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C e manuel est construit sur une conviction : les concepts fondamentaux de la finance sont simples. Pour autant, les étudiants ont parfois du mal à faire le tri entre ces concepts et des approches apparemment intuitives mais qui n’en sont pas moins fausses… Un fil conducteur : la Loi du prix unique La finance est construite autour de quelques concepts intuitifs et de portée générale. Nous sommes en effet convaincus que les étudiants apprennent plus vite, et mieux, lorsqu’une matière est présentée de manière unifiée plutôt que comme une somme d’idées et de modèles sans lien entre eux. Ces quelques concepts fondamentaux découlent eux-mêmes d’un principe unique : « dans la vie, on n’a rien sans rien » : en finance, ce principe se nomme « absence d’oppor- tunité d’arbitrage » ou « Loi du prix unique ». Il sert de fil conducteur à l’ensemble des chapitres de l’ouvrage. Grâce à cette approche unificatrice, il est possible de présenter en même temps éléments théoriques et empiriques et surtout de faire apparaître la finance comme un tout cohérent. Les nouveautés de cette troisième édition Depuis la publication de la première édition de ce manuel en 2007, le monde a connu la plus grave crise économique et financière depuis la Seconde Guerre mondiale. Les expressions « subprime », « risque systémique » et « too big to fail » sont entrées dans le vocabulaire courant. Au-delà de l’ampleur de la crise et de ses conséquences sur l’éco- nomie mondiale, cela change-t-il quelque chose aux principes de base de la finance ? À n’en pas douter, la crise remet en cause bon nombre de certitudes, notamment à propos de la capacité autorégulatrice des marchés. Mais une chose est certaine : la crise a été provoquée, au moins partiellement, par l’oubli des principes fondamentaux de la finance. Un exemple parmi tant d’autres : l’un des principes de base en finance est que la rentabilité d’un actif financier est proportionnelle à son risque. Pourtant, avec la titri- sation des crédits subprime, des banques ont cru qu’elles pouvaient créer des produits très rentables et sans risque : beaucoup d’investisseurs se sont laissé convaincre, et cela leur a coûté cher… Avant-propos © 2014 Pearson France – Finance d'entreprise, 3e éd. – Jonathan Berk, Peter DeMarzo

Un fil conducteur : la Loi du prix unique - Pearson

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C e manuel est construit sur une conviction : les concepts fondamentaux de la finance sont simples. Pour autant, les étudiants ont parfois du mal à faire le tri entre

ces concepts et des approches apparemment intuitives mais qui n’en sont pas moins fausses…

Un fil conducteur : la Loi du prix unique

La finance est construite autour de quelques concepts intuitifs et de portée générale. Nous sommes en effet convaincus que les étudiants apprennent plus vite, et mieux, lorsqu’une matière est présentée de manière unifiée plutôt que comme une somme d’idées et de modèles sans lien entre eux.

Ces quelques concepts fondamentaux découlent eux-mêmes d’un principe unique : « dans la vie, on n’a rien sans rien » : en finance, ce principe se nomme « absence d’oppor-tunité d’arbitrage » ou « Loi du prix unique ». Il sert de fil conducteur à l’ensemble des chapitres de l’ouvrage. Grâce à cette approche unificatrice, il est possible de présenter en même temps éléments théoriques et empiriques et surtout de faire apparaître la finance comme un tout cohérent.

Les nouveautés de cette troisième édition

Depuis la publication de la première édition de ce manuel en 2007, le monde a connu la plus grave crise économique et financière depuis la Seconde Guerre mondiale. Les expressions « subprime », « risque systémique » et « too big to fail » sont entrées dans le vocabulaire courant. Au-delà de l’ampleur de la crise et de ses conséquences sur l’éco-nomie mondiale, cela change-t-il quelque chose aux principes de base de la finance ?

À n’en pas douter, la crise remet en cause bon nombre de certitudes, notamment à propos de la capacité autorégulatrice des marchés. Mais une chose est certaine : la crise a été provoquée, au moins partiellement, par l’oubli des principes fondamentaux de la finance. Un exemple parmi tant d’autres : l’un des principes de base en finance est que la rentabilité d’un actif financier est proportionnelle à son risque. Pourtant, avec la titri-sation des crédits subprime, des banques ont cru qu’elles pouvaient créer des produits très rentables et sans risque : beaucoup d’investisseurs se sont laissé convaincre, et cela leur a coûté cher…

Avant-propos

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© 2014 Pearson France – Finance d'entreprise, 3e éd. – Jonathan Berk, Peter DeMarzo

XXViii Finance d'entreprise

La crise financière renforce donc, si besoin était, notre conviction que la bonne démarche est d’insister sur les principes et de mettre en avant le raisonnement financier, plutôt que de s’appesantir sur la complexité technique de tel ou tel produit. Si la démarche pédago-gique n’a pas varié, le contenu du manuel a été largement remanié :

• La crise financière a eu au moins un mérite : celui de fournir des illustrations à foison de ce qui peut se passer si l’on oublie les principes de la finance. Ces exemples ont été intégrés au manuel sous la forme d’une vingtaine d’encadrés « Crise financière ».

• Les parties II et III de l’ouvrage ont été restructurées pour améliorer la lisibilité et la pédagogie. En particulier, le chapitre consacré à l’évaluation des obligations suit maintenant celui qui traite des taux d’intérêt, ce qui permet une application immé-diate du concept de valeur temps de l’argent.

• Le chapitre 2 a été refondu pour rassembler en une section unique la présentation de l’ensemble des ratios financiers.

• De nombreuses interviews de praticiens ont été mises à jour et intègrent maintenant les leçons de la crise financière.

• Des encadrés « Utiliser Excel » ont été ajoutés : ces encadrés présentent les fonctions et les outils intégrés à Excel utiles pour le financier.

• Tous les chiffres, tableaux et figures ont été actualisés avec les données les plus récentes disponibles.

• Plus de 30 nouveaux exercices ont été ajoutés et de nombreux autres enrichis.

La structure de l’ouvrage

La partie I de l’ouvrage pose les fondements de la finance d’entreprise et présente les sources de financement à la disposition des entreprises (chapitre 1). Les états financiers, documents indispensables à toute décision financière, sont introduits au chapitre 2, tandis que le chapitre 3 traite de la Loi du prix unique et du principe de la valeur actuelle.

La partie II aborde les questions relatives à la valeur temps de l’argent : les opérations d’actualisation et de capitalisation (chapitre 4), les taux d’intérêt (chapitre 5) et l’évalua-tion des obligations (chapitre 6).

La partie III s’intéresse à la manière de valoriser une entreprise ou un projet. Cette partie étudie successivement les critères de choix d’investissement (chapitre 7), la plani-fication financière (chapitre 8) et l’évaluation des actions (chapitre 9).

La partie IV est consacrée à l’arbitrage entre risque et rentabilité (chapitre 10), fonda-mental en finance, et aux principaux cadres conceptuels relatifs à la modélisation du risque : le chapitre 11 présente le modèle d’évaluation des actifs financiers, dont la connaissance est un préalable au calcul du coût moyen pondéré du capital (chapitre 12). Le chapitre 13 expose les théories de la finance comportementale.

La partie V traite de la décision relative à la structure financière des entreprises : comment une entreprise peut-elle obtenir les capitaux nécessaires au financement de ses investissements, et ce choix influence-t-il la valeur de l’entreprise ? La réponse à cette question est fournie en partant d’une hypothèse de marchés parfaits au chapitre 14, puis

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© 2014 Pearson France – Finance d'entreprise, 3e éd. – Jonathan Berk, Peter DeMarzo

XXIX Avant-propos

en levant cette hypothèse aux chapitres 15 et 16, qui prennent en compte respectivement la fiscalité et le risque de faillite. La politique de distribution est traitée au chapitre 17.

La partie VI a pour objet l’évaluation des choix d’investissement, en intégrant cette fois la complexité du monde réel. Le chapitre 18 présente les trois méthodes utilisées pour évaluer en pratique des projets d’investissement ; le chapitre 19 propose un cas pratique détaillé d’évaluation d’entreprise.

La partie VII traite des options et du rôle que ces produits jouent dans les décisions d’in-vestissement et de financement. Le chapitre 20 en présente le principe, le chapitre 21 est consacré aux modèles d’évaluation optionnelle et le chapitre 22 traite des options réelles, c’est-à-dire de l’application des raisonnements optionnels à la finance d’entreprise.

La partie VIII est consacrée au financement de long terme des entreprises : actions (chapitre 23), titres de dette (chapitre 24) et crédit-bail (chapitre 25). Après les opéra-tions financières de long terme, la partie IX s’intéresse au court terme : la gestion du besoin en fonds de roulement (chapitre 26) et la planification financière à court terme (chapitre 27).

Enfin, la partie X conclut l’ouvrage en introduisant des thèmes importants de la finance d’entreprise : les fusions et acquisitions (chapitre 28), la gouvernance d’entreprise (chapitre 29) et la gestion des risques (chapitre 30).

Les chapitres et les connaissances s’enchaînent de manière logique tout au long de l’ouvrage. Mais les chapitres ont été rédigés de manière à être aussi indépendants que possible les uns des autres, ce qui permet une utilisation flexible de l’ouvrage. Ainsi, un cours d’introduction à la finance d’entreprise sur un semestre pourra ne couvrir que les chapitres 3 à 15. Pour aller au-delà, on pourra y ajouter les chapitres 16 à 19. En cas de cours « accéléré », les chapitres 3 à 10 et 14 suffiront à donner aux étudiants une bonne vision des fondements de la finance d’entreprise. Enfin, pour un cours annuel, la quasi-totalité de l’ouvrage pourra être traitée.

en plus de l’ouvrage…

Un espace de téléchargement a été créé sur www.pearson.fr à l’occasion de la publica-tion de ce manuel. Vous trouverez sur ce site, en libre accès, le plan détaillé et l’ensemble des figures de l’ouvrage, ainsi qu’un glossaire de plus de 700 termes ; chacun dispose de sa traduction en anglais et d’une définition précise. Enfin, un chapitre supplémentaire, consacré à la gestion des projets internationaux, est librement téléchargeable.

Le site propose également, en accès réservé aux professeurs, un diaporama PowerPoint par chapitre, soit au total plus de 1 500 diapositives qui peuvent être utilisées directe-ment en cours, ainsi que le corrigé détaillé de tous les exercices de l’ouvrage.

Quelques mots sur l’adaptation française

Adapter un ouvrage est d’abord une contrainte : il faut pouvoir lui donner une touche personnelle, sans pour autant trahir la version originale. Pour des universitaires, habi-tués à une grande liberté de plume, c’est un véritable défi. Et ce, d’autant plus que

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© 2014 Pearson France – Finance d'entreprise, 3e éd. – Jonathan Berk, Peter DeMarzo

XXX Finance d'entreprise

l’approche pédagogique française est à l’opposé de l’approche américaine : en France, traditionnellement, on met l’accent sur les développements théoriques avant d’examiner leurs conséquences pratiques ; outre-Atlantique, c’est le contraire.

En fait, ce qui pourrait être perçu comme une contrainte nous a paru une source d’en-richissement : l’adaptation de ce manuel nous a poussés à réfléchir à nos méthodes d’enseignement, à la structure de nos cours. Un exemple parmi d’autres : à notre connaissance, tous les ouvrages français qui traitent de décisions financières font réfé-rence au calcul de la somme des n premiers termes d’une suite géométrique pour évaluer les projets d’investissement, ce qui rebute plus d’un étudiant ! Cet ouvrage parvient au même résultat à l’aide d’un simple raisonnement d’arbitrage… Cela ne signifie pas que nous ayons abandonné la rigueur et l’élégance des mathématiques, bien au contraire. Mais les démonstrations n’apparaissent que dans un second temps, la priorité étant donnée à l’intuition.

Le travail d’adaptation ne se limite évidemment pas à la pédagogie. Le fonds a égale-ment été « francisé » : tous les chapitres ont été adaptés, certains presque intégralement, lorsqu’ils traitent, de près ou de loin, d’aspects institutionnels ou comptables. En outre, la plupart des exemples et des études de cas s’appuient sur des entreprises françaises ou européennes. À chaque fois, nous sommes restés proches de l’esprit de la version origi-nale, tout en soulignant les (nombreuses) spécificités françaises ou européennes. Nous avons aussi ajouté de nombreux encadrés consacrés à des thèmes d’actualité spécifique-ment français ou européens, comme la crise de la dette en zone euro.

Toujours dans le cadre de l’adaptation à un public francophone, nous avons sollicité des interviews d’acteurs importants de la place financière de Paris. Notre conviction, partagée avec les auteurs de la version originale, est qu’il faut présenter la finance dans toute sa diversité. Dans la même optique, il faut, selon nous, utiliser les connaissances dont disposent les étudiants sous toutes leurs formes, qu’elles proviennent de romans (de L’Argent d’Émile Zola à American Psycho de Bret Easton Ellis, en passant par Liar’s Poker de Michael Lewis…), de films et de séries télévisées (Wall Street, Margin Call, Rogue Trader…), ou autres ! En effet, la finance est partout : qui aurait pensé il y a 20 ans voir un article de L’Équipe consacré aux introductions en Bourse des clubs de football ? La conviction des auteurs est qu’il serait dommage de ne pas construire sur ces connais-sances « innées », possédées par les étudiants.

Au final, de ce double « choc des cultures » (États-Unis/France ; praticiens/universi-taires) naît, nous l’espérons, un manuel de finance original, riche et accessible.

Un dernier mot avant de passer aux choses sérieuses : n’hésitez pas à nous écrire pour nous donner votre sentiment à propos de ce manuel et de ce que vous aimeriez trouver sur le site ou dans la prochaine édition…

Bonne lecture !

Gunther Capelle-Blancard et Nicolas Couderc

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© 2014 Pearson France – Finance d'entreprise, 3e éd. – Jonathan Berk, Peter DeMarzo