145
avec l’appui de la Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens face au changement climatique • L’écosystème subéraie • L’écosystème alfatier dans le gouvernorat de Kasserine • L’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine Rapport de synthèse Ministère de l’Agriculture Institut des Régions Arides CRDA de Beja, Jendouba, Bizerte, Kasserine et Médenine

Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

  • Upload
    others

  • View
    27

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

avec l’appui de la

Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens face au changement climatique• L’écosystèmesubéraie• L’écosystèmealfatierdanslegouvernoratdeKasserine• L’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine

Rapportdesynthèse

Ministère de l’AgricultureInstitut des Régions Arides

CRDA de Beja, Jendouba, Bizerte, Kasserine et Médenine

Publiépar:

Siègedelasociété:

Mandatépar:

Institutionspartenaires:

Équipedetravail: MaikePotthastetAliAbaab:

AzaiezOuledBelgacem,MongiSghaier etMohamedOuessar:

AliAloui:

KamelTounsi:

HamedDaly-Hassen:

Miseàjour:

Impression/Conception:

Page 2: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens face au changement climatique• L’écosystèmesubéraie• L’écosystèmealfatierdanslegouvernoratdeKasserine• L’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine

Rapportdesynthèse

Publié par la

Ministèredel’AgricultureInstitutdesRégionsAridesCRDAdeBeja,Jendouba,Bizerte,KasserineetMédenine

Page 3: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

Étude de la vulnérabilité de l'écosystème Subéraie face au changement climatique

avec l’appui de la MInIstèRe De l’AgRICultuRe et De l’envIRonneMent

Page 4: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

4

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Sommaire

1. InTRODuCTIOn 7

2. DeSCRIPTIOnDeL’APPROCHeMÉTHODOLOgIque 9

3. AnALySeDeL’ÉTATACTueLDeL’ÉCOSySTèMe 11

3.1. Descriptiondel’étatactueldesdifférentesunitésidentiiées 15

3.2. Identiicationetanalysedesfacteursinluençantl’étatdesdifférentesunitésdelasubéraietunisienne 23

3.2.1. Facteurs biophysiques (sol, pente, exposition) 23

3.2.2. les facteurs socio-économiques et les perturbations anthropozoogènes 24

3.2.2.1.Vulnérabilitédelasubéraieauxfeuxdesforêts 25

3.2.2.2.Vulnérabilitédessubéraiesàlapressionpastorale 25

3.2.3. Analyse climatique rétrospective 30

3.2.3.1. tendances actuelles des précipitations 30

3.2.3.2. tendances thermiques 31

3.2.3.3.Identiicationdesvariablesclimatiqueslesplusdéterminantesdansl’évolution

de l’état des différentes unités de l’écosystème. 32

4.AnALySeDeLAvuLnÉRABILITÉDeLASuBÉRAIefACeAuCCAuxHORIzOnS2020eT2050. 35

4.1. Projectiondesvariablesclimatiquesidentiiées 35

4.2. Déinitiondesprincipauxrisquesdirectsetindirectsmenaçantladurabilitédel’écosystème

et induits par le CC. 40

4.3. Évaluation des effets des CC sur les subéraies 43

etat en 2020 scénario A2 et B2 44

Etaten2050ScénarioA2 44

Etaten2050ScénarioB2 44

5.AnALySeDeLAvALeuRÉCOnOMIqueDeSDIffÉRenTSBIenSeTSeRvICeSDeL’ÉCOSySTèMe 45

5.1. Identiicationdesdifférentsbiensetservicesdel’écosystème 46

5.2. Méthodesd’évaluationdesbiensetservicesdel’écosystèmechêneliège 46

5.3. Estimationdelavaleuréconomiquedel’écosystèmechêneliègeen2005 47

5.4. Évaluationdelaperteenvaleuréconomiquedesdifférentsbiensetservicesdel’écosystème

sousl’effetduCCen2020et2050. 48

5.5. Méthodesd’évaluationdespertesdesbiensetservicessousl’effetduCC 48

5.6. Évaluationdelaperteenvaleuréconomique 48

5.7. Conclusion 49

6.AnALySeDeLAPeRTInenCeDeSSTRATÉgIeS,PROgRAMMeS,PROJeTSeTPRATIqueS

D’AMÉnAgeMenTeTDegeSTIOnACTueLLeenRAPPORTAveCLeSRISqueSLIÉSAuCC 51

6.1. Analysedespratiquesdesylvicultureetd’aménagementdelasubéraie 52

6.2. Analysedelastratégieactuellededéveloppementdelasubéraie 53

6.3. Analysedelacapacitéinstitutionnelledel’administrationforestière 55

Page 5: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

5

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

7.ORIenTATIOnSSTRATÉgIqueSeTMeSuReSD’ADAPTATIOnPOuRAugMenTeR

LARÉSILIenCeDeL’ÉCOSySTèMefACeAuCC 57

7.1. Proposition d’orientations stratégiques en vue d’améliorer l’élaboration des stratégies,

desprogrammesetprojetsd’aménagementetdegestiondesécosystèmes 57

7.2. Proposition de mesures d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience de l’écosystème

faceauCC. 57

7.3. Proposition d’une composante transversale d’adaptation au changement climatique

danslastratégiededéveloppementdurabledelasubéraie. 61

8.COnCLuSIOnS 63

RÉfÉRenCeSBIBLIOgRAPHIqueS 65

LISTeDeSACROnyMeS

BIK-f Biodiversität und Klima - Forschungszentrum

CC Changement Climatique

CCC/gIz Projet d’appui à la mise en œuvre de la Convention Cadre des nations unies

sur le Changement Climatique

CCnuCC Convention Cadre des nations unies sur le Changement Climatique

CL Chêne liège

DgACTA Direction générale de l’Aménagement et de la Conservation des terres Agricoles

Dgeqv Direction générale de l’environnement et de la Qualité de la vie

Dgf Direction générale des Forêts

DgBTH Direction générale des Barrages et des travaux Hydrauliques

eTP evapo-transpiration Potentielle

fAO organisation des nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture

gIz Deutsche gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit

gTz Deutsche gesellschaft für technische Zusammenarbeit

HADCM3 Modèle de circulation générale du Hadley Center

IfPn Inventaire Forestier et Pastoral national

InRgRef Institut national de Recherche en génie Rural, eaux et Forêts

InS Institut national des statistiques

ISP Institut sylvo-Pastoral

LCD LutteContrelaDiversiication

MAe Ministère de l’Agriculture et de l’environnement

MARH Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques

MAxenT Maximum entropy Modeling of species geographic Distributions

ODeSyPAnO OficedeDéveloppementSylvoPastoralduNordOuest

Ru Réserve utile

SIg système d’Information géographique

Page 6: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

7

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

IntroductIon

Les concentrations en Co2 atmosphériques, et plus généralement en gaz à effet de serre augmentent d’une

manièrecontinuedepuisledébutdelapériodeindustrielle(de280ppmà355ppmdeCO2), et de manière

exponentielledepuis laindu20ème siècle. le dernier rapport du groupement Intergouvernemental sur

l'evolution du Climat (gIeC) de 2007 estime cette augmentation entre 1970 et 2004 à 70% dont 24% imputée

à la période 1990-2004. Certains scénarios du gIeC prédisent une augmentation supplémentaire de cette

concentration de 30 à 90% pour les 30 prochaines années. Cette forte concentration de ces gaz provoque un

échauffementdel’atmosphèreterrestreinduisantunemodiicationdanslacirculationatmosphériquegénérale

et des régimes des précipitations à l’échelle mondiale et régionale.

Larégionméditerranéenneapparaitcommeunpointchaud(Hotspot)climatique(Giorgi,2006).Sonsystème

écologique, coincé entre les milieux arides du sud et les milieux tempéré du nord, semble très sensible à ces

perturbationsclimatiques(Lavoreletal.1998).

la région méditerranéenne étant reconnue comme subissant des changements climatiques particulièrement

intenses, il semble important d’étudier et d’anticiper les conséquences de ces changements sur les écosystèmes

méditerranéens, et en particulier les écosystèmes forestiers qui jouent un rôle important dans les cycles

hydrologiques et biogéochimiques et dans la structure des paysages. Comme la disponibilité en eau est la

principale contrainte climatique agissant sur la végétation méditerranéenne et que cette contrainte est appelée à

se renforcer avec la diminution des précipitations et l’augmentation des températures, c’est à cet aspect particulier

du changement climatique que cette étude s’intéressera.

la tendance générale est une diminution des précipitations annuelles. le troisième rapport du gIeC (2001) prévoit

une diminution comprise entre 10 à 20% dans cette région (sarris et al. 2007).

Pour la tunisie les 2 scénarii climatiques retenus A2 et B2 du HadCM3 (gtZ/MARH, 2007) bâtis sur un maillage

géographiquede0.5°X0.5°(55Kmx55Km)pourunpixeld’informationacompartimentélaTunisieenplusieurs

carreaux sur lesquels on prévoit pour la Kroumirie et les Mogods, l’aire potentielle de la subéraie, l’évolution

climatique suivante :

PourlescénarioA2

En2020uneaugmentation+0.8°Csurlestempératuresmoyennesetunediminutionde6%surlesprécipitations

moyennes annuelles

En 2050 l’augmentation des températures moyennes annuelles est estimée à 1.8°C et la diminution des

précipitations annuelles est estimée à -11%.

PourlescénarioB2

En2020lesmodèlesprévoient+0.9°d’augmentationdestempératuresmoyenneset-4%dediminutionsurles

précipitations moyennes annuelles.

Page 7: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

8

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

En2050,cescénarioplusoptimistequelepremierprévoituneaugmentationdestempératuresmoyennesde

1.6°Cetunediminutionseulementde-8%surlesprécipitationsmoyennesannuelles.

Dans ce rapport on s’intéressera à la question du degré de vulnérabilité de la subéraie tunisienne face à ce

changement climatique faisant suite à l’étude stratégique plus générale sur l’Agriculture tunisienne et les

écosystèmes naturels face au changement climatique (gtZ/MARH, 2007). un premier travail d'analyse de

vulnérabilité des écosystèmes face au CC y compris l'écosystème subéraie, a été déjà entrepris par la gIZ et

le Centre de Recherche sur la Biodiversité et le Climat de Francfort (BIK-F), en partenariat avec les acteurs

concernés. Cette analyse a été faite selon l'approche de modélisation des niches écologiques qui a permis de

mettre en évidence la sensibilité de cet écosystème face au CC. la présente étude propose une nouvelle approche

dite approche spatiale mutifactorielle qui analyse l'ensemble des facteurs de vulnérabilité de l'écosystème et leur

évolution sous différents scénarii de CC à différents horizons.

les principaux objectifs de cette étude sont

(i) d’estimer le degré de vulnérabilité de la subéraie du nord de la tunisie à la diminution des précipitations et

àl’augmentationdestempératuresetdeprévoirsadynamiqueauxhorizons2020et2050surdeuxscénarii

différents.

(ii) de déterminer si l’amplitude du changement attendu est de nature à accroitre la vulnérabilité des différentes

subéraiesclasséesparsérieforestière(Unitéd’aménagementenforesterie)àlasécheresse,etenin

(iii)de classer ces séries en fonction de leurs degré de vulnérabilité ain d’y proposer desmesures possibles

d’adaptation.

l’approche utilisée pour répondre à ces objectifs n’est pas expérimentale mais descriptive et utilise principalement

des observations archivées tirées de l’inventaire forestier national pour caractériser les subéraies, des cartes de

synthèses bioclimatiques et climatiques, des données puisées de la carte nationale agricole pour décrire les

paramètres édaphiques (texture, profondeur et réserves utiles des sols), des données climatiques archivées

disponiblesconcernantlasubéraie,desdonnéesarchivéessurlesincendiesdessubéraiesetenindesdonnées

socioéconomiques pour dégager les pressions humaines qui vont se superposer sur l’action climatique majeure.

Oncaractériseral’étatactuel(2000)etonprojetteracetétatsurlemoyentermeen2020etlelongtermeen2050

sur la base de deux scénarii A2 et B2 de projection climatique du modèle HadCM3 adopté par le rapport sur la

stratégie d’adaptation de l’agriculture tunisienne au changement climatique (gtZ/MARH, 2007).

Page 8: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

9

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

descrIptIon de l’approche méthodologIque

Cette étude a porté sur l’analyse de l’état actuel de la subéraie dans le but de la classer en unités distinctes

exprimantlesfacteurssousjacentsquiexpliquentcetétataind’ydégagersavulnérabilitéauchangement

climatique.

l’unité de base traitée étant la série forestière parce qu’elle est considérée comme une unité d’aménagement sur

laquelle les forestiers appliquent un traitement sylvicole exprimé par un règlement d’exploitation et un règlement

de travaux selon la fonction principale de la forêt. Cette unité de base n’a pas été respectée pour les subéraies de

Béja et de Bizerte puisqu’on ne dispose pas du fond cartographique numérisé à l’échelle de la série forestière et

par conséquent on n’a distingué qu’une unité de subéraie à Béja et une unité à Bizerte regroupant plusieurs séries

forestières chacune. Dix classes de subéraies écologiquement homogènes ont été distinguées et ont permis de

saisir les facteurs écologiques principaux qui commandent la dynamique de la forêt.

les données de base pour décrire ces différentes unités sont synthétisées à partir de l’inventaire forestier national

(DgF, 2003) de l’échelon Jendouba comprenant les forêts des gouvernorats de Jendouba, Béja et Bizerte.

les données écologiques, bioclimatiques et pédologiques sont extraites et synthétisées à partir de la carte

agricole et d’autres cartes synthétiques sur le climat et les sols. les informations sur les populations forestières

sont extraites du recensement national de 2004 et les informations de base sur les exploitations agricoles des 3

gouvernorats.Lesinformationssurlesincendiesdesforêtssontrelativesàlapériode1980-2004provenantdu

service de protection des forêts de la DgF. les archives de la Régie d'exploitation Forestière (ReF) concernant la

vente des produits forestiers ont permis d’évaluer les différentes valeurs économiques des subéraies.

les données climatiques des températures et des précipitations ont été établies à partir des données climatiques

debasedelapériodederéférence1960-1990etprojetéesen2020et2050selonlesscénariosA2etB2ducentre

HadCM3 disponibles pour la tunisie.

sur chaque unité forestière des extrapolations ont été élaborées pour caractériser les températures et les

précipitations à partir des stations météorologiques les plus proches et à partir des gradients pluviométriques et

thermiques dans ces régions. Pour chaque unité et par scénario les données climatologiques ont été transformées

en nombre de jours mensuels successifs de bilan hydrique négatif au niveau des sols après détermination de

la réserve utile du sol à partir de la carte agricole, de l’évapotranspiration potentielle journalière et mensuelle

en utilisant la formule de Riou. Ces calculs au niveau de chaque série étaient effectués sur 2 points à deux

niveaux altitudinaux extrêmes (haut et bas) pour déterminer une moyenne relative à toute la série. Cette période

relative de stress hydrique exprime la vulnérabilité de la subéraie au facteur climatique et varie en fonction de la

localisation géographique de chaque unité, ses caractéristiques climatiques et édaphiques et n’exprime qu’une

valeur potentielle relative permettant de comparer entre unités dans l’espace et dans le temps sans tenir compte

des apports possibles d’eau provenant des nappes phréatiques à travers l’enracinement profond. Quatre classes

Page 9: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

10

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

devulnérabilitéaustresshydriqueontétédéinies:lapremièreclassenonvulnérablecorrespondàunepériode

demoinsde105jours,soitlapériodedesècheressenormaleenrégionméditerranéenne,unmoisenplusaété

ajouté à chaque classe supérieure de telle sorte que la dernière classe la plus vulnérable a une période de stress

aumoinségaleà165jours.Cettedernièrevaleuraétéobservéedurantlesannéessuccessivessèchesde1987à

1990 et avait occasionné des dépérissements dans la subéraie.

les autres facteurs étudiés, seuillés en 4 classes de vulnérabilité par facteur et cartographiés à l’état de référence

puisprojetésen2020et2050sontlapressionpastoraleavec2scénariosdedéveloppementducheptel,lesfeux

des forêts avec un seul scénario, l’état de vieillissement des peuplement variable dans le temps et les conditions

biophysiques stationnelles stables dans le temps (pentes, expositions, types et profondeurs des sols).

la combinaison de ces facteurs a permis de détailler l’état de vulnérabilité à cause du changement climatique

comme forçage principal surimprimé successivement par le vieillissement des peuplements, la surcharge

pastorale, les feux des forêts et enin les conditions biophysiques. Ces combinaisons de facteurs projetés en

2020et2050surlabasedesscénariosA2etB2apermisunenouvellecartographiedelasubéraiepermettantd’y

dégagerlamajoritédesfacteurspouvantinluenceretaggraverlavulnérabilitédelasubéraie.

la cartographie de l’état de vulnérabilité de la subéraie dans l’espace et dans le temps a permis de dégager les

subéraies les plus sensibles qui pourraient probablement subir des dépérissements partiels ou totaux suite à des

années successivement sèches accidentelles. les données de base que nous avions traités n’ont pas permis de

prévoirlesbaissesdeproductivitésetdefertilitésdesstationsaind’entenircomptedansl’évaluationdetoutes

les pertes économiques.

la lecture des anciennes pratiques forestières à l’intérieur des subéraies et de la stratégie actuelle de

développement durable de la subéraie a permis de les réorienter vers des pratiques et des stratégies mieux

adaptées aux changement climatique.

Page 10: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

11

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

analyse de l’état actuel de l’écosystème

La subéraie tunisienne est une formation forestière cantonnée principalement en Kroumirie sur substrats

acides de l’oligocène et en bioclimat humide méditerranéen. secondairement elle s’étend aux Mogods sur

des étendues restreintes sur ses franges bioclimatiques humides sur substrats acides. Accessoirement on

la retrouve sur des aires plus réduites au Cap Bon et sur la Dorsale tunisienne sur le versant nord du serdj mais ici

comme une curiosité botanique et phytogéographique à haute valeur écologique et historique mais aussi comme

réserve génétique de valeur.

Selonl'InventaireForestieretPastoralNational(2005),,lechêne-liègeoccupeunesupericiede90.423hadont

70.000 ha à l’état pur et 20.000 ha en mélange principalement avec le chêne Zen, suivi par les pins (maritime,

pignon, alep).

evolutiondessupericiesdespeuplementsdechêneliège.

Peuplement Supericie(ha)

forestier DGF,2005 DGF,1995

Chêne liège 70208 45456

Chêne liège + Chêne zeen 13 920

Chêne liège + eucalyptus 80

Mélange de Chênes 571 1 037

Mélange de feuillus 1815

Chêne liège + mélange de pins 408

Chêne liège + pin d’Alep 233

Chêne liège + pin maritime 2 023

Chêne liège + pin pignon 1165

Chêne liège en mélange ((Feuillus/Résineux) 5,6% 41, 7%

12675

TOTAL 90423 59168

la subéraie tunisienne se présente sous forme de deux faciès principaux :

subéraie orientale: (Mogods et nefza en partie) avec un faciès généralement pauvre et dégradé, réduite à l’état

actueletleplussouventàunmaquisdontlavaleuréconomiqueestfaible.Actuellementellecouvre27.500ha

(DGF,1995).Cette forêtdégradée, fait l’objetdeprojetsde reforestation,par lechêne liègeenmélangeavec

d’autres espèces.

subéraie occidentale:(NefzaenpartieetKhroumirie)avecunfacièsrelativementenbonétatquicouvre45.500

ha (DGF, 1995).Cette forêt, quoique encoreproductive, 80.000 à 100.000quintauxdu liègepar an; demeure

constamment menacée par la dégradation.

Page 11: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

12

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Il en résulte que sur les 150.000ha de l’aire du chêne-liège, il ne reste que 73.000ha dont 45.500Ha sont

productifset27.500haconstituentdesforêtsdégradées(DGF,1995).

Répartitiondessupericies(ha)despeuplementschêneliègeàl’étatpur.

gouvernorat Supericie(ha) Taux(%)

Jendouba 49 142, 397 71

Béja 14066,821 20

Bizerte 6139,221 9

TOTAL 69348,439 100

source : (DgF, 2003).

Lespeuplementsdechêneliègeàl’étatpurcouvrent69.348ha,répartisà71%,20%et9%respectivementdans

les gouvernorats de Jendouba, Béja et Bizerte.

Répartitiondessupericies(ha)despeuplementsmixtesdechêneliège.

gouvernorat Chêneliège

Chênezen

Chêneliège

Pinmaritime

ChêneliègePin Chêneliège

eucalyptus

Total

Ha

Jendouba 13904,150 1957,766 339, 491 31, 339 16232,746

Béja 2, 917 15,798 - - 18,715

Bizerte 12,643 49,236 60,685 49, 431 171,995

Total 13919,717 2022,800 400,176 80,770 16423,456

source : (DgF, 2003).

Lespeuplementsmixtesdechêne liègecouvrent16.423ha, localisésessentiellementdans legouvernoratde

Jendouba.

l’état des différentes strates de la subéraie a été décrit dans les 3 gouvernorats subéricoles (Jendouba, Béja et

Bizerte) comme suit (DgF, 2003):

Lastrateestconsidéréepuresilecouvertdel’espèceprincipaledépasse80%.Unestraten’estdistinguéequesi

elle occupe un espace minimal de 4 ha.

une strate n’est considérée forestière que si son couvert arboré est égal ou supérieur à 10%.

les strates adoptées sont les suivantes :

Stratespuresoumélangéesdechêne-liègepargouvernoratavec5classesdecouvert:75%decouvertetplus,

50à75%,25-50%,25-10%et5-10%.Lemaquisarboréàchêneliègeetlemaquisnonarboré.

les mélanges distingués sont : les peuplements à chêne-liège et chêne zeen et les mélanges avec d’autres résineux

ou feuillus que nous avions nommé mélanges avec d’autres espèces qui sont généralement des plantations

mixtes de chêne-liège et d’autres espèces résineuses en général. nous avons distingué le mélange chêne-liège

et pin maritime qui comprend principalement les subéraies naturelles en mélange avec le pin maritime naturel

de tabarka.

Enplusdecesdistinctionsparletauxdecouvertdesqualiicationsontétédonnéespourcesstrates:Chêneliège

trèsdense,denseetmoyennementdenses.Cesqualiicationssemblentdesinterprétationspuisqu’ellesn’ontpas

decritèresdéinisparl’inventaireetnesontpascartographiéesmaisellesontpermisauxauteursdedéduireles

structures des peuplements pour les nouvelles classes créées et de les exploiter dans le calcul des productions.

nous avons gardé ces structures telles qu’elles sont publiées pour les premières classes de recouvrement (très

dense, dense et moyennement denses) :

Pour chaque strate on a calculé :

la densité à l’hectare, le diamètre moyen, la surface terrière moyenne, le couvert moyen, le volume sur pied

à l’hectare et le volume total sur pied de la strate. l’accroissement moyen en volume à l’ha et l’accroissement

moyen annuel total de toute la strate a été déduit par l’utilisation de la formule des différences de tarif de

Page 12: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

13

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Meyer en supposant un accroissement annuel sous écorce de 0.4 cm/an (cet accroissement a été choisi parmi

les plus faibles pour ne pas surestimer la production). l’âge moyen du peuplement a été estimé sur la base d’un

accroissement moyen sur écorce de 0, 7 cm/an et en le déduisant du diamètre moyen du peuplement.

Delamêmefaçonlaproductionpotentielledeliègedereproductionparhaaétédéduiteensebasantsurune

rotationixede12ansetsurunemassedeliègeproduitede6,5kgparm2desurfacelatéraledéliégée.Lecoeficient

de déliégeage utilisé dans notre estimation est de 2. le liège de reproduction récolté correspond à la production

desarbresde25cmdediamètreetplus.Danscetteestimationnousavonsnégligéles liègesmâlesprovenant

des premiers démasclages et ceux provenant des hausses de démasclage. Pour chaque strate on a considéré

qu’annuellement le 1/12èmedesasupericieestrécoltérespectantainsilarotationdedéliégeageutilisée.

les volumes sur pieds et leurs accroissements annuels sont transformés en biomasse sur la base d’une densité

deboisdechêneliègede0,86.Lesbiomassesdesmaquisetlesbiomassesracinairesdelasubéraieà30cmde

profondeur ont été estimées sur la base des résultats d’une publication sur la séquestration du carbone par la

subéraieetsesdifférentesformationsdedégradationetdesubstitutiondanslarégiondeTabarka(Askri,2006).

la production fourragère des subéraies et des maquis par unité de surface a été estimée sur la base des données

del’inventaireforestieretpastoralnational1995.

Pourdessinerl’étatfuturdelastructuredesstratesnousavonsutiliséuncoeficientdemortaliténaturellede1,

2 % par an exprimant la compétition entre individus et l’effet d’autres facteurs biotiques (galoux, 1970 in Dajoz,

1974;AlouietKouja,2005et2006).Lacroissanceendiamètredesarbresestiméeixeetégaleà0,4cmparan

sousécorceet0,7cmsurécorcenousapermisderedéinirlesnouvellesclassesdediamètresquien2020et2050

constitueraient l’ossature des structures des peuplements en ne tenant compte que de la croissance naturelle en

grosseur des arbres. Ces hypothèses sur la croissance naturelle en grosseur des arbres, sur les pertes des effectifs

des populations par compétition naturelle entre individus ou d’autres causes biotiques naturelles nous ont permis

deredessinerlesproilsdesstratesactuellesauxhorizons2020et2050.

Lesdifférentesstratesdécritesetanalyséesoccupentlessupericiessuivantes:

Typesdepeuplementsetcouvert(Ren%). SupericieenHa Supericieen% Supericiecumuléeen%

1CLpurTDdeJendoubaR>75% 20676 22, 02 22, 02

2CL+CZTDdeJendoubaR>75% 11200 11, 93 39,95

3CLpurDdeJendoubaRentre50-75% 11099 11,82 45,78

4CLpurMDdeJendoubaRentre25-50% 7827 8,34 54,11

5MNAdeJendouba 7703 8,21 62,32

6CLpurMDdeJendoubaRentre10-25% 6366 6,78 69,10

7CLpurTDdeBéjaR>75% 3984 4, 24 73, 34

8CLpurDdeBéjaRentre50-75% 2938 3, 13 76,47

9CLpurMAdeBéjaRentre5-10% 2487 2,65 79, 12

10CLpurMAdeJendoubaRentre5-10% 2170 2, 31 81,43

11CLpurMAdeBIzerteRentre5-10% 2170 2, 31 83,74

12CLetautresTDdeJendoubaR>75% 1660 1, 77 85,51

13 MnA de Bizerte 1477 1,57 87,09

14CL+CZDdeJendoubaRentre50-75% 1397 1, 49 88,57

15CLetautresDdeJendoubaRentre50+75% 1397 1, 49 90,06

16MNAdeBéja 1322 1, 41 91, 47

17CLpurMDdeBizerteRentre25-50% 1245 1, 33 92,80

18CLpurDdeBizerteRentre50-75% 1163 1, 24 94, 04

19CL+PMDdeJendoubaRentre50-75% 1060 1, 13 95,16

20CLpurTDdeBizerteR>75% 1006 1, 07 96,23

21CLpurMDdeBizerteRentre10-25% 935 1, 00 97, 23

22CL+PMTDdeJendoubaR>75% 771 0,82 98,05

Page 13: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

14

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

23CLetautresMDdeJendoubaRentre25-50% 542 0,58 98,63

24CL+CZMDdeJendoubaRentre25-50% 300 0, 32 98,95

25CLetautresTDdeBéjaR>75% 250 0, 27 99, 00

26CLetautresDdeBizerteRentre50-75% 194 0, 21 99, 00

27CL+PMMDdeJendoubaRentre25-50% 115 0, 12 99, 00

28CLetautresTDdeBizerteR>75% 93 0, 10 99, 00

29CLetautresMDdeBizerteRentre25-50% 91 0, 10 99, 00

30CL+CZMDdeJendoubaRentre10-25% 76 0,08 99, 00

31CL+PMMDdeBizerteRentre10-25% 49 0,05 99, 00

32CLetautresDdeBéjaRentre50-75% 39 0, 04 99, 00

33MAdeCL+PMdeJendoubaRentre5-10% 27 0, 03 99, 00

34CLetautresMDdeBizerteRentre10-25% 17 0, 02 99, 00

35CL+PMTDdeBéjaR>75% 14 0, 01 99, 00

36CL+CZDdeBizerteRentre50-75% 13 0, 01 99, 00

37CL+CZTDdeBéjaR>75% 8 0, 01 100, 00

Supericietotale 93.881Ha 100%

légende : Cl (chêne-liège), CZ (Chêne zeen), PM (Pin maritime), D (dense), tD (très dense), MD (moyennement

dense), MA (maquis arboré), Autres (autres espèces), MnA (maquis non arboré).

• Larépartitiongéographiquedesstratesàl’échelledesforêtsetsériesd’aménagementsurlabaseducouvert

montrequececritèrenerelètepasunerépartitionécologiquemaisunedynamiquesoitsousl’effetdela

sylviculture ou une dynamique régressive anthropique. le principe de classement des subéraies adopté est

basé hiérarchiquement sur la fraicheur des stations. Cette fraicheur est estimée par ledegréd’occupationde

l’espaceparlezeen : autrement dit l’ampleur de l’ambiance de la zeenaie ou de la subéraie dans l’occupation

de l’espace forestier.

• Les10classesdistinguéessontlessuivantes(lasupericietotaledesforêtsdetoutelesclassesdépassela

supericiedelasubéraieétantdonnéquedespeuplementsd’autresespècesetdesformationsdedégradation

sont comptabilisés dans les unités d’aménagement).

groupe Classe SupericieenHa Supericieen% Type

Plusde50%deCZeenpur. 1 4857 4.3 Zeenaie à Cl

CZeenetCliège>75% 2 8956 8 Zeenaie dominante 1

CZeenetCliègeentre50-75% 3 22704 20.5 Zeenaie dominante 2

CZeenetCliègeentre25-50% 4 28480 25.7 subéraie dominante 1

CZeenetCliègeentre10-25% 5 15014 13.5 subéraie dominante 2

C Zeen et C liège <10 % 6 8890 8.1 subéraie exclusive 1

C Zeen en trace 7 5534 5 subéraie exclusive 2

C Zeen en trace (subéraies de Bizerte) 8 7094 6.4 subéraie exclusive 3

C Zeen en trace (subéraies de Béja) 9 14771 13.3 subéraie exclusive 4

C Zeen en trace et pin maritime naturel présent (subéraies à pin maritime de tabarka)

10 16043 14.5 subéraie à PM

Total 132343 100%

Page 14: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

15

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

3.1. DeScription De l’état actuel DeS DifférenteS unitéS iDentifiéeS

Classe1:5.620haElleregroupelesforêtsoùlechêneZeenà l’étatpurdépasse50%delasupericieforestière.Cetteclasseest

représentée par 2 séries forestières : el Feija II et Ain Zana. le chêne liège pur dans cette classe ne représente que

18%del’occupationdel’espacedominéenpremierlieuparlechênezeenpur(65%)puisunmélangedeChêne

zeen–chêneliège(17%).L’ambiancedelazeenaiecouvre82%del’occupationforestière.

les 2 séries forestières appartiennent à l’étage bioclimatique humide supérieur tempéré d’altitude, l’altitude des

2forêtsestdanslatranche900-1000m.Lapluviométriemoyenneannuelleestcompriseentre1200-1500mm,

la pluviométrie printanière est supérieure à 300 mm à Feija II et comprise entre 200-300 mm à Ain Zana (période

1930-1960).Les2forêtsappartiennentaugroupementécologiquehumidesupérieuràQuercus canariensis, les

sols appartiennent au groupe des sols bruns lessivés hydromorphes à Feija et au groupe des sols calcimorphes,

des sols rouges méditerranéens des sols bruns faiblement lessivés et des vertisols topolithomorphes modaux à

AinZana.Cetteclassedesubéraieseravieillesur93%desasupericieen2050.

Compositionenstratedelaclasse2 Supericie(ha)desstratesen2000

CL›75% 1338

CL75-50% 88

CL50-25% 152

CL25-10% 217

CL10-5% 70

Cl-CZ›75% 674

Cl-CZ50-75% 30

Cl-CZ50-25% 187

CZ 3292

ReB 180

ReB Cl et PIn 22,5

MAQ nA 29,5

mA Cl 30

CompositionenHadelaclasse2en2000

CL CL-Cz Cz

Age ‹ 20 22

Age de 20-40 1426

Agede40-60 469 3292

Agede60-80 891

Agede80-100

Caractéristiques etat2000

SupericietotaleenHa 6310

v tiges total sur pied en m3 665466

Accroissement total des tiges m3/an 17882

Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 635656

Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 245730

Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 16888

Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 32249

Production totale d’uF 2877360

Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 526

Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 201

Page 15: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

16

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Classe3:25.760haelle regroupe les forêts de Feija I, oued Zeen II et Ain Draham Iv où le paysage dominant est une subéraie

mélangée à du chêne Zeen. une ambiance de Zeenaie d’altitude domine à Feija I et Ain Draham Iv alors qu’à

oued Zeen Iv la zeenaie est plutôt ripicole. Dans les 2 cas la fraîcheur du sol caractérise les 2 milieux permettant

au chêne zeen de dominer encore l’espace.

Cette classe de subéraie vivant dans une ambiance proche de celle de la zeenaie est relativement fraîche comparée

àlasubéraiepure.Elledoitêtremoinsvulnérableauréchauffementclimatique;sileréchauffementsemaintient

auniveaude2°ClespeuplementsmélangéesdeChêneliègeetdechênezeenlaisseraient leursplacesàune

subéraie pure après la disparition naturelle progressive du chêne zeen sauf dans les massifs ripicoles d’oued Zeen

II.

les 2 forêts de Feija I et Ain Draham Iv appartiennent à l’étage Bioclimatique humide supérieur tempéré

d’altitude, l’altitude des 2 forêts est dans la tranche 900-1000 m. la pluviométrie moyenne annuelle est comprise

entre1200-1500mm,lapluviométrieprintanièreestsupérieureà300mmdansles3forêts(période1930-1960).

Unetendanceperceptibledebaissede1%/anentre1969et2003réduiraitcettequantitéd’eausaisonnièreà

170mmen1950etdoubleraitledéicithydriqueactuel.

les forêts d’ADIv et Feija I appartiennent au groupement écologique humide supérieur à Quercus canariensis,

la série d’oued Zen II appartient au groupement de chêne liège à cytise de l’humide inférieur tempéré. les sols

appartiennent au groupe des sols bruns lessivés hydromorphes dans les 3 forêts. Cette classe de subéraie sera

vieillesur77%desasupericieen2050.

Compositionenstratedelaclasse3 Supericie(ha)desstratesen2000

CL›75% 5310

CL75-50% 1740

CL50-25% 1478

CL25-10% 394

CL10-5% 127

Cl-CZ›75% 8522

Cl-CZ50-75% 1614

Cl-CZ50-25% 111

CZ 3362

ReB 1839

ReB Cl et PIn 222

MAQ nA 518

mA Cl 477

CompositionenHadelaclasse3en2000

CL CL-Cz Cz

Age ‹ 20 222

Age de 20-40 7080

Agede40-60 2476 10136 3362

Agede60-80 891

Agede80-100

Page 16: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

17

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Caractéristiques etat2000

SupericietotaleenHa 25714

v tiges total sur pied en m3 2612831

Accroissement total des tiges m3/an 66448

Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 2378868

Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 999168

Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 59590

Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 122646

Production totale d’uF 11725584

Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 2143

Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 1950

Classe4:34.000haelle regroupe les forêts d’ADIII et vI, Amdoun I, Mekna I, Hamdia, Feija vI, Chihia I à III. Dans cette classe la

zeenaiepures’étendsur10%del’espaceforestier,lasubéraiepuresur57%etlasubéraiemélangéeàduchêne

Zeen sur 24% de cet espace. l’ambiance de la zeenaie ne couvre que 34% de l’espace total de la classe. l’ambiance

de la subéraie commence à dominer. Cette classe s’étend sur plus du 1/3 de la subéraie tunisienne.

les sols dominants sont de types brun à brun lessivé hydromorphe avec apparition de sols bruns peu lessivés

et quelques vertisols. Dans les forêts de Chihia et rarement à Hamdia et Mekna I vont apparaitre des sols

calcimorphes et des sols rouges méditerranéens.

Quelques tâches du groupement de l’humide supérieur avec le groupement à Quercus canariensis et la majorité

des forêts appartiennent à l’étage humide inférieur avec le groupement à Quercus suber à cytise et à basse altitude

le groupement à Quercus suber à Pistacia lentiscus et erica arborea.

Lapluviométrieannuelleestcompriseentre1000et1200mmpourlamajoritédelaclasseet1500mmetplus

pourlessériesd’AinDraham;latrancheprintanièreestdeplusde300mmdanslesforêtsd’AinDrahametde

200à300mmdanslesforêtsdeMeknaI,HamdiaetChihia.Lesforêtsdecetteclasseserontvieillessur78%dela

supericiedeleurspeuplementsprincipauxàl’horizon2050.

Compositionenstratedelaclasse4 Supericie(ha)desstratesen2000

CL›75% 11900

CL75-50% 3052

CL50-25% 1999

CL25-10% 1183

CL10-5% 383

Cl-CZ›75% 5833

Cl-CZ50-75% 978

Cl-CZ50-25% 142

CZ 3010

ReB 2735

ReB Cl PuR 99

ReB Cl et PIn 328

MAQ nA 665

mA Cl 1704

CompositionenHadelaclasse4en2000

CL CL-Cz Cz

Age ‹ 20 427

Age de 20-40 14952

Agede40-60 5269 6811 3010

Agede60-80 142

Agede80-100

Page 17: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

18

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Caractéristiques etat2000

SupericietotaleenHa 34011

v tiges total sur pied en m3 3001026

Accroissement total des tiges m3/an 90115

Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 2668064

Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 1320781

Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 78933

Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes

174301

Production totale d’uF 15509244

Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 2834

Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 2107

Classe5:22.389haForméeparlesforêtsdeMeknaIVetV,TegmaIII,FeijaIII,VetVII,ADXetAmdounII.L’ambiancedelazeenaie

ne couvre que 19% de l’occupation forestière et c’est l’ambiance de la subéraie qui domine. les sols des forêts de

Feijasontessentiellementrougesméditerranéensetrougeshydromorphesavecdesvertisolsenbandesétroites;

àFeijaIIIs’ajoutentdessolscalcimorphes.LessolsdeTegmaIIIetADXsontde la familledessolsbrunset

bruns lessivés avec des bandes de vertisols et quelques tâches de sols calcimorphes. A Mekna Iv et v et Amdoun

II dominent des sols bruns lessivés, des vertisols et des tâches de sols calcimorphes assez grandes sur Amdoun

II. l’étage de végétation dominant est l’humide inférieur avec le groupement à Quercus suber à cytise. l’étage

bioclimatique supérieur à Quercus canariensis apparaît en tâches étroites sur les sommets.la pluviométrie

annuelleestdeplusde1500mmàTegmaIIIetAindrahamXavecunepluviométrieprintanièredeplusde300

mmetentre1200à1500mmàFeijaII,VetVIIetAmdounIIetMeknaIVetVavecunepluviométrieprintanière

de 200 à 300 mm.

Compositionenstratedelaclasse5 Supericie(ha)desstratesen2000

CL›75% 6693

CL75-50% 2640

CL50-25% 1661

CL25-10% 776

CL10-5% 343

Cl-CZ›75% 2089

Cl-CZ50-75% 171

Cl-CZ50-25% 116

CZ 463

ReB 3306

ReB Cl PuR 5

ReB Cl et PIn 59,4

MAQ nA 2177

mA Cl 1828

CompositionenHadelaclasse5en2000

CL CL-Cz Cz

Age ‹ 20 64

Age de 20-40 9334

Agede40-60 4608 2260 463

Agede60-80 116

Agede80-100

Page 18: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

19

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Caractéristiques etat2000

SupericietotaleenHa 22328

v tiges total sur pied en m3 1608217

Accroissement total des tiges m3/an 51912

Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 1379877

Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 864166

Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 44084

Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes

105310

Production totale d’uF 10181522

Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 1861

Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 1131

Classe6:13.666haelle est représentée par les forêts d’Ain Draham vII, Feija vIII, tegma III et ouled Ali II. l’ambiance de la zeenaie

ne couvre que 3 % de l’occupation forestière et celle de la subéraie 97%.

le bioclimat dominant est l’humide inférieur ave apparition de l’humide supérieur sur les sommets, la pluviométrie

annuelleestde1500mmpourlesforêtsdeAinDrahamVIIetVIIIavecunepluviométrieprintanièrede300mm

et1200à1500mmpourlerestedesforêtsdelaclasseavecunepluviométrieprintanièrecompriseentre200

et 300 mm . les sols sont de la famille des sols bruns et bruns lessivés avec apparition de sols calcimorphes à

ouled Ali II et des vertisols à tegma III. le groupement végétal dominant est celui du chêne liège à cytise de

l’humideinférieuretquelquestâchesdel’humidesupérieuràchênezeenàTegmaIII.Al’horizon205046%des

peuplements seront vieux.

Compositionenstratedelaclasse6 Supericie(ha)desstratesen2000

CL›75% 4297

CL75-50% 1523

CL50-25% 1757

CL25-10% 935

CL10-5% 174

Cl-CZ›75% 141

Cl-CZ50-75% 0

Cl-CZ50-25% 42

CZ 141

ReB 2207

ReB Cl PuR 39

ReB Cl et PIn 110

MAQ nA 1500

mA Cl 820

CompositionenHadelaclasse6en2000

CL CL-Cz Cz

Age ‹ 20 28

Age de 20-40 5820

Agede40-60 3686 141 463

Agede60-80 42 141

Agede80-100

Page 19: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

20

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Caractéristiques etat2000

SupericietotaleenHa 13686

v tiges total sur pied en m3 858589

Accroissement total des tiges m3/an 30020

Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 720491

Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 529262

Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 25130

Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes

63602

Production totale d’uF 6240816

Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 1141

Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 531

Classe7:11.955haCette classe est composée des forêts de Fernana I et II Mekna II et III, tegma I et ouled Ali III. elle est dominée

à 100% par une subéraie pure sans trace notable de la zeenaie.

les forêts de Mekna II et III appartiennent à l’étage bioclimatique humide inférieur chaud et celles de Fernana

I et II, tegma I, ouled Ali III appartiennent à l’étage bioclimatique humide inférieur à variante tempérée. le

groupement du chêne liège à lentisque domine, seulement à tabarka III s’ajoute le groupement du chêne liège à

chêne Kermes. les sols dominants sont bruns lessivés, des vertisols s’ajoutent à Fernana et tegma et des sols peu

évolués sur dunes à tabarka III et des sols calcimorphes à ouled Ali.

Compositionenstratedelaclasse7 Supericie(ha)desstratesen2000

CL›75% 2481

CL75-50% 1163

CL50-25% 748

CL25-10% 1098

CL10-5% 44

ReB 3141

ReB Cl PuR 39

ReB Cl et PIn 110

MAQ nA 2258

mA Cl 1009

CompositionenHadelaclasse7en2000

CL CL-Cz Cz

Age ‹ 20 149

Age de 20-40 3644

Agede40-60 2899

Agede60-80

Agede80-100

Caractéristiques etat2000

SupericietotaleenHa 12092

v tiges total sur pied en m3 634077

Accroissement total des tiges m3/an 22391

Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 514347

Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 465209

Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 18162

Page 20: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

21

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes

50292

Production totale d’uF 5513724

Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 1008

Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 338

Classe8:7.094haelle regroupe les subéraies de sejenane : forêts de tamra, Choucha, Mhibeus, el Hania. Pure à 100% .on ne

retrouve les traces de la zeenaie que dans les ravins et les dépressions humides. Ces forêts occupent l’étage

bioclimatiquehumideinférieurchaudavecunepluviométriemoyenneannuellecompriseentre800et1000mm

etunepluviométriemoyennesaisonnièreduprintempsde160à200mm.Legroupementvégétaldominantest

celui du chêne liège à lentisque et celui à chêne Kermès. les sols sont de la famille des sols bruns et bruns lessivés

etsurtoutdessolshydromorphesàpseudogley.Ledéicithydriqueestimédanslarégionestcomprisentre106à

120jours.57%decettesubéraieseraprobablementvieilleen2050.

Compositionenstratedelaclasse8 Supericie(ha)desstratesen2000

CL›75% 1043

CL75-50% 1186

CL50-25% 1215

CL25-10% 984

CL10-5% 722

CZ 13

ReB 2207

ReB Cl PuR 28

ReB Cl et PIn 443

mA Cl 1450

CompositionenHadelaclasse8en2000

CL CL-Cz Cz

Age ‹ 20 471

Age de 20-40 2229

Agede40-60 4371 13

Agede60-80

Agede80-100

Caractéristiques etat2000

SupericietotaleenHa 7084

v tiges total sur pied en m3 364292,4

Accroissement total des tiges m3/an 12055

Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 312302

Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 276220

Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 10288

Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 27464

Production totale d’uF 3230304

Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 590

Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 206

Classe9:14.771haRegroupe les subéraies de Béja : forêts de Bellif, ouchtata, Khorgalia, Msid-tabouba et Amdoun el Jouza en

partie. elle est composée à 100% de chêne liège avec quelques traces de la zeenaie sur les ravins et en altitude à

Amdoun el Jouza.

Page 21: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

22

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Ces forêts occupent l’étage bioclimatique humide inférieur doux avec une pluviométrie moyenne annuelle

compriseentre1000et1200mmetunepluviométriemoyennesaisonnièreduprintempsde160à200mm.Le

groupement végétal dominant est celui du chêne liège à lentisque et celui à chêne Kermès. les sols sont de la

famille des sols bruns et bruns lessivés qui dominent.

Compositionenstratedelaclasse9 Supericie(ha)desstratesen2000

CL›75% 3968

CL75-50% 2919

CL50-25% 3156

CL25-10% 1660

CL10-5% 700

Cl-CZ›75% 3

CZ 370

ReB Cl et PIn 267

mA Cl 1728

CompositionenHadelaclasse9en2000

CL CL-Cz Cz

Age ‹ 20 14

Age de 20-40 6887

Agede40-60 7244 3 370

Agede60-80

Agede80-100

Caractéristiques etat2000

SupericietotaleenHa 14771

v tiges total sur pied en m3 995448

Accroissement total des tiges m3/an 33244

Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 861901

Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 576069

Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 28702

Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes

67361

Production totale d’uF 6735576

Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 1231

Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 727

Classe10:13.591hasubéraie surtout mélangée à du pin maritime naturel regroupant les séries I à Iv des forêts de tabarka. le chêne

zeen est présent dans les ravins ou les dépressions humides.

les forêts de cette classe appartiennent au bioclimat humide inférieur chaud pour les séries I, II et Iv et tempéré

pour la série III. les groupements végétaux sont ceux du chêne liège à lentisque et bruyère arborescente et le

groupement du pin maritime et bruyère à balai. les sols lessivés localement hydromorphes dominent, les sols

bruns et bruns lessivés hydromorphes sont cantonnés surtout à la série III de tabarka. la pluviométrie annuelle

est comprise entre 1000 et 1200 mm, les pluviométries printanières sont comprises entre 200 et 300 mm.

Page 22: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

23

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Compositionenstratedelaclasse10 Supericie(ha)desstratesen2000

CL›75% 1736

CL75-50% 2442

CL50-25% 2433

CL25-10% 458

CL10-5% 76

Cl-CZ›75% 605

Cl-CZ50-75% 163

CL-PM›75% 109

Cl-PM 50-75% 98

ReB 1112

ReB Cl PuR 15

ReB Cl et PIn 100

MAQ nA 713

mA Cl 342

CompositionenHadelaclasse10en2000

CL CL-Cz Cz

Age ‹ 20 115

Age de 20-40 4178 109

Agede40-60 2967 768 98

Agede60-80

Agede80-100

Caractéristiques etat2000

SupericietotaleenHa 10402

v tiges total sur pied en m3 795417

Accroissement total des tiges m3/an 24789

Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 677510

Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 403405

Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 20983

Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 55730

Production totale d’uF 4743084

Supericiepotentielledéliégée(ha/an) 867

Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 614

3.2. iDentification et analySe DeS facteurS influençant l’état DeS DifférenteS unitéS De la Subéraie tuniSienne

3.2.1.facteursbiophysiques(Sol,pente,exposition)

les facteurs biophysiques analysés sont principalement des facteurs géographiques stationnels et édaphiques.

Pour chaque unité d’aménagement ou série forestière on a relevé les expositions dominantes, les pentes

dominantes, les types de sols et les profondeurs des sols selon les descriptions et la terminologie de la carte

nationale agricole. on a constitué des groupes homogènes qu’on a classé en 3 sous unité : 1 classe favorable au

développement de la subéraie, 2 classe moyenne et 3 classe défavorable. Chaque classe a été notée (1, 2 ou 3)

selonqu’elleestfavorableoudéfavorablepuislesnotesétaientpondéréesparuncoeficiententre4et1(4pour

lesexpositions,3pourlespentes,2pourlesprofondeursdessolset1pourlestypesdessols).Unenoteinalea

étéattribuéeàchaqueunitéforestière.Lapondérationaétéattribuéesurlabasedel’inluencedufacteursurla

végétationmaisaussisurledegrédeprécisiondudescripteur.Lecoeficient4aétéattribuéàl’expositionparce

Page 23: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

24

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

que le facteur est déterminant en bioclimat et microclimat et en même temps il est assez précis, 3 pour la pente

qui est déterminante pour l’eau dans le sol, la profondeur des sols et aussi pour sa précision, 2 pour la profondeur

des sols parce que nous pensons que la carte agricole n’est pas très précise pour décrire les profondeurs des sols

forestiers et 1 pour le type de sol et les facteurs édaphiques contraignants parce que les nuances entre catégories

ne sont pas très bien délimitées.

la synthèse de ces différents facteurs stationnels et édaphiques nous a permis de regrouper les séries forestières

en 4 grandes classes : la première étant la plus favorable à la subéraie et la dernière la moins favorable. les

résultats de ce classement sont présentés sur le tableau suivant :

Classementdessubéraiesselonleursconditionsbiophysiques

Conditionstrèsfavorables(25%desunités)

Conditionsassezfavorables(47%desunités)

Conditionsmoyennementfavorables(12%desunités)

Conditionsdéfavorables(16%desunités)

Ain Draham IIMekna IIMekna IIIMekna Ivoued Zeen IIIsubéraies de Bizertesubéraies de Béjatabarka IIItegma IAmdoun IIAmdoun IFeija II

Ain Draham IAin Draham IIIAin Draham IvAinDrahamIXAinDrahamXtegma IIChihia IChihia IIoued Zen IIoued Zen Ivtabarka Itabarka IIHamdiaMekna IFernana IFarnana IIouled Ali IIIFeija IIIFeija vIIFeija vIII

tabarka IvMekna voued Zen IChihia IIIFeija IvFeija vI

Ain Draham vAin Draham vIIAin Draham vIIItegma IIIouled Ali Iouled Ali IIFeija IFeija v

Ceclassementdessubéraiesestixepuisquelesconditionsbiophysiquesrestentrelativementstablesdans le

temps.

3.2.2.Lesfacteurssocio-économiquesetlesperturbationsanthropozoogènes

Ces facteurs sont analysés sur la base des ressources statistiques sur les populations rurales vivant autour des

subéraies exprimés par la densité des ménages ruraux au Km2 et surtout leurs relations avec les parcours forestiers

et les problèmes des feux des forêts. Deux variables ont été utilisées : le rapport de la charge pastorale observée

à la charge pastorale d’équilibre par unité forestière et la vulnérabilité aux feux ont été estimées en combinant les

fréquencesmoyennesannuellesdesfeuxauxsupericiesmoyennesannuellesbrûléesparunitéd’aménagement

(série forestière). l’évolution du rapport entre charge pastorale observée et charge d’équilibre prévue en 2020

et2050aétéétudiéeenadoptantlestauxd’accroissementducheptelutiliséparlaplaniicationagricole:1%

(scénarioB2)etde1.5%(scénariosA2).Pourl’étudedel’évolutiondesfréquencesetdessupericiesmoyennes

annuellesdesfeuxdeforêtsauxhorizons2020et2050aucunehypothèsen’aétéretenueetonaconsidéréque

lesforêtssecomporteraientenmoyennecommesurlapériodeobservée1980-2004.

Page 24: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

25

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdesfacteursbiophysiques

3.2.2.1.Vulnérabilité de la subéraie aux feux des forêtsClasse1:forêtextrêmementvulnérableauxfeuxdesforêtsle risque annuel des feux des forêts dépasse 100 ha annuellement, ce risque très fort est actuellement localisé à

une seule série forestière celle de Feija II.

Classe2:trèsvulnérableauxfeuxdesforêtsLerisqueannuelestcomprisentre20et100haavecunemoyennede46haparan.

Ce niveau de risque est localisé à tabarka I et III, les maquis arborés de Bizerte, Ain Draham I, Feija Iv, vII, v et

vIII.

Classe3:forêtsmoyennementvulnérablesauxfeuxdesforêtsLerisqueannuelrestetrèslimitéentre1et10ha/ansoitunemoyennede5ha/an.

Lesforêtsquicomposentcetteclassesont:Hamdia,MekanIV,AinDrahamII,IIIetX,lesforêtsdeBéja(Tabouba),

tegma II, Chihia I, Amdoun I et II, ouled Ali I et II, Fernana II, Feija I, III, vI et vII, Bizerte-sejenane (Choucha,

tamera, Mhibeus, Mouaden).

Classe4:forêtspeuvulnérablesauxfeuxdesforêtsLerisqueannuelestdemoinsde1Ha/ansoitunemoyennede0.5ha/an:

CegroupecomprendlesforêtsdeAinDrahamIV,V,VI,VII,VIIIetIX,FeijaI,II,III,V,VI,VIII,MeknaI,II,III,IV,

v, Fernana I, tegma I et III, Ain Zana, Chihia III, Mekna I, II, v, oued Zen I, II, III et Iv, tabarka Iv, Fernana I et II,

Béja (nefza, Msid, Bellif, ouchtata), Bizerte (tamera, Choucha) Chihia II, ouled Ali III.

3.2.2.2. Vulnérabilité des subéraies à la pression pastorale les quatre classes distinguées de vulnérabilité à la pression pastorale sur la subéraie sont les suivantes:

les subéraies non vulnérables à l’activité pastorale où le rapport entre besoins des animaux et productivité

potentielle des parcours est inférieur à 1. les besoins des animaux sont normalement totalement couverts par

cette production potentielle.

Page 25: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

26

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Lessubéraiespeuvulnérablessontcomposéesparlessubéraieoùcerapportestcomprisentre1et1.5exprimant

des besoins de 1.5 fois supérieurs à la production potentielle. Cette surcharge peut être couverte en cas de

productivité plus forte relative à des années de bonnes glandées ou en cas de diminution provisoire des effectifs

des animaux.

les subéraies moyennement vulnérables sont caractérisées par un rapport besoins/ productivité compris entre

1.5à2.

les subéraies vulnérables à l’activité pastorale sont composées par les subéraies où ce rapport dépasse 2.

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdesfeuxdeforêts-Situation2000

Page 26: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

27

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

vulnérabilitédelasubéraieàlapressionpastorale

etatactuelen2000

etaten2020ScénarioB2

etaten2020ScénarioA2

etaten2050ScénarioB2

etaten2050ScénarioA2

subéraiesnonvulnérables

Chihia I et II, Ain

Draham I, II, Iv

et vIII, tegma I

et III, Feija I et

III, Amdoun I et

II, oued Zen I, II,

III et Iv, Fernana

I, tabarka I et

les subéraies de

Bizerte.

(42%dessubéraies)

subéraie de

Bizerte, tabarka I,

Chihia II, Fernana

I, oued Zen I, II,

III, Iv, Ain Draham

Iv

(18%dessubéraies)

tabarka I, Chihia

II, Fernana I,

oued Zen I, II,

III, Iv.

(14%dessubéraies)

Bizerte, tabarka I,

Chihia II, Fernana

I, oued Zen I à Iv

et Ain Draham Iv.

(19%dessubéraies)

Bizerte (sejenane)

(2%dessubéraies)

subéraiespeuvulnérables

Béja, ouled Ali I,

Ain Draham III,

VII,XetIX,Feija

Iv,

Mekna II, Iv et v,

tabarka II, Iv et

tegma II.

(31%dessubéraies)

Ain Draham I, II, v,

VIII,X,AmdounI,

II, Chihia I, Feija I,

II, III, tegma I, III,

Fernana II, Béja,

ouled Ali I

(30%dessubéraies)

Ain Draham I,

II,IV,VIIIetX,

Amdoun I et II,

Chihia I, tegma I et

III, Feija I et III.

(25%dessubéraies)

Aucune tabarka I, Chihia

II, Fernana I, oued

Zen I, II, III, Iv.

(14%dessubéraies)

subéraiesmoyennementvulnérables

Fernana II, ouled

Ali III, Mekna I et

III, Ain Draham Iv,

v, Feija II, v, vI, vII

et vIII, tabarka III

et Chihia III.

(21%dessubéraies)

Ain Draham III,

VII,IX,FeijaIV,

Mekna II, Iv, v,

tegma II, tabarka

II, Iv, et ouled

Ali III.

(23%dessubéraies)

Ain Draham III, v,

VIIetIX,FeijaII

et Iv, Fernana II,

Béja, ouled Ali I,

Mekna II, Iv et v,

tegma II, tabarka

II et Iv.

(31%dessubéraies)

Ain Draham I, II, v,

VIII,X,AmdounI,

II, Chihia I, Feija I,

II, III, tegma I, III,

Fernana II, Béja,

ouled Ali I.

(33%dessubéraies)

Aucune subéraie

subéraiesvulnérables

Hamdia, Mekna III,

Ain Zana et ouled

Ali II.

(6%dessubéraies)

Mekna I, III, Ain

Draham vI, Feija

v, vI, vII, vIII,

tabarka III, Chihia

IIII, Hamdia, Ain

Zana, ouled Ali II.

(25%dessubéraies)

ouled Ali II et

III, Feija v, vI,

vII et vIII, Ain

Zana, Mekna I

et III, tabarka

III, Hamdia, Ain

Draham vI, Chihia

III.

(27%dessubéraies)

Ain Draham III, vI,

VII,IX,FeijaIVà

vIII, Mekna I à v,

tegma II, tabarka

II à Iv, ouled Ali

II et III, Chihia III,

Hamdia, Ain Zana.

(48%dessubéraies)

AinDrahamIàX.,

Amdoun I et II,

Chihia I à III, Feija

I à vIII, tegma I à

III, Béja, Fernana

II, ouled Ali I, II,

III, Mekna I à v,

tabarka II à Iv,

Hamdia, Ain Zana.

(84%dessubéraies)

Page 27: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

28

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdelapressionpastorale

-Situationen2000

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdelapressionpastorale

-Situationen2000-ScénarioB2

Page 28: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

29

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdelapressionpastorale

-Situationen2050-ScénarioA2

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdelapressionpastorale

-Situationen2000-ScénarioA2

Page 29: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

30

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

3.2.3.Analyseclimatiquerétrospective3.2.3.1. Tendances actuelles des précipitationsl’examen des séries pluviométriques annuelles entre 1901 et 2003 sur les 3 principales stations de la subéraie

(AinDraham,TabarkaetElFeija)montreunetendancegénéraleàladiminutionstatistiquementnonsigniicative.

Cette diminution parait très légère à Ain Draham (pente de la droite de tendance de -0.24), plus exagérée à

tabarka (pente de -2.13 dix fois plus grande que celle d’Ain Draham) et encore plus exagérée à el Feija (pente de

-4.1, deux fois plus grande que celle de tabarka et 20 fois plus grande que celle d’Ain Draham) Il semble que plus

que la subéraie s’enfonce vers le sud plus elle s’assèche.

SurlesfrangesEstdelasubéraieauxMogodsetsurdessériespluscourtesentre1969et2004onremarquele

mêmephénomène:unetendanceàladiminutionlégèreàSejnane(pentedeladroitedetendancede-1.8)et

delamêmefaçonàlalimiteEstdesMogodsàTinjaoùlapentedeladroitedetendanceestde-2.0.D’unefaçon

générale on peut dire qu’on est sur un début de diminution des précipitations qui serait plus exagéré sur les

limites sud de la subéraie à el Feija et à l’est de la subéraie aux Mogods. seule la station d’ouchtata parait non

touchée !

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdelapressionpastorale

-Situationen2050-ScénarioB2

Page 30: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

31

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

3.2.3.2. Tendances Thermiquestoutes les séries examinées à l’intérieur de la subéraie (Beni Métir) et à ses limites nord à 20 km de tabarka, à sa

limite sud à Jendouba et el Munchar à Béja, soit sur les séries des moyennes thermiques annuelles, des maximales

ou des minimales annuelles montrent une tendance générale à une augmentation élevée des températures. A

BéniMétironpassed’unetempératuremoyenneannuellede16.5°Cen1901àunemoyennede18.5en2003,

uneaugmentationde2°Cen1siècle.Lamêmetendancesurlamêmepériodeetunemêmeaugmentationde2°C

surunsiècleà20kmauNorddessubéraiesdeTabarkaetauSuddelasubéraieàBéjasurlamêmepériode2°C

en 1 siècle. les mêmes tendances sur des séries plus courtes au sud de la subéraie à Jendouba, une augmentation

de0.5degréen30anssurlestempératuresminimalesentre1975et2004etuneaugmentationde3°Csurles

températures annuelles moyennes maximales en 30 ans. le réchauffement est bien là avec une recrudescence à

chaque fois qu’on avance dans le temps. un emballement effectif et une augmentation exponentielle plutôt que

linéaire est actuellement observée.

Pluviométrieannuellesentre1900et2004(tendancesactuelles).

station d’Ain Draham

station de tabarka

station d’el Feija

Pluviométrieannuellesentre1970et2004(tendancesactuelles)

station d’ouchtata

station de sejenane

station de tinja

Page 31: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

32

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

TendancesthermiquesactuellesTempératuresmoyennesannuelles

Ben Mtir tabarka Béja

TempératuresminimalesetmaximalesmoyennesannuellesàJendouba

températures minimales moyennes températures maximales moyennes

3.2.3.3. Identiication des variables climatiques les plus déterminantes dans l’évolution de l’état des différentes unités de l’écosystème.

Pourdéinirlespériodespotentiellementstressantespourlasubéraieonaémisl’hypothèsesuivante:

Alalimitede105joursdestresshydriquedusolonconsidèrequelavégétationdanscesconditionsestadaptée

àcetteduréedestressetdoncnonvulnérabledans lesconditionsméditerranéennesnormales (3,5moisde

sècheresse).

Entre105jourset135jourslavégétationestpeuvulnérableétantdonnéqueselonlesannéesilyapossibilitéque

lasaisonsècheméditerranéenneseprolonged’unmoisaudébutouàlaindelasaisonsèche.

Entre135et165 joursdestress lavégétationestconsidéréemoyennementvulnérablesubissantundébutde

stress un mois plus tôt que la saison sèche normale et un mois plus tard que la saison sèche normale.

Entre165joursetplus,c’est-à-direplusde5moisderéserveutilenulleonaconsidéréqu’onsortdeslimites

desluctuationsduclimatméditerranéenetonentredansuntypedemilieuprochedesmilieuxtropicauxsecs

àsaisonsèchesupérieureà6mois.Pours’adapteràdesconditionspareillesilfautunautretypedevégétation

s’apparentant à la savane sèche tropicale. la végétation méditerranéenne n’étant pas composée par des espèces

de la savane Africaine devient donc très vulnérable dans ces conditions.

Pour estimer cette période relative de stress on a caractérisé chaque série forestière par son type de sol

dominant, une texture dominante et une profondeur dominante. Cette information est puisée directement de

la carte agricole nationale. la variabilité stationnelle à l’intérieur d’une même série forestière n’est pas prise en

compte étant donné qu’on n’a retenu que les caractéristiques édaphiques dominantes moyennes de chaque unité

d’aménagement.

Page 32: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

33

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

sur la base de cette réserve utile moyenne des sols de chaque série forestière et sans tenir compte des possibilités

d’exploitation par les racines des eaux plus profondes on a calculé les consommations moyennes potentielles

d’eaux relatives à chaque mois tenant compte des précipitations mensuelles et des réserves en eau accumulées

du sol sur sa profondeur utile connue et de l’etP mensuelle. l’etP mensuelle calculée et déduite des apports

mensuels en eaux et des réserves utiles du sol permettait de calculer le bilan hydrique du sol. lorsque le bilan est

positifetlaréserveeneaudusoln’estpasentamée,aucundéicitn’estenregistré;lasommedesbilansnégatifs

successifs nous a permis de calculer le nombre de journées par mois où les besoins de l’évaporation potentielle ne

sont plus satisfaits par rapport à la demande potentielle d’eau (etP moyenne journalière des mois à bilan négatif).

Pour ne pas compliquer les calculs de l’etP et utiliser des formules qui nécessitent des bases de données non

disponibles pour nous, on a choisi d’utiliser une formule simple testée en tunisie ne tenant compte que de la

situation latitudinale du lieu (un point central dans chaque série forestière) et la température maximale moyenne

du mois le plus chaud et de la situation de la forêt par rapport aux vents (très ventée ou peu ventée).

SelonCharlesRiou(1960)uneformulesimplenetenantcomptequedelatempératuremaximalemoyennedu

moisnetdelalatitudeendegréetdixièmededegrédulieuestsufisantepourdonneruneestimationcorrecte

de l’etP d’une région quelconque :

le calcul de I’etP d’une station de latitude (lat) en degrés décimaux et de température maximale moyenne du

mois n : tn et du mois suivant t

n+1 se résume en cette démarche simple :

(1) Calcul pour le mois de rang n : gn = (t

n + 2*t

n+1)/3

(2) Calcul de b = 7,1 - 0,1*lat.

(3) on ajoute 0, 2 (0,1 à 0, 3) à b si la station est relativement abritée du vent .

(4) etP = 0, 31 gn - b.

Cette formule nous a permis de calculer les etP mensuelles de chaque série forestière en fonction de sa latitude

et de sa température moyenne mensuelle maximale.

les estimations des températures à l’échelle de chaque série sont extrapolées à partir des données thermiques

moyennes des stations d’Ain Draham pour les forêts entourant Ain Draham et el Feija et de la station de tabarka

pour les forêts entourantTabarka,Nefza et Sejnaneen adoptantungradient thermiquede0.4°Cpar100m

d’élévationenaltitude.Lesdonnéesthermiquesdebaseétantcellesrelativesàlapériode1960-1990

les précipitations mensuelles utilisées pour caractériser la situation initiale par unité d’aménagement étant celles

delapériode1960-1990desstationsdeTabarkaetunitésproches,delastationd’AinDrahametunitésproches

et de la station d’el Feija et unités proches .De la même manière les précipitations mensuelles par série forestière

ont été extrapolées à partir de ces 3 stations de base en fonction de l’altitude moyenne de chaque série et en

utilisant un gradient pluviométrique de 20 mm par 100 m d’altitude à partir des stations de référence (tabarka,

Ain Draham et el Feija) . sachant qu’une partie des précipitations n’atteigne jamais les horizons des sols, on

autilisé laprécipitationeficace (PE)déinie ainsipar laFAO :Pe= (0.8*P)-8 où P désigne la précipitation

mensuelle incidente.

Page 33: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

34

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Classementdesunitésd’aménagementdelasubéraieselonleurvulnérabilitéaustresshydriqueen2000(étatderéférence)

nonvulnérables22%desunités

Peuvulnérables68%desunités Moyennementvulnérables10%desunités

Trèsvulnérables

Ain Zana, Chihia III, Ain

DrahamII,III,IVetIX,Chihia

II et Fernana I

ouled Ali I II et III, Hamdia,

tabarka II III et Iv, Feija v, vI et

vIII, Fernana II, Ain Draham I, v,

VII,VIetX,MeknaI,II,IV,V,Feija

I, III et Iv, tegma I, II et III, Chihia

I, Amdoun I et II, Bizerte, oued

Zen I, II, III, Iv

Feija II, Feija vII, Mekna III,

Béja, tabarka I,

Aucune

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdudéicithydrique-Situationen2000

Page 34: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

35

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

analyse de la vulnérabIlIté de la subéraIe face au cc aux horIzons 2020 et 2050.

4.1. projection DeS variableS climatiqueS iDentifiéeS

la vulnérabilité de la subéraie face au CC est étudiée ici selon lesscénariosclimatiquesA2etB2 du modèle

HadCM3etleursprojectionsauxannées2020et2050.Les2scénariosprévoientdeshaussesdetempératureet

des baisses des précipitations.

Élévationsdestempératures(°C)moyennesannuellesdumodèleHadCM3(scénarioA2)àl’horizon2020(gauche)etàl’horizon2050(droite)parrapportàlapériodederéférence1960-1990.

Page 35: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

36

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Baisses (en%)desprécipitationsmoyennes annuellesdumodèleHadCM3 (scénarioA2) à l’horizon2020 (gauche) et à

l’horizon2050(droite)parrapportàlapériodederéférence1960-1990.

RécapitulationdesScénariosutiliséspourdéterminerlestresshydriqueédaphiquedelasubéraie

auxhorizons2020et2050.

Augmentation des températures moyennes parrapportàlapériodederéférence1960-1990

+0.8°C +0.9°C +1.8°C +1.6°C

Diminution des précipitations annuelles par rapportàlapériodederéférence1960-1990

-6% -4% -11% -8%

sur la base de ces scénarios on a recalculé le bilan hydrique mensuel des sols des différentes unités d’aménagement

etonadéterminépourchaquesérielapérioderelativedestresshydriqueauxhorizons2020et2050.

Page 36: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

37

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

les résultats de ces calculs sont récapitulés sur le tableau suivant :

Classementdesunitésd’aménagementdelasubéraieselonleurvulnérabilitéaustresshydriqueauxhorizonsde2020et

2050

Ain Draham Iv

Chihia II

Ain Zana

Chihia II, III

Ain Draham II, III, Iv,

VIII,IX

Fernana I

AinDrahamVIII,IX,X

2% des unités 21% des unités 0% 6%desunités

Ain Zana

Ain Draham vI, III, v

VII,IX,I,X,II,VIII

Chihia III, I

Amdoun I

Feija I, Iv

o Ali II, I, III

Feija v

Fernana II

Mekna v

tegma II, III,

Amdoun II

Bizerte

oued Zen I, II, III, Iv

Hamdia

tabarka II, III, Iv

Feija I, III, Iv, v, vI,

vII, vIII

Ain Draham I, v, vI,

VII,X,

Chihia I

Amdoun I, II

o Ali I, II, III

Fernana II

Mekna I, II, Iv, v

Bizerte

o Zen I, II, III, Iv

tegma I, II, III

Ain Zana

Chihia I, II, III

AinDrahamIV,IX,X

oued Zen II

tegma III

Fernana II

ouled Ali III

Chihia I, II

Ain Draham I, II, Iv,

v, vII

tegma II, III

ouled Ali III

Fernana II

oued Zen I, II, III

59%desunités 71% des unités 22%des unités 37% des unités

Feija III, II, vII, vIII

tabarka I, II, III, Iv

Feija vI

Hamdia

Mekna I, II, III, Iv

Béja

tegma 1

Fernana I

Feija II

Béja

tabarka I

Mekna III

Ain Draham I, II, III,

v, vI, vIII

Amdoun I, II

ouled Ali I, II

tegma II

Mekna v

Fernana I

oued Zen I, III, Iv

Feija I, II, III, Iv, v, vI

Feija vII, vIII

Hamdia

tabarka I, II, III Iv

Amdoun I, II

Béja

ouled Ali I, II

MeknaI, II, III, Iv, v

tegma I

Bizerte

Fernana I

oued Zen Iv

39% des unités 8%desunités 34% des unités 57%desunités

Feija I, II, III, Iv, v, vI,

vII, vIII

tabarka I, II, III, Iv

Hamdia

Béja

Mekna I, II, III, Iv

tegma 1

Bizerte

0% 0% 40% des unités 0%

Page 37: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

38

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdudéicithydrique

-Situationen2020-ScénarioB2

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdudéicithydrique

-Situationen2050-ScénarioB2

Page 38: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

39

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdudéicithydrique

-Situationen2020-ScénarioA2

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdudéicithydrique

-Situationen2050-ScénarioA2

Page 39: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

40

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

4.2. Définition DeS principaux riSqueS DirectS et inDirectS menaçant la Durabilité De l’écoSyStème et inDuitS par le cc.

Pour déinir ces risques on a regroupé les unités d’aménagement en classes homogènes de vulnérabilité en

combinant l’ensemble des facteurs :

1. De la vulnérabilité de la forêt au stress hydrique (notée 1, 2, 3 ou 4)

2. De l’état de vieillissement de ses peuplements (notée 1, 2, 3 ou 4)

3. De sa vulnérabilité à la pression pastorale (notée 1, 2, 3 ou 4)

4. De sa vulnérabilité aux feux (notée 1, 2, 3 ou 4)

5. Desesconditionsbiophysiques(notée1,2,3ou4)

Unindicecomposéede5chiffrescaractérisechaqueunitéoùchaquechiffreexprimeunenotede1à4attribuée

respectivement à chacun des facteurs cités ci haut permettait en premier lieu de distinguer la vulnérabilité

climatique basée sur le stress hydrique et de la seuiller selon 4 autres niveaux pondérés selon leur apparition de

gauche à droite sur l’indice (1 facteur climatique (stress hydrique), 2 état de vieillissement de la subéraie, 3 état de la

pressionpastorale,4étatdevulnérabilitéauxfeuxet5conditionsbiophysiquesmoyennesdel’unité).Lesfacteurs

1, 2 et 3 varient dans le temps (changement climatique, âge des peuplements, développement économique des

populationsrurales)etlesfacteurs4et5sontixesdansletempsparcequ’onn’apaspumodéliserladynamique

desfeuxenfonctionduclimatetdespressionshumainesetpourlefacteur5lesconditionsbiophysiques(sol,

pente, exposition) sont considérées stables dans le temps à part la perte de fertilité du sol non estimée dans cette

étude.

Chaque unité forestière a été notée sur cette base pour la situation de référence et pour les projections

2020et2050surlesscénariosA2etB2.

exemple: l’indice 4 4 4 4 4

veut dire :

• SubéraietrèsvulnérableauxCC.

• Trèsvieille(80%ouplusdesespeuplements

ontunâgede80à100ansouplus).

• Trèsfortechargepastoralebesoinsdesanimaux

> 2 fois la production pastorale.

• Trèsvulnérableauxfeuxoulerisqued’avoirunfeuannuel

sur 100 ha et plus est habituellement grand.

• Conditionsbiophysiquestrèsdéfavorables:ExpositionSud,

pente très forte, sols peu profond, de classe pédo-génétique défavorable à la subéraie.

un MoDele D’InDICe sYntHetIQue De vulneRABIlIte

Ces résultats sont exprimés sur les cartes suivantes :

Page 40: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

41

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêne liègevisàvisde l'indicateurclimatique-

Situationen2000

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdel'indicateurclimatique

-Situationen2020-ScénarioB2

Page 41: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

42

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdel'indicateurclimatique

-Situationen2020-ScénarioA2

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdel'indicateurclimatique

-Situationen2050-ScénarioB2

Page 42: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

43

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

4.3. evaluation DeS effetS Du cc Sur leS SubéraieS

Dans lebutd’évaluer leseffetsduchangementclimatiquesur lessubéraies,nousavons recalculé lesdéicits

hydriquesdesannéessurlesquellesonanotédesdépérissementslocalisésdanslasubéraie:1987-1988-1989et

1990aveclamêmeméthodequinousapermisdeclasserlesforêtsselonleursvulnérabilitéauxdéicitshydriques

.LesiteanalyséestceluideAinDrahamIoùonarecalculécesdéicitsdans2cas:solspeuprofondsavecseule-

ment25mmderéserveutiledanslesoletsolsmoyennementprofondsavec100mmderéservesutilesdansle

sol. les résultats de nos calculs sont résumés sur le tableau suivant :

Année Températuremaximale

(Moy/anen°C)

Précipitationannuelleen

mm.

eTP-P/anenmm

nombredemoissuccessifsà

bilaneneaudusolnégatif(Ru

100mm)

nombredemoissuccessifsàbilaneneaudusolnégatif(Ru25mm)

Stresshydriqueenjours(Ru100mm)

Stresshydriqueenjours

(Ru25mm)

1987 25.3 1551 -381 6 7 154 165

1988 26 1211 -855 7 7 170 182

1989 25.4 1186 -829 6 7 127 134

1990 25.5 1453 -599 7 7 196 210

Lalecturedesrésultatsdel’analysemontrequesursolsàréserveutilede100mm,les2années1988et1990sont

classéestrèsvulnérablesauxstresshydriquespourlasubéraieetsursolsàréserveutilesde25mmlesannées

1987,1988et1990sontclasséestrèsvulnérablesauxstresshydriquepourlasubéraieavecdansles2casune

périodede6à7moisdesolcomplètementàsec.

Cartedesniveauxdevulnérabilitédessériesforestièresàchêneliègevisàvisdel'indicateurclimatique

-Situationen2050-ScénarioA2

Page 43: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

44

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Surcettebaseetcomparativementàcettesituation,onconsidèrequedesstresscontinusdeplusde165jours

causeraient des dépérissements généralisés dans des conditions semblables. toutes les subéraies classées très

vulnérables au changement climatique pourraient probablement subir des dépérissements semblables à ceux

delapériode1987-1990aumoinspourlessubéraiesenconditionsbiophysiquesdéfavorablesenpremierlieuet

en second lieu sur celles considérées très vieilles. C’est sur cette base qu’on a repéré les subéraies pouvant subir

probablement un dépérissement généralisé.

Hors des situations classées très vulnérables nous considérons que les sites classées moyennement vulnérables

pourraient en cas de périodes sèches prolongées (augmentation continue et prolongée des températures et baisse

continue et prolongée des précipitations) basculer dans des conditions très vulnérables. les 2 scénarios A2 et B2

du modèle HadCM3 prévoient en Kroumirie 2 périodes de ce genre : 2019à2028et2045-2050 où on retrouve

cette situation de baisse continue des précipitations et d’augmentation continue des températures moyennes

annuelles. Durant ces 2 périodes la subéraie pourrait subir des dépérissements sur les sites considérés moyen-

nement vulnérables au stress hydrique. Ces dépérissements pourraient occasionner des dégâts à chaque fois sur

20% des individus composant les subéraies au moins similaires aux dégâts subis lors des dépérissements de la

période1987-1990.C’estsurcettebasequelesdégâtsseraientestimés:Mortalitéde100.000arbresdont50%

répartissurlesforêtsd’ElFeijaetOuledAliet50%surlerestedesforêts.Pourestimerlessupericieséquivalentes

perdues on a considéré que la densité moyenne d’un hectare de subéraie est de 300 tiges.

etaten2020ScénarioA2etB2Aucune forêt n’est classée très vulnérable au CC dans le scénario A2. Par contre 17 unités forestières sont classées

moyennement vulnérables. sur ces 17 unités forestières il est possible de classer 3 d’entre-elles pouvant basculer

dans la classe très vulnérable à cause de leurs conditions biophysiques défavorables : Feija vI, Feija vII et tabarka

Iv ou à cause de leur vieillissement : Feija II.

le scénario B2 ne place aucune forêt dans une situation de vulnérabilité.

vu qu’aucune période sèche prolongée n’est prévue aucun dépérissement partiel ou généralisé n’est prévisible (la

périodesècheprobableprévisibleentre2018et2026nedonneraitseseffetsqu’après1920saufsionramèneses

résultatsprévisiblesde2026à2020).

etaten2050ScénarioA2Entre2020et20502périodessèchesprolongéessontprévisibles:2018à2026et2045à2050.20forêtssont

classées très vulnérables dont 10 dans des situations biophysiques défavorables et qui peuvent subir des dépéris-

sementsgénéralisésen2050après2dépérissementspartielavantcettedate:FeijaI,II,IV,VetVIetVII,Hamdia,

Mekna I, tabarka I, II et Iv.

seulement 2 dépérissements partiels à cause de conditions biophysiques défavorables : forêts de Béja et tabarka

III.

Des forêts classées moyennement vulnérables mais sur conditions biophysiques défavorables ou vieillissement

avancé et qui pourraient subir aussi 2 dépérissements partiels sont : ouled Ali I et II, Ain Draham III, v, vI, vII et

vIII, Amdoun I et Mekna v.

etaten2050ScénarioB2Dans ce scénario aucune forêt n’est classée très vulnérable donc aucun dépérissement généralisé n’est prévisible.

27 forêts sont considérées moyennement vulnérables dont 17 dans des conditions biophysiques défavorables ou

très vieillies et qui pourraient subir 2 dépérissements partiels suite aux 2 longues périodes sèches signalées : Feija

I, II, Iv, v, vI et vII, ouled Ali I et II, Hamdia, Mekna I et v, Amdoun I, forêts de Béja, et tabarka I, II, III et Iv.

Page 44: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

45

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

analyse de la valeur économIque des dIfférentsbIens et servIces de l’écosystème

Le changement climatique affecte le dépérissement de la subéraie, sa capacité à fournir des produits, à

séquestrer du carbone, la disponibilité et la qualité de l’eau, le contrôle de l’érosion du sol aussi bien que

la diversité de l’écosystème avec le risque de disparition de certaines espèces endémiques et les risques

accrus des feux incontrôlés, d’attaques de ravageurs et de maladies. Cette perte de biens et services va avoir des

répercussions sur l’économie nationale et le bien être de la population en général. Ce travail a pour objectifs de

montrer l’importance de la valeur économique des biens et services rendus par la subéraie, et d’apprécier la valeur

économique potentiellement perdue des différents biens et services sous l’effet du changement climatique.

Laméthodedetravailconsisted’abordàidentiierlesbiensetservicesdelasubéraie.L’approcheutilisée,adoptée

par le Millenium ecosystem Assessmenten2005,déinitlesbiensetservicesentantqu’avantagesprocurésaux

individus (bien être humain) et les distingue en quatre catégories : services d’approvisionnement, services de

régulation, services culturels et services de soutien. ensuite, la valeur économique des biens et services est estimée

pourl’année2005enutilisantdesapprochesd’évaluationbaséessurleprixdemarché,leprixdesproduitsde

substitution, lafonctiondeproductionetlescoûts.Enin,lavaleuréconomiqueperduesousl’effetduCCest

estimée selon les données disponibles en matière de perte de production des biens et services aux horizons 2020

et2050enutilisantdiversesméthodesd’évaluation.

Lavaleurdesbiensetservicesestestiméeà24,439millionsDTen2005.Cettevaleurestcomposéeprincipalement

delavaleurduliège(24,9%),lefourrage(31,3%),laséquestrationducarbone(16%),lebois(9,9%),laréductionde

lasédimentationdesbarrages(7,2%)etlesautresproduitsforestiersnonligneux(6%).L’analysedelavulnérabilité

del’écosystèmechêneliègeauCCmenéeparlaGIZamontréqu’iln’yauraitpasdepertesensupericieen2020.

Parcontre,ilyauraitunepertepardépérissementen2050d’unesupericiede1196haselonlescénarioB2,etde

18369haselonlescénarioA2.

Enutilisantcesdonnées,lescoûtsdesdommagesactualisésen2011sontestimésà2,475millionsDTselonle

scénario B2 (en utilisant un taux d’actualisation de 2%), soit une réduction de la valeur de la production cumulée

surlapériode2010-2050de0,4%,etde38,021millionsDTselonlescénarioA2,soituneréductiondelavaleurde

laproductioncumuléesurlapériode2010-2050de5,6%.Cespertessontcomposéesprincipalementdesvaleurs

duliège(43%),desémissionsdecarbone(24%),dubois(15%)etdesressourceseneau(11%).

l’application des approches économiques suppose la disponibilité d’informations précises sur l’effet du

changementclimatiquesur ladégradation/ l’améliorationdesbiensetservices,etd’unedéinitionclairedes

relations entre les aspects biophysiques et socio-économiques. Ainsi, de meilleures connaissances sur le CC et la

vulnérabilitédesécosystèmespermettrontd’afinercetyped’évaluationéconomique.

Page 45: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

46

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

5.1. iDentification DeS DifférentS bienS et ServiceS De l’écoSyStème

les écosystèmes procurent de nombreux biens et services contribuant au bien être humain. les services sont

considérés à travers leur soutien ou protection des activités humaines de production ou consommation, ou leur

affectation du bien-être en général. l’evaluation des écosystèmes pour le Millénaireadéinitquatre catégories

de biens et services selon les avantages procurés au bien être humain. les biens et services de l’écosystème chêne

liègeontétéainsiidentiiésenutilisantcetteclassiicationetletypedebénéiciaire.Lapertedesbiensetservices

del’écosystèmesousl’effetduCCpeutaffecterdifféremmentlesbénéiciaires.

-Servicesd’approvisionnement:produitsissusdesécosystèmes

gouvernement : liège, champignons, myrte, bois de feu des forêts, chasse. Ces services procurent des revenus

auxacteursdesilièresconcernées,àl’exportation,etcontribuentaubien-êtredeschasseursetprocurentdes

recettes touristiques.

usagers des forêts : fourrages, glands, bois de feu du maquis, escargots, pollen, autres plantes aromatiques et

médicinales (PAM). Ces services procurent des revenus aux éleveurs et aux apiculteurs. le bois de feu est utilisé

comme source d’énergie pour la préparation du pain et la cuisson, les PAM sont utilisées notamment pour les

soins traditionnels.

-Servicesderégulationissusdelarégulationdesprocessusdesécosystèmes

Communauté nationale : la conservation des sols et la régulation des eaux contribuent à la réduction de la

sédimentationdesbarragesetàlaprotectiondelaproductionagricoledesterresenaval;

Communauté globale : la séquestration du carbone contribue à la régulation du climat et à l’atténuation des

effets néfastes du CC.

-Servicesculturels:Cesontlesbénéicesimmatérielsissusdesécosystèmes

Communauté nationale : la qualité du paysage, les cultures et les traditions permettent d’établir des bonnes

relations sociales, et constituent des opportunités d’extérioriser les valeurs récréatives, culturelles et spirituelles

contribuant aux loisirs, à la réduction des dépenses de santé liées aux activités physiques.

- Services de soutien : ce sont les services nécessaires à l’octroi de tous les autres services fournis par les

écosystèmes

Communauté nationale et globale : Ce sont les services permettant la conservation des espèces, habitats et

écosystèmes qui contribuent au maintien des autres services tels que la conservation de la biodiversité (connue

et inconnue) et des habitats.

5.2. méthoDeS D’évaluation DeS bienS et ServiceS De l’écoSyStème chêne liège

en terme économique, la valeur économique d’une unité d’un bien se mesure par la disposition à payer des

individus (la société en général) pour cette unité, même s’ils n’en font aucun usage. Alors que les biens marchands

sont évalués selon le prix de marché, plusieurs méthodes ont été développées pour l’évaluation des services non

marchands.

les valeurs de production de liège, de récolte et de collecte bois, de collecte de champignons et d’escargots, et de

récolte des brindilles de myrte ont été évaluées selon le prix de marché (adjudications publiques), la valeur du miel

est estimée selon le prix de marché (région de Ain Draham), les valeurs des productions fourragère et de glands

de chêne liège sont estimées à partir du prix des produits de substitution (foin) à 0,2 Dt l’unité fourragère (uF). la

valeur de la chasse est estimée à partir de la valeur des licences et taxe d’abattage.

Page 46: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

47

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

la conservation des bassins versants a été estimée à travers son effet sur la réduction de la sédimentation des

barrages.EnseréférantautauxdesédimentationannuelobservédanslesbarragesdelarégiondeJendouba(8

m3/ha/an;DGBTH,2005),undifférentieldetauxdesédimentationde10,7m3/haetparanentreuncouvert

non forestier et forestier est obtenu, il est attribué aux services rendus à la forêt de chêne liège. Il en découle que

laforêtauraitcontribuéàréduirelasédimentationde967.526m3 par an, ce qui correspond à une perte évitée de

disponibilité en eaux pour l’irrigation actuelle et future (durant les années de sècheresse sur une période de 40

ans).Lavaleurdel’eauestestiméeàsoncoûtd’opportunité,soit0,2DTm3(MARH,2005).Lavaleurducarbone

est estimée sur la base du prix international de 4 $ par tonne de Co2 (Banque mondiale). les accroissements en

biomasse de la forêt de chêne liège et du maquis observés dans la région de Ain snoussi (sebai, 2009) ont été

utiliséspourestimerlaquantitédecarboneixée.

Lavaleurrécréativeestestiméeparlaméthodedetransfertdesbénéices.Lavaleurparvisiteobtenuepourle

parcIchkeul(4,5DTparvisiteen1994)aétéutiliséeetactualisée.Lavaleurdesbénéicesliésàlaconservation

delabiodiversitéestsupposéeaumoinségaleaucoûtdesmesurespréventivesetaumanqueàgagnerpoursa

conservation. la forêt de chêne liège (2900 ha) du parc el-Feija n’est pas exploitée, ce qui induit un manque à

gagner en termes de production annuelle de liège, fourrages, glands, bois, champignons, chasse, escargots et

myrte.

5.3. eStimation De la valeur économique De l’écoSyStème chêne liège en 2005

Lavaleurtotaledesbénéicesliésauxservicesd’approvisionnementestestiméeà18,159millionsDTen2005,soit

200,8DT/haenmoyennesurlabased’unesupericiede90423hadeforêtdechêneliègeetunedensitémoyenne

de345arbresparha(DGF,IFN,2005).Lefourrage(84,7DT/ha)estleprincipalbénéicesuiviparleliège(67,4

DT/ha).Leboisdefeu,lesglandsetlesautresPFNLreprésententlerestedesbénéices.Encequiconcernela

distributiondesbénéicesprivés,l’Etatbénéiciede40,3%alorsquelapopulationlocaleproitedureste,59,7%.

Lavaleurdeconservationdesbassinsversantsaétéestiméeà1,764millionDT,sur labasedesobservations

effectuéesdesannéessèchesdurantlapériode1980-2005etd’untauxd’actualisationde2%.Lavaleurrelative

àlaixationdecarboneaétéestiméeà3,915millionsDT,aprèsavoirévaluélaquantitédecarboneà205323t

(sebai). la valeur liée à la conservation des sols contre l’érosion n’a pas pu être estimée. la valeur liée aux servies

culturelsestestiméeà18800DTenseréférantaunombredevisitesauparcElFeija(3000visitesparan;CRDA

Jendouba) pour des activités récréatives. le.

Lavaleurdesbénéicesliésàlaconservation

de la biodiversité est estimée quant à lui à

443500DTparan.

Il en découle que la valeur des bénéices

de la forêt de chêne liège est estimée à

24,439 millions Dt, composée de services

d’approvisionnement (74,3%), de services

de régulation (23,3%), de services culturels

(0,1%) et de services de soutien (2,4%) (cf.

Figure1).Lesbénéiciairessontlapopulation

locale (44,4%), l’etat (29,9%) et à la société

tunisienne et la communauté internationale

engénéral(25,7%).

Conservation 2,4%

Récréation 0,1%Réduction de la sédimentation 7,2%

Séquestration du carbone 16,0%

Chasse 1,1%

Autres PFNL 7,0%

Bois 9,9%Fourrages 31,3%

Liège 24,9%

figure1:Répartitiondesbénéicesestimésdel’écosystèmechêneliègeen2005Biensetservices

Page 47: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

48

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

5.4. evaluation De la perte en valeur économique DeS DifférentS bienS et ServiceS De l’écoSyStème SouS l’effet Du cc en 2020 et 2050.

selon l’analyse de la vulnérabilité de l’écosystème chêne liège au CC, les pertes sont exprimées en termes de

supericieen2020et2050selonlesdeuxscénariosB2etA2.Iln’yauraitpasdepertesprévuesselonlesdeux

scénariosen2020,parcontre,lespertespardépérissementseraientde1196haselonlescénarioB2,etde18369

haselonlescénarioA2en2050.

5.5. méthoDeS D’évaluation DeS perteS DeS bienS et ServiceS SouS l’effet Du cc

Deuxméthodessontutiliséespourl’évaluationdescoûtsdedégradationdesforêtsdechêneliège:

- Laméthodedescoûtsdedommages(1):pertesdeproductiondeliège,deboisetdeglands,sédimentation

des réservoirs, émissions de carbone. Ces pertes sont considérées pour l’année en cours ainsi que dans le futur

(période de 40 ans), et sont actualisées à un taux de 2%. elles sont distribuées selon les acteurs : gouvernement,

population locale et communauté nationale et internationale.

- Laméthodedescoûtsderemplacement(2).Lescoûtsderestaurationconstituentunebased’évaluationdes

dommagesréalisés.Ensebasantsurlescoûtsdeplantationetautresactivitésliéesàlaconduitedepeuplement

de chêne liège (clôture, regarnis, gardiennage, binage, entretien, éclaircie, élagage, création et entretien de

parefeux),lecoûtderestaurationparhaseraitde4011DTen2005,enutilisantuntauxd’actualisationde2%

pouruncycledeproductionde138ans.

Cette étude a retenu un taux d’actualisation de 2%. l’application d’un tel taux d’actualisation faible tient compte de

la croissance relative de la valeur des services environnementaux. en effet, la valeur des biens de l’environnement

peut s’accroître plus rapidement que le revenu car les préférences de la société pour l’environnement augmentent

avec l’amélioration du niveau de vie et que certaines ressources sont épuisables (eau, espèces, écosystèmes).

5.6. evaluation De la perte en valeur économique

Entermeéconomique,lespertessontconcentréesen2050(cf.FigureIII-1).Lavaleuractualisée(2005)despertes

seraitde2,475millionsDTselonlescénarioB2,alorsqu’elleseraitde38,021millionsDTselonlescénarioA2.

Ellecorrespondàuneréductiondelavaleurdelaproductioncumulée2010-2050de0,4%selonlescénarioB2

etde5,6%selonlescénarioA2.Lescoûtsderemplacement,estimésaussisurlabased’untauxd’actualisation

de 2%, sont légèrement moins élevés : soit 1,

968millionsDTpourlescénarioB2et30,222

millions Dt pour le scénario A2. on peut ainsi

déduire une marge d’incertitude assez forte

surleseffetsduCC,etquelapertesigniicative

risque de se manifester dans un horizon un

peulointain,en2050.

figure2:valeurdespertesduesauCCselonles

scénariosA2etB2comparéesauxbénéicesdes

biensetservicessanseffetCC

(prixréels-millionsDT)

-100

-80

-60

-40

-20

0

20

40

Pertes dues au CC (scénario B2)

Pertes dues au CC (scénario A2)

Bénéfices annuels sans CC

205020202005

Page 48: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

49

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Ces pertes sont composées principalement des valeurs du liège (42, 9%), des émissions de carbone (23, 9%), du bois

(14,8%)etdesressourceseneau(10,8%)(cf.Figure3).Ainsi,environuntiersdelavaleurdecespertesestattribué

aucoûtdesservicesenvironnementaux.Parailleurs,lespertessontsubiesenpremierlieuparl’Etat,propriétaire

desforêts,àhauteurde57,7%,lapopulationlocaleavecuneproportionde7,5%,lasociététunisienneengénéral

(10,8%)etlacommunautéinternationale(23,9%).

figure3:Importancerelativedesbienset

servicesdel’écosystèmechêneliègequi

risquentd’êtreperdussousl’effetduCC

en2020eten2050Part(%)

Ces coûts attendus des effets du CC

devraient être comparés avec des scénarios

d’adaptation dans le cadre dans une analyse

coût- avantages. Les effets de distribution

devraient être également pris en compte.

5.7. concluSion

Cette étude a contribué à montrer les risques des dommages dus au CC pour l’écosystème chêne liège. en

plus de son apport pédagogique et de sensibilisation, cette étude pourra être utilisée en tant qu’instrument de

négociation budgétaire pour l’administration forestière auprès des décideurs politiques.

Lafaiblesupericierisquantd’êtreperdueen2020selonlesdeuxscénariosduCCd’unepart,etlagrandemarge

d’incertitudesurlespertesen2050d’autrepart,conduitàprivilégierdessolutionsd’adaptationdenonregretqui

seraient peu couteuses mais pourront avoir des impacts positifs à long terme. la principale mesure d’adaptation

proposée(SystèmeDehesaavecuntauxderecouvrementde25%,améliorationpastoralesurunepériodede40

ans) s’avère rentable à un taux d’actualisation inférieur ou égal à 7%. toutefois, si cette intervention serait conduite

immédiatement,elleentraîneraitungainpourlapopulationlocale(Bénéicenetactualisésur40ans:2603DT/ha,

tauxd’actualisation:7%),maisdespertespourlegouvernement(-2095DT/ha)etlacommunautéglobale(-485

DT/ha).Globalement,lapérioded’interventionn’apasd’effetsigniicatifsurlarentabilitééconomique.Eneffet,

lafaiblesupericierisquantd’êtreperdueàmoyentermeselonlesdeuxscénariosd’unepart,etlaconcentration

despertesen2050selonlescénarioA2d’autrepart,permetdeplaniiercetteinterventionpourlespeuplements

faisant l’objet de dépérissement ou les plus vulnérables en fonction des besoins en ressources fourragères.

Cetteévaluationautilisélestravauxscientiiqueslesplusrécents.Toutefois,lesestimationseffectuéesainsiqueles

hypothèsesdetravailméritentd’êtrevériiéessurtoutencequiconcerneleseffetsduCCsurl’écosystèmeentermes

physiques et biologiques, ainsi que de leurs conséquences en termes de pertes de services d’approvisionnement

etderégulationetdebiodiversité.Aind’avoiruneévaluationprécisedel’importanceéconomiquedesservices

environnementaux,desquantiicationsdevraientêtrefaitessurl’impactdelasubéraiesurlesressourceseneau,

laréductiondel’érosiondesterres,lasédimentationdesréservoirs, laquantitédecarboneixéannuellement.

Aussi, cette étude n’a pas pris en compte la valeur intrinsèque ou patrimoniale et la valeur liée au maintien sur

placedelapopulationlocale.Eneffet,lecoûtsocialdelamigrationpeutêtreassezélevésetraduisantsouvent

par l’augmentation du chômage dans les cités urbaines. Ceci peut se faire dans le cadre d’un programme de

recherche à long terme par les institutions de recherche à l’échelle nationale et en région méditerranéenne.

Emissions de carbone 23,9%

Sédimentation 10,8%

Glands 7,5%

Bois 14,8%

Liège 42,9%

Page 49: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

51

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

analyse de la pertInencedes stratégIes, programmes, projets etpratIques d’aménagementet de gestIon actuelle enrapport avec les rIsqueslIés au cc

Dans ce cadre il faut mentionner qu’aucune stratégie, programme ou projet n’était orienté directement ou

indirectement vers l’adaptation des écosystèmes forestiers au changement climatique ou l’atténuation

de son effet. seule l’étude stratégique sur le changement climatique et ses effets sur l’agriculture

tunisienne, l’eau et les écosystèmes a traité cette question dans une phase de diagnostic et de recommandations

générales stratégiques. les points clef retenus de cette stratégie peuvent être résumés comme suit :

• Dimension institutionnelle :réhabiliterlacapacitéderésiliencedesécosystèmesenrenforçantlesprogrammes

forestiers et en tenant compte des parcours naturels.

• lien avec l’économie de l’aménagement du territoire : placer en plus de la valeur directe des produits des forêts

et des autres écosystèmes, une valeur économique sur les fonctions climatiques régulatrices des écosystèmes

(conservation de l’eau, recharge des aquifères, protection des sols, atténuation des impacts en cas de fortes

pluies et d’inondation, protection des barrages contre l’envasement…).

• lien avec l’agriculture et la société : encourager les agriculteurs à préserver et entretenir les services fournis

parlesécosystèmes.Déiniràl’échellenationalelesservicesrequisdanslecadredelapolitiqueagricole.

Aucune stratégie ou action d’envergure n’a été prise jusqu’à maintenant pour répondre à ces orientations. Du

point de vue technique on continue de traiter les écosystèmes forestiers avec les mêmes méthodes classiques

avec souvent des variantes qui tentent de faire participer les populations forestières dans les prises des décisions

sans aucun appui juridique nouveau. les institutions spécialisées dans la gestion forestière manquent de plus

enplusdemoyenshumains,matérielsetinanciers.Lesprogrammesforestiersplaniiésnesontréalisésleplus

souvent que partiellement. une stratégie de développement durable de la subéraie a été préparée, bien qu’elle

avait négligé le problème d’adaptation au changement climatique, elle a proposé des orientations stratégiques

et des actions pour la réhabiliter, la réaménager et améliorer les conditions de vie des populations forestières.

Page 50: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

52

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

6.1. analySe DeS pratiqueS De Sylviculture et D’aménagement De la Subéraie

A ce stade, ni les divisions en unités d’aménagement, ni les classements de ces unités selon leurs fonctions

principales, ne tiennent compte de l’effet du changement climatique sur ces forêts. les retards accumulés dans

les révisions des anciens aménagements ont limité l’action des forestiers sur les peuplements même pour les

interventions courantes à effet sanitaire ou d’amélioration des peuplements.

les méthodes d’aménagement n’ont pas donné satisfaction en considérant leurs résultats sur le maintien de la

subéraie, son rajeunissement et l’amélioration de sa productivité. Il serait essentiel dans l’avenir de revoir ces

techniquesd’aménagementetd’y intégrer le forçageclimatiquecommeunfacteurprincipal lorsduchoixde

lafonctionprincipaledelaforêtaind’yadapterlesinterventionsnécessairespours’yadapterouatténuerses

effets.

la sylviculture appliquée au sein de la subéraie n’a pu qu’assainir les peuplements forestiers sans pour autant

réussir à les rajeunir. la perte de temps accumulée depuis les années soixante sur cette action de rajeunissement

nous offre actuellement des subéraies à capital réduit et composées par une majorité de peuplements vieillis très

sensibles et peu productifs et donc très vulnérables.

Lesrégénérationsn’étaientobtenuesqueparvoieasexuéelorsdesrecépagesforcésdesarbresbrûlésn’ayant

pas dépassé leur capacité vitale d’émettre des rejets. les peuplements vieux, ayant perdu cette capacité de

rejeter, sont transformés souvent en maquis arborés ou non arborés dont certains avaient été substitués par des

plantations résineuses ou d’eucalyptus.

Leforçageclimatiqueactuelimposeauxpeuplementsdesconditionsclimatiquessouventplusdificilesquine

faciliteraient ni les conditions de maintien, ni de rajeunissement ni d’amélioration de leurs productivités.

Lesdificultésderéintroductionparplantationousemisduchêneliège,safaiblecroissancejuvénileetlafaible

valeur monétaire du liège pendant la période des premiers aménagements avaient orienté la sylviculture de la

période1960-1990verslatransformationparsubstitutionenpartiedelasubéraieparl’introductiond’exotiques

à croissance rapide et à installation relativement facile. Ces substitutions avaient permis de maintenir une

occupation forestière correcte dans les subéraies dégradées et évité une dégradation possible des sols ou même

leurs pertes par l’effet de l’érosion. la reconstitution des subéraies dégradées par des résineux à croissance rapide

a contribué à séquestrer plus de carbone que dans les formations de dégradation issues de la subéraie mais a

potentiellement augmenté les risques de propagation des feux et leurs fréquences.

Actuellement toutes les subéraies sont destinées principalement à produire du liège de reproduction et par

conséquent sont traitées par les mêmes techniques sans aucune adaptation propre en relation avec leurs

conditions biophysiques ou bioclimatiques. Aucune fonction adaptée n’est relevée dans les consignes des

aménagements passés et actuels de la subéraie.

la durée de renouvellement des peuplements doit théoriquement coïncider avec la limite de vitalité des arbres

en compatibilité avec la production de liège de reproduction de bonne qualité. Cette limite aussi ne doit pas

dépasser la capacité des arbres de se reproduire si on compte sur la régénération naturelle des peuplements. A

lapremièrelimiteonconçoitactuellementquel’arbrenedoitpasêtredéliégéplusqueseptfois.Danslechoix

de cette durée de renouvellement ou en d’autres termes de l’exploitabilité on remarque que toute la subéraie est

traitée de la même manière sans aucune particularité tenant compte des fertilités des stations. le climat actuel ou

futurn’avaitjamaisconstituéunebased’analyseintégréedanslaixationdutermed’exploitabilitédessubéraies

qui pourrait changer selon les fertilités des stations et selon leurs vulnérabilités au facteur climatique.

Page 51: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

53

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

la méthode de régénération naturelle par des coupes progressives a été adoptée pour renouveler la subéraie

tunisienne. A cause de l’échec constaté de la régénération naturelle de la subéraie, le réchauffement climatique

actuel et futur rend les conditions naturelles d’installation du semis plus aléatoires. Des techniques plus adaptées

devraient être recherchées pour faciliter le rajeunissement naturel partiel de la subéraie.

l’échec des régénérations naturelles qu’on attribuait surtout à des causes anthtropozoogènes mais aussi à

d’autres aléas et prédations incontrôlables sur la période de 24 ans réservée à la régénération a poussé les services

forestiersàs’orienterverslesrégénérationsartiiciellesparsemisouparplantation.

Lerecoursactuelauxplantationsartiiciellespourrégénérerlessubéraiesdoitêtreorientéactuellementversune

sélectionpluspousséedespeuplementsproducteursdeglandsaindeconstituerainsidesvergersàgrainespar

région forestière et traiter ces vergers pour qu’ils puissent produire le maximum de glands.

le rajeunissement de 2000 ha par an au moins de subéraies productives, la réhabilitation des subéraies dégradées

et la transformation progressive des subéraies substituées vont constituer dans l’avenir l’ossature du programme

de rénovationde la subéraieTunisienne.Avec le forçageclimatiqueactueletprévisible il seraitpeuprobable

que des réussites majeures soient obtenues dans cette action sans aucune innovation et sans aucune adaptation

technique aux conditions de vulnérabilité climatique de la subéraie.

Entrelanaissancedelasubéraieetsonrenouvellementnaturelouartiicieldesopérationssylvicolespermettant

d’améliorer la qualité des peuplements sont prévues. Il serait plus logique dans l’avenir d’adapter l’intensité

des éclaircies aux conditions de vulnérabilité au stress hydrique des subéraies et aux conditions de fertilité des

stations subéricoles et d’y adapter les prélèvements aux conditions de vulnérabilité ou de fertilité des stations.

les techniques de la subériculture presque standardisées pour des peuplements différents doivent s’adapter aux

spéciicitésdespeuplementsetdesconditionsfuturesprévisiblesdessubéraies.Ilseraitintéressantd’édicterdes

règlesspéciiquesparniveaudevulnérabilitédelasubéraieauchangementclimatique.

6.2. analySe De la Stratégie actuelle De Développement De la Subéraie

Enrapportaveclesélémentsdediagnosticdelasituationetconformémentàune«approchedeplaniicationpar

objectif », le « Programme de développement durable de la subéraie » (DgF et FAo, 207) est sérié en trois 3 sous

programmes et une composante transversale.

sous programme 1 > Développement intégré et gestion des subéraies à fort potentiel

sous programme 2 > Réhabilitation et développement sylvicole et pastoral des zones à subéraies dégradées

sous programme 3 > Aménagement sylvo-pastoral et développement de l’élevage dans les zones marginales de la subéraie

Composante transversale > Appui institutionnel pour le développement des capacités nationales

Dans cette stratégie, le problème des changements climatiques et leurs effets sur la subéraie tunisienne n’étaient

pas abordés directement dans les quatre sous programmes. Il est par contre vrai que certains objectifs et résultats

prévus pourraient contribuer à atténuer les effets des changements ou sont considérés comme pouvant adapter

la subéraie à leurs effets :

l’objectif « Contribution au développement de la tunisie à travers le développement et la gestion durable de ses

subéraies » doit conduire vers une adaptation générale prônant la gestion durable de la subéraie qui normalement

est l’équivalent d’un processus qui doit respecter l’ensemble des critères suivants :

Page 52: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

54

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

1. Conservation de la diversité biologique de la subéraie

2. Maintien et amélioration de l’état et de la productivité de l’écosystème subéraie

3. Conservation des sols et de l’eau dans la subéraie

4. Maintien de l’apport de l’écosystème subéraie aux grands cycles biologiques

5. Maintiendesavantagessocio-économiquesmultiplesquelasubéraieprocureàlasociété

6. Prise en compte des valeurs et des besoins exprimés par les populations concernées dans les choix de

développement

la stratégie de développement durable de la subéraie telle qu’elle est présentée répond en partie aux critères 2,

4,5et6:Laréhabilitationdelasubéraie,l’améliorationdesonétatetdesaproductivitéainsiquelemaintiende

l’apport de la subéraie aux cycles biologiques sont indirectement des mesures qui pourraient atténuer les effets

des changements climatiques. la prise en compte des besoins des populations et le maintien des avantages

économiques multiples sont aussi considérées comme des adaptations aux facteurs d’adversités pour accroître sa

résistanceauforçageduclimatetdiminuersavulnérabilité.

les objectifs intermédiaires de la stratégie sont les suivants:

1. Rajeunissement de la subéraie pour son développement durable

2. Recolonisationprogressivedessupericiesenrésinéesdanslasubéraie

3. Protection et valorisation de la biodiversité de l’écosystème de la subéraie

4. Protection et valorisation de la biodiversité de l’écosystème de la subéraie et des parcours pastoraux

5. Améliorationdelasituationsocioéconomiquedespopulationslocales

le rajeunissement, la recolonisation, la protection et la valorisation de la biodiversité à l’intérieur de la subéraie

sont aussi des mesures d’atténuation et d’adaptation de la subéraie au changement climatique. les subéraies

rajeunies et bien protégées sont plus adaptées aux adversités de toutes sortes que les subéraies vieilles et mal

protégées.

Dans les résultats escomptés on retrouve les prévisions suivantes :

1. Préventioneficacecontrelesincendiesetautresfacteursdedépérissementdelaforêtassuréeauniveaude

la subéraie

2. Capacité technique et opérationnelle d’intervention rapide améliorée pour lutter contre les incendies de

forêts et les autres facteurs de dépérissement de la subéraie

3. Environ22500hectaresdesubéraiedégradée(decouvertcomprisentre10et50%)réhabilitésen15anspar

le reboisement à travers la plantation de chêne liège de faible densité

4. Exploitationde lasubéraiediversiiéeetquantitativementaméliorée (aumoins,doublementdesquantités

produites de liège et de PFnl

5. Capacité technique et opérationnelle d’intervention rapide améliorée pour lutter contre les incendies de

forêts et les autres facteurs de dépérissement de la subéraie

6. Micro entreprises locales et activités génératrices de revenus encouragées à travers des mécanismes de

inancementetd’appuiappropriés

7. un « Centre technique du liège et des produits de la subéraie » institué et fonctionnel, en complémentarité

avec les autres structures de recherches/Développement)

8. Recherchessurlasubéraiedéveloppéesetrésultatsderecherchesvulgarisés.

sur la base de ces différents résultats escomptés on pourrait avancer que la subéraie serait plus adaptée au

changement climatique et pourrait atténuer leurs effets. Il serait plus intéressant d’ajouter à ces quatre

composantes du programme une cinquième composante transversale ayant pour objectif principal « l’adaptation

de la subéraie au changement climatique » par des actions directes à travers des techniques adaptées aux

différents niveaux de vulnérabilité de la subéraie.

Page 53: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

55

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

6.3. analySe De la capacité inStitutionnelle De l’aDminiStration foreStière

les capacités institutionnelles de l’administration forestière qui s’occupe de la subéraie sont actuellement très

limitéesdupointdevuecapacitédegestionadaptéeauxproblèmesspéciiquesdelasubéraiedontceuxrelatifs

à l’adaptation au changement climatique.

la recherche forestière travaille actuellement sur des problèmes relatifs au changement climatique mais sur des

programmes très limités et éparpillés.

la formation forestière, bien qu’elle commence à s’occuper au niveau de la recherche, de ces problèmes relatifs au

changement climatique et ses relations avec les écosystèmes forestiers, n’a pas encore développé dans ses cursus

des programmes orientés vers ce sujet.

Page 54: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

57

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

orIentatIons stratégIqueset mesures d’adaptatIon pour augmenter la résIlIence de l’écosystème face au cc

7.1. propoSitionS D’orientationS StratégiqueS en vue D’améliorer l’élaboration DeS StratégieS, DeS programmeS et projetS D’aménagement et De geStion DeS écoSyStèmeS

la stratégie nationale de développement durable de la subéraie n’a pas étudié la question des effets du

changement climatique mais a proposé dans ses programmes des activités pour diminuer les risques des feux des

forêts, de récolte de biomasse et de taille de branches de chêne et des activités destinés à améliorer l’entretien

et le rajeunissement de la subéraie. la normalisation des activités et le respect d’un code de bonnes pratiques

sylvicoles dans la subéraie doit assurer la durabilité du système.

Ces activités ont été appuyées par l’amélioration des autres produits de la subéraie : les parcours forestiers et les

PFnl. Des améliorations des capacités de l’administration, de la recherche forestière et des populations locales

sont aussi prévues pour une meilleure durabilité du système subéricole tunisien.

nous pensons que cette stratégie, bien appliquée, pourrait réhabiliter les fonctions de la subéraie tunisienne si on

tient compte aussi de sa vulnérabilité due au changement climatique. une composante transversale ayant pour

objectif l’adaptation de la subéraie au changement climatique doit accompagner cette stratégie.

7.2. propoSition De meSureS D’aDaptation concrèteS pour augmenter la réSilience De l’écoSyStème face au cc.

Pourtraiterlesmesuresprobablesd’adaptationonapréférétravaillersurlescénarioA2de2050soitlescénario

le plus pessimiste.

Ce scénario prévoit que 41000 ha de subéraie seraient classées très vulnérables au changement climatique sur la

basedudéicithydriqueauniveaudusol.Lamoitiédecettesupericie(18000ha)risqueundépérissementtotal

suiteàdespériodeslonguesdesécheressesur4ou5annéessurlesstationslesplusvieillesetdansdesconditions

anthropiques et biophysiques très défavorables.

si on considère les risques sur les 41000 ha il est possible de distinguer trois catégories principales de subéraie sur

la base de l’écologie de cet écosystème :

Page 55: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

58

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

forêtstrèsvulnérablesauchangementclimatiqueetorientationsdeleursaménagementsen2050selonlescénarioA2

SérieouforêtsSupericiesenha

ClassedesubéraieSelonlaprésenceduchênezeen

Productivitédeliègeenq/ha/an

Productionmoyenneannuelledeliègeenq

Orientationsd’adaptation

Feija II 680 1 0.3 475 Possibilités de migration assistée de la subéraie vers la Zeenaie et transformation en Déhésa sur 3031 Ha.

Feija I 680 2 0.3 355

Feija Iv 1671 3 0.7 310

Feija vI 695 4 0.1 730

Possibilités de maintenir une subéraie claire jusqu’à 25%decouvertetdes’orienter vers un système type: « Déhesa »ou « Montado »sur24387Ha

Hamdia 1315 4 0.7 1869

Mekna I 1552 4 0.9 1675

Feija v 952 5 0.7 568

Feija III 1148 5 1.1 2102

Feija vIII 1016 6 0.6 603

Mekna II 833 7 0.6 1100

tegma I 724 7 0.3 248

Bizerte 4992 8 0.8 1133

Béja 10189 9 0.9 5283

tabarka I 1957 10 0.2 95 evolution vers une pinède mixte de pin maritime à chêne liège où le chêne liège joue surtout un rôle de protection et d’amélioration des stations (taillis sous futaie de pin et de chêne liège)sur15214ha

tabarka II 4743 10 0.6 1224

tabarka III 4705 10 0.3 1034

tabarka Iv 3809 10 0.2 636

TOTAL 41661Ha 19440q

Page 56: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

59

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

Pour le reste des subéraies on peut continuer à appliquer les mêmes règles de sylviculture et d’aménagement tout

en veillant à appliquer les règles de bonnes pratiques sylvicoles et subéricoles selon des systèmes standardisés et

adaptéspuisquelastratégieviseàcertiiertouteslespratiquesdanslasubéraie.Lesaménagementssur100000

ha de subéraies devraient tenir compte des possibilités de diminution de la croissance des arbres et réviser ainsi

les rotations des coupes et des déliégeages. Ces aménagements permettraient de reprendre les interventions

sylvicoles dans la subéraie avec une cadence normale et surtout permettre rapidement leurs rajeunissements

pour assurer la durabilité de l’écosystème et améliorer la régularité de sa production.

Adaptationauchangementclimatiquedestechniquesd’aménagementetdesylviculturedelasubéraietrèsvulnérableau

déicithydrique.

Degrédevulnérabilité Typed’aménagement Traitementsylvicole subériculture

subéraies très vulnérables avec zeenaie dominante limitrophe.

Déhésa irrégulière avec exploitabilité physique des arbres. Fonction pastorale, cynégétique ou récréative. Possibilité de migration assistée de la subéraie dans la zeenaie.

Peuplements irréguliers clairs avec régénération artiicielle.Plantation d’arbres par bouquets avec protection individuelle.Débroussaillement régulier et tailles très fortes des arbres.

Activité secondaire.Déliégeage plus précoce aveccoeficientfaiblededémasclage(1.5-2)etrotation adaptée.

subéraies très vulnérables mélangées à du pin maritime naturel

taillis sous futaie de chêne liège à pin maritime.Fonction principale : production ligneuse de pin.

Futaie jardinée de pin et taillis simple de chêne-liège. Débroussaillage régulier et dépressage du taillis.

Activité secondaire.Déliégeage plus précoce aveccoeficientfaiblededémasclage(1.5-2)etrotation adaptée.

Cartedesconduitesadaptativesproposéespourlessériesforestièresàchêneliègeàl'horizon2050

-ScénarioA2

Page 57: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

60

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

subéraies très vulnérables sans zeenaie ni pinède naturelle

Déhésa irrégulière avec exploitabilité physique. Fonction pastorale, cynégétique ou récréative.

Peuplements irréguliers clairs.Régénérationartiicielled’arbres par bouquets avec protection individuelle. Débroussaillement régulier et tailles plus fortes des arbres

Activité secondaire.Déliégeage plus précoce aveccoeficientfaiblededémasclage(1.5-2)etrotation adaptée.

subéraies très vulnérables substituées par des pins ou des eucalyptus

Déhésa irrégulière avec exploitabilité physique .Fonction pastorale, cynégétique ou récréative après coupes des plantations actuelles et enrichissement par du Chêne-liège en bouquets très clairs sans perturbation des sols

transformation en futaie irrégulière par bouquets clairs de chêne-liège réintroduit.

Activité secondaire après une période d’une trentaine d’année nécessaire pour la mise en valeur de la nouvelle subéraie.

subéraies très vulnérables dégradées en maquis et en maquis arborés

Déhésa irrégulière avec exploitabilité physique. Fonction pastorale, cynégétique ou récréative après enrichissement par du Chêne-liège en bouquets très clairs et sans perturbation des sols.

enrichissement en bouquets clairs des maquis arborés et maquis par du chêne-liège avec d’autres feuillues adaptées.

Activité secondaire après une période d’une trentaine d’année nécessaire pour la mise en valeur de la nouvelle subéraie et après reconstitution.

Adaptation au changement climatique des techniques d’aménagement et de sylviculture à la subéraiemoyennement

vulnérableaudéicithydrique.

Degrédevulnérabilitéetcatégoriedesubéraie

Méthoded’aménagement Traitementsylvicole Subériculture

subéraie avec zeenaie dominante limitrophe

en conditions biophysiques défavorables subéraie traitée en futaie irrégulière et exploitabilité physique à fonction principale pastorale, récréative ou cynégétique. en conditions normales futaie régulière à fonction de production de liège à affectation ou groupe strict de régénération.

Futaie irrégulière claire en conditions biophysiques dificiles.Enconditionsmoinsdificiles,futaierégulière claire avec éclaircie forte et débroussaillement et élagage régulier. Régénération progressive en groupe de préparation et artiicielleparbouquetengroupe de régénération avec enrichissement avec des nouvelles provenances

Activité secondaire en conditionsdificilesavecjardinage obligatoire. en conditions biophysiques favorables subériculture en coupons réglés avec adoption de déliégeage précoceetdescoeficientsdedémasclageentre1.5à2. nouvelles rotations de déliégeage.

subéraie sans zeenaies ni pinèdes naturelles en mélange ou limitrophes

en conditions biophysiques défavorables subéraie traitée en futaie irrégulière et exploitabilité physique à fonction principale pastorale, récréative ou cynégétique.en conditions normales futaie régulière claire à fonction de production de liège. Régénération artiicielleparbouquetetâge d’exploitabilité adaptée.

Futaie irrégulière claire en conditions biophysiques dificiles.en conditions biophysiques favorables, futaie régulière claire avec éclaircie forte et débroussaillement et élagage réguliers. Régénération progressive en groupe de préparation et artiicielleparbouquetengroupe de régénération avec enrichissement avec des nouvelles provenances.

Activité secondaire en conditionsdificilesavecjardinage obligatoire.en conditions biophysiques favorables subériculture en coupons réglés avec adoption de déliégeage précoceetdescoeficientsdedémasclageentre1.5à2.Adaptation à des nouvelles rotations de déliégeage.

Page 58: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

61

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

subéraie substituée par des plantations de pins ou d’eucalyptus

transformation par substitution des plantations anciennes par des bouquets clairs de chêne-liège en conditions biophysiques défavorables pour une fonction principale pastorale, récréative ou cynégétique.transformations en futaies régulière claires par réintroduction de bouquets de chêne-liège en conditions favorables pour une fonction de production de liège.

Futaie irrégulière claire en conditions biophysiques dificiles.en conditions biophysiques favorables, futaie régulière claire avec éclaircie forte et débroussaillement et élagage réguliers. Régénération progressive en groupe de préparation et artiicielleparbouquetengroupe de régénération avec enrichissement avec des nouvelles provenances.

Activité secondaire en conditionsdificilesavecjardinage obligatoire après 30 ans.Après 30 ans en conditions biophysiques favorables subériculture en coupons réglés avec adoption de déliégeage précoce et des coeficientsdedémasclageentre1.5à2.Adaptationàdes nouvelles rotations de déliégeage.

subéraie dégradée en maquis et maquis arboré

transformation des maquis par plantation de bouquets clairs de chêne-liège sans perturbation des sols pour une fonction principale pastorale, récréative ou cynégétique en conditions défavorables ou de production de liège en conditions favorables.

Futaie irrégulière claire en conditions biophysiques dificiles.en conditions biophysiques favorables, futaie régulière claire avec éclaircie forte et débroussaillement et élagage réguliers. Régénération progressive en groupe de préparation et artiicielleparbouquetengroupe de régénération avec enrichissement avec des nouvelles provenances.

Activité secondaire en conditionsdificilesavecjardinage obligatoire après 30 ans.Après 30 ans en conditions biophysiques favorables subériculture en coupons réglés avec adoption de déliégeage précoce et des coeficientsdedémasclageentre1.5à2.Adaptationàdes nouvelles rotations de déliégeage.

7.3. propoSition D’une compoSante tranSverSale D’aDaptation au changement climatique DanS la Stratégie De Développement Durable De la Subéraie.

ObjectifprincipalAtténuer les coûts socio-économiques et environnementaux des perturbations aggravées par le changement

climatiqueetmaintenirlesvaleurssocialesdessystèmesécologiquesetéconomiquesactuelsdelasubéraieain

de préserver les économies liées au liège et les moyens de subsistance des populations qui en dépendent.

objectif intermédiaire 1 : Favoriser la diversité à tous les niveaux (gènes, espèces, communautés et paysages).

objectif intermédiaire 2 : adapter les pratiques sylvicoles appropriées dans la subéraies.

objectif intermédiaire 3 : l’adaptation par le renforcement de la résilience sociale des populations forestières

vivant dans la subéraie

objectif intermédiaire 4 : Renforcement des capacités en matière d’adaptation

Objectif intermédiaire5:Développeruncadreinstitutionneletpolitiquefavorisantl’appuidedéveloppement

durable et des options d’adaptation au CC de la subéraie par des mesures juridiques et réglementaire, des mesures

inancièresetéconomiquesetdesmesuresd’encouragementdelaparticipationdupublic.

Page 59: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

63

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

conclusIons

La présente étude a permis de synthétiser nos connaissances sur l’état actuel de la subéraie tunisienne dans

sesdifférentesunitésd’aménagement(sériesforestières)danslessubéraiesdugouvernoratdeJendouba;

ces unités non cartographiées à l’échelle du gouvernorat de Béja et de Bizerte n’ont pas permis de traiter

leurs subéraies à l’échelle de l’unité d’aménagement.

Ces différentes unités d’aménagement ont été regroupées en 10 classes par rapport à la fraicheur de leurs sols

estimée par l’importance de l’ambiance de la zeenaie dans les subéraies les plus fraiches, l’isolement du chêne-

liège dans les ambiances les plus sèches ou son mélange avec du pin maritime dans une ambiance plus sèche

dominée par la dynamique des feux des forêts. Ces différentes classes permettent d’orienter les stratégies et

les actions relativement à ce facteur qui limite ou aggrave la vulnérabilité de la subéraie face au changement

climatique.

Ces différentes classes ont été décrites écologiquement et caractérisées par leurs structures en classe d’âge, leurs

compositions et leurs productivités.

Dans le but de caractériser leurs vulnérabilités vis-à-vis du changement climatique on a choisi d’exprimer

cette vulnérabilité par l’importance relative de la période à bilan hydrique nul dans le sol. Pour chaque unité

d’aménagement ce facteur a été estimé après avoir déterminé le type de sol et ses réserves hydriques utiles

en fonction de sa profondeur et de sa texture. les consommations relatives potentielles ont été estimées

équivalentes au pouvoir évaporant de l’air estimé par l’évapotranspiration potentielle mensuelle et variant en

fonction de la température et la vitesse du vent. le capital mensuel d’eau utile est la somme des pluies incidentes

sans le ruissellement et l’eau retenue par le sol. les bilans mensuels négatifs successifs relativement à la demande

potentielle d’eau journalière nous a permis d’estimer la longueur de la période en jours de stress hydrique qui

exprime l’effetduclimatsur la forêt.Lavulnérabilitéaustresshydriqueaétéseuilléeen4classes :3.5mois

etmoins (non vulnérable), entre 3.5mois et 4.5mois (peu vulnérable), entre 4.5 et 5.5mois (moyennement

vulnérable)etsupérieurà5.5mois(trèsvulnérable).

Dans le but d’apprécier cette vulnérabilité en fonction du changement climatique on a calculé cette durée de

stress pour chaque subéraie pendant l’année de référence 2000 avec les moyennes thermiques et pluviométriques

delapériode1960-1990etonaprojetécescalculsauxannées2020et2050selon lesscénariosA2etB2du

HadCM3 relatif à la tunisie. Ces projections nous ont permis de prévoir les conditions de stress hydriques des

subéraiesauxhorizons2020et2050aindesituerleursvulnérabilitésauchangementclimatiqueàceshorizons.

Cesprojectionsmontrentquedesconditionsécologiquessurcertainesforêtspermettraiententre2018et2026

d’avoirdesdépérissementspartielspouvantfairedisparaitre20%del’effectifdesarbres(équivalentde1800ha)et

entre2046et2050desconditionsécologiquessurcertainessubéraiespouvantoccasionnerdesdépérissements

totauxgénéraliséspouvantemporterdespeuplementsentierssurdessupericiesimportantesquipourraientêtre

limitées seulement aux subéraies dans des conditions biophysiques défavorables ou très vieilles (sur au moins

Page 60: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

64

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

18000ha).Aindemieuxafinercesconditionsdevulnérabilitéauniveaudel’unitéd’aménagementlesétudes

de réaménagement de la subéraie devraient préciser cette vulnérabilité au niveau de la station ou de la parcelle.

l’application de la stratégie de développement durable de la subéraie tunisienne n’est pas encore mise en

application et aucune action n’est actuellement programmée. Il serait d’un grand intérêt de tenir compte de

nosrésultatspourasseoirlesadaptationsnécessairesaind’entenircompteduchangementclimatique.L’étude

projetée dans ces sens par la DgF devrait préciser ces adaptations nécessaires avec plus de détails au niveau

de la parcelle vu l’ampleur du projet. l’ajout dans la stratégie d’une composante transversale d’adaptation au

changement climatique est une nécessité au vu des dégâts probables que pourrait subir cet écosystème particulier

sousleforçageduclimatfuturetvulavaleuréconomiquetotaledecettesubéraie.

Page 61: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

65

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

référencesbIblIographIques

1. BonilC.,1998-Theeffectsofseedsize,cotyledonreservesandherbivoryonseedlingsurvivalandgrowthin

Quercus rugosa et Q. laurina(Fagaceae),Am.J.Bot.85(1)(1998)79–87.

2. Brookes P.C., Wigston D.l., 1979 - variation of morphological and chemical characteristics of acorns from

populations of Quercus petraea (Matt.) liebl., Q. robur L.andtheirhybrids,Watsonia12(1979)315–324.

3. Boudy,1952-GuideforestierenAfriqueduNord.Maisonrustique1952.510p

4. CardilloE.,BernalC.J.,2006-Morphologicalresponseandgrowthofcorkoak(Quercus suber l.) seedlings at

differentshadelevels.ForestEcologyandManagement222(2006)296–301.

5. Carvalho J.B., Morais C.J.E., Análise da lorestação em Portugal 1966-1995, Reunião de Especialistas em

ReabilitaçãodeEcossistemasFlorestaisDegradados,InstitutoFlorestal,Lisboa,1996;Portugal.

6. CroizeauD.,RoguetM.,1986-Facultédereprisedeglandsprélevésenforêtaprèsgermination,Rev.For.Fr.

XXVIII(4)(1976)275–279.

7. DGF, (DirectionGénéraledes Forêts), 1995.-Résultats dupremier inventaire forestier national enTunisie,

résultatsdel’inv.Ministèredel’Agriculture,Tunis,88p.

8. DGF,(DirectionGénéraledesForêts),2005.-Deuxièmeinventaireforestieretpastoralnational.Résultatssur

l’échelon de Jendouba. Ministère de l’Agriculture, tunis, 129p.

9. DgF et FAo, 2007 stratégie de développement durable de la subéraie en tunisie.

10. ElAfsaM.,(1978)-Ecologie,phytosociologie,régénérationetproductiondessubéraiestunisiennes.Thèsede

Doctorat 3ème cycle, Fac. sci et tech. st Jérôme. Aix Marseille- III.

11. FrochotH., Picard J.F., Dreyfus Ph., 1986 - La végétation herbacée obstacle aux plantations, Rev. For. Fr.

XXXVIII(3)(1986)271–278.

12. GarchiS.,2005-Comparativestudyoftheeffectofthreecoeficientsofdebarkingonthegrowthofthecork

oakforestofAinDraham(Tunisia).Suberwood2005ConferenceHuelva,20-22October2005.

Page 62: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

66

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

13. Gonzalez-Vazquez,E.,1938.-Fundamentosnaturalesdelaselvicultura.Losbosquesibericos.Ed.Instituto

Forestal de Investigaciones y experiencias, valencia.

14. Hasnaoui, B. (1992) - Chênaies du nord de la tunisie. ecologie et régénération. thèse de Doctorat es sciences

naturelles, université de Provence – Aix-Marseille I.

15.HasnaouiF;RjeibiN.;ChaabaneA.;YacoubiW.;HasnaouiB.,2005-Contributionàl’étudedudépérissement

du chêne-liège dans la forêt de tabarka : relations possibles entre nutriments et état sanitaire de l’arbre.

IOBC/WPRSBulletinVol.28(8)2005.

16.INRGREF,1996-Actesduséminaireméditerranéensurlarégénérationdesforêtsdechêne-liègedu22au24

octobre1996Tabarka,Tunisie.Annalesdel’INRGREF(No.spécial).

17. IsabelC.andMonteroG.,2002-Theinluenceofcorkoakpruningontheyieldandgrowthofcork.Ann.For.

Sci.59(2002)753–760.

18.LouroG.,1999-Avaliaçaõdaaplicaçãodeprogramasdeapoioàlorestanaregiãodoalgarve,DirecçãoGeral

das Florestas (DgF-lisboa), Portugal, 1999.

19. MARH et gtZ, 2007- etude des changements climatiques et leurs effets sur l’économie tunisienne et les

stratégies d’adaptation pour le secteur agricole et les ressources hydrauliques.

20. MartaPardos,M.DoloresJiménezIsmaelAranda,JaimePuértolasandJoséA.Pardos,2005-Waterrelations

of cork oak (Quercus suberL.)seedlingsinresponsetoshadingandmoderatedrought.Ann.For.Sci.62(2005)

377-384.

21. MerouaniH.,AcherarM., IstanbouliA.,1998-Recherchedequelquescontraintesbiotiquesetabiotiquesà

la régénération naturelle du chêne liège Quercus suber l., séminaire Méditerranéen sur la Régénération des

ForêtsdeChêneLiège.Tabarka,22–24octobre1996,Annalesdel’INRGREF(No.spécial)(1998)225–243.

22. Merouani H., Carmen Branco, Maria Helena Almeida and Joao s. Pereira , 2001- Comportement physiologique

des glands de chêne liège (Quercus suber l.) durant leur conservation et variabilité inter-individus producteurs

.Ann.For.Sci.58(2001)143-15.

23. MessaoudèneM.,1984-RésultatsdesessaisdesemisdirectsduchêneliègeàMelata,Rapportinterne,Institut

NationaldeRechercheForestière(INRF-Algérie),1984,10p.

24. Montero,G.,Vazquez,F.M.,Canellas,I.,Torres,E.,Suarez,M.A.,1996-.Estudiodelaregeneracionnaturaldel

alcornoque (Q. suber l.): experiencias en Cortes de la Frontera, Parque nacional de Donana, Parque natural

deMonfragueyFincaElDeheso´ndelEncinar.In:ProcorkConcertedActionAIR3-CT93-1591:Workshop3,

Madrid.

25.Montero g. et Isabel Cañellas, 2003-selvicultura de los Alcornocales en españa. silva lusitana 11(1): 1 - 19,

2003.

26.NatividadeV.,1956-Subériculture,Nancy,ENGREF,1956,p.125.

Page 63: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

67

Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique

27. Nsibi, R, 2005 - Sénescence et rajeunissement des Suberaies de Tabarka - Ain Draham avec approches

écologiques et biotechnologiques. thèse de Doctorat en sciences Biologiques. Faculté des sciences de tunis.

170 p.

28.Sardin,T; Bourdenet, P, etArgillier, C , 2001 -Amélioration des techniques de reconstitution en espèces

feuilluesdelaforêtméditerranéenne.revueforestièreFrançaise.V.53(5)p.542-556.

29. Sharp, W. M.; Sprague, V.G. 1967 -.Flowering and fruiting in the white oaks. Pistillate lowering, acorn

development,weather,andyields.Ecology.48:243-251.

30. sondergaard P., 1991- essais de semis de chêne liège (Quercus suber l.), dans la foret de Bab Azhar, une

subéraiedemontagneauMaroc.Ann.Rech.Forest.Maroc:tome25,P16-29.

31. sork, v.l. and J.e. Bramble, 1993 - Prediction of acorn crops in three species of north American oaks: Quercus

alba,Q.rubraandQ.velutina.AnnalesdesSciencesForestieres.50(Suppl1):128s-136s.Torres,1995.

32. Toumi,L.,1995-.Etudedelastructuregénétiqueetintrogressionéventuelleschezleschênessclérophylles

méditerranéens à l’aide de marqueurs alloenzymatiques. thèse en sciences, Faculté des sciences et techniques

deSaintJérôme.P21-26.

33. Tryon,E.H.;Carvell,K.L.,1962.-Acornproductionanddamage.Bull.466T.Morgantown,WV:WestVirginia

University,AgriculturalExperimentStation.18p.

Étude réalisée dans le cadre du projet ‘‘Appui à la mise en œuvre de la convention cadre des nations unies sur le changement climatique en tunisie’’ exécuté par la gIZ en partenariat avec le Ministère de l’environnement.

Plusieurspartenairesontétéimpliquédanslaréalisationdecetteétude;àsavoir:

Auniveaunational- la Direction générale des Forêts- l’Institut de Recherche en génie Rural, eau et Forêts- la Direction générale de l’environnement et de la Qualité de la vie

AuniveauRégional:- l’arrondissement des Forêts de Jendouba- l’arrondissement des Forêts de Ain Draham- l’arrondissement des Forêts de Béja- l’arrondissement des Forêts de Bizerte-L’OficedeDéveloppementSylvo-pastoralduNordOuest- l’Institut sylvo-Pastoral de tabarka- le WWF- l’ong APel

Page 64: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

Étude de la Vulnérabilité de l'écosystème Alfatier face au changement climatique dans le gouvernorat de Kasserine

avec l’appui de la MInIstèRe De l’AgRICultuRe et De l’envIRonneMent

Page 65: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

70

Sommaire

1. COnTexTeDeL’eTuDe 73

2. MeTHODOLOgIe 74

3. ReSuLTATSDeL’AnALySeDeL’eTATACTueLDeL’eCOSySTeMeALfATIeR 75

3.1. Facteursliésèlagestiondesnappesalfatières 75

3.2. Facteursbiotiques 75

3.2.1. Caractèresbotaniquesetsyntaxonomiquesdel’alfa 75

3.2.2. etages bioclimatiques 77

3.3. Facteursphysiquesinluençantl’étatdesnappesalfatièresdanslegouvernoratdekasserine 78

3.3.1.Hydromorphie 78

3.3.2.Saluredusubstrat 78

3.3.3.Profondeurdusol 78

3.3.4.Texturedusol 78

3.3.5.Réserveutiledusol 79

3.3.6.Penteduterrain 79

3.3.7.Altitude 80

3.4. Facteursanthropiquesetsocioéconomiques 80

3.4.1.Densitédesagglomérations 80

3.4.2.Populationhumaineprojetéeauxhorizons2020et2050 81

3.4.3.Possibilitéspastoralesannuelles 82

3.4.4.Besoinsannuelsduchepteletbilanfourrager 82

3.4.5.Evolutiondessupericiesdel’alfaàl’échellenationale 83

3.4.6.Evolutiondessupericiesdel’alfadanslesgouvernoratsalfatiers 83

3.4.7.RépartitionspatialedesnappesalfatièresparCRAdugouvernoratdeKasserine(INFP2005) 83

3.4.8.Récoltesd’alfaetincidencessurlaSNCPAetsurl’emploi 85

4.vuLneRABILITeSDeSnAPPeSALfATIeReSeTPROJeCTIOnSAuxHORIzOnS2020eT2050 87

4.1. vulnérabilités factorielles moyennes des nappes alfatières des CRAs du gouvernorat de Kasserine 87

4.2. vulnérabilité factorielle moyenne synthètique des nappes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine 88

4.3. Projection des précipitations moyennes annuelles (p) et des températures moyennes annuelles (t) et calcul

desrapportsp/tcorrespondantsauxhorizons2020et2050selonlemodèlehadcm3/scénariosA2 et B2 89

Page 66: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

71

5.PROJeCTIOnCLIMATIqueAuxHORIzOnS2020eT2050SeLOnLeMODeLeHADCM3

eTInCIDenCeSSuRLASTRuCTuReDeSnAPPeSALfATIeReSeTLeSPeRTeSenPRODuCTIOnS

PASTORALeSeTenBIOMASSeSfOLIAIReS 90

5.1. Devenirdesnappesalfatièresauxhorizons2020et2050etprojectiondespertesenpossibilitéspastorales

et en biomasses foliaires selon le modele hadcm3/scenarios a2 et b2 90

5.1.1. Productivitéspastoralesmoyennesannuellesdesnappesalfatièresen2005etprojetées

dans les CRA du gouvernorat de Kasserine 90

5.1.2. Pertesenpossibilitéspastorales 92

5.2. Projectiondesrécoltesenfeuillesd’alfaentonnesauxhorizons2020et2050selonlemodèle

hadcm3/scenarios A2 et B2 92

5.3. TauxdecouverturedesbesoinsdelasnCPA par les recoltes projetees de feuilles d’alfa présumées en 2020

et2050danslegouvernoratdeKasserine selon les trois hypothéses et selon hadcm3/scenarios A2 et B2 94

6.ReSuLTATDeL’AnALySeReTROSPeCTIveDeSSTRATegIeSeTDeSCAPACITeS 94

6.1. Etudesantérieures 94

6.2. GestiondesnappesalfatièresdanslegouvernoratdeKasserine 95

6.2.1. Contexteantérieur 95

6.2.2. Contexteactuel 95

6.2.3. Problèmesentravantlagestionrationnelledesnappesalfatières 95

6.3. Analysedelacapacitéinstitutionnelledel’administrationforestière 95

7.PRInCIPALeSORITATIOnSSTRATegIqueSeTMeSuReSReCOMMAnDeeS 96

7.1. Orientationsstratégiques 96

7.1.1. Orientationsgénérales 96

7.1.2.Orientationsspéciiques 97

7.2. Mesures à entreprendre 97

8.COnCLuSIOnS 99

9.RÉfÉRenCeSBIBLIOgRAPHIqueS 151

Page 67: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

73

vulnerabIlIte del’ecosysteme alfatIer faceau changement clImatIquedans le gouvernorat deKasserIne

1. contexte De l’etuDe

LeclimatdelarégiondeKasserineesttypiquementméditerranéencaractérisépardesluctuationsinter-saison-

nières et interannuelles des facteurs climatiques. lors des dernières décennies, la tendance du climat a connu une

accélération du réchauffement climatique se manifestant par une augmentation de la température et une régres-

siondesprécipitations.Lacontinuationdecesluctuationsetdecestendancesontnécessairementdesrépercus-

sions sur le devenir des écosystèmes d’aujourd’hui. Actuellement, les variations climatiques qui s’opèrent depuis

plusieursdécennies,etcellesprojetéesparlesscientiiquespourleresteduXXIème siècle sont souvent liées aux

activités humaines associées aux phénomènes naturels atmosphériques d’origines cosmiques. en vu de s’adapter

aux circonstances climatiques et socioéconomiques désastreuses qui peuvent survenir, l’analyse raisonnée des

stratégies et des pratiques actuelles et passées vis-à-vis du changement climatique est une nécessité absolue.

en 2007, le Ministère de l’Agriculture et de l’environnement en collaboration avec la gtZ, dans le cadre de l’éla-

boration d’une stratégie nationale d’adaptation de l’agriculture tunisienne et des écosystèmes au changement

climatique, ont pu projeter la température et précipitations moyennes annuelles de l’ensemble de la tunisie aux

horizons2020et2050selonlemodèlehadCM3etlesdeuxscénariosA2etB2.Lepremierillustreunesituation

climatique sévère le second témoigne d’une circonstance modérée du climat.

la présente étude s’intègre dans le cadre du Projet CCC/gIZ ayant pour mission d’appuyer la tunisie pour la mise

en œuvre de l’unFCCC aussi bien au niveau national que régional.

l’analyse de la vulnérabilité de l’écosystème alfatier dans le gouvernorat de Kasserine face au changement clima-

tiqueestentreprisedanslecadreduprojetdanslebutd’identiierlesmesuresadéquatesd’adaptationpermettant

de mettre en œuvre des projets concrets de préservation de la biodiversité et de la productivité de l’écosystème et

d’orienter la décision pour son amélioration. Dans cette étude plusieurs étapes analytiques ont été parcourues :

• Lapremièreaposélesproblématiquesdusecteuralfatierenrelationaveclechangementclimatique;

• Lasecondeatraitél’aspectbiologiquedel’alfa;

• Dansunetroisièmeétape,àtraverslesdonnéesstatistiquesoficielles,onapuapprécierledegrédevulnéra-

bilitédel’écosystèmealfatierdanslegouvernoratdeKasserine;

• Surlabasedesrésultatsdestravauxantérieurs(DGF2004,INFP1995&2005,MAEetGIZ2007,...),onapu

Page 68: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

74

évaluerledevenirprobabledesproductionsprojetéesdesnappesalfatièresauxhorizons2020et2050dans

la région de Kasserine.

• Dans le but d’élaborer un outil d’aide à la décision on a également analysé les stratégies et pratiques de ges-

tion des nappes alfatières actuelles et passées.

• Suiteàces«analyseshypothético-déductives»,dansl’espoird’aboutiràunegestioneficacedesnappesalfa-

tières on a proposé des orientations et des mesures d’adaptation face au changement climatique.

le long du présent rapport synthétique seront élaborés les résultats discursifs des différentes analyses sur la

vulnérabilité des nappes alfatières vis-à-vis du changement climatique. seront également présentées les recom-

mandations nécessaires d’une gestion raisonnée des nappes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine.

2. methoDologie

la méthodologie utilisée est fondée sur les explorations bibliographiques relatives à l’évolution de l’écosystème

alfatierdepuislestempsreculés(dynamiquebioécologique,recouvrementetévolutiondessupericies,produc-

tivités, ...).

la caractérisation de l’écosystème alfatier de la région de Kasserine et ailleurs, a été élucidée sur la base des

synthèsesdestravauxantérieurs,enparticuliersceuxdeH.N.LeHouérou1969,Ghrab1981,ElHamrouni1993,

Hanii1998,RaddaouietChaabane2009,Rhanem2009,...).Elleestvariée,dedifférentsniveauxd’ordresbiolo-

giques, éco-physiologiques, phytosociologiques, productivité primaires, ...

Pour l’étude de la dynamique et de l’état des peuplements alfatiers dans le gouvernorat de Kasserine on s’est

référéauxdonnéesoficiellesdelaDGF2004,INFP1995&2005.Lesdonnéesmétéorologiquesutiliséessont

celles provenant de l’onM 1990.

Enseréférantauxrésultatsdel’INFP2005etàlacarteagricole,l'évaluationdelavulnérabilitéàtraversl'Indice

de vulnérabilité (Iv) sera basée sur l’importance en ha et le taux de recouvrement de l’alfa dans les Cellules de

Rayonnement Agricole (CRA).

Iv par type de recouvrement = s. d’alfa du type de recouvrement x 100 s. totale de l’alfa du même type de recouvrement

dans le gouvernorat de Kasserine

Il s’agit d’un pourcentage représenté par la surface de la nappe d’un type de recouvrement par rapport à la surface

totale du même type de recouvrement dans le gouvernorat de Kasserine.

Avec,

Iv : 0 à 3 > les nappes alfatières sont extrêmement vulnérables (ev)

IVG:3à6 > les nappes alfatières sont très vulnérables (tv)

IVG:6à9 > les nappes alfatières sont vulnérables (v)

Ivg : 9 à 12 > les nappes alfatières sont moyennement vulnérables (Mv)

Ivg : > 12 > les nappes alfatières sont peu vulnérables (Pv)

DanslarégiondeKasserine,vularusticitéélevéedel’alfa,sonmodederégénérationdificileetsachantquela

détérioration du climat n’a pas d’effet prévisible direct sur la létalité de l’alfa mais il a un effet aggravant variable

selon la prédominance des facteurs écologiques et anthropiques. le calcul du Iv des nappes alfatières a été fait

dans chaque CRA (unité de gestion correspondant à la Cellule de Rayonnement Agricole). en réalité la diminution

du recouvrement de l’alfa résulte de la combinaison de l’effet du climat, des facteurs écologiques et anthropiques

qui prédominent. Pour ces raisons on a opté dans chaque CRA pour calculer le degré de vulnérabilité factorielle

Page 69: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

75

des nappes alfatières (croisement du facteur écologique selon la carte agricole couplé avec les Iv de la nappe

alfatière au sein de chaque CRA.).

neuf facteurs ont été analysés : étages bioclimatiques (i), hydromorphie (ii), salure du substrat (iii), profondeur du

sol (iv), texture du sol (v), réserve utile dans le sol (vi), pente du terrain (vii), altitude (viii), pression anthropique (ix).

Pour le calcul de l’Iv moyen des nappes vis-à-vis de plusieurs facteurs combinés on procède au calcul de la

moyenne arithmétique de l’ensemble des Iv des nappes vis-à-vis des facteurs analysés. De même pour le calcul

de l’Iv moyen des nappes d’une CRA on procède au calcul de la moyenne arithmétique de l’ensemble des Iv de

toutes les classes du recouvrement de l’alfa dans la CRA.

Laprojectiondesdonnéesclimatiquesauxhorizons2020et2050aété réaliséeen s’appuyant sur lemodèle

HadCM3quiutilisedesmaillesde0.5°×0.5°selonlesdeuxsituationsdifférenteslapremièreA2(scénariosévère),

la seconde B2 (scénario modéré).

LaclassiicationdelaproductionenUnitésFourragères(UF)etentonnesen2005desnappesalfatières,ainsique

celleprojetéeen2020et2050,estrépartieparCRA.36CRAsalfatiersdanslegouvernoratdeKasserineidenti-

iées.

Auplancartographique,cesontlesbasesdedonnéesrelativesàlacarteagricoled’unepartetàl’INFPde2005

d’autre part qui ont été utilisées.

A travers la bibliographie, les différents contacts avec les autorités régionales et nationales et à la lumière des

discussions lors des ateliers de présentations des résultats de l’étude à Kasserine et à tunis, on a pu apporter des

analyses critiques des stratégies et pratiques actuelles et passées, et la proposition des stratégies et mesures

d’adaptation au changement climatique.

3. reSultatS De l’analySe De l’etat actuel De l’ecoSySteme alfatier

3.1.facteursliésàlagestiondesnappesalfatières

Dans les années 1970, il y a eu création de l’arrondissement alfatier et par la suite aménagement de 39 séries alfa-

tières. Après expiration de leur durée d’aménagement les nappes alfatières sont laissées à leur sort (sans révision

depuis).

3.2.facteursbiotiques

3.2.1. Caractères botaniques et syntaxonomiques de l’alfal’alfa (stipa tenacissima l.) est une gramineae vivace cespiteuse qui se présente sous la forme de touffes plus ou

moinscirculairesayantunepartieaérienneconstituéedefeuillesetdepaniculesloralesetunepartiesouterraine

formée par de rhizomes et de racines adventives.

les rhizomes sont caractérisés par des entre-nœuds très courts, portant chacun des bourgeons qui peuvent soit

se développer et donner des rameaux, soit rester en dormance et n’entrer en activité que lorsque la touffe est

exploitée.Ilsprésententdesracinesadventivestrèsramiiéesdontlabiomassedépassede25à50%celledela

partie aérienne.

le dépérissement des parties centrales ou «fatras» entraîne un évidement de la touffe et une extension centri-

fugedesinnovationsetdesnouvellesfeuilles.Cephénomène,estspéciiquechezlesplantescespiteuses,appelé

«circination». Il est lié à l’encombrement du centre de la touffe par du «fatras» formé par les débris de feuilles et

Page 70: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

76

dehampeslorales.Cetencombrementasphyxielesbourgeonsdurhizomeetempêchetoutdéveloppementpar

ramiicationaxillaire.Seulesemaintientlamultiplicationpériphériquequiconfèreàlatouffeundéveloppement

centrifuge. le centre s’entrouvre de plus en en plus et la touffe devient annulaire. l’anneau se fragmente et se

forme par affranchissement plusieurs petites touffes qui vont à leur tour s’évider et se fragmenter. C’est le mode

de régénération le plus fréquent chez l’alfa.

l’alfa est une plante steppique, typiquement méditerranéenne très résistante à la sécheresse. elle possède une

amplitudeécologiquetrèslargeetparticipedansl’édiicationdephytocénosesvariéesetàgrandesenvergures.On

peut les rencontrer depuis le présaharien où elles peuvent être représentées par entre autres stipo (tenacissimae)-

Hammadetum scopariae el Hamrouni 1992 et Fagonio (microphyllae)-echietum trigorrhyzi stipetosum tenacis-

simae el Hamrouni 1992 relevant des ononido-Rosmarinetea Br.-Bl. 1947, jusqu’aux formations préforestières

telles que Junipero (turbinatae)-Quercetum rotundifoliae coronilletosum minimaeKadiHanii1998relevantdes

Pistacio-Rhamnetalia alaterniRivasMartinez1975etdesQuercetea ilicis Br.-Bl. 1947.

LacomparaisondelarichessespéciiquedesphytocénosesalfatièrestellesquesontdécritesparH.N.LeHouérou

1969aveccellesdécritesparRaddaouietChaabaneen2009amontréquesousl’effetduclimatetdelapression

anthropozoique, les syntaxa alfatiers de la région de Kasserine ont subi et subissent encore des transformations

profondes se manifestant par leur banalisation par des thérophytes et par des xérophytes et la régression spec-

taculaire des nanophanérophytes, des chaméphytes et des hémicryptophytes cespiteuses. Il s’agit d’une menace

réelle de la biodiversité au sein des phytocénoses alfatières comme le montre le tableau ci-après :

Tableau:Stratégiesadaptativesdesphytocénosesalfatièresàtraverslestypesbiologiques

danslarégiondeKasserine

Typebiologiquedesespècesaccompagnatricesdel’alfa

Situationdesnappesalfatièresen1969

Situationdesnappesalfatièresen2009

Appréciationsdeladynamiquedesphy-tocénosesdesnappesSommedes

fréquencesrelatives

fréquencesen%

Sommedesfréquencesrelatives

fréquencesen%

nano-Phanérophytes 3 14 6 4 Régression des nano-Phanérophytes

Chaméphytes 22 51 49 31 Régression des Chaméphytes

Hémicryptophytes-Ces-piteuses

7 16 16 10 Régression des Hémicryptophytes-Cespiteuses

Hémicryptophytes 8 19 27 17 Régression des Hémicryptophytes

Hémicryptophytes en Rosettes

0 0 8 5 Perturbation élevée des nappes et dégradation du couvert

thérophytes 0 0 48 30 Banalisation par les thérophytes (anthropzoogénisation et perturbation élevées)

géophytes 0 0 4 3 stress écologique et détérioration du couvert

TOTAL(%) - 100 - 100 -

De cette analyse on peut déduire que les nappes alfatières de la région de Kasserine sont soumises à une pression

anthropozoïqueélevéeaggravéeparlerègnedesconditionsécologiquesdificiles(climat,milieuédaphique,...).

en effet, on assiste à la régression des types biologiques évolués et la banalisation des phytocénoses alfatières

par des types xérophiles et anthropiques dénotant une perturbation élevée. Il s’agit d’une dynamique régressive

spectaculaire, se manifestant par :

Page 71: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

77

• RégressiondesNano-Phanérophytesdénotantunepressionimportantesurlecouvertligneux;

• RégressiondesChaméphytesmontrantunesurexploitationdesbuissons;

• Régression des Hémicryptophytes-Cespiteuses indiquant une dégradation alarmante des nappes alfatières en

particuliers;

• RégressiondesHémicryptophytessousl’effetdusurpâturage;

• Perturbation élevée des nappes et dégradation du couvert témoignées par la relative haute fréquence des

Hémicryptophytesenrosettes;

• Banalisation par les thérophytes qui montre une anthropzoogénisation et une perturbation élevées (liée au

degréd’artiicialisationélevédumilieu);

• stress écologique et détérioration du couvert indiqués par la haute fréquence relative des géophytes.

3.2.2. Etages bioclimatiquesTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclesétagesbioclimatiques

Bioclimat R(5-10%) R(10-25%) R(25-50%) R(50-75%) R›75%

Aride supérieur frais 94 92 93 2 95

Aride inférieur frais 2 1 1 27 ‹1

Aride supérieur tempéré 1 ‹1 ‹1 - -

semi-aride supérieur frais d‘altitude

- - ‹1 - -

semi-aride moyen frais d‘alti-tude

‹1 ‹1 ‹1 6 ‹1

semi-aride moyen frais 2 1 ‹1 3

semi-aride inférieur frais ‹1 5 6 62 5

semi-aride inférieur frais d‘al-titude.

- ‹1 ‹1 ‹1 -

Dans le gouvernorat de Kasserine, l’optimum de développement de l’alfa est cantonné à l’aride supérieur frais

(75%)etpouvantprospérerjusqu’ausemi-arideinférieurfrais(16%)etàl’arideinférieurfrais(6%).Lacarteci-

après illustre la distribution spatiale de l’alfa en relation avec les étages bioclimatiques.

Cartededistributionspatialedel’alfaenfonctiondesétagesbioclimatiquesdanslegouvernoratdeKasserine

Page 72: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

78

3.3.facteursphysiquesinluençantl’etatdesnappesalfatieresdanslegouvernoratdeKasserine

3.3.1. HydromorphieTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclefacteurhydromorphie

Typed’hydromorphie Indication R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%

Hydromorphie absente

Favorable à l’alfa 99% 99% 99% 99% 86%

Hydromorphie permanente

Impropre à l’alfa 0% 1% 0% 0% 0%

Hydromorphie temporaire

Moyennement favorable à l’alfa

1% 0% 1% 1% 14%

Cetteanalysemontrequel’alfaredoutel’hydromorphie.Eneffet,plusde96%desnappessontcantonnéesdans

des milieux où l’hydromorphie est absente.

3.3.2. Salure du substratTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclefacteursaluredusubstrat

Typedesalure Indication R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%

salure faible à nulle Favorable à l’alfa 99% 99% 99% 99% 99%

salure moyenne Moyennement favorable à l'alfa

0% 0% 0% 0% 0%

salure importante Impropre à l’alfa 1% 1% 1% 1% 1%

99% des nappes alfatières sont localisées sur substrat à salinité faible à nulle. l’alfa redoute la salure.

3.3.3. Profondeur du solTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclefacteurprofondeurdusol

Typedeprofondeurdusol R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%

très peu profond 46% 54% 59% 64% 67%

Peu profond 24, % 24% 23% 17% 16%

Moyennement profond 7% 6% 6% 8% 7%

Profond 14% 8% 6% 3% 5%

très profond 9% 8% 6% 8% 5%

L’alfaestindifférentàlaprofondeurdusolquoiqu’ilsoitplusfréquent(78%)danslessolstrèspeuetpeupro-

fonds

3.3.4. Texture du solTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclefacteurtexturedusol

Typedetexturedusol R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%

texture grossière 10% 10% 10% 14% 9%

texture moyenne 72% 82% 86% 79% 80%

Textureine 18% 8% 4% 7% 11%

L’alfapréfèrelestexturesmoyennesetredoutelessablesmouvantsetlestexturesines(solscompacts).80%des

nappessontsituéesdansdessolsàtexturemoyennequoiqu’iltolèrelestexturesgrossière(10%)etine(10%).

Page 73: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

79

3.3.5. Réserve utile du solTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclefacteurréserveutiledusol

Réserveutile(5‹Ru‹330) R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%

RU‹50 46% 54,50% 59% 64% 67%

RU(50-100) 25% 24% 23% 17% 16%

RU(100-150) 6% 5,50% 5% 6% 5%

RU(150-200) 8% 9,50% 8,50% 8% 5%

RU(200-250) 11% 2% 1% 1,50% 3%

RU›250 4% 4,50% 3,50% 3,50% 4%

Cartedeladistributiondel’alfaenfonctiondelaréserveutiledessolsdanslegouvernoratdeKasserine

58%desnappessontcantonnéesdanslessolsoùlaréserveutileest‹50,21%danslessolsdanslessubstratsoù

laréserveutilevariantentre50et100.L’alfaestuneespècefranchementxérophile.

3.3.6. Pente du terrainTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclefacteurpenteduterrain

Pente% R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%

Pente ‹10% 96% 86% 85% 85% 87%

Pente(10-25%) 2,50% 10% 10% 12% 10%

Pente›25% 1,50% 4% 5% 3% 3%

L’alfapréfère lespentes faiblesoù le risquedesondéchaussementpar l’érosionhydriqueest faible.88%des

nappes alfatières sont cantonnées sur les pentes faibles.

Page 74: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

80

3.3.7. AltitudeTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelationaveclefacteuraltitudinal

Classed'altitude R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%

300-500m 1% ‹1% 3% ‹1% 2%

500-700m 39% 45% 37% ‹1% 42%

700-900 m 56% 49% 51% ‹1% 35%

900-1000 m 3% 5% 8% 55% 15%

1000-1100 m 1% 1% 1% 27% 5%

1100-1200 m 0% ‹1% ‹1% 13% ‹1%

1200-1300 m 0% ‹1% ‹1% 4% 0%

1300-1400 m 0% 0% 0% ‹1% 0%

1400-1500m 0% 0% 0% 0% 0%

selon la répartition spatiale de l’alfa dans le gouvernorat de Kasserine le développement de l’alfa se situe entre

500et1100md’altitude.Plusde70%desnappessontlocaliséesentre500et900md’altitude.

3.4.facteursanthropiquesetsocioéconomiques3.4.1. Densité des agglomérationsTableau:Importancedesnappesalfatièresen%partypesderecouvrementsenrelation

aveclapressionanthropiqueappréciéeselonladensitéennombred’agglomérationspar100km²

danslegouvernoratdeKasserine

Densité(douars/100km2) R›75% R(50à75)% R(25à50)% R(10à25)% R(5à10)%

10à16 0% 1% ‹1% ‹ 1% 0%

5à10 18% 21,50% 12% 6,50% 4%

1à5 40% 45% 53% 58,50% 55%

0 42% 32,50% 35% 35% 41%

Cartededistributionspatialedesagglomérationshumaines(ennombrededouars/100km2)

Page 75: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

81

Enconsidérantqueladensitéennombred’agglomérationspar100km²constitueunfacteurquiindiqueidèle-

ment«lapressionanthropique»quis’exercesurlesnappesalfatières,87%desnappesalfatièressontlocalisées

leszonesmoinshabitéesparl’hommeoùladensitédesagglomérationsestinférieureà5.Cesrésultatsmontrent

que la pression anthropique est très prépondérante dans la détérioration des nappes alfatières. en effet, là où la

densitéest›à5/100km²l’alfaestsousreprésenté.L’alfaestcantonnédanslescontréessoushabitées.Lefacteur

anthropiqueparaîttrèsinluantdanslamenacedel’écosystèmealfatier.Eneffetdansleszonesoùladensitédes

agglomérations est élevée les nappes alfatières ont été détériorées par la population depuis longtemps.

3.4.2. Population humaine projetée aux horizons 2020 et 2050Commelemontrelestravauxdel’ODCO2009,aurythmed’unaccroissementannuelde5992habitants/anla

population globale de du gouvernorat de Kasserine sera le double de celle de 2004 à l’horizon de 2073. Il s’agit

d’un indicateur montrant que la pression sur l’écosystème alfatier dans le futur est préoccupante.

Tableau:Populationprojetéeauxhorizons2020et2050selonlerythmed’évolutiondelapopulationhumainedesdéléga-

tionsdugouvernoratdeKasserine(ODCO2009)

Délégation Années Acc.Ann. Populationprojetéeen2020et2050

1975 1984 1994 2004 2020 2050

Kasserine nord 54472 59213 52394 58343 133 60471 64483

Kasserine sud 20245 196498 21139 45 21859 23195

sbeitla 38051 48536 645643 69539 1086 86915 119485

sbiba 22084 27954 38702 42091 690 53131 73826

Jedliane 21847 11051 13614 13205 -298 8437 0

el Ayoun 13483 17692 18634 258 22762 30481

thala 41853 34959 36619 34508 -253 30460 22857

Haïdra 9750 9854 8716 -52 7884 6338

Foussana 25099 31409 39415 41240 557 50152 66843

Feriana 35093 26048 40493 45787 369 51691 62750

Mjel Bel Abbas 15311 19443 21909 330 27189 37084

Hassi el Frid 15557 16890 133 19018 23022

ezzouhour 18834 20277 144 22581 26915

Totaldugouvernorat

238499 297959 386908 412278 5992 462550 557279

Aurythmed’unaccroissementannuelde5992habitants/anlapopulationglobaledugouvernoratdeKasserine

sera le double de celle de 2004 à l’horizon de 2073. on signale l’enregistrement des accroissements annuels né-

gatifsàJedliane(-298),Thala(-253)etàHaïdra(-52)quisontattribuésàl’exodedelapopulationversl’étranger

et les grandes villes de tunisie.

Page 76: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

82

3.4.3. Possibilités pastorales annuellesTableau:PossibilitéspastoralesannuellesdesdélégationsdugouvernoratdeKasserine(ODCO2009)

Délégation Terreslabourables

(ha)

Possibilitéspastoralesenuf

forêtsetsteppesalfatières

(ha)

Possibilitéspastoralesenuf

Parcours(ha)

Possibilitéspastoralesenuf

Total(ha) Total(uf)

Kasserine nord 3620 362000 1944 349920 2716 543200 8280 1255120Kasserine sud 37294 3729400 38187 6873660 9760 1952000 85241 12555060sbeitla 58750 5875000 40847 7352460 7196 1439200 106793 14666660sbiba 22279 2227900 11162 2009160 11435 2287000 44876 6524060Jedliane 14602 1460200 6181 1112580 7012 1402400 27795 3975180el Ayoun 16360 1636000 16301 2934180 6175 1235000 38836 5805180thala 45430 4543000 13078 2354040 11593 2318600 70101 9215640Haïdra 20627 2062700 16521 2973780 7216 1443200 44364 6479680Foussana 38487 3848700 40812 7346160 7276 1455200 86575 12650060Feriana 44222 4422200 47453 8541540 726 145200 92401 13108940Mjel Bel Abbas 39141 3914100 44432 7997760 3908 781600 87481 12693460Hassi el Frid 30814 3081400 59175 10651500 6489 1297800 96478 15030700Totaldugouvernorat

371626 37162600 336093 60496740 81502 16300400 789221 113959740

Dans le gouvernorat de Kasserine, les possibilités pastorales annuelles sont relativement faibles. elles sont esti-

mées à 114 millions d’uF dont 33 millions d’uF proviennent des nappes alfatières soit 29%.

3.4.4. Besoins annuels du cheptel et bilan fourragerTableau:BesoinsannuelsduchepteldesdélégationsdugouvernoratdeKasserine(ODCO,2009)

Délégation Bovins(têtes

femelles)

Besoinsenuf

Ovins(têtes

femelles)

Besoinsenuf

Caprins(têtes

femelles)

Besoinsenuf

Camélidés Besoinsenuf

equidés Besoinsenuf

Besoinstotaux

Kasserine nord 847 1270500 6500 1950000 600 150000 - - 90 90000

Kasserine sud 270 405000 37000 11100000 4500 1125000 - - 960 960000sbeitla 350 525000 35000 10500000 6500 1625000 - - 1180 1180000sbiba 488 732000 18000 5400000 4000 1000000 - - 1645 1645000Jedliane 75 112500 14000 4200000 3500 875000 - - 1280 1280000el Ayoun 400 600000 20000 6000000 4000 1000000 - - 400 400000

thala 410 615000 24000 7200000 5500 1375000 - - 1400 1400000

Haïdra 120 180000 18000 5400000 5500 1375000 - - 328 328000Foussana 280 420000 30000 9000000 5400 1350000 - - 1610 1610000Feriana 750 1125000 40000 12000000 6000 1500000 - - 589 589000Mjel Bel Abbas 1340 2010000 36500 10950000 6500 1625000 4 6000 1400 1400000

Hassi el Frid 95 142500 21000 6300000 4200 1050000 12 18000 1808 1808000Totaldugouvernorat

5425 8137500 300000 90000000 56200 14050000 16 24000 12690 12690000 124901500

LesbesoinsannuelsduchepteldugouvernoratdeKasserinesontestimésà125millionsd’UF.

les possibilités pastorales annuelles (114millionsd’uf)sonten-deçàdesbesoinsducheptel.Ens’appuyantsur

cesdonnées,onaenregistréd’undéicitannuelde11millionsd’UF/ansoit9%desbesoinscommel’indiquele

bila fourrager suivant :

Bilanfourrager=124901500–113959740=10941760UF/ansoit9%dedéicit

Page 77: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

83

3.4.5. Evolution des supericies de l’alfa à l’échelle nationaleA l’échelle nationale, depuis les temps reculés, les nappes alfatières de tunisie sont en régression continue pas-

santde1350000haen1989à452625en2005commelemontreletableauci-après:

Tableau:evolutiondessupericiesdel’alfaenTunisie(de1889à2005)

Année 1889*** 1895* 1945* 1995** 2005****

Supericie(ha) 1350000 1 112 000 950000 743306 452625Régression en ha/an - -14875 -22240 -4134 -29068 -

Auteur trabut in Marion Monchicourt Debierre DGF/INFP1995 DGF/INFP2005

*SassiGhrab1981**DGF/INFP1995***TrabutinMarion(revueforestièrefrançaise)****DGF/INFP2005

l’examen du tableau montre que la régression des nappes alfatières est perpétuelle devenue très accélérée durant

ladernièredécennie(1995/2005)avecunediminutionannuelled’environ29000ha.Acerythmederégression,à

partirdel’année2005,lesnappesalfatièrespourrontdisparaîtretotalementauboutde16anssoitàl’horizonde

2021. Cette situation aura nécessairement des répercussions désastreuses sur devenir de la société nationale de

Cellulose et Pâte d'Alfa (snCPA) et sur l’emploi dans le secteur alfatier. sachant qu’actuellement, la snCPA offre

del’emploientempspartielàlacueillettedel’alfa,pourlaventeauxcentresd’achatdelaSNCPA,àenviron6000

familles. elle offre également près de 1200 emplois permanents.

3.4.6. Evolution des supericies de l’alfa dans les gouvernorats alfatiersTableau:evolutiondessupericiesdesnappesalfatièresdanslesgouvernoratsalfatiers(InfP1995/2005)

gouvernorat S.desnappesalfatièresenha(1995)

S.desnappesalfatièresenha(2005)

Régressionannuelleenha/an

Kairouan 57798,55 18322 3947,655

Kasserine 179 234, 90 146046 3318,89

sidi Bouzid 152674,56 99541 5313,356

gafsa 161803,09 95174 6662,909

l’optimum de développement des nappes alfatières semble être à Kasserine et à sidi Bouzid. Au nord de ces deux

gouvernorats l’alfa est perturbé par l’excès d’humidité. Au sud l’alfa est fragilisé par la xéricité accentuée du mi-

lieu.Durantladécenniede1995à2005onassisteàdesrégressionsspectaculairesensurfaced’alfa.AKasserine

en particulier, au rythme d’une régression de 3319 ha/an les nappes alfatières inventoriées seront complètement

disparues à l’horizon 2049.

3.4.7. Répartition spatiale des nappes alfatières par CRA du gouvernorat de Kasserine (INFP 2005)le gouvernorat de Kasserine est divisé en délégations (unités administratives) et en cellules de rayonnements

agricolesouCRAs(unitésdegestion).Selonl’INFP2005,larépartitionspatialedesnappesalfatièresparCRAet

par type de recouvrement est comme l’indique le tableau ci-après :

Tableau:ImportanceenhadesnappesalfatièresparDélégationetparCRAdanslegouvernoratdeKasserine

CRA Délégation Recouvrementen% S.totale(ha) %/gouvernorat5à10% 10à25% 25à50% 50à75% >75%

Hassil el Frid nord

Hassi lefrid 577 1566 5716 4754 331 12944 8,46

el gonna sbitla 48 452 2358 2857 1,87talabet Feriana 509 1905 1133 154 3701 2, 42

grouôa ejjedraMajel Bel Abbes

1317 3083 3685 536 121 8742 5,71

om Ali Feriana 606 1995 3577 814 6992 4,57Bousaffa Kasserine sud 113 564 13123 3963 319 18082 11,82

Page 78: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

84

esskhirat Feriana 849 1606 2541 2852 726 8574 5,6

om lagsabMajel Bel Abbes

533 2994 6872 7751 893 19042 12,45

Hassi lefrid sud

Hassi lefrid 1156 4264 7483 10739 361 24003 15,69

Ain Khmeissia sbiba 167 145 313 0, 2

ouled Mahfoudh

Foussana 43 392 52 272 758 0,5

el Hechim Hassi lefrid 80 638 3061 2503 393 6675 4,36Hidra Hidra 12 75 51 41 178 0, 12

eddachra thala 13 13 0, 01

echrayôa sbitla 435 839 3274 194 4742 3, 1

lajred Hidra 3 3 0, 002

Foussana Foussana 37 308 524 976 53 1898 1, 24

thala thala 84 170 340 79 673 0, 44

Boulahnech thala 100 552 652 0, 43

Bouhjar el Ayoun 4 4 0, 002

Jedliene Jedliane 192 192 0, 13

el Ayoun el Ayoun 10 10 0, 007

Tiwecha el Ayoun 25 370 225 619 0, 4

Bouzguem Kasserine nord 347 714 3533 170 4764 3, 11

errakhmet sbitla 212 587 2902 528 8 4238 2, 77

el grôa el Hamra

sbitla 62 92 62 216 0, 14

sbitla sbitla 42 134 1080 1737 32 3025 1,98el Mziraa Foussana 4 122 151 277 0,18Kasserine nord Kasserine nord 941 196 1137 0, 74

Kasserine sud Kasserine sud 865 1222 1416 387 3891 2,54Mejel Bel Abbes

Majel Bel Abbes

117 789 2640 2861 278 6684 4, 37

ettahamed sbiba 61 335 396 0,26sbiba sbiba 196 196 0, 13

Feriana Feriana 183 587 2555 2564 188 6076 3, 97

Total 6448 23487 61174 56733 4729 152567 100%globalpartypederecouvrement

4 15 40 37 3

L’examendutableaumontrequelesCRAslesplusalfatierssontdansl’ordreHassiLefridSud(16%),OmLagsab

etBousaffa(chacune12%)suivieparHassiLefridNord(8%)totalisantprèsdelamoitiédesnappesalfatièresdu

gouvernorat. on peut également remarquer que les recouvrements alfatiers les plus représentés sont compris

entre25et75%etreprésentent77%desnappesalfatièresdugouvernorat.

Lacarteci-contreillustre

l’importancedesnappes

alfatièresensupericiepar

CRAdugouvernoratde

Kasserine

Toustypesderecouvrements

confondus

Page 79: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

85

3.4.8. Récoltes d’alfa et incidences sur la SNCPA et sur l’emploiTableau:Productionmoyennerécoltéed’alfadanslegouvernoratdeKasserinede1939au2009

(Arrondissementalfatier2010)

Période Productionmoyenneannuellerécoltéed’alfaentonnes

evolutiondelaproductionrécoltéeentonnes/an

1939/1945 6191 -

+88415

1945/1950 94606

-21299

1950/1955 73307

-433

1955/1960 72874

-10074

1960/1965 62800

+10133

1965/1970 72933

-20944

1970/1975 51989

+8569

1975/1980 60558

-25946

1980/1985 34612

-4294

1985/1990 30318

+5331

1990/1995 35649

+4348

1995/2000 39997

-10176

2000/2005 29821

-9821

2005/2009 20000

Laluctuationdesrécoltes(cf.Tableauplushautetgraphiqueci-après)estliéeàdiversévènementsquionttou-

ché le secteur alfatier. les périodes qui ont connu une augmentation des récoltes correspondent à l’amélioration

de l’exportation de l’alfa, l’installation des usines de transformation (snCPA actuelle et sntC et stPA d’aupa-

ravant), création de l’arrondissement alfatier, et la bonne initiative de l’aménagement des nappes alfatières, ....

Lespériodesquiontconnuunediminutiondesrécoltessontattribuéesauxdéiciencesdesaménagements,aux

défrichements des nappes pour la mise en culture, au surpâturage et la fragilisation des nappes sous l’effet du

climat et de l’érosion. en effet, faute de moyens, les aménagements expirés n’ont pas été révisés d’où un manque

de vigilance contre les agents causaux de la détérioration des nappes alfatières.

Depuislaindela2èmeguerremondiale(1945),sousl’effetdefacteurscités,letonnagerécoltédel’alfaadimi-

nuéénormément.Ilapasséde94606tonnes/andurantlapériodede1945/1950à20000tonnes/andurantla

périodede2005/2009soitunerécolte5foisplusfaible.Seloncerythmededétérioration,lesrécoltespourront

devenir nulles à l’horizon de l’année 2027. Ces régressions des récoltes sont probablement liées à l’Homme et à

son troupeau et qui pourront être aggravées par les sécheresses climatiques. Il s’agit d’une situation très préoc-

cupante pour le ravitaillement de la snCPA en alfa et pour l’emploi de la main d’œuvre dans le gouvernorat de

Kasserine. en effet la récolte annuelle actuelle (20 000 tonnes) ne peut couvrir environ qu’un quart de la capacité

del’usinedelaSNCPA(76000tonnes/an).

Page 80: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

86

le graphique ci-après illustre l’évolution des récoltes d’alfa enregistrées dans le gouvernorat de Kasserine depuis

1939.

Histogrammedelaproductionannuelle

desnappesalfatièresdugouvernorat

deKasserineentonnesdefeuillesd’alfa

Il semble que la régression des récoltes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine est en partie liée à la xéricité

du milieu qui est devenue accentuée rendant l’alfa plus vulnérable aux phénomènes de dégradation (décapage et

déchaussement facies, défrichement pour la mise en culture et pour l’affouragement du bétail).

egalement la régression des nappes alfatières peut être attribuée à plusieurs autres facteurs tels que :

• L’absencederégénérationquiestlecorollaired’unedégradationcontinue;

• Ledéfrichementdesnappespourl’installationdel’arboricultureetdeculturesépisodiques;

• LasurexploitationdesnappespourlesbesoinsdelaSNCPA,enparticulierautourdescentresdecollectede

l’alfa et dans les nappes les plus accessibles (DgF 2004). Il s’agit d’un problème lié à la gestion et l’aménage-

mentdesnappesalfatières;

• Lesurpâturagequiestlerésultatd’unesurchargeencheptel;

• L’intérêtinsufisantaccordéauxfonctionsenvironnementalesdesnappesalfatières;

• Ladétériorationdesconditionsécologiquesrendantlesnappesalfatièresvulnérablesauxagentsdedégrada-

tion (sécheresses climatiques, pertes de fertilité des sols, déchaussement des touffes sous l’effet de l’érosion

hydrique,…);

• Lacueillettedel’alfapourdesinsindustriellesresteencorenonrémunératricepourlapopulationusagère

des nappes alfatières (10 Dt/quintal). Pour cette raison, il n’est pas rare d’observer des paysans extirper les

touffes d’alfa pour la mise en bottes et sa commercialisation pour l’affouragement du troupeau. Ces mau-

vaises pratiques contribuent énormément à la détérioration des nappes notamment pendant les périodes

de disettes où la touffe d’alfa devient vulnérable. Bien que l’alfa soit un fourrage grossier, son exploitation

abusive pour l’affouragement du bétail est devenue une pratique courante.

A côté de la régression perpétuelle des supericies on assiste à des pertes en production et en productivité.

D’après la DgF 2004, la productivité potentielle moyenne des nappes alfatières des gouvernorats alfatiers est

passéede4,5Qx/haen1976à3,4Qx/haen2003,correspondantàunerégressionde1,1Qx/hasoitunerégres-

sion des quantités d’alfa à récolter de 4 kg/ha/an. Ces pertes en productivités pourront compromettre l’avenir

de la snCPA et les possibilités d’emploi dans le secteur alfatier. elles touchent également d’autres domaines tels

quelasparterie, l’environnement, labiodiversité, laixationdessolset lepastoralisme.Lespertesenrécoltes

sont attribuées aux pressions anthropozoïques d’une part aggravées par les sécheresses climatiques d’autre part.

0

10000

20000

30000

40000

50000

60000

70000

80000

90000

100000

1939

/194

5

1945

/195

0

1950

/195

5

1955

/196

0

1960

/196

5

1965

/197

0

1970

/197

5

1975

/198

0

1980

/198

5

1985

/199

0

1990

/199

5

1995

/200

0

2000

/200

5

2005

/201

0

ton

nes/

an

Page 81: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

87

Cette étude pourra mettre à la disposition des acteurs du développement, un outil d’aide à la décision pour

affronter les impacts du changement climatique et des métamorphoses socioéconomies qui peuvent menacer

l’écosystème alfatier. D’où l’élaboration d’un indice de vulnérabilité des nappes alfatières vis-à-vis du change-

ment climatique est d’une grande nécessité.

4. vulnerabiliteS DeS nappeS alfatiereS et projectionS aux horiZonS 2020 et 2050

la méthodologie suivie pour l’évaluation de l’indice de la vulnérabilité factorielle des nappes alfatières a été pré-

sentée plus haut au deuxième paragraphe de cette étude. Il est fastidieux de présenter l’ensemble des résultats

del’analyse;onselimiteiciauxsynthèsesetauxrécapitulations.

4.1.vulnérabilitésfactoriellesmoyennesdesnappesalfatièresdesCRAsdugouvernoratdekasserine

le classement des CRAs du gouvernorat de Kasserine a été apprécié selon le degré de vulnérabilité factorielle.

neuf facteurs ont été couplés avec le type de recouvrement relatif ou pondéré des nappes alfatières. en considé-

rantqueledegréderecouvrementdel’alfaestlarésultanteidèledudegrédefragilitédelanappealfatière.Les

résultats de cette analyse sont résumés dans les points suivants :

-Croisementdesrecouvrementsrelatifsdesnappesalfatièresenrelationaveclesétagesbioclimatiques: sa-

chantque75%desnappesalfatièressontcantonnéesdansl’étagebioclimatiquearidesupérieurfrais.Lecalcul

de la vulnérabilité factorielle vis-à-vis du bioclimat a montré que mis à part om lagsab où les nappes sont « peu

vulnérables », suivie par esskhirat « moyennement vulnérables » et par grouÔ ejjedra « vulnérables », les nappes

alfatières du reste des CRAs sont classées « extrêmement vulnérables à très vulnérables ».

-Croisementdes recouvrements relatifsdesnappesalfatièresenrelationavec l’hydromorphiedusubstrat :

Partant du tempérament de l’alfa qui redoute l’hydromorphie, les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine

sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables », à l’exception d’esskhirat où elles sont « moyennement

vulnérables » suivie par om lagsab, grouÔ ejjedra et Hassi el Ferid sud «vulnérables».

-Croisementdesrecouvrementsrelatifsdesnappesalfatièresenrelationaveclefacteurliéàlasalinitédusol:

Partant du tempérament de l’alfa qui redoute la salinité et en relation avec les types de son recouvrement, les

nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables ». seulement

om lagsab où les nappes sont « peu vulnérables » suivie par esskhirat « moyennement vulnérables », om lagsab et

Hassi el Ferid sud «vulnérables».

-Croisementdesrecouvrementsrelatifsdesnappesalfatièresenrelationaveclefacteurliéàlaprofondeurdu

sol: Bien que l’alfa est indifférent à la profondeur sol, les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont en

totalité extrêmement à très vulnérables.

-Croisementdesrecouvrementsrelatifsdesnappesalfatièresenrelationaveclefacteurtextural: sachant que

l’optimum du développement de l’alfa dans le gouvernorat de Kasserine est situé sur des sols à texture moyenne,

les nappes alfatières sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables ». seulement à Hassi el Ferid sud et à

om lagsab où les nappes sont « vulnérables ».

-Croisementdesrecouvrementsrelatifsdesnappesalfatièresenrelationaveclefacteurliéàlaréserveutile

dusol: Bien que l’alfa est une espèce franchement xérophile, les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine

sont en totalité « extrêmement à très vulnérables ».

Page 82: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

88

-Croisementdes recouvrements relatifsdesnappes alfatières en relation avec le facteur lié à lapentedu

terrain: Bien que l’alfa est une espèce qui préfère les sols bien drainés, les nappes alfatières du gouvernorat de

Kasserine sont en totalité « extrêmement à très vulnérables ».

-Croisementdesrecouvrementsrelatifsdesnappesalfatièresenrelationaveclefacteuraltitudinal: Bien que

l’optimumdedéveloppementdel’alfaestsituéeàdesaltitudesmodestes(500à900m),lesnappesalfatièresdu

gouvernorat de Kasserine sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables ». seulement les nappes d’om

lagsab sont « moyennement vulnérables » suivies par celles d’Hassi el Ferid sud qui sont « vulnérables ».

-Croisementdes recouvrements relatifsdesnappesalfatièresen relationavec le facteur liés à lapression

anthropiqueappréciéeselonladensitéennombred’agglomérationspar100km²danslegouvernoratdeKas-

serine: sachant que l’alfa est plus agressé dans les zones les plus peuplées par l’homme. vis-à-vis du facteur

lié au nombre d’agglomération/100km², les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont dans la plupart

extrêmement à très vulnérables. A l’exception des nappes et de Hassi el Ferid sud et d’om lagsab où les nappes

sont « peu vulnérables » suivies par celles d’esskhirat (moyennement vulnérables) et de grouô ejjedra, d’Hassi el

Ferid nord, de Bousaffa et d’om Ali qui sont « vulnérables ».

4.2.vulnérabilitéfactoriellemoyennesynthétiquedesnappesalfatièresdanslegouvernoratdeKasserine

Tableau:Indicedevulnérabilitémoyennesynthétique(IvMS)/CRAdanslegouvernoratdeKasserine

CRA vulnérabilitéfactoriellemoyennesynthétique

CRA vulnérabilitéfactoriellemoyennesynthétique

IvfMS Appréciation notation IvfMS Appréciation notation

A´n khema´ssia 0,180 ev 1 Foussana 0,501 ev 1

Bou lahnech 0,582 ev 1 grouô ejjedra 5,794 tv 2

Bousaffa 3,467 tv 2 Hassi el ferid nord

3,566 tv 2

Bouzguem 1, 011 ev 1 Hassi el ferid sud

7,507 v 3

Djedliane 0, 297 ev 1 Hidra 0, 133 ev 1

echrayô 1,726 ev 1 Kasserine nord 1,684 ev 1

eddachra 0, 022 ev 1 Kasserine sud 1,897 ev 1

el bouajer 0, 007 ev 1 lajred 0,005 ev 1

el ayoun 0, 012 ev 1 Majel bel abbes 2, 932 ev 1

el garôa el hamra

0,056 ev 1 om ali 3, 233 tv 2

el gonna 0, 927 ev 1 om lagsab 8,433 v 3

el hechim 2,384 ev 1 ouled Mahfoudh

0, 491 ev 1

el m’zirôa 0,056 ev 1 sbiba 0,206 ev 1

errakhmet 1, 123 ev 1 sbitla 0,862 ev 1

esskhirat 6,214 v 3 thala 0, 330 ev 1

ettahamed 0,205 ev 1 thelebet 2,325 ev 1

Feriana 2,661 ev 1 tiouecha 0,166 ev 1

l’examen du tableau montre que mis à part Hassi el Ferid sud, om lagsab et esskhirat qui sont classées « vul-

nérables » le reste des CRAs du gouvernorat de Kasserine sont rangées « extrêmement à très vulnérables ». Cela

dénote que l’écosystème alfatier est dans une situation préoccupante. Ces indices montrent que le secteur alfa-

tier est sérieusement affecté. Ce sont des précurseurs d’élimination de l’emploi et du tarissement de la matière

première pour l’industrie et de l’artisanat. Dans le gouvernorat de Kasserine, le devenir proche de la population

humaine et de la snCPA est en grand danger.

Page 83: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

89

4.3.Projectiondesprecipitationsmoyennes annuelles (p) etdes températuresmoyennesannuelles(t)etcalculdesrapportsp/tcorrespondantsauxhorizons2020et2050selonlemodèleHadCM3/scenariosA2etB2

LaprojectiondesdonnéesclimatiquesdugouvernoratdeKasserineauxhorizons2020et2050aétéfondéesurla

base des résultats des travaux du Ministère de l’Agriculture et de l’environnement en collaboration avec la gIZ en

2007 : le modèle utilisé pour la tunisie est celui de HadCM3 avec deux scénarios le premier A2 (variante sévère),

le second B2 (variante modérée).

Partantdesdonnéesmétéorologiquesde1961à1990etselonlemodèleHadCM3lesprojectionsdeP,TetP/T

auxhorizons2020et2050igurentdansdeuxtableauxci-après.

Tableau:ProjectiondesdonnéesclimatiquesdugouvernoratdeKasserine

facteurs

climatiques

Scenarii

ScénarioA2 ScénarioB2

rT.en2020(°C) 1, 2 1, 1

rP.en2050(°C) -7% -4%

rT.en2050(°C) 2, 7 +2 , 1

rP.en2050(°C) -16% -10%

t. projetée 2020 16,7+1,2=17,9prochedeSidiBouzid 16,7+1,1=17,8prochedeSidiBouzid

P. projetée 2020 302,5-21,175=281,325

proche de sidi Bouzid

302,5-12,1=290,4

proche de Kairouan

P/t projeté 2020 15,72prochedeKairouan 16,31prochedeKairouan

T.projetée2050 16,7+2,7=19,4prochedeKairouan 16,7+2,1=18,8prochedeGafsa

P.projetée2050 302,5-48,4=254,1prochedeSidiBouzid 302,5-30,25=272,25prochedeSidiBou-

zid

P/Tprojeté2050 13, 1 proche de sidi Bouzid 14,48prochedeSidiBouzid

les résultats de ces projections du gouvernorat de Kasserine ont été comparés avec les facteurs climatiques en-

registrésdurantlapériodeallantde1961à1990desgouvernoratsseptentrionauxetméridionauxparrapportà

celui de Kasserine.

Fautes de données aboutissant à des corrélations étroites entre la projection du climat et la structure des nappes

alfatières, et partant du postulat que les changements climatiques prévisibles ne sont pas létaux pour l’alfa mais

ayant un effet fragilisant permettant à d’autres facteurs de dégradation d’agir (pression anthropozoïque en parti-

culier)etenconsidérantl’hypothèsequ’auxhorizons2020et2050,lessupericiesdel’alfadugouvernoratdeKas-

serine,resterontinchangées,onpeutdirequeleCCvainluenceruniquementlastructuredesnappesalfatières.

Engardantlesmêmessupericies,danslegouvernoratdeKasserine,lesstructuresetlesproductivitésprojetées

sontassimiléesidentiquesàcellesenregistréesen2005(d’aprèsl’INFP)auniveaudesnappesalfatièresdesgou-

vernorats méridionaux et septentrionaux qui ont en 1990 des facteurs climatiques (t, P et P/t) proches de celles

dugouvernoratdeKasserineprojetéesen2020et2050.

Tableau:Précipitationmoyenneannuelle(P)etTempératuremoyenneannuelle(T)etP/Tdesgouvernoratsalfatiersde

Tunisie(d’aprèsOnMdeTunisie1961à1990)

facteursclimatiques gouvernorat

Kairouan Kasserine SidiBouzid gafsa

P. moy. annuelle (mm) 305,8 302,5 273, 4 173, 7

T.moy.annuelle(°C) 19,5 16,7 18,5 18,8

P./ t. 15,68 18,11 14,78 9, 24

Page 84: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

90

De cette analyse on déduit les résultats suivants :

- Du point de vue climatique, le gouvernorat de Kasserine pourra être assimilé très proche de Kairouan actuel

(en1990)àl’horizon2020etàSidiBouzidàl’horizon2050.

- Du point de vie biologique l’alfa possède un tempérament très rustique, par conséquent, le climat sera consi-

déré comme un facteur aggravant de la vulnérabilité des nappes alfatières.

- Partantdeshypothèsesqu’auxhorizons2020et2050,leclimatdugouvernoratdeKasserine,seraassimilé

identique respectivement aux climats actuels (1990) de Kairouan (en 1990) à l’horizon 2020 et de sidi Bou-

zidàl’horizon2050.Et,enl’absencedel’effetdesfacteursanthropozoïques,lessurfacesalfatièresrestent

inchangées et seulement les structures et « la productivité primaire » exprimée en possibilités pastorales et

en biomasses foliaires de l’alfa seront changées. Donc, le devenir des structures des nappes alfatières aux

horizons2020et2050etl’évaluationdespossibilitéspastorales,ainsiquel’estimationdelaproductivitéen

biomassesfoliairesd’alfaserontabordéescommesi,engardantlesmêmessupericies,lesnappesalfatières

du gouvernorat de Kasserine auront les mêmes structures et productivités primaires de Kairouan à l’horizon

2020etdeSidiBouzidàl’horizon2050.

5. projection climatique aux horiZonS 2020 et 2050 Selon le moDele haDcm3 et inciDenceS Sur la Structure DeS nappeS alfatiereS et leS perteS en proDuctionS paStoraleS et en biomaSSeS foliaireS

5.1.Devenirdesnappesalfatièresauxhorizons2020et2050etprojectiondespertesenpossibilitèspastoralesetenbiomassesfoliairesselonlemodèleHadCM3/scenariosA2etB2

5.1.1. Productivités pastorales moyennes annuelles des nappes alfatières en 2005 et projetées dans les CRA du gouvernorat de KasserineTableau:Productivitéspastoralesenufdesgouvernoratsalfatiers(Kasserine,KairouanetSidiBouzid)

Productivitépastoralemoyenneannuelledesnappesalfatièresen2005tousrecouvrementsconfondusdans les CRA du gouvernorat de Kasserine en uF/ha

223,52

Productivité pastorale moyenne annuelle projetée en 2020 des nappes alfatières tous recouvrements confondus dans les CRA du gouvernorat de Kasserine équivalente à la productivité moyenne annuelle en2005desnappesalfatièresdugouvernoratdeKairouanenUF/ha

80,74

Productivitépastoralemoyenneannuelleprojetéeen2050desnappesalfatièrestousrecouvrementsconfondus dans les CRA du gouvernorat de Kasserine équivalente à la productivité moyenne annuelle en2005desnappesalfatièresdugouvernoratdeSidiBouzidenUF/ha

78,63

Comptetenudeshypothèsesdesprojectionsindiquéesplushaut(cf.§4.3.1.6),auxhorizons2020et2050,les

structures et les productivités pastorales des nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine vont baisser de près

de2/3parrapportàlaproductivitéde2005.Cettesituationauranécessairementdesgravesincidencessurl’éle-

vage extensif dans la région. Dans le tableau ci-après sont compilées les pertes projetées en uF pour l’ensemble

desCRAsalfatiersdugouvernoratdeKasserineauxhorizons2020et2050.

Page 85: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

91

Tableau :Productionpastorale enufprojetéeparCRAdugouvernoratdeKasserineen2020et 2050 selon lemodèle

HadCM3/scénariosA2etB2

CRA S.(ha) Productionenuf(2005)

Productionenuf(2020A2

etB2)

Productionenuf(2050A2

etB2)

Perteprojetéeenufen2020

Perteprojetéeenufen2050

Ain Khemaissia 368 82255,36 29708,64 28932,16 -52546,72 -53323,2

Bou lahnech 652 145735,04 52635,96 51260,24 -93099,08 -94474,8

Bousaffa 14037 3137550,24 1133207, 01 1103588,94 -2004343, 23 -2033961,3

Bouzguem 2635 588975,2 212723,55 207163,7 -376251,65 -381811,5

Djedliane 192 42915,84 15500,16 15095,04 -27415,68 -27820,8

echrayaa 5262 1176162,24 424801,26 413698,44 -751360,98 -762463,8

eddachra 13 2905,76 1049, 49 1022,06 -1856,27 -1883,7

el Bouajer 4 894,08 322, 92 314,48 -571,16 -579,6

el Ayoun 10 2235,2 807,3 786,2 -1427, 9 -1449

el garaa el Hamra

98 21904,96 7911,54 7704,76 -13993, 42 -14200, 2

el gonna 2895 647090,4 233713,35 227604,9 -413377,05 -419485,5

el Hechim 7690 1718868,8 620813,7 604587,8 -1098055,1 -1114281

el M’zirÔa 202 45151,04 16307,46 15881,24 -28843,58 -29269,8

errakhmet 3770 842670,4 304352,1 296397,4 -538318,3 -546273

esskhirat 8877 1984187,04 716640,21 697909,74 -1267546,83 -1286277,3

ettahamed 331 73985,12 26721,63 26023,22 -47263,49 -47961,9

Feriana 5313 1187561,76 428918,49 417708,06 -758643,27 -769853,7

Foussana 1420 317398,4 114636,6 111640,4 -202761,8 -205758

grouaa ejjedra 9001 2011903,52 726650,73 707658,62 -1285252,79 -1304244, 9

Hassi el Ferid nord

11912 2662570,24 961655,76 936521,44 -1700914,48 -1726048,8

Hassi el Ferid sud

23725 5303012 1915319,25 1865259,5 -3387692,75 -3437752,5

Hidra 173 38668,96 13966,29 13601,26 -24702,67 -25067,7

Kasserine nord 600 134112 48438 47172 -85674 -86940

Kasserine sud 3226 721075,52 260434,98 253628,12 -460640,54 -467447,4

lajred 3 670,56 242, 19 235,86 -428,37 -434, 7

Majel Bel Abbes

6122 1368389,44 494229,06 481311,64 -874160,38 -887077,8

om Ali 6472 1446621,44 522484,56 508828,64 -924136,88 -937792,8

om lagsab 18578 4152554,56 1499801,94 1460602,36 -2652752,62 -2691952,2

ouled Mahfoudh

1123 251012,96 90659,79 88290,26 -160353,17 -162722,7

sbiba 197 44033, 44 15903,81 15488,14 -28129,63 -28545,3

sbitla 4035 901903, 2 325745,55 317231, 7 -576157,65 -584671,5

thala 558 124724,16 45047,34 43869,96 -79676,82 -80854,2

thelebet 3289 735157,28 265520,97 258581,18 -469636,31 -476576,1

tiouecha 449 100360,48 36247,77 35300,38 -64112,71 -65060,1

TOTAL 32015216,64 11563119,36 11260899,84 -20452097,28 -20754316,8

Page 86: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

92

5.1.2. Pertes en possibilités pastoralesTableau : Pertes en possibilités pastorales en uf/CRA du gouvernorat de Kasserine en 2020 et 2050 selon lemodèle

HadCM3/scénariosA2etB2

Année ProductionpastoraleglobaleprojetéedesnappesalfatièresdugouvernoratdeKasserine(uf)

Pertesglobalesenpossibilitéspastoralesdugouvernorat

deKasserine(uf)

2005selonl’INFP2005 32015216,6 -

Projection en 2020 (HadCM3/scénarioA2 et B2)

11563119,4 -20452097,28

Projectionen2050(HadCM3/scénarioA2 et B2)

11260899,8 -20754316,8

Pour ces projections, sur la base des hypothèses posées considérant que les surfaces des nappes alfatières des

CRA de Kasserine restent inchangées et que le changement climatique n'affecte que la structure des nappes al-

fatièresetleurproductivitépastorale,defaçonàcequ'auxhorizons2020et2050,lastructureetlaproductivité

pastoraledeKasserinedeviendront similaires respectivementàcellesdeKairouanetdeSidiBouziden2005.

l’examen des deux tableaux précédents montre que dans le gouvernorat de Kasserine, les pertes projetées en

possibilitéspastoralessontimportantesdel’ordrede20millionsd’UFen2020etde21millionsd’UFen2050.Il

résulte que l’avenir du pastoralisme va être sérieusement touché.

5.2.Projectiondesrécoltesenfeuillesd’alfaentonnesauxhorizons2020et2050selonlemodèleHadCM3/scénariosA2etB2

D’après la DgF 2004, les récoltes potentielles des nappes alfatières des gouvernorats alfatiers ont été évaluées

à 0, 34 tonnes/ha/an avec une baisse annuelle de récoltes de 4 kg/ha. une telle baisse aura des répercussions

désastreusessurl’avenirdelaSNCPAdontlesbesoinsannuelss’élèventà76337tonnesparan.

on peut envisager trois hypothèses, la première (1) à récolte de prélèvement élevé (à raison d’un repos d’une an-

née qui suit l’opération d’arrachage), la seconde (2) à récolte de prélèvement moyen (à raison d’un repos de deux

ans) et la troisième (3) à récolte de prélèvement faible (à raison d’un repos de trois ans).

Page 87: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

93

Selonceshypothèses,laprojectiondesrécoltesenfeuillesd’alfaauxhorizons2020et2050estcommel’indique

le tableau ci-après :

Tableau:Projectiondesrécoltesglobalesdefeuillesd’alfaentonnesparCRAdugouvernoratdeKasserineauxhorizons

2020et2050selonHadCM3/scénariosA2etB2

CRA S.(ha) Hypothèse1 Hypothèse2 Hypothèse3

en2005 en2020 en2050 en2005 en2020 en2050 en2005 en2020 en2050

Ain Khemaissia 368 61,1 50,0 28,0 40, 7 33, 4 18,6 30,5 25,0 14, 0

Bou lahnech 652 108,2 88,7 49,6 72, 2 59,1 33, 0 54,1 44, 3 24,8

Bousaffa 14037 2330, 1 1909, 0 1066,8 1553,4 1272, 7 711, 2 1165,1 954,5 533,4

Bouzguem 2635 437, 4 358,4 200, 3 291,6 238,9 133,5 218,7 179, 2 100, 1

Djedliane 192 31, 9 26,1 14,6 21, 2 17, 4 9, 7 15,9 13, 1 7, 3

echrayaa 5262 873,5 715,6 399, 9 582,3 477, 1 266,6 436,7 357,8 200, 0

eddachra 13 2, 2 1,8 1, 0 1, 4 1, 2 0, 7 1, 1 0, 9 0,5

el Bouajer 4 0, 7 0,5 0, 3 0, 4 0, 4 0, 2 0, 3 0, 3 0, 2

el Ayoun 10 1, 7 1, 4 0,8 1, 1 0, 9 0,5 0,8 0, 7 0, 4

el garaa el Hamra 98 16,3 13, 3 7, 4 10,8 8,9 5,0 8,1 6,7 3, 7

el gonna 2895 480,6 393, 7 220, 0 320, 4 262,5 146,7 240, 3 196,9 110, 0

el Hechim 7690 1276,5 1045,8 584,4 851,0 697,2 389,6 638,3 522,9 292, 2

el M’zirÔa 202 33,5 27,5 15,4 22, 4 18,3 10, 2 16,8 13, 7 7, 7

errakhmet 3770 625,8 512,7 286,5 417, 2 341,8 191, 0 312, 9 256,4 143, 3

esskhirat 8877 1473,6 1207, 3 674,7 982,4 804,8 449,8 736,8 603,6 337, 3

ettahamed 331 54,9 45,0 25,2 36,6 30, 0 16,8 27,5 22,5 12,6

Feriana 5313 882,0 722,6 403,8 588,0 481,7 269,2 441, 0 361,3 201, 9

Foussana 1420 235,7 193, 1 107, 9 157,1 128,7 71, 9 117, 9 96,6 54,0

grouaa ejjedra 9001 1494, 2 1224, 1 684,1 996,1 816,1 456,1 747, 1 612,1 342, 0

Hassi el Ferid nord 11912 1977, 4 1620,0 905,3 1318,3 1080,0 603,5 988,7 810,0 452,7

Hassi el Ferid sud 23725 3938,4 3226,6 1803,1 2625,6 2151,1 1202, 1 1969,2 1613,3 901,6

Hidra 173 28,7 23,5 13, 1 19, 1 15,7 8,8 14, 4 11,8 6,6

Kasserine nord 600 99,6 81,6 45,6 66,4 54,4 30, 4 49,8 40,8 22,8

Kasserine sud 3226 535,5 438,7 245,2 357,0 292,5 163,5 267,8 219, 4 122,6

lajred 3 0,5 0, 4 0, 2 0, 3 0, 3 0, 2 0, 2 0, 2 0, 1

Majel Bel Abbes 6122 1016,3 832,6 465,3 677,5 555,1 310, 2 508,1 416,3 232,6

om Ali 6472 1074, 4 880,2 491, 9 716,2 586,8 327, 9 537,2 440, 1 245,9

om lagsab 18578 3083,9 2526,6 1411, 9 2056,0 1684,4 941, 3 1542,0 1263,3 706,0

ouled Mahfoudh 1123 186,4 152,7 85,3 124, 3 101,8 56,9 93, 2 76,4 42, 7

sbiba 197 32, 7 26,8 15,0 21,8 17, 9 10, 0 16,4 13, 4 7,5

sbitla 4035 669,8 548,8 306,7 446,5 365,8 204, 4 334, 9 274, 4 153,3

thala 558 92,6 75,9 42, 4 61,8 50,6 28,3 46,3 37, 9 21, 2

thelebet 3289 546,0 447, 3 250,0 364,0 298,2 166,6 273, 0 223, 7 125,0

tiouecha 449 74,5 61,1 34, 1 49, 7 40, 7 22, 7 37, 3 30,5 17, 1

TOTAL(tonnes) 23776,5 19479,6 10885,6 15851,0 12986,4 7257,1 11888,3 9739,8 5442,8

Besoins de la snCPA (tonnes/an)

76337 76337 76337 76337 76337 76337 76337 76337 76337

% de couverture des besoins de la snCPA

31, 1 25,5 14, 3 20,8 17, 0 9,5 15,6 12,8 7, 1

Ce tableau montre que l’avenir de la snCPA est préoccupant ainsi pour l’emploi provenant du secteur alfatier

dans le gouvernorat de Kasserine. en effet dans les meilleurs des cas le taux de couverture des besoins annuels

de la snCPA ne dépasse pas les 40%.

Page 88: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

94

5.3.TauxdecouverturedesbesoinsdelaSnCPAparlesrécoltesprojetéesdefeuillesd’alfaprésuméesen2020et2050danslegouvernoratdeKasserineselonlestroishypothèsesetselonlemodèleHadCM3/scénariosA2etB2selon les trois hypothèses indiquées, les taux de couverture des besoins de la snCPA présumés réalisables en

2020et2050danslegouvernoratdeKasserine,parlesrécoltesd’alfa,selonHadCM3/scénariosA2etB2,sont

réunis dans le tableau récapitulatif ci-après.

Tableau:Projectiondesrécoltesglobalesdefeuillesd’alfaentonnesdel’ensembledugouvernoratdeKasserineauxhori-

zons2020et2050selonHadCM3/scénariosA2etB2

Hypothèsesouscenarii

S.del’alfadans

legouvernoratdeKasserine

Récoltesentonneset%decouverturedesbesoinsdelaSnCPA

2003(tonnes)

%decouverture

2020(tonnes)

%decouverture

2050(tonnes)

%decouverture

Hypothèse (1)

146046(ha)

24828 32 19862 26 11 099 14

Hypothèse (2) 16552 22 13 242 17 7 400 10

Hypothèse (3) 12 414 16 9 931 13 5550 7

Pour toutes les hypothèses, l’avenir de la production est préoccupant. les baisses spectaculaires des récoltes

alfatières vont compromettre sérieusement le ravitaillement de la snCPA en feuilles d’alfa.

Actuellement l’usine de la snCPA, travaille à environ ¼ de sa capacité. sachant que la snCPA possède une capa-

citédetransformationdesfeuillesd’alfade76337tonnesparan.

on signale également que la détérioration de la productivité de l’alfa a des répercussions sur plusieurs domaines :

• socio-économique (ravitaillement de la snCPA, balance commerciale de tunisie, emploi, artisanat, parcours,

migrationdelapopulationetconlitsdémographiques,...);

• environnementale(biodiversité,protectiondusubstrat,richessecynégétiques,...);

Pour faire face à ces problèmes complexes, accentués par le changement climatique, une analyse critique des

stratégies et des pratiques d’aménagement et de gestion des nappes alfatières s’imposent ainsi que la nécessité

desongeràdesrélexionsaboutissantàlapropositiond’orientationsetdemesuresadéquatessonturgentes.

6. réSultat De l’analySe rétroSpective DeS StratégieS et DeS capacitéS

6.1.etudesantérieuresla pertinence des stratégies, des programmes, des projets et des pratiques d’aménagement et de gestion des

nappesalfatières,résidedansl’eficacitédesactionsàentreprendresurleterrainpourl’atténuationdeseffets

directs et indirects face au changement climatique. en tunisie et ailleurs, plusieurs études ont été élaborées dans

ce sens. vu l’aspect nouveau et la complexité du phénomène du CC, ces études sont restées globales, au niveau

dudiagnosticetaustaded’élaborationdesméthodologies.Lesétudesspéciiquessurlesnappesalfatièressont

relativement rares.

Il importe de citer une étude prospective des nappes alfatières en tunisie, qui a été réalisée par la DgF en 2004.

elle a analysé en détail les problèmes et des menaces qui pèsent sur le secteur alfatier dans sa globalité y compris

les impacts probables du CC à l’horizon 2020. l’étude a débouché sur la proposition de 3 scénarios (tendanciel,

souhaitableetdecrise).Pourchaquescénario,l’auteuraproposédesrélexionsfondéessurl’étatvégétatifdes

nappes alfatières en relation avec la pression des récolteurs de feuilles d’alfa. Il propose également l’importation

de l’alfa algérien en vu de soulager les nappes alfatières tunisiennes en leur permettant une amélioration végé-

tative.

Page 89: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

95

6.2.gestiondesnappesalfatièresdanslegouvernoratdeKasserineA côté des stratégies liées au changement climatique et particulièrement on incidence sur l’écosystème alfatier,

il est utile de faire une analyse critique de la gestion antérieure des nappes alfatières. Il est évident qu’à travers la

gestion qu’on peut aborder les actions d’atténuation des incidences du CC sur les nappes alfatières.

6.2.1. Contexte antérieurPour faire face aux problèmes de la dégradation des nappes alfatières, l’administration tunisienne a entamé de

bonnes initiatives, relativement précoces, ayant pour but de développer et de préserver le secteur alfatier. C’est

ce genre de réforme qui pourra maîtriser les problèmes et les menaces qui entravent la préservation et le déve-

loppement des nappes alfatières tout en tenant compte des aléas climatiques qui peuvent survenir. C’est dans les

années1970,qu’ilyaeucréationd’unarrondissementspéciiquepourbiengérerlesnappesalfatières.

suite à la création de l’arrondissement, 39 séries alfatières ont été aménagées dont 19 au sein du gouvernorat de

Kasserineetréunissant196parcellesdesurfacetotalede170916ha(surfaceaménagée).

6.2.2. Contexte actuel Après expiration de la durée des aménagements, les nappes alfatières sont laissées à leur sort (sans révision de-

puis).Actuellement,danslegouvernoratdeKasserine,d’aprèsl’INFP2005,lasupericietotaledel’alfanecouvre

que146046ha.

A côté de l’abandon des aménagements des nappes alfatières, il est à signaler que le manque de moyens humains

et matériels contribue énormément à la détérioration des nappes alfatières. Cette dégradation est spectaculaire

au niveau des pertes en surfaces et en productivités pastorales et en biomasses d’alfa. les causes de la décadence

dusecteuralfatiersontengrandepartieliéesàladéiciencedanslagestion(manquedemoyensdesuivietde

contrôle, disfonctionnements socioéconomiques, manque d’approches participatives intégrant tous les parte-

naires dans le secteur : gestionnaires, population locale, industriels, ...

Ces constats et analyses montrent que la région de Kasserine a atteint le niveau ultime du déclin (dégradation

irréversibledesnappesalfatières,gestiondéicitaire,effervescencesocialeetpauvretéextrême,...)aggravépar

l’accélérationduréchauffementclimatiquequiestdevenuànosjoursuneréalitéconirméeparlesscientiiques.

A défaut de mesures drastiques pour atténuer les impacts du CC sur l’écosystème alfatier on peut s’attendre à

des catastrophes socioéconomiques et environnementales insurmontables. D’où l’urgence pour la mise en œuvre

destratégiespourfairefaceauCCetprendrelesmesuresnécessairesrationnellesàindepréserverlesnappes

alfatières dans le gouvernorat de Kasserine.

6.2.3. Problèmes entravant la gestion rationnelle des nappes alfatièresA l’issue des travaux antérieurs et des analyses réalisées le long de la présente étude, plusieurs déductions peu-

vent être retenues :

- Leréchauffementclimatiqueestuneactualitéconirmée.Sonimpactdirectsurl’alfasemanifesteparl’aug-

mentationdesavulnérabilitéaudécapageetaudéchaussement.Quantàl’inluenceindirecte,quiestlaplus

prépondérante, est la pression anthropozoïque à travers les défrichements et le surpâturage.

- l’explosion démographique qui pèse sur les écosystèmes alfatiers, engendre une demande accrue de terres

pour la mise en culture (défrichement des nappes déjà fragilisées par l’effet du réchauffement climatique).

- Par manque de moyens humains et logistiques, et, à défaut d’une surveillance rigoureuse, la sous valorisation

des prix attribués à l’alfa et ses dérivés, incite la population à défricher d’avantage les nappes alfatières pour

leur mise en culture.

- le surpâturage excessif, en particulier durant les périodes de disettes, l’utilisation de l’alfa, déjà fragilisé par

l’effet de la sécheresse, pour l’affouragement du bétail est une pratique devenue courante et elle a des réper-

cussions désastreuses sur l’avenir de l’écosystème alfatier.

Page 90: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

96

- Actuellementlareconstitutiondesnappesalfatièresenpleinchampestunetâchedificilevoireimpossible:

l’alfa est un fossile vivant, bien qu’il est rustique, toute touffe disparue, elle ne pourra en aucun cas d’être

renouvelée(déiciencedelarechercheappliquée).

- la tendance actuelle vers l’imposition de changer la période de récolte en été au lieu qu’elle soit en automne

et en hiver, est une pratique pouvant contribuer à augmenter l’acuité des effets du changement climatique sur

les touffes d’alfa.

7. principaleS oritationS StrategiqueS et meSureS recommanDeeS

L’adaptationeficacedesécosystèmesfaceauchangementclimatiquedoitintégrersystématiquementtousles

domaines liés de loin ou de près à l’écosystème en question.

7.1.Orientationsstratégiques

7.1.1. Orientations généralesAvecunepopulationruralesupérieureà60%,KasserinecompteparmilesgouvernoratsdeTunisiequisouffrent

d’untauxdechômagechronique (20%)dûaumanquedediversiicationdusecteuréconomique (OSS2009).

Cette situation fait du gouvernorat de Kasserine l’une des régions les moins outillées pour combattre les impacts

négatifs du changement climatique. en effet, il s’agit d’un gouvernorat où la pauvreté est assez exacerbée par le

changement climatique. le paysan se trouve poussé à s’orienter vers la surexploitation de l’alfa (défrichement,

décapagepourl’affouragement,surpâturage,utilisationcommecombustible,...);

on peut déduire que les principaux problèmes qui accentuent l’impact du changement climatique sur les nappes

alfatières peuvent être compilés dans le développement socioéconomique et le degré de pauvreté des habitants.

Ilenrésulteque,pourêtreeficace,lesorientationsstratégiquesfaceauchangementclimatiquedoiventtenir

compte des aspects socioéconomiques et du bien être social.

Dans ce sens plusieurs orientations peuvent être envisagées en touchant à divers domaines socioéconomiques :

• l’encouragement de l’écotourisme, l’agritourisme, tourisme archéologique, tourisme pastoral et rationalisa-

tion de l’artisanat et du savoir faire local, pourront contribuer à améliorer le niveau de vie de la population

ruraleetlapréservationdel’environnementycomprisl’écosystèmealfatier;

• en vu d’alléger la charge pastorale sur les nappes alfatières fragilisées par la sécheresse climatique et d’amé-

liorer la rentabilité de la production animale, la conduite progressive de la stabulation entravée est à recom-

mander;

• la valorisation et la manufacture, sur place, des ressources locales (marbres, ciments, papeterie, conserves

agricoles,...)constituentdescréneauxprometteurspouratténuerlapauvreté;

• la consolidation de l’artisanat et du savoir faire local (sparterie, sculpture, ...) peut contribuer au bien être des

paysansetdesartisans;

• les techniques de l’économie de l’eau (goutte à goutte, ouvrages de Ces, techniques culturales adéquates,

choix des espèces et des spéculations convenables, ...) sont à encourager et à vulgariser.

• Amélioration des infrastructures de base (voierie, moyens de communication, hôpitaux, universités, aéro-

drome,...)estlaconditionnécessairepourl’essorsocioéconomique;

• la reconstitution des forêts naturelles est une nécessité à multiples intérêts. on cite particulièrement :

- les forêts naturelles du gouvernorat de Kasserine constituent un réservoir des formations alfatières au

niveau du sous bois

- l’assistancedelareconstitutiondesforêtsestbénéiquepourl’emploidelamaind’œuvre, laremontée

biologique, la production ligneuse et divers produits forestiers non ligneux.

Page 91: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

97

7.1.2. Orientations spéciiquesen vu d’améliorer la vigueur et de stimuler la circination des touffes d’alfa plusieurs stratégies sont à combiner

pour faire face aux effets des sécheresses climatiques qui peuvent survenir :

• Lerespectd’unechargepastoraled’équilibreestrecommandé;

• l’encouragement de la stabulation entravée est une stratégie favorable à l’amélioration de la vigueur des

touffes et permet la reconstitution des nappes alfatières à long terme à travers la circination de l’alfa (intensi-

icationdel’élevage);

• Du point de vu administratif la consolidation de l’arrondissement alfatier par des moyens humains (techni-

ciens,gardiens,...)etlogistiques;

• Devant la menace du changement climatique, il faut se hâter à aménager les nappes alfatières du gouvernorat

de Kasserine : la vitesse des pertes en surfaces et en productivités primaires, risquent la disparition de la res-

sourced’unefaçonirréversible;

• sensibiliser les jeunes et le grand public aux problèmes qui peuvent survenir des effets du changement clima-

tique (suivi et conduites des actions appropriées par des écoliers et des écoles primaires avec une rémunération

d’encouragement symbolique, augmenter les séances de sensibilisation sur les impacts du changement clima-

tiquesurl’écosystèmealfatier,...);

• encouragement et ciblage des programmes de recherches appliquées quitte à instaurer des contrats-pro-

grammespouraccomplirlesrecherchesappliquéesnécessairespourassurerlarégénérationalfatière;

7.2.Mesuresàentreprendre

les mesures d’atténuation des impacts du changement climatique sur les nappes alfatières du gouvernorat de

Kasserine doivent être nécessairement réalisées à travers des aménagements durables, intégrés et participatifs.

Eneffet,cetyped’aménagementpermetlavalorisationrationnelledesressourcesd’unefaçondurableetégale-

ment la responsabilisation de tous les partenaires liés à la gestion des nappes alfatières (population, administra-

tion,gestionnaires,ONGs,industriels,artisans,communautésscientiiques,etc.).

A ce propos il convient de mentionner que le gardiennage et le respect des plannings des rotations de récoltes

dans les parcelles des séries alfatières, ainsi que l’application d’une charge pastorale rationnelle, constituent la

clefdevoûtedetoutegestionsérieuse.Pourplusd’eficacité,ilestimportantdesoulignerlanécessitéd’unrecru-

tementdegardiensmêmeensurnombre(sacriicenécessaire).Cegardiennagedoitêtreaccompliselonuncahier

de charge signé par les gardiens. Il s’agit d’un type de « contrat-programme » qui précise la cartographie exacte

des nappes alfatières. Ce contrat signé doit responsabiliser les gardiens sur les pertes en surfaces qui doivent

être contrôlées annuellement par un suivi rigoureux. les rotations de récoltes doivent tenir compte de l’état de

dégradation des nappes alfatières et des conjonctures climatiques.

A l’issue de cette étude, toutes les orientations stratégiques ont tourné autour de l’aménagement durable intégré

et participatif des nappes alfatières. on peut proposer que la série alfatière doit être assimilée à l’unité de gestion

quiestlaCRA(retenucommeunitédebase).TouteCRAcontenantunesupericiesupérieureà1000had’alfafera

l’objet d’une série entière. le reste des nappes alfatières sera géré dans des suites de parcelles appartenant à des

sériesspéciiquespouvantchevauchersurplusieursCRAsvoisines.Chaquesérieseradiviséeenparcellesplusou

moins homogènes constituant les unités d’exploitation de l’alfa selon une rotation de durée variable selon l’état

des nappes alfatières. Cette proposition reste à titre indicatif : l’aménagement proprement dit devra être fondé

sur des analyses diagnostics précises sur le terrain. le tableau ci-après réunit les surfaces d’alfa du gouvernorat

deKasserineparCRAaveclesN°d’ordreindicatifsdessériesalfatières.

Page 92: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

98

Tableau:Supericiesdessériesalfatièresprojetées

CRA S.(ha) n°Série CRA S.(ha) n°Série

Ain Khemaissia 368 suite de parcelles

Foussana 1420 9ème

Bou lahnech 652 suite de parcelles

grouaa ejjedra 9001 10ème

Bousaffa 14037 1ère Hassi el Ferid nord 11912 11ème

Bouzguem 2635 2ème Hassi el Ferid sud 23725 12ème

Djedliane 192 suite de parcelles

Hidra 173 suite de parcelles

echrayaa 5262 3ème Kasserine nord 600 suite de parcelles

eddachra 13 Petite parcelle Kasserine sud 3226 13ème

el Bouajer 4 Petite parcelle lajred 3 Petite parcelle

el Ayoun 10 Petite parcelle Majel Bel Abbes 6122 14ème

el garaa el Hamra 98 suite de parcelles

om Ali 6472 15ème

el gonna 2895 4ème om lagsab 18578 16ème

el Hechim 7690 5ème ouled Mahfoudh 1123 17ème

el M’zirÔa 202 suite de parcelles

sbiba 197 suite de parcelles

errakhmet 3770 6ème sbitla 4035 18ème

esskhirat 8877 7ème thala 558 suite de parcelles

ettahamed 331 suite de parcelles

thelebet 3289 19ème

Feriana 5313 8ème tiouecha 449 suite de parcelles

De ce tableau découle qu’on peut envisager 19 séries alfatières, chacune de surface supérieure à 1000 ha.

LesCRAsoùlasurfacedel’alfaestinférieureà1000hasontaunombrede15totalisant3850ha.Cesnappes

fragmentairespeuventêtreannexéesauxalfas forestiersetpré-forestiersoubiendansdesséries spéciiques

supplémentaires. elles peuvent être associées aux nappes du sous-bois des forêts de pin d’Alep et de genévriers

(131000 ha véritables réservoirs et refuges pour l’alfa). Ces nappes alfatières qui n’ont pas été comptabilisées par

l’INFPde2005,peuventparticiperàl’augmentationdesrécoltesd’alfapourlaSNCPA.

A raison d’une productivité annuelle de 0, 34 tonnes/ha et selon une rotation bisannuelle, les 19 séries alfatières

dugouvernoratdeKasserinepeuventrapporteruneproductionannuellede23695tonnes/ansoitprèsde1/3

delacapacitédel’usinedelaSNCPA.Ledéicitpourraêtrecombléparl’apportdesautresgouvernoratsalfatiers

et l’importation de l’alfa algérien. A long et à moyen terme, l’aménagement durable, participatif et intégré des

nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine qui vise en particuliers l’amélioration végétative des touffes d’alfa

et la reconstitution des nappes d’alfa par l’intermédiaire de la circination, pourra aboutir à une amélioration no-

table de leur productivité.

Page 93: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

99

8. concluSionS

A l’issue de cette étude plusieurs conclusions ont été déduites :

• le gouvernorat de Kasserine est la plus alfatière de toute la tunisie. sa participation nationale dans le ravitaille-

mentdelaSNCPAs’élèveà80%.Bienquelazoneadetrèsbonnesaptitudesalfatières,sousl’effetdesdivers

agents de dégradation aggravés par les sécheresses climatiques, la quasi majorités des nappes alfatières ont

été démontrées « extrêmement à très vulnérables ». la situation de l’écosystème alfatier parait être en danger,

nécessitant des interventions urgentes.

• Leréchauffementclimatiqueestuneréalitéconirmée,maissoninluencesurledevenirdesnappesalfatières

n’est pas directe. son effet constitue un effet aggravant rendant l’alfa plus fragile aux agents de dégradation

notamment la pression anthropozoïque.

• vu le tempérament de l’alfa, la cause de la détérioration des nappes alfatières paraît être liées à l’action anthro-

piqueintensiiéeparl’effetdessécheressesclimatiques.

• Comptetenudelabiologiedel’alfa,desdéiciencesdelamaîtrisedesarégénérationenpleinchamp,lepeu

d’intérêt accordé à la ressource, le manque de moyens humains et matériel, l’absence d’aménagement, ... les

pertes en surfaces des nappes alfatières sont jugées irréversibles -situation précaire- incitant tout le monde à

penser à la sauvegarde de ce qui reste de ce patrimoine avant qu’il ne soit pas trop tard.

• la détérioration du secteur alfatier et de sa productivité a des répercussions sur plusieurs domaines :

-socio-économique(ravitaillementdelaSNCPA,emploi,artisanat,parcours,migrationetconlitsdémogra-

phiques,...);

- environnementale (biodiversité, protection du substrat, richesse cynégétiques, ...).

Il est à noter que devant les pertes spectaculaires irréversibles en surfaces des nappes alfatières dans le gouver-

norat de Kasserine, les baisses énormes des récoltes d’alfa, l’avenir de la snCPA est très préoccupant. en plus des

répercussions désastreuses sur la balance commerciale de tunisie et sur l’emploi dans la région.

Malgré les stratégies et les bonnes initiatives entreprises par les autorités tunisiennes en matière de gestion à

traversl’aménagementde19sériesalfatièresetlacréationd’unarrondissementspéciiquepourl’alfa,lesecteur

alfatier a été énormément négligé. Cette négligence se manifeste par :

• l’abandondesaménagementsdesnappesalfatièresetdeleursrenouvellements;

• aucune révision n’a été accomplie après expiration de la durée d’aménagement et les séries alfatières sont

laisséesàleursort;

• lemanquelagrantdemoyenshumainsetmatérielpourlesuivietlasauvegardedesnappesalfatières;

Pour faire face à ces problèmes complexes, il est plus rationnel d’apporter des mesures reposant sur la conso-

lidation de l’arrondissent alfatier et de l’aménagement des 19 séries alfatières proposées (cf. § 7.2.). Également,

la révision des prix de l’alfa et de ses dérivés constitue un élément déterminant pour une valorisation juste.

l’aménagement alfatier doit être intégré et participatif avec des contrats-programmes signés par l’ensemble des

partenaires(gestionnaires,populationlocale,industriels,artisans,etsociétécivile.);

Page 94: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique

100

A côté des mesures liées à la gestion, pour faire face aux effets du changement climatique sur le devenir des

nappes alfatières, sur l’avenir de la population humaine et de la snCPA, on doit consolider les actions adaptées

aux sécheresses climatiques qui peuvent survenir (usages d’espèces rentables et xérophiles, économie de l’eau,

travaux de Ces, utilisation des spéculations adaptées, réhabilitation et reconstitution des écosystèmes forestiers

etpré-forestiersendommagés,...).Pourquelesmesuressoienteficaces,lesdécideursdoiventavoirunevision

globale des problèmes. Ils doivent avoir toujours dans l’esprit la présence du devoir du combat pour l’extirpation

de la pauvreté, pour l’assurance du bien être social. Également une politique visant des réformes structurelles est

nécessaire.Cesréformestoucherontenparticuliersl’éducation,larecherchescientiiqueetappliquée,laparti-

cipation du citoyen dans la prise de décision. Ce sont les meilleurs garants de toutes mesures rationnelles. Ces

mesures et réformes permettront de s’adapter aux circonstances liées au changement climatique qui peuvent

survenir et d’apporter les solutions rationnelles nécessaires.

Page 95: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique dans le Gouvernorat de Médenine

avec l’appui de la MInIstèRe De l’AgRICultuRe et De l’envIRonneMent

Page 96: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

102

Sommaire

1. InTRODuCTIOn 105

2. DeSCRIPTIOnDeL’APPROCHeMÉTHODOLOgIque 106

2.1. Choixetdescriptiongénéraledumodèle 106

2.2. Approche méthodologique globale 107

2.2.1. les bases de données utilisées 107

2.2.2.Simulation 108

2.2.3.Restitutionsdesrésultats 108

2.2.4. evaluation économique des biens et des services 109

3. POTenTIALITÉSPASTORALeSACTueLLeS 109

3.1. Répartition et production des écosystèmes pastoraux 109

3.1.1. LesparcoursàbasedeRosmarinusoficinalis 110

3.1.2. Parcours à base de stipa tenacissima 110

3.1.3. Parcours à base d'Artemisia herba-alba 111

3.1.4. Parcours à base d’Haloxylon schmittianum (Beguel) 111

3.1.5.Parcoursàbased'Anthyllishenoniana(Ghizdir) 111

3.1.6.ParcoursàbasedeRhanteriumsuaveolens(Arfej) 112

3.1.7. Parcours à base de gypsophytes 112

3.1.8.Parcoursàbased'halophytes 112

3.1.9. Parcours à base de psammophytes 113

3.2.Facteursinluençantl’étatdesécosystèmespastoraux 113

3.2.1. Facteurs biophysiques 113

3.2.1.1. Ressources en sol 113

3.2.1.2. les associations végétales 114

3.2.2.Facteurssocioéconomiques 115

3.2.2.1. Moded’exploitationdesparcours 115

3.2.2.2. Excèsdelachargepastorale 116

3.2.3.Facteursclimatiques 116

3.2.3.1. Précipitations 116

3.2.3.2. Température 116

3.2.3.3. vent 117

3.2.3.4. variabilité et changement climatique 117

3.2.3.4.1. Pluviométrie 117

3.2.3.4.2.Température 118

Page 97: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

103

4. evALuATIOnDeLAvuLnÉRABILITÉDeSÉCOSySTèMeSPASTORAuxfACe

AuCHAngeMenTCLIMATIqueAuxHORIzOnS2020eT2050 118

4.1. les formations végétales peu vulnérables au changement climatique 122

4.1.1. Formation à base d’Haloxylon schmittianum 122

4.1.2. Formation à base d’halophytes 122

4.2. les écosystèmes pastoraux moyennement vulnérables au changement climatique 123

4.2.1. Parcours à base de Rhanterium suaveolens 123

4.2.2. Formation à base de psammophytes 123

4.3. les écosystèmes pastoraux les plus vulnérables au changement climatique 124

4.3.1. Formation à base de stipa tenacissima 124

4.3.2. Formation à base de Rosmarinusoficinalis 124

4.3.3. Formation à base d’Artemisia herba alba 124

4.3.4. Formation à base d’Anthyllis henoniana 125

4.3.5.Formationàbasedegypsophytes 125

5. AnALySeDeLAvALeuRÉCOnOMIqueDeSDIffÉRenTSBIenSeTSeRvICeSDeL’ÉCOSySTèMe 126

5.1. Identiicationettypologiedesbiensetservicesrendusparl’écosystèmepastoral

danslegouvernoratdeMédenine 126

5.2. Evaluationéconomiquedesbiensetservicesdel’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine 127

5.3. Evaluationéconomiquedesbiensetservicesdel’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine 129

6. AnALySeDeLAPeRTInenCeDeSSTRATÉgIeS,PROgRAMMeS,PROJeTSeTPRATIqueSD’AMÉnAgeMenT

eTDegeSTIOnACTueLLeenRAPPORTAveCLeSRISqueSLIÉSAuCHAngeMenTCLIMATIque 131

6.1. Analysedelapertinencedesstratégies,programmes,projetsetpratiquesd’aménagement

et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au changement climatique 131

6.1.1. Analysedelapertinencedesstratégies,programmes,projetsetpratiquesd’aménagement

et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au changement climatique 131

6.1.1.1.Parcoursaméliorésparplantationd’arbustesfourragers 131

6.1.1.2.Lesmisesenrepos/défens(Gdel) 132

6.1.2. LeProgrammedeDéveloppementRuralIntégré(PDRI) 132

6.1.3. LeProjetdeGestiondesRessourcesnaturelles(PGRN) 133

6.1.4. Autresmesuresaccompagnatrices 133

6.1.5. Mesuresponctuellesdegestiondelasécheresse 134

6.1.6. Modalitésactuellesd’exploitationetdegestiondesparcours 135

6.2. Analysedelacapacitéinstitutionnelledel’administrationfaceauchangementclimatique 135

6.2.1. Casdel’Oficedel’ElevageetdesPâturages(OEP) 135

6.2.2. Casdel’ArrondissementdesForêts(AF) 136

Page 98: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

104

7. ORIenTATIOnSSTRATÉgIqueSeTMeSuReSD’ADAPTATIOnPOuRAugMenTeRLARÉSILIenCe

DeL’ÉCOSySTèMefACeAuCHAngeMenTCLIMATIque 138

7.1. Proposition d’orientations stratégiques en vue d’améliorer l’élaboration des stratégies, des programmes

etprojetsd’aménagementetdegestiondesécosystèmes 138

7.1.1.Surleplanpolitique:Créationd’uneunitéspéciiqueàlastratégied’adaptation 138

7.1.2. Surleplansocialetinstitutionnel 138

7.1.3. Surleplanrecherchescientiique 139

7.1.4. sur le plan technique 139

7.2. Proposition de mesures d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience de l’écosystème

face au changement climatique 140

7.2.1. Actions de développement 140

7.2.1.1. Mise en repos 140

7.2.1.2. Plantations d’arbustes fourragers autochtones 142

7.2.1.3. Resemis 142

7.2.1.4. Mesures d’accompagnement 143

7.2.1.5. Mobilitédestroupeauxetpâturagedifféré 143

7.2.2. Appui institutionnel et modalités de gestion 143

7.2.2.1. le renforcement des capacités du CRDA de Médenine et la création

d’uneUnitéspéciiqued’adaptationauchangementclimatique 143

7.2.2.2. groupements de Développement Agricole (gDA) 144

7.2.2.3. les conseils de gestion 144

7.2.2.4. Modalitéspratiquespourl’exécutiondesdifférentescomposantesdelastratégie 145

7.2.3. Développementdescompétencesetformation 146

7.2.3.1. Formation du personnel technique du CRDA

(Unitéchargéedelamiseenœuvredelastratégie) 146

7.2.3.2. FormationdesmembresetdupersonneldesGDAs 146

7.2.4. Recherchescientiique 146

8. COnCLuSIOnS 147

Remerciements:l’équipe chargée de la réalisation de cette étude tiennent à remercier vivement:- le Professeur Houcine Khatteli, Dg de l’IRA pour son appui et ses encouragements et pour l’intérêt particulier qui a accordé

à cette étude. - Mr Ammar Zerrim, technicien en télédétection et sIg à l’IRA pour sa contribution active dans la modélisation Maxent et la productiondesdifférentescartes;

- les différents services du CRDA de Médenine et la direction régionale de l’oeP à Médenine pour leur appui, leurs commen-taires constructifs lors des ateliers d’information et pour toutes les informations qui ont mis à la disposition de l’équipe pour meneràbiencetravail;

- toute l’équipe du projet « Appui à la mise en œuvre de la Convention des nations unies sur le Changement Climatique » CCC/gIZ qui a invité les membres de l’équipe à toutes les manifestations et les ateliers de formation et d’information se rapportant à l’adaptation au changement climatique, ainsi que leurs critiques et commentaires constructifs lors des diffé-rentes phases de la présente étude.

Page 99: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

105

IntroductIon

Les parcours du gouvernorat de Médenine sont, plus ou moins, marqués par l’ampleur de l’impact des

diverses activités humaines. Il s’agit surtout du surpâturage et de l’extension des cultures pluviales qui

dénudent le sol pendant les périodes sèches et accélèrent ainsi son érosion. la sécheresse climatique, qui

a marqué le début de ce siècle (1999-2003), a fortement perturbé l’équilibre des écosystèmes de cette région.

les effets d'une période de sécheresse dépendent essentiellement de sa durée se mesurant souvent en nombre

d’années sèches consécutives. les connaissances relatives à la prédictibilité, l'intensité et les effets de telles suc-

cessionsd’annéessèchesdemeurentinsufisantes.

les impacts d’une sécheresse climatique sont d’autant plus néfastes que les écosystèmes sont plus fragilisés par

les perturbations anthropiques. les parcours du gouvernorat de Médenine sont plus ou moins dégradés sous l'ef-

fet de différents stress et perturbations. les conséquences de cette dégradation sont assez visibles non seulement

surlecouvertvégétalnaturelmaisaussisurlemilieuphysique.Ilestparfoisdificiledefairelapartdesdifférents

facteurs qui sont à l'origine de la dégradation quantitative et qualitative de la couverture végétale et dont les

effetsseconjuguentcequiampliiedavantageleurpouvoirdégradant.Lasituationseraitelleplusgravequantà

l'avenir de l'élevage extensif, qui marquait l'économie de la région depuis plusieurs siècles, particulièrement à la

lumière du changement climatique où les prévisions montrent des sécheresses plus fréquentes, une augmenta-

tion des températures plus nettes et une variabilité saisonnière plus importante.

Comptetenudel’étatdedégradationatteintparcertainsécosystèmesetdelasécheressequaliiéecomme‘sans

précédent’ qui a sévi en tunisie méridionale au cours des années 1999 à 2003, la projection des températures et

des précipitations sur la tunisie et particulièrement sur le gouvernorat de Médenine, est très alarmante pour la

résilience des écosystèmes tunisiens. les conséquences iront de la dégradation des sols à un déclin des produits

traditionnels en passant par un appauvrissement des services écologiques, par exemple la protection des res-

sources en eau et des sols.

l’étude et l’analyse de la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine deviennent par

conséquent une nécessité en vue de développer des stratégies d’adaptation au changement climatique. une telle

adaptation doit se concentrer sur la construction et le renforcement de la résilience des écosystèmes.

la présente étude s’intègre dans le cadre du projet CCC/gIZ qui a pour mission d’appuyer la tunisie pour la

mise en œuvre de la Convention-cadre des nations unies sur le changement climatique (unFCCC) aussi bien au

niveau national que régional. la première étape a consisté en l’élaboration de la stratégie nationale d'adaptation

du secteur agricole au CC. les étapes suivantes appréhendent carrément la mise en œuvre de la convention via

le passage à des niveaux plus approfondis et plus détaillés par l'élaboration des plans/stratégies régionaux (au

niveau des gouvernorats) permettant le développement des mesures d'adaptation.

Page 100: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

106

Dans le cadre de sa tache d’appui à l’élaboration et à la mise en œuvre des stratégies sectorielles, la gIZ lance trois

études simultanées se rapportant à l’analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique.

si la première et la deuxième études concernent la subéraie (nord du pays) et les nappes alfatières (tunisie cen-

trale), la présente étude concerne les écosystèmes pastoraux, un archétype de grande importance dans le sud de la

tunisie et particulièrement dans le gouvernorat de Médenine en vue de fournir une base solide d'information sur

les stimulus du climat, impacts climatiques, les vulnérabilités, et les options de réponse (adaptation) permettant

de répondre aux besoins des groupes cibles (décideurs, institutions, ongs). elle vise, par conséquent, l’analyse de

lavulnérabilitédecesécosystèmesfaceauchangementclimatiqueetceenvued’identiierlesécosystèmesles

plusvulnérablesetd’identiierdesmesuresadéquatesd’adaptationpermettantdemettreenœuvredesprojets

concrets de préservation de la biodiversité et de la productivité des écosystèmes.

l'étude est conduite en une deux phases qui comportent quatre étapes complémentaires:

- la première étape est consacrée à la capitalisation et l'analyse des données disponibles se rapportant aux carac-

téristiques biophysiques et socioéconomiques, à l’analyse de l’état actuel des écosystèmes pastoraux et à l’iden-

tiicationetl’évaluationdelavaleuréconomiquedesdifférentsbiensetservicesdesécosystèmespastoraux;

- la deuxième étape est consacrée à la mise en œuvre de l'approche méthodologique proprement dite. Cette ap-

proche est basée sur la modélisation des niches écologiques moyennant (Modèle Maxent: «Maximum entropy

Modeling of species geographic Distributions») combinée avec des analyses des perturbations anthropiques

moyen sIg. les différentes couches (physiques et socioéconomiques) de la carte agricole (CA) du gouvernorat

de Médenine et de l’inventaire national pastoral et forestier et de l’Atlas de Médenine servent comme outils de

cetteanalyse;

- la troisième étape consistera en une analyse des stratégies, programmes, projets et pratiques d’aménagement et

degestiondesparcoursenrapportaveclesrisquesliésauchangementclimatique;

- une fois lesoutputsde lamodélisation identiiés, laquatrièmeétapeseraconsacréeaudéveloppementdes

propositions des orientations stratégiques en vue d’améliorer l’élaboration des programmes et projets pour

l’aménagementetlagestiondesparcoursetidentiierdesmesuresd’adaptationpouraugmenterlarésilience

de chaque unité pastorale face au changement climatique.

la réalisation de ces différentes étapes est couronnée par l'organisation des ateliers de concertation et de restitu-

tion/validation des résultats de l'étude avec les acteurs et partenaires concernés par cet archétype à savoir l’Institut

des Régions Arides, le CRDA de Médenine, l’oeP, l’uRAP, des gDA en plus de la gIZ.

2. DeScription De l’approche méthoDologique

2.1.Choixetdescriptiongénéraledumodèle

la méthodologie adoptée fait intervenir l’utilisation des couches thématiques (climatiques et environnementales)

vectoriellesetrasterfourniespardifférentessources(INFP,Cartesagricoles,www.wordclim.orgetwww.gisweb.

ciat.cgiar.org).LamodélisationestréaliséeavecleslogicielsARC-GISetMAXENT.Lepremierlogicielestnécessaire

aussi bien en amont de la modélisation (préparation des couches et conversion des extensions) qu’en aval pour la

conversion(asciienrasteretvecteur),laclassiicationetlavalorisationdesrésultats.QuantaulogicielMAXENT

(méthode d'entropie maximale pour la modélisation des distributions géographiques des espèces/écosystèmes),

le choix a été dicté par les performations de ce modèle dans l’évaluation et la simulation de la répartition géogra-

phique des espèces/écosystèmes tout en se basant sur la notion de la niche écologique (besoins environnementaux

de l’existence d’une telle espèce). Ce modèle permet de produire une carte de répartition de l’espèce/écosystème

avecdifférentesclassesdeprobabilités.Celles-cirelètentend’autrestermeslesclassesdesensibilitédel’espèce/

écosystème face aux variations pouvant toucher les paramètres environnementaux (exigences écologiques de l’es-

Page 101: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

107

pèce). Pour aboutir aux classes de vulnérabilité, une couche vectorielle socioéconomique représentée par une

cartederépartitiondescoeficientsdesurpâturage,aétécroiséeauxcartesdesensibilitéissuesdelamodélisa-

tion des variables environnementales ou biophysiques.

2.2.Approcheméthodologiqueglobale

le schéma global de l'approche méthodologique permettant d’évaluer la vulnérabilité des formations végétales

auchangementclimatique,estprésentédanslaigure1.

figure1.Schémagénéraldécrivantlesdifférentesphasesdel’approcheméthodologiqueglobaleadoptéedansl’étudede

lavulnérabilitédesécosystèmespastorauxdugouvernoratdeMédenineauchangementclimatique.

2.2.1. Les bases de données utilisées

Inventaire national forestier et pastoral : la carte des formations végétales du gouvernorat de Médenine a été

extraiteàpartirdecetinventaire(MARHP,2005).

La carte agricole : A partir de la carte agricole du gouvernorat de Médenine (MARH, 2002), nous avons utilisé la

couche des sols (profondeur, texture et salinité).

Données bioclimatiques :Des19variablesbioclimatiquesdisponibles,lechoixaétéfaitsurles8lesplusperti-

nents pour notre cas d'étude à savoir:

- Profondeur- texture- salinité

Carte actielle des formations végétales

Carte agricole

INFP(2005)

Altitude

Charge animale réelle

Capaciré de charge

Coeficientsdesurpâturage

Paramètres climatiques (actuels)

World Clim

Modélisation M

axent

Réponses, Im

pacts, stratégies, d'adaptation

Cartes de vulnérabilité

ScénariosCC2020-2050

Carte de sensibilité auCC(2005,2020,2050)

Biophysique

socioéconomique

Page 102: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

108

Température Pluviométrie

-BIO1:Températuremoyenneannuelle(°C), - BIo12: Précipitation annuelle (mm)

- BIo4: température saisonnière (ecart type, %), - BIo13:Précipitation du mois le plus pluvieux (mm),

-BIO5:Températuremaximaledumoislepluschaud(°C), - BIo14: Précipitation du mois le plus sec (mm),

-BIO6:Températureminimaledumoisleplusfroid(°C), -BIO15:Précipitationsaisonnière(Coeficientdevariation,mm)

LeclimatactueldugouvernoratdeMédenineaétédécritenutilisantles8variablesclimatiquesdeBioclimsus-

indiquées, tirées des strates du climat mondial de la base de données WoRlDClIM. Cette base de données a éga-

lement fourni des informations sur l’aire altitudinale de la répartition des écosystèmes de la région. les données

(FormatESRIGrid,2.5Arcminute)etl'altitudeontététéléchargéesàpartirdusiteWorldclim

http://worldclim.org/current

Lesprojectionsclimatiquesontétéréaliséespourlesannées2020et2050àl’aidedelamoyennedesprédictions

relatives au modèle de circulation globale largement utilisé (HADCM3), dans le cadre du scénario A2 d’émissions

deCO2lepluspessimiste.Lesdonnées(formatGrid,2.5minderésolution)ontététéléchargéesàpartirdusite:

http://gisweb.ciat.cgiar.org/gCMPage/download_b2.html

Pourlavariablesocioéconomique;lecoeficientdesurpâturageestdéinicommeétant:

S(%)=1-Ce/Cr (avec Ce : Charge d’équilibre et Cr : Charge animale réelle)

la charge d’équilibre ou capacité de charge a été estimée à partir des potentialités pastorales actuelles alors que

la charge réelle a été calculée à partir des effectifs des animaux répartis dans les délégations (CRDA Médenine,

2010).

2.2.2. Simulation

la simulation nécessite tout d’abord de préparer les différentes couches suivantes :

- lacartederépartitionactuelledechaqueespèce/écosystèmeetquiseraconvertieenichier*.csv;

- lescartesthématiquesclimatiques(les8variablesdelasituationactuellesetcellesdesannées2020et2050)

etleurconversiondutyperasterenichiersascii;

- les cartes biophysiques (profondeur, texture et salinité des sols, altitude) et leur conversion du type vecteur en

ichiersascii.

une fois toutes les couches sont prêtes, le modèle est lancé pour effectuer les corrélations.

2.2.3. Restitutions des résultats

Pour chaque formation, les classes de sensibilité suivantes ont été adoptées:

Probabilité Classe Classe

<0.25 1 Peu sensible

0.25-0.5 2 Moyennement sensible

0.5-0.75 3 sensible

>0.75 4 très sensible

les classes de vulnérabilité (non vulnérable, peu vulnérable, vulnérable, très vulnérable) ont été obtenues après

croisementdescouchesdesensibilitéaveclacouchedescoeficientsdesurpâturagerenfermantàsontour3

classes (légèrement surpâturée, surpâturée et très surpâturée). Il est à signaler que seuls les données climatiques

quiontétéprojetéesauxhorizonsde2020et2050.Lapressionanimaleaétésupposéecommeconstante.

Page 103: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

109

2.2.4. Evaluation économique des biens et des services

Conformément aux objectifs de l’étude, l’évaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral

est déclinée en trois étapes principales :

i. 1èreétape:identiicationdesbiensetservicesdel’écosystèmepastoral:ils’agitd’analyseretd’identiierde

façonqualitativelesdifférentsbiensetservicesdel’écosystèmepastoral(listesdesserviceséco-systémiques);

ii. 2èmeétape : évaluationéconomiquede l’écosystèmepastoral : il s’agitd’analyser etd’identiierde façon

quantitative les valeurs économiques des différents services de l’écosystème pastoral et de présenter des di-

rectives pour une meilleure évaluation de la valeur économique totale de l’écosystème.

iii. 3ème étape : évaluation de la valeur économique perdue des différents biens et services de l’écosystème pas-

toral sous l’effet du CC : le travail consiste à évaluer la valeur économique perdue des différents biens et ser-

vices de l’écosystème sous l’effet du CC et ce en se basant sur l’évaluation de la vulnérabilité de l’écosystème

faceauCCauxhorizons2030et2050.

l’évaluation économique a été basée sur l’application de l’approche teeB « les services rendus par les écosys-

tèmes sont les bienfaits que les gens retirent des écosystèmes. en voici quelques exemples: denrées alimentaires,

eau douce, bois, régulation du climat, protection contre les risques naturels, contrôle de l’érosion, ingrédients

pharmaceutiquesetloisirs»(CE,2008).L’approcheTEEB(EconomicsofEcosystemsandBiodiversity)ouEcono-

mie des écosystèmes et de la biodiversité (eeB), a été développée dans le cadre de l’initiative internationale qui

a engagé depuis 20071 suite aux idées développées dans l’evaluation des ecosystèmes pour le Millénaire (eeM).

Aindeprocéderàl’évaluationéconomiquedesbiensetservicesdel’écosystèmepastoraldanslegouvernorat

deMédenine,ilaétéfaitrecoursàdiversesméthodesquiontétéidentiiéesenfonctiondeladisponibilitédes

données et de la nature du service en question. Ainsi, les principales méthodes utilisées sont inhérentes aux prix

demarchépourlesbiensetservicesmarchands,laméthodedecoûtdedéplacement,laméthodedesdépenses

deprotection,laméthodebaséesurlescoûtsetlaméthoded’évaluationcontingente.

3. potentialitéS paStoraleS actuelleS (étape 1)

3.1.Répartitionetproductiondesécosystèmespastoraux

LasupericieexactedesécosystèmespastorauxdugouvernoratdeMédeninevaried’unesourceàl’autre(IFPN,

Carte agricole, Atlas de Médenine, …). s’agissant d’une étude se rapportant exclusivement aux parcours, il a été

convenu en commun accord entre les différents partenaires impliqués dans ce secteur (laboratoire d’ecologie

Pastorale de l’IRA, les services du CRDA, l’oeP, l’uRAP et les experts de la gIZ), d’adopter les résultats de l’inven-

taire forestier et pastoral national (IFPn) réalisé conjointement par la Direction générale des Forêts (DgF) et le

CentreNationaldelaTélédétection(CNT)quiestd’ailleursleplusrécent(2005,nonencorepublié).Cetinventaire

n’aconcernéqu’unesupericiede407535hadesparcoursdugouvernoratdeMédeninequicouvrentd’après

d’autressources(MEDDetPNUD,2006)unesupericietotalede626815ha.Lacartedesunitéspastoralesdu

gouvernoratapermisd’identiierneuf(9)grandstypesdeparcourssionexclutlesformationsripicolesquisont

trèspeureprésentées,avecseulement250ha(tableau1).Lanominationdechaquetype,estdanslaplupartdes

cas, basée sur l'espèce la plus abondante dans l'unité d'échantillonnage ou sur le groupe d'espèces caractérisant

unmilieuédaphiquespéciique.

1Àlasuited’unediscussionquis’esttenuelorsdelarencontredesministresdel’environnementduG8+5,organiséeàPotsdamenmai2007

Page 104: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

110

Tableau1.Supericies(ha)desprincipauxtypesdeparcoursdugouvernoratdeMédenineetvariationdeleursproductions

pastoralesenfonctiondelapluviométrie.

Parcoursàbasede: Supericie Annéenormale Annéesèche Annéehumide

ha % uf/ha Totaluf uf/ha Totaluf uf/ha Totaluf

Haloxylon

schmittianum

41242,76 10,12 40 1649710,6 15 618641,477 65 2680779,73

Rhantherium

suaveolens

63203,63 15,51 70 4424254,6 30 1896109,14 110 6952400,17

Gypsophytes 31548,13 7,74 25 789070,07 10 315628,03 40 1262512,12

Halophytes 85976,94 21,10 60 5158616,9 50 4298847,42 70 6018386,38

Psammophytes 87983,90 21,59 45 3959275,8 25 2199597,66 65 5718953,9

Formations ripicoles 247,2 0,06 105 25953,448 60 14830,542 150 37076,355

Stipa tenacissima 18759,83 4,60 55 1031790,7 40 750393,28 70 1313188,24

Rosmarinus oficinalis 2540,18 0,62 125 317522,86 100 254018,29 150 381027,435

Anthyllis henoniana 61644,44 15,13 45 2774000 20 1232888,99 70 4315111,47

Artemisia herba alba 14387,65 3,53 60 863259,5 30 431629,74 90 1294889,22

TOTAL 407534,7 100 20993455 12012584,5 29974325

D’après le tableau 1, les parcours à base de psammophytes (Stipagrostis pungens et/ou Retama raetam) et d’hal-

phytes sont les plus représentées dans le gouvernorat de Médenine et couvrent ensemble plus de 43% de la su-

periciepastorale.LesparcoursàbasedeRhanterium suaveolens qui couvraient autrefois, toute la Jeffara et une

partied’El-Ouara,sontdevenusdemoisenmoisreprésentés(seulement15%)enraisondelapressiondel’em-

prise agricole continue. les parcours de montagne représentés essentiellement par el-gueddim (Stipa tenacis-

sima) et à moindre degré de Chih (Artemisia herba alba) et Klil (Rosmarinus oficinalis) sont les moins représentés

en raison de limite de leur répartition éco-géographique. les parcours à base de Beguel (Haloxylon schmittianum)

et de ghezdir (Anthyllis henoniana) qui marquent la physionomie des grands espaces pastoraux collectifs du Dha-

haretElOuara,sontmoyennementreprésentés(10et15%respectivement).

la production pastorale varie d'un type de parcours à l'autre du simple au double et ce en fonction de la pluviosité

de l'année. Ces parcours fournissent, en année à pluviométrie moyenne (120 à 140 mm), une production fourra-

gère dépassant 20 millions d'uF (tableau 1).

3.1.1. Les parcours à base de Rosmarinus oficinalis

Appelés encore groupements de dégradation de la forêt claire de Juniperus phoenicea, il s'agit de garrigues, ré-

sultant de dégradation suite à des coupes, des incendies ou du surpâturage de formations forestières à base de

génevrier rouge. Ces groupements sont cantonnés dans les jbels de Béni Khédache et occupent des étendues

restreintes(2540ha,soit0.62%delasupericiepastoraledugouvernorat).Avecuntauxderecouvrementallant

de25à50%, lecortègeloristiquedecesparcoursest représentéessentiellementpar:Rosmarinus oficinalis,

Helianthemum hirtum, Stipa tenacissima, Globularia alypum, Thymus hirtus, Periploca laevigata, Ballota hirsuta,

Rhus tripartitum, Pituranthos scoparius, Ruta chalepensis, Ferula tunetana, Phagnalon rupestre, Genista mono-

cephala.Lacontributionglobaleàl’offrefourragèreestdel’ordrede317522UFenannéemoyenneetde254018

et381027UFenannéesècheethumiderespectivement.

l'intérêt médicinal et aromatique de la plupart des espèces de ce type de parcours constitue parfois le plus im-

portant service rendu par cet écosystème. en terme de biodiversité végétale, cet écosystème se caractérise par la

présence d'un certain nombre d'espèces endémiques comme Rosmarinus oficinalis var. troglodytorum et Genista

monocephala.

Page 105: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

111

3.1.2. Parcours à base de Stipa tenacissima

les parcours à base de Stipa tenacissimacouvrentenviron18897ha(prèsde5%delasurfacetotalepastoraledu

gouvernorat. Ils se rencontrent dans les reliefs (montagne) de Béni Khédache. Dans la région des Dahars, ce type

de parcours colonise les montagnes, glacis, plateaux et oueds. Ils sont très faiblement représentés dans la région

deJeffara-Ouara.Lerecouvrementtotaldelavégétationvariede22à54%.Lacompositionloristiquedecetype

de parcours est la suivante : Stipa tenacissima ; Lygeum spartum; Linaria aegyptica; Anthyllis sericea ; Artemisia

herba-alba; Gymnocarps decander ; Reaumuria vermiculata…l’offre fourragère de ce type de parcours est donc de

1039337UFenannéenormale,755882et1322793UFenannéesècheethumiderespectivement.

3.1.3. Parcours à base d'Artemisia herba-alba

Cespâturagescouvrentunesupericiedel’ordrede14387ha,soitseulement3.5%delasupericietotaledespar-

coursdugouvernorat.Ilssedéveloppentdansleszonesàtextureineetcolonisentlesmontagnes,lesplateaux,

les glacis et rarement les dépressions. la couverture végétale, peut en fonction de la pluviométrie de l’année

oscillerentre5et40%.Lesprincipalesespècesquicaractérisentceparcourssont:Artemisia herba-alba, Hamada

scoparia, Ajuga iva, Herniaria fontanesii, Salvia aegyptiaca, Aristida ciliata, Asteriscus pygmaeus. Dans les situa-

tions les plus dégradées, la plupart des faciès, qui le forment, sont dominés par Hamada scoparia et correspon-

dentàdesstadesplusoumoinsavancésdedégradationavecuntauxderecouvrementquivarieentre7.2à16.9%

(dont10.3%lapartduRmeth).L’offrefourragèredecetypedeparcoursestalorsde863259UFenannéenormale,

431629et1294889UFenannéesècheethumiderespectivement.

en plus de son rôle fourrager et environnemental, il y a lieu de signaler le rôle aromatique et médicinal du chih et

industriel du Remeth "fabrication du neffa").

3.1.4. Parcours à base de Haloxylon schmittianum (Baguel)

les parcours à base de Haloxylon schmittianum (Hammada shmittiana) ou Beguel couvrent environ 41242 ha

(plus de 1o % de la surface totale pastorale du gouvernorat). Ces parcours colonisent essentiellement les pla-

teaux et les glacis et forment une végétation steppique claire à clairsemée. Dans la région de Jeffara-Quara et les

Dhahars, Haloxylon schmittianum s'associe à Gymnocarpos decanderetlacompositionloristiquepeutêtreéga-

lement marquée surtout par Rhantherium suaveolens et Koeleria pubescens. A el ouara, le beguel s'associe à Stipa

lagascae et Traganum nudatum découlant du parcours d'Anthyllis henoniana, Helianthemum kahiricum et Gym-

nocarpos decander par dégradation. toutefois, la dominance semble concerner les milieux les plus xérophytiques

àsolssablonneuxgrossierspauvresenmatièreorganique.Lacompositionducortègeloristiquevariebeaucoup

d’un endroit à l’autre. s'agissant d'une zone de transition entre l’aride et le saharien, Hammada schmittiana s’as-

socie avec Gymnocarpos decander, Atractylis serratuloides et Helianthemum kahiricum. Au niveau des oueds, ce

type de parcours est aussi rencontré en association avec Laegos reatam, Stipagrostis pungens et Anthyllis sericea.

la couverture végétale est généralement faible et varie de 10 à 30%. la production globale de ce type de parcours

estdoncdel’ordrede1649710UFenannéemoyenne,618641enannéesècheet2680779enannéehumide.

3.1.5. Parcours à base d'Anthyllis henoniana (Ghizdir)

Cesparcourscouvrentenviron61644ha, soitplusde15%de la supericiepastoraledugouvernorat. Ils sont

couramment considérés comme des parcours sahariens du fait qu’ils peuplent les sites les plus défavorables du

pointdevuehydriqueetédaphiqueavecdessolssquelettiquesàcroûtesouventrecouverted’unvoiledesable.Il

s'agit d'un parcours médiocre mais qui peut donner une bonne production à base d’annuelles après des automnes

ou des printemps pluvieux. Ils sont plus particulièrement rencontrés au niveau d’el ouara et Dhahar. le recou-

vrement est en général faible et oscille entre 10 et 30%. la valeur pastorale varie en fonction de la composition

Page 106: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

112

loristiquedesfacièsdedégradationetelledépendbeaucoupdelaprésencedesherbacéespérennescomme

Stipa parvilora, Aristida plumosa, etc (qui contribuent dans certains cas pour près de 70% à la biomasse totale

produite), des ligneux bas à haute valeur pastorale comme Gymnocarpos decander et Helianthemum kahiricum et

des annuelles dans les milieux couverts d’un voile éolien.

Laproductionglobaledecesparcoursestd’environ1232889UFenannéesèche,2774000enannéemoyenneet

4315111,5enannéehumide.Plusde60%del’offrefourragèrerestedisponiblelelongdel’année.

3.1.6. Parcours à base de Rhanterium suaveolens (Arfej)

Couvrantunesupericiede63203ha,cesparcourssedéveloppentsurlessolsalluviauxsableuxprofondsetsur

les sables grossiers subéoliens plus ou moins profonds de la Jeffara (Médenine, Zarzis, Ben gardane) et du Dhahar.

D'ailleurs, la principale caractéristique de ce type de parcours est l’extrême vulnérabilité des sols qu’il occupe à

l’érosionéolienne.Selonl’étatdedégradation,lacouverturevégétaleestcompriseentre15et60%.Surleplan

physionomique, ces parcours qui constituent un bon pâturage sont dominés par Rantherium suavolens qui couvre

jusqu’à60%dusol.Lorsqu'iln'estpasdégradé,cetécosystèmepastoralprésentelesmeilleursindicesdebiodi-

versité végétale. les principales espèces caractéristiques de ces parcours sont : Rhanterium suaveolens, Artemisia

campestris, Stipa lagascae, Atractylis lava, Salsola brevifolia, Paronychia arabica, Polygonum equisetiforme,

Retama raetam, Stipagrostis pungens, Nolletia chrysocomoides, Helianthemum lippii, Plantago albicans, Argyro-

lobium unilorum, Echiochilon fruticosum.

Laproductiontotaledecetypedeparcoursestdel’ordrede4424254UFenannéemoyenne,1896109et6952400

uF respectivement en année sèche et humide.

3.1.7. Parcours à base de gypsophytes

Ces parcours sont généralement à base d'Anarrhinum brevifoluim, Atracylis serratuloides et Lygeum spartum. Ces

parcoursquioccupentunesupericiede31410ha,soit8%delasupericietotaledesécosystèmespastorauxdu

gouvernorat.Ilssedéveloppentsurlessolsprésentantunecroûtegypseuseouunencroûtementcalcarogypseux.

Auniveaudelacompositionloristique,cegroupementsecaractériseparladominanced'Atractylis serratuloides,

Gymnocarpos decander, Helianthemum kahiricum, Herniaria fontanesii, Zygophyllum album, Lygeum spartum,

Anarrhinum brevifoluim, Erodium glaucophyllum, Launaea angustifolia, Anabasis oropediorum. la couverture vé-

gétaleestgénéralementfaible(10à30%).Lacontributionglobaleàl’offrefourragèreestdel’ordrede785272UF

enannéemoyenneetde314109et1256436UFenannéesècheethumiderespectivement.

3.1.8. Parcours à base d'halophytes

Colonisant lesdépressions saléeset les sebkhas, lesparcoursàhalophytes couvrentune importante superi-

ciedugouvernorat(85977ha,soit22%delasupericiepastorale).Lacompositionloristiqueestgénéralement

dominée par Nitraria retusa, Salsola sieberi, Zygophyllum album, Suaeda mollis, Lygeum spartum, Limoniastrum

guyonianum, Traganum nudatum et Suaeda fruticosa. Cette végétation est exploitée comme parcours par les

dromadaires. Dans les lieux de forte salinité on rencontre Salicornia arabica, Arthrocnemum indicum, Halocne-

mum strobilaceum Halopeplis Amplexicaulis. Dans la plupart des cas les parcours à base d'halophytes ont un

tauxderecouvrementimportantquipeutdépasser50à60%.Dansleslieuxoùlasaluredessolsestdemoindre

degré (bords des sebkhas et dépressions périodiques), les petits ruminants pâturent également. les dromadaires

peuventpâturerdèsledébutdel’automnejusqu’àlaindel’hiver.Lapériodedepâturagedespetitsruminants

se limite à la période automnale, ce qui réduit l’utilisation de ces parcours. la contribution globale à l’offre four-

ragèreestdel’ordrede5158617UFenannéemoyenneetde4298847et6018386UFenannéesècheethumide

respectivement.

Page 107: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

113

3.1.9. Parcours à base de psammophytes

Couvrantprèsde87983ha,soit22%delasupericiepastoraledugouvernorat,ceparcoursestconcentrédans

sa majorité dans les lits d’oueds, les dépressions, sur les accumulations sableuses récentes, mais il n’est pas exclu

delesrencontrersurdessolsàsurfacebattanteaprèsladélationdusablequis’étaitaccumulédanscessites.

Ces parcours sont généralement dominés par Retama raetam et/ou Stipagrostis pungens avec un taux de re-

couvrementgénéralementinférieurà20%.Lacompositionloristiqueestrelativementricheetvariéelorsquela

formationvégétaleévoluesurdessolssableuxixésetprofonds.Cutandia dichotoma, Lolium rigidum, Koelerea

pubescens et Schismus barbatus sont les principales graminées annuelles rencontrées, mais elles sont souvent ac-

compagnées par des herbacées pérennes comme Aristida plumosa et par des ligneuses basses comme Helianthe-

mum lippii sessililorum, Echiochilon fruticosum, Argyrolobium unilorum, etc. l’ensemble constitue un pâturage

d’hiveretdeprintemps.L’offrefourragèredecetypedeparcoursestdoncde3959275UFenannéenormale,

2199597et5718954UFenannéesècheethumiderespectivement.

3.2.facteursinluençantl’étatdesécosystèmespastoraux

3.2.1. Facteurs biophysiques

Ressources en sol

Dominés par les sols d’apport, cette ressource se montre très fragile et vulnérable à toutes formes de perturba-

tions.Quatregrandesclassespeuventyêtredistinguées(MARH,2006):

• Les sols minéraux bruts et les sols peu évolués : Il s’agit de sols non évolués sur matériau minéral érodé ou ré-

cemmentmisenplace.Danscettecatégoriedesolquioccupentunesupericied’environ554057ha(60,44%),

constitués soit de :

- des lithosols et des régosols qui sont des sols squelettiques peu profonds occupant essentiellement les zones

deBeniKhedache,SidiMakhlouf,Koutineetc.S’agissantderochesgéologiquesafleurantes,généralementà

accèsdificile,cessolsnepourrontservirquepourlepâturageoudesimpluviumspourlesaménagementsde

Ces.

- des solsd’érosion sur croûte calcairedémanteléequioccupentune supericie relativement importantedu

gouvernorat et sont répartis principalement dans la zone de Jeffara, Hamada et la partie nord de l’ouara de

Médenine.

- des sols minéraux bruts d’apport qui d’origine éolienne et se présente soit sous forme des dunes mobiles et des

nebkhas dans la zone de Jeffara et de l’ouara de Médenine, soit sous forme de cordons dunaires au niveau des

côtes est de l’île de Jerba.

- des sols peu évolués d’apport colluvial ou alluvial qui se localisent au niveau des lits d’oueds, des zones d’épan-

dage et derrière les ouvrages de Ces (les Jessour). sous cette classe, on peut ajouter les loess de Matmata qui

sont des sols limoneux très profonds de couleur beige et rouge selon le secteur (Mtimet, 1994).

• Les sols isohumiques à pédo-climat frais :Danscetteclasse,quioccupentunesurfacede234980ha(25,63%),

on rencontre essentiellement des sols bruns jeunes (siérozems). Cette classe de sols, bien représentée dans le

gouvernorat, se rencontre dans l’île de Jerba, la Jeffara, et une partie de l’ouara de Médenine.

• Les sols calcimagnésiques : Il s’agit principalement des sols à un seul horizon (les rendzines) de profondeur

faible(20cm)surmontantunecroûteouunencroûtementcalcaireougypseux.Cestypesdesols,quis’éten-

dentsurunesupericiede49.220ha(5,37%),serencontrentparticulièrementdanslepiedmontdelachaînede

Matmata (versant est : zone de Béni Khédache et de Médenine) et parfois associé à des sols bruns jeunes de la

Jeffara.

• Les sols halomorphes : Cette unité de sols est rencontrée essentiellement au niveau des sebkhas (el Malah,

BouJemel,M’habeuletc.)oùelleoccupeunesupericiede78450ha(8,56).Lavocationessentielledecette

catégorie de sol est le pâturage de camelins.

Page 108: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

114

Les associations végétales

vu la diversité des paysages écologiques entre et au niveau des grandes régions naturelles caractérisants le gou-

vernorat de Médénine, nous présentons dans ce qui suit les principales associations végétales (ou faciès ou grou-

pement écologiques) par région naturelle.

AuniveaudesMontsdeBéniKédache

– un matorral bas à Rosmarinus oficinalis au niveau des hauts sommets des jebels Matmata. Cette unité est une

variante endémique de l’association à Genista microcephala var. tripolitana et Teucrium alopecurus,

– une pseudo-steppe à Genista microcephala, Thymus algeriensis et Rosmarinus oficinalis représentée par l’as-

sociation portant le même nom et dominée par Genista microcephala var. tripolitana, Thymus algeriensis, Stipa

tenacissima, Rosmarinus oficinalis var. troglodytarum,

– une steppe graminéenne à Stipa tenacissima représentant un stade de transition entre la garrigue méditerra-

néenne et la steppe à chamaephytes dans laquelle subsiste encore un faciès de graminées à Stipa tenacissima

en bon état faisant partie de l’association à Artemisia herba-alba et Hammada scoparia. elle marque aussi le

passage sensible de l’étage bioclimatique méditerranéen aride supérieur à celui inférieur signalé notamment

par la disparition de Rosmarinus oficinalis var. troglodytarum et Genista microcephala var. tripolitana du pay-

sage.

– une steppe à Artemisia herba-alba, Hammada scoparia et Helianthemum kahiricum représentée par le faciès

typique de l’association à Artemisia et Hammada scoparia et résulte de la dégradation de la steppe grami-

néenne à stipa tenacissima,

– une steppe dégradée à Gymnocarpos decander et Atractylis serratuloides représentée par la sous-association

Gymnocarpos decander de l’association à Artemisia herba-alba et Hammada scoparia.

AuniveaudelaJeffara

les groupements qui caractérisent les plaines sablo-limoneuses et gypseuses. Il s’agit de :

– une steppe à Rhanterium suaveolens représentée par la variante typique de l’association à Rhanterium sua-

veolens et Artemisia campestris et qui subit une grande pression agropastorale et est toujours menacée par

l’ensablement de ses terres.

– une pseudo-steppe dégradée à Calycotome villosa et Astragalus armatus se localisant au niveau du village

d’Arram et s’étendant sur environ 1 200 ha. elle constitue un faciès dégradé de l’association steppique à Rhan-

terium suaveolens et Artemisia campestris mais qui est dominé par Calycotome villosa rappelant la garrigue

méditerranéenne.

– une unité dégradée à Astragalus armatus et Lygeum spartum représentée par la sous-association à Atractylis

serratuloides, la sous-association à Lygeum spartum et le faciès à Astragalus armatus ssp. tragacanthoides. elle

estsouventdégradée,dominéepardesespècesdefaiblevaleurpastoraleavecuncortègeloristiqueassez

pauvre.

– unité post-culturale à Deverra tortuosa et Artemisia campestris représentée par la sous-association à Retama

raetam de l’association à Rhanterium suaveolens et Artemisia campestris, l’association à Deverra tortuosa et

Haplophyllum vermiculare(LeHouérou,1959)etsasousassociationàAtractylis serratuloides, Lygeum spartum

et Retama raetam (Boukhris et lossaint, 1972). elle est composée essentiellement par une strate herbacée

dominée par Deverra tortuosa, Artemisia campestris.

Lesgroupementsquicaractérisentlesplainesàencrûtementsgypseux,ilyalieudesignaler:

– une steppe à Zygophyllum album et Anarrhinum brevifolium représentée par la variante typique de l’associa-

tion à Zygophyllum album et Anarrhinum brevifolium(LeHouérou,1959).Elleesttotalementexploitéeentant

que parcours.

– une unité dégradée à Ononis natrix et Helianthemum lippii var. intricatum représentée par la sous-association

à Ononis natrix ssp. falcata et le faciès à Lygeum spartum de l’association à Zygophyllum album et Anarrhinum

brevifolium accompagnés par la sous-association à Atractylis serratuloides, Lygeum spartum et Retama raetam

Page 109: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

115

(Boukhris et lossaint, 1972) de l’association à Deverra tortuosa et Haplophyllum vermiculare (le Houérou,

1959).Ellediffèresensiblementdelaprécédenteparl’existencedequelquescentimètresdesablegrossierplus

oumoinséoliensurl’encroûtementgypseux.

AuniveauduDhaharetel-Ouara

le couvert végétal y est caractérisé par la dominance de deux types de formations steppiques à savoir les steppes

à chaméphytes et les steppes à graminées (hémicryptophytes). La compositionloristique est très diversiiée

etestrépartied’unemanièrehétérogène.EneffetlessolssableuxixesmontrentladominancedeHammada

schmittiana tandis que ceux des milieux sableux dégradés ou d´origine éolienne sont envahis par Stipagrostis

pungens. les steppes à sols squelettiques (rencontrées à l’est de la région) sont dominées par Anthyllis sericea et

Gymnocarpos decander. Quant aux dépressions, on y remarque l’abondance de Retama raetam.

Depointdevuephytosociologie,LeHouérou(1959,1969)apuidentiierlesassociationssuivantes:

- Association à H. schmittiana, Calligonum comosum et R. raetam;

- association à Rhanterium suaveolens et Asphodelus refractus;

- association à C. comosum et Anthyllis sericea;

- sous association à Stipa lagascae de l’association à A. sericea et Gymnocarpos decander;

- sous association à Helianthemum lippii var intricatum de l’association à A. sericea et G. decander;

- groupement à Stipagrostis pungens et Scrofularia saharae;

- groupements à espèces moyennement ou fortement halophiles : Salicornia sp., Arthrocnemum indicum,

Halocnemum strobilaceum, Halopeplis amplexicaulis;

3.2.2. Facteurs socioéconomiques

outre leur rôle environnemental, les parcours naturels jouent un rôle primordial dans l’amélioration de la pro-

ductivité du cheptel qui, à son tour, permet de satisfaire les besoins des populations locales en viande, en lait, en

cuir et en laine. en plus ils permettent une augmentation des revenus des populations rurales et une amélioration

de leur niveau de vie. Il en résulte une diminution du taux de chômage, de pauvreté et de l’exode rural. Il a été

démontré que dans les mêmes conditions, le pastoralisme est 2 à 10 fois plus productif que l'élevage commercial

des fermes. toutefois la valeur de la production pastorale peut être souvent fortement sous estimée dans la me-

sureoùunfortpourcentageducommercepasseen-dehorsdescircuitsoficiels.Ledéveloppementéconomique

et social d’une région est subordonné à une gestion tant raisonnée que rationnelle de son environnement phy-

sique, biologique et socio-économique.

Mode d’exploitation des parcours

Silesparcoursprivéssontconnusparleurssupericiestrèsréduitesetgénéralementsoumisàunpâturageconti-

nu et libre, le schéma général de l’exploitation des parcours collectifs (Dhahar et el-ouara) est dicté par différents

facteurs dont principalement la pluviométrie, l’état du couvert végétal, l’accessibilité et la présence de points

d’eauéquipés.L’existencedestroupeauxsurparcoursnerelètepassouvent l’abondancedesressourcespas-

torales puisqu’en année sèche les éleveurs font recours aux complémentations pour entretenir leurs troupeaux.

Compte tenu de la faiblesse généralisée des ressources dans le même parcours, la transhumance reste possible

pour quelques grands troupeaux d’un parcours vers un autre (de Dhahar vers l’ouara et vice-versa).

Il faudrait signaler qu’aussi bien pour les parcours privatisés, collectifs soumis ou non au régime forestier, la

gestion des parcours est restée anarchique et n’obéit à aucune règle épargnant les ressources. Pour les parcours

collectifs soumis au régime forestier, les plans d’aménagement élaborés par les services forestiers n’ont pu être

mis en application que sur une faible portion et ce pour des contraintes purement sociales. l’augmentation du

nombre de petits troupeaux et l’extinction des formes d’association des petits éleveurs sont des facteurs qui font

augmenter la pression animale sur ces parcours.

Page 110: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

116

Excès de la charge pastorale

la dégradation des écosystèmes pastoraux s’est visiblement accélérée au cours des dernières décennies en raison

d’undéséquilibrelagrantentrelesbesoinsalimentairesduchepteletlespotentialitésproductivesdesparcours.

Au niveau des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine, la charge animale varie de 0.77 à 4.49 uo/

ha/an. elle est très excessive et dépasse de loin la capacité de charge réellement permise par la production de

lavégétationpastoralequivariede0.01à0.2UO/ha/an.Cedéicitengendreunedégradationdelaplupartdes

espaces pastoraux du gouvernorat puisque ces parcours sont tous surpâturés même si c’est à des degrés variables.

3.2.3. Facteurs climatiques

le gouvernorat de Médenine, qui se trouve dans le sud-est du pays, se trouve ainsi imprégné par le golfe du gabès

au nord et au nord-est et la présence de la chaîne montagneuse et du grand erg oriental au sud au sud-ouest: l’été

chaudetsecdure4à5mois,l'hiverfraisetirrégulièrementpluvieux,l’automneetleprintempsysonttrèsvariables.

exception faite à l’été, qui est une saison stable et calme, le climat de la région est caractérisée par une extrême

irrégularitédontlestraitsessentielssontlessuivant(FloretetPontanier(1982):

- des pluies peu abondantes mais très variables tombant pendant la période froide et une sécheresse quasi ab-

solue entre mai et septembre,

- un régime thermique très contrasté avec des hivers tempérés à doux et des étés chauds à très chauds,

- une forte évaporation,

- desventsdominantsdesecteursO,NOetSO(novembreàavril;trèsviolentssecsetfroids);demaiàoctobre,

lesventsdusecteurmarin(E,NE,SE);etdurantlapériodeestivale,sesontlesventssecsetchaudsdusecteur

so (sirocco) qui prédominent.

SelonLeHouérou(1969)adistinguélesvariantesclimatiquessuivantes:

- Climat aride inférieur à hivers doux qui intéresse la totalité de la plaine de la Jeffara et où la pluviométrie

moyenne annuelle varie de 100 à 200 mm,

- Climat aride inférieur à hivers tempéré qui intéresse principalement la chaîne montagneuse des Matmatas et

secaractérisentpardesprécipitationsplusimportantes(150à250mm),

- ClimataridesupérieuràhiverdouxintéresseunepartiedelaJeffaracôtière(Jerba-Zarzis)(200à250mm).

Précipitations

C’estlecourantméditerranéendunord-estquifournitàlarégionl’essentieldesprécipitationsqu’ellereçoità

cause de la large ouverture du golf du gabès qui expose la bande littorale et une partie de la zone continentale

auxgrandesperturbationsrégénéréesparlevastepland’eaupeuprofonddugolfe(Mzabi,1988).Toutefois,les

perturbations sahariennes du sud-ouest et de l’ouest sont également responsables de quelques pluies dans la

région (Bousnina, 1977).

•Pluviométrieannuelle

Ouessaretal.(2006)ontrapportécequisuit:

- la pluviométrie décroît du nord vers le sud et de la côte vers le continent,

- ilyaunsurcroîtdelapluviométriesurlesreliefsdesMatmatasdûàl’effetd’altitudeconnuparl’effetdeFoehn,

- le maximum de la pluviométrie est observé le long du littoral et sur les zones montagneuses.

•Pluviométriemensuelleetsaisonnière

généralement, le mois le plus arrosé de la région est décembre. les mois de janvier, octobre et novembre vien-

nentendeuxièmepositionParcontre,lesmoisdemai,juin,juilletetaoûtsontpresquesecs.

Température

LamoyennethermiqueannuelleauniveaudelarégiondeZeuss-Koutineestde20°C.LesmoisdeDécembre,

JanvieretFévriersontlesplusfroidsavecdesgeléesoccasionnelles.LapériodeJuillet,AoûtetSeptembreestla

plus chaude de l’année. la température dépend de la proximité de la mer et de l’altitude.

Page 111: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

117

Vent

Legouvernoratestassezventé.Eneffetpusde60%et40%desventssontfortsàassezfortsàDjerbaetMédenine

respectivement.Généralement,lesventssouflantsduN,NE,SEsontplusfréquentsqueceuxduS,O,etSO.

(Chahbani,1992;Khatteli,1996).Lesprintempsestconsidérélasaisonlaplusventéedel’annéesuivieparl’hiver

etpuisl’automne(Khatteli,1996).Enété,lesventschaudssouflantduSahara(sirocco),localementconnuspar

chili,sontdominants.AMédenine,unemoyennede54joursdesiroccoaétéenregistrée.

Variabilité et changement climatique

Pluviométrie

Dhaou (2003) et taamallah et Dhaou (2004) ont adopté plusieurs méthodes et indices pour caractériser et estimer

l’ampleur de la sécheresse au niveau de ces différentes stations, à savoir :

- Indice de l’écart à la moyenne (em)

- Indice de pluviosité (Ip)

- Analyse fréquentielle

- Indice du nombre d’écarts type

- Persistance de la sécheresse

tous ces indices ont été appliqués à la série pluviométrique de la station de Médenine (Dhaou, 2003) qui a la série

lapluslongueauniveaudelazoned’étudeetcomptant96annéesd’observationcomplètes.

Indice de l’écart à la moyenne

le calcul de l’indice de l’écart à la moyenne de la série pluviométrique de la station de Médenine sud permettent

de montrer que :

• Durantcette longuepérioded’observation, ilaétéenregistré40%d’annéesexcédentaireset60%d’années

déicitaires.

• Ledéicitleplusimportantretenudecettesériepluviométriqueestdel’ordrede–111,95mmen1935-1936

(soit75,2%dedéicit).

• 16séquencessèchesdeplusd’uneannéedontlespluslonguess’étendentrespectivementsur9annéeset7

annéesconsécutivesde1904-1905à1913-1914etde1960-1961à1966-1967,

• Latendanceglobale,durantlapériode1903-1967,estàlasécheressemaiscelleciestentrecoupéedecourte

périodeàtendancehumide.De1967-1968jusqu’à1995-1996,latendanceesthumide.Parcontre,de1996-

1997 à 2001-2002, il s’agit d’une tendance à la sécheresse.

Tendances pluviométriques

l ’analyse de la sécheresse par la méthode de l’indice de pluviosité et des cumuls des écarts fait apparaître une

alternance de séquences à tendance globale sèche et des séquences à tendance globale humide. Ainsi nous

constatons que :

• de1903-1904à1966-1967, la tendanceglobaleestà la sécheresse.Maiselleestentrecoupéedescourtes

périodesàtendancehumidedontlesplusimportantess’étalentsurtroisannéesconsécutives(1926-1928et

1957-1959).

• de1967-1968 jusqu’à1989-1990, la tendanceesthumide.Par contre,de1990-1991à2001-2002, il s’agit

d’unetendanceàlasécheresse.Cequiconirmelesconstatationsdégagéesensebasantsurlesobservations

de l’écart par rapport à la moyenne.

Analyse fréquentielle

l’application de l’analyse fréquentielle à la série pluviométrique de la station de Médenine permet de donner une

meilleureprécisiondesannéesnormalesparrapportauxannéesdéicitairesetexcédentaires.Surles96années

d’observation on distingue:

14annéestrèssèchesetdéicitairesde48,2%à75,2%,

19annéessèchesetdéicitairesde21,7%à47,5%,

Page 112: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

118

29annéesnormalescomprisesentre20,8%dedéicitet4,6%d’excédent,

19annéeshumidesetexcédentairesde5,54%à34,3%,

15annéestrèshumidesetexcédentairesde38,1%à269%.

l’analyse de ces données permet de montrer que contrairement à ce qui été dégagé par l’indice de l’écart à la

moyenne, 34% des années d’observations ont été sèches à très sèches et que 30% ont été des années normales.

Cependant, cette analyse ne permet pas de dégager les tendances globales de la pluviométrie au niveau de la

station étudiée.

Persistance de la sécheresse

suite à l’analyse des années sèches déterminée par la méthode de l’analyse fréquentielle à la station de Médenine,

nous constatons :

• 16séquencesd’uneseuleannéesèche;

• 4séquencesdedeuxannéessèchessuccessives(1910-1911à1911-1912,1915-1916à1916-1917,1935-1936

à1936-1937et1996-1997à1997-1998)

• 3séquencesdetroisannéessèchessuccessives(1904-1905à1906-1907,1963-1964à1965-1966et1999-

2000 à 2001-2002).

l’apparition des séquences de trois années consécutives a des répercussions catastrophiques sur tous les secteurs

économiques. Alors qu’une sécheresse isolée d’une année même très sévère, affecte moins fortement la région.

Nousremarquonsquelessécheressesisoléesprédominent(48,5%descas)alorsquelesséquencesdedeuxan-

nées consécutives sont moins importantes (24,2% des cas).

Indice du nombre d’écart type

Aind’estimerlasévéritédelasécheressevécuedanslarégiondeMédenine,nousavonsutilisélecritèredecom-

paraisonàlamoyenneetàlamoyennemoinsunoudeuxécartstypes.Parmilesannéesdéicitaires,39,7%d’an-

néesdesécheressemodérée,27,6%d’annéesdesécheresseforteet32,8%d’annéesdesécheressetrèssévère.

Température

L’analysedessériesdetempératuresissuesdesdeuxstationsmétéorologiquesdeMédenine(1978-2009)etMel-

lita (1973-2009) montre une légère tendance générale d’augmentation de la température plus visible à Mellita

(presque6%)qu’àMédenine(presque5%).Eneffet,TmaxetTminsetrouventaugmenterde6.4%et4.82%,et

5.88%et4.88%àMellitaetMédeninerespectivement.Lessaisonslesplusconcernéessontenpremierlieul’au-

tomne suivi du printemps et de l’été. l’hiver est la saison la moins affectée.

4. evaluation De la vulnérabilité DeS écoSyStèmeS paStoraux face au changement climatique aux horiZonS 2020 et 2050 (etape 2)

les résultats relatifs à la prédiction de la dynamique et de l’évolution de la vulnérabilité des écosystèmes pasto-

rauxauxhorizons2020et2050,viennentconirmerlescraintesetlescrisd’alarmedesinstancesnationaleset

régionales du fait que la situation actuelle des écosystèmes pastoraux est déjà catastrophique et qu’elle va t’être

aggravée par le changement climatique du moins si le degré de la présente perturbation anthropique (pression

animale) ne fera pas l’objet d’une intervention pour son allègement.

les résultats obtenus (tableau 2) permettent de classer les unités pastorales (ou formations végétales) du gouver-

noratdeMédenineentroisgrandesclassesquantàleurvulnérabilitéauchangementclimatique.Laclassiication

s’estbaséesurlesévolutionsdessupericiesdesclassesdevulnérabilitéretenues(Nonvulnérables,peuvulné-

rable,vulnérableettrèsvulnérable)decesunitésdepuislasituationderéférence(2005,annéederéalisationdela

carteINFP)jusqu’àl’horizon2050toutenpassantparcelui2020.

Page 113: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

119

Tableau2.variationdequelquesindicateursquantitatifsenfonctiondudegrédevulnérabilitédesécosystèmespastorauxdugouvernoratdeMédenineen2005etauxhorizonsde2020et2050.

ecosystèmepastoral

Année Classedevulnérabilité

Supericie(ha)

Biomasse(KgMS/ha)

Productionpastorale(uf)

Haloxylon

schmittianum

2005

1 4801,67 1560542,75 312108,55

2 24817,05 4963410 992682

3 8417,22 631291,5 126258,3

4 2888,47 144423,5 28884,7

Total 40924,41 7299668 1459934

2020

1 19759,82 6421941,5 1284388,3

2 10071,88 2014376 402875,2

3 728,11 54608,25 10921,65

4 10416,67 520833,5 104166,7

Total 40976,48 9011759 1802352

2050

1 24557,63 7981229,75 1596245,95

2 2365,51 473102 94620,4

3 2068,2 155115 31023

4 11922,05 596102,5 119220,5

Total 40913,39 9205549 1841110

Halophytes

2005

1 5407,07 1892474,5 378494,9

2 47796,75 14339025 2867805

3 16145,57 4036392,5 807278,5

4 11034,82 1103482 220696,4

Total 80384,21 21371374 4274275

2020

1 50780,02 17773007 3554601,4

2 13651,79 4095537 819107,4

3 9156,14 2289035 457807

4 3467,1 346710 69342

Total 77055,05 24504289 4900858

2050

1 55142,57 19299899,5 3859979,9

2 14955,23 4486569 897313,8

3 5373,59 1343397,5 268679,5

4 1576,2 157620 31524

Total 77047,59 25287486 5057497

Rhanterium

suaveolens

2005

1 1908,44 1049642 209928

2 39613,38 13864683 2772936

3 13125,91 1968886 393777

4 7959,4 397970 79594

Total 62607,13 17281181 3456235

2020

1 0 0 0

2 5379,55 1882842 376568

3 21152,12 3172819 634564

4 35917,28 1795865 359173

Total 62448,95 6851526 1370305

2050

1 0 0 0

2 529,21 185223 37045

3 12802,99 1920448 384090

4 49158,09 2457905 491581

Total 62490,29 4563576 875671

Page 114: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

120

Psammophytes

2005

1 30,61 9948,25 1989,65

2 60332 13574700 2714940

3 15959,53 1994941,25 398988,25

4 11443,56 572178 114435,6

Total 87765,7 16151768 3230354

2020

1 1960,42 632261,5 126452,3

2 65937,23 14813219,3 2962643,85

3 7158,5 894812,5 178962,5

4 12709,55 635475,5 127095,1

Total 87765,7 16975769 3395154

2050

1 6266,15 2036498,75 407299,75

2 56639,52 12743892 2548778,4

3 4959,81 620101,25 124020,25

4 19900,22 995416,5 199083,3

Total 87765,7 16395909 3279182

Stipa

tenacissima

2005

1 620,52 217182 43436

2 9238,43 2540568 508114

3 7227,36 1445472 289094

4 1473,11 73655 14731

Total 18559,42 4276877 855375

2020

1 0 0 0

2 0 0 0

3 0 0 0

4 18559,42 922215 184443

Total 18559,42 922215 184443

2050

1 0 0 0

2 0 0 0

3 0 0 0

4 18559,42 922215 184443

Total 18559,42 922215 184443

Rosmarinus

oficinalis

2005

1 494,47 370852,5 74170,5

2 1075,56 672225 134445

3 788,06 394030 78806

4 182,09 54627 10925,4

Total 2540,18 1491734,5 298346,9

2020

1 0 0 0

2 60,4 37750 7550

3 1016,41 508205 101641

4 1463,37 439011 87802,2

Total 2540,18 984966 196993,2

2050

1 0 0 0

2 0 0 0

3 537,27 268635 53727

4 2002,91 600873 74170,5

Total 2540,18 869508 127897,5

Page 115: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

121

Artemisia

herba-alba

2005

1 425.62 191529.45 38305.89

2 8996.77 2699031.3 539806.26

3 3639.57 545935.5 109187.1

4 1076.96 53848.1 10769.62

Total 14138.92 3490344.35 698068.87

2020

1 0 0 0

2 0 0 0

3 0 0 0

4 14138.92 706945 141389

Total 14138.92 706945 141389

2050

1 0 0 0

2 0 0 0

3 0 0 0

4 14138.92 706945 141389

Total 14138.92 706945 141389

Anthyllis

henoniana

2005

1 331.85 116147 23229

2 35071.35 7890933 1578187

3 15679.24 1567924 313585

4 4269.08 211877 42375

Total 55351.52 9786881 1957376

2020

1 0 0 0

2 60.45 13600 2720

3 11331.96 1133195 226639

4 43959.12 2181718 436344

Total 55351.52 3328513 665703

2050

1 0 0 0

2 0 0 0

3 5119.76 511976 102395

4 50231.76 2493033 498607

Total 55351.52 3005009 601002

Gypsophytes

2005

1 7.69 1535 307

2 8599.18 1074895 214979

3 15561.93 778096.3 155619.26

4 4949.31 123730 24746

Total 29118.11 1978260 395652

2020

1 0 0 0

2 269.13 33640 6728

3 344.25 17210 3442

4 28504.72 712615 142523

Total 29118.11 763470 152694

2050

1 0 0 0

2 0 0 0

3 0 0 0

4 29118.11 727953 145590

Total 29118.11 727953 145590

* 1: non vulnérable, 2: Peu vulnérable, 3: vulnérable, 4 : très vulnérable

Page 116: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

122

4.1.Lesformationsvégétalespeuvulnérablesauchangementclimatique

Il s’agit des parcours à base d’Haloxylon schmittianum et d’halophytes qui semblent les plus adaptés voire les

plus favorisés par le changement climatique attendu et également les plus résistants à la pression animale. Ces

écosystèmes pastoraux comportent en effet des espèces pérennes xérophiles connues par leur adaptation à la

sécheresse et à l’augmentation des températures en plus de leur large amplitude édaphique d’une part et d’autre

part par leur faible palatabilité réduisant ainsi les effets néfastes de la surcharge animale. tous ces atouts permet-

tentd’expliquerlafaiblevulnérabilitédecesparcoursparticulièrementauxhorizonsde2020et2050.

4.1.1. Formation à base d’Haloxylon schmittianum

l’évolution de la répartition des classes de vulnérabilité du parcours d’H. schmittianumàentre2005et2020et

2050montreunetendanceàl’augmentationdelaclasse«nonvulnérable»audépensdesautresclassesetce

au niveau des différentes régions du gouvernorat de Médenine à l’exception de la région naturelle du Dhahar

où les prédictions de la présente étude montrent que ce type de parcours sera très vulnérable aux horizons de

2020et2050.Lapartdelasupericiedesendroitsoùleparcoursà«beguel»estqualiiénonvulnérablegagne

desupericiesparrapportauxautresclasses.Ceciengendrerauneaugmentationdelaproductionpastorale

allantde23.5à26%respectivementen2020et2050.L’augmentationdelasupericie«nonvulnérable»sera

également par une élévation du taux de recouvrement de la végétation (classe 30-40%). le faible taux de re-

couvrement (inférieur à 10%) est particulièrement enregistré dans les zones les plus vulnérables à l’instar du

Dhahar de Béni Khedache.

Surleplanqualitatifouphysionomique,lesparcoursàbasedebeguelsontconnusparleurfaiblediversitéloris-

tique et ce malgré la diversité des paysages édaphiques et géomorphologiques qu’ils peuvent occuper. en effet,

ils se rencontrent dans les plaines, sur les glacis et plateaux, sur les dunes continentales et parfois même sur cer-

taines collines et montagnes. toutefois, la dominance semble concerner les milieux les plus xérophytiques à sols

sablonneux grossiers pauvres en matière organique.

Lacompositionducortègeloristiquevariebeaucoupd’unendroitàl’autre.Ainsi,danscertainsendroitsd’El-

Hmada/Djeffara, l’espèce clefdevoûte (H. schmittianum) est essentiellement accompagnée par Rhantherium

suaveolens et Koeleria pubescens, alors que dans les Matmata, c’est Thymelea microphylla qui co-domine. sur les

plateaux du Dhahar et les glacis du versant ouest de la chaîne des Matmatas, qui correspondent à une zone de

transition entre l’aride et le saharien, le beguel s’associe avec Gymnocarpos decander, Atractylis serratuloides et

Helianthemum kahiricum. Ce type de parcours est aussi rencontré dans les oueds du Dhahar et à el ouara en as-

sociation avec Retama reatam, Stipagrostis pungens et Anthyllis sericea. la plupart des espèces formant le cortège

loristiquedecetteformationvégétaleestdetrèsfaiblepalatabilitéetlesanimauxcherchentplutôtlesespèces

annuelles dominant au cours des années pluvieuses. D’ailleurs H. shmittianum n’est broutée que dans une période

limitéedel’annéequicoïncideaveclestadedeloraison-fructiication.Cecijustiieengrandepartielafaiblevul-

nérabilité de cette formation végétale.

4.1.2. Formation à base d’halophytes

Du fait que ces parcours sont localisés dans des dépressions et en raison du facteur salure, la production et la

dynamique sont quasiment stables et ne réagissent que peu à la nature de l’année. les plantes halophiles ont,

en effet, la particularité de pouvoir supporter les conditions salines imposées par leur milieu et de développer

des facteurs d’adaptation pour survivre dans des conditions extrêmes comme les sécheresses (par régulation de

l’ouverture des stomates). Aussi, même si les petits ruminants les visitent, ces parcours sont surtout préférés par

lesdromadairesquilesfréquententenhiverpourlacuresalée.Toutescescaractéristiquesjustiientetconirment

la très faible sensibilité et vulnérabilité de cette formation végétale face au changement climatique.

Page 117: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

123

Ces parcours ne demandent pas plus qu’une bonne gestion pour les préserver et il faudra surtout éviter toute

perturbation du milieu par des plantations ou des semis. leur mise en repos n’amènera pas d’importantes amé-

liorations.

4.2.Lesécosystèmespastorauxmoyennementvulnérablesauchangementclimatique

4.2.1. Parcours à base de Rhanterium suaveolens

Considérée comme étant la steppe la plus sujette à la perturbation, la plus recherchée pour la mise en culture et

laplusimportantedeszonesaridesenmatièredediversitédesoncortègeloristique,cetécosystèmepastoral

peutêtrequaliiée,àtraverscetteétude,commeétantvulnérableàtrèsvulnérableparticulièrementauxhorizons

2020et2050.

Letableau2montredeschangementsquantitatifsaussibienauniveaudessupericiesqu’auniveaudelaproduc-

tion de biomasse et des unités fourragères. Ce tableau montre également une disparition de la classe « non vulné-

rable»etuneimportantechutedesparamètresdelaclasse«peuvulnérable»auproitdesclasses«vulnérables»

etsurtout«trèsvulnérable»en2020et2050.Cettetendanceversdesclassesplusvulnérablesseraaccompagnée

par une réduction du taux de recouvrement de cette formation végétale. les données montrent qu’il existe une

proportionnalité entre le taux de recouvrement de la végétation et son taux de recul vers des classes plus "dé-

gradées", désignant un recouvrement moins important. en effet, plus le taux de recouvrement est faible, plus la

végétation sera sujette aux méfaits de la pression anthropozoïque (piétinement par les troupeaux, broutage, éra-

dication, défrichement, …) et être, par conséquent, exposée aux différents processus de l’érosion hydro-éolienne

(déssouchagedesplantesetmiseànudeleursracines,…)puisqu'ellenepeutpasassurerson"auto-protection";

ce qui diminue sa capacité, dans un premier temps de se protéger, mais aussi sa capacité de se régénérer.

les changements quantitatifs induits par l’augmentation du degré de vulnérabilité des parcours de Rhanterium

suaveolens seront accompagnés par des changements qualitatifs touchant leur physionomie. Ceci se traduit par

une régression en nombre de certaines espèces pastorales qui étaient dominantes en l’occurrence Rhanterium

suaveolens, Stipa lagascae, Plantago albicans et Helianthemum lippii var. sessililorum. Ces différentes espèces

de haute palatabilité, vont devenir de moins en moins présentes dans le milieu. D’autres espèces de faible valeur

pastorale et connues par leur meilleure adaptation à la sécheresse (changement climatique) et aux perturbations

anthropiques (particulièrement le surpâturage) deviennent de plus en plus abondantes face à l’augmentation des

effets des facteurs de stress et de perturbations. Parmi ces espèces, il y a lieu de citer Astragalus armatus, Atrac-

tylis serratuloides, et au stade ultime Stipagrostis pungens.

4.2.2. Formation à base de psammophytes

Il est bien connu que ce type de parcours se développent essentiellement sur les accumulations sableuses res-

sentes,maisiln’estpasexcludelesrencontrersurdessolsàsurfacebattanteaprèsladélationdusablequis’était

accumulé dans ces sites. Ces parcours sont généralement dominés par Laegos (Retama) raetam et Stipagrostis

(Aristida) pungens soit en association soit par une des deux espèces. les conditions écologiques caractérisant les

airesderépartitiondecetteformationvégétaleattestentdelagrandeadaptationducortègeloristiquedecetype

deparcoursauxconditionsclimatiquesetédaphiquestrèsdificiles.Letableau2montrequelesespacesoùla

végétationappartientàlaclassepeuvulnérableoccupentplusde65%delasupericietotaledel’unitépastorale

etceaussibienpourl’annéederéférence(2005)quepourlesannées2020et2050.Ensecondlieuvientlaclasse

«trèsvulnérable»quitoucheunespaceoccupantde13à22%delasupericietotaledel’unité.Cetteclassesesi-

tue en grande partie dans la Jeffara. les classes « non vulnérables » et « vulnérable » occupent des places intermé-

diaires. Du fait des faibles potentialités pastorales de cette formation végétale, cette variation de la vulnérabilité a

engendréunelégèreaugmentationdesproductionsquinedépasserapas1.5%àl’horizonde2050.

Page 118: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

124

Stipagrostis pungens, Retama raetametleurcortègeloristiquesonttrèsbienconnusparleurrusticitédumoins

à la sécheresse grâce au phénomène de xérophytisme. la vulnérabilité même faible de cet écosystème pastoral

pourrait être expliquée par conséquent par le surpâturage grâce à la surcharge animale particulièrement au ni-

veaudelarégiondelaJeffara,oùlasupericierelativementfaible,quifaitl’objetd’unpâturageparunnombre

élevé d’animaux.

4.3.Lesécosystèmespastorauxlesplusvulnérablesauchangementclimatique

4.3.1. Formation à base de Stipa tenacissima

le tableau 2 montre qu’actuellement, les espaces comportant la végétation vulnérable à très vulnérable repré-

sententprèsde47%delasupericietotaledel’unitépastorale.Toutcetespaceestprévudepasseraustadetrès

vulnérable et ce depuis l’année 2020. les productions en biomasse aérienne et en unités fourragères feront l’ob-

jetparconséquentd’unechutedépassant75%cequivaaugmenterdavantageledéicitdubilanfourragerdéjà

marquant la région.

Cette grande vulnérabilité se traduira par des changements qualitatifs et physionomiques se traduisant par la ra-

réfactiondel’espèceclefdevoûteStipa tenacissima dans tous les endroits de sa répartition actuelle à l’exception

deceuxquisontplusfavorablesetpouvantbénéicierd’unsupplémentd’eauparruissellement.D’autresespèces

non appétées par les animaux et plus adaptées aux stress thermique et hydrique comme Haloxylon scoparium et

Reaumuria vermiculata auront les potentialités pour dominer.

l’alfa (Stipa tenacissima l.) est une graminée vivace considérée par plusieurs auteurs comme étant l’un des rem-

partsfaceàl’avancéedudésert,etce,grâceàsonsystèmeracinairetrèsdéveloppéquiassurelaixationetla

protection du sol. Cette espèce a perdu sa capacité de régénération naturelle à cause de pratiques humaines irra-

tionnelles (défrichement abusif, surpâturage, surcollecte de l’alfa) et surtout d’un bioclimat contraignant avec des

conditions souvent défavorables à la germination et à l’installation de cette espèce et de l’ensemble des espèces

de cette formation végétale.

4.3.2. Formation à base de Rosmarinus oficinalis

les résultats de l’étude montrent, même si à un degré moindre par rapport à l’alfa, la fragilité de cette formation

aussi bien par sa sensibilité aux scénarios climatiques développés pour la région que par sa faible résistance aux

différents types de perturbation (pâturage, coupe, …). le tableau 2 montre la disparition de la classe non vulné-

rabledepuisl’horizonde2020,suiviedelaclassepeuvulnérableàl’horizonde2050etunetendancepresque

quasi-totale de tout l’espace pastoral vers la classe « très vulnérable ». C’est ainsi qu’il est prévu que les potentia-

litéspastoralesconnaitrontunechuteévaluéeà34et42%respectivementen2020et2050.

Etantdonnéesasupericie limitéeet l’existenced’unevariétéendémiquetunisienne (var. troglodotyrum) me-

nacée dont la perte ne peut en aucun cas être évaluée, sa protection et/ou la mise en plan d’un plan de gestion

rationnel s’impose.

4.3.3. Formation à base d’Artemisia herba alba

Il semble que l’impact des effets néfastes de l’emprise humaine et du changement climatique semble plus

consenti au niveau des Monts des Matmatas du fait toutes les formations végétales colonisant le jbel, les pied-

monts et les glacis semblent être les plus vulnérables. Ce résultat reste valable également pour la formation à

chih(Artemisiaherbaalba)oùlasituationseraplusalarmanteauxhorizonsde2020et2050.Letableau2montre

que cette formation végétale passera d’un état relativement peu vulnérable à un état très vulnérable et ce depuis

Page 119: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

125

mêmel’année2020.Ilestprévuquecettetendancevaengendrerunepertedel’ordrede80%delaproduction

pastorale de ce type de parcours. Ces espaces pastoraux seront de plus en plus gagnés par des espèces envahis-

santes, agressives et à faible valeur pastorale comme Haloxylon scoparium, Atractylis serratuloides, Astragalus

armatus, etc. Ces faciès voient aussi la surface des sols qu’ils occupent se colmater (pellicule de battance), ce qui

conduit à un blocage généralisé des activités biologiques dont la conséquence immédiate est la raréfaction de

l’armoise blanche et des espèces pastorales accompagnatrices à l’instar de gymnocarpos decander, et l’espace

sera de plus en dominé par Haloxylon scoparium et/ou Atractylis serratuloides avec des annuelles essentielle-

ment stipa retorta et Diplotaxis harra qui ne prospèrent qu’en années pluvieuses.

4.3.4. Formation à base d’Anthyllis henoniana

Il est bien connu que ces parcours peuplent les sites sahariens les plus défavorables du point de vue hydrique et

édaphique. les sols sont souvent maigres, caillouteux, à surface endurée et parfois gypseux, l’effet variation des

pluies est moins important que dans le cas précédent. Cependant malgré ces atouts et contrairement à ce qui est

attendu, les prédictions montrent que la formation à Anthyllis henoniana (espèce xérophile), de faible vulnérabi-

litéactuellement,tendselonlesprévisionsàêtreplusvulnérableen2020àtrèsvulnérableen2050.

Lesprévisionsdecetteétudemontrequelasupericiedesunitésvulnérablesàtrèsvulnérablesquireprésentent

seulement36%en2005,pourraienttoucherlatotalitédel’espacepastoraldughizdirauxhorizonsde2020et

2050.Cettevulnérabilitécommenceàs’accentuerbeaucoupplusdanslesespacespastorauxd’El-Ouaraquedans

ceux du Dhahar. Ces scénarios engendreront par voie de conséquence, une chute de la production pastorale de

cet écosystème évaluée à environ 70%.

4.3.5. Formation à base de gypsophytes

Dans le gouvernorat de Médenine, les parcours gypseux constituent des ilots éparpillés entre les champs des

cultures et sont généralement soumis à un pâturage libre et continu durant toute l’année par les petits troupeaux

des agropasteurs sédentaires. Ce fait atteste de la vulnérabilité de ce type de parcours même dans la situation

actuelleetquiseraaggravéeauxhorizonsde2020et2050.

Bien que la plupart des espèces (Lygeum spartum, Atractylis serratuloides, Anarrhinum brevifolium, Nitraria re-

tusa,…)formantlecortègeloristiquedecetteformationsoientconsidéréescommeétantdesxérophytestrès

adaptées à la sécheresse, elle s’est avérée très vulnérable au changement climatique du fait que sa répartition

régresseàl’horizonde2020pourdisparaîtreàl’horizonde2050.D’aprèsletableau2,lesendroitsoùcetéco-

systèmepastoralestqualiiecommeétantvulnérableàtrèsvulnérablereprésentent70%delasupericietotale

en2005.Ilestprévuquelaquasi-totalité(99%)decetespacepastoralsoittrèsvulnérableetcedepuisl’an2020.

Ceciengendreraparvoiedeconséquenceunebaissede laproductionpastoraleévaluéeàplusde60%.Cette

forte vulnérabilité sera accompagnée par des changements au niveau de la physionomie de la végétation et la

dominance-abondance des espèces. C’est ainsi que les espèces de bonne valeur pastorale indicatrices du bon état

du parcours comme Anarrhinum brevifolium, (endémique tunisienne), Lygeum spartum et Helianthemum kahiri-

cum seront menacées par la raréfaction voire la disparition pour être dominées voire même remplacées par des

espèces indicatrices de la dégradation et moins vulnérables a l’instar de Zygophyllum album, Erodium glocophyl-

lum, Pithuranthos chlorantus et Peganum harmala.

Page 120: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

126

5. analySe De la valeur économique DeS DifférentS bienS et ServiceS De l’écoSyStème (5 à 7 pageS)

5.1.Identiicationettypologiedesbiensetservicesrendusparl’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine

en se basant sur plusieurs travaux réalisés2 dans le sud tunisien et en particulier dans le gouvernorat de Médenine,

l’élaboration d’une typologie suivant l’approche teeB des biens et services rendus par l’écosystème pastoral dans

le gouvernorat de Médenine est tentée. le tableau 3 synthétise cette typologie qui d’une part décrit les types des

servicesécosystémiques,selonlestypesd’usage(suivantl’approcheVET)etd’autrepartidentiielesbénéiciaires

etspéciielestypesdebénéicesenregistrés.

Tableau3:Listedesbiensetservicesrendusparl’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine

Typedeservices(Ref.approcheTeeB)

Biensetservices Typed’usageRef.veT)

Bénéiciaires/usagers

Typedebénéices

Servicesd’approvisionnement(oudeprélèvement)

(1) Production pastorale (ressources fourragères naturelles)

usage Direct usagers des parcours Revenu des éleveurs.Revenus des acteurs de la ilière.

(2) Plantes Aromatiques et Médicinales

usage Direct usagers des parcoursPopulation locale

Revenu des usagers locaux (femmes, familles pauvres, etc.).Revenus des acteurs delailière.Protection des savoirs faire locaux.santé humaine.

(3) Feuilles de gueddim

usage Direct Artisans locaux Revenu des artisans locaux (nattes,coufins,etc.).Revenus des acteurs de lailière.Protection des savoirs faire locaux.

(4) Bois de feu des ligneux

usage Direct usagers des parcours.Population locale.

source d’énergie pour la cuisson.

(5)Miel usage Direct Producteurs du miel.Population locale.

Revenu des éleveurs.Revenus des acteurs delailière.

(6)Chasse usage Direct Chasseurs Bien-être des chasseursAnimation culturelle

2 Principalement les travaux de recherche de l’IRA, études CneA, 1991, 2003, études des parcours d’el ouara, 2001, 2004 et 2009, étude des

parcoursduDhahar,IRA2000,AtlasdugouvernoratdeMédenine1999,PARLCDdugouvernoratdeMédenine,1996,Inventairesforestiers,1995et2006,etc.

Page 121: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

127

Servicesderégulation(capacitéàmodulerdansunsensfavorableàl’hommedesphénomènescommeleclimatparexemple)

(7) lutte contre ladésertiication(ensablement)

usage indirect Population locale.société nationale.Communauté internationale.

Protection des aménagements et de l’infrastructure .lutte contre l’érosion éolienne.Protection des terres et des sols.

(8)Protectiondesbassins versants (Ces et mobilisation des ressources en eau pluviales)

usage indirect Population locale.société nationale.Communauté internationale.

Protection de la production agricole.lutte contre l’érosion hydrique.Protection des terres et des sols.Récolte et mobilisation des ressources en eau pluviales.Amélioration des revenus des agriculteurs locaux.Protection des écosystèmes et de la biodiversité.

(9) séquestration du carbone

usage indirect société nationale.Communauté internationale.

Atténuation des effets du CC.

(10) Qualité du paysage

usage d’option Population locale.Acteurs touristiques.société nationale. Communauté internationale.

Conservation du patrimoine naturel

Servicesculturels

(11) Récréation (Parc sidi toui)

usage Direct services forestiers.Acteurs touristiques.société.

Recettes.Revenus des acteurs touristiques.Diversiicationdesproduits touristiques.

(12) valorisation touristique du paysage (tourisme écologique et culturels)

usage d’option Acteurs touristiques.société nationale.Communauté internationale.

Revenus des acteurs touristiques.Revenus des acteurs locaux.

(13) valorisation culturelle (Festivals, éducation et recherchescientiique)

usage d’optionet d’héritage

société nationale.Communauté internationale.générations futures.

Animation culturelle.Conservation des savoirs locaux pour les générations futures.Valorisationscientiiqueetéducationnelles.

Servicesdesoutien

(14) Conservation de la biodiversité, connue et inconnue

usage d’optionet d’héritage

société nationale.Communauté internationale.générations futures.

Protection des écosystèmes et de la biodiversité.

5.2.evaluationéconomiquedesbiensetservicesdel’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine

l’évaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine dont

lesdétailssontdonnéesparletableau4,révèleunevaleuréconomiquetotale(VET)estiméeà32606000DT/an,

quisontrépartiescomesuit:45%(14662000DT/an)pourlesservicesd’approvisionnement,40%(12663000

DT/an)pourlesservicesderégulation,12%(3832000DT/an)pourlesservicesculturelset4%(1449000DT/an)

pourlesservicesdesoutien.Larépartitiondesbénéicesmontrequelapopulationlocaleetlasociétéproitentle

plusavecrespectivement55,24%(18012000DT/an)et44,75%(14590000DT/an),lereste0,01%(4000DT/an)

estauproitdel’administration(Figures2et3).

Page 122: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

128

figure2.evaluationéconomiquedesbiensetservicesdel’écosystème

pastoraldanslegouvernoratdeMédenineparnaturedeservice(1000DT/an)

Tableau4:evaluationéconomiquedesbiensetservicesdel’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine

unité quantité Prix(DT)

valeur Distributiondesbénéices(1000DT)

(1000DT) % Local gouver-nement

Société

1.Servicesd’approvisionnement

(1) Production pastorale (res-sources fourragères naturelles)

uF 16327270 0,3 4898 15,02 4898

(2) Plantes Aromatiques et Médicinales

Kg 2383297 5180 15,89 5180

(3) Feuilles de gueddim Kg 2934731 0,5 1467 4,50 1467

(4) Remeth Kg 1245636 2 2491 7,64 2491

(5)Miel Kg 25000 25 625 1,92 625

SousTotal1 14662 44,97 14662

2.Servicesderégulation

(6)Gestiondesressourcesnaturelles et lutte contre ladésertiication

10568 32,41 10568

(7) séquestration du carbone tonne 99754 21 2095 6,42 2095

SousTotal2 12663 38,84 12663

3.Servicesculturels

(8)Récréation(ParcSidiToui) visite 87 50 4 0,01 4

(9) valorisation touristique (tourisme écologique et culturels)

visite 239273 14 3350 9,20 3350

(10) valorisation culturelle (Festivals)

visite 9555 50 478 1,47 478

SousTotal3 3832 11,75 3350 4 478

4.Servicesdesoutien

(11) Conservation de la biodiversité

Ha 21315 68 1449 4,45 1449

SousTotal4 1449 4,45 1449

Total 32606(100%)

100,0 18012(55,24%)

4(0,01)

14590(44,75%)

Conservation de la biodiversité 4% 1449

Valorisation culturelle (Festivals) 2% 478

Valorisation touristique 10% 3350

Récréation (Parc Sidi Toui) 0% 4

Séquestration du carbone 6% 2095

GRN & LCD 32% 10568

Miel 2% 625

Remeth 8% 2491

Feuilles de Gueddim 5% 1467

Plantes aromatiques et médicinales 16% 5180

Production pastorale 15% 4898

Page 123: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

129

figure3.evaluationéconomiquedesbiensetservicesdel’écosystèmepastoraldanslegouvernorat

deMédeninepartype(1000DT/an)

5.3.evaluationdelavaleuréconomiqueperdue

Selon lesigures4et5, lesproductionsdesprincipauxbiensetservices (approvisionnementetséquestration

de Carbonne) du système pastoral dans le gouvernorat de Médenine seront réduites sous l’effet des scénarios

deCCauxhorizons2020et2050.Eneffet,laréductionlaplusimportanteconcerneralesPAMavec78%et81%

respectivementauxhorizons2020et2050.LaproductionpastoraleetlaséquestrationdeCarbonneneseront

cependantréduitesquede23%et26%respectivementauxhorizons2020et2050.

figure4.ImpactduCCsurlaproductiondesprincipaux figure5.ImpactduCCsurlaproductiondes

biensetservicesdusystèmepastoral(quantité) principauxbiensetservicesdusystèmepastoral(%)

18000000

16000000

14000000

12000000

10000000

8000000

6000000

4000000

2000000

0

2005 2020 2050

Production pastoralePAM

Feuilles de GueddimRemeth

Séquestration du carbone

0

-10

-20

-30

-40

-50

-60

-70

-80

-902020 2050

Production pastorale

Feuilles de Gueddim Remeth

Séquestration du carbonePAM

-23-26

-81 -78

-35-39

-32-32

-23-26

Services de soutien 4% 1449

Services culturels 12% 3832

Services de régulation 39% 12663

Services d'approvisionnement 45% 14662

Page 124: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

130

en ce qui concerne l’évaluation monétaire de la vet correspondante aux services approvisionnement et de ré-

gulation(séquestrationdeCarbonne)considérée,lesigures5et6montrentuneréductiondelaVETactualisée

de59%et83%respectivementauxhorizons2020(7381000DT/an)et2050(3048000DT/an)parrapportà

lasituationderéférence(18002000DT/an)(annéedebase:2005).Sansactualisation(sionconsidèrequeles

préférencesfuturesresterontlesmêmesquecellesduprésent),laVETverrasavaleurchuterd’environ45%aux

horizons2020et2050(9940000DT/an).Lesservicesd’approvisionnementetderégulation(séquestrationde

Carbonne)considéréssuivrontlesmêmestendancescommelamontrelesigures6,7,8et9.

figure6.ImpactduCCsurlaveT figure7.ImpactduCCsurlaveT

partypedeservices(SansActualisation) partypedeservices(AvecActualisation)

figure8.ImpactduCCsurlaveTparservice figure9.ImpactduCCsurlaveTparservice

(SansActualisation) (AvecActualisation)

7000

6000

5000

4000

3000

2000

1000

0

2005 2020 2050

Production pastoralePAM

Feuilles de GueddimRemeth

MielSéquestration du carbone

7000

6000

5000

4000

3000

2000

1000

0

2005 2020 2050

Production pastoralePAM

Feuilles de GueddimRemeth

MielSéquestration du carbone

Services d’approvisionnement Services de régulation Total

2005 2020 2050

18002

2095

15907

8306 8386

1554

9940

1614

9920

Services d’approvisionnement Services de régulation Total

2005 2020 2050

18002

2095

15907

61802571

477

30481201

7381

Page 125: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

131

6. analySe De la pertinence DeS StratégieS, programmeS, projetS et pratiqueS D’aménagement et De geStion actuelle en rapport avec leS riSqueS liéS au changement climatique

la tunisie et plus particulièrement le gouvernorat de Médenine a connu durant son histoire plusieurs séche-

resses à ampleur variable. Certaines ont eu des répercussions négatives, parfois dramatique sur l’économie et les

conditions socio-économiques de la population notamment rurale. la sécheresse de 1977 - 1979 avait été vécue

commeunévénementexceptionnel.Lessécheressesplusrécentes,cellesde1988-1989etsurtoutcellesde

1999-2003,ontétédavantageperçuescommeunedesmanifestationspossiblesduchangementclimatiquean-

nonçantunretourplusfréquentdeces"anomalies"qui,destatutdecatastrophes,pourraientpasseraustatutde

"normes". Dans l’esprit du grand public, et en accord avec la tendance annoncée par les modélisateurs du climat,

le changement climatique associe à l’augmentation prévue de température une plus grande fréquence d’événe-

ments extrêmes comme les cyclones tropicaux, les tempêtes et les précipitations intenses qui leur sont liées et,

àl’opposé,lefortdéicitpluviométriqueconduisantàdessituationsdesécheresse.Auniveaudugouvernoratde

Médenine, plus particulièrement, les dernières sécheresses erratiques ayant sévi durant la période 1999-2003 ont

pu montrer jusqu'à quel point l’économie de la région est tributaire des hauteurs des pluies et de leur distribution.

Quoiqu’il soit conscient de l’aggravement de ce phénomène, l’intervention de l’etat tunisien peut être jugée faible

dans une région, qui à côté de tataouine et Kébili, abrite tout ce qui reste comme grands espaces pastoraux collec-

tifs en tunisie et où la sécheresse n’est plus considérée comme un phénomène conjoncturel mais bien structurel

qu’il faut impérativement intégrer dans les stratégies de développement de ces régions. . Cette intervention s’est

limitéeàlastratégienationaledeluttecontrel’ensablementetdeCESenvuedecombattreladésertiication,

les processus de dégradation et les effets néfastes de la sécheresse, et à quelques mesures accompagnatrices et/

ou ponctuelles comme celles relatives à la gestion des crises, en particulier de la sécheresse qui semblent autant

plus d’ordre politique que structurel.

6.1.Analysedelapertinencedesstratégies,programmes,projetsetpratiquesd’aménagementetdegestionactuelleenrapportaveclesrisquesliésauCC

6.1.1. Stratégie nationale d’aménagement et de gestion des parcours naturels

toutes les interventions menées dans les parcours du gouvernorat de Médenine et notamment dans les régions

deDahar,d’ElOuaraetdanslaJeffaraontportésurdessupericiestrèslimitéescomparativementauxpotentia-

lités pastorales existantes qui nécessitent un effort considérable d'aménagement et de gestion. les parcours col-

lectifsnonsoumisaurégimeforestieroccupantdessupericiesimportantes(212130ha)n'ontbénéiciéd'aucun

effort de réhabilitation. les efforts d'amélioration pastorale tels que ceux analysés dans le document d'évaluation

de la stratégie nationale pastorale 1990-2000 et les rapports des différents intervenants dans ce secteur, démon-

trentqueleSudd'unemanièregénéraleetlegouvernoratdeMédenineenparticuliern'ontbénéiciéqued'une

faible part de l'investissement consacré au développement pastoral.

A titre indicatif, la supericie totale amélioréeparplantations arbustivesdurant lesdeuxdernièresdécennies

1993-2010auniveaudetoutlegouvernoratdeMédeninen’apasatteintles2000ha(1710haet265hadansles

parcours collectifs et privés respectivement). Celles améliorées par simple mise en défens pour la même période

onttouchéenviron61000ha(46431haet14434hadanslesparcourscollectifsetprivésrespectivement).

6.1.1.1. Parcours améliorés par plantation d’arbustes fourragers

les plantations fourragères sont réalisées par l’Arrondissement des Forêts, au niveau des terres domaniales et

collectives,etparl’Oficedel’ElevageetdesPâturages,surlesterresprivées.Enfonctiondesconditionsclima-

tiques,lessupericiesplantéesenarbustesfourragersvarientannuellementde14à400ha,auniveaudesterres

collectives et de 0 à 100 ha dans les terres privées. Depuis l’indépendance, une dizaine de périmètres pastoraux,

Page 126: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

132

totalisant641ontétécréésauniveaudesterresdomanialesetcollectives.Demême,l’OEPestintervenuchez161

exploitantssurunesupericiede273hadont165haréussie.Letauxd’échecchezlesprivésaététrèsimportant

chezlesprivésdisposantd’unterraindeparcoursdesupericietrèsréduite.

l’évaluation des plantations pastorales dans la gouvernorat de Médenine, réalisée par Abdelkébir et Fechichi

(1999) et ouled Belgacem et genin (2003) a montré que :

• lestauxderéussitedesplantationsvarientde40à70%dumoinsaucoursdespremièrestroisannéeslorsqu’elles

sontencorecontrôléesparlesservicesdedéveloppement;

• lesplantationsarbustivesetnotammentlesespècesexotiques(Acaciasp,Prosopissp,Atriplexsp.)ayantdes

limites d’adaptation aux conditions arides, ont montré des performances modestes voire très faibles pour ina-

daptationauxconditionsdumilieu.Leurscoûtsd’entretiensonttrèsélevés.

• silaplupartdesanciennesplantationsd’arbustesfourragersadisparudesparcoursprivéssuiteausurpâturage,

sécheresse ou changement de vocation de la terre (mise en culture), les plantations réalisées dans les parcours

collectifssoumisaurégimeforestiersemblenttrèsâgéesetsouffrentd’unvieillissementetd’unefortelignii-

cation. Celles-ci exigent une exploitation de régénération pour permettre une production de la biomasse verte

plus tendre et plus appréciable par le cheptel

6.1.1.2. Les mises en repos/défens (Gdel)

Dans le cadre de la stratégie nationale, les mises en défens réalisées dans les parcours collectifs soumis au régime

forestiercouvrentunesupericiede46431dont16000hadanslesparcoursduDhahar.Chezlesprivés,cette

actionaconcerné14434haauproitde414exploitantsmaisseulementunesupericiede10243aétérespectée

et réussie.

l'analyse des différents programmes mis en œuvre en termes d'impact et de durabilité montre bien que les mises

enrepossimplesouassociéesauscariiagesontlesplusbénéiquespourlarégénérationdesparcours.L’efica-

citédelatechniquedesmisesenrepospratiquéeàgrandeéchelleestconirméepardesexpériencesréalisées

sous des conditions très similaires à celles dominant dans les parcours de Médenine (parcours de tataouine).

Lorsqu’elleestbienrespectée,ellepermetdedoublerl’offrefourragèreàlaindeladeuxièmeannée;sielleest

ensuitecorrectementgérée,ellepermetdegarderunniveaudeproduction(enUFutiles)aumoinségalà1,5fois

delaproductionàlasituationdedépart,souslesconditionsd’uneannéenormale(OuledBelgacemetal.,2008).

l’échec dans plusieurs cas de cette technique observé particulièrement dans les parcours privés du gouvernorat

de Médenine est du soit à la pratique de cette technique au niveau des milieux très dégradés qui ont atteint un

seuil d’irréversibilité soit au non respect des règles de la mise en repos par l’agropasteur lui même. en tout cas la

durabilité de cette technique est mise en question du fait que les parcours aménagés font l’objet d’une surexploi-

tation intense avec l’arrêt des subventions accordées par l’oeP. Au contraire, au niveau des parcours collectifs,

laprolongationdeladuréedemiseendéfensparfoisenraisondel’évitementdesconlitssociauxentrelesuti-

lisateurs ayants droit et autres et avec l’administration elle-même, engendre un vieillissement des plantes et un

blocage de la dynamique végétale et une perte de la production pastorale pouvant égaliser celle perdue par une

surexploitation.

Aussi bien au niveau des parcours privés que collectifs, le choix des sites pour la mise en repos où la végétation a

atteint un niveau de dégradation très avancée avec un blocage de la dynamique végétale est une autre raison de

l’échec de cette opération.

6.1.2. Le Programme de Développement Rural Intégré (PDRI)

Ceprogramme,avecsesdeuxgénérations(1984-1993,1994-1999),avisélamiseenvaleurleszonesruralesdu

gouvernorat et particulièrement, celles à vocation agricole. Il a été basé sur une approche d’intervention clas-

sique n’impliquant la population qu’en phase d’exécution des composantes du projets qui sont elles mêmes ins-

pirées des conceptions habituelles des projets de développement à savoir les activités agricoles, les actions non

Page 127: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

133

agricoles, l’infrastructure et l’amélioration du niveau de vie. la part des parcours a été négligeable dans la mesure

oùleprogrammen’estintervenuquedansl’aménagementd’unesupericieréduited’environ270haautotal.Bien

qu’ilaitaccentuélapressionanimalesurlesparcoursparladonationd’unequantitéde2250têtesd’ovinsetde

caprins aux agropasteurs.

6.1.3. Le Projet de Gestion des Ressources naturelles (PGRN)

Ceprojet(1998–2004)s’estixécommeobjectifslagestiondurabledesressourcesnaturelles,etplusparticu-

lièrement des terres agricoles et des parcours dans les zones fortement dégradées, avec une amélioration de leur

productivité à travers une plus grande participation des usagers dans les programmes de développement. l’ap-

proche participative est introduite comme instrument pour une gestion durable de ces ressources.

• LesdifférentesactivitésduprojetontétéprincipalementréaliséesàtraverslesUST(UnitésSocio-Territoriales)

et sous forme de Plans de Développement Participatif (PDP). les interventions directes du projet en ma-

tièred’améliorationpastoralessontégalementtrèslimitéesetnedépassantpas5hadeplantationd’arbustes

fourragers. selon le coordinateur du projet, ces plantations ont été soumises à l’échec par inadaptation des

espècesutilisées,lecoûtélevédecesplantationsenplusdudécouragementdespaysanspoursonadoption.

Il voit que d’autres techniques comme la mise en repos et la pratique d’une rotation des pâturages semblent

pluseficaces.Parcontrel’instaurationparleprojetdesunitéssocio-territoriales(UST)etl’organisationdes

utilisateurs par la création des groupements de développement agricole (gDA) et l’application d’une approche

participative pourraient dans l’avenir appréhender les problèmes de gestion des parcours collectifs dans le

gouvernorat de Médenine à l’issu de ce qui a été développé dans les parcours collectifs de tataouine et dans

le Dhahar de Douz dans le cadre du projet PRoDesuD. un autre point positif qui revient également à ce pro-

jet c’est l’élaboration d’une étude « Projet de développement intégré et participatif (PDIP) des parcours d'el

ouara de Ben guerdane » réalisée par une équipe pluridisciplinaire d’experts qui a aboutit à l’élaboration d’un

plan d’aménagement et de gestion participatif des parcours collectifs d’el ouara. l’exécution de ce PAgP est

tributairedeladisponibilitéd’unesourcedeinancement;

Des mesures accompagnatrices ont été réalisées par le PgRn dans les parcours d’el ouara et qui peuvent énor-

mémentinluencerlagestiondesparcoursetlarépartitionetlamobilitédestroupeauxetquiserésumentpar:

• lacréationdedeuxforageséquipéspourl’abreuvement;

• lacréationdedeuxpréauxd’ombrage.

6.1.4. Autres mesures accompagnatrices

L’Etataentreprisunensembledemesurespourpalierauxdiversesinsufisancesetfaciliterlesopérationsd’amé-

nagement et de gestion des parcours conformément aux orientations de la stratégie de développement pastoral

2002-2011. Parmi ces mesures, il y’a lieu de mentionner :

• élaborationd’uneétude«Projetdedéveloppementintégréetparticipatif(PDIP)desparcoursduDhaharde

BéniKhédache»;

• àl’issudetoutlepays,élaborationdelacarteagricolerégionalequiservirad’outilpourdélimiterlesterrainsà

vocationexclusivementpastoraleetceuxàvocationagricole;

• renforcementdescapacitésdeproductiondespépinièresforestièrespourproduiresufisammentetauxmo-

ments opportuns les plants des espèces recommandées (pastorales / à usage multiple) plus adaptées aux

conditionsécologiquesenparticuliersclimatiquedelarégion;

• consolidationduprogrammedel’infrastructured’hydrauliquepastorale(PISEAU);

• miseenœuvred’unplandesauvegardeducheptelpouratténuerleseffetsdesécheresseetréalisationd’une

étude de gestion de la sécheresse.

Page 128: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

134

6.1.5. Mesures ponctuelles de gestion de la sécheresse

Malgré l’absence d’une stratégie claire d’atténuation de la sécheresse, l’etat tunisien a entrepris des mesures

ponctuelles chaque fois où une sécheresse prolongée apparaît. Ces «stratégies» temporaires ont été lancées de-

puis la sécheresse de 1977 – 1979, lorsque la production pastorale, déjà faible, a atteint des niveaux très bas et les

performances animales ont été sévèrement touchées. les décisions prises à cet égard concernent les principaux

aspects suivants:

- miseàdispositiondequantitéssufisantesd'alimentspouranimaux(autorisationdel'accèsdesanimauxaux

parcoursmisendéfens,augmentationdessupericiesdeslesculturesfourragèresirriguées,importationd’ali-

mentsconcentréscommel’orge,lesondebléetlesbouchonsdeluzerne);

- contrôle et organisation de la des ressources alimentaires (orge et son) et le transport des fourrages grossiers

(exemples:foind'avoine,lespailles);

- subventiondesprixdessemencesdesorghoetd'orge;

- subventiondutransportdesfourragesgrossiers;

- exonérationdesfourragesetdessemencesimportéesdetaxesdouanièresetsurlavaleurajoutée;

- distributiongratuitedesquantitésd'orgepourlespetitséleveurs;

- contrôle de la santé animale (vaccination subventionnés, la fourniture de médicaments vétérinaires exonéré,

etc.);

- des décisions complémentaires (comme l’autorisation de l'abattage des femelles et les animaux de faible pro-

ductivité, l'augmentation du taux de réforme des animaux).

A côté des décisions ci-dessus indiquées d’autres mesures ponctuelles pour atténuer les impacts négatifs de la

sécheresse sur les moyens de subsistance des agriculteurs, ont été prise par le gouvernement. Il s’agit de à titre

d’exemple:

- Intensiicationdesculturesfourragèresensubventionnantlessemencessurtoutpendantlespériodesdifi-

ciles,

- valorisationdesdifférentssous-produitsagro-industrielsdanslaproductiondesblocksalimentaires;

- améliorationdelavaleurnutritivedespaillesparleurtraitementàl’urée;

- mise en œuvre de la stratégie nationale de reboisement, de la conservation eaux et des sols et d’amélioration

pastorale.

lors des sécheresses de 1999 – 2002 et 2007 (qui coïncident avec la pénurie et l’augmentation sans précédent des

prix du pétrole et des céréales dont celles destinées à l’alimentation animale), ces mesures ont été renforcées par

des décisions dites « présidentielles ».

Cependant cette politique basée sur les subventions et l’importation de concentrés durant les périodes de sé-

cheresse pour conserver en entier le cheptel a entraîné dans pas mal d’endroits y compris dans le gouvernorat

de Médenine, le surpâturage et la dégradation des terres. la stratégie des anciens respecte l’équilibre imposé par

lanature.Durantlesannéessècheslesagneauxsontsacriiésouécoulésàbasprixpouréviterlegonlementdu

cheptel, atténuer la pression sur les parcours et ne conserver que le capital nécessaire de brebis et moutons en

attendantdesjoursmeilleurs.Laconservationd’uncheptelgonléempêchelareconstitutiondesparcours.

Cette politique a gravement perturbé voire détruit le savoir faire des éleveurs en matière d’adaptation et de ges-

tion des sécheresses. en effet, les éleveurs adoptaient autrefois, des stratégies anti-risques par des pratiques et

des expédients de type curatif comme les transhumances exceptionnelles et utilisation de terroirs complémen-

taires, constitution de stocks (gestion d’une sèche à partir d’une année humide), vente régulière des animaux au

marché pour s’approvisionner en aliment complémentaire, associations temporaires...

Page 129: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

135

6.1.6. Modalités actuelles d’exploitation et de gestion des parcours

si le mode de gestion des parcours privés est caractérisé par un système de pâturage libre et continu pouvant

engendrer la dégradation du couvert végétal et la disparition des espèces de bonne valeur pastorale. Ce mode

revient aux propriétaires eux même, qui mènent généralement un élevage sédentaire de subsistance et de taille

réduite pouvant être élevé sur la base d’autres ressources alimentaires comme les sous produits de l’arboriculture

(principalement l’olivier) et de la céréaliculture (paille, chaume, …). le problème de gestion se pose au niveau des

parcours collectifs où plusieurs acteurs (utilisateurs eux-mêmes, organisations représentatives, administration, …

etc.) sont impliqués et concernés.

vue la dominance du statut collectif des parcours, les modes d’utilisation des ressources sont restés traditionnels

et obéissant aux seules directives des usagers. les pacages sont à rythme saisonnier ou à rythme continu sans

respect de charge, de durée et de saison de pacage et de l’état des parcours. les règles de pacage sont dictées

essentiellement par la tombée des pluies, la disponibilité des points d’eau équipés et des pistes, et l’intérêt indi-

vidueldesusagersàtirerlemaximumduproitdel’espacepastoral.

Au niveau des parcours collectifs d’el ouara à titre d’exemple, la répartition des troupeaux dans l’espace est régie,

au cours de la période sèche (au moment où les potentialités productives des parcours sont à leurs niveaux les

plus faibles), par les principaux facteurs suivants (PDIP elouara, 2004):

• laproximitédespointsd’eauetdespistespraticablespermettantletransportdel’orgeetdesautresaliments

debétailaumoindrecoût;

• l’accoutumancedecertainsbergersàcertainsmilieuxbiendéterminésauxquelsilss’attachentparpeurdene

plus pouvoir y revenir. s’agissant d’un parcours collectif, le vide laissé par le départ d’un berger d’un endroit

déterminépeutthéoriquementêtrecombléparn’importequelautreberger;

• lespotentialitéspastoralesdesparcours,quin’interviennentqu’endeuxièmeoutroisièmeposition.

Au niveau des parcours de Dhahar de Béni Khédache, quoique les terres collectives soient soumises au régime

forestier (Ce statut foncier est de nature à préserver la vocation pastorale et à impliquer l’administration forestière

pour aménager, organiser et assurer la police des parcours), l’accès à ces parcours n’est pas soumis à une autorisa-

tion préalable ni de la part de l’autorité administrative ni de la part des institutions communautaires (conseils de

gestion Cg et groupement de développement agricole gDA). l’exploitation des parcours de la zone ne se fait pas

dans le cadre d’une organisation collective des pâturages impliquant un partage réglementé des parcours entre

les usagers donnant lieu à une répartition spatiale des troupeaux en fonction des disponibilités fourragères de

la zone. elle obéit plus à la présence de l’herbe et de l’eau qu’aux structures foncières des terres. Quand l’année

est sèche, l’exploitation des parcours est limitée dans l’espace et dans le temps (recours intense aux achats des

aliments de bétail, certains petits éleveurs vendent leurs cheptels), alors qu’en année pluvieuse, toute une dyna-

mique pastorale est engagée.

6.2.Analysedelacapacitéinstitutionnelledel’administrationfaceauchangementclimatique

6.2.1. Cas de l’Ofice de l’Elevage et des Pâturages (OEP)

les interventions de l'oeP dans le domaine des parcours s'intègrent dans le cadre de la stratégie nationale de

reboisement, de conservation des eaux et des sols et de lutte contre l’ensablement. Parmi les différents inter-

venants (oeP, Dg Forêts, Ces, oDesYPAno), l'oeP a été chargé d'intervenir sur les terres privées. l’approche

estparticipative (participationde l'adhérentestiméeà25%).L'adhésionde lapopulationàceprogrammeest

volontaire moyennant une demande adressée à la Direction régionale concernée. toute demande techniquement

retenue,feral'objetd'unengagemententrelesdeuxparties(OEP–Bénéiciaire).Lesaménagementsdespar-

Page 130: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

136

cours sont suivis et gérés par oeP. Ces aménagements consistent à mettre en défens ou à planter des arbustes

fourragers tout en accordant aux propriétaires des subventions pendant une période de trois ans selon le respect

etlaréussitedel’opération.Cettepolitiquedel’Etataconnuunessorconsidérable,suiteauxmoyensinanciers

importants en matière d’investissement et de compensation dispensés par l’etat à travers l’oeP pour exciter la

résilience des écosystèmes devenus très vulnérables et mettre à la disposition des éleveurs des réserves fourra-

gères pour faire face aux périodes de disettes devenues de plus en plus fréquentes.

le principal problème posé face à cette politique, dans les parcours privés du gouvernorat de Médenine, est que

le respect de l’intervention et du modèle de gestion proposé par l’oeP est limité à un lapse de temps (3 ans)

correspondant à la période où cette intervention est soumise aux contrôles des techniciens et aux subventions

accordées. la réussite est dans tous les cas tributaire de la participation des agro-pasteurs qui sont plus suscités

parlarentabilitéinancièreetéconomiquequeparlesaspectsécologiquesetdeconservation.D’ailleurs,l’expé-

rienceamontréquecesontsurtoutlesnonéleveursquiacceptentdeprotégerleursparcellespourbénéicierdes

subventions accordées par l’oeP (ouled Belgacem et genin, 2003). la durabilité du modèle de gestion pratiqué

est également mise en question. en absence des subventions et d’une autorité morale soit elle de l’oeP après la

inducontrat,lesystèmed’exploitationantérieurbasésurlepâturagelibreetcontinuereprendsaplace.

6.2.2. Cas de l’Arrondissement des Forêts (AF)

Pour renforcer la résilience des écosystèmes et assurer une meilleure gestion des parcours collectifs particuliè-

rement lors des années de crise (sécheresse prolongée), l’arrondissement des forets a intervenu par les activités

suivantes :

• Au niveau du Dhahar de Béni khedacheVuelesdificultésrencontréesaveclesusagersetleursreprésentants(conseilsdegestion)aucuneactivitéd’amé-

nagementn’aétéréaliséeparl’arrondissementforestierdepuis1988(annéedesoumissiondesparcoursdeDha-

har sous régime forestier) jusqu'à l’année 1991. Ce n’est qu’à partir de cette date, après une phase de vulgarisation

et de sensibilisation que l’AF a pu intervenir dans le cadre du projet de développement rural intégré (PDRI) par la

créationde5forages,lamiseendéfensde1000hadeparcoursetl’installationde5airesd’ombragebiologiquea

raisonde5haautourdechaquepointd’eau.Vul’échecdelaplantationde200had’arbustesfourragersparl’OEP

(conditions edapho-climatique non encourageante), l’AF s’est limite a l’utilisation de la technique la plus facile et

laplusbénéique(miseenrepos)avecunamendementd’unefertilisationsurunesupericiede16000ha.En1999,

l’AF a impliqué les usagers et a développé le plan d’aménagement de ces espaces.

la durée de la mise en repos varie de 2 à 3 ans avec l’ouverture des parcelles au pacage pendant le printemps et

surtout durant les années pluvieuses. en matière de gestion, l’accès annuel des troupeaux à ces parcelles s’étalait

suruneduréemoyenneallantde1à1,5moisetn’exigeaitlepaiementd’aucuneredevance.Malheureusement,

cet accès gratuit du troupeau n’a pas permis de contrôler la pression animale et son impact sur l’accentuation du

surpâturage. les résultats de ce programme de mise en défens de n’ont pas permis de reconstituer durablement

le potentiel pastoral dans les parcelles concernées avec la coïncidence de la succession des années de sécheresse.

Par ailleurs, l’exclusion des éleveurs du parcours de la mise au point du programme de mise en défens, réalisé

par l’arrondissement forêt, constituait une contrainte majeure à l’appropriation des modes de gestion requis par

les usagers. Dans ce contexte, le refus catégorique, de la part des éleveurs, de la notion de mise en défens a été

constaté du fait que cette action est limitative au mouvement du cheptel et aux espaces de pacage. Il en découle,

une nécessité absolue lors de la mise au point du parcellaire relatif à cette étude, de prendre en considération les

déterminants qui sont de nature à faciliter la gestion et la rotation des espaces à mettre en défens.

Page 131: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

137

• Au niveau des parcours d’El Ouaral’arrondissement des forêts avoue que ses interventions dans la restauration et la gestions de parcours collectifs

d’el ouara pour faire face aux différents types de perturbation et renforcer la résilience des écosystèmes face au

changement climatique représenté par des sécheresses de plus en plus fréquentes, restent très limitées.

A l’exception de la création du parc national de sidi toui en 1991, Ces interventions n’ont été suivis que d’effets

modestes sinon décevants au regard des efforts investis. les problèmes posés ne cessent en effet de s’aggraver et

lesressourcespastoralesdesubirunerégressioninexorable.Lesdificultésrencontréessontmultiples:

• milieuphysiquemarginaldontlesconditionsédaphiquesdessitesaménagéssontextrêmementsévères.Les

interventionsontcoïncidéavecunesécheressetrèsprolongée;

• lestraditionssocialesdesusagerssontsolidementancrées.D’ailleursl’échecdelaplupartdesinterventions

techniques (mises en défens, plantations) à cause de la sécheresse, a engendré une réticence des usagers voire

même des conseils de gestion sur l’utilité de ces interventions. en admettant même le succès de la faisabilité

technique de tels aménagements, leur chance d’acceptabilité par la population dont le comportement est

régiepardesmodesderaisonnement,pardesafinitésethniquesetpardesstratégiesd’allianceetd’organisa-

tionpluriséculaires,estrelativementfaible;

• échecdel’administrationdanslasensibilisationdesusagersetdesconseilsdegestiondel’importancedes

mises en défens et de la rotation des pâturages pour garantir la présence de la végétation en attendant sa

régénération à la suite de l’occurrence d’une année pluvieuse.

D’autres contraintes d’ordre foncière, législative sociale et institutionnelle peuvent être également à l’origine

des échecs de l’administration forestière dans l’aménagement et la gestion des parcours collectifs aussi bien d’el

ouara que du Dhahar :

Lesparcourscollectifsoucommunautairesnonsoumisnesontpassousl’autoritédel’AFetnebénéicientpar

conséquent d’un aucun effort de la part de l’etat pour l’amélioration et le contrôle de leur gestion. Ces parcours

quireprésententenvironletiersdelasupericietotaledesterresàpâturagesdugouvernoratdeMédenine,sont

les plus exploités et les plus dégradés.

une seconde hypothèse relative à la législation appliquée par le service forestier pour la gestion des parcours

soumis au régime forestier. Cette législation ressort des textes et des décrets du code forestier. la tunisie dont

lequartdesasupericietotaleestoccupéeparlesparcoursnaturels(lamajoritésetrouvedansleCentreetle

sud), n’a, jusqu’à présent, pas élaboré un code pastoral qui pourra faciliter la tache du service concerné du CRDA

(il devra à ce moment être nommé par exemple « Arrondissement des Parcours ») pour bien gérer ces parcours

collectifs.Lesspéciicitésécologique,socialeethistoriquedelagestiondesparcourscollectifsparlespopulations

pastorales diffèrent énormément avec celles en relation avec le domaine forestier et les sociétés forestières.

le code forestier actuel charge l’administration forestière de gérer et de développer les parcours collectifs soumis

au régime forestier à travers l’élaboration des plans d’aménagement qui comprennent les règlements d’exploi-

tation et les plans de mise en défens. Des études ont montré que ni les usagers ni leurs représentants n’ont été

impliquésdanslechoixdessitesàaménageroudestechniquesdedéveloppementdesparcours.Cefaitsejustiie

par l’absence des conventions et des contrats établis entre l’etat et les organismes de base (conseils de gestion,

groupement de développement agricole) représentant les agro-pasteurs. D’ailleurs, les quelques plans d’aména-

gement réalisés, dans les parcours collectifs du Dhahar de Béni Khédache, qui se sont limités le plus souvent à des

mises en défens ont été suivis par la population concernée avec une certaine réticence.

L’administrationforestièreaveclesmoyenshumainsetinanciersdisponiblesactuellement,n’estpascapablede

gérer des grands espaces si-lointains comme Dhahar et el-ouara. Ceci exige son renforcement par des cadres

qualiiésetdesmoyensinanciersetuneimplicationplusactivedesusagersetdeleursreprésentantspourfaire

faceauxdéisdel’aménagementetdelagestiondesparcoursdéjàampliiésparlechangementclimatique.

Page 132: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

138

7. orientationS StratégiqueS et meSureS D’aDaptation pour augmenter la réSilience De l’écoSyStème face au changement climatique

7.1.Propositiond’orientationsstratégiquesenvued’améliorerl’élaborationdesstratégies,desprogrammesetprojetsd’aménagementetdegestiondesécosystèmes

l’analyse de différentes stratégies et projets en relation avec l’amélioration et la gestion des parcours a mon-

trél’absenced’unestratégienationaleclaired’adaptationdesparcoursetdusecteurdel’élevagespéciiqueau

changement climatique. Dans ce qui suit nous développons un certain nombre d’orientations pouvant aider à

préserver les écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine et leurs biens et services face au changement

climatique à travers l’augmentation de leur résilience.

7.1.1. Sur le plan politique : Création d’une unité spéciique à la stratégie d’adaptation

l’augmentation de la résilience des écosystèmes pastoraux si vulnérables exigent de dépasser la gestion de crise

à court terme au moyen d’une stratégie d’adaptation aux risques liés au CC et d’intégrer l’adaptation au change-

ment climatique dans toutes les politiques et les programmes relatifs à leur gestion, existants ou à réaliser. les

plansd’actiondoiventêtresufisammentsouplespourpouvoiryintégrerl’améliorationdesconnaissancessur

les conséquences et les risques potentiels du CC. Ils doivent également accorder la priorité aux actions qui privi-

légientàlafoisl’atténuationetl’adaptation.L’intégrationgénéraledel’adaptationsigniieprobablementqueles

lois,lespolitiquesetlesprogrammesdoiventtousêtrerévisésvoiremodiiéspourtenircomptedel’adaptation

au changement climatique, au besoin. A titre d’exemple les textes et les décrets du code forestier ne semblent

pas dans plusieurs cas répondre aux particularités de la gestion des parcours collectifs dans le sud tunisien. la

création d’un code pastoral intégrant l’adaptation des écosystèmes pastoraux au changement climatique et orga-

nisant les modalités de leur gestion s’avère fondamentale.

le renforcement des aspects politiques et législatifs dépasse même le cas particulier des écosystèmes pastoraux

dans la mesure où l’intégration doit toucher toute la politique agricole et économique du pays. un comité natio-

nal ou une direction générale pourrait être créée au niveau du Ministère de l’Agriculture et de l’environnement

avec des antennes régionales pour pouvoir coordonner cette intégration. Quoique l’adaptation au changement

climatique dépasse largement le mandat d’un ministère en particulier. Il faut une stratégie d’adaptation et un

plan d’action national et l’appliquer à tous les paliers et dans toutes les instances du gouvernement.

7.1.2. Sur le plan social et institutionnel

• Ilseraitfondamentaldesoulignerquetoutepolitiqued’aménagementàappliquerauxécosystèmesdégradés,

doitprendrecommebasederélexionquelapopulationjugéedégradante,continuerad’ydemeurerlaforce

dominante autant dans les écosystèmes naturels que dans les agro-écosystèmes. les voies de restauration

doivent être choisies en concertation avec les usagers et les ayant droits et leurs représentants.

• L’implicationdesusagersdesparcoursdepuislaplaniicationjusqu’àlamiseenœuvreetlagestiondesespaces

objet d’une amélioration (appropriation et prise en charge des acquis) : la stratégie de mise en œuvre repose

sur l’utilisation de l’approche participative et intégrée permettant de durabiliser les acquis. l’expérience du

PRoDesuD (projet de développement Agro-pastoral et de promotion des initiatives locales pour le sud-est :

tataouine et la délégation de Douz/Kébili) est un modèle à suivre dans ce contexte. en effet ce projet repose

sur la participation de la communauté pastorale, l’implication des partenaires sociaux (conseils de gestion (Cg)

et gDA) et l’intégration des activités (élevage et autres activités pastorales).

• Renforcerlescapacitésdesinstitutionspubliquesetdedéveloppement(CRDA,OEP,…)etdesorganisationsde

base (Conseils de gestion, groupements de Développement Agricole) pour améliorer la gestion des parcours

naturelsetaugmenterleurrésiliencefaceauchangementclimatique;

Page 133: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

139

• Développeretpromouvoirdestechniquesettechnologiesadéquatesenmatièred’aménagementetdegestion

des parcours par l’installation des aménagements Ces et la collecte des eaux de ruissellement pour préserver

la végétation naturelle et par conséquent accroître la résilience des sols et des ressources en eau contre les

effetsduchangementclimatique;

• Développerlescapacitésenvud’intégrerlespréoccupationsduchangementclimatiqueàlong-termedansles

pratiquesdurablesdegestiondepâturages;

• Ledéveloppementdescapacitésdespopulationsdépendantesdesressourceslocalesàvaloriserlesconnais-

sances et le savoir faire locaux pour développer des agro écosystèmes plus durables et résistants aux impacts

du changement climatique.

7.1.3. Sur le plan recherche scientiique

Promouvoir la recherchescientiique,gagede toutdéveloppement :Encourager les institutionsde recherche

et d’enseignement supérieur à appuyer les organismes de développement à travers la réalisation des analyses,

études et le développement de méthodes et d'instruments d’adaptation des écosystèmes au changement clima-

tique. Il s’agit d’entreprendre des travaux et des études ciblés pour répondre à certaines questions perturbant

l’utilisationdesressourcesetinluençantnégativementlaproductivitédesparcoursetdecherchersoitdesnou-

velles techniques (relatives à l’augmentation de la résilience des écosystèmes, sélection des espèces pastorales

plus adaptées au changement climatique) soit des techniques déjà existantes mais qui nécessitent d’être valori-

sées et adaptées au contexte (techniques appropriées de conservation des eaux et des sols, de collecte des eaux

deruissellement«waterharvesting»enmilieupastoral,…).

7.1.4. Sur le plan technique

• La mise en reposle concept de la mise en repos, proposé ici, est différent de ceux de la mise en défens et de la réserve fourragère

sur pieds, car il consiste en un mode de gestion basé sur une utilisation régulière des sites retenus (abstraction

faitedelanaturedel’année),celle-cialternantavecdespériodesderécupérationducouvertvégétaldefaçon

à aider à une remontée biologique de l’écosystème, tout en participant au soulagement d’autres sites soumis à

une forte pression d’utilisation. Cette technique permet d’assurer l’initiation d’une dynamique ascendante des

principaux types de parcours s’apprêtant à pratique et d’asseoir une discipline de gestion basée sur le principe de

la rotation ou du pâturage différé.

la réussite de cette pratique est fortement tributaire du choix du site à mettre en repos. Il faut que l’état de

dégradationn’aitpasatteintleseuild’irréversibilité.Laprésencedel’espèceclédevoûteetcertainesespèces

très appétées même à un niveau rare à très rare constitue un indicateur de la dynamique de l’écosystème et des

potentialités de régénération.

• Plantations d’arbustes fourragersl’échec de cette technique observé dans les parcours améliorés revient soit au mauvais chois du site de plantation

(sol très pauvre, milieu très sec) soit au choix des espèces arbustives dont les éxigences écologiques ne sont pas

satisfaites par les conditions locales du site de leur plantation. la plantation d’arbustes fourragers plus adaptés

aux conditions de la région comme Periploca angustifolia, Rhus tripartita, stipagrostis pungens et Retama raetam

même si elles permettent une production nettement inférieure par rapport aux espèces exotiques (Acacia sp.,

Cactus, Atriplex sp.) est un garant de la réussite de l’opération. Ces plantations doivent être établies dans les sites

recevant un supplément d’eau par ruissellement avec des systèmes appropriés de collecte d’eau pluviale.

• Resemis par réintroduction des espèces pastorales disparuesLeresemisestunetechniquerelativementcomplexequidemandeunitinérairetechniqueinpartantdelacol-

lectedessemencesetarrivantauxfaçonsculturalesspéciiquesàchaqueespèce.Deplusleresemisad’autres

Page 134: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

140

objectifs de restauration de l’écosystème et de relance de la dynamique biologique qui peuvent ne pas concerner

l’usager actuel de l’espace. Cependant le grand succès qu’a connu cette technique dans le site d’el Mahmouda,

Dhahar de Douz dans le cadre du projet PRoDesuD constitue un appui pour l’appliquer dans les parcours de

Médenine où les conditions écologiques sont meilleures. les conditions d’utilisation de cette technique se réunis-

sent lorsque les parcours ont atteint un état de dégradation irréversible où les semenciers font défaut et lorsque

la restauration par une simple mise en repos n’est plus possible.

• Renforcement de l’infrastructurePour éviter la dégradation des parcours en raison du pâturage libre et continue avec une charge animale exces-

sive, il est fondamental de créer et de prendre des mesures accompagnatrices à l’instar de la création et l’entretien

des infrastructures à l’instar des points d’eau, des aires d’ombrages, des voies d’accès, des centres de services et

de la couverture sanitaire. seules ces mesures qui peuvent permettre la mobilité des troupeaux et de pratiquer un

modèle de gestion basé sur la rotation des pâturages.

• Valorisation des eaux de ruissellementParmilesmesuresconseilléesparlesinstancesscientiiquesettechniquespourl’augmentationdelarésilience

des écosystèmes vulnérables (à l’instar de ceux de l’alfa, du romarin et de l’armoise blanche dans les monts de

Béni Khédache) c’est la collecte des eaux de ruissellement qui peuvent alimenter la nappe et conduire à la remon-

tée biologique des espèces végétales lors des saisons exceptionnellement pluvieuses. la maîtrise et la valorisa-

tion, dans les parcours, d’une partie de ces eaux, en tant qu’action d’amélioration pastorale, pourraient constituer

une orientation pertinente du fait de sa contribution non négligeable à l’amélioration de l’offre fourragère.

7.2.Propositiondemesuresd’adaptationconcrètespouraugmenterlarésiliencedel’écosystèmefaceauchangementclimatique

Comme il été signalé auparavant, au niveau des parcours privés gérés par l’oeP, l’amélioration pastorale a donné

des résultats plus ou moins encourageants. en absence de problèmes institutionnels et fonciers, seules mesures

d’adaptation comportant les actions de développement qui restent valables pour ces types de parcours. les me-

sures d’adaptation concrètes relatives aux aspects institutionnels, fonciers et gestion sont orientées vers les par-

courscollectifsquisontlesplusimportantsaussibienauniveausupericiesqu’auniveaugestionetimportance

socioéconomique.

les mesures d’adaptions d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience de l’écosystème face au change-

ment climatique proposées sont ci-dessous présentées.

7.2.1. Actions de développement

Ces actions concernent diverses interventions, inégalement réparties selon le territoire en fonction de la nature

desparcoursetdeleurspotentialitésetdeleurvulnérabilitéfaceauchangementclimatique.Ellessontconçues

pour faire la part des occurrences de sécheresse en modulant en conséquence les priorités d’actions et les aides

de sauvegarde du cheptel. elles comprennent des actions de mises en repos, de resemis des parcours, de planta-

tionsd’arbustesfourragersautochtonesquipeuventêtreappliquéessoitd’unefaçonuniquesoitintégréeselon

lavulnérabilitédesformationsvégétalesdugouvernoratdeMédenine(tableau5).Cesactionscomprennentéga-

lement le renforcement des infrastructures pastorales existantes et les propositions relatives à l’utilisation des

parcours.Cesinterventionsdoiventconstituerunseulpaquetdefaçonàcequecestechniquessoientcomplé-

mentaires ou substituables en fonction des conditions du milieu et des paramètres de gestion.

7.2.1.1. Mise en repos

Elledoitenprioritéêtreconduitedanslesmilieuxprésentantunecertainerésilienceaind’obtenirdesrésultats

rapides et concluants servant à améliorer l’offre fourragère. Dans la région d’étude, cette technique s’apprête à

Page 135: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

141

être pratiquée dans toutes les formations végétales en particulier celles évaluées dans la première phase de la

présente étude comme étant les plus vulnérables à l’instar celles a base de Stipa tenacissima, Rosmarinus ofici-

nalis et Artemisia herba alba.

L’eficacitédecettetechniquepourraitêtrelargementamélioréelorsqu’elleestcouplée,selonlecasavecl’une

ou l’autre des opérations suivantes :

- lescariiagequiengendreeneffetl'améliorationdubilanhydriquedusolsuiteàladestructiondelapellicule

debattancecequifavoriseraitl'iniltrationdel’eauetprovoqueparvoiedeconséquencelaremontéebiolo-

giqueenaidantàl'enfouissementdesgrainesetenfacilitantlagermination.àsavoir.;

- les travaux de Ces: le rôle des ouvrages anti-erosifs consiste, entre autre, à protéger les pâturages contre l’éro-

sion hydrique (ruissellement) grâce à la construction de petits ouvrages pour arrêter les ravinements tels que

les banquettes, les cordons en pierres sèches et la consolidation des ravins par des seuils en pierres sèches et

en gabions.

A la troisième année, la parcelle mise en repos sera ouverte au pâturage une seule fois durant la saison de dor-

mancevégétativepourvaloriserlesUFcumuléesetproiterdel’impactanimal(enfouissementdessemences,

améliorationdel’iniltrationdeseauxdepluies,etc.).Ensuite,etàpartirdel’année4, laparcelleseraouverte

deux fois par an : la première, de courte durée mais à forte charge animale, aura lieu durant la saison de croissance

végétative(depréférenceaudébut);etlasecondededuréepluslongue(jusqu’àutilisationquasitotaledutapis

herbacé annuel) aura lieu pendant la période de dormance des principales espèces pastorales. la durée de cette

deuxième pâture et la charge animale dépendront de l’offre fourragère.

Tableau5.Techniquesderestaurationetréhabilitationdesécosystèmespastorauxpourl’augmentationdeleurrésilience

faceauchangementclimatique.

Parcouràbasede Miseenrepos Resemis Plantation

Rosmarinus oficinalis eviter la perturbation de ce type de parcours. ne mettre en repos que les faciès très dégradés par surexploitation et mettre ceux peu utilisés au pâturage contrôlé.

le resemis est techniquement déconseillé

les plantations sont à déconseiller, sauf dans le cas où des pieds mères de Periploca leavigata et de Rhus tripartitus pourraient être plantés et bien conduits danslestalwegsaveclamiseen place des petits ouvrages anti-érosifs.

Stipa tenacissima eviter la perturbation de ce type de parcours. ne mettre en repos que les faciès très dégradés par surexploitation et mettre ceux peu utilisés au pâturage contrôlé.

le resemis est techniquement déconseillé

les plantations sont à déconseiller, sauf dans le cas où des pieds mères de Periploca leavigata et de Rhus tripartitus pourraient être plantés et bien conduits danslestalwegsaveclamiseen place des petits ouvrages anti-érosifs.

Artemisia herba alba instaurer la mise en repos de deux ans qui est l’une des meilleures techniques pour développer et restaurer les différents faciès de dégradation de l’armoise blanche

le resemis doit d’abord commencer par les faciès les plus dégradés de l’armoise en utilisant la même espèce. Il serait préférable de rajouter salaola vermiculata, et stipa parvilora.Lessitesàressemerdoivent favoriser les glacis plats et les dépressions où le bilan d’eau est rendu favorable par les apports de ruissellement.

Atriplex nummularia convient bien aux sites dégradés se développant sur des solsencroûtésetpouvantrecevoir un surplus d’eau de ruissellement. Il faudra pour cefairedémantelerlacroûteavant de planter. D’autres espèces comme Periploca

leavigata et des Acacia épineux peuvent convenir.

Page 136: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

142

Anthyllis henoniana la mise en repos doit concerner uniquement les sites où il y a un voile éolien et là où Stipa parvilora, Gymnocarpos decander et Helianthemum ssp sont rencontrées.

le ressemis direct doit être envisagé uniquement dans les sites les plus dégradés et là où le sol et les conditions hydriques sont favorables.

les plantations sont à déconseiller dans ce type de milieu.

Gypsophytes la mise en repos ne devra concerner que les endroits peuplés par Helianthemum

kahiricum et Lygeum spartum.

Il est inutile de semer les plantations sont à déconseiller

Rhantherium suaveolens les faciès incluant Stipa

parvilora, Stipa lagascaea, Plantago albicans,

Echiochilon fruticosum, Helianthemum lippii

sessililorum, répondent très rapidement et substantiellement aux mises en repos de deux années successives au maximum

les faciès ensablés conviennent au semis direct de plusieurs espèces de Rhanterium suaveolens,

Stipa lagascae, Stipagrostis

pungens. les faciès dégradés sur sol sablo-limoneux peuvent être semés par Salsola vermiculata,

Echiochilon fruticosum, Argyrolobium unilorum, etc.

C’est inutile comparée à l’eficacitésurtoutdelamiseen repos.

Psammophytes les mises en repos donnent des résultats substantiels dès la première saison, mais le rétablissement des milieux très détériorés nécessiterait des mises en repos plus prolongées ou du moins une utilisation très limitée dans le temps chaque année.

le resemis n’est pas indispensable car il y a un bon stock de graines dans le sol. le semis de différentes espèces pérennes est possible àconditiondeproiterdesannées pluvieuses pour installer des foyers de semenciers.

eviter les plantations

Haloxylon schmittianum les faciès se développant sur dessolsplusoumoinsixeset où Helianthemum lippii,

Helianthemum kahiricum,

Stipa parvilora, Aristida plumosa, etc. sont rencontrées même à faible densité conviennent aux mises en repos.

eviter le resmis eviter les plantations

Halophytes la mise en repos n’est pas conseillée.

les espèces existantes sont bien acclimatées et il n’y a pas besoin de resemer

eviter les plantations

7.2.1.2. Plantations d’arbustes fourragers autochtones

les plantations d’arbustes fourragers permettront écourter la période de soudure chronique, augmenter rapide-

mentledisponiblefourrager,stabiliserlesluctuationsinter-annuellesetstimulerladynamiquederégénération

naturelle. Ces plantations participeront à une atténuation de l’impact des années plutôt sèches et des mises en

repos, à la remontée biologique et à la réhabilitation des espèces pastorales herbacées.

les techniques de plantations sont connues des techniciens, mais l’on veillera à choisir les sites les plus favo-

rables. Pour le choix des espèces à planter, la priorité sera donnée aux espèces autochtones comme Periploca

laevigata (Halleb) et Rhus tripartita (Jderi) dans les fonds d’oueds, les dépressions et là où un appoint d’eau de

ruissellementpeutêtreobtenu;etLaegos raetam, Stipagrostis pungens, Calligonum sp., Genista saharaea, etc.

dans les zones ensablées.

7.2.1.3. Resemis

A l’instar du site el Mahmouda (Dhahar de Douz), le resemis sera établi sous forme d’îlots à l’intérieur de zones

favorables à la dissémination naturelle. les sites resemés correspondront ainsi à des foyers de contamination à

partir desquels les semences gagneront progressivement d’autres espaces. Pour ce faire, les sites à considérer

Page 137: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

143

sont ceux où le sol est meuble et où existe un voile éolien plus ou moins mobile. Cette opération doit être effec-

tuée dans les sites mis en repos.

les techniques de semis varient selon les espèces considérées. Ainsi les plantes autochtones colonisant les mi-

lieux sableux, comme Retama raetam, Stipagrostis pungens, Calligonum comosum, Calligonum sp, doivent être

semées directement en favorisant les endroits où des reliques de ces espèces existent encore. Concernant les

ligneux bas comme Rhanterium suaveolens et Salsola vermiculata,latechniqueconsisteàscariierlesold’abord

puisàépandrelessemencessurlasurfacetravaillée;alorsquel’ondoitsemerd’abordpuisscariierlesolpour

des espèces comme Argyrolobium unilorum, Stipa lagascae, Plantago albicans, etc.

L’époquedesemissesitueentredébutseptembreetinnovembre,c’estàdiredurantlespluiesautomnaleset

lorsquelatempératuredusolestencoresufisammentélevéepourfavoriser lagermination.Lesquantitésde

semencesàl’havarientavecl’espèce(environ5à7kg/hadesemencespurespourArgyrolobium unilorum et

Plantago albicans).

7.2.1.4. Mesures d’accompagnement

un grand effort a été déployé par le CRDA de Médenine dans mise en place de l’infrastructure dans les grands

espaces pastoraux du gouvernorat. Il est nécessaire d’entretenir périodiquement les voies d’accès, les aires d’om-

brages et surtout les points d’eau. Des centres de services sont à créer. le renforcement de l’infrastructure est

en effet en étroite relation avec une meilleure mobilité des troupeaux. Il faut que les actions de développement

ci-dessus indiquées (mise en repos, resemis, plantations) ne soient pas une contrainte pour l’accès à cette infras-

tructure.

7.2.1.5. Mobilité des troupeaux et pâturage différé

une meilleure gestion des parcours implique la prise en compte des conditions climatiques dont en particulier les

luctuationspluviométriquesetleurinégalerépartitiondansl’espacepastoraletdansletemps.Lavariationintra

annuellepeutêtreconsidérable.Lesprécipitationsontlieunormalementenautomneetauprintemps;toutefois

cessaisonspeuventêtrecomplètementsèchesouhumides.Cesluctuationssontimprédictibles,cequiconstitue

un facteur d’insécurité permanente et de perturbation constante des systèmes de production. les points d’eau

conditionnent toute la stratégie de gestion des parcours. De plus les techniques de restaurations et de réhabili-

tation proposées ((mise en repos, resemis, plantations) visent principalement à côté de l’amélioration de l’état du

couvert végétal et sa résilience, l’introduction d’un mode de gestion fondé sur la rotation des parcours et sur le

pâturage différé. Cette technique repose sur le principe de faire admettre aux usagers de retarder le pâturage des

parcours de quelques semaines à la suite des premières pluies automnales pour garantir l’installation des jeunes

plantules et des nouvelles émergences..

Ce domaine est, par excellence, celui où les gDA peuvent tester et roder leurs mécanismes de fonctionnement et

exercer leur autorité morale sur leurs adhérents. Par conséquent, une longue concertation, à ce sujet, est indis-

pensable.Elledoitenoutre,êtrecontinueaind’apporterlesajustementsimposésenparticulierparlarépartition

spatio-temporelle de la pluviométrie et du calendrier d'exploitation des parcours aménagés.

7.2.2. Appui institutionnel et modalités de gestion

7.2.2.1. Le renforcement des capacités du CRDA de Médenine et la création d’une Unité spéciique d’adaptation au changement climatique

la principale institution opérant dans la zone du projet est le Commissariat Régional au Développement Agricole

(CRDA). C’est l’institution en charge du développement agricole dans le gouvernorat de Médenine, et intervient à

travers le programme national et le programme régional de développement. ses objectifs se focalisent autour de

l’amélioration des conditions de vie et de revenu de la population agricole, et de la mobilisation et la sauvegarde

des ressources naturelles.

Page 138: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

144

le renforcement des capacités du CRDA de Médenine exige l’appui de son adaptation et de ses méthodes de tra-

vail aux exigences de l’approche participative et intégrée et de le renforcer par des moyens de travail additionnels

pour qu’il s’acquitte convenablement de ses nouvelles tâches et missions qui lui seront dévolues dans le cadre de

cette stratégie d’adaptation au changement climatique des parcours naturels. les types d’appuis concerneront

particulièrement les domaines de : (i) l’ajustement organisationnel du CRDA de Médenine à travers la mise en

place d’une unité pluridisciplinaire de gestion des ressources naturelles entre des parcours bien formée en ma-

tière de gestion des risques et l’adaptation au changement climatique. Cette unité pourrait être présider par le

chef d’Arrondissement des Forets et travaille en étroite collaboration avec les autres arrondissements y compris

ceux de Ces, de statistique et des affaires socioéconomiques, …, (ii) l’adaptation du système d’information du

CRDAaubesoindelastratégie(luiditédel’informationentrel’unitéetsespartenairestechniques),(iii)renfor-

cement du CRDA en matériel de travail et moyens humains, et (iv) formation du personnel technique y compris

y compris les membres de l’unité a créer et les partenaires qui ne relèvent pas du CRDA de Médenine (autorités,

services techniques et membres des organisations de base (gDA, Cg…) dans divers domaines en liaison avec les

exigences de la stratégie (adaptation au changement climatique, approche participative, gestion des ressources

collectives, …).

la nouvelle unité qui intervient au titre de représentant du CRDA à l’échelle régionale mais également de la Di-

rection générale d’adaptation au changement climatique à l’échelle nationale, est appelée à jouer pleinement la

carte du partenariat et de la participation en particulier avec ses principaux partenaires, les gDA et les Cg. Ceci

estd’autantplusnécessairequel’unitédevraitcéderlaplaceauGDAàmoyenetlongtermeetceaindegarantir

la durabilité des interventions réalisées dans le cadre de la stratégie d’augmentation de la résilience des écosys-

tèmes face au changement climatique. Ceci exige le soutien par l’unité de l’action du gDA et le considérer comme

un véritable partenaire et une structure porteuse de la stratégie.

7.2.2.2. Groupements de Développement Agricole (GDA)

les compétences des gDA selon la loi sont très larges:

• laprotectiondesressourcesnaturellesdupérimètredesoninterventionetlarationalisationdeleurutilisation;

• lasauvegarde,letraitementetlagardedesplantationsetdescultures;

• contribueràl'apurementdessituationsagraires;

• l'augmentationdelaproductivitédesexploitationsagricoles;

• ledéveloppementdessystèmesdeparcoursetdestechniquesd'élevage;

• l'accomplissementdetoutemissionvisantlerenforcementdel'intérêtcollectifetsesadhérents”.

L'adhésionauGDAsefaitd’unefaçonvolontaireetindividuelle.LesGDAnesontdoncpassenséreprésenterune

collectivité comme les conseils de gestion. Ils disposent cependant d'un territoire qui doit être connu mais dont

la délimitation n'est pas explicitement exigée. le décret sur les statuts-type précise que : “peuvent adhérer au

groupement tous les propriétaires, exploitants agricoles et pêcheurs de son périmètre d'intervention”.Iln'estdonc

pasnécessairequeceux-cisoientprésents.LesGDAsontdirigéspardesconseilsdegestioncomposésde3à6

membres. les pouvoirs du conseil d'administration sont assez étendus pour permettre une gestion souple des

gDA avec un recours limité aux assemblées générales. le conseil d'administration est renouvelé par tiers tous les

ans.

7.2.2.3. Les conseils de gestion

les conseils de gestion des terres collectives les plus impliques dans l’exécution d’une stratégie d’adaptation

des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine face au changement climatique sont en nombre de 27.

Douze(12)appartiennentàladélégationdeBenguerdaneet16àladélégationdeBéniKhedache).

les activités des conseils de gestion se limitent à l'attribution, à titre privé, des terres collectives et à la défense

des parcours collectifs contre les empiètements extérieurs. leurs structures et leur organisation et aussi leurs

traditions ne les habilitent pas à jouer un rôle dynamique dans le développement. Par ailleurs, la législation les

concernant ne leur donne pas une grande latitude en matière d'activités de développement agricole et rural, no-

Page 139: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

145

tammentpourcequiestdelagestioninancière.Cesconseilssontsoumisàunefortetutellequin’encouragepas

la responsabilité et l'initiative collectives. nonobstant ces limitations, on ne peut pas envisager l'aménagement et

la gestion des parcours collectifs dans le cadre des gDA sans recevoir l'aval des conseils de gestion. la solution la

plus adéquate consiste à inclure un représentant de chaque conseil dans le Bureau du gDA ou assurer le concours

de tous les conseils de gestion au conseil d’administration du groupement de développement pour garantir l’ad-

hésion de tous les usagers du parcours. Cette représentativité est souhaitable car le gDA sera nécessairement le

représentant de la population usagère des parcours et assurera les négociations et tout le travail participatif avec

l’unité de gestion de la stratégie d’adaptation. D’ailleurs, ceci permettra de créer une synergie entre les gDAs et

lesconseilsdegestionquiestdenatureàrésorberlesconlits,faciliterlamiseenœuvredupland’aménagement

et permettre la mise en place d’un schéma d’autogestion des parcours.

7.2.2.4. Modalités pratiques pour l’exécution des différentes composantes de la stratégie

LesGDAsetl’unitéspécialiséedelastratégied’adaptationauchangementclimatiquedéinissentconjointement

les solutions techniques et les modalités pratiques pour la mise en œuvre des différentes composantes de la

stratégie. Ce partenariat est basé sur les principes suivants :

- lediagnosticparticipatifdesbesoinsexprimés;

- lanégociationetlechoixdessolutions,deslieuxetdesactionsàentreprendre;

- ladéinitionconjointedesresponsabilitésspéciiquesdechacundesdeuxpartenaires;

- la cogestion et le suivi de la mise en œuvre.

• Rôle des GDAs

LerôledesGDAsconsisteà:1)contribueràladéinitiondesprioritésetduprogrammed’actionpluriannuel

etannueldelastratégie,2)validerlahiérarchisationdespriorités,3)déinirlesgroupesetleszonescibles,4)

contribueràladéinitiondesmodalitéspratiquespourlamiseenœuvredesactions,5)garantirlamobilisation

desagriculteursetdeséleveursconcernés,6)assurerl’encadrementdesagriculteursetéleveursengagésdans

une opération liée à cette stratégie, 7) prendre en charge la réalisation de certaines opérations de développement

dans le cadre de conventions établies avec l’administration conformément à la réglementation en vigueur (mar-

chédegréàgré),8)garantiràtermelapérennisationdesactionsentreprisesdanslecadredelastratégie.

Pour la réalisation de toutes ces taches, les gDA du Dhahar et d’el ouara seront amenés:

- à solliciter de la part des Conseils de gestion respectifs, qui ont juridiquement la responsabilité d’exploitation

des parcours de leurs zones, une sorte de délégation de pouvoir pour représenter les intérêts des ayants droit

pour la mise en œuvre de cette opération de développement.

- à trouver les modalités pratiques pour assurer une adhésion et une mobilisation des éleveurs pour la réalisa-

tion des objectifs de la strategie.

• Rôle de l’unité chargée de la mise en œuvre de la stratégie

Sonrôleconsisteà:1)contribueràladéinitiondesprioritésetduprogrammed’actionannueldelastrategie,

2)identiierdessolutionstechniquesappropriées,3)contribueràladéinitiondesmodalitéspratiquespourleur

miseenœuvre,4)garantiretsuivrelaréalisationmatériellesurterrain(enrégieouàl’entreprise),5)assurerl’ap-

puietl’encadrementtechniqueetinstitutionnelauxGDAs,6)faciliteràtermel’afirmationdelaresponsabilité

des gDAs dans la conduite des actions et l’organisation des éleveurs concernés.

LesystèmedepartenariatquiseramisenplaceentrelesGDAsetl’Unitebénéicierad’uneactiondefacilitation,

demodérationetd’appuiméthodologiquequiseraconiéeàuneéquipedespécialistesdanslecadredupro-

gramme d’accompagnement de recherche-développement.

Surleplanpratique,unprogrammed’actionpluriannueletunpland’opérationannueldelastratégiedéinissant

à la fois les activités à entreprendre, les moyens à mettre en œuvre et la contribution des différents partenaires,

seront élaborés conjointement par les deux partenaires.

Page 140: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

146

7.2.3. Développement des compétences et formation

7.2.3.1. Formation du personnel technique du CRDA

(Unité chargée de la mise en œuvre de la stratégie)Dans le but de renforcer les capacités des différents services techniques du CRDA, aussi bien au niveau régional

que local, qui sont appelés à assurer l’encadrement nécessaire à la mise en œuvre et le suivi de la stratégie relative

a l’adaptation des parcours au changement climatique, deux types de formation sont envisagés pour le personnel

de ces services :

• Uneformationcomplémentaire:Cetypedeformationestdispensésousformedesessionsderecyclagequi

sont limitées dans le temps (une semaine) et qui s’adressent à des techniciens de base (techniciens supérieurs)

notamment les membres de l’unité. Ces sessions portent sur des thématiques ponctuelles qui sont en rapport

direct à la fois avec les objectifs de la stratégie (mesures d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience

de l’écosystème face au changement climatique) et ses modalités de mise en œuvre.

• Uneformationdemiseàniveau:Ils’agitd’uneformationdemiseàniveauetdeperfectionnementquiviseà

doterleCRDAd’unpersonnelcompétentayantlesqualiicationsnécessairespourconcevoir,mettreenœuvre

et suivre des opérations de développement participatif a la lumière du changement climatique.

7.2.3.2. Formation des membres et du personnel des GDAs

Ilestfondamentald’assureruneformationspéciiquevisantledéveloppementdescapacitésdesresponsableset

des employés du gDA en matière de gestion et de conduite des actions de développement tout intégrant les nou-

veauxdéisimpliquésparlechangementclimatique.Ceprogrammeprévoitaussidesvisitesàdesstructuressimi-

laires dans certains gouvernorats du sud et du Centre du pays ayant acquis une certaine expérience en matière de

gestion participative du développement local. Cette formation portera sur les cinq principaux axes suivants : 1) le

fonctionnementduGDAetlesrelationsaveclesadhérents;2)lagestiondesressourcesnaturellesenmilieupas-

toralàlalumièreduchangementclimatique;3)laconduitedesopérationstechniquesprévuesparleprojet;4)les

relationsavecl’environnementadministratifetinstitutionnel;5)lesrelationsavecl’environnementéconomique.

7.2.4. Recherche scientiique

Commeilaétésignaléauparavantlarecherchescientiiqueestlagagedetoutdéveloppement.Lerôledelare-

cherche devient primordial pour appuyer les services techniques et les aider à trouver les meilleures solutions aux

problèmes quotidiens qu’ils rencontrent dans la gestion des parcours surtout avec les risques alarmants induits

par le changement climatique sur la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux. Il est fondamental pour l’établisse-

ment de la stratégie d’adaptation au changement climatique, d’associer les institutions de recherche a l’instar de

l’IRA de Médenine et les considérer comme partenaires en raison de la nouveauté de la thématique et prévoir un

inancementsurlebudgetdelastratégiepourinancerlesactivitésderecherchedemandées.Lesthèmespriori-

taires avec lesquels la recherche doit commencer à aborder sont les suivants :

• thème1:Identiicationdesmodesdepâturagepermettantl’augmentationlarésiliencedesécosystèmespas-

torauxfaceauchangementclimatique;

• thème2:Identiicationetsélectiondesespècespastoralesautochtonesplusadaptéesauchangementclima-

tique;

• thème3: Amélioration pastorale par le développement des ouvrages anti-érosifs et des systèmes appropriés

de collecte des eaux pluviales.

Page 141: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

147

8. concluSion

les principales conclusions qui peuvent être dégagées de cette étude montrent que les écosystèmes pastoraux du

gouvernorat de Médenine sont très fragilisés par la pression humaine et sont par conséquent en danger face au

changement climatique. Actuellement surexploités, ils seraient plus dégradés sous la même pression pastorale et

sous des conditions d’aridité plus forte. les conséquences directes iront de la chute de la production pastorale,

l’accentuationdudéicitdubilan fourrageretde l’appauvrissementenespècesdehautevaleurpastoralequi

s’avèrent les plus vulnérables aux effets combinés du changement climatique et du surpâturage. l’étude a permis

de mettre en évidence la présence de trois différentes classes d’écosystèmes pastoraux quant à leur vulnérabilité

au changement climatique :

- les écosystèmes des monts des Matmatas de la délégation de Béni Khédache (Stipa tenacissima, Rosmarinus

oficinalis et Artemisia herba alba) sont les fragiles et les plus vulnérables au changement climatique. les for-

mations à base d’Anthyllis henoniana et de gypsophytes, caractéristiques des sols caillouteux et gypseux ont

égalementprésentéunegrandevulnérabilité;

- les écosystèmes pastoraux à base de Rhanterium suaveolens et de psammophytes (Stipagrostis pungens et Re-

tama raetam),caractérisantlessolssablonneuxixesetmobilesrespectivement,sesontavérésmoyennement

vulnérables;

- étant relativement les moins perturbés et les plus adaptées aux conditions climatiques précaires, les parcours

à beguel (Haloxylon schmittianum) et ceux salés (à base d’halophytes) semblent être les plus moins vulnérables

au changement climatique en présentant une très faible vulnérabilité.

Malgré cette situation alarmante, tous les indicateurs montrent que les écosystèmes pastoraux du gouvernorat de

Médenine n’ont pas encore atteint le seuil d’irréversibilité et du non retour. les changements quantitatifs (super-

iciesdesclassesdevulnérabilité,lestauxderecouvrements,ladensitédesespècesindicatrices,…)etqualitatifs

(physionomie, structure, présence des espèces clefs de voute et palatables, …) ayant eu lieu sous l’effet combiné

du climat et de la mauvaise gestion, ne semblent pas profondément toucher la capacité de résilience de la plupart

de ces écosystèmes ce qui pourra leur permettre à revenir à un état antérieur proche à celui initialement existant

en cas où une gestion plus rationnelle des ressources pastorales sera pratiquée.

Ces parcours, surtout les plus vulnérables et gardant encore une certaine capacité de résilience nécessitent

par conséquent des aménagements et une régénération naturelle, mais également une gestion réglementée et

contrôlée permettant l’adéquation entre les besoins du cheptel et les disponibilités fourragères. le succès de ces

interventions exige forcément l’implication des acteurs locaux (usagers, gDAs, administration, …).

l’évaluation économique effectuée a été basée sur l’application de l’approche teeB et les données et les infor-

mations disponibles auprès des institutions de recherche notamment l’Institut des Régions Arides et les services

techniques compétents en particulier le CRDA de Médenine et l’oDs. evidemment le présent travail n’a pas la

prétention d’être complet, bien au contraire, c’est un travail pionnier certes mais qui est sensiblement perfectible.

Plusieurs biens et services très intéressants n’ont pas pu être pris en compte, en particulier la chasse, la valorisa-

tion du paysage, les activités de recréation traditionnelle comme les activités de tente et de randonnées déser-

tiques effectuées par des centaines de familles pendant les saisons clés surtout le printemps. les prélèvements de

bois de chauffe, le charbonnage n’ont pas été évalués également. D’autres biens n’ont été évalués que partielle-

ment comme les PAM, les dépenses de protection, les services culturelles (beaucoup de festivals n’ont pas pu être

prisencompte).Certainesévaluationsmonétairesnécessitentdesinvestigationsspéciiquesetl’applicationde

méthodes appropriées qui demandent des moyens importants en termes de temps et d’efforts, lesquels ne sont

pas disponibles dans le cadre de ce travail. les laboratoires de l’IRA pourront dans ce sens proposer et mettre en

œuvre des programmes de recherche/développement en partenariat avec les services et acteurs de développe-

ment notamment le CRDA, l’oDs, l’environnement, les ongs et les institutions locales.

Page 142: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

148

Quant à la tentative d’évaluation de la valeur économique perdue des différents biens et services de l’écosystème

pastoralsousl’effetduCC,lesrésultatsontconirmél’hypothèsequeleCCaurauneffetnégatifsurlaVETde

l’écosystème, pastoral dans le gouvernorat de Médenine. Cet impact négatif se traduira par des pertes écono-

miquesd’autantplusimportantesàl’horizon2050.Lesservicesd’approvisionnementetderégulationsubiront

une dégradation continue de leur potentiel notamment pour les principales plantes aromatiques et médicinales.

Ces impacts auront sans doute des conséquences sensibles sur les revenus de la population et son bien être so-

cial, qui aura des effets négatifs sur les niveaux de pauvreté, l’emploi et la création des richesses pouvant affecter

le potentiel de développement économique et social aussi bien au niveau local que régional.

les résultats ont révélés également l’intérêt et la pertinence de l’action face à l’inaction dont les impacts pour-

raient être lourdement facturés à la société actuelle mais surtout aux générations futures. Par conséquent, la mise

enœuvredesstratégiesappropriéesd’adaptationàcourt,moyenetlongtermessejustiientamplement.Des

effortsd’afinementdecetypedetravauxetleurcouplageàdesactionsdeplaniicationetdemiseenœuvrede

stratégies d’adaptation et d’atténuation au CC s’imposent et deviennent plus qu’une nécessité. laquelle nécessité

imposeàlacommunauténationaleetinternationaled’agiretdemobiliserlesfondssufisantspourplaideren

faveur de l’action.

l’analyse de différentes stratégies et projets en relation avec l’amélioration et la gestion des parcours a mon-

trél’absenced’unestratégienationaleclaired’adaptationdesparcoursetdusecteurdel’élevagespéciiqueau

changement climatique et ce malgré les grands efforts déployés par le CRDA et l’oeP en matière de restauration

et réhabilitation des parcours et la mise en place une infrastructure pastorale (points d’eau, aires d’ombrage,

voies d’accès, …). les résultats de ces interventions n’ont pas été au niveau des attentes ni au niveau des moyens

inanciersdépensés.Cecienétroiterelationaveclescontraintesenvironnementales(conditionsédaphiqueset

climatiquestrèsdificiles)maissurtoutauxmodesdegestionadoptésetauxproblèmesfonciersetinstitutionnels

rencontrés particulièrement dans les parcours collectifs.

les orientations et la mise en place d’une stratégie d’augmentation de la résilience face au changement clima-

tiquedesécosystèmespastorauxqualiiésvulnérablesàtrèsvulnérablesnécessitentd’entreprendrelesmesures

suivantes :

le renforcement des aspects politiques et législatifs dépasse même le cas particulier des écosystèmes pastoraux

dans la mesure où l’intégration doit toucher toute la politique agricole et économique du pays. un comité natio-

nal ou une direction générale pourrait être créée au niveau du Ministère de l’Agriculture et de l’environnement

avec des antennes régionales pour pouvoir coordonner une intégration de l’adaptation au changement climatique

dans toutes les politiques et les programmes de gestion des ressources naturelles. les plans d’action doivent

êtresufisammentsouplespourpouvoiryintégrerl’améliorationdesconnaissancessurlesconséquencesetles

risques potentiels du CC. Par ailleurs les cadres relevant des services de développement y compris ceux des unités

chargées de la mise en œuvre cette activité et intégration nécessitent une mise à niveau de leurs connaissances à

travers des sessions de formation régulière.

Page 143: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

149

l’application de toute politique d’aménagement à appliquer aux écosystèmes dégradés, doit prendre comme

basederélexionquelapopulationjugéedégradante,continuerad’ydemeurerlaforcedominanteetampliiepar

conséquent la vulnérabilité des écosystèmes au changement climatique. les voies de restauration doivent être

choisies en concertation avec les usagers et les ayant droits à travers les organisations de base qu’ils les repré-

sentent. Ces organisations (gDAs et Conseils de gestion) nécessitent une habilitation par selon un programme de

formation touchant tous les aspects de fonctionnement et de gestion des ressources naturelles à la lumière du

changement climatique. Ces organisations doivent être impliqués dans les différentes phases de la stratégie dès

la conception jusqu’à l’exécution.

les actions de développement sont celles utilisées par les organismes de développement mais qui exigent la réu-

nion des conditions de leur réussite aussi bien sur le plan technique que social. les formations végétales les plus

vulnérables devront avoir la priorité quant aux interventions.

Larecherchescientiiqueestlegagedetoutdéveloppement.Lanouvellestratégieexigedepromouvoirlare-

cherche scientiiqueet encourager les institutionsde rechercheà s’investirdans la recherchedes techniques

permettant d’augmenter la résilience des écosystèmes face au changement climatique (sélection des taxons plus

adaptés, modèles des pâturage, systèmes appropriés de collecte des eaux pluviales dans les parcours, …).

Page 144: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique

151

9. référenceS bibliographiqueS

1. AschiAgoubiS.1978: Contribution à l’étude physiologique de la germination de l’alfa (stipa tenacissima l).

2. Rejebn.1977: contribution à l’étude éco-physiologique de l’alfa (stipa tenacissima).

3. TrabutL.1889: etude sur l’alfa (stipa tenacissima).

4. elHamrouniA.1978: etude phytoécologique et problèmes d’utilisation et d’aménagement dans les forêts

de pin d’Alep de la région de Kasserine (tunisie centrale).

5. elHamrouniA.1979: etudes et recherches effectuées sur l’alfa en tunisie.

6. elHamrouniA.1985:Lessystèmespastorauxmaghrébinsfaceàladésertiication.

7. elHamrouniA.1992 : végétation forestière et pré-forestière de la tunisie: typologie et éléments pour la

gestion.

8. LeHouérouH.n.1969: la végétation de la tunisie steppique.

9. Longg.1954: Contribution à l’étude de la végétation de la tunisie centrale.

10. MonchicourtCh.1906: la steppe tunisienne chez les Frachiches et les Madjers.

11. Ministèrede l’Agriculture/Dgf : Aménagement des nappes alfatières de Kasserine, sbeitla, Fériana, Kai-

rouan,Gafsa,SidiBouzid.SCET.1976-1979.

12. Ministèredel’Agriculture/Dgf: etude d’aménagement des nappes alfatières dans le gouvernorat de gabès.

CneA. 1994 .

13. Ministèredel’AgricultureDécembre1993: Documents relatifs au séminaire national sur le rôle de l’alfa

dans le développement économique et la conservation de l’environnement.

14. Ministèredel’Agriculture,del’environnementetdesRessourceshydrauliques,janvier2003: Documents

relatifs au séminaire régional sur la situation actuelle et les possibilités de développement des nappes alfa-

tières de tunisie.

15. Ministèredel’environnementetdel’AménagementduTerritoire/DeI:Etuded’identiicationetévaluation

des options d’atténuation des gaz à effet de serre dans le secteur agricole et forestier. Habib Kraiem/AeD

Consult, 2001.

16. Ministèredel’environnementetdel’AménagementduTerritoire/DgAT. stratégie nationale d’aménage-

ment rural, Rapports de phase I et phase II. CoMete engineering. 1997.

17. ghrabS.1981. etude de la variabilité éco-phénélogique de l’alfa en tunisie centrale. Application en vue de la

sauvegarde et de l’amélioration des nappes alfatières.

18. InS. Recensement général de la population et de l’habitat, 1994.

•Ménagesetconditionsd’habitat;

•Caractéristiqueséconomiquesdelapopulation;

•Caractéristiquesd’éducation;

•Projectiondelapopulation1995-2015.VolumeIII,niveaurégional.

•Projectiondelapopulationactiveetdelademandeadditionnelled’emploi;

19. LloretA.S.1961: Rapport sur les nappes alfatières tunisiennes.

20. Boudy1950: guide du forestier en Afrique nord-Africain.

Page 145: Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens

• L’écosystèmesubéraie• L’écosystèmealfatierdanslegouvernoratdeKasserine• L’écosystèmepastoraldanslegouvernoratdeMédenine

Rapportdesynthèse

Publiépar: Deutsche gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (gIZ) gmbHSiègedelasociété: Bonn et eschborn Bureau de Tunis B.P. 753, 1080 tunis-Cédex, tunisie t +216 71 967 220 F +216 71 967 227 www.giz.de/en/worldwide/326.html email: [email protected] Mandatépar: Ministère fédéral de la Coopération économique et le Développement et de la République Fédérale de l’Allemagne Institutionspartenaires: Ministère de l’Agriculture, Institut des Régions Arides, CRDA de Beja, Jendouba, Bizerte, Kasserine et Médenine

Équipedetravail: Ghazi Gader, Abdelmajid Jemai, Helmi Sabara, MaikePotthastetAliAbaab: gIZ AzaiezOuledBelgacem,MongiSghaier etMohamedOuessar: Institut des Régions Arides, Médenine AliAloui: Consultant en phytoécologie et aménagement des forêts KamelTounsi: Consultant en sIg et bases de données HamedDaly-Hassen: Consultant en économie forestière Miseàjour: Décembre 2014 Impression/Conception: Kréa - 1002 tunis

le contenu de la présente publication relève de la responsabilité de la gIZ.