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38 Le Journal de la Production N° 107 Septembre-Octobre 2011 Production et numérique C ’est en 1989 que s’opère la rencontre avec Missler Software, au travers de la solution GTL. « Aujourd’hui, nous disposons de l’ensemble des outils logiciels disponibles : CAO, FAO, ERP, et nous avons développé des applications spécifiques en interne à partir des solutions de Missler » raconte Jean-Christophe Boffet, Ingénieur Commercial Export. C’est d’ailleurs Top Solid qui sert de point d’entrée concernant les données de définitions de pièces. Lorsqu’il s’agit de produits conçus par la société bien sûr, mais également lorsqu’il s’agit de fichiers envoyés par le client en provenance de différentes CAO du marché. « À l’aide de Top Solid, nous ouvrons bien entendu des fichiers issus de Solidworks en natif, et sommes en mesure de modifier le modèle directement dans notre solution de CAO. Nous savons également récupérer les données en provenance des autres outils du marché. Même les fichiers issus de Catia V5 sont exploitables. C’est un point important pour nous, car, dès qu’il y a de l’usinage à réaliser, toute définition de pièce passe par Topsolid » poursuit-il. Cette récupération directe minimise le temps d’exploitation et de reconfiguration des données. De nos jours, le système d’informations se trouve au cœur des entreprises, aucune activité ne lui échappe. Pour autant, il n’est pas toujours aisé d’en faire communiquer toutes les composantes. De passerelle en interface, c’est parfois l’agilité de l’entreprise qui en pâtit. Un problème auquel SEEB a choisi de répondre en disposant d’un système d’information intégré, de la conception à la réalisation des équipements, en passant par toutes les opérations administratives. Une piste continue Ce n’est qu’un aspect de l’intérêt que les utilisateurs trouvent dans la solution intégrée que propose l’éditeur. Pour Bertrand Lajugie, directeur financier de l’entreprise, c’est une filiation ininterrompue des actions qui est ainsi garantie. « Ce qui est primordial, c’est la piste d’audit. Ce que l’on attend d’un système ERP, c’est la présence de liens entre toutes les composantes informatives et, qu’à aucun moment le système ne coupe ces liens. Or, dans de nombreuses solutions, il arrive fréquemment que ces relations soient rompues lors d’un calcul ou d’un traitement », précise-t-il. L’idée, c’est que, pour des simplifications de traitement, une commande va générer Un système d’informations unifié contre le hasard Exemple de châssis usiné par SEEB Industrie pour le domaine du ferroviaire. Site de SEEB à Chauffailles (71) près de Macon. SEEB, c’est quoi ? Un groupe familial créé en 1927, dont fait partie SEEB Industrie aux côtés de Atamec BSMA et LBL Brenta CD. Le métier d’origine de SEEB Industrie, c’est l’usinage. Pour s’adapter, l’entreprise s’est orientée vers différents secteurs produisant tour à tour des pièces de moyenne série, jusqu’à la pièce unitaire de grandes dimensions. Aujourd’hui, le créneau de l’entreprise, ce sont les petites et moyennes séries renouvelables de pièces moyennes et grandes dimensions, mais la vraie clé de la réussite, c’est la forte valeur ajoutée. « Les pièces à faible valeur ajoutée ne se faisant plus en France, se maintenir sur ce marché nous aurait incontestablement été fatal comme ça l’a été pour ceux qui en ont fait le choix », explique Jean-Christophe Boffet. « Pour éviter cela, nous avons évolué par rapport aux demandes de nos clients qui sont, dans leur grande majorité, des donneurs d’ordres de rang 1, dans les domaines des biens d’équipements, de l’armement, de l’énergie, du ferroviaire… » 50 % d’usinage, 50 % d’assemblage, une capacité à installer des ensembles complets partout dans le monde, une maîtrise en interne de tous les métiers intervenant sur une machine spéciale (mécanique, électricité, électronique, hydraulique…) sont aujourd’hui quelques- uns des meilleurs atouts de l’entreprise qui réalise 20 % de son chiffre d’affaires à l’export.

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38 • Le Journal de la Production • N° 107 • Septembre-Octobre 2011

Production et numérique

C’est en 1989 que s’opère la rencontre avec Missler Software, au travers de la solution GTL. « Aujourd’hui, nous

disposons de l’ensemble des outils logiciels disponibles : CAO, FAO, ERP, et nous avons développé des applications spécifiques en interne à partir des solutions de Missler » raconte Jean-Christophe Boffet, Ingénieur Commercial Export. C’est d’ailleurs Top Solid qui sert de point d’entrée concernant les données de définitions de pièces. Lorsqu’il s’agit de produits conçus par la société bien sûr, mais également lorsqu’il s’agit de fichiers envoyés par le client en

provenance de différentes CAO du marché. « À l’aide de Top Solid, nous ouvrons bien entendu des fichiers issus de Solidworks en natif, et sommes en mesure de modifier le modèle directement dans notre solution de CAO. Nous savons également récupérer les données en provenance des autres outils du marché. Même les fichiers issus de Catia V5 sont exploitables. C’est un point important pour nous, car, dès qu’il y a de l’usinage à réaliser, toute définition de pièce passe par Topsolid » poursuit-il. Cette récupération directe minimise le temps d’exploitation et de reconfiguration des données.

De nos jours, le système d’informations se trouve au cœur des entreprises, aucune activité ne lui échappe. Pour autant, il n’est pas toujours aisé d’en faire communiquer toutes les composantes. De passerelle en interface, c’est parfois l’agilité de l’entreprise qui en pâtit. Un problème auquel SEEB a choisi de répondre en disposant d’un système d’information intégré, de la conception à la réalisation des équipements, en passant par toutes les opérations administratives.

Une piste continue

Ce n’est qu’un aspect de l’intérêt que les utilisateurs trouvent dans la solution intégrée que propose l’éditeur. Pour Bertrand Lajugie, directeur financier de l’entreprise, c’est une filiation ininterrompue des actions qui est ainsi garantie. « Ce qui est primordial, c’est la piste d’audit. Ce que l’on attend d’un système ERP, c’est la présence de liens entre toutes les composantes informatives et, qu’à aucun moment le système ne coupe ces liens. Or, dans de nombreuses solutions, il arrive fréquemment que ces relations soient rompues lors d’un calcul ou d’un traitement », précise-t-il. L’idée, c’est que, pour des simplifications de traitement, une commande va générer

Un système d’informations unifié contre le hasard

Exemple de châssis usiné par SEEB Industrie pour le domaine du ferroviaire.

Site de SEEB à Chauffailles (71) près de Macon.

SEEB, c’est quoi ?Un groupe familial créé en 1927, dont fait partie SEEB Industrie aux côtés de Atamec BSMA et LBL Brenta CD. Le métier d’origine de SEEB Industrie, c’est l’usinage.

Pour s’adapter, l’entreprise s’est orientée vers différents secteurs produisant tour à tour des pièces de moyenne série, jusqu’à la pièce unitaire de grandes dimensions. Aujourd’hui, le créneau de l’entreprise, ce sont les petites et moyennes séries renouvelables de pièces moyennes et grandes dimensions, mais la vraie clé de la réussite, c’est la forte valeur ajoutée. « Les pièces à faible valeur ajoutée ne se faisant plus en France, se maintenir sur ce marché nous aurait incontestablement été fatal comme ça l’a été pour ceux qui en ont fait le choix », explique Jean-Christophe Boffet. « Pour éviter cela, nous avons évolué par rapport aux demandes de nos clients qui sont, dans leur grande majorité, des donneurs d’ordres de rang 1, dans les domaines des biens d’équipements, de l’armement, de l’énergie, du ferroviaire… »

50 % d’usinage, 50 % d’assemblage, une capacité à installer des ensembles complets partout dans le monde, une maîtrise en interne de tous les métiers intervenant sur une machine spéciale (mécanique, électricité, électronique, hydraulique…) sont aujourd’hui quelques-uns des meilleurs atouts de l’entreprise qui réalise 20 % de son chiffre d’affaires à l’export.

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Le Journal de la Production • N° 107 • Septembre-Octobre 2011 • 39

CFAO GMAO Usine numérique ERP/GPAO

un besoin, et celui-ci des commandes d’approvisionnements externes, divers ordres de fabrication ; va donner lieu à des entrées et sorties de stock… Dans un système qui ne respecte pas les liens, les besoins seront pris en compte, les commandes passées…, les clients livrés, sans nécessairement conserver les relations entre ces diverses actions. « Pour des simplifications et une plus grande rapidité de calcul, beaucoup de systèmes stockent des historiques, coupent le lien et repartent à neuf. Dans de tel cas, il est alors impossible de savoir que tel OF a servi tel BL, que ce BL a servi tel client, tel jour, à telle heure. Le système dont nous disposons ne fait pas ce genre de raccourci, ce qui nous offre une traçabilité quasiment totale des actions productives et administratives » assure le directeur financier.

Bien sûr, pour mettre en place ce genre de démarche, l’outil ne suffit pas. Pour satisfaire de telles exigences, il faut assurer un paramétrage adéquat du système, avoir des flux parfaitement identifiés et faire preuve d’une rigueur de saisie à tous les niveaux. C’est ce schéma exemplaire qu’a mis en place SEEB. « Le résultat que nous avons obtenu est du à l’outil fourni par Missler qui le permet, à nos équipes qui jouent le jeu et à notre équipe de suivi, Jean-Christophe et Romain Boffet ainsi que Vyrgil Tardy, qui ont œuvré à la mise en place dans l’entreprise », indique Bertrand Lajugie.

Une copie conforme de la réalité

Pour en arriver là, le déploiement de la solution a fait l’objet d’audits dans chacun des services de l’entreprise et d’une ana-lyse fine de l’organisation au travers des actions de production et des flux d’infor-mations. Il est indispensable de mettre en phase le fonctionnement « intime » de l’en-treprise avec la structure de la base de don-nées. « Dans notre métier, il n’est pas rare que plusieurs références fassent appel à un stade intermédiaire commun, ou que la dif-férenciation entre deux références se fasse à un stade tardif de la gamme. Pour que de tels cas ne pervertissent pas notre suivi de production, nous créons autant de réfé-rences intermédiaires qu’il y a de dériva-tions possibles. Ainsi, toutes les références

concernées disposent d’une nomenclature qui fait apparaître le stade intermédiaire, comme n’importe quel autre composant. De la sorte, il est fréquent d’avoir dans nos ateliers des OF qui servent un autre niveau d’OF qui, à leur tour, font de même avant de se rattacher à une commande. Il nous arrive d’avoir jusqu’à 4 niveaux différents dans notre description, mais en fait, il n’y a pas de limite », explique Jean-Christophe Boffet. Cette structuration du système d’in-formation n’est pas le fruit du hasard. Ce sont les contraintes imposées par les com-mandes de nos clients en termes de struc-turation de données et les besoins de suivi financier s’y rapportant qui ont présidé à son élaboration. « Au final, il faut que les encours soient connus et que les prix de revient soient justes », résume-t-il. « Nous avons donc pris la détermination de ces deux valeurs comme un de nos objectifs, dès le début du déploiement ».

Pas de mauvaise surprise

Dans ce contexte, l’idée d’un devis qui ne serait qu’une approximation de la gamme finale n’est pas acceptable. Il n’y a donc

pas une offre faite sans qu’un devis détaillé soit établi auparavant. Lors de l’établis-sement du devis, et ce, même pour les grosses nomenclatures, c’est l’intégralité de l’arborescence qui est descendue, et en terme de chiffrage, nous allons jusqu’à la gamme exacte sans les commentaires. Ainsi, lors de la transformation de l’offre en commande, la gamme sera l’exact reflet du devis enrichi des informations détaillées de prise de pièces et autres renseignements utiles à la production.

Grâce à cette structuration des informations et au fonctionnement de l’entreprise, il est possible d’analyser très finement les prix de revient et de mesurer les écarts entre les prévisionnels et les réalisés. Plusieurs niveaux d’analyse sont envisageables, avec une approche par commande ou OF pour les besoins commerciaux jusqu’à une approche par opération pour une analyse plus précise des coûts de production. De cette manière, si un écart apparaît entre les prévisions du devis et les constats réalisés lors de la production, il pourra être détecté, analysé et traité par une modification du devis. « C’est cette analyse qui nous permet, années après années, d’améliorer la qualité de nos devis, et d’être encore dans la course », conclut Jean-Christophe Boffet.

En investissant dans des moyens de production imposants, le groupe s’est spécialisé pour une part dans l’usinage des pièces de moyennes et grandes dimensions à forte valeur ajoutée.

La construction d’ensemble complexes, comme cet outillage off-shore, représente la moitié de l’activité de l’entreprise.