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Un écrivain dans le siècle NINA BERBEROVA CENTIÈME ANNIVERSAIRE DE SA NAISSANCE A CTES SUD

Unécrivain danslesiècle - Actes Sud...NINA BERBEROVA, UN ÉCRIVAIN DANS LE SIÈCLE Le siècle que j’ai aimé, que j’aime encore, mon siècle… NINA BERBEROVA, Antenne 2, 1989

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  • N° D’ÉDITEUR : 4334DÉP. LÉG. : SEPT. 2001ISBN 2-7427-3523-2F7 8061HORS COMMERCE

    Un écrivain dans le siècle

    NINA BERBEROVACENTIÈME ANNIVERSAIRE DE SA NAISSANCE

    “Aujourd’hui, alors que nous célébrons le cen-tenaire de sa naissance, il me revient que, peuavant son décès, alors que j’étais à son che-vet, elle est sortie un instant de l’obscurité oùelle s’enfonçait. «Nous allons maintenant faireun grand voyage, m’a-t-elle dit, et nous auronstout notre temps...» Tout notre temps... N’est-ilpas étrange que le dernier mot qu’elle ait pro-noncé fût ce mot-là ? Le temps – le temps qui,dans tous les sens qu’on peut lui donner, amarqué la vie et l’œuvre de cet écrivain aujour-d’hui à sa place, pour l’éternité, dans la littéra-ture russe et le patrimoine mondial.”

    Hubert Nyssen

    ACTES SUD

    et

    ont apporté leur soutien à la célébration du centenaire de Nina Berberova

  • ISBN 2-7427-3523-2F7 8061

    HORS COMMERCE

    Un écrivain dans le siècle

    NINA BERBEROVACENTIÈME ANNIVERSAIRE DE SA NAISSANCE

    “Aujourd’hui, alors que nous célébrons le cen-tenaire de sa naissance, il me revient que, peuavant son décès, alors que j’étais à son che-vet, elle est sortie un instant de l’obscurité oùelle s’enfonçait. «Nous allons maintenant faireun grand voyage, m’a-t-elle dit, et nous auronstout notre temps...» Tout notre temps... N’est-ilpas étrange que le dernier mot qu’elle ait pro-noncé fût ce mot-là ? Le temps – le temps qui,dans tous les sens qu’on peut lui donner, amarqué la vie et l’œuvre de cet écrivain aujour-d’hui à sa place, pour l’éternité, dans la littéra-ture russe et le patrimoine mondial.”

    Hubert Nyssen

    ACTES SUD

  • Un écrivain dans le siècle

    NINA BERBEROVACENTIÈME ANNIVERSAIRE DE SA NAISSANCE

    1901-2001

    ACTES SUD

  • Cet ouvrage hors commerce, édité à l’occasion du cen-tenaire de Nina Berberova, a été préparé par HubertNyssen et Isabelle Nancy.

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    Dans les années soixante-dix.

    © ACTES SUD, 2001ISBN 2-7427-3523-2

    Photographie de couverture :Nina Berberova, 1936

  • NINA BERBEROVA, UN ÉCRIVAIN DANS LE SIÈCLE

    Le siècle que j’ai aimé, que j’aime encore, mon siècle…

    NINA BERBEROVA, Antenne 2, 1989.

    LORSQUE Nina Berberova meurt à Phila-delphie, le 27 septembre 1993, peu detemps après son quatre-vingt-douzièmeanniversaire, c’est un véritable témoin dusiècle qui disparaît. En effet, dans sa jeu-nesse, elle a vu la chute du tsar et la révo-lution d’Octobre, puis elle a connu l’exil.En France, où elle a passé vingt-cinq ans,elle a vécu les années folles, la guerre etl’Occupation. Enfin, émigrée aux Etats-Unis,elle a découvert le rêve américain, la guerrefroide, elle a assisté de loin d’abord, de prèsensuite (à l’occasion d’un bref retour enURSS), au démembrement de l’empire sovié-tique, puis à la chute de Gorbatchev. Et cen’est qu’à la fin de cette vie tumultueuse,alors qu’elle a plus de quatre-vingts ans,que son œuvre accède soudain à une recon-naissance qui, bien que tardive, sera néan-moins mondiale.

    La Russie est encore sous la férule du tsarquand naît Nina Berberova, le 8 août 1901,

  • à Saint-Pétersbourg. Ses parents – l’un estd’origine arménienne, l’autre russe – viventdans le confort bourgeois que leur confèrele statut de fonctionnaire du père. Pourtant,la famille Berberov n’est pas insensible auxtroubles politiques et sociaux qui sourdenten Russie. La jeune Nina, elle, se chercheune vocation, et s’essaie à des activités di-verses. C’est à la poésie qu’elle décide fina-lement de vouer sa vie et, dès 1921, grâce àla qualité de ses premiers poèmes, elle estadmise à l’Union des poètes de Saint-Péters-bourg. C’est là que se regroupent les talentslittéraires, d’Alexandre Blok à Anna Akhma-tova. Et c’est pour Nina Berberova l’occasionde fréquenter d’autres écrivains, des poètes,ceux que, pour la plupart, le régime com-muniste poussera à l’exil ou au désespoir.

    Dans ce cercle littéraire qui l’admire et lacourtise, Nina Berberova rencontre celui quisera son compagnon pendant plus de dixans, Vladislav Khodassevitch, dont Nabokovdira qu’il fut “le plus grand poète russe duXXe siècle”. Lorsque les événements se préci-pitent, nombre d’intellectuels préfèrent fuirun régime qui se durcit. Nina Berberovaquitte alors la Russie avec son compagnonpour entamer un exil qu’ils croient encoreprovisoire, mais qui deviendra définitif.

    Cet exil, commencé en 1922, conduitNina Berberova et Vladislav Khodassevitchà Berlin d’abord, où s’est réfugiée une fortecommunauté russe. A partir de 1923, le

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  • couple vit dans l’entourage de MaximeGorki et de la baronne Boudberg, avec les-quels on les retrouve à Sorrente, en Italie,avant qu’ils ne partent pour Paris et s’y ins-tallent au mois d’avril 1925.

    Paris est un foyer important de la pre-mière vague d’immigration russe qui s’estregroupée dans des quartiers comme Billan-court. Nina Berberova et Vladislav Khodas-sevitch vivront leurs années d’exil parisiendans ce monde clos de l’immigration quin’aura de cesse qu’il ne les mette en marge,eux qui ne partagent ni la nostalgie tsariste,ni l’idéologie communiste.

    Pour survivre, Nina Berberova fabrique descolliers, copie des cartes postales, mais, sur-tout, elle écrit pour les journaux de l’immi-gration de courtes nouvelles, des critiqueslittéraires, autant de petits textes, parfois sousforme de feuilletons, qui constitueront, unefois réunis, ses fameux Récits de l’exil. Lecouple fréquente l’intelligentsia exilée, maissi Khodassevitch ne se remet pas d’avoirquitté la Russie, Nina Berberova, elle, cultivepeu à peu cet exil qui hante son œuvre depart en part. Dans un de ses poèmes, regrou-pés dans son Anthologie personnelle, elleécrira : “Je le redis, je ne suis pas en exil / Jene cherche pas ma voie, / Je ne suis pas enexil, je suis en mission, / Il m’est doux devivre parmi mes semblables.”

    Cet exil, Nina Berberova le nourritd’une Russie qui lui reste chère, mais elle

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  • accepte la séparation. Une conviction ne laquittera jamais, c’est sa volonté de survivre.Elle n’a pas d’autre idéologie. C’est cela quifera d’elle un témoin essentiel du siècle.Son œuvre ne s’engage ni d’un côté, ni del’autre, mais décrit avec une lucidité sansconcession le jeu des relations humaines.

    Lorsque la Seconde Guerre mondialeéclate en 1939, Vladislav Khodassevitch estmort. La maladie et l’exil auront eu raison delui. Nina Berberova a épousé un peintred’origine russe, Nikolaï Makeiev, avec quielle s’installe à Longchêne. Dans leur petitepropriété, elle écrit, accueille ses compatrioteset, la guerre finie, constate avec amertumequ’une époque est révolue. “A la difficulté dejoindre les deux bouts dans le Paris d’après-guerre, à la disparition du microcosme litté-raire qui, durant un quart de siècle, avaitconstitué mon univers quotidien, à l’ambi-guïté du milieu intellectuel français après1945, dominé par Sartre, Aragon et Eluard,s’ajoutait l’échec de ma vie intime que jedésirais fuir*.”

    En 1950, avec soixante-quinze dollars enpoche, Nina Berberova prend le bateaupour les Etats-Unis. Elle ne parle pas l’an-glais, n’a pas de visa d’immigration. A NewYork, elle retrouve des immigrés, et parmieux Kerenski, Jakobson, ou encore la fille

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    * C’est moi qui souligne, Actes Sud.

  • de Léon Tolstoï. En sept ans, elle occupesept emplois, et songe même à devenirpêcheur, avant qu’on ne lui propose unposte universitaire. De 1958 à 1971, NinaBerberova enseignera la langue, puis la lit-térature russe à Yale et Princeton. Très vite,elle sera reconnue comme une spécialistede cette littérature dont elle connaît tous lesprotagonistes, ceux qui, pour la plupart, ontcomme elle traversé le siècle et vécu l’exil.Et plus tard, elle sera deux fois nomméedocteur honoris causa.

    En 1985, à la lecture d’une traductionde L’accompagnatrice, qu’une ancienneamie de Nina Berberova lui avait envoyée,Hubert Nyssen, le fondateur des éditionsActes Sud, découvre ce qu’il dit être “unpur joyau”. Ce sera le premier romanpublié – dont Claude Miller fera plus tard unfilm – et il devait ouvrir à Nina Berberovales portes d’une reconnaissance mondiale.

    Isabelle Nancy

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    Avec Vladislav Khodassevitch, années vingt.

  • Elle a dix ans de plus que moi et, bien en-tendu, ne le cache pas, parce qu’elle estbelle, et moi pas. Elle est grande, elle a uncorps sain et robuste, qui s’est développénaturellement et librement – moi, je suispetite, sèche, d’apparence maladive bienque je ne sois jamais malade. Elle a des che-veux noirs et lisses, coiffés en chignon sur lanuque – moi, j’ai les cheveux clairs, ternes,je les coupe et les fais friser tant bien quemal. Elle a le visage rond et beau, la bouchegrande, le sourire d’un charme ineffable,les yeux noirs aux reflets verts, moi j’ai lesyeux clairs, le visage triangulaire aux pom-mettes saillantes, les dents petites et espacées.Elle se déplace, elle parle, elle chante d’unemanière si assurée, ses mains accompa-gnent ses paroles et ses mouvements d’unefaçon si calme, si égale, elle garde en elleune espèce de chaleur, d’étincelle – divineou diabolique –, elle a le oui et le non précis.Autour de moi, je le sens, se forme parfoisun brumeux nuage d’incertitude, d’indiffé-rence, d’ennui, dans lequel je frémis commeun insecte de nuit frémit dans la lumièresolaire avant de s’aveugler ou de se figer. Etquand nous paraissions sur l’estrade – elledevant, rayonnante de santé et de beauté,souriant et saluant sans effort, sans rien decompassé, et moi derrière, la robe toujourslégèrement fripée, moi qui étais un peu des-séchée et qui saluais aussi en m’inclinant eten essayant de tenir mes mains comme ci et

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  • non comme ça –, quand nous paraissionstoutes les deux, eh bien, que veux-tu encore,me disais-je, eh bien, que veux-tu encoredans cette vie ? Régler tes comptes ? Prendreta revanche ? Comment ? Contre qui, d’ail-leurs ? Il faut filer doux, plus muette quel’eau, plus basse que l’herbe. Dans cettevie-là, on ne règle pas les comptes. Quantà la vie future, elle n’existe pas !

    L’accompagnatrice,traduit du russe par Lydia Chweitzer.

    “Il est de ces petits livres rares, à peine unpeu plus de cent pages, qui ont la fulgu-rance, l’intensité, la force, la beauté deschefs-d’œuvre. (…) Tendu comme unecorde de violon, fragile et parfait commeune sculpture de glace, L’accompagnatricea la concision, la force, le désespoir, la froi-deur et la passion de ces romans qu’on litune fois, deux fois.”

    Michèle Gazier,Télérama, 29 janvier 1986.

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  • Lettre manuscrite de Nina Berberova adressée àHubert Nyssen, le 5 septembre 1988.

  • UN ALLER-RETOUR PLACE SAINT-SULPICE

    Tout a commencé le 30 mai 1985, au caféde la Mairie, place Saint-Sulpice. C’est làque j’ai rencontré Nina Berberova pour la première fois. Quelques mois plus tôt,j’avais lu une traduction confidentiellede L’accompagnatrice, sans comprendrepourquoi un “petit” récit aussi lumineux,aussi tragique, aussi tchékhovien, écrit enFrance en 1934, avait échappé à la consé-cration. Nina Berberova, je l’avais aussitôtrecherchée, trouvée, appelée à Princeton,et elle m’avait dit en riant : “Eh bien,voyons-nous à Paris, j’y viens bientôt pourl’hommage qu’à l’occasion de son cente-naire on rend en Sorbonne à mon premiercompagnon, le poète Khodassevitch.”

    Ce 30 mai-là, j’ai compris que mon des-tin d’éditeur basculait. Car je découvris alorsque derrière L’accompagnatrice venaientune série de récits de la même étoffe, desessais, une autobiographie, bref, ce quel’on appelle une œuvre. Et au fond des

  • yeux vigilants de Nina, dans son sourireincrédule et sa voix coruscante, ourlée del’accent russe, je voyais se lever près d’unsiècle d’histoire : la chute du tsar, la révolu-tion d’Octobre, l’exil des écrivains, l’émi-gration, les années folles, la guerre etl’Occupation à Paris, le rêve américain, laguerre froide... “Le siècle que j’ai aimé, quej’aime encore, mon siècle...”, dirait-elle en1989, sur la place Rouge, devant les camé-ras qui l’avaient accompagnée dans sonbref et unique retour en URSS.

    En achevant C’est moi qui souligne,en 1966, après vingt-cinq années d’exil enFrance et seize aux Etats-Unis, Nina Ber-berova avait écrit quelques mots d’adieu– pour quels lecteurs dont la plupart igno-raient jusqu’à son nom ? “Désormais, il mefaut vivre face à l’inconnu, ayant épuiséles multiples facettes de l’existence. Je meprépare de la sorte à affronter la dernièreexpérience qui me reste à découvrir (...).Elle ne m’effraie pas pour la bonne raisonqu’elle est inévitable.” Elle écrivait cela àsoixante-cinq ans, comme s’il était troptard pour rêver encore, comme si, dansune retraite paisible, la suite de sa vie nedevait plus avoir d’importance.

    Rien ne lui permettait, en effet, d’imaginerqu’une vingtaine d’années plus tard arrive-rait, non la camarde qu’elle attendait de piedferme, mais la reconnaissance à laquelleelle avait renoncé. Ni de soupçonner que

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  • huit années de consécration compenseraientplus d’un demi-siècle de solitude et d’in-différence. Combien d’écrivains, dans sasituation, auraient alors crevé de chagrin oude déception ! Elle, non. Elle continuait devivre, de lire, d’apprendre, de voyager, sansillusion et sans mélancolie. A Bernard Pivotqui, saisi par sa verve, sa mémoire et savitalité, sur le plateau d’Apostrophes en avril1989 s’exclamait : “Vous êtes un roc !”, elledevait répondre : “Non, je suis un fleuve.”

    Sitôt publiée en France, l’œuvre de NinaBerberova a été passionnément décou-verte en Italie, en Allemagne, aux Etats-Unis et dans plus d’une douzaine d’autrespays dont la Russie (où sa reconnaissanceétait passée par les samizdats). L’accompa-gnatrice avait connu un regain de succèspar l’adaptation de Claude Miller pourl’écran. Et puis, consécration symboliqueque Nina avait reçue dans un éclat de rire :elle avait fait son apparition dans le PetitLarousse illustré...

    Mais sommes-nous si sûrs de toutconnaître d’elle, désormais ? Qu’a-t-elleemporté que nous ne saurons jamais ? Et àtout le moins, comment oublier cette phraselancée un soir, à Philadelphie (où elle apassé les dernières années de sa vie), avecl’air de se moquer devant moi de ceux quiprétendaient la connaître : “Je me demandesi, le moment venu, il se trouvera quelqu’unpour s’asseoir sur mon lit de mort et

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  • entendre le secret de ma vie. Un secret queje ne peux évidemment révéler avant cejour-là...” C’est par des énigmes de cettesorte qu’elle a fait vibrer chacun de sesrécits. Nous resterons longtemps incrédulesdevant sa mort. Avec une question sur leslèvres. Mais où est donc passée Nina Ber-berova ? Où ? Un dimanche d’octobre 1993,en revenant de Philadelphie, j’ai versé quel-ques-unes de ses cendres au pied du pla-tane qui se trouve devant le café de laMairie, à la place Saint-Sulpice, où nousnous étions rencontrés.

    Aujourd’hui, alors que nous célébrons lecentenaire de sa naissance, il me revientque, peu avant son décès, alors que j’étais àson chevet, elle est sortie un instant del’obscurité où elle s’enfonçait. “Nous allonsmaintenant faire un grand voyage, m’a-t-elledit, et nous aurons tout notre temps...” Toutnotre temps... N’est-il pas étrange que le der-nier mot qu’elle ait prononcé fût ce mot-là ?Le temps – le temps qui, dans tous les sensqu’on peut lui donner, a marqué la vie etl’œuvre de cet écrivain aujourd’hui à sa place,pour l’éternité, dans la littérature russe et lepatrimoine mondial.

    Hubert Nyssen

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  • LES ŒUVRES DE NINA BERBEROVADANS L’ORDRE DE LEUR PUBLICATION FRANÇAISE

    PAR ACTES SUD

    L’accompagnatrice, 1985.Le laquais et la putain, 1986.Tchaïkovski, 1987.Astachev à Paris, 1988.Le roseau révolté, 1988.Histoire de la baronne Boudberg, 1988.La résurrection de Mozart, 1989.C’est moi qui souligne, 1989. Prix Gutenberg1990.Le mal noir, 1989.Borodine, 1989.De cape et de larmes, 1990.Disparition de la bibliothèque Tourgue-niev, 1990 (hors commerce).L’affaire Kravtchenko, 1990.Les francs-maçons russes du XXe siècle,1990 (coédition Noir & Blanc).Roquenval, 1991.A la mémoire de Schliemann, 1991.Alexandre Blok et son temps, 1991.Chroniques de Billancourt, 1992.Où il n’est pas question d’amour, 1993.

  • Récits de l’exil, 1993, Babel n° 62 et n° 78.La souveraine, 1994.Zoïa Andréevna, 1995.Les dames de Saint-Pétersbourg, 1995.Le livre du bonheur, 1996.Nabokov et sa Lolita, 1996. Anthologie personnelle (cent poèmescomposés de 1921 à 1983), 1998.Les pommes, 1998 (hors commerce).Les derniers et les premiers, 2001.

    Tous les textes de Nina Berberova n’ontpas encore été publiés. Outre une pièce dethéâtre, intitulée Madame, plusieurs nou-velles inédites, dont Nina avait souhaitéqu’elles ne soient pas publiées de sonvivant, restent à venir. Le court roman Lesderniers et les premiers est un de cesinédits, paru en 1930 sous forme de feuille-ton dans la presse de l’immigration russe.

    “L’histoire de ces émigrés russes qui sesont installés en Provence pour y vivre del’agriculture n’a pas encore la force desdestinées que révéleront L’accompagna-trice, Le laquais et la putain ou encoreAstachev à Paris, et la plupart des person-nages sont mis en scène pour des raisonsdémonstratives. Mais le monde qui peu àpeu peuplera la comédie humaine de Ber-berova est déjà présent, on y trouve lesmêmes gestes las et les mêmes regards

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    lourds, les mêmes illusions perdues et lesmêmes désespoirs insondables. Pour s’enconvaincre, il n’est que d’aller vers les deuxtiers du livre, à la scène qui se passe dans unrestaurant parisien de nuit, où des jeunesfemmes russes exilées, Bertha, Natasha, Meri-tchka, Niousha, entourées par des hommesque l’on verrait bien peints par Soutine,cherchent désespérément à dissimuler leurspeurs et leurs angoisses sous une pathé-tique coquetterie d’aguicheuses. On est déjàlà au niveau de quelques pages inoubliablesdes romans qui suivront et de quelques-unesdes fameuses Chroniques de Billancourt.”

    Hubert Nyssen, extrait de l’avant-propos pour

    Les derniers et les premiers.

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    Avec Hubert Nyssen.

  • LA RECONNAISSANCE

    “Dans les années trente, n’y avait-il doncpas d’esprits assez curieux – et parlantrusse il est vrai – pour lire les feuilles dechou de l’émigration russe et découvrir lesmerveilleuses nouvelles de Berberova ?Non, il n’y en avait pas ou bien ces espritsaventureux ne surent pas faire partagerleur découverte à des éditeurs alors bienchauvins. (…) Dès les années vingt, per-sonne ne voulait écouter les cris de ces«ci-devant» blancs qui n’avaient pas lasympathie de l’intelligentsia parisienne.Aujourd’hui où Leningrad est redevenueSaint-Pétersbourg, la ville de son enfance,la vieille dame de quatre-vingt-douze ansest devenue mondialement connue (grâceà son éditeur Actes Sud), mais ça ne ferapas oublier l’immense gâchis : écrites entre1930 et 1940, les nouvelles d’Où il n’est pasquestion d’amour auront attendu un demi-siècle pour être réunies en livre. Un demi-siècle ! Et il ne m’a fallu que deux jours

  • pour dilapider ce trésor sorti de l’oubli (…).Même le Nobel ne pourrait faire oublieraujourd’hui l’injustice subie…”

    Michel Polac,L’Evénement du jeudi,

    23 septembre 1993.

    “Nina Berberova place en vous une mi-nuscule fleur pliée qui mettra longtemps às’épanouir en vous empoisonnant : voilàle prodige de cette technique littéraire,faite de constants paradoxes, de tendresseacérée, d’affectueuse malveillance, d’opi-niâtre découragement… Tout le livre passecomme un regard, mais, comme dit Char,«l’éclair me dure».”

    Jacques Drillon,Le Nouvel Observateur,

    10 novembre 1988.

    UN ÉCRIVAIN DANS LE SIÈCLE 19

    Paris, années quarante.

  • LE DON DE MÉMOIRE

    Nina Berberova apparaît aujourd’hui commel’un des personnages symboliques d’uneintelligentsia que le régime communiste avaitvouée à la dispersion. C’est, de Tourguenievà Gorki, de Tolstoï à Pasternak en passantpar Nabokov ou Jakobson, la mémoire d’uneépoque dans les mains d’une femme excep-tionnelle.

    Son œuvre entière, récits de l’anonymeou anecdotes des plus grands, c’est lamémoire de ce siècle dont elle dira : “Lesiècle qui m’a vue naître et vieillir était leseul à pouvoir me convenir.” Car ce siècle,qu’elle parcourut d’un bout à l’autre, est sansconteste le sien. Nina Berberova l’a souffert,l’a accepté sans retenue et, surtout, elle l’aécrit. Son autobiographie, C’est moi qui sou-ligne, est à cet égard un incomparable chef-d’œuvre de rigueur. Nina Berberova décriraen ces termes ce qui a conduit son écriture :“Je ne voulais pas de rideau de fumée, ni derefuge chimérique de la religion avec ses

  • veilleuses d’icônes, ses cierges et ses chantsmortuaires. Je voulais une ampoule de centwatts éclairant mon livre ouvert où toutserait parfaitement expliqué.”

    Vers le soir, il faisait froid dans notrechambre. Khodassevitch était presque tou-jours étendu sur le lit quand il était à lamaison. Je m’asseyais à ses pieds, envelop-pée dans un peignoir de coton. Nous par-lions de la Russie où l’on sentait venir la fin,à la fois de l’ancien monde et du nouveauqui avait brillé un court moment. Brioussovétait mort, on était sans nouvelles de Bely,les gens avec lesquels Khodassevitch avaiteu jadis des liens personnels, Chaguinian,Tchoulkov, Abraham Efros, Youri Verkhovski,semblaient loin maintenant. Je lui disaisque pour moi il était la personnification dela Russie quand bien même il n’avait pasune goutte de sang russe dans les veines ;personne plus que lui n’était lié à la renais-sance culturelle de la Russie du premierquart de ce siècle. Il pouvait parler de lamort de Tchekhov et de Tolstoï comme s’ils’agissait d’événements de sa vie person-nelle. Il avait connu Blok et avait serré lamain de Scriabine. Il était lui-même l’unedes pierres de cet édifice dont il ne resteraitbientôt plus rien.

    C’est moi qui souligne, traduit du russe par Anne et René Misslin.

    UN ÉCRIVAIN DANS LE SIÈCLE 21

  • L’EXIL

    L’exil est le thème central des récits deNina Berberova. L’exil qui la sépara de sapatrie, mais aussi l’exil qui l’éloigna dessiens, retranchés derrière des idéologies,heurtés par les événements, déchirés parles particularités. Cet exil, Nina Berberoval’assuma comme une part d’elle-même enmême temps qu’elle en ressentait la dou-leur et les faiblesses. “Misérable émigrationrusse, écrira-t-elle dans son autobiographie,stupide, puante, pitoyable, malheureuse,lâche, harassée, affamée, dont je fais moi-même partie…” A une époque où la Rus-sie soviétique fait figure d’utopie pourune grande partie du monde occidental,et pour la plupart des intellectuels, “NinaBerberova et ses compagnons apparurentcomme des témoins gênants ou plus exac-tement comme de faux témoins. Dialogueravec eux, ou simplement les lire, eût ététrahir le credo révolutionnaire. On préfé-rait les ignorer, les envelopper d’un silence

  • qui dut être étouffant.” (Extrait d’une lecturedes Récits de l’exil par Pierre Hebey.)

    — Pardonnez-moi, vous êtes de Péters-bourg, n’est-ce pas ? demanda polimentRabinovitch, lorsque tous se furent salués etque Barbara Ivanovna, le petit doigt en l’air,se fut attaquée au canard froid. (…)

    — Il serait très intéressant de vous en-tendre : n’y a-t-il aucune nouvelle politique ?

    — Comment, vous l’ignorez encore ?C’est la révolte à Pétrograd.

    — Ce n’est pas possible ! Ah, racontez,racontez !

    Barbara Ivanovna eut un sourire em-preint d’une amertume discrète :

    — Volontiers. Cela a commencé le lundi 3.C’est cela oui, le 3 juillet, n’est-ce pas, Mar-guerite ? On ne pouvait plus rien trouver.Imaginez, tous les magasins étaient fermés.

    Il y eut un hochement de tête général.— Il y avait des fusillades terribles dans

    les rues, les maximalistes sortis de l’hôtelKchessinski armaient les ouvriers.

    — Bah, ce n’est pas si terrible, déclara ledocteur Byrdine, en tirant de sa poche unepaire de petites pinces.

    Les dames de Saint-Pétersbourg,traduit du russe par Cécile Térouanne.

    UN ÉCRIVAIN DANS LE SIÈCLE 23

  • LES ESSAIS

    Le talent qu’a Nina Berberova dans la pré-cision – cette méticulosité qui lui fait cher-cher le terme juste, le détail exact –, elle lemettra encore au service de biographies etd’essais. Sa collaboration à des journauxde l’immigration, la nécessité d’écrire àla commande, les personnalités qui ontmarqué sa vie sont autant de raisons quipoussèrent Nina Berberova à rédiger desouvrages qui traitent d’Alexandre Blok, deTchaïkovski, de Borodine, ou bien encorede la disparition de la bibliothèque Tour-gueniev, de cette femme si particulière quefut la baronne Boudberg, et aussi de l’af-faire Kravtchenko, qui fit grand bruit enFrance, au lendemain de la guerre.

    Cet été 1921 a marqué la poésie russe d’unepage noire ; ceux qui l’ont vécu ne l’oublie-ront jamais. Sologoub, qui attendait son visapour l’étranger, reçut l’ordre de rester. Déses-pérée, sa femme se jeta dans la Neva, où son

  • corps fut retrouvé par Sologoub au printempssuivant. (…)

    Goumiliov, arrêté le 3 août, fut fusillé à lafin du mois. Tout à coup, on se sentit vivreau bord d’un abîme dans lequel, avec unerapidité incroyable, disparaissait tout ce quiétait beau, grand, cher, irremplaçable. Avecune acuité extraordinaire, on vivait, on per-cevait la fin d’une époque. Et ce spectacleétait d’une horreur grandiose, d’une tristessepoignante, lourde de sens. (…) [Blok] mou-rut le 7 août 1921. La veille, son passeportpour l’étranger arriva. (…)

    Nous ressentions tous la fin d’une vie, lafin d’une ville, la fin d’un monde. Lesjeunes, qui entouraient le cercueil, com-prenaient que, pour eux, ce jour était peut-être un commencement. Comme Blok et sescontemporains avaient été “les enfants desannées terribles”, nous devenions les enfantsd’Alexandre Blok.

    Alexandre Blok et son temps,version française de l’auteur.

    UN ÉCRIVAIN DANS LE SIÈCLE 25

    Avec le cercle littéraire russe, 1923.

  • EXTRAITS

    Il y avait l’artillerie, des caravanes debohémiens, des camions chargés de livresde comptes ; des comptables tout pâlesétaient assis dessus, ils évacuaient labanque, ce fondement de l’Etat. Des pié-tons marchaient, des cyclistes roulaient,une cavalerie désordonnée chevauchaitau milieu de percherons attelés à de longschariots qui portaient des machines àcoudre, des ustensiles de cuisine, des meu-bles, des tonneaux. Et au-dessus de ce bardaétaient perchées des vieilles, livides, écheve-lées ; d’autres étaient assises dans des auto-mobiles, d’autres encore allaient à pied,seules ou soutenues sous les bras. Et denouveau, on voyait des troupes qui traî-naient de vieux canons. Un véhicule sur-monté d’une magnifique croix rouge suivaitune voiture de course d’où se laissait pendreun chien aux grandes oreilles qui semblaiten peluche. On transportait des blessés. Cer-tains, l’air abattu, étaient assis, soutenant

  • leur bras ou leur jambe, un moignon, dontle sang gouttait sur la route. D’autresvomissaient de l’air et de la salive. On por-tait du foin, du blé encore en épis, desmachines-outils et des citernes de pétrole.Ce flot étrange s’étendait à perte de vue,vivant et cependant déjà mort.

    La résurrection de Mozart,traduit du russe par Luba Jurgenson.

    “Nina Berberova, peintre de l’exil, de sesmaux, est, voyez-vous, l’être le plus révolté,le plus énergique, le plus combatif, le plusréconfortant et somme toute le plus incura-blement optimiste que le monde littéraire aitconnu. Des histoires de vaincus écrites dansun style de vainqueur (…).

    De quand date Roquenval ? 1936 ? L’au-teur se rappelle simplement avoir écrit cette«chronique de château» dans une chambrede bonne, au dernier étage d’un immeubledu boulevard La Tour-Maubourg, dont lafenêtre toutefois donnait sur la tour Eiffel.

    Nina Berberova a toujours refusé de consi-dérer les regrets comme une source d’inspi-ration. Ce récit est probablement le seul oùs’exprime une nostalgie que l’auteur, d’ordi-naire, réprouve ou réprime.”

    Pierre Hebey,extraits d’une lecture

    des Récits de l’exil.

    UN ÉCRIVAIN DANS LE SIÈCLE 27

  • En passant devant la salle à manger, ellene manquait jamais de s’arrêter, de poin-ter sa canne en direction du récepteur deradio (une énorme boîte, un des premiersmodèles) en disant, tout essoufflée :

    — Un peu de Schumann ?Et si l’on n’arrivait pas à capter du

    Schumann, elle se fâchait et ne prononçaitplus un mot, comme si on lui avait dérobéquelque chose. Car autrement, commentexpliquer qu’il y avait eu du Schumannhier dans cette boîte et qu’il n’y en avaitplus aujourd’hui ?

    Puis, elle s’arrêtait devant un piano àqueue, long, fauve, tout terni par l’humi-dité des hivers, et je la voyais fouiller auplus profond de sa mémoire, de ses pensées.

    — Il a joué ici, finit-elle par dire. Et moi,je faisais du bruit exprès (elle rit) : je fer-mais et j’ouvrais la fenêtre, pour qu’il ne seprenne pas pour Dieu sait qui.

    — Qui a joué ici, Praskovia Dmitrievna ?Elle regardait au-dessus du piano, où

    parmi d’authentiques portraits de la fin duXVIIe siècle se trouvait la photographie d’unhomme au grand nez.

    — M. Saint-Saëns, dit-elle, et elle se remità fouiller dans sa mémoire. Elle m’avaitoublié, et le monde entier avec. Plongéedans son propre univers, elle semblaits’éloigner, se couper de nous. Elle n’étaitplus, de corps et d’âme, que le fantômed’elle-même.

    NINA BERBEROVA28

  • Une haute porte se refermait derrière elle,et je restais seul. Les oiseaux criaient à tue-tête dans le jardin abandonné, le soleiltapait dur. On ne savait à qui tout celaappartenait : à nous ? à elle ? Voici de vieil-les pierres, me disais-je, et de vieux arbres.Voici une vieille dame. Peut-être n’était-ellepas la seule ici à ne pas être à sa place. Jeme demandais si nous aussi, nous serionsun jour comme elle, comme sa coiffeuse,comme ces tilleuls, tout juste bons à refléter– ou à ne pas refléter – les années vingt denotre siècle : Jean-Paul, moi et Kira, cettejeune fille de quinze ans dont la voix péné-trante faisait battre mon cœur.

    Roquenval,traduit du russe par Luba Jurgenson.

    Depuis ma prime jeunesse, je pensais quechacun, en ce monde, a son no man’s land,où il est son propre maître. Il y a l’existenceapparente, et puis l’autre, inconnue de tous,qui nous appartient sans réserve. Cela neveut pas dire que l’une est morale et l’autrepas, ou l’une permise, l’autre interdite.Simplement chaque homme, de temps àautre, échappe à tout contrôle, vit dans laliberté et le mystère, seul ou avec quel-qu’un, une heure par jour, ou un soir parsemaine, ou un jour par mois. Et cette exis-tence secrète et libre se poursuit d’une soi-rée ou d’une journée à l’autre, et les heurescontinuent à se suivre, l’une l’autre.

    UN ÉCRIVAIN DANS LE SIÈCLE 29

  • De telles heures ajoutent quelque choseà son existence visible. A moins qu’ellesn’aient leur signification propre. Elles peu-vent être joie, nécessité ou habitude, entout cas elles servent à garder une lignegénérale. Qui n’a pas usé de ce droit, ouen a été privé par les circonstances, décou-vrira un jour avec surprise qu’il ne s’estjamais rencontré avec lui-même. On nepeut penser à cela sans mélancolie. Ils mefont pitié, ceux qui, en dehors de leur sallede bains, ne sont jamais seuls.

    Le Roseau révolté,traduit du russe par Luba Jurgenson.

    “Les récits méritent les louanges que l’ontrouve dans les comptes rendus de lapresse internationale, où elle a été compa-rée, entre autres, à Tchekhov, à Tourgue-niev et à Dostoïevski. Ils constituent unmélange fascinant de réalisme et de sym-bolisme. La prose de Berberova est puis-sante et dynamique ; ses histoires allient àla richesse de leur texture et à leur forceévocatrice une étonnante capacité de com-biner la profondeur du sens avec la briè-veté du style.”

    Murl Barker,extrait d’une lecture

    des Chroniques de Billancourttraduit de l’américain par Christine Le Bœuf.

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  • OUVRAGE RÉALISÉPAR L’ATELIER GRAPHIQUE ACTES SUDREPRODUIT ET ACHEVÉ D’IMPRIMER

    EN AOÛT 2001PAR L’IMPRIMERIE FLOCH

    A MAYENNEPOUR LE COMPTE DES ÉDITIONS

    ACTES SUDLE MÉJAN

    PLACE NINA-BERBEROVA13200 ARLES

    DÉPÔT LÉGAL1re ÉDITION : SEPTEMBRE 2001

    N° impr. :(Imprimé en France)

  • N° D’ÉDITEUR : 4334DÉP. LÉG. : SEPT. 2001ISBN 2-7427-3523-2F7 8061HORS COMMERCE

    Un écrivain dans le siècle

    NINA BERBEROVACENTIÈME ANNIVERSAIRE DE SA NAISSANCE

    “Aujourd’hui, alors que nous célébrons le cen-tenaire de sa naissance, il me revient que, peuavant son décès, alors que j’étais à son che-vet, elle est sortie un instant de l’obscurité oùelle s’enfonçait. «Nous allons maintenant faireun grand voyage, m’a-t-elle dit, et nous auronstout notre temps...» Tout notre temps... N’est-ilpas étrange que le dernier mot qu’elle ait pro-noncé fût ce mot-là ? Le temps – le temps qui,dans tous les sens qu’on peut lui donner, amarqué la vie et l’œuvre de cet écrivain aujour-d’hui à sa place, pour l’éternité, dans la littéra-ture russe et le patrimoine mondial.”

    Hubert Nyssen

    ACTES SUD

    et

    ont apporté leur soutien à la célébration du centenaire de Nina Berberova

  • ISBN 2-7427-3523-2F7 8061

    HORS COMMERCE

    Un écrivain dans le siècle

    NINA BERBEROVACENTIÈME ANNIVERSAIRE DE SA NAISSANCE

    “Aujourd’hui, alors que nous célébrons le cen-tenaire de sa naissance, il me revient que, peuavant son décès, alors que j’étais à son che-vet, elle est sortie un instant de l’obscurité oùelle s’enfonçait. «Nous allons maintenant faireun grand voyage, m’a-t-elle dit, et nous auronstout notre temps...» Tout notre temps... N’est-ilpas étrange que le dernier mot qu’elle ait pro-noncé fût ce mot-là ? Le temps – le temps qui,dans tous les sens qu’on peut lui donner, amarqué la vie et l’œuvre de cet écrivain aujour-d’hui à sa place, pour l’éternité, dans la littéra-ture russe et le patrimoine mondial.”

    Hubert Nyssen

    ACTES SUD