Upload
others
View
4
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Les informations couvertes par le secret d’affaires figurent entre crochets.
Étude d’impact de la demande de modification des conventions des
services D8 et D17
-
Version publique
Version publique 2/58
Version publique 3/58
Sommaire
Introduction ............................................................................................................................................. 5
1. Les précédentes étapes d’examen de la demande ......................................................................... 7
2. Le contexte de la télévision gratuite et la situation des chaînes depuis leur reprise par le Groupe
Canal Plus .............................................................................................................................................. 11
2.1. Le contexte dans lequel la demande s’inscrit ........................................................................... 11
2.1.A. La consommation et la réception .......................................................................................... 11
2.1.B. Le paysage audiovisuel français gratuit ................................................................................. 13
2.1.C. L’état des lieux du marché publicitaire télévisuel ................................................................. 15
2.2. La situation des chaînes D8 et D17 depuis leur reprise par Groupe Canal Plus ........................ 17
2.2.A. Au plan éditorial : évolution des genres à l’antenne ............................................................ 17
2.2.B. Au plan économique ............................................................................................................. 22
3. L’objet de la demande de D8 et D17 ............................................................................................. 31
4. La position de Groupe Canal Plus et des chaînes D8 et D17 sur les marchés concernés ............. 33
4.1. Part de marché de Groupe Canal Plus et des chaînes D8 et D17 sur les marchés amont des
droits de diffusion ................................................................................................................................. 33
4.1.A. Sur le marché amont des droits de diffusion de films EOF récents ...................................... 33
4.1.B. Sur les marchés amont relatifs aux évènements sportifs ..................................................... 34
4.1.C. Sur les marchés amont des films américains récents ........................................................... 35
4.1.D. Sur le marché amont des séries américaines récentes ......................................................... 37
4.2. Position du groupe Canal Plus et des chaînes D8 et D17 sur le marché publicitaire télévisuel 39
5. Mesure de l’impact des nouveaux engagements en matière d’investissement dans les films EOF
42
5.1. Rappel des objectifs poursuivis par l’engagement et les effets envisageables ........................ 42
5.1.A. Rappel de l’engagement 2.2.1 pris par Groupe Canal Plus devant l’Autorité de la
concurrence ........................................................................................................................................... 43
5.1.B. Rappel de l’engagement 2.2.2 pris par Groupe Canal Plus devant l’Autorité de la
concurrence ........................................................................................................................................... 46
5.2. Evaluation de l’efficacité et de la proportionnalité de l’engagement en vue de sa transcription
dans les conventions liant les chaînes D8 et D17 au CSA...................................................................... 46
5.2.A. Sur le caractère approprié du plafonnement fixé à 20 films incluant les préachats et les
achats sous certaines conditions ........................................................................................................... 46
5.2.B. Sur le caractère approprié de l’encadrement par devis de films .......................................... 49
Version publique 4/58
5.2.C. Sur le caractère approprié de l’engagement de renoncer à toute clause de préemption au
bénéfice des chaînes concernées associée à la diffusion d’un film d’expression originale française dès
lors qu’elles n’auraient pas préacheté le droit relatif à la première diffusion en clair de ce film ........ 54
5.2.D. Évaluation du caractère approprié de la durée de l’engagement ........................................ 54
5.3. Principaux intervenants concernés directement ou indirectement par l’engagement ............ 55
5.3.A. Les diffuseurs concernés directement ou indirectement par l’engagement ........................ 55
5.3.A.1. Les diffuseurs en clair ........................................................................................................ 55
5.3.A.2. Les diffuseurs payants ....................................................................................................... 55
5.3.B. Les ayants droit concernés directement ou indirectement par l’engagement ..................... 55
5.4. Incidences possibles pour les tiers diffuseurs, producteurs et ayant droit .............................. 56
5.4.A. Incidences possibles pour les tiers diffuseurs ....................................................................... 56
5.4.B. Incidences possibles pour les producteurs et les ayants droit .............................................. 57
5.5. Détermination des modalités de suivi et d’évaluation dans le temps ...................................... 58
Conclusion ............................................................................................................................................. 58
Version publique 5/58
Introduction
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel veille, au regard du principe constitutionnel de liberté de
communication, à garantir notamment le pluralisme des courants d’expression socioculturels.
L’article 1er de la loi du 30 septembre 1986 dispose que l’exercice de la liberté de communication au
public par voie électronique « ne peut être limité que dans la mesure requise, d'une part, par le
respect de la dignité de la personne humaine, de la liberté et de la propriété d'autrui, du caractère
pluraliste de l'expression des courants de pensée et d'opinion et, d'autre part, par la protection de
l'enfance et de l'adolescence, par la sauvegarde de l'ordre public, par les besoins de la défense
nationale, par les exigences de service public, par les contraintes techniques inhérentes aux moyens
de communication, ainsi que par la nécessité, pour les services audiovisuels, de développer la
production audiovisuelle. »
Dans ce cadre, le Conseil garantit, au titre des dispositions de l’article 3-1 « l'exercice de la liberté de
communication audiovisuelle par tout procédé de communication électronique », dans les conditions
définies par ladite loi.
L’article 3-1 de la loi du 30 septembre 1986 impose notamment au Conseil supérieur de
l’audiovisuel de veiller à la qualité et à la diversité des programmes, au développement de la
production et de la création audiovisuelles nationales ainsi qu'à la défense et à l'illustration de la
langue et de la culture françaises.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel doit également favoriser le développement de la concurrence
dans les secteurs de la télévision et de la radio1.
Pour les autorisations de services de radio et de télévision, le Conseil se prononce en appréciant
l'intérêt de chaque projet pour le public, au regard des impératifs prioritaires que sont la sauvegarde
du pluralisme des courants d'expression socioculturels, la diversification des opérateurs, et la
nécessité d'éviter les abus de position dominante ainsi que les pratiques entravant le libre exercice
de la concurrence2.
De même, en application de l’article 28 de la loi du 30 septembre 1986, les conventions conclues
entre le Conseil et les éditeurs autorisés fixent les règles particulières applicables au service, en
tenant compte de l'étendue de la zone desservie, de la part du service dans le marché publicitaire, du
respect de l'égalité de traitement entre les différents services et des conditions de concurrence
propres à chacun d'eux ainsi que du développement de la radio et de la télévision numériques de
terre.
1 Par exemple, l’article 17 de la loi dispose que « le Conseil supérieur de l'audiovisuel adresse des
recommandations au Gouvernement pour le développement de la concurrence dans les activités de radio et de
télévision. Il est habilité à saisir les autorités administratives ou judiciaires compétentes pour connaître des
pratiques restrictives de la concurrence et des concentrations économiques. Ces mêmes autorités peuvent le
saisir pour avis ». 2 Article 29 et 29-1 de la loi du 30 septembre 1986.
Version publique 6/58
Elles portent notamment sur les points suivants :
- La durée et les caractéristiques générales du programme propre ;
- Les modalités permettant d’assurer la contribution au développement de la production
d’œuvres audiovisuelles en tenant compte des accords conclus entre l’éditeur de services et
une ou plusieurs organisations professionnelles de l’industrie audiovisuelle, s’agissant
notamment de la durée des droits ;
- La part du chiffre d’affaires consacrée à l’acquisition des droits de diffusion d’œuvres
cinématographiques d’expression originale française (EOF)…
Toute modification de convention d’un service national de télévision autorisé en application de
l’article 30-1 susceptible de modifier de façon importante le marché en cause est précédée d’une
étude d’impact, rendue publique.
Par un courrier du 12 janvier 2015, le Groupe Canal Plus a déposé devant le Conseil une demande de
modification des conventions des services D8 et D17 sur le fondement de l’article 28 de la loi du 30
septembre 1986.
Le Conseil a estimé nécessaire de procéder à une étude d’impact préalable dans la mesure où ces
demandes sont susceptibles de modifier de façon importante les marchés amont du préachat des
droits de diffusion de films d’expression originale française.
Version publique 7/58
1. Les précédentes étapes d’examen de la demande
La présente étude d’impact s’inscrit dans le cadre de l’examen de la prise de contrôle des sociétés
Direct 8 et Direct Star par les sociétés Vivendi SA et Groupe Canal Plus et de ses suites contentieuses.
La modification du contrôle des services D8 et D17
La société Direct 8 a été autorisée dans le cadre de l’appel aux candidatures du 24 juillet 2001 et a
été lancée en mars 2005. L’échéance de l’autorisation de ce service est fixée au 29 février 2020. Elle
bénéficie d’une possible reconduction sur le fondement de l’article 28-1 de la loi du 30 septembre
1986.
La société Direct Star (anciennement société Europe 2 TV) a été autorisée dans le cadre de l’appel
aux candidatures du 14 décembre 2004. Le groupe Lagardère, actionnaire unique de la société
titulaire de l’autorisation d’émettre Virgin 17, a cédé l’intégralité du capital à la société Bolloré
Média. Le Conseil a agréé cette cession le 22 juin 2010. L’échéance de l’autorisation de D17 est fixée
au 31 août 2020. Elle bénéficie d’une possible reconduction sur le fondement de l’article 28-1 de la
loi du 30 septembre 1986.
Par un protocole d’accord du 1er décembre 2011, le groupe Bolloré et la société Vivendi se sont
engagées sur la cession des deux sociétés titulaires des autorisations d’émettre en TNT.
Le premier examen de l’opération par l’autorité de la concurrence
La prise de contrôle a fait l’objet d’une notification à l’Autorité de la concurrence le 5 décembre
2011. Après avoir recueilli l’avis du Conseil supérieur de l’audiovisuel sur cette opération3, l’Autorité
de la concurrence a, par une décision du 23 juillet 2012, autorisé sous conditions le rachat de Direct 8
et Direct Star.
L’Autorité a identifié plusieurs risques liés notamment à la position de la société Groupe Canal Plus
(GCP) sur les marchés amont d’acquisition de droits de diffusion en télévision payante. L’Autorité a
notamment soulignés les risques suivants :
- Risque de préemption des droits de diffusion en clair de films et séries inédits américains
et français les plus attractifs ;
- Risque de verrouillage de l’accès des chaînes gratuites, particulièrement des nouvelles
chaînes de la TNT, aux films de catalogue de Studio Canal ;
3 Avis n° 2012-11 du 22 mai 2012. Dans son avis, le Conseil a notamment estimé que « l’acquisition de la chaîne généraliste
Direct 8 et de la chaîne musicale Direct Star… augmentera la pression concurrentielle pesant sur l’ensemble des chaînes
gratuites. La concurrence qui sera exercée par la chaîne Direct Star sera, compte tenu du format musical de la chaîne, moins
importante que celle qui sera exercée par la chaîne Direct 8, dont le format est généraliste. Le conseil considère que, même
en l’absence de modification du format de la chaîne, l’opération présente des risques d’atteinte à la concurrence dans les
secteurs de la télévision gratuite et de la télévision payante ». En conclusion, le Conseil a proposé que l’opération
s’accompagne de mesures correctives afin de garantir aux chaînes de télévision gratuite, adossées ou non à une chaîne
historique, des conditions de concurrence équitables.
Version publique 8/58
- Risque de préemption des manifestations sportives d’importance majeure au bénéfice de
Direct 8 et direct Star.
La société Groupe Canal Plus a pris plusieurs engagements de nature à prévenir les risques identifiés.
Ces engagements visent à limiter les effets de levier, en premier lieu, en encadrant la signature des
contrats cadres (« output deals ») avec les studios américains, en deuxième lieu, en plafonnant à 20
par an le nombre de films EOF inédits préachetés conjointement pour une diffusion en payant et en
clair, en troisième lieu, en limitant les acquisitions auprès de Studio Canal et, en dernier lieu, en
imposant la cession des droits de diffusion en clair des événements sportifs d’importance majeure, à
l’issue d’une mise en concurrence transparente et non discriminatoire.
Enfin, en dehors des cas limitativement prévus, le Groupe Canal Plus s’est engagé à négocier de
manière séparée les droits payants et gratuits des films et séries.
Le premier examen de l’opération par le Conseil supérieur de l’audiovisuel sur le fondement de
l’article 42-3 de la loi du 30 septembre 1986
Le Conseil a examiné le projet de cession des sociétés Direct 8 et Direct Star sur le fondement de
l’article 42-3. Il a examiné l’opération au regard de l’intérêt du public et de l’objectif de pluralisme et
de diversité des opérateurs. Il s’est également assuré du maintien du format des chaînes et du
renforcement de leur soutien à la production et à la création cinématographique et audiovisuelle
françaises.
L’agrément du Conseil a été délivré au vu des engagements pris par les chaînes. S’agissant plus
particulièrement de D8, les engagements sont notamment les suivants :
- Limitation du nombre de première partie de soirée (80 par an) consacrées à la diffusion de
séries inédites en clair, produites par les studios américains ;
- Diffusion d’un minimum de 730 heures par an de programmes totalement inédits sur la
télévision française ;
- Respect d’un délai minimum de 18 mois entre la diffusion de séries françaises inédites sur
Canal + et D8 ;
- Renforcement des obligations d’investissement dans la production de nouveaux films et
fictions d’expression originale française. En outre les engagements pris devant l’Autorité de
la concurrence sur les films achetés en commun avec Canal+ ont été repris dans la
convention de D8 et complétés par une obligation d’acquisition de droits de diffusion pour
des films d’un budget inférieur à 7 millions d’euros.
S’agissant de D17, une stipulation destinée à garantir la diversité des titres musicaux diffusés à
l’antenne a été introduite dans la convention de la chaîne.
Un avenant du 21 novembre 2012 a été signé entre le Conseil et chacune des chaînes concernées.
Version publique 9/58
L’annulation par le Conseil d’Etat de la décision de l’Autorité de la concurrence autorisant
l’opération et l’annulation partielle par voie de conséquence de l’agrément du CSA
Par une décision rendue le 23 décembre 20134, le Conseil d’Etat a prononcé l’annulation de la
décision de l’Autorité de la concurrence autorisant le rachat de direct 8 et Direct Star par les groupes
Vivendi et Canal Plus. Cette annulation n’a toutefois pris effet que le 1er juillet 2014.
Par une décision du même jour5, le Conseil d’Etat a prononcé l’annulation partielle de la décision du
CSA « en tant qu’elle ne contient pas d’engagements permettant d’assurer un accès équilibré de tous
les opérateurs aux marchés de droits autres que le marché des droits de diffusion en clair de films
français récents ainsi qu’à la ressource publicitaire ». Selon la décision du conseil d’Etat, « cette
annulation a nécessairement pour conséquence que le Conseil supérieur de l'audiovisuel est tenu de
réexaminer la seule question de savoir si l'opération soumise à son agrément, en tenant compte des
nouvelles mesures correctives adoptées, le cas échéant, par l'Autorité de la concurrence pour prévenir
les effets anticoncurrentiels de l'opération liés au verrouillage potentiel des marchés de droits de
diffusion en clair concernés, permet d'assurer un accès équilibré de tous les opérateurs à ces marchés
ainsi qu'à la ressource publicitaire et d'user, le cas échéant, de son pouvoir de subordination de son
agrément à la réalisation effective d'engagements pris devant lui par les parties ou au respect
d'obligations fixées par lui dans la mesure nécessaire au respect de l'objectif fondamental de
pluralisme et de l'intérêt du public ».
Toutefois, dans le communiqué de presse qui accompagne ses décisions d’annulation6, le Conseil
d’Etat précise qu’il ne remet pas en cause « l’appréciation favorable portée par le CSA sur les effets
de l’opérations en termes de diversification des opérateurs et de maintien des engagements pris par
les deux sociétés rachetées quant à la diffusion et à la production d’œuvres audiovisuelles et
cinématorgraphiques françaises et européennes ».
La nouvelle autorisation par l’Autorité de la concurrence de l’opération de rachat de D8 et D17
A la suite de l’annulation du Conseil d’Etat, Vivendi et Groupe Canal Plus ont procédé à une nouvelle
notification de l’opération à l’Autorité de la concurrence qui a, par un courrier du 16 janvier 2014,
saisi le Conseil pour avis.
Le Conseil a rendu son avis le 13 février 2014. Il a formulé des observations sur l’encadrement des
acquisitions conjointes de films EOF pour la télévision payante et la télévision gratuite, en particulier
s’agissant du mode d’acquisition des œuvres cinétographiques concernées (achat et pré-achat), de la
durée et du nombre de fenêtres de diffusion, et du nombre maximum de films pouvant faire l’objet
d’une acquisition conjointe.
Le Conseil a notamment estimé que les plafonds relatifs au cumul des acquisitions de droits en
télévision gratuite et en télévision payante doivent permettre d’éviter les risques d’assèchement du
4 Conseil d’État, Ass., 23 décembre 2013, Société Métropole Télévision (M6), n° 363702.
5 Conseil d’État, Ass., 23 décembre 2013, Société Métropole Télévision (M6), n° 363978.
6 Communiqué de presse du 23 décembre 2013 : http://www.conseil-etat.fr/Actualites/Communiques/Rachat-de-Direct-8-
et-Direct-star-par-Vivendi-Universal-et-groupe-Canal
Version publique 10/58
marché. Il importe que le Groupe Canal Plus ne soit pas en mesure d’utiliser sa position de quasi-
monopsone sur le marché de l’acquisition de droits de diffusion de films pour la télévision payante,
afin que les acquisitions des films EOF par D8 et D17 se déroulent dans des conditions normales de
marché.
Le Conseil a également rappelé son attachement au fait que D8 et D17 ne concentrent pas
l’intégralité de leurs investissements en préachats de films EOF sur des films avec des budgets élevés.
Par une décision du 2 avril 2014, l’Autorité de la concurrence a autorisé l’opération de rachat sous
réserves des engagements souscrits devant elles. Ceux-ci sont en tous points identiques à ceux pris
initialement à l’exception de celui portant sur l’acquisition des droits des films français invalidé par le
Conseil d’Etat et qui a donc été renforcé.
La liste complète des engagements datée du 31 mars 2014 figure en annexe I du présent document.
Ainsi que le prévoit la décision du Conseil d’Etat7, il y a lieu pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel,
ressaisi de la demande de la société Groupe Canal Plus8, de procéder à un réexamen de l’opération
sans que celui-ci ne puisse remettre en cause le principe même de l’agrément.
7 Pour mémoire le considérant 32 précise « qu'il résulte de l'instruction que le réexamen auquel le Conseil supérieur de
l'audiovisuel doit procéder n'est pas susceptible de remettre en cause le principe de l'agrément de l'opération litigieuse ; que
dès lors, il y a lieu de ne prononcer que l'annulation partielle de la délibération attaquée ». 8 Courrier du 13 janvier 2015
Version publique 11/58
2. Le contexte de la télévision gratuite et la situation des chaînes depuis leur reprise par
le Groupe Canal Plus
2.1. Le contexte dans lequel la demande s’inscrit
2.1.A. La consommation et la réception
2.1.A.1. L’évolution de la durée d’écoute individuelle
La consommation de la télévision a fortement augmenté depuis une quinzaine d’année. La durée
d’écoute de la télévision des individus de 4 ans et plus équipés d’un téléviseur (DEI) a ainsi gagné 50
minutes entre 1997 et 20129.
Durée d’écoute quotidienne de la télévision des individus de 4 ans et plus, moyenne annuelle,
1997-2014
(En heures et minutes)
Source : Médiamétrie, Médiamat. Cible : Individus de 4 ans et plus équipés d’un téléviseur - France
métropolitaine
La hausse connue en France ces dernières années est perceptible également à l’étranger : alors que
la DEI gagnait 22 minutes en France entre 2008 et 2013, elle a gagné 23 minutes en Espagne,
27 minutes en Italie, 14 minutes en Allemagne, et 7 minutes au Royaume-Uni.
Pour autant, on semble assister en France depuis l’été 2012 à une évolution sensible avec une
première phase de baisse de la croissance suivie, en 2013, d’une chute de 4 minutes, puis d’une
nouvelle baisse de 5 minutes en 2014.
Cette baisse a la particularité d’être plus marquée chez les jeunes, qui sont traditionnellement des
plus faibles consommateurs de télévision par rapport à la moyenne, et chez les femmes responsables
des achats, qui ont en revanche une consommation importante : en 2014 les 4-14 ans et les 15-34
9 Dont 3 minutes 40 secondes du fait de la prise en compte partielle du différé en 2011.
Version publique 12/58
ans consacrent 11 minutes de moins à la télévision par rapport à 2013 et les femmes responsables
des achats ont réduit leur consommation de 12 minutes. La durée d’écoute des CSP+ est également
en léger recul par rapport à 2013.
Variation de la durée d’écoute individuelle quotidienne de la télévision par cible entre 2013 et
201410
(En heures et minutes)
Source : Médiamétrie, Médiamat. Cible de référence : Individus de 4 ans et plus équipés d’un téléviseur -
France métropolitaine
2.1.A.2. L’évolution des modes de réception de la télévision
En France, les quatre modes de réception fixe de la télévision sont la télévision numérique terrestre
(TNT – ou plus exactement la voie hertzienne terrestre – présente chez 59,1 %11 des foyers équipés
d’au moins un téléviseur12), l’ADSL13 (43,9 %), le satellite (24,7 %) et le câble (8,4 %). À l’exception des
plates-formes ADSL qui ne comportent que des offres payantes, ces modes de réception proposent
des offres gratuites (c’est-à-dire sans souscription d’abonnement) et des offres payantes.
10
Remarque : pour chaque cible considérée, la couleur de barre la plus claire caractérise l’année 2013, la plus sombre
l’année 2014. 11
CSA, DGCIS, DGMIC et ANFr, Observatoire de l’équipement audiovisuel des foyers, premier semestre 2014. 12
Au 1er
semestre 2014, 96,7 % des foyers métropolitains sont équipés d’au moins un téléviseur. 13
Asymmetric Digital Subscriber Line (ligne numérique d’abonné à débit asymétrique). Dans toute la note, ADSL désignera
non seulement les technologies ADSL employées sur le réseau téléphonique de paires de fils de cuivre mais aussi les
technologies VDSL ainsi que la desserte par fibre optique de l’abonné (DFA ou, en anglais, FttH).
Version publique 13/58
Évolution des modes de réception sur le téléviseur
(En %)
Source : Observatoire de l’équipement des foyers pour la réception numérique de 2008 à 2011 et Observatoire
de l'équipement audiovisuel des foyers à partir de 2012
2.1.B. Le paysage audiovisuel français gratuit
2.1.B.1. L’évolution continue de l’offre de télévision gratuite
Le secteur de la télévision nationale gratuite a connu des modifications structurelles majeures depuis
2005 et poursuit encore aujourd’hui son évolution.
Avec le lancement de la TNT en mars 2005, le nombre de chaînes gratuites est passé de six à dix-huit.
Parmi les douze chaînes (Direct 8, W9, TMC, NT1, NRJ 12, LCP14, France 4, BFM TV, iTélé, Virgin 17 et
Gulli) qui n’étaient pas diffusées en mode analogique au préalable à l’échelle de la métropole,
certaines ont été créées à l’occasion du lancement de la TNT (Direct 8, W9, NT1, NRJ 12, France 4,
BFM TV, Virgin 17 et Gulli).
À l’issue du passage au tout numérique fin 2011, l’année 2012 dans le secteur de la télévision
nationale gratuite a marqué une nouvelle étape du développement de l’offre TNT. Six nouvelles
chaînes nationales gratuites en haute définition (HD) ont été mises en service le 12 décembre 2012
(HD1, l’Équipe 21, Chérie 25, 6Ter, Numéro 23 et RMC Découverte). Le paysage audiovisuel gratuit se
compose ainsi de chaînes au format généraliste, d’information continue, et de thématiques
spécifiques (ex. : jeunesse, découverte).
La diffusion par voie hertzienne terrestre des nouvelles chaînes en haute définition couvrira
progressivement l’ensemble de la métropole et dépassera 95 % au plus tard en avril 201615, celles-ci
14
LCP est constitué à temps partagé du service La Chaîne Parlementaire-Assemblée Nationale et du service Public Sénat, et
compte donc pour deux services distincts. 15
Ces six nouvelles chaînes étaient reçues par 85 % de la population en septembre 2014 puis 89 % en octobre 2014. À
l’horizon 2016, elles couvriront près de 97 % de la population métropolitaine à l’aide de 1 626 émetteurs.
Version publique 14/58
étant généralement disponibles sur les réseaux ne faisant pas appel à des fréquences assignées par le
CSA depuis décembre 2012 (satellite, câble, ADSL et fibre optique).
Cette évolution de l’offre s’est accompagnée de plusieurs mouvements de concentration intervenus
au cours des dernières années :
- Le 23 mars 2010, le Conseil a donné son accord à la prise de contrôle par le groupe TF1 des
chaînes TMC et NT1 ;
- Le 22 juin 2010, le Conseil a donné son accord au rachat de Virgin TV par le groupe Bolloré
Média ;
- Le 18 septembre 2012, le Conseil a autorisé la cession au Groupe Canal Plus des sociétés
Direct 8 et Direct Star, précédemment détenues par le groupe Bolloré. C’est dans le cadre
du réexamen de cette opération qu’intervient la présente étude d’impact.
2.1.B.2. Une évolution des équilibres d’audience accompagnant les
changements du paysage audiovisuel gratuit
Cet enrichissement de l’offre de chaînes a eu pour effet de modifier les équilibres d’audience. On
constate depuis plusieurs années une érosion de la part d’audience (PDA) des chaînes historiques, et
en particulier de TF1, France 2 et France 3, au profit des chaînes gratuites lancées en 2005, tandis
que les six chaînes lancées en 2012 agrègent 3,8 % de PDA en moyenne durant leur deuxième année
d’existence. Cependant, l’année 2014 a été marquée par une baisse de la PDA des chaînes lancées en
2005.
Évolution des parts d’audience annuelles des agrégats de chaînes de télévision depuis 2007
(En %)
Source : Médiamétrie, Médiamat. Individus de 4 ans et plus équipés d’un téléviseur - France métropolitaine
Version publique 15/58
Évolution des parts d’audience annuelles des chaînes « historiques » de télévision depuis 2007
(En %)
Source : Médiamétrie, Médiamat. Individus de 4 ans et plus équipés d’un téléviseur - France métropolitaine
2.1.C. L’état des lieux du marché publicitaire télévisuel
En dix ans, le marché publicitaire a été frappé par deux crises conjoncturelles : au début des années
2000 (bulle internet) puis à partir du second semestre 2008 (crise financière). Au total, en 2013, 10,4
milliards d’euros ont été dépensés en publicité par les annonceurs sur les 6 grands médias, soit
moins qu’en 2005.
A ces effets conjoncturels s’ajoute un mouvement structurel de diminution des dépenses de
communication des annonceurs et de modification de leurs choix d’investissements publicitaires
entre les médias, amorcé au début des années 2000 et qui coïncide avec l’arrivée d’internet.
Recettes publicitaires nettes plurimédias
(En milliards d’euros)
Source : IREP
Historiquement le premier média choisi par les annonceurs, la presse a vu ses recettes publicitaires
se réduire de plus d’un tiers entre 2005 et 2013 et sa part dans le total des recettes publicitaires
plurimédias reculer de 16 points pour atteindre 28 % en 2013.
9,2 10,1 9,6 9,5 9,4 10,1 10,5 10,9 11,6 11,510,1 10,6 11,2 10,8 10,4
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Version publique 16/58
Dans le même temps, les recettes publicitaires sur internet se sont considérablement développées,
atteignant une part de marché publicitaire nette de 22 % en 2013 pour un total de 2,3 milliards
d’euros.
L’autre bénéficiaire de la modification du « mix-médias » des annonceurs est la télévision : ses
recettes publicitaires, bien qu'en baisse, représentent, en 2013, 31 % des recettes publicitaires
totales plurimédias. La télévision s'impose désormais comme le premier média investi par les
annonceurs.
Recettes et parts de marché publicitaires nettes en 2005 et 2013
(En milliards d’euros et %)
Source : IREP
Les recettes publicitaires nettes de l’ensemble des chaînes de télévision se sont portées à 3,2
milliards d’euros en 2013 (-3,5 % par rapport à 2012), soit une deuxième année consécutive de baisse
après deux années de rétablissement des investissements des annonceurs qui avaient suivi la crise
des annonceurs en 2008 et 2009.
Pour l'année 2014, après une stabilité sur les neuf premiers mois par rapport aux neuf premiers mois
2013 (IREP, le 28 novembre 2014), le secteur anticipe une baisse modérée (-0,6% selon
ZenithOptimedia le 8 décembre et -1% selon GroupM le 8 décembre 2014).
Recettes publicitaires nettes de la télévision entre 2000 et 2013
(En millions d’euros nets)
Source : IREP
Télévision3,31331%
Presse4,77946%
Affichage1,22312%
Internet0,2402%
Radio0,8368%
Cinéma0,0781%
200510,5 Mds €
Télévision3,21931%
Presse2,93928%
Affichage1,15211%
Internet2,31122%
Radio0,7367%
Cinéma0,0911%
201310,5 Mds €
3 046 2 866 2 921 3 008 3 267 3 313 3 495 3 617 3 4763 094
3 441 3 496 3 337 3 219
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Version publique 17/58
Enfin, le marché publicitaire télévisuel ne devrait pas se redresser en 2015. Les dernières prévisions
font état d’une baisse de 2,5 % (MagnaGlobal, le 8 décembre 2014), de 1 % (ZenithOptimedia, le 8
décembre 2014), voire d’une très faible hausse (+0,1 % selon GroupM, le 8 décembre 2014).
2.2. La situation des chaînes D8 et D17 depuis leur reprise par Groupe Canal Plus
2.2.A. Au plan éditorial : évolution des genres à l’antenne
La reprise des chaînes Direct 8 et Direct Star par Groupe Canal Plus, devenues D8 et D17, et
l’évolution de leur programmation sont intervenues dans un cadre conventionnel renforcé. Outre les
obligations déjà présentes dans les conventions des deux services, le Conseil a subordonné son
autorisation lors de l’achat de D8 et D17 au respect de plusieurs engagements (cf. p. 8 du présent
document). L’étude de l’évolution des genres de programmes diffusés par chaque chaîne permet de
mettre en lumière plusieurs tendances de la programmation mises en œuvre dans ce cadre par le
repreneur.
2.2.A.1. Programmation de D8
Avant 2012 et le rachat de D8 par le Groupe Canal Plus, la convention de cette chaîne généraliste
prévoyait déjà un certain nombre d’obligations encadrant sa programmation, parmi lesquelles :
- programmation minoritairement consacrée aux œuvres audiovisuelles ;
- obligation de consacrer une moyenne quotidienne annuelle de 7 heures aux programmes
inédits sur une chaîne hertzienne en clair ;
- obligation de diffusion d’un certain nombre de spectacles vivants selon un barème de points
fixé conventionnellement ;
Outre ces obligations préexistantes lors de l’achat de la chaîne par Groupe Canal Plus, le Conseil a
renforcé certaines clauses de la convention de D8, parmi lesquelles :
- renforcement de l’obligation de diffusion de programmes inédits (730 heures annuelles
minimum consacrées aux services de télévision autorisés ou conventionnés) ;
- diversification des disciplines sportives diffusées lors du dépassement d’un seuil annuel de
retransmissions sportives mises à l’antenne (plus de 75 heures) ;
- limitation du nombre de séries américaines inédites issues de grands studios américaines
diffusées en premières parties de soirée ;
- respect d’un délai de 18 mois entre la diffusion de séries françaises inédites sur Canal+ et sur
D8 ;
- encadrement des investissements dans la production de films et fictions d’expression
originale française (EOF).
Le graphique ci-dessous présente l’évolution, en volume horaire, de chaque genre de 2011 à 2013, et
ce sur l’ensemble du temps de programmation.
Version publique 18/58
Temps d’antenne de D8 par genre de 2011 à 2013 sur l’ensemble du temps de programmation
(En heures)
Source : CSA
Parmi les évolutions apportées à la programmation de la chaîne D8, qui sont en lien avec la demande
de Groupe Canal Plus et qui font l’objet de la présente étude, le renforcement de l’offre
cinématographique est notamment à souligner.
Depuis la prise de contrôle de D8 par les sociétés Vivendi SA et le Groupe Canal Plus, le nombre de
diffusions d’œuvres cinématographiques est resté stable. En revanche, le nombre de titres mis à
l’antenne par rapport à l’année 2011 a augmenté de 25 %.
Œuvres cinématographiques diffusées sur D8 : nombre de titres et de diffusions en 2011 et en 2013
Source : CSA
Nombre de titres diffusés Nombre de diffusions Taux de rediffusion
2011 2013 Croissance
2013/2011 2011 2013
Croissance
2013/2011 2011 2013
123 154 25 % 213 219 3 % 1,7 1,4
La politique éditoriale en matière cinématographique mise en œuvre par les nouveaux actionnaires
de D8 a eu pour effet de :
- diminuer le nombre de rediffusions : 90 œuvres cinématographiques rediffusées en 2011
contre 65 en 2013 (soit une diminution de 28 %) ;
- renouveler l’offre de films proposés d’une année sur l’autre : alors que la part des films
diffusés deux années de suite sur D8 était de 19,5 % sur la période 2010/2011, cette part
s’est réduite à 4,5 % sur la période 2012/2013 ;
- proposer plus de films en première partie de soirée : 114 en 2011 contre 137 en 2013, soit
une progression de 20 % ;
- proposer plus de films récents : 3 en 2011 contre 11 en 2013.
Version publique 19/58
Toutefois, cette évolution de l’offre cinématographique ne masque pas le fait que les performances
d’audience de D8 se construisent principalement sur des programmes de flux et de divertissement,
au premier rang desquels se trouve l’émission Touche pas à mon poste (TPMP).
Ainsi, s’agissant des autres genres de programme, les principales tendances constatées sont les
suivantes :
- une forte baisse du volume des documentaires et magazines ;
- une hausse importante de la catégorie Divertissements, musique et spectacle16, qui
s’explique en particulier par l’omniprésence de l’émission de divertissement d’avant-
première partie de soirée TPMP, déclinée en première partie de soirée (Touche pas à mes
jeux télé, Touche pas à mes parodies par exemple). La sous-catégorie Divertissements-autres
(comprenant TPMP) a presque été multipliée par trois ;
- Une légère hausse des offres d’information et de fictions audiovisuelles, plus marquée pour
ce dernier genre en première partie de soirée ;
- L’information a été un genre mieux représenté dans la nouvelle programmation de D8 en
raison de la diffusion de deux sessions d’information quotidiennes17 (hors vacances scolaires)
sur l’antenne et de l’augmentation du nombre de bulletins météo diffusés18 ;
- Une baisse de l’offre de sport19.
C’est sur la case de programmation comprise entre 18 h 30 et 20 h 30 que D8 a bénéficié de la plus
forte croissance de son audience. Il s’agit de tranche pendant laquelle D8 diffuse l’émission de flux
TPMP.
Audience moyenne de D8 en semaine
(En milliers de téléspectateurs au quart d’heure moyen)
Source : Médiamétrie – Médiamat
[….]
2.2.A.2. Programmation de D17
L’évolution des genres de programmes, sur l’ensemble de la diffusion et en soirée, a également été
analysée pour la programmation de D17 de 2011 à 2013.
La programmation de D17 se structure autour d’obligations conventionnelles précises20 complétées
par l’engagement du repreneur de ne pas modifier le format musical de la chaîne, condition posée
par le Conseil dans sa décision d’agrément de la cession.
16
Pour mémoire, cette catégorie Divertissements-musique et spectacles regroupe plusieurs sous-catégories de programmes : les divertissements-variétés, les divertissements-jeux, les divertissements- vidéomusiques, les divertissements-autres et les spectacles-concerts. 17
La session d’information diffusée à la mi-journée a été supprimée courant 2013, pour ne conserver que celle de première partie de soirée. Cette tendance d’offre d’information en hausse devrait s’inverser en 2014 (chiffres à la disposition de la DP actuellement non définitifs). 18
Le volume horaire représenté par le journal a ainsi été multiplié par deux entre 2011 et 2013 (passant de 40 heures annuelles à plus de 99 heures). 19
L’article 3-1-1 de la convention de D8 prévoit la retransmission d’un volume significatif d’autres disciplines sportives, dès le dépassement du seuil de 75 heures annuelles consacrées à la retransmission de compétitions masculines de football, rugby, tennis ou cyclisme.
Version publique 20/58
De 2011 à 2013, les différents genres de programmes sont très stables, la catégorie Divertissements-
musique et spectacles représentant le genre largement majoritaire de programmes (plus de 65 %),
tant dans l’ancienne grille de programmes que dans la nouvelle.
L’étude plus précise de la grille de D17 montre cependant que de faibles ajustements ont été réalisés
depuis la reprise par Groupe Canal Plus de la chaîne, la programmation musicale devant être
conventionnellement de 75 %. Les plages de vidéomusiques demeurent l’essence même de cette
grille.
Temps d’antenne de D17 par genre de 2011 à 2013 sur l’ensemble du temps de programmation
(En heures)
Source : CSA
2.2.A.3. Synergies entre les chaînes D8 et D17 et Canal+
Depuis leur reprise par Groupe Canal Plus, des synergies de programmes sont apparues entre Canal+
et les deux chaînes D8 et D17, d’une part, et spécifiquement entre D8 et D17, d’autre part. Pour
autant, la progression d’audience de D8 en particulier semble moins être le fait des quelques
synergies dégagées à l’occasion de l’opération de rachat que du succès d’audience de certains
programmes de divertissement comme TPMP ou la Nouvelle Star.
Entre Canal+ et D8-D17 une synergie a ainsi été trouvée autour de l’accord-cadre conclu en 2013
entre Groupe Canal Plus et la chaîne américaine HBO. Ce contrat cadre porte sur la diffusion
de l’intégralité des nouvelles séries de HBO pour les cinq saisons à venir et sur leur diffusion sur les
chaînes premium, thématiques et gratuites du groupe pour la seconde fenêtre de diffusion payante
ou inédite en clair. Ainsi, Canal+ puis D8 ont diffusé en 2013 la saison 1 de la série Game of thrones
produite par HBO sans que la chaîne en clair n’enregistre cependant des performances d’audience
marquées.
20
Obligation de consacrer 75 % du temps de programmation à des programmes musicaux, respect de la diversité musicale,
promotion des jeunes talents musicaux français, variété des vidéomusiques programmées…
Version publique 21/58
Par ailleurs, D8 a diffusé en 2013 sur son antenne des séries américaines précédemment diffusées
sur Canal+ telles que Rome, The Borgias ou encore The Event. Cependant, les versions diffusées sur
les chaînes gratuites peuvent être légèrement différentes de celles diffusées précédemment sur
Canal+, afin de les adapter aux contraintes réglementaires de programmation d’une chaîne émettant
en clair.
De même, D8 a diffusé en 2013 la saison 2 de la série Engrenages issue du label « créations
originales » de Canal+.
Pour autant, les séries ayant été précédemment diffusées sur Canal+, en dépit de leur caractère
inédit en clair, et même si elles ont participé à la construction de l’audience et de l’image de la
chaîne, ne réalisent pas les meilleures performances d’audience et ont encore une portée et une
efficacité limitées.
Meilleures audiences des séries diffusées sur D8 en 2013 et 2014
(En milliers de téléspectateurs au quart d’heure moyen et %)
(Source : Médiamétrie – Médiamat - CSA)
En conclusion, les meilleures audiences réalisées par les chaînes ne se portent pas sur des
programmes précédemment diffusés sur Canal+ ni sur des genres où la puissance d’achat de Groupe
Canal Plus lui permet de mettre en œuvre des effets de levier.
Version publique 22/58
2.2.B. Au plan économique21
2.2.B.1. Situation de D8
2.2.B.1.1. Audience de D8
Dans le cadre de l’instruction de la demande de prise de contrôle des chaînes, Groupe Canal Plus
avait indiqué que ses objectifs de part d’audience se situaient à 4 % en 2015 auprès des 4 ans et plus,
avec un coût de grille de 120 millions d’euros.
Depuis sa reprise par le Groupe Canal Plus en octobre 2012, la chaîne D8 a effectivement vu son
audience croitre de manière significative. Sur la cible des 4 ans et plus, elle atteint une part
d’audience de 3,3 % en 2014, se situant en tête des chaînes de la TNT lancées en 2005.
Évolution des PDA des nouvelles chaînes de la TNT (1ère et 2ème vagues), 2007-2014
(Moyennes annuelles en %)
Source : Médiamétrie, Médiamat. Cible : Individus de 4 ans et plus équipés d’un téléviseur
En outre, cette performance s’inscrit dans un contexte où la plupart des chaînes de la TNT de 2005
ont enregistré une baisse de leur part d’audience. Depuis 2012, la part d’audience de W9 a baissé de
0,6 point, celle de TMC, NRJ 12 et France 4 a baissé de 0,5 point et celle de NT1 a diminué de 0,3
point22.
On relèvera toutefois, que la progression d’audience de D8 a été nettement plus marquée entre
2012 et 2013 (+0,9) qu’au cours des douze derniers mois (+0,1).
Si l’on examine plus précisément l’audience mensuelle de la chaîne en 2014, on constate des
variations importantes entre le mois le plus bas (PDA de 2,8% en août) et le meilleur mois (3,6 % en
21
Sauf indication contraire, toutes les données économiques et financières relèvent du secret des affaires. 22
Source : Médiamétrie ; comparaison entre le PDA annuelle moyenne de 2012 et de 2014, sur les 4 ans et plus.
Version publique 23/58
novembre). Ces variations tiennent pour l’essentiel à la présence à l’antenne de numéros inédits ou
non de l’émission Touche pas à mon poste.
Évolution des PDA des nouvelles chaînes de la TNT (1ère vague), déc. 2013 - déc. 2014
(Moyennes mensuelles en %)
Source : Médiamétrie, Médiamat. Cible : Individus de 4 ans et plus équipés d’un téléviseur
Par ailleurs, la progression d’audience de la chaîne est marquée sur plusieurs cibles de
téléspectateurs, particulièrement recherchées par les annonceurs. Ainsi, depuis sa reprise par
Groupe Canal Plus, la part d’audience sur la cible des femmes responsables des achats a
pratiquement doublé.
Part d’audience de D8 selon différentes cibles
(En %)
Source : Médiamétrie – Médiamat
[…]
2.2.B.1.2. Des recettes publicitaires de D8 en forte progression en 2013
Le chiffre d’affaires de D8 a augmenté de 86 % en 2013, à […] millions d’euros, essentiellement grâce
à la hausse de 80 % des recettes publicitaires, qui représentent 93 % des revenus de la chaîne (un
poids toutefois en recul de 3 point entre 2012 et 2013).
Version publique 24/58
Produits d’exploitation de D8, 2012-2013
(En milliers d’euros et %)
Source : Comptes sociaux de la chaîne D8 - Secret des affaires
2012 2013 Évolution
Recettes publicitaires […] […] […]
Autres produits […] […] […]
Chiffre d’affaires […] […] […]
Reprises d’amortissements et de provisions d’exploitation […] […] […]
Autres […] […] […]
Total des produits d’exploitation […] […] […]
Et comme s’ajoutent à ces revenus en forte progression d’importantes reprises d’amortissements et
de provisions d’exploitation, le total des produits d’exploitation de la chaîne a quasiment doublé
entre 2012 et 2013, à plus de […] millions d’euros.
Le développement remarquable du chiffre d’affaires publicitaire de D8 en 2013 intervient après deux
années de croissance modérée voire faible (+19 % en 2011 et +2 % en 2012). Cette évolution montre
combien son rachat par Groupe Canal Plus a dynamisé l’économie de la chaîne.
Recettes publicitaires de D8, 2005-2013
(En millions d’euros)
Source : Comptes sociaux de la chaîne D8 - Secret des affaires
[…]
En 2013, le chiffre d’affaires publicitaire de D8 place ce service au deuxième rang des chaînes lancées
en 2005, derrière W9 […] et devant TMC [….] et NRJ 12 [….]23.
2.2.B.1.3. Une progression maîtrisée des coûts d’exploitation en 2013
La hausse globale des charges d’exploitation de D8 de 19,5 % entre 2012 et 2013 résulte
principalement de l’augmentation des postes « consommation de fournitures et autres » et
« dotations brutes aux amortissements et provisions », dont le montant a quintuplé en un an.
L’accroissement de 63 % du poste « consommation de fournitures et autres » peut s’expliquer en
partie par la hausse supposée du coût de grille de la chaîne.
Cette dernière a dû par ailleurs voir ses commissions de régie augmenter, du fait de son
rattachement à Canal+ Régie, la régie du Groupe Canal Plus, mais ses comptes sociaux ne permettent
pas de savoir dans quel poste de charges cette dépense est comptabilisée.
23
Le chiffre d’affaires publicitaires de ces chaînes est couvert par le secret des affaires
Version publique 25/58
Charges d'exploitation de D8, 2012-2013
(En milliers d’euros et %)
Source : Comptes sociaux de la chaîne D8 - Secret des affaires
2012 2013 Évolution
Consommation de fournitures et autres […] […] […]
Autres achats et charges externes24 […] […] […]
Charges de personnel […] […] […]
Dotations brutes aux amortissements et provisions […] […] […]
Impôts et taxes […] […] […]
Autres charges25 […] […] […]
Total charges d'exploitation […] […] […]
Le poste « autres achats et charges externes », qui représentait à lui seul plus de la moitié des coûts
d’exploitation en 2012 (53 %), a décru en valeur absolue (-24 %) et en part relative (-19 points) en
2013.
La diminution de son poids relatif s’est effectuée essentiellement au profit des postes
« consommation de fournitures et autres » (+10 points) - désormais premier poste de charges
d’exploitation de D8 - et « dotations brutes aux amortissements et provisions » (+6 points).
Ventilations des charges d'exploitation de D8 par poste de coûts, 2012-2013
(En %)
Source : Comptes sociaux de la chaîne D8 - Secret des affaires
[…]
2.2.B.1.4. Des déficits opérationnel et net réduits de près de moitié en
un an
Si D8 a enregistré un résultat d’exploitation et un résultat net négatifs en 2013, à respectivement
[…] millions d’euros et […] millions d’euros, ces déficits se sont cependant réduits de près de moitié
par rapport à 2012 (-48 % pour les deux résultats). Cette amélioration résulte d’une croissance des
produits d’exploitation de la chaîne bien supérieure à sa montée en charges sur l’année 2013.
24
Ce poste de charges inclut notamment les rémunérations des intérimaires et les honoraires, les frais de diffusion et les prestations extérieures. 25
Ce poste de charges comprend essentiellement les droits d’auteurs et autres redevances.
Version publique 26/58
Résultat d'exploitation et résultat net de D8, 2012-2013
(En milliers d’euros)
Source : Comptes sociaux de la chaîne D8 - Secret des affaires
[…]
2.2.B.1.5. Une monétisation de l’audience plus performante
La nette amélioration des indicateurs de performance publicitaire de D8 en 2013 témoigne de l’effet
de régie dont bénéficie la chaîne. Grâce à son intégration au sein de Canal+ Régie, elle jouit d’une
meilleure capacité à valoriser son audience et sa PDA sur le marché publicitaire.
La valeur nette du point de PDA
Relativement stable entre 2010 et 2012, la valeur nette du point de PDA de D8 a gagné […] millions
d’euros en 2013 (+29 % en un an).
Valeur du point de PDA de D8, 2007-2013
(En millions d’euros)
Source : calcul CSA d’après comptes sociaux de D8 et données d’audience de Médiamétrie - Secret des affaires
[…]
Le taux de transformation
Le taux de transformation de D8 – qui stagnait à […] depuis 2010 – a atteint […] en 2013, ce qui
indique que la chaîne génère désormais des revenus publicitaires conformes à sa PDA.
Taux de transformation de D8, 2007-2013
Source : calcul CSA d’après comptes sociaux de D8 et données d’audience de Médiamétrie - Secret des affaires
[…]
2.2.B.2. Situation de D17
2.2.B.2.1. Audience
Contrairement à D8, l’audience de D17 est demeurée stable depuis la reprise par Groupe Canal Plus.
Cette stabilité est conforme aux prévisions exprimées par le repreneur au moment du rachat. En
effet, Groupe Canal Plus estimait que le format musical de la chaîne limitait de manière mécanique
sa capacité à faire croitre l’audience.
Avec une part d’audience moyenne sur l’année 2014 de 1,2 %, D17 se situe exactement au même
niveau qu’en 2012, année de reprise de la chaîne par Groupe Canal Plus.
Ce service réalise ses meilleures audiences en première partie de soirée avec sa programmation de
films de cinéma et de fictions audiovisuelles.
Version publique 27/58
Répartition par genre des 50 meilleurs programmes diffusés en première partie de soirée
(En %)
Source : Médiamétrie / Médiamat Quotidien du 2 septembre 2013 au 29 juin 201426
2.2.B.2.2. Un regain de croissance des recettes publicitaires de D17 en
2013
D17 a vu ses recettes publicitaires progresser de 18 % en 2013, à […] millions d’euros. La publicité
représente la quasi-totalité du chiffre d’affaires de la chaîne (98 %) qui s’élève à […] millions d’euros
en 2013, en progression de 20 % en un an.
Produits d’exploitation de D17, 2012-2013
(En milliers d’euros et %)
Source : Comptes sociaux de la chaîne D17 - Secret des affaires
2012 2013 Évolution
Recettes publicitaires […] […] […]
Redevances câble et satellite […] […] […]
Autres produits […] […] […]
Chiffre d’affaires […] […] […]
Reprises d’amortissements et de provisions d’exploitation […] […] […]
Autres […] […] […]
Total des produits d’exploitation […] […] […]
La hausse des reprises d’amortissements et de provisions d’exploitation de 38 % permet à la chaîne
de totaliser des produits d’exploitation de près de […] millions euros en 2013, soit une croissance
annuelle de 22 %.
26
Programmes dont au moins une partie est diffusée sur la tranche horaire 21h15-22h15 - Univers : individus âgés de 4 ans et plus.
Version publique 28/58
Le rachat de D17 par le Groupe Canal Plus n’est probablement pas étranger au dynamisme des
revenus publicitaire de D17 en 2013, en faible croissance sur les deux années précédentes (+2 % en
2011 et +1 % en 2012).
Recettes publicitaires de D17, 2005-2013
(En millions d’euros)
Source : Comptes sociaux de la chaîne D17 - Secret des affaires
[…]
2.2.B.2.3. Des coûts d’exploitation en hausse maitrisée en 2013
Les charges d’exploitation de D17 ont crû de 16 % entre 2012 et 2013. Cette évolution résulte
principalement de l’augmentation de 60 % du poste « consommation de fournitures et autres » et,
dans une moindre mesure de la hausse de 6 % du poste « autres achats et charges externes ».
Comme pour D8, il est probable que l’alourdissement du coût de grille et des commissions de régie
explique une part importante de la croissance des charges de D17.
Charges d'exploitation de D17, 2012-2013
(En milliers d’euros et %)
Source : Comptes sociaux de la chaîne D17 - Secret des affaires
2012 2013 Évolution
Consommation de fournitures et autres […] […] […]
Autres achats et charges externes27 […] […] […]
Charges de personnel […] […] […]
Dotations brutes aux amortissements et provisions […] […] […]
Impôts et taxes […] […] […]
Autres charges25 […] […] […]
Total charges d'exploitation […] […] […]
27
Ce poste de charges inclut notamment les commissions de régie, les frais de diffusion et les prestations extérieures.
Version publique 29/58
Bien qu’il ait perdu 5 points en un an, les « autres achats et charges externes » demeurent le
principal poste de coûts de D17 en 2013, totalisant encore près de la moitié des charges
d’exploitation annuelle (47 %).
Seul poste d’exploitation dont le poids relatif s’est accru en 2013 (+9 points), les « consommations de
fournitures et autres » représentent un tiers des charges d’exploitation de la chaîne, contre un quart
l’année précédente.
Ventilations des charges d'exploitation de D17 par poste de coûts, 2012-2013
(En %)
Source : Comptes sociaux de la chaîne D17 - Secret des affaires
[…]
2.2.B.2.4. Un déficit d’exploitation stable mais un résultat net en
amélioration
Le déficit d’exploitation de D17 est stable en 2013 (-0,2 %). En revanche, son déficit net s’est
fortement réduit (-23 %), grâce à des pertes financières et surtout exceptionnelles nettement moins
élevées qu’en 2012.
Résultat d'exploitation et résultat net de D17, 2012-2013
(En milliers d’euros)
Source : Comptes sociaux de la chaîne D17 - Secret des affaires
[…]
2.2.B.2.5. Une amélioration de la valorisation de l’audience à confirmer
L’année 2013 montre une amélioration certaine - mais toutefois modérée - des indicateurs de
performance publicitaire de D17. Il est néanmoins difficile d’affirmer que cette progression est liée
au rattachement de la chaîne à la régie du Groupe Canal Plus, tant ces chiffres ont connu des
variations irrégulières depuis 2007. Seule une observation sur une période plus longue permettra de
confirmer ou non cette hypothèse.
La valeur du point de PDA
Après plusieurs années d’évolutions erratiques puis une relative stabilité en 2012, la valeur du point
de PDA de D17 a progressé de 9 % en 2013, à […] millions d’euros.
Valeur du point de PDA de D17, 2007-2013
(En millions d’euros)
Source : calcul CSA d’après comptes sociaux de D17 et données d’audience de Médiamétrie - Secret des
affaires
[…]
Version publique 30/58
Le taux de transformation
Parfaitement stable entre 2011 et 2012, après plusieurs variations annuelles successives, le taux de
transformation de D17 a légèrement augmenté en 2013, à […], niveau qu’il affichait en 2010.
Taux de transformation de D17, 2007-2013
Source : calcul CSA d’après comptes de D17 et données d’audience de Médiamétrie - Secret des affaires
[…]
Version publique 31/58
3. L’objet de la demande de D8 et D17
Par courrier du 12 janvier 2015, la société Groupe Canal Plus a sollicité le Conseil supérieur de
l’audiovisuel afin de modifier les conventions des services D8 et D17 pour y faire figurer les
engagements 2.2.1 et 2.2.2 pris le 31 mars 2014 devant l’Autorité de la concurrence.
Ces nouveaux engagements, qui permettront au Groupe Canal Plus de se conformer aux exigences
posées par le Conseil d’État, concernent les acquisitions d’œuvres cinématographiques EOF. Les
autres engagements, pris au moment du premier examen de l’opération, seront maintenus en l’état.
Ainsi, la société d’édition de Canal Plus et les sociétés Direct 8 et Direct Star s’engagent à ne pas
préacheter au cours d’une même année calendaire28 les droits de diffusion en télévision payante et
en clair du même film EOF, au-delà d’un plafond de 20 films.
Au sein de ce quota de 20 films, les parties ne pourront acquérir à la fois les droits en clair et en
télévision payante de plus :
- 2 films d’un devis de plus de 15 millions d’euros ;
- 3 films d’un devis compris entre 10 et 15 millions d’euros ;
- 5 films d’un devis compris entre 7 et 10 millions d’euros.
Pour les films EOF ayant reçu l’agrément des investissements ou une autorisation de production
délivrés par le CNC à partir du 1er décembre 2011 et ayant fait l’objet d’un préachat de droits de
diffusion en télévision payante par les parties en année N, toute acquisition (hors préachat) par les
sociétés Groupes Canal Plus, Direct 8 et Direct Star de droits de diffusion en clair de ces mêmes films
pour une diffusion devant intervenir avant l’expiration d’un délai de 72 mois après leur sortie en
salle, sera comptabilisée dans le plafond de l’année N et selon la répartition définie ci-dessus.
Toutefois, tel ne sera pas le cas si, à la date d’acquisition de ces droits de diffusion en clair par les
sociétés susmentionnées, un tiers détient les droits de diffusion en première fenêtre en clair et un
droit de préemption ou de priorité pour les diffusions ultérieures.
Tout préachat ou achat de droits de diffusion en télévision payante et en télévision en clair pour le
même film EOF fera l’objet de contrats distincts communiqués au CSA.
De plus, la société Groupe Canal Plus et ses filiales renoncent à toute clause de préemption au
bénéfice de D8 ou D17 associée à la diffusion d’un film EOF, dès lors qu’elles n’auraient pas
préacheté le droit relatif à la première diffusion en clair de ce film.
Enfin, pour l’acquisition des droits de diffusion de films EOF, les sociétés Direct 8 et Direct Star
s’engagent à négocier leurs acquisition de droits de diffusion en télévision gratuite de manière
séparée de leurs acquisitions de droits de diffusion en télévision payante et à ne pratiquer aucune
forme de couplage, de subordination, d’avantage ou de contrepartie entre les acquisitions de droits
de diffusion en clair et les acquisitions de droits de diffusion en télévision payante pour les droits
28
La mention de l’année calendaire fait référence à l’année à retenir pour le calcul des plafonds de la présente obligation.
L’année N à retenir est celle du premier préachat de droits de diffusion en télévision payante ou en clair intervenu sur un
film EOF. Ainsi, si plusieurs préachats interviennent sur un même film EOF en année N et N+ 1 (hypothèse d’un tournage à
cheval sur deux années), ce film est intégré pour le calcul du plafond en année N.
Version publique 32/58
concernés. Les droits concernés ne comprennent pas les droits de diffusion relatifs aux 20 films pour
lesquels les droits de diffusion en télévision payante et en clair peuvent être négociés conjointement
par l’équipe en charge des acquisitions de droits destinés à la télévision payante.
Ces engagements, pris pour une durée et des conditions de reconductions identiques à celles
prévues par l’Autorité de la concurrence, seront repris par la voie d’avenants dans les conventions
des services concernés, en veillant à éviter toute ambiguïté et à assurer leur effectivité.
Ils viendront s’ajouter aux les autres engagements auxquels Groupe Canal Plus a consentis lors de la
demande d’agrément auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel et qui ne nécessitent pas d’être
révisés.
Enfin, les conventions des services D8 et D17 devront être actualisées en remplaçant les mentions
« à la décision de l’Autorité de la concurrence du 23 juillet 2012 » par les mentions « à la décision de
la même autorité du 2 avril 2014. »
Version publique 33/58
4. La position de Groupe Canal Plus et des chaînes D8 et D17 sur les marchés concernés
4.1. Part de marché de Groupe Canal Plus et des chaînes D8 et D17 sur les marchés
amont des droits de diffusion
4.1.A. Sur le marché amont des droits de diffusion de films EOF récents
4.1.A.1. Sur les chaînes en clair
La part des investissements de la chaîne D829 sur le total des sommes investies sur le marché amont
du préachat et de la coproduction de films EOF des chaînes en clair est faible (2 % en 2013 et 8 % en
nombre de films).
Participation des chaînes en clair au financement des films agréés en 2012 et 2013
Source : CNC (Ce tableau contient des arrondis)30
Nombre de films
préachetés en 2012
Nombre de films
préachetés en 2013
Montant
investissement
dans préachats et
part coproducteur
2012 (M€)
Montant
investissement
dans préachats et
part coproducteur
2013 (M€)
TF1 17 14 34,2 37,4
France 2 35 24 39,2 23,0
France 3 26 24 22,2 19,0
M6 12 5 22,0 10,5
Arte 19 25 6,6 7,7
D8 4 8 1,2 2,4
TMC 4 5 0,5 0,7
NT1 2 0 0,2 0,0
W9 7 5 1,1 0,9
Gulli 1 1 0,1 0,1
France 4 5 0 0,8 0,0
France Ô 0 1 0,0 0,1
Total 132
(111 sans doublons)
112
(dont 100 sans
doublons)
127,9 101,7
29
La chaîne D17 n’a procédé depuis sa création à aucun préachat d’œuvres cinématographiques. 30
Pour 2013, le CNC ne comptabilise que les 6 films ayant été préachetés par D8 pour une première fenêtre. Deux films
préachetés pour une troisième fenêtre gratuite ont été inclus dans le total.
Version publique 34/58
4.1.A.2. Sur les chaînes payantes
La part des investissements des chaînes éditées par Groupe Canal Plus sur le total des sommes
investies sur le marché amont du préachat de films EOF des chaînes payantes est importante (94 %
en 2013 et 97 % en nombre de films) et n’a pas évolué depuis la date de reprise des chaînes D8 et
D17.
Participation des chaînes payantes au financement des films agréés en 2012 et 2013
Source : CNC
Nombre de films
préachetés en
2012
Nombre de films
préachetés en
2013
Montant
investissement
dans préachats
et part
coproducteur
2012 (M€)
Montant
investissement
dans préachats
et part
coproducteur
2013 (M€)
Chaînes Canal+ 130 126 186,43 160,44
Chaînes Ciné+ 121 105 24,14 18,17
TPS Star 4 0 2,1 0
Sous total GCP
255
(soit 141 films
hors doublons)
231
(soit 138 films
hors doublons)
212,67 178,61
Chaînes Orange 18 18 18,52 11,56
Autres chaînes payantes31 5 1 0,52 0,05
Total nombres de
préachats
(nombre de films hors
doublons)
278
(155 films hors
doublons)
250
(142 films hors
doublons)
231,71 190,22
Rappel nombre de films
agréés 279 270
4.1.B. Sur les marchés amont relatifs aux évènements sportifs
À fin 2014, le Groupe Canal Plus demeure le principal investisseur sur le marché avec une part de
marché d’environ […], qui est [….] à celle de la société BeInsports. La valorisation globale du
portefeuille de droits sportifs de Groupe Canal Plus à fin 2014 s'établit à […] millions d’euros.
Sur les marchés sur lesquels le Groupe Canal Plus n’est en concurrence qu’avec des chaînes payantes,
le niveau de ses investissements demeure sensiblement plus important que les montants investis par
la société BeInsports.
Ainsi, sur le marché pertinent des droits relatifs au championnat de France de Ligue 1 de football32, la
part de marché de Groupe Canal Plus s’élève à ce jour à 70 %33.
31
En 2012 : 13ème
Rue, Canal J et TV5. En 2013 : TV5. 32 Lors du dernier appel d’offres relatif à l’attribution des droits relatifs au championnat de France de Ligue 1 de football
pour la période allant de 2012 à 2016, la société beIN SPORTS a remporté 3 des 9 lots commercialisés par la Ligue de
Version publique 35/58
Sur le marché des championnats européens de football les plus attractifs, avec un investissement
annuel estimé à […] millions d’euros par an, la part de marché du Groupe Canal Plus s'établit ainsi, à
fin 2014, à [….] %. Le Conseil relève toutefois que la part de marché du groupe a sensiblement
diminué depuis 201134.
Le Conseil estime également que sur les marchés de l’achat de droits sportifs sur lesquels la
concurrence est animée par les éditeurs de chaînes de télévision payantes et de télévision gratuites,
la position de Groupe Canal Plus est nettement plus faible que sur les marchés décrits
précédemment. Au total, sur l'ensemble des quatre marchés (droits relatifs aux compétitions
régulières de football impliquant des clubs français (hors Ligue 1), droits relatifs aux autres
compétitions de football, droits relatifs aux compétitions sportives, autres que footballistiques et
hors événements d’importance majeure, droits relatifs aux événements d’importance majeure autres
que footballistiques), la part de marché de Groupe Canal Plus est de [….] %. Les chaînes D8 et D17
ont une présence marginale sur ces marchés qui n’a pas évolué depuis leur rachat par Groupe Canal
Plus.
4.1.C. Sur les marchés amont des films américains récents
4.1.C.1. Sur le marché amont des films américains récents pour la télévision
payante
Le Conseil considère que le marché de l’acquisition de films américains récents pour la télévision
payante se caractérise par une concurrence faible et des investissements importants réalisés par
Groupe Canal Plus.
L’Autorité de la concurrence dans sa décision du 2 avril 2014, considère que « GCP détient une
position prépondérante sur le marché de l’acquisition de droits de films américains récents, au moins
depuis l’acquisition, en 2006, de TPS par Vivendi et GCP. Depuis cette date, la puissance d’achat de
Football Professionnel, pour un montant minimal garanti sur la durée du contrat de 150 millions d’euros par an, soit
600 millions d’euros sur quatre ans. 33
Le Conseil porte à l’attention de l’Autorité de la concurrence le fait que les montants des investissements de la société
beIN SPORTS pourraient être inférieurs, puisqu'elle se serait engagée à verser [….] millions d’euros au cours des saisons
2012-2013 et 2013-2014 et à introduire une part variable assise sur ses résultats d'abonnement pour augmenter son
minimum garanti pour les saisons 2014-2015 (sur lesquelles elle n'aurait plus a minima qu'à payer [….] M€/saison).
Dans l'hypothèse basse d'un montant annuel d'investissement de beIN SPORTS de [….] M€ par an durant les deux
prochaines saisons, la part de marché du Groupe Canal Plus devrait être de [….] %. 34
Selon les estimations du Conseil, le Groupe Canal Plus disposait, à la fin de l’année 2011, d’une part de marché de […] %,
avec un investissement d’environ […] millions d’euros par saison. L'entrée sur le marché, à l'été 2012, de la société
BeInsports a modifié les équilibres concurrentiels. Cette dernière a en effet obtenu le partage, avec Groupe Canal Plus, des
droits d'exploitation audiovisuelle de la Série A italienne et de la Bundesliga allemande pour la période 2012-2015, pour un
montant cumulé annuel de [….] millions d’euros ([….] millions d’euros par an versés par chacun des deux groupes). Elle a
également acquis les droits de la Liga espagnole pour la période 2012-2015, avec un investissement de [….] millions d’euros
par an et de la Superliga portugaise, pour la période 2013-2016, avec un montant estimé à [….] millions d’euros par an. En
revanche, en janvier 2013, le Groupe Canal Plus a conservé les droits de la Premier League anglaise pour la période 2013-
2016, pour un montant estimé à environ […] millions d’euros par saison, soit un doublement du montant versé à
l'organisateur de la compétition sur la période 2010-2013, qui s'établissait à […] millions euros par saison.
Version publique 36/58
GCP n’a pas été réellement remise en cause. Malgré l’entrée d’Orange sur le marché […], GCP a
maintenu une part de marché de près de [90%-100%] en nombre de films exploités et d’environ [70-
80%] en termes de montant des acquisitions ». (Considérant n°148).
En tout état de cause, les investissements en films américains récents pour la télévision payante du
groupe Orange continuent de se situer à un niveau beaucoup plus faible. Le groupe a ainsi déclaré
avoir investi [….] millions d’euros35 en 2012 en droits de diffusion de films américains en première
fenêtre ([….] millions d’euros) et en deuxième fenêtre ([….] millions d’euros).
Au vu des informations dont il dispose et qui n’incluent pas les investissements du Groupe Canal Plus
pour 2013, le Conseil estime que la pression concurrentielle exercée par le groupe Orange est
amenée à diminuer du fait d’une réduction de ses investissements. En 2013, les investissements
d’OCS en films américains récents pour la télévision ont diminué pour atteindre [….] millions d’euros.
Selon les estimations fournies par le groupe Orange, en 2014, ces investissements devraient être de
[….] millions d’euros, soit près de [….] moins que les investissements déclarés par le Groupe Canal
Plus en 2012 ([….] millions d’euros).
Cette atténuation de la pression concurrentielle est également liée au fait qu’en 2014, depuis
l’arrivée à échéance de son contrat avec Warner à la fin de l’année 2012, le groupe Orange ne
détient plus aucun contrat cadre avec un studio américain (au sens des engagements devant
l’Autorité de la concurrence). A cet égard, si le Groupe Canal Plus ne détient plus de contrat cadre
avec Sony depuis le 1er avril 2013, il entretient aujourd’hui des relations contractuelles de cette
nature avec cinq des six studios, qui arriveront à échéance en 2016 et 2017.
Contrats cadre conclus entre Groupe Canal Plus et les studios américains
Source : Groupe Canal Plus
[…]
L’Autorité de la Concurrence dans sa décision du 2 avril 2014 considère que « en l’état du marché, et
compte tenu notamment du recentrage éditorial d’Orange sur les séries, les studios américains n’ont
pas d’autre choix que de s’adresser à GCP pour vendre de leurs droits sur le territoire français »
(considérant n° 149).
La part de marché de Groupe Canal Plus sur le marché des films américains récents n’a pas
significativement évoluée depuis la conclusion des conventions de D8 et D17 en 2012 et son possible
renforcement à terme tient avant tout à la probable baisse de la pression concurrentielle exercée par
le groupe Orange.
35
L’année prise en compte par le groupe Orange pour le calcul de ses investissements est celle du début des droits.
Version publique 37/58
4.1.C.2. Sur le marché amont des films américains inédits pour la télévision
en clair
La programmation de films inédits, notamment américains, demeure un enjeu important pour les
chaînes de télévision gratuites dans la mesure où elle est susceptible de générer des audiences
fortes.
Le Conseil ne dispose pas de données sur le montant investi par les chaînes en clair dans l’achat de
droits de diffusion de films américains récents. Cependant, l’analyse de la programmation
cinématographique des chaînes en clair donne des indications sur la position de chacun des acteurs
sur ce marché.
Sur l’ensemble des chaînes nationales gratuites, 22,7 % des films, toutes nationalités confondues,
diffusés en 2013 à la télévision sont inédits.
La part de films inédits d’origine américaine sur l’ensemble des films inédits diffusés en 2013 sur TF1
et M6 est respectivement de 43 % (20 films) et de 47 % (14 films). Cette part est de 33 % sur les
chaînes du groupe France Télévisions (37 films). S’agissant des chaînes lancées depuis 2005, 96 films
inédits ont été diffusés en 2013, ce qui représente seulement 9 % de l’offre. L’offre inédite est
essentiellement constituée de films américains36 (63 % soit 60 films). En 2013, D8 et D17 ont diffusé
14 films inédits (contre 10 en 2012 et 15 en 2011), dont 7 films américains inédits (tous diffusés sur
D8).
Le Conseil constate que les équilibres concurrentiels sur ce marché n’ont pas significativement
évolué depuis le premier examen de l’opération.
4.1.D. Sur le marché amont des séries américaines récentes
Les chaînes de télévision gratuites et payantes sont en concurrence pour l’acquisition de droits de
diffusion de séries américaines car ces programmes, à la différence des œuvres cinématographiques,
ne relèvent pas de l’accord sur la chronologie des médias.
Dans sa décision du 2 avril 2014, l’Autorité de la concurrence confirme que « les séries américaines
font l’objet d’une forte demande de la part des chaînes gratuites car elles constituent un des
programmes les plus rentables dans leurs grilles de programmation. Tous les contrats-cadre
actuellement en vigueur sont conclus avec les groupes TF1 et Métropole Télévision (M6)37
. Dans le
cadre de ces contrats les studios américains couplent la vente des séries avec des films pour une
première diffusion en télévision gratuite et avec des œuvres de catalogue ».
36
Peu de films français inédits sont proposés sur les chaînes lancées en 2005 et 2012 (7 films en 2012, contre 37 films
américains). Aucun de ces 7 films n’a fait l’objet d’un préfinancement par une chaîne historique en clair. 37
Toutes les séries américaines diffusées en 2013 par TF1 (Esprits criminels, Les Experts et ses déclinaisons, The Mentalist
…) et M6 (NCIS enquêtes spéciales, Hawaii 5-0, Bones…) ont été produites par les studios
Version publique 38/58
Le Conseil constate que les séries américaines représentent toujours une partie importante des
grilles de programmation de première partie de soirée des chaînes historiques privées. En 2013, 117
premières parties de soirées ont été consacrées aux séries américaines sur TF1, et 133 sur M6.
L'importance de la fiction américaine pour les chaînes gratuites se mesure également par la place de
ces programmes dans les palmarès d'audience. Depuis 2008, plus de 50 des 100 meilleures audiences
de l’année toutes chaînes confondues sont réalisées par des séries américaines (contre 4 en 2005),
comme l'indique le graphique ci-après. Cette tendance est interrompue en 2014 avec une baisse très
significative de la place des fictions américaines, qui demeurent toutefois le premier genre au sein de
ce classement.
Fiction audiovisuelle par nombre d’occurrences dans les 100 premières audiences annuelles
Source : Médiamétrie – Médiamat, téléspectateurs de 4 ans et +, CSA
En 2012, les investissements de Groupe Canal Plus en séries américaines récentes ont été de
[…] millions d’euros, dont […] pour les chaînes Canal+. Cette même année, les investissements
déclarés par le groupe Orange au Conseil ont été de [….] millions d’euros, ce qui représente environ
[….] % du coût de grille des chaînes OCS ([….] millions d’euros). En 2013, les investissements d’OCS
ont été de [….] millions d’euros, soit environ [….] % du coût de grille des chaînes ([….] millions
d’euros)38. Les groupes TF1 et M6 sont les deux premiers acquéreurs de séries américaines récentes.
Ils ont respectivement investi [….] millions d’euros et [….] millions d’euros dans ce type de
programmes en 2012.
En raison de l’évolution du positionnement éditorial de ses chaînes payantes et de l’acquisition de D8
et D17, Groupe Canal Plus pourrait être incité à acquérir davantage de séries américaines39 :
- en premier lieu, le groupe a lancé au mois de septembre 2013 Canal+ Séries, une nouvelle
déclinaison de la chaîne Canal+. La possibilité de diffuser sur cette déclinaison un tiers de
38
Orange a renouvelé son contrat avec HBO en 2013 pour une durée de 4 ans, et continue de disposer d’un droit de
premier choix sur l’intégralité de la production de la société. Sur le plan éditorial, Orange a également créé en 2013 la
chaîne OCS City, qui est dédiée à la diffusion de séries, notamment celles produites par HBO. 39
Au moment du premier examen de l’opération, tant l’Autorité de la concurrence que le CSA ont encadré les modalités
d’achat (limitation à un accord cadre avec un studio américain portant sur la diffusion en payant et en gratuit des films et
séries récentes) et de diffusion de ces programmes (limitation du nombre de premières parties de soirée consacrées à la
diffusion de séries américaines inédites en clair).
Version publique 39/58
programmes propres, c’est-à-dire qui n’ont pas été diffusés sur la chaîne Canal+, est à cet
égard de nature à augmenter les besoins du groupe en séries américaines récentes ;
- en second lieu, Groupe Canal Plus pourrait chercher à alimenter plus largement les antennes
de D8 et D17 en séries américaines, en raison du succès d’audience que ce type de
programmes rencontre sur les chaînes gratuites.
Une partie importante des séries américaines récentes acquises par Groupe Canal Plus pour une
diffusion sur les chaînes payantes provient des studios américains ou de leurs filiales : CBS/Showtime
Networks (Dexter, Ray Donovan, The Borgias), Universal (Royal Pains), Warner Bros Television
(Shameless, Arrow), Sony Pictures Television (The Big C, Last Resort), 20th Century Fox Television
(24 : Live another day, Homeland), ABC Studios (Scandal, Revenge).
Pour autant ces achats interviennent pour l’essentiel en application de contrats d’acquisition
ponctuels. Ainsi, dans la nouvelle notification, le groupe indique qu’il n’a pas conclu de nouveau
contrat cadre portant sur des premiers choix de séries, depuis l’arrivée à échéance du contrat cadre
avec la société Sony, mais qu’il a conclu un tel contrat en 2013 avec HBO portant sur des deuxièmes
fenêtres de diffusion en payant et pour une première diffusion en clair.
Le Conseil considère que les équilibres concurrentiels sur ce marché n’ont pas significativement
évolué depuis le premier examen de l’opération. A cet égard, il constate que les chaînes D8 et D17
occupent encore une place modeste sur le marché : le volume horaire de diffusion sur D8 de séries
américaines récentes est passé de 31 heures en 2012 à 72 heures en 201340, en dépit d’une
diminution de ses investissements en 2013 à […] millions d’euros, pour […] millions d’euros l’année
précédente.
4.2. Position du groupe Canal Plus et des chaînes D8 et D17 sur le marché publicitaire
télévisuel
Depuis près de 10 ans, le périmètre du marché publicitaire télévisuel a connu plusieurs évolutions
importantes, notamment un ensemble de modifications réglementaires portant sur l'offre :
- Mars 2005 : introduction des nouvelles chaînes de la TNT (soit dix nouvelles chaînes actives
sur le marché de la publicité) ;
- Janvier-mars 2009 : suppression partielle de la publicité sur France Télévisions et
augmentation de la durée de publicité autorisée sur les chaînes privées ;
- Décembre 2012 : introduction de six nouvelles chaînes gratuites sur la TNT.
Le secteur audiovisuel a également été marqué par un mouvement de concentrations :
- Janvier 2010 : rachat des chaînes NT1 et TMC par le groupe TF1, assortie de la décision par
l’Autorité de la concurrence de séparer les régies TF1 et TMC Régie (jusqu’en janvier 2015) ;
- Juillet 2012 : intégration de D8 et D17 au sein de la régie Canal+ Régie dans le cadre du
rachat de ces deux chaînes par le Groupe Canal Plus.
40
Source : réponse du Groupe Canal Plus à la demande d’informations du Conseil, 28 janvier 2014.
Version publique 40/58
Ces évolutions se sont traduites sur le marché publicitaire par une forte montée en puissance des
nouvelles chaînes TNT privées, qui ont atteint […] % de part de marché publicitaire nette en 2013
(contre [….] % en 2007). Dans le même temps, la part de marché publicitaire brute de TF1 s'est
réduite de [….] points et celle de France Télévisions de [….] points, tandis que M6 et Canal+ ont
chacune gagné [….].
Évolution des parts de marché publicitaire nettes en télévision
(En %)
Source : IREP, publications opérateurs, CSA - Secret des affaires
[…..]
L'examen des parts de marché publicitaire des principaux groupes de télévision appelle les
observations suivantes :
Les quatre antennes gratuites du groupe TF1 concentrent, en 2013, 46 % des recettes publicitaires
télévisuelles, dont [….] % pour la seule chaîne TF1. Le poids de cette dernière est toutefois en baisse,
d'environ [….] depuis 2005.
Les trois antennes gratuites du groupe M6 représentent [….] % de part de marché publicitaire nette
en 2013 (20 % pour la chaîne M6), soit une hausse de [….] par rapport à 2007 ([….] %).
Si le groupe France Télévisions demeure le troisième acteur au sein du marché publicitaire télévisuel,
sa part de marché publicitaire nette est en forte baisse depuis 2007 : […..] en 2013.
Enfin, avec quatre antennes gratuites41, le Groupe Canal Plus atteint […] % de part de marché
publicitaire nette en 2013 (dont […] % pour la chaîne Canal+), en progression régulière sur plusieurs
années.
Évolution des parts de marché publicitaire nettes des principaux groupes de télévision
(En %)
Source : IREP, publications opérateurs, CSA - Secret des affaires
[….]
Au sein de Groupe Canal Plus, les chaînes D8 et D17 présentent des situations contrastées :
- Très forte croissance des recettes publicitaires de D8 entre 2012 et 2013 ([…] %), pour une
part de marché publicitaire nette en hausse, de […] % en 2012 à […] % en 2013. La chaîne se
place ainsi au deuxième rang des chaînes de la TNT de la première vague, derrière TMC
([….] % de PdM, [….] par rapport à 2012) et devant W9 ([…..] % de PdM, en [….] point par
rapport à 2012).
- Croissance des recettes publicitaires de D17 de […] % entre 2012 et 2013, pour une part de
marché publicitaire nette en hausse, de […] point en 2012 à […] point en 2013. La chaîne
41
Du point de vue publicitaire la chaîne Canal+ est communément considérée comme une chaîne gratuite.
Version publique 41/58
figure toutefois toujours en dernière position des nouvelles chaînes TNT, derrière [….]
([….] % de part de marché publicitaire nette en 2013).
Les performances des deux chaînes reposent, d'une part, sur l'amélioration de leur part d'audience
en 2013 (+39 % pour D8 et +8 % pour D17) et, d'autre part, sur les effets de l'adossement à Canal+
Régie. On constate ainsi une augmentation du « taux de transformation42 » des deux chaînes, de […]
en 2012 à […] en 2013 pour D8 et de […] à […] pour D17. Ces niveaux sont comparables à ceux des
autres chaînes lancées en 2005. En effet, les taux de transformation des nouvelles chaînes privées de
la TNT sont compris, en 2013, entre [….] et [….], et leur moyenne est de [….].
Bien qu’ayant connu une croissance importante au cours des dernières années, le poids de Groupe
Canal Plus sur le marché publicitaire demeure relativement faible en comparaison de ses principaux
concurrents.
En conclusion, sur les différents marchés observés, aucune évolution significative n’a été constatée
depuis le premier examen de l’opération par le Conseil en 2012.
En avril 2014, l’Autorité de la concurrence a procédé à une nouvelle analyse de la situation
concurrentielle. À l’issue de cette analyse, elle a estimé que l’ensemble des engagements pris en
2012, à l’exception de ceux portant sur l’acquisition des films EOF récents, devaient être maintenus
en l’état.
S’agissant des obligations prises par les chaînes D8 et D17 devant le Conseil supérieur de
l’audiovisuel lors du premier examen de l’opération, il n’apparaît pas nécessaire, eu égard à
l’évolution des chaînes, d’y apporter des modifications. Le Conseil peut s’en tenir au seul réexamen
des nouveaux engagements en matière d’accès aux marchés d’acquisition de films EOF,
conformément à la décision d’annulation du Conseil d’Etat du 23 décembre 2013.
42
Le « taux de transformation » exprime le rapport part de marché / part d'audience. Il mesure l'efficacité d'une chaîne
dans l'exploitation commerciale de son audience.
Version publique 42/58
5. Mesure de l’impact des nouveaux engagements en matière d’investissement dans les
films EOF
La société Groupe Canal Plus sollicite l’intégration dans les conventions de D8 et de D17 de
l’engagement pris devant l’Autorité de la concurrence et ainsi rédigé :
« 2.2. Les parties s’engagent à :
2.2.1. Ne pas procéder au préachat de droits de diffusion en télévision payante et en télévision en
clair pour le même film EOF, pour plus de 20 films au cours d’une même année calendaire dont :
- Au maximum 2 films d’un devis de plus de 15 millions d’euros ;
- Au maximum 3 films d’un devis compris entre 10 et 15 millions d’euros ;
- Au maximum 5 films d’un devis compris entre 7 et 10 millions d’euros.
Il est précisé que pour les films EOF ayant reçu l’agrément des investissements ou une autorisation de
production délivrés par le Centre national du cinéma et de l’image animée à partir du 1er
décembre
2011 et ayant fait l’objet d’un préachat de droits de diffusion en télévision payante par les Parties en
année N, toute acquisition (hors préachat) par les Parties de droits de diffusion en clair de ces mêmes
films pour une diffusion devant intervenir avant l’expiration d’un délai de 72 mois après leur sortie en
salle sera comptabilisée dans le plafond de l’année N et selon la répartition définie au présent
engagement 2.2.1. Toutefois, tel ne sera pas le cas si, à la date de l’acquisition de ces droits de
diffusion en clair par les Parties, un tiers détient les droits de diffusion en 1ère
fenêtre en clair et un
droit de préemption ou de priorité pour les diffusions ultérieures.
La mention de l’année calendaire fait référence à l’année à retenir pour le calcul des plafonds du
présent engagement 2.2.1. L’année N à retenir est celle du premier préachat de droits de diffusion en
télévision payante ou en clair intervenu sur un film EOF. Ainsi si plusieurs préachats interviennent sur
un même film EOF en année N et N+1 (hypothèse d’un tournage à cheval sur deux années), ce film est
intégré pour le calcul du plafond en année N.
Tout préachat ou achat de droits de diffusion en télévision payante et en télévision en clair pour le
même film EOF feront l’objet de contrats distincts communiqués au Mandataire.
2.2.2. Renoncer à toute Clause de Préemption au bénéfice des Chaînes Concernées associée à la
diffusion d’un film d’expression originale française dès lors qu’elles n’auraient pas préacheté le droit
relatif à la première diffusion en clair de ce film. »
5.1. Rappel des objectifs poursuivis par l’engagement et les effets envisageables
Cet engagement vise à plafonner le nombre de films EOF que Groupe Canal Plus peut acquérir
conjointement en télévision payante et en télévision gratuite au cours d’une même année, afin de
limiter les pratiques d’achats liés ou groupés de droits de diffusion sur le marché payant et gratuit.
Version publique 43/58
L’Autorité de la concurrence dans sa décision du 2 avril 2014 considère que « si GCP mettait en
œuvre un effet de levier limitant l’accès des chaînes en clair aux films EOF attractifs, ces dernières ne
pourraient pas, du fait de la réglementation, reporter leurs achats vers des films américains (ou
d’autres contenus attractifs) pour maintenir leur audience. Les chaînes concurrentes seraient ainsi
contraintes de reporter leurs investissements sur des films moins attractifs, ou ne correspondant pas
à la ligne éditoriale, qu’elles seraient par ailleurs obligées de diffuser pour respecter leur quotas ».
(considérant n° 277) ; « le plafonnement du nombre de films pour lesquels GCP peut préacheter à la
fois les droits payants et les droits en clair permet de garantir que l’effet de levier ne peut être exercé
sur une part significative des droits et ne peut donc fausser le jeu de la concurrence sur les marchés de
la télévision gratuite en asséchant le nombre de films disponibles pour les chaînes concurrentes »
(considérant n° 430). Cependant, l’Autorité précise qu’ « il serait disproportionné d’empêcher tout
exercice d’un effet de levier en contraignant GCP à choisir d’acheter, auprès d’un même ayant droit,
soit les droits pour la télévision payante soit les droits pour une diffusion en clair (considérant 429)
[…]. Un tel effet n’est cependant possible que s’il porte sur une part significative des droits
disponibles. Il n’est donc pas nécessaire d’empêcher tout exercice d’un effet de levier entre les deux
types d’achats. » (Considérant 428).
5.1.A. Rappel de l’engagement 2.2.1 pris par Groupe Canal Plus devant
l’Autorité de la concurrence
Le périmètre des films entrant dans le plafond de 20 films maximum pouvant être négociés par
Groupe Canal Plus de façon conjointe en télévision payante et en télévision gratuite inclut l’ensemble
des préachats et des achats des films agréés après le 1er décembre 2011, non préachetés par une
chaîne tierce et dont les diffusions en clair interviennent avant l’expiration d’un délai de 72 mois
après leur sortie en salles.
5.1.A.1. L’inclusion de tous les préachats, quelle que soit la fenêtre de
diffusion négociée
L’engagement 2.2, dans sa rédaction initiale de 2012, ne s’appliquait qu’aux « films français inédits
en clair », qui étaient définis comme « films d’expression originale française disponibles pour un
premier cycle d’exploitation en 1ère
fenêtre télévisuelle en clair en vertu de l’Accord pour le
Réaménagement de la Chronologie des Médias ». Le plafonnement à 20 films s’appliquait donc aux
achats et aux préachats, de films EOF, mais pour la seule première fenêtre en clair.
La rédaction actuelle est plus large. Elle encadre l’ensemble des préachats commun pour une
diffusion sur une chaîne payante puis en clair, sans que soient précisés le nombre de fenêtres
négocié, ni le type de fenêtres négocié (première, deuxième, troisième fenêtre…).
En cela, l’Autorité de la concurrence a suivi la décision du Conseil d’Etat qui « a jugé que l’Autorité de
la concurrence avait commis une erreur d’appréciation en acceptant l’un des engagements qui
encadrait les acquisitions des parties sur le marché de droits pour les films français récents en clair. Le
Conseil d’Etat a en effet constaté que cet engagement ne portait que sur les droits de diffusions de
films inédits alors que les chaines font également l’acquisition, au stade du préfinancement, des
droits en clair pour une 2ème
et une 3ème
diffusion. Le Conseil d’Etat a estimé que GCP serait en mesure
Version publique 44/58
de préempter les plus attractifs de ces droits en liant les acquisitions concernées à celles de droits
pour la télévision payante, ce qui aurait pour effet d’ériger de fortes barrières à l’entrée sur ces
marchés, avec des conséquences significatives sur la concurrence » (considérant n° 10).
L’Autorité rappelle dans la décision du 2 avril 2014 que « les préachats des droits portent, en ce qui
concerne les droits pour une diffusion en clair, sur un nombre variable de fenêtres. […] Durant la
période d’exploitation en clair, la chronologie des médias ne prévoit aucun fenêtrage. Une subdivision
de plusieurs fenêtres de diffusion en clair s’est néanmoins organisée contractuellement entre les
producteurs et les acheteurs de droits. […] les producteurs de films vendent généralement au stade du
préfinancement jusqu’à trois fenêtres de diffusion en clair. […] les éléments communiqués par les
chaînes en clair et les principaux producteurs de films EOF font état dans la plupart des cas de deux
premières fenêtres d’une durée de 18 mois. Ces fenêtres correspondent généralement à des diffusions
sur l’une des chaînes gratuites historiques. La troisième fenêtre, d’une durée plus variable (les
exemples vont de 6 à 18 mois), est généralement achetée par le même acquéreur pour une ou
plusieurs diffusions sur une chaîne de la TNT adossée au groupe. […] Au total, la période couverte par
les préachats ne dépasse pas 72 mois après la sortie du film en salle ».
5.1.A.2. L’inclusion des achats des films agréés après le 1er décembre 2011,
non préachetés par une chaîne tierce et dont les diffusions interviennent
avant l’expiration d’un délai de 72 mois après leur sortie en salles
L’inclusion dans l’engagement 2.2 des achats, sous certaines conditions, paraît de nature à éviter un
effet de levier que pourrait mettre en œuvre Groupe Canal Plus. En effet, si l’essentiel des droits de
diffusion en payant comme en clair sont acquis au stade du préachat, l’Autorité de la concurrence
considère que « plusieurs acteurs du secteur ont néanmoins manifesté une préoccupation tenant au
risque d’accords passés entre GCP et les producteurs au stade du préfinancement, par lesquels le
groupe conditionnerait le préachat des droits de diffusion pour la télévision payante à la réservation
de la 1ère, 2ème et/ou 3ème fenêtre en clair, dont GCP achèterait les droits en dehors de tout
plafonnement une fois passé le stade du préfinancement ».
Pour remédier à cette préoccupation, l’engagement 2.2 prévoit d’intégrer dans le plafond annuel de
20 films pouvant être acquis conjointement pour une diffusion en gratuit et en payant les achats de
films négociés pour une diffusion en clair, à la triple condition :
- qu’ils aient reçu l’agrément des investissements ou une autorisation de production délivrés
par le CNC à partir du 1er décembre 2011 et aient fait l’objet d’un préachat de droits de
diffusion en télévision payante par les Parties en année N ;
- qu’un tiers ne détienne pas, à la date de l’acquisition de ces droits de diffusion en clair par les
Parties, les droits de diffusion en 1ère fenêtre en clair et un droit de préemption ou de priorité
pour les diffusions ultérieures ;
- que les diffusions de ces films achetés interviennent avant l’expiration d’un délai de 72 mois
après leur sortie en salles.
Les conditions fixées pour inclure les achats de droits visent à circonscrire l’obligation aux seuls films
sur lesquels Groupe Canal Plus a pu exercer sa puissance de marché soit :
Version publique 45/58
- les films préachetés par les chaînes payantes de Canal+ ayant été agréés (et donc produits et
réalisés) après la signature du protocole d’accord entre le groupe Bolloré et Vivendi
intervenu le 1er décembre 2011 ; en effet, les achats de films agréés avant cette date n’ont
pas pu faire l’objet de négociation commune pour les droits payants et gratuits ;
- les films non préachetés par des chaînes en clair concurrentes. En effet, l’acquisition par D8
ou D17 de films préachetés par une autre chaîne en clair que D8 et D17 qui dispose des
droits de préemption ou de priorité pour les diffusions ultérieures, ne peut s’opérer qu’avec
l’accord de cette chaîne qui a préfinancé, et non grâce à l’effet de levier que constitue le
préachats de ce film par les chaînes payantes de Canal+. L’acquisition de ces films, effectuée
dans des conditions normales du marché, n’a donc pas à être intégrée dans le volume des 20
films.
La troisième condition tend à limiter l’inclusion des achats, en ne visant que les films dont la diffusion
intervient dans les 72 mois (6 ans) après la sortie du film en salles (délai couvrant ainsi toutes les
diffusions jusqu’à la 4ème fenêtre incluse).
5.1.A.3. Plafonnement par catégorie de films
La nouvelle rédaction reprend à l’identique les conditions de plafonnement par devis de films
négociées lors de la précédente décision soit, sur les 20 films, 2 films maximum d’un devis de plus de
15 millions d’euros, 3 films maximum d’un devis compris entre 10 et 15 millions d’euros et 5 films
maximum d’un devis compris entre 7 et 10 millions d’euros.
Ce plafonnement par catégorie de films permet d’éviter la mise en œuvre par la nouvelle entité d’un
effet de levier qui pourrait assécher le marché sur une certaine catégorie de films et priver ainsi les
chaînes gratuites concurrentes d’accéder aux films les plus attractifs, si D8 décidait de concentrer ses
investissements dans le cinéma sur les seuls films à budget élevé ou très élevé.
5.1.A.4. Mode de décompte des films entrant dans le plafond de 20 films
La version de 2012 de l’engagement 2.2.1, permettait de ne pas comptabiliser les films préachetés
l’année N pour des droits payants et préachetés l’année N+1 pour les droits de diffusion en clair (ou
inversement). Le rapporteur public du Conseil d’Etat avait d’ailleurs relevé « que lorsque les droits de
diffusion d’un film en télévision payante et les droits de diffusion de ce film en clair sont acquis au
cours de deux années calendaires différentes, ces deux types de droits sont réputés, pour l’application
de cet engagement, avoir été acquis à la date de l’acquisition du second type de droits ». Le Conseil
supérieur de l’audiovisuel avait rappelé, dans son avis, l’importance de préciser le mode de
décompte des films pour l’application de l’engagement.
L’Autorité a complété le dispositif en précisant que si plusieurs préachats interviennent sur un même
film EOF en année N et N+1 (hypothèse d’un tournage à cheval sur deux années), ce film est intégré
pour le calcul du plafond en année N.
Version publique 46/58
5.1.A.5. Communication des contrats au mandataire
Afin d’accroitre la formalisation des contrats d’achats de droits et l’information du mandataire,
l’Autorité a demandé à Groupe Canal Plus de prendre l’engagement selon lequel « tout préachat ou
achat de droits de diffusion en télévision payante et en télévision en clair pour le même film EOF
feront l’objet de contrats distincts communiqués au Mandataire ».
5.1.B. Rappel de l’engagement 2.2.2 pris par Groupe Canal Plus devant
l’Autorité de la concurrence
Cet engagement interdit à D8 et D17 d’introduire des clauses de préemption dans les contrats de
préachats de deuxième ou troisième fenêtre.
Cette interdiction répond à une préoccupation du Conseil supérieur de l’audiovisuel. En effet, dans
les pratiques du marché, les clauses de préemption ne sont négociées que pour les préachats de
première fenêtre, et il apparait souhaitable de s’assurer que Groupe Canal Plus ne puisse utiliser son
effet de levier auprès des producteurs, pour leur imposer ces nouvelles pratiques.
5.2. Evaluation de l’efficacité et de la proportionnalité de l’engagement en vue de sa
transcription dans les conventions liant les chaînes D8 et D17 au CSA
5.2.A. Sur le caractère approprié du plafonnement fixé à 20 films incluant les
préachats et les achats sous certaines conditions
L’engagement 2.2 intègre, sous certaines conditions, les achats dans le nombre maximum de 20 films
pouvant être acquis conjointement pour une diffusion en télévision payante et en télévision gratuite.
Au regard du volume de production de films EOF, ce plafonnement total à 20 films permet de
garantir un accès large des autres chaînes gratuites à des œuvres cinématographiques récentes et ne
constitue pas pour Groupe Canal Plus et les chaînes D8 et D17 une mesure disproportionnée.
5.2.A.1. Nombre de films préachetés par les chaînes en clair
À l’exception des chaînes publiques France 2 et France 3, les chaînes en clair préachètent
annuellement moins de 20 films par an. En moyenne, les chaînes privées de la TNT créées en 2005
ont préacheté en 2013 moins de 4 films chacune. Sur cette même année, D8 est la chaîne qui a
effectué le plus grand nombre de préachats, avec 8 films.
Version publique 47/58
Nombre de films préachetés par les chaînes en clair en 2012 et 2013
Source : CSA / CNC43
Nombre de films
préachetés en 2012
Nombre de films
préachetés en 2013
TF1 17 14
France 2 35 24
France 3 26 24
M6 12 5
Arte 19 25
D8 4 8
TMC 4 5
NT1 2 0
W9 7 5
Gulli 1 1
France 4 5 0
France Ô 0 1
Total 132
(111 sans doublons)
112
(100 sans doublons)
5.2.A.2. Volume de films dont les diffusions interviennent avant l’expiration
d’un délai de 72 mois après leur sortie en salles, agréés après le 1er
décembre 2011 et non coproduits par une chaîne en clair tierce
Les chaînes gratuites ont peu recours, dans leur programmation, à des achats de films n’ayant pas de
préfinancement des chaînes en clair et ayant été diffusés moins de 72 mois après leur sortie en
salles.
43
Pour 2013, le CNC ne comptabilise que les 6 films ayant été préachetés par D8 pour une première fenêtre. Deux films
préachetés pour une troisième fenêtre gratuite ont été inclus dans le total.
Version publique 48/58
Nombre de films EOF n’ayant pas de chaîne en clair coproductrice et diffusés en clair en 2013 dans
un délai inférieur à 72 mois après leur sortie en salles
Source : CSA
Chaînes Nombre de films
D8 0
D17 0
France 4 4
TMC 1
NT1 0
W9 4
NRJ12 2
Total chaînes gratuites hors historiques 11
Rappel chaînes historiques en clair
TF1 3
France 2 3
France 3 2
M6 3
Total chaînes historiques en clair 11
Total chaînes en clair 22
Moyenne par chaîne 2
Le nombre peu élevé de films sans préfinancement des chaînes en clair et acquis par les chaînes en
clair une fois réalisé, et cela avant le 72ème mois après la sortie du film, s’explique par le faible intérêt
que les chaînes en clair accordent à ces films.
Pourtant les films sans préfinancement de chaînes en clair sont nombreux (168 en 2012 et 170 en
2013). Cependant, leur devis moyen est assez faible (1,81 millions d’euros en 2012, 2,31 en 2013).
Mieux financés, avec un devis moyen de 4 millions d’euros en 2012 et de 4,25 millions d’euros en
2003, les films préachetés par une chaîne payante mais non coproduits par une chaîne en clair, sont
également nombreux (59 films en 20012 et 61 films en 2013).
L’inclusion des films achetés avant le 72ème mois suivant leur sortie en salles dans le plafond de
l’engagement 2.2 n’apparait donc pas comme disproportionnée, en l’état actuel du marché, et cela
d’autant plus que, selon les termes de l’engagement, seuls les films ayant eu un agrément
d’investissement après le 1er décembre 2011 seront concernés, ce qui réduit encore le nombre de
films visés.
Le Conseil considère qu’en l’état actuel du marché, le plafonnement prévu par l’engagement 2.2
apparaît de nature à limiter l’effet de levier dont peut bénéficier Groupe Canal Plus à raison de sa
position sur le marché de la télévision payante, tout en lui permettant de mettre en œuvre une
politique de diffusion ambitieuse de films EOF récents sur les antennes de D8 et de D17.
Version publique 49/58
Nombre de films préachetés ou achetés dont les diffusions interviennent avant l’expiration d’un
délai de 72 mois après leur sortie en salles, agréés après le 1er décembre 2011 et non coproduits
par une chaîne en clair tierce en 2013
Source : CSA / CNC44
Nombre de films
préachetés
Nombre de films
diffusés avant un délai
de 72 mois après la
sortie du film en salles,
sans chaîne en clair
coproductrice
Total
TF1 17 3 20
France 2 35 3 38
France 3 26 2 28
M6 12 3 15
D8 8 0 8
France 4 0 4 4
TMC 5 1 6
W9 5 4 9
NRJ12 0 2 2
Moyenne toutes
chaînes confondues 12 3 14
Moyenne chaînes
privées 7,5 2 10
5.2.B. Sur le caractère approprié de l’encadrement par devis de films
L’engagement 2.2.1 encadre, par devis de films, le nombre de films EOF pouvant être préachetés ou
acquis sous certaines conditions par Groupe Canal Plus conjointement pour des droits pour une
diffusion payante et en clair (« au maximum 2 films d’un devis de plus de 15 millions d’euros ; au
maximum 3 films d’un devis compris entre 10 et 15 millions d’euros ; au maximum 5 films d’un devis
compris entre 7 et 10 millions d’euros »).
44
Pour 2013, le CNC ne comptabilise que les 6 films ayant été préachetés par D8 pour une première fenêtre. Deux films
préachetés pour une troisième fenêtre gratuite ont été inclus dans le total.
Version publique 50/58
Répartition par devis des 20 films pouvant être préachetés ou acquis conjointement par GCP pour
des droits de diffusion gratuits et payants telle qu’inscrite dans l’engagement 2.2
Source : CSA / CNC (ce tableau contient des arrondis)
Devis
supérieur à
15 M€
Devis entre
10 M€ et 15
M€
Devis entre
7 M€ et 10
M€
Devis
inférieur à 7
M€
Total
Nombre de films 2 3 5 10 20
Part du total 10 % 15 % 25 % 50 % 100 %
5.2.B.1. Sur le caractère approprié de l’encadrement des préachats par devis
de films par rapport à la structure du marché
Un nombre important de films EOF d’initiative française sont produits chaque année. Le tableau ci-
dessous présente la répartition de ces films selon leur devis.
Nombre de films d’initiative française selon le devis en 2011, 2012 et 2013
Source : CSA / CNC (ce tableau contient des arrondis)
Devis
supérieur à
15 M€
Devis entre
10 M€ et 15
M€
Devis entre
7 M€ et 10
M€
Devis
inférieur à 7
M€
Total
2011 12 16 24 155 207
2012 18 15 22 154 209
2013 12 7 29 161 209
Moyenne sur les
trois ans 14 13 25 157 208
Part du total 7 % 6 % 12 % 75 % 100 %
La répartition par devis de films de l’engagement 2.2 apparait comme cohérente avec la structure
actuelle du marché, qui est relativement stable sur la période 2011-2013. En effet, la limitation des
investissements des chaînes D8 et D17 dans des films aux budgets supérieurs à 7 millions d’euros
évite les risques de préemption sur une part significative des films les plus porteurs et ne devrait pas
pour autant avoir pour effet d’empêcher une politique d’investissement ambitieuse de ces chaînes
dans la production de films EOF. À titre d’illustration, elles auraient pu en 2013 acquérir jusqu’à 14 %
des films dont le devis était supérieur à 15 millions d’euros, jusqu’à 23 % des films dont le devis se
situait entre 10 millions et 15 millions d’euros et 20 % des films dont le devis se situait entre 7
millions et 10 millions d’euros.
Plus largement, elles pourront investir dans 10 films dont les devis sont supérieurs à 7 millions
d’euros. À titre de comparaison en 2013, TF1 a financé 12 de ces films, 10 sont coproduits par
France 2, cinq par France 3, trois par Arte, trois par M6.
Version publique 51/58
5.2.B.2. Sur le caractère approprié de l’encadrement des préachats par devis
de films par rapport à la pratique actuelle de D8
L’analyse des préachats de D8 depuis trois ans, répartis par montant du devis, permet de constater
que cette chaîne investit depuis 2013 dans des films dont le devis est supérieur à 7 millions euros.
Répartition par devis des films EOF préachetés par D8
Source : CSA/CNC45
Total films
préachetés
Dont devis
supérieur à 15
M€
Dont devis
entre
10 M€ et 15
M€
Dont devis
entre 7 M€ et
10 M€
Dont devis
inférieur à 7
M€
2011 9 0 0 0 9
2012 4 0 0 0 4
2013 8 0 2 2 4
Une analyse plus fine, par type de fenêtres acquises, permet de constater que les premières fenêtres
préachetées par D8 sont essentiellement constituées de films dont le devis était inférieur à 7 millions
d’euros.
En effet, le modèle économique de D8 ne lui permet pas, à ce jour, de rivaliser avec les chaînes
hertziennes historiques (hors Arte) pour acquérir des premières fenêtres en clair de films à gros
budget. En effet, l’apport moyen des chaînes historiques en 2013 pour des premières fenêtres
gratuites oscille entre 0,8 à 1 million d’euros par film pour les chaînes publiques France 2 et France 3,
et à plus de 2 millions d’euros par film pour les chaînes privées (2,1 millions d’euros pour M6 et 2,7
millions d’euros pour TF1). L’apport moyen de D8 pour une première fenêtre se situe en 2013 à
environ 0,4 million d’euros.
En revanche, depuis que D8 est dans le Groupe Canal Plus, cette chaîne a procédé au préachat de
deux troisièmes fenêtres de films aux devis supérieurs à 10 millions d’euros pour un apport par film
limité ([…] €)46.
L’intégration de cette chaîne dans le Groupe Canal Plus a permis de mettre en œuvre une pratique
nouvelle consistant à lier les négociations de préachats pour des droits payants sur une chaîne du
groupe aux négociations de préachats en clair de D8.
45
Pour 2013, le CNC ne comptabilise que les 6 films ayant été préachetés par D8 pour une première fenêtre. Deux films
préachetés pour une troisième fenêtre gratuite ont été inclus dans le total. 46
Ces deux films sont La famille Bélier d’Eric Lartigau et Tu veux ou tu veux pas de Tonie Marshall.
Version publique 52/58
Répartition par devis et par fenêtre de diffusions des films préachetés par D8
Source : CNC/ CSA47
Total films
préachetés
Nombre de
films
préachetés
en première
fenêtre
dont
devis
> à 15
M€
dont
devis
entre
10 et
15
M€
dont
devis
entre
7 et
10
M€
dont
devis
< à 7
M€
Nombre de
films
préachetés
en 2ème ou
3ème
fenêtre
dont
devis
> à 15
M€
dont
devis
entre
10 et
15
M€
dont
devis
entre
7 et
10
M€
dont
devis
< à 7
M€
2011 9 9 0 0 0 9 0 0 0 0 0
2012 4 4 0 0 0 4 0 0 0 0 0
2013 8 6 0 0 2 4 2 0 2 0 0
Cette même pratique consistant à préacheter, d’une part, des premières fenêtres de films avec des
budgets relativement faibles et, d’autre part, des deuxièmes et troisièmes fenêtres pour des films
présentant des devis bien plus élevés, s’observe également sur TMC et W9. Ces chaînes bénéficient
d’un effet d’adossement à une chaîne historique pour accéder à des films à budgets élevés et
relativement récents.
Répartition par devis et par fenêtre des films préachetés par TMC
Source : CSA/CNC
Total
nombre de
films
préachetés
Nombre de
films
préachetés
en
première
fenêtre
dont
devis
> à
15
M€
dont
devis
entre
10 et
15 M€
dont
devis
entre
7 et
10
M€
dont
devis
< à 7
M€
Nombre de
films
préachetés
en 2ème
ou 3ème
fenêtre
dont
devis
> à
15
M€
dont
devis
entre
10 et
15
M€
dont
devis
entre
7 et
10
M€
dont
devis
< à 7
M€
2012 4 2 0 0 0 2 2 2 0 0 0
2013 6 0 0 0 0 0 6 2 3 1 0
Répartition par devis et par fenêtre des films préachetés par W9
Source : CSA/CNC
Total
nombre de
films
préachetés
Nombre de
films
préachetés
en
première
fenêtre
dont
devis
> à
15
M€
dont
devis
entre
10 et
15
M€
dont
devis
entre
7 et
10
M€
dont
devis
< à 7
M€
Nombre de
films
préachetés
en 2ème
ou 3ème
fenêtre
dont
devis
> à
15
M€
dont
devis
entre
10 et
15
M€
dont
devis
entre
7 et
10
M€
dont
devis
< à 7
M€
2012 7 0 0 0 0 0 7 4 2 1 0
2013 6 1 0 0 0 1 5 2 0 1 2
47
Pour 2013, le CNC ne comptabilise que les 6 films ayant été préachetés par D8 pour une première fenêtre. Deux films
préachetés pour une troisième fenêtre gratuite ont été inclus dans le total.
Version publique 53/58
5.2.B.3. Sur le caractère approprié de l’encadrement par devis de films par
rapport aux films EOF pouvant être acquis
L’engagement 2.2 inclut dans le maximum de 20 films EOF pouvant être acquis conjointement par
Groupe Canal Plus pour la télévision payante et la télévision gratuite, sous certaines conditions, des
achats de droits.
Pour compléter leur programmation de films récents coproduits, les chaînes en clair peuvent être
amenées à acheter, après réalisation, des films ayant eu en salles un succès imprévu ou ayant un
casting et des qualités de réalisation qui répondent à leur politique de programmation48.
Cependant, cela concerne annuellement un nombre limité de titres, aux devis souvent inférieurs à
ceux des films coproduits ou préachetés par une chaîne.
D8 n’a pas programmé, en 2013, de films coproduits par une chaîne hertzienne en clair et sortis en
salles avant l’expiration d’un délai de 72 mois.
Les autres chaînes gratuites diffusent ce type de films (cf. tableau p. 54). Le devis de ces films s’élève
généralement à moins de 7 millions d’euros.
Ainsi par exemple, W9 a diffusé en 2013 4 films non préfinancés par une chaîne en clair dont deux
ayant un devis inférieur à 7 millions d’euros, un entre 7 et 10 millions d’euros et un dont le devis
était entre 10 millions d’euros et 15 millions d’euros, France 4, quatre films dont un ayant un devis
entre 7 millions et 10 millions d’euros et trois dont les devis sont inférieurs à 7 millions d’euros.
En conclusion, l’engagement 2.2 et notamment la répartition des achats de films de EOF par devis de
films permet à D8 et D17 de :
- procéder à des préachats en première fenêtre. Les tableaux p.64 indiquent que les préachats
en première fenêtre effectués par les chaînes en clair hors historiques se concentrent très
majoritairement dans des films aux devis inférieurs à 7 millions d’euros ;
- d’acheter des films non préachetés par des chaînes hertziennes tierces. L’analyse des devis
des films de cette catégorie indique qu’ils sont majoritairement inférieurs à 7 millions
d’euros.
5.2.B.4. Sur le caractère approprié d’intégrer dans le plafonnement toutes les
fenêtres intervenant avant le 72ème mois après la sortie en salles du film
Le mode de comptabilisation en nombre de films et non en nombre de préachats ou d’achats,
permettra à D8 et à D17 de multiplier le nombre de fenêtres acquises pour chacun des films
concernés :
48
Ce fut le cas par exemple pour le film l’Arnacoeur, ayant réalisé trois millions d’entrées, et n’ayant pas été coproduit par
une chaîne en clair, ou encore Les beaux Gosses.
Version publique 54/58
- le préachat en première fenêtre d’un film en année N, permettra aux chaînes concernées de
pouvoir le diffuser régulièrement soit par le biais d’un préachat des 2ème, 3ème voire 4ème
fenêtres, soit via des achats, la chaîne pouvant activer la clause de priorité présente dans les
contrats de préachats ; le préachat de la 2ème fenêtre gratuite pourra s’accompagner du
préachat de la 3ème ou de la 4ème fenêtre gratuite, et ainsi garantir une présence longue du
film sur les antennes ; la chaîne pourra donc progressivement s’assurer un
approvisionnement large en films EOF ;
- chaque contrat d’achat pourra prévoir plusieurs cycles de multidiffusions, et cela sur
plusieurs années.
La souplesse donnée à Groupe Canal Plus dans le mode de comptabilisation des différentes fenêtres
rend proportionné l’intégration dans l’engagement 2.2 de toutes les fenêtres intervenant avant le
72ème mois après la sortie du film en salles.
5.2.C. Sur le caractère approprié de l’engagement de renoncer à toute clause de
préemption au bénéfice des chaînes concernées associée à la diffusion
d’un film d’expression originale française dès lors qu’elles n’auraient pas
préacheté le droit relatif à la première diffusion en clair de ce film
La pratique contractuelle habituelle du secteur est que seuls les éditeurs qui acquièrent les
premières fenêtres de diffusion des droits de diffusion de films EOF préachetés, négocient des droits
de préemption. En effet, le montant des préachats pour les premières fenêtres de diffusion est
systématiquement plus élevé que celui investi dans le préachat des fenêtres de diffusion ultérieures.
Le primo-diffuseur des films EOF préachetés est donc celui qui bénéficie des clauses de préemption.
L’engagement demandé aux chaînes concernées parait donc approprié et conforme aux pratiques du
marché.
5.2.D. Évaluation du caractère approprié de la durée de l’engagement
Les nouveaux engagements en matière d’acquisition de films EOF devront être respectés par Groupe
Canal Plus jusqu’au 23 juillet 2017. Cette date est également celle retenue dans la décision du 2 avril
2014 de l’Autorité de la concurrence.
Le cycle de production des œuvres cinématographiques est assez long. Les chaînes, lorsqu’elles
décident de préacheter un film, doivent signer le contrat de préachat avant le dernier jour de prise
de vues. Quelques mois pour la postproduction de l’œuvre sont alors encore nécessaires avant
qu’elle puisse faire l’objet d’une distribution en salles. A partir de cette date, les règles régissant la
chronologie des médias s’appliquent : le film ne pourra faire l’objet d’une diffusion sur une chaîne
payante avant l’expiration d’un délai de 10 mois49 et de 22 mois au plus tôt si la diffusion intervient
sur une chaîne en clair50.
49
12 mois pour les chaînes qui n’ont pas signé d’accords professionnels. 50
14 mois pour les chaînes qui n’ont pas signé d’accords professionnels et 28 mois si le film fait l’objet d’un préachat pour
une seconde fenêtre payante.
Version publique 55/58
La durée retenue pour les engagements apparait donc appropriée.
La convention prévoit par ailleurs des conditions de reconduction identiques à celles prévues par
l’Autorité de la concurrence (renouvellement une fois pour une durée de cinq ans). L’Autorité de la
concurrence dans sa décision du 2 avril 2014 considère que « dans la mesure où les atteintes à la
concurrence pourraient perdurer tant que le puissance d’achat de GCP sur les marchés d’acquisition
de droits pour la télévision payante ne sera pas remise en cause et qu’une telle remise en cause ne
pourrait intervenir à défaut d’une modification structurelle significative et pérenne des marchés
amont de la télévision payante, il convient de prévoir une clause de réexamen à l’issue de laquelle
l’Autorité décidera, par une décision motivée et après avoir recueilli les observations des parties, s’il y
a lieu de prolonger l’application des présents engagements, en tout ou en partie, en considération de
l’évolution des circonstances de droit ou de fait prises en compte à l’occasion de l’examen de la
présente opération ».
5.3. Principaux intervenants concernés directement ou indirectement par
l’engagement
5.3.A. Les diffuseurs concernés directement ou indirectement par l’engagement
5.3.A.1. Les diffuseurs en clair
L’ensemble des chaînes gratuites concurrentes de D8 ou D17 sont concernées, directement ou
indirectement, par cet engagement, toutes ayant des obligations de production d’œuvres
cinématographiques, à l’exception des chaînes d’information (i>Télé et BFM TV) ou des chaînes
sportives (L’Equipe 21). Chacune d’elles peut procéder au préachat d’œuvres cinématographiques
(même si elles n’en ont pas toutes l’obligation) et à l’achat de films avant l’expiration d’un délai de 72
mois après leur sortie en salles.
5.3.A.2. Les diffuseurs payants
L’ensemble des chaînes cinéma concurrentes des chaînes éditées par Groupe Canal Plus sont
concernées, directement ou indirectement, par cet engagement (les chaînes cinéma OCS et les trois
chaînes cinéma éditées par AB (Action, Ciné FX, Ciné Polar)).
5.3.B. Les ayants droit concernés directement ou indirectement par
l’engagement
L’ensemble des producteurs d’œuvres cinématographiques sont concernés directement ou
indirectement par l’engagement, en tant que producteurs ou vendeurs de films EOF récents.
Le secteur de la production est très éclaté : en 2013, 188 entreprises différentes ont produit les 209
films d’initiative française agréés par le CNC. Le secteur de la production est peu concentré en
France : EuropaCorp est la société la plus active en 2014 (production de 8 films d’initiative française),
puis Gaumont (6 films), Agat Films&Cie, Alfama Films, Mandarin Cinéma et Pathé Production (quatre
Version publique 56/58
films chacune). Dix sociétés ont produit trois films et 20 sociétés en ont produit deux. Enfin, 152
sociétés ont produit un seul film.
5.4. Incidences possibles pour les tiers diffuseurs, producteurs et ayant droit
5.4.A. Incidences possibles pour les tiers diffuseurs
La limitation à vingt titres par an du nombre de films EOF récents pouvant être acquis conjointement
pour des droits de diffusion sur la télévision payante et la télévision gratuite, permettra de maintenir
un accès fluide au marché du préachats et d’achats des films diffusés avant l’expiration d’une délai
de 72 mois après la sortie en salles de films EOF et agréés après le 1er décembre 2011.
Concernant les préachats, le niveau élevé de la production de films français (209 films d’initiative
française produits en 2012 et en 2013) laisse un large choix aux chaînes en clair tierces.
De plus, les conditions de plafonnement par catégorie de films permettront aux chaînes en clair
tierces de pouvoir avoir accès à une large proportion de chaque catégorie de films.
Version publique 57/58
Nombre de films d’initiative française auquel les chaînes en clair tierces pourront avoir accès selon
le devis
Source : CSA/CNC - Ce tableau contient des arrondis
Devis
supérieur
à 15 M€
Devis
entre
10 M€ et
15 M€
Devis
entre
7 M€ et
10 M€
Devis
inférieur
à 7 M€
Total tout
devis
confondu
Répartition des films selon le devis
en 2011 12 16 24 155 207
Répartition des films selon le devis
en 2012 18 15 22 154 209
Répartition des films selon le devis
en 2013 12 7 29 161 209
Moyenne sur les trois ans
Répartition des films selon le devis 14 13 25 157 209
Nombre de films maximum pouvant
être acquis par D8 et D17 (via une
négociation conjointe droits
payants/gratuits)
2 3 5 10 20
En moyenne sur trois ans
Nombre de films pouvant être acquis
au minimum par les chaînes en clair
tierces
12 10 20 147 189
En moyenne sur trois ans
Part de chaque catégorie de films
disponible pour les chaînes en clair
tierces
86 % 77 % 80 % 93 % 90 %
Concernant les achats de droits d’œuvres cinématographiques pour une diffusion devant intervenir
avant l’expiration d’un délai de 72 mois après la sortie en salles, agréées après le 1er décembre 2011,
leur inclusion dans le plafond des 20 films aura pour effet de permettre un large accès à ces films des
chaînes en clair tierces. En effet, en 2013, parmi les 270 films agréés (dont 209 d’initiative française),
170 films n’ont pas fait l’objet de financement d’une chaîne en clair (dont 121 d’initiative française).
5.4.B. Incidences possibles pour les producteurs et les ayants droit
La limitation à vingt du nombre de films pouvant être acquis conjointement par Groupe Canal Plus
pour des droits de diffusion sur la télévision payante et sur la télévision gratuite, assortie d’un
plafond en nombre de films par tranche de devis, permet de circonscrire l’impact concurrentiel de la
mise en œuvre par Groupe Canal Plus des effets de levier sur le marché des droits de films EOF
récents.
Ainsi le nombre de préachats de films EOF négociés en 2013 par l’ensemble des chaînes gratuites
s’est élevé à 110 en 2013. L’engagement permettra au moins à 82 % de ces préachats d’être négociés
sans que puisse être mis en œuvre un effet de levier de la part de Groupe Canal Plus.
Version publique 58/58
5.5. Détermination des modalités de suivi et d’évaluation dans le temps
La convention prévoit que tout préachat ou achat de droits de diffusion en télévision payante et en
télévision en clair pour le même film EOF fera l’objet de contrats distincts communiqués au CSA.
Le Conseil pourra ainsi vérifier l’application de l’engagement, le nombre exact de films concernés, les
devis de ces films, les modalités d’acquisition et la présence ou non d’une clause de préemption
selon les fenêtres de diffusion négociées par les chaînes gratuites éditées par Groupe Canal Plus. Un
bilan de l’exécution de cet engagement pourrait être établi annuellement.
Conclusion
Au vu des différentes analyses figurant dans la présente étude, il ressort que les engagements pris
par le Groupe Canal Plus permettent de répondre à l’exigence, formulée par le Conseil d’État,
d’assurer un accès équilibré de tous les opérateurs aux marchés de droits autres que le marché des
droits de diffusion en clair de films français récents ainsi qu’à la ressource publicitaire, et paraissent
proportionnés.
En conséquence, ces engagements peuvent être formalisés dans les conventions qui lient les
services D8 et D17 au Conseil supérieur de l’audiovisuel.