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Jean-Pierre Filiu vient d'écrire une chanson assassine, "Une vie de moins" interprétée par le groupe Zebda. C'est le cri d'un enfant de Gaza mort sous les balles d'un soldat israélien. Qui raconte sa vie dans un clip, sous un emballage graphique ciselé. "Je suis né sur une terre qui n'est plus à moi, une terre piétinée, une terre occupée...pour oublier le blocus et la misère, j'ai grandi bercé au son des récits de l'exil." Et pour finir. "Je suis mort à ce qu'on m'a dit d'une balle perdue, je suis mort assassiné par un homme inconnu qui croyait faire son devoir en tirant dans le brouillard sur des ombres d'enne- mis aux armes dérisoires..." Traduisons: Israël, l'occupant qui prend plaisir à piéti- ner le peuple arabe de Gaza, est un tueur d'enfants. L'accusation des Juifs d'assassiner les enfants trouve ses racines pluriséculaires dans le vieux discours anti- sémite chrétien, avant de faire les beaux jours du na- zisme et d'imprégner aujourd'hui le tsunami islamiste. Le martyr Merah, saisissant par les cheveux la petite Myriam Monsonégo, 8 ans, et lui collant le canon de son arme sur le front, rétablit enfin l'injustice faite aux enfants palestiniens. Israël et les enfants palestiniens, une longue histoire. Aux nouvelles de ce jour, des habitants d'un village palestinien amènent leur enfant de 6 ans qui s'est électrocuté aux portes de la localité juive la plus pro- che, Neveh Tsouf (Rive Occidentale). Il est immédiate- ment pris en charge et transféré à l'hôpital de Tel- Hashomer. Remarque d'un résident: "ce genre d'entrai- de est fréquent, pourtant cela n'aide pas à développer une bonne amitié.'' Un souvenir revient. Le 11 mars 2011, la famille Fogel, les parents et trois de leurs en- fants, sont horriblement assassinés au couteau à Ita- mar près de Naplouse. La tête du bébé est même dé- tachée du corps. Quelques jours après, le chef d'état major de l'époque, Benny Ganz, rend une visite de condoléances aux restes de cette famille. Dans ce mo- ment funèbre, un taxi palestinien déboule à toute vi- tesse à l'entrée de l'implantation. A son bord une mère palestinienne en train d'accoucher, en danger de mort, l'enfant ayant le cordon Éditorial : Jean Jean- Pierre Filiu, Pierre Filiu, maître en diffamation maître en diffamation Sommaire Éditorial : Jean-Pierre Filiu, maître en dif- famation Israël vu de France dans l’ère de François Hollande L’antisionisme, l’islam et les passeurs de haine Tel Aviv septembre 2012. Des Israéliens nous parlent Sacrés israéliens ! Israël est-il le véritable ennemi des Arabes? Le Monde arabe dévoré par l’Iran et la Tur- quie ? Les inconséquences d’Obama au Moyen- Orient Déjà, l’Iran est quasiment en possession de la bombe Le différend entre Israël et l’administration Obama persiste sur l’Iran Un autre regard sur le Proche-Orient Bulletin Internet de France-Israël Marseille Section de Marseille de l’Association France-Israël, Alliance général Koenig Octobre 2012 Numéro 8 Suite en page 2

Un autre regard sur le Proche-Orient · Jean-Pierre Filiu vient d'écrire une chanson assassine, "Une vie de moins" interprétée par le groupe Zebda. C'est le cri d'un enfant de

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  • Jean-Pierre Filiu vient d'écrire une chanson assassine, "Une vie de moins" interprétée par le groupe Zebda. C'est le cri d'un enfant de Gaza mort sous les balles d'un soldat israélien. Qui raconte sa vie dans un clip, sous un emballage graphique ciselé. "Je suis né sur une terre qui n'est plus à moi, une terre piétinée, une terre occupée...pour oublier le blocus et la misère, j'ai grandi bercé au son des récits de l'exil." Et pour finir. "Je suis mort à ce qu'on m'a dit d'une balle perdue, je suis mort assassiné par un homme inconnu qui croyait faire son devoir en tirant dans le brouillard sur des ombres d'enne-mis aux armes dérisoires..."

    Traduisons: Israël, l'occupant qui prend plaisir à piéti-ner le peuple arabe de Gaza, est un tueur d'enfants. L'accusation des Juifs d'assassiner les enfants trouve ses racines pluriséculaires dans le vieux discours anti-sémite chrétien, avant de faire les beaux jours du na-zisme et d'imprégner aujourd'hui le tsunami islamiste. Le martyr Merah, saisissant par les cheveux la petite Myriam Monsonégo, 8 ans, et lui collant le canon de son arme sur le front, rétablit enfin l'injustice faite aux enfants palestiniens.

    Israël et les enfants palestiniens, une longue histoire. Aux nouvelles de ce jour, des habitants d'un village palestinien amènent leur enfant de 6 ans qui s'est électrocuté aux portes de la localité juive la plus pro-che, Neveh Tsouf (Rive Occidentale). Il est immédiate-ment pris en charge et transféré à l'hôpital de Tel-Hashomer. Remarque d'un résident: "ce genre d'entrai-de est fréquent, pourtant cela n'aide pas à développer une bonne amitié.'' Un souvenir revient. Le 11 mars 2011, la famille Fogel, les parents et trois de leurs en-fants, sont horriblement assassinés au couteau à Ita-mar près de Naplouse. La tête du bébé est même dé-tachée du corps. Quelques jours après, le chef d'état major de l'époque, Benny Ganz, rend une visite de condoléances aux restes de cette famille. Dans ce mo-ment funèbre, un taxi palestinien déboule à toute vi-tesse à l'entrée de l'implantation. A son bord une mère palestinienne en train d'accoucher, en danger de mort, l'enfant ayant le cordon

    Éditorial :

    JeanJean--Pierre Filiu,Pierre Filiu, maître en diffamation maître en diffamation

    Sommaire Éditorial : Jean-Pierre Filiu, maître en dif-

    famation Israël vu de France dans l’ère de François

    Hollande L’antisionisme, l’islam et les passeurs de

    haine Tel Aviv septembre 2012. Des Israéliens

    nous parlent

    Sacrés israéliens !

    Israël est-il le véritable ennemi des Arabes?

    Le Monde arabe dévoré par l’Iran et la Tur-quie ?

    Les inconséquences d’Obama au Moyen-Orient

    Déjà, l’Iran est quasiment en possession de la bombe

    Le différend entre Israël et l’administration Obama persiste sur l’Iran

    Un autre regard sur l e P r o c h e - O ri e n t

    Bulletin Internet de France-Israël Marseille Section de Marseille de l’Association France-Israël, Alliance général Koenig

    Octobre 2012 Numéro 8

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    Jean-Pierre Filiu, maître en diffamation (suite)

    Un autre regard sur le Proche-Orient n° 8 Octobre 2012

    ombilical enroulé autour du cou. Un soldat de 19 ans qui accompagne le chef d'état-major, le caporal Haïm Levin, se précipite, donne les premiers soins, et assisté des paramédicaux présents, il sauve la mè-re et l'enfant. Les corps des trois petits Fogel égor-gés étaient encore chauds. Les Palestiniens confient leurs enfants en grande détresse aux Israéliens. M. Filiu n'a pas écrit de chanson en la circonstance.

    Pourquoi ? Parce qu'il s'agit là d'épisodes ponctuels et marginaux qui disent le contraire de la réalité ? Bien. Mais alors quand Israël développe les seules banques de données de moelle au monde permet-tant de traiter des maladies congénitales des jeunes palestiniens, ou quand il crée à Hadassah un service dédié aux opérations des malformations cardiaques spécifiques des enfants palestiniens, s'agit-il tou-jours d'actions marginales ou de "communication"? Oui? Donnons alors la parole à l'UNICEF. Sa grande étude de 2009 porte sur les retards de croissance des enfants de moins de 5 ans, marqueurs idéals des si-tuations de grande misère. L'étude conclut que ce sont les enfants palestiniens qui présentent le moins de retards, donc de misère, de tout le monde arabe, y compris les plus riches pays pétroliers. (Le Monde 13 nov. 2009)

    Pour aller plus loin encore, citons le journaliste saou-dien Abdulateef Al-Mulhim, qui s'échine à ouvrir les yeux de ses frères arabes: " Beaucoup d'Arabes ne savent pas que l'espérance de vie des Palestiniens qui vivent en Israël est beaucoup plus grande que celle de nombreux États arabes, et qu'ils jouissent de plus de libertés politiques et sociales que la plupart de leurs frères arabes. Même les Palestiniens qui vivent sous occupation israélienne sur la rive occidentale du Jour-dain et dans la bande de Gaza bénéficient de plus de droits politiques et sociaux que ceux qui existent dans de nombreux endroits du monde arabe. " (voir son ar-ticle p.9)

    Tout cela Jean-Pierre Filiu le sait parfaitement. Il sait qu'il retourne délibérément la réalité, tête en bas, qu'il intervertit l'assaillant et la victime, le porteur de civilisation en porteur de barbarie, et qu'il active des mythes meurtriers. Car si les Israéliens, plus ordinai-rement les Juifs, sont des oppresseurs cruels et des tueurs d'enfants, il n'y a pas d'exactions à leur en-contre qui ne soient pas justifiées. Merah l'a déjà dit. Filiu sait aussi qu'il y a dans la France en crise profon-de d'aujourd'hui, une masse de jeunes gens, généra-lement de sensibilité arabo-musulmane, qui sont la cible facile des prêches salafistes et jihadistes. Il sait que le point d'entrée de leur endoctrinement est la criminalisation d'Israël et des Juifs, le second temps étant celui de la stigmatisation de la France et de

    l'Occident. En s'associant à Zebda pour diffuser une version modernisée du crime rituel, clip soigné à l'appui, il trouve un vecteur idéal de transmission du virus qu'il héberge à la jeunesse arabo-musulmane. Il jette essence et allumettes sur le baril ethno-communautaire français. D'autant que l'ennemi jiha-diste intérieur de la nation France a vite fait de trou-ver une jonction avec les rejets innombrables d'Al Qaïda et en particulier, avec l'Aqmi qui nous menace à nos portes.

    Son motif ? Ne pas laisser s'effacer passivement la "Palestine" de l'actualité qu'elle occupe depuis des décennies dans la sphère des média et des intellec-tuels, cette réserve des bataillons supplétifs et bor-nés de la propalestine. On avait remarqué, alors que le Printemps arabe en était à ses débuts et qu'ils n'avait pas encore été colonisé par les phalanges islamistes, que le thème d'Israël, l'ennemi indispen-sable des dictatures, avait disparu du discours arabe. C'était un excellent signe, les Arabes allaient se po-ser les bonnes questions sur leurs sociétés, et peut-être élaborer un véritable avenir. Le mouvement de réaction islamiste, qu'il ait pris le visage du tunisien Ghannouchi ou de l'égyptien Morsi, a très vite fait de remettre la haine d'Israël en tête des priorités. Et en France, il y a, depuis la rentrée, une véritable entre-prise collective de retour au bon vieux "narratif" anti-sioniste. Alain Frachon du Monde du 4 octobre "Le conflit Israël-Palestine a disparu", Enderlin sur son blog, Mme Carole Gaessler avec son brûlot minable "Les cinq caméras cassées" du 9 octobre sur France 5. A présent M. Filiu, sa chanson, et sa grosse caisse, Zebda. Appuyé sur ses innombrables relais médiati-ques, la baleine antisioniste reprend son éternel nu-méro d'exécration.

    Qui est M. Filiu? C'est un ancien fonctionnaire, un diplomate, un universitaire polyglotte. Il croule sous les diplômes, les reconnaissances universitaires, les publications scientifiques et grand public. Il fait par-tie de l'aristocratie nationale bureaucratique et uni-versitaire. Sa chanson porte à l’incandescence les secteurs les plus sensibles et les plus pathologiques de la nation. D’où sont sortis un jour un Merah ou un Jeremy Bailly, des tueurs. Combien de nouveaux tueurs va-t-on devoir à M. Filiu, à sa chanson et à son clip ? En fait, M. Filiu est un diffamateur, un voyou. Son aristocratie n'est qu'une voyoucratie. Et l'on en-tend des cris. Entend-les Filiu. Ils s'appellent Imad Ibn-Ziaten 30 ans, Abel Chennouf 26 ans, Mohamed Legouad 24 ans, Jonathan Sandler 30 ans, Gabriel Sandler 3 ans, et Aryeh Sandler 6 ans, Myriam Mon-sonégo 8 ans, et ils te regardent au fond des yeux.

    Jean-Pierre Bensimon

  • 3 Un autre regard sur le Proche-Orient n° 8 Octobre 2012

    Bien que le nouveau pouvoir français ait moins de 6 mois d'existence, il serait bien ambitieux de dresser un état complet de l'évolution de l'image d'Israël en France dans cette nouvelle époque politique. On se contentera ici de relever un certain nombre de décisions émanant d'institutions significatives des intentions du pouvoir et du climat général chez les « faiseurs d’opinion ».

    Au niveau de l'État et des institutions publi-ques

    La création de l'État palestinien: François Hollande a rompu d'emblée avec la position officielle de la France qui impu-tait à Israël le blocage du pro-cessus de négo-ciations. François Hollande avait bien signé avec ses confrères députés la réso-lution du PS de septembre 2011 demandant à l'ancienne admi-nistration de vo-ter pour la de-mande de Abbas d'admission d'un État palestinien à l'ONU sans négocia-tions. Cependant, dès la campagne électorale, Hollan-de prenait ses distances et mettait l'accent sur la subor-dination de la naissance de cet État à des négociations. Depuis son élection, il a insisté à plusieurs reprises sur l'importance de négociations préalables, adressant une admonestation subliminale mais limpide à Ramallah. Rencontrant Mahmoud Abbas le 8 juin dernier à Paris, il déclarait : "Aujourd'hui, nous devons tout faire pour re-connaître l'État palestinien à travers un processus de né-gociations. Ce qu'attendent les Palestiniens, ce n'est pas une proclamation, c'est qu'il puisse y avoir, au terme d'un processus de négociations avec les Israéliens et un accord de paix, la reconnaissance de l'État palestinien"

    Il semble désormais probable que le raïs palestinien recommence cette année, en passant cette fois par la case Assemblée générale où sa demande d'État "observateur", mais d'un État tout de même, serait su-rement votée. Sachant que cette démarche sonnerait le glas de tout processus négocié, les États-Unis ont fait clairement connaître leur opposition et ils demandent à l'Europe de les suivre. La France n'a encore rien dit, sans doute occupée à convaincre Abbas dans les coulis-

    ses de renoncer à son projet. On saura dans moins d'un mois si Abbas a persisté, et si dans ce cas la France l'a ouvertement désavoué par un vote.

    La minute de silence aux JO de Londres à la mémoire des victimes israéliennes des JO de Munich il y a 40 ans : Les plus hautes autorités canadiennes, américai-nes, allemandes, anglaises ont fait pression sans succès sur Jacques Rogge, président du CIO, pour cette minute de silence. L'Autorité palestinienne, suivie des pays arabes, a estimé que cette demande était une manifes-tation de racisme. Il faut dire que Mahmoud Abbas était personnellement impliqué dans le montage de

    l'opération et que jamais les États arabes ne se dé-solidarisent des tueries imputa-bles aux terroris-tes palestiniens. A la différence des grands diri-geants occiden-taux, François Hollande n'a ex-primé aucune position.

    La résolution jordanienne de condamnation d'Israël à

    l'UNESCO : dans sa résolution la Jordanie voulait faire condamner Israël pour ses travaux sur la passerelle des Maghrébins, pour l'autorisation donnée à des Juifs de prier sur le Mont du Temple et pour ses activités visant à changer le caractère de Jérusalem (judaïsation de Jérusalem). Les Russes ont voulu calmer le jeu en ren-voyant ces sujets à une session d'avril 2013. Leur résolu-tion a été adoptée par 28 votes contre 23 le 17 octobre. La France a été le seul pays de l'Union européenne à voter contre, c'est à dire en faveur de la résolution jor-danienne.

    Tirs sur Israël en provenance de Gaza: Le gouverne-ment condamne les tirs palestiniens sans fioritures, le 17 octobre. "La France condamne fermement les nom-breux tirs intervenus ces derniers jours contre Israël de-puis Gaza. La France est préoccupée par la dissémination d’armes vers Gaza." C’est là une innovation.

    Le consulat français de Jérusalem réunit un colloque négationniste sur l'archéologie: La négation de tout lien entre les Juifs et Jérusalem est l'un des piliers du narratif palestinien. L'an dernier, devant l'ONU, Abbas disait que Jérusalem était une

    Israël vu de France dans l'ère de François Hollande Collectif France-Israël Marseille

    Suite p. 13

    http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/fairehttp://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/auxiliaire/avoir

  • 4 Octobre 2012 Un autre regard sur le Proche-Orient n° 8

    Le démantèlement de la cellule terroriste de Jérémy Bailly a ouvert un débat sur l'émergence en France d'un antisémitisme musulman nu et cru, non travesti en antisionisme. Les membres du groupe, déterminés à donner leur vie au jihad, étaient des convertis, à une exception près. Ils ne venaient pas exactement des banlieues et, comme le montraient des listes de per-sonnalités et d'institutions juives en leur possession, ils s'apprêtaient à commettre des attentats clairement antisémites.

    On s'est alors interrogé sur ce nouvel antisé-mitisme terro-riste, autochto-ne, affranchi de l'extrême droi-te, de l'immi-gration arabo-musulmane, de la misère socia-le (certains membres de la cellule avaient un emploi), de la banlieue (ils n'y habitaient pas), mais aussi, a-t-on dit, du conflit israélo-palestinien. On doit à Pierre -André Taguieff, Shmuel Trigano, Gilles Wil-liam Goldnadel, Ivan Rioufol, des contributions éclai-rantes sur ce phénomène.

    La question soulevée ici est celle des ressorts respec-tifs de l'islam, du salafisme, d’un coté, des milieux anti-sionistes autochtones dans l'endoctrinement et le pas-sage à l'acte terroriste et/ou antisémite de l’autre.

    L’islam radicalisé domine désormais le monde mu-sulman

    Au niveau du monde, une tendance claire se dégage, de l'histoire contemporaine. Après la première guerre mondiale, suite à l'effondrement du califat ottoman et à l'irruption de l'Europe au Moyen-Orient, un courant nouveau a émergé dans l'islam porté par les égyptiens Hassan al-Banna, Sayyid Qotb, et leurs successeurs. Sous l'étiquette de la Fraternité musulmane, leur doc-trine affichait trois facettes. Celle du retour au temps premiers de l'islam (l'islam c'est la solution). Celle d'un anti occidentalisme offensif, bouter l'Occident hors des terres arabes, mais aussi récupérer l'intégralité des contrées un temps occupées par l'islam, l'Espagne, les iles de Méditerranée,... Dernière facette, celle de l'anti-sémitisme, nourri par des liens étroits avec le nazisme et la montée insupportable du pouvoir juif (infidèle) dans l'ancienne Palestine.

    Ce courant est aujourd'hui dominant dans l'islam. Sous l'impulsion de leaders déterminés ( de Rouhollah Kho-

    meini à Oussama Ben Laden et Ayman al Zaouahri), et profitant d'une conjoncture favorable, il s'est étendu et radicalisé. La démographie (poids très élevé du groupe des 15-25 ans, éruptif et aisément manipulable), la mi-sère permanente des peuples arabo-musulmans et l'échec dramatique de leur entrée dans la modernité, leur ouvraient des avenues. Plutôt que disséquer une nature intangible de l'islam, mieux vaut comprendre qu'il est une boite à outils où ses adeptes puisent la justification sacralisée de leur projet du moment. Glo-

    balement, ceux qui sont aujour-d'hui aux com-mandes de l'islam mondial, s'inscrivent gé-néralement dans des varian-tes idéologiques passéistes, belli-cistes, conqué-rantes et racis-tes de leur reli-gion.

    C'est ainsi qu'en Europe, dans des sociétés en crise profonde, minées par le communautarisme, le fractionnement ethnique et un avenir fermé, les individus en rupture qui ne veu-lent pas demeurer dans le statut sans horizon de la délinquance, trouvent une idéologie religieuse prête à porter qui leur ouvre les bras, l'islam radical. Dans cer-taines versions, il leur permettra de partager un projet, d'exprimer tous les niveaux de rancœur et de violence, et de les justifier moralement. Leurs prédécesseurs avaient revêtu en Europe les habits de l'anarchisme, des Ligues, du fascisme, du communisme, du gauchis-me,... Aujourd'hui, c'est au tour de l'islam radical de les accueillir.

    C'est ainsi que l'on peut voir surgir des générations spontanées de terroristes, ou plutôt d'apprentis terro-ristes, ignares, convertis ex nihilo à l'islam ou revenus à la religion de leurs pères, et capables de tuer. Et en première approche de tuer des Juifs, cibles prescrites par le dogme, de surcroit des cibles commodes et identifiables. Les Fofana, les Merah, les Jérémy Bailly, et leurs séides, sont quasiment des électrons libres, des chiens fous, même s'ils sont des produits d'une idéologie religieuse ambiante et s'ils ont des liens ef-fectifs avec le terrorisme international. Leur activisme, potentiellement cruel, est ponctuel, sans valeur straté-gique.

    Ce qui en a par contre, c'est le travail de quadrillage territorial lent et solide des "permanents" de l'islam jihadiste. Ils construisent patiemment une société-

    L'antisionisme, l'islam et les passeurs de haineL'antisionisme, l'islam et les passeurs de haine Jean-Pierre Bensimon

    Passeurs de haine

  • 5 Octobre 2012 Un autre regard sur le Proche-Orient n° 8

    oumma, préservée autant que possible des "impuretés" de la République. Ils ouvrent des écoles, des mosquées, ils créent des entreprises, des associations, des com-merces; ils nouent des liens ambigus avec le monde po-litique local, ils édictent des obligations et des interdic-tions, surtout à l'endroit des femmes. C'est là que peu-vent s'incruster des "cellules dormantes", professionnel-les, du jihad qui ont montré ce qu'elles savaient faire en 1986 et en 1995 en France. C'est de là que viendront demain les soldats terroristes de AQMI, du Hamas ou du Hezbollah, ou de tout autre groupe ayant un compte à régler avec la France.

    Une contre-société ne peut pas exister sans un endoctri-nement idéologique assurant l'étanchéité du groupe. A coté du dogme salafiste, ce corpus doctrinal contient, savamment dosées, la haine des "Juifs et des croisés", la détestation d'Israël, de la France et de l'Occident. Il faut écouter le dis-cours de Tariq Ramadan aux jeunes musul-mans et rele-ver l'écrasante domination du message "antisioniste" dans sa rhéto-rique. Comme le dit Shmuel Trigano, l'anti-sionisme est le cheval de Troie de l'islam politique. Et ses effets sont tragiques parce qu'il peut aussi bien déclencher des conversions hâtives et des crimes de chiens fous, que cantonner la jeunesse d'appartenance arabo-musulmane dans les griffes des contre-sociétés salafistes qui pullulent à pré-sent.

    Les facilitateurs de la radicalisation sont des autoch-tones

    L'antisionisme est donc l'un des facteurs majeurs du fractionnement ethno-communautaire de la France, bien décrit par Christophe Guilly (Fractures françaises, François Bourin 2010). La société française bénéficie d'un niveau de vie encore élevé. Mais, très lourdement endettée, la France est soumise à une concurrence exté-rieure impitoyable, alors que son économie connait un déclin structurel, et que ses élites émigrent. Seul un sur-saut collectif, national, peut la sauver. Et à ce moment de son histoire, l'islamisation salafiste à base antisionis-te/antisémite répand l'hostilité à la nation de résidence et à ses valeurs dans le secteur de la jeunesse dont la démographie est la plus dynamique du pays. Elle bride les efforts de la nation dans une phase d’urgence histo-rique.

    Par un phénomène d'auto-intoxication nationale carac-térisé, ce sont les élites autochtones des média et des universités, elles-mêmes intoxiquées, qui assurent la diffusion permanente et massive de l'idéologie antisio-nistes dans la population d'origine arabo-musulmane du pays. Ce sont les passeurs de haine contemporains. L'État n'est pas étranger à leur influence. On peut dater ce véritable suicide national de la réorientation par de Gaulle de la politique extérieure du pays en direction du monde arabe et des non-alignés pour faire pièce à l'hé-gémonie américaine. Aujourd'hui la France est en grand risque d'être dévorée par le monstre qu'elle a mis au monde et bercé.

    La chanson écrite par Jean-Pierre Filiu pour Zebda est un modèle de ce poison distillé par un passeur autochto-ne, en même temps qu'un intellectuel d'âge mûr hyper informé. Un enfant (figure de la victime innocente) est

    tué par un ro-bocop israé-lien cruel et aveugle (figure du nazi haïssa-ble). C'est l'un des thèmes pluri-décennaux les plus éculés du narratif pales-tinien. Le vo-leur qui crie au voleur. Mais c'est efficace

    pour faire surgir des tueurs fous ou renforcer l'emprise salafiste sur les banlieues. Média (le service public est aux premiers rangs), élite intellectuelle, responsables politiques de tous bords, agissant en réseau, ont cade-nassé un "politiquement correct" fou sur Israël et les Palestiniens. Penser Israël à travers ce "politiquement correct", c'est comme penser l'identité des Tutsis à tra-vers la radio des Mille Collines ou le judaïsme à travers la collection de Der Stürmer.

    L'État s'est engagé contre le terrorisme intérieur avec des paroles fortes. François Hollande a dit "Nous ne les lâcherons pas, nous les pourchasserons et nous les élimi-nerons." Mais comment, au même moment, tolérer que le service public audiovisuel sème à grandes brassées les graines d'un antisionisme sanguinaire, celui qui a perdu un Fofana, un Merah ou un Jérémy Bailly ? (Publicité faite à Zebda/Filiu sur France Inter et sur le site France TV-Info, film "les 5 caméras cassées" de Carole Gaessler de France 5, après tant d'autres).

    Le jihadisme antisémite et anti-croisés serait beaucoup moins fort en France s'il ne bénéficiait pas de l'appui inlassable des passeurs autochtones et des média affi-liés. C'est à ce groupe social et son discours débile qu’il faut opposer d’urgence un contre-discours offensif.

    L'antisionisme, l'islam et les passeurs de haine (suite)

  • 6 Un autre regard sur le Proche-Orient n° 8 Octobre 2012

    On s’interroge parfois, en France, sur ce que pensent les Israéliens, pas les politiciens ou les journalistes, mais les hommes et les femmes qui font des études, travail-lent, élèvent leurs enfants, partent en vacances, mènent une vie courante dans ce pays en guerre.

    On se demande, quand ils accueillent chaleureusement les touristes français, ce qu’il pensent de nos activités sionistes en France, de nos associations obstinées, de notre militantisme, de l’intérêt que nous leur portons.

    Alors, 3 semaines à Tel-Aviv, la ville que j’aime, avec une amie très chère pour y rencontrer des Israéliens, qui me sont chers eux aussi, pendant cette période de fêtes…

    J’avais le projet d’in-terviewer ces amis, et aussi des inconnus rencontrés par hasard, pour tenter de connaî-tre leur opinion sur la France, sur les fran-çais, sur notre gouver-nement, nos médias. Je poserais la première question : pensez vous que la France soit amie d’Israël ?

    J’ai vite pris conscien-ce que ce projet était maladroit, un peu mal-honnête ou futile au-près d’une population menacée de toutes parts et, dès mes premières questions, même enrobées de précau-tions oratoires, je sentis qu’on me répondait poliment mais brièvement, avant de s’éloigner du sujet par une pirouette humoristique : «les français pensent surtout à eux-mêmes», « les journaux juifs sont les seuls amis d’I-sraël », «votre président normal a d’autres soucis en tête »….

    Et de quel droit, ai-je pensé alors, aurais-je perturbé cette sérénité familiale, au soir de Rosh Hashana, quand il m’était fait l’honneur de me joindre aux parents, aux enfants et petits enfants, belles filles et cousins, pour déguster les pommes et le miel ?

    Par quelle méchanceté aurais-je troublé le dîner roman-tique de ces vieux amoureux, sabras jamais blasés, ja-mais découragés, toujours en lutte mais seuls au mon-de, un soir sous les lumières de Jaffa ?

    Quelle intrusion maladroite, ma pseudo politique, après le récit douloureux d’une dame voisine dont l’enfant est malade ?

    Et comme elle s’en soucie peu de la France, la jolie jeune

    fille russe qui me fait les ongles, qui cherche sa place, son salaire, son conjoint, dans un hébreu un peu hési-tant !

    Alors, je n’ai pas questionné ce rabbin qui déborde d’é-nergie et mène d’une main généreuse le refuge pour enfants de Kfar Habad, qui me fait visiter l’établisse-ment pour que j’en parle en France .

    Ni cette mère religieuse à la longue jupe, au foulard bi-blique, au regard doux et las, entourée de ses 5 enfants.

    Ni cette dame âgée, si digne, si grande, qui écrit de beaux poèmes ou brille son amour d’Israël.

    Ni ces étudiants du Technion de Haïfa qui ne sortent de leurs recherches que pour rire, entre copains et qui me taquinent : « la France ? Where is it ? »

    Ni, près de moi, dans ce bar fleuri, ce couple mère-fils, il est en unifor-me, il a l’air si jeu-ne, ils se regardent et mangent, pres-que sans parler, un énorme petit dé-jeuner israélien, je crois qu’ils sont au bord des larmes.

    Séparation ou retrouvailles ?

    Ni ces familles joyeuses réunies au soir de Kippour dans les rues soudain vidées de toutes voitures, qui envahis-sent la chaussée, qui posent leurs vélos et ceux des en-fants casqués comme de petits insectes agités, et les poussettes des tous petits, pour échanger mille propos et laisser gambader le chien.

    Ni ces couples tout de blanc vêtus, qui sortent de la jolie synagogue au toit rouge, cachée dans les arbres touffus, ils ont l’ allure sereine des gens qui prient; des chants religieux se font entendre par la porte entrouverte…

    Non, je n’ai interrogé personne, mon projet de question-nement curieux, envers le citoyen israélien lambda, n’é-tait pas viable .

    Mais alors, sont venus à mon aide, les premiers, les chauffeurs de taxis : ils nous interrogent, et je préfère ainsi : « Vous êtes françaises ? De Paris ? Alors, c’est l’antisémitisme en France? En Europe? ». Certains sem-blent nous plaindre de vivre en ces contrées, d’autres ont dans la voix une nuance de reproche, (qu’y faites-

    Tel-Aviv, Septembre 2012 . D e s I s r a é l i e n s n o u s p a r l e n tD e s I s r a é l i e n s n o u s p a r l e n t

    Laurence Nguyen ( Membre de l’association France-Israël )

  • 7 Octobre 2012 Un autre regard sur le Proche-Orient n° 8

    Diffamés à longueur de temps en Europe pour être des « occupants » ou des « colonisateurs », si ce n’est des tueurs d’enfants, les Israéliens trouvent quand même le temps d’accumuler des performances économiques de toutes espè-ces, hors du commun et souvent « morales ».

    Des performance d'Israël qui laissent songeur. « Près d'un quart des IPO (Introductions en Bourse) aux États-Unis ces cinq dernières années sont le fait de sociétés ou de technologies israéliennes; Israël est également le troisième centre de R&D [Recherche et développe-ment] dans le monde. Et de quoi parle la presse généra-liste à longueur d'années à propos de cette partie du monde? Des conflits. Sans les oublier, détournons l'ob-jectif vers le magnifique système mis en place. « Une R&D soutenue par l'État, dans laquelle les start up peu-vent venir puiser afin de créer des usages commerciaux. Des start-up abondées à 50% par l'état, mais dont le sys-tème est géré par le privé, et pour des montants lui don-nant les moyens de ses ambitions (500.000 euros cha-cun); un maillage avec les États-Unis permettant de viser ce marché roi dès le départ: et des Anglais, des Italiens, des Allemands qui arrivent toutes les huit se-maines en meute pour faire leur marché et ramener dans leur panier la quintessence des technologies de demain. Et nous, euh... Nous sommes le neuvième par-tenaire d'Israël en Europe. No comment.

    « La Région Île-de-France réagit de son coté, un premier "start-up Arena" est en route qui mènera dix PME euro-péennes, dont une française, à Tel Aviv, afin d'y trouver le financement d'amorçage qu'elles obtiendront peut-être en France en jouant au loto. Pour le prix d'un PC portable, prenez un billet pour la terre sainte des entre-

    preneurs et revenez avec la foi et les fonds. Le mur des lamentations est désormais en France. » (1)

    Pendant deux jours Israël et la firme palestinienne de communication PALTEL ont posé ensemble 15 km de câble optique pour fournir à Gaza ses premiers services d'Internet à haut débit. Deux semaines de plus seront nécessaires pour que les accès soient disponibles, per-mettant aux Gazaouis de se connecter au monde entier en utilisant les dernières technologies.

    L'opération n'était pas facile dans un endroit quotidien-nement soumis à des tirs de barrage de mortier et de roquettes Kassam. Pendant 10 heures, les 3 et 4 octobre, des opérateurs vêtus de gilets pare-balles et coiffés de casques militaires ont creusé et percé pour poser l'infras-tructure du câblage optique, à 350 m. des faubourgs de el-Haza près de Khan Younis.

    Le responsable israélien des liaisons administratives avec Gaza, Adam Avidan, résumait l'entreprise en souli-gnant que son pays combattait les terroristes de Gaza et non les civils. Tous les détails du chantier, et essentielle-ment sa sécurisation, avaient été arrêtés comme s'ils s'agissait d'une opération militaire.

    Ce genre de situation rappelle celle des employés de la centrale électrique d’Ashkelon qui rétablissent sous le feu des missiles du Hamas les réseaux d'approvisionne-ment électrique de Gaza, endommagés par ces mêmes missiles. (2)

    (1) "Hormones positives de croissance" Chronique de Denis Jacquet L'Entreprise n° 315 octobre 2012 p. 98

    (2) D’après l’article du 4 oct. 2012 de Tovah Lazaroff dans Jérusalem post : Israel, Palestinians cooperate on Gaza Internet

    vous encore, on vous attend ici), chacun raconte ce qu’il a lu ou entendu ou parfois vécu, comme ce danseur rou-main dont la troupe israélienne, chahutée, n’a pu se pro-duire dans son pays d’origine.

    Leurs commentaires vont bon train sur les manifestations devant l’ambassade américaine à Paris, ils savent qu’on y a crié «Yitbakh al Yahud » et que la rue française ne s’est pas indignée, ni la presse, ni personne. Ils commentent les caricatures dans Charlie Hebdo: les chauffeurs de taxi lisent une presse bien informée. Vous devriez….les conseils pleuvent. Les crimes de Toulouse sont dans leur mémoire meurtrie.

    Et puis, il y eut le reportage « Allah-Islam, La Propagation de l’Islam en Europe », du journaliste Tsvi Yehezkel, diffu-sé sur la chaîne 10 et regardé par tant de monde, dont un

    épisode montre l’antisémitisme islamiste en France, en Belgique, et les boycotts des produits israéliens et le re-gard haineux d’ Olivia Zemor, et les scènes de rue mi-mant des agressions de soldats israéliens sur des enfants palestiniens, et les interviews de Sammy Ghozlan et de Maître Baccouche, si seuls contre la haine.

    Alors, les Israéliens, habituellement discrets sur le dan-ger de leurs vies quotidiennes, sur les années de service militaire de leurs enfants, sur l’inconnu des menaces aux frontières, se sont mis à parler, à nous parler de cet anti-sémitisme nouveau, lié à l’islam, qui les inquiète comme il nous inquiète. Un reportage israélien alerte l’Europe qui dort.

    Quelle chaîne française diffusera ce document coura-geux ?

    Tel-Aviv, Septembre 2012 . Des israéliens nous parlent (suite)

    Sacrés israéliens !Sacrés israéliens !

  • 8 Un autre regard sur le Proche-Orient n° 8 Octobre 2012

    Dans le premier quotidien saoudien en langue anglaise, un journaliste saoudien livre sa vi-sion de l’enlisement arabe dans un combat stérile contre le faux ennemi israélien. Il y a 39 ans, le 6 octobre 1973, la troisième grande guerre entre les Arabes et Israël éclatait. Elle dura seu-lement 20 jours. Les deux parties s'étaient déjà affron-tées dans deux autres guerres importantes, en 1948 et en 1967.

    La guerre de 1967 avait duré seulement six jours. Mais ces trois guerres ne furent pas les seules confrontations arabo-israéliennes. Depuis les an-nées 1948 jusqu'à nos jours de nombreuses confronta-tions ont eu lieu. Certaines d'entre elles se résumaient à de petits chocs, et dans de nombreux cas ce furent des combats à grande échelle, mais il n'y eut pas de grande guerre à l'exception de celles mentionnées plus haut. Le conflit israélo-arabe est le conflit le plus compliqué que le monde ait connu. En cet anniversaire de la guerre de 1973 entre Arabes et Israé-liens, dans le monde arabe, beaucoup de gens commen-cent à se poser de nombreuses questions sur le passé, le présent et l'avenir du conflit israélo-arabe.

    Les questions actuelles sont les suivantes : quel a été le véritable coût de ces guerres pour le monde et les peu-ples arabes? Et la question plus délicate qu'aucun na-tionaliste arabe ne voudra poser est celle-ci : quel est le véritable coût de la non reconnaissance d'Israël en 1948, pourquoi les États arabes n'ont-ils pas affecté leurs ressources à l'éducation, à la santé et aux infras-tructures plutôt qu'à faire des guerres ? Et la question la plus difficile de toutes, celle qu'aucun nationaliste arabe ne voudra même entendre, est de savoir si Israël est le véritable ennemi du monde arabe et des peuples arabes.

    J'ai décidé d'écrire cet article après avoir vu des photos et des reportages sur les enfants affamés du Yémen, sur l'incendie du souk antique d'Alep en Syrie, sur le sous-développement du Sinaï en Égypte, sur les explo-sions de voitures en Irak et les destructions d'immeu-bles en Libye. On pouvait voir ces photos et ces repor-tages sur la chaîne al-Arabiya, la plus consultée du Moyen-Orient, la plus respectée pour la fiabilité de ses informations.

    Ce qu'il y avait de commun dans tout ce que j'ai vu, c'était que les destructions, les atrocités, n'étaient pas le fait d'un ennemi venu de l'étranger. La famine, les meurtres et les destructions dans ces pays arabes ve-naient de ceux qui étaient supposées protéger et cons-truire l'unité de ces pays et sauvegarder leurs peuples. Donc la question présente est de savoir quel est le véri-table ennemi du monde arabe.

    Le monde arabe a dilapidé des centaines de milliards de dollars et perdu des dizaines de milliers de vies in-

    nocentes en combattant Israël qu'il considère comme son ennemi juré, un ennemi dont il ne reconnaîtra jamais l'existence. Le monde arabe a de nombreux ennemis, et Israël devrait se trouver tout en bas de la liste. Les vérita-bles ennemis du monde ara-be sont la corruption, le manque d'éducation de qua-lité, le manque de soins de qualité, le manque de liberté, le manque de respect de la vie humaine. Au fond des choses, le monde arabe a eu de nombreux dictateurs qui ont utilisé le conflit israélo-arabe pour réprimer leur peuple.

    Ces atrocités commises par les dictateurs contre leurs

    peuples ont été bien pires que toutes les grandes guer-res israélo-arabes.

    Dans le passé, nous avons beaucoup parlé des soldats israéliens qui s'en prenaient aux Palestiniens et les maltraitaient. Nous avons vu aussi les avions et les tanks israéliens attaquer des pays arabes. Mais est-ce que ces attaques étaient du même ordre que les hor-reurs qui sont actuellement commises par des États arabes contre leurs propres peuples ?

    En Syrie, les abominations vont au-delà de ce l'on peut imaginer. Et, les Irakiens n'ont--ils pas détruit leur pro-pre pays ? Est-ce que l'ancien dictateur tunisien n'a pas été jusqu'à voler 13 milliards de dollars aux pauvres citoyens de son pays ? Et comment peut-il y avoir un enfant affamé au Yémen où les terres sont parmi les plus fertiles du monde ? Pourquoi l'élite intellectuelle irakienne a-t-elle quitté l'Irak, un pays où les exporta-tions de pétrole rapportent 110 milliards de dollars ? Pourquoi les Libanais sont-ils incapables de gouverner l'un des plus petits pays du monde ? Et qu'est-ce qui justifie que les États arabes soient en train de sombrer dans le chaos ?

    Où vont les Arabes ? Israël estIsraël est--il le véritable ennemi des Arabesil le véritable ennemi des Arabes?

    Abdulateef Al-Mulhim , Arab News, le 6 octobre 2012

    Titre original : Arab Spring and the Israeli enemy Traduction: Pour un autre regard sur le Proche-Orient

    Suite p. 9

  • 9 Octobre 2012 Un autre regard sur le Proche-Orient n° 8

    Le 14 mai 1948, l'État d'Israël fut proclamé. Et dès le lendemain, le 15 mai 1948, les Arabes lui déclarèrent la guerre pour récupérer la Palestine. La guerre se termi-na le 10 mars 1949. Elle dura neuf mois, trois semaines et deux jours. Les Arabes perdirent la guerre et l'appe-lèrent la Nakhba (la catastrophe). Les Arabes ne gagnè-rent rien et des milliers de Palestiniens devinrent des réfugiés.

    Et en 1967, les Arabes avec à leur tête l'Égypte de Ga-mal Abdel Nasser, partirent en guerre contre Israël, perdirent encore plus de terres palestiniennes et rédui-sirent encore plus de Palestiniens au statut de réfugiés, désormais à la merci des pays qui les abritaient. Les Arabes appelèrent cette guerre la Naqsah (la contrarié-té). Ils n'admirent jamais leur défaite dans ces deux guerres, et la cause palestinienne se compliqua davan-tage. A présent, avec l'interminable printemps arabe, le monde arabe n'a pas le temps de s'occuper des réfugiés palestiniens et de la cause palestinienne, parce que de nombreux Arabes sont devenus eux-mêmes des réfu-giés qui subissent des attaques constantes venues de leur propre camp. Ce sont les forces aériennes syrien-nes qui leur jettent des bombes. Et à présent, les mu-sulmans arabes irakiens, les esprits les plus intelligents, sont en train de quitter l'Irak pour aller à l'Est. Au Yé-men, la tragédie humaine la plus triste au monde est

    écrite par les Yéménites. En Égypte, le peuple du Sinaï est un peuple oublié.

    En définitive, si de nombreux États arabes sont dans une telle confusion, est-ce vraiment à cause de l'enne-mi juré des Arabes (Israël) ? Aujourd'hui Israël a les ins-titutions de recherche les plus avancées, des universités d'élite et des infrastructures performantes. Beaucoup d'Arabes ne savent pas que l'espérance de vie des Pa-lestiniens qui vivent en Israël est beaucoup plus grande que celle de nombreux États arabes, et qu'ils jouissent de plus de libertés politiques et sociales que la plupart de leurs frères arabes. Même les Palestiniens qui vivent sous occupation israélienne sur la rive occidentale du Jourdain et dans la bande de Gaza bénéficient de plus de droits politiques et sociaux que ceux qui existent dans de nombreux endroits du monde arabe. L'un des juges qui ont envoyé un ancien président israélien en prison n'était-il pas un israélo-palestinien ?

    Le printemps arabe à montré au monde que les Palesti-niens sont plus heureux et dans une situation meilleure que leurs frères arabes qui combattent pour les libérer de la férule israélienne. À présent, il est temps d'en finir avec la haine et les guerres. Il est temps de préparer une vie meilleure pour les nouvelles générations ara-bes.

    Les intellectuels arabes, qui en souffrent beaucoup, ont imputé le retard dramatique de leurs sociétés à l'intrusion de l'impérialisme occidental entamé par l'expédition na-poléonienne de 1798.

    Le colonialisme européen s’est clôt avec le départ d'Algé-rie des Français en 1962 et le retrait anglais à "l'Est de Suez" en 1968. Les intellectuels arabes ont ensuite accusé l'impérialisme américain de leur stagnation, pour avoir soutenu des théocraties et des dictateurs, régimes parasi-taires qui ont paralysé toute transformation de leurs pays.

    A présent les États-Unis sont en train de quitter la Région. La malédiction de la domination étrangère est-elle enfin conjurée?

    Pas du tout: le Monde arabe est face à une menace tout à fait nouvelle et singulièrement inquiétante.

    Depuis le 3 octobre, la Turquie s’est engagée directe-ment en Syrie en bombardant des positions de l'armée suite à la chute d'un obus syrien dans la localité frontaliè-re de Akçakale, tuant 5 villageois. Elle a aussi obtenu de son Parlement tous pouvoirs pour étendre ses opérations autant que nécessaire. D'importantes forces blindées et des troupes sont annoncés à la frontière turco-syrienne. Non content de fournir les rebelles anti-Assad en bases arrières, armes et munitions, Erdogan a déclaré "nous ne sommes pas loin de la guerre", et il semble vouloir passer à l'offensive terrestre. L’OTAN semble lui avoir d’ailleurs donné carte blanche.

    Ce ne serait pas sa première intrusion dans un pays arabe. Depuis 1997, à la faveur de la zone d'exclusion aérienne US au Kurdistan irakien, la Turquie a installé des bases

    militaires et des unités blindées sur le territoire irakien pour poursuivre les rebelles du PKK. D'ailleurs, avec le départ des Américains qui faisaient office de tampon en-tre les deux armées, l'Irak demande instamment le retrait de la Turquie qui tarde à donner sa réponse.

    C'est ce qui fait dire en Syrie que les Turcs sont en train d’investir les terres arabes et qu’ils "veulent contrôler les places les plus symboliques du monde arabe, Damas, la Mecque, le Caire, et Jérusalem." Surement pas vrai, mais est-ce totalement faux?

    L'Iran n'est pas en reste. On connait son influence en Irak où elle règne, adossée à l'importante population chiite. Le gouvernement chiite local lui fait le meilleur accueil et elle relance les milices locales qui lui sont acquises comme celle de Moqtada al Sadr. Elle vient de déployer au Liban et en Syrie des unités des Gardes de la révolution pour soutenir le régime syrien et contenir les sunnites de toutes obédiences, dont la Turquie.

    Dès 2008, le général iranien Qassem Souleimani écrivait à son homologue américain David Petraeus: "M. le général Petraeus, vous devez savoir, que j'assume, moi, Qassem Souleimani, le contrôle de la politique de l'Iran en Irak, au Liban, en Syrie, à Gaza et en Afghanistan."

    La Turquie et l'Iran font donc aujourd'hui une entrée toni-truante dans un Monde arabe exténué par le soi-disant printemps arabe et la faiblesse insigne de ses sociétés. Les Arabes vont avoir beaucoup à faire pour arracher la conduite de leur destin aux griffes des nouveaux impéria-lismes musulmans, turc et persan. Et commencer peut-être par envisager une salutaire alliance israélienne....

    Le Monde arabe dévoré par l'Iran et la TurquieLe Monde arabe dévoré par l'Iran et la Turquie ?

  • 10 Un autre regard sur le Proche-Orient n° 8 Octobre 2012

    L’auteur de l’article qui suit est défavorable à une action préventive israélienne contre le po-tentiel nucléaire militaire de l’Iran. Que l’on partage ou pas ce point de vue, son analyse des récentes dérobades d’Obama permet de comprendre les graves préoccupations d’Israël.

    Au moment où une vague d'émeutes au Moyen-Orient faisait douter de pertinence de la politique de la main tendue au monde arabe d'Obama , alors que son admi-nistration prétendait avoir remporté une victoire sur al -Qaïda, le président a contri-bué personnellement à ag-graver une situation déjà difficile.

    Pour commencer, alors que l'administration avait signa-lé le risque d'un soulève-ment en Égypte, le prési-dent n'a pas fermement exigé du président égyptien Mohammed Morsi la pro-tection de la vie et des biens américains. Comme si cette erreur par omission n'était pas suffisante, le président en ajoutait une autre dans l'exécution, en qualifiant de simple "tintamarre" les pré-occupations relatives aux armes nucléaires iraniennes exprimées par le premier ministre Netanyahou sur un ton de plus en plus vif.

    En ce qui concerne le prési-dent Morsi, il s'avère que l'administration traite de plus en plus avec lui comme s'il était un politicien modé-ré et non l'islamiste radical qu'il proclame être. Il est vrai que les Frères musulmans, le mouvement dont Morsi a été membre jusqu'à son élection et dans lequel il conti-nue à se reconnaître, est plus respectable que l’extré-misme salafiste qui attaque les ambassades américaines dans tout le Moyen-Orient. Mais il en faudrait plus pour rendre les Frères musulmans respectables au sens occi-dental du terme. Morsi a fait savoir clairement qu'il ne souhaitait pas être jugé selon des normes occidentales et qu'il n'en tiendrait aucun compte pour évaluer sa res-pectabilité ou pour quoi que ce soit d’autre.

    Morsi n'a pas exprimé de regrets pour le temps perdu avant de donner à la police l'ordre de réprimer les émeu-tiers qui saccageaient l'ambassade américaine du Caire.

    Par contre il a déclaré sur un mode provocateur que son approche « patiente » était pertinente même si des vies américaines avaient été bel et bien en danger.

    Le président égyptien continue aussi de menacer d'une remise en cause du traité israélo-égyptien de 1979, pier-re angulaire de la paix au Moyen-Orient et fondement de l'aide économique et militaire fournie depuis des dé-cennies par Washington au Caire.

    D'ailleurs, quand Morsi prétend que les contribuables américains ont soutenu des régimes moyen-orientaux exécrés par leurs peuples, il omet de reconnaître la si-gnification concrète de ces milliards d'aide économique

    dépensés au bénéfice de ces mêmes peuples. On s'éton-nera de ce qu'il se permettra d’affirmer encore, et, plus important, de ce qu'il fera, tant que l'administration continuera à mettre des gants avec lui.

    Il est compréhensible que le président Obama ait été irrité par l'interférence de Netanyahou et de son pays dans les élections présiden-tielles américaines. Mais le président n'a pas du tout contribué à arranger les cho-ses. En dépit de sa rhétori-que onctueuse sur son sou-tien à Israël, des commentai-res moins prudemment énoncés trahissent sa vérita-ble froideur envers Netanya-hou mais aussi envers l'État juif. Les Israéliens, même de gauche, ont été choqués de le voir réduire à du "tintamarre" les interroga-tions pressantes de Neta-nyahou sur l'Iran. Ils n'ont

    pas été rassurés non plus quand Obama a parlé d'Israël comme de l'un des nombreux alliés de l'Amérique au Moyen-Orient, suggérant que dans l'éventualité d'une rupture avec Israël, Washington aurait d'autres parte-naires dans la région sur lesquels s'appuyer.

    Paradoxalement, ce genre de comportement peut pré-cisément conduire à la réalisation de ce que le président et la majorité des experts en matière de sécurité natio-nale des deux grands partis craignent le plus. Une frap-pe préventive d'Israël sur l'Iran. Une telle frappe ne se-rait déclenchée que si les Israéliens perdaient toute confiance dans le soutien américain, et c'est exacte-ment à cela qu'aboutissent inéluctablement les com-mentaires du président.

    Les inconséquences d'Obama au MoyenLes inconséquences d'Obama au Moyen -- OrientOrient Dov S. Zakheim, National Interest, le 1er octobre 2012 Traduction : Pour un autre regard sur le Proche-Orient Titre original : Obama’s Mideast Misstep

  • 11 Un autre regard sur le Proche-Orient n° 8 Octobre 2012

    Pour réaliser une arme nucléaire (l’engin et son véhi-cule), il faut 4 ingrédients:

    Une quantité minimale de matière fissile enrichie à 90% (25 kg au moins)

    La capacité d’usiner cette matière en demi sphères

    Un mécanisme de détonation pour amorcer l’explosion

    Un missile permettant d’amener l’engin sur sa cible . 1- La matière fissile s’obtient au moyen de centrifugeu-ses disposées en cascades. L’enrichissement à 3,5% (combustible de centrale) représente 75% de l’effort de centrifugation; l’enrichissement à 20% représente 90% de cet effort.

    S’il n’a pas déjà atteint cette côte, l’Iran a d’ores et déjà dépassé le stade des 20%. Il est donc tout près du but. La centrifugation se poursuit nuit et jour sur de multiples sites, parfois dans des hôpitaux ou sous terre (Fordow). Son stock d’uranium à 20% ( plus de 189 kg) permet déjà à l’Iran de produire 5 ou 6 engins.

    2– Les technologies d’usinage du matériau enrichi en demi-sphères ont été abordées par l’Iran dès 1987. L’Iran a travaillé avec le concours du fameux pakistanais Abdel Qader Khan. L’annexe du document de l’AIEA de novem-bre 2011 détaille la progression de l’Iran depuis 2003. La démarche iranienne en direction de ces techniques est la preuve absolue du caractère militaire de son programme.

    3– Le détonateur est un dispositif complexe, fonction-nant à la micro seconde (10-6 seconde). Au centre de ce dispositif un système multipoint générateur de chocs (R265), un système EBW (exploding bridgewire) et un incitateur de neutrons que l’Iran possède selon l’AIEA. Il aurait reçu dans ce domaine l’aide d’un spécialiste ukrai-nien, Vicheslav V. Danilenko, ancien employé du com-plexe militaire soviétique de Chelyabinsk. Encore une fois, cette technique n’a aucune application civile.

    4– Le véhicule balistique. L’Iran possède deux missile stratégiques, le missile Shahab-3 dérivé du No-Dong 1 coréen et le missile Séjil-2. Shahab-3 a une portée de 2000 km, idéale pour frapper Israël. Le réagencement du Shahab– 3 pour ajuster sa chambre de charge utile à l’en-gin en préparation a été décrit par l’AIEA en nov 2011.

    Le recherche d’une explosion à 600 mètres d’altitude est caractéristique de l’arme nucléaire. Ni les explosifs conventionnels, ni les armes chimiques ou biologiques ne sont déclenchés en altitude.

    Pour parvenir à ces résultats après 15 ans d’efforts, l’Iran a bénéficié des concours du Pakistan et de la Corée du nord. D’autres partenaires étatiques ou non étatiques ont vraisemblablement concouru à ce programme, volontai-rement ou pas, y compris des firmes occidentales. Jean-Pierre Bensimon, à partir de Edwin Black, The Ira-nians are almost there. Time of Israel, 4 septembre 2012

    Déjà, l’Iran est quasiment en possession de l’arme nucDéjà, l’Iran est quasiment en possession de l’arme nucléaire

    Ce manque de confiance entre le président et le premier ministre est une vieille histoire. Il s'est exacerbé suite aux remarques peu flatteuses sur ce dernier confiées par Obama à l'ancien président français, mais aussi parce que Obama a réduit la portée du régime des sanctions ; Neta-nyahou a été quasiment le seul Israélien à relever que si le président s'est attribué les mérites de l'isolement écono-mique de l'Iran, il n'en a pas moins exempté quelque 20 pays, dont la Chine, de l'obligation d'appliquer la plupart des sanctions les plus mordantes.

    À plusieurs reprises, les Israéliens opposés à des frappes semblaient prêts à «donner une chance aux sanctions (telles qu'elles)» à condition que Washington se tienne aux côté de Jérusalem en cas de montée des difficultés avec l'Iran. Mais, en ravalant les problèmes existentiels d'Israël au statut de «tintamarre», le président a réduit la crédibilité des Israéliens critiques de Netanyahou. Il leur devenait de plus en plus difficile de soutenir qu'Israël ne devait pas s'engager seul dans cette confrontation avec les mollahs de Téhéran qui souhaitent qu'Israël soit rayé de la carte. Obama les amenés à se sentir beaucoup plus seuls.

    En réalité, des frappes israéliennes sur l'Iran n'auraient pas probablement un impact durable sur le programme d'armement iranien; il n'y a pas une cible iranienne uni-que comme c'était le cas lors de la frappe israélienne sur un réacteur nucléaire syrien en 1907, ou sur le réacteur irakien Osirak 1981. Les Iraniens ont les moyens de se relever d'une frappe israélienne et de reprendre leur mar-

    che en avant pour développer une arme nucléaire avec une détermination peut-être encore plus grande. De fait, même une frappe de l'Amérique serait problématique si des pressions politiques l'amenaient à interrompre une campagne de bombardements avant l’atteinte de tous ses objectifs.

    Néanmoins si Israël se sent isolé et abandonné, s'il redou-te un second mandat d'Obama, il pourrait bien mettre quand même le paquet sur l'Iran. Les conséquences sur les prix du pétrole, sur l'économie américaine, sur la sécu-rité des forces américaines et des personnels des autres États, et même sur les citoyens du monde entier, pour-raient être graves.

    Obama doit orienter la force de son discours et la puis-sance de sa fonction dans une autre direction. Il doit adopter une ligne plus dure avec Morsi et une attitude plus accommodante avec Netanyahou. Les positions de l'Amérique au Moyen-Orient ne sont pas aujourd'hui aus-si fragiles que certains l'affirment ; il y a encore de nom-breux pays, en particulier les monarchies traditionnelles arabes, qui ne sont pas revenus sur leurs relations tradi-tionnelles avec Washington.

    Mais la région ne peut pas supporter que la Maison-Blanche continue à se fourvoyer. Au delà d'un certain point, les événements sont susceptibles de prendre un tour si cataclysmique que personne à Washington ne pourrait plus parler ou agir avec assez d'autorité pour protéger les intérêts à long terme de l'Amérique dans cette région instable.

  • 12 Octobre 2012 Un autre regard sur le Proche-Orient n° 8

    Iran : masqué par la trêve électorale le différend entre Iran : masqué par la trêve électorale le différend entre Israël et l’administration Obama persiste Israël et l’administration Obama persiste

    D’après Josh Rogin : Netanyahu envoy: Our position on red lines has not changed

    The cable Foreign Policy, le 05 octobre 2012

    Les dirigeants israéliens restent déterminés à agir pour dégrader le potentiel nucléaire de l'Iran, proba-blement dans six à huit mois, et Israël est persuadé qu'il a la capacité de réussir dans cette mission. C'est ce que l'envoyé du premier ministre Bibi Netanyahou, Zalman Shoval, a déclaré à The Cable Foreign Policy vendredi.

    La demande d'une fixation par Washington de «lignes rouges» claires à l'Iran, a provoqué un différend public entre les États-Unis et le gouvernement israé-lien. Le franchisse-ment de ces lignes déclencherait une frappe militaire. Se-lon Zalman Shoval, ancien ambassadeur et envoyé spécial du premier ministre, le désaccord public en-tre les administra-tions Netanyahou et Obama a été mis en veilleuse, mais une divergence fondamentale sur le seuil de déclenchement de frappes sur l'Iran persiste, de même que sur les modalité de communication de ce seuil au régime iranien..

    « La bonne nouvelle c'est que cette guerre ne provoquera pas de rupture entre Israël et l'Amérique. Les choses se sont calmées un petit peu, dans leur expression publique, ce qui est une bonne chose ... Mais la vision stratégique de base Israël n'a pas changé. Nous continuons à croire que la fixation d'une ligne rouge, entendue comme un signal clair, constitue désormais l'avancée la plus importante à accomplir."

    L'envoyé israélien a rejeté d'un revers de main la propo-sition iranienne d'une suspension graduelle de la pro-duction d'uranium, mais seulement après la suspension intégrale des sanctions. Il a aussi déclaré que la ligne rouge énoncée par l'administration Obama - ne pas permettre que l'Iran entre en possession d'une arme nucléaire - , reste insuffisante si l’on se place du point de vue de la sécurité d'Israël.

    « Israël ne fixe pas de date, mais si un certain niveau de sanctions ne parvient pas à obtenir les résultats désirés, d'autres mesures devront être envisagées, de la façon la plus concrète... nous raisonnons ici sur une période de six à huit mois. »

    Pour Shoval, la ligne rouge d'Israël correspond au mo-ment où les Iraniens auront enrichi assez de matière fissile pour être en mesure de produire au moins une bombe sale à brève échéance.

    Israël ferait un bon accueil à des sanctions plus dures

    que celles qui sont envisagées semble-t-il par les États-Unis et l'Europe, mais le gouvernement israélien n'ob-serve aucun indice que ces sanctions soient en train de convaincre les dirigeants iraniens de changer le cours de leur programme nucléaire.

    Même l'effondrement de la monnaie iranienne ne pous-se pas le régime iranien à abandonner son programme nucléaire militaire.

    « Cela ne suffira pas avec un régime idéolo-gique et fanatique en Iran, où les dirigeants ne s'en font pas pour si peu de choses, sauf si cela met en danger leur propre survie… Ils fe-ront toutes sortes de manœuvres dilatoires mais ils n'interrom-pront pas leur effort nucléaire… Ils le consi-dèrent comme une pro-tection vitale pour leur destin personnel. »

    Pour Shoval, Israël est convaincu qu'il peut réussir une frappe solitaire contre le programme nucléaire iranien, à condition que le terme « succès » ait été correctement défini.

    « Israël ne prétend pas pouvoir éliminer totalement le programmer nucléaire iranien… Mais il y a en Israël un consensus pour estimer que nous pouvons interrompre l'effort iranien pendant trois à cinq ans. Or, au Moyen-Orient, trois à cinq ans ce n'est pas une courte période comme vous le savez. Et les Américains pourront entrer dans le jeu dans ce laps de temps, s'ils le désirent... La conduite américaine des opérations de frappe militaire augmenterait les chances de succès, mais c'est aux États-Unis d'en décider. »

    Shoval a aussi commenté la froideur apparente des re-lations entre Netanyahou et Obama.

    « Les relations personnelles sont importantes mais elles ne sont pas le critère numéro un. Le critère numéro un pour les deux pays, ce sont leurs intérêts… Les contacts sont très amicaux, ils sont menés sur une base quotidien-ne, sur une base technique et professionnelle, et cela continuera ainsi pendant longtemps. »

    Shoval a aussi affirmé la production controversée d'un graphique de la bombe par Netanyahou à l'Assemblée générale des Nations unies avait été un grand succès.

    « C'était dans le but d'attirer l'attention ... Netanyahou n'était pas allé à l'Assemblée générale des Nations unies dans l'espoir d'obtenir un vote pro israélien. Shakespeare a dit, « le monde entier est une scène de théâtre »; les Nations unies sont une scène de mondiale de théâtre. »

    http://thecable.foreignpolicy.com/posts/2012/10/05/netanyahu_envoy_our_position_on_red_lines_has_not_changed

  • 13 Un autre regard sur le Proche-Orient n° 8 Octobre 2012

    ville deux fois sainte (le judaïsme n'a rien à y voir, et tant pis pour la geste de Jésus); Arafat était inflexible sur ce point. Le consul français Frédéric Desagneaux n'y va pas de mainmorte. Il intitule son colloque tenu sous l'égide de l'Institut français de Jérusalem, l'un de ses services: "150 ans de contribution française à l'archéolo-gie palestinienne."

    Non seulement il organise l'évènement à Jérusalem, sur le territoire de la capitale israélienne, mais il s'abstient d'inviter quelque Israélien que ce soit, officiel ou scien-tifique, et l'usage de l'hébreu est exclu des travaux. Fré-déric Desagneaux réalise l'exploit singulier de ne pas mentionner une seule fois Israël ou le peuple juif dans son discours. On apprend des tas de choses à l'ENA. A travers son consul, si la France se ridiculise, ratifiant un narratif palestinien totalement schizophrène. Elle prend aussi une position politique lourde de consé-quences en s'alignant sur le négationnisme arabe. Yigal Palmor, le porte-parole du Ministère des Affaires étran-gères dira qu'Israël a été "choqué que le consul général français ait rejoint ceux qui voudraient réécrire l'histoire à leur bénéfice et effacer le lien du peuple juif et des Israé-liens avec la Terre d'Israël."

    Il faut cependant noter que ce genre d'initiative ne re-monte pas nécessairement jusqu'à l'Élysée, et que cette opération s'inscrit dans la continuité des traditionnelles activités hostiles à Israël du consulat français.

    Le Conseil Régional d'Île-de-France passe un accord de coopération décentralisée avec le District palesti-nien de Jérusalem: 300 000 € sont affectés à l'accord de coopération voté le 28 septembre, qui se propose de soutenir la formation professionnelle, l'éducation au management, la culture, la santé et l'action sociale, de même que «l'édification d'institutions. Le Conseil est content, cet accord fait de lui "la première communauté administrative française à signer un accord de coopéra-tion avec la partie arabe de la ville Sainte." Le premier problème, c'est que Jérusalem est israélienne et qu'il n'y a pas de "District palestinien de Jérusalem" sauf dans l'imagination des conseillers régionaux. Le se-cond, c'est que cet accord est une négation sans précé-dent de la souveraineté de l'État d'Israël. Le troisième, c'est que le Conseil régional d'Île-de-France, une simple collectivité locale française, s'ingère dans l'un des conflits internationaux les plus explosifs. Cette initiati-ve aventuriste provient de deux fonctionnaires politi-ques Verts, Jacques Picard et Michel Bock, mais elle a été ratifiée par Jean-Paul Huchon, un homme politique français important, et les élus du parti au pouvoir.

    Paul Hirschon, le porte-parole des affaires étrangères israéliennes, a déclaré que son ministère n'était pas informé de cet accord et que de telles initiatives décou-rageraient les Palestiniens de revenir à la table des né-gociations avec Israël. "Cette entité [le District palesti-

    nien de Jérusalem] n'existe pas. La Région française semble vouloir ignorer la réalité et vivre dans un monde fantasmatique."

    Au niveau des grands média

    Les grands média nationaux sont des colosses dont les effectifs se comptent par milliers et les budgets par milliard d'€. France Télévision emploie environ 11.000 personnes pour une recette de 3 milliards d'€ couverte à 80% par l'État. TF1 emploie 4.000 personnes pour une recette de 2,6 milliards d'€ basée sur la publicité (60% du marché). Ces mastodontes ont par nature une énor-me capacité d'influence sur l'opinion, donc sur le fonc-tionnement démocratique du pays. La déontologie (et le CSA) devraient commander à ces géants de ne pas détourner ce pouvoir au service de choix idéologiques.

    Il n'en n'est rien. La question d'Israël est biaisée, avec une férocité toute particulière, dans les média du Servi-ce public. La nouvelle donne politique ne semble pas changer un iota à des pratiques hautement scandaleu-ses.

    La chanson "Une vie de moins" de Jean-Pierre Filiu: Elle a reçu un appui particulier de France Inter (qui l'a diffusée au cours d'une revue de presse) et sa promo-tion est assurée sur le site de FranceTv-info. Cette chanson se résume à la criminalisation ultra mensongè-re et brutale de la démocratie israélienne et constitue une incitation à la violence pour la jeunesse des ban-lieues qui devrait indigner le ministre de l'intérieur. Des groupes de journalistes de cette radio connue pour ses positions radicales, continuent de détourner les res-sources publiques et leurs outils professionnels pour assouvir leurs obsessions, grimées en anti racisme et bien-pensance.

    "Les 5 caméras cassées" de Carole Gaessler sur Fran-ce 5: le 9 octobre, Mme Gaessler choisit de diffuser en prime time un film vraiment indigent censé montrer "l'occupation israélienne" dans un village palestinien. Une formule binaire chère à la propagande de sous-sol: le petit peuple arabe souffrant, face à des Israéliens travestis en robots cuirassés et déshumanisés. Mais pathologiquement maladroits. Leurs fusils tirent sans cesse mais ne tuent jamais. Dame, le film oublie de dire que ce sont des tir à blanc ou avec des balles en caout-chouc ! Le débat final, censé "équilibrer" la "subjectivité du film" aux dires de l'animatrice, tourne à l'hallali. Ma-nipulé avec maestria, il aggrave les accusations précé-dentes. L'émission est un brûlot, dont quelques images suffiront à faire naître des vocations de Merah ou de Louis-Sydney. Le site Omma.com qui ne s'y est pas trompé, recommande à ses lecteurs de voir absolument la vidéo intégrale sur Youtube. La banlieue est servie. Le citoyen est desservi. La plaie antisioniste/antisémite continue de décomposer la France.

    Israël vu de France dans l'ère de François Hollande (suite de la page 3)

  • 14 Octobre 2012 Un autre regard sur le Proche-Orient n° 8

    ISRAËL, HÉRITAGES ET MODERNITÉISRAËL, HÉRITAGES ET MODERNITÉ

  • SECTION LOCALE DE MARSEILLE SECTION LOCALE DE MARSEILLE DEDE FRANCEFRANCE--ISRAËL , ISRAËL , ALLIANCEALLIANCE DUDU GÉNÉRALGÉNÉRAL KOENIGKOENIG

    La section de Marseille est l’une des sections régionales de l’association France-Israël nationale. Elle parta-ge ses objectifs, elle les décline dans le Grand Marseille et elle collabore activement avec les instances pari-siennes. Ses principaux objectifs sont les suivants:

    Défendre devant l’opinion publique l’image d’Israël et répondre aux critiques tendancieuses à son égard; Œuvrer pour la coopération et l’entente entre la France et Israël dans tous les domaines; Informer l’opinion des prises de position, des problèmes et des réalisations d’Israël.

    REJOIGNEZ LA SECTION DE MARSEILLE DE FRANCE ISRAËL ! L’adhérent à la section de Marseille bénéficie de plusieurs avantages:

    Il reçoit une version papier de « Pour un autre regard sur le Proche-Orient» dès sa parution;

    Il peut participer s’il le désire aux commissions de l’association comme la commission politique, la com-mission formation, la commission « évènements » ;

    Il reçoit périodiquement, par e-mail, les communiqués et les nouvelles importantes;

    Il a accès gratuitement aux sessions de formation (sauf contribution aux frais de logistique).

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    France-Israël Marseille BP 42 13266 Marseille cedex 08 e-mail : [email protected]

    15 Un autre regard sur le Proche-Orient n° 8 O ctobre 2012

    Activités de la section de Marseille de France IsraëlActivités de la section de Marseille de France Israël

    19 novembre 2012 19 h 30 Jean-Pierre Lledo cinéaste donne une conférence autour de son ouvrage: Révolutions démocratiques dans le monde arabe: ah si c’était vrai… Maison du Bâtiment 344 bd Michelet - 13009 Marseille

    25 novembre 2012 : Intervention dans la session de France Israël Dijon: « Israël, la Terre et l’Eau »

    10 février 2013 En partenariat avec Siman Tov Journée d’échanges sur le thè-me: « Israël, survivre et prospérer dans une région en ébullition »

    Du 7 au 14 avril 2013 : Voyage en Israël Thème : Israël, héritages et hyper mo-dernité

  • Territoires comparés

    en km2 Populations comparées

    en millions

    Israël 22.000 7,95

    Pays de la Ligue arabe 13.770.000 355,00

    Pays de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI)

    31.677.000 1.610,00

    France-Israël Marseille Section de Marseille de l’Association France-Israël, alliance du général Koenig Directeur de la publication : Jean-Pierre Bensimon

    e-mail: [email protected] FIM BP 42 13266 Marseille cedex 08 Blog : http://fim13.blogspot.fr

    Israël reste une cible permanente des dirigeants du monde arabo-musulman

    Disproportion ! Israël et le monde musulman

    http://fim13.blogspot.fr/