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Un Voyant dans la ville by François LaplantineReview by: Françoise ChampionArchives de sciences sociales des religions, 31e Année, No. 62.2 (Oct. - Dec., 1986), pp. 290-291Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30126888 .

Accessed: 09/06/2014 16:50

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

litres concernant les rapports interconfession- nels et ce qu'on n'appelait pas encore l'oecu- m6nisme catholique avant les ann6es 30. II nous parait int6ressant, de ce point de vue, que - selon R.L. - l'entreprise portalienne tour- ne autour de la notion de r6forme : < l'unit6 est au terme d'une r6forme convergente des Egli- ses (p. 489).

Sur un point au moins le cas Portal reste obscur: qu'est-ce qui explique l'attirance de ce lazariste A la formation intellectuelle mo- deste sur tant d'universitaires et de chercheurs - frangais et 6trangers - incontestablement brillants ? Evoquer le cas parallble et contem- porain de M. Pouget, 6galement lazariste, n'ex- plique rien. Peut-6tre faut-il accepter qu'une biographie ne dissipe pas complktement le mystbre de l'homme qu'elle 6tudie. Surtout lorsque, comme dans le cas present, elle l61u- cide tant d'autres problkmes et apporte du nouveau sur tant de points.

Jean S6guy.

62.320 LAFON (Michel). Vivre Nazareth aujourd'hui. La famille spirituelle de Charles de Foucauld. Paris, Fayard, 1985, 80 p. (album illustr6).

Fait exceptionnel de nos jours: le P. de Foucauld (1858-1916) est A l'origine d'une spi- ritualit6, A la fois 6cole et famille, fond6e sur I'imitation de Nazareth, le temps de la vie cach6e. II a invent6 une nouvelle conception de la vie religieuse et de l'existence mission- naire, qui a donn6 lieu A des r6alisations d6jia bien diversifides: lui-meme est 6t6 bien en peine d'imaginer toutes ces interpr6tations qui se rattachent A lui avec une grande libert6 et beaucoup d'ouverture.

La premibre < r6union de famille s'est tenue en 1955, suivie par la constitution d'une Association qui regroupait l'ensemble des cou- rants repr6sent6s. Celle-ci dispose d'un bul- letin qui < permet A tous les groupements de la famille spirituelle de Ch. de Foucauld de s'ex- primer >> (p. 78). On notera qu'il s'agit des groupements qui se reconnaissent entre eux, et non de tous les catholiques, < A la sensibilit6 spirituelle trbs contrast6e >, qui se reconnais- sent en lui: ( qu'ils soient qualifies de tradi- tionalistes, voire d'int~gristes - en France, on adore coller des 6tiquettes - ou qu'ils parti- cipent aux nouvelles communaut6s charisma- tiques >, pr6cise M.L., avec une allusion trans- parente A l'abb6 de Nantes. Le rayonnement

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posthume de l'ermite de Tamanrasset m6rite, on le voit, une attention s6rieuse.

lmile Poulat.

62.321 LANG (Bernhard), 6d. Das tanzende Wort. Intellektuelle Rituale in Religionsvergleich. Munich, Kosel, 1984, 119 p.

Une anthropologue qui est aussi historien- ne de l'art, un ethnologue, un professeur ca- tholique d'ex6g~se v6t6ro-testamentaire, une historienne des religions collaborent ici A une approche pluridisciplinaire et comparative de << rituels intellectuels A. Dans la proph6tie, la parole danse (d'oi le titre du livre); le pro- ph~te lui-m~me danse parfois d'ailleurs, et ses disciples imm6diats aussi. Dans la ( routini- sation A, le danser devient rite et 6ven- tuellement rite-t6moin, jusqu'a laisser toute la place A la seule parole. Dans cette perspective, la modemit6 contemporaine, avec ses caract6- ristiques de rationalisation et d'intellectuali- sation A outrance pousse les choses A bout. La parole proph6tique ne sert plus que de pr&- texte A des bruits de paroles rationnelles. Seuls les mouvements de ( protest paraissent d6- sormais susceptibles d'accueillir la possession par la danse.

L'ouvrage, dont les intentions critiques A l'6gard des r6formes liturgiques contemporai- nes dans les grandes Eglises sont 6videntes, n'en revet pas moins un extreme int6ret, dans la mesure oi il pose des jalons pour une socioph6nom6nologie comparative des rites religieux. Eventuellement, d'ailleurs, il va plus loin, sugg6rant ici ou lA, au passage, la com- munication qui s'6tablit parfois entre rites religieux et non-religieux. Les contributions r~unies par B.L. touchent au judaisme du XVIIe si~cle et au judaisme antique, au pro- testantisme du XIXe si~cle, au bouddhisme et A l'hindouisme contemporains.

Jean S6guy.

62.322 LAPLANTINE (Frangois), 6d. Un Voyant dans la ville. Paris, Payot, 1985, 263 p.

GM. de Bellerive, voyant lyonnais fort connu a accept6 qu'une enqu~te pluri-disci- plinaire soit men6e << sur lui >... ou plut6t Savec lui >: il est un des auteurs du livre

(pour c< retracer la genbse de cette qualit6 qu'il

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qualifie de sensitive >), il a 6t6 6troitement associ6 A toutes les initiatives de recherche jouant dans la plupart un r61e de m6diateur tout A fait crucial (entretiens avec ses clients et avec ses amis a savants >), il a marqu6 de sa personnalit6 (avec " sa sensivit6 qui lui fait vivre toutes les relations en termes d'empathie, antipathie, d'accrochage possible ou non avec I'autre, de communication psi >) l'histoire du groupe de chercheurs (R. Alouche, A. Brun, F. Laplantine, Frangoise Laplantine, E. Moulin, P.L. Rabeyron).

L'option d'une approche plurielle est int6- ressante: les chercheurs sont de sp6cialit6s diverses et de convictions diff6rentes quant la question de ce que la recherche peut per- mettre: uniquement la saisie des conditions sociales et psychologiques de la voyance ou 6galement une confrontation de deux ratio- nalit6s. Ils pr6sentent leurs r6sultats selon sept grands axes : < l'6tude du contexte historique et culturel dans lequel s'inscrit la pratique de G. de Bellerive, l'expos6 que ce dernier fait de sa facult6 et de son m6tier, l'approche psy- chologique centr6e sur le discours du voyant, l'analyse sociologique centr6e sur ses clients, I'6tude du ph6nombne consid6r6 du point de vue d'une anthropologie de la communica- tion, d'une anthropologie religieuse, d'une anthropologie de la connaissance mettant en relation la pratique du voyant A la science et A la m6decine contemporaines >.

On a appr6ci6 les informations fournies sur ces diffrrents points, ainsi que nombre de remarques justes et stimulantes, notamment sur la mithodologie de la recherche: sur les relations chercheurs-enqu~t6s, sur l'implica- tion et l'interpellation des chercheurs - par ex., cette r6flexion de P.L. Rabeyron sur les menaces de surgissement ( d'angoisses para- noldes > que peut provoquer l'irrationnel pa- ranormal: < au-delA des rationalisations pos- sibles (et tout A fait justifiables scientifique- ment) pour rendre compte de notre nombre et de notre pluridisciplinarit6, on peut se deman- der si ne s'est pas ainsi r6alis6 un habile compromis : dire chacun quelque chose de la voyance en ne nous engageant que pour une part >.

Cet ouvrage offre certes un fourmillement de r6flexions stimulantes mais est aussi fort irritant par son impressionnisme: on suggbre sans vraiment approfondir. Ainsi sur le r61e des < messages non verbaux > dans la relation de voyance, sur les hypotheses l61abor6es par les scientifiques qui 6tudient les ph6nombnes

BULLETIN DES OUVRAGES

para-normaux, sur les hypotheses syst6mi- ques et psychanalytiques (celles-ci sont les mieux argument6es), sur les hypotheses de r6versibilit6 du temps dans le domaine de la micro-physique, sur la pauvret6 de nos cat6- gories mentales quand on les compare A celles fonctionnant dans les soci~t6s traditionnelles, sur l'arbitraire des paradigmes scientifiques. Ce n'est ni la < polyphonie > des approches, ni en lui-m~me le syncr6tisme des r6f6rences qui sont genants mais la tendance A faire trop rapidement feu de tout bois quant aux multi- ples courants contestataires de la rationalit6 scientifique classique.

Frangoise Champion.

62. 323 LA ROCCA (Tommaso). La Critica marxista della religione. Bolo- gne, Cappelli, 1985, 165 p.

D6ja connu par ses recherches sur Gramsci et la religion (cf.Arch., 49, no 188 et 53, nA 516), T.L.R. 61argit ici l'6ventail pour inclure Marx, Engels et Bloch dans sa perspective, qui passe bien sir encore par Gramsci.

Trois id6es dominent les analyses pr6sen- t6es dans ce livre : en premier lieu la critique marxiste repr~sente l'entreprise la plus radi- cale de d6construction religieuse jamais ten- t6e (d6construction idbologique de la religion chez Marx; d6construction socio-historique du christianisme chez Engels ; d6construction politique du catholicisme chez Gramsci; d6construction du message biblique chez Bloch). En deuxibme lieu, le marxisme lui- m~me, en reprenant en termes nouveaux, s&- cularis6s, rationalis6s, alternatifs, la double id6e chr6tienne de perdition et de salut se pose en vis-A-vis incontournable du christianisme (comme un messianisme analogique, s'il est permis au recenseur d'utiliser cette expres- sion). Ces deux id6es premieres annoncent la troisibme, celle oh elles se r6concilient dialec- tiquement : pour T.L.R. la critique marxiste de la religion est ambigue dbs le commence- ment; destructrice et reconstructrice A la fois. La perspective finale de I'A. se r(f~re A L. Gold- mann et A sa vision du marxisme comme foi, par oA Bloch et son " ath6isme dans le chris- tianisme > (son christianisme sans dieu si l'on veut) apparait comme le paradoxal mais logi- que accomplissement de la liquidation mar- xienne de la religion.

Les pr6suppos6s idbologiques de ce livre - tourn6 vers le dialogue chr6tiens-marxistes

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