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Tremolo Magazine · 2019. 1. 16. · passion pour l'art lyrique. Le mythe d'Orphée, qui a particulièrement inspiré la musique, et notamment l'opéra, fait l'objet du dossier. La

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  • Trémolo Magazine . numéro zéro . janvier 201 9

    TrémoloMagazine

    Dossier

    Orphée, le

    mythe musicien

    Création

    The European Music Show

    Interview

    Angélique Boudevil le

    numéro zéro . janvier 201 9

    Instrument

    Le chalumeau

    Métier

    Luthier

  • Trémolo Magazine . numéro zéro . janvier 201 9

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    RemerciementsSi Trémolo Magazine a pu débuter, c'est grâce au crowdfunding et àtous ceux qui ont permis d'atteindre l'objectif de 4 000 €. Qu'ils sachentque ma reconnaissance est incommensurable.

    Merci donc à :

    Sylvie Ainardi . Raphaël Baldos . JeanEmmanuel Bertheau . MariannickBondMadiot . Justine Briggen . Agnès Brosset . Petrus Coopmans .Patricia Cordon . Eléonore Darmon . Catherine Dupont . JeanPierreDuval . Angela Gilles . Maxime Greux et Camille Giraud . MichèleGuillard . Elise Haas . Didier Helleux . Sophie Hervé . Isabelle Huron .Alice Khayati . Juliette LacrampeZara . Cécile Le Bihan . CatherineBouché . Muriel Le Bozec . Claire Le Clève . Laurence Le Goffic . AnneFrançoise Le Net . Gwenola LegallPetit . Thyerri Léglise . ChristopheLevraud . Nathalie Morvant . Hélène Percheminier . Daniel Petit . MariePili . Bertrand Pisson . Lise Priolet . Claire et Nicolas Raflé . Alain Rault .Charles Renne . Zohra Tazaïrt . François Thuillier . Gaëlle Touchet .Amélie Tsaag Valren . Anne Urnauer . Pascal Vaillant . Laurent Voiturin.

    Comment ont été utilisés les fonds ?

    Somme collectée : 4 156,55 € (en comptant les sommes données directement sanspasser par Ulule.)

    Commission Ulule : 327,64 €

    Dossier prévisionnel (financier, juridique...) : 636,00 €

    Création de l'entreprise : 25,34 €

    Création du site web : 2 550,00 €

    Achat des noms de domaine : 59,99 €

    Hébergement : 57,31 €

    Cotisations URSSAF : 407 €

  • Trémolo Magazine . numéro zéro . janvier 201 9

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    Numéro zéroQuel que soitle hasard quivous a menéici, vous lisezle numéro zérode Trémolomagazine.C'estémouvant, unnuméro zéro.C'est lecroissantchaud de lapresse, unnouveau né

    qui tient encore si peu sur ses jambes,un essai, une tentative. Ce projet demagazine, que nous avons portéfébrilement depuis des mois, voici lemoment de vous l'offrir. Mais commel'exercice commande la prudence, oncommence par le numéro zéro, cefameux numéro qui est tout autant unéchantillon qu'une mise en jambes, unmoyen de mettre à l'épreuve, en tailleréelle, nos idées et nos envies. A cetteperspective, qui n'aurait pas le trac ?Cet oisillon, qui se tient aujourd'hui aubord du nid, plairatil ? Allons nousréussir à transformer cette belle idéeen un journal régulier, qui aura seslecteurs ?

    Un magazine pourquoi et pourqui ?

    Trémolo magazine est le journal detous ceux qui aiment la musique. Deceux qui l'écoutent et de ceux qui lafont, qu'ils soient amateurs ouprofessionnels. Volontairement nonélitiste, il s'adresse aux enfants et auxadolescents, comme aux adultes, audébutant comme au musicien confirmé,au choriste amateur, au mélomane, àcelui qui aime écouter sans êtreforcément féru de théorie.Nousespérons vous donner à lire, vous

    divertir, vous informer. Et par dessustout, nous avons bien l'intention departager, avec tous ceux qui nouslirons, notre amour de la musique,notre bonheur à en parler et à enécouter.

    Un magazine au plus près de seslecteurs

    Amis lecteurs, puisque vous êtes ici,prêts à découvrir ce nouveau journal,sachezle : rien ne se fera sans vous.Trémolo Magazine a besoin de vouspour exister. Vous aimez ce que vouslisez ? Parlez de nous ! Vous souhaiteznous soutenir ? Abonnezvous… Voussouhaitez nous voir traiter un sujet quivous tient à cœur ? Ditesle, enlaissant un petit mot dans la boite àidées. Une question ? Posezlà et nousy répondrons. Nous n'avons pas deplus grand désir, aujourd'hui, qued'échanger avec vous. Finalement, cetenfant balbutiant qu'est TrémoloMagazine n'attend qu'une chose : quevous preniez sa main pour faire unbout de chemin.

    Quoi lire dans ce numéro ? AngéliqueBoudeville, jeune cantatrice pleine detalent, nous fait l'honneur d'être lamarraine du journal. Elle m'a consacrédeux heures exquises, pour parler deson métier de cantatrice et de sapassion pour l'art lyrique. Le mythed'Orphée, qui a particulièrement inspiréla musique, et notamment l'opéra, faitl'objet du dossier. La dessinatriceEarnest Bubulle de Surcroît a croquécette histoire avec humour. Ladécouverte d'une comédie musicaleeuropéenne qui a regroupé des jeunesde 5 pays différents, un détour par desateliers qui sentent le bois et l'huile delin, pour découvrir le chalumeau, uninstrument peu connu, et faire un zoomsur le métier de luthier. Et d'autreschoses encore…

    Emmanuelle Bordon, Rédactrice en chef

  • Trémolo Magazine . numéro zéro . janvier 201 9

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  • Trémolo Magazine . numéro zéro . janvier 201 9

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    2 Remerciements

    3 Editorial

    6 Les petites notes de Trémolo

    8 Interview : Angélique Boudeville

    11 Création : The European Music Show

    15 Dossier : Orphée, le mythe musicien

    23 Instrument : le chalumeau

    28 Métier : Dans les mains des luthiers

    32 Carnet de notes

    34 Courrier du choeur

    Sommaire

  • Trémolo Magazine . numéro zéro . janvier 201 9

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    Mozart à Paris

    En mars 1778, Mozart, alors âgé de 22ans, arrive à Paris accompagné de samère. Couvert de dettes, il tente degagner sa vie en donnant des leçons depiano et cherche à faire jouer sescompositions. Plein d'ambitions, il rêved'écrire un grand opéra. Il cherche del'aide auprès de Melchior Grimm maissans grand succès. Quelques mois aprèsleur arrivée, sa mère tombe malade etmeurt. Il rentre alors à Salzbourg avecun grand sentiment d'échec.

    C'est cet épisode peu connu de la vie deMozart que Frantz Duchazeau aentrepris de mettre en images dans unebande dessinée de 96 pages, qui montrenon seulement Mozart et ses difficultésà vivre de son art mais aussi le Paris decette époque, ainsi que les difficultésque l'on rencontre lorsqu'on choisit uneprofession artistique, quelle que soitl'époque.

    Mozart à Paris, par Franz Duchazeau,éditions Casterman. Ouvrage de 96pages en couleur, format 24,1 x 32,1,

    Les petites notes de Trémolo

    Un MOOC baroque

    Sorbonne Université prépare un MOOC sur la musique baroque et la vie musicale du17e siècle.

    Un MOOC (Massive Open Online Course), aussi appelé « cours en ligne ouvert àtous », est un cours gratuit, qui peut être suivi de n'importe où, grâce au web et à lavidéo. Que vous soyez musicien, en cours de formation musicale ou juste curieux,ce MOOC préparé vous est destiné. Il traitera de la vie musicale au 17e siècle, enl'abordant par les lieux où la musique était jouée. Les contenus seront élaborés pardeux enseignantes et chercheuses de Sorbonne Université Cécile DavyRigaux etThéodora Psychoyou, spécialistes de la musique baroque française et SébastienDaucé, directeur musical de l'Ensemble Correspondances. Ils seront à la portée detous. Mise en ligne prévue en septembre 2019.

    www.sorbonneuniversite.fr/newsroom/actualites/moocunsiecledemusiqueenfrance

  • Trémolo Magazine . numéro zéro . janvier 201 9

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    Mausart A l'intérieur du piano du musicien officielde la cour, un loup nommé Salieri, vitune petite souris répondant au nom deMausart et qui profite des absences dumaître pour aller jouer sur le clavier.Dérivé du mot allemand maus, signifiant« souris », ce petit personnage, au nomvolontairement transparent, emmène lelecteur dans un récit qui brode autourdu de l'histoire du compositeurmythique.

    Scénarisé par Thierry Joor et mis enimage par Gradimir Smudja, cet albumjeunesse devrait aussi faire le bonheurdes grands, notamment grâce à laqualité de ses dessins.

    Mausart, par Thierry Joor et GradimirSmudja, éditions Delcourt. Ouvrage de48 pages, paru en septembre 2018. Apartir de 9 ans.

    ©Editions Delcours, 2018 Joor, Smudja

  • Trémolo Magazine . numéro zéro . janvier 201 9

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    Angélique Boudeville : la voix est un miroir de l'âmeC'était en plein milieu d'un moisde novembre tout gris : le grandsourire d'Angélique Boudeville,qui nous fait l'honneur d'être lamarraine de Trémolo Magazine.Au milieu d'un agenda pourtanttrès plein, elle m'a reçue dans lepetit studio de l'Opéra Bastille oùelle travaille. Tout en sirotant unsmoothie poirefenouil, nousavons parlé musique, carrière etbonheur de chanter.

    Trémolo Magazine . A quoiressemble votre quotidien ?

    Angélique Boudeville . Ma journéedébute entre 10 et 11 h, par unéchauffement du corps et de la voix.Vers 11 h, le travail sur partitioncommence. Le but peut être autantd'apprendre des airs, des rôles, qued'améliorer la diction pour avancer. Parexemple, je sais que lorsque je travaillesur mes voyelles, je gagne du tempspour la suite (En confidence, Angélique

    dit que la voyelle qui lui pose le plus deproblème, c'est le A. Beaucoupd'apprentieschanteuses devraient sesentir un peu moins seules...) Auquotidien, j'essaye de maintenir unniveau de travail régulier, tous lesjours… sauf le dimanche. Ensuite, il y aparfois des concerts et, dans ce cas, il ya des répétitions sur scène ou desreprésentations, dans l'aprèsmidi ou ensoirée. Ou bien c'est moi qui vaisassister aux représentations des autres.Ma journée dure souvent une douzained'heures,voire plus.

    L'Académiede l'Opéra deParis facilite ce travail quotidien. C'estune cellule professionnalisante détachéede l'Opéra, pour des jeunes artistes quiveulent travailler du répertoire etmonter des œuvres. Cette structuren'est pas réservée aux chanteurs. Elleest ouverte aux instrumentistes, ainsiqu'aux artisans dont le travail intéressela scène (costumiers, menuisiers,perruquiers…). Cela permet unetransmission à la jeune génération dessavoirsfaire portés par les

    professionnels aguerris.Les pianistes qui nousaccompagnent, parexemple, sont lesmêmes que ceux quitravaillent avec les plusgrands. Il y a unetransmission trèsimportante par leurintermédiaire. J'ai aussiaccès à des professeursde diction dans leslangues utilisées parl'art lyrique (enallemand, en italien…).Nous avons une scène

    Ma journée dure souvent une douzained'heures, voire plus.

    Propos recueillis par Emmanuelle Bordon

  • Trémolo Magazine . numéro zéro . janvier 201 9

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    Angélique Boudeville : la voix est un miroir de l'âmeréservée et notre propre production,dont le public est friand.

    Ces deux années à l'Académie sontaussi une période privilégiée pour sefaire connaître et rayonner. Et pour moi,comme j'ai fait une partie de maformation à l'étranger, il est importantde revenir à Paris et de me faireconnaître dans mon pays.

    TM . Pourquoi avoir choisi le chant ?

    AB . Lorsque j'ai commencé, à 21 ans,c'était en moi depuis très longtemps.J'ai fait des études de musicologie et jeme destinais à enseigner la musique encollège ou en lycée. Mais j'ai connu unepériode de ma vie difficile, qui m'aamenée à faire un travail sur moi.C'était une phase d'introspection, derencontre avec moimême. J'aimais déjàbeaucoup l'opéra, qui a été unecatharsis, un moyen de vivre desémotions. Et à un moment, est venuel'envie de donner à la hauteur de ce quej'avais reçu.

    Le chant a été l'occasion de découvrirun matériau qui me plaisait : ma voix.C'est aussi un moyen de travailler sursoi. Par exemple, accepter sa voix, c'estprendre de la place. Au final, le chantm'a permis de me connaître moi, etmaintenant, le moi m'apprend deschoses sur le chant. Et si on le veutbien, c'est la porte ouverte à plein debelles choses.

    Enfin, la connaissance de soi et laculture sont importantes pour nourrirl'interprétation. Pour être une bonnechanteuse, ce n'est pas suffisant d'avoir

    une belle voix. Il faut aussi avoirquelque chose à dire.

    TM . Dans votre famille, il y a desmusiciens ? Vous avez étéencouragée ?

    AB . Il n'y a pas de musicien dans mafamille. Mes parents sont plutôt issus dumonde ouvrier, pas du tout d'un milieuartistique. Mais ils m'ont fait confianceet maintenant, ils voient, ils entendentles résultats obtenus. De mon côté, j'aiengagé encore plus d'efforts, pour nepas les décevoir.

    TM . Comment estce qu'on abordeun concours comme VoixNouvelles ?

    AB . C'est un concours de haut niveaudonc l'enjeu est fort et il y a beaucoupde travail. Mais si on y va pour gagner,ça ne marche pas. Donc je me suisconcentrée sur l'interprétation, sur lebonheur de chanter et l'envie de donnerdu plaisir au public. J'ai essayé d'oublierle concours et de me dire « la musiqued'abord et advienne que pourra ». Etpuis sur scène, même si le trac est fort,on se rend compte que le public estpresque plus stressé que nous et on seretrouve à faire des choses pour lerassurer.

    TM . Et que faiton après ? Qu'estceque ça change d'être distinguéedans un tel concours ?

    AB . C'est un plus en termes denotoriété mais cela ne fait pas tout. Unecarrière, ça se mène ; c'est du travailmais aussi beaucoup d'administratif etd'organisation. Il faut également êtreinformée de l'actualité des productionslyriques. Je me suis décidée à rejoindre

    Ce n'est pas suffisant d'avoir une belle voix. Ilfaut aussi avoir quelque chose à dire.

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    une agence artistique, celle de ThérèseCédelle, qui travaille déjà avec desgrands chanteurs comme NatalieDessay, Laurent Naouri ou KarineDeshayes. Elle m'aide et me représente.

    Il me semble important d'arriver àtrouver un équilibre : avoir une certaineassurance, sans pour autant être imbuede soimême, progresser dans laconnaissance de soi pour progresserdans son art. Arriver à être content deson travail, sans se rajouter de pressionavec le jugement des autres, tout enrestant à l'écoute de ce qu'ils peuventdire. C'est aussi le moment d'investir,dans des cours de langue, dans des

    déplacements,dans desconcours.

    La voix est un miroir de l'âme ; on nepeut pas donner le meilleur si l'âme estblessée. Il est donc fondamentald'apprendre à connaître ses limites. Moi,j'ai appris en flirtant avec elles… maisc'est un peu dangereux. J'y fais plusattention maintenant. Il est importantde bien s'entourer, dans sa vieprofessionnelle, mais aussi dans leprivé. Et puis prendre soin de soi,physiquement et psychologiquement.Mon truc, c'est le Qi Gong, pourdévelopper la capacité respiratoire etmusculaire. Mais aussi de retourner dèsque possible en Bourgogne, où sontmes attaches.

    TM . Votre période au sein del'Académie se termine enseptembre 2019. Et après ?

    AB . Ce sera peutêtre un peu pluscalme mais… ce n'est pas certain.J'espère pouvoir donner des concerts,chanter dans des opéras. Je doism'occuper de mon répertoire, être prêtepour des remplacements. Et enattendant, donner des concerts, et puisvivre, tout simplement.

    TM . Comment savezvous quelsrôles travailler ?

    AB . Selon la voix que l'on a et lerépertoire en vogue, on peut supposerquels rôles vont avoir besoin d'êtrepourvus. Les agents savent ce qui va sefaire, quels opéras vont être montés etc'est aussi leur rôle de nous tenir aucourant. Cela permet de se tenir prête.

    TM . Quels sont les rôles qui vousfont rêver ?

    AB . Ils sont nombreux. Parmi ceux quicorrespondent à ma voix, il y a laTraviata et Tosca, des rôles mythiques,qui font rêver toutes les chanteuses. Il ya aussi Madame Butterfly, la comtessedes Noces de Figaro, dont j'ai déjàinterprété des extraits à l'Opéra Garnier,et Desdemone, dans Otello.

    TM . Quel est votre programme dansles mois à venir ?

    AB . J'ai du travail en prévisiond'auditions, des concerts programmés àl'Opéra Bastille. Egalement à l'OpéraGarnier en janvier, où je chanterai unair et un duo au cours d'un concert degala. En février, je donnerai un récital àl'Opéra de Bordeaux lors d'un midimusical. Ensuite, de mars à mai, jeserai en tournée avec Die Fledermauss(La chauvesouris), une opérette deJohann Strauss, dans une version dechambre, avec d'autres musiciens del'Académie, les musiciens de l'orchestreatelier Ostinato et le chœur Unikanti. Enjuin, j'enregistrerai un concert avecRadio classique. J'ai aussi réussi uneaudition qui devrait m'amener àtravailler au Liceu de Barcelone dansune ou deux saisons.

    Une carrière, ça se mène.

    Ses prochains concerts : à l'OpéraGarnier (16 janvier), à l'Opéra deBordeaux (6 février), dans La chauvesouris de Johann Strauss (de mars àmai).

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    Créer un projet musical,impliquer des adolescents de 5pays différents. C'est le parilancé par l'équipe d'un collègeparisien, rejointe par descollègues britanniques, italiens,allemands et espagnols. Cetteaventure au long cours, baptiséeThe European Music Show, adonné naissance à une comédiemusicale Le monde estnouveau deux CD et un DVD.C'est aussi un projetpédagogique hors norme, dontles jeunes garderontprobablement un souvenirimpérissable.

    Intéresser ses élèves à la matièrequ'elle enseigne. Tel était le souhait deLily Abboudi, professeur d'anglais aucollège Alberto Giacometti à Paris. Pourelle qui utilise déjà la musique et leschansons dans ses cours, c'est unmoyen de les motiver et les aider. Lesélèves « se lâchent » plus facilementavec la musique, observetelle.

    Par ailleurs, elle fait partie du réseaueuropéen eTwining, qui permet leséchanges et la création de projets entredes enseignants de différents paysd'Europe. C'est de cette doubleaspiration à une collaborationinternationale et à la musique qu'estnée l'idée d'un projet musicalregroupant des élèves de plusieurspays.

    Un projet résolument européen

    Pour être conforme au projetd'établissement, la démarche devaitdépasser le cadre de l'anglais et devenireuropéenne. L'année 20152016 a étéune période test, consacrée à larecherche de partenaires dans les 4pays correspondant aux languesenseignées au collège Giacometti. Ils'agissait de travailler une chanson quipourrait être chantée par les élèves desclasses retenues dans les 5 pays. C'estainsi que que le choix s'est portépresque naturellement sur l'Hymne à lajoie. Une version a été enregistrée, quia clos la première phase du projet maisa surtout ouvert sur une deuxième, plusélaborée.

    Modeste au début, le projet a pris del'ampleur au fur et à mesure de sonavancement. D'une chanson commune,il est devenu une série de 34 chansonspuis une comédie musicale. L'idéeinitiale produire un clip est devenueun projet de film lorsqu'un réalisateur,

    La musique au-delà des frontières

  • Trémolo Magazine . numéro zéro . janvier 201 9

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    Luc Porta, a gracieusement proposé sesservices. Cela signifiait alors qu'il fallaitajouter chorégraphies et mise en scène.Et puisque l'utilisation de musiques nonlibres de droit posait problème, il a étédécidé de composer des musiquesoriginales.

    Dans le même temps, des parents sesont enthousiasmés pour le projet.Parmi eux, Pascal Vaillant, représentantdes parents d'élèves. Très investi, ilavait l'avantage de parler les 5 languesimpliquées dans l'aventure et a joué unrôle de coordinateur technique trèsimportant. Il a également écrit quelqueschansons.

    Au fil des rencontres et despropositions, le projet a ainsi fait boulede neige. Ce qui l'a rendu plusintéressant mais aussi plus compliqué àmener à bien, conclut Lily Abboudi.

    Construire uneœuvre collective

    Créer une comédiemusicale impliquait detrouver une tramenarrative qui permetteun enchaînement deschansons, ainsi quel'intégration depersonnages et de lieuxde tournage dans tousles pays. Ce travaildevait être fait enquelques moisseulement et devait

    recueillir l'adhésion de tous, c'estpourquoi les 5 équipes y ont contribué,en écrivant les dialogues et le script.Cela donne un résultat parfois un peudisparate, en termes de mise en scène,d'humour ou de style. Loin d'être uninconvénient, cette disparité estintéressante, souligne Pascal Vaillant.Nous n'avons pas voulu la gommer carelle fait partie de ce qui rend le projetattrayant. Cette construction communea suscité une large adhésion. Et cerisesur le gâteau, les élèves ont été invitésà décider euxmême de la fin del'histoire.

    La réalisation du projet s'est étalée surdeux ans. Pour Lily Abboudi, il n'a pasété facile de maintenir la motivation desjeunes sur une durée si longue, d'autantplus que certains d'entre eux ont

    compris l'ampleurdu projet asseztard. La plusgrande partie dutravaild'apprentissage etde répétition s'estfaite à distance etétait parconséquent assezabstraite.Heureusement, lesmoments detournage ontpermis aux jeunes

    Claudia Urbano Fernandez, dans le rôle de Carmen

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    de travailler ensemble, de s'entraider, de prendre duplaisir à construireune œuvre commune. Et c'est bien làqu'était l'objectif deséquipes pédagogiques : susciter desrencontres entre desadolescents de paysdifférents, lesamener à utiliser deslangues étrangèresdans un contexte nonscolaire, à se détendre visàvis desapprentissages linguistiques et,finalement, leur ouvrir des horizons.

    Mais cette aventure a aussi révélé desressources chez les adultes. Desenseignants et des parents se sontimpliqués, dans l'écriture des chansons,dans l'accueil des jeunes pendant lesséjours consacrés aux tournages.

    Un projet hors norme...

    The European Music Show est un projetunique, d'une ampleur exceptionnelle.Parti de l'idée d'une enseignante et d'unparent, il est devenu une créationoriginale à part entière, collaborative,aboutie. Deux CD et un DVD ont étéproduits, ainsi qu'une série de concertset de projections. En tout, ce sont 128

    élèves et une trentaine d'adultes qui ontparticipé à la réalisation de la comédiemusicale (dont 64 élèves un dixièmedes effectifs et 6 enseignants ducollège Giacometti). Sur le planartistique, il y a certainement desimperfections, souligne Pascal Vaillant.Néanmoins, on ne crée par une comédiemusicale tous les jours et c'est uneréussite. De fait, sur la période qui a éténécessaire à la réalisation du projet,2200 collaborations entre desétablissements européens ont étérecensés. 3 d'entre eux seulementconcernaient un collège, sur desinitiatives plus classiques. The EuropeanMusic Show est donc une réalisationd'une ampleur inédite. Seule ombre autableau, Pascal Vaillant regrette unmanque d'intérêt de l'éducation

    nationale. Alors que le rectoratdoit officiellement valoriser lesprojets européens, nousn'avons reçu aucune réponseà nos invitations à découvrirce travail, regrettetil.

    … pour des souvenirsimpérissables

    Il n'en reste pas moins que lesélèves qui ont contribué àcette œuvre en garderont unsouvenir durable. Chaqueétablissement a en effet reçudes délégations de chacun desLuc Porta, le réalisateur du film

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    collèges participants. Et pour letournage de cette histoire, qui sedéroule dans 5 pays et dans 5 languesdifférentes, ce sont 5 semaines devoyage international, étalées de mars ànovembre 2017, qui auront éténécessaires. Je ne peux que saluer letravail accompli, raconte Lily Abboudi.Au cours de ces semaines qu'ellequalifie de « sportives », lesenseignants et les parents quiencadraient, tous bénévoles etamateurs, ont bien souvent dûimproviser, avec des contraintes qu'ilsn'avaient pas toujours su anticiper, avecle froid, les caprices de la météo…

    Il y a eu beaucoup de brassage dejeunes venus des différents pays aucours des tournages et des concerts, seréjouit Lily Abboudi. Et finalement, cequi a le plus engagé les élèves, ce sonttous les événements qui ont eu lieuautour, observetelle. Il leur a falluapprendre à jouer, à s'enregistrer, às'écouter, à patienter jusqu'à l'obtentiondu résultat. C'est ce qui a marqué levrai travail. Pour elle cependant, un

    investissement personnel conséquent,car elle reconnaît que pendant ces deuxannées, son temps de travail habituel aété doublé. Mais pour Pascal Vaillant,qui n'a pas non plus compté ses heures,il y a maintenant un trésor commun,que les jeunes se sont approprié.

    Lily Abboudy et Pascal Vaillant, uneenseignante et un parent d'élèves à lacoordination du projet.

    Zoom sur la musique

    Surveillante au collège Giacometti aumoment où le projet a été initié,Svetlana Moreva est musicienne deformation. Présente à chaque étape àtitre bénévole, elle a assuré la directionmusicale. Sa contribution concerne ainsil'écriture de certaines mélodies et lesarrangements, avec le concours d'Igoret Andreï Kravtsov. Elle a égalementdirigé le travail au collège Giacometti.Apprendre les chansons et leschorégraphies, apprendre à se tenir surscène, sans direction, pour êtreautonomes pendant les tournages et lesconcerts, a demandé beaucoup detravail aux adolescents. A la fin, « ilsétaient supers », confietelle. Enfin,Svetlana a accompagné au piano lesconcerts et les tournages.

    Svetlana exprime une grande fiertéd'avoir contribué à ce projet. Audelà dutravail musical, elle se réjouit d'avoir pufaire un travail pédagogique avec lesjeunes. Ils ont appris à finir ce qu'ilsavaient commencé, même si c'estdifficile. « Il est important de ne pasbaisser les bras », conclutelle.

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    Dossier

    Orphée, le mythe musicienUn mythe est un récit imaginaire quitraverse les époques. Sans cesseréécrit, repris, remâché, il devient unehistoire familière dont l'origine se perddans le passé mais qui nousaccompagne au présent. Parmi tous lesmythes fondateurs de notre culture, ilen est un cher aux musiciens : Orphéeet Eurydice.

    Orphée (en grec ancien Orpheús) estluimême poète et musicien. Fils du roiŒagre et de la muse Calliope, il sait,par les accents de sa lyre, charmer lesanimaux sauvages et émouvoir les êtresinanimés. Sa musique permet aussi auxargonautes de résister au chant dessirènes.

    L'épisode le plus connu de son histoireest celui dans lequel sa femme,Eurydice, mordue par un serpent,meurt. Orphée descend alors aux enfersoù, après avoir endormi Cerbère (lechien à 3 têtes qui garde l'entrée) et les

    Euménides grâce à sa musique, ilparvient à convaincre Hadès de lelaisser repartir avec Eurydice. La seulecondition est qu'elle le suive et qu'il nese retourne pas avant d'être revenudans le monde des vivants. Hélas,Orphée se retourne et la perd à jamais.

    Dans ce dossier :

    Ernaest Bubulle de Surcroît illustre lemythe d'Orphée à sa manière.

    Une promenade vous emmène sur lespas d'Orphée à travers les œuvresmusicales qui se sont inspirées de sadescente aux enfers.

    Guillaume Kosmicki, musicologue etconférencier, apporte son point de vueet parle en particulier de la versionparodique d'Offenbach : Orphée auxenfers.

    Orphée charmantles animaux, tableaude FrançoisBoucher, 1740(Collection muséed'art RogerQuilliot,ClermontFerrand)

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    Peu de mythes comme Orphée ontautant inspiré les musiciens. A l'époquemédiévale, certains compositeurs seréclamaient d'Orphée. Guillaume deMachaut (13001377) s'est placé sousson patronage, par exemple. Durantcette période, la musique étaitessentiellement religieuse, tournée versDieu, ou bien courtoise. Vers le milieudu 14e siècle, avec la début de laguerre de 100 ans et la peste noire,l'édifice vacille. On se met à composerpour les hommes. Ce qu'on cherchedésormais avec la musique, c'est« émouvoir » ou « susciter les

    passions », ce qu'on traduira 2 sièclesplus tard par movere gli affetti. On voitémerger un nouveau style musical, lerécit chanté, prémices de l'opéra. Lafigure d'Orphée reste très présente.Entre 1600 et 2014, on compte aumoins 48 opéras et une douzaine depièces (cantates, poèmessymphoniques…) qui font références àson histoire. Parmi eux, des exemplescélèbres, pour leur caractère innovantet leur succès, jalonnent l'histoire de lamusique.

    Page préparée avec le concours deGuillaume Kosmicki

    Orphée et l'opéra, l'amour au long cours

    1600 : Euridice

    En 1600, Ottavio Pericompose la toute premièreœuvre connue reprenant lemythe d'Orphée : Euridice.Sur la base d'un livretd'Ottavio Rinuccini, Peri sefait aider de Giulio Caccinipour composer une œuvrequi est considérée comme lepremier opéra de l'histoire dela musique (même si Periavait déjà composé, en1597, Dafne, dont lapartition a été perdue).

    1602 : Encore Euridice

    En 1602, Giulio Caccini réutilise le même livret pourécrire à son tour une œuvre nommée Euridice.Cette œuvre en un prologue et un acte a étédonnée pour le mariage de la reine Marie deMédicis à Florence.

    Loin de ressembler à celles que nous connaissons,ces représentations ont généralement lieu en petitcomité, avec une vingtaine de spectateurs (desinvités triés sur le volet), dans un petit salon. Lesmusiciens sont présents sur la scène, disposés aumieux.

    Orphée domptant les animaux, mosaïque romaine du 2e siècle (Dallas Muséum)

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    La réforme de Gluck

    En 1762, Christoph Willibald Gluck écrit à sontour une version d'Orphée, en italien, sur unlivret de Ranieri de’ Calzabigi. C'est lapremière œuvre de sa « réforme ». Il veutsortir du bel canto, de l'outrance, de lavirtuosité pour la virtuosité et faire un retourau classique. Il accorde une grandeimportance à l'orchestre. La premièrereprésentation d'Orfeo ed Euridice a lieu le 5octobre à Vienne.

    Plus tard, en 1774, Gluck écrit une deuxièmeversion, Orphée et Eurydice, en français,pour le mariage de MarieAntoinette et LouisXVI. Enfin, en 1859, Hector Berlioz remaniel’œuvre pour permettre à la mezzosopranoPauline Viardot de chanter le rôle d'Orphée.

    Cette œuvre est un jalon dans l'histoire del'opéra parce qu'elle est le point initial d'unmouvement musical qui veut être unrenouveau.

    Illustration de couverturepour la première édition imprimée(Paris, 1764) de la version originale deOrfeo ed Euridice de Gluck

    19e siècle : Orphée aux enfers

    En 1858, Offenbach s'attaque pour la première fois àOrphée, un sujet classique, mais en version comique,parodique. En faisant rire, il brise un interdit.

    Affiche pour la représentationd'Orphée aux Enfers d'Offenbach authéâtre de la Gaîté, à Paris, en 1874.

    1607 : l’Orfeo

    En 1607, Claudio Monteverdi écrit un opéra en 5 actes, une« fable en musique », sur un livret d'Alessandro Striggio :Orfeo. L’œuvre, donnée sous l'égide de François Gonzague, lemécène de Monteverdi, est un triomphe. A cet époque l'opéraest politique. Il sert les nobles, qui financent les créations.

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    Plus que tout autre mythe,Orphée a inspiré les musiciens.Guillaume Kosmicki,musiciologue, auteur etconférencier, nous dit pourquoiet s'attarde sur la versionparodique écrite par Offenbachau 19e siècle.

    Trémolo Magazine . PourquoiOrphée atil fait l'objet d'autant dereprises dans l'histoire de lamusique ?

    Guillaume Kosmicki . Avant tout, c'estle propre du mythe d'être tout le tempsrepris. Claude Levi Strauss disait que lesmythes sont des histoires que les gensse racontent et se répètent et qui sesont incorporées au patrimoine collectifà force d'avoir été répétées sans cesse.A travers ces mythes, une société

    essaye de comprendre de quoi elle estfaite, les rapports de ses membres avecle monde et la position de l'homme dansl'univers. Ce sont donc des histoires quitentent d'expliquer pourquoi les chosessont comme elles sont. J'ajouterai que,grâce au mythe, chacun peuts'approprier un petit morceau de ce quifonde sa culture.

    Concernant le mythe d'Orphée etEurydice, c'est un sujet crucial pourl'opéra parce qu'Orphée est musicien.Grâce à sa musique, il dompte lesanimaux, y compris Cerbère, le chien àtrois têtes qui garde l'entrée de l'enfer.En d'autres termes, il agit sur le mondeavec la musique, ce qui le place presqueà l'égal d'un dieu. C'est ce que l'opéraveut faire : agir sur les gens en leurprocurant des émotions. Il est doncnaturel qu'Orphée ait beaucoup inspirél'opéra.

    TM . Dans l'histoire de la musique,on retrouve donc Orphéerégulièrement.

    GK . Oui, et il est souvent attaché àl'innovation musicale. C'est le mythed'Orphée qui est le sujet des œuvresconsidérées comme les premiers opéras(Les Euridice de Peri et de Caccini etl'Orfeo de Monteverdi). C'est aussiOrphée que Gluck choisit comme sujetquand il veut mettre en œuvre sa"réforme" et proposer une musiquedifférente. C'est encore Orphée quechoisit Offenbach pour sa premièrecréation de grande ampleur : Orphéeaux enfers.

    Agir sur le monde avec la musique

    le mythe d'Orphée est un sujet crucial pourl'opéra parce qu'Orphée est musicien.

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    TM . Quel est le contexte danslequel arrive l'Orphée aux enfersd'Offenbach ?

    GK . Politiquement, la période est celledu second empire. Napoléon III a étéélu en 1848, soit 10 ans auparavant.C'est une période de divertissements àoutrance, dans une société futile, quifuit les problèmes politiques. On est enrevanche très attachés aux apparences,ce qui explique la présence d'unpersonnage nommé l'Opinion publiquedans cette parodie.

    Economiquement, on est en pleinerévolution industrielle. Cela implique lecreusement d'un fossé social énorme etune paupérisation des centres villes. Etcela crée un contraste fort avec la hautesociété et ses divertissements.

    Enfin, sur le plan de la culture,Napoléon III ouvre les vannes dudivertissement, il libère les salles despectacle. Orphée aux enfers est écritpar Offenbach un peu après que legouvernement lève les restrictions surle nombre d'artistes sur scène.

    TM . Comment cette œuvre majeured'Offenbach estelle perçue àl'époque ?

    GK . La première a lieu le 21 octobre1858, aux BouffesParisiens. Il s'agitnon pas d'une opérette mais d'unopérabouffe (le mot « bouffe » faisant

    référence au « bouffon », celui qui faitrire). C'est la première fois dansl'histoire de la musique qu'un mythe faitl'objet d'une satire.

    Dans cette version, Offenbach renversetous les codes de l'histoire d'origine.Orphée et Eurydice ne sont pasamoureux mais forment, au contraire,un couple qui ne se supporte pas etcultive l'infidélité. La musique d'Orphéeest produite par un violoninsupportable. Orphée est heureux quePluton lui ait ravi sa femme et c'estl'Opinion publique qui le contraint à allerla récupérer. Les dieux manifestentcontre Jupiter, qui finit par emmenertout ce petit monde festoyer en enfer,etc. Cette version fait bien sûr coulerbeaucoup d'encre, entre une partie de lapresse qui fustige l'irrespect envers lamythologie grecque, berceau de notrehistoire, et les rieurs qui s'en amusent.Ces derniers l'emportent finalement,puisque cette œuvre remporterapidement un grand succès.

    Guillaume Kosmicki est musicologue,auteur et conférencier. Pour en savoirplus sur ses publications et sesconférences : guillaumekosmicki.org

    Dans Orphée aux enfers, Offenbach renversetous les codes de l'histoire d'origine.

    Rideau descène duthéâtre deChambéry,peint par LuigiVacca en 1824(détail).

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    Le son tout doux du chalumeauOublié depuis le 18e siècle, lechalumeau est redécouvert parcertains amateurs de musiquebaroque. Ce petit instrument enbuis, qui évoquerait presque uneflûte à bec, est en réalitél'ancêtre de la clarinette. Ilproduit un son peu puissant maischaud et velouté, apprécié parles musiciens comme par lepublic.

    Avezvous déjà entendu jouer duchalumeau ? C'était la question poséepar Claude Nadeau et Myriam Carrierpour chatouiller la curiosité duspectateur et lui donner envie d'assisterà leur concert « pour orgue etchalumeau », le 10 mai dernier, àCarnac (Morbihan). Le chalumeau ?Non, pas cet outil qui permet de réaliserune soudure. Mais un petit instrument àvent, ancien et oublié, et retrouvé parquelques passionnés de musiquebaroque. Parmi eux, Myriam Carrier,clarinettiste à l'orchestre national d'Îlede France. Encouragée par ClaudeNadeau (ellemême organiste etclaveciniste passionnée de baroque),avec qui elle travaille régulièrement,elle a commencé à jouer du chalumeauau début de l'année 2018 et dit êtretombée en amour avec cet instrument.Elle apprend en autodidacte mais ne sesent pas pour autant dépaysée, puisqueles doigtés ressemblent au premierregistre (c'estàdire aux notes les plusbasses) de la clarinette, ainsi qu'à ceuxde la flûte à bec.

    Un voyage dans le temps

    Ecouter le son du chalumeau, c'est faireun bond en arrière dans le temps, à

    l'époque de la musique baroque. Cetinstrument à vent est doté d'un tube àperce cylindrique et d'une anche simplebattante. Il a été utilisé par Vivaldi ouTelemann, par exemple, ou encore parMonteverdi, notamment dans l'Orfeo. Ildispose d'une tessiture peu étendue :un octave et demi, c'estàdire unedouzaine de notes seulement. Al'époque baroque, on compensait cettepetite tessiture en jouant avec toute lafamille des instruments. La famille deschalumeaux, par exemple, comptait 5instruments de tailles différentes. Et lamusique composée était adaptée à cettecontrainte.

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    Aujourd'hui, les musiciens commeMyriam Carrier remettent en lumière cerépertoire spécifique ou adaptent despièces pour qu'elles soient jouables avecle chalumeau. Pour elle, jouer d'uninstrument ancien est une démarcheparticulière et une expérience différentede celle que l'on peut avoir avec uninstrument moderne. Le contact avec lebois est très charnel. On dirait que toutl'instrument vibre et non pas seulementl'anche, racontetelle. Et si ce n'est pasun instrument très virtuose, il est enrevanche très lyrique.

    Dans l'atelier

    Il reste très peud'instrumentsd'origine, probablement moins de 10,explique FrançoisMasson, luthier àPortLouis(Morbihan).

    Facteur de clarinettes,il est l'un des deuxseuls luthiers quifabriquent deschalumeaux enFrance. On commencepar faire desrestaurations et puis àforce, on est amené àfabriquer.

    Le chalumeau estfabriqué en buis, unbois clair, dur autouché et légèrementrugueux. L'arbre doit

    Myriam Carrier

    Née au Québec en 1980, MyriamCarrier a commencé ses études par lepiano et la flûte à bec. Elle a ensuiteétudié la clarinette, parce qu'elletrouvait plus sympa de jouer avec lesautres, alors que le piano est plutôt uninstrument de solitaire.

    François Masson

    Après ses études àl'école de Newark, enGrande Bretagne,François Masson se situeavant tout dans lemouvement de lafacture moderned'instruments à vent. Dela mécanique deprécision. Il travailled'abord dans un atelier àParis, où il est amené àfaire de la restaurationd'instruments.

    Il rencontre alors unfacteur de hautbois àAngoulème, qui lui faitdécouvrir le baroque. Iljoue ensuite les « rats

    de musée » à Paris, Berlin, Bruxelles… et réalise des copiesd'instruments anciens. Je ne comprenais pas cesinstruments « brinquebalants », mais je faisais face à unedemande de l'époque.

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    avoir 100 à 200 ans d'âge et, après lacoupe, il doit sécher pendant au moins8 ans. Une technique ancienne consiste,avant le séchage, à faire tremper lespièces dans l'eau pendant une ou deuxsemaines, raconte François Masson.Cela permet de drainer la sève et degagner 3 à 4 ans sur le séchage. Enoutre, le bois ne se fend pas quand onle travaille car cela enlève les tensionsqui se trouvent à l'intérieur. Avantd'être travaillé, le bois est égalementtrempé dans de l'huile de lin. Cela évitequ'il chauffe et qu'il se fende.

    Un luthier qui fabrique des instrumentsanciens exerce plusieurs métiers,explique François Masson. Il n'existe eneffet pas d'outil adapté. Il doit donc lesfabriquer luimême et se faire tourneur,joaillier, soudeur… La fabrication del'instrument, c'est seulement la dernièreétape du travail.

    Actuellement, undes plus grosproblèmes querencontre FrançoisMasson dans sontravail est detrouver du bois quiconvienne. Le buisest en effet la proied'un parasite, lapyrale du buis, quimange le feuillageet fait mourir l'arbreavant maturité.Même si ce n'est pasle cas aujourd'hui, ilpourrait un jourconnaître unepénurie. Pour

    entretenir son stock, il recherche dubois en permanence, dans les haies, leschâteaux...

    L'évolution vers la clarinette

    Au final, le chalumeau n'a pas été utilisélongtemps seul. La clarinette a en effetémergé dès la fin du 17e siècle àNuremberg, inventée par JohannChristoph Denner (1655–1707), qui aajouté au chalumeau un pavillon etdeux clés. Le chalumeau a ensuitecontinué à être joué parallèlement à laclarinette, avant de tomber endésuétude. C'est la retour au goût dujour du baroque, dans les années 80,qui a remis en lumière les instrumentsanciens, dont il fait partie. On ne jouepas de baroque avec une clarinettemoderne, dit Myriam Carrier.S'intéresser à ce répertoire conduit donc

    L'anche du chalumeau

    L'anche du chalumeau est une anche en roseau. Elle est dite « battante » parcequ'elle vibre contre un corps solide, par opposition aux anches libres qui vibrentdans une ouverture (comme pour l'harmonica, par exemple).

    Sur le chalumeau, l'anche se trouve sur le dessus du bec ; elle est en contact avec lalèvre supérieure du musicien. Elle a gardé cette position sur les premières clarinetteset c'est Heinrich Bärmann qui, en 1810, a retourné le bec, plaçant l'anche au contactde la lèvre inférieure, telle qu'elle est aujourd'hui.

    Le luthier doit fabriquer luimême certains de ses outils.

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    naturellement à redécouvrir desinstruments de cette époque.

    François Masson observe undéveloppement en France,notamment chez des musiciens quiont une formation classique et desprofesseurs qui veulent enseigner.Comme ce sont des instrumentsmoins stables, il doivent êtreajustés en permanence, donc il fautde la pédagogie et une collaborationentre le musicien et le luthier,observetil. Une manière différented'envisager la musique mais c'estcomme un nouveau monde quis'ouvre à moi, conclut MyriamCarrier.

    Le choix de la pièce debois, une étapeimportante de lafabrication.

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    A l'origine du chalumeau

    « Chalumeau » vient du nom latin calamus, qui signifie roseau. A l'origine, il a servià désigner indifféremment toute la famille des instruments à vents. Ce n'est qu'avecle temps, et au fur et à mesure de l'évolution des instruments euxmêmes, quedifférents noms ont été créés pour la clarinette, la flûte, le hautbois… Le nom de« chalumeau » est resté pour désigner ce plus proche ancêtre de la clarinette, ainsique le registre grave de cette dernière.

    Pour expliquer sa provenance, deux hypothèses cohabitent. Soit il serait une flûte àbec à laquelle on aurait rajouté une anche. Soit il serait une partie de la cornemuse(justement celle qu'on appelle chalumeau), qui aurait été « débranchée ».

    Avant de pouvoirêtre transforméesen instruments, lespièces de buisdoivent sécher aumoins 8 ans.

    Pour trouver l'atelierde François Masson :www.fmasson.com

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    L'atelier d'un luthier est un lieuqui sent bon l'huile de lin et lebois. Il est tentant de s'y asseoirpour bavarder avec le ou lapropriétaire des lieux, enregardant ses mains au travail.Patient et minutieux, le gestetransforme une pièce de bois eninstrument de musique. Dansleur atelier respectif, GaëlleTouchet et David Deroy parlentde leur métier.

    Fabriquer des instruments de musique,c'est être en contact avec la musique etavec le bois. Pour Gaëlle Touchet, aprèsson bac et sa formation musicale, il étaitimpensable de quitter la musique. Maiselle n'envisageait pas pour autant dedevenir musicienne professionnelle. Parailleurs, après le décès de son parrain,ébéniste de profession, elle souhaitait« reprendre le flambeau du bois ». Cemétier, qui permettait de concilier lesdeux, était physiquement attirant pourelle. Le choix d'être luthière de quatuor

    (violon, alto et violoncelle), pour cetteclarinettiste, est surtout dû à la pressionexercée par la concurrence dans lesecteur des instruments à vent, qui l'apoussée ailleurs.

    David Deroy, quant à lui, cherchait unmétier dont on n'a jamais fait le tour, oùon ne s'ennuie jamais. Lui, c'est surtoutpar le bois qu'il est arrivé à cetteprofession. C'est l'aboutissement ultime,de transformer une planche eninstrument de musique. Ce n'est eneffet pas d'un simple objet qu'il s'agit,parce qu'il y a la sonorité. Elle reste unmystère, une quête, qui pousse àavancer.

    Un long apprentissage

    Si le métier fait rêver, il n'est pas sifacile d'y parvenir. Il y a peu de placedans les écoles, il faut faire preuved'une motivation sans faille et avoir untrès bon dossier scolaire. A l'époque oùGaëlle et David ont fait leurs étudesrespectives, l'entrée à l'école deMirecourt se faisait obligatoirementaprès le collège. C'est pourquoi Gaëlles'est dirigée vers Newark, en Grande

    Bretagne.

    Il faut passer par denombreuses annéesd'apprentissage,d'abord pendant laformation, puis entravaillant commeassistant d'un luthierexpérimenté pour seperfectionner. Il fautaussi avoir envie devoyager, dit DavidDeroy, pour allerfaire son expériencedans d'autres pays.S'installer dès la

    Dans les mains des luthiers

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    sortie de l'école n'est pas une bonneidée.

    Pour Gaëlle, cette période où on sort del'école est un moment où on a la viedevant soi. En travaillant chez un luthierrenommé, elle a eu la chance d'êtreinvitée partout par la clientèle, de voirdes concerts, de rencontrer desmusiciens, du novice au virtuose. Celapermet de voir la réalité.

    Si le luthier sait tout ou presque sur lebois qu'il utilise, il n'est pas toujoursvioloniste. Pendant sa formation, ilapprend à jouer du violon pour tester lasonorité mais pas forcément pour jouer.Mieux on joue, mieux c'est, raconteGaëlle, à condition de ne pas le faire encherchant à compenser des défautséventuels, sinon c'est biaisé. Mais sansjouer, c'est possible quand même. Dansce cas, on cherche la transmissionintellectuelle. David, quant à lui, ditjouer du violon comme un luthier. Etdans sa pratique personnelle, il préfère

    la musique traditionnelle au classique.

    Un violon adapté au musicien

    Même pour un débutant, il est importantd'avoir un bon instrument. Alors qu'ilest aujourd'hui possible d'acheter unviolon pour 100 € sur internet, Davidregrette de voir dans son atelier trop dejeunes découragés par les difficultésque cause un instrument inadapté. C'estpourquoi, parmi ses objectifs, il y aaussi celui de transmettre « la culturede l'instrument » aux musiciens aveclesquels il travaille. C'est normal de nepas dépenser plusieurs milliers d'eurospour un enfant qui arrêtera peutêtreaprès une année de pratique. Maismieux vaut en louer un bon chez unluthier que d'en acheter un pas cher. Ona plus de chances qu'il s'accroche.

    Dans son atelier, un luthier généraliste,qui répare autant qu'il fabrique, voitpasser tous les instrumentistes, dudébutant au professionnel aguerri, et il

    Le vernissage, une étape clé de la fabrication, qui protège l'instrument et transforme lacouleur claire de l'épicéa en ce bel ambré caractéristique.

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    Gaëlle Touchet

    Gaëlle obtient un bac A3 (lettres et musique) à Grenoble (Isère). Parallèlement, ellea étudié la clarinette au conservatoire. Après son bac, elle est reçue à l'école delutherie de Newark, en GrandeBretagne, où elle fait ses études pendant 4 ans.

    Diplôme en poche,elle part enAllemagne, où elletravaille chez unsuper luthierpendant 4 ans.Ensuite, elle part àLyon chez le célèbreluthier JeanFrédéricSchmitt pendant unan. Elle s'installeensuite à Lorient(Morbihan), en2006.

    gaelletouchet.com

    doit arriver à se mettre au niveau dechacun. Les possibilités de réglage sontinfinies, dit Gaëlle. Il faut pour celacommuniquer avec le client, pour savoircomment adapter l'instrument à sesbesoins, d'autant que le « bon réglage »change aussi en fonction des périodesde sa vie. Pour autant, il faut garderune certaine distance, ajoutetelle. Onrègle le problème du violon, pas lapsychologie du musicien, même si ondoit composer avec son angoisse...C'est le volet humain, un peu moinsconnu, du métier.

    Réparer, fabriquer

    Gaëlle fabrique peu car sa clientèlel'amène plutôt à entretenir ou réparer.Ce n'est pas difficile de fabriquer unviolon, ditelle. Ce qui est difficile, c'estde fabriquer un bon violon, car cela sejoue au dixième de millimètre. Davids'est pour sa part associé avec unecollègue spécialisée dans larestauration, ce qui lui permet de selibérer du temps pour fabriquer. Il luifaut environ 150 heures, étalées sur 3

    mois, pour fabriquer un instrument. Plusque des célèbres Stradivarius, il préfères'inspirer des Guarnerius, des violonsfabriqués par Joseph Guarneri au 18esiècle. Un peu plus « sombres »,donnant la priorité absolue à la qualitédu son, les Guarnerius sont appréciésdans le monde entier. Paganini ouMenuhin, par exemple, ont joué sur desviolons de ce modèle.

    Quand on fait une copie, il fautcomprendre l'esprit de son créateur,comprendre pourquoi il sonne bien, etensuite, mettre sa touche personnelle,expliquetil.

    Les luthiers ne manquent pas

    Contrairement à ce que suggère uneidée assez répandue, il y a de nombreuxprofessionnels du quatuor à cordes(violons, altos et violoncelles). Il y a euune pénurie après la guerre, raconteDavid Deroy. Depuis la création del'école de Mirecourt, en 1970, parEtienne Vatelot, ce sont 7 à 10 jeunesqui sont diplômés chaque année,auxquels s'ajoutent ceux qui ont

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    David Deroy

    David décide d'apprendre lalutherie vers l'âge de 15 ans.Il réussit alors la difficileépreuve d'entrée à l'école deMirecourt, dans les Vosges.Après 3 années d'études, ilest embauché par le luthierangevin Jacques Bauer, chezqui il passe 2 ans. Il setourne ensuite vers la GrandeBretagne, par envied'apprendre l'anglais. Il passeun an dans l'atelier londonienMorris & Smith. A l'issue de

    son contrat, il part 5 ans à Bruxelles, où il travaille au sein de la maison Bernard.Enfin, il envisage de s'associer avec un autre ancien de Mirecourt, à Saintes(CharenteMaritime), où il passe un an, pour finalement se décider à s'installer àVannes (Morbihan) en 2004.

    Son site : deroyluthier.com

    fréquenté une école à l'étranger,Newark en GrandeBretagne, Crémone,Parme ou Milan en Italie, Mittenwald enAllemagne… Chaque année, denouveaux luthiers entreprennent doncde s'installer, alors que par ailleurs, lespremiers qui ont été formés à Mirecourt

    ne sont pas encore à la retraite. Il n'y adonc pas encore de roulement. Laconséquence, c'est que certains jeunes,qui peinent à trouver un premier emploichez un luthier expérimenté pour seperfectionner, s'installent un peu troptôt et pas forcément au bon endroit.

    Si le nombre desprofessionnels estpresque trop importantdans certaines zones, ilpermet en revanche uneconfraternité. On en a finiavec la culture du secret,dit David Deroy. Ons'échange plutôt destechniques, des recettes,des informations… Etc'est une bonne chose.

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    A l'époque médiévale, le bémolconcernait uniquement le Si. Les nomsdes notes (Do, Ré, Mi...) n'avaient pasencore été inventés et on utilisait deslettres pour les nommer, comme c'esttoujours le cas aujourd'hui dans lespays anglosaxons.

    Le Si était noté B. Pour préciser qu'il

    devait être joué undemiton plus bas,on indiquait« mollis » (en latin)ou « molle » (enitalien), ce quisignifie « mou ».

    Le Si bémol estdonc un « Si mou »par opposition aubécarre (Si carré ou

    « dur »). Au fil du temps, « B moll » estdevenu « bémol » et signifie que la notedoit être abaissée d'un demiton. Siaujourd'hui on ne parle plus de notemolle, il reste une trace de cetteévolution dans les partitionsallemandes : Bmoll signifie encore "sibémol mineur".

    Carnet de notesLa page des débutants, des curieux de musique, de tous ceux qui aiment les notes. Si vousvoulez une réponse à une question qui vous intrigue, la boîte à idées vous tend les bras...

    Pourquoi le bémol ?

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    Difficile de commencer par une autre, pourle numéro zéro d'un magazine qui en a faitson titre... le trémolo.

    De l'italien tremolo, signifiant« tremblant », le trémolo est un ornementde la phrase musicale. Il consiste soit àrépéter une seule note, soit à alterner deuxou plusieurs sons. Il permet égalementd'obtenir un son prolongé avec lesinstruments qui ne peuvent pas soutenir unson. Il devient alors une façon de jouer(avec le xylophone ou la mandoline parexemple).

    En fonction de l'instrument, il peut s'obteniren alternant rapidement les touches (aupiano), en bougeant rapidement un ouplusieurs doigts (à la guitare, au violon…),avec un médiator (pour la mandoline), parune oscillation du larynx pour le chant, etc.

    Il n'y a pas de notation rythmique, puisqu'ilfaut juste aller… le plus vite possible.

    La figure musicale du mois :

    le trémolo

    Le trémolo est indiqué par des abréviations d'une, deux ou trois barres qui coupentla hampe. Le nombre varie selon la durée de la note. Dans le cas d'une ronde, lestrois barres obliques du trémolo sont indiquées audessus ou en dessous de la note.

    Si l'alternance est entre plusieurs sons, les barres sont dessinées entre les notes.

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    Courrier du choeurPendant la phase de préparation de ce numéro, beaucoup d'entre vousont eu la gentillesse de prendre un peu de temps pour répondre auquestionnaire qui accompagnait le crowdfunding. Qu'ils en soientchaleureusement remerciés.

    Parmi les réponses, une demande est revenue plusieurs fois : « Je suischoriste et j'aimerais bien trouver des conseils pour les choristes dansles pages de Trémolo. » Quelle joyeuse idée !

    Amis choristes (professionnels ou amateurs), cette page est pour vous.Ecriveznous et faitesnous part de vos questions. Avec l'aide de chefsde chœur ou de choristes professionnels, nous y répondrons de notremieux.

    Comment faire ? Sur le site du journal, tremolomag.com, la « boîte àidées » vous attend. Ou alors, à l'ancienne, en écrivant à l'adresse dujournal : Trémolo Magazine 64 rue Glatinier 56 120 Josselin