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Tsunami : le rôle de l'OIT o N 53, avril 2005 Bureau international du Travail Genève L E M A G A Z I N E D E L’ O I T

Tsunami : le rôle de l'OIT · Ainsi, non seulement elle répond aux be-soins immédiats, mais encore elle contri-bue à renforcer la résistance de la popula-tion à de futures catastrophes

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Tsunami :le rôle de l'OIT

oN 53, avril 2005

Bureauinternationaldu Travail

Genève

L E M A G A Z I N E D E L’ O I T

Page 2: Tsunami : le rôle de l'OIT · Ainsi, non seulement elle répond aux be-soins immédiats, mais encore elle contri-bue à renforcer la résistance de la popula-tion à de futures catastrophes

L'OIT est entrée en action peu après l'ar-rivée du tsunami sur les côtes de l'océan In-dien, le 26 décembre 2004. Ses bureaux deBangkok, de Colombo, de Djakarta, de NewDelhi et d'ailleurs, sans oublier le personnelde Genève, se sont associés aux autoritésnationales ainsi qu'à l'Organisation des Na-tions Unies et à ses institutions spécialiséespour faciliter les opérations de secours etcommencer à préparer la longue période dereconstruction à venir. Aujourd'hui, à unecentaine de jours de la catastrophe, le mo-ment est venu de dresser le bilan de ce quia été fait et de ce qui reste à faire.

Depuis l'année 2000, l'OIT est ainsiintervenue après plusieurs catastrophes na-turelles telles que l'ouragan Mitch en Amé-rique centrale, les inondations du Mozam-bique en 2000, le tremblement de terre duGujerat en 2001 et celui de El Salvador lamême année. En 2001 également, elle aaidé l'Ethiopie à reconstituer les moyensd'existence des populations touchées par lasécheresse et, en 2003, elle a aidé l'Algérie àcréer des emplois après le séisme. En 2004,après le tremblement de terre survenu enIran, l'OIT a mis en place dans ce pays un

programme de création d'emplois et de ré-duction de la vulnérabilité socioécono-mique.

Dans sa riposte aux catastrophes natu-relles, l'OIT accorde la priorité au réta-blissement de l'emploi, à la réorganisationde l'économie locale et à la réduction de lavulnérabilité économique de la population.Ainsi, non seulement elle répond aux be-soins immédiats, mais encore elle contri-bue à renforcer la résistance de la popula-tion à de futures catastrophes et à accélérerle processus de redressement.

Pour l'OIT, une telle action est impor-tante, car les catastrophes naturelles etautres situations de crise risquent de com-promettre la réalisation de son objectif fon-damental : accroître les possibilités pourles hommes et les femmes d'accéder à unemploi et à un revenu convenables dans desconditions d'équité, de sécurité et dedignité. En effet, comme c'est parmi les po-pulations les plus pauvres et les plus fragi-les qu'elles causent le plus de dégâts, ces ca-tastrophes risquent d'entraîner une recru-descence des inégalités et de la précarité.

La stratégie de l'OIT consiste à remettresur pied les régions touchées en décentra-lisant les activités de reconstruction natio-nales et internationales, et en utilisantles ressources locales, y compris la main-d'œuvre. Elle vise en outre à revitaliserl'économie locale par des investissementsdans des entreprises locales et un approvi-sionnement en biens et services, ce qui, desurcroît, permet de réduire la vulnérabilitéface à d'autres situations de crise.

Les catastrophes naturelles ne sont pasles seules situations de crise auxquellesl'OIT ait eu à faire face. Sa participation à lareconstruction de pays qui ont connu uneguerre et à l'amélioration des conditions devie de leur population est liée aux condi-tions de sa fondation, à la fin de la Pre-mière Guerre mondiale, par le Traité deVersailles (1919). Ce traité reconnaissaitqu'agir en faveur de l'emploi était indispen-sable pour construire une paix durable,mission que l'OIT s'est depuis efforcéed'accomplir, que les catastrophes soienthumaines ou naturelles.

2 TRAVAIL, N° 53, AVRIL 2005

L ’ O I T D A N S L ’ H I S T O I R E

Tsunami: le rôle de l’OIT

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Le magazine Travail est publié troisfois par an par le Département de lacommunication et de l’informationpublique du BIT, à Genève. Aussi publiéen anglais, arabe, chinois, danois,espagnol, finnois, hindi, japonais,norvégien, suédois et tchèque.

RÉDACTEUR :Thomas NetterEDITION ARABE :Khawla Mattar,Bureau de l’OIT à BeyrouthEDITION ESPAGNOLE :Réalisée avec le concours du Bureau del’OIT à MadridRESPONSABLE DE LA PRODUCTION :Kiran Mehra-KerpelmanRECHERCHE PHOTO :Marcel CrozetGRAPHISME :MDP, OIT TurinCOUVERTURE :M. Crozet, M. MontesanoASSISTANTE DE RÉDACTION :Shahnaz Radjy

Ce magazine ne constitue pas undocument officiel de l’Organisationinternationale du Travail. Les opinionsexprimées ne reflètent pas nécessairementles vues du BIT. Les désignations utiliséesn’impliquent de la part du BIT aucuneprise de position quant au statut ju-ridique de tel ou tel pays, zone outerritoire, ou de ses autorités, ni quant autracé de ses frontières.

La mention ou la non-mention de telleou telle entreprise ou de tel ou tel produitou procédé commercial n’implique de lapart du BIT aucune appréciation favo-rable ou défavorable.

Les textes et les photos du BIT peuventêtre librement reproduits, à conditiond’en mentionner la source. L’envoi d’unjustificatif serait apprécié.

Toute correspondance doit être adresséeau Département de la communication etde l’information publique du BIT, CH-1211, Genève 22 (Suisse).

Tél. +4122/799-7912Fax +4122/799-8577www.ilo.org/communication

Imprimé par :OIT TurinISSN 1020-0010

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25

Tendances mondiales de l’emploi 2004-05Légère augmentation du nombre d’emplois,mais progression globale insuffisante

Septième Réunion régionale européenneLes pays d’Europe et d’Asie centraleélargissent leur programme social

Vérifiez votre salaire en ligneVous avez le sentiment d’être sous-payé ?Consultez «Wage Indicator» en ligne !

Promotion des conventions et recommandationsde l’OIT : Les coopératives

Un avenir de prospérité taillé sur mesurepour le Cambodge

Tanzanie: Egalité des sexes et travaildécent à tous les stades de la vie

E N C O U V E R T U R E

Après le tsunami: L’OIT aide les populationsà reconstruire leur vie et à retrouverdes moyens de subsistance

A R T I C L E S G É N É R A U X

R U B R I Q U E S

Tsunami

Planète travail 28

Les nouvelles

• Visite de LL.MM. le Roi Juan Carlos I et de la

Reine Sophie d’Espagne au siège de l’OIT• A l’ordre du jour de la 292e session du Conseil

d’administration du BIT : la mondialisation,les droits des travailleurs, le programmeet budget 2006-07

• Le dernier rapport du Comité de la libertésyndicale du BIT cite le Népal, le Guatemala

le Venezuela et le Zimbabwe• L’identité des marins devient plus transparente

Entrée en vigueur d’une nouvelle conventionsur les pièces d’identité des gens de mer

• Construction automobileLes équipementiers prennent la place du conducteur

• Le secteur de la chaussure de sport respecte mieuxles codes de conduite que ceux de la distribution

et de l’habillement• Journée mondiale de lutte contre le travail des

enfants 2005: Gros plan sur le travail des enfantsdans les mines et les carrières

Champs d’action

L’OIT dans la presse

Médiathèque

Le séisme et le tsunami qui ont frappé l’Asieau mois de décembre ont fait des milliersde morts. De plus, en Inde, en Indonésie,aux Maldives, en Malaisie, au Myanmar,aux Seychelles, à Sri Lanka, en Somalie et enThaïlande, quatre millions de personnes ontperdu leurs moyens de subsistance et risquentde s’enfoncer dans la pauvreté. L’OIT a mis enplace plusieurs programmes pour aider leshabitants à reconstruire leur vie. Ce numérode Travail examine les conséquencesde la catastrophe et la riposte de l’OIT.

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L’Organisation internationale du Travail (OIT), créée en 1919, groupe les gouvernements, les employeurs et les travailleurs de ses 178 Etats membres dansune action commune pour l’avancement de la protection sociale et l’amélioration des conditions de vie et de travail partout dans le monde. Le Bureauinternational du Travail (BIT), à Genève, est le secrétariat permanent de l’Organisation.

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Tendances mondiales deLégère augmentation du nombre d’emplois,

4 TRAVAIL, N° 53, AVRIL 2005

n dépit d’une forte croissance écono-mique, la situation de l’emploi dans lemonde ne s’est que peu améliorée en2004 ; elle a été marquée par une faible

augmentation du nombre d’emplois et un reculinsignifiant du chômage. Selon le rapport annueldu BIT sur les tendances mondiales de l’emploi, lacréation d’emplois reste le problème numéro undes dirigeants.

GENÈVE – Certes, c’est la première fois depuis2000 que le chômage mondial recule d’une annéesur l’autre, même si ce n’est que légèrement, et ladeuxième fois seulement depuis 1994. La fortecroissance économique mondiale enregistrée en2002 – 5 pour cent – a compté pour beaucoup dansce résultat.

Néanmoins, les 47,7 millions d’emplois supplé-mentaires, soit une augmentation de 1,7 pour centseulement du nombre total des emplois, représen-tent une progression décevante à l’échelle mondia-

le. Les chiffres de l’emploi rapportés à la popula-tion en âge de travailler, n’ont pratiquement pasbougé, le pourcentage total s’établissant à 61,8pour cent en 2004 contre 61,7 en 2003.

« Tout recul du chômage au niveau mondial estun progrès, mais nous ne devons pas perdre de vuele fait que la création d’emplois demeure un enjeumajeur pour les dirigeants », déclare Juan Somavia,le Directeur général du BIT. «En d’autres termes,nous devons mettre en place des politiques qui fa-vorisent une croissance plus riche en emplois. »

Tendances régionalesLa région de l’Amérique latine et des Caraïbes

est celle qui a enregistré la plus forte baisse du chô-mage : de 9,3 pour cent en 2003 à 8,6 pour cent en2004. Ailleurs, l’amélioration de la situation del’emploi a été plus modérée.

Dans les économies développées (dont font par-tie les 25 pays de l’Union européenne), le taux dechômage n’a reculé que de 7,4 à 7,2 pour cent. EnAsie du Sud-Est et dans le Pacifique, il est passé de6,5 pour cent en 2003 à 6,4 pour cent en 2004, et enAsie du Sud, de 4,8 à 4,7 pour cent. Il est resté in-changé en Asie de l’Est, à 3,3 pour cent, ainsi qu’auMoyen-Orient et en Afrique du Nord, à 11,7 pourcent. En revanche, il a amorcé une légère remontéeen Afrique subsaharienne, où il est passé de 10 à10,1 pour cent, malgré un taux de croissance duPIB de 4,4 pour cent en 2004.

Dans son rapport, le BIT précise que, outre lacréation d’emplois, les dirigeants doivent aujour-d’hui s’atteler à des tâches d’importance fondamen-tale telles que l’élimination des «déficits» de travaildécent, où qu’ils existent. La baisse du taux de chô-mage n’induit pas nécessairement une diminutionde ces «déficits»; elle n’est que la partie visible del’iceberg. Dans la plupart des pays en développe-ment, les chiffres de l’emploi et du chômage nesont que des indicateurs approximatifs du niveaude revenu et de la qualité de vie des populations.Dans ces pays, où il n’existe pas souvent de méca-nismes efficaces d’indemnisation du chômage, lamajorité des habitants ne peuvent tout simplementpas se permettre de ne pas travailler. Près de la moi-

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TRAVAIL, N° 53, AVRIL 2005 5

de l’emploi 2004-05s, mais progression globale insuffisante

tié des 2,8 milliards de travailleurs recensés dans lemonde ne gagnent toujours pas de quoi vivre, avecleur famille, au-dessus du seuil de pauvreté de 2dollars par jour. Et parmi ces travailleurs pauvres,535 millions vivent dans une extrême pauvretéavec seulement 1 dollar par jour pour eux-mêmeset leur famille. Les pouvoirs publics ne devraientdonc pas se préoccuper uniquement du chômagemais aussi des conditions de travail de ceux qui ontun emploi1.

Le rapport dresse une liste des problèmes quiexigent une attention prioritaire et une action du-rable de la part des gouvernements, des organisa-tions internationales et de la société civile :l Premièrement, la catastrophe causée par le

tsunami du 26 décembre, à cause de laquelleplusieurs centaines de milliers de personnes, etpeut-être même des millions, non seulementont tout perdu mais encore se trouvent aujour-d’hui sans source de revenu et risquent de som-brer dans la pauvreté si elles ne retrouvent pasd’emploi.

l Deuxièmement, l’épidémie de VIH/sida, dont leBIT estime que durant la seule année 2005 ellecausera, à l’échelle mondiale, la mort de 3,2 mil-lions de personnes en âge de travailler. Une trèsgrande attention doit être portée à l’impactde cette épidémie sur le marché du travail etaux moyens d’en atténuer les conséquenceséconomiques et sociales.

l Troisièmement, la mondialisation, qui ne com-porte pas que des avantages pour les tra-

vailleurs : ceux-ci subiront lesconséquences de la politiquecommerciale qui sera menée àl’échelle mondiale en 2005, no-tamment en ce qui concerne leséchanges de produits agricolesentre pays en développement etpays développés.

l Quatrièmement, la tendance àl’externalisation et aussi à l’in-ternalisation des emplois dessecteurs industriel et tertiaire,qui perturbe les marchés du travail des pays endéveloppement comme des pays développés.

l Cinquièmement, la persistance du « déficit » detravail décent dans l’économie informelle denombreux pays en développement et l’essor queconnaît actuellement cette économie, qui met-tent en évidence la nécessité d’améliorer les con-ditions de travail et de créer des emplois dequalité dans le secteur structuré.

l Enfin, le problème du chômage des jeunes,plus grave que jamais en 2005, surtout dans lesrégions qui sont aux prises avec des guerresciviles.

Pour résumer, des problèmes graves et de natu-re très différente se posent dans le domaine del’emploi. Le rapport sur les tendances mondiales del’emploi étudie plus en détail ces importantes ques-tions qui marqueront les politiques du marché dutravail pendant toute l’année à venir.

1 Les prochains travaux du

BIT sur ce sujet incor-

poreront des indicateurs

supplémentaires du marché

du travail tels que le statut

au regard de l’emploi et

l’emploi par secteur. Ce

sont des indicateurs parti-

culièrement utiles pour les

régions en développement,

car ils mesurent le nombre

de salariés et aussi celui des

personnes qui travaillent

dans des secteurs dominés

par l’emploi informel ou le

travail familial non

rétribué.

2 Les différences par rapport

aux estimations antérieures

sont dues aux révisions des

estimations de la croissance

du PIB, établies par le FMI

et utilisées dans le modèle.

Pour plus d’informations

techniques sur les méthodes

d’estimation au niveau

mondial et régional, voir

www.ilo.org/public/

english/employment/

strat/wrest.htm

Chômage total et tendances de l’emploi, 1994-2004

Source: BIT, modèle des Tendances mondiales de l’emploi, 2005; voir aussi les Notes techniques, Tendances mondiales de l’emploi (Genève, 2004)2.

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Tableau 1: Le chômage dans le monde, 1994, 1999, 2002-2004 (en millions)

Source: BIT, modèle des Tendances mondiales de l’emploi, 2005 ; voir aussi les Notes techniques, Tendances mondiales de l’emploi(Genève, 2004). Les différences par rapport aux estimations antérieures sont dues aux révisions des estimations de la croissance duPIB, établies par le FMI et utilisées dans le modèle.

Tableau 2: Indicateurs du marché du travail

Source: BIT, modèle des Tendances mondiales de l’emploi, 2005 ; FMI, World Economic Outlook, 2004 ; voir aussi les Notestechniques, Tendances mondiales de l’emploi (Genève, 2004). Les différences par rapport aux estimations antérieures sont dues auxrévisions des estimations de la croissance du PIB, établies par le FMI et utilisées dans le modèle, ainsi qu’aux nouveaux groupementsrégionaux.

Tableau 3: Les travailleurs pauvres dans le monde, 1994-2004

Source : Kapsos, S., Estimating growth requirements for reducing working poverty: Can the world halve working poverty by 2015?BIT, Genève, 2004, document de la série «Employment Strategy Paper», n° 2004/14.

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Septième Réunion régionale européenneLes pays d’Europe et d’Asie centrale élargissent leur programme social

a région européenne de l’OIT est vaste etvariée. Elle englobe l’Europe et l’Asie cen-trale, de l’Atlantique au Pacifique, et secompose de cultures et de sociétés très

différentes les unes des autres. Malgré cela, lors de

la septième Réunion régionale européenne, quis’est tenue du 14 au 18 février à Budapest, les 50Etats membres de cette région sont convenus« d’œuvrer ensemble, par le dialogue et la coopé-ration, pour promouvoir un avenir commun dedémocratie, de prospérité économique et de justi-ce sociale ».

BUDAPEST – Les conclusions de la septièmeRéunion régionale européenne de l’OIT sont netteset précises.

A l’issue d’une semaine de débats marqués par la

volonté d’être plus « interactifs », plus de 600 re-présentants des travailleurs, des employeurs et desgouvernements ont adopté une série de conclu-sions très ambitieuses affirmant que «une bonnegouvernance, des progrès économiques et sociaux

et la lutte contre la corruption reposent sur des ins-titutions démocratiques qui tirent leur légitimitéd’une représentation librement élue, d’un dialoguesocial efficace, des droits et principes fondamen-taux au travail et du respect du droit ».

Le dialogue a été le maître-mot de la réunion ;dialogue entre des Etats qui se situent à tous lesstades de l’évolution actuelle de l’Europe – les 25membres de l’Union européenne, les pays couvertspar le Pacte de stabilité pour la reconstruction del’Europe du Sud-Est, la Communauté des Etats in-dépendants (CEI) et le Conseil de l’Europe.

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Séance d’ouverture de la

Septième Réunion régionale

européenne. De gauche à

droite: Ferenc Gyurcsany,

Premier ministre de la

Hongrie; Jean-Claude

Juncker, Premier ministre du

Luxembourg; Juan Somavia,

Directeur général du BIT;

Lawrence Gonzi, Premier

ministre de Malte, et Daniel

Akhmetov, Premier ministre du

Kazakhstan.

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A R T I C L E S G É N É R A U X

Une diversité illustrée par la présence de plus de30 ministres du Travail, de quatre chefs de gouver-

nement – Ferenc Gyurcsány, Premier ministre de laHongrie; Jean-Claude Juncker, Premier ministre duLuxembourg, qui assure actuellement la présidencede l’Union européenne; Danial Akhmetov, Premierministre du Kazakhstan, et Lawrence Gonzi, Pre-mier ministre de Malte – et du Commissaire euro-péen à l’emploi et aux affaires sociales, VladimirSpidla.

« Nous assistons à une intensification du rôleque joue l’OIT dans l’amélioration du dialogue so-cial, de la gouvernance et de l’intégration écono-mique pour la construction d’un avenir communen Europe et en Asie centrale », a déclaré Juan So-mavia, Directeur général du BIT. «Cela donneraplus de force à notre Organisation et à ses parte-

naires sociaux, dans leur action en faveur du travaildécent. »

La Réunion régionale de l’OIT est le seul espaceinstitutionnel régional où les 50 Etats de la région

européenne se réunissent pour examiner, de façontripartite, les questions du monde du travail qui lesintéressent tous. Outre les représentants politiques,les partenaires sociaux ont également joué un rôleessentiel. Michel Barde, porte-parole des em-ployeurs, et Ursula Engelen-Kefer, porte-parole destravailleurs, ont prononcé des allocutions. Le mi-nistre de l’Emploi et du Travail de la Hongrie, Ga-bor Csizmar, a été élu président de la réunion. Leprésident du Conseil d’administration, Philippe

Séguin, a présidé une réunion ministérielle infor-melle, tenue dans le somptueux décor du parle-ment hongrois, sur le suivi du rapport de la Com-mission mondiale sur la dimension sociale de lamondialisation, publié en 2004.

L’emploi, la croissanceet une mondialisation juste

La réunion se tenait alors que le BIT venait depublier un rapport plutôt pessimiste sur la situa-tion de l’emploi dans le monde et en Europe. Lerapport annuel sur les tendances de l’emploi dansle monde confirme en effet que malgré une crois-sance vigoureuse, l’économie mondiale ne crée passuffisamment d’emplois. A propos de l’Europe et

de l’Asie centrale, il constate qu’en 2004 l’emploin’a progressé que de 0,5 pour cent alors que lacroissance économique a atteint 3,5 pour cent (voirl’encadré sur les tendances de l’emploi en Europe,page 10).

« La dure réalité est que l’économie mondiale necrée pas suffisamment d’emplois et ne parvient pasà contenir l’essor de l’économie informelle où plus

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Juan Somavia, Directeur général

du BIT (à gauche) et Philippe

Séguin, Président du Conseil

d’administration du BIT.

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Réunion ministérielle informelle

sur le suivi du Rapport

de la Commission mondiale

sur la dimension sociale

de la mondialisation.

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9TRAVAIL, N° 53, AVRIL 2005

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d’un milliard de travailleurs vivent dans une misè-re noire », a fait observer M. Somavia. «Force estde constater qu’à bien des égards, 2004 a été uneannée perdue pour l’emploi. »

« Les difficultés à vaincre sont immenses mais lacréativité du tripartisme et du dialogue social l’estaussi », a t-il affirmé. « Dans chaque pays, apparais-sent des solutions nouvelles, adaptées aux préoccu-pations nouvelles des travailleurs et des em-ployeurs. Derrière toutes les divergences, il y a une

aspiration commune. »Les participants ont considéré que l’améliora-

tion de la situation de l’emploi dans le monde pas-sait par le dialogue social et une mondialisationjuste. M. Somavia, les Premiers ministres de laHongrie, du Luxembourg, du Kazakhstan et deMalte ainsi que des représentants des partenairessociaux, en les personnes de François Périgot,président de l’Organisation internationale des em-ployeurs et John Monks, secrétaire général de laConfédération européenne des syndicats, ont par-ticipé à une table ronde sur ce thème, qui était in-titulée : « Le dialogue social survivra-t-il à la mon-dialisation ? »

En réponse à cette question, les délégués ont

considéré que le rapport de la Commission mon-diale sur la dimension sociale de la mondialisation« est utile pour stimuler le dialogue à l’échelle na-tionale, régionale et internationale, en vue de lapromotion du travail décent en tant qu’objectifmondial » et se sont félicités de la résolution adop-tée en décembre dernier par l’Assemblée généraledes Nations Unies, demandant que les recomman-dations de la commission soient prises en comptelors de l’examen de la réalisation des Objectifs dedéveloppement pour le Millénaire, qui aura lieuprochainement.

« Une mondialisation équitable et sans laissés-pour-compte créera des débouchés pour tous », aaffirmé M. Somavia. Cette question de la gouver-

nance sera au centre des débats nationaux et inter-nationaux pendant les années à venir. Nous nepouvons étendre la démocratie en passant outre àla demande de travail décent. Le travail décent dansune mondialisation juste est un objectif réa-lisable. »

Dans leurs conclusions, les délégués ont relevéque la mondialisation et une intégration écono-mique rapide constituaient des défis communspour les travailleurs de la région de l’Europe et del’Asie centrale. Ils ont constaté qu’ils partageaient« un point de vue commun quant à la nécessitéd’une plus grande cohérence à l’échelle nationale,

régionale et mondiale des politiques économiques,sociales, financières et commerciales et de travaildécent, fondées sur les principes et droits fonda-mentaux au travail, l’emploi, la protection socialeet le dialogue social. »

Ils ont considéré que l’OIT devrait collaborerdavantage avec les pays donateurs et la Commis-sion européenne pour aider, dans le cadre d’unecoopération technique, les pays qui en font la de-mande, à élaborer une politique de travail décent.

Les différentes étapes de la vie Avec le soutien du gouvernement hongrois et de

la présidence luxembourgeoise de l’UE, les partici-pants ont adopté une approche novatrice en préco-

nisant l’élaboration de politiques destinées à aiderles individus à franchir sereinement les grandesétapes de leur vie privée et de leur vie profession-nelle, à savoir : le passage de l’école à la vie active, lepassage d’un emploi à un autre, le passage d’unpays à un autre et le passage de la vie active à lavieillesse.

Dans leurs conclusions, ils demandent aux gou-vernements, en consultation avec les partenairessociaux, de tenir compte des besoins des jeunestravailleurs dans leurs « stratégies nationales pourl’emploi » ; ils encouragent l’OIT à poursuivre les

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Conférence de presse de

Vladimir Spidla,

Commissaire européen

pour l’Emploi, les Affaires

sociales et l’Egalité des

chances.

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R É U N I O N R É G I O N A L E E U R O P É E N N E

A R T I C L E S G É N É R A U X

1 Global Employment

Trends, Brief, février

2005, et Supplement for

Europe and Central

Asia , février 2005. BIT,

Genève, 2005.

Pour des renseignements

complémentaires, voir

www.ilo.org/trends.

2 La région de l’Europe

et de l’Asie centrale se

compose de l’Europe

des 25, de l’Europe

occidentale (non

membres de l’UE), de

l’Europe orientale et des

pays de la CEI (y

compris la Turquie

et Israël).

3 Y compris la Turquie et

Israël.

4 Islande, Norvège et

Suisse.

5 Septième Réunion

régionale européenne,

rapport du Directeur

général, vol. II:

Gérer les transitions:

Gouvernance et travail

décent , pp. 18-19.

BIT, Genève, 2005.

www.ilo.org/europe.

ans le supplément à son rapport sur les ten-dances mondiales de l’emploi, qu’il a publié à

l’occasion de la septième Réunion régionale euro-péenne1, le BIT indique qu’en 2004, le nombre dechômeurs – 35 millions – est resté stationnaire enEurope et en Asie centrale2.

Plus précisément, le chômage est passé de 9,1à 9 pour cent dans l’Europe des 25, de 8,5 à 8,3pour cent en Europe centrale et orientale3 ainsique dans la CEI, et de 4,2 à 4,1 pour cent dans lespays d’Europe occidentale qui ne sont pas mem-bres de l’UE4. Dans toute la région, le nombred’emplois n’a augmenté que de 2 millions (soit 0,5pour cent) alors que la croissance du PIB a été 3,5pour cent. Cela signifie que la croissance écono-mique a été moins riche en emplois qu’en 2003 oùle PIB n’avait progressé que de 2,2 pour cent, maisl’emploi avait augmenté de 0,4 pour cent.

Le taux de chômage actuel de l’Europe des 25est inférieur aux 11,2 pour cent qu’il avait atteintau cours de la décennie précédente. En revanche,celui des pays émergents d’Europe centrale etorientale et des Etats de la CEI est nettement plusélevé, puisqu’il était de 6,5 pour cent en 1994. Etcelui des pays d’Europe occidentale qui ne sontpas membres de l’UE n’a pratiquement pas bougéen dix ans, dépassant à peine 4 pour cent ; ce sontles seuls pays de la région qui n’ont pas un taux dechômage supérieur à la moyenne mondiale.

Cela étant, l’analyse des indicateurs du marché

du travail de la région révèle aussi que malgré lastagnation relative de l’emploi et du chômage, laproductivité du travail (c’est-à-dire la productionpar personne employée) s’est nettement amélio-rée, surtout en Europe centrale et orientale etdans les pays de la CEI, où elle a augmenté de plusde 4 pour cent par an en moyenne au cours descinq dernières années. Dans l’Europe des 25 éga-lement, l’accroissement de la productivité a étésupérieur à la moyenne mondiale pendant cettepériode, en grande partie grâce aux bons résultatsdes nouveaux membres.

Le BIT fait observer que plusieurs pays de larégion réussissent apparemment à maintenir unchômage peu important et des taux d’activité éle-vés, sans accélération de l’inflation ni aggravationdes inégalités de revenu. Dans le rapport qu’il aprésenté à la septième Réunion régionale euro-péenne5, le Directeur général du BIT constate quele dialogue social a joué un rôle décisif en permet-tant d’équilibrer les pressions sociales et lescontraintes économiques. Il s’associe à la Task-force européenne pour l’emploi, qui considère queles travailleurs et les entreprises doivent appren-dre à s’adapter plus rapidement et qu’il faut attirerdavantage de personnes sur le marché du travail,investir davantage et de manière plus efficacedans les ressources humaines et assurer unemise en œuvre efficace des réformes en s’ap-puyant sur une meilleure gouvernance.

LES TENDANCES DE L’EMPLOI EN EUROPE ET EN ASIE CENTRALE

Pour un complément d’information

Les questions de l’égalité des sexes, de la mondia-lisation, de la gouvernance et des migrationscomptent parmi celles qui ont le plus retenu l’at-tention des participants à Budapest. Pour desinformations sur chacune de ces questions etsur d’autres, se rendre à l ’adresse www.ilo.org/communication et cliquer sur Evénements etcampagnes. On trouvera également sur ce site desphotos et quatre films préparés pour la réunion.

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consultations tripartites sur la flexibilité et la sé-curité pour aider les entreprises et les tra-vailleurs à mieux relever les défis d’une concur-rence accrue et de l’adaptation à des marchés enmutation rapide ; ils demandent aux mandantstripartites de contribuer à l’élaboration d’un« cadre multilatéral non contraignant relatif àune approche des migrations de main-d’œuvre,fondé sur les droits », décidée au mois de juin del’année dernière lors de la Conférence interna-tionale du Travail de l’OIT ; et ils invitent l’OITà fournir une assistance technique aux man-dants de la région et à faciliter l’échange d’expé-riences pour la conception et la gestion des régi-mes de pension.

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Vérifiez votre salaire en ligneVous avez le sentiment d’être sous-payé ?Consultez « Wage Indicator » en ligne !

ares sont les personnes qui se considè-rent surpayées pour le travail qu’ellesfont mais beaucoup craignent de gagner

moins que leurs collègues. En général,l’information est tenue secrète. Or il existe main-tenant sur l’Internet un service qui répond à

l’éternelle question de qui gagne quoi. AndrewBibby, journaliste, explique comment.

AMSTERDAM – Vous travaillez aux Pays-Bas etvous avez dix ans d’expérience. Vous aimez votretravail, vos collègues et votre vie. Pourtant quelque

chose vous tracasse : vous pensez que, dans votremétier, d’autres gagnent plus que vous. Commentpouvez-vous le vérifier ?

Dans certains pays et dans certaines catégoriesprofessionnelles, des conventions collectives garan-tissent des salaires transparents et justes, encore

que la réalité soit souvent bien éloignée de ce qui aété officiellement négocié. Mais dans de nombreu-ses régions du globe, la négociation collective n’est

pas chose courante. Même aux Pays-Bas, où la tra-dition du partenariat social est bien ancrée, un tra-vailleur sur cinq n’est pas protégé par une conven-

tion collective.En pareils cas, le principe économique selon le-

quel le niveau des salaires trouve son équilibre na-

turellement grâce à l’interaction de l’offre et de lademande de travail s’avère parfois utopique. Géné-ralement, les personnes qui négocient individuelle-

ment leur rémunération sont nettement moinsbien informées des taux en vigueur que leurs em-ployeurs.

La solution pourrait se trouver dans un systèmed’entraide collective, qui tire parti des possibilitésqu’offre l’Internet. C’est en tous cas la logique de

« Wage Indicator », projet lancé aux Pays-Bas, quiexiste aujourd’hui dans huit autres pays européenset pourrait bientôt s’étendre au monde entier.

L’idée est simple : on consulte la base de donnéesdu site wageindicator.org pour savoir ce que ga-gnent les travailleurs exerçant le même métier que

soi. Mais ce n’est pas tout: on est invité à enrichirla base de données en y indiquant le montant deson propre salaire. Ainsi, plus les participants sont

nombreux, plus l’information devient précise.

Un instrument au service de l’équité

Le concept de « Wage Indicator » est né en 1999,de la réflexion de trois Néerlandaises qui se de-mandaient comment aider les travailleuses à obte-

nir des informations fiables sur les salaires.Elles eurent l’idée d’un indicateur des salaires fé-

minins. Cette idée fut réalisée en 2000 par la plus

importante fédération syndicale des Pays-Bas(FNV) en association avec l’Université d’Amster-dam et un grand magazine féminin. En mai 2001,

lorsque le service a été ouvert aux hommes, plus de15 000 femmes avaient déjà alimenté la base dedonnées.

Selon Kea Tijdens, l’une de ces trois femmes, quienseigne à l’Université d’Amsterdam, le nombre deconsultations et contributions avait largement dé-

passé 50 000 à la fin de l’année 2003. « Wage Indi-cator » est aujourd’hui géré par une fondation spé-cialement créée à cet effet, la Stichting Loonwijzer,

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S A L A I R E E N L I G N E

A R T I C L E S G É N É R A U X

qui reste associée à la FNV et à l’Université d’Ams-terdam et compte maintenant un partenaire sup-

plémentaire : le site de recrutement commercial,Monsterboard (www.monsterboard.nl).

Les usagers ont le choix entre plus de 1 700 ca-

tégories professionnelles et professions (réperto-riées selon la classification type des professions). Etétant donné que le montant du salaire ne dépend

pas simplement de la profession mais d’une fouled’autres facteurs, ils sont invités à répondre à unesérie de questions complémentaires sur leurs anté-

cédents professionnels, leur âge, la région danslaquelle ils vivent, leur niveau d’études et leur for-mation professionnelle. Les salaires peuvent aussi

varier pour des raisons de discrimination sexuelleou raciale. Par conséquent, « Wage Indicator » pré-sente l’avantage supplémentaire d’engranger de

précieux renseignements sur le degré de discrimi-nation salariale dont souffrent les femmes et lesimmigrés.

… et de la transparence Pour Friedrich Buttler, directeur du bureau ré-

gional de l’OIT pour l’Europe et l’Asie centrale,l’intérêt de « Wage Indicator » réside dans latransparence qu’il apporte sur le marché du travail.

« En invitant les gens à créer une base de don-nées publique constituée de renseignements qu’ilsfournissent volontairement, il prouve que l’Inter-

net peut être utilisé pour dévoiler et diffuser uneinformation auparavant inaccessible », affirme-t-il.« Une telle démarche peut aider à obtenir une in-

formation plus proche de la réalité sur le montantet la structure des salaires ainsi que sur la discrimi-nation salariale. »

Mais pour que cela marche, il faut que les don-nées servant à comparer les salaires soient exactes.Une partie du travail de Kea Tijdens a donc consis-

té à affiner la méthodologie pour faire en sorte queces données soient le plus représentatives possible.Les renseignements fournis sont filtrés à différents

niveaux avant d’être versés dans la base de données.Il est ainsi possible de repérer ceux qui sont fournisplusieurs fois à partir d’une même adresse électro-

nique et, au besoin, de les éliminer. « La confiance est un élément fondamental de

«Wage Indicator» », explique Kea Tijdens. «Nous

partons du principe que les usagers se fient auxrenseignements qu’ils trouvent sur le site et qu’ilsnous font confiance sur la façon dont nous utili-

sons ceux qu’ils y laissent. » Et, pour eux, le faitqu’un syndicat soit impliqué est encore plus rassu -rant.

La FNV n’est pas le seul syndicat à s’être engagédans ce domaine. En Suisse, //syndikat, petite orga-

nisation créée à l’intention des travailleurs de l’in-formatique et des nouvelles technologies, a installédepuis plusieurs années un vérificateur de salaires

sur son site. Jusqu’à présent, 4 500 personnes y ontdéposé leur profit salarial, ce qui représente 6,5pour cent des travailleurs concernés en Suisse. Le

site de //syndikat indique le montant moyen des sa-laires situés dans le quartile inférieur, la médiane etle quartile supérieur de différentes professions de la

branche. Ainsi, un standardiste travaillant dans uncentre d’appel apprendrait qu’actuellement le sa-laire médian de son poste est de 54 300 francs tan-

dis qu’il s’élève à 58 775 francs dans le quartile su-périeur et descend à 50 000 francs dans le quartileinférieur.

En 2004, avec l’internationalisation de « WageIndicator », la comparaison des salaires en ligne afait un bond en avant. Un réseau de sites parte -

naires, financé pendant trois ans par l’Union eu -ropéenne, s’est créé en Allemagne, en Belgique,au Danemark, en Espagne, en Finlande, en Italie,

en Pologne et au Royaume-Uni. Comme auxPays-Bas, la contribution des partenaires sociauxde ces pays est importante. En Allemagne, par

exemple, les partenaires du site www.lohnspie -gel.de sont la Confédération allemande des syndi-cats (DGB) et les deux plus grands syndicats du

pays, à savoir IG Metal et ver.di. Au Royaume-Uni, le Congrès des syndicats (TUC) est membredu consortium Paywizard (www.paywizard.co.uk)

de même que la société de conseil, Income DataService.

Cette expansion et l’utilisation de questionnai-

res identiques sur tous les sites de la famille « WageIndicator » offrent à chaque travailleur la possibili-té de comparer son salaire à ceux de collègues d’au-

tres pays. Mais ce qui enthousiasme le plus la Fon-dation « Wage Indicator », c’est la perspective d’es-saimer hors de l’Europe. Le professeur Richard

Freeman, de l’Université Harvard, envisage de créerun service similaire aux Etats-Unis, et des sites par-tenaires sont en gestation en Afrique du Sud, en In-

de, en Corée, au Brésil et au Mexique. En Inde, parexemple, le syndicat IT Professionals Forum, mem-bre d’Union Network International, souhaite adhé-

rer au projet.A une époque où le travail et les travailleurs ne

connaissant plus de frontières, l’idée que n’impor-

te quel individu puisse bientôt avoir instantané-ment sous les yeux une comparaison internationa-le des salaires est assurément intrigante.

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13TRAVAIL, N° 53, AVRIL 2005

Promotion des conventions etrecommandations de l’OIT : Les coopératives

’adoption de conventions et de recom-

mandations de l’OIT lors de la Conférenceinternationale du Travail fait générale-ment suite à des mois, voire des années, de

réflexion et de débats préparatoires. Avec elle com-mence le travail concret de promotion, visant à ga-rantir que les textes ne restent pas lettre morte.

Lorsqu’elle s’est attelée à la recommandationno 193 concernant la promotion des coopératives, la

Conférence internationale du Travail ne s’était pluspenchée sur le rôle des coopératives dans le mondedu travail depuis 40 ans. Or c’est un secteur qui,

globalement, représente beaucoup plus d’emploisque toutes les multinationales prises ensemble. Auxtermes de cette nouvelle recommandation (adop-

tée en 2002), une coopérative est « une associationautonome de personnes volontairement réuniespour satisfaire leurs aspirations et besoins écono-

miques, sociaux et culturels communs au moyend’une entreprise dont la propriété est collective etoù le pouvoir est exercé démocratiquement ». Elle

définit le cadre dans lequel les partenaires sociauxsont invités à promouvoir le développement descoopératives.

Les coopératives ont un rôle potentiellementimportant à jouer dans le développement du tra-vail décent, rôle sur lequel le Directeur général du

BIT, Juan Somavia, a récemment insisté : « Guidéespar des valeurs humaines et sociales, elles s’ap-puient sur leur force collective pour promouvoir le

bien-être de leurs membres ainsi que des familles etcommunautés auxquelles ils appartiennent. Ellessont les avocates d’une mondialisation qui recon-

naisse et respecte les droits, les aspirations, les be-soins et l’identité de chaque être humain. »

Pour collaborer étroitement avec les organisa-

tions nationales et internationales du mouvementcoopératif, le BIT a son propre Département descoopératives (BIT-COOP), qui a participé active-

ment à la préparation de la recommandation

no 193. Une fois la recommandation adoptée, com-ment allait-il exploiter les possibilités que celle-cioffrait ? En d’autres termes, comment allait-il

concrètement promouvoir les coopératives dans lemonde entier, hors du siège de l’OIT ?

L’équipe du Département des coopératives s’est

donc mise au travail en commençant par faire tra-duire le texte en plus de 30 langues, de l’arabe auvietnamien. Ces traductions ont servi de docu-

ments de base à des réunions et conférences d’in-formation, souvent organisées avec l’Alliance co-opérative internationale (ACI) et d’autres organi-

sations coopératives nationales et internationales.Dix rassemblements mondiaux, vingt-cinq réu-nions régionales et trente-cinq conférences nationa-

les ont ainsi eu lieu. En outre, le BIT s’est chargéd’informer d’autres institutions internationales tel-les que la FAO, la Banque mondiale et le PNUD. Il

a aussi produit un CD-Rom et des calendriers. Tout cela a été très utile, mais le Département

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LES C O O P É R A T I V E S

A R T I C L E S G É N É R A U X

des coopératives pensait qu’il était nécessaire demettre entre les mains des institutions partenaires

et du personnel de l’OIT qui travaille sur le terrainun outil qui montre clairement comment utiliser larecommandation pour obtenir une amélioration

concrète sur les plans politique, juridique etinstitutionnel ainsi que dans la gestion des coopé-ratives.

Cela est chose faite depuis l’année dernière. Ledépartement dispose désormais de l’outil dont ilavait besoin : un dossier d’information et de for-

mation de 60 pages a été rendu public au mois dejuillet 2004 dans sa version anglaise (intitulée Pro-moting Co-operatives : A guide to ILO Recommenda-

tion 193) et les versions française et espagnole sonten préparation.

Selon son auteur, Stirling Smith, ce dossier

s’adresse à deux types d’utilisateurs. Les premierssont les partenaires sociaux qui collaborent avecl’OIT, c’est-à-dire les ministères du Travail et les or-

ganisations d’employeurs et de travailleurs, quiconnaissent peut-être bien l’OIT, mais ne saventpeut-être pas grand-chose des coopératives. Et

les seconds sont les membres des coopérativesqui, eux, ne connaissent pas forcément l’OIT nison système de conventions et de recommanda-

tions.

C’est pourquoi le dossier non seulement retracel’histoire de la nouvelle recommandation mais aus-

si contient des explications sur la fondation del’OIT, la place qu’elle occupe dans la famille desinstitutions de l’ONU et sa singulière structure

tripartite. Il décrit le processus d’élaboration etd’adoption des conventions et recommandationsde l’OIT ainsi que la procédure de ratification. A

propos de la recommandation no 193, il rappellequ’elle trouve son origine dans une décision priseen 1999 par le Conseil d’administration du BIT et

qu’elle remplace une recommandation antérieure,qui avait été adoptée en 1966.

De même, le dossier présente le mouvement co-

opératif contemporain, rappelant qu’il est né dansl’Europe du début du XIXe siècle, et explique lesprincipes énoncés dans la Déclaration sur l’identité

coopérative, élaborée par l’ACI et à laquelle adhè-rent aujourd’hui les coopératives du monde entier.Enfin, il examine le rôle que les coopératives pour-

raient jouer dans la réalisation des Objectifs de dé-veloppement des Nations Unies pour le Millénaire.

On trouve en outre dans ce dossier un exercice à

faire en petits groupes, consistant à comparer lesnormes proposées dans la recommandation no 193avec la législation applicable aux coopératives. C’est

en effet, selon Pauline Green, présidente de ACI Eu-rope, un domaine dans lequel cette recommanda-tion peut être très utile. « Il est vital que le cadre lé-

gislatif soit amélioré pour placer les coopérativessur un pied d’égalité avec les autres formes d’entre-prise. Le nouvel instrument aidera énormément les

organisations coopératives à obtenir une révisionde la législation », affirme-t-elle.

Le contenu de ce dossier, qui est le fruit de la co-

opération entre le BIT, l’ACI et le Co-operativeCollege du Royaume-Uni, a été financé par le mi-nistère du Développement international de ce pays.

Sa publication a été annoncée le 6 juillet, lors d’unecérémonie officielle organisée à la Chambre descommunes. Depuis, le dossier a été utilisé à diffé-

rentes occasions, notamment dans le cadre d’uncours de formation sur la politique et la législationconcernant les coopératives, qui a eu lieu du 18 au

29 octobre 2004 au Centre international de forma-tion de Turin, auquel étaient représentés onze paysde régions très différentes. Il peut être commandé

par e-mail, à l’adresse : [email protected]

>>© BIT/M. Crozet

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TRAVAIL, N° 53, AVRIL 2005 15

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e séisme et le tsunami qui ont frappé

l’Asie au mois de décembre ont faitdes milliers de morts. De plus, en Inde, enIndonésie, aux Maldives, en Malaisie, au

Myanmar, aux Seychelles, à Sri Lanka, en Somalieet en Thaïlande, quatre millions de personnes ontperdu leurs moyens de subsistance et risquent de

s’enfoncer dans la pauvreté. L’OIT a mis en place

plusieurs programmes pour aider les habitants àreconstruire leur vie.

Dès les premiers jours qui suivirent la catas-trophe, l’OIT a commencé à planifier la recons-truction et un redressement rapide tout en parant

Après le tsunami:L ’OIT aideles populationsà reconstruire leur vie et à retrouverdes moyens de subsistanceL

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>> au plus pressé sur le terrain. Sa stratégie se fonde

sur le principe que les activités de reconstructionelles-mêmes doivent être créatrices d’emplois et gé-nérer des revenus.

Les principaux éléments de cette stratégie sontles suivants :l Techniques de reconstruction à forte intensité de

main-d’œuvre pour que la population retrouverapidement des emplois et des revenus pendantla remise en état de l’infrastructure de base.

l Redressement de l’économie locale par lesméthodes dites de « développement économiquelocal » : recherche de débouchés économiques,

aide aux entreprises, investissements favorables àl’emploi, financement solidaire, création decoopératives, dialogue social et renforcement de

l’autonomie de la population locale. l Création de bureaux de placement et de services

de formation pour faciliter la remise sur pied du

marché du travail et permettre aux demandeursd’emploi de savoir où sont les emploisdisponibles.

l Conseils et assistance technique pour l’établisse-ment de filets de sécurité sociale et d’autresformes de protection sociale à l’intention de

l’ensemble de la population, qu’elle vive del’économie formelle ou de l’économie in-formelle.

Ce faisant, l’OIT tente de venir en aide aux plus

vulnérables : les nombreux orphelins qui sont à lamerci des trafiquants et risquent d’être astreints àdes travaux très dangereux. Certains de ces enfants

ont vu leur avenir disparaître sous les eaux. Maisils ne sont pas les seuls. Il y a aussi les femmes quise sont retrouvées seules à la tête de leur ménage,

les travailleurs migrants qui n’ont plus d’endroitoù retourner. Partout où je suis allé, l’OIT étaitdéjà en train de reconstruire l’avenir de ces per-

sonnes. A ce jour, le montant total des ressources bud-

gétaires et extrabudgétaires mobilisées et promises

pour financer la riposte de l’OIT au séisme et autsunami, s’élève à 13,3 millions de dollars. L’Orga-nisation a soumis deux projets, l’un pour l’Indo-

nésie et l’autre pour Sri Lanka, qui représentent unmontant de 15,4 millions de dollars, dans le cadrede l’appel lancé par les Nations Unies neuf jours

après la catastrophe pour financer les opérationsde secours d’une quarantaine d’institutions desNations Unies et d’ONG. Depuis, 18 propositions

d’action ont été élaborées et transmises à des do-nateurs potentiels pour les différents pays touchés,et des projets sont en cours dans le cadre du pro-

gramme coordonné du PNUD. J’espère que cesphotos illustreront non seulement les besoins maisaussi la volonté de reconstruire et de vivre.

En Indonésie et à Sri Lanka, le BIT-IPEC s’attaque aux formes anciennes etnouvelles de travail des enfants, à la faveur du processus de reconstructionet de développement qui se met en place après le tsunami. Il adopte pource faire une double stratégie ; d’une part, il conseille les responsables po-litiques et les aide à intégrer la question du travail des enfants dans le pland’urgence mis en œuvre à l’échelon national et, d’autre part, il propose dif-férents services sociaux dans le but de prévenir et de réduire le travail desenfants par des interventions ciblées.

En Indonésie, le BIT-IPEC a très vite lancé un nouveau programme àBanda Aceh. Avec le centre local de formation professionnelle, il proposedes cours de formation pratique de base aux jeunes de 15 à 17 ans qui vi-vent dans des camps de personnes déplacées. Il est en train de créer uncentre d’aide à l’enfance qui mettra différents services à la disposition desenfants des camps et des communautés touchées par le tsunami. Et dansles mois qui viennent, il étendra son action aux jeunes qui sont en danger.

A Sri Lanka, le BIT-IPEC interviendra plus particulièrement dans deux zo-nes : le district de Trincomalee, Kinnya, l’est du pays, et le district de Galle,Koggala, dans le sud. En collaborant avec les structures locales, il propose-ra un programme d’enseignement et de formation ainsi que des servicessociaux aux jeunes victimes, dont les familles et les tuteurs bénéficieront defilets de sécurité sociale, mis en place aux échelons local et national.

PRÉVENIR L’EXPLOITATION DES ENFANTS APRÈS LE TSUNAMI

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La province indonésienne de Aceh, 4,2 millionsd’habitants, comptait environ 250 000 chômeursavant que le tsunami ne frappe l’île de Sumatra.D’après les estimations, elle en aurait aujourd’hui600 000 de plus. L’OIT a établi des centres pourl’emploi qui enregistre les offres et les demandesd’emploi tout en recensant les besoins et les possi-bilités de formation. Alan Boulton, du bureau del’OIT à Djakarta, qui s’est rendu à Banda Aceh à lafin du mois de mars, a envoyé le rapport qui suit.

BANDA ACEH – L’aéroport de Banda Aceh estmoins encombré qu’il y a quelques mois. On y voittrès peu de soldats et d’avions militaires étrangers.En se rendant vers la ville, on passe devant l’une desfosses communes où sont enterrées les victimes dutsunami.

« Lorsque je suis venu ici, il y a deux mois, lapuanteur qui se dégageait de cet endroit et l’activi-té incessante des engins de terrassement m’avaientfrappé et tout de suite fait comprendre l’ampleurde la catastrophe», se souvient Alan Boulton, Di-recteur du bureau de l’OIT à Djakarta. « Aujour-d’hui, un jardin a été aménagé et une jolie barrièrea été construite. Cela me fait plaisir. »

Boulton, qui accompagnait le ministre de laMain-d’œuvre et des Migrations de l’Indonésie,Fahmi Idris, a d’abord assisté à une remise dechèques aux veuves et aux familles du personnel dugéant du ciment Lafarge, dont l’entreprise a étégravement endommagée par le tsunami.

Le ministre s’est ensuite rendu à l’Institut pro-vincial de formation professionnelle, à Banda Aceh,et, le 21 mars, a procédé à l’inauguration officielledes services de l’emploi pour la population deNanggroe Aceh Darussalam (ESPNAD). Les princi-paux secteurs dans lesquels les emplois ont disparusont le secteur tertiaire, suivi de l’agriculture, desplantations, de la pêche et du petit commerce.

L’ESPNAD, qui est entré en fonction le 7 février,a déjà plus de 9 000 demandeurs d’emploi inscrits.Il a placé près de 400 personnes dans des emploistemporaires ou à durée déterminée. Il met à profitle processus d’inscription pour recenser les qualifi-cations manquantes et proposer la formation quiconvient.

Dans son discours, le ministre a dit que le gou-vernement était reconnaissant à l’OIT de sa colla-boration dans la province et de la création des ser-vices de l’emploi. « La participation active des ha-

bitants à la reconstruction et au redressement de laprovince, grâce à l’amélioration de leurs qualifica-tions et compétences est très importante », a-t-ilajouté.

« Juste après le tsunami, et lorsque je suis allépour la première fois à Banda Aceh avec des respon-sables du ministère, les 13 et 14 janvier, l’OIT n’a -vait ni activités ni représentation à Aceh », expliqueBoulton. « Aujourd’hui, nous avons des centrespour l’emploi dans la capitale de la province, BandaAceh, ainsi qu’à Meulaboh et nous en ouvrirons unautre à Lhokseumawe dans quelques semaines. »

Outre l’inscription des demandeurs d’emploi, leservice de placement et le recensement des besoinset des possibilités de formation, ces centres sont entrain de constituer une base de données quicontiendra les noms de personnes qualifiées aux-quelles pourront faire appel les employeurs et lesentreprises pour les travaux de reconstruction, quidureront des mois, voire plusieurs années ici. Cefaisant, ils pourront combler l’écart entre la de-mande et l’offre de qualifications en mettant enplace une formation adaptée.

Outre l’apprentissage des méthodes de cons-truction et des cours destinés au personnel d’enca-drement chargé de déblayer les décombres, des ate-liers de formation spécialement destinés aux en-fants de 15 à 17 ans sont organisés ; ils compren-nent des cours de menuiserie, de couture et de bro-derie et une initiation à l’informatique. En tout,192 enfants participeront à ces ateliers, à raison de12 jours chacun.

Pour les personnes qui voudraient se mettre àleur compte ou monter une petite entreprise, unesérie de cours de brève durée est organisée dans lecadre du programme « Gérez mieux votre entrepri-se » (GERME). Les 50 personnes qui ont déjà suivices cours peuvent maintenant en former d’autres ausein de leurs organisations et institutions respecti-ves. La population cible est, entre autres, celle deshommes et des femmes de moins de 28 ans, desfemmes chefs d’entreprise et des syndicalistes.

Enfin, l’OIT a contribué à l’élaboration du pland’ensemble du gouvernement pour la reconstruc-tion et, en particulier, de la stratégie pour l’emploi.La première ébauche de ce plan vient d’être renduepublic par le Vice-président de l’Indonésie. Sa ver-sion définitive sera mise au point après consulta-tion des collectivités locales, et c’est le Président quila présentera.

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Formation et emploi à Aceh

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JobsNet collabore avec le BIT à la création d’un réseau national de centres d’emploià Sri Lanka. Ses bureaux sont reliés par l’Internet, non pas au moyen du téléphonemais de relais radio. Ce système n’ayant n’a pas été détruit par le tsunami, lamessagerie électronique et l’Internet étaient les seuls moyens de communication quireliaient les survivants de cette région au reste du monde dans les jours qui suivirentla catastrophe.

Hambantota : Les échoppes, les étals, les clients, lemarché tout entier, ont disparu. La statue de pêcheur,qui dominait une place de 200 échoppes, se dresseaujourd’hui, solitaire, à côté de deux structurespartiellement démolies que les vagues ont laisséesderrière elles.

Des ouvriers débarrassent les décombres à Hambantotaet ont même reconstruit la tour de communication.

Solidarité locale à Ginthota : récupération de matériaux réutilisablespour la reconstruction de l’école.

Sri Lanka

Le photographe du BIT, Marcel Crozet, qui s’estrendu dans les zones les plus touchées, nous atransmis le texte et le reportage photographiquequi suivent.

Souvent, les images sont plus parlantes que lesmots mais, dans le cas du tsunami, même les photos

ne disent pas tout. Dire quele tremblement de terre et leraz-de-marée du 26 décem-bre 2004 ont tout détruit surleur passage, ne rend pascompte des ravages dont j’ai

été témoin. Mais ma mission n’était pas seulementde montrer les effets du tsunami. Je suis parti à larecherche de quelque chose de moins tangible –l’espoir et l’esprit humain qui ont survécu à la va-gue, et la force de lutter pour reconstruire lesmoyens d’existence qu’elle avait balayés.

Mon voyage m’a emmené en Thaïlande, à SriLanka et en Indonésie. L’inondation des zonescôtières a détruit les maisons et les immeubles,les routes et les ponts, les canalisations d’eau et leslignes électriques, les cultures, les installations d’ir-rigation et les pêcheries, les moyens de production

Le 26 décembre 2004, l’arrivéedu tsunami a arrêté le temps

TSUNAMI

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Région de Khao Lak, la côte thaïlandaise la plus touchée par le tsunamidu 26 décembre. La totalité des hôtels et des commerces qui se trouvaient sur le bordde mer ont été détruits.

Dans le sud de la Thaïlande : les réservations d’hôtelont chuté de 90 pour cent, privant des millionsde personnes de leurs moyens de subsistance.

Les bateaux de pêche ont été endommagés ou détruits.Un pêcheur répare le sien pour retrouver le plus vitepossible son gagne-pain.

Khao Lak : un mois après le tsunami, remise en état d’un restaurant du bord de mer,par des propriétaires et des employés qui espèrent une réouverture rapide.

Thaïlande

et les petits commerces. De plus, des populationstrès pauvres, tributaires des ressources de la mer etdu littoral, ont perdu non seulement leur source derevenus mais aussi leurs maigres possessions.

Pourtant, j’ai aussi vu des signes d’espoir. EnThaïlande, des hôtels étaient en cours de recons-truction et les gens qui vivent du tourisme atten-daient de nouvelles arrivées. A Sri Lanka, une pê-cherie, qui avait été littéralement emportée par lesflots, reprenait vie grâce à l’Internet et à la messa-gerie électronique, seuls moyens de communica-tion existants. Et en Indonésie, ce n’était pas seule-

ment les travailleurs et les autorités qui s’affai-raient : même les éléphants participaient à la remi-se en état des villes et des villages !

A Genève, les experts du BIT tentaient de dres-ser un bilan des dégâts. Et surtout, avec les bureauxde Bangkok, de Colombo, de Djakarta, de NewDelhi et de Banda Aceh, ils firent renaître l’espoiren annonçant qu’avec une aide adéquate il seraitpossible de reconstruire et réparer les lieux de tra-vail et le matériel pour que la moitié des personnessans travail ou sans revenu puissent reprendre leursactivités avant la fin de l’année.

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Le recrutement de personnel pour le déblayage et la reconstructionest un premier pas vers la reconstitution du marché du travail.Le BIT estime que dans les provinces touchées par le tsunami,le taux de chômage a bondi de 6,8 à 30 pour cent.

Survivant de la catastrophe à Lhok Nga. Avant de disparaître sous une vaguede 20 mètres de haut, cette petite ville comptait 40 000 habitants.

Des bateaux ont été transportés à plusieurs kilomètres de la côte, à l’intérieurdes terres. L’OIT estime que dans les régions les plus touchées de l’Indonésie,600 000 personnes ont perdu leur unique source de revenu.

Rachmat, un commerçant de Peunayoung, découvre ce quireste de ses livres de comptes dans les décombres de sonmagasin.

Pas de récolte en vue à Lam Pisang :Plus de 40 000 ha. de rizières

ont été ravagésdans la province de Banda Aceh,

au nord de Sumatra.

Indonésie

TSUNAMI

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A Banda Aceh, Salatin, 14 ans, travaille pour une entreprisedu bâtiment. Au mois de mars, l’OIT a lancé un programme deformation à l’intention des jeunes de 15 à 17 ans réinstallésdans les camps de personnes déplacées.Dans les mois qui viennent, l’IPEC étendra ce programme enportant une attention particulière aux adolescents en danger.

A Ule Lheu, la population se réorganise et la vie économique reprendpeu à peu.

Le réseau routier a été très endommagé. La reconstruction de l’infrastructurede base procurera des emplois et des revenus aux chômeurs.

La destruction des usines a fait des centaines de morts et laissé les survivantssans moyens de subsistance.

Rahmad, 17 ans, était à l’université lorsquecelle-ci s’est écroulée. De retour chez lui,

il n’a trouvé qu’un amas de décombres souslequel la plupart des membres de sa famille

étaient enterrés (Banda Aceh).

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Un avenir de prospérité taillé sur mesure pour le Cambodge

a situation de la main-d’œuvre des usinestextiles du Cambodge s’est beaucoup amé-liorée depuis quelques années. Un systèmede surveillance conçu par l’OIT a aidé les

employeurs et les travailleurs à créer de meilleuresconditions de sécurité et de travail. L’article quisuit montre comment ce projet a permis aux en-treprises d’accroître non seulement leur producti-vité mais aussi leur crédibilité aux yeux de leursclients étrangers.

SIHANOUKVILLE – Dans l’unique pièce d’unehutte de fortune construite sur pilotis, Sok Keng ai-de ses quatre frères et sœurs à se préparer pour lajournée. Dehors, une pluie diluvienne qui semblene jamais vouloir cesser, a déjà inondé le petit espa-ce cuisine aménagé à même le sol, à côté de l’enclosdes animaux. La saison des pluies a commencé.

Alors que les villageois fuient leurs huttes pouraller s’abriter sous les arbres, le bruit d’une moto-cyclette informe Sok Keng que son père est prêt

pour l’accompagner à l’usine. Elle saute joyeuse-ment sur la motocyclette, l’un des biens les plusprécieux que possède la famille, et ils descendent lechemin caillouteux, maintenant transformé en untorrent de boue.

De ce minuscule village perché sur une falaisequi domine une carrière de pierre, on aperçoit auloin les bateaux qui déchargent des marchandiseset chargent des conteneurs dans le pittoresque portde Sihanoukville. Le trafic intense est le signe quela prospérité arrive dans ce tranquille recoin dumonde. La mondialisation transforme chaque jourun peu plus cette petite ville.

Mais, dans le village, les travailleurs n’ont tou-jours pour unique perspective que le labeur érein-tant de la carrière ou le travail rapide et monotonedes usines textiles qui pullulent ici depuis quelquesannées. Personne ne se plaint de son travail, cartous savent que la fiche de paie est leur seule ga-rantie contre la pauvreté.

« Avant, j’étais soldate. Après ma démobilisa-

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tion, je me suis retrouvée au chômage. Alors, jeviens ici casser des cailloux parce qu’il n’y a pasd’autre emploi pour moi », explique Malika, sans lamoindre trace d’émotion sur son visage tanné.

En raison du manque d’instruction et de l’ab-sence de débouchés, même les enfants sont mis àcontribution, qu’ils doivent participer aux tâchesménagères ou trouver un gagne-pain.

Apprendre un métierIl y a trois ans, la situation était tellement dés-

espérée que Sok Keng avait falsifié ses papiers pourpouvoir travailler dans l’une des usines textilesavoisinantes. Elle espérait ainsi soulager un peu lamisère de sa famille et payer une partie des frais descolarité de ses frères.

Mais à peine avait-elle été embauchée que desinspecteurs du travail, de passage dans l’usine, larepérèrent et vérifièrent ses papiers. Ils ne mirentpas longtemps à découvrir la vérité : Sok Keng ve-nait tout juste d’avoir 14 ans. Or, selon la législationcambodgienne, il faut avoir 15 ans pour pouvoirtravailler.

Au lieu de faire payer une amende à l’employeuret de renvoyer la fille chez elle, les inspecteurs del’Organisation internationale du Travail (OIT)s’arrangèrent avec l’employeur pour que Sok Kengpuisse acquérir une formation de couturière qui luiserait utile pour travailler dans cette branche par lasuite. Et l’employeur accepta de verser une allo-cation à la famille pour compenser le manque àgagner.

« La première fois que je suis allée au centre deformation professionnelle, j’étais terrorisée. Je nesavais ni lire ni écrire. Mais l’enseignante et mes ca-marades plus âgées se sont occupées de moi : ellesm’ont appris à lire, à écrire et à coudre. Maintenantje suis capable de faire des costumes ! », raconteune Sok Keng rayonnante.

Respect des normeset avantage concurrentiel

Cette stratégie de collaboration avec le gouver-nement et les employeurs d’une branche d’activitétrès importante pour le Cambodge a donné d’ex-cellents résultats.

Ici, l’industrie textile, partie d’un modeste chif-fre d’affaires de 120 millions de dollars, est devenuel’une de celles qui rapportent le plus gros volumede recettes d’exportation : plus de 1,6 milliard dedollars par an. Un tel essor est dû à l’accord bilaté-ral sur le textile, signé en 1999 avec les Etats-Unis,qui a ouvert au Cambodge l’accès au lucratif mar-ché américain, sous réserve d’améliorations tangi-bles dans l’application de la législation et des nor-mes du travail.

Aujourd’hui, le Cambodge et d’autres pays quisont tributaires des recettes d’exportation de leurindustrie textile vivent une période d’inquiétude.En effet, l’Accord multifibres (AMF), qui allouaitdes contingents d’exportation dans le secteur del’habillement, a pris fin le 31 décembre 2004. Deslicenciements massifs sont à craindre dans les pe-tits pays, auxquels l’Inde et la Chine pourraientbien ravir les marchés en misant sur les économiesd’échelle. Les conséquences de la fin de l’AMF sonten cours d’évaluation ; il faudra attendre quelquetemps avant de les connaître avec certitude.

Néanmoins, le Cambodge pense qu’il peut restercompétitif en appliquant des normes du travailstrictes. Outre son adhésion à la Déclaration del’OIT relative aux principes et droits fondamen-taux au travail, des réformes d’envergure récem-ment annoncées par le Premier ministre, Hun Sen,sont actuellement mises en œuvre pour alléger leslourdeurs administratives et lutter contre la cor-ruption.

L’OIT prête son concours par le biais de diffé-rents projets de coopération technique financés parle ministère du Travail des Etats-Unis, qui aidentles usines cambodgiennes à affronter la concurren-ce sur un marché mondial, où les consommateurssont très exigeants en ce qui concerne non seule-ment la qualité des produits mais aussi la manièredont sont traités les travailleurs qui fabriquent cesproduits. Depuis que ces projets ont débuté, plu-sieurs acheteurs étrangers sont revenus au Cam-bodge et d’autres ont augmenté leurs commandes.

Soun Ratana, responsable de l’application desnormes du travail dans l’une des usines qui colla-borent avec l’OIT, estime que le changement a étébénéfique pour les affaires. « Je suis heureux que lesacheteurs nous connaissent par le biais de l’OIT.

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Maintenant, je reçois beaucoup plus de comman-des par e-mail. »

Même la direction est agréablement surprise.« Il faut voir les choses de deux points de vue. D’uncôté, nous faisons ce qu’il faut en essayant d’amé-liorer les conditions de vie de notre personnel et del’autre, sur le plan purement économique, notreproductivité s’est accrue », déclare le directeurd’une usine qui participe au programme de l’OIT.

Le gouvernement a demandé à toutes les entre-prises qui exportent des marchandises à partir duCambodge, de s’inscrire à un projet dans le cadreduquel elles acceptent que les inspecteurs de l’OITaccèdent à leurs locaux, aussi bien à l’improvisteque sur rendez-vous. Ces inspecteurs s’entretien-nent librement avec les délégués syndicaux et lestravailleurs, au sein de l’usine et à l’extérieur, ainsiqu’avec la direction. Les aspects auxquels ils s’inté-ressent vont du bruit et de la chaleur qui règnentdans les ateliers, au travail des enfants et au non-respect de la liberté syndicale, en passant par le cal-cul des heures supplémentaires.

Au cours de ces dernières années, la situation dela quasi-totalité des usines s’est améliorée. En ai-dant les employeurs et les travailleurs à créer demeilleures conditions de sécurité et de travail, lesystème de surveillance a permis aux entreprisescambodgiennes d’accroître leur productivité ainsique leur crédibilité aux yeux de leurs clients étran-gers.

Les inspecteurs ont récemment fait savoir augouvernement que le travail des enfants avait prati-quement disparu des usines qui participent à ceprojet. Pour une industrie qui emploie plus de200 000 personnes et représente 80 pour cent desexportations du pays, c’est un résultat admirable.

« Les problèmes que nous détectons ont généra-

lement trait aux conditions de travail et, de temps àautre, au travail des enfants. Au cours de ces deuxdernières années, nous ne sommes tombés que surtrois cas de travail des enfants, et ce n’étaient pasdes cas considérés comme graves. En général, cesont des papiers falsifiés pour que des enfants puis-sent obtenir un emploi », explique Chea Sophal,assistant du programme de l’OIT et inspecteur.

Le Cambodge collabore avec des organisationsinternationales et des donateurs en vue d’élaborerd’autres stratégies pour faire face à la montée de laconcurrence dans l’industrie textile. Son dévelop-pement est entravé par le faible niveau d’instruc-tion et de formation professionnelle de sa popula-tion, surtout dans les campagnes où règne la pau-vreté et qui sont dépourvues de l’infrastructure laplus élémentaire.

La solidité de son industrie textile et le dévelop-pement du tourisme revêtent une importance vita-le pour que le Cambodge puisse se doter d’un sec-teur privé capable de créer suffisamment d’emploispour combattre son déséquilibre démographique.En effet, comme 60 pour cent de la population a demoins de 20 ans, l’offre de main-d’œuvre risqued’être pléthorique d’ici à une dizaine d’années.

Sok Keng, qui a maintenant 17 ans, a devant elleun avenir prometteur. Aujourd’hui, elle travaille àplein temps dans une nouvelle usine, à la confec-tion de nappes et de serviettes de table destinées àl’Occident. Sa place est très recherchée car elle luiprocure un salaire et des avantages supérieurs àceux d’autres emplois locaux, et cela lui donne del’espoir.

« Plus tard, lorsque je serai mariée, j’aurai desenfants. Je veux qu’ils s’instruisent, qu’ils ne secontentent pas d’apprendre la couture », dit-elleavec une lueur dans les yeux.

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e gouvernement de la Tanzanie, en parte-nariat avec l’OIT, lutte contre la pauvretépar l’éducation et la formation des fem-mes et des enfants des milieux défavori-

sés, tout en promouvant l’égalité entre les hommeset les femmes. L’article qui suit explique commentles projets de l’OIT ont contribué à l’améliorationdes conditions de vie des femmes pauvres et deleur famille dans le pays.

TANGA, Tanzanie – Pendant des années, SalmaHarub Abdala a vécu et fait vivre ses six enfantsavec moins de 1 dollar par jour. Son mari l’a aban-donnée au début des années 1980. Avec un seul re-venu, elle ne pouvait ni payer un logement décentni scolariser ses enfants.

La situation s’est encore aggravée lorsque son

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Tanzanie : Egalité dessexes et travail décent àtous les stades de la vie

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mari, invalide et paralysé, est revenu parce que sesproches refusaient de le prendre en charge. Salma adonc dû s’occuper de lui jusqu’à ce qu’il meure, en1992.

Les choses ont enfin changé lorsque, grâce auprojet de l’OIT intitulé « Promotion de l’égalitéentre hommes et femmes et du travail décent à tousles stades de la vie en Tanzanie », elle a pubénéficier de prêts. « Mes ventes et mes bénéficesont augmenté, je peux maintenant envoyer mesplus jeunes enfants à l’école. Nous sommes mieuxlogés et nous nous alimentons correctement », dit-elle aujourd’hui. Et aussi : « Deux de mes fillesont bénéficié directement du projet. »

La fille aînée de Salma a en effet adhéré à ungroupe de femmes de Tanga, qui octroie des prêts àses membres, et sa fille cadette, âgée de 16 ans, a

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suivi une formation. Le projet facilite le passage del’école au monde du travail en proposant des cours,des formations et autres solutions à des jeunes qui,sans cela, aurait un avenir incertain. Il permetainsi à un nombre croissant d’entre eux de briser lecycle de la pauvreté.

En effet, Salma et ses enfants ne sont pas seulesdans ce cas. Des centaines de Tanzaniennes racon-tent comment elles ont, elles aussi, réussi à se libé-rer de la pauvreté grâce aux prêts, au microcrédit, àl’enseignement et aux cours d’initiation à la gestiond’entreprise, dont elles ont bénéficié dans le cadredu projet. Ces femmes qui n’avaient auparavantaucune possibilité d’accéder à un prêt, ont bel etbien appris à emprunter de l’argent, à le faire fruc-tifier et à le rembourser.

Asha Rajabu, membre du groupe de femmes deDar es-Salaam, se souvient : « Je ne voulais pas fai-re d’emprunt. J’avais peur de ne pas pouvoir rem -bourser. Mes amis m’ont encouragée à faire un es -sai avec une petite somme. » Ce prêt lui a permis demonter une affaire qui marche bien et d’envoyerses trois enfants à l’école, sans l’aide d’un mari.

Elle ajoute : « Le projet m’a apporté un grandsoulagement. Je conseille vivement à toutes les fem-mes pauvres d’y participer. Au début on a peur par-ce que l’on n’a jamais emprunté d’argent ni mêmefranchi le seuil d’une banque. Mais lorsqu’on estlancé, tout ce qu’on regrette c’est de ne pas l’avoirfait plus tôt, car sa vie change du tout au tout. »

L’histoire de Salma et d’Asha illustre les difficul-tés particulières que rencontrent les femmes dans lemonde du travail. Pourtant, le projet de l’OIT l’at-teste, les femmes qui travaillent apportent énormé-ment à leur famille et à la société. Et malgré cela, ladiscrimination sexuelle dans l’accès aux ressources,à l’éducation et aux débouchés continue de s’op -

poser à la volonté qu’ont les femmes de participeractivement au développement économique et so-cial.

Les femmes, et en particulier les mères célibatai -res, sont censées remplir plusieurs rôles à la fois –travailler et se consacrer aux soins de leurs proches– ce qui les empêche d’exercer un emploi à pleintemps dans l’économie formelle. Aussi ces femmeset toutes celles qui n’ont pas pu acquérir la forma-tion nécessaire pour trouver un travail décentn’ont-elles souvent d’autre solution que de se tour-ner vers le secteur informel.

Mais dans le secteur informel, elles n’ont aucu-ne forme de protection sociale, sont mal payées etsont davantage exposées au danger (si elles tra -vaillent dans l’industrie du sexe, par exemple). Etque ce soit dans le secteur formel ou dans le secteurinformel, où c’est à elles qu’échoit la majeure par-tie du travail occasionnel ou à temps partiel, lesfemmes pauvres occupent au mieux des emploisprécaires. Cantonnées dans les emplois peu rému-nérés qui n’offrent aucune garantie et constam -ment victimes de harcèlement sexuel, ces femmessont impuissantes et en détresse.

Le projet ne vise pas seulement l’élimination dela discrimination sexuelle dans l’emploi et la pro-fession. Par le biais de l’enseignement scolaire et dela formation qu’il dispense aux jeunes filles et auxfemmes, il s’attaque à un autre fléau qui constituel’une des grandes causes de préoccupation del’OIT : les pires formes de travail des enfants. LaTanzanie est l’un des trois premiers pays qui se sontengagés à mettre en place un programme assorti dedélais en vue de l’élimination des pires formes detravail des enfants.

S’affranchir de la pauvreté par le travailDans le rapport intitulé S’affranchir de la pau-

vreté par le travail, qu’il a présenté en 2003 à laConférence internationale du Travail, le Directeurgénéral affirmait : « Identifier les étapes essentiellesde la vie où les gens peuvent basculer dans la pau-vreté est le point de départ qui permet de com -prendre la dynamique de la vie et du travail descommunautés pauvres. […] Si les filles sontconfrontées, plus que les garçons, à des attitudes età des pratiques culturelles négatives et à la discri -mination dès leur naissance, elles grandiront pourdevenir des femmes soumises à de plus fortescontraintes, et elles n’auront guère de choix ni dechances. A leur tour, elles seront moins capablesd’influencer positivement la vie de leurs enfants,filles et garçons, de sorte que la pauvreté risque dese transmettre d’une génération à l’autre. »

Le projet de l’OIT en Tanzanie prend en comptela féminisation de la pauvreté, ainsi que la trans -mission de celle-ci d’une génération à l’autre. Le

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L’égalité des hommes et des femmes est aucœur du mandat de l’OIT, qui consiste à pro-mouvoir le travail décent, considéré comme undroit fondamental et comme un atout pour laproductivité. L’OIT intègre le principe de l’éga-lité entre hommes et femmes dans ses pro-grammes par le biais de stratégies basées surles droits, qui favorisent l’indépendance éco-nomique des femmes et des hommes. Unetelle démarche revêt une importance fonda-mentale pour la protection et la promotiondes droits de tous les travailleurs.Le projet « Promotion de l’égalité des sexes etdu travail décent à tous les stades de la vie »s’inscrit dans le Programme de partenariatOIT/Pays-Bas 2004-2006. Ce programme ap-puie l’action que l’OIT mène en faveur del’égalité des sexes, par le biais de plusieursprojets visant à prévenir l’exploitation des en-fants dans le travail domestique et le travail enservitude, à promouvoir l’emploi des jeunes etaméliorer l’employabilité des populations mar-ginalisées, ainsi qu’à renforcer la sécuritésociale et la lutte contre la pauvreté dansl’économie informelle.

L’OIT ET L’ÉGALITÉ HOMMES-FEMMES

but est non seulement d’améliorer les conditionsde vie des femmes qui en bénéficient directement,mais aussi de faire en sorte que l’existence des fem-mes et de leurs enfants continuent à changer dansles années à venir. Ce projet représente donc unephase importante de la stratégie globale de la Tan-zanie pour la réduction de la pauvreté.

Selon la philosophie du projet, le travail décentet la réduction de la pauvreté ne sont possibles quesi les filles et les garçons ont les mêmes chances àl’école et que si la pauvreté ne les oblige pas à exer-cer des activités dangereuses. Les filles et les fem-mes doivent pouvoir faire des choix, exprimer leursopinions, concilier travail et famille et passer sansheurts d’une étape de la vie à une autre.

Le projet apprend aux femmes à faire en sorteque la discrimination ne se perpétue à travers lesdifférentes phases de leur existence et à ne pas per-dre en vieillissant ce qu’elles ont acquis à une autreépoque de leur vie. Ses principaux axes d’interven-tion sont l’accès à l’instruction de type scolaire ouautre, la création d’emplois et la promotion de l’é-galité entre les hommes et les femmes.

En prenant ainsi en compte l’existence dans saglobalité, l’OIT entend mettre en place un pro-gramme inscrit dans la durée, qui contribuera à laréalisation des Objectifs de développement del’ONU pour le Millénaire consistant à réduire l’ex-trême pauvreté et la faim, assurer l’éducation pri-maire pour tous, promouvoir l’égalité des sexes etl’autonomisation des femmes, et qui ne prendrapas fin avec le projet. Des progrès non négligeablesont déjà été accomplis dans tous ces domaines.

Une femme du groupe de Tanga : « Au départ,nous avions peur d’emprunter. Nous ne savionspas que les femmes pauvres pouvaient contracterdes prêts et les rembourser… C’est grâce à la for-mation, que nous avons acquis suffisamment deconfiance pour emprunter, et sans elle, nous au -rions été incapables de rentabiliser cet argent…Nos conditions de vie se sont considérablementaméliorées. »

Apprendre à se faire entendreLes femmes qui travaillent apportent énormé-

ment à leur famille et à la société. Une fois ce faitconstaté, l’impact du projet sera renforcé. Cela per-mettra aussi aux femmes de mieux faire valoir leursdroits, ce qui accroîtra l’autonomie des générationssuivantes. C’est pourquoi la formation de groupesde femmes est peut-être ce qui a provoqué le chan-gement le plus concret.

Une autre femme du groupe de Tanga raconte :« Au départ, les femmes ne voulaient pas faire par-tie du groupe. Mais aujourd’hui beaucoup de nosamies veulent se joindre à nous, car elles ont vu àquel point cela était positif. Les femmes sont moti-

vées, et de nouveaux groupes se forment peu à peu.Dans notre région, énormément de femmes de-mandent à participer au projet. »

Les femmes et les jeunes reçoivent une forma -tion qui leur permettra de se faire entendre dans lasociété. Salma témoigne : « Aujourd’hui, je sais ceque je dois faire lorsque je préside une réunion.Honnêtement, dans le passé, je ne savais pas com -ment animer une réunion et amener un groupe depersonnes à prendre des décisions concrètes etdémocratiques. Avec le projet, j’ai pris confianceet grâce à cela j’ai pu obtenir un siège au comitéexécutif régional … Je suis aussi la présidente de lacommission pour le suivi du projet à la mairie deTanga. »

Pour continuer à aider les femmes et les enfantspauvres à prendre en main leur destin et élargir laportée du projet, il est prévu de poursuivre les acti-vités de soutien, de formation et de renforcementdes capacités de telle sorte que les groupes actuelsse transforment en véritables coopératives d’épar -gne et de crédit. Un atelier national de haut niveaudevrait aboutir à l’insertion du projet dans desstratégies et programmes d’envergure nationale.Des éléments complémentaires tels que l’évalua -tion des besoins des jeunes qui participent au pro -jet et le développement des activités de soutien à lafamille, notamment par la création de garderiesconfiées à un personnel qualifié, sont envisagés.

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n De nos jours, les stars féminines ducinéma touchent peut-être les mêmescachets que leurs homologues mascu-lins, mais derrière les caméras la situa-tion est tout autre. Une étude annuelleportant sur les 250 films américains lesplus rentables aux Etats-Unis indiqueque les femmes occupent seulement 17pour cent des postes clés derrière les ca-méras et que ce pourcentage n’a pasbougé depuis 1998. Selon l’étude, cespostes sont ceux de producteur exécu-tif, de producteur, de réalisateur, de scé-nariste-dialoguiste, de monteur et dedirecteur de la photographie. Dans cessix catégories, les femmes sont en géné-ral productrices et c’est parmi les direc-teurs de la photographie qu’elles sont lemoins nombreuses. Seulement 6 pourcent de ces 250 films ont été réalisés pardes femmes. Dans le classement pargenre, elles sont trois fois plus nom-breuses à travailler sur des documentai-res ou des histoires romantiques quesur des films d’horreur ou de science-fiction. La nouveauté est l’augmenta-tion du nombre de femmes ayant tra-vaillé comme scénaristes ou comme

réalisatrices pour des films sélectionnésaux Academy Awards (11 femmes autotal). Seules trois femmes ont étésélectionnées pour l’oscar du meilleurréalisateur en 77 ans d’existence del’Academy Award, et aucune ne l’a jamaisremporté.– Sources: The Fund for Women Artists,2004 et www.womensenews.org, févr.2004 (Etude: Martha Lauzen, TheCelluloid Ceiling Report)

Comment les femmes tentent-elles deremédier à cette situation ?

Lors de la conférence internationale deWomen in Film and Television, tenue en2004 en Nouvelle-Zélande, différentscolloques ont été organisés sur des thè-mes tels que le spectateur de l’avenir, lavente des idées, la parole des peuplesautochtones sur le marché internatio-nal et la responsabilité sociale dans lanarration. Depuis quelques années,nombreux sont ceux, dans le monde ducinéma, qui considèrent la Nouvelle-Zélande comme un lieu de prédilectionpour la production cinématographiqueet comme un vivier de réalisatrices ta-lentueuses telles que Jane Campion,Christine Jeffers, Gaylene Preston etNikki Caro. En 2003, les organisateursdu Festival du film de Londres ont dé-claré que la force du cinéma néo-zélan -dais résidait dans la détermination deses réalisateurs à fixer leurs propresnormes et dans leur refus de suivre lesgrandes tendances internationales. Etl’une des réalisatrices néo-zélandaises,Gaylene Preston, a précisé que, contrai-rement aux films d’autres pays qui sontproduits selon des critères définis pardes équipes d’experts et d’administra-

teurs, les films néo-zélandais étaient gé-néralement « faits maison ».– Sources: wifti.org/summit , févr. 2004et MarketNewZealand.com , octobre2003.

n En Australie, sept films réalisés pardes femmes sont sélectionnés pour leFestival d’été du court métrage de Can-berra 2005. C’est un nombre record quireprésente un peu moins de la moitiédes réalisateurs retenus. Ce festival ren-dra hommage au travail de cinéastes in-dépendants de la région de Canberra.Marisa Martin, codirectrice, a déclaré :« Les organisateurs étaient ravis à l’idéede projeter les travaux de tant de jeunesfemmes talentueuses de la région. »– Source: www.FT.com, févr. 2005

n Au Royaume-Uni, les disparités en-tre les sexes sont énormes dans le mon-de du cinéma. D’après une étude récen-te du Film Council et de l’école de ciné-ma Skillset, bien que les femmes repré-sentent un tiers des travailleurs du sec-teur, seulement 16 pour cent d’entreelles gagnent 50 000 livres sterling ouplus par an, contre 30 pour cent deshommes. Dans le bas de l’échelle, 35pour cent des femmes gagnent moinsde 20 000 livres par an, contre 18 pourcent des hommes. L’étude attribue cesdisparités au fait que les femmes sontpeu nombreuses dans les métiers tech-niques du cinéma, tels que ceux de ca-méraman, d’électricien, d’ingénieur duson ou de machiniste, et exercent plutôtdes professions telles que celles de coif-feuse ou de maquilleuse. Pour être re-cruté, le meilleur moyen est de fairepartie d’un réseau : l’étude démontreen effet qu’au Royaume-Uni, l’immen-

En 2005, la Journée internationale de la femme a mis à l’honneur les fem-mes qui sont derrière la caméra. Deux réalisatrices mondialementconnues – la Française Claire Denis et l’Indienne Pamela Rooks – ont par-lé de l’égalité des sexes et du rôle des femmes dans l’industrie du cinéma.Ce numéro de Travail revient sur ces deux aspects dans le détail.

P L A N È T E T R A V A I L NOUVELLES DU MONDE DU TRAVAIL

R U B R I Q U E S

PLANÈTE TRAVAIL CHAMPS D ’ACTION L’OIT DANS LA PRESSELES NOUVELLES

Page 29: Tsunami : le rôle de l'OIT · Ainsi, non seulement elle répond aux be-soins immédiats, mais encore elle contri-bue à renforcer la résistance de la popula-tion à de futures catastrophes

29TRAVAIL, N° 53, AVRIL 2005

se majorité (81 pour cent) des person -nes qui travaillent dans le cinéma ontété recrutées par le bouche à oreille. LeFilm Council vient de lancer, en colla-boration avec Skillset, un projet de 50millions de livres pour améliorer la for-mation et créer des débouchés dans lesecteur. – Sources : BBC News Online et TheGuardian, févr. 2005

n Quel rôle peuvent jouer les femmesdans l’industrie du cinéma? Défendreune cause, par exemple. Ainsi, la cam-pagne mondiale pour les microbicidesa été à l’origine d’un film, In Women’sHands (« Entre les mains des fem-mes »), sur la lutte des femmes contre leVIH/sida et les autres maladies sexuel-lement transmissibles. A travers desportraits de femmes qui vivent auxEtats-Unis, au Royaume-Uni et enAfrique du Sud, il démontre que lavulnérabilité des femmes face à ces in-fections est universelle. L’objectif de cefilm est non seulement d’attirer l’atten-tion sur l’intérêt des microbicides, maisaussi de sensibiliser les bailleurs defonds, les responsables politiques, lesmilitants et le grand public aux problè-mes de la recherche-développementdans ce domaine. – Source : www.global-campaign.org

n Outre l’égalité des sexes et le mili-tantisme, la protection de la diversitéculturelle est elle aussi un but. Parexemple, un grand constructeur auto-mobile américain s’est associé à Womenin Film, organisation à but non lucratifde Californie, pour soutenir des cinéas-tes latino-américaines. Dans le cadred’un programme de six jours, des fem-mes qui ont déjà réussi dans le cinémaviennent en expliquer les aspects com-merciaux à des débutantes latino-amé-ricaines. – Source : www.wif.org, mars 2005

n Pour la première fois, un coup demain vient d’être donné aux réalisatri-ces coréennes. Women in Film Korea,organisation professionnelle à but nonlucratif, a publié un annuaire des réa-lisatrices coréennes de documentaires,de longs métrages, de films d’anima-

tion et de courts métrages. On y trouvele message suivant du président de laKorean Film Commission, Yoo Gil-chon:« C’est la première fois que les cinéastescoréennes sont présentées au reste dumonde. J’espère que la communautéinternationale découvrira ainsi unenouvelle facette du cinéma coréen etque cela l’incitera à s’intéresser ànous et à nous encourager. »– Source : www.asianfilms.org/korea

n En Inde aussi, les femmes commen-cent à être reconnues. Le Festival Madeby Women, qui a eu lieu l’annéedernière, était le premier festival inter-national du cinéma féminin jamais or-ganisé dans le pays. Ce festival s’est dé-placé pendant deux mois dans les septplus grandes villes dupays, montrant desfilms primés de réa-lisatrices originairesde l’Iran, de l’Aus-tralie, de l’Inde, de laRépublique tchèqueet de l’Argentine. Lebut était de faire con-naître à un nouveaupublic le travail intel-ligent et stimulant defemmes de toutesraces, de toutes clas-ses sociales et de tousâges aux talents lesplus divers – en ren-dant hommage à laclairvoyance, à l’es-prit et au dynamismedu cinéma féminin.C’est là une initiativesalutaire dans une in-dustrie cinématogra-phique plutôt connuepour ses productions« hollywoodiennes ».Toutefois, une étudesur l’évolution de lacondition féminineau Bengale occidentalentre 1970 et 2000,publiée en février2005 par la Commis-sion de la conditionféminine du Bengaleoccidental, pousse la

réflexion plus loin en rappelant quel’actualité sociale des femmes est faitede décès pour dot impayée et de vio -lence conjugale. Cette étude dénonceen outre l’exploitation de la femmedans l’industrie du cinéma. Elle con -state cependant qu’une nouvelle vaguede films brisent le moule dans lequelétaient enfermées les femmes, en don-nant une image positive de celles quiexercent une activité professionnelle,montrées comme des femmes compé-tentes et libérées et non plus commeles êtres passifs et stéréotypés des an -ciens films.– Sources: www.Chennaionline.commars 2004, www.madebywomen.org, etThe Times of India, févr. 2005 >>

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Journée internationale de la femme au BIT, à Genève. Deux réalisatrices

mondialement connues – la Française Claire Denis et l’Indienne Pamela

Rooks – ont parlé de l’égalité des sexes et du rôle des femmes dans l’indus-

trie du cinéma.

MÉDIATHÈQUE

Page 30: Tsunami : le rôle de l'OIT · Ainsi, non seulement elle répond aux be-soins immédiats, mais encore elle contri-bue à renforcer la résistance de la popula-tion à de futures catastrophes

30 TRAVAIL, N° 53, AVRIL 2005

n Au Canada, une vingtaine de parte-naires publics et privés ont publié en2004 une étude sur les caractéristiquesnationales et l’évolution de l’emploi desfemmes et des minorités dans le secteurdu cinéma et de la télévision. Cetteétude examine également l’impact duchangement technologique, de la mon-dialisation et de la diversité culturellecroissante du public. Elle recense lesbranches qui manquent encore de per -sonnel qualifié et celles qui sont suscep -tibles de se développer. L’Office nationaldu film du Canada a décidé de soutenirce travail en animant une table rondenationale sur la question diversité. Source : Women in Film and Television-Toronto, juin 2004

n En 2004, l’Afrique du Sud célébraitdix ans de démocratie. A cette occa-sion, le Festival annuel du film desfemmes africaines a tenu sa premièrecérémonie des «Awards ». Ce festivalest organisé par Women of the Sun, or-ganisation africaine à but non lucratifqui a créé un réseau d’entraide etd’échange d’information pour les réa-lisatrices africaines. La cérémonie des« Awards », coparrainée par la SouthAfrican Broadcasting Corporation ,comportait les catégories suivantes :prix de l’œuvre de toute une vie,meilleur film, meilleure réalisatrice etmeilleur espoir. Une porte-parole deWomen of the Sun a déclaré que cettecérémonie avait ouvert une ère nou-velle pour le cinéma. «Le travail et le

talent des femmes cinéastes vont enfinêtre révélés dans une industrie qui atoujours été considérée comme lachasse gardée des hommes », a-t-elledéclaré. Women of the Sun apporte sonsoutien à des cinéastes jeunes etchevronnées d’Afrique du Sud, duKenya, du Nigéria , de la Namibie etdu Zimbabwe. Bien que le festival aitété axé sur le cinéma africain, des filmsd’autres régions en développementd’Asie et d’Amérique latine y ont étéprojetés. – Sources: www.southafrica.info/women,nov. 2004 etwww.womenofthesun.org.za

>>

n Les femmes cinéastes mettent-elles

plus souvent leur métier au service de ladéfense de causes sociales que leurs ho-mologues masculins ? Et le font-elles au-

jourd’hui davantage ou moins qu’il y a20 ou 30 ans ? Questions intéressantesauxquelles il n’est facile de répondre,

faute de statistiques fiables et de consen-sus. En tout état de cause, les femmes nepeuvent pas reprocher aux hommes de

sacrifier à l’impératif commercial sansjamais s’intéresser à des questions so-ciales et politiques délicates. A preuve,

des films engagés qui ont été très appré-ciés, comme Marie pleine de grâce, Par-fois en avril et The day my god died , ont

tous été réalisés par des hommes. En re-

vanche, seules les femmes sont capablesde mettre en scène les sujets et les événe-ments qui les touchent dans une optique

féminine. C’est ce qui caractérise depuistoujours le cinéma féminin, mais lesfilms de ce type sont minoritaires par

rapport à ceux du courant dominant. De plus, les femmes réalisent beau -

coup plus de documentaires que de longs

métrages. D’après le plus grand (et le plusancien) distributeur de films féministes,Women Make Movies, elles sont très pré -

sentes dans les productions éducatives etmilitantes, mais moinssur le marché classique

du divertissement. Ce-la s’explique par desfacteurs tels que la via-

bilité commerciale desprojets, l’accès au fi-nancement, la maîtrise

de la technique et à l’é-volution des problè-mes sociaux. Il est ce-

pendant évident que lecinéma féminin estdésormais plus ras-

sembleur et qu’il par-vient peu à peu à s’im-poser sur la scène

mondiale grâce au dy-namisme de réseauxféminins qui n’exis-

taient pas auparavant. On compte au -

jourd’hui au moins un grand festival dufilm féminin sur chaque continent, etbeaucoup de films qui y sont présentés

ont un contenu social. Les films éduca-tifs et féministes pourront-ils jamais ri-valiser avec les films grand public ? Le ci-

néma féminin s’insérera-t-il un jourcomme un cinéma à part entière dans lecourant dominant ? Il y a dans le monde

beaucoup de femmes qui, devant et der-rière la caméra, cherchent activement laréponse à ces questions.

– Source: Center for Social Media 2002

La première suisse du film Dance Like a Man, réalisé par Pamela Rooks, a eu

lieu le 8 mars 2005 à Genève. Ce fut l’événement du deuxième festival inter-

national de films organisé par l’OIT sur le thème « Les femmes et le travail »,

à l’occasion de la Journée internationale de la femme. Ce festival, ouvert au

public, a duré une semaine (www.ilo.org/communication).

R U B R I Q U E S

PLANÈTE TRAVAIL

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31TRAVAIL, N° 53, AVRIL 2005

A l’ordre du jour de la 292 e sessiondu Conseil d’administration du BIT :la mondialisation, les droits des travailleurs, le programme et budget 2006-07

Visite de LL.MM.le Roi Juan Carlos Iet de la ReineSophie d’Espagneau siège de l’OIT

GEN ÈVE – LL. MM. le Roi Juan Carlos I et laReine Sofia se sont rendus au siège de l’Organisa-tion internationale du Travail (OIT) pour célébrer le10e anniversaire de la coopération de l’Espagne avecle Programme international pour l'élimination dutravail des enfants (IPEC).

S.M. le Roi d’Espagne, Juan Carlos I, a qualifié de« monstrueuse » la pratique du travail des enfants etlancé un appel pour qu’elle fasse l’objet d’une luttesans merci dans le cadre des efforts visant à donnerune « dimension humaine » à la mondialisation.

« Plus de 240 millions de filles et de garçons sont,chaque jour, obligés de travailler au lieu d’aller à l'é-cole. C’est un chiffre effrayant », a-t-il déclaré lorsd’une allocution prononcée à l’occasion d’une séan -ce spéciale à laquelle ont assisté des représentantsdes gouvernements, des employeurs et des tra -vailleurs.

Le Roi et la Reine, accompagnés du ministre desAffaires étrangères de l’Espagne, Miguel Ángel Mo-ratinos, ont été accueillis par le Directeur général duBIT, Juan Somavia, avec qui ils se sont entretenus enprivé. Philippe Séguin, Président du Conseil d’admi-nistration du BIT, a présidé cette séance spéciale.

Juan Carlos I a rappelé que l’Espagne était l’undes membres fondateurs de l’OIT, l’Organisation laplus ancienne du système des Nations Unies, etqu’en 1995 elle a signé un accord de coopérationpour appuyer les efforts de l’IPEC dans sa lutte con-tre le travail des enfants, notamment en Amériquelatine.

« C'est par des programmes comme celui quinous réunit aujourd’hui que la mondialisation del’économie pourra se transformer en une force posi-tive dans la sphère sociale au profit de tous les habi-tants de la planète », a affirmé le Roi d’Espagne.« Nous ne voulons pas que la mondialisation se li -mite à des aspects économiques et financiers. Nousespérons qu’elle aura aussi une dimensionhumaine », a-t-il ajouté en soulignant que la justicesociale « ne peut souffrir ni le travail des enfants, nile travail forcé, ni l’absence de mesures de sécurité etde réglementation sanitaire sur les lieux de travail.Et, bien évidemment, elle est incompatible avec lesdiscriminations dont sont victimes certains tra-vailleurs, en raison de leur sexe, de leur race, de leursconvictions religieuses ou de leur nationalité ».

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Les questions à l’ordre du jour duConseil d’administration du BIT* al-laient de la mise en place de nouveauxpartenariats oeuvrant pour une mon-dialisation juste au respect des droitsfondamentaux des travailleurs.

GENÈVE – Le Groupe de travail sur la dimensionsociale de la mondialisation a examiné des proposi-tions sur la suite que l’OIT devrait donner au rap -port de la Commission mondiale sur la dimensionsociale de la mondialisation, publié en février 2004.Dans ses conclusions, Philippe Séguin, Président du >>

L E S N O U V E L L E S

Page 32: Tsunami : le rôle de l'OIT · Ainsi, non seulement elle répond aux be-soins immédiats, mais encore elle contri-bue à renforcer la résistance de la popula-tion à de futures catastrophes

32 TRAVAIL, N° 53, AVRIL 2005

e Conseil d’administration a aussi recommandé l’a -doption, pour les années 2006-07, d’un programme et

budget estimé à 568,6 millions de dollars, au taux de 1,34franc suisse pour 1 dollar des Etats-Unis, appliqué pour lebudget de 2004-05. En dollars constants, cela représenteune augmentation modérée de 1,1 pour cent pour faire fa-ce aux besoins d’investissement institutionnel et aux dé-penses extraordinaires.

Le taux de change et le montant définitif du budget se-ront décidés en juin 2005 par la Conférence internationaledu Travail.

Dans ce nouveau programme et budget, l’accent est missur le travail décent en tant qu’objectif mondial et sur les

activités correspondantes au niveau local, national, régio-nal et international, y compris les programmes de promo-tion du travail décent par pays.

Le programme consolide les quatre objectifs straté-giques de l’OIT: promouvoir les normes ainsi que les princi-pes et droits fondamentaux au travail, offrir aux femmes etaux hommes la possibilité d’accéder à un emploi et à un re-venu décents, élargir et améliorer la protection socialepour tous, et renforcer le tripartisme et le dialogue social.Il propose en outre des initiatives concernant le travaildécent pour les jeunes, la responsabilité sociale des entre-prises, les zones franches d’exportation et l’économieinformelle.

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L

Conseil d’administration, a déclaré que le groupe detravail avait abouti à une ferme consensus sur le faitque la contribution spécifique de l’OIT à une mon-dialisation juste consistait à promouvoir le travaildécent en tant qu’objectif mondial.

Le Commissaire européen à l’emploi, aux affai-res sociales et à l’égalité des chances, Vldamir Špid-la, qui était l’invité spécial du groupe de travail, asouligné que l’OIT avait un rôle essentiel à jouerdans le dialogue politique mondial, dont l’objet etde créer des partenariats aux fins d’une plus gran-de cohérence des politiques dans le système multi-latéral. Il a également fait observer la convergencecroissante entre les questions inscrites à l’ordre dujour de l’Union européenne et celles dont débatl’OIT, et a ajouté que la promotion du travail décen ten tant qu’objectif mondial et les préoccupations etmesures relatives à la dimension sociale de la mon-dialisation faisaient désormais partie intégrante dela stratégie de l’UE, tant à l’intérieur des frontières de

l’Union élargie que dans ses relations avecle reste du monde.

Dans ses commentaires au groupe detravail, le Directeur général du BIT, JuanSomavia, a déclaré que la contribution del’OIT à une mondialisation équitable etsans exclusive passait par l’Agenda du tra-vail décent, lequel ne pourra être mis enœuvre que si l’Organisation coopère avecd’autres organisations multilatérales. A cepropos, il a rappelé que l’Assemblée géné-rale des Nations Unies avait adopté cetteannée une résolution sur le rapport de laCommission mondiale sur la dimensionsociale de la mondialisation.

« Nous sommes plus efficaces quandnous travaillons en partenariat avec ceuxqui partagent nos vues », a déclaré M. So-

mavia, « mais comme, sur quantité d’aspects fon-damentaux, les avis divergent, la recherche de solu-tions cohérentes passe nécessairement par le dialo-gue. Pour ce faire, la structure tripartite de l’OIT estun atout ».

Le groupe de travail est convenu que, pour éla-borer des politiques plus cohérentes, l’OIT devaitrenforcer ses partenariats avec les autres institu-tions multilatérales, parmi lesquelles la Banquemondiale, le Fonds monétaire international (FMI),l’Organisation mondiale du commerce (OMC), enfonction de leurs mandats respectifs. En outre, il ademandé qu’un document sur les liens entre crois-sance, investissement et travail décent soit présentéau Conseil d’administration en novembre.

Droits au travailConcernant la question du travail forcé au

Myanmar, le Conseil d’administration a examiné

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PLANÈTE TRAVAIL CHAMPS D ’ACTION L’OIT DANS LA PRESSELES NOUVELLES

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Page 33: Tsunami : le rôle de l'OIT · Ainsi, non seulement elle répond aux be-soins immédiats, mais encore elle contri-bue à renforcer la résistance de la popula-tion à de futures catastrophes

33TRAVAIL, N° 53, AVRIL 2005

GENÈVE – Le Népal, le Guatemala,le Venezuela et le Zimbabwe font partiedes pays dont des cas sont cités pour in-fraction au principe de la liberté syndi-cale et violation des droits syndicaux,dans le rapport du Comité de la liberté

syndicale que le Conseil d’administra-tion du BIT a adopté lors de sa 292e

session. Dans son rapport trisannuel auConseil d’administration, le comitéexamine 30 cas sur les 134 dont il estactuellement saisi.

Le dernier rapport du Comitéde la liberté syndicale du BIT citele Népal, le Guatemala, le Venezuelaet le Zimbabwe

>>

* Le Conseil d’administration

est l’organe exécutif du

Bureau international du

Travail (le Bureau est le

secrétariat de l’Organisa-

tion). Il se réunit trois fois

par an, en mars, en juin et

en novembre. Il prend des

décisions concernant la

politique du BIT, fixe

l’ordre du jour de la

Conférence internationale

du Travail, adopte le

programme et le budget de

l’Organisation avant sa

soumission à la Conférence,

et élit le Directeur général.

Le Conseil est composé de

56 membres titulaires (28

membres gouvernemen-

taux, 14 membres em-

ployeurs et 14 membres

travailleurs), et de 66

membres adjoints (28

membres gouvernemen-

taux, 19 membres

employeurs et 19 membres

travailleurs). Dix des sièges

gouvernementaux titulaires

sont réservés en permanen-

ce aux Etats Membres dont

l'importance industrielle est

la plus considérable

(Allemagne, Brésil, Chine,

France, Inde, Italie, Japon,

Fédération de Russie,

Royaume-Uni et Etats-

Unis). Les autres membres

gouvernementaux ainsi que

les membres employeurs et

travailleurs sont élus par la

Conférence tous les trois

ans.

les rapports du chargé de liaison de l’OIT à Yangonet de la mission de très haut niveau, nommée par leDirecteur général du BIT, qui s’est rendue auMyanmar du 21 au 23 février. Cette mission étaitcomposée de Sir Ninian Stephen, ancien gouver-neur d’Australie, de Ruth Dreifuss, ancienne Prési-dente de la Confédération helvétique et de Eui-yong Chung, ancien Président du Conseil d’admi-nistration du BIT et membre de l’Assemblée natio-nale de la République de Corée.

Dans les conclusions qu’il a adoptées parconsensus à la fin du débat, le Conseil d’adminis-tration indique que de nombreux délégués sont en-clins à condamner l’attitude des plus hautes autori-tés du Myanmar qui n’ont pas saisi l’occasionunique offerte par la mission de très haut niveaupour rétablir un dialogue crédible sur les questionslitigieuses, et se sont déclarés gravement préoccu-pés par ce que cela révèle de la situation en général.Il ajoute que, même si plusieurs de ses membresconsidèrent que certains faits nouveaux, notam-ment les sanctions infligées à des responsables re-connus coupables d’avoir eu recours au travail for-cé, semblent aller dans la bonne direction, le bilanglobal est loin de correspondre à ses attentes.

Bien que le gouvernement du Myanmar ait dé-claré avoir la volonté politique de résoudre le pro-blème du travail forcé, le Conseil d’administrationexprime de sérieux doutes sur la crédibilité de cet-te déclaration en raison de l’attitude des autorités àl’égard de la mission de très haut niveau et de ré-centes déclarations de responsables gouvernemen-taux, qui ont été publiées dans la presse.

Le Conseil d’administration considère que dansces conditions et à ce stade, l’attitude d’expectativequi prévaut depuis 2001 ne peut plus continuer. Ila décidé à l’unanimité de transmettre ses conclu-sions aux représentants des gouvernements, desemployeurs et des travailleurs ainsi qu’aux autresorganisations internationales, afin qu’ils prennentles mesures préconisées dans la résolution de 2000.Cette résolution adoptée en vertu de l’article 33 dela Constitution de l’OIT recommande aux man-dants de l’OIT et aux autres institutions d’exami-ner les relations qu’ils entretiennent avec le Myan-mar et de prendre des mesures appropriées.

Néanmoins, le Conseil d’administration souli-gne que la porte reste ouverte et que tout fait nou-veau allant dans le sens de l’amélioration requisedevrait être objectivement pris en compte dans larévision des relations avec le Myanmar. Un docu-ment reflétant d’éventuels faits nouveaux sera pré-senté à la Commission de l’application des normes,au mois de juin, lors de la Conférence internatio-nale du Travail.

A propos du Népal, le Conseil d’administrationa fait savoir que, dans ce pays, les activités syndica-les font l’objet de restrictions graves, toute réunionsyndicale devant faire l’objet d’une autorisationpréalable des pouvoirs publics, ce qui est contraireaux principes fondamentaux de l’OIT.

En février, le Directeur général du BIT a écrit auroi Gyendra pour lui faire part de la profonde pré-occupation que lui inspire le non-respect des droitscivils et syndicaux, et en particulier la mise en dé-tention de plusieurs syndicalistes, dans son pays.

MÉDIATHÈQUE

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34 TRAVAIL, N° 53, AVRIL 2005

>> NépalLe comité attire spécialement l’attention sur le

cas du Népal concernant l’arrestation et le place-ment en détention de syndicalistes, le non-respect

du droit de grève des travailleurs de divers serviceset la restriction du droit des travailleurs de mani-fester pacifiquement et de déployer des banderoles.

Il prie le gouvernement de prendre rapidementles mesures nécessaires pour modifier la loi sur lesservices essentiels en limitant le pouvoir d’interdire

les grèves, prévu par cette loi, aux seuls services es-sentiels au sens strict du terme. S’agissant de l’in-terdiction de tout attroupement de plus de cinq

personnes, le comité note que le gouvernement adéclaré avoir abrogé la décision en question, maisrappelle que les travailleurs doivent avoir le droit de

se réunir et de manifester pacifiquement pour dé-fendre leurs intérêts professionnels.

A propos d’allégations faisant état d’une inter-

vention violente lors d’une manifestation ainsi quede l’arrestation et de la mise en détention de syndi-calistes, le comité prie le gouvernement de faire en

sorte que les autorités n’aient recours à la force quedans des situations où l’ordre public est sérieuse-ment menacé et rappelle qu’une telle intervention

doit être proportionnée au danger qu’elle est censéemaîtriser.

Le comité attire également l’attention du

Conseil d’administration sur des cas concernant leGuatemala, le Venezuela et le Zimbabwe.

GuatemalaEn ce qui concerne le Guatemala, le comité a

examiné de graves allégations de violence antisyn-dicale et de licenciement de dirigeants syndicaux,

suivi par le refus des employeurs de se plier aux dé-cisions de justice ordonnant la réintégration destravailleurs licenciés et de retards indus dans la

procédure. Il met l’accent sur la gravité des alléga-tions relatives aux agressions, menaces de mort etactes d’intimidation à l’encontre de syndicalistes

ainsi qu’à la destruction du siège d’un syndicat.Le comité demande instamment au gouverne-

ment de soumettre d’urgence ces cas à l’entité spé-

ciale du ministère public chargée des délits commiscontre des syndicalistes et de faire procéder immé-diatement à des enquêtes.

En ce qui concerne le licenciement de syndica-listes, le comité constate d’une manière générale,que les décisions de justice ordonnant la réintégra-

tion de syndicalistes licenciés sont fréquemmentignorées et que les procédures durent souvent desannées. Il demande au gouvernement de réviser les

règles régissant la protection des droits syndicaux,qui sont prévues par la loi.

VenezuelaDans le cas du Venezuela, le comité était saisi d’al-

légations d’ingérence des pouvoirs publics dans desélections syndicales. Il rappelle qu’il a déjà formulé

des objections contre les prérogatives attribuées parla Constitution et par la loi au Conseil national élec-toral, en vertu desquelles celui-ci peut organiser,

superviser et annuler des élections syndicales.Il prie le gouvernement de veiller à ce que doré-

navant les pouvoirs publics ne s’ingèrent pas dans les

élections syndicales, rappelant que l’organisationdes élections relève exclusivement des organisationsconcernées et que seule une autorité judiciaire indé-

pendante doit avoir le pouvoir de les annuler.

ZimbabweLe comité a également examiné deux cas

concernant le Zimbabwe, qui sont tous deux liés àdes allégations de licenciement de dirigeants syndi-caux. Il prie le gouvernement de faire procéder à

des enquêtes indépendantes sur ces allégations et,s’il s’avère que ces personnes ont été licenciées pourdes raisons antisyndicales, de veiller à ce qu’elles

soient rapidement réintégrées dans leur poste ou àun poste équivalent sans perte de salaire et d’avan-tages sociaux.

Dans un autre cas concernant des allégationsd’arrestation arbitraire avec placement en déten-tion ainsi que d’intimidation antisyndicale et de

harcèlement, le comité prie instamment le gouver-nement de cesser de recourir à de telles pratiques.Déplorant le climat d’intimidation et de crainte,

qui empêche le déroulement normal des activitéssyndicales, le comité se déclare extrêmement pré-occupé par la situation particulièrement alarmante

dans laquelle se trouve le mouvement syndical auZimbabwe, attestée par le nombre de cas similairesqui ont récemment été portés à son attention.

R U B R I Q U E S

PLANÈTE TRAVAIL CHAMPS D ’ACTION L’OIT DANS LA PRESSELES NOUVELLES

Page 35: Tsunami : le rôle de l'OIT · Ainsi, non seulement elle répond aux be-soins immédiats, mais encore elle contri-bue à renforcer la résistance de la popula-tion à de futures catastrophes

35TRAVAIL, N° 53, AVRIL 2005

L’identité des marins devient plus transparenteEntrée en vigueur d’une nouvelle convention sur les pièces d’identité des gens de mer

La convention internationale quicrée le premier système d’identifi-cation biométrique pour la délivrancede pièces d’identité sécurisées au1,2 million de marins qui naviguentsur les mers du monde, est entréeen vigueur le 9 février 2005.

GENÈVE – La convention sur les pièces d’iden-

tité des gens de mer, 2003 (n° 185), adoptée en juin2003 par les délégués des gouvernements, des em-ployeurs et des travailleurs à la Conférence interna-

tionale du Travail, a été ratifiée par la France, laJordanie et le Nigéria. Elle devait être ratifiée par aumoins deux pays pour pouvoir entrer en vigueur.

a recherche d’une mondialisation équitable fait désor-mais partie des objectifs majeurs de la communauté

internationale. Au mois de décembre, l’Assemblée généra-le des Nations Unies a adopté une résolution qui insuffle unnouvel élan à l’action qui est menée dans le monde pourmettre en oeuvre les recommandations formulées dans lerapport de la Commission sur la dimension sociale de lamondialisation.

La résolution de l’Assemblée générale des NationsUnies (A/RES/59/57), proposée par la République-Unie deTanzanie et la République de Finlande, avec le soutien de 74autres Etats membres coparrainants, vient d’inscrire la re-cherche d’une mondialisation équitable et profitable à tousau cœur des programmes internationaux de développe-ment économique et social. Elle confère une nouvelle por-tée aux efforts déployés par l’OIT pour parvenir à l’objectifdéfini par la Déclaration du Millénaire, consistant à faire dela mondialisation une force positive au service de l’huma-nité tout entière.

Cette résolution prévoit que les difficultés et les pro-messes de la mondialisation seront examinées lors de l’é-valuation globale de la Déclaration du Millénaire, qui auralieu en 2005. Ces difficultés et ces promesses serontégalement prises en considération dans le bilan décennaldu suivi du Sommet mondial pour le développement social,auquel procédera cette année la Commission du dévelop-pement social des Nations Unies.

Il s’agit là de véritables avancées puisque les effets de lamondialisation n’avaient pas encore été clairement perçuslors des phases préparatoires du Sommet du Millénaire.

En février 2004, un rapport de la Commission mondialesur la dimension sociale de la mondialisation, instituée parl’OIT, présentait des arguments solidement étayés en fa-veur d’une mondialisation juste, qui profite à tous. Ce rap-port, intitulé Une mondialisation juste: Créer des opportuni-tés pour tous, propose des orientations et des solutions es-sentielles pour qu’en chaque lieu de la planète, chacunpuisse bénéficier davantage de la mondialisation.

La résolution invite le Secrétaire général des NationsUnies, Kofi Annan, à tenir compte du rapport de la Commis-sion mondiale dans l’évaluation générale de l’applicationdes décisions du Sommet du Millénaire, qu’il doit prépareren vue de l’examen approfondi qui aura lieu lors de la pro-chaine Assemblée générale des Nations Unies. Elle de-mande aux institutions des Nations Unies et aux autres or-ganisations multilatérales concernées de fournir au Secré-taire général des informations sur les activités entreprisesen vue de promouvoir une mondialisation équitable et quiprofite à tous. Cette résolution définit ainsi les premièresétapes d’un processus visant à rassembler toutes les ins-tances internationales compétentes en vue d’instituer uncadre multilatéral plus cohérent, mieux coordonné etmoins fragmenté, apte à gérer le processus de la mondiali-sation.

LA MONDIALISATION À L’ONUUne résolution des Nations Unies place la mondialisation équitable au cœur des grandes priorités mondiales de 2005

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MÉDIATHÈQUE

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36 TRAVAIL, N° 53, AVRIL 2005

Construction automobileLes équipementiers prennent la place du conducteur

Les équipementiers jouent un rôlede plus en plus important dans l’in-dustrie automobile. Selon un rapportdu BIT *, leur part de la valeur ajoutéed’une automobile (jusqu’à deux tiersactuellement) devrait prochainementatteindre 75 pour cent pour certainsd’entre eux.

Les pays en développement représentaient déjà

12 pour cent de la production mondiale de compo-sants en 1999 et ce pourcentage devrait augmenteravec la montée de marchés émergents, surtout en

Europe centrale et orientale, en Chine et en Inde. Lerapport indique en outre que la part des produits del’industrie automobile dans les exportations de

marchandises dépasse 20 pour cent au Canada, àChypre, au Japon, au Mexique et en République slo-vaque. Elle représente plus de 10 pour cent au Béla -

rus, en République de Corée, en Hongrie, en Litua-nie, en Pologne, en Slovénie, en République tchèqueet dans l’UE (15), et près de 10 pour cent en Afrique

du Sud, en Turquie et aux Etats-Unis. D’après les chiffres de l’Organisation mondiale

du commerce (OMC), beaucoup d’exportations de

l’industrie automobile dans son ensemble provien-nent de zones franches d’exportation de la Chine,de la République tchèque, de la Hongrie, de la Ma-

laisie, du Mexique, du Maroc et des Philippines. Lapart des maquiladoras du Mexique dans les expor-tations de composants a augmenté rapidement au

cours de ces dix dernières années. La possibilité qu’ont les entreprises des pays dé-

veloppés de réduire leurs coûts de main-d’œuvre en

* Les tendances de

l’industrie automobile

ayant une incidence sur

les équipementiers,

Rapport soumis aux fins de

discussion à la Réunion

tripartite sur l’emploi, le

dialogue social, les droits

au travail et les relations

professionnelles dans le

secteur de la fabrication du

matériel de transport

(Genève, BIT, 2005).

« Cette convention met en place un système desécurité complet faisant appel pour la première foisà l’utilisation, dans le monde entier et à titre obli-

gatoire, de techniques biométriques permettantd’authentifier de manière certaine l’identité du ma-rin détenteur du document », explique Cleopatra

Doumbia-Henry, directrice du Département desnormes internationales du BIT.

Les négociations qui ont abouti à l’adoption de la

convention n° 185 avaient été motivées par la nécessi-té d’améliorer la sécurité au plan mondial, tout en ga-rantissant la protection des droits des travailleurs de

la flotte marchande, qui transporte près de 90 pourcent des marchandises échangées dans le monde.

En mars 2004, le Conseil d’administration du

BIT a approuvé une norme de conversion de deuxempreintes digitales en un « gabarit biométrique »,numérisé dans un code-barres bidimensionnel qui

serait normalisé à l’échelle internationale et impri-mé sur la pièce d’identité des marins (PIM). L’unedes exigences majeures auxquelles devait répondre

le système d’identification biométrique servant àl’établissement des PIM était son « interopérabilitéau plan mondial ». En d’autres termes, les informa-

tions relatives aux empreintes mémorisées sur laPIM dans un pays devaient pouvoir être lues cor-

rectement sur les appareils utilisés dans les autrespays.

Le BIT a annoncé en décembre 2004 qu’après six

semaines d’essais auxquels ont participé 126 ma-rins volontaires originaires de 30 pays, deux pro-duits faisant appel à des technologies biométriques

répondaient déjà à cette exigence d’interopérabilitéet pouvaient donc être utilisés pour établir les nou-velles PIM.

Tous les pays qui ratifieront la convention n° 185devront délivrer de nouvelles pièces d’identité ré-pondant aux spécifications prescrites par la norme

BIT SID-0002. D’après les informations communiquées au BIT,

plus de 50 pays ont soumis la convention à leurs

parlements pour ratification. Beaucoup d’entreeux, notamment l’Inde, les Philippines et l’Indoné-sie, dont la population compte un très grand nom-

bre de marins, prennent en même temps les dispo-sitions nécessaires pour appliquer les dispositionsde la convention.

La convention n° 185 remplace la conventionn° 108 sur les pièces d’identité des gens de mer,1958, ratifiée par 61 Etats membres de l’OIT,

qui représentent plus de 60 pour cent de la flottemarchande mondiale.

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PLANÈTE TRAVAIL CHAMPS D ’ACTION L’OIT DANS LA PRESSELES NOUVELLES

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37TRAVAIL, N° 53, AVRIL 2005

externalisant certaines activités et les impératifs decompression des coûts, de diversification constantede la production et des méthodes du « juste à

temps », se répercuteront sur les conditions de tra-vail du personnel des équipementiers et exigera decelui-ci une flexibilité encore plus grande.

Le rapport indique que les constructeurs auto -mobiles et les équipementiers ont été les premiers ànégocier et à signer des accords-cadres internatio-

naux avec la Fédération internationale des organi-sations de travailleurs de la métallurgie et des syn -dicats locaux. Ces accords-cadres promeuvent le

dialogue social et reconnaissent les normes fonda-mentales du travail énoncées dans la Déclaration del’OIT relative aux principes et droits fondamentaux

au travail, y compris les conventions n° 87 et n° 98sur la liberté syndicale et la négociation collective,les conventions n° 100 et n° 111 sur l'égalité de

chances et de traitement, les conventions n° 29 etn° 105 sur le travail forcé, et la convention n°138 surle travail des enfants. Les entreprises concernées

exigent de leurs fournisseurs qu’ils adhèrent auxmêmes normes pour pouvoir continuer à travailleravec eux.

Conclusions de la réunion :l Tous les pays doivent en priorité sauvegarder les

emplois existants et faire en sorte que tout nou -vel investissement crée des emplois de qualité quicontribueront à l’amélioration de la situation

socio-économique. l Lorsque l’externalisation ou la restructuration

est inévitable, les employeurs devraient, en

consultation avec les syndicats et les représen -tants de travailleurs, envisager le plus tôt possibledes solutions permettant d’éviter ou de réduire

les effets négatifs de la restructuration et/ou leslicenciements. En pareils cas, l’échange d’infor-mation, la consultation et la négociation d’ac -

cords entre employeurs et représentants des tra-vailleurs doivent faire partie intégrante du pro-cessus.

l En cas de restructuration, le gouvernement doit,en consultation avec les représentants des tra -vailleurs et les employeurs, garantir la protection

sociale des travailleurs et prendre des mesures deréinsertion, par exemple par le biais d’une aide àla reconversion ou de la formation tout au long de

la vie, pour permettre aux travailleurs concernésd’être affectés à un nouveau poste au sein de lamême entreprise ou de trouver un emploi ailleurs.

l Le travail décent doit être un objectif mondial.C’est un large concept qui découle du mandat del’OIT visant à renforcer la justice sociale. Il se

compose de six éléments : l’accès à l’emploi, la li -berté de choisir son emploi, le travail productif,l’équité dans le travail, la sécurité au travail et la

dignité des travailleurs. Il est essentiel de réduiretout déficit de travail décent qui existerait dansl’industrie automobile et toutes ses branches.

l Les participants à la réunion ont pris note avecintérêt des travaux du Conseil d’administrationdu BIT sur les zones franches d’exportation et

sur la responsabilité sociale des entreprises. Lesgrandes entreprises pourraient aider les PME às’adapter aux restructurations économiques de

leurs chaînes logistiques. l La recherche, la collecte de données et la sur -

veillance des indicateurs économiques sont au -

tant de moyens qui permettent de détecter pré-cocement les changements qui risquent de seproduire et d’en atténuer les conséquences néga-

tives sur le plan social. Le BIT devrait continuerà actualiser sa base de données sur les entrepriseset les métiers de la métallurgie.

Depuis cette réunion, la Commission de l’UE alancé une vaste initiative, « CARS 21 », destinée à

renforcer la compétitivité de l’industrie automobileeuropéenne1 . Et dans le même ordre d’idée, lesEtats-Unis ont soumis à l’OMC une proposition vi-

sant à inclure les barrières non tarifaires dans les né -gociations prévues dans le Programme de Doha, aumême titre que les barrières douanières 2 .

1 Competitive Automotive

Regulatory System for the

21st Century – CARS 21 :

système réglementaire

concurrentiel du secteur

automobile pour le XXI e

siècle.

2 OMC : Proposition des

Etats-Unis concernant la

négociation des barrières

non tarifaires dans le

secteur de l’automobile,

TN/MA/W/18/Add6,

Groupe de négociation sur

l’accès aux marchés,

28 janvier 2005.

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Selon une récente étude du BIT, lesecteur de la chaussure de sport, qui sevoit souvent reprocher d’enfreindre lesnormes fondamentales du travail, en-registre de meilleurs résultats que ceuxde la distribution et de l’habillementdans l’application de codes de condui-te favorables aux travailleurs*. L’auteurde cette étude, qui examine la manièredont les entreprises s’acquittent deleur responsabilité sociale, constate eneffet que le signalement des marqueset l’extrême vigilance des consomma-teurs ont conduit les fabricants dechaussures de sport à veiller avec unsoin particulier à ce que ces codessoient correctement mis en œuvre. Elleattribue les bons résultats obtenus aufait que ces fabricants n’ont pas lésinésur les moyens financiers et humains.

L’étude s’appuie sur les résultats de plusieurscentaines d’entretiens avec des dirigeants d’entre-prise, des militants, des responsables gouverne-mentaux, des ouvriers et des représentants syndi-caux, et de plus de 90 visites effectuées dans des en-treprises et chez leurs fournisseurs, aux Etats-Unis,en Europe, en Chine, au Viet Nam, en Thaïlande,au Cambodge, à Sri Lanka, au Guatemala, en Tur-quie et au Honduras.

Elle montre aussi que l’ampleur des moyens misen œuvre n’explique pas tout. Certes, la constitu-tion de grandes équipes chargées de contrôler lerespect du code peut permettre d’améliorer la per-formance sociale dans la chaîne d’approvisionne-ment, mais tout dépend du comportement de ceséquipes. Les enquêtes révèlent que les entreprisesmultinationales ne devraient pas «faire la police »mais plutôt « conseiller » les travailleurs en laissantà ceux-ci la tâche de surveiller ce qui se passe dansleurs propres lieux de travail.

Cela suppose une vision claire renforcée par unesolide motivation de la direction générale, unebonne formation et une répartition géographiquedes équipes, qui permette à celles-ci d’apporter surplace une aide concrète aux fournisseurs.

Par exemple, l’un des fabricants de chaussures etde vêtements de sport interrogés a déclaré avoirune équipe de plus de 100 personnes, uniquementchargée des questions de responsabilité sociale etde codes de conduite.

En outre, l’étude attire l’attention sur les diffi-cultés auxquelles se heurte le secteur de la distribu-tion du fait de la grande dispersion et de l’évolutionconstante de ses bases d’approvisionnement. Deplus, la diversité des produits distribués constitueun autre obstacle à une vision complète de la chaî-ne d’approvisionnement.

Dans un autre secteur que celui de la chaussure,un grand distributeur, qui a une base d’approvi-sionnement mouvante de plus de 5 000 usines, aexpliqué aux enquêteurs qu’il n’avait pas d’équipespéciale pour veiller à l’observation du code de

Le secteur de la chaussure de sportrespecte mieux les codesde conduite que ceuxde la distribution et de l’habillement

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zet

* Implementing Codes of

Conduct: How businesses

manage social

performance in global

supply chains ,

Ivanka Mamic,

BIT, Genève, 2004,

ISBN 92-2-116270-2.

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e 12 juin 2005, la quatrième Journéemondiale de lutte contre le travail des

enfants attirera l’attention sur la situationdes enfants qui travaillent dans les mines etles carrières, souvent dans des conditionsdangereuses, insalubres et extrêmementpréjudiciables pour leur sécurité et leursanté.

Le BIT estime que, dans le monde, plusd’un million d’enfants travaillent dans depetites exploitations minières. Ses étudesmontrent que ces enfants sont assujettisaux pires conditions de travail imaginables,qui mettent leur vie en danger ou les expo-sent à des accidents et à des maladies dontils se ressentiront toute leur vie.

Que ce soit dans les mines à ciel ouvertou dans les mines souterraines, les enfantsont de très longues journées de travail, por-tent de lourdes charges, installent des ex-plosifs, tamisent du sable ou de la terre,rampent dans d’étroites galeries, inhalentdes poussières nocives et travaillent dansl’eau – qui est souvent chargée de substan-ces toxiques telles que le plomb et le mer-

cure. En Afrique, ils extraient du diamant,de l’or et des métaux précieux, en Asie desminéraux précieux et de la pierre et enAmérique du Sud de l’or, du charbon, de l’é-meraude et de l’étain.

Dans de nombreuses régions du monde,des enfants travaillent dans des carrières,tirant et portant de lourdes charges, inha-lant des poussières et des particules dan-gereuses, manipulant des outils dangereuxet de redoutables machines à concasser.

Le Programme international du BIT pourl’abolition du travail des enfants (IPEC), quia réalisé des projets pilotes en Mongolie,en Tanzanie, au Niger et dans les pays an-dins, a démontré que, dans ces zones sou-vent isolées, il était possible de soustraireles enfants aux travaux dangereux en ai-dant les communautés des ouvriers des mi-nes et des carrières à acquérir des droitsgarantis par la loi, à monter des coopérati-ves ou d’autres unités de production, àaméliorer les conditions de sécurité et desanté ainsi que la productivité des tra-vailleurs adultes, et à obtenir des services

essentiels tels que des écoles, un approvi-sionnement en eau potable et des installa-tions d’assainissement.

L’OIT a lancé la Journée mondiale enjuin 2002 pour attirer l’attention sur le pro-blème du travail des enfants et aussi surl’action entreprise à l’échelle mondiale envue de l’éliminer, surtout dans ses pires for-mes. Cette année, le 12 juin et dans la se-maine du 12 juin, des organisations localeset nationales et des groupes d’enfants dumonde entier se joindront aux mandants del’OIT pour observer la Journée mondiale,qui a lieu durant la session annuelle de laConférence internationale du Travail, en ré-clamant la libération immédiate des enfantsqui travaillent dans de petites exploitationsminières.

Journée mondialede lutte contrele travail desenfants 2005:Gros plan sur le travaildes enfants dans lesmines et les carrières

Pour tout renseignement, s’adresser auDépartement de la communication du BITà Genève : tél. +41 22/799-7912, e-mail :[email protected], ou www.ilo.org,ou à Susan Gunn, BIT/IPEC,tél. +41 22/799-6107.

conduite mais qu’il avait confié cette responsabilitéau service du contrôle de la qualité, en demandantà 12 personnes de consacrer 25 pour cent de leurtemps de travail aux « questions d’éthique ».

« Ces chiffres parlent d’eux-mêmes », constateIvanka Mamic, auteur de l’étude et fonctionnairedu BIT, spécialisée dans les relations du travail etles questions sociales dans les chaînes d’approvi-sionnement mondiales.

« Il est évident que pour obtenir des résultats, ilfaut des efforts sérieux de la part des entreprisesacheteuses et que les relations entre fournisseurs etacheteurs soient le plus étroites possible. »

Cela explique que le secteur de la chaussure de

sport, où les liens entre les producteurs et lesmarques multinationales sont très serrés, ait obte-nu de meilleurs résultats que celui de l’habillementoù les progrès ont été plus sporadiques, et que ce-lui de la distribution où il arrive que même les rè-gles les plus élémentaires ne soient pas respectées.

« Avec sa structure tripartite, l’OIT est idéale-ment placée pour jouer un rôle déterminant »,

considère Mme Mamic. Et elle ajoute : « La plupartdes codes renvoient directement ou indirectementaux normes internationales du travail, ce qui faitincontestablement de l’OIT un lieu de débat sur leseffets de la prolifération de codes de conduite dansle monde du travail. »

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PLANÈTE TRAVAIL CHAMPS D ’ACTION L’OIT DANS LA PRESSELES NOUVELLES

ACTIVITÉS ORGANISÉES DANS LE MONDEENTIER PAR L’ORGANISATION INTERNATIONALEDU TRAVAIL OU AVEC SON APPUI

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Thaïlande :Améliorer la sécuritésocialen Bien que le gouvernement thaï-landais ait augmenté le nombre debénéficiaires de la sécurité sociale aucours de ces dix dernières années,environ 51 millions de personnes,soit 80 pour cent de la population,ne sont toujours pas assurées. Tel estle constat d’une étude récemmentréalisée par le Bureau internationaldu Travail (BIT) et le gouvernementthaïlandais, sur les besoins et prio-rités de la Thaïlande en matière desécurité sociale. Les résultats de cetteétude ont été examinés lors du sémi-naire intergouvernemental sur l’ex-tension de la sécurité sociale, qui

s’est tenu le 7 décembre à Bangkok. Acette occasion, les participants ontréfléchi aux mesures à prendre pourétendre le bénéfice de la sécurité so -ciale, aux travailleurs de l’économieinformelle en particulier.

Pour tout renseignement, s’adresser àSophy Fisher, chargée de l’informationau Bureau régional de l’OIT à Bangkok,tél. : +66/2288-2482 ;e-mail : [email protected].

Relations du travailau Viet Namn Lors d’une conférence nationalesur les relations du travail, tenue endécembre 2004, à Ho Chi Minh Ville,au Viet Nam, des responsables gou-vernementaux et des représentantssyndicaux et patronaux se sontpenchés sur le fonctionnement etl’évolution des relations profession-nelles dans le pays. Après avoir fait lepoint sur la situation actuelle, ils ontréfléchi à de nouveaux rôles et res-ponsabilités que pourraient assumerles syndicats et les employeurs dans

une économie de marché à orien-tation socialiste. Le gouvernementvietnamien collabore avec le Bureauinternational du Travail (BIT) dansle cadre de la Déclaration sur lesprincipes et droits fondamentaux autravail, en vue d’améliorer les rela-tions professionnelles au niveau del’entreprise et de renforcer les capa-cités des associations d’employeurset de travailleurs.

Pour tout renseignement, s’adresser àSophy Fisher, chargée de l’informationau Bureau régional de l’OIT à Bangkok,tél. : +66/2288-2482 ;e-mail : [email protected].

Sécurité et santédans le secteur dubâtimentn La prévention des accidents dutravail et des maladies profession-nelles sur les petits chantiers deconstruction était à l’ordre du jourd’une réunion internationale, tenueles 16 et 17 décembre à Ventiane(Laos). Des représentants du Cam-bodge, de la République démocra-tique populaire lao, de la Mongolie,de la Thaïlande et du Viet Nam ontparticipé à cette réunion. En 2003,une étude du BIT sur les conditionsde sécurité et d’hygiène du travail surles petits chantiers de constructionde ces pays, avait mis à jour la néces-sité d’améliorer d’urgence la protec-tion des travailleurs, tant par l’actiondes pouvoirs publics que sur les lieuxde travail.

Pour tout renseignement, s’adresser àSophy Fisher, chargée de l’informationau Bureau régional de l’OIT à Bangkok,tél. : +66/2288-2482 ;e-mail : [email protected].

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Coopération de laGTZ, de l’OITet de l’OMSdans le domainede la protectionsocialen Désireuses d’intensifier leurcoopération dans le domaine de laprotection sociale et de l’assurancemaladie publique, l’agence alle-mande de développement (GTZ),l’OIT et l’OMS ont signé à cet effetun mémorandum d’entente au moisde novembre 2004. Les trois organi-sations ont décidé de réaliser con-jointement des activités de coopéra-tion technique qui seront définiespar un groupe de travail mixte. Cegroupe de travail sera en outrechargé de renforcer la coopérationdans ce domaine aux échelons na-tional et régional.

Pour tout renseignement, s’adresserau Secteur de la protection sociale,tél. +41 22/799-6960 ;fax +41 22/799-8316 ;e-mail : [email protected].

Directives pourl’inspection du travaildans la sylviculturen Presque partout dans le monde, lesecteur de la sylviculture est encorevictime de nombreux accidents dutravail et maladies professionnelles.Pourtant, l’expérience de plusieurspays et organisations de forestiersmontre que des mesures concrètespeuvent rehausser considérablementle niveau de sécurité et de santé autravail. L’inspection du travail estl’un des meilleurs moyens à la dis-position des Etats pour améliorernon seulement la sécurité et la santédes travailleurs mais aussi les condi-tions générales de travail dans cesecteur. Pour aider les inspecteurs etautres responsables de ces questionsà mettre en œuvre des méthodesconvenables de gestion forestière,une réunion tripartite organisée parle BIT, qui s’est tenue du 24 au 28janvier à Genève, a adopté des direc-tives concernant l’inspection du tra-vail dans le secteur de la sylviculture.Le BIT diffusera largement ces di-rectives et apportera son soutien àdes activités destinées à stimuler ledialogue social en vue de leur miseen application dans le monde entier.

Pour tout renseignement, s’adresserau Département des activitéssectorielles du BIT,

tél. +41 22/799-6036 ;fax +41 22/799-7967 ;e-mail : [email protected]

Promotion de laDéclaration de l’OITsur les entreprisesmultinationalesn L’OIT organisera cette annéetrois symposiums tripartites sous-régionaux sur le travail et l’emploidans les entreprises multinationaleset sur l’investissement étranger di-rect. Le premier eu lieu du 25 au26 janvier, à Pretoria, pour les paysde Communauté pour le développe-ment de l’Afrique australe (SADC),le deuxième, du 11 au 12 avril, àJakarta, pour les pays de l’Associa-tion des nations de l’Asie du Sud-Est(ASEAN) et le troisième, du 25 au 26avril, à Montevideo, pour les pays duMERCOSUR. Ces symposiums of-friront l’occasion de faire mieuxconnaître la Déclaration de l’OITsur les entreprises multinationales etaussi de recenser les questions quipourraient être résolues grâce à desactivités de coopération technique.

Pour tout renseignement sur les acti-vités du secteur de l’emploi, appelerle numéro : +41 22/799-6853 ouécrire à l’adresse : [email protected].

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Septième Réunion régionale européenne à Budapest :Transformation et travail décent en Europe

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* Rapport du Directeur général à la sep-

tième Réunion régionale européenne,

vol. I : Activités de l’OIT 2001-2004.

La coopération dans un

environnement en mutation.

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PLANÈTE TRAVAIL CHAMPS D ’ACTION L’OIT DANS LA PRESSELES NOUVELLES

n La septième Réunion régionaleeuropéenne, qui s’est tenue du 14au 18 février à Budapest, a passé enrevue les activités menées par l’OITen Europe et en Asie centraledepuis la dernière réunion ré -gionale européenne, qui avait eulieu en décembre 2000 à Genève.On trouvera ci-dessous des exem -ples de programmes et de projetsréalisés dans la région, qui sontdécrits dans le rapport préparé envue de cette réunion*:

Emploi des jeunes et insertionsociale au Kosovo

Le principal objectif du projet misen œuvre par l’OIT au Kosovo depuis2001, avec le soutien du gouverne-ment italien, est de rendre les jeunesdéfavorisés aptes à l’emploi. Il vise enparticulier à briser le cycle de la dis-crimination, redresser les inégalitésentre hommes et femmes et amélio-rer l’employabilité des personneshandicapées, des travailleurs peuqualifiés et des anciens détenus. Unréseau de sept centres régionaux deformation professionnelle a mis enplace des programmes correspon-dant à plus de vingt profils profes-sionnels prioritaires. Les personnesqui suivent ces programmes non seu-lement acquièrent une formation debase et une formation dans le domai-ne de la technologie, mais encore ap-prennent les techniques de recherched’emploi et de création d’entreprise.

A la fin du premier semestre de 2004,plus de 2300 demandeurs d’emploiavaient été formés et 40 000 avaientbénéficié de conseils et d’une orien-tation professionnelle.

Traite des enfants en Albanie,République de Moldova, Roumanieet Ukraine

Un projet d’une durée de trois ans,financé par les Etats-Unis et l’Alle-magne a été lancé pour créer un cli-mat propice à la prévention et à l’éli-mination de la traite des enfants à desfins d’exploitation sexuelle et écono-mique, tant à l’échelon national qu’àl’échelon international. Ce projetcomporte trois volets qui consistent,premièrement, à aligner la législationet les interventions sur les engage-ments internationaux et à faire ensorte que l’action menée au niveaunational réponde aux besoins parti-culiers des enfants victimes de la trai-te ; deuxièmement, à protéger les en-fants des zones considérées à hautrisque, par des mesures en faveur del’emploi des jeunes et d’une réinser-

tion durable des victimes ; et troisiè-mement à créer un réseau régionald’échange d’informations. Ce projetviendra en aide à 3 700 enfants et 80adultes et profitera indirectement à50 000 personnes.

Aide aux femmes chefsd’entreprise en Estonie

Un projet de promotion du tou-risme rural et de l’artisanat selon unedémarche intégrée a été réalisé pourcréer des emplois de qualité pour lesfemmes. Il a consisté à renforcer lescapacités des groupes de femmes dé-sireuses de développer le tourismerural et des responsables locaux dutourisme, tout en créant des liensavec des réseaux d’entreprises exer-çant des activités complémentaires.La création d’un site Internet a cons-titué l’élément clé de la stratégiecommerciale et les femmes chefsd’entreprise, issues de milieux so-ciaux défavorisés, ont reçu une for-mation et effectué des voyages d’étu-de. Ce projet pourra être reproduitdans d’autres régions de l’Estonie etdans d’autres pays en transition, quicherchent à développer le tourismepour revitaliser le secteur rural.

Services de santé en Europe de l’EstL’évaluation des soins de santé de

l’Europe de l’Est, à laquelle a procédél’OIT, a révélé que si, dans l’ensem-ble, le dévouement des personnelssoignants était toujours le même, lesannées de transition et la réductiondes dépenses publiques avaient, en

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Journée mondiale de la santé et dela sécurité au travail

L’une des initiatives prises parl’OIT pour attirer l’attention sur lesénormes dégâts causés dans le mon-de entier par les accidents du travailet les maladies professionnelles, aété de faire du 28 avril une journéeconsacrée par les syndicats à lacommémoration des victimes deces accidents et maladies ; c’est laJournée mondiale pour la sécurité

et la santé au travail. En 2003 et2004, le 28 avril a été marqué par di-vers événements organisés sur cethème dans de très nombreux paysd’Europe et d’Asie centrale : débatset réunions tripartites, émissions deradio et de télévision, lancementde campagnes de sensibilisation etde publications du BIT, dépôt decouronnes et, parfois, observationd’une minute de silence à la mémoi-re des victimes.

MÉDIATHÈQUE

revanche, énormément affaibli lesservices de santé publics. La crise ain-si provoquée a contribué à la baissede l’espérance de vie dans des payscomme la Fédération de Russie etl’Ukraine et a aggravé les conséquen-ces de maladies telles que le VIH/sidaet la tuberculose. Dans de nombreuxpays de la région, les professionnelsde la santé sont insuffisamment rétri-bués, sont obligés d’effectuer gratui-tement des heures supplémentaireset craignent que la restructurationprévue du secteur de la santé ne lesprive de la sécurité de l’emploi. Deplus, les partenaires sociaux sont trèspeu consultés à propos de cette res-tructuration. Les résultats de cetteévaluation sont présentés dans unepublication commune du BIT et del’Internationale des services publics(ISP), intitulée Corrosive reform : Fai-ling health systems in Eastern Europe,qui contient en outre des recomman-dations sur les mesures que pour-raient prendre les pouvoirs publicspour remédier à cette situation.

Soutien des organisationspatronales aux femmes chefsd’entreprise de Géorgie etd’Azerbaïdjan

Ce projet a été réalisé pour aiderles organisations patronales de l’A-zerbaïdjan et de la Géorgie à amélio-rer les services qu’elles proposent àleurs membres, en réfléchissant à desstratégies et activités qui répondentaux besoins des femmes chefs d’en-treprise. Après une évaluation rapi-de du nombre de femmes qui setrouvent à la tête d’une entreprisedans les deux pays, deux ateliers na-tionaux ont été organisés pour défi-nir les méthodes qui permettentde mieux soutenir ces femmes. A lasuite de quoi, une association desfemmes chefs d’entreprise s’est crééeen Géorgie et l’organisation des em-ployeurs de l’Azerbaïdjan a décidéde se doter d’une commission per-manente sur la parité entre les sexeset d’ouvrir un centre d’information.Une dernière conférence a eu lieu en2004 à Bakou (Azerbaïdjan), pourfaire le point sur les meilleursmoyens d’apporter un soutien solideet de longue durée aux femmes qui

dirigent une entreprise. Promotion des droits destravailleurs dans les écolesde Roumanie

A la faveur d’un projet financé parl’Allemagne dans le cadre de la diffu-sion de la Déclaration de l’OIT, lessyndicats roumains ont élaboré àl’intention des élèves du secondaire,un programme d’enseignement surles principes et droits fondamentauxau travail, le rôle des partenaires so-ciaux et le sens du dialogue socialdans une société démocratique. Ceprojet s’inscrit dans une stratégie àlong terme des syndicats, qui veulentattirer les jeunes vers le mouvementsyndical en leur faisant mieuxconnaître les droits des travailleurs etdes valeurs de solidarité.

Elaboration de la législationdu travail en Ukraine

Un projet financé par les Etats-

Unis dans le cadre de la diffusion dela Déclaration de l’OIT sur les princi-pes et droits fondamentaux au travail,a créé les conditions d’un dialogueentre le ministère du Travail et de laPolitique sociale, les organisations detravailleurs et d’employeurs ainsi quequantité d’autres acteurs concernéspar l’élaboration de la législation dutravail. Le nouveau Code du travail,qui est passé en première lecture de-vant le parlement en 2003, a été beau-coup commenté dans les médias na-tionaux. Ce projet a permis de passeren revue tous les principes énoncésdans la Déclaration. L’élément princi-pal a été la codification des droits re-latifs à la liberté syndicale et la miseen place d’institutions chargées d’enassurer le respect. La participation denombre d’organisations représentati-ves indépendantes a constitué pourcelles-ci un acte de reconnaissance of-ficielle et a contribué à la naissanced’une société civile ukrainienne.

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L ’ O I T D A N S L A P R E S S E

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PLANÈTE TRAVAIL CHAMPS D’ACTION L’OIT DANS LA PRESSELES NOUVELLES

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Pour des raisons d’espace, certains articles ont été raccourcis ou n’apparaisent pas dans leur présentation originale.

MÉDIATHÈQUE

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n Work in the Global Economy.Papers and proceedings of an

international symposium. Sous ladirection de Jean-Pierre Laviec,Mitsuko Horiuchi et Kazuo Suge-no, 2004. ISBN 92-9014-739-3.25 francs suisses ou 20 euros.

Le sixième cycle des conférences de l’OIT sur lapolitique sociale, qui sont financées par les fondsprovenant du Prix Nobel de la paix, a eu lieu à Tokyoau mois de décembre 2003. Ce cycle était consacréaux changements provoqués dans le monde du tra-vail par la mondialisation et l’innovation technolo-gique.

A travers une compilation des divers textes etexposés présentés à cette occasion, cet ouvrageexamine les différentes formes de flexibilité du mar-ché du travail et les raisons de leur diffusion dansles économies industrialisées. Il propose ensuiteune réflexion sur l’abandon des valeurs sociétalesliées à l’idéal de la solidarité au profit de la libertééconomique individuelle.

La mondialisation se caractérise par l’expansiondes marchés et a modifié le comportement social denombreux pays. Les auteurs analysent ces phéno-mènes et d’autres aspects très importants qui ontdes répercussions sur les systèmes nationaux derégulation de l’emploi.

n Une alliance mondiale contrele travail forcé. Rapport du Direc-teur général. Rapport global envertu du suivi de la Déclarationde l’OIT relative aux principeset droits fondamentaux au travail.Mai 2005. ISBN 92-2-215360-X.

35 francs suisses ou 25 euros.Ce rapport très instructif fait le point sur les for-

mes contemporaines de travail forcé. Il présente lespremières estimations de l’ampleur du travail forcé,à l’échelle mondiale et ventilées par région, jamaispubliées par une organisation internationale: nom-bre de personnes concernées, nombre de victimesde la traite et montant des profits réalisés par lesmalfaiteurs qui les exploitent.

Ces chiffres mettent en lumière la gravité duproblème. Le travail forcé est classé en trois gran-des catégories : celui qui est imposé par l’Etatpour des raisons économiques, politiques ou au-tres, celui qui découle de la pauvreté et de la dis -crimination et celui qui est associé aux migrationset à la traite des personnes à travers le monde,

M É D I A T H È Q U E

souvent dans le contexte de la mondialisation.Le rapport démontre que pratiquement tous les

pays du monde – industrialisés, en transition et endéveloppement – sont concernés et doivent pren-dre des mesures pour abolir le travail forcé. En éva-luant celles qui ont été déjà prises dans certainspays, il souligne la nécessité non seulement de met-tre au point une législation, une politique et desstratégies de prévention solides, mais aussi de faireen sorte qu’elles soient rigoureusement appliquées.Enfin, il passe en revue les activités de lutte contrele travail forcé des entreprises au cours des quatredernières années par l’OIT et ses partenaires, lesgouvernements, les employeurs et les travailleurs.L’idée est de forger une alliance mondiale pour relé-guer le travail forcé dans le passé.

n Confronting Economic Inse-curity in Africa. Sous la directionde Rajendra Paratian et Sukti Das-gupta. 2004. ISBN 92-2-115713-X.45 francs suisses ou 30 euros.

A partir d’informations prove-nant de toutes les régions d’A-

frique, des résultats d’enquêtes menées auprès demilliers d’Africains et sur des centaines de lieux detravail, ainsi que de statistiques détaillées fourniespar les gouvernements, ce livre dégage les princi-pales caractéristiques de la pauvreté dans la ré-gion.

Il montre que les indicateurs classiques ne ren-dent pas compte de la gravité de la situation et queles mesures orthodoxes de lutte contre la pauvretépassent souvent à côté de leur cible et ne viennentpas en aide aux populations les plus démunies. Ilconclut que seuls de nouveaux systèmes de protec-tion sociale, régis par les principes de l’universalitéet de la solidarité sociale, pourraient permettre devaincre aussi bien la pauvreté et les inégalités quele fléau du VIH/sida.

n Sécurité et santé dans lesports. Recueil de directives pra-

tiques. Mars 2005.ISBN 92-2-215287-5.40 francs suisses ou 26 euros.

Malgré les méthodes de pro-tection modernes les plus sophisti-

quées, les ports sont encore des lieux où se produi-sent énormément d’accidents du travail. Chaqueport doit élaborer, en fonction de ses particularités,des méthodes de travail qui permettent de préser-

ver la sûreté et la santé de leurs personnels. Ce re-cueil de directives pratiques, qui remplace ladeuxième édition du Recueil de directives pratiquessur la sécurité et l’hygiène dans les manutentionsportuaires (1977) et le Guide pour la sécurité et l’hy-giène dans les manutentions portuaires (1976),contient des conseils précieux pour tous ceux quisont chargés de l’administration, du fonctionne-ment, de l’entretien et du développement de ports.

A partir d’illustrations techniques et d’exemplesprécis de bonnes pratiques, il traite tous les aspectsdu travail dans un port qui accueille des naviresdestinés au transport de marchandises ou de pas-sagers, y compris les activités connexes qui ont lieudans la zone portuaire. Sont pris en considérationnon seulement le trafic international mais aussi letrafic national, y compris sur les voies fluviales.

Bien qu’il soit tourné vers l’avenir et qu’il propo-se une méthode d’évaluation des nouvelles tech-niques, ce recueil retient certaines pratiques an-ciennes qui ont fait leurs preuves. Les sujets qui n’é-taient pas traités dans les publications précédentessont : la circulation de tous types de véhicules, lesactivités à terre et à bord des navires, les nouvellesnormes d’éclairage, l’équipement de protection in-dividuelle, l’ergonomie, les dispositions à prendrepour les personnes handicapées et la manutentionde certains chargements tels que les grumes, lesvieux métaux et les produits dangereux.

n Local Economic Developmentin Post-Crisis Situations. Opera-

tional guide. Martin Gasser, Car-mela Salzano, Roberto Di Meglioet Alfredo Lazarte-Hoyle. 2004.ISBN 92-2-116429-2. 45 francssuisses ou 30 euros.

Les auteurs de ce guide proposent la méthodedite du « développement économique local » pourcontribuer au redressement des pays qui sortentd’une situation de crise. Contrairement à la dé-marche classique, cette méthode permet de créerdes conditions propices à la création d’emploisdurables à l’aide d’instruments tels que la partici-pation, les partenariats public-privé et la concer-tation à l’échelon local. Elle met en œuvre destechniques qui facilitent le consensus et la coopé-ration aux niveaux local, régional et national, entenant compte des besoins particuliers des popula-tions locales ainsi que des difficultés posées parla mondialisation et la restructuration sociale etéconomique.

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Les publications du Bureau international du Travail peuvent être obtenues dans les principales librairies ou auprès des bureaux locaux du BIT. On peut aussi se les procurer directement,de même qu’un catalogue ou une liste des nouvelles publications, à l’adresse suivante : Publications du BIT, Bureau international du Travail, CH-1211 Genève 22, Suisse. Tél. +4122/799-7828 ;fax +4122/799-6938 ; e-mail : [email protected]; site Internet : www.ilo.org/publns

n Gender Equality and DecentWork. Good practices at the work-place. 2005. ISBN 92-2-116991-X.25 francs suisses ou 17 euros.

S’inspirant de la pratique et del’expérience de 25 pays, les au-teurs de cet ouvrage montrent

comment des gouvernements, des organisationsd’employeurs et des syndicats du monde entier in-tègrent la question de l’égalité des sexes dansleurs structures, orientations et activités institu-tionnelles.

Les exemples de bonnes pratiques sont classéspar thème et répartis en huit catégories parmi les-quelles l’utilisation de données ventilées par sexe,les partenariats stratégiques, l’adoption d’une ap-proche multisectorielle dans la législation, les poli-tiques et les stratégies, etc. Ce livre, qui a pour butde stimuler l’imagination, présente les pratiquesrecensées étape par étape de telle sorte que lelecteur puisse dégager et comparer les élémentsqui s’adapteraient leur mieux à son propre lieu detravail.

n ILO INSIGHT – Base de données enligne, qui contient des publicationsanciennes et récentes du BIT. Plus de1 000 titres y sont incorporés.

Le BIT s’est associé à Coutts Informa-tion Services pour créer ce serviced’abonnement en ligne à l’intention desbibliothèques et des institutions.

Cette bibliothèque électronique per-met d’accéder intégralement à des docu-ments et ouvrages publiés par le BIT surles thèmes les plus variés : emploi, pro-tection sociale, travail des femmes, sécuritéet hygiène du travail, travail des enfants, admi-nistration, formation, statistiques du travail, etc.Elle comprend des livres et des monographies, lesdocuments officiels de la Conférence internationa-le du Travail, le texte intégral des conventions etrecommandations, des rapports et des recueils dedirectives pratiques.

Le prix de l’abonnement est fixé de manière àpermettre aux bibliothèques et institutions de choi-sir le contenu le mieux adapté à leurs besoins. Pour

des renseignements, pour demander un tarif surmesure ou pour participer à un essai gratuit de 30jours, s’adresser à: Nadine Prowse – Coutts Library ServicesHeadlands Business ParkSalisbury RoadRingwoodHampshire BH24 3 PB ;tél. +44 (0) 1425 47 11 60 ;fax +44 (0) 1425 471525 ;Internet: www.couttsinfo.com

n Revue internationale du Travail,

vol. 144 (2005), no 1. BIT, Genève, 2005.ISSN 1564-913X. 30 francs suisses.

Ce numéro de la Revue contient quatre ar-ticles, qui traitent respectivement du droit du tra-vail face aux nouvelles formes d’organisation desentreprises ; de l’évolution et des perspectivesde l’économie et du marché du travail palesti-nien ; de la croissance, de l’emploi et de la ré-duction de la pauvreté dans une perspectivemacroéconomique; et du chômage, de la qualitéde l’emploi et de la pauvreté en Bulgarie. Dans lepremier article, Marie-Laure Morin examine lesnouvelles formes d’organisation des entrepriseset leurs conséquences pour l’application du droitdu travail. Elle analyse les différents niveauxd’organisation pour déterminer les problèmesque pose la transformation des relations finan-cières et de la production au sein des entrepriseset entre elles. Elle explore ensuite les probléma-tiques qui s’esquissent en droit positif pour tenircompte de cette transformation à partir de trois

questions centrales en droit du travail : relationsprofessionnelles et exercice du pouvoir, contratde travail et identification de l’employeur, condi-tions de travail et sécurité des travailleurs. Dansle deuxième article, Philippe Egger retrace l’évo-lution de l’économie palestinienne depuis les ac-cords d’Oslo (1993) et met en évidence les limitesd’un modèle qui se caractérise par la dépendan-ce envers l’économie israélienne et l’offre d’unemain-d’œuvre faiblement qualifiée. Il estimequ’une petite économie ouverte aux exportationsdiversifiées aurait plus de chances de créer desemplois productifs en nombre suffisant pour ab-sorber une population active qui augmente rapi-dement. Dans le troisième article, Iyanatul Islamconsidère que le conservatisme macroécono-mique, tel qu’il est aujourd’hui compris et tel qu’ilest appliqué dans de nombreux pays en dévelop-pement, privilégie la stabilité des prix et la rigueurbudgétaire aux dépens de la croissance et del’emploi. Selon lui, les bases empiriques de ceconservatisme sont fragiles et une autre orienta-tion est possible, à contre-pied de l’orthodoxie envigueur. Une telle orientation serait compatible

avec l’Agenda pour le travail décent de l’OIT, quimet l’accent sur la création d’emplois, la protec-tion sociale et le renforcement des institutions dumarché du travail par le dialogue social et lerespect des droits des travailleurs. Dans le der-nier article, Alexandre Kolev se propose de met-tre en évidence les déterminants de la pauvretéen Bulgarie et d’identifier les catégories de la po-pulation qui sont le plus exposées à l’échec sur lemarché du travail. Pour ce faire, il examine dansle détail les dimensions monétaires et non moné-taires de la pauvreté ainsi que les différentesperceptions du bien-être au travail. Le risque depauvreté est considéré en fonction des caracté-ristiques personnelles, professionnelles et fami-liales des individus, sur la période 1995-2001. Bienqu’elle soit importante au niveau des individus, lasituation du marché du travail ne fait qu’atténuerou aggraver l’effet dominant de la situation duménage. Enfin, Kolev fait observer que les dimen-sions non monétaires de la pauvreté, et surtout lamédiocrité des conditions de travail, requièrentune attention particulière de la part des pouvoirspublics.

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Tsunami : Même les éléphants ont participéaux opérations de déblayage et de récupération

de matériaux à Lam Jame, en Indonésie.

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