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Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts UP1 de Paris et de l’Univer-

sité de Sofia, Boyko Kadinov est directeur du Département «Bâtiments publics» à la Facul-té d’architecture de l’Univer-sité de Sofia. Il dirige également l’Agence architecturale Bratya Kadinovi. Il a mené des projets et réalisé des créations dans plusieurs pays, notamment en Italie, France, Portugal, Répu-blique tchèque et naturellement Bulgarie. Il préside la Fondation Vizar, qui décerne les distinc-tions d’architecture de l’UE pour la Bulgarie. Auteur de plusieurs ouvrages («Ten Architectural Commandments», «Transgres-sions in Architecture» et le tout récent «Architectural Sculars»), le professeur Kadinov donne des conférences et des cours à Ve-nise, Bruxelles, Paris, Toulouse, Gênes, Barcelone… Son œuvre a également fait l’objet d’exposi-tions à Londres, Genève, Sofia et tout récemment Paris. Il a bien

voulu répondre aux questions de Tout l’Immobilier.

- Pour vous, être architecte au-jourd’hui, c’est quoi?- Selon moi, ce qui est au-jourd’hui essentiel, c’est que l’architecture reste un Art. Ne pas faire du «copier-coller». Ne pas faire du «déjà vu». Il faut

nettement distinguer le «create» du «made».

- La création architecturale s’est-elle banalisée en se mon-dialisant?- La profanation des valeurs dans l’architecture et sa trans-formation en tâche fonction-nelle et commerciale de tous les

jours s’expliquent souvent par la «mondialisation». Après les années de crise politique et éco-nomique du début du XXIe siècle, l’architecture semble avoir retrouvé son rôle de leader à l’échelle mondiale. Elle porte en elle le message le plus important peut-être de «l’horizon d’attente positif». Son leadership potentiel

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■ Un entretien avec l'architecte bulgare Boyko Kadinov

«L’architecture doit rester un Art»Connu pour la qualité de sa réflexion et son franc-parler, l’architecte et professeur bulgare Boyko Kadinov milite sans relâche pour que le geste architectural reste toujours un acte de création. Membre du Parlement européen pour la culture, expert indépendant pour l’attribution du «Mies van der Rohe Award» (prix d’architecture contemporaine de l’Union Européenne) il est aussi président de Cobaty Sofia, implantation bulgare de la Fédération internationale Cobaty, regroupant plus de 4600 professionnels de l'acte de construire et qui tiendra son prestigieux Congrès annuel à Genève début octobre.

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• «Concevoir une maison individuelle est peut-être la tâche la plus difficile dans l’architecture».

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devrait être complété par l’ac-croissement de la liberté indivi-duelle et par les recherches ar-tistiques de l’architecte au profit de la société.

- Le débat sur la conservation - ou non - du patrimoine architec-tural vous semble-t-il fondé?- Réaliser un avenir sans avoir auparavant observé le passé est impossible. Ce principe a été délaissé au temps du moder-nisme, ce qui a provoqué des se-cousses sociales et esthétiques. Dans une certaine mesure, cela a «mis le voir à la diète», pro-duit des quartiers d’immeubles en béton armé prétendus «so-ciaux». Incapables de tirer des leçons de l’Histoire, nous conti-nuerons à détruire nos forums et amphithéâtres antiques, nous allons revêtir de béton la ville du Moyen-Age et de la Renaissance et construire encore et encore ces luisantes boîtes en verre et en tôle.

- L’art de l’architecte n’est-il pas aussi de permettre une nouvelle lecture de bâtiments anciens, comme vous l’avez fait pour le Musée d’art contemporain de Sofia?- Le Musée d’art contemporain de Sofia que j’ai eu la chance de réaliser représente, en quelque sorte, une illustration de la complexité à facettes multiples de l’homme moderne - pro-duit de différentes cultures, de réflexions et d’héritages his-toriques. Pour cette raison, 11

tonnes de verre feuilleté triplex et d’inox cohabitent ici avec les authentiques constructions en bois, des murs en briques, des couvercles de coffres à armes aux écriteaux tels que «Anes portant des mitrailleuses Maxim 1914», des canons de la Pre-mière Guerre mondiale fondus et transformés en éléments por-teurs en fonte. Ainsi passé et présent s’unissent-ils pour créer un espace d’art contemporain qui est à même d’interpréter un passé et de provoquer un avenir.

- Vous avez conçu plusieurs maisons. Est-ce le lieu où l’ar-chitecte peut encore faire preuve de créativité?- Aujourd’hui, le plus difficile pour l’architecte est de res-ter libre, indépendant et sans compromis vis-à-vis du succès facile et de la routine. La variété dans le Net n’est qu’une appa-rence. On y multiplie les embal-lages luisants et luxueux qui, le plus souvent, cachent l’ennui et la répétitivité. La maison indi-viduelle, en tant qu’objet de l’architecture, n’est qu’apparem-ment un lieu de refuge. Souvent, le futur propriétaire de maison se déclare «révolutionnaire» et s’empare sans gêne, à l’aide de l’architecte, d’une copie de mai-son individuelle «sur mesure». Concevoir une maison indivi-duelle est peut-être la tâche la plus difficile dans l’architec-ture. C’est là qu’apparaît d’une façon particulièrement délicate le talent de l’architecte, qui doit

saisir l’essence même du futur propriétaire et savoir l’interpré-ter dans l’espace.

- Hôtels, centres commerciaux, magasins, l’architecture «vi-trine» vous intéresse. Pourquoi?- Le style architectural le plus en vogue aujourd’hui est ce qu’on appelle l’architecture «WOA» (Web Oriented Architecture). L’important est qu’en voyant le vidéoclip, la bande-annonce ou le modèle 3D, le client s’écrie «WOA!». Cette mensongère apparence de devanture et ce creux représentent la plus grande demande en commu-nication et relations publiques aujourd’hui. Derrières des vi-trines brillantes, on voit se suc-céder, souvent comme dans un jeu spéculatif en fonction du profit financier, hôtels le matin, centres commerciaux l’après-midi, immeubles d’habitation le soir et ainsi de suite… L’impor-tant est de vendre des mètres carrés. Et c’est là qu’on retrouve la mission particulière, le grand rôle de l’architecte notamment, dans la sauvegarde et le déve-loppement de l’ensemble envi-ronnement/intérêt public/utilité/beauté à long terme.

- Pourquoi cette fascination pour les sculptures architectu-rales comme celles installées à Sofia ou à Bruxelles?- Mon dernier livre, que j’ai ré-cemment présenté à l’exposition qui m’était consacrée à l’Ins-titut culturel bulgare de Paris,

s’appelle «Architectural Scu-lars». Les «sculars» font partie de mon œuvre architecturale et de ma notion de l’architecture comme combinaison d’architec-ture, sculpture, design et autres arts contemporains. L’œuvre architecturale doit dépasser son habituelle essence «utili-taire». Pour illustrer mes re-cherches, je vais me permettre de citer quelques-unes de mes «Architectural Sculars-Architec-toniques» qui ont été exposées sur les places de Bruxelles et

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• «Le fragment du mur de Berlin est placé sur des morceaux de verre pour laisser voir «le Monde d’en-bas» et faire ressentir le non-sens métaphysique d’habiter celui «d’en-haut», mais dans le piège de clôtures bétonnées».

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de Sofia, au Panthéon de Lis-bonne, à la Galerie d’art contem-porain à Prague… C’est pour moi une voie naturelle pour trans-gresser les frontières entre les différents arts - méthode que j’appelle tout simplement «trans-gressions architecturales».

- L’«œuf philosophique» de l’Université de Sofia le montre clairement: l’architecture d’inté-rieur vous séduit. Pourquoi?- Comme il n’y a pas un ophtal-mologue de l’œil gauche et un autre de l’œil droit, il n’y a pas non plus d’architecture de l’inté-rieur et de l’extérieur. L’archi-tecte a la mission première de voir l’œuvre dans son intégrité. Il est à la fois le metteur en scène et le scénographe qui, tel un Vir-gile, mène invisiblement le visi-teur par la main à travers tout cet environnement imaginé, tout en prenant soin aussi bien des messages philosophiques que du moindre détail fonctionnel. C’est la raison pour laquelle on peut voir, dans l’œuf philoso-phique de l’Université de Sofia, en même temps les fresques de Raphaël, Platon et Aristote, «morceaux» d’un œuf philoso-phique imaginaire et réel qui «emballe» ensemble écrans tactiles, ordinateurs et étudiants dans son intérieur.

- Quel a été votre message en concevant le Mémorial du Mur de Berlin à Sofia?- J’ose espérer qu’on ne répé-tera jamais la même faute et qu’on saura démentir la phrase selon laquelle «la seule leçon que l’Histoire prétend donner, c’est qu’il n’y a pas de leçons

de l’Histoire». J’espère sincère-ment que l’Europe ne sera plus jamais ni divisée par ni entourée d’un nouveau Mur de Berlin. Peu importe qu’il soit de béton, de fil de fer barbelé ou le produit de nouveaux concepts absurdes administratifs et/ou politiques. Pour moi, il était important que le morceau de béton authentique du Mur de Berlin, offert à la Ville de Sofia, se dématérialise et se

démythologise. Le fragment est donc placé sur des morceaux de verre pour laisser voir «le Monde d’en-bas» et faire ressentir le non-sens métaphysique d’habi-ter celui «d’en-haut», mais dans le piège de clôtures bétonnées.

- Que diriez-vous à un enfant qui veut devenir architecte?- L’architecture est un voyage dans l’avenir. Les films d’Hol-

lywood racontent des ciné-contes de fée pour grands et petits, mais seul le véritable architecte est capable de transformer la 3D fiction-il-lusion en beau rêve réel. Suis tes rêves, sois Architecte et… fais sourire les gens! n

Propos recueillis par Michel Levron

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• «Le Musée d’art contemporain de Sofia représente une illustration de la complexité de l’homme moderne - produit de différentes cultures, de réflexions et héritages historiques. Pour cette raison, 11 tonnes de verre feuilleté triplex et d’inox cohabitent avec les authentiques constructions en bois, des murs en briques…».

• «L’architecte a la mission première de voir l’œuvre dans son intégrité… C’est la raison pour laquelle on peut voir, dans l’œuf philosophique de l’Université de Sofia, les fresques de Raphaël, Platon et Aristote, «morceaux» d’un œuf philosophique imagi-naire et réel».

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L'ordre, ça sert à quoi? Ca sert à vivre confortablement, paisiblement, agréablement. Ca sert à se sentir

bien chez soi, bien dans sa peau et bien dans sa vie. Pour Camille Anseaume, journaliste adepte de mode et de décoration, l'ordre est une exigence élémentaire, une condition nécessaire pour profiter de sa maison et prendre du plaisir dans la vie. Dans un petit livre intitulé «Le rangement malin» (Leduc.S Editions), elle explique que si l'ordre a sou-vent mauvaise presse (parce qu'il demande

tout de même quelques efforts), il assure en tout cas un cadre de vie aussi sympathique que dynamique et convivial. Comment se sentir bien et comment aller à la rencontre des autres s'il est impossible de se sentir bien chez soi?

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«On ne va pas se mentir, dit-elle. A priori, le rangement, ce n'est pas ce qu'il y a de plus glamour dans la vie. Il y a tellement de

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Le rangement, quel plaisir!«L'ordre, le plus beau mot de la langue française!», s'exclamait rituellement Claude Wehrli, professeur au Collège et à l'Université, latiniste et helléniste distingué, décédé il y a une vingtaine d'années. Eh bien! La maison, aujourd'hui, reprend cette antienne pleine de bon sens. Elle a fait la fête pendant l'été, mais elle aspire désormais à une sérieuse reprise en main…

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