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ÊTRE CORRESPONDANT DE PRESSE pour la Presse Hebdomadaire Régionale Presse Hebdomadaire Régionale Edition 2009

êTRE CORRESPONDANT DE PRESSE - sphr.frsphr.fr/wp-content/uploads/2017/01/SPHR-CLP-guide20098b3... · 2018-03-06 · préambule 1 > La force vive de nos hebdos A près avoir édité,

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êTRE CORRESPONDANTDE PRESSEpour la Presse Hebdomadaire Régionale

PHRPresse Hebdomadaire Régionale

Edition 2009

préambule

1

> La force vive de nos hebdos

Après avoir édité, l’an dernier, un manuel sur les règles à respecter en matière de CLP (correspondants locaux de presse), le Syndicat de la Presse Hebdomadaire Régionale (SPHR) publie, à l’occasion du congrès de Castres 2009, un Guide du bon correspondant.

Sans prétention, ce Guide reprend les grands enseignements de la pro-fession en matière de travail de terrain et d’écriture… pour être lu : la loi de proximité, écrire clair, le message essentiel, les règles à respecter, les conseils à suivre, la déontologie…

C’est un outil utile à mettre entre les mains de tous les correspondants mais aussi entre celles de l’ensemble des journalistes localiers.

Si les correspondants locaux de presse (CLP) sont présumés être ni journa-listes, ni salariés par l’article 16 de la loi du 27 janvier 1993, leur rôle est indis-pensable à la vie (voire à la survie) des entreprises de presse de proximité que sont les hebdomadaires régionaux en France.

Les correspondants sont la force vive de nos rédactions, ce sont « les yeux et les oreilles des journaux ». Leur rôle est primordial, car ils alimentent les pages locales qui font l’intérêt de notre forme de presse. Mieux, ils font office de représentants permanents de nos hebdos dans les communes et les can-tons qu’ils sont amenés à couvrir.

Ne serait-ce que pour cela ils méritent bien des égards de notre part.

Loïk de GUEBriaNt

Président du SPHR

52 % sont des femmes.

78 % des correspondants

sont exclusifs.

22 correspondants en moyenne par hebdomadaire

dont 15% ont moins de 30 ans, mais 30% sont âgés de plus de 60 ans.

sommaire

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Le statut du correspondant local de presse P.4Un travailleur indépendant

trouver les sujets qui intéressent P.6Qu’appelle-t-on la « vie locale » ? P.6 De quoi parler ? P.7 Les 10 commandements du CLP P.8 La loi de proximité P.9 Trouver la source P.11

Les secrets de l’écriture journalistique P.13Ecrire clair P.13 Le message essentiel P.14 Le bon plan P.15 La rédaction des titres P.16 Les attaques et les chutes P.18

Les différents genres journalistiques P.20Le compte-rendu P.20 Le fait divers P.21 Les articles d’information stricte P.22 L’interview P.23 Quid du portrait ? P.24 L’image et sa légende P.25

pour une bonne pratique P.28Quelques règles à respecter P.28 La déontologie à suivre… P.29 Les conseils d’anciens correspondants P.32 Les conseils aux journalistes P.35

Vous êtes correspondant local de presse (CLP) pour un hebdo de la Presse Heb-domadaire Régionale (PHR). C’est important pour votre village, votre canton. C’est aussi très important pour votre journal car vous devenez « ses yeux » et « ses oreilles », mais aussi son représentant.

Le correspondant rapporte les nouvelles « ordinaires » ou « extraordinaires » que les lecteurs attendent. Il se passe toujours quelque chose dans le moindre petit village, dès l’instant où l’on sait se montrer curieux et attentif.

En fait, il faut se comporter comme un véritable badaud : « Passant, promeneur, dont la curiosité est facilement séduite par un spectacle improvisé, un événement plus ou moins important de la rue », selon la définition du Petit Larousse. La différence tient au fait que le correspondant peut/doit aller « à la pêche » aux informations afin de comprendre ce qu’il a vu et ensuite de l’expliquer à ses lecteurs.

Ce petit guide de conseils comporte un certain nombre de règles de base que tous ceux qui écrivent dans le journal (les correspondants comme les journa-listes) doivent respecter pour être compris par le plus grand nombre. Il faut, comme le ressassent toutes les écoles de journalisme, « écrire pour être lu ». Le style doit être simple et direct afin de convenir à toute la famille, à tous les niveaux socioculturels.

« Le journaliste, disait Albert Camus, est l’historien de l’instant. » Cette défini-tion s’applique parfaitement au correspondant local.

Le statut du correspondant LocaL de presse

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le statut> Un travailleur indépendantLe correspondant local de presse est présumé être ni journaliste, ni salarié selon l’article 16 de la loi du 27 janvier 1993. Encore faut-il veiller à ce que cette collaboration ne devienne pas « une occupation principale, régulière et rétri-buée » et donc que le CLP n’en « tire pas le principal de ses ressources ». Autre précaution pour que le statut de salarié ne soit pas imposé aux correspon-dants : aucune régularité dans les rémunérations.

La circulaire du 1er décembre 1993 précise les conditions d’exercice de l’acti-vité que doit respecter un correspondant local de presse :

1. Le CLP ne doit pas être titulaire d’un contrat de travail au titre de son activité ;

2. L’activité du CLP est exercée à titre accessoire par rapport à une autre acti-vité professionnelle ;

3. Le CLP est en principe rémunéré à l’acte ou selon un barème propre au journal ;

4. Le CLP ne peut en aucun cas percevoir une rémunération forfaitaire ;

5. Le CLP gère librement son activité, il ne peut lui être imposé d’horaire ;

6. Le CLP ne doit pas recevoir de directives de la rédaction du journal, à l’ex-ception d’échanges d’éléments d’information (agenda de manifestations locales, indication de la surface disponible) ou d’informations techniques non personnalisées (formulaire type de transmission des articles, limites impératives pour le bouclage du journal) ;

7. La contribution du CLP est nécessairement soumise à la vérification ou à la mise en forme préalable d’un journaliste professionnel avant publication ;

8. Le CLP est exclu de la formation professionnelle organisée par le journal mais il peut cependant recevoir des brochures qui lui donnent des conseils sur son activité et participer à des réunions d’information organisées par le journal ;

9. Le CLP peut signer ses articles. « La signature de l’article peut être admise, elle ne constitue pas un critère de la notion de service organisé (NDLR : cela veut dire organisation du travail et directives) », précise la circulaire.

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> Qu’appelle-t-on la « vie locale » ?La vie locale c’est la vie de tous les jours d’une ville, d’un village, d’un canton. Elle est peuplée de petits faits et des « gens d’ici » qui assurent le lien entre le passé, le présent et l’avenir. C’est donc avant tout une aventure humaine faite de choses parfois simples, parfois plus complexes, faite d’émotions, de joies et de tristesse mais toujours proches et riches de diversité.

Concrètement, la vie locale parle de l’état civil (le carnet des obsèques, les avis de naissances et de mariages), des faits divers (voir p.21), des fêtes, loisirs et cérémonies locales, de la vie sociale (à travers les entreprises, des créations aux mouvements sociaux), de la vie associative (riche à foison), de la vie quo-tidienne (des infos pratiques sur les services santé, sur les transports, les lo-gements…), de la vie municipale (des séances de conseils communautaires et conseils municipaux aux inaugurations et autres cérémonies) et, bien sûr, de l’histoire locale (véritable ferment de l’ancrage des populations).

Outre ces événements, la vie locale consiste aussi à parler des gens, de leurs histoires, de leurs rêves, de leurs malheurs ou de leurs réussites (à travers des récits ou des portraits). Elle doit être également le reflet des initiatives indivi-duelles ou collectives qui donnent du sens à la vie d’ici et d’aujourd’hui.

trouver Les sujets

qui intéressent

les sujets

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> De quoi parler ?Un bon correspondant doit avant tout être intégré dans la vie de son village, de son canton, de sa ville.

parler du pays• Soulevez auprès de la rédaction (rédacteur en chef/journalistes référents) les problèmes dont on parle dans la population : le clocher qui menace ruine, la pollution croissante de la rivière, la liaison par autocar avec la ville… Le cor-respondant est aussi un citoyen actif qui peut favoriser la prise de conscience et la solution d’un problème en éveillant l’attention.

• Rappelez un événement du passé à l’occasion d’un anniversaire : il y a vingt ans, il y a cinquante ans… Faites raconter l’événement par ceux qui l’ont vécu, fouillez les archives, publiez une photo inédite.

• Parlez d’une curiosité locale : une légende, une maison pittoresque, un ma-nuscrit conservé à la mairie, une statue curieuse à l’église…

parler des gens• Présentez une personnalité locale, sous un angle inhabituel : le curé a instal-lé une station météo dans son jardin, le capitaine de l’équipe de football collec-tionne les papillons… Faites-les parler de leur passe-temps ou de leur passion.

• Présentez un personnage du village. Partout, il y a des gens curieux et inté-ressants ; le passionné d’histoire locale, l’agriculteur qui réalise des expérien-ces agronomiques, l’ancien légionnaire qui raconte des histoires, le facteur qui a vécu en Amérique…

• Présentez une association locale : ses animateurs, ses membres, ses activi-tés, ses hauts faits, son histoire, ses projets.

• Présentez un groupe de jeunes qui a formé un orchestre, qui prépare un voyage en Inde… Allez-les voir, parlez avec chacun, parlez d’eux… et faites-les parler.

• Présentez une famille qui marque ou a marqué l’histoire du village : sa maison, ses souvenirs, ses traditions, ses ancêtres…

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Enfin, le correspondant ne doit pas hésiter à « parler à la rédaction »• Ayez le réflexe d’alerter la rédaction dès que vous êtes détenteur ou témoin d’une information importante (gros fait divers, démission d’un maire, mou-vement social…)

• N’oubliez pas de faire part de vos idées aux journalistes avant de vous met-tre au travail (notamment pour les papiers d’initiative). La rédaction vous conseillera et vous donnera le feu vert.

• Vous êtes “les yeux et les oreilles du journal”, en même temps que son re-présentant.

• N’hésitez pas à donner des « pistes » qui pourront être suivies par vous ou par les journalistes car certains sujets délicats ou importants méritent un ap-pui de la rédaction.

> Les 10 commandements du CLPLes règles d’une bonne chronique locale sont simples :

1. Être clair et rigoureux : écrire court et simplement, en ne retenant que l’essentiel et en répondant à la règle des 5 « W » : où ? qui ? quand ? quoi ? com-ment ? A laquelle, il faut ajouter le « pourquoi ? ».

2. Être proche des préoccupations des lecteurs : pour cela une seule mé-thode au moment de rédiger : se mettre dans « la peau » des « gens d’ici », ceux que l’on côtoie tous les jours.

3. Être positif : les habitants sont fiers de leur village, aussi même s’ils sont friands de faits divers, aiment-ils les belles histoires, les réalisations exem-plaires, les gens formidables.

4. privilégier les centres d’intérêts fédérateurs : rendre service au lecteur en l’informant des moindres faits qui peuvent avoir un impact sur sa vie quotidienne (transport, santé, emploi, éducation, commerce, loisirs…)

5. anticiper : ce qui va arriver est aussi important sinon plus que ce qui s’est passé. L’agenda et les papiers destinés à annoncer un événement sont des pistes à travailler.

les sujets

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6. Faire des choix : la hiérarchisation de l’information passe par une sélection des sujets à traiter en fonction de leur importance. En discuter au préalable avec votre journaliste référent.

7. Exploiter les marronniers : les sujets qui reviennent chaque année (ren-trée scolaire, Toussaint, Noël, carnaval, Pâques, vacances…) ne sont pas à bâcler ; au contraire, ils doivent être traités avec imagination, parfois avec humour, toujours avec un angle local.

8. prendre du recul avec l’institutionnel : donner plus de place aux anony-mes, ces « gens d’ici » dont on ne parle pas souvent, et ne pas se focaliser uniquement sur les « notables ».

9. demander conseil : ne jamais hésiter à demander l’avis à la rédaction sur la façon de traiter telle ou telle information. Discuter régulièrement avec les journalistes de leurs choix et de leurs attentes.

10. Ne pas être susceptible : acceptez que vos textes soient corrigés voire réécrits par la rédaction (c’est d’ailleurs la loi) ; mais si des corrections ne vous semblent pas appropriées demandez des explications et profitez-en pour améliorer vos prochaines contributions.

> La loi de proximitéDes milliers d’événements, qui constituent autant d’informations, se produi-sent chaque jour. Mais aucun lecteur ne peut suivre tous ces événements. Le premier travail consiste donc à les sélectionner. Ce qui est intéressant pour lui, qui le touche, qui peut lui être utile, est ce qui est le plus proche de lui. C’est ce qu’on nomme la loi de proximité, qui possède plusieurs composantes.

L’actualité. On est davantage réceptif à des faits, événements, situations, qui se produisent ou sont présentés dans le moment présent : le passé compte moins, de même que le futur, hormis le futur immédiat. L’ordre des priorités est le sui-vant : aujourd’hui et demain, puis hier, et enfin après-demain et avant-hier.

Les niveaux de lecture privilégiés (titre, chapeau, attaque…) doivent valoriser les informations sur le présent ou tournées vers le futur, les conséquences de

l’événement. Les titres doivent éviter le passé. Les articles doivent commencer par les conséquences ou le constat de la situation présente, et évoquer seule-ment ensuite les causes ou les origines. Autrement dit : préférer le plan chro-nologique inversé.

Les grands instincts. Tout ce qui concerne l’être humain dans ses dimen-sions fondamentales attire l’intérêt : l’instinct vital, l’amour, le plaisir, la mort, la haine, la violence… Le rédacteur doit s’efforcer de mettre en évidence dans son article les aspects les plus vivants, les plus humains de l’événement. Le concret doit toujours l’emporter sur l’abstrait, le précis sur le général. Les as-pects humains devront par conséquent apparaître dès la titraille. L’attaque devra être faite avec du vivant, plutôt que de l’institutionnel.

La géographie. On est enraciné dans une ville, une région ; on est « né quelque part ». Ce rattachement à une culture locale, à des origines, est puissant. Le lecteur s’intéresse donc à ce qui est géographiquement le plus proche de lui : sa ville, sa région, son pays… Plus l’information est éloignée, moins il se sent concerné, sauf s’il a des raisons de le faire : ses propres origines, des proches qui habitent dans cette autre région ou dans ce pays étranger, une résidence secondaire…

La combinaison des deux composantes « grands instincts » et « géographie » donne ce qu’on appelle la « loi du mort-kilomètre » : on minimise un événe-ment lointain même s’il est dramatique et on accorde une grande place à un événement proche, de même nature, même si les victimes sont peu nombreu-ses ; plus il y a de victimes et plus l’événement se produit près, plus les médias en parlent parce que le public est davantage concerné.

L’appartenance socioprofessionnelle ou socioculturelle. L’appartenance à une profession, à un groupe donné provoque une demande d’information sur ce groupe. Il y a un besoin d’identité et de rattachement. Mais aussi un besoin de service : on attend d’une presse professionnelle ou de rubriques spécialisées qu’elles apportent des renseignements utiles pour son métier, sa

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les sujetscarrière, sa vie.

Le désir de se rattacher à un groupe, allié aux goûts personnels notamment dans les loisirs, joue aussi pour tous les groupes socioculturels. Il s’agit en pre-mier lieu des religions et des partis politiques. Dans un ordre décroissant : le travail, l’éducation, la vie domestique, les loisirs, la vie associative, la politique, la vie syndicale, la religion…

La « loi de proximité » joue aussi avec tout ce qui est en rapport avec les pré-occupations de chaque jour. De la cuisine à l’automobile, en passant par les études des enfants, les vêtements en solde et… la télévision !

> Trouver la sourceC’est une lapalissade mais pour informer ses lecteurs un journaliste doit être lui-même informé. Et, souvent, dans la presse locale, le journaliste compte sur ses correspondants pour « faire remonter l’information ».

Mais comment doit procéder le correspondant pour bien jouer son rôle d’in-formateur ? Tout d’abord, il doit se faire connaître de tous les relais habituels : élus, pompiers, gendarmes ou policiers, services municipaux, responsables associatifs… C’est par eux qu’il sera convié aux assemblées générales et aux réunions riches en sujets de travail. Les séances de conseil municipal ou, maintenant, de conseil communautaire sont des mines d’informations et offrent souvent un éventail de sujets à traiter.

Toutefois, le correspondant ne doit pas négliger d’autres sources tout aussi efficaces comme les buralistes et autres cafetiers, les commerçants princi-palement les marchands de journaux. Le diffuseur de presse est un rouage important de la chaîne d’information : il sait ce que vos lecteurs recherchent, il entend leurs commentaires et peut donc vous signaler les récriminations et les oublis.

Les lecteurs rencontrés dans la rue, sur le marché ou au café peuvent être éga-lement des relais d’informations importants, à condition de bien valider les renseignements glanés ici ou là (attention aux « échos du café du commerce » ou autres « brèves de comptoir »).

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les sujets

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Après, le correspondant doit être attentif à toutes les affiches, à tous les pros-pectus, à tous les magazines privés ou publics qui circulent dans la commune ou le canton. Et il ne doit jamais hésiter à se présenter à une réunion ou à une manifestation où il n’a pas été invité.

Enfin le correspondant ne doit pas négliger à se faire bien connaître : des lec-teurs et des relais d’opinion, grâce à ses coordonnées mentionnées dans le journal, dans les mairies, les lieux associatifs, les boutiques…

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Les secrets de L’écriture journaListique

> écrire clairLa majorité des lecteurs de votre hebdomadaire n’a jamais fréquenté un éta-blissement d’enseignement supérieur. Ce qui implique que pour être lu, il faut d’abord être compris par le plus grand nombre. D’abord, il faut faire des phrases courtes : au maximum une douzaine de mots. Les études de lisibilité confirment que les phrases longues sont moins efficaces. Et juste corollaire : rédiger des articles pas trop longs (1 500 signes en moyenne, 3 000 signes maxi-mum pour des sujets développés).

Ensuite, il est indispensable d’utiliser un vocabulaire simple, connu et donc compris par tout le monde. Personne n’a une orthographe parfaite ; personne ne maîtrise tous les mots de la langue, alors employez un style simple et di-rect.

évitez les mots d’esprit ou les allusions au second degré qui ne seront per-ceptibles que par quelques initiés. Le syndrome Libération, voire L’Equipe et quelques journaux branchés, a donné naissance à trop de titres allusifs… peu compréhensibles.

Essayez de ne pas mélanger la narration des faits avec vos propres commen-taires, car cela nuit à la compréhension. Et cela risque de mettre en doute votre objectivité et ainsi porter le discrédit sur votre article.

Enfin, ne négligez aucune entrée, notamment les légendes des illustrations qui doivent être informatives et claires.

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> Le message essentielL’information principale se résume en six questions auxquelles vous devez absolument répondre sous peine de livrer à vos lecteurs une information in-complète.

Quoi ? C’est l’information essentielle : « Qui fait quoi ? » « Que va-t-il se pas-ser ? » (annonce de festivités) ou « Qu’est-il arrivé ? » (démission du président du comité des fêtes)…

Qui ? Les identités des personnes dont vous parlez doivent être complètes : nom, prénom, qualité ou fonction.

Comment ? Précisez votre information : « comment cela s’est-il passé ? » N’oubliez pas l’info-service. S’il s’agit d’un concert ou d’une fête locale : com-ment s’y rendre, où stationner, où réserver, quel est le programme ?

où ? Veillez toujours à être complet : dire qu’un événement a eu lieu à tel ou tel endroit ne suffit pas. Il vous faut fournir le maximum de précisions dans l’es-pace pour localiser l’événement. N’oubliez pas d’indiquer la salle et l’adresse du lieu où se déroule la manifestation, par exemple.

Quand ? C’est le jour et l’heure. Là encore, soyez très précis. Donnez toujours le jour de la semaine. Exemple : mardi dernier à 18 h 30 et non le 18 en soirée.

pourquoi ? Précisez les raisons qui sont à l’origine de la manifestation. Peut-être que la recette du loto des chasseurs sera reversée au club de foot du vil-lage. Dans ce cas, n’oubliez pas de le souligner.

Pour savoir comment accrocher le lecteur, le rédacteur doit s’empresser de réfléchir avant d’écrire. Il ne faut pas hésiter à lister les six questions et à y ré-pondre par écrit, surtout lorsque le sujet couvert est complexe. Les avantages de cette technique du dégagement préalable du message essentiel sont évi-dents :

• Le rédacteur dispose des éléments informatifs qui constitueront en grande partie titre, chapeau, attaque, chute, intertitre et légende.

• L’ordre même des informations, concrétisé par le plan, dépend largement de cette sélection. On développera en priorité les infos contenues dans le mes-sage essentiel.

l’écriture

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La règle à retenir : écrire son message essentiel avant de commencer son arti-cle, avant même d’élaborer son plan. L’écrire sous la forme la plus condensée possible, en une ou deux phrases. En l’écrivant, on le formule le plus justement possible, on le précise, on se l’ancre dans l’esprit avant de rédiger.

> Le bon planOn a déterminé un angle, sélectionné les informations, précisé son message essentiel, il faut, avant de rédiger son article, faire un plan. Lorsque le papier est confus, les idées enchevêtrées, le lecteur ne sait plus où il va et se décou-rage. Le propos doit être structuré pour être accessible. Le lecteur doit com-prendre d’emblée de quoi il s’agit.

trois règles spécifiques aux plans journalistiques1. oublier la dissertation. Le plan introduction, développement, conclusion

est à proscrire : l’article doit plonger tout de suite au cœur de l’information, avec le message essentiel. Il faut commencer par la conclusion. On revien-dra éventuellement ensuite sur le comment et le pourquoi.

2. Chaque partie est un tout. Il n’y a rien de plus irritant pour le lecteur que de trouver à la quinzième ligne un complément d’information qui se ratta-che à celle énoncée à la troisième. On peut presque dire qu’il ne faut déve-lopper qu’une idée par paragraphe.

3. de bons enchaînements. Il faut tenir le lecteur en éveil et le guider à toutes les étapes de la lecture. Il faut éviter de « sauter du coq à l’âne », soigner ses enchaînements et rendre le plus fluide possible les passages entre les diffé-rentes parties. Cela permet aussi d’éviter les questions hors sujet.

Les différentes constructionsLe plan en pyramide inversée. La première étape consiste à regrouper les in-formations de même nature. Ensuite, il faut les hiérarchiser. Le plus simple est de les présenter dans l’ordre décroissant d’intérêt. On enchaîne les informa-tions à partir du message essentiel que l’on place dans le premier paragraphe.

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Les suivants développent les compléments d’information.

Les plans chronologiques. L’enchaînement chronologique est naturel, mais il renvoie loin ce qui est récent. Il ne fait apparaître aucune hiérarchie. Simple, ce plan joue contre la loi de proximité. On peut choisir alors de partir du futur, pour remonter le temps, on parle de plan chronologique inversé. Mais c’est compliqué à lire.

Le plan analytique. Il s’inspire du plan de l’exposé historique. On commence par les faits ou la situation ; ensuite on poursuit soit par les causes ou les consé-quences. Simple et logique, ce plan permet de faire le tour d’une question sans embrouiller le lecteur. Mais la hiérarchie de l’information et les enchaîne-ments sont compliqués à trouver.

Le plan démonstratif. Il convient bien pour un article d’analyse, une enquête, un commentaire. Il s’agit d’énoncer le message essentiel, puis d’étayer la dé-monstration par une succession d’arguments appuyés sur des faits.

Il est essentiel de faire un plan et de l’écrire. Le correspondant doit puiser des éléments dans chacune des catégories de plans pour construire une organisa-tion sur-mesure de l’article.

> La rédaction des titresLe titre est la phrase la plus importante de l’article. C’est l’élément majeur du premier niveau de lecture. Il décide du sort de l’article. Donc, à ne pas rater ! Six fonctions principales : accrocher le regard au feuilletage ; fournir l’essentiel de l’information en un coup d’œil ; favoriser les choix ; donner envie de lire ; struc-turer la page ; hiérarchiser les informations.

La titraille recouvre plusieurs niveaux :

Le surtitre. Il a le plus souvent pour rôle de situer l’action. Il en précise le moment et le lieu ou donne le domaine d’information. Il est parfois réduit à un seul mot-repère.

Le titre. Il est plus gros que les autres éléments. Les mots-clés doivent s’y trouver.

l’écriture

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Le sous-titre. C’est un complément d’information au titre (comment, pourquoi).

Le sommaire. L’énumération des aspects importants traités dans l’article ou le dossier.

Un bon titre doit être clair et compréhensible (employez un vo-cabulaire simple, concret, pas de sigle), court, nerveux, direct (chassez les compléments, les redondances, allez à l’essentiel, utilisez des mots forts, des mots-repères, proscrivez adverbes et adjectifs, forme active, affirmation) ; précis, fidèle (ne pas sur-vendre le papier). Sachez qu’un titre est avare de ponctuation, excepté les deux points ; qu’il ne pose pas de question (puisque l’article doit apporter des réponses au lecteur).

Le titre informatif. Il répond en partie aux questions de réfé-rence (essentiellement qui, quoi). Il élimine les redondances, les mots inutiles, les compléments d’information. Il y a deux options : sujet-verbe-complément ou construction sans verbe. Les deux formes ont leur avantage. La première indique l’action. Elle a de la vigueur. La seconde est ramassée. Elle insiste sur le mot-clé.

Le titre incitatif. Il ne donne pas l’information principale du papier, mais son sens général en étant accrocheur pour inciter à la lecture. Une fois le message essentiel déterminé, on recher-che une évocation, une formule lapidaire. Les possibilités sont innombrables : le choc des mots, le mot évocateur, une formule attisant la curiosité, une invraisemblance, une bizarrerie, une tournure personnalisée, des jeux de mots, des titres d’œuvres détournés, des formules, dictons, allitérations…

Quand faut-il écrire son titre : avant ou après la rédaction de l’article ? Il arrive qu’on ait trouvé un bon titre avant même d’écrire son article, mais, le plus sou-vent, c’est après que se fait la recherche du bon titre.

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> Les attaques et les chutesL’attaque n’est pas une introduction, un long paragraphe dans lequel on situe l’action, les protagonistes, la problématique… C’est tout le contraire : elle doit attraper le lecteur ! Elle est l’un des ingrédients les plus difficiles à rédiger dans un article. Percutante, ramassée, rythmée, l’attaque est une phrase courte impérativement. Ses mots vont droit au but. Elle doit plonger le lecteur im-médiatement dans le sujet même si le rédacteur prend le parti de l’anecdote. Elle est indépendante de la titraille et du chapeau et se rédige librement. C’est un artifice d’écriture propre à capter l’attention du lecteur et à faire naître son intérêt. Elle est le fruit de l’imagination créative de chacun.

Voici quelques manières de faire parmi les plus courantes :

Une photographie. Situer l’action par une description. Le lec-teur doit « voir ».

Une citation. Bien adaptée lorsqu’une ou plusieurs personnes sont mises en scène.

Une histoire. Une anecdote, à condition qu’elle soit significa-tive. Le lecteur en raffole.

Une formule connue du public (idées reçues). Choisie pour son rapport avec le sujet.

Un détournement de formule. Un mot changé et une phrase célèbre s’adapte.

Une image. Elle va être le symbole du papier.

Une sentence. Le rédacteur crée la sienne ou l’emprunte à la sagesse populaire.

Un paradoxe. Attaquer le sujet par où on ne l’attend pas.

Une bizarrerie. Piquer la curiosité par une image, un fait anor-mal ou peu banal.

Une affirmation. Elle doit être significative ou inattendue.

Une interrogation. Ne pas en abuser et donner la réponse tout de suite.

l’écriture

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Une analogie. Faire appel à l’imaginaire ou à la mémoire du lecteur.

Une ironie, une accumulation, une phrase insolite, un jeu de mots…

Les attaques doivent être variées. Le correspondant doit se re-nouveler.

Comment laisser une bonne impression au lecteur ? La chute n’est pas :

• Un fourre-tout où l’on survole à la hâte ce que l’on n’a pas traité.

• Une morale : le rédacteur ne doit pas ajouter in fine son grain de sel à son article.

• Une conclusion de dissertation qui résume le développement et tente une synthèse.

• Un au-revoir : proscrire « la suite au prochain numéro… ». Un article est un tout.

Les ressorts sont les mêmes que ceux de l’attaque. Nerveuse, rythmée, la chute est faite de phrases courtes, imagées, origi-nales. Elle produit l’impression finale. Elle est souvent précédée de deux ou trois phrases, de plus en plus courtes, qui préparent « la chute de la chute ». Un ou deux mots seulement parfois. Un bon truc : une dernière phrase reprenant les mots du titre ou au moins une partie d’entre eux.

> Le compte-renduLe compte-rendu est l’essence même du travail du correspondant local de presse. Qu’il soit bref, résumé à une photo-légende, ou qu’il soit développé, type réunion d’un conseil municipal, le compte-rendu, ce « rapport fait sur un événement, une situation » (selon Le Petit Larousse) doit fournir au lecteur l’essentiel des informations susceptibles de l’intéresser.

Ces « nouvelles d’hier » peuvent être soit ordinaires, soit plus extraordinai-res, comme les faits divers et tous ces événements inattendus, imprévisibles et surprenants du type catastrophes naturelles. L’ordinaire, donc, consiste à rendre compte le plus fidèlement possible de la vie d’un quartier, d’un village, d’un canton.

Cela va des comptes-rendus d’assemblées diverses, de manifestations spor-tives, de fêtes et autres cérémonies. Mais, de plus en plus, les hebdos préfè-rent miser sur une pré-information qui évite de longs exposés au moment du compte-rendu. Ce n’est pas toujours simple car les élus, comme les responsa-bles associatifs se montrent réticents à dévoiler à l’avance ce qui fera souvent l’essentiel du contenu de leur discours lors de l’inauguration ou lors de l’as-semblée. C’est là où le jeu des relations personnelles s’avère le plus efficace…

Pour en revenir au compte-rendu, la taille du texte dépend largement de l’inté-rêt du sujet, mais aussi parfois de la place offerte dans le journal. Cela va de la brève de quelques lignes à l’article bien construit de 3 000 signes…

Les différents genres journaListiques

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Bien souvent le cap est franchi par l’originalité de l’info. La démission d’un président de commerçants en butte à une municipalité ; le vote négatif d’un budget communal par une majorité d’élus ; l’opposition de riverains à l’im-plantation d’une déviation ou d’une décharge… sont autant de sujets à papiers développés.

De même les faits divers sont à développer, qu’il s’agisse d’accidents, d’incen-dies, de vols ou de cambriolages, de bagarres, de meurtres ou de catastrophes. Les lecteurs sont friands de ce genre de nouvelles qui sont, qu’on le veuille ou non, de véritables informations.

> Le fait diversLe fait divers est, par définition, varié. Ce mot recouvre le plus souvent un évé-nement qui ne s’est pas déroulé comme prévu : un train qui déraille, un ar-bre qui s’abat sur la chaussée, deux voitures qui entrent en collision, un cours d’eau qui déborde… Il n’existe pas de grands et de petits faits divers, mais cer-tains peuvent avoir un retentissement plus ou moins important.

Les sources d’information les plus courantes demeurent les sapeurs-pompiers, voire le Samu, puis la gendarmerie, la police nationale ou municipale, les mai-ries… et les cafés ! Le correspondant qui veut améliorer le circuit de l’info en la matière ne doit pas hésiter à « payer de sa personne », en rendant fréquemment visite aux pompiers, aux gendarmes et aux policiers. Il doit faire véritablement partie de la famille, en relatant les départs et les arrivées dans les brigades et les commissariats, en assistant aux fêtes et aux remises de médailles.

Car c’est une évidence : les faits divers contribuent à renforcer l’image de nos hebdomadaires régionaux ou locaux. Encore ne faut-il pas qu’un traitement à outrance ne fasse peser un risque sur la proximité et, au-delà, au lien social que nos hebdos essaient de nouer et de renforcer sur leur territoire. Le fait di-vers, écrivait en substance un éditeur breton, fonctionne un peu comme « un fantasme », il fait appel « aux peurs et à l’irraisonné ». Il va dans « le sens de l’anonymat et du renfermement ». Le fait divers est « le lien rompu ».

En fait, c’est bien l’exploitation (« la mise en scène ») qui est faite du fait divers qui pose problème, plus que son traitement proprement dit. Et souvent cette mise en avant n’est pas du ressort du correspondant.

les genres

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Car l’objectif pour les hebdos reste le même, qu’il s’agisse de faits divers ou d’autres sujets : « Informer pour aider les gens à vivre au sein de nos pays (ren-dre service) ; participer au fonctionnement de la démocratie, honnêtement, sans nuire, ni détruire, sans choquer, sans dénoncer : dans le respect de la personne humaine. »

C’est une démarche essentielle que tout bon correspondant se doit de faire sienne.

> Les articles d’information stricteLa brèveC’est le genre le plus court et certainement le plus lu. Facile à lire, elle permet de prendre rapidement connaissance d’un fait. 44 mots, près de 300 signes : c’est la norme. Elle comporte un seul paragraphe et peut être lue d’un trait. Une phrase ou deux peuvent suffire. Elle peut ne pas être titrée. Les premiers mots du texte sont des mots clés (domaine, information), parfois imprimés en gras. Ils jouent souvent le rôle de titre. La première ligne commence souvent par un signe graphique appelé « puce ».

Comment rédiger une brève ? Il faut sélectionner les informations pour ne retenir que l’essentiel et condenser au maximum en utilisant vocabulaire et syntaxe simples et précis. La première phrase est souvent conçue en sujet-ver-be-complément (qui et quoi).

Le filetIl ressemble à la brève, en plus long. Il permet de développer un peu l’informa-tion, de fournir des explications supplémentaires (comment, pourquoi). On peut rappeler des faits antérieurs, donner des éléments biographiques, citer des propos. Il ne donne cependant toujours qu’une seule information. Il dé-passe rarement les 1 200 signes. Il peut comporter plusieurs paragraphes : le premier étant la brève. Le filet a un titre informatif, mais pas de chapeau. S’il est long, il peut être intertitré. Son plan est celui de la pyramide inversée.

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les genres > L’interviewC’est une démarche d’un correspondant qui interroge une personne sur un sujet donné, à un moment donné, pour obtenir des informations, des expli-cations ou des opinions qui sont suffisamment intéressantes ou éclairantes pour être publiées.

trois types d’interviewsL’interview questions-réponses. Forme la plus fréquente, facile à lire. Privi-légier le « 3 questions à… »

L’interview par citations. L’article est construit comme une synthèse ou un compte-rendu ; l’essentiel du texte est consacré à des citations. L’intérêt est de pouvoir introduire des éléments vivants de description du personnage, du décor. Il est également possible de donner des éléments du contexte, des ex-plications.

L’interview monologue. Une question ou pas de question du tout et une lon-gue citation de l’interviewé. Rare et peu intéressant. Il s’agit d’une sorte de déclaration. Il faut impérativement couper par des intertitres et soigner les enchaînements.

Quelques idées pour la rédaction d’une interview questions-réponses.

trier les questions. En relisant ses notes, il faut éliminer ce qui est faible, secondaire. Surligner les questions les plus intéressantes, les points forts, les formules-choc.

Message essentiel et plan. Déterminer l’angle, le message essentiel de l’in-terviewé qui se retrouvera en titre et construire le plan, c’est-à-dire l’ordre des questions et des réponses. Il ne correspond pas nécessairement au déroule-ment de l’entretien. Il faut rebâtir pour donner de la cohérence, de la logique à l’article.

passer du langage parlé à l’écriture. L’essentiel du travail rédactionnel est là. Il faut éliminer les incorrections, les hésitations, tout en préservant les expressions et le vocabulaire utilisés par l’interlocuteur. Il faut alors parfois reformuler les questions et les réponses pour les simplifier, les raccourcir.

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Utiliser les gras, les italiques, etc. pour distinguer visuellement questions et réponses.

attaque et chute. La première question est l’attaque. Il faut donc entrer dans le vif du sujet. La dernière réponse, la chute, doit ramener au message essentiel ou ouvrir l’angle.

Longueur. Elle est variable. La formule « Trois questions à » est intéressante, surtout pour évoquer des questions d’actualité.

Chapeau et encadrés. Le chapeau présente l’interlocuteur et le sujet traité. En encadré, une fiche d’identité permet de mieux présenter l’interviewé. Une réponse hors sujet ou des informations complémentaires peuvent faire l’objet d’un encadré.

Le titre « Entretien avec… » n’est pas un titre. Utiliser le message essentiel. La facilité, c’est d’extraire une citation percutante qui résume bien le propos central.

autres éléments d’habillage. Si l’interview est longue, il faut la séquencer avec des sous-titres, des accroches, des photographies légendées par des ci-tations.

> Quid du portrait ?Le portrait est un « genre journalistique » très apprécié par les lecteurs. « Ar-ticle dessinant la personnalité de quelqu’un (connu ou non) à travers ses ca-ractéristiques : biographie, activités, déclarations, manière d’être, apparence physique… », selon Le Guide de l’écriture journalistique. Mais c’est un exercice difficile car il mêle plusieurs genres à la fois comme l’interview et le récit. Il consiste à rencontrer une personne, à la faire parler autour d’un thème (donc à l’interviewer), puis à rédiger un article qui mêlera :

• des données factuelles sur sa vie, son parcours…

• des éléments explicatifs autour de l’angle choisi (l’angle, c’est-à-dire le point de vue que l’on choisit pour traiter un sujet donné, peut généralement se for-muler sous forme de question) ;

• des propos de la personne interviewée ;

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les genres • des détails visuels ou des traits de caractère, de personnalité, etc. qui se se-ront révélés au cours de l’interview.

Le mode de traitement du portrait met en valeur le parcours d’une person-ne avec sa subjectivité, ses choix, ses motivations… Il faut donc que l’article contienne des éléments personnels et humains faisant comprendre au lecteur la particularité de son histoire. L’article peut intercaler des phrases écrites par le journaliste à partir des propos de la personne interviewée et des citations mises entre guillemets.

> L’image et sa légendeLoin d’être le parent pauvre des informations locales, la photo est aussi impor-tante que le texte. Selon une étude de l’IFRA (l’organisation mondiale de re-cherche et de services pour l’industrie de la presse), 85 % des lecteurs de presse écrite entrent dans une page par l’intermédiaire d’une image (photo, dessin, infographie). Par ailleurs, la présence d’une illustration augmente de 40 % les chances de voir l’article en question lu !

La photo est importante, surtout dans nos hebdos, où joue à plein « l’effet mi-roir » (les lecteurs achètent le journal pour se voir dedans ou retrouver leur univers de référence). C’est le premier niveau de lecture. La photo attire le re-gard et peut inciter à lire l’article. D’autant que l’image est plus facile d’accès que le texte, son approche est plus immédiate. Pas besoin de savoir lire pour comprendre, ni d’avoir un niveau d’instruction élevé.

L’image véhicule de l’information. La photographie choisie doit être signifi-cative ; elle doit apporter un surcroît d’information, montrer ce que l’article ne peut pas décrire. L’image peut authentifier une enquête, renforcer la cré-dibilité de l’article. Enfin, une bonne photo-légende peut avantageusement remplacer un article court.

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Les six caractéristiques d’une bonne image1. Le caractère vivant du cliché. De l’humain, de l’animal et si possible en

action, en mouvement. Des plans serrés, des expressions de visage, des gestes.

2. L’adaptation au style du journal.

3. La richesse informative. Celle qui apporte un plus à l’article est préférable à celle qui se contente de l’illustrer.

4. La qualité esthétique.

5. La qualité technique. La photo doit être nette, bien cadrée, contrastée. La technique permet de rattraper certaines erreurs, mais pas tout. Attention à la basse définition avec le numérique.

6. L’exclusivité. Elle doit être recherchée même pour les sujets les plus ordi-naires.

Ne pas oublier la légendeLa légende est un court texte qui accompagne l’image, l’explique, la commente ou la complète. Une règle : toute photographie doit être légendée. L’exception est admise lorsque le titre ou le sous-titre qui coiffe l’article et la photo peut faire office de légende.

Il faut absolument éviter le pléonasme image-texte ou le contresens. Il faut rendre l’image significative, empêcher que le lecteur ne se pose des questions auxquelles on ne répond pas.

Enfin, ne pas oublier que la légende est un élément de lecture rapide et de choix. Elle relève du deuxième niveau de lecture. C’est une façon d’entrer dans le sujet.

La légende peut être :

• une réponse aux questions que l’on se pose par rapport à l’ima-ge : qui ? quand ? où ?

• une précision : une information supplémentaire qui n’est pas forcément dans l’article.

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les genres • un résumé : le message essentiel notamment.

• une explication : la légende donne un sens à une photo ambi-guë ou polyvalente.

• une citation lorsque c’est une photo de personne.

• une incitation, une suggestion : elle intrigue le lecteur, elle sus-cite sa curiosité.

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> Quelques règles à respecterà travers ses articles, le correspondant permet aux lecteurs de se forger une opinion. Aussi, s’il doit donner un maximum d’éléments de compréhension, le correspondant ne doit pas prendre parti sur tel ou tel sujet.

pesez vos mots et mesurez vos éloges. Evitez les termes dépréciatifs com-me l’excès de compliments. Il faut savoir utiliser à bon escient le compliment ; l’éloge systématique n’a aucune valeur. Abstenez-vous des adjectifs laudatifs comme « dynamique », « dévoué », « méritant » pour qualifier un élu ou un président d’association. De même pour vos titres, évitez les récurrents : « une bonne réunion », « une belle cérémonie », « une fête réussie »… Trop de com-pliments tuent le compliment et, surtout, tendent à vous décrédibiliser pour peu que les lecteurs connaissent la personne encensée ou aient assisté à la manifestation louée.

De même, la critique systématique est à bannir : les lecteurs n’ont que faire des contempteurs comme des admirateurs !

N’oubliez pas non plus qu’à travers vos mots vous engagez aussi la respon-sabilité de votre journal : donc évitez de laisser percevoir vos sentiments ou ressentiments. Si vous tenez autant à exprimer votre point de vue, il faut le faire par l’intermédiaire d’un hors-texte… dont la rédaction estimera l’oppor-tunité de publication.

Ne faites pas la morale. Trop souvent, le contexte local amène les correspon-

pour une bonne pratique

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dants (comme les journalistes d’ailleurs), à porter des jugements moraux ou moralisateurs. Là aussi, des informations, des faits mais pas de conclusions en forme de sermon !

Ni merci, ni bravo. Ne reproduisez pas docilement les phrases qu’on vous souffle ou celles qui figurent en bonne place sur les communiqués.

Bannissez le « JE « ou le « NoUs ». Il faut rester neutre et donc ne pas hési-ter à reformuler les textes fournis par des tiers (notamment associatifs) où le « nous » peut prêter à confusion avec le journal.

Les sigles. Ils doivent être explicites et pour cela il faut les traduire entre pa-renthèses dès la première utilisation dans le texte. Exemples : CCAS (centre communal d’action sociale) ou PLU (plan local d’urbanisme). Un sigle qui se prononce s’écrit avec une majuscule à la première lettre mais sans points en-tre les lettres (Onu, Assédic). S’il ne se prononce pas, il faut écrire en majuscu-les (SNCF, ESJ, CFJ, SPHR).

> La déontologie à suivre…Le correspondant local comme le journaliste se doit de respecter les valeurs humanistes véhiculées par la Presse Hebdomadaire Régionale. La charte déontologique de la PHR résume bien les principes à appliquer pour remplir correctement sa mission :

publier une information de qualité. Honnête et respectueuse de la vérité ; collectée sans recours à des procédés déloyaux, fondée sur des faits véri-fiés ; présentée de bonne foi ; impartiale, c’est-à-dire présentant les différents aspects d’une situation.

défendre la liberté de l’information. En veillant à son indépendance à l’égard de tous les pouvoirs ; en exerçant son esprit critique, qui impose de douter méthodiquement de tout ; en distinguant clairement des messages de communication ou de publicité.

respecter les personnes. En respectant la dignité de la personne humaine ; en faisant preuve de compassion pour les personnes frappées par le malheur ; en respectant l’intimité de la vie privée ; en publiant toute demande légitime de droit de réponse, en reconnaissant et en rectifiant ses erreurs.

la pratique

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promouvoir la liberté d’expression. En prenant en considération les obser-vations de ses lecteurs ; en s’interdisant de tout discours d’incitation à la haine ou à la discrimination ; en favorisant le débat d’idées dans tous les domaines.

renforcer les valeurs qui fondent la démocratie. En poursuivant, dans la publication de l’information, un but légitime au regard du droit du lecteur d’être informé ; en ne négligeant a priori aucune information de proximité dans tous les domaines de la vie sociale ; en ayant le souci d’éclairer, par l’in-formation et le commentaire, le jugement du citoyen sur tous les aspects de l’actualité politique et générale ; en faisant preuve d’équité, pour considérer tous les citoyens égaux devant la presse comme ils le sont devant la loi.

des manquements avérés Dans l’ensemble, les correspondants locaux et les journalistes adhérent aux principes de cette charte. Mais dans la pratique, il leur arrive de prendre quel-que liberté avec quelques-uns de ces cinq engagements. Par facilité ? Par man-que de temps ou de moyens ? Toujours est-il que le constat peut être fait de quelques manquements à :

L’impartialité. En oubliant le contrepoint nécessaire à telle déclaration, telle présentation (qu’il s’agisse, par exemple, d’une alerte syndicale non équilibrée par le point de vue de la direction ; ou d’une attaque contre un maire ou une collectivité non contrebalancée par le point de vue du maire ou du président) ;

La distinction entre information ou communication. En publiant comme un article rédactionnel le communiqué de presse, voire l’interview, d’un hom-me politique ou d’un chef d’entreprise ;

La reconnaissance de ses erreurs. En oubliant de rectifier une information partiellement erronée ou en prenant pour agression toute demande légitime de droit de réponse ;

La liberté d’expression. En ne publiant pas les lettres de lecteurs ou des res-ponsables associatifs dont on ne partage pas les idées ;

L’équité. En favorisant l’expression d’associations amies, voire à survaloriser leurs actions…

la pratique

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Bien souvent, ces manquements avérés ne sont pas prémédités, mais ils peu-vent jeter le discrédit sur un correspondant ou son journal et, à terme, rendre son travail de plus en plus difficile…

Surtout ils montrent que le sens critique des correspondants est parfois pris à défaut par manque de rigueur. Et cela peut s’avérer grave notamment lors-que l’on viole la présomption d’innocence : le plus souvent dans les affaires de mœurs. Or, la présomption d’innocence doit être un automatisme.

La dérive vers la diffamationOn en arrive vite à la diffamation.

Et vous devez savoir qu’en cas de diffamation, la sortie de secours tient en grande partie à : la bonne foi, la légitimité du but poursuivi.

Cela signifie que les juges tiendront compte de :

• La mesure que vous aurez apportée dans l’écriture du fait di-vers en question (attention au vocabulaire) ;

• L’absence d’animosité personnelle ;

• Et bien évidemment, le sérieux de votre enquête (avec le recou-pement des sources et le respect du contradictoire).

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Les conseils d’anciens correspondants

Les étudiants de la filière PHR de l’Ecole supérieure de journa-lisme de Lille, anciens correspondants pour la plupart, vous donnent quelques conseils qui peuvent résumer à eux seuls le contenu de ce guide.

> organisez-vous• Pensez à donner vos disponibilités et vos sujets à la rédaction

• Respectez bien les jours et horaires de bouclage

• Restez à l’affût des sujets, bien faire remonter vos infos

• Ne pas hésiter à proposer des sujets d’articles

• Appelez la rédaction en cas de problème ou de doute

• Rendre sa note de frais et d’honoraires en temps et en heure

> apportez du soin à votre écriture• Allez à l’essentiel

• Faites des phrases courtes, simples (où, quand, comment, qui, pourquoi ?)

• Nommez les personnes rencontrées par leur prénom, leur nom, leur statut (attention aux susceptibilités !)

• Pensez à bien vérifier l’orthographe des noms

• Soignez la ponctuation, l’orthographe et la grammaire

• Respectez l’utilisation des majuscules

• Faites plusieurs propositions de titres

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la pratique • Ne pas oublier de légender les photos

• évitez les énumérations intempestives (liste de personnalités, de résultats, de remerciements…)

• élucidez tous les sigles employés

• Ne vous perdez pas dans des détails…

> pensez à• Introduire des extraits marquants d’un discours, des réac-tions, des slogans

• Aux infos pratiques : rappel des jours et horaires des manifes-tations, numéros de téléphone, contacts, prix des entrées…

• Introduire des éléments d’ambiance : bruit, odeurs, hu-meur…

• à rencontrer, interroger et accorder la parole tant aux organi-sateurs/responsables qu’aux usagers/public

• Obtenir des infos précises (chiffres par exemple)

• Ne porter aucun jugement (en bien comme en mal)

• Rester proche du sujet, de ce qui a été vu et entendu

• Ne pas réutiliser les mêmes papiers en changeant le texte de l’annonce en compte-rendu !

> à proscrire• Les adverbes inutiles (en fait, cependant, en effet)

• « Les personnes présentes » = l’auditoire, le public, les joueurs…

• Les subordonnées de subordonnées : « la manifestation qui s’est déroulée tel jour qui était organisée par le président X… et qui a attiré tant de personnes »

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• Les naïvetés, l’enthousiasme, les superlatifs et la « brosse à reluire » : « réussite, succès, ambiance chaleureuse, convivial, sympathique, traditionnel, magnifique, ô combien, bon enfant, chères têtes blondes, le verre de l’amitié… »

• La publicité gratuite : se conformer aux règles en vigueur dans le journal concernant le traitement (ou non) des animations commerciales, des initiatives à but commercial…

> Les photos• Prenez plusieurs photographies différentes, même si une seule doit paraître

• Soyez original : évitez les rangs d’oignons, préférez une photo dans l’action, utilisez les gros plans

• évitez les chaises vides, faites des plans serrés

• Attention aux photos d’enfants : prenez soin d’obtenir l’accord (écrit, si possible) des parents ou des responsables

• Pensez à alimenter les archives photos du journal.

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la pratique

Les conseils aux journalistes

Le journaliste doit accompagner le correspondant de presse dans l’exercice de ses fonctions. Il peut l’aider à être plus effi-cace sur le terrain. Il peut être utile en effet de donner un cer-tain nombre de conseils au nouveau correspondant pour l’aider à créer un réseau, à découvrir toutes les sources d’information dont il peut disposer dans son secteur.

Chaque correspondant peut ensuite décider d’une méthode ou d’une autre pour se faire connaître : certains décideront d’adresser un courrier aux différentes institutions, d’autres en-verront des mails, d’autres enfin choisiront d’aller se présenter à différentes personnalités, voire d’utiliser chaque opportunité pour créer du lien avec ses interlocuteurs.

N’hésitez pas à dialoguer avec tout nouveau correspondant sur ce qu’il vit sur le terrain, la façon dont il se sent accueilli, ses éventuelles difficultés à obtenir des informations, à être tenu au courant de telle ou telle activité, etc.

> L’écritureC’est au rédacteur qu’il incombe de faire comprendre au cor-respondant ce que le journal attend de lui. Il est essentiel de lui donner un certain nombre de repères d’écriture, d’informations basiques pour que très vite le correspondant propose une copie écrite selon les règles journalistiques fondamentales.

à tout moment il peut être intéressant d’échanger sur des notions comme l’angle, le message essentiel, l’attaque, le plan, etc. Il est utile également de parler aux correspondants de la variété des genres journalistiques. En effet, ils proposent souvent unique-ment des articles informatifs, des avant-papiers ou des comptes rendus sans saveur. De petits portraits courts sont à la portée de nombre d’entre eux, de même que des interviews courtes.

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Le rédacteur doit aussi entretenir le dialogue avec le correspon-dant à propos de la réécriture qui est effectuée sur ses papiers. Il ne doit pas rewriter complètement un article ou décider de ne pas le publier sans en parler à l’auteur. Si la production écrite ne satisfait pas les attentes de la rédaction, il convient de faire le point avec le correspondant. C’est l’occasion, à partir de cas concrets, d’expliquer que le message doit être plus clair, que l’article doit contenir un « quoi de neuf », que les informations doivent être précises et complètes, que les phrases doivent être courtes et rythmées, etc.

> La photoEn ce qui concerne les photos, le journaliste doit aussi « former » le correspondant. Surtout si cette personne n’a jamais fait de photographie. Un papier pourra toujours être réécrit et com-plété ; une photo ratée ne pourra pas être remplacée. Il convient donc très vite dès le début de la collaboration de donner au col-laborateur les rudiments de la photographie de presse.

Le rédacteur doit s’assurer que le correspondant maîtrise bien les aspects techniques de la prise de vue, puis il doit lui expliquer quel type de photographies le journal publie, quelles sont les ca-ractéristiques d’une photo informative. Il est clair que si un cor-respondant fournit de mauvaises photos et qu’il ne s’améliore pas, il sera très difficile de le conserver dans l’équipe.

la pratique

Guide réalisé par Jacques Mione et Fabienne Gérault

Avec l’aide de plusieurs manuels de presse régionale dont celui de La Voix de l’Ain et du groupe Publihebdos, sans oublier la référence : Le Guide du correspondant local du CFPJ

PHRPresse Hebdomadaire Régionale

72, rue d’Hauteville - 75010 Pariswww.sphr.fr

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