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This article was downloaded by: [University of Auckland Library] On: 16 October 2014, At: 16:29 Publisher: Routledge Informa Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954 Registered office: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH, UK Modern & Contemporary France Publication details, including instructions for authors and subscription information: http://www.tandfonline.com/loi/cmcf20 ‘Travail, famille, patrie’ dans L'écume des jours de Boris Vian Judith Broadbridge a a Staffordshire University Published online: 25 Apr 2008. To cite this article: Judith Broadbridge (1994) ‘Travail, famille, patrie’ dans L'écume des jours de Boris Vian, Modern & Contemporary France, 2:3, 291-299, DOI: 10.1080/09639489408456188 To link to this article: http://dx.doi.org/10.1080/09639489408456188 PLEASE SCROLL DOWN FOR ARTICLE Taylor & Francis makes every effort to ensure the accuracy of all the information (the “Content”) contained in the publications on our platform. However, Taylor & Francis, our agents, and our licensors make no representations or warranties whatsoever as to the accuracy, completeness, or suitability for any purpose of the Content. Any opinions and views expressed in this publication are the opinions and views of the authors, and are not the views of or endorsed by Taylor & Francis. The accuracy of the Content should not be relied upon and should be independently verified with primary sources of information. Taylor and Francis shall not be liable for any losses, actions, claims, proceedings, demands, costs, expenses, damages, and other liabilities whatsoever or howsoever caused arising directly or indirectly in connection with, in relation to or arising out of the use of the Content. This article may be used for research, teaching, and private study purposes. Any substantial or systematic reproduction, redistribution, reselling, loan, sub-licensing, systematic supply, or distribution in any form to anyone is expressly forbidden. Terms & Conditions of access and use can be found at http:// www.tandfonline.com/page/terms-and-conditions

‘Travail, famille, patrie’ dans L'écume des jours de Boris Vian

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This article was downloaded by: [University of Auckland Library]On: 16 October 2014, At: 16:29Publisher: RoutledgeInforma Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954 Registered office: Mortimer House,37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH, UK

Modern & Contemporary FrancePublication details, including instructions for authors and subscription information:http://www.tandfonline.com/loi/cmcf20

‘Travail, famille, patrie’ dans L'écume des jours deBoris VianJudith Broadbridge aa Staffordshire UniversityPublished online: 25 Apr 2008.

To cite this article: Judith Broadbridge (1994) ‘Travail, famille, patrie’ dans L'écume des jours de Boris Vian, Modern &Contemporary France, 2:3, 291-299, DOI: 10.1080/09639489408456188

To link to this article: http://dx.doi.org/10.1080/09639489408456188

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ARTI

'Travail, famille, patrie' dans L'écume des jours deBoris Vian

Judith Broadbridge: Staffordshire University

Né le 10 mars 1920, Boris Vian avait 19 ans quand la Deuxième Guerremondiale éclata. Puisqu'il souffrait d'un œdème pulmonaire, il futexempté du service armé et les réalités atroces du combat militaire lui

furent donc épargnées. Il vivait dans le milieu protégé de l'Ecole Centrale desArts et Manufactures, de la maison familiale et de son appartement déjeunes mar-iés. Vian se rappelle son attitude à cette époque dans les termes suivants: 'J'étaismerveilleusement inconscient, c'était bon.'1 Privé de la lutte sur le champ debataille, Vian ne se tourna pas pour autant vers la Résistance. L'idée ne l'effleurapas. Il s'explique: 'Mon ignorance de la chose politique a perduré à 30 ans aumoins. J'avais vraiment trop à faire — Centrale, la trompette, les filles pourm'occuper de tout ça.'2 En dehors de ses études et, plus tard, de son travail, Vianpouvait profiter pleinement des 'surprises-parties', lieux de rencontres féminineset véritables havres de la musique jazz dont il raffolait. L'amour et le jazz, ren-gaines de sa vie de jeune homme, le furent aussi de son roman le plus connu,L'écume des jours, écrit en 1946. Raymond Queneau estime qu'il s'agit du 'pluspoignant des romans d'amour contemporains',3 tandis que Gilbert Pestureauaffirme qu'il s'agit 'd'un roman ellingtonien s'il en est'.4 Dans son avant-propos,Vian déclare: 'II y a seulement deux choses: c'est l'amour de toutes les façons,avec des jolies filles et la musique de la Nouvelle-Orléans et de Duke Ellington.'5

Tenant compte de cette description, non seulement ce beau roman qu'estL'écume des jours mais aussi le jeune Vian lui-même peuvent paraître frivoles,légers, insouciants, surtout quand on se souvient du fait que ce livre est né d'unepériode épouvantable; une période de lutte acharnée et sanglante et aussi unepériode d'occupation allemande, de déportations, de collaboration. L'écume desjours est plus qu'une histoire romantique dont l'ambiance est celle du jazz; ceroman est aussi un roman témoin qui est né de l'époque que vécut Vian lui-même. Son œuvre est colorée par son éducation enfantine ainsi que par ses pro-pres observations. De ce fait, elle forme un commentaire personnel des annéesVichy.

De 'Liberté, Egalité, Fraternité' à 'Travail, Famille, Patrie'

Le 4 juillet 1936 déjà, le Petit journal de La Rocque portait le titre: 'Travail,Famille, Patrie' et, dans une lettre datée du 28 juin 1940, le général Weygandécrivit: 'II faut en revenir au culte et à h pratique d'un idéal résumé par cesquelques mots: Dieu, patrie, famille, travail.'6 Donc le slogan 'Travail, Famille,Patrie' ne fut pas inventé par le maréchal Pétain, mais celui-ci en fit le symbole du

Modern & Contemporary Frnce 1994 NS2 (3) 291-299 © Longman Group Limited 1994 0963-9489/94/02304291/$03.50

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292 régime de Vichy. Le slogan tripartite de la Révolution Nationale de Pétain sem-ble reprendre celui des républicains: 'Liberté, Egalité, Fraternité' mais les idéauxexprimés sont en opposition directe à ceux incamés par la maxime de laRévolution Française de 1789. Depuis toujours, Vian considérait que le travailétait futile, il se rebellait contre sa jeunesse rendue par trop douillette par les soinspresque oppressifs d'une mère inquiète, et il estimait que tout amour pour lapatrie était de mauvaise foi. Sous Vichy, les principes que Vian méprisait devin-rent les fondements mêmes du régime gouvernemental. Toute attaque de la partde Vian contre le Travail, la Famille et la Patrie peut aussi être considérée commeune attaque contre le régime de Vichy et tout ce qu'il représentait.

Travail

Dans sa 'Politique sociale de l'avenir' destinée à la jeunesse de l'époque, Pétainexplique la transformation de 'Liberté' en 'Travail': 'Nous leur dirons qu'il estbeau d'être libre, mais que la liberté réelle ne peut s'exercer qu'à l'abri d'uneautorité tutélaire [...] nous ne nous contenterons pas pour eux de la liberté demourir de faim [...] nous leur reconnaîtrons le droit au travail'.7 A plusieursreprises, Vian semble réagir directement à ces propos. Dans son Traité de civisme,Vian remarque: 'Libération = suppression du travail'. Pétain transforme 'Liberté'en 'Travail' puisqu'il est de l'avis que la liberté absolue ne peut être obtenue qu'àtravers le travail, tandis que Vian maintient que le travail est un obstacle à la lib-erté. De plus, Pétain considère le droit au travail sous une lumière positive, maisVian se plaint du fait que: 'Le droit au travail? Vous l'avez! Si seulement ce n'étaitpas un devoir' (TC, p. 158). D'après Guy Laforêt, qui annota le Traité de civisme:'Son premier refus, il le formulera contre le travail: univers de souffrance, delaideur, où l'être humain s'use, vieillit, s'effrite' (TC, p. 43). Vian lie le travail à ladouleur et à la détresse physique. Dans son Traité de civisme, il donne la définitionsuivante du travail: 'Le travail, c'est ce qu'on ne peut pas arrêter de faire quand ona envie de le faire. Sur le plan physique ça donne une définition pas mal de ladouleur' (TC, p. 193). Quand Colin dans L'écume des jours prend le poste de gar-dien des réserves d'or il en souffre physiquement. Bien que les voleurs ne vien-nent pas tous les jours, Colin doit tout de même faire sans cesse ses tournées etceci en dépit de la douleur qu'elles suscitent: 'on devait, tout de même, passer aucontrôle au moment prévu [...] Les jambes douloureuses, [Colin] allait inlass-ablement' (EJ, pp. 165,166).

Les références au travail relevées dans L'écume des jours sont associées claire-ment à la laideur et peignent une image sombre de la société industrielle qui

S; forme un contraste choquant avec la vie d'abord idyllique de Colin et de Chloé.I" Quand les jeunes mariés partent en voyage de noces Chloé remarque '[qu'June

£> ' une bête écailleuse les regardait [...]1 — C'est un des hommes qui entretiennent les lignes, dit Nicolas [...]"B - C'était... c'était très laid . . . murmura Chloé' (EJ, p. 67).

Ig1 Plus tard, Vian décrit l'usine terrifiante où Chick travaillait, usine où règne le•» vacarme et où les hommes sont rabaissés au rang d'esclaves, liés à vie auxCÔ machines maîtresses: ' E n bas, devant chaque mach ine t rapue , u n h o m m e se2 débattait , lut tant p o u r n e pas être déch ique té par les engrenages avides. Au piedS3 droit de chacun, un lourd anneau de fer était fixé' (EJ, p. 135). Cette description•̂ rappelle celle de l'usine de Ford décrite par Céline dans Voyage au bout de la nuit

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'Rien n'importait que la continuité fracassante des mille et mille instruments qui 293commandaient les hommes'.9 Vian décrit 'les bruits', 'le sourd vrombissement' et'le vacarme' et 'une vibration profonde' (EJ, p. 134) tandis que Céline parle des'fracas énormes' et explique que 'tout tremblait' dans 'ce bruit de rage'. Vian,tout comme Céline, s'attaque au système capitaliste et au fait que le systèmeéconomique abrutit les travailleurs et les transforme en simples esclaves desmachines qu'ils sont censés dompter. Au contraire de Céline, Vian se tourna versle communisme mais ce plutôt, comme l'explique Maurice Gournelle, puisqu'ille tenait pour 'indispensable pour l'évolution parce que c'était l'antithèse du cap-italisme' (TC, p. 46) que parce qu'il avait de la sympathie pour le parti. Viandéplorait le fait que la mécanisation, loin de le libérer des tâches ingrates, réduitl'homme en automate.

' - Vous n'aimez pas le travail? dit l'antiquaire.— C'est horrible, dit Colin, ça rabaisse l'homme au rang de la machine' (EJ,

p. 126).

Vian était de l'avis que le travail sape la force de l'homme au point qu'il vieillitprématurément. Quand Colin entre dans l'usine d'armements pour s'informer àpropos d'un poste, l'homme auquel il parle le prévient: 'Cela vous use, voyez-vous et cela ne vaut peut-être pas le prix' (EJ, p. 144). En effet, après avoir remplidiverses fonctions, Colin commence à ressembler de plus en plus à un vieilhomme: 'les épaules larges de Colin s'affaissaient un peu, il semblait si fatigué(EJ, p. 156). Si le travail a un effet tellement néfaste sur ceux qui le remplissent,pourquoi donc la majorité de la population subit-elle cette forme d'autodestruc-tion? C'est précisément ce que semble demander Chloé quand elle dit: 'Ce n'estpas tellement bien de travailler ..." (EJ, p. 69). Au moment où elle parle, ellehabite un monde à l'abri de toute nécessité de travailler pour vivre. Son affirma-tion lui doit la réplique: 'On leur a dit que c'était bien. En fait personne ne lepense. On le fait par habitude et justement pour ne pas y penser' (EJ, p. 69). Cetteattitude reprend celle exprimée par Vian dans son Traité de civisme: 'De fait le véri-table opium du peuple, c'est l'idée qu'on lui donne de son travail' (TC, p. 123).Le travail est vénéré et tout le monde se laisse bercer par l'idée que la vie humainen'existe qu'à travers lui. Pétain chercha à renforcer cette attitude envers le travailquand, dans un de ses Appels aux Français, daté du 11 juillet 1940, il entonna: 'Letravail des Français [...] doit être sacré'.11 L'opinion de Vian sur le travail peutêtre résumé par une brève citation de son Traité de civisme: 'II faut oser le dire, letravail est une ordure' (TC, p. 168).

Famille, Patrie

Pétain considérait le travail et la discipline comme des moyens pour combattre ladécadence qui avait menacé de détruire les fondements de la société françaisependant l'entre-deux-guerres. La famille nucléaire unie formait aussi une despierre angulaires de la société décente. Cette conviction constituait un des thèmesles plus importants de la politique pétainiste. Il ne cessait de souligner l'impor-tance du groupe familial. Selon Pétain: 'La famille est la cellule essentielle; elle estl'assise même de l'édifice social.'12 Des mesures furent prises pour encourager ledéveloppement de la 'famille légitime' avec le soutien inconditionnel de l'Églisecatholique qui invita 'Messieurs les curés à prêter leur concours, dans la mesure

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294 où ils en seront priés, à [la] propagande familiale.'13 Le terme 'famille légitime' se• réfère au couple uni par le mariage et à sa progéniture, un état des choses qui,selon Vian, est à éviter puisqu'il ne mène qu'à des problèmes. L'image pétainistede l'idéal familial ne joue un rôle dans aucune des œuvres de Vian. Dans L'écume

a des jours, le mariage de Colin et de Chloé marque la fin de leur vie idyllique. Dès3 la conclusion de la cérémonie matrimoniale tout à fait traditionnelle, la maladieg- de Chloé se manifeste pour la première fois: 'Ils sortent de l'église en jetant un

dernier regard aux fleurs de l'autel [...] Chloé se mit à tousser... ' (EJ, p. 63). Lelien entre le mariage et le désespoir est souligné plus tard par Colin quand il est entrain de discuter de son triste sort avec Nicolas:

'— C'est pas de ta faute si tu es embêté.- Si, dit Colin, c'est parce que je me suis marié et parce que . . . ' (EJ, p. 131).

En ce qui concerne Alise et Chick, 'tout arrive [...] parce que le mariage ne peutpas se faire' (TC, p. 219), ce qui semble indiquer que le mariage aurait un rôlepositif à jouer dans leur vie; qu'il servirait à résoudre tous leurs problèmes.Cependant, tout au long de l'histoire il est évident que rien ne peut contraindreChick à abandonner sa collection d'oeuvres de Jean-Sol Partre. Alise se trouveincapable d'accepter cette situation et de jouer un rôle subordonné à Partre. Lefait que Colin choisit la matrimonie pour démontrer son amour pour Chloé nefait que soutenir Alise dans son aberration. Convaincue que Paître est responsablede son état célibataire, Alise se décide à tuer le maître-auteur, mais malheureuse-ment elle trouve elle-même la mort. Si Alise ne s'était pas tuée dans un de sespropres feux elle n'aurait de toute façon pas sauvé Chick qui est tué par un agentde police venu réclamer les impôts non-payés. Alise croit aveuglément à l'impor-tance du mariage pour lier définitivement le couple amoureux. En fait, cette atti-tude mène à la destruction non seulement d'Alise mais aussi de l'objet de sonaffection. Le mariage joue donc un rôle négatif.

Pétain prônait non seulement le mariage et la création de la famille maissoulignait aussi la nécessité d'une forte natalité. Selon une loi du 16 novembre1942 les pères de familles nombreuses devaient prendre place dans le conseilmunicipal des villes de plus de 2000 habitants. La mission des familles était la suiv-ante: 'pour une natalité augmentée . . . perpétuer la race française.'14 Cette obses-sion de la procréation n'avait rien de nouveau. Le taux de natalité français étaitresté loin derrière celui des autres pays industrialisés en Europe et déjà sous la HleRépublique des mesures avaient été prises pour encourager la croissance démo-graphique. 'Vichy believed that an authoritarian campaign would succeed wherethe Republic had failed.'15 Comment Pétain aurait-il réagi face aux référencesinnombrables de Vian à propos des rapports stériles, ceux des homosexuels? DansL'écume des jours les frères Desmarets participent au mariage de Colin et de Chloé:'Ils étaient très souvent invités comme pédérastes d'honneur car ils présentaientbien' (EJ, p. 50). Le fait que les frères sont des homosexuels est affirmé de façonnon-équivoque, mais cet attentat à la sacro-sainte famille ne suffit pas à Vian. Ilfaut qu'il souligne l'impossibilité d'être homosexuel et de se conformer auxnormes préconisées par Pétain. Quand Pégase entend que Coriolan s'intéresse àune fille, il remarque avec énergie: 'Quel salaud tu fais! [...] Tu es plus vicieuxque n'importe qui. . . Un de ces jours, tu vas te marier avec une femme!... ' (EJ,p. 52). Ce commentaire indique que Pégase a en abomination l'idéal de Pétainpuisqu'il exclut la possibilité de former un jour un couple de sexes différents. De

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plus, tout bon pétainiste serait sans doute de l'avis que les homosexuels sont des 295salauds et non pas les hommes qui s'intéressent aux femmes, ce qui rend la remar-que de Pégase d'autant plus piquante.

Selon les vues de Pétain, la Famille et la Patrie étaient inexorablement liées.Pour expliquer la transformation de 'Liberté, Egalité, Fraternité' en la nouvellemaxime de Vichy, Pétain expliqua: 'Nous leur dirons enfin que la "fraternité" estun idéal magnifique mais, à l'époque douloureuse que nous traversons, il nesaurait y avoir de fraternité véritable qu'à l'intérieur de ces groupes naturels quesont la famille, la cité, la patrie.'16 De plus, pour le journaliste Celtus, dans un arti-cle du Figaro, 'La Patrie devient la famille des familles.'17 Dans Lespousse-au-jouirdu maréchal Pétain, Gérard Miller concrétise ce lien quand il affirme: 'Ce qui soudeles communautés n'est pas le hen aux Frères mais à la mère: Patrie.'18 Donc, siVian rejette les idéaux pétainistes de la cellule familiale, il rejette aussi la patrie. SîParler de Vichy est aussi parler de la France sous l'Occupation et de la France en 3

état de guerre. De nouveau les termes 'Famille' et 'Patrie' apparaissent ensemble:'La bonne famille pétainiste s'épanouit dans la défense de la Patrie en danger.'19

Vian exprime clairement ce qu'il pense de la guerre en tant que moyen dedéfense de la Patrie dans sa lettre ouverte à M. Paul Faber, conseiller municipal,en 1955: 'D'ailleurs, mourir pour la patrie, c'est fort bien; encore faut-il ne pasmourir tous - car où sera la patrie? Ce n'est pas la terre - ce sont les gens, lapatrie.'20

Il est clair que l'attitude négative de Vian envers les principes de travail, familleet patrie ne se développa pas uniquement à cause du rôle central qu'elles jouaientsous Vichy. L'idée que le travail était inutile préoccupa Vian tout au long de savie et il la discuta longuement dans son Traité de civisme, sa seule œuvre de taillequi soit vraiment engagée. Néanmoins, on ne peut rien trouver dans la vie deVian qui expliquerait ses propos en ce qui concerne la famille et la patrie. Il seraitdonc raisonnable de conclure que les critiques implicites dans L'écume des jourssont en partie dirigées contre le régime de Vichy.

De Travail, Famille, Patrie à l'Eglise, l'Armée, la Police

D'après Guy Laforêt: 'La première attitude de Vian sera donc négative. Il refuse[...] la sainte trinité: travail, famille, patrie. Refuse, par conséquent, leurs sem-piternels soutiens: l'Eglise, l'Armée, la Police' (TC, p. 47).

L'Eglise

L'Eglise joua un rôle important dans le régime de Vichy, ce qui ne pouvait que grenforcer Vian dans son attitude négative à l'égard de celle-ci. En 1940 et 1941, sles dirigeants de l'Eglise figuraient encore 'au premier rang des fidèles au maréchal oPétain.'21 Sous le ministre de l'Education, M. Rupert, soutenu par le secrétaire Igénéral de l'Instruction Publique, Jacques Chevalier, les écoles publiques étaient "§ouvertes au clergé et le curriculum des écoles primaires devait inclure l'instruc- -Ition religieuse. 'Faut-il vous citer ce passage du IVe livre des Lois où Platon le s1

philosophe grec propose aux gouvernants de la cité cette maxime: 'ce n'est pas ™l'homme, mais c'est plutôt Dieu qui doit être considéré comme la norme de 3toutes choses'?'22 En 1941 Jérôme Carcopino accorda la neutralité religieuse dans ^le domaine de l'éducation mais l'Etat continuait à subventionner les écoles s>religieuses. —

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296 L'Eglise occupait une position importante dans les cérémonies officielles deVichy et jouait un rôle dans les Chantiers de la Jeunesse pour les jeunes au-dessus

c de 18 ans, aussi bien que dans la Légion Française. L'Eglise présentait Pétain&•• comme la personnification même de l'intérêt chrétien renouvelé des Français. Le•*" 20 juin 1941, le secrétaire général de la Jeunesse et Monseigneur Cholet, secré-g taire du Comité des Cardinaux et des Archevêques de France, signèrent une con-cL vention qui donna à l'Eglise la majeure partie de la responsabilité de la Jeunesseg. Ouvrière Chrétienne (JOC), la Jeunesse Etudiante Chrétienne 0EC) et les

Cœurs Vaillants, et l'Eglise promit d'utiliser ces groupements pour soutenir leculte de maréchal Pétain. Bien que l'opinion catholique se révoltât contre l'aug-mentation du travail forcé en Allemagne ainsi que contre la déportation en massede Juifs à partir de 1942, l'Eglise exprima une loyauté dévouée à Vichy et surtoutau maréchal Pétain. 'Certes beaucoup de catholiques se détacheront lentement dePétain, mais ils ne le feront, presque jamais, sans drames de cœur.'

Eduqué de façon anticléricale, Vian considérait la religion comme une adjonc-tion inutile à la vie. Il ne pouvait parler de l'Eglise sans se moquer d'elle et révélerl'hypocrisie de celle-ci. Les titres qu'il attache aux différents personnages del'Eglise constituent un rappel de cette attitude. Dans L'écume des jours nous ren-controns 'le Religieux', le 'Bedon', le 'Chuiche' et le 'Chevêche'. Tout d'abordl'utilisation de la majuscule reflète celle de 'Dieu'. De plus, alors qu'un religieuxest tout simplement un membre d'un institut religieux, on ne peut pas s'empêch-er de penser à ce riche gâteau à base de choux (pâte gonflée et vide) qu'est lareligieuse. Cette image de l'Eglise bien nourrie s'étend au 'Bedon', légère trans-formation de 'bedeau', et dont la définition est 'ventre rebondi'. En ce qui con-cerne le 'Chuiche', le jeu de mots est d'un genre différent. 'Suisse' ('s' minuscule)est synonyme de 'bedeau' tandis qu'un Suisse est une personne de nationalitésuisse. Cependant, 'Chleuh' est un terme péjoratif pour 'Allemand'. 'Chuiche'semblerait donc être une combinaison de 'suisse' et 'Chleuh' et se référerait à lacollaboration de l'Eglise avec le régime pro-alkmand qu'était Vichy. Finalement,il nous reste à analyser le mot 'Chevêche'. Il rappelle non seulement celuid'archevêque, mais il est aussi utilisé dans le domaine de la fauconnerie, étant ungenre de faucon nocturne, qui peut être élevé pour la chasse. Plus tard, dans lapièce Le dernier des métiers, Vian créera le personnage du Père Saureilles dont lenom reprend la forme phonétique de 'perce-oreilles'. Bien que cet insecte soitinofFensif, il est en possession de pinces. L'image est celle du Père capable de pin-cer les pécheurs pour les rappeler à l'ordre. Donc, ne pourrait-on pas voir dansl'utilisation du terme 'Chevêche' une autre illustration tirée du monde animal? Ils'agirait de l'archevêque formé à pourchasser tout converti prospectif à l'Eglise.

g Vian était de l'avis que la religion était réservée aux riches et privilégiés. Cette

3 opinion est clairement exprimée dans L'écume des jours à travers les commentaires^ de Jésus. U n revirement semble s'être opéré dans son attitude entre le mariage de| Colin et de Chloé et l'enterrement de cette dernière. Jésus aima le cérémonial"I luxueux du premier événement mais se trouve ennuyé par la pauvreté triste et4 morne du deuxième. Il est évident qu'il ne s'intéresse qu'à ceux qui ont des1 l'argent.

- ' - Je vous ai invité à mon mariage, dit Colin.• — C'était réussi, dit Jésus, je me suis bien amusé. Pourquoi n'avez-vous pasjg donné plus d'argent, cette fois-ci?' (EJ, p. 171).

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L'Armée 297

La similitude entre l'Eglise et l'Armée se manifeste par le fait que les membres desdeux institutions portent l'uniforme. Vian accentue ce lien puisqu'il assimile lesrobes religieuses à l'uniforme des forces armées de toutes sortes. Dans L'écume desjours trois représentants de l'Eglise, le Religieux, le Bedon et le Chuiche, aident àdécorer l'Eglise pour le mariage de Colin et de Chloé. Pour descendre du balcon'[ils] bouclèrent tous les trois les courroies de leurs parachutes et s'élancèrent gra-cieusement dans le vide' (EJ, p. 54) - une façon de se transporter qui rappelleplutôt les soldats que le clergé. Vian lie l'Eglise et l'Armée dans son texteConversation avec un adjudant dans lequel il écrit: 'l'inventeur des grades dansl'armée ou chez les curetons, ce qui revient sensiblement au même, vu que lesabre est fournisseur du goupillon..."

Dans L'écume des jours, Colin est employé dans une usine d'armements pourfabriquer des canons à fusils. Ces armes ne poussent qu'à l'aide de la chaleurhumaine. Tous ceux qui se prêtent à cette tâche vieillissent à une vitesse alar-mante. On dirait que les canons à fusil les minent, leur sucent même leur aptitudeà la vie.

'— Vous travaillez ici depuis longtemps? dit Colin.— Un an, dit l'homme. J'ai vingt-neuf ans.Il passa une main ridée et tremblante à travers les plis de son visage.1 (EJ,p. 144).

Tout comme les outils de guerre dévorent les hommes sur le champ de bataille,ces canons à fusil pâturent de la gente masculine (les femmes ne conviennent pas àce travail). La description fournie par Vian prend au pied de la lettre l'expression'chair à canon'. La chair est représentée par la vie elle-même et le canon par cecanon à fusil fabriqué dans l'usine. En fait Colin se montre inapte à ce postepuisqu'il commence à produire des canons à fusil d'un genre plutôt étrange: 'II yavait douze canons d'acier bleu et froid, et, au bout de chacun, une jolie roseblanche s'épanouissait ..." (EJ, p. 148). Colin fabrique alors des roses en métal,symbole d'amour et de soleil d'été, au lieu d'augmenter les stocks d'armes néces-saires, et il se voit dans la nécessité de quitter l'usine. Il est intéressant de noter quecet événement fictif et symbolique dans L'écume des jours a son fondement dans lavraie histoire de la Deuxième Guerre mondiale. Lorsque le maréchal Pétain visital'Ecole des métiers et industries métallurgiques à Lyon, il reçut 'notamment [...]une branche de roses en fer forgé'25 et ce à une époque où tout métal était dirigévers la fabrication des armes.

Vian ne laisse échapper aucune possibilité de ridiculiser le pouvoir militairefrançais. Dans l'usine d'armements dans L'écume des jours, les balles disponibles neconviennent pas aux fusils fabriqués mais à ceux d'un type démodé et hors pro-duction. Par conséquent il n'existe pas de munitions pour le nouveau fusil. Detoutes façons l'ennemi est doté d'une machine à roues et, comme le dit le pro-priétaire: 'Qu'est-ce que vous voulez faire avec un fusil contre une machine àroues?' (EJ, p. 147). De toute évidence, Vian se joint à ceux qui croient qu'aumoment où la Deuxième Guerre mondiale éclata, la France était moins bienéquipée sur le plan militaire que l'Allemagne. Jean-Pierre Azéma essaie de dis-siper cette illusion: 'les armées françaises — contrairement à ce qui est courammentécrit - disposaient de plus de blindés que n'en possédait la Wehrmacht.' D'aprèslui, la France subit une défaite parce que le haut commandement 'avait été frappé

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298 de stupeur par la réussite de la stratégie adverse.'26 Quelle que soit la cause, lapuissance militaire française se montra inférieure à celle des Allemands lors de la

c Deuxième Guerre mondiale, et c'est à ce fait que Vian aime se référer.

La PoliceL'antimilitarisme exprimé par Vian s'étendait à toutes les forces d'ordre, y corn-

Us pris la force publique, la police. Il ne faut pas oublier que la Gendarmerie§ Nationale forme une partie de l'Armée de Terre. Sans doute Vian se souvenait-il

toujours du rôle joué par la police dans la chasse aux antifascistes et aux Juifsordonnée par les Allemands. Sartre affirme: 'II n'était personne à Paris dont unparent ou un ami n'ait été arrêté ou déporté ou fusillé.'27 En fait le beau-père deVian fut arrêté par les Allemands, et si Alfred Jabès échappa à la déportation, c'estgrâce à la famille Vian.28

Dans L'écume des jours le chef de la patrouille qui fait la descente chez Chickappelle tous les membres de son équipe Douglas puisqu'il 'ne pouvait se souvenirdu nom de tous ses hommes et Douglas était un générique traditionnel' (EJ,p. 155). L'anonymité de chaque policier rappelle celle de l'armée dans laquellechaque soldat porte un numéro. De plus, le fait que tous ces agents de police ontle même nom indique qu'ils se ressemblent — tous les membres de la forcepublique sont pareils. Un autre lien avec l'armée est fourni par l'apparence desuniformes qui semblent mieux convenir à des soldats qu'à des agents de police quiinterviennent au sujet de non-paiement d'impôts. Les policiers sont vêtus de cuirnoir et portent de surcroît un 'casque en acier noirci de forme serre-téte, [qui]descendait bas sur la nuque et protégeait les tempes et le front' (EJ, p. 155).

Selon Vian, l'inspecteur de police peut être considéré comme 'en quelquesorte le bureau d'études du passage à tabac'.29 Dans le cas de Chick une patrouilleentière s'attaque à un individu non-armé. Il fut convenu d'avance que la violenceserait de rigueur quelle que fût la réaction de Chick. 'Passage à tabac de contre-bande et blame sévère. Saisie totale ou même parteille compliquée de violation dedomicile' (EJ, p. 155). La patrouille réagit comme une armée qui attaque uneville lors d'une guerre. Le maximum de puissance militaire est lâché sanss'enquérir de la capacité de défense de ia cible. Abattre et connaître la gloire de lavictoire sont le but primordial.

Tout au début de sa biographie de Vian, Noël Arnaud souligne le fait que cedernier 'fut élevé dans le complet mépris de la Trinité sociale: Armée, Eglise,Argent, et que cette éducation lui parut excellente',30 donc il n'est pas étonnantque les œuvres de Vian forment une attaque contre l'Eglise et l'Armée et, parassociation, contre la police. Néanmoins, l'attitude négative que prenait Vian futcertainement aussi influencée par l'environnement dans lequel il vivait. C'est ceque suggère Geneviève Beauvarlet quand elle écrit: 'Parmi les causes de l'anti-cléricalisme de Boris, la pression énorme que l'Eglise fait peser sur la vie quotidi-enne joue certainement.'31 Etant donné la haine que Vian portait envers les poli-tiques du régime de Vichy résumées dans le slogan 'Travail, Famille, Patrie', il estraisonnable de supposer qu'un autre facteur qui contribuait à l'anticléricalisme deVian était le soutien que l'Eglise apportait à Pétain, facteur qui jouait aussi un rôledans son mépris des militaires et de la police qui aidaient à mettre en vigueur leslois relatives à l'ordre social que voulait instaurer Pétain.

L'écume des jours: roman d'amour, roman de jazz, mais aussi roman témoin,puisque Vian 'écrivait, par réaction au monde qui l'entourait, pour répondre à unbesoin immédiat, parce qu'un événement venait [...] de le heurter.'3

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Notes and references

1. Boris Vian, cité par ARNAUD, N., Les via parallèles de Boris Vian (ChristianBourgois, 1981), p. 74.

2. Ibid. p. 63.3. Raymond Queneau, dans l'avant-propos de VIAN, B., L'arrache-aeur

(Pauvert/Le livre de poche, 1962), p. 6.4. PESTUREAU, G., Boris Vian: Les Amerlauds et les Godons (Union Générale

d'Editions, 1978), p. 414.5. VIAN, B., L'écume des jours (Union Générale d'Editions, 1980), avant-propos.

(Indiqué ci-après dans le texte par EJ.)6. MILLER, G., Les pousse-au-jouir du maréchal Pétain (Seuil, 1975),

p. 110.7. PÉTAIN, P., 'Politique sociale de l'avenir', Revue des Deux Mondes (15

septembre 1940), cité par MILLER, G., op. cit., p. 110.8. VIAN, B., Traité de civisme, présentation, notés et commentaires de Guy Laforêt

(Union Générale d'Editions, 1979), p. 137. (Indiqué ci-après dans le texte parTC.)

9. CÉLINE, L.-F., Voyage au bout de la nuit (Gallimard, 1952), p. 289.10. Ibid., p. 287.11. PÉTAIN, P., 'Appel du 11 juillet', dans Appels aux Français 1940 (Editions

d'histoire et d'art, 1941), p. 22.12. PÉTAIN, P., 'Politique sociale de l'avenir', Revue des Deux Mondes (15

septembre 1940), cité par MILLER, G., op. cit., p. 116.13. AMOUROUX, H., La Grande Histoire des Français sous l'Occupation, 2: Quarante

millions de pétainistes juin 1940-juin 1941 (Robert Laffont, 1977), p. 287.14. PÉTAIN, P., 'Extraits de la Revue des Deux Mondes (15 septembre 1940)',

Appels aux Français 1940, p. 54.15. KEDWARD, H.R., Occupied France. Collaboration and Resistance 1940-1944

(Oxford: Basil Blackwell, 1985), p. 25.16. PÉTAIN, P., 'Extraits de la Revue des Deux Mondes (15 septembre 1940)',

Appels aux Français 1940, p. 54.17. COUTROT, A., 'La politique familiale' dans Le Gouvernement de Vichy

1940-1942. Institutions et politiques (Fondation Nationale des Sciencespolitiques/Armand Colin, 1972), p. 262.

18. MILLER, G., op. cit., p. 110.19. Ibid p. 119.20. VIAN, B., 'Lettre ouverte à M. Paul Faber, conseiller municipal, 1955', Textes

et chansons. Textes choisis et mis en ordre et annotés par ARNAUD, N. (UnionGénérale d'Editions/Juillard, 1965), p. 174-5.

21. AMOUROUX, H., op. cit., p. 283.22. CHEVALIER, J., cité dans Le Temps (7 décembre 1940).23. AMOUROUX, H., op. cit., p. 306.24. VIAN, B., Textes et chansons, p. 6.25. AMOUROUX, H., op. cit., p. 217.

' 26. AZÉMA, J.-P., De Munich à la libération 1938-1944 (Seuil, 1979), p. 70.27. SARTRE, J.-P., Situations III(Gallimard, 1949), p. 22.28. Noël Arnaud, entretien avec l'auteur.29. VIAN, B., 'Le problème du colon', Textes et chansons, p. 68.30. ARNAUD, N., Les vies parallèles de Boris Vian (Christian Bourgois, 1981), p. 18.31. BEAUVARLET, G., Boris Vian (1920-1959), Portrait d'un bricoleur (Hachette,

1982), p. 104.32. Ibid., p. 9.

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