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à PRéSERVER Babette, poule orpington fauve, est la gagnante, dans la catégorie poules, du concours Miss Poule & Mister Coq 2015, organisé par la marque Plume & Compagnie. Réalisé par éric Leforestier DOSSIER POULES ET ANIMAUX DE BASSE-COUR UN ENGOUEMENT éleveurs d’animaux, fabricants d’aliments, de poulaillers ou de produits d’hygiène mais aussi détaillants, tout le monde doit jouer le jeu pour continuer à valoriser le marché de la basse- cour et le maintenir dans sa phase ascendante. Si les ventes de produits pour animaux de basse-cour font partie des plus dynamiques de l’animalerie, elles le doivent d’abord à l’engouement des Français pour les poules d’ornement, et plus spécifiquement pour les races pondeuses. Ces demoiselles représentent aujourd’hui, en France, 70 % de l’ensemble des poules vendues dans le commerce animalier spécialisé. 16 . N°252 PETMARKET

Un engoUement à préserver · Un engoUement L’œuf a la cote Une bonne poule pondeuse peut fournir, au printemps, jusqu’à quatre ou cinq œufs chaque se-maine. Elle peut pondre

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à préserver

Babette, poule orpington fauve, est la gagnante, dans

la catégorie poules, du concours Miss poule &

Mister Coq 2015, organisé par la marque plume &

Compagnie.

réalisé par éric Leforestier

DOssIerpOuLes et anIMaux De Basse-COur

Un engoUement

éleveurs d’animaux, fabricants d’aliments, de poulaillers ou de produits d’hygiène mais aussi détaillants, tout le monde doit jouer le jeu pour continuer à valoriser le marché de la basse-cour et le maintenir dans sa phase ascendante. si les ventes de produits pour animaux de basse-cour font partie des plus dynamiques de l’animalerie, elles le doivent d’abord à l’engouement des Français pour les poules d’ornement, et plus spécifiquement pour les races pondeuses. Ces demoiselles représentent aujourd’hui, en France, 70 % de l’ensemble des poules vendues dans le commerce animalier spécialisé.

16 . N°252PETMARKET

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selon les données des fournisseurs). Ils leur donnent des noms comme il le font pour un chien ou un chat. La poule séduit surtout les femmes. Selon l’étude « La vraie nature des femmes » (1) réalisée en 2015,

Un marché qUi compte !Les ventes de produits pour animaux de basse-cour ont généré un marché de 189 millions d’euros en 2014, soit une progression de +8 % par rapport aux ventes de 2013. Le marché est au-jourd’hui plus important, en valeur, que celui des oiseaux de cage (81 millions d’euros). Il surpasse également, de peu, celui des petits mam-mifères (151 millions d’eu-ros). Durant la période 2011-2014, ce marché a progressé de +56 % en valeur.(source: enquête prom’animal 2014)

La poule séduit tous les membres de la famille, à commencer par les femmes.

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L’œuf a la coteUne bonne poule pondeuse peut fournir, au printemps, jusqu’à quatre ou cinq œufs chaque se-maine. Elle peut pondre sans coq et, quelle que soit sa race, ses œufs seront toujours consommables. De quoi satisfaire les nouveaux adeptes du poulailler à la mai-son, tous fiers de pouvoir consom-mer leurs propres œufs, comme à la campagne. En revanche, si la poule n’est pas de qualité, le ré-sultat pourra être bien décevant. Sur un marché où les ventes sont, jusqu’à présent, faciles, la tenta-tion peut être grande de répondre à la demande croissante avec des animaux de moindre qualité, ven-dus trop précipitamment comme des poules déjà prêtes à pondre. Or, s’il est déçu par la qualité de ses œufs, l’éleveur en herbe ne gardera pas son animal et remisera tout son

attirail pour la basse-cour au fond du jardin. Nous n’en sommes pas là mais la bataille du prix, sur le vivant comme sur les produits, pourrait, si elle se confirme, finir par percer sé-rieusement le panier de cette poule aux œufs d’or. La pondaison est souvent au centre des interrogations du client quand il achète sa ou ses poule(s) pour la première fois. Les questions ré-currentes portent sur la qualité des œufs fournis, leur taille mais aussi leur couleur. La fréquence de pondaison est également source de nombreuses demandes. Les « primo-acquéreurs » sont le plus souvent des « rurbains » vivant en périphérie d’une grande ag-glomération. Ils disposent d’une maison avec un jardin à la surface suffisante pour pouvoir y installer un poulailler contenant quelques gallinacés (quatre, en moyenne,

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elles la placent en troisième posi-tion dans la liste des animaux de compagnie qu’elles souhaiteraient avoir à la maison, derrière le chien et le chat.

Picorer, c’est mangerCet engouement pour la poule d’or-nement se traduit par un élargisse-ment de l’offre de produits destinés aux clients néophytes, à commencer par les aliments pour les animaux. Comme pour le pet food chiens et chats, la nourriture conçue pour les poules d’ornement répond à des ob-jectifs nutritionnels précis. Dès le premier âge, les poules pondeuses se voient proposer des mélanges spécifiques destinés aux poussins et constitués de farines et de miettes. Elles peuvent ensuite se nourrir d’aliments prévus pour le démar-rage et la croissance et pour finir, de menus spécialement conçus pour la ponte, avec des mélanges de graines et de granulés spécifiques. Des ali-ments complémentaires à base de minéraux favorisent également la ponte et renforcent la coquille des œufs, grâce à la présence de calcium, notamment. Si une poule est un re-cycleur de déchets ménagers très ef-ficace (elle peut ingurgiter environ 150 kilos de déchets ménagers par

an), elle a besoin, par ailleurs, d’une alimentation équilibrée pour bien se développer. Une alimentation de qualité est la ga-rantie d’obtenir de bons œufs et de contenter le client final. C’est pour-quoi la niche « bio » impacte l’ali-ment pour les poules, avec des atouts spécifiques à faire valoir concernant la production d’œufs bios. Le po-tentiel est évident mais le client re-chigne tout de même à dépasser un « prix psychologique » pour nourrir ses poules. Il a besoin d’arguments pour se laisser convaincre par ce la-bel qui, bien sûr, se paie.

Preuve, s’il en était besoin, que la poule s’intègre dans les foyers fran-çais en tant qu’animal de compa-gnie, les fabricants lui destinent au-jourd’hui des friandises. Celles-ci lui permettent de se divertir, mais aussi de combattre le stress et le picage (2). Enrichies en calcium et en Omega-3 et -9, présentées sous forme de pop-corn à base d’ail ou d’insectes sé-chés, ces petites gâteries veillent éga-lement au bon équilibre nutritionnel de l’animal. La gamme est de plus en plus étendue et les emballages se sont modernisés : illustrés, colorés, infor-matifs, ils n’ont plus rien à voir avec

L’aLimentation d’abordL’alimentation domine nettement les ventes de produits pour animaux de basse-cour (79 %), devant l’habitat et ses accessoires (17 %), et les produits d’hygiène et de soin (0,2 %). La vente d’ani-maux en magasins représente 4 % de la valeur du rayon. si l’ali-mentation est nettement devant l’habitat en parts de marché, ce dernier progresse rapidement, avec une hausse proche de +20 % en 2014 par rapport à 2013. L’alimentation se contente, elle, d’un bien plus timide +4 %. peu représentatifs pour l’instant, les pro-duits d’hygiène et de soin sont en très forte croissance. (source: enquête prom’animal 2014)

des races de poULes pondeUses à proposer

✓ La poule soie✓ La naine hollandaise

✓ La pékin✓ La sebright✓ La cochin✓ La houdan✓ L’araucana

Les races pondeuses se hissent à hauteur de 70 % de l’ensemble des poules vendues dans le commerce animalier spécialisé.

La distribution « basse-cour » se distingue par une présence active du commerce en ligne, sur la vente de produits comme sur la vente d’animaux.

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si la poule est un recycleur de déchets

ménagers efficace, elle a aussi besoin

d’une alimentation équilibrée pour

bien se développer.

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les sacs traditionnels parfois long-temps relégués au fond d’un rayon poussiéreux.

Un poulailler beau et propreSi les produits de basse-cour s’adaptent au grand public, l’habi-tat réservé aux animaux et les dif-férents accessoires qui l’accom-

pagnent montent en gamme. Les poulaillers sont devenus plus fonc-tionnels et plus faciles à entrete-nir, mais aussi plus esthétiques. Car les clients tiennent à ce que le poulailler soit en harmonie avec leur jardin, et bien mis en valeur. L’utile n’est donc plus le seul cri-tère d’achat en la matière. L’habitat des gallinacés a pris de la couleur et

sa structure privilégie un bois traité de qualité, comme le pin. Il peut être amovible lorsqu’il est monté sur des roues, et ses formes sont désor-mais multiples, avec des créations originales à partir de fûts et de bar-riques de vin recyclés et aménagés, ou encore des modèles arborant un toit végétal. Attention toutefois à respecter le bien-être de l’animal.

avantage aUx Libres-services agricoLesLes libres-services agricoles (Lisas) sont les plus gros vendeurs de produits pour animaux de basse-cour, avec 64 % des ventes en valeur en 2014. viennent ensuite, à parité, les jardineries et les grandes surfaces de bricolage, à 11 % chacune. plus loin derrière, les grandes et moyennes surfaces alimentaires s’octroient 7 % des ventes, avec une forte représentativité des enseignes de super-marchés implantées en zones rurales. La vente en ligne de produits pour animaux de basse-cour, en plein développement, atteint 6 % des ventes totales en 2014. Les animaleries sont quasiment inexis-tantes sur ce marché (1 % des ventes), en raison de leur positionne-ment davantage urbain. (source: enquête prom’animal 2014)

Les amateurs de poules ont désormais leur magazine grand public, intitulé poules et Jardin.

L’hygiène du poulailler est une préoccupation importante des possesseurs de poules.

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Certains modèles de poulaillers mis sur le marché à des prix très attrac-tifs mais de qualité plutôt médiocre ne fournissent vraisemblablement pas tout le confort dont les animaux ont besoin, en matière de résistance aux intempéries, notamment.L’habitat est la catégorie de pro-duits du marché de la basse-cour qui progresse le plus aujourd’hui, avec un autre segment encore peu développé, celui de l’hygiène de l’animal et de son environnement. La demande de produits d’hygiène et de soin, en particulier les antipa-rasitaires qui permettent de traiter l’intérieur du poulailler pour évi-ter le développement des insectes (mouches, taons) et autres acariens,

progresse fortement. Ces produits assainissants et désodorisants se présentent en sprays. Ce segment n’en est encore qu’à ses balbutie-ments en ce qui concerne les pro-duits destinés au grand public. Son

premier temps comme un revenu d’appoint, l’élevage de poules et d’autres animaux de basse-cour a longtemps été l’apanage d’agricul-teurs qui venaient acheter, dans leur magasin agricole, les aliments dont ils avaient besoin pour leur cheptel

Gamm VertUn rayon rénové L’enseigne Gamm vert propose l’implantation d’un nouveau rayon basse-cour aux magasins de son réseau. environ 200 points de vente ont déjà implanté ce nouveau rayon, qui voit notam-ment son offre en marques de distributeur (MDD) se renouveler. Gamm vert est l’enseigne leader de la vente de produits pour animaux de basse-cour au sein du commerce spécialisé, avec une part de marché se situant autour de 40 %.

une offre d’aliments et d’accessoires dans un magasin à vocation agricole.

Depuis que la demande est au rendez-vous, les poulaillers sont devenus plus fonctionnels, plus faciles à entretenir et plus esthétiques.

une offre d’accessoires dans une jardinerie à vocation urbaine.

une offre de poulaillers dans le marché couvert d’une jardinerie.

tailles et couleurs, fréquence de ponte…

la pondaison suscite beaucoup de questions chez le client.

potentiel de croissance est donc im-portant. Les grandes marques inter-venant dans cet univers vont sans nul doute faire évoluer leur offre pour satisfaire les attentes des nou-veaux possesseurs de poulaillers.

Les jardineriesfont leur placeLa distribution spécialisée en ani-malerie s’implique avec dyna-misme dans la démocratisation de la basse-cour et l’avènement de la poule de compagnie. Le circuit des libres-services agricoles (Lisa), acteur historique du marché, do-mine les ventes. Considéré dans un

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La demande de produits d’hygiène,

en particulier les antiparasitaires pour

l’intérieur du poulailler, progresse fortement.

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de rente. Mais aujourd’hui, la poule véhicule une image écologique et éducative qui plaît particulièrement aux femmes. Elle correspond donc, en bien des points, à l’image de mo-dernité que souhaitent transmettre les grandes enseignes nationales de jardinerie. Par conséquent, si les Lisa dominent toujours les ventes de produits pour animaux de basse-cour, les jardineries, qui ont bien développé leur offre, sont en pleine croissance dans ce secteur. Pour implanter une offre d’animaux conséquente, ces commerces béné-ficient bien souvent de surfaces ex-térieures ou de marchés couverts, ce qui leur permet également de pré-senter un choix important de pou-laillers. Les grandes surfaces de bricolage se positionnent égale-ment avec dynamisme sur le mar-ché de la basse-cour. Elles se hissent aujourd’hui à la hauteur des jardi-neries en termes de ventes, notam-ment de poulaillers, sur lesquelles elles sont très compétitives, comme elles le sont depuis longtemps sur les abris de jardin. Le commerce en ligne de produits et d’animaux de basse-cour est également très actif. Il propose notamment un service de location de poules qui peut amener à s’interroger sur le respect du bien-être des animaux. En effet, il n’est pas sûr qu’elles puissent rester en bonne santé après être passées suc-cessivement entre les mains de plu-sieurs loueurs…

Et le dindon ?Si la poule est l’animal le plus po-pulaire de la basse-cour, elle n’en est pas le seul locataire, bien loin de là. D’autres animaux composent cet univers. C’est le cas des poules de chair, élevées pour être mangées, mais aussi des dindons, choisis, eux, en tant qu’animaux de compagnie. Le dindon domestique séduit de plus en plus les propriétaires de jar-din, qui font fi de ses glouglous par-fois intempestifs (et tant pis pour les voisins !). Mais attention, car

il a besoin d’un grand abri doté de perchoirs larges et stables. Les fa-bricants d’aliments lui proposent également des menus spécifiques. Les oiseaux aquatiques comme le canard ou les grues, mais aussi les volailles d’ornement comme les faisans, les perdrix, les pintades ou les cailles sont autant d’animaux de basse-cour pour lesquels on peut proposer des produits en magasin, en particulier d’alimentation. En voyant plus large, l’univers de la basse-cour peut s’étendre à ce-lui de la ferme avec des moutons, des chèvres, des cochons nains et, plus original, un lama ou un alpaga. Pourquoi ne pas tenter l’aventure, si vous disposez d’une surface

Le dindon domestique séduit de plus en plus les propriétaires de jardins.

extérieure, pour présenter ce type d’animaux ? La demande existe. Attention toutefois à ne pas laisser votre client céder à l’effet de mode sans prendre soin de mesurer la res-ponsabilité qu’entraîne la proxi-mité de ces animaux différents dans la vie quotidienne. Le conseil vaut d’ailleurs pour les acheteurs de poules. Nombre de poules d’or-nement se retrouvent aujourd’hui en compagnie des chiens et des chats dans les refuges, laissées là par des maîtres las de s’en occuper, une poule vivant en moyenne une douzaine d’années. n (1) étude réalisée auprès de 3 000 Françaises par le Women’s Garden executive Club, en partenariat avec la société d’études marketing toluna.

(2) Comportement des oiseaux à l’alimentation carencée qui consiste à arracher les plumes de leurs congénères.

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