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Un jeudi pas comme les autres Une comédie de Marc Lepage Numéro ISBN : 978-2-9533716-7-3 Dépot légal BNF : DLE-20100510-25231 AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

Un jeudi pas comme les autres - Le Proscenium€¦ · Ange - Ouais m'dame, c'est le fils d'une copine qu'est dans le besoin. Enfin, le fils qu'est dans le besoin, remarquez la mère

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Un jeudi pas comme les autres

Une comédie de Marc Lepage

Numéro ISBN : 978-2-9533716-7-3Dépot légal BNF : DLE-20100510-25231

AVERTISSEMENTCe texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com

Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France).Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la

troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations

ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la

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troupes amateurs.Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent

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Personnages :

Employeurs :AngeLouis (Loulou)JosianeLa mère

Réception : Denise Réception caisse cafésFlorence ServeuseD'autres serveuses (figuration sur la scène finale)

Cuisine :Murièle ChefOdile Aide cuisinièreOlivier CuistotCuisinier (figuration sur la scène finale)

Clients et autres :Cerise Routier (femme)Fourrien Agent de sécurité

Diverses figurations (au bon vouloir du metteur en scène)

La scène est divisée en deux : d'un côté la cuisine, de l'autre l'extrémité de la salle. La salle proprement dite est en coulisses à jardin.

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Un jeudi pas comme les autres

Intro musique. La serveuse va et vient entre la salle et la cuisine entre la salle et la cuisine. On entend juste la voix de Josiane qui annonce en criant les plats à préparer pour les cuisiniers.En salle, un type vient s'asseoir à la table proche du comptoir.

Denise - C'est réservé ici monsieur. Allez plutôt vous installer près de la terrasse, vous y serez tout aussi bien.Le ballet continue. Un autre type veut aller aux toilettes.

Denise - A gauche avant la porte.Il se trompe et passe la porte. Il se retrouve face à Josiane en cuisine.

Josiane - AVANT LA PORTE !Le gars repasse la porte mais se trompe encore et se rend chez les dames ! Après quelques instants, on le revoie passer en volant !! Ange sort furax des toilettes.

Ange - Au type qui a volé. Les mecs, c'est par là. À Denise Mais qu'est-ce que c'est que ce gugusse qui s'est gouré ?Denise - Je lui ai dit à gauche.Ange - Ben faut leur dire à gauche gauche.Denise - Il est entré chez les dames ?Ange - Pas longtemps. Je lui ai montré le bon chemin. Le service se passe bien ?Denise - Comme d'habitude madame.Ange - Pas de ça avec moi. Je vous ai déjà prévenue. La prochaine fois, c'est une clef de bras et plus de tabouret.Denise - Bien Micheline.Ange - Micheline ? Non ! Appelez-moi Ange.Denise - Je suis désolée, je ne suis pas encore habituée.Ange - Pas grave. Du monde ?Denise - Pas trop non. C'est presque fini pour aujourd'hui, déjà.Ange - Ça ira mieux demain.

Derrière Denise, on entend et on voit un langue de belle-mère dépasser du comptoir.Ange - Ma mère veut quelque chose. Elle va en cuisine. Au moment où elle entre...Josiane - UN BOUDIN !!Ange - T'es pas obligée de gueuler comme ça ! Elles sont à trois mètres. Josiane - Écoute Mimi, je t'ai... Ange fait la moue. Oh dis donc, j't'ai toujours appelée comme ça. Merde ! T'es ma frangine,

j'vais quand même pas tout changer mes habitudes parce que t'as de la lubie de changer de nom qui t'es montée d'un seul coup !

Ange - On en reparlera plus tard, faut que j'emmène les petits à l'école.Josiane - Un boudin et une morue.Murièle - J'ai fini les quelques unes d'hier, y'a plus de morue.Josiane - Franchissant la porte de la tête Y'A PLUS DE MORUE !Denise - Ce n'est pas la peine de crier comme ça, les serveuses peuvent très bien...

Langue de belle-mère derrière le comptoir.Josiane - Ma mère veut quelque chose.Murièle - Ange s'il vous plait ?Ange - Oui ?Murièle - Voilà quatre semaines que je vous ai réclamé un apprenti. Vous m'aviez dit oui.Ange - J'ai mieux encore, pas un apprenti, un vrai cuistot. Sous vos ordres, et il arrive demain.Murièle - Un vrai ?Josiane - STEACK SAIGNANT HARICOTS (Ange râle d'un signe de tête)Ange - Ouais m'dame, c'est le fils d'une copine qu'est dans le besoin. Enfin, le fils qu'est dans le besoin, remarquez la mère

aussi.Josiane - Chuchotant un boudin !Murièle - Quelles sont ces références ?Josiane - Chuchotant un boudin !Ange - Hein ? Ah oui. Ben il a tenu, tout seul s'il vous plait, la baraque à frites sur la plage de Palamou les Flaques.

Pendant deux ans. Un sacré boulot.Murièle - C'est tout ?Josiane - BOUDIN ! Si je gueule pas, personne n'entend !Ange - Vous disiez ?Murièle - C'est tout ?Ange - Comment ça c'est tout ?Murièle - C'est tout ce qu'il a fait, vous disiez que c'était un vrai cuisinier.Ange - Deux ans dites-donc, c'est pas rien ! Faut pas être ramier. Vous verrez, un petit gars très bien. Vous lui apprendrez

vos trucs à vous.Murièle - La cuisine n'est pas un ensemble de trucs !Ange - Oui, bon, faut que j'amène les petits à l'école.Denise - Bonjour Cerise.

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Cerise - Salut. Y'a quoi au jour aujourd'hui ?Denise - Boudin.Josiane - MOUSSE DEUX. T'en as combien des mômes maintenant ?Ange - 36 depuis hier.Josiane - La vache t'as récupéré tout le quartier ! MOUSSE DEUX TATIN DEUXCerise - Non, ça me fout des aigreurs moi le boudin. J'préfèrerais un poisson. Je peux avoir un poisson ? N'importe lequel !!Denise - Il y avait de la morue en plat du jour, mais il n'y en a plus.Ange - Et alors, c'est bien non ?Josiane - Monte un club.Ange - Trop lourd. Et pourquoi, tu sais bien que le catch n'a pas d'avenir.Cerise - J'préfèrerais un poisson.Denise - Je vais voir ce que je peux faire.Ange - Le catch appartient au passé, il faut qu'on se résigne.Cerise - Pas grand monde aujourd'hui.Denise - C'est de plus en plus calme. Avec l'autoroute, la plupart de vos collègues ne passent plus par là.Josiane - Je comprends pas pourquoi t'as fait cette école de catch. UNE MOUSSE, Si c'est pas pour l'avenir, ça sert à rien

que tu engloutisses du fric là-dedans, on n'en a déjà pas tant que ça.Ange - Parfois, je me demande ce que t'as dans le cigare. Ces mômes là, y ont rien. Moi, j'ai que le catch. Je leur donne ce

que j'ai, c'est tout. Quant au restaurant, c'est mon restaurant. T'es payée à la fin du mois que je sache.Josiane - Si tu me cherches, tu vas me trouver.Murièle - Pas dans ma cuisine pendant le service !Denise - Allez demander à Murièle si elle accepte de faire un poisson, c'est pour Cerise.Florence - Bien madame.Ange - J'y vais. Si t'es toujours pas contente tout à l'heure quand je reviendrai, tu me le feras savoir, on s'expliquera. Très

bon votre truc Murièle. Vraiment. Elle sort.Josiane - TATINS DEUXFlorence - Y'a quelqu'un qui demande un poisson, c'est possible ?Murièle - Y'a poisson au menu du jour ?Florence - C'est pour Cerise.Murièle - Pour elle c'est bon, mais il faudra qu'elle attende un peu. Vous lui dites que je lui prépare un émincé de colin poché

sur son lit de poireaux à la sauce virelonnaise.Florence - Je crois que je ne vais pas tout retenir.Odile - Colin aux poireauxFlorence - D'accord merci.Odile - Sauf que comme y'a plus de poireaux, elle va mettre des patates.Florence - C'est quoi la sauce vire machin ?Odile - C'est une sauce qu'elle a inventée, comme elle vient d'un bled qui s'appelle virelon, tu vois pourquoi Virelonnaise.Murièle - Odile, on n'a plus de poireaux ?Odile - Non, je ne crois pas.Murièle - Je remplace par des pommes de terre.Florence - Alors, la sauce, c'est quoi ?Odile - Une béchamel allégée avec une grosse pointe de nougat fondu.Florence - Nougat ? Avec de la béchamel, ça doit être dégueulasse ?Odile - Ouais, c'est dégueulasse.Josiane - Une tarte mystérieuse.Odile - Quoi ?Josiane - Une tatin !

Langue de belle-mère derrière le comptoirDenise - Quoi encore ? Bon, je demande. Cerise, est-ce que ça vous dérange si madame vient à votre table ?Cerise - Bien sûr que non. Qu'elle vienne, avec plaisir.Josiane - On arrive au bout ?Denise - Oui, il ne reste plus que Cerise.Josiane - Fin de la cuisine.Odile - Déjà ?Josiane - Eh oui, ça va pas tarder à être la fin de ce routier, je le sens. On n'a jamais travaillé aussi peu.Ange - qui revient côté salle J'ai encore oublié les clefs du local.Loulou - Qui arrive côté cour Mamour Mamour !! Il va voir dans la salle, mais Ange qui l'avait entendu s'est cachée

derrière la porte battante.Loulou - Ange est partie ?Cerise - Oui, il y a deux minutes.

Quand Loulou se retourne vers la cuisine, Ange s'approche doucement par derrière pour le surprendre. Loulou - Elle n'est pas là ?Josiane - Elle est partie à son école !Loulou - Zut zut zut et rezut. Josiane - Qu'est-ce qu'il se passe ?

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Loulou - Vous pouvez garder un secret ?Ange - L'attrapant par surprise en lui faisant une clef de bras pour l'immobiliser la joue sur la table. Comment tu m'as

appelée ?Loulou - Mon amour, tu es là !Ange - Comment tu m'as appelée ?Loulou - Hésitant Mamour ?Ange - Elle le retourne brusquement vers elle, l'attrape par le col. J'ai pas entendu, comment tu m'as appelée ?Loulou - Mamour.Ange - J'aime tellement ça quand tu m'appelles comme ça !Loulou - Mais mamour, je t'appelle toujours comme ça.Ange - C'est pour ça que j'adore quand tu m'appelles. Dis-moi cachottier, c'est quoi ce secret qu'il faut garder ?Loulou - C'est pas un secret.Ange - Tu viens de dire à tout le monde : Vous pouvez garder un secret ?Loulou - C'est juste que je voulais te l'annoncer moi-même.Ange - J'attends.Loulou - Devine qui vient manger ici jeudi ?Ange - Loulou, j'ai pas le temps avec les devinettes, faut que j'emmène les petits à l'école.

Loulou lui tend un fax.Loulou - Regarde, c'est arrivé ce matin.Ange - C'est quoi cette connerie ?Loulou - C'est pas une farce, j'ai téléphoné pour vérifier, on m'a confirmé que c'était vraiment prévu.Ange - Dis-leur.Loulou - Le président de la République viendra manger chez nous jeudi midi.Odile - Sarko ?Josiane - Il vient ?Loulou - Oui.Odile - Non.Loulou - Si. Après-demain. Y'a un policier de la sécurité qui passe demain pour faire une inspection des lieux et donner son

accord.Murièle - C'est une plaisanterie ? Non ?Loulou - Non, je vous assure. Tenez, lisez.

Tous lisent sans en croire leurs yeux.Odile - C'est pas du genre de Sarko de venir foutre les pieds dans un routier.Murièle - Justement, il veut casser son image bing bing.Florence - Bling bling.Murièle - C'est pareil.Denise - Hier soir, aux informations, il y avait un interview et il a dit qu'il allait retourner vraiment sur le terrain, c'est ça

qu'il a dit. Pour être plus près des gens.Odile - Il est comme tous les autres, entre ce qu'il dit et ce qu'il fait.Josiane - Tu vas le recevoir ? Parce que ….Ange - Stop ! Je te vois venir, pas de politique chez moi. Sarko veut venir bouffer, qu'il vienne, il bouffera comme tout le

monde.Murièle - Vous plaisantez, c'est l'occasion de montrer que nous sommes un restaurant qui propose une cuisine raffinée, …Denise - Avec un service encore plus raffiné.Ange - C'est bon toutes les deux. Vous n'allez pas commencer votre cirque. On ne change rien. Y'a rien de sûr, que le mec

de la sécurité vienne, on verra après. Sur ce, je vais conduire les petits à l'école.Elle sort de la cuisine puis repasse la tête par la porte vers la cuisine.

Ange - Tu m'accompagnes Loulou.Loulou - Tu sais, j'ai encore pas mal de choses à faire...Ange - C'était pas une question Loulou.Loulou - Quoi donc ?Ange - Tu m'accompagnes.Loulou - Je viens, je venais, j'allais venir, vraiment.Ange - Je n'en doute pas. Le boulot est pas fini en salle !Florence - On y court. (en franchissant la porte) C'est bon, c'est bon, on n'est pas chez Maxime ici.Denise - Nous n'avons pas le droit de laisser passer une occasion pareille !!Josiane - Mimi a raison, on verra, pour l'instant, on finit le boulot de la journée.Murièle - Le poisson pour Cerise.Denise - Je ne suis pas serveuse.Murièle - C'est pas difficile de prendre ça dans la main pour aller l'apporter quelques mètres plus loin, madame la "je ne suis

pas serveuse".Denise - Ne me cherchez pas de poux dans la tête.Murièle - C'est sûr, j'en trouverai.Denise - Je ne vous permets pas.Murièle - Je ne vous demande pas la permission.

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Elles sont au bord de se mettre des claques. Florence revient de la salle.Florence - Les additions pour la quatre et la huit.Josiane - C'est bon maintenant. Allez porter l'assiette à Cerise.Florence - Bien madame.Murièle - Plus de desserts non plus ?Florence - Non, Cerise n'en prend jamais.Murièle - On nettoie et on range.Odile - Ok.

Durant cette conversation, la mère sonne souvent de la langue de belle-mère. Cerise, à côté d'elle semble déprimée, elle ne bouge pas. Comme personne ne lui répond, la mère sort une corne de brume. Tout le monde sursaute.

Josiane - Ma mère veut quelque chose.Denise - Elle veut toujours quelque chose mais elle ne sait jamais quoi ! Et puis, il faudrait qu'elle parle de temps en temps,

ce serait plus simple pour comprendre.Josiane - Pas compliqué à comprendre. Elle va en salle, à sa mère. Tu veux quoi ? La mère montre le poisson. La cuisine,

c'est fini. Corne de brume. T'es chiante quand tu t'y mets. Langue de belle-mère. Oui, c'est ça !Odile - Faudra penser à racheter des coquillettes.Murièle - Ce mot me déprime, coquillettes. A-t-on jamais vu le mot coquillettes sur le menu d'un restaurant qui mérite ce

titre ?Josiane - Un poisson pour ma mère c'est possible ?Murièle - Non.Odile - Je vais lui faire un poisson pané coquillettes à la sauce bolognaise.Josiane - Merci.Murièle - Coquillettes. Poisson pané. Sauce bolognaise.Josiane - Deux minutes, Odile te fait un petit pané. Tu aimes ça hein. Langue de belle-mère.Odile - Allez-y, je terminerai.Murièle - Merci,vous êtes gentille, j'accepte volontiers votre proposition, cela va me laisser un tout petit peu plus de temps

pour réfléchir au menu de jeudi. A demain. Odile - A demain.Josiane - Alors ?Denise - On bat record sur record. Nous ne sommes pas loin du zéro absolu. 23 couverts.Josiane - Ça m'étonne pas.Denise - Depuis que l'autoroute est ouverte...Josiane - Ça fait deux ans qu'elle est ouverte cette autoroute et ça fait deux ans que j'entends ça tous les jours. C'est bon, je le

sais.Denise - Il faut que votre sœur prenne conscience de la situation.Josiane - Y'a pas moyen, elle flotte.Denise - Peut-être, mais là, ça devient critique.Josiane - C'est le problème des optimistes, on peut rien leur faire entendre.Cerise - Faut que tu lui mettes un pain, ça va peut-être la réveiller.Josiane - La dernière fois qu'on s'est battues, il y a cinq ans, on a défoncé la moitié du mobilier de la salle. On s'est promis

de ne jamais recommencer.Cerise - C'est sûr que c'est mieux comme ça. Vous allez devoir fermer ?Josiane - Peut-être. Denise - A moins que monsieur le président ne vienne vraiment et que cela nous fasse une bonne pub.Cerise - Vous croyez vraiment que ça fera revenir les routiers ?Josiane - Non.Cerise - Ben, tu vois, là, pour une fois, t'as bien raison. Parce que les routiers et Sarko, ben, c'est pas toujours l'osmose. En

plus maintenant, t'en as un bon paquet qui sont polonais ou Chèques à Slovaques ou des trucs comme ça. Tu comprends rien quand ils te parlent. Je me fais draguer par des Chèques à Slovaques maintenant. Je voulais être chanteuse, et je me fais draguer par des Chèques à Slovaques que je ne comprends pas. Alors Sarko ou pas, si un des derniers endroits où je me sens bien ferme ses portes...

Josiane - On verra bien. Bon, je vais faire les comptes, ça va aller vite.Cerise - Chanteuse !Florence - La salle est prête pour demain, je peux y aller.Denise - Prête, vraiment ?Florence - J'ai rangé et dressé les tables au fur et à mesure. J'avais pratiquement que ça à faire.Denise - Montrant Cerise. Il reste une table à faire.Cerise - Je mettrai tout en cuisine. J'ai le temps aujourd'hui.Florence - Je peux y aller alors ?Denise - Cerise ? Vous n'avez besoin de rien d'autre ?Cerise - Un autre pichet et ce sera tout.Florence - Je m'en occupe.Denise - Cerise, à bientôt ? Cerise - Sûrement. Peut-être.Florence - Voilà, j'ai mis un grand. Bonne route.

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Cerise - Merci Florence, à bientôt. Peut-être.Cerise et la mère se retrouvent seules.

Cerise - Vous en pensez quoi de Sarko vous ? … Ouais, moi aussi, je m'en tape. Je sais bien que je devrais pas. Je devrais être pour ou contre, ou un peu pour, ou un peu contre. Mais je m'en tape. … Je devrais pas. …. mais bon. Un coup de rouge, y'a plus personne pour vous l'interdire. … Elle la sert, elles trinquent.

Cerise - Moi, je conduis, et vous, vous avez le palpitant qui bat la breloque. Mais on s'en fout aussi. Hein ?Langue de belle-mère.

Noir

Acte 2Le restaurant est plongé dans le noir. Une silhouette se dirige vers la cuisine, ouvre le frigo. On reconnaît Loulou. Il mange quelque chose. Dès qu'il entend du bruit provenant de la salle. Il se carapate vers l'appartement.

Murièle - Allumant la cuisine. Vous attendez depuis longtemps dehors comme ça tout seul ?Olivier - Je ne voulais pas être en retard.Murièle - C'est bien. Mais là, vous aviez au moins deux heures d'avance non ?Olivier - A Palamou les Flaques, en arrivant en avance, je pouvais presque augmenter mon chiffre d'affaires de 20 pour cent.Murièle - C'est bien, mais ici, vous n'êtes pas dans une baraque à frites, et les chiffres ne nous intéressent pas. L'art culinaire

ne s'intéresse pas aux chiffres.Olivier - Oui, d'accord.Murièle - Ah, bonjour Odile. Voici Olivier qui va nous épauler en cuisine.Odile - Bonjour.Murièle - Expliquez-lui deux ou trois petites choses sur le fonctionnement de la maison avant que nous ne passions aux

affaires qui nous concernent. J'ai besoin de terminer quelque chose que j'ai préparé cette nuit.Odile - D'accord. Ange ne t'a pas dit ce que tu étais censé faire comme travail ?Olivier - Ange ?Odile - Micheline. Oui, elle veut qu'on l'appelle Ange maintenant.Olivier - Ah oui ?Odile - Je t'explique rapidement. Ici, nous sommes à dix kilomètres de Bouzins. Petite ville, une grosse usine, beaucoup de

main d'œuvre, une cité, rien à faire d'autre que de bosser et de dormir.Olivier - A Palamou, mis à part en été c'était pareil. J'appelle ça, un trou à la Zola.Odile - Peut-être, je ne sais pas, je ne regarde jamais la télé. Bref, les mômes s'emmerdent et finissent par faire des

conneries. Alors, pour mettre sa petite pierre comme elle dit, elle a ouvert une école de catch gratuite.Olivier - Ah oui, l'ange bleu, maman m'a dit. Elle a été championne de catch.Odile - Championne d'Europe. En mille neuf cent soixante douze. Parfois, j'ai l'impression que sa vie s'est arrêtée cette

année là. D'ailleurs, n'aies pas peur si elle te fait une petite prise, c'est sa manière à elle de te montrer qu'elle t'aime bien.

Olivier - Une prise ?Odile - Clef de bras, immobilisation, la technique pour pas avoir mal est de se laisser faire. Au début, ça surprend, mais on

s'y fait. Bon, je vais faire pipi et je te montre la maison.Olivier se retrouve seul. Ange arrive sans qu'il la voit. Elle le surprend avec une prise.

Ange - Coucou.Olivier - Ange ?Ange - Gagné. Tu ne me reconnais pas hein ? Bouh, la dernière fois que je t'ai vu, tu avais quatre ans. Alors ? Comment ça

va ?Olivier - Bien madame. Nouvelle prise.Ange - Pas de ça avec moi. Ange, et tu me tutoies.Olivier - D'accord. Elle le libère.Ange - Qu'est-ce que t'as grandi ! Mais t'as pas trop changé, toujours la même bouille. Dis-moi, t'as un beau potentiel

maintenant, c'est bien. T'as téléphoné à ta mère pour dire que tu es bien arrivé ?Olivier - Euh oui, oui.Ange - Il faut toujours téléphoner à sa mère pour dire que l'on est bien arrivé.Olivier - C'est vrai. Vous avez... Tu as raison.Ange - Elle m'a dit pour vos emmerdes. Tu vas voir, ça va s'arranger.Olivier - C'est vrai que depuis deux ans, on est plus proche de Jean Valjean sortant de prison que de la fortune des Rougon-

Macquart.Ange - Je connais pas ces conneries moi. Je regarde jamais la télé. C'est quoi cette valise ?Olivier - J'arrive tout juste. Il faudrait que je trouve un hôtel pour ce soir.Ange - Un hôtel, mais y'a rien dans le coin mon petit. De toutes façons hors de question que tu dépenses des sous à l'hôtel.

Y'a une jolie piaule dans les combles, elle est pour toi. Tu feras des économies.Olivier - Vous... Tu n'auras qu'à retenir le loyer sur mon salaire. Nouvelle prise.Ange - Tu veux payer un loyer pour une piaule chez l'ange bleu ?Olivier - C'est normal non ? Augmentation de la prise.

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Ange - J'ai pas entendu. Tu veux me vexer ?Olivier - Non, je ne veux pas payer de loyer. Elle le lâche.Ange - C'est mieux.

Odile revient.Odile - Bonjour.Ange - Bonjour Odile. En forme ?Odile - Tout va bien, merci. Je voulais faire faire à …Olivier - Olivier.Odile - A Olivier, le tour de la maison.Ange - Vous l'installerez dans la piaule du haut. Il habite ici maintenant.Olivier - Merci, vraiment.Ange - Tu veux manger un truc avant ? Quand on a un beau potentiel comme le tien, faut l'entretenir.Olivier - Non, merci, pas pour l'instant.Ange - Comme tu veux.

Odile et Olivier sortent. Ange va fouiner dans le frigo. Loulou entre et ne la voit pas. Il sort du lit et veut aller se faire un café, mais il se fait encore surprendre et est immobilisé...

Ange - Qu'est-ce que t'es beau quand tu dors.Loulou - Vu la tête que j'ai au réveil, je te trouve très subjective.Ange - Je confonds toujours, c'est quoi la différence entre sub et sob ?Loulou - Mamour, s'il te plait, tu veux bien me lâcher, quand tu réfléchis, tu serres encore plus. Merci. Il s'assoit pour

reprendre sa respiration. La différence entre sub et quoi ?Ange - Tout en faisant des étirements. Subjectif et sobjectif ?Loulou - Objectif.Ange - Si tu veux.Loulou - Je peux prendre un café avant de t'expliquer ?Ange - Prends. De toutes façons, j'ai pas le temps, je vais faire mon footing.Loulou - Il faut qu'on parle de demain.Ange - Demain ?Loulou - Sarko vient, c'est confirmé. Qu'est-ce qu'on fait ?Ange - Rien de plus que d'habitude.Loulou - On ne pourra pas faire comme d'habitude mamour.Ange - Je ne vois pas pourquoi. C'est un type comme les autres, il s'assoit, on lui met une assiette devant le nez et il

bouffe. Il paye et il se casse.Loulou - Ça va pas être aussi simple.Ange - Et bien, je sais que tu seras là pour résoudre les problèmes s'il y en a. Allez mon choubidou, je vais footinguer.

Bisou en lui tordant le cou.Ange -Qu'est-ce que je t'aime toi. Elle sort en courant.

Loulou reste quelques instants sur sa chaise, puis va à la caisse pour se faire un café. Au moment, où il passe derrière le comptoir, il pousse un cri de frayeur. Il est pétrifié, Cerise apparaît dans un "superbe" pyjama à nounours.

Cerise - Salut Loulou.Loulou - Je t'avais pas reconnue. J'ai eu peur. Cerise - Désolée.Loulou - Qu'est-ce que tu fais là ?Cerise - Mon bahut est en panne. Je peux pas repartir. J'ai pas trouvé de dépanneur et comme je suis à vide, ma boite ne

s'affole pas plus que ça pour m'en trouver un.Loulou - Moi non plus je ne peux pas partir. Cerise - Quoi ?Loulou - Non rien. Tu veux un café ?Cerise - Je veux bien un thé. Je ne bois jamais de café, c'est mauvais pour les cordes vocales je crois. La vache, j'ai encore

une haleine de chacal.Loulou - Si ça ne t'embête pas, je ne vais pas vérifier.Cerise - Non.Florence - Bonjour. Loulou - Bonjour Florence.Cerise - Salut.Florence - Oh Cerise ?Cerise - Mon bahut est en panne. Je peux pas repartir. J'ai pas trouvé de dépanneur et comme je suis à vide, ma boite ne

s'affole pas plus que ça pour m'en trouver un. T'es déjà là ? Mais quelle heure est-il ?Florence - Je suis là pour les petits-déjeuners.Cerise - C'est vrai que vous faites les petits-dejs. Je vais aller m'habiller, je veux pas que les collègues me voient habillée

comme ça, ça va les exciter encore plus et j'en ai marre de me faire draguer.Elle va vers les toilettes.

Florence - Je te prépare quoi ?Cerise - Un thé, avec un cumulus de lait.

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Elle sort.Florence - Déjà debout Monsieur Louis ?Loulou - S'il vous plait Florence, je vous l'ai déjà demandé mille fois, évitez le "monsieur", ça me gène.Florence - C'est parce je vous respecte trop sans doute.Loulou - Suis-je respectable ?Florence - Hésitant puis se lançant. Qu'est-ce que vous faites ici Louis ?Loulou - Je prends un café pour me réveiller.Florence - Non, qu'est-ce qu'un homme comme vous fait ici ? Ce n'est pas votre place. Ce restaurant, cette vie, ça ne vous

ressemble pas.Loulou - Pourquoi dites-vous ça ?Florence - Parce que ça se voit. Vous n'êtes pas bien ici.Loulou - Ça se voit tant que ça ? Je pensais que j'arrivais à le dissimuler.Florence - Moi, je le vois. Plus je vous regarde, plus je le vois. Je peux vous faire confiance et être directe ?Loulou - Bien sûr.Florence - Vous aimez Ange ?Loulou - Je l'aime bien oui.Florence - Je le savais, vous ne l'aimez pas. Mais pourquoi rester alors ? Il hausse les épaules. Allez, n'ayez pas peur, dites-le

moi.Loulou - Vous voulez la vérité Florence ? Une vérité si terrible que j'en ai honte. Elle acquiesce. Il y a deux ans, je suis allé à

un mariage d'un ami de ma mère. Je ne bois jamais vous savez.Florence - Une de vos qualités.Loulou - Ce jour là, invité à ce mariage, il y avait le fameux tonton bout-en-train qui passe de table en table pour débiter les

deux seules blagues qu'il connait. Quand il a vu mon verre rempli d'eau, il s'est mis à plaisanter, et il m'a pris la tête pour que je boive un verre de champagne. Je ne voulais pas, mais il a tellement insisté, expliquant qu'un mariage sans champagne ce n'était pas un mariage que j'ai cédé. Je voulais qu'il me fiche la paix. Donc, j'ai bu une coupe. Ma tête s'est mise à tourner presque instantanément.

Florence - Oui, et après ?Loulou - Après... je ne sais pas. Le trou noir. Quand je me suis réveillé, j'étais dans un lit d'hôtel, Micheline, nue, couchée à

côté de moi me regardait. Elle m'a dit "Et si on se mariait nous aussi ?" J'étais tellement pétrifié que j'ai pas pu dire non.

Florence - Et depuis ce jour là...Loulou - Je retarde l'échéance comme je peux, je profite un peu de ces cinq mariages précédents. Ça l'a un peu refroidie.Florence - Mais Louis, si vous ne l'aimez pas, vous devez partir.Loulou - Elle me fait toujours aussi peur. Je ne peux plus bouger.Florence - Vous êtes en train de gâcher votre vie.Loulou - Oui et non. Avant, c'était quoi ma vie ? Je vivais chez ma mère, je travaillais dans un bureau. Micheline m'aime à

sa façon, c'est quelqu'un de bien, et puis ici, j'ai quelques responsabilités.Florence - Et alors ? Loulou - Je sais.

Ils se regardent dans les yeux intensément.Loulou - Florence...Florence - Louis...

Odile et Olivier reviennent en cuisine.Odile - Bon, ben tu vois, c'est pas immense, on en a vite fait le tour de la baraque.Olivier - On commence par quoi ?Odile - Coupage de rondelles de carottes.Olivier - Je ne les épluche pas avant ?Odile - Pas la peine, avec la sauce tellement épaisse de la chef, on voit pas la différence.

Ils se mettent au travail. Côté salle, Denise arrive.Denise - Bonjour monsieur, bonjour Florence.Florence - Bonjour madame.Denise - Vous n'avez pas sorti les menus. Quand on arrive, on croit que le restaurant est fermé.Florence - J'y allais.Loulou - C'est moi qui l'ai interrompu dans son travail. Allez-y Florence.

Florence sort.Olivier - La chef ? Elle est comment ?Odile - Elle est chef.Olivier - Ah.Odile - Tu vois ? Non ?Olivier - Non.Odile - Tu verras alors. Elle a ses tics. Mais c'est pas une méchante bougresse.Olivier - Merci.

En salleDenise - Monsieur ?Loulou - Oui ?

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Denise - Pour la venue de M. Sarkozy, je me suis permise de refaire une carte des menus un peu plus seyante.Loulou - Oui, c'est bien.Denise - Puis-je vous la suggérer ?Loulou - Pardon ?Denise - La carte, puis-je vous la montrer ?Loulou - Non, vous verrez directement ça avec Ange.Denise - Mais elle ne veut rien changer ! Peut-être qu'après avoir vu ma proposition vous m'appuierez.Loulou - Je ne pense pas non. Voyez directement ça avec Ange.Denise - Merci quand même.Loulou - Ne prenez pas cet air pincé, ce n'est pas vous qui vous cognez les clefs de bras à longueur de journée. Je suis

désolé, mais je ne peux vraiment rien faire pour vous sans mettre en péril une partie de mon squelette. Vous me comprenez ?

Denise - Oui, monsieur.Loulou - Je vais m'habiller.

Il sort. Corne de brume. Olivier a peur, crie et se coupe.Olivier - C'est quoi ?Odile - La reine mère. La langue de belle-mère, c'est qu'elle veut quelque chose, la corne de brume, c'est qu'elle n'est pas

contente.Olivier - Hein ?Odile - Tu comprendras vite, crois-moi.

Josiane entre en poussant le fauteuil de sa mère.Josiane - Qu'est-ce qu'il y a encore ? On ne pouvait pas voir la fin de ton dessin animé, il fallait faire les courses.

Corne de brumeJosiane - C'est bon maintenant, tiens je te laisse là puisque tu es méchante.

Elle l'amène derrière le comptoir.Denise - Je crois que votre mère a très envie d'aller en cuisine.Josiane - Mais non, elle est bien avec vous.Denise - Je vous assure que quand elle...Josiane - Non.

Josiane va en cuisine. Langue de belle-mère.Denise - Ah non, ça va pas commencer !

Corne de brume.Denise - Bon, quoi ?

Cerise sort des toilettes pomponnée.Cerise - Bonjour.Denise - Vous êtes déjà là Cerise ?Cerise - On va dire ça comme ça. Je peux avoir un thé ?Denise - Florence, un thé, pour Cerise.Florence - Il est prêt. Voilà voilà.

Murièle revient de son bureau, en cuisine.Josiane - Bonjour tout le monde. Vous foutez quoi là vous ?Odile - C'est le nouveau que votre sœur a embauché.Josiane - Ah oui, comme si on n'était pas déjà assez dans la merde comme ça. Bienvenue sur le Titanic.

Elle sort.Olivier - Elle voulait dire quoi ?Odile - Rien, elle râle tout le temps.Olivier - Elle a fait du catch elle aussi ?Odile - Oui, championne de France en double avec Ange en mille neuf cent soixante quinze. Mais comme elle n'a jamais

gagné le moindre titre en individuel, elle est un peu jalouse de sa sœur.Murièle revient.

Murièle - Je suis presque prête. Bon, nous en sommes où ? Aujourd'hui, nous restons traditionnels, demain, nous franchissons le Rubicon. Nous commençons par les tenues. Ici, nous sommes dans une cuisine, pas dans un hall de gare. Voilà pour vous, Odile.

Odile - Merci.Olivier - C'est un peu grand non ?Murièle - Jeune homme, cette tenue était celle de mon défunt mari. Trois étoiles dans le Michelin. Respectez- la.Olivier - Oui.Odile - Son mari, trois étoiles dans le Michelin. Elle zéro étoile chez Micheline.Murièle - Alors jeune homme ? Ces carottes ont-elles été correctement limonées avant la coupe ?Olivier - Pardon ?Murièle - Je vous demande si vous avez limoné les carottes ?Olivier - Je ne sais pas.Murièle - Comment vous ne savez pas ?Olivier - Ce que ça veut dire.Murièle - Coup de cuillère en bois sur la tête. Si vous voulez travailler ici, il va falloir apprendre un peu de vocabulaire,

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jeune homme. Limoner signifie laver à l'eau claire.Olivier - Oui.Murièle - Oui quoi ?Olivier - Oui chef.Murièle - Coup de cuillère en bois. Oui, vous avez compris ou oui les avez-vous limonées ?Olivier - Oui. Oui.Murièle - Bien, quand vous aurez fini, vous habillerez les volailles.Olivier - Euh... Oui.Murièle - Cuisson à l'anglaise pour les carottes. Odile ?Odile - Oui madame, sans problème.Murièle - Ah pour les volailles, manchonnées bien sûr.Olivier - Bien sûr.Murièle - Je vais masquer les desserts. Vous m'appelez quand vous êtes prêts pour les cuissons. N'enfournez pas sans moi !Olivier - D'accord.

Murièle ressort.Olivier - C'est toujours comme ça ?Odile - Non, elle est moins pire d'habitude.Olivier - C'est moi ?Odile - Non, je crois que c'est la visite de Sarko qui la met sur les nerfs.Olivier - Sarko va venir ici ? Quand ?Odile - Demain midi. Enfin, il paraît que c'est vrai.Olivier - Dingue. Mais qu'est-ce qu'il vient faire dans ce trou ?Odile - J'en sais rien. Allez bosse. Autre chose, je suis née ici. Dans ce trou.

Côté salle Cerise boit son thé e écoutant un mp3. Il semblerait qu'elle pleure. Langue de belle mère.Denise - Oui ? ... Cerise ? CERISE ?

Cerise, sans se retourner, doucement met son doigt sur la bouche signifiant "chut". Elle semble en extase. Puis elle fait signe que Denise peut amener la mère près d'elle. Depuis une pièce adjacente à la cuisine.

Murièle - Jeune homme ? L'habillage des volailles ?Olivier - Je m'y mets. Odile, c'est où les fringues pour les poulets ?Odile - Ça veut dire qu'il faut que tu les prépares pour la cuisson, c'est tout. Je vais le faire. Finis tes carottes.Olivier - Merci.

Une fois toutes les deux à la même table, Cerise passe un écouteur à la mère. Elles se mettent à pleurer toutes les deux.

Cerise - Chanteuse.Noir.

Acte 3

Tout le monde est à sa place mais personne ne travaille. Il n'y a aucun client. Coup de cuillère

Murièle - Ce n'est pas lié ça ! Ce n'est pas lié, c'est plâtré, cimenté ! Regardez ce que vous avez fait ! Je ne peux même plus enlever la cuillère.

Olivier - J'ai fait ce que vous m'avez dit. J'ai lutté.Murièle - Lutter, c'est fermer hermétiquement le couvercle d'une cocotte avec un cordon de pâte, ce n'est pas se battre avec la

sauce jusqu'à ce qu'elle rende l'âme !Olivier - Je suis désolé. Coup de cuillère sur la main.Murièle - Recommencez.Olivier - Mais, nous n'avons aucune commande.Murièle - Il faut être prêt à chaque instant.Josiane - Vous allez le lâcher un peu. On n'est pas dans une caserne ici.Murièle - Si nous avons la moindre remarque de la part d'un client, vous en prenez la responsabilité.Josiane - Un, faudrait qu'il y en ait au moins un de client, deux, j'ai jamais eu la moindre remarque concernant le boudin

purée de la part d'un routier.Ange revient de son footing. Elle est en sueur. Elle fonce directement en cuisine et s'assoit à la table pour manger.

Ange - La vache. Je me suis déchirée aujourd'hui. Elle mange un peu. Quelle heure est-il ?Josiane - Treize heures.Ange - Le service est déjà fini ?Josiane - Il n'a même pas commencé, on n'a pas eu un seul client.Ange - Vont arriver.Josiane - Ouais, c'est ça.Ange - Où est Loulou ?Josiane - Parti chercher un type qui s'est perdu dans la cambrousse. J'ai pas tout compris, il avait l'air pressé.Ange - Le type ?Josiane - Non, Louis.

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Ange - Mais c'est qui ce type ?Josiane - Tu m'écoutes des fois quand je te parle ? Je te dis que j'ai pas compris ce que Louis a dit. Il est sorti en courant et il

m'a balancé qu'il allait chercher un type perdu dans la cambrousse.Ange - Oh oh ! Menu menu hein ? Je suis pas d'humeur à me faire houspiller.Josiane - Ça tombe bien moi non plus.

Florence arrive en courant depuis l'extérieur.Florence - Y'a monsieur Louis qui ramène un client. Il a l'air riche, il est en costume.Loulou - Micheline ! Ah Mamour, tu es là. Il y a un monsieur, Christian Fourrien qui veut te parler.Josiane - Ça tombe bien, nous non plus on fout rien.Ange - Qui c'est ce gugusse ?Loulou - Le responsable de la sécurisation du lieu pour Sarko. Il travaille pour l'Élysée.Ange - Pff, ça commence à me gaver cette histoire.Loulou - Tu ne veux pas mettre une veste de survêtement mamour, ton tee-shirt est presque transparent avec ta transpiration.Ange - Je te l'accorde, faudrait pas que ça l'énerve l'autre. Florence, dans mon placard, y'a une veste, vous pouvez me

l'apporter s'il vous plait ?Florence - Tout de suite.Ange - Bon, il veut quoi ? Loulou - J'en sais rien moi. Regarder si Sarko peut venir en toute sécurité, repérer les lieux, nous donner une marche à

suivre.Josiane - Va pas être déçu le coco.Murièle - Au niveau de la cuisine, nous serons au top.Loulou - Je ne pense pas qu'il y ait de goûteur pour le président de nos jours.Ange - Et il est où ton Fourrien là ?Loulou - Il fait le tour du restaurant, il m'a dit qu'il n'en avait pas pour longtemps.Josiane - Quand il va savoir qu'on n'a aucun client, il va se débiner le Sarko.Loulou - C'est normal qu'il n'y ait personne aujourd'hui.Ange - Comment ça ?Loulou - Ils ont bouclé le périmètre sur deux kilomètres à la ronde. Personne ne sort de chez lui jusqu'à demain quatorze

heures. Sécurité.Odile - C'est de la paranoïa à l'état pur.Loulou - Ils font même le tour des fermes alentour pour confisquer les œufs. Ordres du préfet.Odile - Ben il tient à son poste celui-là.Josiane - Ils auraient pas pu le dire avant ces cons là, on aurait fermé pour la journée.Murièle - Au lieu de préparer trente repas que l'on va devoir jeter.Ange - T'as raison pour une fois, faut vraiment être con. Tiens ça me met les nerfs. Qu'il vienne Fourrien. Florence revient

avec la veste de survêtement. Merci Florence, pas besoin de ma veste, je suis chaude et je vais le rester.Loulou - Pas d'affolement, il m'a dit que nous serions intégralement remboursés pour toutes les pertes occasionnées. Josiane - Un peu facile ça.Loulou - Mamour, calme toi.Ange - J'ai pas vraiment envie de me calmer.Josiane - Moi non plus. En duo, comme au bon vieux temps.Ange - Comme au bon vieux temps.Loulou - Je lui ai dit que nous faisions en moyenne deux-cents couverts. Mais que nous étions plutôt dans une période de

trois-cents couverts par jour. Entre aujourd'hui et demain, ils vont nous dédommager pour six-cents couverts.Murièle et Josiane - Six-cents !!!Ange - Loulou, c'est toi le meilleur. Prise d'amour et bisou. Applaudissements.

Côté salleFourrien - Bonjour, madame, vous êtes la patronne ?Denise - Non, elle est à côté, je vais la chercher.Fourrieen - Ne vous donnez pas cette peine, je vais à sa rencontre.Murièle - On prépare pour combien de personnes demain ?Loulou - Cent-cinquante.Odile - Il vient avec un harem ou quoi ?Fourrien - Bonjour tout le monde. Pour répondre à votre question madame, il y aura le président de la République, le préfet de

région, dix officiels et cent quarante figurants, dont une bonne partie sont des policiers affectés à la sécurité du président.

Ange - Y risque pas grand-chose avec tout ça. Florence, ma veste s'il vous plait.Fourrien - Vous êtes... ?Loulou - Je vous présente Micheline …Ange - Je suis l'ange bleu, propriétaire du lieu.Fourrien - Enchanté. En fait, je savais qui vous étiez, nous savons déjà tout sur tout le monde. Excepté ce jeune homme. Murièle - C'est mon cuisinier en second. Il est arrivé ce matin.Fourrien - Allez voir mon collègue dehors pour décliner votre identité, nous devons effectuer des recherches sur vous.Olivier - Si vous trouvez quelque chose, je serais content.Fourrien - Pourquoi donc ?

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Olivier - Ça me prouvera que j'existe. Il sort vers la salle.Ange - C'est un brave gosse, il n'a jamais rien fait de mal.Fourrien - On verra.

Pendant que Fourrien sous les yeux de tous examine la cuisine.Denise - Alors ?Olivier - Ben rien, il m'a viré avant de dire quoi que ce soit. Je dois aller me faire vérifier le cursus.Cerise - Le cursus ? Ça m'étonne pas. Ils font des touchers rectals pour tout et n'importe quoi maintenant.Maxime - Non, c'est juste une vérification d'identité.Cerise - Peut-être. C'est toujours comme ça avec les poulets, ils verbalisent et après seulement, ils trouvent pourquoi. Plus

t'en vois, plus tu flippes. Alors que ça devrait être le contraire.Fourrien - Nous posterons quelqu'un ici et ici.Murièle - Pourquoi faire ?Fourrien - Il faut poster. Plus on poste plus c'est sécurisé.

Corne de brumeFourrien - C'est quoi ça ?Ange - Ma mère. Elle n'est pas contente.Fourrien - Pas de ça demain, vous la laissez chez vous.Ange et Josiane - Hors de question. Josiane - Elle est dans un fauteuil roulant et ne peux rien faire seule.Fourrien - Alors vous lui retirez des mains tout ce qui peut faire du bruit comme ça. Le Président ne veut pas être perturbé par

quoi que ce soit, le planning est très serré.Odile - Comme ses fe...Fourrien - Oui ?Odile - Son planning.Fourrien - Exactement. Bien, veuillez noter. Arrivée de la sécurité à dix heures, arrivée du président à onze heures quarante

cinq, discours du président douze minutes trente, félicitations et photos, déjeuner de midi trois à midi huit.Loulou - Pardon, je n'ai pas compris.Fourrien - Midi cinq à midi huit.Loulou - Trois minutes ?Fourrien - Exactement, le président n'a pas le temps de s'éterniser.Murièle - Faut que je prépare tous les plats à l'avance. Dois-je les regrouper dans une seule gamelle ?Fourrien - Restez respectueuse, s'il vous plait.Murièle - Comment peut-on manger en trois minutes un repas complet préparé avec soin et délicatesse.Denise - Et servi avec incandescence.Murièle - Je ne pense pas que ce soit le mot approprié.Denise - Je ne vous demande pas ce que vous pensez, d'ailleurs, vous y arrivez maintenant ? A penser ?Murièle - Oh que ça fait mal ! Oh que cette remarque acide fait mal ! C'est tout ce que vous pouvez faire ?Fourrien - Je dérange ? Bien, Le président ne mangera pas, vous lui servirez les plats, un par un, quelques photos et prises de

vue de chaque plat, c'est suffisant pour les journalistes. Personne ne veut perdre de temps à regarder le roi manger, c'est fini ce temps là.

Ange - Tout ça c'est du pipeau alors ?Fourrien - Si vous la bouclez, personne n'en saura rien et vous aurez votre pub gratuite !Loulou - On n'a pas le choix Ange. Il faut faire comme monsieur Fourrien le dit.Josiane - Remarque c'est pas plus mal, le cirque durera moins longtemps.Odile - Exactement.Fourrien - Bien, quand tout le monde est sur la même longueur d'ondes, ça se passe mieux et plus vite. Excusez-moi. Il prend

son téléphone.Denise - Oui mais dans ces conditions, il n'y a que le service qui n'est pas mis en valeur...Ange - Vous fermez-là ou je vous case dans une boite à godasses.Denise - Bien.Fourrien - Ouais, c'est moi. Tu peux déclencher la procédure, le lieu est totalement sûr. Faudrait être con pour venir emmerder

Big Boss dans un trou pareil. Demain, plus personne y pensera... Non, madame la présidente ne vient pas, elle n'a vraiment pas besoin. Remarque, elle serait mise en valeur parce que la femelle du coin, c'est pas le même calibre, surtout au niveau du volume... tu vois ce que je veux dire ? Remarque, je dis ça mais moi, je préfère un peu plus de... Ouais ... Ok.Tout le monde a entendu et est outré. Ange s'approche mielleuse.

Fourrien - Derniers détails, pour le discours, le président à besoin d'une petite estrade, vous avez ?Josiane - Ça en hauteur ça va ?Fourrien - Parfait. Josiane - On a alors.Denise - Hé, mais c'est mon tabouret !Josiane - On a.Fourrien - Très bien, je vous laisse, on se voit demain.Ange - Cher monsieur, même si nous sommes ici dans un trou, nous ne nous quittons jamais sans nous serrer la main.Loulou - Non, mamour, ne fais pas ça.

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Fourrien tend la main, et se retrouve tordu avec un clef de bras.Ange - Vous pouvez répéter ce qu'elles ont les femelles du coin ?

Il tente de se défaire de la prise.Fourrien - Vous avez de la poigne dites donc.Ange - N'est-ce-pas, vous n'aimez pas que les femelles aient de la poigne ?Fourrien - J'aime la poigne.Ange - Vous en avez de la poigne vous, monsieur Fourrien ?Fourrien - J'ai beaucoup de poigne.Ange - On ne dirait pas que vous avez de la poigne.Fourrien - Vous voulez voir ma poigne ?Ange - Montrez-moi votre poigne monsieur Fourrien.

Il se dégage habilement et maitrise AngeFourrien - Alors, vous aimez ma poigne Ange ?Ange - Vous avez un sacrée poigne monsieur Fourrien. Une sacrée poigne.Fourrien - Vingt ans de commandos parachutistes. Qu'est-ce que vous en pensez de ma poigne Ange ?Ange - J'aime bien votre poigne, vous avez une grosse poigne monsieur Fourrien.Fourrien - Vous savez que je peux en avoir une plus grosse poigne si je ne me contrôlais pas ?Ange - Je serais curieuse de voir votre très grosse poigne monsieur Fourrien.

Disant cela, elle change de prise et reprend le dessus.Ange - Alors monsieur Fourrien, elle est où cette grosse poigne ?Josiane - On ne vous dérange pas ?

Ils se séparent, un peu gênés. Ange - Pardon.Fourrien - Bien, cette fois-ci, je m'en vais. Droit dans les yeux d'Ange A demain.Ange - Même regard A demain.Loulou - Ange, il ne faut pas empoigner les gens comme ça.Ange - Je suis désolé Loulou, j'ai pas pu m'en empêcher. Il avait une sacrée poigne tu sais. Tu n'en as pas toi.Loulou - Hésitant, puis trouvant de l'aide dans les yeux de Florence. Non, et je ne le regrette pas.Ange - Moi je le regrette un peu Loulou, mais c'est pas grave.Josiane - Dis donc, t'as pas un peu fini de t'étaler comme ça devant tout le monde.Ange - C'est bon. Me cherche pas je suis chaude.Josiane - Et moi, tu vas pas tarder à me chauffer définitivement aussi.Ange - C'est bon, je vais me changer.Josiane - Deux secondes. Demain, t'as intérêt à te tenir à carreau. Pas question de te laisser aller à tes manipulations.Ange - Oui, c'est bon, je te dis. Je sais me retenir.Loulou - Non, justement.Ange - Vous me gonflez tous les deux. Je vais me changer.

Un temps.Josiane - Bon, on range et tout le monde rentre. Demain, vous savez ce que vous avez à faire.

En salle Cerise partage son mp3 avec la mèreCerise - C'est beau hein ? Elles pleurent. ... Vous croyez qu'elle va venir Carla ?... Moi non plus, je ne sais pas. Peut-être...

Peut-être pas. Ce serait bien qu'elle vienne.... Je vous ai dit que j'aurais voulu être chanteuse.En rangeant Olivier laisse tomber une grosse cocotte sur son pied.

Olivier - Aïe !

Noir

La pièce se déroule en 5 actes. Pour avoir un idée de la pièce, voir le site des Comédiens des Fontaines d'Argent qui ont créé "Un jeudi pas comme les autres".

Www.fontargent.com

En tant qu'auteur, je ne demande pas de droits aux troupes amateurs, mais que simplement chaque comédien achète un texte (prix raisonnable) en s'adressant à : Marc Lepage : [email protected]

Merci

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