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Un espace à partager Chapitre III

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Chapitre III

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Un jardin, plusieurs habitats

Comment définir un jardin sauvage ? Dans ce vaste concept, chacun pose son regard, apporte sa sensibilité, propose ses idées d’aménagements en fonction de son cadre de vie

et des espèces qui l’entourent. Visuellement, le jardin peut revê-tir des apparences diverses : plus ou moins en friche ou entre-tenu, arboré ou herbacé, exposé au soleil ou ombragé, avec ou sans potager, etc. Certains chercheront à tout ordonner, à tendre vers un jardin à l’anglaise, d’autres accorderont au contraire un maximum de place à la spontanéité et au fouillis.

La question réside surtout dans notre représentativité du mot « sauvage ». S’il s’agit d’évoquer de grands espaces non impac-tés par l’activité humaine, alors un jardin ne peut pas être sau-vage par définition. Il ne faudrait pas laisser croire qu’un petit bout de terrain, un balcon, un parc ou un square peut être une alternative à de vastes zones protégées où nos grands prédateurs notamment trouvent leur place. Une mosaïque de jardins dans un quartier résidentiel, tout aussi accueillants soient-ils pour la biodiversité, n’est pas comparable à une zone Natura 2000, à un espace naturel sensible, à un parc national ou à une réserve inté-grale, même à surface équivalente.

Mais il ne faut pas sous-estimer pour autant leur impact dans la préservation de l’environnement, car leur surface en France n’est pas négligeable. Nul doute qu’un oiseau qui trouve dans un nichoir un coin tranquille pour élever ses petits ou qu’un héris-son qui hiberne sous une terrasse sont des animaux sauvages. Par conséquent, le jardin l’est-il aussi ? C’est avec ce point de vue qu’il faut aborder le concept du « jardin sauvage », c’est-à-dire d’un terrain favorable à l’accueil d’animaux non domestiqués.

Dans notre jardin écologique, situé à proximité d’un champ en agriculture conventionnelle, la nature tient une place prépondérante et la faune locale profite d’un ensemble de microhabitats.

Partager l’espace pour cohabiter avec un maximum d’oiseaux, de reptiles, d’amphibiens, de mammifères, de mollusques et d’arthropodes.

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Un espace à partager

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Pour éviter tout amalgame, toute confusion, les termes de « jar-din vivant », de « jardin écologique » ou de « jardin naturel » sont probablement mieux adaptés.

Nous pourrions alors définir le jardin écologique comme une zone où la nature tient une place prépondérante et où la faune locale peut profiter d’un ensemble de microhabitats, naturels ou artificiels, pour se nourrir, s’abriter, se reproduire. Une fois ban-nis tout insecticide, fongicide, herbicide ou engrais chimique, l’objectif est d’abandonner le désert biologique que propose le gazon pour imaginer une surface où la diversité sous toutes ses formes sera la clé de la réussite. Prairies fleuries, point d’eau, haies nourricières, murs de pierre, herbes folles, tas de bois doivent trouver une place aux côtés d’une variété de gîtes, de cachettes, d’anfractuosités et de nichoirs. Partager et morceler l’espace est un premier pas crucial à franchir pour cohabiter avec un maximum d’oiseaux, de reptiles, d’amphibiens, de mam-mifères, de mollusques et d’arthropodes.

Comme beaucoup de propriétaires ou de locataires, je tiens à conserver un carré de pelouse pour jouer au ballon avec les enfants (ou au palet avec les amis, nous sommes en Bretagne !) et à disposer d’une terrasse pour accueillir nos grandes tablées. Notre jardin n’est pas qu’une friche à insectes, loin de là. Oui, il y a une « zone famille » où nous passons régulièrement la ton-deuse. Le hérisson et le merle en profitent d’ailleurs pour chas-ser limaces et vers de terre. Toutefois, il est bon de laisser la flore spontanée s’épanouir le long des bordures, au pied des murs ou autour des arbres. C’est ainsi que nous avons vu (ré)apparaître le coquelicot, la digitale pourpre ou la marguerite par exemple. Qui sait ce que nos herbes folles cachent comme surprises ?

Pour ceux qui pensent qu’il est plus facile de céder quelques mètres carrés à la biodiversité quand on a un grand terrain, il

Même les jeux pour les enfants sont

partagés avec les petits habitants

du jardin !

Laisser la flore spontanée s’épanouir le long des bordures, au pied des murs ou autour des arbres.

Surprise : un hérisson se balade au grand jour ! Cet insectivore apprécie parfois des mets insolites, quitte à se transformer en charognard.

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faut bien comprendre que même un balcon peut se transformer en une petite zone de nature. Quelques plantes mellifères judi-cieusement choisies, un nichoir ou un gîte à abeilles bien orien-tés ne nécessitent pas de grands sacrifices, vous en conviendrez. Je me souviendrai toute ma vie des deux nichoirs perchés sur le balcon de mes grands-parents au troisième étage d’un immeuble en centre-ville d’Andrésy, en région parisienne. Autant dire qu’on est loin du jardin de campagne. Chaque année, pourtant, mésanges bleues et charbonnières venaient y nicher. De même, les hérissons et les libellules s’invitent en ville tout comme les abeilles bourdonnent sur les toits des grandes métropoles. La petite faune ne demande souvent qu’à être bien accueillie. Me voilà donc, j’espère, dédouané d’un quelconque commentaire sur les 1 200 m2 de notre terrain familial qui facilitent certaine-ment la diversité des aménagements proposés et des espèces rencontrées !

Le nichoir, le home sweet home de la mésange charbonnière.

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La zone de production

Moins d’un an après notre arrivée dans cette nouvelle mai-son, nous démarrons timidement un potager. Toujours plus étendu et productif, il atteindra en 2019 la taille

définitive de 50 m2, réduisant d’autant la surface de la pelouse.

Cultiver des légumes était une nouveauté. Et à dire vrai, malgré des études en biologie, nous partions de zéro… Je pensais que le kiwi était un fruit exotique produit dans nos territoires d’outre-mer. Je n’aurai jamais cru que les spaghettis pouvaient être une variété de courge. Le butternut, avec un nom pareil, ne pouvait être qu’un dérivé d’un beurre de cacahuète. J’étais incapable d’af-firmer si une graine d’échalote donnait une échalote ou un bou-quet d’échalotes. Une vraie bille…

Les premières années, Jean-Pierre, notre voisin maraîcher, suivait régulièrement l’évolution de notre petite parcelle. Je le revois encore m’annoncer que mes plants de carottes étaient en réalité des mauvaises herbes. Je me souviens aussi des paroles d’un maraîcher bio, lors d’une conférence près de chez nous, expliquant à son auditoire qu’il n’est pas nécessaire de bêcher son sol avant l’hiver, surtout pour l’exposer au gel les mois sui-vants. J’avais tout faux.

La découverte du jardinage biologique (et des bienfaits du pail-lage sur un sol non labouré !) s’est faite au rythme d’un bon débu-tant. Nous avons appris au fur et à mesure de nos erreurs et de nos lectures, les rudiments de la permaculture et autres tech-niques pour faire pousser des légumes tout en préservant les sols et leur faune. Bien entendu, le potager a montré que nos efforts n’étaient pas vains. C’est sous le paillage, par exemple, que j’ai

Notre potager, 50 m2 de produits bio, en direct du producteur au consommateur !

Malgré son appellation, le ver luisant n’est pas un ver mais un coléoptère (insecte). La femelle émet de la lumière pour attirer le mâle.

Cet insecte, devenu rare dans les jardins, est un auxiliaire précieux pour lutter contre les limaces et les escargots.

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observé pour la première fois une larve de lampyre, plus connu sous le nom de ver luisant. Sa présence est probablement à mettre en relation avec le nombre de limaces à l’abri sous le paillage, et dont le lampyre est un grand prédateur à ce stade de son cycle de vie. Haricots, courgettes, petits pois, fèves, tomates… Toutes les espèces cultivées au potager font apparaître chaque année, du printemps à l’automne, une grande quantité de fleurs. Nectar et pollen sont ainsi offerts aux insectes butineurs qui, de plus en plus nombreux pour partager cet échange à bénéfice réciproque, pollinisent à tout à tout-va et donnent naissance à nos légumes.

Ces fleurs sont complétées par celles des nombreuses plantes aromatiques, des arbres et arbustes nourriciers que Marie-Anne a plantés en nombre au fil des années. Pommier, poirier, pêcher, nectarinier, abricotier, amandier, kiwi, groseillier, cassissier, myrtillier, aronie, amélanchier, arbousier, sureau, asiminier, goji, romarin, sauge, thym, origan… ce sont près de 80 espèces, plus ou moins locales, qui révèlent leurs friandises sur près de 120 m2. Inspiré du concept de forêt-jardin, notre garde-manger s’étoffe et empiète lui aussi sur une pelouse sans grand intérêt. Aujourd’hui encore, nous plantons, repiquons, bouturons, mar-cottons. Nous choisissons de mieux en mieux les essences adap-tées à notre climat, à notre sol, et prenons le soin d’en réserver certaines aux oiseaux et aux insectes.

Le tableau ne serait pas complet sans évoquer le poulailler. Là encore, une nouveauté pour nous. Les premières poules sont arrivées en 2017. Notre objectif était double : garantir des œufs frais, bien entendu, mais aussi jouer un rôle pédagogique pour les enfants. Ce second aspect nous a orientés vers des poules naines, plus dociles de réputation. Une sussex herminée puis une coucou de Rennes sont venus renforcer les rangs et aug-menter le bilan annuel d’œufs pondus. Un espace tout confort leur est dédié.

Le potager, une affaire familiale bien rodée.

Âge légal pour y travailler : 3 ans !

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Le bilan de l’annéeC’est à Marie-Anne que nous devons les fruits et légumes de la maison. Après 7 ans d’entraînement et de plantations, place à la dégustation…

De 1 à 5 kg/an : betteraves, navets, artichauts, fenouil, salades, épinards, ail, échalotes, raisin, fraises, groseilles, noisettes.De 5 à 10 kg/an : haricots, fèves, petits pois, nectarines, poires. De 10 à 15 kg/an : pommes, abricots. De 15 à 20 kg/an : tomates, concombres, courgettes, oignons. Plus de 20 kg/an : courges, pommes de terre. Les gourmandises : myrtilles, cassis, framboises, mûres, figues, amandes, physalis, aroni, kiwaï, caseille, goyaves du Chili et du Brésil, amélanchier, arbousier, prunes. Les aromatiques : ciboulette, romarin, thym, menthe, basilic, coriandre, sauge, mélisse, verveine, aneth, origan, persil, oseille, estragon. Les arbres fruitiers sont encore jeunes et leur rendement devrait s’améliorer. Quant aux pieds de kiwi, ils nous réservent logiquement de belles surprises…

« Alors ? Basilic ou coriandre dans la salade de tomates, ce soir ? »

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Les zones refuges

De la viorne au sureau, du pommier à l’abricotier, les arbres et arbustes sont majoritairement plantés en périphérie du jardin. Ils forment dorénavant, le long de la face sud,

une bande champêtre de 25 mètres de long et un ensemble bien plus diversifié sur le plan biologique que la haie de bambous et la bande enherbée qu’ils remplacent.

Chez nous, les bambous sont les seuls à ne pas avoir eu le privi-lège de vieillir tranquillement : les massifs dépassant 4 mètres de haut et 2 mètres de large par endroits, le premier vrai chan-tier du jardin a été leur élimination. Cinq années de coups de pelle et un godet de tracteur auront été nécessaires pour en venir à bout ! En dehors d’un vis-à-vis rapidement caché, cette plante (une herbe en réalité) n’apporte rien pour celui qui s’en-gage dans l’aménagement d’un jardin vivant, contrairement au lierre trop souvent arraché… Les longues tiges de bambous ont été conservées et officient désormais comme tuteurs au potager ou gîtes pour abeilles (voir chapitre VI).

Les espaces libérés ont été exploités soit pour des espèces nour-ricières soit pour des plantes ornementales, le plus souvent locales. Ici, pas de palmiers ! Les claustras pleins ont été rempla-cés par des grilles et des palissades ajourées, plus adaptées aux plantes grimpantes. Façades et clôtures ont été habillées, entre autres, de chèvrefeuille, de clématite, de framboisier, de jasmin. Ce sont dans ces secteurs périphériques que nous laissons s’ins-taller à petites doses des orties pour les chenilles, du lierre et de la ronce pour les oiseaux. C’est ici que nous donnons encore un peu de sursis à une vieille haie de thuyas où se cachent des papillons de nuit et où nichent les merles. Le houx y est utilisé

Haie de bois mort le long d’une zone non piétinée : un refuge plébiscité

notamment par les crapauds communs et les merles noirs.

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comme dortoir par les moineaux domestiques. Des fleurs spon-tanées telle la superbe digitale, le lamier pourpre, la véronique de Perse et d’autres prétendues « mauvaises herbes » y trouvent leur place. La quasi-intégralité des contours du jardin, une bande d’environ 100 mètres de long pour 1 à 2 mètres de large, est organisée en zones refuges d’une importance majeure pour la faune. Ces secteurs calmes et silencieux sont peu piétinés et offrent de multiples cachettes.

Différents endroits le long de cette bande ont été choisis comme lieu de stockage de nos déchets verts. Les allers-retours à la déchetterie pour de l’herbe coupée ou des feuilles mortes sont abolis ! Bûches, branches et brindilles issues de l’élagage ou de la taille sont entassées en haies de bois mort. La nature y fera son travail de décomposition sur plusieurs années : ce qui est sans vie en apparence est en réalité bien loin d’être abandonné ! De nombreux scarabées, jusqu’à l’impressionnant lucane cerf-volant, pondent dans le bois mort. Ces coléoptères vivent plusieurs années à l’état de larve xylophages, se nour-rissant de bois pourri. C’est dans ces tas de branches que j’ob-serve régulièrement le rouge-gorge, l’accenteur mouchet ou le troglodyte mignon. Sous ces kilos de végétation, hérissons et crapauds peuvent passer l’hiver.

Beaucoup d’animaux trouvent dans ces zones refuges quiétude et planques dont ils ont besoin aux stades sensibles de leur vie. Je me doute que de jolies scènes sont ici tenues secrètes, à l’abri de nos regards indiscrets.

L’accenteur mouchet.

Le lucane cerf-volant et la cétoine dorée

sont deux coléoptères dont les larves se

nourrissent de bois en décomposition.

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Le discret troglodyte

S’il y a bien un oiseau que je n’observe qu’en périphérie du jardin, c’est le troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes). Nous l’apercevons souvent dissimulé près du sol dans les haies de bois mort et à l’ombre des feuillages, où il chasse des insectes toute l’année. Mesurant moins de 10 cm, d’une couleur brune nuancée de marron, il passe facilement inaperçu, bien qu’il soit toujours en mouvement et excellent chanteur. Sa silhouette ne trompe pas : un corps rondouillard, un bec long, fin et légèrement recourbé, mais surtout une courte queue caractéristique, tenue relevée. Son nom a pour origine le nid en boule qu’il confectionne contre un mur ou une paroi, à l’image d’un habitat troglodytique. Je n’ai jamais osé fouiller dans le lierre qui recouvre un claustra au fond du jardin, mais je suis profondément convaincu que l’un de ses nids s’y dissimule. C’est précisément ici, au printemps, que j’ai photographié quelques nourrissages de poussins. Les stères de bois, les amas de branches sont probablement d’autres sites où je finirai par trouver des nids. Il faut dire que sur ce point, le mâle troglodyte n’est pas fainéant, puisqu’il en construit plusieurs à chaque printemps. La femelle n’a que l’embarras du choix, et un même mâle peut prétendre à plusieurs femelles : donnant-donnant !

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Les espaces fleuris

Fleurir le jardin toute l’année est l’un des défis que nous nous fixons au quotidien, avec un objectif double : l’embel-lir d’une diversité de formes et de couleurs, mais surtout

garantir une réserve conséquente de pollen et de nectar pour les insectes. Crocus et primevères ouvrent le bal dès la fin de l’hiver alors que les fleurs du lierre grimpant disparaissent à l’automne. Cette liane est d’une grande importance dans un jardin vivant et je regrette encore d’avoir coupé leurs longues tiges ligneuses qui courraient le long des troncs de nos cerisiers. Je finirai en effet par apprendre que sa mauvaise réputation d’étrangleur, de bourreau des arbres, est injustifiée et que le lierre se présente au contraire comme un précieux allié de la biodiversité. Son feuillage permanent cache de nombreux arthropodes. Papillons citron ou coccinelles y trouvent, par exemple, un lieu d’hiber-nation et les oiseaux insectivores ne peuvent qu’apprécier. Le cycle de vie « inversé » du lierre offre une floraison tardive en septembre-octobre, régalant les abeilles de dernières sucreries. L’abeille du lierre, ou collète du lierre, lui est même inféodée. Les fruits arrivent en hiver sous la forme de baies noires, regrou-pées en ombelles. Ils profitent à de nombreux passereaux, là encore durant une période de disette.

Mars et avril voient le nombre de plantes en fleurs exploser : arum, clématite, bourrache, géranium, myosotis, petite per-venche, romarin, monnaie-du-pape, cerisier et autres fruitiers. Mai et juin apportent du renouveau avec les fleurs de lilas, kiwi, ceanothe, cyste, hortensia, jasmin, sauge, thym, pivoine, mar-guerite, pavot, coquelicot, ciboulette, pois de senteur, coriandre. Aux fleurs estivales du potager, s’ajoutent celles de la rose tré-mière, de l’origan, du tournesol.

L’épi central jaune de cet arum (Zantedeschia aethiopica), appelé spadice, porte de nombreuses fleurs minuscules. Le spathe blanc qui l’entoure est une plateforme idéale pour les cétoines dorés !

Le bleuet des champs (Centaurea cyanus) est une plante messicole

souvent considérée comme mauvaise

herbe (adventice). Seule une vue de

dessus, comme ici, permet de comprendre

l’anatomie des pièces florales. Comme

pour une marguerite, un pissenlit ou un

artichaut, chaque tige porte un réceptacle central (le capitule)

sur lequel repose un ensemble de petites

fleurs. Une spécificité typique de la famille

des Astéracées.

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La mise en place d’une prairie fleurie s’inscrit comme l’un des grands classiques du jardin sauvage et garantit un petit para-dis en été pour les papillons, les criquets, les bourdons et tant d’autres. Il nous aura fallu plusieurs années pour obtenir une zone de prairie séduisante. Depuis que nous accordons plus de temps à la préparation du sol et que nous privilégions des sachets de graines peu garnis mais de meilleure qualité aux grands paquets de mélange bon marché, nous voyons enfin pousser le bleuet centaurée, le cosmos, le souci et la phacélie. De plus en plus, nous collectons nos propres graines au jardin et les semons l’année suivante à la volée.

Vive les sols pauvres !Force est d’admettre que notre sol argileux n’est clairement pas le meilleur qui soit pour créer un hotspot de biodiversité. La terre, lourde et compacte, se gorge d’eau l’hiver et devient très dure l’été. La présence de pissenlits, de trèfles et d’orties témoigne par ailleurs d’un sol riche en azote. Or en France, des centaines de plantes très attractives pour les insectes poussent sur des sols pauvres en humus et bien drainés (molènes, saponaires, vipérines, etc). C’est pourquoi certains naturalistes recommandent d’intégrer à la préparation du sol des couches de sable, de gravier et de pierraille. Contre toute attente, cela élargira la diversité possible des fleurs annuelles, bisannuelles et vivaces au jardin… et donc des insectes qui leur sont liés ! Les spécialistes qualifient ces surfaces de « zones maigres ».

L’un de mes prochains chantiers sera sans aucun doute d’arracher la moquette herbeuse sur 20 à 30 centimètres dans des zones ensoleillées pour y associer un substrat de cailloux et de gravats. L’expérience du permaculteur et entomologiste Sébastien Heim dans son jardin écologique en Alsace m’inspire grandement sur ce sujet (www.hymenoptera.fr/).

Une syrphe s’intéresse aux fleurs de la vipérine faux-plantain (Echium plantagineum).

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