et le rôle du fil sur la compréhension de machine

d’Atwood.

Les difficultés des élèves relatives à l’application de la relation fondamentale de

la Dynamique et du théorème de l’énergie cinétique à l’analyse des mouvements

réels.

Les tests importants en Dynamique sont :

21

Page 23: TP de Didactique de La Physique

L’inventaire du concept de force (Force Concept Inventory-FCI), un test à choix

multiple visant à évaluer la compréhension de la dynamique newtonienne par les

élèves. Ce test a pour objectif de déterminer si les élèves sont capables de

distinguer une réponse Newtonienne correcte de croyances populaires mais

erronées de "sens commun".

Le test de mécanique de base ("Mechanics Baseline Test" (MBT)), qui couvre

une plus grande variété de sujets en mécanique Newtonienne que ne le fait le

FCI.

C'est dans le domaine de la mécanique que les capacités des élèves à résoudre

des problèmes de physique ont été étudiées le plus à fond. La résolution de problèmes a

été utilisée par les psychologues cognitifs et les chercheurs en sciences cognitives

comme un contexte permettant d’analyser les processus de pensée.

Une étude a tenté d'identifier les différences dans les manières dont les experts et

les novices résolvent les problèmes de physique. Un des résultats montre une tendance

des experts à catégoriser les problèmes selon une " structure profonde ", alors que les

débutants ont tendance à les catégoriser à partir d'éléments de surface.

Dans une autre étude, la résolution de problèmes a été analysée à partir de trois

étapes principales : description et analyse du problème, construction d'une solution, et

contrôle de la solution. L'analyse de ces étapes a montré que les composantes de la

résolution de problèmes sont trop complexes pour être apprises à partir d'exemples et de

la pratique. La capacité à résoudre les problèmes dépend non seulement de

l'apprentissage des procédures, mais aussi de la capacité à faire appel à des savoirs

annexes appropriés

Dans tous les cas, la manière dont nous rendons les idées courantes explicites

doit être adaptée aux élèves en particulier et aux contextes d’enseignement. Selon le cas,

il peut être utile de se limiter à des aspects de surface des raisonnements courants,

situation par situation, ou au contraire, d’essayer de montrer leurs racines profondes.

Une des motivations principales pour conduire des recherches sur les difficultés

des élèves est d'utiliser les résultats pour guider le développement de curriculums qui

prennent en compte les besoins et les capacités des élèves. Les résultats de toutes les

études discutées ci-dessus sont compatibles avec une perspective d'enseignement et

d'apprentissage qui peut être catégorisée globalement comme étant "constructiviste".

22

Page 24: TP de Didactique de La Physique

Deux éléments importants du point de vue constructiviste sur la manière d'acquérir le

savoir scientifique peuvent être résumés de la manière suivante : tous les individus

doivent construire leurs propres concepts, et le savoir qu'ils possèdent déjà (ou qu'ils

pensent avoir) influence significativement ce qu'ils peuvent apprendre. L'élève n'est pas

considéré comme un récipient passif de connaissance, mais plus comme l'acteur de sa

création.

Ce point de vue sur l'apprentissage est en fort contraste avec celui "transmissif"

selon lequel l'information peut être fournie directement aux élèves dans une forme

utilisable, si seulement elle est énoncée de manière suffisamment claire. La

conséquence serait que le fait d'écouter un cours, de lire un manuel scolaire et de

pratiquer la résolution de problèmes devrait permettre aux élèves de développer une

compréhension fonctionnelle de la physique, c'est-à-dire la capacité de faire le

raisonnement nécessaire pour appliquer les concepts et principes appropriés dans les

situations non encore mémorisées.

Quelques-unes des études expérimentales ci-dessus décrites se sont entièrement

centrées sur l'identification et l'analyse des difficultés des élèves, alors que d'autres ont

pris en compte la conception et l'analyse des stratégies d'enseignement qui abordent ces

difficultés. Les résultats de l'ensemble de ces études conduisent aux généralisations sur

l'apprentissage et l'enseignement ci-après :

La facilité à résoudre les problèmes quantitatifs n'est pas un critère approprié

pour la compréhension fonctionnelle : Les questions relatives à un raisonnement

qualitatif et aux explications verbales sont essentielles.

Une structure conceptuelle cohérente n'est pas un résultat typique de

l'enseignement traditionnel : Les élèves ont besoin de participer au processus de

construction de modèles qualitatifs, ce qui peut les aider à comprendre les

relations et les différences entre les concepts.

Certaines difficultés conceptuelles ne sont pas surmontées par un enseignement

traditionnel. Les difficultés conceptuelles persistantes doivent être explicitement

traitées par des problèmes variés dans des contextes différents.

23

Page 25: TP de Didactique de La Physique

Enseigner en racontant est un mode inefficace d'enseignement pour la plupart

des élèves. Les élèves doivent être intellectuellement actifs pour développer une

compréhension fonctionnelle et la plupart des enseignants ont tendance à

enseigner comme ils ont été enseignés. On devrait fournir aux enseignants

l'opportunité d'apprendre le contenu qu'ils auront à enseigner de la manière

dont ils devront l'enseigner.

III. Textes sur l’enseignement et l’apprentissage de la Thermodynamique

Texte 4: Faits expérimentaux et formes de raisonnement en thermodynamique : Approche commune chez les apprenants.

Auteur : Laurence Viennot, L.D.P.E.S., Université Denis Diderot, Paris, France URL : http://icar.univlyon2.fr/Equipe2/coast/ressources/ICPE/francais/partieC/

C3.html

 Cette recherche de laurent Viennot est consacrée aux connaissances des élèves

et à l'apprentissage en Thermodynamique. Il présente les vues communes des élèves sur

certains phénomènes mettant en jeu chaleur et température. Il met l'accent sur certaines

tendances des raisonnements des élèves qui sont transférables à plusieurs domaines de

la physique, en particulier le "raisonnement causal linéaire", une extension du

"raisonnement séquentiel" introduit dans les textes précédents. Cette revue de synthèse

se termine par une analyse des buts possibles de l'enseignement concernant des

phénomènes en thermodynamique, et plus généralement, des problèmes à plusieurs

variables.

Deux approches sont souvent adoptées dans l'investigation des idées communes

des apprenants : le recueil des idées communes sur un sujet particulier, et la recherche

de formes générales de raisonnement. Certaines hypothèses, fondées sur des résultats de

recherche, y sont formulées en définissant des éléments d'un enseignement ayant pour

perspective de rendre les apprenants aussi actifs que possible dans la construction de

leur propre connaissance. Cependant, seules des évaluations approfondies de ces

suggestions permettront d'évaluer leur pertinence.

Cette recherche attire l’attention sur deux problèmes de l’enseignement et de

l’apprentissage de types assez différents :

24

Page 26: TP de Didactique de La Physique

Le premier concerne les difficultés de nombreux apprenants à exprimer leur

compréhension des phénomènes thermiques.

Le deuxième est le défi posé par le raisonnement sur des situations où plusieurs

facteurs influencent simultanément un résultat, avec un ensemble d’effets se

produisant simultanément et non de manière séquentielle.

Les résultats des recherches concernant les difficultés des élèves à saisir les

notions scientifiques de température, chaleur et énergie interne sont considérables. Ils

rejoignent les observations plus informelles des enseignants dans la classe. Peut-être la

principale valeur de la recherche est-elle d’attirer l’attention sur les idées de base avec

lesquelles les élèves ont des difficultés, et qui pourtant peuvent apparaître comme

tellement évidentes à l’enseignant qu’elles peuvent ne pas être du tout enseignées

explicitement.

Nous devons nous rappeler que les plus jeunes élèves ont besoin d’être aidés

pour comprendre :

que tous les matériaux, s’ils sont laissés assez longtemps dans un

environnement à une température fixe, atteindront la température de cet

environnement, sans distinction du matériau dont ils sont faits ;

qu’ils ont besoin qu'on leur enseigne que la température de tous les matériaux

augmente lorsqu’ils sont chauffés ; et ainsi de suite.

Toutefois, la thermodynamique de base est l’un de ces sujets où le nombre

d’articles en didactique sur les difficultés des apprenants équivaut à celui des articles

considérant que de nombreux manuels scolaires dans ce domaine sont imprécis et en

désaccord avec la véritable acception scientifique. En particulier, l’utilisation du nom

"chaleur" a été remise en question, certains suggérant que nous devrions en fait toujours

parler du processus de "chauffage".

La discussion de Viennot au début de ce chapitre résume le point de vue

scientifique des processus thermiques et indique combien certaines des idées sont

subtiles et difficiles. En gardant à l'esprit que la plupart des élèves qui apprennent les

notions de base sur la température et la chaleur ne poursuivront pas leurs études pour

devenir des physiciens on peut se demander quelle compréhension des principes

25

Page 27: TP de Didactique de La Physique

scientifiques leur sera utile pour aborder des situations de la vie quotidienne en tant que

citoyens. Une compréhension plus proche du modèle "calorique" de la chaleur du 18 ième

siècle ne serait-elle pas un objectif d’enseignement plus réaliste ?

Un enjeu cognitif pour de nombreux apprenants consiste manifestement à :

Apprécier la différence entre la grandeur intensive de température, et la

grandeur extensive de chaleur (ou d’énergie),

reconnaître que la chaleur est transférée spontanément des objets à la plus haute

température vers ceux à la plus faible température, et

saisir le rôle des matériaux isolants dans le ralentissement du taux de ce

transfert.

Toutefois, ces idées qui sont des simplifications de l’image scientifique

complète, sont utiles pour comprendre de nombreux phénomènes quotidiens. En effet,

beaucoup de travaux d’ingénieurs et de biologistes sont basés sur celles-ci. Il est

intéressant de noter que certains travaux récents en didactique prennent comme objectif

l’enseignement ce type de "modèle pragmatique" des phénomènes thermiques (Linn &

Songer, 1991).

Le second fil directeur de cette recherche de Viennot traite d’un thème qui est

manifestement plus large que la thermodynamique de base : les formes de raisonnement

utilisées par les élèves lorsqu’ils tentent d’expliquer les phénomènes. La tendance à

utiliser le "raisonnement causal linéaire" est fréquemment observée dans de nombreux

domaines de la science.

Comment pourrions-nous alors aider les élèves à dépasser cette forme de

raisonnement ?

Selon l’auteur, la question ici n’est pas la capacité des élèves (dans un sens

développemental) à utiliser des structures de raisonnement plus sophistiquées pour des

systèmes à plusieurs variables, mais plutôt leur capacité (et leur confiance) à le faire

lorsque le contexte est abstrait et non familier. Un point de départ pourrait être de

reconnaître que nous raisonnons tous de manière plus sophistiquée lorsque nous

discutons sur un sujet familier. Lorsque nous nous tournons vers des domaines où nous

26

Page 28: TP de Didactique de La Physique

sommes moins certains de nos connaissances, notre style de raisonnement devient

également plus élémentaire. Aider les élèves à développer des formes de raisonnements

scientifiques peut alors impliquer une pratique de raisonnement sur des systèmes

multivariés familiers et sur des modèles issus de contextes quotidiens, peut-être en

réfléchissant aux formes de raisonnement utilisées et en les rendant explicites.

En conclusion de cette recherche, l’auteur résume quelques lignes directrices

pour le choix des objectifs d’enseignement en Thermodynamique :

Pour raisonner de manière cohérente selon les règles reconnues de la

thermodynamique, il est nécessaire:

1. D’identifier les systèmes pertinents et leurs caractéristiques pertinentes

pour prédire les transferts de type chaleur plutôt que d’assigner

simplement à des objets des propriétés intrinsèquement liées à l’une des

catégories : " chaud " ou " froid " ; plus généralement, considérer

plusieurs causes pour un effet, contrairement au raisonnement causal

linéaire.

2. De distinguer clairement ce qui concerne d’une part les changements et

d’autre part les états stationnaires.

Il est d'autant plus important, lors de la conception d’une séquence

d’enseignement, de spécifier très précisément les objectifs conceptuels

correspondants qui doivent s'accorder avec l’analyse des phénomènes que donne

la physique acceptée.

Etant donné la complexité des phénomènes thermodynamiques, l’enseignant doit

adopter les attitudes suivantes qui sont des composantes intrinsèques de la

modification scientifique :

1. D’être extrêmement prudent quant au degré " d’explication "

effectivement visé, et de spécifier ce que les arguments proposés ne

réussissent pas à expliquer.

27

Page 29: TP de Didactique de La Physique

Par exemple :" Les solides se dilatent lorsqu’ils sont chauffés (ou se

contractent quand ils sont refroidis), mais nous ne pouvons pas (encore)

expliquer pourquoi. Savoir que " l’agitation thermique " (énergie cinétique

moyenne des particules) augmente (ou diminue) dans ce cas n’est pas

suffisant pour expliquer pourquoi le solide se dilate (ou se contracte). En

effet, les particules peuvent vibrer plus ou moins intensément, et rester

autour de la même place sans que leur position moyenne ne dérive. "

2. De travailler avec des explications " molles " qui sont centrées sur une

variable prédominante, sans néanmoins cacher les dangers de leur

extension sans précaution à d’autres cas. Par exemple, l’idée que " à

haute altitude, il y a moins de molécules, et donc la pression est plus

faible " nécessite l’ajout : " ce raisonnement fonctionne seulement si les

molécules ont (à peu près, admettons) la même vitesse moyenne dans les

deux situations comparées. "

Ce raisonnement qualitatif plus " serré " peut être considéré comme trop

exigeant pour une population donnée, mais en fait le degré de cohérence

requis peut être choisi dans un continuum qui s’étend des connaissances

factuelles à la théorie acceptée. Par exemple, on peut juger approprié, pour

une population donnée d’enfants, d’enseigner qu’au niveau de la mer l’eau

bout à 100° C, et ceci sans la moindre explication. Mais si l’on introduit

clairement certains facteurs qui n’affectent pas la température d’ébullition,

tels que la quantité d’eau ou l'intensité du chauffage, cela constitue déjà le

début d’un raisonnement à plusieurs variables.

3. De contester dans un esprit d’adaptation réaliste à l’apprenant

l’opportunité de viser une distinction claire entre chaleur et température.

Mais si l’on décide de relever ce défi, il faut décider lequel des objectifs

conceptuels suivants est fixé :

le caractère intensif (respectivement extensif) de la température

(respectivement chaleur),

l’identification des systèmes et des paramètres pertinents,

28

Page 30: TP de Didactique de La Physique

la distinction entre les phénomènes de la " catégorie restreinte "

(seulement un transfert de chaleur et une variation de l’énergie

cinétique) et des autres phénomènes (par exemple, les

changements d’états).

IV. Différents textes de Didactique de la Physique

Texte 5 : Causalité dans l'apprentissage des sciences  

Auteur : Andrée TIBERGHIEN URL : http://www.intellectica.org/archives/n38/4.Tiberghien.pdf

0. Introduction

Cet article présente comment sont abordées les questions de la causalité dans

l'enseignement scientifique, en particulier de la physique, à des niveaux élémentaires

(10 - 18 ans). Dans une première partie, l’auteur part des travaux piagétiens pour

présenter l'importance de la causalité dans l'interprétation du monde matériel par les

enfants. Il aborde ensuite les travaux en didactique des sciences en s’appuyant sur ceux

des années 80 et 90 et sur la revue faite dans quelques journaux essentiels en

didactiques des sciences pour les années plus récentes.

Cette étude a conduit l’auteur à regrouper les résultats selon trois approches : la

causalité chez les élèves, la conception d'un enseignement qui prend en compte la

causalité, et l'évolution de la causalité chez les élèves avec un enseignement

scientifique. Les résultats obtenus dans ces travaux variés se renforcent mutuellement

sur un point essentiel : L'évolution chez les élèves d'une causalité simple vers une

causalité complexe plus scientifique nécessite des acquis nombreux et de nature diverse

relatifs aux connaissances spécifiques, aux raisonnements, et aussi à l'épistémologie.

Cette recherche montre aussi que l'enseignement ne peut ignorer la causalité simple

29

Page 31: TP de Didactique de La Physique

avec laquelle les élèves fonctionnent et que celle-ci n'est pas nécessairement un obstacle

mais peut constituer un facteur d'apprentissage.

1. La causalité chez les élèves

L’auteur souligne ici l’importance de la causalité dans l’interprétation du monde

matériel par les enfants. Ainsi, s’inspirant sur l’avant-propos du livre « les explications

causales » (Piaget e Garcia, 1971), il reprend seulement deux aspects des conclusions du

livre.

Le premier aspect porte sur l’analyse de l’indifférenciation entre causalité et

opérations. Du point de vue opératoire et causal, les enfants analysent mal leurs actions

propres qui sont, selon Piaget, à l’origine des concepts indifférenciés. Par exemple,

entre le temps et la vitesse, les sujets peuvent avoir des jugements sur la vitesse du

type : plus vite = plus loin =plus de temps ; aussi bien que du type : plus vite arrive =

moins de temps.

Le deuxième aspect porte sur deux processus complémentaires qui jouent un

rôle dans la différenciation progressive entre le logicomathématique et le causal :

a. L’effort de la représentation, qui permet de se donner des tableaux d’ensemble

simultanés d’événements passés, présents et futurs, demeurant successifs au plan

des constatations perceptives ;

b. L’autorégulation, qui permet au sujet d’effectuer « les coordinations dans les

deux sens, direct et inverse (ou réciproque) » et se transforme ainsi en opérations

réversibles, montrant ainsi la difficulté relative dans la succession dans l’espace

et dans le temps

Des travaux plus récents en psychologie menés sur des bébés et des très jeunes

enfants montrent que la causalité s’est très développée très tôt.

2. La conception d’un enseignement qui prend en compte la causalité

Ici, l’auteur donne quelques approches de la causalité dans les travaux sur les

conceptions en didactique de la physique. Une conception est un ensemble des

propositions et/ou des procédures et/ou des savoir-faire qui rendent compte des

30

Page 32: TP de Didactique de La Physique

conduites de l’apprenant dans un ensemble des situations. L’auteur la spécifie ici dans

les cas de savoir relatif au monde matériel.

Trois approches de la causalité dues à la mauvaise interprétation par les

apprenants des phénomènes physiques apparemment simples sont présentes par l’auteur,

à savoir : causalité et expériences personnelles dans le monde de choses, causalité et

théories naïves, causalité et approches multifonctionnelles de la physique.

2.1. Causalité et expériences personnelles dans le monde des choses

L’auteur met l’accent ici sur l’expérience de l’enfant dans le monde des choses

et présente des fonctionnements trouvés très fréquemment chez les élèves de

l’enseignement primaire et secondaire. Il regroupe trois études qui mettent l’accent sur

le rôle de l’action des apprenants dans un monde où les objets jouent un rôle essentiel.

2.1.1. Un noyau commun d’explication : la Gestalt expérientielle

Il existe, selon Anderson (1986), un noyau commun d’explications et de

prédictions dans des domaines aussi variés que l’électricité, l’optique, la mécanique de

la température et la chaleur ; noyau qu’il nomma « Gestalt expérientielle de la causalité

(experiential gestal of causation) », se referant ainsi à Lakoff e Johnson (1980). A

travers cette étude, Anderson explique la notion de l’agent et du patient : L’agent

provoque un changement physique de l’état du patient et il a un plan pour réaliser ce

changement. Il y a aussi, enchaîne l’Auteur, un effet sur l’agent lui-même via la

rétroaction par la perception sensorielle. Par exemple, l’enfant sent si un objet est lourd

(ou léger), ou s’il est plus ou moins chaud (ou froid).

Anderson donne, selon l’Auteur, trois exemples qui illustrent deux

fonctionnements fréquents de la causalité chez les élèves, analysant ainsi les domaines

où les élèves interprètent ou prédisent des situations en termes de causalité :

Le premier exemple est celui de demander aux élèves de 12 à 14 ans, si

deux cylindres de mêmes dimensions, l’un en plomb et l’autre en

aluminium, plongés successivement dans un récipient gradué rempli

d’eau, feraient monter le niveau de l’eau de la même façon. La majorité

31

Page 33: TP de Didactique de La Physique

d’élèves répondent que l’eau montera plus pour le cylindre en plomb que

pour celui en aluminium.

Dans le deuxième exemple, Anderson demande aux élèves si la

température de l’eau bouillante contenue dans une casserole augmentera

si l’on tourne le bouton vers des graduations plus élevées d’une plaque

électrique sur laquelle est posée la casserole. La majorité d’élèves

répondent que la température augmente.

Dans le troisième exemple, considérant les piles et les ampoules

(similaires), Anderson demande à des élèves de 12 à 15 ans comment

brilleront les ampoules si on augmente le nombre des piles montées en

série ou en parallèle. La majorité d’élèves prévoient que la ou les lampes

vont briller plus, quel que soit le montage ; et dans le sens contraire

(augmentation des lampes sans modifier le nombre de piles), ils

répondent que les ampoules vont briller moins quel que soit le montage.

Pour Anderson, dans le premier exemple, les élèves associent l’effort que peut

exercer l’agent à l’effet obtenu, par exemple le plomb peut « faire plus de pression sur

l’eau ». L’auteur propose un autre type d’interprétation en faisant appel à la causalité

matérielle d’Aristote présentée par Kuhn (1971) : le matériau ou plus généralement ce

qui est « interne » à l’objet est la cause de propriétés ou d’actions de l’objet.

Dans les deux autres exemples, le raisonnement utilisé est appelé « plus/plus » :

plus la cause augmente, plus l’effet augmente. Ainsi, dès le début de l’école primaire,

voire avant, dans un circuit électrique comprenant des piles et des ampoules, les élèves

considèrent la pile comme la cause ; plus il y a de piles, plus la (ou les) lampe(s) vont

briller.

2.1.2. Le rôle de l’ontologie

Le didacticien Anglais Ogborn (1993) s’appuie sur les travaux de Piaget et

considère que l’analyse de la manière dont les gens conceptualisent les objets et les

événements, doit être ontologique plutôt que épistémologique.

Les philosophes des sciences, étant préoccupés plus par les fondements de la

vérité (l’épistémologie) que par la nature fondamentale des choses telle que la science le

32

Page 34: TP de Didactique de La Physique

pense (l’ontologie), Ogborn considère que la conceptualisation des objets et événements

peut être étudiée chez les enfants et les adolescents. Par exemple, dans le cas du

mouvement, ses résultats montrent que les notions d’effort et de support sont des

composantes essentielles des causes du mouvement (Bliss e Ogborn, 1994). La cause est

un empêchement ou provoque un changement. Ainsi, « tomber » peut être décrit comme

la conséquence d’une absence de support qui est la cause de ce qui se produit.

2.1.3. L’essentialisme

Une étude récente (Anh, Gelman, Amsterlaw, Hohenstein e Kalish, 2000) sur les

enfants de 7 à 9 ans a montré que ce qu’ils ont à l’intérieur peut être plus essentiel que

ce qui est à l’extérieur (nature profonde des objets). Les enfants sont alors, plus

influencés par des caractéristiques qui causent d’autres caractéristiques que par des

caractéristiques qui sont des effets.

2.2. Causalité et théories naïves

Certains psychologues, pour interpréter le fonctionnement cognitif de l’enfant,

considèrent que ce dernier a des cadres théoriques ou encore des théories naïves.

Ainsi, une recherche menée en didactique des sciences s’est fondée sur le

fonctionnement de la causalité comme bases des théories naïves des élèves pour étudier

leur apprentissage. La recherche a porté sur l’acquisition des concepts physiques,

relatifs à diverses situations simples et courantes de chauffage et de refroidissement,

par des élèves de 12 à 14 ans (6eme et 5eme).

Les situations (Tiberghien 1980, 1989a, b) qui ont été utilisées dans les

questionnaires et les entretiens mettent en jeu :

Des sources de chauffage telles que camping gaz, four, cuisinière,

radiateur ;

Des objets chauffés : farine, sel, eau, chocolat, sucre, ou encore clous,

poudre de fer, sable, métal, plastique, bois ou une pièce dans une

maison ;

Des situations d’isolation telles que de garder chaud ou froid un liquide

ou un solide (bille, glace, café, eau chaude), isolation d’une maison.

33

Page 35: TP de Didactique de La Physique

La majorité des élèves proposent le même type d’interprétation pour chacun de

trois champs ci-dessous :

1) Les situations de chauffage dans lesquelles la source de chauffage

et l’objet à chauffer sont en contact ;

2) Les situations de chauffage dans lesquelles la source de chauffage

et l’objet `a chauffer sont `a distance ;

3) Les situations d’isolation.

Pour les deux premiers champs qui se distinguent par la distance entre la source

de chauffage et l’objet à chauffer, les interprétations des élèves diffèrent d’autant plus

qu’ils sont jeunes. Au niveau théorique, le « principe » : ce qui est chaud chauffe ou ce

qui est froid refroidit, s’applique à l’agent qui chauffe et au patient qui est chauffé. Cette

chaleur se transmet et ainsi chauffe à mesure qu’elle se déplace.

Dans le troisième champ, l’isolation, il y a toujours un raisonnement causal,

mais il est fondé sur la nature de substances. Les élèves justifient ou associent à la

propriété : « ce qui est chaud chauffe (ou ce qui est froid refroidit) », celle d’être chaude

ou froide par nature, comme cela se fait pour solide, lourd, etc. Ainsi, dans le

raisonnement causal, l’agent est la substance (ou une de ses propriétés) avec laquelle est

fait le récipient. Cette substance, par nature, peut ou ne pas isoler. Le « patient » est

l’objet, chaud ou froid, qui doit être isolé.

Pour ces trois champs, le type de causalité, pour les situations de chauffage est

différent de celui pour les situations d’isolation. Dans le premier cas, elle est efficiente,

la cause est une action (chauffer) et permet de faire appel à un médiateur, la chaleur  ;

dans le deuxième cas, elle est matérielle, la cause est la substance elle-même. Pour les

élèves, la causalité matérielle ne permet pas de faire intervenir un médiateur comme la

chaleur, par exemple les changements d’état ne sont pas distingués des autres situations

de chauffage, et les situations d’isolation sont expliquées différemment des situations de

chauffage.

Ces résultats montrent que les « théories naïves » des élèves construites à partir

de la causalité permettent d’analyser le fonctionnement de l’élève de manière

relativement autonome, c'est-à-dire sans référence à la physique.

34

Page 36: TP de Didactique de La Physique

2.3. Causalité et approches multifonctionnelles de la physique

Ici, l’auteur présente une analyse de la causalité selon une perspective différente

de la précédente. Il compare le fonctionnement des élèves à celui de la physique. Par

rapport aux travaux présentés ci-dessus, les niveaux d’enseignement sont plus élevés,

fin du lycée et début de l’université.

Selon Viennot (1993), l’analyse causale des phénomènes, dans le domaine de la

physique comme ailleurs, conduit à raisonner en termes de causes antérieures à leurs

effets ; il associe donc le temps à l’idée de succession. Viennot considère que pour les

étudiants, le temps est une variable privilégié. Par exemple, dans une des questions

posées en thermodynamique, pour expliquer pourquoi le volume d’un gaz parfait dans

une enceinte à volume variable (avec un piston), augmente lors d’un chauffage isobare

(pression constante), 43% des étudiants (trois premières années d’université, N=120)

font des commentaires du type : « Q (chaleur reçue) T p V ». Il y a deux temps dans

cette réponse. Dans le premier temps « Q (chaleur reçue) T p », le piston est bloqué, et

dans le second temps, le piston est relâché, le volume augmente et la pression reprend la

valeur extérieure.

Ainsi, Viennot montre que ce mode de raisonnement causal, facilement accepté

mais loin du raisonnement de la physique en terme de dépendance multifonctionnelle,

enchaîne successivement les événements, dont ceux intermédiaires dans la chaîne sont

temporaires ; il est très utilisé dans la vie quotidienne et facilité par le langage naturel.

Cette analyse, selon l’auteur, peut être reliée à celles qui considèrent que un

raisonnement en physique met aussi en jeu la causalité. Ces deux considérations sont

compatibles si l’on distingue différents niveaux de fonctionnement de la physique tels

que :

Le fonctionnement du modèle physique où il y a des dépendances

multifonctionnelles et un langage formel ;

La description des événements du champ expérimental en langage

naturel ;

La relation entre ces événements dans le champ expérimental et leur

interprétation en termes de grandeurs physiques où la mesure et son

traitement interviennent souvent.

35

Page 37: TP de Didactique de La Physique

La causalité n’est en jeu que dans les deux derniers cas.

Une étude plus récente (Penner, 2000) conforte l’hypothèse que la majorité

d’élèves, plus jeunes (niveau collège), avec un enseignement adapté peuvent

commencer à différencier les descriptions des phénomènes complexes à un niveau local

de celles à un niveau global. Ainsi, pour initier sa recherche, basée sur l’entretien

individuel avec quatre élèves et porté sur deux mois d’enseignement (9 séances de 1h

hors classe), l’auteur a proposé 4 différents types de situations émergentes : la formation

de la pente d’un talus (matière inanimée), la forme en V d’un vol d’oies (animaux), la

formation d’un bouchon (circulation sur les routes), la formation d’une foret de maturité

(plante). Une cinquième situation qui met en jeu, à la fois les phénomènes d’émergences

et de planification, a été ajoutée : il s’agit de la formation d’un défilet d’un groupe de

personne. Tout en considérant que les connaissances initiales des élèves peuvent jouer

un rôle déterminant, l’enseignement a été centré sur la compréhension d’un système

émergent artificiel qui peut être manipulé ou simulé sur l’ordinateur.

Les entretiens finaux montrent que, pour les cinq scénarios, les élèves attribuent

à la configuration globale soit les actions d’un leader (par exemple dans le vol des oies,

une des oies est leader), soit les effets d’un germe (par exemple dans le cas du bouchon,

la cause est un accident de voiture ou la construction d’une route). Cependant, il y a une

exception dans le cas de la constitution d’un talus pour lequel les élèves n’identifient ni

leader, ni germe mais considèrent simplement que les facteurs causaux ne sont pas

facilement identifiables.

Ces résultats montrent que l’enseignement a permis de développer le rôle des

règles, et ainsi de distinguer ces règles de fonctionnement au niveau local de la causalité

du phénomène émergent.

3. La causalité et l’enseignement de la physique

Dans ce paragraphe, l’auteur analyse d’abord une séquence d’enseignement qui

montre l’écart entre l’apprentissage effectif des élèves et le savoir à enseigner. Il montre

ensuite comment les chercheurs ont élaboré des séquences d’enseignement à partir du

raisonnement causal sur les circuits électriques.

3.1. Ecart entre apprentissage effectif et savoir à enseigner

36

Page 38: TP de Didactique de La Physique

Afin de pouvoir comparer le savoir à enseigner aux cadres théoriques des élèves,

l’auteur est parti des principes de la thermodynamique qu’il a ainsi formulé (tout en

rappelant que le niveau de l’enseignement est le début du collège).

Savoir à enseigner

Théorie/Modèle

S’il y a une différence de

température T entre deux

« choses »

Alors il y a un transfert de chaleur

(spontané) entre la « chose » à la

température la plus élevée vers celle à

la température la moins élevée jusqu'à

égalité des températures

Le transfert est plus ou

moins facile selon la

substance du media

(isolant ou conducteur)

Champ expérimental : chauffage, refroidissement, situations d’isolation.

Les conceptions d’une grande partie des élèves a la fin de la séquence d’enseignement

Théorie/Modèle Savoir à enseigner

Si quelque chose est

chaude (source)

Alors il donne de la chaleur qui est

transférée (se déplace) de la source

vers l’objet à chauffer

Le transfert est plus ou

moins facile selon la

substance du media

(isolant ou conducteur)

Champ expérimental : chauffage, et éventuellement refroidissement

Cette figure montre que la conséquence en terme de transfert (les deux colonnes

de droite) est la même pour l’élève et le savoir à enseigner, alors que la condition du

transfert est radicalement différente. Dans le savoir à enseigner, la cause est une

différence de température entre deux systèmes ; pour l’élève, c’est encore une propriété

d’un objet (être chaud).

Cet écart est représentatif d’une des difficultés majeures de l’acquisition des

théories physiques : en physique, on considère la différence des états d’un système

grâce aux grandeurs de tension : température, potentiel, hauteur, etc. Le temps

n’intervient pas dans cette modélisation. Pour l’élève, le temps est présent et à chaque

moment, il y a une cause qui précède l’effet comme l’a montré Viennot (1993)

3.2. Séquences de l’enseignement à partir raisonnement causal sur les circuits

électriques et l’énergie

37

Page 39: TP de Didactique de La Physique

Pour élaborer ces séquences, ici l’auteur considère, d’une part que la causalité

est un aspect essentiel du fonctionnement des élèves sur lequel on peut s’appuyer pour

aider à construire de nouveaux savoirs, et d’autre part que le savoir à enseigner peut être

construit d’un fonctionnement causal plus ou moins constant.

De nombreux Didacticiens ont conçu des séquences d’enseignement à partir

d’une hypothèse constructive, c'est-à-dire au sens où les élèves apprennent à partir de ce

qu’ils savent déjà.

S’appuyant sur le fonctionnement de la causalité chez les élèves pour le domaine

de la physique à enseigner, l’auteur a recensé trois cas dont deux sur l’enseignement des

circuits électriques (respectivement au niveau du collège et au niveau du lycée), un

troisième sur l’enseignement de l’énergie.

Pour ce qui est des circuits électriques, de nombreuses séquences

d’enseignement sont centrées sur la résolution des problèmes quantitatifs dont le

raisonnement est basé sur des contraintes qui ont la forme d’équations algébriques. Mais

la difficulté en est que on ne montre pas aux élèves la relation qu’il y a entre cette

théorie quantitative et le modèle causal de ce qui arrive dans le circuit.

Au niveau du collège, pour aider les élèves à différencier les effets de

l’augmentation du nombre des piles en série ou en parallèle, les concepteurs ont utilisé

le fonctionnement de la causalité ; car pour l’élève, l’effet de l’augmentation du nombre

des piles, qu’elle soit en série ou en parallèle, doit être perceptible.

La figure ci-dessous explicite les relations causales visant à différencier des

événements que la physique relie aux concepts de tension, d’intensité d’une part et

d’énergie et de puissance d’autre part :

Cause Effet

Cas de circuits avec plusieurs En comparaison avec un circuit avec

Piles et une ampoule une pile

L’ampoule brille plus longtemps

(Effet plus important)

L’ampoule brille plus

(Effet plus important)Plus de piles

(Cause plus importante)

38

Page 40: TP de Didactique de La Physique

Cas de circuits avec une pile En comparaison avec un circuit

et des ampoules comportant une pile

L’ampoule brille pareil mais moins

longtemps

(Effet moins important)

Ainsi, dans la physique enseignée, quand les piles sont en série, l’effet est pris

en compte dans l’enseignement de l’électrocinétique, alors que quand elles sont en

parallèle, l’effet du nombre des piles est pris en compte dans le domaine de l’énergie,

c’est-à-dire le nombre de piles en parallèle (ou la taille) est associé à leur durée de

fonctionnement et à la quantité stockée (appelée énergie).

Le raisonnement causal du modèle qui relie l’électrostatique au flux de charges,

et qui est fondé sur la causalité entre la différence de potentiel et le flux (plus V est

grand  « cause », plus I est grand « effet » peut aussi être appliqué à l’ensemble des

circuits comportant une pile et des resistors).

Les auteurs ont également expérimenté deux séquences d’enseignement

construites à partir d’un autre modèle qui est algébrique (c’est-à-dire comporte les

équations standards quantitatives des circuits de courant continu), l’une ne présentant

que les circuits à l’équilibre, et l’autre introduisant les aspects transitoires.

Comparant les deux groupes d’élèves ayant suivi ces séquences, les auteurs

arrivent à la conclusion que l’accès au mécanisme de fonctionnement en régime

transitoire est un élément qui favorise nettement la compréhension conceptuelle.

Ainsi, les différents cas traités relatifs à la différenciation entre le courant et la

tension ont aboutit au même type de résultat, à savoir : l’importance d’un mécanisme

causal de fonctionnement pour aider à différencier les grandeurs. On peut considérer

que, pour les élèves, cette différenciation devient alors nécessaire.

Les ampoules brillent moins

(Effet moins important)Même pile

(Cause identique)

39

Page 41: TP de Didactique de La Physique

Cette étude, conclut l’auteur, montre que la prise en compte du raisonnement

causal des élèves dans la conception des séquences d’enseignement est possible, mais

elle nécessite un travail considérable sur le contenu à enseigner. L’auteur ouvre ainsi le

débat en ce sens que chacun peut produire un travail scientifique, donner son point de

vue, analyser les contenus d’enseignement s’ils respectent tout cela.

4. Evolution vers un raisonnement causal complexe et quelques conditions de

l’évolution

4.1. Les preuves expérimentales comme facteurs d’évolution

Pour mener une étude systématique de l’influence des idées causales initiales

dans un domaine donne, Park et Pak (1997) ont utilise, dans un premier temps, une

méthode qui a comportée un questionnaire afin de connaître les idées préalables des

élèves sur l’électricité et plus particulièrement si, avant l’observation d’un phénomène,

les élèves ont des idées causales sur la relation entre des variables.

Apres avoir pose aux élèves des questions type A (par exemple : qu’est ce qui

fait que la lampe brille plus ou pareille que l’autre ?) et du type B (par exemple : qu’est

ce qui vous a pousse a répondre ainsi ?), des réponses avancées, les auteurs pensent que

sans précaution préalable qui tient compte des idées initiales des élèves, la réalisation

d’une expérience a donc peu de chance de convaincre les élèves, même si les

événements observes vont a l’encontre de ce qu’ils pensent.

Dans une expérience plus ancienne, l’auteur présente par exemple l’évolution

d’une élève qui, avant enseignement, a deux types d’interprétations pour le chauffage et

l’isolation. L’élève fait appel au transfert de chaleur pour interpréter des situations de

chauffage, en revanche, elle choisit un récipient en métal (parmi d’autres en

polystyrène, en verre, en carton) pour garder un glaçon le plus longtemps possible, avec

l’argument : « le métal refroidit les choses, le métal est froid »

Apres quelques séances d’enseignement, et avoir réalise autres expériences

intermédiaires, cette élève met en œuvre le cadre théorique « action changement » en

40

Page 42: TP de Didactique de La Physique

appliquant la règle : « le déplacement de la chaleur dépend de la substance » qu’elle

réservait auparavant a des situations de chauffage.

Cet exemple met en évidence l’évolution de l’élève dans un court laps de temps.

Cependant, l’auteur souligne que cette élève a déjà travaille sur le thème pendant 9

heures reparties sur 6 semaines et a ainsi acquis de nombreuses connaissances, en

particulier l’égalité des températures des objets en contact, avant l’évolution présentée

ici.

L’auteur partage l’hypothèse de Vosniadou et Brewer (1992) qui considèrent

que l’évolution se fait par des microchangements progressifs distribues tout au long du

temps. Ainsi, pour comprendre les relations entre apprentissage et enseignement, il ne

suffit pas d’étudier seulement la causalité, ou l’intégration des preuves expérimentales,

mais toutes les acquisitions connexes qui permettent l’évolution.

4.2. Les explications causales dans les situations d’enseignement.

Dans cette dernière partie de son travail, l’auteur a inclus trois points essentiels,

a savoir : le fonctionnement des explications, les stratégies d’apprentissage et le point de

vue épistémologique des élèves.

4.2.1. La causalité dans les explications

Les auteurs Gilbert, Boulter et Rutherford (1998a,b) ont propose cinq types

d’explications : intentionnelle (justification d’actions), descriptive (clarification d‘une

signification), interprétative (citation d’une théorie), causale, preductive (déduction d’un

événement futur). Selon eux, aucune explication n’est appropriée à toutes les

circonstances. Ils considèrent que la valeur d’une explication est jugée par rapport a sa

performance selon quatre critères d’égal statut : plausibilité, parcimonie, possibilité de

généralisation et sa fécondité (son caractère fructueux).

L’auteur considère le rôle crucial des explications causales des élèves dans

l’apprentissage des sciences et à suggérer que aussi bien les concepteurs de programme

que les professeurs en tiennent compte pour choisir des expériences.

4.2.2 La causalité dans les stratégies d’apprentissage

41

Page 43: TP de Didactique de La Physique

L’auteur a retenu ici deux études basées sur les explications causales : l’une

(Meyer et Woodruff, 1997) est centrée sur l’évolution des explications données au sein

d’un petit groupe d’élèves, l’autre (Chin et Brown, 2000) porte sur les approches des

élèves en surface ou en profondeur dans l’apprentissage des sciences.

Dans la première, les auteurs ont étudié la convergence, c’est-à-dire les

processus discursifs qui se produisent quand les participants essayent d’augmenter leurs

connaissances communes, ce qui suppose une convergence vers de nouvelles

propositions. L’accent est mis sur l’importance de la co-construction d’explications

consensuelles au sein de petits groupes d’élèves. Les élèves recherchent des preuves

expérimentales en élaborant des questions hypothétiques particulières qui orientent leurs

manipulations et leurs conclusions.

A la fin de l’enseignement, lors de la dernière expérience présentée, les élèves

mettent en jeu un même comportement de la lumière pou toutes les situations.

Les auteurs concluent que cette forme de travail en petits groupes

d’investigation de différents phénomènes avec discussion visant un consensus, permet

aux élèves non seulement de développer leurs connaissances sur les phénomènes mais

aussi sur le fonctionnement de la physique en particulier ils ont compris pourquoi les

scientifiques modélisent la lumière par des rayons.

La seconde étude concerne les stratégies d’apprentissage des apprenants. Dans

ces stratégies, l’explication est essentielle « puisque l’explication et la compréhension

du pourquoi et du comment une chose arrive sont les buts majeurs de la science dans

son ensemble »

Les auteurs ont construit cinq catégories « qui éclaireraient les différences entre

approches en profondeur et de surface dans l’apprentissage » : la pensée générative, la

nature des explications, la formulation des questions, l’activité métacognitive,

l’approche des taches. Comme la causalité y intervient, l’auteur détaille leur analyse en

quatre niveaux principaux qui permettent d’apprécier la variété des explications

proposées par les élèves. Ces différents niveaux montrent tout d’abord que les

explications peuvent être catégorisées selon des critères pertinents pour l’enseignement

et qui sont utiles pour le professeur quand il doit choisir une aide adaptée à chaque

élève. Ils confirment les résultats présentés précédemment : les explications causales

42

Page 44: TP de Didactique de La Physique

complexes nécessitent des mises en relation entre des éléments divers de connaissances

qui nécessitent donc des acquisitions antérieures.

4.2.3. La causalité et l’épistémologie des élèves

D’autres études sur l’apprentissage abordent les questions d’épistémologie de

l’élève porte sur le savoir scientifique des élèves et en particulier sur leurs

raisonnements à propos de conclusions que l’on peut tirer d’une recherche

expérimentale.

En effet, le savoir scientifique a, selon l’auteur, une structure causale simple et

qu’il faut changer quand des expériences montrent des résultats nouveaux et

manifestement évidents.

Cette étude examine les critères que des élèves de collège, des adultes non

scientifiques, des techniciens et des scientifiques utilisent pour évaluer la validité des

conclusions tirées de propositions d’étudiants hypothétiques à partir d’un ensemble de

preuves expérimentales.

43

Page 45: TP de Didactique de La Physique

Texte 6 :

L’application en classe de modèle Allostérique d’apprentissage de Giordan : une

contribution à l’acquisition des compétences terminales en chimie et en Physique

Auteurs : Maryse HONOREZ, François REMY, René CAHAY, Brigitte

MONFORT, Jean THERER

Référence : Laboratoire d’Enseignement Multimédia (LEM) de l’Université de

Liège

Le modèle allostérique de l’apprentissage de Giordan tente de répondre à la question

suivante : comment identifier les obstacles à l’apprentissage et comment les surmonter ?

Face aux difficultés d’acquisition de concepts scientifiques rencontrées par nos élèves et

celles des critiques des leçons des sciences, particulièrement en chimie et en physique,

une réaction s’impose : comment rendre les cours de sciences plus attractifs et plus

efficaces ?

Pour résoudre ce problème évoqué, le modèle allostérique de Giordan a retenu

l’attention des auteurs parmi les théories contemporaines de l’apprentissage.

En effet, la recherche menée reposait sur l’hypothèse suivante : l’application du modèle

de Giordan en classe peut contribuer à l’acquisition des compétences terminales

communes aux pratiques scientifiques telles que :

Rendre compte de situations et de phenomènes observés ;

Savoir demeler une situation-problème

44

Page 46: TP de Didactique de La Physique

Etre capable d’utiliser le raisonnement logique et l’argumentation

Cet article comprend deux grandes parties : la présentation brève du modèle allostérique

d’apprentissage de Giordan et les résultats expérimentaux obtenus.

1. Le modèle allostérique d’apprentissage de Giordan

1.0 Présentation

Présenté en 1989 par André Giordan, Professseur à l’université de Génève et

responsable du Laboratoire de Didactique des sciences, ce modèle :

Explicite les principales caracteristiques de l’acte d’apprendre

Identifie une série d’obstacles à l’apprentissage

Fournit des indications pratiques sur les environnements éducatifs propres à

faciliter les apprentissages.

En effet, le terme allostérique est repris du vocabulaire de la biologie où il désigne

certaines protéines qui modifient complètement leur structure sous l’action d’un facteur

extérieur ; elles sont alors efficaces pour la fonction qu’elles ont à remplir.

1.1 L’acte d’apprendre

Selon A. Giordan, avec beaucoup d’autres, apprendre est une élaboration, une

construction de savoirs et de savoirs-faire et non un simple processus de stockage de

l’information.

L’élève construit seul son savoir. Ainsi, il pourra accéder à un certain niveau de

formulation plus proche du savoir scientifique à partir d’une série de corrections et de

rectifications successives des connaissances mobilisées.

D’après l’auteur, l’acte d’apprendre n’est pas automatique car l’élève peut se trouver

dans une situation ou dans un état d’esprit qui fait obstacle à l’apprentissage.

1.2 Les obstacles à l’apprentissage

Giordan énumère les principaux obstacles à l’apprentissage suivants :

1. l’élève manque d’information

2. l’élève n’a pas envie de change de conception : soit le problème abordé ne le

concerne pas soit les questions posées par l’enseignant sont celles qu’il pose.

45

Page 47: TP de Didactique de La Physique

3. l’élève ne se pose pas de questions car il croît déjà savoir : soit il pense avoir une

explication où il possède des mots qui lui donnent l’impression de connaître soit

il possède un savoir qu’il a déjà expérimenté avec succès dans d’autres

circonstances et il s’en satisfait.

4. l’élève ne possède pas les outils nécessaires pour comprendre et intégrer les

nouvelles données (opérations mentales, stratégies à utiliser,…)

5. l’élève possède des conceptions qui l’empêchent de percevoir la réalité du

phénomène ou intégrer une nouvelle information qui est en contradiction avec

celle qu’il possède.

Giordan préfère le terme «conceptions» en lieu et place de «représentation» qui est

source de confusion avec les representations graphiques d’objets, par exemple. Il en

donne la définition suivante : « c’est un univers construit de signification, mettant en jeu

de savoirs accumulés et plus structurés, proches ou éloignés de connaissances

scientifiques qui leur servent de référence»

Les conceptions forment un tout où se mêlent connaissances scientifiques, croyances,

idéologies, dimensions émotionnelles, effectives et esthétiques. On peut ignorer les

conceptions de l’élève en tentant de les convaincre qu’il se trompe et puis lui

transmettre le véritable savoir.

Ainsi, pour faire face aux conceptions des élèves, Giordan préconise de faire avec pour

aller contre , c’est-à-dire transformer les conceptions en interférant avec elles. La

connaissance des conceptions de ses élèves donnera à l’enseignant la possibilité

d’accroître son efficacité didactique en lui permettant :

1. d’adapter les finalités et le projet éducatif

2. de définir les objectifs adéquats

3. d’éviter de tenir un discours complètement déphasé par rapport à la réalité des

élèves, puisqu’il connaît les domaines que l’élève maîtrise et les moyens qu’il a

à sa disposition

4. de se modérer quant à la quantité de matière qu’il se propose de faire acquérir

aux élèves

5. de déterminer dans une certaine mesure le choix des processus didactiques

6. d’adapter le rythme du cours

46

Page 48: TP de Didactique de La Physique

Pour identifier les conceptions des élèves, De Vecchi et Giordan(1989) proposent les

démarches suivantes :

faire dessiner les élèves

leur poser des questions (par écrit ou oralement) sur l’explication des

faits conceptuels que l’on peut rencontrer quotidiennement

leur demander d’expliquer un schéma pris dans un livre

les placer en situation de raisonner par la «négative»

réaliser devant eux une expérience et leur demander comment on peut en

expliquer les résultats.

Leur demander de choisir parmi différents modèles analogiques

Les mettre devant des faits en apparence contradictoires et les laisser en

discuter

Leur faire jouer des jeux de rôle

Leur demander la définition de certains mots

Confronter la classe à une conception emise par un élève ou même à une

explication tirée de l’histoire des sciences

Et, enfin, être sans cesse à l’écoute des élèves : les conceptions émergent

à tous les moments d’une démarche.

L’auteur insiste sur le fait qu’un apprentissage réussi est un changement de conception.

Pour depasser les conceptions, en particulier, et les obstacles à l’apprentissage, en

général, Giordani réunit plusieurs paramètres, à savoir :

L’élève doit être conscient de ses conceptions, ce qui n’est pas évident

puisqu’elles constituent sa grille de lecture du monde

L’élève doit être confronté à une série de faits convergents et redondants qui

déstabilisent le réseau conceptuel existant

L’élève doit relier différemment les informations engrangées, les nouvelles

notions devant être différenciées et délimitées dans leur changement

d’application au cours de l’apprentissage, et être consolidées par une

mobilisation du savoir dans d’autres situations où elles peuvent être appliquées

L’élève doit exercer un contrôle réfléchi sur son activité d’étude et sur les

processus qui régissent cette activité dont la réorganisation de l’information, la

conciliation de l’ensemble des paramètres précédents à un nouveau savoir et

47

Page 49: TP de Didactique de La Physique

l’identification des ressemblances et des différences entre les anciennes et les

nouvelles connaissances pour résoudre ainsi les contradictions

L’élève doit être concerné et être interpellé dans sa manière de penser.

1.3 L’environnement didactique

Pour Giordani, l’environnement didactique, qui consiste sur le fait que «si, seul l’élève

peut apprendre, il ne peut le faire seul», introduit les dissonances qui perturbent le

réseau conceptuel de l’élève en le confrontant à des éléments significatifs (motivation

de l’élève).s confrontations sont nécessaires afin de permettre à l’élève de restructurer et

de réaménager son savoir initial, de prendre du recul. De plus, ces confrontations créent

un conflit et apportent de nouvelles données.

L’élève prend ainsi conscience de la pauvreté ou de l’inadéquation de ses conceptions

qui peuvent être de différents types :

Elève-élève : il s’agit ici de confronter les conceptions des différents élèves

(débats, travaux de groupe, …)

Elève-realité : les idées des élèves sont confrontées à la réalité qu’ils côtoient

(enquête, observations, expérimentation,…)

Elève-informations : la confrontation est faite dans ce cas avec certains modèles

scientifiques (via les enseignants, des livres, des vidéogrammes,…)

Pendant les débats, l’enseignant est censé remplir les fonctions suivantes :

1. favoriser la discussion et l’écoute

2. conduire les élèves à expliciter ce qu’ils disent

3. mettre l’accent sur les divergences qui apparaissent

4. prendre part à ces confrontations et les alimenter en apportant des

opinions contraires à ce qui a été dit et en proposant des situations en

contradiction avec les schémas de pensée proposée.

2. Les résultats de la recherche

Pour entreprendre sa recherche, l’auteur a choisi les thèmes disciplinaires ci-après :

en chimie, de la cellule électronique (piles) sur un public cible des élèves de 5ème

année, trois périodes par semaine

en physique, des lois de Newton sur un public cible des élèves de 6ème année,

trois périodes par semaine.

48

Page 50: TP de Didactique de La Physique

Les auteurs ont entrepris ses recherches pendant deux ans :

Au cours de la première année, ils ont dans un premier temps cherché à

identifier les conceptions les plus courantes sur les notions et les matières

choisies et qui étaient susceptibles de faire obstacle à l’acquisition de

certaines compétences terminales, à partir de la bibliographie et sur base

des réponses obtenues à un questionnement qu’il a établi. Dans un

second temps, il a cherché à définir des obstacles-obstacles et mettre au

point une série d’outils pour permettre des confrontations comme le

préconise Giordani. Dans un troisième temps, il a rédigé un

questionnaire-matière afin d’évaluer, à la fin de la recherche, l’efficacité

des outils proposés et ainsi vérifier l’hypothèse de travail.

Au cours de la deuxième année, les étapes successives de la recherche

ont été les suivantes :

a. En pré-test, juste avant d’aborder la matière, recherche des

conceptions via le questionnaire«conceptions» et définition

d’objectifs-obstacles

b. Intégration par les enseignants dans leurs cours, d’activités

utilisant les outils (vidéogramme, Cd-rom, expériences) mis au

point pour rencontrer

c. Une semaine après avoir vu la matière, interrogation des élèves, à

l’aide du questionnaire«évaluation matière»

d. Environ 5 semaines après avoir vu la matière, en post-test,

réponse des élèves au questionnaire«conceptions» qui leur avait

été soumis en pré-test

2.1 Les résultats en chimie

En résumé, si les élèves sont capables de pouvoir répondre correctement à la question «

que faut-il pour faire une pile ?», il est moins sûr qu’ils puissent le faire pour la

question«comment fonctionne une pile ?».

L’analyse des résultats aux pré et post-tests a ainsi permis à l’auteur de formuler des «

objectifs-obstacles» et de définir les compétences terminales suivantes en accord avec

l’inspection.

A l’issue du cours portant sur la cellule électronique, les élèves pourront :

49

Page 51: TP de Didactique de La Physique

Expliquer le fonctionnement d’un générateur électronique (piles,

accumulateurs)

Utiliser de manière adéquate un vocabulaire scientifique spécifique

(compétences transversales)

Pour évaluer la maîtrise de la matière, l’auteur a posé deux questions aux élèves : l’une

classique sur le fonctionnement d’une pile, et l’autre relative à la conductivité électrique

de l’électrolyte d’une pile en fonctionnement.

Dans le premier cas, le questionnaire«conceptions» a permis de constater que :

De nombreux élèves ont acquis une vision plus dynamique du fonctionnement

de la pile intégrée dans un circuit.

Les élèves ont pris conscience de l’importance de la nature des électrodes

(métaux) et de l’électrolyte (ions) ainsi que de leur relation.

Dans le second cas, trois élèves discutent de la conductivité électrique de l’électrolyte

d’une pile en fonctionnement, et toutes leurs affirmations ont été relevées afin d’étudier

les arguments erronés. Plus d’un quart d’élèves a réussi, par comparaison avec les

résultats de la première année d’étude ou de recherche.

Les outils ci-après élaborés au cours de la recherche ont permis aux enseignants

d’atteindre les objectifs-obstacles :

Des modèles

Des expériences

Des documents photographiques originaux

Des vidéogrammes : structure des métaux, migration des ions, tension contre

Un CD-ROM, au cœur d’une pile de Daniel

Des textes à critiquer sélectionnés dans la littérature

Ainsi, le fonctionnement d’une pile constituant une matière assez compliquée pour

les élèves, ces outils mis à la disposition des enseignants ont permis une amélioration

sensible de la compréhension des phénomènes liés à ce fonctionnement. Le modèle

allostérique d’apprentissage de Giordani apparaît donc comme pouvant aider les élèves

à surmonter leurs difficultés.

En conclusion, on observe d’une manière générale au questionnaire «évaluation

matière » une amélioration des résultats qui se marque surtout pour les questions qui

concernent les «objectifs-obstacles», que ce soit »a court ou à long terme, même si cela

ne concerne encore qu’une fraction trop faible des élèves. C’est ainsi que l’auteur

encourage la diversification du mode de questionnement.

50

Page 52: TP de Didactique de La Physique

2.2 Les résultats en physique

L’auteur a commencé par identifier la conception des élèves en misant sur 50 élèves

répartis entre 3 professeurs d’écoles différents, à qui il a soumis, lors de la première

année, à un questionnaire«conception» constitué d’une dizaine d’affirmations à discuter.

Ce qui lui a permis de mettre au point, pour la seconde année de la recherche, le

questionnaire«conception» comportant trois affirmations à discuter, formulées ci-après :

Affirmation 1 : Une brique tombe plus vite qu’un crayon

Réponse attendue : Pas d’accord parce qu’en l’absence de frottements, les deux

corps tombent à la même vitesse.

Affirmation 2 : Pour que le caddie que l’on pousse dans le magasin roule de plus

en plus vite, il faut le pousser de plus en plus fort.

Réponse attendue : Pas d’accord, parce qu’à force constante, accélération constante

Quand on lance une balle, la force exercée au départ par la main continue à agir

sur la balle tant qu’elle est en mouvement

Réponse attendue : Pas d’accord parce qu’une fois il n’y a plus contact entre la bille

et la main, la force cesse d’agir.

Selon l’auteur, d’une manière générale les résultats obtenus au post-test et au

questionnaire «évaluation-matière» sont encourageants. Les constatations de l’auteur

sont les suivantes :

« la majorité des élèves a bien perçu la nécessité de préciser si les forces de frottements

étaient prises en compte ou non dans l«étude des situations proposées. Lors de la

discussion d’affirmations qui leur ont été soumises, deux tiers des élèves discutent les

deux cas. Lorsqu’ils considèrent la situation sans force de frottements, la discussion de

la chute d’objets différents, d’une même hauteur, ne semblent poser de problèmes. Ils

savent que les deux objets vont atteindre le sol au même moment. Par contre, lorsqu’ils

envisagent les forces de frottement, la situation pose davantage de problèmes. Il faut

reconnaître qu’en l’absence de données chiffrées, le raisonnement à tenir est complexe.

Les élèves ne font intervenir que le concept de masse dans leur réflexion.

«A force constante, accélération constante», le nombre d’élèves utilisant cet argument a

plus que doublé au post-test par rapport au pré-test, mais il n’a pas atteint 50% de

l’échantillon. Le nombre de réponses incompréhensibles ou bizarres a lui aussi

fortement augmenté. Ces élèves sont sans doute dans une phase de déstabilisation, les

51

Page 53: TP de Didactique de La Physique

expériences réalisées en classe n’ayant pas suffis à restructurer leurs conceptions sur le

sujet ».

L’auteur souligne également que les problèmes majeurs sont apparus à l’examen des

réponses au questionnaire«conceptions » et qui ont permis de formuler les objectifs-

obstacles suivants :

Une force centrale conduit à une accélération et donc à un effet cumulatif sur la

vitesse

Le mouvement doit aussi s’interpréter en terme d’inertie.

Les élèves devront donc pouvoir expliquer le mouvement d’un objet en utilisant ces

deux idées. On rejoint ici des compétences terminales attendues des élèves après un

cours de physique.

2.3 Conclusion générale

Bien que le modèle allostérique d’apprentissage de Giordani peut apparaître de prime

abord complexe et donc lourd à mettre en application dans tous ses détails, son

utilisation permet de :

1. repérer les difficultés des élèves (l’identification des conceptions) et de les

traduire en «Objectifs-Obstacles»

2. proposer des activités variées et ciblées portant sur ces objectifs-obstacles

3. perturber ainsi cognitivement les élèves en vue d’une reconstruction de leurs

savoirs.

L’auteur a choisi les activités ci-dessous afin d’emprunter les passages obligés de ce

modèle dans un temps limité :

confrontation de différents types (discussion entre les élèves et/ou avec

l’enseignant, expériences réalisées en laboratoire ou en démonstration

par l’enseignant, articles, simulations sur Cd-rom, vidéogrammes).

Mobilisation du savoir au travers d’exercices variés

Utilisation d’un formalisme (modélisation et schématisation)

L’étape de la déstabilisation des conceptions des élèves est fondamentale car elle

nécessite le choix et la mise en œuvre d’effecteurs allostériques, c’est-à-dire des

supports qui interpellent les élèves et qui ébranlent leurs certitudes, leurs conceptions.

Les activités proposées (expériences, exercices,…) servent de tremplin pour

52

Page 54: TP de Didactique de La Physique

reconstruire un savoir correct et solide. Les résultats obtenus à partir de cette recherche

montrent que cette reconstruction se fait à des vitesses différentes chez chacun des

élèves et que, laissé en phase de déstabilisation, l’élève a fait tôt de reprendre ses

anciennes conceptions. Il est donc indispensable de s’assurer, avant de continuer, qu’une

restructuration des connaissances s’est bien opérée.

Pour déstabiliser les élèves, les stimuler et les motiver, les nouvelles notions qu’on leur

présente à partir d’activités multiples, répétitives et surtout variées doivent sortir des

sentiers battus, de l’habitude. Toutefois comme tout excès nuit, trop d’activités en trop

peu de temps risquent de submerger les élèves et donc d’avoir l’effet inverse à celui

escompté.

Texte 7 : Une introduction de conception en Didactique de la physique

Auteur : A. Tiberghien

Source : UMR GRIC, équipe COAST, Université Lumière Lyon 2, France

D’une manière générale, les élèves rencontrent beaucoup de difficultés dans

l’assimilation des notions des sciences. Ainsi, plusieurs travaux relatifs à ces difficultés

ont été amenés à la notion de conception. En didactique des sciences, les premiers

travaux sur les conceptions datant des années 1970 avaient pour visée principale de

mieux connaître :

Les connaissances préalables des élèves

Les difficultés des élèves dans l’apprentissage

Les acquis des élèves après enseignement

Ces travaux, effectués dans divers pays différents, évidemment avec des chercheurs et

élèves différents, ont une caractéristique majeure de produire un noyau de résultats

extrêmement stables, malgré des approches peu théorisées. Ce qui montre que, pour des

domaines donnés, il y a de grandes chances de retrouver le même type d’interprétations

ou de prédictions. Ultérieurement, le terme représentation a souvent été remplacé par le

le terme «conception» avec la variante «misconception».

Hypothèses sous-jacentes

53

Page 55: TP de Didactique de La Physique

Les hypothèses sous-jacentes des travaux sur les conceptions se formulent de la manière

suivante :

1. l’élève est le propre architecte de son savoir

2. l’élève n’est pas un vase vide qu’il suffit de remplir ; il a des connaissances

préalables qui lui permettent de construire des interprétations de la très grande

majorité des situations proposées, mêmes nouvelles.

Ces hypothèses peuvent aussi se formuler ainsi :

« Tout être humain construit des connaissances sur le monde dès sa naissance,et peut-

être bien avant».

En effet, les êtres humains utilisent leurs acquis antérieurs pour interpréter, prévoir,

gérer une situation et construire de nouvelles connaissancces.

Questions à l’origine des travaux sur les conceptions

Ces questions, posées d’une manière affirmative, sont les suivantes :

1. connaître à des moments donnés, par exemple avant, pendant ou/et après

l’enseignement, les connaissances utilisées par les élèves pour traiter un

ensemble de situations (questions, problèmes).

2. connaître la diversité des connaissances et procédures utilisées par les élèves

pendant qu’ils construisent des réponses quand ils sont confrontés à un

problème.

3. connaître l’évolution et des connaissances utilisées par les élèves au cours d’une

longue période.

Cependant, l’auteur fait remarquer que dans les deux premiers types de questions, la

situation mise en place pour la recherche n’était pas construite dans le but d’une

acquisition de connaissance(pas d’intention didactique dans cette situation). En

revanche, la très grande majorité des questions ou des problèmes posés aux élèves

dans ces recherches peuvent être inspirantes pour les enseignants préoccupés de

problèmes didactiques.

Méthodes d’investigation

L’auteur mentionne seulement ici que la plupart des travaux sur les conceptions ont

utilisé :

54

Page 56: TP de Didactique de La Physique

1. les questionnaires écrits quand ils sont passés à une assez grande échelle

(une classe d’une trentaine d’élèves ?a plusieurs centaines d’élèves)

2. les entretiens semi directifs de type piagétien.

Une première notion de conception

Nous reprenons ci-dessous, la définition de conception donnée par l’auteur : « une

conception est un ensemble hypothétique de propositions, savoir-faire, procédures,

habilités manuelles que le chercheur attribue à l’élève dans un ensemble de situations

données». Cette définition est fondée sur une hypothèse sous-jacente : le

fonctionnement de l’élève est cohérent si l’on se place de son point de vue.

Deux exemples de conceptions

L’auteur a puisé ses exemples en physique où il a particulièrement étudié deux

domaines, à savoir : les circuits électriques et la mécanique. Dans le cas des circuits

électriques simples comportant des piles ou des générateurs de tension, et des résistors,

une conception largement majoritaire est la suivante : «Tout se passe comme si la pile

constituait une réserve de quelque chose de matériel (nommé : courant, électricité,

électrons) qu’elle fournit au circuit à un débit constant. Le raisonnement se fait en terme

d’une notion unique le «courant» qui est fourni par la pile et qui se déplace dans le

circuit sans influence de l’aval sur l’amont».

Dans le cas de la mécanique, Viennot propose une conception qui permet d’interpréter

les réponses des étudiants : si dans la question le mouvement est directement accessible,

c’est-à-dire observé ou présenté sous forme d’un diagramme, deux cas se présentent :

1. il y a compatibilité entre force et vitesse ( force et vitesse de même sens ou les

deux nulles), alors l’étudiant répond correctement( la force agit sur la masse)

2. il n’y a pas compatibilité, alors l’élève propose «une force de la masse» (et non

agissant sur), elle est alors proportionnelle à la vitesse(dans ce cas L.Viennot

appelle cette force : le «capital force»).

55

Page 57: TP de Didactique de La Physique

Texte 8 : Étude de l’activité des élèves de lycée en situation d’enseignement de la

physique

Auteur : Andrée Tiberghien et Jacques Vince.

Source : UMR GRIC (CNRS-Université Lumière Lyon 2), Equipe

COAST( Communication et Apprentissage des Savoirs Scientifiques et

Techniques)

Dans cet article, les auteurs introduisent succinctement l’évolution des recherches en

didactique des sciences et précisent ensuite le cadre théorique des études sur l’activité

des élèves en situation d’enseignement avant de donner quelques exemples d’analyse.

1. Un aperçu de l’évolution des recherches en didactique de la physique

La didactique des sciences a débuté par l’innovation dans les pays occidentaux, plus

précisément aux USA dans les années 50 et en France dans les années 70 ou des projets

d’enseignement dont les niveaux abordés allaient de la maternelle à l’université, ont été

développés sous la responsabilité des physiciens reconnus.

Malgré un enseignement rénové et pertinent aux yeux de nombreux physiciens, certains

chercheurs associés à ces projets ont pris conscience que les élèves avaient encore de

56

Page 58: TP de Didactique de La Physique

grandes difficultés à comprendre des concepts de base de la physique. C’est ainsi que la

majorité de premiers travaux de recherche ont apporté sur les conceptions des élèves.

Les travaux de recherche se sont nettement diversifiés, et on a pu distinguer différents

thèmes de recherche : les séquences d’enseignement, les activités des élèves pendant

l’enseignement, l’évolution des conceptions avec l’enseignement, les nouvelles

technologies, l’image des sciences, l’épistémologie des professeurs, des élèves,

l’évaluation, les enseignants.

2. Un domaine de la didactique de la physique : les conceptions des élèves

Les auteurs considèrent qu’une conception est un ensemble de connaissances ou de

procédures hypothétiques que le chercheur attribue à l’élève dans le but de rendre

compte des conduites de l’élève dans un ensemble de situations données.

Pour illustrer l’écart entre le langage quotidien et le langage scientifique, les auteurs

prennent l’exemple des termes «son» et «bruit». En effet, pour le physicien, le mot

«son» est un terme neutre, générique, il n’en est pas de même dans le lexique courant,

où son et bruit ne sont pas utilisés de manière équivalente, le premier se disant de

préférence de sons vocaux, tandis que le second s’applique à ceux qui produisent un

effet désagréable.

L’autre aspect considéré par les auteurs est plus lié à l’expérience du monde matériel

que l’on perçoit et à la causalité fréquemment. Par exemple, des réponses semblables

sont obtenues pour des questions associées à certains circuits simples (générateurs ou

piles, ampoules ou résistors en série ou en parallèle), quelque soit le niveau des élèves,

de la 6ème à la maîtrise.

De l’analyse de ces réponses, apparaît une conception qui illustre une approche en terme

de causalité. Cette conception consiste à considérer que le générateur est la cause des

événements observés, considérés comme des effets (le chauffage du resistor ou la

brillance de l’ampoule).

Les auteurs signalent ensuite, un point essentiel qui est l’intervention d’une notion

unique et en même temps multiforme qui va permettre à l’élève d’interpréter ou de

prévoir la situation, le plus souvent à partir d’un raisonnement causal simple. Pour

interpréter et prédire le comportement des circuits électriques, une seule grandeur est

insuffisante et la valeur d’une grandeur électrique dépend de l’ensemble des éléments

présent dans le circuit.

57

Page 59: TP de Didactique de La Physique

3. Approche théorique sur les relations entre apprentissage et situations

d’enseignement

L’étude des relations entre les situations d’enseignement et l’apprentissage des élèves

nécessite des choix théoriques sur les savoirs et sur l’apprentissage ; elle est un axe de

recherche essentiel de la didactique.

S’appuyant à la fois sur les travaux de Piaget et de Vygotski, basés sur l’approche socio-

constructiviste, les auteurs présentent d’abord l’orientation choisie pour l’apprentissage

en lien avec l’élaboration et l’analyse des situations d’enseignement. «la plus grande

différence entre Piaget et Vygotski est que le premier privilégie l’interaction de l’enfant

avec le monde des objets physiques et prend comme première référence l’action

matérielle sur et avec les objets, tandis que le second privilégie l’interaction de l’enfant

avec autrui et prend comme référence le langage. On voit bien que les deux approches

sont complémentaires, non pas contradictoires».

D’une certaine manière, la rencontre avec des situations nouvelles peut être utilisée

comme un levier de l’apprentissage et du développement. C’est la théorie des situations

didactiques, que Brousseau(1998) a nourrie le premier. Ni Vygotski ni Piaget n’ont

poussé les deux assez loin dans cette direction, qui est celle de l’organisation des

perturbations, en vue de provoquer l’apprentissage.

Pour concevoir leurs séquences d’enseignement, les auteurs s’inspirent à la fois de

Piaget et de Vygostski, tout en considérant que dans l’enseignement et l’apprentissage

de la physique, le rôle de l’interaction de l’apprenant avec les objets matériels est

essentiel.

De plus, partageant l’approche didactique de Brousseau(1998), les auteurs s’appuient

sur la contingence dans la conception des situations d’enseignement.

3.1 Choix épistémologique et hypothèses d’apprentissage spécifiques

Les auteurs présentent ici leurs hypothèses spécifiques sur les relations entre les

savoirs et l’apprentissage. Ils posent que la construction du sens se fait par des mises en

relation entre différents éléments du savoir et différentes représentations d’un même

concept.

Concernant la relation entre différents éléments de savoir du point de vue de la

modélisation, le choix des auteurs est d’ordre épistémologique et reste fondé sur la

modélisation du monde matériel inanimé, qui est un aspect essentiel du fonctionnement

58

Page 60: TP de Didactique de La Physique

de la physique. Ils formulent ainsi l’hypothèse suivante : « lorsqu’une personne ou un

groupe de personne explique, interprète ou prédit des situations du monde matériel, la

plupart du temps leurs productions mettent en jeu des objets ou événements

observables, et/ou des relations entre eux, ce qui implique une activité de modélisation

(Tiberghien, 1994).

Différents types de savoir sont en jeu dans la modélisation qu’on subdivise en

deux catégories entre liées : le monde des théories et modèles et le monde des objets et

événements. Au niveau des théories et modèles, les élèves peuvent utiliser leur savoir

quotidien qui peut ou non recouvrir le savoir enseigné de la physique. Quant au niveau

des objets et événements, le champ expérimental reste en interaction avec la vie

quotidienne.

Concernant les hypothèses spécifiques associées aux représentations

symboliques, les auteurs considèrent différents types de registres sémiotiques, à partir

du travail de Duval(1995) : le langage naturel, les graphes, la géométrie vectorielle, les

schémas, les formules algébriques, etc. Cette distinction des registres sémiotiques a

conduit les auteurs à formuler les hypothèses suivantes (Ainsworth et al., 1996 ; Duval,

1995 :

Un même concept peut être représenté de manières différentes, chaque

représentation apportant une information à son sujet. C’est la compréhension de

l’ensemble des représentations qui permet de donner du sens au concept. Par

exemple dans le cas de la force, on a au moins trois registres :

le langage naturel affirmant que la force exercée par un système A en

interaction avec un système X, l’action de A sur X

la formule algébrique : F = mg

la géométrie vectorielle définissant la direction, le sens, le point

d’application et le module de la force.

Les auteurs considèrent à la suite de Duval(1995) que : «l’activité conceptuelle

implique la coordination des registres sémiotiques». Il faut également «être

parvenu au stade de la coordination de représentations sémiotiquement

hétérogènes» pour pouvoir «discriminer le représentant et le représenté», ou la

représentation et le contenu conceptuel que cette représentation exprime,

instancie ou illustre.

Les auteurs reprennent encore à leur compte une hypothèse de Duval(1995) : «

le changement de registre constitue une variable cognitive qui se révèle

59

Page 61: TP de Didactique de La Physique

fondamentalement en didactique : elle facilite considérablement l’apprentissage

où elle offre des procédures d’interprétations». «Un sujet chez lequel la

coordination des registres s’est trouvée suffisamment développée peut très bien

s’en tenir aux représentations d’un seul registre. De son point de vue, la relation

directe entre représentant et représenté est suffisante».

3.2 Hypothèses spécifiques à partir de la théorie des situations

Les auteurs ne reprennent que certains aspects de la théorie des situations de

Brousseau(1998), le milieu et la dévolution qu’ils présentent succinctement.

« La dévolution est l’acte par lequel l’enseignant fait accepter à l’élève la responsabilité

d’une situation d’apprentissage (adidactique) ou d’un problème et accepte lui-même les

conséquences de ce transfert». Ainsi, le professeur dévolue à l’élève le «pouvoir» et la

possibilité de construire de nouveaux éléments de savoir (ou savoir-faire).

Pour Vergnaud, dans sa théorie de situations, Brousseau propose «l’organisation des

perturbations, en vue de provoquer l’apprentisssage». Dans leur perspective, les auteurs

élargissent cette organisation de la situation d’enseignement à celle de la

communication permettant, s’il y a dévolution, des interactions verbales qui favorisent

l’apprentissage.

4. Compréhension par les élèves d’un savoir physique dans une situation

d’enseignement habituelle.

Comme exemples d’analyse des productions d’élèves, au cours d’un

enseignement de physique, qui illustrent la description en langue naturelle

d’événements familiers en termes pertinents pour la physique enseignée, les auteurs

prennent le cas de l’enseignement de son en classe de seconde. Dans un premier temps,

le savoir visé consiste à associer le son à des phénomènes mécaniques : vibration des

objets ou d’une partie d’objets, fréquence, amplitude puis il s’agit de mettre en relation

la perception auditive du son avec la fréquence et l’amplitude de la vibration source.

Les élèves sont ainsi amenés à construire une nouvelle phénoménologie du son. Les

auteurs ont étudié la situation d’enseignement où les élèves doivent mettre en relation

des perceptions et des phénomènes mécaniques, en particulier la perception aigu/grave

avec la fréquence de la vibration source, celle de fort/faible avec amplitude.

Une expérience réalisée par les auteurs a montré que le langage quotidien de

deux élèves considérés, ne leur permet pas de décrire d’emblée la perception d’un son

fort ou faible ayant la même fréquence et que cette expérience leur est familière. Ainsi

ils oscillent entre un même son (la même chanson) et un son qui change(il est plus fort).

60

Page 62: TP de Didactique de La Physique

Ceci pose évidemment la question de ce qui définit un son dans la vie de tous les jours

et pour la physique. Ces différences de caractéristiques d’un même concept dans deux

contextes d’utilisation différents devraient non seulement pouvoir être prise en compte

pour l’enseignement mais aussi devenir explicite dans un second temps pour les élèves.

Il est donc nécessaire de dissocier ces deux aspects, familiarité d’une situation et sa

description en langage naturel en termes des événements caractéristiques pertinents pour

l’étude physique.

5. Compréhension par les élèves d’un savoir physique dans un environnement de

simulation

Le cas présenté ici met en œuvre, en plus des hypothèses liées à la modélisation

celles liées aux registres sémiotiques. Les auteurs présentent tout d’abord en quoi ces

hypothèses vont jouer sur la construction et l’environnement de simulation conçu dans

leur équipe. Ils analysent ensuite très succinctement l’activité des élèves pour une des

tâches.

Pour faire cette étude, les élèves ont étudié un logiciel qui a été étudié avec huit

dyades dont l’une a été filmé intégralement. Les données consistent en la trace

automatique des actions des élèves de la dyade sur l’ordinateur et dans la transcription

des dialogues à partir des bandes vidéos.

Sans entrer dans la description de cette expérience (qui nous renvoie de temps en

temps à l’ordinateur), nous mentionnons, en conclusion, les principaux résultats obtenus

par les auteurs dans le cas de l’étude de l’utilisation de StimulaSon :

Nécessité d’un apprentissage pour la description des représentations pour elles-

mêmes (familiarité)

Localité des réponses correctes dans un environnement riche

Rôle crucial des questions qui doivent aider les élèves à comprendre leur

environnement

Rôle crucial des rétroactions sur l’autonomie des élèves

6. Conclusion

Nous reprenons ci-dessous la brève conclusion donnée par les auteurs au terme

de cette recherche :

61

Page 63: TP de Didactique de La Physique

« La conception de situations d’enseignement et les données associées aux activités des

élèves et de l’enseignant permettent de construire de nouvelles connaissances sur

l’apprentissage et sur l’enseignement.

Les aspects langagiers sont multiples :

Dans l’analyse des savoirs enseignés en relation avec les connaissances initiales

des élèves : différence entre langue scientifique et langue quotidienne

Dans la conception des situations et la mise en scène du savoir : formulation des

textes du savoir et des questions et mise en scène des supports avec prise en

compte des registres sémiotiques

Dans l’analyse des productions des élèves : analyse des interactions verbales et

gestuelles, analyse syntaxo-sémantique et analyse en termes de modélisation

(importance du lexique)

Ainsi, cette orientation de recherche est productive et nécessiterait d’être développée»

Texte 9 : Le problème de physique et sa pédagogie. Comment les élèves s’y

prennent-ils ?

AUTEUR : MONIQUE GOFFARD (1994)

Préface de Jean-Louis Martinand

Livre édité en janvier 1994 (physique – didactique)Adapt, 85p.

Les recherches sur l’enseignement de la physique se poursuivent depuis plus de

décennies en particulier au sein du LIREST, le Laboratoire Interuniversitaire de

Recherche sur l’Education Scientifique et Technologique, auquel Monique Goffard,

l’auteur du livre «  Le problème de physique et sa pédagogie. Comment les élèves s’y

prennent-ils ? » a participé comme chercheur et comme enseignant. Son ouvrage est

donc l’héritier d’un projet collectif en même temps que le résultat d’une recherche

personnelle en didactique des sciences physiques et a bénéficié conséquemment du

recul, du pouvoir d’invention, de l’exigence de validation, des confrontations, qui

s’attachent à toute entreprise de recherche scientifique.

62

Page 64: TP de Didactique de La Physique

Comment aider les élèves à résoudre les problèmes de physique et à apprendre en

les résolvant ? Comment les élèves s’y prennent-ils face aux problèmes de physique ?

Comment les aider à apprendre à les résoudre, à apprendre la physique en les résolvant ?

L’auteur suggère des pistes en s’appuyant sur une recherche expérimentale en

didactique menée dans ses classes en lycée sur des problèmes de mécanique. Ce

domaine important et complexe est sans doute celui qui donne lieu au plus grand

nombre de problèmes, peut-être parce qu’il est le premier où se construise une

formalisation théorique d’ensemble. Le choix est certainement judicieux, même s’il

n’est pas universel.

A partir de ce travail, l’auteur essaie de comprendre les stratégies spontanées des

élèves et d’évaluer l’efficacité des différentes aides qu’on peut leur apporter. Des pistes

de travail sont ainsi dégagées pour un véritable enseignement de la résolution des

problèmes, afin que ces derniers ne restent pas de simples applications du cours ou des

moyens d’évaluation, mais permettent aux élèves, placés en situation de recherche

scientifique, de s’approprier les concepts et de dialoguer avec le savoir qu’ils

construisent.

D’après la vision objectée par l’auteur, le thème du problème de physique se

développe selon trois orientations :

La première vise à préciser nos connaissances sur la manière dont les élèves s’y

prennent pour résoudre des problèmes, c’est-à-dire pour faire face à des tâches pour

lesquelles ils ne disposent ni de recettes, ni de modèles de solutions, ni de schémas de

démarches. Quels sont leurs stratégies et leurs raisonnements, quelles difficultés

rencontrent-ils, dans quelles impasses s’engagent-ils ?

La deuxième orientation vise à enrichir la panoplie des "situations-problèmes"

offertes aux élèves, en exploitant toutes les possibilités du montage pratique à

l’élaboration théorique, de l’exercice de mémorisation ou d’application à l’étude pour

approfondir un aspect ou développer un projet. Quels sont les contenus et les modalités

qui caractérisent les situations les plus intéressantes ?

Enfin, la troisième orientation vise à améliorer les aides apportées aux élèves pour

apprendre à résoudre et apprendre en résolvant des problèmes. Comment mobiliser des

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Page 65: TP de Didactique de La Physique

stratégies puissantes et pertinentes, comment induire la mise en œuvre de procédures,

d’idées directrices, de connaissances factuelles pour avancer ou contrôler la solution,

sans surcharger la mémoire ?

Cet ouvrage s’inscrit primordialement dans cette dernière perspective que l’auteur

illustre avec des exemples pris dans le domaine de la mécanique. Ce travail est digne

d’intérêt à plusieurs titres. Il suppose d’abord que le maître est un acteur, un "décideur"

dans le processus d’apprentissage et que toute proposition, aussi bien "évaluée" soit-

elle, risque de conduire à des refus ou en tous cas à des déformations. Une telle

problématique de recherche assume donc pleinement l’hypothèse que les changements

de pratique sont en définitive l’œuvre des praticiens, non des administrateurs de

prescriptions. Le rôle de la recherche est d’inventer, d’explorer, d’éclairer, de

comprendre, non de justifier des obligations ou d’argumenter des prédications

pédagogiques.

Ensuite il prend en compte le fait qu’en règle générale une modification partielle et

locale, isolée, n’est pas viable et que sans mise en cohérence, il y a tôt ou tard retour aux

coutumes "éprouvées". L’attention est donc portée à l’ensemble des conditions qui

permettent à une innovation de trouver sa place, comme à l’ensemble des conséquences

qu’elle entraîne. C’est pourquoi il est question ici à la fois de la signification

scientifique des problèmes, de la fonction éducative des activités de résolution -

appliquer une connaissance, s’approprier un schéma de solution, construire un concept,

étudier un modèle - et des "modes de travail pédagogique" adaptés à la nature des

situations-problèmes.

Enfin, enraciné dans des pratiques d’enseignement au lycée, de formation des

maîtres, d’innovation pédagogique et de rénovation des programmes, cet ouvrage fait

surgir les questions didactiques, élabore les notions qui permettent de penser la

pédagogie du problème de physique et précise les enjeux. C’est un cadre intellectuel qui

est ici proposé, débordant l’enseignement de la mécanique et le niveau du lycée.

Ces écrits apportent donc des réponses nouvelles et fortes à des préoccupations

permanentes. Mais ils sont aussi opportuns au moment où les modifications des

programmes et des instructions insistent sur la nature spécifique de la physique et de la

chimie, sur leur rôle éducatif de changement du regard des jeunes sur le monde, au

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Page 66: TP de Didactique de La Physique

moment où les enseignants sont invités à mettre en œuvre une pédagogie d’authentique

investigation en diminuant la part de la pédagogie de la présentation du savoir et de

l’exercice d’application, il y a urgence à leur fournir des outils pédagogiques nouveaux.

Il faut disposer d’instruments pour concevoir, piloter, analyser des situations

d’enseignement et d’apprentissage plus variées, en particulier ces situations de

résolution de problème, en classe ou à la maison, qui, à côté des manipulations,

observations, expérimentations d’objets et de phénomènes réels ou simulés, sont une

composante fondamentale des sciences physiques.

Pour opérationnaliser cette pédagogie, sept (7) grandes étapes structurent

optionnellement une démarche d'investigation. Cependant, selon le thème étudié et les

objectifs pédagogiques visés par le professeur, il pourra ne pas être indispensable au

cours d'une séquence de décliner la totalité de ces 7 étapes qui décrivent respectivement:

Le choix d'une situation problème par le professeur : Les objectifs de cette

accroche sont de faire émerger les représentations des élèves et de repérer leurs

acquis initiaux. Il est donc important de choisir une situation initiale concrète,

qui a du sens pour les élèves.

L'appropriation du problème par les élèves: La compétence travaillée est ici

"Comment passer d'une question de la vie de tous les jours à une question

scientifique ?". Le travail de reformulation est important car il doit permettre au

problème ou à l'objet d'étude d'être compris par tous.

La formulation de conjectures, d'hypothèses explicatives, de protocoles

possibles: En groupes, les élèves formulent des hypothèses (par écrit ou

oralement) et élaborent des expériences pour valider ces hypothèses : ils

communiquent ensuite leurs propositions à la classe.

L'investigation ou la résolution du problème conduite par les élèves: Ce travail

en groupe s'articule autour de la description et la réalisation de l'expérience, du

contrôle de l'isolement des paramètres et de leur variation, de la description et

l'exploitation des méthodes et résultats, de la confrontation avec les hypothèses

formulées. L'objectif de cette phase est la recherche d'éléments de justification et

de preuve.

L'échange argumenté autour des propositions élaborées: A partir des

communications faites à la classe par les groupes sur les solutions élaborées, les

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Page 67: TP de Didactique de La Physique

résultats obtenus et les interrogations qui demeurent, le but est de confronter les

propositions et de rechercher des arguments

L'acquisition et la structuration des connaissances : L'objectif est la

reformulation écrite par les élèves des connaissances nouvelles acquises en fin

de séquence: il est donc important que la séquence ait permis la mise en

évidence de nouveaux éléments de connaissance, la confrontation avec le savoir

établi, la recherche des causes d'un éventuel désaccord.

L' opérationnalisation des connaissances: Il faut enfin évaluer l'acquisition des

connaissances et compétences méthodologiques de la séquence par des exercices

permettant d'automatiser certaines procédures, de maîtriser les formes

d'expression liées aux connaissances travaillées ou par de nouveaux problèmes

permettant la mise œuvre des connaissances acquises dans de nouveaux

contextes.

CONCLUSION

Satisfaction est nôtre dans le sens que ce travail de lecture et de résumé de

différents textes – résultats des différentes recherches en Didactique de Physique a

complété et actualisé nos modestes connaissances supérieures dans cette orientation

spécifique de compréhension et d’enseignement de discipline scientifique.

Nous pensons que d’autres travaux pourront dans un futur bref s’y atteler pour

pouvoir mettre à la disposition des formateurs de maîtres en physique, en formation

initiale ou continue dans nos régions africaines, les résultats de la recherche en

didactique de la physique déjà entrepris au niveau international sous forme d’un cadre

de consultation bien structuré qui jusque-là fait encore défaut dans nos bibliothèques.

Nous remercions profondément la chaire de l’UNESCO en Didactique des

sciences de l’Université Pédagogique Nationale à Kinshasa pour tous les courants de

recherche qu’elle motive déjà dans ce sens d’organisation de grandes pensées

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Page 68: TP de Didactique de La Physique

scientifiques. Nous remercions spécialement notre maître formateur en Didactique de la

Physique, le Professeur Ntampaka pour ce modèle précieux de type de recherche auquel

il nous a orienté dans le souci de nous voir dominer un bagage suffisant dans cette ligne

de formation.

Nous pensons que les lecteurs qui tomberont sur ces feuillets iront consulter les

sources originaires de chaque texte pour plus d’informations, d’autant partiel que puisse

servir de lecture limite ce résumé qui vient d’être produit dans le cadre spécifique de

travail pratique des séminaires en didactique de la physique.

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