6
René DESCARTES (1648) TRAITÉ DE L’HOMME Extraits Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: [email protected] Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm

Traité de l'Homme (Descartes)

Embed Size (px)

Citation preview

  • Ren DESCARTES (1648)

    TRAITDE LHOMME

    Extraits

    Un document produit en version numrique par Jean-Marie Tremblay,professeur de sociologie au Cgep de Chicoutimi

    Courriel: [email protected] web: http://pages.infinit.net/sociojmt

    Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales"Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html

    Une collection dveloppe en collaboration avec la BibliothquePaul-mile-Boulet de l'Universit du Qubec Chicoutimi

    Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm

  • Ren Descartes (1648) Trait de lhomme. Extraits 2

    Cette dition lectronique a t ralise par Jean-Marie Tremblay,professeur de sociologie partir de :

    Ren Descartes (1648),

    TRAIT DE LHOMME.Extraits

    Polices de caractres utilise :Pour le texte: Times, 12 points.Pour les citations : Times 10 points.Pour les notes de bas de page : Times, 10 points.

    Les formules utilises par Engels dans ce livre ont t rcritesavec lditeur dquations de Microsoft Word 2001.

  • Ren Descartes (1648) Trait de lhomme. Extraits 3

    Table des matiresTRAIT DE L'HOMME(dbut : extraits sur la machine du corps)

  • Ren Descartes (1648) Trait de lhomme. Extraits 4

    L'HOMME(extraits sur la machine du corps)

    Ces hommes seront composs, comme nous, d'une me et d'un Corps. Et il fautque je vous dcrive, premirement, le corps part, puis aprs l'me aussi part; etenfin, que je vous montre comment ces deux natures doivent tre jointes et unies,pour composer des hommes qui nous ressemblent.

    Je suppose que le corps n'est autre chose qu'une statue ou machine de terre, queDieu forme tout exprs, pour la rendre la plus semblable nous qu'il est possible : ensorte que, non seulement il lui donne au dehors la couleur et la figure de tous nosmembres, mais aussi qu'il met au dedans toutes les pices qui sont requises pour fairequ'elle marche, qu'elle mange, qu'elle respire, et enfin qu'elle imite toutes celles denos fonctions qui peuvent tre imagines procder de la matire, et ne dpendre quede la disposition des organes.

    Nous voyons des horloges, des fontaines artificielles, des moulins, et autressemblables machines, qui n'tant faites que par des hommes, ne laissent pas d'avoir laforce de se mouvoir d'elles-mmes en plusieurs diverses faons; et il me semble queje ne saurais imaginer tant de sortes de mouvements en celle-ci, que je suppose trefaite des mains de Dieu, ai lui attribuer tant d'artifice, que vous n'ayez sujet de penser,qu'il y en peut avoir encore davantage...

    Pour ce qui est des parties du sang qui pntrent jusqu'au cerveau, elles n'yservent pas seulement nourrir et entretenir sa substance, mais principalement aussi y produire un certain vent trs subtil, ou plutt une flamme trs vive et trs pure,qu'on nomme les Esprits animaux 1. Car il faut savoir que les artres qui les apportentdu cur, aprs s'tre divises en une infinit de petites branches, et avoir compos cespetits tissus, qui sont tendus comme des tapisseries au fond des concavits ducerveau, se rassemblent autour d'une certaine petite glande, situe environ le milieude la substance de ce cerveau, tout l'entre de ses concavits; et ont en cet endroit un 1 Cf. Discours, 5e partie, p. 77, note 4.

    Srgio Dela-Svia

    Srgio Dela-Svia

    Srgio Dela-Svia

    Srgio Dela-Svia

    Srgio Dela-Svia

  • Ren Descartes (1648) Trait de lhomme. Extraits 5

    grand nombre de petits trous, par ou les plus subtiles parties du sang qu'elles contien-nent se peuvent couler dans cette glande, mais qui sont si troits, qu'ils ne donnentaucun passage aux plus grossires.

    Il faut aussi savoir que ces artres ne s'arrtent pas l, mais que, s'y tantassembles plusieurs en une, elles montent tout droit, et se vont rendre dans ce grandvaisseau qui est comme un Euripe 1, dont toute la superficie extrieure de ce cerveauest arrose. Et de plus il faut remarquer que les plus grosses parties du sang peuventperdre beaucoup de leur agitation, dans les dtours des petits tissus par o ellespassent : d'autant qu'elles ont la force de pousser les plus petites qui sont parmi elles,et ainsi de la leur transfrer; mais que ces plus petites ne peuvent pas en mme faonperdre la leur, d'autant qu'elle est mme augmente par celle que leur transfrent lesplus grosses, et qu'il n'y a point d'autres corps autour d'elles, auxquels elles puissent siaisment la transfrer.

    D'o il est facile concevoir que, lorsque les plus grosses montent tout droit versla superficie extrieure du cerveau, o elles servent de nourriture sa substance, ellessont cause que les plus petites et les plus agites se dtournent, et entrent toutes encette glande : qui doit tre imagine comme une source fort abondante, d'o ellescoulent en mme temps de tous cts dans les concavits du cerveau. Et ainsi, sansautre prparation, ni changement, sinon qu'elles sont spares des plus grossires, etqu'elles retiennent encore l'extrme vitesse que la chaleur du cur leur a donne, ellescessent d'avoir la forme du sang, et se nomment les Esprits animaux.

    Or, mesure que ces esprits entrent ainsi dans les concavits du cerveau, ilspassent de l dans les pores de sa substance, et de ces pores dans les nerfs; o selonqu'ils entrent, ou mme seulement qu'ils tendent entrer, plus ou moins dans les unsque dans les autres, ils ont la force de changer la figure des muscles en qui ces nerfssont insrs, et par ce moyen de faire mouvoir tous les membres. Ainsi que vouspouvez avoir vu, dans les grottes et les fontaines qui sont aux jardins de nos Rois, quela seule force dont l'eau se meut, en sortant de sa source, est suffisante pour y mou-voir diverses machines, et mme pour les y faire jouer de quelques instruments, ouprononcer quelques paroles, selon la diverse disposition des tuyaux qui la conduisent.

    Et vritablement l'on peut fort bien comparer les nerfs de la machine que je vousdcris aux tuyaux des machines de ces fontaines; ses muscles et ses tendons, auxautres divers engins et ressorts qui servent les mouvoir; ses esprits animaux, l'eauqui les remue, dont le cur est la source, et les concavits du cerveau sont lesregards 2. De plus, la respiration, et autres telles actions qui lui sont naturelles etordinaires, et qui dpendent du cours des esprits, sont comme les mouvements d'unehorloge, ou d'un moulin, que le cours ordinaire de l'eau peut rendre continus. Lesobjets extrieurs, qui par leur seule prsence agissent contre les organes de ses sens,et qui par ce moyen la dterminent se mouvoir en plusieurs diverses faons, selonque les parties de son cerveau sont disposes, sont comme des trangers qui, entrantdans quelques-unes des grottes de ces fontaines, causent eux-mmes sans y penser lesmouvements qui s'y font en leur prsence : car ils n'y peuvent entrer qu'en marchantsur certains carreaux tellement disposs, que, par exemple, s'ils approchent d'uneDiane qui se baigne, ils la feront -cacher dans des roseaux; et s'ils passent plus outrepour la poursuivre, ils feront venir vers eux un Neptune qui les menacera de son 1 Dtroit entre la Botie et l'le d'Eube, o les courants alterns sont trs violents.2 Ouvertures espaces le long d'une conduite d'eau et o se trouvent des robinets de distribution.

    Srgio Dela-Svia

    Srgio Dela-Svia

    Srgio Dela-Svia

  • Ren Descartes (1648) Trait de lhomme. Extraits 6

    trident; ou s'ils vont de quelque autre ct, ils en feront sortir un monstre marin quileur vomira de l'eau contre la face; ou choses semblables, selon le caprice desingnieurs qui les ont faites. Et enfin quand l'me raisonnable 1 sera en cette machine,elle y aura son sige principal dans le cerveau, et sera l comme le fontenier, qui doittre dans les regards o se vont rendre tous les tuyaux de ces machines, quand il veutexciter, ou empcher, ou changer en quelque faon leurs mouvements.

    1 Cf. Discours, 5e partie, p. 71, note 2.

    Srgio Dela-Svia