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AFRATAPEM Association Française de Recherches & Applications des Techniques Artistiques en Pédagogie et Médecine Une expérience d’Art-thérapie à dominante Arts plastiques auprès de personnes âgées dépendantes vivant en EHPAD Mémoire professionnel réalisé pour l’obtention du titre d’art-thérapeute répertorié par l’Etat au niveau II Catherine MONCHOT 2016 Sous la direction de : Rocio GONZALEZ Psychologue Danseuse et Comédienne Lieu de stage : EHPAD Saint Dominique 19 rue Marchant 57000 METZ

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AFRATAPEM Association Française de Recherches & Applications des

Techniques Artistiques en Pédagogie et Médecine

Une expérience d’Art-thérapie

à dominante Arts plastiques auprès de personnes

âgées dépendantes vivant en EHPAD

Mémoire professionnel réalisé pour l’obtention

du titre d’art-thérapeute répertorié par l’Etat au niveau II

Catherine MONCHOT

2016

Sous la direction de :

Rocio GONZALEZ

Psychologue

Danseuse et Comédienne

Lieu de stage :

EHPAD Saint Dominique

19 rue Marchant

57000 METZ

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1

Remerciements

Je remercie les résidents de l’EHPAD Saint Dominique avec lesquels j’ai travaillé, pour

m’avoir fait confiance et pour tout ce qu’ils m’ont apporté. J’ai une pensée particulière pour

celles qui ont quitté la vie après la fin de mon stage : madame N, pour sa sincérité, son pi-

quant et sa force de caractère et madame K, pour sa spontanéité et son humour à travers la

tristesse.

Je remercie monsieur HARING, directeur de l’EHPAD Saint Dominique, pour son accueil et

son enthousiasme.

Je remercie Rocio GONZALEZ, psychologue à l’EHPAD Saint Dominique, pour sa disponi-

bilité, ses conseils et en tant que modèle d’humanitude.

Je remercie Arline BRETTE, Art-thérapeute à l’EHPAD Saint Dominique, pour avoir facilité

mon intégration au sein de la structure d’accueil.

Je remercie l’ensemble du personnel de l’EHPAD Saint Dominique, pour son accueil.

Je remercie Fabrice CHARDON, Nathalie CRESCENZO et Cristel LETESSIER-DEBRUNE,

pour leurs enseignements et leur engagement.

Je remercie l’ensemble des intervenants et des formateurs de l’école d’Art-thérapie de Tours.

A toutes celles et ceux que j’ai eu le plaisir de côtoyer durant la formation, pour la richesse de

nos échanges.

A Sylvain, pour son soutien, sa patience et sa foi en mon projet.

A Zoé, pour sa patience, sa joie et son entrain contagieux.

A tous ceux qui de près ou de loin m’ont aidée et permis de suivre cette formation.

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2

Plan Remerciements p1

Plan p 2

Glossaire p 9

Introduction p 13

Première partie : L’Art-thérapie à dominante Arts plastiques peut améliorer l’estime de

soi des personnes âgées dépendantes vivant en EHPAD

A- Le vieillissement, la maladie et le placement en institution peuvent induire des

pénalités qui sont des obstacles à l’épanouissement et au bien-être de l’être humain p 14

I- La personne âgée est en premier lieu un être humain p 14

1- L’être humain est caractérisé par ses dimensions bio-psycho-sociales p 14

11- L’être humain est une entité somatique p 14

12- L’être humain est une entité psychique p 14

13- L’être humain est une entité sociale p 14

2- L’être humain a des besoins fondamentaux qu’il cherche à satisfaire p 14

21- Il existe différents modèles référençant et hiérarchisant les besoins

de l’être humain p 14

22- La satisfaction des besoins de l’être humain participe à la bonne

santé, au bien-être et à une qualité de vie satisfaisante p 15

23- Si les besoins de l’être humain ne sont pas satisfaits, il peut

apparaitre des pénalités et des souffrances p 16

II- La vieillesse est un phénomène évolutif normal de la vie humaine : c’est l’action

du temps sur l’être vivant p 16

1- La vieillesse est définie officiellement p 16

2- Le vieillissement est physiologique et débute à la naissance p 16

3- Le vieillissement a des conséquences physiques, psychiques et sociales p 16

4- Le vieillissement peut être pathologique : différentes pathologies peuvent

apparaitre au cours du vieillissement et affecter la personne âgée p 18

5- La maladie d’Alzheimer est une des pathologies qui peut affecter la personne

âgée au cours de son vieillissement p 18

6- Le vieillissement notamment pathologique a des incidences sur l’indépendance

voire l’autonomie des personnes âgées p 19

III- Dans leur parcours de vie, les personnes âgées dépendantes peuvent parfois

inévitablement se trouver placées en institution p 19

1- Les EHPAD sont des lieux de vie et de soins p 19

2- Le degré d’autonomie ou de dépendance de la personne âgée est déterminé

grâce à la grille AGGIR p 20

3- En EHPAD, un projet de vie individualisé est établi pour chaque résident p 20

4- L’entrée en institution peut apporter des solutions aux problèmes et aux

souffrances des personnes âgées dépendantes p 21

5- L’entrée en institution peut aussi être une étape difficile dans la vie d’une

personne âgée et peut être synonyme de traumatismes et de deuil p 21

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3

IV- Les pénalités et les souffrances liées au vieillissement, à la maladie et à la

dépendance affectent l’estime de soi p 21

1- L’estime de soi a une définition p 21

2- Les circonstances et certaines attitudes peuvent affecter l’estime de soi des

personnes âgées dépendantes placées en institution p 22

B- L’Art, par ses pouvoirs, participe à l’épanouissement et peut améliorer la qualité

de vie de l’être humain p 22

I- L’Art est définit comme une activité d’expression volontaire, humaine, orientée

vers l’esthétique p 22

1- L’Art est une forme d’expression humaine p 22

2- L’Art implique un engagement du corps et de l’esprit de l’être humain p 22

3- L’Art implique une idée d’intention p 22

4- L’Art se caractérise par la recherche esthétique p 22

II- L’Art a des effets sur l’être humain p 23

1- L’Art a un pouvoir relationnel : il favorise la relation et la communication p 23

2- L’Art a un pouvoir d’entrainement : il favorise l’élan physique et mental p 23

3- L’Art a un pouvoir éducatif : il développe les facultés de l’être humain p 23

4- L’Art en permettant à l’individu de s’engager, de mettre en avant son style et

son goût, peut favoriser l’estime de soi p 24

5- Les effets de l’Art sur l’être humain sont variables et ne lui sont pas toujours

bénéfiques p 24

III- Il existe différents types d’Arts p 25

1- L’art vise l’utilité, l’Art vise l’esthétique p 25

2- L’Art I est archaïque et global, L’Art II est ordonné et spécifique p 25

3-L’Art peut être diachronique ou synchronique p 25

IV- L’Art propose diverses techniques artistiques permettant de toucher

un grand nombre de personnes différentes p 26

1- Les différentes pratiques artistiques permettent de stimuler différemment les sens p 26

2- Les modalités d’expression varient suivant la technique artistique utilisée p 26

V- Les Arts plastiques présentent des spécificités p 26

1- La pratique des Arts plastiques provoque des sensations tactiles, visuelles,

voire olfactives et auditives p 26

2- Les Arts plastiques permettent l’apprentissage et la mise en pratique d’un

savoir-faire utilisant la motricité fine p 27

3- Les Arts plastiques permettent de laisser une trace pouvant être exposée au

monde extérieur p 27

4- Les Arts plastiques permettent de laisser une trace qui survit à son auteur p 27

VI- La musique et le chant présentent aussi des spécificités p 27

1- La musique a un fort pouvoir d’entrainement p 27

2- La musique agit sur l’âme et procure des émotions p 28

3- La musique stimule la mémoire et l’identité p 28

4- La musique et le chant sont culturellement adaptés à la personne âgée p 28

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C- L’Art-thérapie exploite l’Art à des fins humanitaires et thérapeutiques p 29

I- L’Art-thérapie moderne est définie comme l’exploitation du potentiel artistique

dans une visée humanitaire et thérapeutique p 29

1- L’Art-thérapie moderne se distingue de l’Art-thérapie traditionnelle et

d’autres disciplines ou activités p 29

2- L’Art-thérapie est une discipline paramédicale et s’inscrit dans une démarche

pluridisciplinaire p 29

3- L’Art-thérapie ne guérit pas mais peut donner envie de guérir p 30

4- L’Art-thérapie s’appuie sur les parties saines de l’être humain p 30

5- L’Art-thérapie est destinée à l’être humain présentant des troubles de

l’expression, de la communication et de la relation p 30

II- L’Art-thérapie moderne utilise des outils spécifiques p 30

1- L’opération artistique se définit comme l’organisation des mécanismes

humains impliqués dans la pratique artistique p 30

2- Le phénomène artistique est la partie visible de l’opération artistique et

témoigne de l’intérêt de l’observation en Art-thérapie p 31

3- Le protocole thérapeutique découle de l’analyse de l’opération artistique p 31

4- L’Art-thérapie moderne utilise l’évaluation pour adapter les moyens et les

méthodes utilisées lors de la prise en charge de la personne p 32

D- L’Art-thérapie à dominante Arts plastiques et musique/chant est adaptée aux per-

sonnes âgées dépendantes vivant en institution et peut leur être proposée dans l’idée

d’améliorer leur estime de soi p 32

I- Certains effets de l’Art-thérapie ne sont pas spécifiques de la technique proposée p 32

1- La relation à l’Art-thérapeute peut permettre de rompre un sentiment

d’isolement et favoriser l’amour de soi p 32

2- Les gratifications sensorielles liées à la pratique des Arts plastiques et de la

musique/chant en Art-thérapie peuvent favoriser l’amour de soi p 33

3- La pratique des Arts plastiques et de la musique/chant en Art-thérapie stimule

le corps et l’esprit et permet d’utiliser et d’entretenir les capacités physiques et

cognitives, favorisant la confiance en soi p 33

4- La pratique artistique en Art-thérapie peut permettre de s’engager dans un

projet et favoriser la confiance en soi p 33

5- Les séances d’Art-thérapie sont proposées et ne sont pas imposées, permettant

à la personne de faire des choix et de s’affirmer p 33

6- La pratique artistique permet d’affirmer son goût, sa personnalité et favorise

l’affirmation de soi p 33

II- L’Art-thérapie à dominante Arts plastiques présente des spécificités p 33

1- La pratique des Arts plastiques permet une production tangible qui peut favoriser

la rencontre et la relation avec l’environnement et ainsi favoriser l’estime de soi p 33

2- La pratique des Arts plastiques permet une production tangible qui peut être

offerte, survivre à son auteur et favoriser l’affirmation de soi p 34

III- L’Art-thérapie à dominante musique et chant présente d’autres spécificités p 34

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1- La stimulation de la mémoire, la résurgence des souvenirs lors de la pratique

artistique musicale en Art-thérapie peuvent favoriser l’amour de soi p 34

2- Le pouvoir émotionnel de la musique et du chant utilisés en Art-thérapie peut

favoriser la relation et la communication et ainsi favoriser l’amour et l’affirma-

tion de soi p 34

Seconde partie : Des séances d’Art-thérapie à dominante Arts plastiques ont été propo-

sées à des personnes âgées dépendantes résidant en EHPAD

A- L’EHPAD Saint Dominique est un établissement pour personnes âgées situé en mi-

lieu urbain p 35

I- Les résidents accueillis répondent à certains critères p 35

II- L’établissement possède une unité de vie protégée p 35

III- Une équipe pluridisciplinaire est présente pour la prise en soins p 35

IV- Des approches thérapeutiques non médicamenteuses existent dans l’établissement p 37

V- Un service d’animation propose des activités aux résidents p 37

VI- Des bénévoles interviennent dans l’établissement p 37

VII- D’autres prestations sont proposées aux résidents p 37

VIII- L’établissement possède un espace vert p 37

IX- Il existe au sein de l’établissement des projets ayant pour but d’améliorer la

qualité de la prise en charge des résidents p 37

B- Le stage s’est déroulé sous la tutelle de l’Art-thérapeute en place p 38

I- L’Art-thérapeute a intégré l’établissement en janvier 2015 p 38

II- Le stage a débuté par une période d’observation p 38

1- La période d’observation a permis de découvrir l’établissement p 38

2- La période d’observation a permis de rencontrer les équipes p 38

3- La période d’observation a permis de rencontrer les résidents et d’observer le

travail de l’Art-thérapeute p 38

C- Le stage s’est poursuivi par la mise en place d’un atelier d’Art-thérapie à dominante

Arts plastiques p 39

I- Les séances d’Art-thérapie ont été proposées à des résidents sensibles ou

potentiellement sensibles aux Arts plastiques p 39

II- La présentation des séances d’Art-thérapie s’est faite de manière informelle p 39

III- Les séances d’Art-thérapie se sont déroulées dans un lieu dédié p 39

IV- Les séances d’Art-thérapie se sont organisées en fonction de certaines

contraintes et ont été soumises à certains aléas p 39

V- Les séances d’Art-thérapie sont constituées de différents moments p 39

VI- Des stratégies thérapeutiques ont été établies au vu des objectifs thérapeutiques

et de l’état de base des résidents p 40

VII- Des items d’évaluation ont été choisis afin d’évaluer l’avancement vers les

objectifs thérapeutiques p 40

VIII- Le cube harmonique a été adapté à la pathologie des résidents p 41

D-Les observations cliniques réalisées lors de la prise en soin en Art-thérapie de deux

résidentes atteintes de la Maladie d’Alzheimer sont présentées p 41

I- Madame G est indiquée en Art-thérapie pour maintenir ses capacités restantes et lui

apporter du bien-être p 41

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1 - La rencontre de madame G et les échanges avec l’équipe soignante ont permis

d’établir l’anamnèse de la résidente p 41

2- L’état de base de madame G montre que la démence provoque chez elle des

troubles cognitifs et un état anxio-dépressif. Au vu de ces pénalités et souffrances,

elle souffre d’une diminution de l’estime de soi p 41

3 - Les objectifs thérapeutiques visent à diminuer l’angoisse, stimuler et maintenir

les capacités restantes et raviver l’estime de soi p 41

4- La stratégie thérapeutique adoptée pour atteindre les objectifs s’appuie sur

l’utilisation d’une technique mixte en Arts plastiques p 42

5- Madame G a bénéficié de neuf séances effectives d’Art-thérapie sur douze

proposées p 43

6- L’évaluation et le bilan de la prise en charge de madame G permettent

d’observer une évolution positive vers les objectifs thérapeutiques p 49

II- Madame K est indiquée en Art-thérapie pour maintenir ses capacités restantes,

canaliser son émotion et lui apporter du bien-être p 54

1 - La rencontre de madame K et les échanges avec l’équipe soignante ont permis

d’établir l’anamnèse de la résidente p 54

2- L’état de base de madame K montre que la démence provoque chez elle

des troubles cognitifs, un état anxio-dépressif, des difficultés de communication

et un comportement parfois socialement inadapté. Au vu de ces pénalités et

souffrances, elle souffre d’une diminution de l’estime de soi p 55

3- Les objectifs thérapeutiques visent à diminuer l’angoisse, canaliser l’émotion,

stimuler et maintenir les capacités restantes et raviver l’estime de soi p 56

4- La stratégie thérapeutique adoptée pour atteindre les objectifs s’appuie

sur l’utilisation d’une technique mixte en Arts plastiques p 56

5- Madame K a bénéficié de dix séances d’Art-thérapie à dominante Arts plastiques p 57

6- L’évaluation et le bilan de la prise en charge de madame K permettent d’ob-

server une évolution positive vers les objectifs thérapeutiques et des limites p 63

III-Les prises en soin en Art-thérapie des autres résidents sont présentées p 68

IV- Un bilan global de l’ensemble des prises en soin des résidents et du stage est tiré p 71

Troisième partie : L’expérience amène des réflexions sur la pratique en Art-thérapie

A- L’Art thérapie peut utiliser différentes techniques artistiques p 72

I- Les Arts plastiques présentent des atouts mais aussi des inconvénients. L’expérience

confirme la théorie et amène des sujets de réflexion supplémentaires p 72

1- Les Arts plastiques permettent de stimuler les capacités physiques et motrices

restantes et de faire appel à la mémoire procédurale p 72

2- Les Arts plastiques permettent de stimuler la mémoire et peuvent provoquer

des émotions liées aux souvenirs p 72

3- Les Arts plastiques peuvent favoriser les liens sociaux p 73

4- La production issue de la pratique des Arts plastiques peut modifier le regard

de l’entourage sur la personne p 73

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5- La production issue de la pratique des Arts plastiques peut modifier le regard

de la personne sur elle-même p 73

6- Les Arts plastiques peuvent renforcer le lien familial et peuvent permettre

d’impliquer la famille dans la prise en charge p 74

7- Les Arts plastiques en tant qu’Arts diachroniques génèrent une production

tangible et transmissible p 74

8- Les Arts plastiques peuvent parfois nuire à la confiance et à l’estime de soi

de la personne p 75

II- La musique et le chant sont des alternatives aux Arts plastiques p 75

1- La musique et le chant ont un fort pouvoir d’attraction vis-à-vis des personnes

âgées dépendantes p 75

2- La musique et le chant peuvent être utilisés chez les personnes en phase

avancée de démence p 75

III- Les Arts corporels, comme la danse et l’expression corporelle, sont d’autres alterna-

tives lors de la prise en soin en Art-thérapie en EHPAD p 76

1- La danse et l'expression corporelle font appel aux émotions, aux sens et

aux mouvements p 76

2- Les arts corporels valorisent le corps, permettent l’expression du monde

intérieur et l’harmonie entre l’esprit et le corps de la personne âgée dépendante p 76

B- En Art-thérapie, la qualité de la relation entre l’Art-thérapeute et la personne

prise en soin est essentielle p 76

I- Les concepts de bientraitance, de bienveillance et d’humanitude sont importants à

considérer p 77

1- La bientraitance est « une manière d’être, d’agir et de dire, soucieuse de

l’autre, réactive à ses besoins et à ses demandes, respectueuse de ses choix

et de ses refus » p 77

2- L’humanitude se définit comme une nouvelle philosophie de soins, une

approche des soins fondée sur l’adaptation du soignant au soigné, qui doit

toujours être considéré comme une personne p 77

3- Bientraitance et humanitude doivent faire partie de la compétence,

c’est à dire du savoir, du savoir-faire et du savoir-être de l’Art-thérapeute p 78

II- L’alliance thérapeutique est nécessaire lors de la prise en soin en Art-thérapie p 79

1- Par l’alliance thérapeutique, soigné et soignant s’allient pour avancer ensemble

vers l’objectif thérapeutique p 79

2- La qualité de la relation est essentielle pour établir l’alliance thérapeutique

et ainsi augmenter l’efficacité thérapeutique de la prise en soin p 79

3- Une bonne relation est importante voire nécessaire dans la prise en soin

en Art-thérapie p 79

C- D’autre thérapies ou techniques peuvent améliorer l’estime de soi et contribuer au

bien-être des personnes âgées dépendantes vivant en EHPAD p 80

I- L’approche Snoezelen est une thérapeutique non médicamenteuse de plus

en plus répandue en EHPAD p 80

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1- Le concept Snoezelen est apparu aux Pays-Bas dans les années 70 p 80

2- L’approche Snoezelen est basée sur la sensorialité, la liberté de choix,

la relation et la communication, et a pour objectif la détente, le bien-être et

la sécurisation p 80

3- L’approche Snoezelen est adaptée à la prise en soin des personnes âgées

dépendantes p 81

4- La démarche Snoezelen est un état d’esprit p 81

5- Des études ont été menées et un suivi et une évaluation des effets de cette

approche est possible p 81

6- L’approche Snoezelen a des points communs avec l’Art-thérapie, mais

aussi des différences p 82

II- La thérapie par le rire est utilisée en gériatrie p 82

1- Le rire et l’humour ont des effets sur le corps et l’esprit reconnus depuis

longtemps p 82

2- Le rire et l’humour ont des effets sociaux p 83

3- L’humour est un mécanisme de défense p 83

4- Différentes thérapies par le rire existent p 83

41- Certaines thérapies sont des techniques psychocorporelles basées sur

la respiration, la relaxation, le yoga p 83

42- D’autres thérapies par le rire font intervenir des clowns p 84

5- Une expérience de thérapie par le rire a été menée dans un groupe de

personnes âgées atteintes de démence sénile de type Alzheimer p 84

6- Des interventions de clowns en soins d’accompagnement existent dans les

établissements accueillant les personnes âgées p 85

61- La clown-thérapie est basée sur la relation, la communication,

l’humour et le rire p 85

62- La clown-thérapie est adaptée à la prise en soin des personnes âgées

dépendantes p 85

63- Des observations ont été faites sur les interventions de clowns en milieu

gériatrique et des effets bénéfiques ont été décrits p 85

64- Des limites à l’intervention des clowns existent p 86

65- L’évaluation des effets de ces interventions est possible p 86

7- La thérapie par le rire est-elle potentiellement de l’Art-thérapie ou peut-elle

être complémentaire à l’Art-thérapie ? p 86

Conclusion p 87

Liste des graphiques p 88

Bibliographie p 89

Annexes p 93

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9

Glossaire Tous les mots ou abréviations suivis d'un astérisque (*) lors de leur première occurrence dans le texte du mé-

moire sont définis ci-dessous.

Abréviations

AFRATAPEM : Association Française de Recherches et Applications des Techniques Artis-

tiques en Pédagogie et Médecine

AGGIR : Autonomie Gérontologie Groupes Iso-Ressources

ANESM : Agence Nationale de l’Evaluation et de la qualité des établissements et services

Sociaux et Médicosociaux

AS : Aide-Soignante

AT : Art-thérapie ou Art-thérapeute

AVC : Accident Vasculaire Cérébral

DDASS : Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales

DPA : Développement du Pouvoir d’Agir

DU : Diplôme Universitaire

EHPAD : Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes

GIR : Groupe Iso-Ressource

HAS : Haute Autorité de Santé

HTA : HyperTension Artérielle

IFSI : Institut de Formation en Soins Infirmiers

IME : Institut Médico-Educatif

INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques

MA : Maladie d’Alzheimer

MMS : Mini-Mental State examination

OA : Opération Artistique

OI : Objectif Intermédiaire

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

OTG : Objectif Thérapeutique Général

PAS : Plan d’Accompagnement de Soin

PPI : Projet Pédagogique Individualisé

PVI : Projet de Vie Individualisé

S : Séance

TNM : Thérapeutique Non Médicamenteuse

UFR : Unité de Formation et de Recherche

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Définitions

En l’absence de références, les définitions sont tirées du dictionnaire de français Larousse,

http://www.larousse.fr, consulté entre le 25 septembre 2015 et le 30 avril 2016.

Les termes spécifiques à l’Art-thérapie sont extraits des enseignements de la discipline qui ont eu lieu à

l’Université Catholique de Lille, promotion 2014/2015, et à la Faculté de Pharmacie de Tours, promotion 2015,

et d’ouvrages relatifs à ceux-ci1.

Affirmation de soi : Se reconnaitre la capacité à affirmer son goût*. L’affirmation de soi concerne les compé-

tences relationnelles de l’individu et vise à l’expression* de ces propres émotions, idées, désirs ou besoins en

respectant l’autre. Elle est souvent associée aux habilités sociales. En Art-thérapie, l’Affirmation de soi est asso-

ciée au Beau* et à la capacité à affirmer son goût2.

Amour de soi : Capacité à éprouver de la considération pour soi-même, capacité à éprouver du plaisir à être.

L’amour de soi est l’aptitude à s’aimer, indépendamment de nos performances et réussites, de façon incondition-

nelle. C’est le constituant le plus profond et le plus intime de l’estime de soi3. En Art-thérapie, l’amour de soi est

associé au Bon* et à l’engagement*.

Anamnèse familiale : Ensemble des informations portant sur l’évolution de la famille, les caractéristiques des

membres de la famille, les séparations, deuils, étapes de la vie familiale4.

Anamnèse médicale : Ensemble des renseignements fournis au médecin par le malade ou par son entourage sur

l'histoire d'une maladie ou les circonstances qui l'ont précédée.

Aphasie : Trouble ou perte de l'expression* et de la compréhension du langage acquis, parlé

ou écrit, indépendants de tout état démentiel, atteinte sensorielle ou dysfonctionnement de la musculature pha-

ryngolaryngée.

Apraxie : Trouble de la réalisation de gestes concrets (manipulation d'objets) ou symboliques (signe de croix)

indépendant de toute atteinte des fonctions motrices et sensitives et de tout trouble de la compréhension.

Art : Activité d’expression* volontaire humaine orientée vers l’esthétique.

Art I : Phase de l’instinct à l’action volontaire orientée vers l’esthétique qui se présente de façon globale, anar-

chique et qui trouve le corps comme médiateur privilégié. Expression* archaïque et globale basée sur

l’expression du corps et faisant ressentir la gratification sensorielle. Expression artistique de la phase 3 de

l’Opération Artistique.

Art II : Se présente à la suite de l’Art I, en réalité est alternatif. Action volontaire orientée vers l’esthétique, qui

se présente de façon ordonnée et spécifique. Les techniques artistiques sont nécessaires. Expression* de

l’intention esthétique passant par la réflexion. Expression artistique de la phase 4 de l’Opération Artistique.

Art-thérapie : Exploitation du potentiel artistique dans une visée humanitaire et thérapeutique.

Autonomie : L'autonomie est définie par la capacité à se gouverner soi-même. Elle présuppose la capacité de

jugement, c'est-à-dire la capacité de prévoir et de choisir, et la liberté de pouvoir agir, accepter ou refuser en

fonction de son jugement. Cette liberté doit s'exercer dans le respect des lois et des usages communs. L'autono-

mie d'une personne relève ainsi à la fois de la capacité et de la liberté5.

Beau : En Art-thérapie désigne l’impression* ou le sentiment éprouvé à la suite d’une satisfaction esthétique

suivant son goût*. Le beau est relatif au fond* de la production qui met en jeu la capacité à affirmer son goût. Le

Beau est associé à l’Affirmation de soi. « Est-ce que cela me plait ? »

Besoin : Exigence d’une chose nécessaire.

Bien : En Art-thérapie désigne ce qui est relatif à la forme* de la production, qui met en jeu le savoir-faire et le

style* de la personne. Le Bien est associé à la confiance en soi. « Est-ce que c’est bien fait ? »

Bien- être : Etat agréable résultant de la satisfaction des besoins du corps et du calme de l'esprit.

Bon : En Art-thérapie désigne ce qui est relatif à l’implication de la personne dans la production artistique. Il

met en jeu le plaisir esthétique de la personne et son intérêt. Dans l’activité artistique. Le Bon est associé à

l’amour de soi. « Est-ce que j’ai éprouvé du plaisir ? »

Bonne santé : Etat de complet bien-être physique, mental et social, ne consistant pas seulement en une absence

de maladie ou d’infirmité6.

1 FORESTIER R., Tout savoir sur l’art-thérapie, 7ème édition, Lausanne : Favre, 2012.

FORESTIER R., Tout savoir sur l’art occidental, Lausanne : Favre, 2004. 2 FANGET F., ROUCHOUSE B., L'Affirmation de soi, une méthode de thérapie, Paris : Odile Jacob, 2007. 3 ANDRE C., LELORD F., L’estime de soi, Paris : Odile Jacob, 1999, p.15. 4 PERROT E.de, WEYENETH M., Psychiatrie et psychothérapie : Une approche psychanalytique, Bruxelles : De Boeck, 2004. 5 Faculté de Médecine Pitié Salpêtrière. Autonomie et dépendance. [En ligne]. Corpus de gériatrie, janvier 2000. [Consulté le 02/11/2015]. Disponible sur : http://www.chups.jussieu.fr/polys/geriatrie/tome1/08_dependance.pdf 6 Définition de l’OMS datant de 1946.

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Cible thérapeutique : Partie saine à renforcer et sur laquelle l’art-thérapeute va travailler, au regard de

l’opération artistique.

Communication : Echange alternatif entre deux personnes utilisant un langage avec un code commun. Expres-

sion* dirigée vers autrui.

Confiance en soi : Se reconnaitre la capacité à agir et à se projeter. La confiance en soi concerne les compé-

tences personnelles, la capacité mentale qui nous permet, lorsque nous sommes confrontés à l’adversité, de nous

sentir capables de faire face ou de réussir. En Art-thérapie, la confiance en soi est associée au Bien* et au style*.

Contemplation : Activité artistique sans expression*, revenant à ressentir sans agir.

Créativité : Capacité, faculté d'invention, d'imagination ; pouvoir créateur. Capacité à se déplacer du mimésis* à

l’heuristique*.

Cube harmonique : Outil d’évaluation de la personne suivie en Art-thérapie propre à l’AFRATAPEM* et

s’appuyant sur trois critères : le Beau*, le Bon* et le Bien*.

Démence : Affaiblissement psychique profond, acquis et spontanément irréversible, qui se manifeste par une

diminution des fonctions intellectuelles avec troubles de la mémoire, de l'attention et du jugement, un appauvris-

sement des fonctions symboliques (langage, praxies, calcul) et une perte des critères de référence logiques,

éthiques et sociaux. (Une désorientation temporo-spatiale est fréquente. La démence a pour conséquence de

graves troubles du comportement.)

Dépendance : Impossibilité partielle ou totale pour une personne d’effectuer sans aide les activités de la vie,

qu’elles soient physiques, psychiques ou sociales, et de s’adapter à son environnement7.

Dominante : Ce qui caractérise la nature de l’activité artistique.

Dysorthographie : Trouble du langage écrit, perturbation de l’orthographe.

Elan : Mouvement intérieur suscité par un sentiment vif qui pousse à agir d’une certaine manière ou à manifes-

ter un sentiment. Impulsion.

Engagement : Envie d’une personne d’assumer ou de réaliser une attitude face à l’art (contempler ou produire).

L’engagement qui se fonde sur le désir et l’envie d’une personne, est relié en Art-thérapie à l’amour de soi.

Ergothérapie : Discipline dont l'objectif est de maintenir, de restaurer et de permettre les activités humaines de

manière sécurisée, autonome et efficace. Elle prévient, réduit ou supprime les situations de handicap en tenant

compte des habitudes de vie des personnes et de leur environnement. L'ergothérapeute est l'intermédiaire entre

les besoins d'adaptation de la personne et les exigences de la vie quotidienne en société8.

Esthésie : Sensibilité, capacité de percevoir une sensation. Qualité de cette sensation.

Estime de soi : Capacité à s’attribuer une valeur. L’estime de soi comprend (est la somme de) l’amour de soi, la

confiance en soi et l’affirmation de soi.

Etat de base : Résumé de l’état de la personne associé au processus d’analyse de l’état de la personne.

Expression : Passage du monde intérieur vers le monde extérieur. Sentiment visible.

Faisceau d'items : Regroupement de plusieurs items*.

Fiche d’observation : Elle permet le suivi thérapeutique et a pour fonction d’être une mémoire, un élément

synthétique, un moyen de contrôle et de vigilance de l’action thérapeutique.

Fiche d’ouverture : Elle explique le bien-fondé de la prise en charge, la nature et l’unité de mesure des items*

sélectionnés ainsi que la raison de cette sélection.

Fond : Le contenu, le signifiant.

Forme : Le contenant, le signifié.

Goût : Faculté humaine de se déterminer dans l’appréciation qualitative sensorielle des choses qui nous entou-

rent. Le goût concerne les impressions*. En Art-thérapie, le goût est relié à l’affirmation de soi.

Heuristique : Recherche d’invention pure. Création. Extraction du néant.

Homéostasie : Processus de régulation par lequel l'organisme maintient les différentes constantes du milieu

intérieur (ensemble des liquides de l'organisme) entre les limites des valeurs normales. Caractéristique d'un éco-

système qui résiste aux changements (perturbations) et conserve un état d'équilibre.

Iatrogénie : Toute réponse néfaste et non recherchée à un médicament survenant à des doses utilisées chez

l’homme à des fins de prophylaxie, de diagnostic et de traitement9.

Impression : Passage du monde extérieur au monde intérieur. Intériorisation.

7 Faculté de Médecine Pitié Salpêtrière. Autonomie et dépendance. [En ligne]. Corpus de gériatrie, janvier 2000. [Consulté le 02/11/2015].

Disponible sur : http://www.chups.jussieu.fr/polys/geriatrie/tome1/08_dependance.pdf 8 Association Nationale Française des Ergothérapeutes. Définition. [En ligne]. ANFE, 7 mars 2016. [Consulté le 10/03/2016]. Disponible sur : http://www.anfe.fr/definition. 9 Définition de l’OMS datant de 1969

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Indépendance : Absence de dépendance*. Capacité à mettre en œuvre et utiliser des méthodes spécifiques dans

les actes de la vie quotidienne. Etat de quelqu’un qui n’est tributaire de personne sur le plan matériel, moral,

intellectuel. Non lié à …, non soumis à un pouvoir, libre de toute sujétion.

Item : Plus petite unité observable.

Kinesthésie : Perception consciente de la position et des mouvements des différentes parties du corps.

Mimésis : Terme tiré de la poétique d'Aristote et qui définit l'œuvre d'art comme une imitation du monde tout en

obéissant à des conventions. Capacité de miroir de mimétisme. Capacité à reproduire.

Opération Artistique : Organisation des mécanismes humains impliqués dans la pratique artistique permettant

une analyse de la pratique artistique.

Objectif thérapeutique général : Objectif thérapeutique que l’atelier d’art-thérapie doit atteindre.

Objectifs intermédiaires : Pour atteindre l’objectif thérapeutique général*, des objectifs intermédiaires peuvent

apparaitre et constituent ainsi des étapes intermédiaires dans le cheminement vers l’objectif thérapeutique général.

Pénalité : Obstacle à l’épanouissement, au bien-être.

Pensée : Activité psychique consciente qui traite les éléments fournis par la connaissance, la mémoire, la percep-

tion et l’imagination en combinant des idées et en formant des raisonnements et des jugements10

.

Plan d’Accompagnement de Soin : Dans le cadre du protocole thérapeutique*, ce qui peut être relatif au même

objectif, à la même dynamique, qui est fait par d’autres intervenants ou professionnels et qui est mis en place par

l’Art-thérapeute.

Protocole thérapeutique : C’est l’ensemble de tous les éléments qui constituent la prise en charge thérapeu-

tique. Le protocole thérapeutique comprend 6 éléments : l’état de base*, la stratégie thérapeutique*, l’activité

artistique, les modalités évaluatives, le cube harmonique* (auto-évaluation du patient), le plan

d’accompagnement de soin.

Qualité de vie : Selon l’OMS*, la qualité de vie se définit comme « la perception qu'a un individu de sa place

dans l'existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses

objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes ». Il s’agit toujours selon l’OMS « d'un large champ concep-

tuel, englobant de manière complexe la santé physique de la personne, son état psychologique, son niveau d'in-

dépendance*, ses relations sociales, ses croyances personnelles et sa relation avec les spécificités de son envi-

ronnement. »

Relation : Vécu partagé simultanément par deux personnes, l’une avec l’autre. La relation est caractérisée par le

lien (amical, professionnel, …).

Soins de support : Ensemble des soins coordonnés et du soutien nécessaire aux personnes malades atteintes de

maladies graves parallèlement aux traitements spécifiques tout au long de la maladie quelle qu’en soit l’issue11

.

Site d’action : Mécanisme humain qui dysfonctionne, au regard de l’opération artistique*.

Stratégie thérapeutique : Organisation de la prise en charge thérapeutique et des étapes de l’activité artistique

pour arriver à un but thérapeutique.

Style : Personnalité de l’auteur qui s’exprime dans et par l’œuvre artistique. Le Style concerne l’expression*. En

Art-thérapie, le style est relié à la confiance en soi.

10 GUELFI J.D., Psychiatrie, 6ième édition, Vendôme : Presses Universitaires de France, 2002, p.39. 11 COLOMBAT Ph., DERVAUX A., Soins de support. [En ligne].Faculté de Médecine de Tours, 2014. [Consulté le 10/01/2016]. Disponible sur : http://fmc.med.univ-tours.fr/Pages/DIU-SP/SOS-%20DIU-TOURS%20%202014.pdf

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Introduction

Le vieillissement est le fait de vieillir, de devenir vieux. C'est un phénomène évolutif normal

de la vie humaine qui débute à la naissance et prend fin à la mort. C’est l’action du temps sur

l’être vivant. La vieillesse est la dernière phase du développement de l’être humain et

s’accompagne de modifications physiques, psychiques et sociales. C’est souvent une période

de pertes et de deuils, qui nécessite de se réadapter à soi, aux autres et à l’environnement.

Le vieillissement naturel ou normal peut devenir pathologique lorsqu’apparaissent des mala-

dies, comme les démences* par exemple. La personne âgée peut alors devenir dépendante,

peut perdre son autonomie*, et se retrouver inévitablement placée en EHPAD, Etablissements

d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes.

Toutes ces pénalités*, obstacles à l’épanouissement et au bien-être, entrainent souffrances,

altération de la qualité de vie et diminution de l’estime de soi*.

L’Art-thérapie moderne, exploitation du potentiel artistique dans une visée humanitaire et

thérapeutique, peut être associée aux soins prodigués en EHPAD*, et proposée aux résidents

dans l’idée d’améliorer leur estime de soi.

Ce mémoire s’appuie sur une expérience professionnelle vécue lors d’un stage à l’EHPAD

Saint Dominique de Metz et sur les prises en soin en Art-thérapie* à dominante Arts plas-

tiques de personnes âgées dépendantes. La question principale à laquelle ce travail tente de

répondre est : l’accompagnement en Art-thérapie peut-il améliorer les différentes compo-

santes de l’estime de soi, à savoir l’amour de soi*, la confiance en soi* et l’affirmation de

soi* ?

Dans un premier temps, une présentation des pénalités que peuvent rencontrer les personnes

âgées dépendantes vivant en EHPAD, est faite. Suit une partie qui décrit comment l’Art*, par

ses pouvoirs, peut participer à l’épanouissement de l’être humain, puis comment l’Art-

thérapie utilise l’Art à des fins humanitaires et thérapeutiques.

La seconde partie du mémoire relate les observations cliniques ainsi que l’analyse des don-

nées, réalisées lors de la prise en soin en Art-thérapie de deux résidentes atteintes de la mala-

die d’Alzheimer. Les prises en charge des autres résidents sont ensuite présentées et un bilan

global de l’ensemble des prises en soin et du stage est tiré au regard de la question posée par

ce travail et des objectifs thérapeutiques.

La troisième et dernière partie fait état des constatations liées à la pratique professionnelle au

cours du stage. Elle propose d’élargir la réflexion en considérant d’autres approches, d’autres

disciplines artistiques et d’autres thérapies ou techniques, destinées à améliorer l’estime de soi

et à contribuer au bien-être des personnes âgées dépendantes vivant en EHPAD. Cette der-

nière partie montre aussi l’importance de la relation* entre l’Art-thérapeute et la personne

prise en soin en Art-thérapie.

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Première partie : L’Art-thérapie à dominante Arts plastiques peut améliorer l’estime de

soi des personnes âgées dépendantes vivant en EHPAD

A- Le vieillissement, la maladie et le placement en institution peuvent induire des pénali-

tés qui sont des obstacles à l’épanouissement et au bien-être de l’être humain

I- La personne âgée est en premier lieu un être humain

1-L’être humain est caractérisé par ses dimensions bio-psycho-sociales

11- L’être humain est une entité somatique

L’être humain est avant tout un corps, correspondant à une entité physique, une réalité maté-

rielle : l’être humain existe, avec sa notion de normalité, de conformité à l’espèce.

Mais le corps de l’être humain, contrairement à une « chose matérielle », est soumis à des lois

biologiques et physiologiques. Il fait partie du monde des vivants : l’être humain vit.

En tant qu’entité biologique, l’être humain échange et a des besoins. Il cherche à maintenir un

équilibre vital pour assurer sa continuité. Il est ainsi soumis à de constants mouvements

d’échanges internes et externes permettant de maintenir ses constantes physiologiques (tem-

pérature, pression artérielle, …) et de satisfaire ses besoins dans un but de croissance.

Grâce aux sens (vue, ouïe, goût, odorat et toucher), le corps perçoit la réalité externe et des

échanges se font avec l’extérieur, dans un objectif d’équilibre et de maintien de la vie.

12- L’être humain est une entité psychique

Par son cerveau, l’être humain est aussi un esprit, caractérisé par son psychisme.

Le cerveau est un organe vital et le centre du système nerveux. C’est l’organe de la percep-

tion, de l’action, de la pensée* et de la communication*. Autrement dit, il sert à intégrer les

informations, à contrôler la motricité et à assurer les fonctions cognitives et sociales.

Le cerveau de l’être humain actuel est le résultat d’une longue évolution. C’est le siège de

l’intelligence, du jugement, du raisonnement, de la mémorisation, de l’attention, du langage,

de la vigilance, de l’imagination, de l’humeur, des sentiments, des émotions, des instincts…

Comme le corps, entité somatique, le psychisme est soumis à un ensemble de mouvements et

d’échanges internes et externes ayant pour objectif l’équilibre intérieur de l’être humain et son

adaptation à l’environnement (équilibre avec l’extérieur).

13- L’être humain est une entité sociale

L’être humain est un être social. Pour Aristote, l'homme est un animal social et raisonnable et

il est par nature un animal politique qui tend à vivre en cité, c'est-à-dire en société. Il ajoute

que « Personne ne choisirait de posséder tous les biens de ce monde pour en jouir seul, car

l’homme est un être politique et naturellement fait pour vivre en société. »12

Il a été démontré que les relations avec les autres jouent un rôle déterminant dans le dévelop-

pement de l’être humain et que les rapports humains sont indispensables à la vie et au déve-

loppement psychomoteur normal de l’homme. L’être humain est donc un être de relation et,

par l’utilisation d’un langage commun verbal ou non verbal, un être de communication.

2- L’être humain a des besoins fondamentaux qu’il cherche à satisfaire

21- Il existe différents modèles référençant et hiérarchisant les besoins de

l’être humain

Le besoin* est définit comme étant « l’exigence d’une chose nécessaire » et la vie est un pro-

cessus dynamique entre le besoin créant un manque et la satisfaction de ce besoin.

Virginia Anderson (1897-1996), infirmière américaine, a défini quatorze besoins fondamen-

12 MANON S. L’homme est par nature un animal politique. Aristote. [En ligne]. Philolog, Février 2008. [Consulté le 17/10/2015]. Dispo-

nible sur : http://www.philolog.fr/lhomme-est-par-nature-un-animal-politique-aristote

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taux nécessaires au sentiment de bien vivre, qu’elle a hiérarchisé en fonction de leur nécessité

vitale.13

14

15

Abraham Maslow (1908-1970), psychologue américain a proposé la théorie de la pyramide

des besoins, composée de cinq niveaux :

- Le premier niveau concerne les besoins physiologiques : manger, boire, dormir, se re-

produire, se reposer, …

- Le second niveau, concerne le besoin de protection physique et psychologique, de sé-

curité : posséder, maitriser, être sûr. Avoir un toit, de l’argent, une situation stable fa-

vorisent ce sentiment de sécurité.

- Le troisième niveau concerne le besoin d’appartenance : besoin d’affection, d’amour,

d’amitié. C’est le besoin d’être écouté et compris, d’appartenir à un groupe, d’avoir un

statut et une vie sociale.

- Le quatrième niveau est relatif au besoin d’estime : être apprécié (pour soi-même et

par son travail), se sentir utile et reconnu par autrui, avoir de la valeur pour l’autre.

- Le cinquième niveau est celui de la réalisation ou de l’accomplissement. Maslow parle

d’actualisation. Il concerne le besoin d’épanouissement personnel, satisfait notamment

lors d’un projet mené à terme, d’un accomplissement artistique, …

Dans cette classification, les deux premiers niveaux représentent les besoins primaires de

« l’avoir » : aucune personne ne peut s’épanouir si ces besoins ne sont satisfaits. Les trois

niveaux suivant sont des besoins secondaires de « l’être ».16

17

18

Rosette Poletti (1938- ), infirmière suisse, a établi une classification des besoins en sept ni-

veaux, proche de celle de Maslow. Elle y ajoute le besoin de propriété et différencie l’estime

des autres de l’estime de soi. Le besoin de propriété concerne le besoin de maitrise sur les

choses et les événements, ainsi que le besoin de connaissance pour y arriver.

22- La satisfaction des besoins de l’être humain participe à la bonne santé, au

bien-être et à une qualité de vie satisfaisante

La qualité de vie* a été définie en 1993 par l’OMS* comme étant « la perception qu'a un in-

dividu de sa place dans l'existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs

dans lesquelles il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes

». Il s’agit, toujours selon l’OMS, « d'un large champ conceptuel, englobant de manière com-

plexe la santé physique de la personne, son état psychologique, son niveau d'indépendance*,

ses relations sociales, ses croyances personnelles et sa relation avec les spécificités de son

environnement. » La qualité de vie est donc une notion subjective dépendant de la sensibilité

propre de chacun, de la façon dont chacun conçoit et ressent son existence.

La bonne santé*, définie en 1946 par l’OMS comme « un état de complet bien-être physique,

mental et social, ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité », est

un facteur essentiel de la qualité de vie.

Le bien-être* participe à la bonne santé et est un « état agréable résultant de la satisfaction des

besoins du corps et du calme de l'esprit. »19

Cette définition prend en compte la dimension

physique et psychologique, c’est à dire issue d'une évaluation personnelle et donc subjective.

13 IFSI-IFAS de Lorient. Le concept du besoin. [En ligne]. Institut de formation des professionnels de santé de Lorient, décembre 2013. [Consulté le 25/10/2015]. Disponible sur http://www.ifsi-ifas-lorient.fr/download/1346921491.pdf 14 BRELOT V., SIGAUD V. Les besoins fondamentaux selon Virginia Henderson. [En ligne]. IFSI des Hospices Civils de Beaune, octobre

2015. [Consulté le 02/11/2015]. Disponible sur http://ifsi.hospices-de-beaune.com/wp-content/uploads/2015-CM-22-commun-1%C2%B0ALes-besoins-fondamentaux-VH1.pdf 15 Voir Annexe n°1 page 93. 16 BORREMAN M.C., Ateliers artistiques, Paris : Phalente, 2012, p. 26. 17 Département universitaire de médecine générale de Tours. Pyramide des besoins. [En ligne]. [Consulté le 25/10/2015]. Disponible sur :

http://www.dumg-tours.fr/IMG/pdf/Maslow.pdf 18 Voir Annexe n°2 page 93. 19 Définition extraite du Dictionnaire de français Larousse, disponible en ligne sur : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais. [Consulté

le 30/11/15].

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Le bien-être physique est assuré par une bonne santé physiologique générale, la satisfaction

des besoins du premier niveau des pyramides de Maslow et Poletti, des 8 premiers besoins

fondamentaux définis par Virginia Henderson et du besoin de sécurité physique.

Le bien-être psychique est assuré par la satisfaction des besoins de sécurité psychologique,

d’amour, d’appartenance, de propriété, d’estime de soi et des autres, et par la satisfaction du

besoin d’accomplissement et de réalisation.

Ainsi, les besoins fondamentaux doivent être satisfaits pour que l’être humain se sente heu-

reux et atteigne un état d’équilibre intérieur, l’homéostasie*.

23- Si les besoins de l’être humain ne sont pas satisfaits, il peut apparaitre des

pénalités et des souffrances

Comme nous l’avons vu, la satisfaction des besoins fondamentaux de l’être humain est néces-

saire à sa bonne santé, à une bonne qualité de vie et à son bonheur. Inversement,

l’insatisfaction des besoins de l’être humain va provoquer un déséquilibre entrainant des dou-

leurs ou des manifestations physiques désagréables (faim, soif, …) ainsi que des souffrances

psychologiques.

II- La vieillesse est un phénomène évolutif normal de la vie humaine : c’est l’action du

temps sur l’être vivant

1- La vieillesse est définie officiellement

La vieillesse est la période ultime de la vie. Plusieurs définitions en sont données :

- L’OMS retient le critère d’âge de 65 ans et plus,

- Une définition sociale utilise l’âge de cessation d’activité professionnelle, soit 55-60 ans

- Les démographes de l’INSEE* considèrent qu’elle débute à 60 ans,

- Pour le calcul des taux d’équipements et de services destinés aux personnes âgées, l’âge de

75 ans est pertinent.

Dans les institutions accueillant les personnes âgées, l’âge moyen constaté est d’environ 85 ans.

Avec la diminution de la mortalité, l’espérance de vie à la naissance a considérablement aug-

menté, et elle est actuellement de l’ordre de 79 ans pour les hommes et 85 ans pour les

femmes (données INSEE 2014).20

21

2- Le vieillissement est physiologique et débute à la naissance

Le vieillissement est le fait de vieillir, de devenir vieux. C'est un phénomène physiologique

d'évolution normale pour tout individu. Il débute à sa naissance et s’achève à sa mort.

Le vieillissement naturel, ou sénescence, se définit comme l’ensemble des processus molécu-

laires, histologiques, physiologiques et psychologiques qui accompagnent l’avancée en âge.22

Il correspond à un ralentissement et un affaiblissement des fonctions vitales.

3- Le vieillissement a des conséquences physiques, psychiques et sociales

Le vieillissement physiologique se caractérise par des modifications observables de

l’apparence : apparition de rides, perte et blanchiment des cheveux, …

Des changements internes interviennent aussi. La masse musculaire diminue, provoquant une

diminution de la force, de la tonicité et de la flexibilité musculaires. Les os et les articulations

sont aussi touchés : l’ostéoporose chez les femmes ménopausées entraine un risque accru de

fractures. L’usure des cartilages au niveau des articulations (arthrose) provoque des douleurs,

un raidissement des mouvements et un ralentissement des déplacements. Les systèmes car-

20 Faculté de Médecine Pitié Salpêtrière. Autonomie et dépendance. [En ligne]. Corpus de gériatrie, janvier 2000. [Consulté le 02/11/2015].

Disponible sur : http://www.chups.jussieu.fr/polys/geriatrie/tome1/08_dependance.pdf 21 Le vieillissement humain. [En ligne]. Université Médicale Virtuelle Francophone, 2008-2009. [Consulté le 02/11/2015]. Disponible sur :

http://campus.cerimes.fr/geriatrie/enseignement/geriatrie1/site/html/cours.pdf 22 BLAIN H., Vieillissement normal et pathologique. [En ligne]. Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes, janvier 2007. [Consulté le 02/11/2015]. Disponible sur : http://www.med.univ-montp1.fr/enseignement/cycle_2/MIF/Ressources_locales/Vieillissement/ECN_54_

viellis_physio_patho.pdf

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diovasculaire, respiratoire, digestif, hormonal et l’excrétion connaissent aussi des modifica-

tions.

Les organes sensoriels sont également touchés par le vieillissement. L’acuité visuelle baisse,

l'accommodation aux objets proches diminue (presbytie), une opacification du cristallin peut

apparaitre (cataracte) entrainant une baisse progressive de la vision, … Les capacités audi-

tives, gustatives et l’olfaction diminuent. Le toucher est généralement préservé plus durable-

ment. Les atteintes des capacités sensorielles altèrent les mécanismes d’esthésie*, privant petit

à petit la personne des plaisirs du goût, des odeurs, des couleurs, …

Toutes ces modifications liées au vieillissement entrainent une diminution des capacités

d’adaptation de l’individu et donc une moins bonne adaptation à son environnement et une

plus grande fragilité face aux pathologies.23

Sur le plan cognitif, le vieillissement se caractérise par une diminution des capacités mentales

comme la concentration, la mémorisation, le raisonnement, le jugement, la résolution de pro-

blèmes ou la vitesse de traitement des informations. Il varie selon les fonctions cognitives

considérées, selon les individus et selon que le vieillissement est normal ou pathologique.24

Un vieillissement de la pensée apparait, caractérisé par des troubles du cours de la pensée

(difficultés de déduction, de rapidité d’analyse, problèmes de synthèse), des troubles du con-

tenu de la pensée (insuffisance intellectuelle due à une détérioration mentale dans les déficits

acquis), des distorsions de la pensée (troubles du contenu et des modalités de fonctionnement

de la pensée), des troubles du jugement (erreurs logiques, perte de l’autocritique, comporte-

ments incohérents ou incongrus).25

Des troubles de l’affectivité, se manifestant par une diminution des émotions, un rétrécisse-

ment des champs d’intérêts et paradoxalement une polarisation sur certains sujets, apparais-

sent aussi au cours du vieillissement.26

Le vieillissement psychique est moins visible et plus difficile à repérer que le vieillissement

physique. Il se traduit, comme le vieillissement physique, par la perte progressive, plus ou

moins invalidante, de certaines fonctions et capacités entrainant des difficultés d’adaptation

aux changements.

Sur le plan social, les changements liés à la vieillesse peuvent être vécus différemment selon

les individus, leur personnalité et les particularités de chaque situation. Contrairement aux

changements physiques, qui se caractérisent toujours par une diminution des capacités, les

changements sociaux peuvent être vécus par certains comme un moyen de développer leurs

capacités, leur personnalités ou leur autonomie, alors que d’autres les vivront comme des

freins ou des obstacles.27

La retraite peut être vécue comme une perte lorsque l’activité professionnelle était stimulante,

riche en relations sociales, facteur de valorisation sociale et d’estime de soi. Elle peut être

vécue comme une libération en cas d’activité professionnelle monotone, fatigante, peu valori-

sante, ou peu satisfaisante pour l’individu.

Le temps libéré à la retraite peut permettre à la personne de développer et de découvrir des

activités culturelles, sociales, sportives, …, mais peut aussi contraindre l’individu à une forme

d’inactivité augmentant le sentiment d’inutilité et de solitude, en cas d’absence ou

d’insuffisance de relations sociales, de lieux ou de structures d’activités.

23 LEMAIRE P., Aspects physiologiques du vieillissement.[En ligne]. Université Aix-Marseille. [Consulté le 05/11/2015]. Disponible sur :

http://sites.univ-provence.fr/wlpc/pagesperso/lemaire/enseignement/psyage/physiologie.PDF 24 SAUNERON S., OULLIER O., BLAIN B. Le vieillissement cognitif. Actes du séminaire. [En ligne] Centre d’analyse stratégique, 8 juin

2010. [Consulté le 05/11/2015]. Disponible sur http://oullier.free.fr/files/2010_Sauneron-Blain-Oullier_CAS-Actes_Vieillissement-

Cognitif.pdf 25 CHARDON F., Evaluation des effets d’une pratique d’art-thérapie à dominante musicale auprès de personnes démentes sénile. Chambéry

: Université de Savoie, ANRT. 1 vol. 209 p. Thèse : Doctorat en Psychologie, 2010, p.19. 26 BRUNEL Mme. Vieillissement et conséquences psychologiques. [En ligne]. IFSI Saint Joseph Croix-rouge Marseille, Avril 2010. [Con-sulté le 06/11/2015]. Disponible sur : http://ifsi.paca.free.fr/cours/cours_2eme_annee/Psy4/14_Place_PA_societe/Diapos/vieilliesse_et_consequences

_psychologiques.pdf 27 GINESTE Y., PELLISSIER J., Humanitude, Paris : Armand Colin, 2007, p.81-84.

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La modification de la place de l’individu au sein de la famille (départ des derniers enfants du

foyer, passage au statut de grands-parents ou d’arrière-grands-parents, …) peut aussi être vé-

cue de façon variable en fonction des personnes et de chaque situation.

En résumé, cette période de la vie est ponctuée d’une part d’acquisitions (statut de sage, …) et

d’autre part de pertes (perte du rôle professionnel, diminution des revenus, …) et de deuils

(du conjoint, d’amis, de membres de la famille, …) qui peuvent être difficiles à vivre et at-

teindre l’estime de soi.

Sur le plan psychologique, la vieillesse s’accompagne souvent de problématiques de dégrada-

tion et d’angoisse de mort. Les modifications physiologiques, cognitives et sociales liées à la

vieillesse, peuvent entrainer un sentiment d’inutilité provoquant un retrait social, une apathie,

de l’anxiété, une humeur dépressive, une culpabilité (d’être dépendant d’autrui par exemple).

Ainsi, la vieillesse peut constituer une grande blessure narcissique et affecter l’estime de soi.

Pour Erik Erikson (1902-1994), psychanalyste germano-américain et auteur d'une théorie du

développement psychosocial en huit stades successifs, la vieillesse est la huitième et dernière

phase du développement psychosocial normal de l’individu appelée « Intégrité versus Déses-

poir ». Dans cette théorie, l’« homme vieux », réalisant qu’il avance vers la fin de ses jours,

fait le bilan de sa vie. C’est le stade de la rétrospection. S’il estime avoir eu une vie riche et

remplie, il développe un sentiment d’intégrité personnelle. Au contraire, face à une vie ressen-

tie comme insatisfaisante, il développe et se laisse aller à un sentiment de désespoir.28

4- Le vieillissement peut être pathologique : différentes pathologies peuvent apparaitre

au cours du vieillissement et affecter la personne âgée

Le vieillissement pathologique ou sénilité est la résultante de pathologies chroniques invali-

dantes dont l’incidence croit avec l’âge.

Ces pathologies ou affections peuvent être psychiatriques (dépression, délire, …), neuro-

dégénératives (démences, maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson, chorée de Hunting-

ton…) ou dégénératives et toucher d’autres systèmes comme le système ostéo-articulaire (ar-

throse, ostéoporose, …). Ces pathologies peuvent aussi être des cancers, des maladies vascu-

laires (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux, démences vasculaires, insuffi-

sance cardiaque, artériopathie, …), des maladies respiratoires (insuffisance respiratoire aigue,

Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive, …), des troubles sensoriels notamment vi-

suels (cataracte, dégénérescence de la macula, …) et des troubles sphinctériens (incontinence,

…), des plaies chroniques, …29

5- La maladie d’Alzheimer est l’une des pathologies qui peut affecter la personne âgée

au cours de son vieillissement

La maladie d'Alzheimer est une maladie neuro-dégénérative, appartenant au groupe des dé-

mences, maladies caractérisées par des troubles des fonctions cognitives, dont la mémoire.

A son début, la maladie d'Alzheimer n’est pas ou peu visible. Les premiers troubles apparents

ne surviennent que des mois voire des années après le début effectif de la maladie. La maladie

évolue en moyenne pendant une dizaine d'années.

Dans cette affection, le signe le plus souvent constaté est l'atteinte de la mémoire récente. La

mémoire ancienne est conservée plus longtemps. Des troubles dans l'exécution des gestes de

la vie courante peuvent survenir. Une désorientation dans le temps et dans l'espace apparait.

D'autres troubles neurologiques peuvent être associés : aphasie*, dysorthographie*, apraxie*,

impossibilité de reconnaître ou d’identifier des objets, difficultés à comprendre des situations,

difficultés à faire des projets, perte des initiatives, difficultés à structurer une idée, à résoudre

un problème, troubles de l'humeur, troubles du sommeil. Les troubles cognitifs s'aggravent

28 ERIKSON E., Enfance et société, 2e édition, Neuchâtel : Delachaux et Niestlé, 1966, p. 179. 29 Larousse médical. Sénilité ou vieillissement pathologique. [En ligne]. Encyclopédie Larousse. [Consulté le 10/11/2015]. Disponible sur :

http://www.larousse.fr/encyclopedie/medical/s%C3%A9nilit%C3%A9/16063

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avec le temps et la vitesse de progression de la maladie est variable d’une personne malade à

l’autre. L'évolution de la maladie est irréversible et fatale. Elle entraine progressivement une

dépendance* et une perte d'autonomie de la personne.

Le facteur de risque prépondérant de développer la maladie d’Alzheimer est l'âge. La fré-

quence de la maladie augmente après 65 ans et tout particulièrement après 80 ans. Il existe

aussi des facteurs de risque génétiques. Une forme héréditaire de la maladie, dans laquelle les

premiers symptômes apparaissent autour de 45 ans, existe.

L'affection touche 60% de femmes et 40% d'hommes. Cette différence pourrait être expliquée

par l'espérance de vie plus élevée chez la femme. D’autres facteurs de risque sont à l'étude : il

semble que la sédentarité, les anesthésies répétées, l'insuffisance de prise en charge des fac-

teurs de risque cardiovasculaire, aient un rôle prédisposant.

En France, la maladie d'Alzheimer est la maladie neuro-dégénérative la plus fréquente. Selon

l'INSERM, elle touche actuellement environ 9000 000 personnes et on estime que 1,3 mil-

lions de personnes seront atteintes en 2020. 30

31

6- Le vieillissement notamment pathologique a des incidences sur l’indépendance

voire l’autonomie des personnes âgées

La dépendance est définie comme l’impossibilité partielle ou totale pour une personne

d’effectuer sans aide les activités de la vie, qu’elles soient physiques, psychiques ou sociales

et de s’adapter à son environnement.

L’autonomie est définie par la capacité à se gouverner soi-même. Elle présuppose la capacité

de jugement, c'est-à-dire la capacité de prévoir, de choisir, et la liberté de pouvoir agir, accep-

ter ou refuser en fonction de son jugement. Cette liberté doit s’exercer dans le respect des lois

et des usages communs. L’autonomie relève ainsi à la fois de la capacité et de la liberté.

L’autonomie se réfère au libre arbitre, alors que la dépendance est définie par le besoin d’aide

de la personne.32

Les modifications physiologiques liées à la vieillesse peuvent entrainer un état de dépendance.

Les maladies peuvent entrainer ou aggraver un état de dépendance. Les affections touchant le

système ostéo-articulaire (arthrose, …) en sont un exemple. Parfois, les pathologies peuvent

être responsables de la dépendance et de la perte d’autonomie de la personne âgée. Les mala-

dies neuro-dégénératives (démences, maladie d’Alzheimer, …) et vasculaires (AVC*, dé-

mences vasculaires, …) en sont des exemples.

III- Dans leur parcours de vie, les personnes âgées dépendantes peuvent parfois inévita-

blement se trouver placées en institution

1- Les EHPAD sont des lieux de vie et de soins

Les EHPAD sont des Etablissements d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes. Le

statut d’EHPAD a été créé en 2002 et correspond à des maisons de retraite médicalisées ac-

cueillant des personnes âgées. Ce sont des structures médicosociales régies par des règles re-

groupées dans le Code de l'Action Sociale et des Familles. Ces établissements n’ont pas pour

vocation de se substituer aux hôpitaux et aux établissements de soins de suite ou de soins spé-

cialisés et chaque résident conserve son médecin traitant.

Les EHPAD accueillent des personnes de plus de 60 ans, seules ou en couple, en situation de

dépendance physique ou psychique et pour lesquelles un maintien à domicile n’est plus envi-

sageable. Il peut exister des dérogations permettant l’admission de personnes de moins de 60

ans en EHPAD. 30 Ministère des Affaires sociales et de la Santé. Maladie d'Alzheimer. [En ligne]. Paris, 2015 [Consulté le 30/03/2016]. Disponible sur :

http://social-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-neurodegeneratives/article/la-maladie-d-alzheimer 31 Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Alzheimer. [En ligne]. INSERM, 2014 [Consulté le 30/03/2016]. Dispo-

nible sur http://www.inserm.fr/thematiques/neurosciences-sciences-cognitives-neurologie-psychiatrie/dossiers-d-information/alzheimer 32 Faculté de Médecine Pitié Salpêtrière. Autonomie et dépendance. [En ligne]. Corpus de gériatrie, janvier 2000. [Consulté le 02/11/2015 ]. Disponible sur : http://www.chups.jussieu.fr/polys/geriatrie/tome1/08_dependance.pdf

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Un EHPAD peut être spécialisé dans les maladies comme la maladie d’Alzheimer, de Parkinson, …

Les prestations peuvent varier d'un établissement à un autre. La plupart du temps les établis-

sements proposent un service de restauration et de blanchisserie, des activités de loisirs, une

aide à la vie quotidienne assurée par des professionnels présents 24 heures sur 24, une surveil-

lance médicale, des soins assurés en continu par des infirmiers, des aides-soignants, des aides

médico-psychologiques, ...

Certains établissements de taille importante peuvent employer un ou plusieurs médecins géné-

ralistes salariés. Ces derniers sont alors les médecins traitants des résidents.

Un EHPAD est aussi conçu pour pouvoir accueillir les familles des résidents et offrir à celles-

ci un cadre de vie le plus agréable possible lors de leur visite.

Un EHPAD peut être public, associatif (privé à but non lucratif) ou privé à but lucratif (géré

par une entreprise privée).33

34

2- Le degré d’autonomie ou de dépendance de la personne âgée est déterminé grâce à

la grille AGGIR

La grille AGGIR* (Autonomie, Gérontologie, Groupes Iso-Ressources) est une grille d'éva-

luation des capacités de la personne âgée à accomplir certaines activités corporelles, mentales,

domestiques et sociales.

Cette évaluation permet de déterminer le degré de dépendance de la personne âgée ainsi que

le niveau d'aide dont elle a besoin pour accomplir les actes essentiels de la vie quotidienne. En

fonction de son degré de dépendance, elle est classée dans l'un des six groupes iso-ressources

(GIR*). Le GIR1 désigne le niveau de dépendance le plus fort et le GIR6 désigne le niveau de

dépendance plus faible. Le degré de dépendance de la personne âgée influe en particulier sur

le choix de l’établissement d’accueil.35

36

37

3- En EHPAD, un projet de vie individualisé est établi pour chaque résident

En institution, les professionnels de l’accueil et de l’accompagnement des personnes âgées

doivent travailler à trouver un équilibre entre les besoins et les attentes de la personne d’une

part, et la logique de l’organisation et du fonctionnement de la collectivité d’autre part.

Un projet personnalisé, appelé projet de vie individualisé (PVI*) doit être élaboré pour toute

personne après son admission dans la structure. Il est recommandé que ce projet contienne

entre autres deux volets indissociables : la qualité de vie et les soins.38

Le projet personnalisé définit les objectifs de prise en charge des résidents et les prestations

qui leur sont délivrées. Ce projet s’appuie sur les besoins, les attentes et les aspirations des

résidents. Il prend en compte leur vie passée, leurs goûts, leur capacité d'adaptation, leur bilan

médical, fonctionnel et psychique, leur évolution au sein de l'établissement.

Ce projet personnalisé permet de proposer au résident un accompagnement le plus adapté pos-

sible en fonction de ses besoins, ses désirs et ses demandes. Ce projet est conforme aux droits

des usagers mentionnés dans le Code de l'Action Sociale et des Familles et plus particulière-

ment dans la Charte des Droits et Libertés de la Personne Accueillie.

33 Direction de l'information légale et administrative. Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). [En ligne]. Paris, 2015. [Consulté le 01/12/2015]. Disponible sur : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F763 34 Annuaire Sanitaire et Social. Le statut des EHPAD. [En ligne]. Paris, ONPC. [Consulté le 01/12/2015]. Disponible sur :

http://www.sanitaire-social.com/annuaire/ehpad/30 35 Direction de l'information légale et administrative. Qu'est-ce que la grille Aggir ?. [En ligne]. Paris, novembre 2015 [Consulté le

01/12/2015]. Disponible sur : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1229 36 Aide sociale aux personnes âgées. Le GIR dans le détail.[En ligne]. Groupe ASPA 2004 – 2013. [Consulté le 01/12/2015]. Disponible sur : http://www.aidesociale.com/16.html 37 Voir Annexe n°3 page 94. 38 Haute Autorité de Santé. La co-construction du projet personnalisé : des réponses personnalisées, adaptées et évolutives. [En ligne]. HAS, avril 2012. [Consulté le 05/12/2015]. Disponible sur : http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2012-

04/projet_personnalise.pdf

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4- L’entrée en institution peut apporter des solutions aux problèmes et aux souffrances

des personnes âgées dépendantes

L’entrée en EHPAD est une décision importante et parfois difficile à prendre pour une per-

sonne et/ou son entourage. La démarche d’entrée en institution peut provenir :

- de la personne elle-même, rencontrant des difficultés pour effectuer les actes de la vie quoti-

dienne, et/ou consciente des limites du maintien à domicile et/ou soucieuse de ne pas être une

charge pour ses proches,

- de son conjoint et/ou de ses enfants qui peuvent s’épuiser et/ou craindre pour la sécurité de

leur conjoint ou parent,

- des services sociaux ou d’un médecin.

L’entrée en institution peut apporter des solutions à la dépendance, à la perte d’autonomie, à

l’isolement, à la solitude et à l’insécurité de la personne âgée à domicile.

5- L’entrée en institution peut aussi être une étape difficile dans la vie d’une personne

âgée et peut être synonyme de traumatismes et de deuil

L’entrée en institution représente un tournant dans la vie d’une personne âgée, souvent un

bouleversement, voire un traumatisme. Elle doit quitter son environnement habituel pour un

lieu étranger. Elle doit faire le deuil de son logement, de ses habitudes de vie et de son envi-

ronnement de vie antérieur. Elle doit faire face à un entourage imposé, qu’elle n’a pas choisi,

être en présence d’autres personnes âgées dépendantes.

L’entrée en institution entraine une transformation des rapports au conjoint ou au parent, avec,

le plus souvent, de nombreuses répercussions dans les relations familiales. La personne âgée

peut avoir le sentiment d’être abandonnée par sa famille.39

IV- Les pénalités et les souffrances liées au vieillissement, à la maladie et à la dépen-

dance affectent l’estime de soi

1- L’estime de soi a une définition

Selon Fabrice Chardon, l’estime de soi est la capacité à s’attribuer une valeur.

Selon Bernard et Millot 40

, l’estime de soi a trois composantes : l’amour de soi, la confiance

en soi et l’affirmation de soi.

L’amour de soi est la capacité à éprouver de la considération pour soi-même, la capacité à

éprouver du plaisir à être. Ne plus avoir l’occasion de connaitre des plaisirs simples comme

manger des aliments ou des plats que l’on aime, recevoir des marques de tendresse, éprouver

du plaisir à toucher ou à être touché, éprouver des plaisirs sensoriels, être reconnu, entendu,

écouté, considéré, regardé, … affecte l’amour de soi.

La confiance en soi est la capacité à agir et à se projeter dans l’avenir. La confiance en soi des

personnes âgées dépendantes placées en institution peut être affectée du fait de la diminution

de leurs capacités physiques et cognitives, d’un manque de projets, du peu de participation à

la construction de projets nouveaux, de la peur de ne pas y arriver.

L’affirmation de soi est la capacité à affirmer son goût*, sa personnalité, la capacité à faire

des choix. L’affirmation de soi d’une personne âgée dépendante vivant en EHPAD peut être

altérée lorsqu’elle subit les choses, lorsqu’elle est considérée comme un objet de soins et non

comme un sujet, lorsqu’on lui impose les choses sans lui demander son avis (son placement

en institution, les horaires, les soins, les résidents qu’elle côtoie, le programme de télévision,

la musique d’ambiance, …).

39 HERVE H., Pour un accueil de qualité en maison de retraite. La valorisation de l’identité de la personne âgée. Rennes : Ecole Nationale de santé Publique. 1vol. 102 p. Mémoire : Directeur d’établissement sanitaire et social public : ENSP : 2003. 40 FORESTIER R., L’évaluation en art-thérapie. Pratiques internationales, Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson, 2007, p. 75.

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2- Les circonstances et certaines attitudes peuvent affecter l’estime de soi des per-

sonnes âgées dépendantes placées en institution

La conscience de la fin de la vie, de la proximité de la mort, de la non-maitrise des situations,

de la dépendance, de l’isolement, … et la perception des personnes atteintes de maladies neu-

ro-dégénératives que « ça ne tourne plus bien là-haut », affectent l’estime de soi et entrainent

angoisse et anxiété.

Le regard des autres et notamment certaines attitudes à l’égard des personnes âgées dépen-

dantes peuvent également affecter l’estime de soi de celles-ci :

- La gérontophobie, crainte irrationnelle de tout ce qui se rapporte à la vieillesse,

- L’âgisme, attitude discriminatoire à l’égard des personnes âgées,

- L’infantilisation, forme de discrimination, pouvant se manifester par le tutoiement, la

simplification à outrance des activités et la mise en œuvre d’activités ne correspondant

pas et ne répondant pas aux besoins et/ou aux capacités des personnes destinataires.41

B- L’Art, par ses pouvoirs, participe à l’épanouissement et peut améliorer l’estime de soi

de l’être humain

I- L’Art est définit comme une activité d’expression volontaire, humaine, orientée vers

l’esthétique

1- L’Art est une forme d’expression humaine

L’Art permet à l’artiste de s’exprimer, c'est-à-dire de faire connaitre son monde intérieur au

monde extérieur. Selon richard Forestier, « on peut dire (…) que l’activité artistique a un pou-

voir expressif. De l’émotion la plus délicate à l’agressivité la plus violente, la nature de

l’expression* humaine implique un effet fondé sur cette confrontation entre les mondes inté-

rieur et extérieur de l’homme. »42

D’autre part, l’Art est humain : ni un animal, ni la nature ne font de l’Art.

2- L’Art implique un engagement du corps et de l’esprit de l’être humain

L’Art, en temps qu’activité, implique l’action qui engage le corps. Dès lors qu’un artiste dé-

cide de s’engager dans une activité artistique, son corps est mis en action. Mais l’Art implique

aussi l’esprit de l’être humain, ses facultés intellectuelles, sensorielles et émotionnelles. La

pratique artistique ou la contemplation* d’œuvres d’Art impliquent la perception sensorielle,

l’analyse mentale, l’imagination.

3- L’Art implique une idée d’intention

L’Art est défini comme une activité volontaire. Or la volonté implique une idée d’intention. Si

c’est du hasard, ce n’est pas de l’Art. Lorsque le hasard intervient et permet d’obtenir « des

éclats esthétiques », « cela relève de la perception esthétique, cela ne relève pas de l’Art. »43

C’est la volonté, l’intention qui va permettre l’engagement* de l’être humain, l’élan* corporel

et psychique et activer les mécanismes d’expression.

4- L’Art se caractérise par la recherche esthétique

Le mot « orienté » utilisé dans la définition de l’Art, indique que celui-ci a un but.

L’esthétique doit son nom au philosophe allemand Alexander Gottlieb Baumgarten (1714-

1762) qui l’a définie comme « la science du beau dans l’Art et la nature », et vient du grec

aisthètikos signifiant « qui peut être perçu par les sens ». Ainsi, l’esthétique est la science qui

traite du beau et du sentiment qu’il fait naître en nous. L’Art, tourné vers cette recherche du

41 D’ARCO V., RUIZ C. « L'effleure du bien ». A propos du toucher dans la relation soignant/soigné avec la personne âgée. Hyères :

IFPVS. 1vol. 62 p. Mémoire : Infirmière : IFPVS : 2000, p.12. 42 FORESTIER R., Tout savoir sur l’art occidental, Lausanne : Favre, 2004, p. 218. 43 FORESTIER R., Tout savoir sur l’art occidental, Lausanne : Favre, 2004, p.196.

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beau qui nous touche et génère en nous des émotions, est un domaine d’expression privilégié

de la sensibilité humaine.44

II- L’Art a des effets sur l’être humain

L’Art pariétal, les peintures rupestres témoignent de l’existence de l’art depuis longtemps

dans les sociétés humaines. Si l’Art a traversé les siècles c’est qu’il provoque des effets sur

l’être humain et occupe une place particulière dans la vie sociale.

1- L’Art a un pouvoir relationnel : il favorise la relation et la communication

Depuis les premières expressions artistiques, l’Art relie les hommes entre eux. La contempla-

tion d’une œuvre d’Art, par les idées et/ou l’émotion qu’elle peut susciter, peut amener le con-

templateur, à rencontrer l’artiste, à entrer en relation avec lui, puis à communiquer avec lui.

La contemplation d’une œuvre d’Art peut aussi relier les contemplateurs entre eux. La présen-

tation d’œuvres d’Art lors d’expositions, de concerts, de spectacles rassemblent les êtres hu-

mains, les met en relation autour de l’œuvre, favorisant aussi la communication entre eux.

« L’œuvre est alors un catalyseur, une sorte de processeur entre l’art, l’esthétique, l’artiste et

le contemplateur. Elle implique le contemplateur dans la communauté des hommes ».45

L’Art est d’ailleurs souvent présent dans les manifestations rassemblant les être humains, sous

forme de musique, de danses, de chants, ce qui lui donne un pouvoir social particulier.46

En dehors de la contemplation, l’activité artistique se caractérise aussi par la mise en relation,

la communion entre les personnes concernées par cette même activité artistique. L’exemple

de la musique d’ensemble montre « cette situation où chacun se confond avec le groupe tout

en étant respecté comme membre du groupe, ce qui produit dans ce cas une cohésion musicale

extraordinaire et une relation intime entre les artistes ». 47

Barbara Hendricks, cantatrice de renom, a dit : « Je pense que l'art a le pouvoir de nous unifier

tous inconsciemment, en tant que membres de la grande famille de l'humanité ». 48

2- L’Art a un pouvoir d’entrainement : il favorise l’élan physique et mental

Le pouvoir d’entraînement de l’Art se caractérise par le fait que la contemplation et la produc-

tion d’œuvres d’Art peut provoquer des réactions impliquant le corps moteur et le psychisme.

L’écoute d’un morceau de musique peut entrainer le fait de battre la mesure avec le pied, ou

de chantonner durant ou après la fin de l’écoute. La contemplation d’un tableau ou d’une

sculpture peut provoquer l’apparition d’émotions et/ou de mouvements liés à l’envie de tou-

cher l’œuvre ou, au contraire de fuir celle-ci si elle provoque un sentiment de peur ou de dé-

gout. La production d’une œuvre peut également provoquer l’apparition d’idées en entrainant

d’autres, puis mobilisant le corps et faisant évoluer la production. Le pouvoir d’entrainement

de l’Art joue ainsi un rôle de « dynamiseur », utile à l’engagement dans l’action.

3- L’Art a un pouvoir éducatif : il développe les facultés de l’être humain

La pratique d’une activité artistique permet d’acquérir, de développer et d’entretenir des sa-

voir-faire, des connaissances et des facultés humaines.

Avec la pratique artistique, le corps (par la motricité globale, la coordination, l’équilibre, la

force, la motricité fine, la dextérité, …) et l’esprit (via l’intellect, la réflexion, l’imagination,

les émotions, …) sont sollicités.

44 LEFEVRE C., Evaluation de l’impact de l’art-thérapie à dominante arts plastiques sur l’estime de soi auprès de personnes en situation de

précarité et d’exclusion sociale. Grenoble : Université Joseph Fournier, AFRATAPEM. Mémoire : Art-thérapie : 2011, p.25. 45 FORESTIER R., Tout savoir sur l’art-thérapie, 7ème édition, Lausanne : Favre, 2012, p. 34. 46 FORESTIER R., Op.cit. p. 33. 47 FORESTIER R., Op.cit. p. 49. 48HENDRICKS B., L’art a le pouvoir de nous unifier.[En ligne]. Huffingtonpost, 18/11/2013. [Consulté le 29/02/2016]. Disponible sur :

http://www.huffingtonpost.fr/barbara-hendricks/lart-a-le-pouvoir-de-nous-unifier_b_4293104.html

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Avec la contemplation, l’épanouissement des facultés sensorielles est favorisé. En apprenant à

écouter la justesse et l’harmonie des sons, en apprenant à regarder des couleurs, des nuances,

des formes, des proportions, …, l’être humain développe ses facultés sensorielles.

L’Art permet de développer l’attention, la concentration, le traitement mental de

l’information, son analyse, sa mémorisation, nourrit l’imaginaire, …

L’Art participe aussi à l’éducation sociale de l’être humain, par exemple lorsque celui-ci réa-

git à une prestation artistique en faisant preuve d’une expression critique.49

4- L’Art en permettant à l’individu de s’engager, de mettre en avant son style et son

goût, peut favoriser l’estime de soi

Comme nous l’avons vu, l’estime de soi, selon Bernard et Millot, a trois composantes :

l’amour de soi, la confiance en soi et l’affirmation de soi.50

L’activité artistique nécessite une intention et un engagement sous-tendu par le plaisir senso-

riel puis le plaisir esthétique. Pour s’engager, il est nécessaire que la personne considère ce

qu’elle réalise et se considère elle-même. En cela, l’engagement dépend de l’amour de soi de

la personne, c'est-à-dire de la valeur que la personne peut s’attribuer, de sa capacité à être (sa-

voir-être) et à éprouver du plaisir.51

La dynamique qui découle de l’engagement procure un

bien-être (le Bon*) qui pousse la personne à s’engager dans l’activité artistique.

L’Art permet d’exprimer son style*. Lorsqu’une personne réalise une production, elle donne

son empreinte à ce qu’elle produit et elle y met son savoir-faire. Elle lui donne son style qui

exprime sa personnalité. Le style qui permet de reconnaitre l’auteur d’une œuvre implique la

confiance en soi.52

La confiance de la personne en ses compétences va lui donner l’envie et

l’espoir de réaliser une production bien faite (le Bien*).

L’Art permet d’exprimer son goût. Le goût, lié au savoir-ressentir, permet d’apprécier les

choses et lorsqu’une personne exprime qu’elle aime ou déteste une production artistique, elle

s’expose au jugement des autres. La capacité à exprimer son goût implique donc l’affirmation

de soi. En exprimant ses goûts, la personne affirme ce qui est beau (le Beau*) pour elle.

5- Les effets de l’Art sur l’être humain sont variables et ne lui sont pas toujours bénéfiques

L’Art n’agit pas sur toutes les personnes et lorsqu’il agit les réactions peuvent varier d’une

personne à l’autre. Certains être humains peuvent être hermétiques à l’Art, d’autres peuvent y

être plus ou moins sensibles. Les personnes hostiles, indifférentes ou insensibles à l’Art ne

seront pas concernées par la discipline qu’est l’Art-thérapie.

L’Art peut aussi comporter des dangers. Nombre d’artistes souffrent de dépression, voire se

suicident. On considère souvent que le mal-être d’un artiste peut être source d’inspiration,

voire qu’il lui est nécessaire. Les artistes sont parfois traités de fous ou de torturés. Ceux pro-

duisant sans jamais exposer leur production, peuvent se mettre en marge de la société et

s’enfermer seuls dans leur propre monde, annulant ainsi le pouvoir relationnel de l’Art.

L’Art n’est pas naturellement bénéfique. Adolphe Hitler, qui a débuté comme artiste peintre et

appréciait Wagner, en est un exemple.53

Ainsi, « il existe des conditions et des dangers, donc

des limites à l’exploitation du pouvoir de l’Art auprès de personnes fragilisées » et « l’Art

exploité comme processeur thérapeutique oblige l’acquisition de compétences profession-

nelles spécifiques que les art-thérapeutes possèderont. » 54

49 FORESTIER R., La nature scientifique de l’Art-thérapie moderne. In FORESTIER R., Actes du congrès international d’art-thérapie, Lille : Lille-ICL, AFRATAPEM, 2012, p.9. 50 BERNHARD H., MILLOT C., L’apport spécifique de l’autoévaluation par le cube harmonique dans la restauration de l’estime de soi. In

FORESTIER R., L’évaluation en art- thérapie, Pratiques internationales, Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson, 2007, p.75. 51 FORESTIER R., Tout savoir sur l’art-thérapie, 7ème édition, Lausanne : Favre, 2012, p.161. 52 FORESTIER R., Op.cit. p.16. 53 FORESTIER R., Le métier d’art-thérapeute, Lausanne : Favre, 2014, p.33. 54 FORESTIER R., La nature scientifique de l’Art-thérapie moderne. In FORESTIER R., Actes du congrès international d’art-thérapie,

Lille : Lille-ICL, AFRATAPEM, 2012, p.10.

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III- Il existe différents types d’Arts

1- L’art vise l’utilité, l’Art vise l’esthétique

Le premier concept de l’art était de répondre à une commande divine et c’est l’artisan qui se

chargeait de satisfaire la commande. Ainsi, l’art concerne la technique, le savoir-faire. Il est

orienté vers une dimension utilitaire et pratique (arts appliqués, décoration, arts de la table, …).

Il est en rapport avec la forme* (le contenant, le signifié), l’artisan, l’art utile, l’objectivité, la

créativité* qui va du mimésis* à l’heuristique*. En latin, « ars » signifie « savoir-faire ». Dans

l’art, l’artiste est objet, le Beau est le moyen et l’objectif est l’utilité, la technique.

A la renaissance italienne, est apparue la notion d’agréable, de beau. Ainsi est apparu l’Art,

orienté vers une dimension esthétique. Il est en rapport avec le fond* (le contenu, le signi-

fiant), l’esthète, les beaux-arts, la subjectivité, le Beau qui va du laid au sublime. Dans l’Art,

l’artiste devient sujet, le Beau est l’objectif et le moyen est la technique.

L’art est le savoir-faire en général, c’est l’art de l’artisan (qui a donné l’ergothérapeute). L’Art

est le savoir-faire (la techné, en grec) au service du savoir-ressentir (l’esthétique), c’est l’Art

de l’esthète.55

Quand art et Art coïncident, un juste rapport entre le fond et la forme, entre l’esthète et

l’artisan s’établit et c’est ainsi que nait l’artiste.

2- L’Art I est archaïque et global, L’Art II est ordonné et spécifique

L’Art I* ou Art premier est défini comme étant la phase de l’instinct à l’action volontaire

orientée vers l’esthétique qui se présente de façon globale, anarchique et qui trouve le corps

comme médiateur privilégié. L’Art I est une expression archaïque (c'est-à-dire sans régula-

tion, ni maitrise du geste) et globale, basée sur l’expression du corps et faisant ressentir la

gratification sensorielle. C’est l’expression artistique de la phase 3 de l’Opération Artistique*.

Dans l’Art I, ce sont les plaisirs sensoriels qui dominent.

L’Art II* ou Art second se présente, à la suite de l’Art I, en réalité est alternatif. L’Art II est

une action volontaire orientée vers l’esthétique, qui se présente de façon ordonnée (puisque

tributaire de la technique) et spécifique (puisque lié à une certaine dominante*). Les tech-

niques artistiques sont nécessaires. L’Art II est l’expression de l’intention esthétique passant

par la réflexion. C’est l’expression artistique de la phase 4 de l’Opération Artistique. Dans

l’Art II, ce sont la technique et l’organisation qui dominent. « L’Art II concerne l’Art dans sa

matérialité et sa réalité artistique conventionnelle. »56

En Art-thérapie, avec des personnes démunies, il arrive que l’on ne puisse pas dépasser l’Art I.

A contrario, certaines personnes resteront dans l’Art II, dans le besoin de réflexion, de mai-

trise et d’ordre, ne prenant pas en compte la gratification sensorielle liée à la pratique artistique.

Généralement Art I et Art II sont tous deux impliqués dans la réalisation d’une œuvre, de fa-

çon alternative. La dynamique entre l’Art I et l’Art II permet d'éprouver du plaisir sensoriel et

archaïque tout en essayant de réaliser une production maîtrisée d’un point de vue technique. 57

3- L’Art peut être diachronique ou synchronique

Il existe deux types d’Art :

- l’Art diachronique qui se caractérise par une action et une production dissociées,

- l’Art synchronique, où action et production sont liées et simultanées.58

Les Arts plastiques, la calligraphie, la photographie sont des Arts diachroniques. Ils sont ca-

ractérisés par la production d’un objet matériel et tangible, une trace.

La musique, la dance, le théâtre sont des Arts synchroniques. La production a lieu au moment

de l’action et, à moins qu’il y ait enregistrement, il ne reste pas de trace tangible de la produc-

tion après l’action.

55 FORESTIER R., Tout savoir sur l’art-thérapie, 7ème édition, Lausanne : Favre, 2012, p.21. 56 FORESTIER R., Le métier d’art-thérapeute, Lausanne : Favre, 2014, p.160. 57 FORESTIER R., Op.cit. p.158-162. 58 FORESTIER R., Op.cit. p.153.

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IV- L’Art propose diverses techniques artistiques permettant de toucher un grand

nombre de personnes différentes

Il existe diverses techniques artistiques ayant des caractéristiques et des spécificités diffé-

rentes : la peinture, le dessin, le modelage, la sculpture, la calligraphie, la broderie, la dentelle,

la danse, le théâtre, le conte, le mime, la musique, le chant, mais aussi l’écriture, la poésie, …

1- Les différentes techniques artistiques, permettent de stimuler différemment les sens

Les techniques artistiques peuvent être caractérisées par les modalités sensorielles qu’elles

utilisent.

Du point de vue du contemplateur, les arts plastiques utilisent la vue, la musique utilise l’ouïe,

le théâtre utilise la vue et l’ouïe, … Il est parfois difficile de relier certaines techniques artis-

tiques à une modalité sensorielle spécifique, car elles peuvent faire appel à plusieurs sens.

En matière de pratique artistique, toute technique artistique est avant tout une technique cor-

porelle soumise à des lois matérielles. L’artiste qui produit une œuvre plastique est soumis à

des matériaux, des outils, des instruments qu’il doit maitriser. Le danseur est soumis à son

corps et aux lois de la pesanteur. Ainsi, l’artiste pratiquant le modelage est confronté à la ré-

sistance de l’argile qui provoquera chez lui des sensations tactiles, par le biais de la motricité

fine. Le danseur est confronté à son corps qui lui donnera des sensations kinesthésiques, par le

biais de la motricité globale.59

2- Les modalités d’expression varient suivant la technique artistique utilisée

Les modalités d’expression que proposent les diverses techniques artistiques varient aussi. Le

chant utilise la voix, la danse utilise le corps et la motricité globale, la peinture utilise la mo-

tricité fine, …

L’Art, par les multiples techniques qu’il propose, peut ainsi concerner et toucher un grand

nombre d’individus selon les capacités, les envies, les besoins d’expression, les intérêts et la

sensibilité de chacun.

V- Les Arts plastiques présentent des spécificités

1- La pratique des Arts plastiques provoque des sensations visuelles, tactiles, voire ol-

factives et auditives

Les Arts plastiques sont généralement considérés comme des Arts visuels. En effet, les

œuvres produites font appel à la vue pour leur réalisation (choix des matières, des couleurs,

des supports, …), comme pour leur contemplation. Mais, ils font aussi appel au toucher : tra-

vail du sculpteur ou du peintre, contemplation d’une œuvre par une personne non voyante, …

Selon l’outil ou l’instrument traceur utilisé, la vue va être stimulée de manière différente. Les

encres, les peintures, les craies, les pastels, … vont donner des résultats et provoquer des sen-

sations visuelles différentes.

Le support sur lequel va être réalisée la production peut être de nature et de composition diffé-

rentes : papier, toile ou tissu, métal, plastique, … Il peut être lisse ou rugueux, rigide ou

souple, …, provoquant des sensations tactiles variées.

La pratique du modelage offre une grande diversité de sensations tactiles, selon que l’on se

serve de pâte à modeler, d’argile plus ou moins finement chamottée, ou que l’on utilise la

technique du papier mâché. Les différents matériaux utilisables peuvent être lisses ou ru-

gueux, chauds ou froids, plus ou moins humides, de consistance plus ou moins dure, provo-

quant des sensations tactiles variées.

Lors de la pratique du dessin ou de la peinture, la sensation varie en fonction de l’outil choisi

et utilisé. Une brosse à poils durs gratte plus le support, qu’un pinceau à poils souples. La

59 FORESTIER R., Op.cit. p.194-195.

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sensation tactile est différente lorsque l’on utilise de la peinture ou que l’on utilise un feutre,

et lorsque la peinture est utilisée avec un pinceau ou directement avec les mains.

L’utilisation de certaines matières ou produits, peut stimuler l’odorat. L’utilisation de colle ou

de pâte à modeler parfumées, l’utilisation d’essence de térébenthine lors de la pratique de la

peinture à l’huile provoque des sensations olfactives qui peuvent être agréables ou non pour la

personne en fonction de ses goûts, des souvenirs que ces odeurs peuvent faire émerger, …

Enfin, l’ouïe peut aussi être stimulée lors de la pratique des Arts plastiques. Le bruit du ciseau

sur la pierre lors de la pratique de la sculpture, le bruit produit par le fait de froisser ou de dé-

chirer du papier provoque des sensations auditives.

Par la captation, les sens permettent à l’individu qui a une pratique artistique plastique,

d’éprouver des gratifications sensorielles, des émotions plaisantes ou déplaisantes.

Les arts plastiques permettent de faire l’expérience de la matière, de tester divers outils et

supports. Ils sont sous-tendus par le plaisir que peut avoir l'être humain à voir, regarder, tou-

cher, manipuler, faire, sentir, voire, entendre.

2- Les Arts plastiques permettent l’apprentissage et la mise en pratique d’un savoir-

faire utilisant la motricité fine

Le corps est mis en action dans la pratique artistique. L’activité plastique nécessitant une pos-

ture adaptée, implique en premier lieu la motricité globale mais également la motricité fine

qui est sollicitée de manière privilégiée dans cette dominante artistique. La capacité de pré-

hension est ainsi particulièrement sollicitée dans cette activité.

La motricité fine est très utilisée lorsque l’on peint, que l’on dessine, que l’on colorie ou que

l’on utilise la technique du modelage. Elle est aussi requise lorsque l’on découpe, que l’on

place et organise différents éléments sur un support, que l’on colle ces éléments. Plus la pro-

duction à réaliser est petite et plus la minutie est nécessaire et la motricité fine importante.

3- Les Arts plastiques permettent de laisser une trace pouvant être exposée au monde

extérieur

Les Arts plastiques, en tant qu’Arts diachroniques, ont la particularité de laisser une trace vi-

sible et tangible. Lorsque la production est née, voire achevée, elle peut être présentée au

monde, exposée aux yeux d’autrui (traitement mondain, phase 8 de l’opération artistique). La

production artistique passe alors de l’expression de l’artiste à l’impression* du contemplateur.

4- Les Arts plastiques permettent de laisser une trace qui survit à son auteur

En Arts plastiques, la production étant indépendante de celui qui l’a produite, elle peut être

contemplée sans que l’artiste soit présent, et de façon différée par rapport au moment de sa

réalisation. Les arts-plastiques permettent ainsi de laisser une trace pérenne qui a le pouvoir

de continuer à exister après la disparition de son auteur. Elle peut ainsi prolonger la vie de son

auteur après sa mort, par le souvenir qu’elle laisse de lui.

VI- La musique et le chant présentent aussi des spécificités :

1- La musique a un fort pouvoir d’entrainement

La musique a un fort pouvoir d’entrainement sur le corps et sur l’esprit. Ce pouvoir a été utili-

sé de tout temps et dans toutes sortes de situations. Au temps de la marine à voile, les chants

des marins avaient pour principale fonction de rythmer, de synchroniser le travail en équipe et

de soutenir les marins dans leurs efforts. Il existait ainsi des chants pour les différentes tâches

à accomplir sur un bateau : chants à hisser, chants à ramer, chants à virer, chants à pomper, ...

Ces chants de travail étaient rythmés suivant l'effort à fournir et certains avaient pour but

d'égayer une tâche ingrate. Dans l’armée, le chant était utilisé pour soutenir l’effort des sol-

dats et les distraire pendant les longues marches. Actuellement, les chants militaires ont plutôt

un rôle de cohésion et de démonstration. Les chants et danses des équipes sportives, tel le

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hakka de l’équipe néo-zélandaise de rugby, sont destinés à échauffer l’ardeur des joueurs, à

les motiver à gagner et à impressionner l’adversaire. La musique religieuse est destinée à

exalter la ferveur des fidèles.

2- La musique agit sur l’âme et procure des émotions

La musique a un pouvoir d’entrainement sur le corps et sur l’esprit, mais aussi sur l’âme. La

musique en influençant notre humeur et notre état d’esprit, nous procure des émotions. Qui

n’a jamais ressenti de tristesse à l’écoute d’une chanson mélancolique ? Qui n’a jamais res-

senti de la joie à l’écoute d’une chanson de Charles Trenet comme « je chante » ? Qui n’a

jamais de ressenti de peur à l’écoute d’une musique accompagnant un film de suspense ?

Arnold Bennett, écrivain britannique, a dit que la musique était « un langage que seule l’âme

comprend, mais que l’âme ne peut jamais traduire ». Pour Sviatoslav Richter, pianiste russe,

elle est « la poésie de l’air ». Pour Tolstoï, elle est « la sténographie de l’émotion ». Enfin,

Goethe en a dit : « C’est l’un des principaux moyens pour produire sur l’homme un effet

d’émerveillement. » Les mots sont le langage de l’esprit. La musique est le langage de l’âme.60

La musique s’adresse directement à l’âme et s’écoute sans qu’il y ait besoin de l’analyser pour

la comprendre. La musique fait partie du champ des ressentis et stimule la sensibilité plus que

l’intellect de l’être humain. Elle peut aussi aider au rappel d’évènements passés entrainant

l’apparition d’émotions, comme la tristesse ou la joie.

3- La musique stimule la mémoire et l’identité

De nombreux professionnels peuvent témoigner de l'étonnante mémoire musicale des per-

sonnes démentes et de leur capacité à suivre une chanson, une mélodie ou un rythme.

Dans les institutions les accueillant, on rencontre souvent des personnes âgées désorientées et

démentes, se souvenant d'une chanson, chantonnant ou battant le rythme d’une mélodie d'au-

trefois. Yolande Moyne-Larpin, Docteur en musicologie et musicothérapeute, a dit à ce sujet :

« la musique est ce qui reste quand on a tout oublié. »61

Ces réactions dépendent d’un savoir-

faire inscrit dans la mémoire procédurale et mettent en évidence la conservation

d’automatismes qui peuvent être réactivés s’ils sont sollicités.62

« Pour des personnes âgées en perte totale d’identité, reconnaître une musique, être capable

d'en fredonner l'air et d'en battre le rythme constitue de toute évidence un moyen de se sentir

exister. Il suffit pour cela d'observer les mines radieuses de ces personnes reconnaissant un air

d'autrefois, murmurant la mélodie et soulevant les doigt au rythme des notes. »63

4- La musique et le chant sont culturellement adaptés à la personne âgée

La musique et le chant sont populaires. Ils existent et font partie de la culture des hommes

depuis les temps les plus anciens. Toutes les civilisations ont développé un système musical

propre et adapté à leur culture et la musique est présente dans le monde entier. Pour Daniel

Levitin, neuroscientifique et auteur du livre De la note au cerveau64

, « La musique fait et a

toujours fait partie intégrante de la vie quotidienne.» 65

De ce fait, la musique et le chant sont

connus et ont été souvent, surtout pour le chant, pratiqués par les personnes âgées. Ces géné-

rations ont souvent appris et pratiqué le chant à l’école, à l’église, voire en colonies de va-

cances ou lors de leur participation à des mouvements de jeunesse comme le scoutisme, …

Contrairement aux Arts plastiques, parfois considérés par les personnes âgées comme destinés

aux enfants et infantilisants à pratiquer, voire inutiles, la musique a un fort pouvoir

60 SACKS J., La musique, le langage de l’âme. [En ligne]. Chabad.org. [Consulté le 15/01/2016]. Disponible sur : http://www.fr.chabad.org/library/ article_cdo/aid/2447818/jewish/La-musique-le-langage-de-lme.htm 61 CARLIEZ S. Créativité musicale des personnes âgées ou la Création du Soi jusqu’au bout. [En ligne]. Liège, ESCOM, Avril 2002. [Con-

sulté le 15/01/2016 ]. Disponible sur : http://escom.org/proceedings/ESCOM2002/sources/Pdf/symposium/Carliez.pdf 62 DEWAVRIN, P. La vie psychique du dément. In GROSCLAUDE, M. Psychothérapies des démences. Paris : John Libbey Eurotext,1997. 63 CARLIEZ S., Op.cit. 64 LEVITIN D., De la note au cerveau, Paris : Héloïse d'Ormesson, 2010. 65 DEBRENNE Ch., Consonances urbaines. La musique dans la peau. Les effets de la musique sur le corps et l’esprit. Paris : Ecole Boulle. 1

vol. 225 p. Mémoire : DSAA Design Produit, 2013.

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d’attraction vis-à-vis de ce public. D’ailleurs, selon une étude de l’INSEE, la musique est

l’activité préférée des personnes âgées.

C- L’Art-thérapie exploite l’Art à des fins humanitaires et thérapeutiques

I- L’Art-thérapie moderne est définie comme l’exploitation du potentiel artistique dans

une visée humanitaire et thérapeutique

1- L’Art-thérapie moderne se distingue de l’Art-thérapie traditionnelle et d’autres dis-

ciplines ou activités

Il existe actuellement deux formes d’Art-thérapie : l’Art-thérapie traditionnelle et l’Art-

thérapie moderne.

L’Art-thérapie traditionnelle est une forme de psychothérapie à médiation artistique. C'est

une spécialité qui vient compléter un premier métier. Elle est fondée sur les travaux réalisés à

l’hôpital Sainte-Anne dès les années 1960. L'art-thérapie traditionnelle interprète l'activité, la

production ainsi que le discours en rapport avec l'atelier d'Art-thérapie.66

En Art-thérapie tra-

ditionnelle, le travail est basé sur le passé et tente de répondre à la question « pourquoi ?».

L’objectif est le bien-être psychologique de la personne et la communication verbale est es-

sentielle. L’enseignement de cette forme d’art-thérapie est rattaché aux UFR* de psychologie.

L’école d’Art-thérapie de Tours, l’AFRATAPEM*, est à l’origine de l’Art-thérapie moderne

qui exploite les bienfaits de l’art dans un cadre sanitaire et humanitaire. En Art-thérapie mo-

derne, le travail est basé sur le présent et tente de répondre à la question « comment ? ». L’art

sert de processeur et l’objectif est la bonne santé, le bien-être global et la qualité de vie de la

personne. La communication verbale n’est pas obligatoire et la communication non verbale

est prise en compte de façon importante. L’Art-thérapie moderne est une discipline dont

l’enseignement est rattaché aux UFR de médecine.

L’Art-thérapie moderne se distingue aussi d’autres disciplines comme l’ergothérapie*,

l’animation artistique ou l’atelier d’art.

L'ergothérapie a pour but de maintenir, de restaurer et de permettre les activités humaines de

manière sécurisée, autonome et efficace.67

L’ergothérapeute peut utiliser l’art dans un but

thérapeutique, afin de maintenir ou de restaurer une meilleure autonomie de la personne.

L’animation est définie comme un « ensemble de moyens et méthodes mis en œuvre pour

faire participer activement les membres d’une collectivité à la vie du groupe. »68

L’objectif de

l’animation est occupationnel. L’idée est de faire passer un moment agréable à la personne,

sans objectif thérapeutique.

La pratique artistique avec un artiste dans un atelier d’art a un but pédagogique mais non thé-

rapeutique et permet l’apprentissage de techniques artistiques.

2- L’Art-thérapie moderne est une discipline paramédicale et s’inscrit dans une dé-

marche pluridisciplinaire

Contrairement à l’Art-thérapie traditionnelle, spécialité complétant un premier métier, l’Art-

thérapie moderne est une discipline à part entière comme l'orthophonie ou l'ergothérapie.

L’Art-thérapie moderne est une discipline paramédicale complémentaire aux autres disci-

plines permettant la prise en soin de l’être humain. Elle tient une place originale dans le soin

et utilise des moyens et des méthodes spécifiques pour atteindre ses objectifs humanitaires et

thérapeutiques.

L’art-thérapeute peut intervenir en milieu sanitaire auprès de publics souffrant de diverses

pathologies physiques et/ou psychiques. L’indication en art-thérapie est alors prescrite par un

66 AFRATAPEM, Art-thérapie exercée avec toute forme d’art, Repère métier, AFRATAPEM, Ecole d’Art-thérapie de Tours, 2014. 67 Association Nationale Française des Ergothérapeutes. Définition. [En ligne]. ANFE, 7 mars 2016. [Consulté le 10/03/2016]. Disponible

sur : http://www.anfe.fr/definition. 68 Définition extraite du Dictionnaire de français Larousse, disponible en ligne sur : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais. [Consulté

le 10/03/2016]

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médecin. L’art-thérapie fait partie des soins de support* permettant une meilleure prise en

charge globale des patients et éventuellement de leurs proches lors de maladies graves.69

L’art-thérapeute peut aussi intervenir en milieu social auprès de publics fragiles et/ou en diffi-

culté, en accord avec les responsables d'institution. L’Art-thérapie peut ainsi s’inscrire dans le

projet de vie de résidents en EHPAD, dans le PPI* d’enfants en IME*, …

L’Art-thérapie s’inscrivant dans une démarche pluridisciplinaire, « l’art-thérapeute doit avoir

un vocabulaire et une connaissance qui lui permettent de collaborer et d’être membre à part

entière et complémentaire de l’équipe de soin. »70

3- L’Art-thérapie ne guérit pas mais peut donner envie de guérir

L’Art n’est pas thérapeutique en soi, mais il dispose d’un potentiel et peut être un processeur

thérapeutique lorsqu’il est maîtrisé et dirigé. Ainsi, l’Art peut donner plaisir à exister, envie de

guérir et peut permettre d’améliorer la qualité de vie.

L’objectif premier de l’Art-thérapie « est de rééduquer, raviver ou restaurer la bonne qualité

existentielle des personnes. En cela, l’Art n’a peut-être rien guéri mais il a redonné le statut de

sujet à la personne malade. Il lui a redonné l’envie de s’épanouir donc d’être heureuse. »71

4- L’Art-thérapie s’appuie sur les parties saines de l’être humain

Lorsqu’il y a pénalité (maladie, handicap, blessure de vie, choix de vie) ou pathologie, cer-

tains mécanismes humains impliqués dans l’activité artistique sont défaillants et l’opération

artistique, modélisation du processus artistique, ne peut se dérouler selon le schéma théorique.

Ces mécanismes défaillants sont alors appelés sites d’action* par l’art-thérapeute qui utilisera

des cibles thérapeutiques*, parties saines et mécanismes humains préservés, sur lesquelles il

travaillera pour avoir une action thérapeutique sur le ou les sites d’action.

Contrairement au courant psychanalytique, l’Art-thérapie moderne ne cherche pas à travailler

sur ce qui ne va pas, mais bien sur ce qui va, la partie saine, les capacités préservées de la

personne, valorisant ainsi ce qui fonctionne bien.

5- L’Art-thérapie est destinée à l’être humain présentant des troubles de l’expression,

de la communication et de la relation

L’Art-thérapie est destinée à prendre en charge les pénalités existentielles. Or, l’Art est une

forme d’expression humaine qui peut favoriser la relation et la communication. C’est donc

tout naturellement, que l’Art-thérapie est plus particulièrement destinée aux personnes présen-

tant des troubles du comportement et une inadaptation, caractéristiques des troubles de

l’expression, de la communication et de la relation.

II- L’Art-thérapie moderne utilise des outils spécifiques

1- L’opération artistique se définit comme l’organisation des mécanismes humains

impliqués dans la pratique artistique

L’opération artistique (OA*) représente l’interface entre l’activité artistique et les mécanismes

humains impliqués dans l’activité artistique. Cette modélisation du processus artistique a été

conçue par Richard Forestier, fondateur de l’AFRATAPEM. Elle est composée de différentes

phases et permet l’analyse de la pratique artistique.72

69 COLOMBAT Ph., DERVAUX A., Soins de support. [En ligne].Faculté de Médecine de Tours, 2014. [Consulté le 10/01/2016]. Disponible

sur : http://fmc.med.univ-tours.fr/Pages/DIU-SP/SOS-%20DIU-TOURS%20%202014.pdf 70 FORESTIER R., Tout savoir sur l’art-thérapie, 7ème édition, Favre, Lausanne, 2012. p. 30. 71 FORESTIER, R. Profession art-thérapeute. Issy-les-Moulineaux : Edition Elsevier Masson, 2010, p. 17. 72 Voir Annexe n°4 page 94.

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Tableau n°1 : Les phases de l’Opération Artistique

Phase Description

L’avant Le passé notamment culturel de la personne

1 L’œuvre d’art ou accident spatio-temporel, l’élément déclencheur. Equivaut au

stimulus

2 L’expérimentation : le rayonnement de l’œuvre et la captation de l’œuvre par

l’être humain grâce à ses sens

3 Le traitement archaïque : traitement « viscéral » qui correspond aux émotions,

aux sensations. C’est l’Art I

Reflexe Mécanisme lié à la sécurité

4 Le traitement mental sophistiqué, qui utilise entre autres, la mémoire,

l’intelligence, la connaissance. C’est l’Art II

5 La poussée corporelle ou élan moteur qui pousse à l’engagement dans l’activité

5’ La contemplation correspondant à une activité artistique sans expression

et revenant à ressentir sans agir

6 L’action orientée vers l’esthétique, qui utilise la technique et le savoir-faire

7 La production artistique

8 Le traitement mondain, correspondant à la dimension sociale de la production

qui obtient un statut artistique visible par les autres

1’ La nouvelle œuvre d’art : l’œuvre produite peut devenir le point de départ d’une

nouvelle opération artistique

AVNE Action Volontaire Non Orientée vers l’Esthétique

Sur le schéma de l’opération artistique viennent se placer certains éléments caractérisant l’être

humain. En 3, 4 et 5 se trouvent l’amour de soi, le Bon et l’engagement. En 5, 6 et 7, se pla-

cent la confiance en soi, le Bien et le style. En 7 et 8, apparaissent l’affirmation de soi, le

Beau et le goût.

2- Le phénomène artistique est la partie visible de l’opération artistique et témoigne de

l’intérêt de l’observation en Art-thérapie

Le phénomène artistique comprend les phases observables de l’opération artistique :

l’intention (phases 3 et 4), l’action (phases 5 et 6) et la production (phases 7 et 8).73

L’intention est le juste rapport entre une stimulation et un but. Elle s’observe par

l’engagement du sujet. L’action est le juste rapport entre vouloir et pouvoir. Elle s’observe

dans le style de la personne. La production est le juste rapport entre le fond et la forme, la

mise en forme du fond. C’est une concrétisation matérielle répondant à des critères esthé-

tiques et permettant d’exprimer son goût.

L’observation permet de voir et de déterminer les pénalités et les dysfonctionnements, dans

l’idée d’essayer d’y remédier et d’adapter l’accompagnement Art-thérapeutique.

L’observation permet aussi de suivre l’évolution de la prise en charge Art-thérapeutique. Pour

cela sont établies des fiches d’observation*, outils privilégiés de l’art thérapeute.

3- Le protocole thérapeutique découle de l’analyse de l’opération artistique

Le protocole thérapeutique* est définit comme l’ensemble des éléments qui constituent

l’intérêt, la faisabilité et la réalisation de la prise en charge thérapeutique. C’est l’ensemble de

tous les éléments qui constituent la prise en charge thérapeutique.

Le point de départ du travail de l’Art-thérapeute est l’indication de prise en charge. A partir de

là, l’Art-thérapeute va établir l’état de base* de la personne, déterminer l’objectif thérapeu-

tique général* (OTG*) et les objectifs intermédiaires* (OI*). Pour ce faire, il va rencontrer la

73 FORESTIER R., Tout savoir sur l’art-thérapie, 7ème édition, Lausanne : Favre, 2012, p.185.

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personne lors d’une séance d’ouverture, échanger avec l’équipe de soin pour connaitre

l’anamnèse* et l’histoire de vie de la personne, consulter le dossier de la personne.

Après validation des objectifs par l’indicateur, l’Art-thérapeute va réfléchir aux moyens qu’il

va utiliser pour atteindre les objectifs fixés et aux méthodes qu’il va pouvoir employer. La

méthode, les moyens, l’organisation et le cadre de la prise en charge constituent la stratégie

thérapeutique*. L’Art-thérapeute procède ensuite à l’évaluation en utilisant des fiches

d’observation remplies en fin de séance. Ces fiches d’observation permettent le suivi de la

prise en charge pour une éventuelle adaptation des moyens et des méthodes à l’évolution de la

personne. Elles servent de mémoire, de bilan de séance, ainsi qu’à valider ou non les objectifs

thérapeutiques et à définir les limites de l’accompagnement.

4- L’Art-thérapie moderne utilise l’évaluation pour adapter les moyens et les méthodes

utilisées lors de la prise en charge de la personne

La fiche d’observation utilisée par l’Art-thérapeute comporte des items* d’observation spéci-

fiques à chaque Art-thérapeute, voire à chaque personne prise en charge en séance d’Art-

thérapie. Ces items doivent être clairs, précis, observables et les plus objectifs possibles. Ils

concernent le phénomène artistique (intention, action, production), les capacités relationnelles

(expression, communication, relation) de la personne, ainsi que ses capacités esthétiques.

L’évaluation de l’Art-thérapeute peut être associée à l’auto-évaluation de la personne grâce à

l’utilisation de l’outil qu’est le cube harmonique*. La personne va pouvoir évaluer sa produc-

tion à la fin de la séance d’Art-thérapie à partir des trois dimensions de la spécificité artistique

que sont le Beau, le Bien et le Bon, formant symboliquement les trois arrêtes d’un cube. Dans

la théorie des 3B, la personne va répondre aux questions suivantes :

- Le Beau : « Est-ce que ça vous plait ? »,

- Le Bien : « Est-ce que c’est bien fait ? »

- Le Bon : « Avez- vous envie de continuer ? » ou « Avez-vous éprouvé du plaisir ? ».

La personne va aussi pouvoir évaluer la qualité du moment passé en répondant à la question

« Avez-vous passé un bon moment ? ».

Cette auto-évaluation, comme l’évaluation faite par l’Art-thérapeute, va permettre de suivre

l’évolution de la prise en charge Art-thérapeutique et d’adapter le travail thérapeutique.

D- L’Art-thérapie à dominante Arts plastiques et musique/chant est adaptée aux per-

sonnes âgées dépendantes vivant en institution et peut leur être proposée dans l’idée

d’améliorer leur estime de soi

Comme nous l’avons vu, l’estime de soi74

des personnes âgées dépendantes placées en institu-

tion peut être affectée pour différentes raisons.

I- Certains effets de l’Art-thérapie ne sont pas spécifiques de la technique proposée

1- La relation à l’Art-thérapeute peut permettre de rompre un sentiment d’isolement et

favoriser l’amour de soi

La personne âgée dépendante vivant en institution peut, comme nous l’avons vu, souffrir d’un

sentiment de solitude, d’isolement, voire d’abandon. Sa participation à des séances d’Art-

thérapie, va lui permettre d’établir un lien avec l’Art-thérapeute, par le biais de l’Art. La per-

sonne va ainsi pouvoir retrouver le plaisir de la relation à l’autre et de la communication, ver-

bale ou non-verbale. Pour favoriser cela, il est important que l’Art-thérapeute adopte une atti-

tude adaptée, bienveillante, accueillante et compréhensive, permettant de renvoyer à la per-

sonne une image aimable d’elle-même.

74 Rappel : L’estime de soi a trois composantes : l’amour, la confiance et l’affirmation de soi.

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2 - Les gratifications sensorielles liées à la pratique des Arts plastiques et de la mu-

sique/chant en Art-thérapie peuvent favoriser l’amour de soi

La pratique artistique ou la contemplation, amènent des gratifications sensorielles à la per-

sonne âgée dépendante, qui en est parfois, voire souvent, privée dans sa vie quotidienne.

Comme nous l’avons vu, les Arts plastiques vont amener des gratifications essentiellement

visuelles et tactiles, voire olfactives et auditives. La musique et le chant vont amener des gra-

tifications auditives. Toutes ces gratifications vont provoquer du plaisir sensoriel à la per-

sonne, du Bon au sens Art-thérapeutique du terme, favorisant l’amour de soi, capacité à

éprouver du plaisir à être.

3 - La pratique des Arts plastiques et de la musique/chant en Art-thérapie stimule le

corps et l’esprit et permet d’utiliser et d’entretenir les capacités physiques et cogni-

tives, favorisant la confiance en soi

Comme nous l’avons vu, les Arts plastiques impliquent le corps par la motricité globale et par

la motricité fine. La musique et le chant ont un fort pouvoir d’entrainement qui peut amener la

personne à se mettre en mouvement. Ces différentes techniques artistiques mobilisent aussi

l’esprit au travers de la mémoire qu’elles stimulent et des émotions qu’elles provoquent. Ain-

si, la personne va utiliser et entretenir ses capacités restantes (physiques et psychiques), en

passant à l’action, phase 5 de l’opération artistique, en lien avec le Bien et la confiance en soi.

En constatant ce qu’elle est « encore capable de faire », sa confiance en soi pourra être renfor-

cée.

4- La pratique artistique en Art-thérapie peut permettre de s’engager dans un projet et

favoriser la confiance en soi

En participant aux séances d’Art-thérapie, la personne est amenée à s’engager dans un projet

artistique, à prendre part à la construction de ce projet qui aboutira à une production. Malgré

la peur ou le manque de désir que peuvent parfois présenter les personnes âgées dépendantes

en institution, il est possible par l’Art-thérapie de mobiliser la personne, de provoquer chez

elle un mouvement volontaire qui l’amènera à produire, renforçant sa confiance en soi.

5- Les séances d’Art-thérapie sont proposées et ne sont pas imposées, permettant à la

personne de faire des choix et de s’affirmer

En institution, l’organisation et le fonctionnement des établissements, et la dépendance des

résidents, font que nombre de soins, d’activités ou de tâches sont imposées à ces derniers. Les

séances d’Art-thérapie ne sont bien sûr pas imposées, mais proposées, laissant à la personne le

choix d’y participer ou pas, et par là de stimuler et de renforcer leur affirmation de soi.

6- La pratique artistique permet d’affirmer son goût, sa personnalité et favorise

l’affirmation de soi

En institution, le résident peut parfois être considéré comme un « objet de soins ». On ne lui

demande pas toujours ce qu’il aime ou ce qu’il préfère. Par le biais de l’Art-thérapie, il va

pouvoir mettre en avant son goût et donc sa personnalité. En lui permettant de faire des choix

(choix de la technique artistique, choix de couleurs, de matières, …), l’Art-thérapie va per-

mettre à la personne de montrer qui elle est et va lui redonner, ne serait-ce que temporaire-

ment, son statut de sujet. Ainsi, l’Art-thérapie va favoriser l’autonomie et l’affirmation de soi

de la personne âgée dépendante.

II- L’Art-thérapie à dominante Arts plastiques présente des spécificités

1- La pratique des Arts plastiques permet une production tangible qui peut favoriser la

rencontre et la relation avec l’environnement et ainsi favoriser l’estime de soi

En tant qu’Arts diachroniques, les Arts plastiques amènent une production matérielle qui peut

être exposée à la vue et au jugement de l’entourage. Cette rencontre va :

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- comme la relation à l’Art-thérapeute, permettre de rompre un sentiment de solitude et

d’isolement et favoriser l’amour de soi de la personne,

- permettre à la personne d’exposer ce qu’elle sait faire, favorisant sa confiance en soi, no-

tamment en cas de retours positifs sur la production,

- permettre à la personne d’exposer ce qu’elle aime, ce dont elle est fière, d’affirmer son goût,

sa personnalité et ainsi de favoriser son affirmation de soi.

2- La pratique des Arts plastiques permet une production tangible qui peut être offerte,

survivre à son auteur et favoriser l’affirmation de soi

Les personnes âgées en institution peuvent avoir envie de partager ou d’offrir quelque chose à

leurs proches. Les Arts plastiques permettent une production qui peut être offerte, un don par-

ticulier, signé de la personnalité de son auteur.

Cette trace matérielle issue de la pratique des Arts plastiques peut survivre à son auteur et être

transmise même après sa mort permettant à la personne disparue de rester vivante dans le

souvenir de l’héritier. Cette notion peut valoriser la personne et la rassurer face au temps qui

passe et à l’idée de la fin de la vie qui approche.

Le don est en rapport avec la relation et la communication, associées à l’affirmation de soi.

III- L’Art-thérapie à dominante musique et chant présente d’autres spécificités

1- La stimulation de la mémoire, la résurgence des souvenirs lors de la pratique artis-

tique musicale en Art-thérapie peuvent favoriser l’amour de soi

Comme nous l’avons vu, la musique stimule fortement la mémoire et l’identité. A l’écoute

d’une musique ou d’un chant, la personne âgée peut être amenée à se souvenir de moments

agréables de son passé qui lui donneront du plaisir, du Bon au sens Art-thérapeutique du

terme, favorisant son amour de soi.

2- Le pouvoir émotionnel de la musique et du chant utilisés en Art-thérapie peut favo-

riser la relation et la communication et ainsi favoriser l’amour et l’affirmation de soi

La musique et le chant sont, au même titre que le toucher, des moyens de communication non

verbale qui vont procurer des émotions et des gratifications sensorielles à la personne qui les

écoute ou les pratique, favorisant son amour de soi.

Par leur fort pouvoir émotionnel, la musique et le chant permettent d’instaurer de façon di-

recte et rapide la relation et la communication (en lien avec l’affirmation de soi) entre les

êtres. Ils permettent de partager les émotions ressenties avec les autres (art-thérapeute ou

autres participants) et ainsi d’établir une relation et une communication avec eux, y compris

si, comme avec certaines personnes très âgées et/ou démentes, les codes habituels de la com-

munication ont été perdus.

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Seconde partie : Des séances d’Art-thérapie à dominante Arts plastiques ont été propo-

sées à des personnes âgées dépendantes résidant en EHPAD

A- L’EHPAD Saint Dominique est un établissement pour personnes âgées situé en mi-

lieu urbain

La maison Saint Dominique a ouvert ses portes en 1956 et le 22 octobre 2002, elle est deve-

nue EHPAD. L’établissement est situé au centre-ville de Metz à proximité de toutes les commodités.

Depuis le 22 octobre 2007, suite à l’arrêté N°2007-DDASS*-1865 DPA*-116, la capacité

d’accueil de l’établissement est de 91 personnes, dont 13 personnes en une unité protégée.

L’EHPAD saint Dominique est un établissement privé à but non lucratif, géré par

l’association « Les Amis de Saint Dominique », créée en 1953.

I- Les résidents accueillis répondent à certains critères :

L’établissement est destiné à accueillir des personnes seules ou en couple, autonomes ou dé-

pendantes, classées du GIR 1 au GIR 6, âgées d’au moins 60 ans, sauf dérogation d’âge.

La plupart des résidents accueillis sont dépendants physiquement et/ou atteints de troubles

cognitivo-mnésiques ou autres pathologies (dépression, troubles psychiatriques, troubles car-

diovasculaires, cancers, …).

II- L’établissement possède une unité de vie protégée :

L’unité de vie protégée accueille des résidents atteints de la maladie d’Alzheimer ou de mala-

dies apparentées. Cette unité dispose d’un système de verrouillage destiné à éviter que les

résidents ne quittent l’unité à l’insu des soignants et à les protéger des risques extérieurs. Cer-

tains résidents sont autorisés à sortir de l’unité protégée pour participer aux animations propo-

sées dans l’établissement. Cette sortie se fait toujours sous la responsabilité d’un membre du

personnel ou d’un bénévole. Les résidents présentant de forts risques de fugue ne sont pas

autorisés à participer à ces animations.

Les familles des résidents sont autorisées à rendre visite à leurs parents. Ces visites apportent

une animation cordiale à l’unité protégées et ont parfois leur importance lors du déroulement

des séances d’Art-thérapie.

L’admission au sein de l’unité protégée ne peut se faire que pour des personnes atteintes de la

maladie d’Alzheimer, ou présentant des syndromes apparentés, à un stade modéré de la ma-

ladie. Une aggravation brutale de la maladie est une contre-indication à l’entrée dans cette

unité. L’aggravation de la maladie ou de l’intensité des symptômes constitue un critère de

sortie de l’unité protégée et de l’EHPAD, le résident étant alors orienté vers un service de

neuro-géronto-psychiatrie.

III- Une équipe pluridisciplinaire est présente pour la prise en soins :

L’équipe soignante est composée d’un médecin coordonnateur, d’une psychologue, d’une

ergothérapeute, d’une art-thérapeute, d’un cadre infirmier coordonnateur, d’infirmières et

d’aides-soignantes (AS*).

Chaque résident a son médecin traitant. Le médecin coordonnateur assure l’encadrement mé-

dical de l’équipe soignante et a treize missions officielles. Il donne notamment son avis sur les

admissions des résidents à accueillir, évalue et valide l’état de dépendance des résidents et

leurs besoins en soins, élabore avec l’équipe soignante le projet général de soins, coordonne

l’intervention des professionnels de santé salariés et libéraux au sein de l’établissement et

réalise des prescriptions médicales pour les résidents en cas de situation d’urgence ou de

risques vitaux, ainsi que lors de la survenue de risques exceptionnels ou collectifs nécessitant

une organisation adaptée des soins.

Des réunions pluridisciplinaires quotidiennes sont organisées. Elles permettent de faire le

point sur l’activité de chacun et de rapporter les évènements liés à la vie des résidents. Ces

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réunions permettent une cohérence de la prise en soin des résidents par les différents interve-

nants de l’équipe soignante.

Des projets de vie individualisés sont établis pour chaque résident au cours de réunions pluri-

disciplinaires réunissant le médecin et l’infirmier coordonateurs, la psychologue,

l’ergothérapeute, l’art-thérapeute, l’infirmière et/ou l’aide soignante référente(s) du résident.

IV- Des approches thérapeutiques non médicamenteuses existent dans l’établissement

Une psychologue salariée est présente à mi-temps au sein de la structure. Elle intervient au-

près des résidents, de leur famille ainsi que de l’équipe soignante. Elle évalue les résidents sur

le plan cognitif et psychologique. Elle suit régulièrement les résidents le nécessitant et inter-

vient en cas de besoin.

Une ergothérapeute est aussi présente à mi-temps. Elle participe à l’évaluation de l’autonomie

et/ou de la dépendance des résidents. Elle trouve et adapte à chacun selon ses besoins, des

solutions leur permettant de s’adapter à leur environnement et de se déplacer en toute sécurité.

Une art-thérapeute est également présente à mi-temps dans la structure, depuis le mois de

janvier 2015.

Une salle Snoezelen et un espace Snoezelen mobile ont été mis en place.

Des kinésithérapeutes et des orthophonistes libéraux interviennent sur prescription médicale

du médecin traitant. Des orthophonistes libéraux ont mis en place des groupes de pa-

role auprès de groupes cognitivement homogènes de résidents.

La participation des résidents à ces différentes prises en charge non médicamenteuses est ins-

crite dans leur PVI.

V- Un service d’animation propose des activités aux résidents

Un animateur est présent dans l’établissement. Il propose des animations variées adaptées aux

résidents : loto, reportages et documentaires télévisés, jeux de société, jeux de mémoire, ate-

lier cuisine, …

Il propose et organise aussi des animations à thème : kermesse, fête de Saint Nicolas, …

VI- Des bénévoles interviennent dans l’établissement

L’association les blouses roses et d’autres bénévoles, qui sont principalement les enfants de

certains résidents, sont présents quotidiennement pour seconder l’animateur dans ses activités

et assister les résidents participant aux animations.

Les bénévoles de l’association les petits frères des pauvres interviennent aussi auprès de cer-

tains résidents isolés.

VII- D’autres prestations sont proposées aux résidents

Un salon de coiffure est à la disposition des résidents. Deux coiffeuses interviennent sur ren-

dez-vous dans l’établissement. Une pédicure intervient une fois par semaine et sur demande.

Une esthéticienne intervient également dans l’établissement une fois par mois.

VIII- L’établissement possède des espaces verts

L’établissement possède deux espaces extérieurs aménagés et plantés agréablement, permet-

tant aux résidents de profiter d’espaces verts au sein de la ville.

IX- Il existe au sein de l’établissement des projets ayant pour but d’améliorer la qualité

de la prise en charge des résidents

Le directeur de l’établissement cherche à embaucher un psychomotricien.

L’ergothérapeute et la psychologue ont le projet de mettre en place un jardin thérapeutique

attenant à l’unité protégée. L’art-thérapeute en a dessiné les plans.

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B- Le stage s’est déroulé sous la tutelle de l’Art-thérapeute en place

Le stage que j’ai effectué dans le cadre du cycle applications méthodologiques a commencé

au mois de juillet 2015 et a pris fin au mois d’octobre 2015. J’ai fréquenté l’EHPAD Saint

Dominique à raison de trois à cinq demi-journées par semaine.

Le stage s’est poursuivi par une période de bénévolat, à raison de deux demi-journées par

semaine, qui s’est achevée mi-décembre 2015.

I- L’Art-thérapeute a intégré l’établissement en janvier 2015 :

Au mois de janvier 2015, une Art-thérapeute a été embauchée à mi-temps au sein de

l’établissement. Après une licence d’arts plastiques, cette professionnelle a suivi la formation

proposée par l’AFRATAPEM et a obtenu son DU* d’Art-thérapie en 2011. Le poste qu’elle

occupe à l’EHPAD Saint Dominique est son premier emploi en tant qu’Art-thérapeute. Plasti-

cienne de formation, elle pratique aussi le chant.

A son arrivée à l’EHPAD, l’Art- thérapeute a utilisé plusieurs techniques pour mener ses ate-

liers d’Art-thérapie. Elle a constaté que certains résidents étaient hermétiques aux Arts plas-

tiques, les considérant comme inutiles. Elle s’est aussi rendu compte des problèmes de praxie

que pouvaient rencontrer les résidents et de leurs capacités cognitives et physiques diminuées,

influant sur les techniques qu’il est possible de leur proposer. Elle a donc décidé d’orienter sa

pratique en priorité vers le chant. Ainsi, en unité protégée, elle propose des séances d’Art-

thérapie collectives qui ont lieu dans la salle commune avec les résidents présents dans la salle

au moment de la séance. Il arrive parfois que des membres des familles des résidents partici-

pent aussi à ces séances. Pour les résidents ne faisant pas partie de l’unité protégée, l’Art-

thérapeute se rend dans leur chambre pour leur proposer des séances de chant. Elle prend en

charge les résidents selon les indications et les informations qui lui sont données par la psy-

chologue, le médecin coordonateur et l’ensemble de l’équipe soignante.

II- Le stage a débuté par une période d’observation :

1- La période d’observation a permis de découvrir l’établissement

Durant cette phase, j’ai découvert la partie administrative de l’établissement, les chambres et

les lieux de vie que fréquentent les résidents, les bureaux et lieux de travail des différents

acteurs de l’équipe de soin. Cette phase m’a permis de pouvoir m’orienter dans

l’établissement, chercher et ramener les résidents et trouver les différents interlocuteurs dont

j’ai eu besoin au cours de mon stage.

2- La période d’observation a permis de rencontrer les équipes

Durant cette période, j’ai rencontré l’équipe soignante, notamment en participant à la réunion

pluridisciplinaire quotidienne, ainsi qu’aux réunions destinées à établir le PVI des résidents.

J’ai aussi rencontré l’équipe d’animation, le personnel administratif et de direction, ainsi que

l’équipe d’entretien.

La rencontre et la communication avec les équipes a favorisé mon intégration.

3- La période d’observation a permis de rencontrer les résidents et d’observer le travail

de l’Art-thérapeute

Le stage a débuté par une période d’observation au cours de laquelle j’ai accompagné l’Art-

thérapeute lors de ses séances de chant, auprès des résidents qu’elle prenait en charge.

Cette période d’observation m’a permis de rencontrer ces personnes, de leur être présentée par

un professionnel connu et apprécié d’eux, et a favorisé mon intégration auprès d’elles. Cette

première phase de mon stage m’a aussi permis de découvrir la dominante artistique Chant

utilisée en Art-thérapie, son intérêt auprès des personnes âgées dépendantes vivant en institu-

tion et ses effets sur eux.

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C- Le stage s’est poursuivi par la mise en place d’un atelier d’Art-thérapie à dominante

Arts plastiques

I- Les séances d’Art-thérapie ont été proposées à des résidents sensibles ou potentielle-

ment sensibles aux Arts plastiques

Les résidents avec lesquels j’ai travaillé m’ont été indiqués par la psychologue et l’Art-

thérapeute de l’institution. Ainsi, j’ai suivi en séance (S*) d’AT* : un ancien maçon/carreleur

qui avait fait de la mosaïque et souhaitait reprendre cette activité, une femme ayant pratiqué la

peinture et ayant exposé ses réalisations, un ancien menuisier ou maçon susceptible d’adhérer

aux Arts plastiques et à la création manuelle. Trois autres résidentes avaient pratiqué les tra-

vaux d’aiguilles (tricot, crochet, …). La dernière résidente s’est invitée à une séance et a ad-

héré au coloriage que je lui ai proposé.

II- La présentation des séances d’Art-thérapie s’est faite de manière informelle

Pour les résidents déments, que j’ai rencontrés au cours de ce stage, le mot thérapie n’a pas

grand sens.

Pour la résidente très cérébrale et très cultivée, ancienne conseillère conjugale, que beaucoup

prenaient pour une ancienne psychologue, j’ai pensé que le mot thérapie pourrait être un frein

à son engagement dans l’atelier. Elle a d’ailleurs longtemps refusé tout contact avec la psy-

chologue de l’établissement.

Ainsi, à la place de parler de séances d’Art-thérapie, j’ai préféré inviter les résidents à travail-

ler avec moi pour leur apporter un mieux-être et passer un moment à s’occuper agréablement,

ceci étant directement en lien avec l’objectif de l’Art-thérapie dans l’établissement : le bien-

être de chaque résident.

III- Les séances d’Art-thérapie se sont déroulées dans un lieu dédié

Les séances d’Art-thérapie à dominante Arts plastiques se sont déroulées dans un lieu dédié à

cette activité. Ce lieu est situé au bout du couloir de l’unité protégée, à proximité des

chambres de certains résidents. Il est équipé d’une grande table et d’une armoire fermée à clé,

contenant le matériel. Cette partie de l’unité protégée a l’avantage d’être lumineuse du fait de

la toiture vitrée à cet endroit. Par contre, ce lieu destiné à l’Art-thérapie ne comporte pas de

fenêtre, ce qui peut donner un sentiment de confinement. C’est également un lieu de passage

qui amène parfois des visiteurs (résidents ou soignants) pouvant animer ou perturber les

séances d’Art-thérapie.

IV- Les séances d’Art-thérapie se sont organisées en fonction de certaines contraintes et

ont été soumises à certains aléas

Les séances d’Art-thérapie que j’ai proposées, se sont organisées en fonction des obligations

(rendez-vous médicaux, …) et/ou des activités des résidents (participation aux animations

proposées par l’animateur de l’établissement, visites de la famille, …).

Des rendez-vous ont été oubliés par certains résidents.

Certaines séances ont été adaptées lors de l’arrivée de résidents non prévus (venus spontané-

ment et acceptés par moi ou amenés par le personnel soignant), ou de membres de la famille

des résidents en séance.

Les séances d’Art-thérapie ont eu lieu à raison d’une séance par semaine, sauf durant mes

congés. L’organisation s’est peu à peu mise en place.

V- Les séances d’Art-thérapie sont constituées de différents moments

La séance d’Art-thérapie débutait par un moment au cours duquel j’allais chercher le résident

dans sa chambre ou dans la salle commune de l’unité protégée. Je l’accompagnais ensuite en

salle d’Art-thérapie. Ce moment important permettait un échange au cours duquel le résident

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pouvait s’exprimer sur son humeur, ses préoccupations, ses intentions, … Je pouvais, à ce

moment, notamment évaluer l’état thymique et l’élan moteur du résident.

Suivait l’atelier d’Art-thérapie à proprement parlé avec la mise en place du matériel, le rappel

des séances précédentes, la présentation du projet ou du travail déjà accompli, l’activité créa-

trice proprement dite, un temps de paroles et d’échange, puis un temps de rangement.

La séance d’Art-thérapie se terminait par le retour du résident, que je raccompagnais jusqu’à

sa chambre ou dans la salle commune de l’unité protégée. Ce moment permettait un nouvel

échange et une nouvelle évaluation du résident.

Après chaque séance, une évaluation, un bilan et une analyse étaient faits et consignées par

écrit. Une transmission était aussi faite à l’équipe soignante sous le contrôle de l’Art-

thérapeute via le logiciel Médic’Or.

VI- Des stratégies thérapeutiques ont été établies au vu des objectifs thérapeutiques et

de l’état de base des résidents

Pendant le stage, j’ai pris en charge sept résidents pour des séances d’Art-thérapie. Il

s’agissait de deux hommes et de cinq femmes. Trois des femmes présentaient la Maladie

d’Alzheimer ou une affection apparentée et deux d’entre elles étaient placées en unité proté-

gée. Une autre résidente, placée en unité protégée, présentait une démence vasculaire suite à

un AVC. La cinquième résidente, très cérébrale et très cultivée, avait été indiquée pour « lui

apporter un échange différent de l’échange intellectuel». Les deux hommes avaient des anté-

cédents d’éthylisme et des troubles cognitifs. Deux de ces résidents n’ont eu que deux séances

d’Art-thérapie chacun. Ces deux séances chacun, m’ont permis de constater qu’ils pouvaient

adhérer aux arts plastiques, mais le temps et l’organisation du stage ne m’ont pas permis de

poursuivre une prise en soin Art-thérapeutique plus longue.

Les états de base ont été établis suite à :

- la rencontre et l’observation des résidents,

- la communication avec le personnel soignant et parfois les familles des résidents,

- la consultation du dossier médical des résidents, faite par l’Art-thérapeute.

Les stratégies ont été établies au vu des indications et des objectifs donnés par la psychologue

de l’établissement et des états de base.

VII- Des items d’évaluation ont été choisis afin d’évaluer l’avancement vers les objectifs

thérapeutiques

L’hypothèse de travail étant que l’Art-thérapie peut améliorer l’estime de soi des personnes

âgées dépendantes vivant en EHPAD, des items d’observation ont été choisis en fonction de

cette hypothèse et des objectifs thérapeutiques. Trois faisceaux d’items* principaux, caractéri-

sant l’estime de soi, ont été retenus et sont présentés ci-dessous : l’amour de soi (le Bon), la

confiance en soi (le Bien) et l’affirmation de soi (le Beau).

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Tableau n°2 : Items d’évaluation caractérisant l’estime de soi

Bon / Intention/ Amour de soi Réaction à venir en séance = Implication dans

l’atelier

1-Refus catégorique, 2-Réticent, 3-Hésitant, 4-

Spontané, 5-Avec entrain

Attitude vis-à-vis de l’Art-thérapeute = Implication

relationnelle

1-Opposant, 2-Absent, 3-Neutre,

4-Cordial, 5- Relation privilégiée

Attitude durant la séance 1-Absent,2-Ennuyé,3-Distrait,4-Attentif,5-

Enthousiaste

Thymie en début de séance 1-Pleure, 2- Triste, Angoissé, 3-Paisible, 4-Souriant,

5-Riant

Thymie en fin de séance 1-Pleure, 2- Triste, Angoissé, 3-Paisible, 4-Souriant,

5-Riant

Amélioration de la thymie = différence entre début et

fin de séance

1-Aucune (=0), 2- Peu (=1) ,3-Moyen (=2), 4-Bien

(=3), Très bien (=4)

Exprime verbalement son plaisir durant la séance 1-Jamais,2-Une fois,3-Parfois,4-Souvent,5-Tout le

temps

Exprime son plaisir de façon non verbale (sourires,

rires, gestes, …) durant la séance

1-Jamais,2-Une fois,3-Parfois,4-Souvent,5-Tout le

temps

Bien / Action / Confiance en soi Autonomie 1-Passif, 2-Demande de l’aide très souvent, 3-

Demande de l’aide souvent,4-Respecte les con-

signes,5-Autonome, réalise ou choisit seule, même

sans consigne

Initiatives 1-Aucune, 2-Une,3-Rares(2),4-Quelques (3),5-

Nombreuses(≥4)

Qualité du geste durant la séance 1-Très maladroit, 2- Maladroit, Tremblant, 3-Hésitant,

4-Geste sûr, 5-Geste élaboré

Réalisation 1-Avec aide,2-Après aide ou stimulation,3-

Hésitante,4-Lente,5-Rapide

Concentration 1-Aucune, 2-Perturbée, 3-Faible, 4-Moyenne, 5-

Grande

Beau/ Production / Affirmation de soi Capacité à faire des choix 1-Jamais, 2-Une fois, 3-Parfois, 4-Souvent, 5-Très

souvent

Capacité de communication orale 1-Ne répond pas,2-Réponse incohérente,3-Réponse

cohérente et délai important,4-Réponse cohérente,

délai normal sans engager de dialogue,5- Réponse

cohérente, délai normal et engage le dialogue

Contact visuel 1-Aucun, 2-Regard fuyant ou fixe,3-Rares contacts

visuels,4-Contacts visuels,5-Contacts visuels nom-

breux et soutenus

VIII- Le cube harmonique a été adapté à la pathologie des résidents

L’auto-évaluation des résidents déments, atteints par la maladie d’Alzheimer ou par d’autres

types de démence, est compliquée à cause des problèmes cognitifs et particulièrement des

problèmes de mémoire que rencontrent ces personnes. La cotation de 1 à 5 est difficile à faire

comprendre et la nuance entre le Bien et le Beau est trop subtile.

Une adaptation du cube harmonique basée sur trois questions (« Avez-vous passé un bon

moment ? » et « Êtes-vous d’accord pour revenir ? » correspondant au Bon, « Trouvez-vous

que ce que vous avez fait est beau ? » correspondant au Bien et au Beau) a donc été proposée.

Une cotation adaptée a due être élaborée et cotée sur une échelle de 1 à 5, en fonction des

réponses apportées par les résidents (1-Non/Pas ; 2-Passable ; 3-Moyen ; 4- Bien ; 5-Très

bien). Ceci a certainement introduit une part de subjectivité dans l’évaluation faite par les ré-

sidents.

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D- Les observations cliniques réalisées lors de la prise en soin en Art-thérapie de deux

résidentes atteintes de la Maladie d’Alzheimer sont présentées

I- Madame G est indiquée en Art-thérapie pour maintenir ses capacités restantes et lui

apporter du bien-être

1- La rencontre de madame G et les échanges avec l’équipe soignante ont permis

d’établir l’anamnèse de la résidente

Les éléments essentiels de l’anamnèse de madame G sont présentés ci-dessous :

Tableau n°3 : Anamnèse de Madame G

Vie Née en février 1929 (86 ans). Veuve deux fois.

Vit à l’EHPAD depuis août 2009.

A été placée en unité protégée au cours de l’année 2015.

Famille /Amis

Issue d’une famille de huit enfants. Parents agriculteurs.

A perdu accidentellement sa mère lorsqu’elle était enfant. A été élevée

ensuite par devoir par sa marraine, sans maltraitance mais sans affection.

Mariée deux fois. Son premier mari était pasteur, le second directeur de

maison de retraite. Elle a été très aimée de ses deux maris. Ils sont tous les

deux décédés à la suite de cancers.

Une fille de son premier mariage, trois petits-fils, quatre arrière-petits-

enfants. Sa fille est infirmière et vit dans les environs proches de Metz.

Elle n’a plus de contact avec les deux enfants de son second mari.

Une amie qui est bénévole dans l’institution.

Pathologies Maladie d’Alzheimer qui s’est aggravée récemment. MMS : 18/30

Troubles anxio-dépressifs. Hypertension artérielle.

Traitement Traitement antihypertenseur. Traitement antiagrégant plaquettaire.

Traitement antidépresseur (ANAFRANIL®).

Capacités

physiques

Se déplace lentement et a des problèmes d’équilibre. GIR : 3

Marche, depuis peu, avec un déambulateur qui a remplacé sa canne.

Capacités

cognitives

Troubles de la mémoire dus à la MA*.

Sens Très bonne ouïe. Se plaint de sa vue, mais ses lunettes « ont disparu ».

Goûts / Hob-

bies

Lit la bible. Aimait tricoter des chaussettes et faire de la couture. Aimait

bêcher le jardin, s’occuper des animaux et les travaux de la ferme.

2- L’état de base de madame G montre que la démence provoque chez elle des

troubles cognitifs et un état anxio-dépressif. Au vu de ces pénalités et souffrances, elle

souffre d’une diminution de l’estime de soi

Tableau n°4 : Etat de base, Pénalités, Sites d’action et Cibles thérapeutiques pour Madame G

Etat de base : Madame G est une dame dont l’apparence est très soignée. Elle est toujours bien coiffée,

bien habillée et porte des bijoux fantaisie, ce qui dénote une orientation vers le beau.

En dehors des moments d’angoisse liés à sa pathologie, madame G est d’une nature très

positive et d’un abord très agréable. Elle est gaie, très polie et très sociable, se préoccupant

souvent des autres et cherchant leur contact. Elle a de l’humour et aime faire des jeux de

mots. Elle dit avoir conscience d’être arrivée « au terme de sa vie ». Elle est très pieuse et

dit attendre la fin avec sérénité.

Madame G présente des troubles de la mémoire dus à la MA : elle pense sa fille et ses petits

enfants bien plus jeunes qu’ils ne sont, oublie le décès de son second mari, … Elle a aussi

tendance à répéter plusieurs fois les mêmes anecdotes en séance d’Art-thérapie.

Elle présente des moments, de plus en plus fréquents, où elle se dit perdue. Elle est alors très

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triste, peut se mettre à pleurer et cherche le contact physique et verbal. Dans ces moments,

elle apprécie d’être réconfortée.

En unité protégée, elle ne s’isole pas et cherche la compagnie. Sa nature très positive lui

évite les conflits avec les autres résidents.

Elle participe aux animations de l’après-midi organisées par l’animateur de l’établissement.

Elle participe avec plaisir aux séances collectives de chant proposées par l’Art-thérapeute.

Elle accepte généralement facilement l’invitation aux séances d’Art-thérapie à dominante arts plastiques. Durant ces séances, elle montre une volonté de bien faire, s’applique et se concentre.

Pénalités :

Au vu de l’état de base de madame G, elle souffre d’une pénalité de maladie qui provoque

chez elle un handicap cognitif (troubles de la mémoire, désorientation spatio-temporelle) et

psychologique (angoisse, dépression).

Ses souffrances sont ainsi : la perte de sens et la diminution de sa capacité à se projeter (ma-

ladie), le sentiment d’être hors-norme (handicap), et, en conséquence, la diminution de

l’amour et de la confiance en soi.

Le placement en institution ayant un impact sur les trois composantes de l’estime de soi75

,

l’affirmation de soi de madame G est probablement aussi touchée.

Sites d’action :

Les sites d’action se situent au niveau du traitement archaïque (dépression/angoisse/ anxié-

té/phase 3 de l’OA) et du traitement mental sophistiqué (démence/troubles cognitifs/phase 4

de l’OA)

Cibles thérapeutiques :

L’état de base de madame G montre qu’elle est capable d’élan, d’action et de production

(phases 5, 6 et 7 de l’OA) puisqu’elle répond généralement spontanément et positivement à

l’invitation pour une activité (élan moteur), s’implique, se met en action et même produit

(chante). Ses capacités relationnelles et de communication sont bonnes (phase 8 de l’OA) et

pour l’instant maintenues, malgré sa pathologie.

3- Les objectifs thérapeutiques visent à diminuer l’angoisse, stimuler et maintenir les

capacités restantes et raviver l’estime de soi

Les objectifs thérapeutiques sont en lien avec les raisons pour lesquelles madame G a été in-

diquée en Art-thérapie (maintenir ses capacités restantes et lui apporter du bien-être) et les

souffrances découlant de ses pénalités.

Au vu de l’état de base, des pénalités et des souffrances de madame G, les objectifs thérapeu-

tiques visent à :

-Diminuer l’angoisse, -Stimuler et maintenir ses capacités restantes (physiques, intellectuelles/cognitives et relationnelles),

-Raviver son amour, sa confiance et son affirmation de soi et ainsi améliorer son estime de soi

(OTG) et favoriser son bien-être.76

4- La stratégie thérapeutique adoptée pour atteindre les objectifs s’appuie sur

l’utilisation d’une technique mixte en Arts plastiques

La stratégie thérapeutique envisagée est la suivante : Dans un climat calme et sécurisant, favo-

risé par une prise en charge individuelle, proposer à madame G de réaliser une production, lui

permettant d’utiliser et d’entretenir ses capacités physiques (praxie, capacités à découper, col-

ler, colorier, …), ses capacités intellectuelles et cognitives (faire des choix, prendre des initia-

tives, utiliser des outils, …) et ses capacités relationnelles et de communication (relation rési-

dente-stagiaire Art-thérapeute).

75 Cf page 22. 76 Le bien-être psychique est assuré notamment par la satisfaction du besoin d’estime de soi. Cf page 17.

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L’action lui permettra de révéler son style, de s’engager dans un projet et d’aboutir à une pro-

duction qu’elle pourra trouver satisfaisante voire belle et dont elle pourra être fière, amélio-

rant sa confiance en elle.

La production lui permettra d’affirmer ses goûts et pourra éventuellement, selon la volonté de

la résidente, être montrée ou exposée, permettant son affirmation de soi.

L’angoisse pourra être diminuée et l’amour de soi amélioré du fait de la concentration de la

résidente sur son projet, des gratifications sensorielles liées à la pratique artistique et de la

relation résidente-stagiaire Art-thérapeute qui pourra s’établir.

Dans un contexte de démence où les capacités mnésiques sont réduites, les Arts plastiques

auront l’avantage de laisser une trace de l’action grâce à la production.

La technique mixte permettra de stimuler différentes capacités physiques et cognitives et

permettra de varier les stimulations sensorielles.

5- Madame G a bénéficié de neuf séances effectives d’Art-thérapie sur douze

proposées

S1

Durée : 1 heure 15. Séance individuelle.

Objectifs de la séance : Prendre contact avec la résidente afin d’affiner son état de base.

Objectifs apparus dès le début de la séance : diminuer l’angoisse, améliorer l’humeur.

Madame G se trouve dans la salle commune avec d’autres résidents de l’unité protégée. Elle

accepte mon invitation à venir en séance d’AT. Elle est triste et perdue. Elle dit ne pas avoir

de chambre et avoir faim. Elle dit ne pas avoir déjeuné et dit ne pas oser demander à manger.

Arrivée en salle d’AT, elle se met à pleurer. Je me penche vers elle, elle me passe les bras

autour du cou et m’embrasse en pleurant. J’essaie de la consoler en discutant avec elle et en

lui caressant les mains. Elle répète à plusieurs reprises « Vous êtes gentille madame ! » et me

demande de ne pas perdre mon temps avec elle, montrant son manque d’amour de soi.

Elle s’apaise et m’apprend qu’elle n’aime pas dessiner car elle ne sait pas dessiner. Je lui

propose alors le coloriage d’un bouquet de fleurs. Elle travaille avec beaucoup d’application,

montrant son intention de bien-faire et son intention esthétique. Elle est concentrée et parle

peu. Elle choisit ses couleurs sans aide. Le coloriage est cohérent au niveau des couleurs et

elle n’a pas « dépassé ». Elle se met spontanément à chanter « Fleurs de Paris » et plaisante

avec bonne humeur. Elle parle de son passé de directrice de maison de retraite (le métier de

son second mari), des différents endroits qu’elle a habité dans sa vie et de sa fille infirmière.

Je lui propose, pour la séance suivante un projet consistant à découper des fleurs, à les organi-

ser pour en faire un bouquet et à les coller sur un fond qu’elle aura réalisé selon son goût. Elle

accepte. A ma question elle répond qu’elle a aimé ce qu’elle a fait. Je la raccompagne en salle

commune. Elle est de bonne humeur et semble loin de ses préoccupations de début de séance.

Bilan / Projection : Evolution de la stratégie thérapeutique

Madame G a adhéré à la proposition de coloriage et a accepté le projet proposé, même si elle

a dit ne pas savoir, ni aimer dessiner. Le sujet est simple à réaliser afin d’apprendre à con-

naitre les capacités de madame G. L’idée est :

- de lui proposer de faire quelque chose qu’elle pourrait trouver beau (un bouquet de fleurs) et

qui lui apporte ainsi des gratifications sensorielles, renforçant son amour de soi,

- de détourner son attention de ses préoccupations, en se concentrant sur l’activité proposée,

afin de faire passer le moment d’angoisse.

J’ai choisi d’orienter l’activité vers une technique mixte (découpage, collage, coloriage) car

madame G dit ne pas savoir et donc ne pas aimer dessiner. Le choix des fleurs est lié au fait

que les dames sont souvent sensibles aux fleurs et que madame G aimait la ferme et la nature.

Madame G a réussi à s’apaiser durant la séance d’AT et son humeur s’est améliorée entre le

début et la fin de la séance.

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S2

Durée : 45 minutes. Séance avec madame K.

Objectifs de la séance : Faire participer madame G à la réalisation d’une production.

Objectifs apparus dès le début de la séance : diminuer l’angoisse, améliorer l’humeur.

Madame G arrive en pleurant en séance d’AT. Elle dit être perdue, ne se souvenir de rien : la

date du jour, ce qu’elle fait ici, … Je tente de la rassurer et l’aide à s’installer.

J’explique le projet présenté à la séance précédente. Madame G choisit les fleurs qu’elle sou-

haite découper. Elle travaille de façon autonome, sans demander d’avis ou d’aide. Elle est très

appliquée et montre une bonne dextérité. Elle est plutôt lente. Elle dit qu’il lui manque ses

lunettes et qu’elle ne voit pas bien. Le résultat du découpage est pourtant très satisfaisant.

Elle fait preuve d’humour en rapport avec la situation : « une pétale, des pétaux », …

Madame K, qui participe aussi à la séance, est agitée, parle beaucoup et demande beaucoup

d’attention. Madame G est sensible à la présence de madame K, réagit calmement à son dis-

cours et dialogue avec elle. Elle parle de son enfance.

Elle finit la séance en riant et accepte de continuer le projet à la prochaine séance.

Bilan : Madame G adhère à l’activité proposée. Elle n’a pas de problème de praxie. Elle est

capable de faire des choix et capable d’autonomie, contrairement à madame K qui demande

sans arrêt de l’aide pour choisir et a besoin de directives très précises. L’application de ma-

dame G montre une intention esthétique. Madame G fait preuve de capacités d’expression, de

relation et de communication. Madame G a réussi à s’apaiser durant la séance d’AT et son

humeur s’est améliorée entre le début et la fin de la séance.

Projection pour la prochaine séance : Continuer le projet.

S3

Durée : 1 heure. Séance avec madame K.

Objectifs de la séance : Faire participer madame G à la réalisation d’une production.

Objectifs apparus dès le début de la séance : diminuer l’angoisse, améliorer l’humeur.

A mon arrivée à l’EHPAD, je salue madame G et lui propose de continuer le travail qu’elle a

commencé. Elle accepte. Lorsque je reviens la chercher quelques instants plus tard, elle a

changé d’avis. Elle m’explique qu’elle doit accompagner Monsieur L, qui le lui a demandé,

aux toilettes. Je lui explique qu’une aide-soignante va s’occuper de monsieur L et elle finit par

accepter l’invitation à la séance d’AT. Madame K demande à nous accompagner.

Madame G a le front plissé et semble soucieuse, peut-être à cause de monsieur L, qui crie et

appelle sans arrêt à l’aide, perturbant les autres résidents de l’unité protégée.

Madame G continue le découpage de la séance précédente. Elle plaisante en rapport avec

l’activité : « Les plus belles fleurs c’est nous !», puis « On se dirait en math sup, maternelle

supérieure ! », …. Elle écoute madame K et rebondit avec humour sur ses dires. Elle découpe

avec dextérité et application. Elle répète plusieurs fois que Anne-Marie (une bénévole) n’est

pas venue. La séance s’achève dans la bonne humeur et madame G est d’accord pour revenir.

Bilan / Projection : La thymie de madame G s’est améliorée au cours de la séance.

La phrase « On se dirait en math sup, maternelle supérieure ! » signifie peut-être que madame

G trouve l’activité trop simple ou infantilisante. Le nombre de fleurs découpées étant suffi-

sant, une autre technique sera proposée à la prochaine séance.

S4

Durée : 1 heure. Séance individuelle.

Objectifs de la séance : Faire participer madame G à la réalisation d’une production.

Objectifs apparus dès le début de la séance : diminuer l’angoisse, améliorer l’humeur.

Madame G accepte de venir en séance d’AT. Elle est soucieuse et dit qu’elle est perdue. Elle

ne se souvient plus du travail qu’elle a commencé. Elle vient sans lunettes et se plaint de sa

vue. Elle ajoute : « Ca me servira d’excuse si ça n’est pas bien fait ! ». Elle refuse que j’aille

lui chercher ses lunettes. Elle se met à plaisanter et à converser activement avec moi. Elle me

dit qu’elle se rend compte qu’elle arrive au terme de sa vie et qu’elle la quittera « de bonne

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grâce quand ce sera l’heure ». Elle me parle de sa fille et de ses trois petits-fils (qu’elle pense

bien plus jeunes qu’ils ne sont en réalité) et me répète plusieurs fois que sa fille dessine bien.

Je lui propose de prendre l’empreinte de feuilles d’arbre sur du papier vitrail et de les décou-

per pour les ajouter au bouquet de fleurs. Elle accepte et se met au travail. Elle découpe ainsi

quatre feuilles. Je lui propose ensuite de choisir entre deux vases. Elle choisit le plus grand et

m’explique qu’il est plus adapté à la taille du bouquet. Elle se met spontanément à découper le

tour du vase, sans attendre que je l’y invite. Au cours de la séance, madame G fait des choix à

plusieurs reprises (choix de la couleur du papier pour les feuilles, choix du vase, …) et prend

aussi des initiatives (arrondir la fleur avec les ciseaux, « enlever ça aussi », découper le vase,

…). Elle est très concentrée et très appliquée, les yeux sur son travail.

A la fin de la séance, elle me dit « Merci pour ce moment », « Merci de m’avoir offert ce di-

vertissement » puis « C’est agréable de faire de jolies choses ».

Cube harmonique / Autoévaluation : Elle répond « oui » aux trois questions que je lui

pose : « Trouvez-vous que ce que vous avez fait est beau ? », « Êtes-vous d’accord pour reve-

nir ? », « Avez-vous passé un bon moment ? ».

Bilan : Madame G se montre capable de faire des choix et de les justifier.

« Ca me servira d’excuse si ça n’est pas bien fait ! » montre son manque de confiance en soi.

Ses phrases de remerciements et « C’est agréable de faire de jolies choses. » montrent qu’elle

a eu des gratifications sensorielles et émotionnelles positives, en lien avec l’amour de soi.

L’humeur de madame G s’est améliorée au cours de la séance.

Projection pour la prochaine séance : Continuer le projet.

S5

Durée : 1 heure. Séance individuelle.

Objectifs de la séance : Faire participer madame G à la réalisation d’une production.

Objectifs apparus dès le début de la séance : diminuer l’angoisse, améliorer l’humeur.

Je reviens de deux semaines de congés et j’apprends que madame G ne va pas bien. Je la

trouve devant la télévision et je lui propose une séance d’AT. Elle vient très spontanément et

très volontiers. L’élan moteur est fort. Elle présente une odeur inhabituelle d’urine et parait

préoccupée, son front est plissé, même si elle me dit aller bien.

Madame G n’a pas son déambulateur. Je lui donne le bras pour l’aider à se déplacer. Elle se

déplace difficilement, présente un équilibre précaire et s’aide de la rampe à coté d’elle. Elle

s’inquiète de risquer de me faire tomber. Arrivées devant sa chambre, je lui cherche et amène

son déambulateur, lui permettant un déplacement plus facile et sécurisé.

Elle fait un premier choix en décidant de colorier le vase plutôt que de faire le fond du dessin.

Elle se dit plusieurs fois préoccupée par les inondations qui touchent le sud de la France. Elle

a du mal à choisir une couleur pour son vase. Nous en discutons. Je commence à colorier mon

vase, pour essayer d’induire un élan chez elle. Elle finit par choisir du vert clair.

Elle salue Monsieur L qui vient s’allonger sur le lit à coté de nous. Elle se plaint à plusieurs

reprises de pas bien voir sans ses lunettes (« la vue s’est important ! »), mais refuse que je les

lui cherche pour ne pas me déranger. Elle s’applique beaucoup et se concentre, mais a peur de

dépasser. J’essaie de la rassurer en lui disant que c’est plutôt réussi pour quelqu’un qui ne voit

pas bien et lui montre de loin le coloriage fini. Elle constate elle-même que « ce n’est pas si

mal !». L’Art-thérapeute arrive. Madame G la salue et plaisante.

Elle revient sur une partie qu’elle a déjà coloriée. Je lui fais remarquer et lui demande si c’est

pour rendre la couleur plus foncée. Elle répond « ah oui, c’est vrai ! » et continue. Je lui fais

remarquer qu’il reste une autre partie à colorier. Elle me fait comprendre qu’elle l’a vue.

Elle me parle de son passé à la ferme chez ses parents. Elle me raconte plusieurs fois la tech-

nique de fabrication des matelas avec de la laine de mouton et l’intérêt de l’utilisation du marc

de café dans le jardin potager. Notre échange verbal est important et elle répond très volon-

tiers à mon invitation à converser. En fin de séance, je la raccompagne en salle d’animation.

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Cube harmonique / Auto-évaluation :

« Trouvez-vous que ce que vous avez fait est beau ? » : « Passable »

« Êtes-vous d’accord pour revenir ? » : « Oui »

« Avez-vous passé un bon moment ? » : « Oh oui madame !»

Bilan : Madame G s’est détendue et son humeur s’est améliorée au cours de la séance, mais

moins que lors des séances précédentes. Elle a beaucoup communiqué verbalement avec moi.

Sa réalisation semble lui plaire modérément. Elle dit toutefois avoir passé un bon moment.

Projection : Le projet est reconduit pour la fois suivante.

S6

Durée : 1 heure 15. Séance individuelle.

Objectifs de la séance : Faire participer madame G à la réalisation d’une production.

Madame G accepte de venir spontanément en séance d’AT. Son humeur est bonne et elle ne

semble pas angoissée. Je lui présente le travail qu’elle a commencé. Elle entame spontané-

ment la conversation en disant : « Chaque fleur a son parfum et son langage. ». Je lui de-

mande quelle est sa fleur préférée, elle me répond que c’est la rose. Je lui demande de choisir

une couleur pour continuer à colorier le vase qu’elle a choisi à la séance précédente. Elle me

montre la couleur d’une rose qu’elle a découpée. Je fais des essais de couleur devant elle,

avec les feutres et les crayons de couleur que nous avons à disposition. Elle choisit les crayons

de couleur car les feutres donnent un résultat trop foncé pour elle. Elle entame la conversation

spontanément, parle beaucoup de sa mauvaise vue (« Il faut faire avec ce qu’il nous reste ! »),

plaisante. Elle parle des fleurs, de leur langage, de leur parfum et commence une poésie

qu’elle connait sur les roses. Je l’interroge sur son hobby passé, tricoter des chaussettes. Elle

m’explique qu’elle préférait tricoter les talons, car il fallait compter et que ce n’était pas mo-

notone. Elle ajoute : « Sans être perfectionniste, j’ai toujours aimé un travail soigné. » Elle est

concentrée et s’applique, les yeux sur son travail, mais sa vue défaillante la handicape.

Cube harmonique / Auto-évaluation :

« Trouvez-vous que ce que vous avez fait est beau ? » : « Oui, je suis contente de moi. », puis

s’adressant à elle : « Ma fille tu es douée ! »

« Êtes-vous d’accord pour revenir ? » : « Oh, oui ! »

« Avez-vous passé un bon moment ? » : « Je me plais partout.»

Bilan : Madame G n’a pas parue angoissée au cours de cette séance. Son humeur était bonne.

Elle a réussi à faire des choix et à prendre quelques initiatives. Elle a beaucoup communiqué

verbalement et de façon spontanée avec moi.

Projection : Continuer le projet commencé.

S7 / S8 Annulées

S7 : A mon arrivée en unité protégée, je trouve madame G dans le couloir. Elle est perdue, se

dit « sans domicile fixe » et pense avoir fait « un petit AVC ». J’essaie de la rassurer. Je

l’invite à venir travailler avec moi pour continuer le bouquet de fleurs. Elle refuse car elle me

dit avoir des problèmes administratifs à régler. La séance est annulée.

S8 : Je propose à madame G de venir en séance d’AT. Elle me répond que ça ne « lui dit pas trop ! ». Je lui réponds que ce n’est pas grave et elle me remercie de ne pas lui « en tenir rigueur ! ».

Bilan / Projection : Madame G est probablement dans une phase difficile pour elle, où elle se

rend compte de certains effets liés à sa maladie (problèmes de mémoire, …) et se sent perdue.

Sa motivation à venir en séances d’AT en est diminuée.

L’idée est de continuer à proposer à madame G de venir en séance d’AT et de lui proposer de

changer d’activité : lui proposer une activité qui pourrait la motiver à venir en séances, par

exemple la réalisation d’objets en tissus cousus en rapport avec Noël dont la date approche.

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S9

Durée : 1 heure 15. Séance individuelle.

Objectifs de la séance : Faire participer madame G à la réalisation d’une production.

Objectifs apparus dès le début de la séance : diminuer l’angoisse, améliorer l’humeur.

Madame G répond positivement à l’invitation à venir en séance, mais elle a l’air triste, son

front est plissé, ses traits sont tirés. Je lui propose de continuer le projet commencé ou de

coudre des décorations de Noël en tissu. Pour lui permettre de faire son choix, je lui montre

des cœurs en tissu que j’ai réalisés et la production de madame K terminée77

. Madame G

trouve que la réalisation de madame K est belle et dit que les cœurs en tissu lui plaisent aussi.

Elle choisit de continuer le projet commencé. Elle me parle de ses problèmes de vue et me dit

qu’une paire de lunettes serait à présent inutile, car il lui reste trop peu de temps à vivre. Je lui

réponds que même s’il est court le temps qu’il lui reste à vivre mérite d’être agréable. Elle

choisit de reprendre le coloriage du vase qu’elle a commencé lors d’une séance précédente.

Elle commente le résultat, s’applique et se montre minutieuse et lente. Elle parle beaucoup de

souvenirs familiaux qui semblent lui peser et répète la même chose de nombreuses fois :

l’éducation sans affection donnée par sa marraine, sa vie de petite fille unique et considérée

comme « riche » par son entourage, … Elle parle spontanément et beaucoup, et répond à mes

questions. Je tente de l’orienter sur des souvenirs plus positifs, mais elle revient constamment

sur les précédents. Elle m’apprend qu’elle a été à l’école chez les sœurs et qu’ensuite elle est

devenue secrétaire à la cristallerie de Baccarat, où elle contrôlait le travail des ouvrières.

Elle est distraite par monsieur B qui l’appelle. Elle rit et plaisante suite à cet interlude. Elle

change ensuite de conversation, change de crayon, choisit un feutre pour une nouvelle partie à

colorier et continue de façon très appliquée. Elle dit : « Il ne me restera bientôt plus rien de

bon ! » puis ajoute « Sauf l’humour ! ». Nous plaisantons.

La séance s’achève par l’arrivée de sa fille qui explique à sa maman qu’elle n’a plus besoin de

lunettes suite aux séances de laser qu’elle a eues, sauf peut-être de lunettes-loupe qui doivent

être « bien rangées au fond de son tiroir ». A l’arrivée de sa fille et plus encore de son gendre

(« Le meilleur après moi !» dit-elle en me le présentant), le visage de madame G s’illumine.

Cube harmonique / Auto-évaluation :

A la question « Êtes-vous d’accord pour revenir ? », elle répond : « Oui, pour finir mon bario-

lage. ». Je n’ai pas pu poser les deux autres questions.

Bilan : Madame G a semblé plus triste et préoccupée que d’habitude, mais a néanmoins réussi

à faire des choix, à prendre des initiatives et à communiquer. La concentration sur son projet,

le projet en lui-même et notre conversation n’ont pas suffi à améliorer nettement son humeur.

L’évocation en continu de ses souvenirs tristes, ses appréciations négatives sur elle-même

montrent son manque d’amour de soi.

Madame G semble être dans une phase plus difficile qu’il y a quelques séances. J’apprends

par ailleurs, qu’elle n’ira plus en animation car elle a tenté de fuguer la veille.

Projection : Poursuivre le projet commencé et continuer à observer l’évolution des choses à

la prochaine séance.

S10 Annulée

J’invite madame G à venir en séance d’AT. Elle est perdue et pense avoir fait un AVC. Elle

me dit ne se souvenir de rien, si ce n’est de son nom. Elle dit ne pas savoir pourquoi elle est

là. Je lui explique qu’elle est à la maison de retraite depuis déjà « un petit moment », que les

gens prennent soin d’elle et que sa fille s’occupe de ses problèmes administratifs. Elle me

répond que ça la rassure, mais refuse la séance d’AT car « elle n’est pas bien ». J’apprends un

peu plus tard par une AS que madame G se sent perdue depuis la veille.

Bilan / Projection : La phase difficile dans laquelle se trouve madame G semble se pour-

suivre. Les effets de la maladie sont probablement pour elle, une source d’angoisse et de dé-

motivation à venir en séances d’AT.

77 Remarque : le projet en cours pour madame G est le même que celui de madame K.

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48

Je l’inviterai à une nouvelle séance d’AT, la semaine suivante, comme prévu.

S11

Durée : 2 heures 15. Séance individuelle.

Objectifs de la séance : Faire participer madame G à la réalisation d’une production. Dimi-

nuer l’angoisse, améliorer l’humeur.

A mon arrivée à l’EHPAD, je suis informée que madame G ne va pas bien. Je vais la saluer et

l’invite à une séance d’AT. Elle accepte spontanément l’invitation mais me dit qu’elle n’est

pas douée pour ce qui est artistique. Elle choisit de finir ce qu’elle a commencé (colorier le

vase) plutôt que de préparer le fond de la production. Elle me dit ne pas être particulièrement

douée pour la minutie et qu’elle préfère les « gros boulots ». Elle ajoute qu’elle aime, quand

même, faire des choses plus minutieuses et qu’elle ne refuse pas un travail qui lui est proposé

dans la mesure où « elle a une petite compétence dans le domaine ».

Monsieur B sort de sa chambre et madame G plaisante avec lui. Elle se plaint de sa vue et me

dit qu’elle ne se reconnaitra bientôt plus dans le miroir. Elle se met à chanter « Fais du feu

dans la cheminée » et s’applique à colorier. Je lui propose de chanter un chant de Noël, elle

entonne « Petit papa Noël ». Elle choisit des couleurs, répond à mes questions et entame par-

fois spontanément la conversation. Nous chantons des chants de Noël. Elle me parle de son

passé et me dit ne pas aimer les fêtes. Je l’interroge sur ses gouts en matière de chansons. Elle

me dit aimer Charles Trenet et les chansons tristes et elle se met à chanter « C’est aujourd’hui

dimanche », puis « Fleurs de paris » et « Parlez-moi d’amour ». Elle finit de colorier le vase et

je lui propose de commencer le fond. Je lui montre la technique et je fais la première tache de

couleur à l’aide d’un pastel sec. Elle fait la seconde spontanément, puis prend l’initiative de

mélanger les couleurs. Elle dit à l’Art-thérapeute qui passe : « Un beau désordre est un effet

de l’art ». Elle commente le bouquet de madame K qui a finit sa production. « C’est beau »

puis « C’est joli » dit-elle à plusieurs reprises. Elle approche son nez pour sentir les fleurs et

rit. Elle me dit préférer ma corbeille à son vase. Je lui propose qu’elle choisisse entre les deux

au moment du collage. Elle trouve que les roses ont l’air naturel et me parle de souvenirs an-

ciens. Elle me dit « avec un peu d’imagination, on arrive à transformer le monde ! ». Elle

frotte le pastel sec pour étaler la couleur, reconnait un visage dans son travail et s’en amuse.

Elle est autonome et prend des initiatives. Elle décide de garder le visage et de ne pas

l’estomper en le frottant. La séance s’achève et madame G entonne « Petit papa Noël ».

Cube harmonique / Auto-évaluation :

« Trouvez-vous que ce que vous avez fait est beau ? ». « Je suis toujours contente de ce que

je fais. Je m’applique. »

« Avez-vous passé un bon moment ? » : « Oui. Très agréable.»

« Êtes-vous d’accord pour revenir ? » : « Oui. »

Bilan : Malgré son état thymique du moment considéré comme mauvais par le personnel soi-

gnant, madame G a accepté très spontanément l’invitation à venir en séance d’AT. Elle s’est

montrée dynamique, a fait des choix et a pris des initiatives à de nombreuses reprises. Les

remarques négatives (concernant ses problèmes de vue, et le fait qu’elle n’aime pas les fêtes,

…) ont été limitées en quantité et surtout dans le temps de la séance.

Projection : Faire terminer sa production à madame G, car ma période de bénévolat et la

prise en charge de madame G s’achèvent.

S 12

Durée : 1 heure 15. Séance individuelle.

Objectifs de la séance : Faire participer madame G à la réalisation d’une production et ter-

miner cette réalisation dans le cadre de la fin de sa prise en charge.

Lorsque j’invite madame G pour une séance d’AT, elle vient avec entrain. Sur le chemin qui

nous mène en salle d’AT, elle me demande comment je vais depuis la dernière fois.

Je lui montre ce qu’elle a déjà fait et j’arrange les différents éléments du bouquet pour lui

montrer à quoi ressemblera son projet une fois terminé. Elle trouve qu’il y a « une bonne

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harmonie des couleurs ». Je lui propose de choisir entre le vase qu’elle avait initialement

choisi et qu’elle a colorié et l’autre modèle de vase (corbeille) que j’ai moi-même colorié et

qu’elle m’a dit préférer lors de la dernière séance. Elle choisit ma corbeille qu’elle trouve plus

adaptée. Elle commence à coller les différents éléments du bouquet. Je lui propose différents

emplacements pour les fleurs. Elle choisit et prend des initiatives : elle rajoute de la colle sous

la feuille lorsque celle-ci se soulève et lisse les éléments pour les faire bien adhérer. Elle est

minutieuse, appliquée et montre qu’elle veut bien faire. Elle s’inquiète des plis que font cer-

tains éléments après le collage. Je lui donne des consignes qu’elle suit, pour le collage des

fleurs. Elle me dit ne pas aimer « les couleurs mornes », mais qu’ « on s’en éloigne ». Elle se

plaint plusieurs fois de sa vue, puis plaisante : « Je n’ai pas perdu la boule mais la fleur ! ».

Elle commente ce qu’elle fait et trouve que l’association des couleurs est belle et que « les

tons de rose vont bien ensemble ». Elle se congratule : « C’est beau ! », « C’est joli. Bravo

M78

! ». Elle interpelle l’infirmier qui passe : « N’est-ce pas que c’est beau, monsieur !? ».

Elle me dit qu’elle aime travailler avec quelqu’un, mais pas seule, et que ça l’équilibre. Elle

me dit qu’elle aime qu’on l’aide à choisir, puis me parle de souvenirs de son jardin.

Monsieur B sort de sa chambre et vient admirer le travail de madame G. Il lui dit que « C’est

beau ! ». Madame G lui répond en riant que « Ce n’est pas le bouquet qui est beau, c’est

moi ! », puis « La plus belle des fleurs, c’est moi ! ». Nous rions tous les trois.

La séance s’achève lorsque tous les éléments sont collés sur le fond. Madame G me demande

alors « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? ». Je lui réponds que je vais la ramener en salle à

manger. Elle me répond « C’est dommage, j’étais bien avec vous ! ».

Cube harmonique / Auto-évaluation :

« Trouvez-vous que ce que vous avez fait est beau ? » : « Oui !» (cf plus haut)

« Avez-vous passé un bon moment ? » : « Oh oui ! J’aimerais revenir.»

Cette séance achevant la prise en charge de madame G, je ne lui ai pas posé la question

« Êtes-vous d’accord pour revenir ? », mais elle y a répondu spontanément.

Bilan : Madame G est venue avec entrain en séance d’AT. Son humeur était bonne et s’est

encore améliorée durant la séance. Elle a réussi à prendre de nombreuses initiatives, à faire

des choix et elle a beaucoup communiqué avec moi, ainsi qu’avec d’autres personnes qui se

sont présentées au cours de la séance. Ses capacités physiques (praxie) étaient bonnes.

Madame G semble satisfaite de sa production et sa satisfaction est probablement accentuée

par l’appréciation positive de monsieur B, renforçant l’estime de soi de madame G. Elle dit

avoir apprécié la relation avec moi.

Projection : Faire plastifier la production de madame G pour la lui remettre.

Fin de prise en charge et présentation de la production finie à madame G

J’ai fait plastifier la production de madame G et je lui ai présentée. Madame G s’est montrée

émue. Elle m’a remercié chaleureusement et m’a embrassée. Elle m’a dit que j’avais fait

d’elle une nouvelle personne car elle pensait ne pas être douée pour le dessin. Elle a ajouté

fièrement qu’elle présenterait sa production à sa fille qui n’en reviendrait certainement pas.

Nous sommes allées ensemble placer la production sur le bureau de sa chambre.

Quelques jours plus tard, j’ai constaté que la production était toujours à la même place.

6- L’évaluation et le bilan de la prise en charge de madame G permettent d’observer

une évolution positive vers les objectifs thérapeutiques

Sur les graphiques présentés, l’axe des ordonnées indique la cotation des items et l’axe des

abscisses indique la chronologie des séances.

78 Son prénom

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50

Objectif 1 : Diminuer l’angoisse et améliorer l’humeur

Graphique n°1 : Evolution des items relatifs à l’amélioration de l’humeur chez madame G

Le graphique n°1 présente l’évolution de la thymie de madame G entre le début et la fin de

séance, au cours de l’ensemble de sa prise en charge en Art-thérapie. Ce graphique montre

une amélioration systématique de l’humeur de la résidente entre le début et la fin des séances,

pour atteindre un état où madame G est très détendue et rit dans six cas sur neuf.

Une amélioration de l’état thymique de la résidente en début de séance, est globalement ob-

servable au fur et à mesure des séances. De ce fait, l’amélioration de la thymie (différence

positive entre l’humeur en fin de séance et l’humeur en début de séance) diminue au fur et à

mesure des séances.

Objectif 2 : Stimuler et maintenir ses capacités (physiques, intellectuelles/cognitives et

relationnelles) restantes.

Pour suivre cet objectif, j’ai retenu certains items choisis pour suivre l’estime de soi :

- Pour suivre l’évolution des capacités physiques, j’ai choisi l’item « qualité du geste »

- Pour suivre l’évolution des capacités relationnelles et de communication, j’ai utilisé les

items « implication relationnelle », « communication orale » et « contact visuel »

- Pour suivre l’évolution des capacités intellectuelles et cognitives, j’ai choisi les items « au-

tonomie », « initiatives », « concentration », « capacités à faire des choix ».

Graphique n°2 : Evolution des items relatifs aux capacités physiques de madame G

Le graphique n°2 indique que la qualité du geste était bonne en début de prise en charge et

que, durant le temps de la prise en charge de madame G, la qualité du geste, est restée plutôt

stable, pour évoluer positivement en dernière séance. Cette évolution positive peut être liée à

l’entretien et à la stimulation des capacités de madame G au cours des séances d’AT.

0

1

2

3

4

5

6

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10 S11 S12

thymie en début de séance

thymie en fin de séance

amélioration de la thymie

0

1

2

3

4

5

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10 S11 S12

qualité du geste

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Graphique n°3 : Evolution des items relatifs aux capacités relationnelles

et de communication de madame G

Le graphique n°3 montre une évolution positive des capacités relationnelles de madame G

durant sa prise en charge en Art-thérapie. Le contact visuel et la capacité de communication

orale ont augmenté progressivement dans le temps. L’implication relationnelle a plus varié

dans le temps. Cette évolution globale est probablement due à la stimulation des capacités

relationnelles de madame G, à l’évolution de la relation qui s’est établie entre nous et à la

confiance qui s’est installée au fur et à mesure des séances entre nous.

Graphique n°4 : Evolution des items relatifs aux capacités intellectuelles

et cognitives de madame G

Le graphique n°4 montre une évolution positive, surtout en fin de prise en charge, des capaci-

tés intellectuelles et cognitives de madame G. La stimulation de ses capacités durant les

séances d’AT peut expliquer cette progression.

Objectif thérapeutique général : Améliorer l’estime de soi

Graphique n°5 : Evolution des items relatifs à l’amour de soi chez madame G

0

5

10

15

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10 S11 S12

contact visuel

capacité de communication orale

implication relationnelle

0

5

10

15

20

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10 S11 S12

capacité à faire des choix

concentration

initiatives

autonomie

0

5

10

15

20

25

30

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10 S11 S12

expression non verbale du plaisir

expression verbale du plaisir

thymie en fin de séance

attitude durant la séance

implication relationnelle

réaction à venir en séance

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Le graphique n°5 montre une évolution globale positive de l’amour de soi de madame G. Lors

des deux dernières séances la cotation est maximale pour la presque totalité des items.

Ceci peut être du à la relation de confiance qui s’est installée au cours du temps entre madame

G et moi, au ressenti de la qualité du moment (cf amélioration de l’humeur), au plaisir senso-

riel ressenti lors de la pratique (des Arts plastiques et du chant) et au plaisir émotionnel lié à

l’évocation de ses souvenirs. En séance 4, ses remarques « Merci pour ce moment », « Merci

de m’avoir offert ce divertissement » et « C’est agréable de faire de jolies choses » montrent

qu’elle a eu des gratifications sensorielles et émotionnelles positives. En séance 12, sa phrase

« C’est dommage, j’étais bien avec vous ! », à l’annonce de la fin de la séance, montre que la

séance lui a apporté du Bon, favorisant l’amour de soi.

La séance 9 montre des résultats plus faibles. Cette séance se situe entre des séances annulées

à la demande de madame G, qui n’allait psychologiquement pas bien du tout. A cette période,

elle présentait et ressentait de très importants troubles de la mémoire. Perturbée par ses

troubles et persuadée qu’elle avait des problèmes administratifs à régler, elle devait proba-

blement penser qu’elle avait mieux à faire que de « dessiner ». Cette période difficile à vivre

pour madame G et liée à l’évolution de la MA, était peu propice à favoriser l’amour de soi.

Graphique n°6 : Evolution des items relatifs à la confiance en soi chez madame G

Le graphique n°6 montre un maintien de la confiance en soi de madame G et une amélioration

en fin de prise en charge (séances 11 et 12). Lors des deux dernières séances la cotation est

maximale pour la presque totalité des items observés. C’est l’item concernant sa prise

d’initiative qui a le plus évolué. L’évolution positive de la confiance en soi de madame G, est

parallèle à l’évolution de ses capacités restantes, ce qui est logique puisque la confiance en soi

est liée à la capacité à agir et à réussir.

Graphique n°7 : Evolution des items relatifs à l’affirmation de soi chez madame G

Le graphique n°7 montre une évolution positive de l’affirmation de soi de madame G sur le

temps de la prise en charge. Lors des deux dernières séances la cotation est maximale pour la

totalité des items observés.

0

5

10

15

20

25

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10 S11 S12

concentration

réalisation

qualité du geste

initiatives

autonomie

0

5

10

15

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10 S11 S12

contact visuel

capacité de communication orale

capacité à faire des choix

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Graphique n°8 : Evolution des items relatifs à l’estime de soi chez madame G

Comme attendu, vu l’évolution de ses trois composantes, le graphique n°8 montre un main-

tien de l’estime de soi de madame G et une évolution positive en fin de prise en charge.

Graphique n°9 : Auto-évaluation de madame G, Cube Harmonique

Les résultats concernant l’auto-évaluation des séances par madame G montrent que les ré-

ponses aux questions relatives au Bon (bon moment passé et envie de revenir) ont toujours

été bien cotées (4 ou 5). Pour les réponses liées au Bien et au Beau (appréciation de la réali-

sation), les cotations ont été plus fluctuantes. On peut donc penser que l’effet des séances sur

l’amour de soi (lié au Bon) a été plutôt bon et que l’effet sur la confiance et/ou l’affirmation

de soi (liés au Bien et au Beau) a été plus fluctuant.

C’est moi qui ai coté les réponses que m’a données madame G. Il a parfois été difficile

d’interpréter des réponses comme « Je me plais partout » (S6) ou « Oui, pour finir mon bario-

lage » (S9). Même si j’ai essayé d’être objective lorsque j’ai coté les réponses aux questions,

une part de ma subjectivité est rentrée en ligne de compte.

Un bilan est tiré de la prise en soin en Art-thérapie à dominante Arts plastiques de ma-

dame G:

La prise en charge en Art-thérapie à dominante Arts plastiques de madame G a été composée

de neuf séances, dont sept séances individuelles et deux séances communes avec madame K

(S2 et S3), d’une durée moyenne d’environ 1 heure 15.

Trois séances ont été annulées du fait du refus de la résidente à y participer.

Les objectifs portaient sur la diminution de l’angoisse, la stimulation et le maintien de ses

capacités restantes (physiques, intellectuelles/cognitives et relationnelles) et l’objectif théra-

peutique général était de raviver son amour, sa confiance et son affirmation de soi et ainsi

d’améliorer son estime de soi.

L’évaluation montre une évolution positive vers les objectifs thérapeutiques et vers l’objectif

général.

Les séances d’Art-thérapie ont systématiquement permis une évolution positive de l’humeur

de madame G au cours des séances. Ces séances ont ainsi eu pour effet de diminuer l’angoisse

et d’améliorer le bien-être de la résidente durant le temps des séances.

0

10

20

30

40

50

60

70

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10 S11 S12

Affirmation de soi

Confiance en soi

Amour de soi

0

1

2

3

4

5

6

S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10 S11 S12

Bon moment ?

Revenir ?

Beau ?

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L’amélioration de l’humeur en début de séance, au fur et à mesure de l’évolution dans le

temps, est peut-être du à l’impact du souvenir du bien-être vécu lors des séances précédentes.

Cependant, rien ne permet de dire si ces séances d’Art-thérapie ont eu une influence positive

sur l’humeur et le bien-être de madame G, en dehors du temps de prise en charge en AT. Pour

évaluer cela, il aurait fallu impliquer le personnel soignant dans la démarche d’évaluation et

lui demander d’évaluer la thymie de madame G en dehors des séances d’AT.

Les résultats concernant l’évolution des capacités (physiques, intellectuelles/cognitives et

relationnelles) restantes de madame G vont dans le sens d’une amélioration. Il faut cependant

rester prudent sur ces évaluations car le temps de prise en charge en Art-thérapie n’a été que

de quelques semaines et l’Art-thérapie n’est pas le seul élément stimulant, permettant le main-

tien des capacités de madame G.

Concernant les capacités physiques de madame G, elle avait une bonne dextérité au départ,

mais elle était assez lente dans l’exécution des tâches. Elle est devenue un peu plus rapide au

fur et à mesure des séances.

L’estime de soi et ses trois composantes ont été dans le sens d’une évolution positive, malgré

l’évolution de la MA et ses conséquences sur le moral de madame G.

Le fait que madame G se mette à chanter spontanément durant les séances d’AT montre

qu’elle faisait preuve d’affirmation de soi et de ses goûts personnels. Ces moments de chant

lui ont probablement procuré des sensations agréables, lié au plaisir d’entendre des mélodies

et des paroles plaisantes et de ses remémorer des souvenirs agréables et des émotions passées.

Grace à la production tangible issue de cette prise en charge à dominante Arts plastiques, ma-

dame G a pu constater qu’elle avait réussi à produire une œuvre qu’elle trouvait belle et

qu’elle se serait crue incapable de réaliser. Ceci a certainement permis d’améliorer sa con-

fiance en soi. Son projet de montrer sa production à sa fille pour lui montrer de quoi était ca-

pable en est la preuve.

II- Madame K est indiquée en Art-thérapie pour maintenir ses capacités restantes, cana-

liser son émotion et lui apporter du bien-être

1- La rencontre de madame K et les échanges avec l’équipe soignante ont permis

d’établir l’anamnèse de la résidente:

Les éléments essentiels de l’anamnèse de madame K sont présentés ci-dessous :

Tableau n°5 : Anamnèse de Madame K

Vie Née en avril 1924 (91 ans). Veuve.

Vit à l’EHPAD depuis septembre 2012.

A été placée en unité protégée au cours de l’année 2015 car elle avait ten-

dance à fuguer.

Famille /Amis

Un fils, gendarme, qui a du mal à accepter la « cleptomanie » de sa mère.

Une belle-fille qui vient lui rendre visite de temps en temps.

Un passé familial douloureux, avec des difficultés relationnelles avec sa

mère et la sœur. (Mère maltraitante ?).

Pathologies Maladie d’Alzheimer. Aphasie. Tendance à la cleptomanie due à la MA.

Troubles anxio-dépressifs. Hypertension artérielle.

Traitement Traitement antihypertenseur. MMS : 6/30

Traitement antidépresseur. Traitement neuroleptique à visée sédative.

Fait partie d’un groupe de paroles animé par des orthophonistes : participe

peu et se montre discrète.

Capacités phy-

siques

Se déplace assez facilement. GIR : 2

N’utilise pas son déambulateur de façon systématique.

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Capacités

cognitives

Troubles de la mémoire dus à la MA.

Sens Aime manger des morceaux de sucre, qu’elle dérobe à la cuisine de l’unité

protégée. Porte des lunettes.

Goûts / Hobbies Aimait faire du crochet.

S’occupe parfois spontanément et seule avec des jeux de société.

2- L’état de base de madame K montre que la démence provoque chez elle des

troubles cognitifs, un état anxio-dépressif, des difficultés de communication et un

comportement parfois socialement inadapté. Au vu de ces pénalités et souffrances, elle

souffre d’une diminution de l’estime de soi

La résidente est indiquée en Art-thérapie pour maintenir ses capacités restantes, canaliser son

émotion et lui apporter du bien-être.

Tableau n°6 : Etat de base, Pénalités, Sites d’action et Cibles thérapeutiques pour Madame K

Etat de base : Madame K a les cheveux courts et est généralement vêtue de pantalons. Ainsi, selon le per-

sonnel soignant, les autres résidents de l’unité protégée la prennent pour un homme. Il lui

arrive de refuser la toilette et les soins corporels que lui donne le personnel soignant. Elle

n’accorde pas de soin particulier à son apparence physique.

Du fait de la MA, madame K est aphasique, ce qui la rend parfois difficile à comprendre et

entrave la communication.

Madame K présente des moments d’angoisse liés à sa pathologie, au cours desquels elle est

spatialement et temporellement désorientée, manifeste de la tristesse et pleure. Au cours de

ces moments difficiles, elle a tendance à se déprécier : « C’est de la paille que j’ai là-haut ! »

en montrant sa tête, « Je ne connais rien, je ne sais rien », … ce qui signe une atteinte de

l’amour et de la confiance en soi.

En dehors de ces moments d’angoisse, elle a beaucoup d’humour qu’elle utilise comme mé-

canisme de défense.

Madame K présente des troubles de la mémoire dus à la MA. Elle parle souvent de sa mère

comme si elle était encore vivante, de son fils comme s’il était encore enfant, …

Les conflits passés avec sa mère et sa sœur reviennent souvent dans son discours et elle dit

souvent avoir peur d’être réprimandée par sa mère, ce que l’on peut associer à une fragilisa-

tion de l’amour de soi.

Elle a tendance à déambuler et à voler de la nourriture et des petits objets appartenant aux

autres résidents de l’unité protégée. Elle cache ses larcins. Elle se « trompe » souvent de

chambre, de lit, de salle de bains, …, ce qui agace les autres résidents et provoque parfois

des conflits entre elle et eux.

Elle participe activement aux séances collectives de chant proposées par l’Art-thérapeute et à

d’autres moments, se met parfois à chanter spontanément.

En présence d’autres résidents, elle peut être agitée et logorrhéique et demander beaucoup

d’attention, laissant peu de place aux autres.

Du fait de la démence, elle montre une difficulté certaine à faire des choix et à pouvoir af-

firmer sa personnalité. Elle ne participe pas aux animations de l’après-midi organisées par

l’animateur de l’établissement car elle a tendance à fuguer. Madame K s’occupe parfois

spontanément et seule avec des jeux de société. Durant les séances d’AT à dominante Arts

plastiques, elle range spontanément les crayons par couleur et compte souvent (les crayons,..).

Pénalités :

Au vu de l’état de base de madame K, elle souffre d’une pénalité de maladie qui provoque

chez elle un handicap cognitif (troubles de la mémoire, désorientation spatio-temporelle,

difficultés à faire des choix), psychologique (angoisse, dépression) et social (aphasie et capa-

cités de communication diminuées, comportements sociaux inadaptés).

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Ses souffrances sont ainsi : la perte de sens et la diminution de sa capacité à se projeter (ma-

ladie), le sentiment d’être hors-norme (handicap), et, en conséquence, la diminution de

l’amour et de la confiance en soi. L’affirmation de soi, troisième composante de l’estime de

soi, est aussi touchée du fait de la démence (difficultés à faire des choix).

Sites d’action :

Les sites d’action se situent au niveau du traitement archaïque (dépression/angoisse/ anxié-

té/phase 3 de l’OA), du traitement mental sophistiqué (démence/troubles cognitifs/phase 4 de

l’OA) et du traitement mondain (capacités relationnelles et de communication tou-

chées/aphasie/isolement/phase 8 de l’OA)

Cibles thérapeutiques :

L’état de base de madame K montre qu’elle est capable d’élan, d’action et de production

(phases 5, 6 et 7 de l’OA) puisqu’elle se met parfois spontanément à jouer seule avec un jeu

de société, qu’elle range et compte spontanément, qu’elle répond généralement à l’invitation

au chant de l’Art-thérapeute et se met parfois à chanter spontanément.

3- Les objectifs thérapeutiques visent à diminuer l’angoisse, canaliser l’émotion, sti-

muler et maintenir les capacités restantes et raviver l’estime de soi

Les objectifs thérapeutiques sont en lien avec les raisons pour lesquelles madame K a été in-

diquée en Art-thérapie (maintenir ses capacités restantes, canaliser son émotion et lui apporter

du bien-être) et les souffrances découlant de ses pénalités.

Au vu de l’état de base, des pénalités et des souffrances de madame G, les objectifs thérapeu-

tiques visent à :

-Diminuer l’angoisse,

-Canaliser l’émotion, -Stimuler et maintenir ses capacités (physiques, intellectuelles/cognitives et relationnelles) restantes,

-Raviver son estime de soi (OTG) par l’amélioration de son amour, sa confiance et son affir-

mation de soi, et ainsi favoriser son bien-être.79

4- La stratégie thérapeutique adoptée pour atteindre les objectifs s’appuie sur

l’utilisation d’une technique mixte en Arts plastiques

La stratégie thérapeutique envisagée pour madame K est la suivante : dans un climat calme et

sécurisant qui pourra favoriser l’apaisement, proposer à madame K de réaliser une production,

lui permettant d’utiliser et d’entretenir ses capacités physiques (praxie, …), ses capacités in-

tellectuelles/cognitives (faire des choix, prendre des initiatives, utiliser des outils, …), ses

capacités relationnelles et à communiquer.

La stratégie thérapeutique s’est orientée vers les Arts plastiques car madame K, lorsqu’elle

range, compte, s’occupe avec des jeux de société, semble aimer manipuler, « faire » et fait

preuve d’un certain raisonnement et d’une certaine logique.

L’action lui permettra de s’engager dans un projet et d’utiliser ses capacités (ce qu’elle sait

encore faire), favorisant sa confiance en soi. Une attention particulière sera portée à essayer

de stimuler son autonomie et de favoriser sa prise d’initiatives.

La technique mixte permettra de stimuler différentes capacités physiques et cognitives.

L’accompagnement Art-thérapeutique veillera à stimuler et à favoriser sa capacité à exprimer

ses goûts, sa personnalité et sa capacité à faire des choix, dans l’idée d’améliorer son affirma-

tion de soi.

Etant donnés ses troubles importants de la mémoire, la production issue des Arts plastiques

aura l’intérêt de laisser une trace de l’action.

79 Le bien-être psychique est assuré notamment par la satisfaction du besoin d’estime de soi. Cf page 17.

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L’angoisse et l’agitation pourront être diminuées, l’émotion canalisée et l’amour de soi amé-

lioré par la concentration de la résidente sur son projet, par les gratifications sensorielles liées

à la pratique et par la relation résidente-stagiaire Art-thérapeute qui pourra s’établir.

Des séances individuelles semblent plus adaptées pour favoriser le calme et l’apaisement. De

plus, madame K demande beaucoup d’attention et a tendance à laisser peu de place aux autres

participants du fait de sa logorrhée.

5- Madame K a bénéficié de dix séances d’Art-thérapie à dominante Arts plastiques

S1

Durée : 1 heure 30. Séance individuelle dans la salle commune de l’unité protégée.

Objectifs de la séance : Prendre contact avec la résidente afin d’essayer d’établir une rela-

tion sécurisante et de confiance et afin d’affiner son état de base.

Je propose à madame K de travailler avec de la pâte à modeler. Elle ne semble pas enthou-

siaste. Elle est de bonne humeur et parle beaucoup. Elle est difficile à comprendre du fait de

son aphasie. Elle dit souvent « oh moi, vous savez, … ».

Dans un premier temps, je modèle pour essayer de déclencher un élan moteur chez elle. Elle

commente ce que je fais. Ses commentaires sont factuels : elle commente la couleur, compte

le nombre d’éléments, … Elle est dans une phase d’observation/contemplation, sans action.

Dans un deuxième temps, je lui propose de faire une fleur. Elle reste dans la contemplation.

Dans un troisième temps, je passe à un travail plus directif en lui demandant de modeler de

petites boules puis de les aplatir pour en faire des pétales et de modeler une boule pour le

cœur de la fleur. Je lui montre comment faire. Elle s’exécute, nos travaillons ensemble et je

monte la fleur avec les éléments qu’elle a modelés. Elle commente notre travail et rit.

Je lui propose ensuite de faire une tarte en pâte à modeler. Je lui demande de préparer de pe-

tites boules de pâte à modeler, pendant que je prépare le fond de tarte. Elle s’applique et me

pose des questions « comme ça ? », … Je lui demande de disposer les boules sur le fond de

tarte. Elle s’exécute et commente. Nous plaisantons. Elle rit. Elle perd parfois une boule qui

tombe à terre et s’en rend compte. Je modèle d’autres éléments en pâte à modeler. Elle ob-

serve et commente. Son aphasie rend ses commentaires difficiles à comprendre.

Cube harmonique / Autoévaluation :

A la question « C’est beau ? », madame K me donne une réponse que je ne comprends pas à

cause de son aphasie.

Bilan : Le contact avec madame K a été bon. Elle a adhéré à la séance d’AT par la contem-

plation. Pour passer à l’action, madame K semble avoir besoin d’être dirigée. Ceci est proba-

blement du aux conséquences de sa pathologie et peut-être à un manque de confiance en soi.

Madame K a beaucoup parlé et commenté, surtout après réalisation. Elle a peu parlé pendant

qu’elle travaillait : elle était concentrée. Elle était de bonne humeur et a beaucoup souri et ri.

Madame K est restée assise tout le temps de la séance et n’est pas partie pour déambuler.

Projection : Essayer une autre technique pour tester ses capacités et déterminer ses goûts.

S2

Durée : 1 heure 30. Séance collective en salle d’AT, en présence de l’Art-thérapeute.

Objectifs de la séance : Tester les capacités et déterminer les goûts de madame K.

Objectif apparu dès le début de la séance : Diminuer l’angoisse.

Madame K arrive en séance d’AT en pleurant. Elle respire fort. L’Art-thérapeute chante et

madame K l’accompagne. Madame K se calme et arrête de pleurer. Elle regarde colorier les

deux autres résidentes qui participent à la séance d’Art-thérapie. Je lui propose de faire le

même coloriage de fleurs qu’elles. Elle accepte. Elle colorie avec application les feuilles en

vert (couleur que l’Art-thérapeute lui a donnée). Dans un premier temps, elle ne « dépasse »

pas. Puis, lorsqu’elle « dépasse », elle essaie de « rattraper » son « erreur », montrant son in-

tention esthétique. Elle se met ensuite à colorier les espaces situés entre les feuilles, puis les

fleurs, sans changer de couleur. Je le lui fais remarquer et lui propose de changer de couleur,

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mais elle ne réagit pas et continue le coloriage des fleurs en vert. Je lui fais alors choisir une

couleur parmi cinq, elle choisit avec difficulté le rose et finit son coloriage avec cette couleur.

Au cours de la séance, elle déclare : «Ma mémoire est folle.», montrant la diminution de son

amour et de son estime de soi. En fin de séance, madame K est apaisée. Elle plaisante. Elle

aide à ranger le matériel et range les feutres par couleur.

Bilan : La séance d’AT a permis à madame K de dissiper sa tristesse et de calmer son an-

goisse. La concentration sur son travail a probablement détourné son esprit de ses préoccupa-

tions. Je m’interroge sur le coloriage en dehors des limites : Est-il du à des troubles du discer-

nement liés à la démence ou à un problème de vue ?

Madame K semble aimer ranger, compter (cf S1) …

Projection : Faire participer madame K à la réalisation d’une production.

S3

Durée : 45 minutes. Séance avec madame G en salle d’AT.

Objectifs de la séance : Faire participer madame K à la réalisation d’une production.

Madame K arrive en chantant à la séance d’AT.

Madame G participe à la même séance d’AT et je propose à madame K le projet de bouquet

de fleurs à découper, que madame G a accepté lors de sa précédente séance d’AT. Madame K

accepte le projet. Durant l’activité, elle se montre peu autonome. Elle pose beaucoup de ques-

tions (les parties qu’il faut découper, …) et a besoin d’être dirigée dans son travail. Sa dextéri-

té et sa capacité à utiliser des ciseaux sont très bonnes. Elle est rapide. Madame K est agitée,

parle beaucoup et demande beaucoup d’attention. Elle a du mal à choisir les fleurs qu’elle

souhaite découper et a du mal à donner son avis. A ma question « avez-vous envie de décou-

per une autre fleur ? », elle répond « C’est vous qui choisissez ! ».

En fin de séance, elle parle de sa mère. Elle dit qu’elle doit rentrer car elle a peur que sa mère

ne la réprimande si elle ne la trouve pas à la maison. Je tente de la rassurer en lui disant que

j’expliquerai tout à sa mère.

Cube harmonique / Autoévaluation :

A mes questions « Cet atelier vous a plu ? » et « Avez-vous envie de revenir ? », elle répond

« C’est vous qui me dites. Moi, je fais ce qu’on me dit de faire ! ».

Bilan : Madame K a montré une bonne dextérité. Son humeur était bonne. Elle s’est montrée

peu autonome et demande qu’on la dirige, voire qu’on choisisse pour elle.

Ses paroles montrent une atteinte de la confiance et de l’amour de soi.

Projection : Continuer le projet commencé. Travailler l’autonomie et la capacité à faire des

choix.

S4

Durée : 45 minutes. Séance avec madame G en salle d’AT.

Objectifs de la séance : Faire participer madame K à la réalisation d’une production.

En partant en séance d’AT avec madame G, madame K nous demande si elle peut nous ac-

compagner. Nous acceptons et madame K nous suit.

Madame K continue le travail commencé à la séance précédente avec madame G. Elle de-

mande beaucoup d’attention, pose beaucoup de questions concernant ce qu’elle fait et com-

ment elle le fait. Elle a du mal à faire des choix. Ses capacités physiques et sa dextérité sont

bonnes. En feuilletant le catalogue de fleurs, elle dit « Il y en a de belles la dedans ! ».

Je l’aide à choisir les fleurs à découper, mais elle me fait rapidement comprendre qu’elle ne

souhaite pas continuer : « J’en ai plein à la maison et ma mère me les fauche ! ». Elle est lo-

gorrhéique et laisse peu de place à madame G.

Je lui propose de colorier le fond sur lequel elle collera les roses, mais elle ne semble pas dé-

cidée. Je lui propose de choisir sa couleur préférée, mais elle me répond « C’est comme vous

voulez, c’est vous qui choisissez ! ». Je choisis un pastel sec de couleur verte et en applique

quelques traits sur une feuille de papier. Elle me regarde faire mais ne manifeste aucun élan

moteur. Je lui propose alors d’estomper les traits et d’unifier le fond en frottant avec une ser-

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viette en papier. Je lui montre comment faire. Elle prend la serviette et continue à frotter. Elle

s’applique et se calme. Elle semble ensuite se lasser et arrête ce qu’elle fait. Je la questionne

pour savoir si elle veut continuer. Elle me répond « Pour vous oui, mais pas pour moi. », « Je

ne fait plus, j’en ai fait plein à la maison ! », … Je lui demande si elle veut repartir en salle à

manger. Elle semble surprise et me dit « Non. Je vous attends. », puis « Ma mère va me de-

mander où j’ai été. Ce n’est pas grave, je lui dirais ! ». Il n’y a pas ou moins de peur à

l’évocation de sa mère, contrairement à la séance précédente.

Bilan : Madame K a manifesté l’envie de venir en séance d’AT, mais a ensuite eu du mal à

adhérer à la séance. La concentration sur son projet lui a permis de s’apaiser. Elle s’est affir-

mée en refusant de continuer à découper puis à colorier. L’évocation de sa mère était moins

douloureuse que lors de la dernière séance d’AT.

Projection : Continuer le projet commencé.

S5

Durée : 1 heure. Séance individuelle en salle d’AT.

Objectifs de la séance : Faire participer madame K à la réalisation d’une production.

Objectif apparu dès le début de la séance : Diminuer l’angoisse.

Madame K est triste lorsque je vais la chercher pour la séance d’AT. Elle me dit : « Je ne con-

nais rien, je ne sais rien, parce que je ne fais rien. », montrant son manque d’amour et de con-

fiance en soi. Nous nous dirigeons ensemble vers la salle d’AT en plaisantant, ce qui permet à

madame K de se détendre.

Au cours de cette séance, je lui propose de recouvrir des feuilles d’arbre de peinture puis de

les appliquer sur une feuille de papier. Après une phase d’essai, mon idée est de lui faire im-

primer des feuilles sur le fond réalisé lors de la dernière séance. Madame K a besoin que je lui

réexplique la technique à chaque application de feuille. Elle a toujours du mal à faire des

choix, mais réussit à en faire à deux reprises. Elle a besoin d’être rassurée et demande en per-

manence si « c’est bien comme ça ? ». Lorsque je lui pose une question ou que je lui demande

de choisir, elle me répond « c’est comme vous voulez ! ». Elle passe du vouvoiement au tu-

toiement et se montre très détendue en séance. Je remarque qu’elle a tendance à faire le tour

de la feuille avec le pinceau enduit de gouache. Je lui propose alors de changer de technique

et de faire le tour de la feuille d’arbre avec un feutre. Elle accepte la proposition, se concentre

sur son travail et s’applique. Le résultat est satisfaisant. Elle réussit à dessiner la queue de la

feuille et la nervure centrale à main levée et sans aide. Elle plaisante : « à la queuleuleu ». Elle

me demande si elle peut dessiner les nervures latérales des feuilles et le fait.

En fin de séance, madame K enlève ses gants. J’en profite pour en gonfler un, lui dessiner des

yeux, un nez et une bouche, le transformant ainsi en personnage. Madame K est très amusée

par le gant-personnage. La présence du pouce, telle une excroissance, la dérange.

En fin de séance, elle me dit : « J’étais contente, parce que ça me change, car je suis toute

seule. Tu viens me chercher quand tu veux. ». Nous partons « bras dessus, bras dessous » vers

la salle commune de l’unité protégée, en plaisantant.

Après la séance, j’ai retrouvé madame K en pleurs dans les couloirs. Elle disait « J’ai des ab-

sences, je suis perdue ». Nous avons plaisanté, elle s’est mise à rire et a cessé de pleurer.

Cube harmonique / Autoévaluation : Aux trois questions en rapport avec le cube harmonique, elle a répondu oui.

Bilan : Madame K parle beaucoup, sauf lorsqu’elle se concentre et s’applique. La concentra-

tion sur son travail lui a permis de s’apaiser. Mais cette amélioration de son humeur ne s’est

pas prolongée après la séance d’AT.

Au cours de cette séance, elle a réussi à faire un choix à deux reprises et a même suggéré une

action. Elle est repartie détendue et est d’accord pour revenir.

Projection : Continuer le projet commencé.

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S6

Durée : 1 heure. Séance individuelle en salle d’AT.

Objectifs de la séance : Faire participer madame K à la réalisation d’une production.

Objectif apparu dès le début de la séance : Diminuer l’angoisse.

Madame K pleure et est désorientée. Elle cherche sa mère et son fils. Elle refuse de venir en

séance. Je lui propose de la pâte à modeler en salle commune avec les autres résidents de

l’unité protégée. Elle me regarde modeler, mais ne passe pas à l’action. Je lui tends un per-

sonnage qu’elle prend, touche et pose devant elle. Elle commente ce que j’ai fait. Nous plai-

santons et elle accepte de venir en séance, en salle d’AT.

Je lui demande de choisir le vase qu’elle préfère pour son bouquet. Elle a du mal à choisir

mais semble préférer le petit en forme de corbeille. Elle est logorrhéique. Je lui demande de

choisir des couleurs qui lui plaisent pour colorier le vase. Je l’interroge sur ses gouts. Elle me

dit ne pas aimer le noir et préférer les couleurs claires. Elle fait le choix de trois couleurs

« claires » : du bleu, du gris et du violet (foncé). Elle est obnubilée par le fait de me payer le

matériel et revient à plusieurs reprises sur le fait qu’elle me paiera. Elle me questionne sans

arrêt sur ce qu’elle doit faire : où colorier ?, combien de cases de cette couleur ?, … Je lui

réponds, car elle semble « bloquée » dans ses choix, mais elle ne suit pas mes consignes. Elle

se concentre, s’applique et devient silencieuse. Elle finit la séance en rangeant les feutres par

couleur. Sa tristesse s’est dissipée et elle me dit qu’elle va prendre le bus pour rentrer. Je la

raccompagne jusqu’à la salle commune de l’unité protégée et je la quitte sur un « Tu me

laisses ici ? ».

Cube harmonique / Autoévaluation :

« Trouvez-vous ça beau ? » : « Oui, mais vous ? »

« Avez-vous envie de recommencer ? » : « Du moment que tu me dis ce que j’ai à faire ! »

« Est-ce que ça vous a plu ? » : « Si ça ne m’avait pas plu, j’aurais foutu le camp ! »

Bilan : La contemplation et/ou la communication/relation ont permis à madame K de trouver

l’élan moteur pour venir en séance d’AT. L’angoisse s’est dissipée au cours de la séance. Elle

continue à demander à être dirigée et semble avoir apprécié la séance d’AT.

Projection : Continuer le projet commencé.

S7

Durée : 45 minutes. Séance individuelle en salle d’AT.

Objectifs de la séance : Faire participer madame K à la réalisation d’une production.

Madame K est en jupe et a été chez le coiffeur, ce dont elle ne se souvient pas. Elle semble

surprise par mon invitation à venir en séance d’AT, mais accepte après une légère hésitation.

Elle est d’humeur paisible. Nous plaisantons en nous dirigeant vers la salle d’AT. Madame K

dit ne plus se souvenir des séances précédentes et que sa mémoire est défaillante. Je

l’interroge sur son envie de venir et elle me répond : « J’aime mieux venir avec toi qu’avec

quelqu’un d’autre. Avec toi je suis bien. », puis me regardant « Je vois mon intérêt ! ».

Arrivée en salle d’AT, elle redécouvre son travail. Je lui montre ce qu’elle a déjà fait et lui

explique les techniques qu’elle a utilisées. Elle me dit à deux reprises : « Je suis contente ! ».

Je lui réexplique le projet dans son ensemble et lui propose le découpage des feuilles peintes

lors d’une séance précédente avec la consigne de suivre le trait noir que j’ai tracé. Sa dextérité

est bonne et elle demande à être dirigée dans son travail et me pose beaucoup de questions.

Elle rit. Elle prend plus d’initiatives qu’au cours des séances précédentes : elle propose des

actions et attend mon approbation.

Je lui propose de choisir trois couleurs qu’elle aime pour colorer le fond. Elle réussit à faire

son choix avec peu d’aide. Elle prend ensuite l’initiative de « commencer par celui-là », puis

poursuit et finit de colorier le fond en me posant des questions : « Comme ça ? », « Jusqu’au

bout ? », « On monte là-haut ? », … Madame K est plus calme et moins logorrhéique qu’au

cours des séances précédentes. Le temps gris assombrit la salle d’AT et madame K s’inquiète

à plusieurs reprises de la nuit qui tombe et exprime le souhait de rentrer avant la nuit. Je la

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rassure en lui disant que je la raccompagnerai. Elle s’inquiète aussi de savoir ce que va dire

son père, puis son fils, si elle ne rentre pas. Madame K prend l’initiative de se nettoyer les

doigts avec un morceau de papier. Je la raccompagne dans la salle commune de l’unité proté-

gée, où je la quitte. Elle est surprise que je ne reste pas avec elle.

Cube harmonique / Autoévaluation :

« Trouvez-vous que ce que vous avez fait est beau ? » : « Je le garderai pour moi, à la maison. »

« Êtes-vous d’accord pour continuer ? » : « C’est vous qui me dites. »

« Avez-vous passé un bon moment ? » : « Je ne serais pas restée là pour des prunes, ni même

pour des quetsches ! »

Bilan : Madame K a exprimé verbalement son plaisir à venir en séance, à s’y sentir bien et à

être contente de sa production, montrant peut-être une évolution de l’amour et de la confiance

en soi. Elle était moins logorrhéique qu’à son habitude et plus autonome.

Projection : Continuer le projet commencé.

S8

Durée : 1heure. Séance individuelle en salle d’AT.

Objectifs de la séance : Faire participer madame K à la réalisation d’une production.

Madame K accepte l’invitation à venir en séance avec entrain. Lors de notre déplacement vers

la salle d’AT, elle plaisante (« après nous les mouches ! », …), elle chante « mon cœur te dit

je t’aime ! », et elle parle beaucoup. Arrivée en salle d’AT, je lui présente le travail qu’elle a

déjà fait et lui demande de mettre les fleurs d’un coté et les feuilles de l’autre. Elle applique la

consigne avec facilité pour les fleurs (qui sont des images découpées), mais plus de difficultés

pour les feuilles (qui sont des dessins plus abstraits). Elle me dit alors : « Si vous arrivez à

faire mieux que moi je suis contente car je ne sais rien ! J’ai de la paille dans la tête donc je ne

fais rien de bien !». Je la guide pour le collage des différents éléments. Elle est appliquée,

silencieuse et concentrée. Elle a besoin que je réexplique la consigne chaque fois qu’elle colle

un élément. Elle prend des initiatives (lisse avec son doigt pour enlever une bulle de colle, …)

qui sont parfois adaptées et parfois pas. Je lui demande si elle trouve beau ce qu’elle est en

train de faire. Elle me répond « C’est toujours beau quand il y a des fleurs comme ça ! ».

Elle me dit plus tard : « J’ai par moment des vertiges et les yeux qui descendent ! ». Elle se

plaint à plusieurs reprises d’une des phalanges de son annulaire droit puis de douleurs qui

ressemblent à des remontées acides. Une fois, tous les éléments collés sur le fond, je lui

montre le résultat de loin pour avoir son avis. Elle dit : « Il est bien, il est beau ! », puis « Il

faut que j’aille chez ma mère ! ». Avant de finir la séance, je lui demande de noter son nom

sur l’envers de son travail. Elle cherche comment s’écrivent son prénom et son nom. Je l’aide

en les lui épelant, puis elle note spontanément un autre nom, probablement son nom de jeune

fille. Je la raccompagne dans la salle commune de l’unité protégée. Elle s’étonne que je ne

reste pas avec elle. Je signale à l’infirmière les douleurs évoquées par madame K. Plus tard, je

retrouve madame K triste dans sa chambre. Je la salue, nous plaisantons, elle sourit puis rit.

Cube harmonique / Autoévaluation : « Trouvez-vous que ce que vous avez fait est beau ? » : Cf précedemment.

« Êtes-vous d’accord pour revenir ? » : elle répond de façon positive mais difficile à comprendre.

« Avez-vous passé un bon moment ? » : « Tout ce que je fais ici, c’est plaisir. D’habitude per-

sonne ne me parle. Avec vous, je peux parler. ».

Bilan : Madame K a eu tendance à se dévaloriser (« j’ai de la paille dans la tête », « je ne fais

rien de bien »), montrant la diminution de son amour et de sa confiance en soi. Elle a cepen-

dant réussi à prendre un certain nombre d’initiatives et semble avoir apprécié la séance d’AT.

Projection : Faire plastifier la production de madame K pour la lui remettre.

Proposer à madame K de commencer une nouvelle production sur le thème de Noël qui ap-

proche.

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S9

Durée : 1 heure 30. Séance individuelle en salle d’AT.

Objectifs de la séance : Faire participer madame K à la réalisation d’une production.

J’invite madame K à venir en séance d’AT avec moi. Elle me regarde et me demande en sou-

riant s’il faut qu’elle se lève. Je lui présente le projet de décoration de Noël que j’ai prévu

pour la séance, elle rit, me dit « ça me rajeunit » et me suit en plaisantant. Je lui présente dif-

férentes couleurs et lui demande d’en choisir une pour peindre le sapin, elle finit par choisir

du bleu et me dit « Bleu, je veux ! » en riant. Elle commence à peindre par touches. Je lui de-

mande de peindre le sapin de façon uniforme et me mets à peindre mon exemplaire en vert.

Elle est très calme, silencieuse et suit la consigne avec application. Concentrée, elle ne répond

pas à ma plaisanterie, ni aux salutations de la jeune fille qui passe à coté de nous. La première

face est peinte très rapidement, la seconde plus lentement et par touches, malgré la consigne.

Elle se plaint de douleurs dans les doigts et les bras puis demande à aller aux toilettes. Lors-

qu’elle en revient avec l’aide d’une AS, elle semble triste, à la limite de pleurer, perdue. Elle

semble ne plus se souvenir de ce qu’elle faisait quelques instants auparavant, puis reconnait

l’endroit et dit « j’étais là tout à l’heure ». Pour la troisième face du sapin, son autonomie

augmente : elle fait seule, trouve seule la peinture dans le récipient et recharge le pinceau sans

question, ni aide.

Cube harmonique / Autoévaluation : « Trouvez-vous que ce que vous avez fait est beau ? » : « J’aime mieux faire ça qu’autre chose ! ».

« Ca vous plait ? » : « Mais oui !».

Je n’ai pas pu poser les deux autres questions lors de cette séance.

Bilan : Au cours de cette séance d’AT, madame K a fait preuve de plus d’autonomie qu’au

cours des séances précédentes. Elle a peint sans demander constamment de consignes ou de

l’aide. J’ai aussi noté une très grande concentration de madame K au cours de cette séance.

Projection : Continuer et terminer le projet commencé, la fin de mon stage et de la prise en

charge approchant.

S10

Durée : 1 heure 30. Séance individuelle en salle d’AT.

Objectifs de la séance : Faire participer madame K à la réalisation d’une production.

A mon arrivée à l’EHPAD, l’Art-thérapeute m’informe que madame K « n’est pas bien ».

Malgré cela, madame K accepte de bonne grâce de venir en séance d’AT. Arrivée en salle

d’AT, elle me dit « Je crois que je suis déjà venue la semaine dernière ». Je lui demande si

elle est en forme. Elle me répond « Je suis toujours en forme à des mauvais moments ». Elle

se met ensuite à me parler, mais du fait de son aphasie ses propos me sont difficilement com-

préhensibles. Je comprends cependant que les propos sont plutôt négatifs, ce qui confirme

qu’elle n’est pas en grande forme : « C’est tout du machin à la noix de coco », … Elle me dit

ensuite « Heureusement que vous êtes là, comme ça on peut les faire. ». Je l’interroge « Faire

quoi ? ». Elle répond « On peut s’entraider. ».

Je lui propose de peindre la quatrième et dernière face du sapin. Elle accepte, s’applique et

montre un geste sûr et rapide. Elle est silencieuse et a l’air préoccupé. Je lui propose de mettre

des gants et l’aide à les enfiler. Nous plaisantons et elle se met à rire. Je lui demande « Vous

chantez ? » et elle me répond « Non, pas en ce moment. Je ne fous rien ! ». Je lui demande de

choisir plusieurs couleurs de gouache. Elle a du mal à faire un choix. Nous finissons par gar-

der cinq couleurs. Je lui propose de tremper le doigt dans la gouache puis de l’appliquer sur le

sapin pour « faire des boules de Noël ». J’utilise ma production pour lui montrer comment

faire. Elle me demande où poser les taches. Je lui propose des emplacements. Elle suit mes

propositions. Elle réussit ensuite à plusieurs reprises, à faire des choix de couleurs, à faire des

taches, seule en choisissant ses emplacements. Elle prend l’initiative de retoucher ses taches.

Arrive ensuite le gouter, qu’elle prend face à moi. Nous plaisantons. Elle commente ma pro-

duction, compte le nombre de taches que j’ai faites et me donne son avis sur une tache mal

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faite. La séance s’achève lorsque les quatre faces du sapin sont décorées. Madame K semble

moins soucieuse et est plus détendue qu’à son arrivée.

Cube harmonique / Autoévaluation :

« Trouvez-vous que ce que vous avez fait est beau ? » : « oui. »

« Et-ce que ça vous plait ? » : « C’est toi qui me dit ! », puis « Oui, ça me plait ! ».

« Avez-vous passé un bon moment ? » : « Si ça n’était pas bien, je te l’aurais dit ! ».

Cette séance terminant la prise en charge de madame K, je n’ai pas posé la question « Êtes-

vous d’accord pour revenir ? ».

Bilan : A son arrivée en séance, madame K était d’humeur morose. Son humeur s’est amélio-

rée au cours de la séance. Elle a réussi à faire des choix et à prendre quelques initiatives. Elle

a dit avoir passé un bon moment.

Projection : Faire plastifier la production de madame K pour la lui remettre.

Fin de prise en charge et présentation de la production finie à madame K

Comme pour madame G, j’ai présenté sa production terminée et plastifiée à madame K ainsi

que son sapin de Noël. Elle n’a pas reconnu ses réalisations, n’en a pas voulu et m’a proposé

de les garder. Je lui ai montré son nom, écrit par elle à l’arrière de sa première production.

Elle n’a pas reconnu son écriture mais a reconnu son nom. Elle a fini par accepter que je dé-

pose « le bouquet » et le sapin de Noël dans sa chambre.

Quelques jours plus tard, les deux productions n’étaient plus dans sa chambre. J’ai raconté

l’anecdote à une AS qui n’a pas parue surprise et m’a répondu que les réalisations de madame

K étaient probablement, comme beaucoup de ses effets, dans la chambre d’un autre résident.

6- L’évaluation et le bilan de la prise en charge de madame K permettent d’observer

une évolution positive vers les objectifs thérapeutiques et des limites

Comme pour madame G, sur les graphiques présentés, l’axe des ordonnées indique la cotation

des items et l’axe des abscisses indique la chronologie des séances.

Objectif 1 : Diminuer l’angoisse et améliorer l’humeur

Graphique n°10 : Evolution des items relatifs à l’amélioration de l’humeur chez madame K

Le graphique n°10 présente l’évolution de la thymie de madame K entre le début et la fin des

séances, au cours de l’ensemble de sa prise en charge en Art-thérapie. Ce graphique montre

une amélioration systématique de l’humeur de la résidente entre le début et la fin des séances,

pour atteindre un état où madame K est très détendue et rit dans cinq cas sur dix.

L’amélioration de la thymie (différence positive entre l’humeur en fin de séance par rapport à

l’humeur en début de séance) est particulièrement importante lorsque madame K pleure ou

présente une humeur triste en début de séance.

0

1

2

3

4

5

6

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

thymie en début de séance

thymie en fin de séance

amélioration de la thymie

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64

Objectif 2 : Canaliser l’émotion

Pour évaluer si les séances d’Art-thérapie ont permis à madame K de canaliser son émotion,

j’ai choisi d’utiliser les résultats permettant d’évaluer la concentration de madame K au cours

des séances, durant sa production, ainsi que l’observation de son agitation verbale en début et

en fin de séance.

Tableau n°7 : Items d’évaluation caractérisant l’agitation verbale de madame K

Concentration 1-Aucune, 2-Perturbée, 3-Faible, 4-Moyenne, 5-

Grande

Agitation verbale en début de séance 1-Logorrhéique, 2- Parle beaucoup, 3-Parle modéré-

ment,4-Parle calmement, 5-Apaisé

Agitation verbale en fin de séance 1-Logorrhéique, 2- Parle beaucoup, 3-Parle modéré-

ment,4-Parle calmement, 5-Apaisé

Amélioration de l’agitation verbale = différence entre

début et fin de séance

1-Aucune (=0), 2- Peu (=1) ,3-Moyen (=2), 4-Bien

(=3), Très bien (=4)

Graphique n°11 : Evolution de l’agitation verbale et de la concentration chez madame K

Le graphique n°11 présente l’agitation verbale de madame K, en début et en fin de séance

d’Art-thérapie. Il montre que cette agitation verbale est surtout importante en début de séance,

lors des séances communes avec madame G (S3 et S4) et en séance 6 où sa thymie était parti-

culièrement basse à son arrivée en séance.

Cette agitation a systématiquement diminuée au cours des séances et a toujours atteint l’un

des deux niveaux de cotation les plus faibles en fin de séance.

L’observation de la concentration de madame K au cours des séances d’AT montre qu’elle a

réussi à se concentrer de façon importante au cours de la majorité des séances, lorsqu’elle

produisait. Cette concentration lui a permis de canaliser son émotion au cours de ces moments

et de lui apporter de l’apaisement.

Objectif 3 : Stimuler et maintenir ses capacités (physiques, intellectuelles/cognitives et

relationnelles) restantes.

Comme pour madame G, les items choisis pour suivre l’évolution des capacités de madame

K ont été choisis parmi ceux utilisés pour suivre l’estime de soi :

- Evolution des capacités physiques : choix de l’item « qualité du geste »

- Evolution des capacités relationnelles et de communication : items « implication rela-

tionnelle », « communication orale » et « contact visuel »

- Evolution des capacités intellectuelles et cognitives : items « autonomie », « initia-

tives », « concentration », « capacités à faire des choix ».

-6

-4

-2

0

2

4

6

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

état agitation verbale

en début de séance

état d'agitation verbale

en fin de séance

évolution de l'agitation

concentration

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65

Graphique n°12 : Evolution des items relatifs aux capacités physiques de madame K

Le graphique n°12 montre que la qualité du geste était bonne en début de prise en charge chez

madame K et qu’elle s’est maintenue tout au long de celle-ci.

Graphique n°13 : Evolution des items relatifs aux capacités relationnelles

et de communication de madame K

Le graphique n °13 montre une évolution positive des capacités relationnelles et de communi-

cation de madame K. Il faut cependant rester prudent quant aux capacités orales de cette rési-

dente à cause de ses troubles du langage liés à la MA. Comme pour madame G, cette évolu-

tion globale positive est probablement liée à la stimulation des capacités relationnelles de ma-

dame G, à l’évolution de la relation qui s’est établie entre nous et à la confiance qui s’est ins-

tallée au fur et à mesure des séances entre nous

Graphique n°14 : Evolution des items relatifs aux capacités intellectuelles

et cognitives de madame K

Le graphique n°14 montre une évolution positive assez régulière des capacités intellectuelles

et cognitives de madame K. Sa capacité à faire des choix n’a jamais atteint le niveau de cota-

tion maximum, mais il a évolué positivement, alors que madame K avait vraiment beaucoup

de mal à faire des choix et à s’affirmer, me demandant souvent de le faire à sa place. De

même ses capacités d’autonomie et de prise d’initiative étaient très faibles en début de prise

en charge et ont évoluées positivement.

0

1

2

3

4

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

qualité du geste

0

5

10

15

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

contact visuel

capacité de communication

orale implication relationnelle

0

5

10

15

20

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

capacité à faire des choix

concentration

initiatives

autonomie

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66

Objectif thérapeutique général : Améliorer l’estime de soi

Graphique n°15 : Evolution des items relatifs à l’amour de soi chez madame K

Le graphique n°15 montre une fluctuation des items liés à de l’amour de soi de madame K.

Le score est maximum en séance 8, à la fin de laquelle elle dira « « Tout ce que je fais ici,

c’est plaisir. »

Le score est le plus bas en séance 6, séance qu’elle avait initialement refusée, avant laquelle

elle était en pleurs et très désorientée et au début de laquelle son agitation verbale était maxi-

male.

Le graphique montre tout de même une évolution globalement positive jusqu’en séance 8,

puis des scores un peu plus faibles.

Graphique n°16 : Evolution des items relatifs à la confiance en soi chez madame K

Le graphique n°16 montre une évolution globalement positive de la confiance en soi de ma-

dame K au cours de sa prise en charge en AT. Au fur et à mesure des séances, elle a pris de

l’assurance et s’est un peu autonomisée.

Graphique n°17 : Evolution des items relatifs à l’affirmation de soi chez madame K

Le graphique n°17 montre une évolution positive de l’affirmation de soi de madame G sur le

temps de la prise en charge et surtout à la fin de celle-ci, au moment de la réalisation de la

seconde production.

0

5

10

15

20

25

30

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

expression non verbale du

plaisir

expression verbale du plaisir

thymie en fin de séance

attitude durant la séance

implication relationnelle

réaction à venir en séance

0

5

10

15

20

25

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

concentration

réalisation

qualité du geste

initiatives

autonomie

0

5

10

15

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

contact visuel

capacité de communication

orale capacité à faire des choix

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67

Graphique n°18 : Evolution des items relatifs à l’estime de soi chez madame K

Comme attendu, vue l’évolution de ses trois composantes, le graphique n° 18 montre une évo-

lution positive de l’estime de soi de madame K.

Auto-évaluation /cube harmonique :

Les résultats de l’auto-évaluation des séances d’AT par madame K sont inexploitables. Ses

réponses aux questions, du fait de la MA et de ses difficultés à s’exprimer, ont été trop diffi-

ciles à comprendre et à interpréter. De plus, l’interprétation risquerait de biaiser les résultats.

Il peut toutefois être noté qu’aux séances 6, 7, 8, ses réponses à la question « Avez-vous passé

un bon moment ? » (liée au Bon) sont franchement positives et très imagées.

Un bilan est tiré de la prise en soin en Art-thérapie à dominante Arts plastiques de ma-

dame K :

La prise en charge en Art-thérapie à dominante Arts plastiques de madame K a été composée

de dix séances, dont sept séances individuelles, deux séances communes avec madame G (S3

et S4) et une séance collective en présence de l’Art-thérapeute (S2), d’une durée moyenne

d’environ 1 heure.

Les objectifs portaient sur la diminution de l’angoisse, la canalisation des émotions, la stimu-

lation et le maintien de ses capacités restantes (physiques, intellectuelles/cognitives et rela-

tionnelles) et l’objectif thérapeutique général était de raviver son amour, sa confiance et son

affirmation de soi et ainsi d’améliorer son estime de soi.

L’évaluation montre une évolution positive vers les objectifs thérapeutiques et vers l’objectif

général et fait aussi apparaitre des limites à cette prise en charge.

Concernant la diminution des angoisses, une amélioration de l’humeur a systématiquement

été observée entre le début et la fin des séances d’Art-thérapie. Ces séances ont donc eu pour

effet de l’apaiser, probablement de diminuer ses angoisses et ainsi d’améliorer son bien-être

durant le temps des séances d’AT. La concentration sur sa production, cotée au maximum lors

de six séances sur dix, a probablement eu un rôle important à ce niveau.

L’évolution de l’agitation verbale chez madame K montre aussi une amélioration franchement

positive entre le début et la fin des séances. Durant le temps des séances, madame K a réussi à

maitriser ses émotions.

Il est à noter aussi qu’à aucun moment, au cours de ces séances, madame K n’a quitté les

séances et n’est partie déambuler.

Les résultats concernant l’évolution des capacités (physiques, intellectuelles/cognitives et

relationnelles) restantes de madame K vont dans le sens d’une amélioration. D’une dextérité

et d’une rapidité d’exécution plus grande que celles de madame G, malgré une MA plus avan-

cée, madame K a stimulé et maintenu ses capacités physiques et cognitives tout au long de la

prise en charge en AT à dominante Arts plastiques.

Comme pour madame G, il faut cependant rester prudent sur ces évaluations car le temps de

prise en charge en Art-thérapie n’a été que de quelques semaines et l’Art-thérapie n’est peut-

être pas le seul élément stimulant, permettant le maintien des capacités de madame K.

0

10

20

30

40

50

60

70

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10

Affirmation de soi

Confiance en soi

Amour de soi

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L’estime de soi et ses trois composantes ont été dans le sens d’une évolution positive.

Ses capacités d’autonomie et de prise d’initiatives, liées à la confiance en soi, très réduites en

début de prise en charge ont évoluées positivement. De même sa très faible capacité à faire

des choix, liée à l’affirmation de soi s’est améliorée.

La relation entre elle et moi (liée à l’amour de soi) a évoluée aussi, devenant plus privilégiée

au fil du temps. A partir de S5, elle dit sa satisfaction à venir en séance d’AT : S5, « J’étais

contente, parce que ça me change, car je suis toute seule. Tu viens me chercher quand tu

veux. » ; S6, « Si ça ne m’avait pas plu, j’aurais foutu le camp ! » ; S8, « Tout ce que je fais

ici, c’est plaisir. Avec vous, je peux parler. », …

A partir de la séance 6, elle s’étonne que je ne reste pas avec elle après la fin des séances.

Les productions de madame K ont permis au personnel soignant de la voir sous un autre jour,

de constater qu’elle était encore capable de faire certaines choses qu’ils ne la pensaient plus

capable de réaliser. L’Art-thérapeute a modifié sa prise en charge de madame K. Après la fin

de mon stage, elle a continué la prise en charge à dominante Arts plastiques, au lieu de la do-

minante musique exclusive.

Une des limites de ces séances d’AT est que les effets positifs sur la diminution de l’angoisse

et la canalisation des émotions ne se sont pas prolongés au-delà du temps des séances. En ef-

fet, j’ai retrouvé à plusieurs reprises madame K pleurant après la fin des séances d’AT. Il au-

rait été intéressant de savoir si la poursuite de la prise en charge dans le temps a et aurait per-

mis d’améliorer l’état de madame K entre les séances.

Une autre limite de cette prise en charge est que madame K n’a pas reconnu sa production,

malgré son nom qu’elle avait inscrit au dos. Elle n’a ainsi pas pu prendre conscience que c’est

elle qui avait réalisé la production et être éventuellement fière de ce qu’elle avait réalisé

(comme l’a été madame G) et n’a donc pas bénéficié de cet effet post-séance.

Pour madame K, ces séances d’AT ont pu améliorer la qualité du moment durant le temps des

séances, mais rien ne permet de dire si elles ont eu un impact en dehors des séances.

III - Les prises en soin en Art-thérapie des autres résidents sont présentées

Tableau n°8 : Prise en soin de monsieur F : 8 séances en salle d’AT, 1 à 2 heures

Etat de Base Handicap post- AVC. Antécédents d’éthylo-tabagisme.

Personnalité paranoïaque. Divorcé et veuf. Ancien maçon-carreleur.

Assez isolé à l’EHPAD. Reçoit peu de visites de l’extérieur.

Monsieur F a fait de la mosaïque au cours de la cure qu’il a faite pour

prendre en charge son problème d’éthylisme, puis avec l’éducateur qui le

suivait à la maison. Il souhaitait reprendre cette activité à l’EHPAD.

Objectifs thé-

rapeutiques

Maintenir et stimuler les capacités restantes.

Lui donner un cadre.

Améliorer son estime de soi (OTG).

Méthodes Arts Plastiques : « mosaïque », découpage, collage.

Faits significa-

tifs

A un objectif esthétique très élevé. Il se trouve lent.

Il trouve que la séance d’AT ne dure jamais assez longtemps.

Limites Déficit hémi-corporel gauche. Tremblement de la main droite.

Très fort accent italien, qui me le rend parfois difficilement compréhensible.

Bilan Monsieur F montre de l’intérêt pour les séances d’AT au cours desquelles

il peut et aime communiquer avec moi et les autres participants, le cas

échéant. Il est motivé par son envie, mais a du mal à accepter l’adaptation

de la technique de mosaïque que je lui ai proposée. Il souhaiterait utiliser

du matériel et des outils qui pourraient s’avérer dangereux pour lui. Il a du

mal à y renoncer malgré mes explications. Il dit ne pas être toujours satis-

fait de sa production mais vient toujours « avec plaisir » aux séances

d’AT, dit toujours avoir passé un bon moment en séance et vouloir revenir.

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Tableau n°9 : Prise en soin de madame N : 6 séances en salle d’AT, 1 à 2 heures

Etat de Base Pathologie cardio-vasculaire. Dépendance physique.

Dit faire semblant de se plaire à l’EHPAD.

Très cérébrale et très cultivée. A suivi des cours de peintures et a exposé ses

œuvres à plusieurs reprises.

Se mêle peu aux autres résidents. Très entourée par sa famille et des amis.

Devient piquante lorsqu’on la traite avec condescendance.

Objectifs thé-

rapeutiques

Maintenir et stimuler les capacités restantes.

Lui permettre d’échanger autrement qu’en intellectualisant.

Améliorer son estime de soi (OTG).

Méthodes Arts Plastiques : dessin, modelage.

Faits significa-

tifs

Ne veut pas faire de dessin figuratif ou de reproduction, malgré ses grandes

compétences dans ce domaine.

Fresque abstraite à quatre mains sur plusieurs séances.

S6 : Modelage de « la fiancée de Frankenstein ».

« Ca fait du bien de passer des moments comme ça : un peu de folie, un peu

de sérieux. Ca permet de libérer son coté un peu fou ».

« Merci pour tout » à la fin des dernières séances.

Limites Prothèse d’épaule droite entrainant parfois des douleurs et une impossibilité

à passer à l’action.

Problème de surdité. Elle est rapidement agacée lorsqu’elle ne comprend

pas ce qu’on lui dit.

Bilan Madame N a adhéré aux séances d’AT. Elle a réussi à « libérer son coté un

peu fou ». C'est en puisant dans le traitement archaïque, que l’élan moteur

et les gratifications sensorielles ont pu être activés. Le traitement sophisti-

qué reste tout de même très présent car elle cherche toujours à interpréter

ses productions.

Tableau n°10 : Prise en soin de madame Ke : 3 séances en salle d’AT, 1 à 2 heures

Etat de Base Arrivée depuis peu à l’EHPAD avec son mari cancéreux. Couple très fu-

sionnel.

MA. Traitement antidépresseur et neuroleptique à visée sédative.

Très sociable. De l’humour. Très élégante et soignée (intention esthétique).

Aimait la couture, la cuisine, son jardin et se promener en ville.

Objectifs thé-

rapeutiques

Maintenir et stimuler les capacités restantes.

Permettre des temps séparés mari et femme.

Méthodes Arts Plastiques : découpage, collage, coloriage.

Faits significa-

tifs

Dit aimer dessiner mais ne pas savoir faire de belles choses.

Le découpage des photos de fleurs a déclenché ses souvenirs : les fleurs de

son jardin et son goût pour le découpage lorsqu’elle était enfant.

Préfère les couleurs vives aux couleurs pâles.

Parle du passé chez ses parents, jamais de son couple ou de ses enfants.

Très attentive à l’entourage. Cherche le contact.

Limites En S3, madame Ke s’est dite fatiguée et deux autres résidents se sont invi-

tés à la séance, modifiant le cours de celle-ci. La relation très fusionnelle

avec son mari empêche certaines séances.

Bilan Madame Ke a une bonne dextérité. Elle sait faire des choix.

Madame Ke a adhéré au projet que je lui ai proposé. L’élan moteur a été

déclenché, suivi par l’action et la production. Le sujet choisi (découpage

de fleurs) lui a rappelé d’agréables souvenirs, lui apportant des gratifica-

tions sensorielles et émotionnelles positives.

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Tableau n°11 : Prise en soin de madame Ma : 2 séances en salle d’AT, 1heure

Etat de Base Placée en unité protégée.

Démence vasculaire suite à AVC. Hyperémotive. Logorrhéique.

Blessures de vie (divorce, enfant unique, …) dont elle parle souvent.

A du mal à être acceptée par les autres car elle est agressive envers eux.

Me prend pour Monique, la femme de son cousin.

Objectifs thé-

rapeutiques

Maintenir et stimuler les capacités restantes.

Canaliser l’hyper-émotivité.

Méthodes Arts Plastiques : coloriage.

Faits significa-

tifs

Dit ne pas savoir dessiner.

Coloriage : s’applique, se concentre et se calme.

Dit aimer les couleurs vives et ne pas aimer les couleurs neutres.

Montre une intention esthétique lors du coloriage.

Limites Problèmes de surdité.

Bilan Madame Ma a adhéré au projet de coloriage. L’élan moteur a été déclenché

par la contemplation d’un dessin, qu’elle a trouvé beau. L’action et la pro-

duction ont suivi. La concentration de madame Ma a permis de canaliser

son émotion et de diminuer sa logorrhée.

Tableau n°12 : Prise en soin de monsieur L : 2 séances en salle d’AT, 60 à 45 minutes

Etat de Base Placé en unité protégée le jour uniquement. Ancien menuisier ou maçon (?)

Démence suite à hématome sous-dural chronique. Antécédents d’éthylisme.

A du mal à être accepté par les autres car il est agité et parle fort (sourd).

Objectifs thé-

rapeutiques

Maintenir et stimuler les capacités restantes.

Accrocher son intérêt par une activité qui lui plaise.

Soulager l’équipe soignante.

Méthodes Arts Plastiques : modelage, coloriage.

Faits significa-

tifs

S1 : En séance, à la demande d’une AS.

Dit qu’il ne sait plus dessiner, que « ça ne tourne pas rond dans sa tête » et

qu’il est « dans les nuages ». Pose beaucoup de questions et demande des réponses cohérentes et adaptées.

S2 : S’invite à la séance de madame Ke.

S’intéresse au travail des autres et le commente.

Limites Problèmes de surdité.

S1 : Je dois écrire ce que je veux lui dire.

S2 : Ses prothèses auditives ont été révisées, il entend mieux, mais il faut

lui parler fort.

Bilan Monsieur L a montré de l’intérêt et de la curiosité. L’élan moteur a été dé-

clenché, suivi d’une action et d’un début de production. Il a réussi à se con-

centrer sur sa production ce qui lui a permis de diminuer son flux de paroles

et d’oublier ses « impériosités urinaires ».

L’ensemble des résidents avec lesquels j’ai travaillé ont adhéré à la proposition d’Art-thérapie

à dominante Arts plastiques. La quasi-totalité a aussi utilisé spontanément le chant au cours de

ces séances montrant le fort pouvoir de la musique sur ce public.

L’observation a permis de montrer que les séances d’AT ont eu tendance à aller dans le sens

d’une évolution positive vers les objectifs thérapeutiques et vers le bien-être des résidents

(objectif de l’Art-thérapie dans l’établissement). Toutefois, le nombre restreint de séances n’a

pas permis d’aller au bout des objectifs et d’exploiter certains résultats.

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71

Comme pour madame G et madame K, les effets de ces séances d’AT en dehors du temps de

la prise en soin n’ont pas pu être évalués. L’intérêt de ces séances est donc dans un premier

temps leur impact sur l’amélioration de la qualité du moment présent.

Pour monsieur F, j’ai remarqué une limite non négligeable liée à l’utilisation des Arts plas-

tiques en Art-thérapie : le risque d’atteinte de l’estime de soi lorsque l’idéal esthétique est trop

élevé.

IV- Un bilan global de l’ensemble des prises en soin des résidents et du stage est tiré

Des effets bénéfiques produits par l’accompagnement art-thérapeutique à dominante Arts

plastiques ont été constatés.

Le chant s’est très souvent associé spontanément à la prise en soin. Cette constatation m’a

amenée à réfléchir à l’impact de la musique sur l’être humain, notamment sur les personnes

âgées dépendantes atteintes de démence. Ce chant a en tout cas été la preuve d’une affirma-

tion des goûts et de soi de la part de ces résidents. De plus, il a eu un impact sur leur amour de

soi en favorisant le Bon, relatif au plaisir éprouvé.

Les limites de cet accompagnement art-thérapeutique ont été liées à la durée relativement

courte du stage et des prises en charge, à l’absence de résultats sur l’impact des séances d’AT

en dehors du temps de prise en soin et aux limites de l’utilisation du cube harmonique avec ce

public fragilisé.

Des prises en charge plus longues auraient permis de suivre l’évolution des résidents, l’évolu-

tion de l’évaluation et des items liés aux objectifs thérapeutiques et auraient peut-être permis

de pérenniser les résultats obtenus.

La notion de temps est aussi importante en ce qui concerne l’établissement de la relation de

confiance et de l’alliance thérapeutique nécessaires à tout travail thérapeutique et très utile

dans toute démarche soignante.

Les outils spécifiques de l’Art-thérapie moderne (opération artistique, protocole thérapeu-

tique, …) proposés par l’AFRATAPEM ont pu être utilisés et ont été très utiles pour organi-

ser la prise en soin et le suivi des résidents pris en charge en AT. Cependant, comme d’autres

étudiants en Art-thérapie ayant fait leur stage auprès de personnes âgées dépendantes dé-

mentes, j’ai noté une certaine difficulté à l’utilisation du cube harmonique avec ce public et la

nécessité d’adapter cet outil permettant l’auto-évaluation de la personne.

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72

Troisième partie : L’expérience amène des réflexions sur la pratique en Art-thérapie

A- L’Art thérapie peut utiliser différentes techniques artistiques

I- Les Arts plastiques présentent des atouts mais aussi des inconvénients. L’expérience

confirme la théorie et amène des sujets de réflexion supplémentaires

Au cours de mon stage, j’ai constaté que la pratique des Arts plastiques en séances d’Art-

thérapie avait certains effets que j’attendais. J’ai aussi constaté d’autres effets que j’attendais

moins ou auxquels je n’avais pas pensé.

1- Les Arts plastiques permettent de stimuler les capacités physiques et motrices res-

tantes et de faire appel à la mémoire procédurale

Comme nous l’avons vu, en Arts plastiques, la production artistique, demande une mise en

action du corps et ainsi permet de stimuler et d’entretenir, les capacités physiques et motrices

de la personne qui produit.

Au cours de mon stage, j’ai constaté que les résidentes atteintes de la maladie d’Alzheimer

avec lesquelles j’ai travaillé, avaient gardé une très bonne dextérité, n’avaient pas oublié à

quoi servaient une paire de ciseaux, un pinceau, un tube de colle, … et savaient parfaitement

bien se servir de ces outils.

La production d’œuvres plastiques sollicite la mémoire procédurale, mémoire des automa-

tismes qui permet de marcher, de conduire, de faire du vélo, …, sans avoir à réapprendre à

chaque fois. Cette mémoire utilisée de façon implicite, c’est à dire inconsciente, est particuliè-

rement sollicitée chez les artistes et les sportifs. Grace à cette mémoire, les mouvements se

font sans contrôle conscient, les circuits neuronaux sont automatisés et la personne ne peut

pas vraiment expliquer comment elle procède pour agir et aboutir au résultat.80

2- Les Arts plastiques permettent de stimuler la mémoire et peuvent provoquer des

émotions liées aux souvenirs

J’ai constaté que les Arts plastiques permettent de faire ressurgir des souvenirs et des émo-

tions, comme peuvent le faire la musique et le chant, même si ce n’est peut-être pas avec la

même intensité.

Les images et les photos de fleurs utilisées au cours des séances d’Art-thérapie que j’ai me-

nées, faisaient resurgir des souvenirs chez des résidentes pourtant atteintes de graves troubles

de la mémoire : tout d’abord des souvenirs de leurs jardins, qui faisaient ensuite place à

d’autres souvenirs personnels anciens, souvent liés à leurs parents, frères et sœurs, …

Ces souvenirs étaient en général chargés d’émotion.

La mémoire émotionnelle ou mémoire affective est la capacité à se souvenir de ressentis

agréables ou désagréables, de peurs et d'émotions. C’est une mémoire à long terme qui,

comme la mémoire procédurale, est mieux préservée que d’autres types de mémoires chez les

personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

Les émotions laissent des « traces indélébiles » dans le cerveau : même quand les souvenirs

disparaissent, les émotions qui leur sont liées demeurent. Chez des personnes présentant des

formes sévères d'amnésie, il a été observé que, même si elles sont incapables de se souvenir

de ce qu'elles ont fait très récemment, elles conservent la mémoire de l’émotion (positive ou

négative) qu’elles ont ressentie.

La personne prise en soin en Art-thérapie peut donc avoir oublié ce qu’elle a fait lors de la

séance précédente avec l’Art-thérapeute, mais peut se souvenir du plaisir ou du déplaisir

qu’elle a eu à cette occasion.

80 EUSTACHE Fr., Mémoire. [En ligne]. Paris, INSERM, octobre 2014. [Consulté le 29/03/2016]. Disponible sur :

http://www.inserm.fr/thematiques/neurosciences-sciences-cognitives-neurologie-psychiatrie/dossiers-d-information/memoire

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3- Les Arts plastiques peuvent favoriser les liens sociaux

Lors de mon stage, la salle d’Art-thérapie était installée dans un lieu de passage, ce qui a per-

mis des rencontres et des échanges qui n’étaient pas toujours prévus.

Ces rencontres ont parfois perturbé les séances d’Art-thérapie, mais elles ont toujours eu des

effets positifs. En premier lieu, elles ont permis aux passants-visiteurs (professionnels, rési-

dents, familles, …) de contempler, voire d’admirer le travail des résidents en séance d’Art-

thérapie. Elles ont ainsi permis le traitement mondain (phase 8 de l’OA), la relation autour de

l’œuvre entre ces passants-visiteurs et les résidents, puis souvent la communication entre eux.

Ces rencontres ont aussi permis à certains résidents de se joindre aux séances d’Art-thérapie

et d’adhérer aux propositions de production, alors que jusque là ils avaient été réticents à par-

ticiper à des séances proposant les Arts plastiques. Je pense en particulier à madame M, tou-

chée par une démence vasculaire suite à un AVC, et très « frontale ». L’Art-thérapeute

m’avait dit que cette personne avait toujours refusé la proposition d’Arts plastiques avançant

que « c’était pour les enfants ». Se promenant dans les couloirs de l’unité protégée, elle est

venue à plusieurs reprises observer les séances d’Art-thérapie, a accepté mes invitations à y

participer, s’est mise au coloriage en affirmant son goût pour les couleurs vives et a même

réclamer sa production pour la poursuivre en dehors des séances.

Les liens sociaux entre les résidents lors de séances collectives sont bien sûr favorisés aussi.

J’ai constaté qu’ils interagissaient souvent entre eux à propos de leur production (questions,

avis, explications, congratulations, critiques, …), mais aussi à propos d’autres sujets (sujets

personnels, souvenirs communs échangés, …) et que l’humour était très souvent présent dans

ces échanges.

4- La production issue de la pratique des Arts plastiques peut modifier le regard de

l’entourage sur la personne

Au cours cette expérience pratique, j’ai pu constater que les productions plastiques faites par

les résidents pouvaient faire changer le regard des soignants sur la personne. Lors de la pré-

sentation des productions de madame K à une infirmière de la structure, cette dernière m’a

dit : « Je n’aurais pas pensé madame K capable de faire ça ! »

De la même façon, et même si je ne l’ai pas expérimenté, le regard de la famille est suscep-

tible de changer sur la personne lorsqu’elle constate de quoi est « encore capable » son parent,

surtout s’il est dément.

Ainsi, la production tangible issue d’une prise en soin en Art-thérapie permet à l’entourage de

se rendre compte que la personne est « encore capable », voire « douée pour » et reste un être

humain à part entière.

5- La production issue de la pratique des Arts plastiques peut modifier le regard de la

personne sur elle-même

Au cours de sa prise en soin en Art-thérapie, madame G m’a dit à plusieurs reprises qu’elle

n’aimait pas dessiner car elle ne savait pas dessiner. Je lui ai alors proposé un travail utilisant

des techniques mixtes pour contourner le « problème » du dessin et elle a adhéré à la proposi-

tion, menant à terme le projet.

Lorsque je lui ai présenté sa production finie et plastifiée, sa réaction a été, comme je l’ai écrit

dans le seconde partie de ce mémoire, « Vous avez fait de moi une nouvelle personne ! »,

« Ma fille ne me croira pas, lorsque je lui dirai que c’est moi qui l’ai fait. ». Elle a exprimé,

par ces phrases, qu’elle avait réussi quelque chose qu’elle ne se croyait pas capable de faire.

Sa satisfaction s’est aussi exprimée par son émotion et l’accolade qu’elle m’a faite.

Ainsi, la production artistique matérialisée par une œuvre tangible peut changer le regard de la

personne sur elle-même et favoriser son estime de soi.

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6- Les Arts plastiques peuvent renforcer le lien familial et peuvent permettre

d’impliquer la famille dans la prise en charge

Le « faire », la production, peut intéresser l’entourage et peut permettre d’impliquer les

proches de la personne âgée dépendante vivant en institution.

Tout comme en soins palliatifs, où les proches souhaiteraient souvent s’impliquer mais se

sentent parfois inutiles et impuissants, l’utilisation des Arts plastiques dans un cadre Art-

thérapeutique en EHPAD peut permettre à l’entourage de la personne âgée dépendante de

partager des moments agréables avec elle et de l’accompagner activement face à l’avancée

inéluctable de la vieillesse et de la maladie.

Nadia DIAS, dans son mémoire, a exploré la possibilité d’impliquer les familles dans un pro-

gramme de soin de personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer. Dans le cadre de son

stage, elle a mis en place un Plan d’Accompagnement de Soin (PAS*) impliquant la famille

d’une patiente. Ce PAS, devait renforcer l’action de la prise en soin en Art-thérapie et en amé-

liorer les bénéfices. Il permettait l’augmentation de la fréquence de l’activité artistique et

s’appuyait sur le soutien affectif et l’effet incitateur et motivant apporté par la famille dans un

cadre familier et rassurant.81

En dehors de l’intervention à domicile des proches de la personne prise en soin en Art-

thérapie, en complément du travail de l’Art-thérapeute, il peut aussi être intéressant

d’impliquer les proches dans des séances communes avec leur parent. Cette démarche peut

permettre de renforcer le lien familial ou amical et peut permettre de changer le regard des

proches sur la personne.

7- Les Arts plastiques en tant qu’Arts diachroniques génèrent une production tangible

et transmissible

Après la fin de mon stage, l’Art-thérapeute a continué à prendre en soins et à travailler avec

madame K en utilisant la dominante Arts plastiques. Au décès de madame K, l’Art-thérapeute

et la psychologue ont transmis les productions de celle-ci à son fils, qui s’en est montré agréa-

blement surpris, puis heureux et satisfait. Il a dit aux deux professionnelles que ces produc-

tions valorisaient sa mère décédée.

Cette trace matérielle liée à la production artistique peut ainsi être transmise et servir

d’héritage, lors de la disparition de son créateur.

Dans le domaine des soins palliatifs, la trace tangible laissée par la production issue des Arts

plastiques peut servir au travail de mémoire, de souvenir, de deuil, … Or, la prise en soin des

résidents en EHPAD se rapproche de la prise en charge des patients en fin de vie.

Les soins palliatifs sont des soins actifs donnés dans une approche globale de la personne at-

teinte d'une maladie grave, évolutive ou terminale. Leur objectif est de soulager les douleurs

physiques, les autres symptômes pénibles, mais aussi de tenir compte de la souffrance psy-

chologique, sociale et spirituelle de la personne.82

En EHPAD, les résidents sont dans la der-

nière partie de leur vie et les soins qui leur sont prodigués doivent prendre en compte aussi

bien leurs douleurs physiques que leurs souffrances psychologiques, dans une approche glo-

bale de leur personne, dans le but de leur offrir une dernière partie de vie la plus agréable et

satisfaisante possible. L’Art-thérapie peut participer à cet accompagnement.

81 DIAS N., L’Art-thérapie permet de raviver la saveur existentielle de personnes âgées Alzheimer en exploitant l’esthésie et la mémoire

affective et en impliquant les familles dans le programme de soin. Tours : Université François Rabelais de Tours, AFRATAPEM. 1 vol. 89 p.

Mémoire : Art-thérapie : 2011. 82 Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs. Définition et organisation des soins palliatifs en France. [En ligne]. SFAP,

2014. [Consulté le 30/04/2016]. Disponible sur : http://www.sfap.org/rubrique/definition-et-organisation-des-soins-palliatifs-en-france.

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8- Les Arts plastiques peuvent parfois nuire à la confiance et à l’estime de soi de la

personne

Si l’idéal esthétique de la personne est trop élevé par rapport à ses capacités, ou si la tech-

nique utilisée est inadaptée aux capacités du résident, une frustration peut apparaitre et affec-

ter la confiance en soi et l’estime de soi de la personne.

J’en veux pour exemple monsieur F, ancien maçon et carreleur, ayant pratiqué la mosaïque.

Pour répondre à sa demande de réutiliser cette technique, mais sans outils ni matériel permet-

tant d’en faire à l’EHPAD, et étant donné ses capacités physiques diminuées83

et les risques

pour lui liés à l’utilisation de tels outils, je lui ai proposé une technique approchante, utilisant

du carton à la place de la mosaïque.

Au moment de l’évaluation par le cube harmonique, il a rarement dit que sa production était

belle pour lui. Pourtant, elle a été positivement appréciée et jugée belle par ceux qui l’ont vue.

Son idéal esthétique était élevé, en relation avec ses réalisations professionnelles passées. Il

avait une idée très précise de ce qu’il voulait et n’arrivait visiblement pas à atteindre ses ob-

jectifs, son idéal esthétique. Malgré tout cela, il a toujours dit avoir passé un bon moment et

vouloir revenir. De plus, les séances d’Art-thérapie ne duraient jamais assez longtemps selon

lui (en moyenne 1 h 30, tout de même !). On peut donc penser que ces séances d’Art-thérapie

ont favorisé son amour de soi, mais pas sa confiance en soi. Concernant l’affirmation de soi,

sa façon de s’affirmer face à moi était de demander très régulièrement s’il ne pourrait pas

faire « de la vraie mosaïque ».

II- La musique et le chant sont des alternatives aux Arts plastiques

Les Arts plastiques ne peuvent pas toujours être utilisés en EHPAD. Dans certains cas, les

capacités physiques et cognitives des résidents ne le permettent pas. Parfois, les personnes ne

sont pas sensibles à ces formes d’expression et les considèrent comme inutiles ou infantili-

santes. La musique et le chant sont des alternatives aux Arts plastiques et sont des disciplines

artistiques très souvent utilisées en EHPAD du fait de leurs pouvoirs émotionnel et relationnel

très forts.

1- La musique et le chant ont un fort pouvoir d’attraction vis-à-vis des personnes âgées

dépendantes

Au cours de mon stage, j’ai pu constater une sensibilité générale des résidents au chant et le

fort pouvoir d’entrainement que présente cette technique artistique. Lors des séances d’art-

thérapie à dominante Arts plastiques que je leur ai proposées, la très grande majorité des rési-

dents s’est mise à chanter à un moment ou un autre de la séance, soit spontanément (la plu-

part du temps), soit à l’écoute d’une autre personne qui chantait.

Cette attirance pour le chant peut s’expliquer par le fait qu’il stimule plus la sensibilité que

l’intellect de l’être humain et qu’il n’y a pas besoin d’analyser la musique ou la mélodie pour

les comprendre. De plus, le chant fait intervenir les mémoires procédurales et émotionnelles

plus longtemps préservées face à la vieillesse et aux pathologies neurodégénératives.

2- La musique et le chant peuvent être utilisés chez les personnes en phase avancée de

démence

Lors de la phase d’observation de mon stage, j’ai suivi l’Art-thérapeute dans ses séances de

chant avec des résidents en phase avancée de démence. J’ai pu constater que ces personnes

très démunies réagissaient au chant de l’Art-thérapeute. Une communication non verbale

s’établissait et parfois ils se mettaient à murmurer ou chanter de façon plus ou moins distincte.

Contrairement aux Arts plastiques qui demandent une mobilisation corporelle pour la produc-

83 Suite à un AVC, il présentait un déficit hémi-corporel gauche et par ailleurs, il présentait aussi des tremblements de la main droite.

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tion, le chant peut permettre l’action et la production même quand le corps et l’esprit sont très

touchés par la maladie.

III- Les Arts corporels, comme la danse et l’expression corporelle, sont d’autres alterna-

tives lors de la prise en soin en Art-thérapie en EHPAD

1- La danse et l'expression corporelle font appel aux émotions, aux sens et aux mou-

vements

Dans les arts corporels, le corps est l’outil de l’activité artistique. On peut l’utiliser pour l'ex-

pression du visage, la gestualité, les mouvements, la voix.

La danse utilise les mouvements du corps dans un but esthétique et vise l’harmonie entre les

mouvements du corps et la musique. « Dans la danse académique, l'exploitation de techniques

spécifiques prédomine sur la spontanéité et sur l'authenticité du geste personnel, en suivant un

code précis. »84

L'Expression corporelle utilise des techniques, inspirées de la danse et de la gymnastique,

associées à des expressions personnelles provenant du monde intérieur et des émotions de la

personne. « Dans l'expression corporelle, c'est le geste, sa spontanéité et son improvisation qui

prennent la parole. Le danseur, dans ce cas, ne suit que son propre code intérieur »85

, c'est-à-

dire fait appel à ses émotions, ses sens et ses mouvements.

Les sens impliqués dans la danse et l’expression corporelle sont la vue, l’audition, le toucher,

mais aussi la kinesthésie*, ensemble des sensations de mouvement que nous procure notre

corps. Le corps est ainsi utilisé dans sa totalité.

2- Les arts corporels valorisent le corps, permettent l’expression du monde intérieur et

l’harmonie entre l’esprit et le corps de la personne âgée dépendante

Les personnes âgées dépendantes vivant en institution ont peu l’occasion de mobiliser leur

corps pour autre chose que des gestes utiles et quotidiens et ils n’ont que très peu, voire pas

d’occasions de se servir de ce corps à des fins agréables et de ressentir des plaisirs corporels.

De plus, les personnes âgées dépendantes ressentent leur corps comme faible et fatigué.

Les Arts corporels permettent d’utiliser le corps dans sa globalité, d’entretenir les capacités

restantes de cette entité physique, mais aussi d’en tirer des émotions et du plaisir. Les mou-

vements corporels utilisés peuvent « aider la personne à ressentir son corps non comme une

vieille machine mais plutôt comme encore énergique et dynamique »86

, favorisant l’estime de

soi de la personne.

Les Arts corporels permettent grâce aux mouvements et aux gestes, d’établir une communica-

tion entre le monde intérieur (images intérieures, émotions) de la personne et le monde exté-

rieur. Le corps devient parole. En retour, l'action corporelle va stimuler et enrichir la vie inté-

rieure. Ainsi, il va s’établir une harmonie corps-esprit.

B- En Art-thérapie, la qualité de la relation entre l’Art-thérapeute et la personne prise

en soin est essentielle

En Art-thérapie, la technique artistique proposée et les compétences artistiques de l’Art-

thérapeute sont importantes, mais la façon d’approcher la personne est fondamentale et in-

fluence l’efficacité Art-thérapeutique.

84 FORTINO I., Une expérience d’Art-thérapie à dominante danse /expression corporelle auprès de personnes âgées atteintes de la maladie

d’Alzheimer ou d’autres troubles apparentés. Lille : UCL, AFRATAPEM. 1 vol.70 p. Mémoire : Art-thérapie : 2013, p.27-28. 85 FORTINO I., Op.cit. p.28. 86 FORTINO I., Op.cit. p.28.

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I- Les concepts de bientraitance et d’humanitude sont importants à considérer

1- La bientraitance est « une manière d’être, d’agir et de dire, soucieuse de l’autre,

réactive à ses besoins et à ses demandes, respectueuse de ses choix et de ses refus »87

La bientraitance est définie comme l’« ensemble des soins, des actes et des comportements

exercés par l’entourage familial ou professionnel d'une personne et qui procurent un bien-être

physique et psychique au bénéficiaire. »88

La Haute Autorité de Santé (HAS*) la décrit comme « une démarche globale dans la prise en

charge du patient, de l’usager et de l’accueil de l’entourage visant à promouvoir le respect des

droits et libertés du patient, de l’usager, son écoute et ses besoins, tout en prévenant la mal-

traitance. »89

Le terme de bientraitance est apparu dans les années 90 dans le secteur de la petite enfance90

,

puis a été repris dans l’ensemble du secteur médicosocial. En 2007, le gouvernement français

a lancé un « plan de développement de la bientraitance et de renforcement de la lutte contre la

maltraitance »91

à destination des personnes âgées et handicapées.

Le concept de bientraitance implique d’autres concepts importants :

- Le respect des droits, de la liberté et surtout de la dignité de la personne,

- La bienveillance, attitude positive d’écoute et d’attention vis-à-vis de la personne,

- La bienfaisance, définie par deux règles : ne pas faire de tort et, trouver un équilibre entre ce

qui apportera un bénéfice à la personne et ce qui lui causera du tord92

,

- La reconnaissance, impliquant un regard favorable de l’entourage sur la personne favorisant

une image positive d’elle-même et permettant de déployer au mieux ses capacités,

- La sollicitude, notion développée principalement par le philosophe Paul Ricoeur93

, dont

l’objectif est une relation équilibrée et respectueuse de l’autre,

- Le prendre soin (en anglais : care) plutôt que le guérir (en anglais : cure) plus technique,

- La lutte contre la maltraitance physique, psychique, financière (spoliations), médicale (soins

inadaptés, lutte insuffisante contre la douleur…), l’usage de contraintes à l’encontre de

l’intérêt de la personne et les négligences passives qui affectent son bien-être.94

2- L’humanitude se définit comme une nouvelle philosophie de soins, une approche

des soins fondée sur l’adaptation du soignant au soigné, qui doit toujours être considé-

ré comme une personne

Le concept d’humanitude est apparu en 1980 aux Etats-Unis, crée par Freddy Klopfenstein.95

En 1989, un gériatre français, Lucien Mias, a introduit pour la première fois le terme

d’humanitude dans les soins. En 1995, Rosette Marescotti et Yves Gineste96

ont décidé

d’écrire une nouvelle philosophie de soins qu’ils ont baptisée la « philosophie de

l’humanitude ». C’est une philosophie du lien, du soutien et de l’accompagnement dans la-

quelle chacun est considéré comme quelqu’un d’autonome à vie, qui peut faire ses propres

choix et sait mieux que quiconque, ce qui est mieux pour lui.97

87 Groupe Bientraitance FORAP-HAS, Le déploiement de la bientraitance. Guide à destination des professionnels en établissements de

santé et EHPAD. Paris : HAS-FORAP, Mai 2012, p.13. 88 Encyclopédie Larousse. Bientraitance. [En ligne]. Encyclopédie Larousse. [Consulté le 10/04/2015]. Disponible sur : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/bientraitance/185829#3xTY0md3e72PFW3j.99 89 Groupe Bientraitance FORAP-HAS, Op.cit. p.15. 90 RAPOPORT D., De la reconnaissance de la « maltraitance » à l’émergence de la « bientraitance ». In SYNGLY de F., Enfants, adultes, vers une égalité de statuts ? Paris : Universalis, 2004. 91 Ministère délégué à la Sécurité sociale, aux Personnes âgées, aux Personnes handicapées et à la Famille. Plan de développement de la

bientraitance et de renforcement de la lutte contre la maltraitance. 14 mars 2007. 92 C'est-à-dire : maximisez les avantages et minimisez les dommages possibles 93 RICOEUR P., Soi-même comme un autre, Paris : Seuil, 1990. 94 Encyclopédie Larousse. Bientraitance. [En ligne]. Encyclopédie Larousse. [Consulté le 10/04/2015]. Disponible sur : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/bientraitance/185829#3xTY0md3e72PFW3j.99 95 KLOPFENSTEIN F., Humanitude. Essai. Genève : Labor et Fides, 1980. 96 Auteur de : GINESTE Y., PELLISSIER J., Humanitude, Paris : Armand Colin, 2007. 97 GOLDSCHMIDT S. L’humanitude une philosophie du soin et de la relation. [En ligne]. Génération Care, 2014. [Consulté le 10/04/2016].

Disponible sur : http://generationcare.fr/humanitude-dans-les-soins-yves-gineste-rosette-marescotti/

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L’humanitude est fondée sur quatre « piliers » :

- Le regard : il doit être échangé face à face, les yeux dans les yeux, à hauteur du visage.

- La parole : indispensable lors de l’exécution d’un soin même si le patient ne peut répondre.

Elle doit annoncer et expliquer chaque geste.

- Le toucher : il est la confirmation de notre présence au monde. Il est particulièrement im-

portant lorsque la parole n’est plus là. Le toucher utile doit être transformé en toucher ten-

dresse.

- La verticalité : elle est ce qui distingue l’homme de l’animal et a, à tout âge, de nombreux

bénéfices psychologiques et physiques pour la personne. Pour Yves Gineste et Rosette Ma-

rescotti, une personne âgée correctement accompagnée peut et doit vivre debout.98

Les cinq principes de l’Humanitude sont :

- Le zéro soin de force sans abandon de soin : pour l’ensemble des soins en douceur,

- Vivre et mourir debout : pour éviter la grabatisation,

- Le respect de l’intimité et de la singularité : pour l’autonomie, la dignité, la sexualité,

- L’ouverture de la structure d’accueil sur l’extérieur : les familles, les différentes généra-

tions, les bénévoles, l’insertion dans la vie civile

- Le concept lieu de vie-lieu d’envies : pour que les PVI prennent en compte les envies des

résidents.99

3- Bientraitance et humanitude doivent faire partie de la compétence, c’est à dire du

savoir, du savoir-faire et du savoir-être de l’Art-thérapeute

Dans sa définition la plus commune la compétence relève de la mise en synergie d’un en-

semble fait de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être.100

Comme nous l’avons vu, la bientraitance implique : le respect de la personne, son écoute, une

attention positive à son égard, de ne pas lui faire de tord, de porter un regard positif et favo-

rable sur elle, d’établir une relation équilibrée et respectueuse avec elle, de prendre soin et,

bien sûr, de bannir la maltraitance et les contraintes inutiles ou nocives.

L’humanitude implique la relation et la communication (verbale et/ou non-verbale), ainsi que

le respect de la personne.

Par ses compétences, l’Art-thérapeute doit savoir s’adapter à la personne qu’il prend en soin,

et ainsi personnaliser le soin Art-thérapeutique.

Il doit respecter la personne et respecter les principes de bientraitance et d’humanitude :

- Il doit respecter les choix de la personne et, par exemple, ne pas lui imposer une séance si

elle refuse d’y participer (cf cas de madame G, refusant à plusieurs reprises de participer aux

séances d’Art-thérapie),

- Il doit respecter les goûts de la personne et ne pas lui imposer ses propres goûts et orienta-

tions esthétiques,

- Il doit favoriser les prises initiatives, la capacité à faire des choix, l’autonomie et

l’indépendance de la personne, favorisant la confiance et l’affirmation de soi et stimulant les

capacités restantes de la personne.

Bien sûr, il est parfois nécessaire de guider la personne âgée dépendante qui n’a plus l’habitu-

de de prendre des initiatives, de faire des choix ou de dire ses désirs du fait de la démence où

du mode de vie imposée par l’institution. L’Art-thérapeute doit aussi veiller à ce que la per-

sonne ne se mette pas en danger, avec des outils par exemple. Ainsi, le guidage et les proposi-

tions de l’Art-thérapeute, souvent nécessaires lors de la prise en charge des personnes âgées

dépendantes, doivent être bien réfléchis.

98 Asshumevie/Humanitude®. Les origines. [En ligne]. Le label humanitude®. [Consulté le 11/04/2016]. Disponible sur : http://www.lelabelhumanitude.fr/les-origines/ 99 Asshumevie/Humanitude®. Les cinq principes de l’Humanitude. [En ligne]. Le label humanitude®. [Consulté le 11/04/2016]. Disponible

sur : http://www.lelabelhumanitude.fr/les-principes/ 100 CEDIP. Savoir-être ou savoir-faire relationnel ?[En ligne]. Les Fiches en ligne de la lettre du CEDIP, décembre 2013. [Consulté le

12/04/2016]. Disponible sur : http://www.cedip.equipement.gouv.fr/IMG/pdf/Fiche_En_Lignes_no_60-1_cle0f5e73.pdf

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II- L’alliance thérapeutique est nécessaire lors d’une prise en soin en Art-thérapie

1- Par l’alliance thérapeutique, soigné et soignant s’allient pour avancer ensemble vers

l’objectif thérapeutique

Le terme d’alliance thérapeutique a été employé pour la première fois par Freud, en 1913.

Pour lui, l’existence d’une alliance forte entre une personne et son thérapeute était capitale.

Indispensable dans le cadre d’une psychothérapie, elle est aussi très utile dans toute démarche

soignante. Le but de la mise en place d’une alliance thérapeutique est de passer d’une relation

dans laquelle les facteurs interindividuels sont prédominants (méfiance, confiance, séduction

par exemple) à une relation où soignant et soigné s’allient pour résoudre ensemble les pro-

blèmes pour lesquels la personne est prise en soin.101

Le psychologue Edward S. Bordin a

déterminé trois composantes indispensables à l’alliance thérapeutique : l’entente sur les objec-

tifs, l’entente touchant les tâches thérapeutiques, et la qualité du lien émotionnel.102

2- La qualité de la relation est essentielle pour établir l’alliance thérapeutique et ainsi

augmenter l’efficacité thérapeutique de la prise en soin

Pour qu’une alliance thérapeutique s’établisse, certaines conditions doivent être réunies :

- une confiance faite au thérapeute, par le patient,

- une attitude bienveillante, compréhensive et à une juste distance, du thérapeute vis-à-vis de

son patient.

L’alliance thérapeutique est un élément nécessaire à la réussite d’un travail thérapeutique.

Le psychologue Edward S. Bordin a été le premier à penser qu’une bonne alliance de travail

était indispensable à l’avancement du processus thérapeutique, quelle qu’en soit l’approche.

Il a été démontré que certains psychothérapeutes sont plus efficaces que d’autres, quels que

soient les problèmes traités et la technique utilisée. Les recherches sur cette efficacité, ont

permis de déterminer le profil du psychothérapeute efficace :

- il sait mettre en place un cadre sécurisant, fiable et souple,

- il porte une grande attention à la qualité de la relation,

- il suscite la participation active de la personne,

- il tend à valider les efforts de la personne,

- il est engagé dans un processus de réflexion sur soi, en interaction avec la personne.103

3- Une bonne relation est importante voire nécessaire dans la prise en soin en Art-

thérapie

Une bonne relation entre la personne prise en soin et l’Art-thérapeute permet à la personne de

se sentir accueillie, reconnue et appréciée pour elle-même par l’Art-thérapeute. Ceci renforce

son amour de soi, facilite la spontanéité et la sincérité de la personne, l’autorise à exprimer

ses émotions et permet d’établir une relation de confiance avec l’Art-thérapeute. Par la suite,

cette relation permet à la personne d’adhérer au projet proposé par l’Art-thérapeute, de

s’engager dans la démarche Art-thérapeutique et de cheminer avec le professionnel vers les

objectifs thérapeutiques.

Pour obtenir tous ces effets, il faut parfois être patient car il faut plus ou moins de temps pour

que cette relation de confiance s’établisse. Il faut aussi de la constance de la part de l’Art-

thérapeute car la relation évolue et la confiance grandit avec le temps.

101 CUNGI Ch., L’Alliance thérapeutique. [En ligne]. Sciences Humaines, 26/05/2009. [Consulté le 12/04/2016]. Disponible après achat sur : http://www.scienceshumaines.com/l-alliance-therapeutique_fr_23887.html 102 BORDIN E.S., Theory and research in the therapeutic alliance. In HORVATH A.O. and GREENBERG L.S. The Working Alliance :

Theory, research, and practice. Wiley, 1994. 103 LECOMTE C., La clé d'une thérapie réussie ? Le thérapeute ! [En ligne]. Sciences Humaines, 26/05/2009. [Consulté le 12/04/2016].

Disponible après achat sur : http://www.scienceshumaines.com/la-cle-d-une-therapie-reussie-le-therapeute_fr_23883.html

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C- D’autre thérapies ou techniques peuvent améliorer l’estime de soi et contribuer au

bien-être des personnes âgées dépendantes vivant en EHPAD

Les thérapeutiques non médicamenteuses (TNM*) sont des alternatives à la prescription mé-

dicamenteuse. Ce sont des techniques de soins, d’approches environnementales, d’approches

humaines, qui ont pour objectifs le traitement et/ou le soulagement de certains symptômes,

l’amélioration de la qualité de vie, la recherche d’un état de bien être et la prévention de la

iatrogénie*.104

L’Art-thérapie fait partie des TNM, comme d’autres thérapies et techniques. Parmi celles-ci,

j’aimerais évoquer deux approches qui, comme l’Art-thérapie, peuvent améliorer l’estime de

soi des personnes âgées dépendantes vivant en EHPAD.

La première est l’approche Snoezelen, que j’ai découverte lors de mon premier stage en IME

et qui était aussi proposée à l’EHPAD où j’ai effectué mon second stage. De plus en plus ré-

pandue dans les institutions accueillant les personnes âgées, elle est basée sur la sensorialité et

les gratifications sensorielles. La seconde est la thérapie par le rire, qui est aussi utilisée au-

près des personnes âgées dépendantes institutionnalisées. Elle peut faire intervenir l’Art. Ces

deux approches sont basées sur l’expression, la relation et la communication. Leurs effets

thérapeutiques concernent le domaine corporel, psychique et relationnel.

I- L’approche Snoezelen est une thérapeutique non médicamenteuse de plus en plus ré-

pandue en EHPAD

1- Le concept Snoezelen est apparu aux Pays-Bas dans les années 70

Le concept Snoezelen est né dans les années 70 aux Pays–Bas. Il a été proposé par deux psy-

chologues Néerlandais, Ad Verhuel et Jan Hulsegge et a été étudié initialement dans des insti-

tutions recevant des personnes polyhandicapées.

Le terme Snoezelen est le résultat de la contraction de deux mots néerlandais très imagés :

- Doezelen verbe passif signifiant somnoler doucement, se laisser aller à la détente, étymolo-

giquement se laisser aller hors de la tension. Avec l’usage, ce verbe est devenu actif et est

associé à câliner. Il fait référence à la douceur et représente l’attention chaleureuse qu’on peut

avoir envers une personne, la façon dont on sécurise cette personne.105

- Snuffelen, verbe actif signifiant renifler, sentir, flairer, fureter, explorer. Ce mot traduit

« une exploration sensorielle dénuée de programmation mentale élaborée »106

, l’exploration

sensorielle non cognitive.

L’approche Snoezelen peut ainsi se traduire par la notion d’exploration sensorielle, de détente

et de plaisir. Ce concept fait appel aux sens (la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher, la kinesthésie)

et se déroule dans un environnement dédié, à la fois apaisant, sécurisant et stimulant.

Des espaces multi-sensoriels sont conçus pour stimuler les sens notamment par des effets lu-

mineux, des jeux de couleurs, des sons, de la musique, des parfums. L'utilisation de diffé-

rentes textures, de matières sur les murs et le sol permettent une exploration tactile.

2- L’approche Snoezelen est basée sur la sensorialité, la liberté de choix, la relation et

la communication, et a pour objectif la détente, le bien-être et la sécurisation

La démarche Snoezelen est basée sur la priorité à l’expérience sensorielle, la relation et la

communication avec l’accompagnant, mais aussi sur la liberté de choix et le respect du

rythme de la personne.

Par la stimulation des sens, l’utilisation du Snoezelen permet à la personne :

- de s’exprimer, éventuellement verbalement, mais surtout corporellement,

104 Centre Hospitalier de La Rochefoucauld. Le concept Snoezelen.[En ligne]. C.H. La Rochefoucauld. [Consulté le 15/04/2016]. Disponible sur : http://www.ch-larochefoucauld.fr/les-th-rapies-non-m-dicamenteuses 105AMAT F., Présentation d’une approche multi-sensorielle en milieu gérontologique : Le Snoezelen, Bordeaux : Université Victor Segalen,

1 vol. 26 p. Mémoire : DU de psycho gérontologie clinique et pathologique, 2009, p.11. 106 THIRY M., Snoezelen, un monde en quête de sens par la sensorialité. L’Observatoire n°80, Le corps dans l’intervention (psycho)sociale,

2014, p. 67-71.

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- d’éprouver des gratifications sensorielles et de se détendre,

- d’entrer en relation avec l’accompagnant et de communiquer avec lui (essentiellement de

façon non verbale),

- d’éprouver un sentiment de sécurité, lié à l’environnement et à la relation à l’accompagnant,

- de stimuler ses capacités restantes (capacités d’expression, de relation et de communication,

conscience corporelle et capacités de mouvements, mémoire sensorielle et émotionnelle, …)

et ainsi de renforcer son sentiment d’exister et son sentiment d’identité.

3- L’approche Snoezelen est adaptée à la prise en soin des personnes âgées dépen-

dantes

La démarche Snoezelen est parfaitement adaptée à la prise en soin des personnes âgées dé-

pendantes, car elle permet :

- de diminuer les causes du syndrome de vulnérabilité107

, que sont les privations sensorielles,

la solitude et le manque d’affection,

- de réduire les troubles du comportement (anxiété, angoisse, agitation, agressivité, …),

- de respecter leur rythme et leurs désirs,

- de maintenir les capacités restantes de la personne,

- d’améliorer l’amour de soi de la personne (en lien avec les gratifications sensorielles ressen-

ties et la relation à l’accompagnant bienveillant), la confiance en soi (en lien avec la stimula-

tion des capacités restantes et le maintien des compétences physiques et psychiques) et

l’affirmation de soi (en lien avec l’expression de soi face à l’accompagnant figurant le traite-

ment mondain, la phase 8 de l’opération artistique).

- d’apporter du bien-être à la personne.

4- La démarche Snoezelen est un état d’esprit

Le Snoezelen n’est ni une méthode, ni une technique. C’est un cadre dans lequel les personnes

accueillies sont amenées, à leurs rythmes et dans un climat de confiance, à développer des

expériences sensorimotrices et relationnelles.

Le Snoezelen n’est pas non plus un moyen de passer le temps ou de s’occuper, ni une expé-

rience ésotérique déconnectée de la vie quotidienne.108

Le Snoezelen est un soin, un acte par lequel on veille au bien-être de quelqu’un.109

Pour Marc Thiry, fondateur de l’école Snoezelen en Belgique, le Snoezelen va au-delà de

l’espace et du matériel dédié à cette approche et est avant tout une attitude, un savoir être.

Pour lui, « Snoezelen c’est vivre à travers la sensorialité du corps avec des personnes, aussi

démunies soient-elles, une attitude interrelationnelle favorisant la détente, le bien-être, la sé-

curisation au service de la réalisation de l’être et non du faire. » 110

5- Des études ont été menées et un suivi et une évaluation des effets de cette approche

est possible

Des études portant sur les effets de la méthode Snoezelen ont été menées par des équipes mé-

dicales françaises, australiennes, anglaises, hollandaises, allemandes et américaines, auprès de

patients âgés déments.

Les résultats de ces études montrent une tendance à l'amélioration de l'humeur, à la diminu-

tion de l'anxiété et des troubles du comportement pendant le déroulement des séances et dans

107 Maison Saint Dominique. Projet d’intégration d’une approche non médicamenteuse : démarche Snoezelen. Metz. Octobre 2014. 108 Les Jardins du Castel. Le rire au service d’un atelier thérapeutique auprès de personnes désorientées. [En ligne]. Les jardins du Castel, mars 2007. [Consulté le 30/04/2016]. Disponible sur : http://www.lesjardinsducastel.com/telecharger/livret_clown.pdf 109 Définition extraite du Dictionnaire de français Larousse, disponible en ligne sur : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais. [Consulté

le 30/04/2016] 110 THIRY M., Snoezelen, vous avez dit Snoezelen ? [En ligne]. Mouvements Corps et Âme, 2009. [Consulté le 30/04/2016]. Disponible sur :

http://marcthiry.free.fr/marc_thiry.htm

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les instants qui suivent. Les résultat obtenus semblent persister durant le temps de la participa-

tion aux séances mais disparaissent après l'arrêt de la prise en charge.111

112

113

Ces études sont encore peu nombreuses et ont été réalisées sur de petits échantillons de pa-

tients. Des études complémentaires et à plus grande échelle devraient être conduites pour

améliorer l’évaluation de la méthode.

Il faut noter, un bénéfice secondaire de l’utilisation de la méthode Snoezelen : elle semble

aussi pouvoir réduire le stress de l'équipe soignante en charge des personnes bénéficiant de

cette approche.114

Des équipes de soins ont développé des outils de suivi, comme des fiches de compte-rendu de

séance et des grilles d’observation, permettant de suivre et d’évaluer les effets de cette mé-

thode sur les personnes prise en charge.115

6- L’approche Snoezelen a des points communs avec l’Art-thérapie, mais aussi des

différences

Par certains côtés la démarche Snoezelen a des points communs avec l’Art-thérapie. Elle de-

mande à l’accompagnateur des compétences en matière d’observation et de communication,

de la créativité et de la disponibilité, compétences nécessaires aussi à l’Art-thérapeute pour

exercer son métier. Le Snoezelen est basé sur l’expérience sensorielle et favorise les gratifica-

tions sensorielles, l’Art I et la phase 3 de l’OA, le traitement archaïque. Cette approche a en

commun avec l’Art-thérapie, la sécurisation de la personne, la relation, la communication et la

recherche du bien-être pour la personne prise en soin. Enfin, « La démarche Snoezelen im-

plique la création et notamment la création corporelle dans la communication non ver-

bale. »116

Une des différences avec l’Art-thérapie, réside dans le fait que l’approche Snoezelen se défi-

nit sans objectifs thérapeutiques117

, ce qui n’en fait pas une thérapie.

La démarche Snoezelen n’exploite pas l’Art II, la phase 4 de l’OA, le traitement mental so-

phistiqué. La production en Snoezelen se limite à une forme d’expression corporelle, ou par-

fois à du chant. Cette démarche n’exploite pas les autres formes d’expression de l’être humain

et ne s’appuie pas sur l’Art comme outil.

La démarche Snoezelen allant dans le même sens que l’Art-thérapie (bien-être, qualité de vie,

…), elle peut être complémentaire de l’Art-thérapie.

II- La thérapie par le rire est utilisée en gériatrie

L’idée de me pencher sur le rire et l’humour m’est venue car j’ai constaté au cours de mon

stage que les résidents utilisaient beaucoup ces deux moyens d’expression. Je me suis deman-

dé pourquoi. Cette constatation m’a aussi interrogée sur la possibilité d’utiliser le rire et

l’humour en Art-thérapie.

1- Le rire et l’humour ont des effets sur le corps et l’esprit reconnus depuis longtemps

Des vertus thérapeutiques son prêtées au rire depuis longtemps. Henry de Mondeville, chirur-

gien du 13ème siècle, conseillait de rire à ses patients pour les aider à se rétablir. Laurent Jou-

bert, médecin anglais du 16ème

siècle, expliquait que « la joie provoque des mouvements

d’expansion du cœur puis du diaphragme qui conduisent à une respiration ample. »118

111 LEHNHART G., Evaluation des effets de la stimulation sensorielle par la méthode Snoezelen auprès de personnes âgées atteintes de

démence. Nancy : Université Henri Poincaré, 1 vol. 201 p. Thèse : Doctorat en médecine générale : 2001, p. 109-112. 112 AMAT F., Présentation d’une approche multi-sensorielle en milieu gérontologique : Le Snoezelen, Bordeaux : Université Victor Segalen, 1 vol. 26 p. Mémoire : DU de psycho gérontologie clinique et pathologique, 2009, p.14. 113 THIRY M., Snoezelen, un monde en quête de sens par la sensorialité. L’Observatoire n°80, Le corps dans l’intervention (psycho)sociale,

2014, p. 67-71. 114 LEHNHART G., Op.cit. p. 110. 115 Les Jardins du Castel, Op.cit. 116 AMAT F., Op.cit. p.11. 117Association Internationale Snoezelen. Qu'est ce Snoezelen ?[En ligne]. ISNA [Consulté le 04/04/2016].Disponible sur : http://www.isna.fr/ 118 RUBINSTEIN H., Psychosomatique du rire, Paris : Robert Laffont. Coll. Réponses Santé, 2003, p.53.

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Sur le plan physiologique, il a été démontré que le rire a de nombreux effets. Le rire est en

premier lieu un exercice musculaire. Il mobilise la plupart des muscles de l'organisme, de la

face aux membres, en passant par le diaphragme et l'abdomen. Le rire est également une tech-

nique respiratoire, permettant d’améliorer la ventilation de l’air dans les poumons,

l’oxygénation du sang, et par conséquent le travail des muscles et les possibilités d’effort.

Grâce au massage des organes, par les muscles abdominaux et thoraciques, et à l’oxygénation

du sang, les fonctions intestinales et hépatiques sont améliorées, l'appareil cardio-vasculaire

se régularise, le rendement intellectuel augmente et la nervosité diminue.

Le rire en libérant certains neurotransmetteurs permet de combattre les phénomènes inflam-

matoires, de lutter contre la douleur, de diminuer l’anxiété, de réguler l’humeur et de se

mettre en état d’alerte pour répondre à une agression potentielle. Cet état d'alerte améliore

l'attention, les possibilités intellectuelles et la vitesse d'exécution des tâches.

Le rire permet aussi de lutter contre l’insomnie car il purge le système adrénergique d'éveil,

laissant place à l'action de la sérotonine qui contrôle pour partie le système du sommeil.

Sur le plan psychique, le rire est un stimulant et un désintoxiquant moral : il permet de lutter

contre la dépression, l’anxiété et les angoisses.119

2- Le rire et l’humour ont des effets sociaux

Du point de vue social, le rire et l’humour favorisent l’expression, la relation et la communi-

cation. Le rire est communicatif. Il rapproche les personnes, favorise l’échange, renforce le

sentiment d’appartenance au groupe et permet ainsi de lutter contre la solitude.

Dans son livre Psychosomatique du rire, le docteur Henri Rubinstein écrit que le rire combat

la solitude en favorisant la complicité, l’amitié, la convivialité et le partage.120

3- L’humour est un mécanisme de défense

Depuis Freud, l’humour est reconnu comme un mécanisme de défense, consistant « à présen-

ter une situation vécue comme traumatisante de manière à en dégager les aspects plaisants,

ironiques, insolites. C’est dans ce cas seulement (humour appliqué à soi-même) qu’il peut être

considéré comme un mécanisme de défense. »121

L’humour permet de prendre de la distance, de dédramatiser et de ne pas se laisser envahir par

la tristesse ou la colère, d’en rire pour ne pas en pleurer. L’humour peut être un moyen de

renforcer la motivation. C’est un instrument de tolérance et il permet la créativité.

4- Différentes thérapies par le rire existent

41- Certaines thérapies sont des techniques psychocorporelles basées sur la respi-

ration, la relaxation, le yoga

Les effets positifs du rire ont permis de le proposer comme technique et de créer la gélothéra-

pie (du grec gelos, rire). La gélothérapie utilise des techniques issues de la relaxation et du

yoga et notamment l'apprentissage de réflexes respiratoires, d'exercices de chatouillements et

de grimaces.122

En 2002, à l’initiative de Corinne Cosseron, fondatrice de l’Ecole Française du Rire et du

Bien-être, est apparue la rigologie®, « ensemble de techniques psychocorporelles d'éducation

émotionnelle destinées à stimuler la joie de vivre, l'optimisme, la créativité et d'une manière plus générale

la bonne santé mentale et physique. »123

119 FRESSE P., La thérapie par le rire en pédiatrie. Nancy : Université Henri Poincaré. 1 vol 152 p. Thèse : Doctorat en médecine générale :

2002, p.72-74. 120ANTON N., RECCHIA NIEVERGELT S., Rire à tout âge : rêve ou réalité ?, Mémoire de fin d’étude effectué dans le cadre de la forma-tion à la Haute Ecole de Travail Social de Genève, 2007, p.99. 121 IONESCU S., JACQUET M.M., LHOTE C., Les mécanismes de défense, Paris, Nathan, coll. Université, 1999, p. 183. 122 FRESSE P., Op.cit. p.72-74. 123 COSSERON C. La Rigologie®. [En ligne]. L’école française du rire et du bien-être, 2002. [Consulté le 8 mai 206]. Disponible sur :

http://www.rigologie.com/definition.htm

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Il existe aussi un yoga du rire (Hashya Yoga) inventé en 1995 par un médecin indien, le Docteur

Madan Kataria. De nombreux clubs de rire existent et réunissent des personnes autour d'un

animateur pour rire ensemble, selon les principes du Rire sans Raison établis par ce médecin.

Une séance de Rire sans Raison consiste en une série d'exercices de rire inspirés du yoga, et

rythmés par le hohohahaha, fil rouge de la séance.124

L’objectif de ces techniques psychocorporelles est d’améliorer le quotidien de personnes en

bonne santé dans une perspective de détente, de libération des tensions et d’une vision posi-

tive de la vie. Elles n’ont donc pas pour objectifs de traiter, de soigner ou de soulager une ma-

ladie, un handicap ou une autre pénalité de vie. Leur objectif est plutôt de prévenir l’appa-

rition des pénalités existentielles.

42- D’autres thérapies par le rire font intervenir des clowns

Des clowns sont peu à peu apparus à l’hôpital et dans les structures de soins. Il s’agissait d’abord de bé-

névoles offrant leurs prestations, puis de clowns issus d’associations d'artistes professionnels ou

amateurs dont le but était d'apporter du réconfort dans les lieux de soins. Sont apparus ensuite,

des clowns formés aux soins d’accompagnement, intervenant en structures de soins. Les

clowns hospitaliers français sont les descendants du Clown Care Unit (CCU, en français :

Unité de Soins par le Clown) née à New-York, à la fin des années 80. La première troupe

française de clowns en milieu hospitalier est Le Rire Médecin réunissant des comédiens pro-

fessionnels spécifiquement formés à la pratique du clown en milieu hospitalier. Sont ensuite

apparus de nombreuses autres troupes et associations de clowns intervenant en milieu de

soins. On les appelle des clowns thérapeutes ou des clowns médecins.125

126

Le clown relationnel® est une démarche née en Belgique, dans les années 80, de la rencontre d’un

clown, Christian Moffarts et d’une infirmière, Françoise Camus. D’abord orienté vers la pédiatrie, le

clown relationnel s’est ensuite aussi tourné vers la gériatrie et les personnes dites démentes, dans les

années 90. Il s’agit une démarche de soin de type relationnel, corporel et artistique, pratiqué

par des soignants et autres professionnels des services éducatifs et thérapeutiques.127

Le clown

relationnel® se distingue du clown de théâtre qui se met en scène et s’offre au public, et du

clown d’animation qui est occupationnel.

5- Une expérience de thérapie par le rire a été menée dans un groupe de personnes

âgées atteintes de démence sénile de type Alzheimer

En 1998, une psychologue, Natalia Tauzia, a fait l’essai d’une thérapie par le rire dans un

groupe de déments séniles de type Alzheimer, qu’elle a publié sous le titre Rire contre la dé-

mence128

. Son expérience a commencé par la mise en place d’un groupe de parole auprès

d’une dizaine de personnes vivant en unité de long séjour, en maison de retraite médicalisée.

Elle s’est aperçue à cette occasion que le rire facilitait une parole porteuse de sens. Elle a alors

axé sa démarche thérapeutique sur le rire, comme moyen de révéler et libérer des angoisses

démentielles. « La rencontre entre la démence et le rire s’est produite à mon insu, et amenait

un tel éveil que j’ai dû adapter ma démarche de soin, créer de toutes pièces un cadre propice à

cette rencontre et au développement de ses effets thérapeutiques. »129

Elle a observé des effets variables et individuels du rire sur les personnes. Le rire favorisait

l’intégration au groupe, l’expression, la relation et la communication entre les participants.

Elle a constaté que le rire pouvait stimuler la mémoire, diminuer la confusion, la désorienta-

tion et les hallucinations. Elle a observé que le rire avait permis à une résidente de sortir de

124 Club de rire, Accueil. [En ligne]. Le portail des Clubs de Rire francophones, 2001-2009. [Consulté le 08/05/2016]. Disponible sur : http://www.clubderire.com 125 FRESSE P., Op.cit. p 91-92. 126 MASMAM Magazine. Des clowns à l’hôpital. [En ligne]. MASMAM, 2016. [Consulté le 08/05/2016].Disponible sur : http://www.masmam.fr/magazine/des-clowns-a-l-hopital 127 Clown relationnel® francophone. Charte du clown relationnel®. [En ligne]. Clown relationnel® francophone, 2016. [Consulté le

08/05/2016]. Disponible sur : http://www.clownrelationnelfrancophone.be/clownsrelationnels/fr/ 128 TAUZIA N., Rire contre Démence, Paris : L’Harmattan, 2003. 129 TAUZIA N., Op.cit. p. 8.

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son syndrome de glissement et de retrouver la parole.130

Suite à ces observations, elle a propo-

sé l’usage thérapeutique du rire dans l’accompagnement de la démence et le développement

d’une technique thérapeutique basée sur le rire à destination des personnes démentes sé-

niles.131

6- Des interventions de clowns en soins d’accompagnement existent dans les établis-

sements accueillant les personnes âgées

De nombreuses associations de clowns en soins d’accompagnement existent et interviennent

auprès de différents publics fragilisés, dont les personnes âgées dépendantes vivant en institu-

tion. L'objectif de cette démarche est d’apporter du bien-être à ces personnes, d’améliorer leur

qualité de vie et de contribuer à l'humanisation des soins.

61- La clown-thérapie est basée sur la relation, la communication, l’humour et

le rire

L’art du clown est un art ludique de la communication surtout non verbale passant par le

corps (le toucher, le regard, l’expression corporelle, …). Il utilise la démarche de l’Auguste, le

clown au nez rouge, maladroit, naïf, toujours en position de faiblesse, de ratage, …

L’humour est lié à l’attitude de ce clown, qui permet de rire ou de sourire de lui.

« Le Clown relationnel® est un art de la relation qui utilise la voie de l'empathie corporelle et

ludique y compris et surtout là où les mots ne sont pas ou plus accessibles (…). Ces soins

d'accompagnement ont pour objectif de réveiller l'étincelle de vie qui persiste en chacun. Ce

sont des soins vivifiants qui accueillent et accompagnent les souffrances morales et en parti-

culier les états de détresse des patients et de leurs proches. »132

62- La clown-thérapie est adaptée à la prise en soin des personnes âgées

dépendantes

La démarche des clowns formés aux soins d’accompagnement est parfaitement adaptée à la

prise en soin des personnes âgées dépendantes, en particulier démentes, car la communication

non verbale utilisée par ces clowns permet de communiquer avec les personnes dont les pos-

sibilités de s’exprimer par la voie des mots sont limitées, altérées, perturbées, voire impos-

sibles, en raison de l’âge, de la maladie, du handicap, …

Cette démarche permet d’autre part :

- de diminuer le sentiment de solitude,

- de stimuler et d’entretenir les capacités restantes (capacités d’expression, de relation et de

communication),

- d’améliorer l’amour de soi de la personne (en lien avec le plaisir lié au rire et la relation au

clown), la confiance en soi (en lien avec la stimulation des capacités notamment relationnelles

restantes) et l’affirmation de soi (en lien avec l’expression de soi face au clown figurant le

traitement mondain, la phase 8 de l’opération artistique),

- de profiter de bienfaits du rire, notamment sur le psychisme : diminutions de l’anxiété, des

angoisses, lutte contre la dépression et l’insomnie, …

- d’apporter du bien-être à la personne.

63- Des observations ont été faites sur les interventions de clowns en milieu

gériatrique et des effets bénéfiques ont été décrits

Suite aux interventions de clowns formés aux soins d’accompagnement, les personnes âgées

montrent une amélioration de leur humeur, un apaisement, une détente et une diminution de

leurs troubles comportementaux (agressivité, déambulation, comportements répétitifs, martè-

130 TAUZIA N., Op.cit. p 143-146. 131 TAUZIA N., Op.cit. p 155-161. 132 Clown relationnel® francophone. Charte du clown relationnel®. [En ligne]. Clown relationnel® francophone, 2016. [Consulté le

08/05/2016]. Disponible sur : http://www.clownrelationnelfrancophone.be/clownsrelationnels/fr/

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lements, …), une amélioration de la communication grâce à la communication non verbale, la

possibilité d’expression des émotions.133

On observe aussi un comportement plus socialisé, une diminution du repli sur soi, la restaura-

tion d’un sens de l’humour, une amélioration de l’appétit.134

Des effets bénéfiques du coté des soignants ont aussi été décrits. Ces interventions améliorent

la relation soigné-soignant. Elles permettent de faire changer le regard des soignants sur les

résidents, de voir ceux-ci sous un autre jour et dans un autre contexte. Les professionnels du

soin peuvent aussi apprendre en observant les compétences relationnelles des clowns et en-

suite appliquer ce qu’ils ont observé : présence paisible, apaisante et contenante; attitude

d’empathie. Grace aux interventions des clowns et à ce qu’ils transmettent à l’équipe soi-

gnante, la prise en soin, les PVI peuvent être réévalués et adaptés.135

64- Des limites à l’intervention des clowns existent

L’intervention d’un clown peut être perçue comme grotesque, déplacée ou infantilisante par

certaines personnes âgées et/ou par le personnel soignant. Le rire peut parfois être vécu

comme infantilisant ou abêtissant.

65- L’évaluation des effets de ces interventions est possible

Le docteur Robert Fortin propose dans son mémoire136

, l’utilisation d’une méthode d'évalua-

tion de ces interventions : l’Inventaire NeuroPsychiatrique (NPI)137

ou l’Inventaire NeuroPsy-

chiatrique pour l’Equipe Soignante (NPI-ES)138

, échelles d’évaluation des troubles psycho-

comportementaux des personnes souffrant de démence vivant en institution. L’échelle NPI-ES

permet d’observer et d’évaluer les changements de comportements chez la personne âgée, et

les répercussions de ces changements sur les activités professionnelles du soignant.

7- La thérapie par le rire est-elle potentiellement de l’Art-thérapie ou peut-elle être

complémentaire à l’Art-thérapie ?

Les techniques psychocorporelles basées sur l’utilisation du rire ont pour but d’améliorer le

quotidien de personnes en bonne santé et n’ont pas pour objectif de traiter, de soigner ou de

soulager une pénalité de vie et par là s’éloignent de l’Art-thérapie. De plus elles n’utilisent

pas l’Art.

La thérapie par le rire proposée par Natalia Tauzia a pour objectif d’améliorer la qualité de vie

des personnes démentes séniles, mais utilise le rire comme moyen thérapeutique et n’utilise

pas l’Art. Visant des objectifs semblables, cette thérapie et l’Art-thérapie peuvent être com-

plémentaires.

L’intervention des clowns en soin d’accompagnement auprès de personnes âgées dépen-

dantes, utilise à la fois le rire et l’humour, et l’Art. En effet, l’Art intervient dans le travail du

clown sous la forme du théâtre et du mime, deux techniques artistiques utilisées en Art-

thérapie. Leur vocation à soulager et à améliorer la qualité de vie donne un objectif thérapeu-

tique à ces interventions. Ces interventions font donc partie du domaine de l’Art-thérapie.

Ces techniques artistiques sont des alternatives aux Arts plastiques, comme le sont la musique

et le chant, la danse et l’expression corporelle, et sont utilisables lors de la prise en charge en

Art-thérapie des personnes âgées dépendantes.

133 FORTIN R., Les Clowns en soins d’accompagnement dans les établissements pour personnes âgées. Paris : Université René Descartes.

1vol. 28 p. Mémoire : formation à la fonction de médecin coordonnateur d’EHPAD, 2007, p.17-20. 134 Les Jardins du Castel. Le rire au service d’un atelier thérapeutique auprès de personnes désorientées. [En ligne]. Les jardins du Castel,

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Conclusion

Ce mémoire est l’aboutissement de la formation en Art-thérapie que j’ai suivie auprès de

l’AFRATAPEM. Il correspond au terme d’une année de formation riche et intense, tant sur le

plan intellectuel que sur le plan humain. Il m’aura permis de faire une synthèse des enseigne-

ments reçus au cours de cette formation. Il m’aura aussi permis de me pencher sur les per-

sonnes âgées dépendantes vivant en EHPAD, public fragilisé dont la prise en soin en Art-

thérapie est de plus en plus répandue. Il m’aura permis d’apprendre à les connaitre, d’appro-

fondir ma connaissance de leurs difficultés et pénalités, et de mieux appréhender en quoi

l’Art-thérapie peut les aider à soulager leurs souffrances et à améliorer leur estime de soi et

leur bien-être.

Les résultats de ce mémoire, comme ceux d’un certain nombre d’autres étudiants en Art-

thérapie, montrent l’intérêt de la prise en soin des personnes âgées dépendantes par l’Art-

thérapie.

L’Art-thérapie, exploitation du potentiel artistique dans une visée humanitaire et thérapeu-

tique, utilise l’Art comme moyen et a comme objectif l’être humain. En EHPAD, elle appa-

rait complémentaire des soins médicaux, paramédicaux et d’autres approches proposées telle

la démarche Snoezelen. En considérant la personne âgée dépendante dans son ensemble, elle

permet une humanisation du soin, le care plutôt que le cure. Elle permet de considérer la per-

sonne âgée dépendante sous un autre angle de vue et pas seulement comme quelqu’un qui a

beaucoup perdu, mais surtout comme quelqu’un qui a encore des capacités, des potentialités,

et des désirs.

L’étape vécue par les personnes âgées est la dernière de leur vie et les conduits inévitablement

à la mort. Ainsi, il est important que pour cette dernière étape, le soin et l’accompagnement

soient pensés en termes de qualité et d’humanité. L’Art-thérapie peut être proposée et utilisée

à cette période de la vie pour tenter de la rendre la meilleure possible.

L’utilisation des Arts plastiques est pertinente avec ce public. Ils permettent de stimuler et

d’entretenir les capacités restantes et de laisser une trace qui peut être offerte et qui peut se

transmettre, prolongeant le souvenir de la personne même après sa mort.

La prise en charge en Art-thérapie nécessite une adaptation de l’Art-thérapeute à la personna-

lité, à l’évolution et aux désirs de la personne prise en soin. Ainsi, il pourra être amené à

changer de dominante ou de technique artistique. Grace à leur fort pouvoir émotionnel et à

leur grand pouvoir d’entrainement, la musique et le chant s’avèrent d’excellents outils particu-

lièrement adaptés à ce public. Le clown par ses effets relationnels favorise l’expression, la

relation et la communication. Il permet aussi d’utiliser l’humour, capacité intellectuelle que

j’ai trouvée encore très présente chez beaucoup de résidents que j’ai rencontrés, et d’utiliser

les bienfaits du rire sur le corps et l’esprit.

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Liste des Tableaux et Graphiques

Liste des tableaux Tableau n°1 : Les phases de l’Opération Artistique p 31

Tableau n°2 : Items d’évaluation caractérisant l’estime de soi p 40

Tableau n°3 : Anamnèse de Madame G p 41

Tableau n°4 : Etat de base, Pénalités, Sites d’action et Cibles thérapeutiques pour Madame G p 41

Tableau n°5 : Anamnèse de Madame K p 54

Tableau n°6 : Etat de base, Pénalités, Sites d’action et Cibles thérapeutiques pour Madame K p 55

Tableau n°7 : Items d’évaluation caractérisant l’agitation verbale chez madame K p 64

Tableau n°8 : Prise en soin de Monsieur F p 68

Tableau n°9 : Prise en soin de Madame N p 69

Tableau n°10 : Prise en soin de Madame Ke p 69

Tableau n°11 : Prise en soin de Madame Ma p 70

Tableau n°12 : Prise en soin de Monsieur L p 70

Liste des Graphiques Graphique n°1 : Evolution des items relatifs à l’amélioration de l’humeur chez madame G p 50

Graphique n°2 : Evolution des items relatifs aux capacités physiques de madame G p 50

Graphique n°3 : Evolution des items relatifs aux capacités relationnelles et de

communication de madame G p 51

Graphique n°4 : Evolution des items relatifs aux capacités intellectuelles et

cognitives de madame G p 51

Graphique n°5 : Evolution des items relatifs à l’amour de soi chez madame G p 51

Graphique n°6 : Evolution des items relatifs à la confiance en soi chez madame G p 52

Graphique n°7 : Evolution des items relatifs à l’affirmation de soi chez madame G p 52

Graphique n°8 : Evolution des items relatifs à l’estime de soi chez madame G p 53

Graphique n°9 : Auto-évaluation de madame G, Cube Harmonique p 53

Graphique n°10 : Evolution des items relatifs à l’amélioration de l’humeur chez Madame K p 63

Graphique n°11 : Evolution de l’agitation verbale et de la concentration chez

Madame K p 64

Graphique n°12 : Evolution des items relatifs aux capacités physiques de madame K p 65

Graphique n°13 : Evolution des items relatifs aux capacités relationnelles et de

communication de madame K p 65

Graphique n°14 : Evolution des items relatifs aux capacités intellectuelles et

cognitives de madame K p 65

Graphique n°15 : Evolution des items relatifs à l’amour de soi chez madame K p 66

Graphique n°16 : Evolution des items relatifs à la confiance en soi chez madame K p 66

Graphique n°17 : Evolution des items relatifs à l’affirmation de soi chez madame K p 66

Graphique n°18 : Evolution des items relatifs à l’estime de soi chez madame K p 67

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93

Annexes

Annexe n° 1 : Les Besoins fondamentaux de l’être humain par V. Anderson

Besoins de l’être humain Traduction des besoins

Nécessité de Besoin n° 1 : Respirer Maintenir un niveau d'échanges gazeux suffisant et une

bonne oxygénation.

Besoin n° 2 : Boire et manger Ingérer des aliments et de l’eau en qualité et quantité suffi-

sante afin d’assurer la croissance, l’entretien des tissus et

l’apport d’énergie indispensable au bon fonctionnement et à

l’activité de l’organisme.

Besoin n° 3 : Éliminer Eliminer les déchets liés au fonctionnement de l'organisme

(selles, urines, transpiration, …)

Besoin n° 4 : Se mouvoir, bouger, maintenir une bonne

posture

Accomplir les gestes nécessaires à la satisfaction de ses

besoins.

Besoin n° 5 : Dormir, se reposer Avoir suffisamment de sommeil et de repos, pour avoir

l’énergie nécessaire à ses activités quotidiennes et à son

bien-être physique et psychique.

Besoin n° 6 : Se vêtir et se dévêtir Se protéger du chaud et du froid, de respecter sa pudeur, …

Besoin n° 7 : Maintenir sa température corporelle Maintenir l’équilibre entre la production et la perte de cha-

leur, afin de conserver une température corporelle dans la

limite de la normale.

Besoin n° 8 : Être propre et protéger ses téguments Avoir une hygiène corporelle permettant de lutter contre les

agressions extérieures (poussières, microbes) et de maintenir

l’intégrité de la peau, de favoriser le bien-être et la vie so-

ciale, et de répondre à un besoin esthétique.

Besoin n° 9 : Respecter ses valeurs et ses croyances Agir et de prendre des décisions conformes à ses propres

principes, croyances et valeurs et de s’en servir pour donner

sens à sa vie.

Besoin n° 10 : Eviter les dangers Se protéger contre les agressions internes ou externes, pour

maintenir son intégrité physique, psychologique et sociocul-

turelle

Besoin n° 11 : Communiquer avec ses semblables Echanger avec ses semblables, afin de transmettre et/ou de

recevoir un message verbal ou non verbal. Nécessité aussi

d’avoir des liens affectifs

Besoin n° 12 : Envie de se réaliser Accomplir des actions permettant de s’épanouir, de déve-

lopper et d’utiliser toutes ses facultés, physiques et intellec-

tuelles, afin de se sentir utile, de trouver un sens à sa vie et

conserver son estime de soi.

Besoin n° 13 : Se divertir, se recréer Se détendre physiquement et psychologiquement, par des

activités de loisirs librement choisies, afin de se faire plaisir

et de libérer des tensions quotidiennes.

Besoin n° 14 : Apprendre Acquérir des connaissances et des aptitudes, et d'être en

mesure d'évoluer, de s'adapter aux changements, d’obtenir

des comportements favorables au maintien et/ou au recou-

vrement de la santé.

Annexe N°2 : La pyramide des besoins de Maslow

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Annexe N°3 : Grille AGGIR

Groupe Iso-Ressource Niveau de dépendance

GIR 1 Personnes confinées au lit ou au fauteuil, dont les

fonctions mentales sont gravement altérées et qui

nécessitent une présence indispensable et continue

d'intervenants, ou aux personnes en fin de vie.

GIR 2 Personnes confinées au lit ou au fauteuil, dont les

fonctions mentales ne sont pas totalement altérées et

dont l'état exige une prise en charge pour la plupart

des activités de la vie courante, ou aux personnes dont

les fonctions mentales sont altérées, mais qui sont

capables de se déplacer et qui nécessitent une surveil-

lance permanente.

GIR 3 Personnes ayant conservé leur autonomie mentale,

partiellement leur autonomie locomotrice, mais qui

ont besoin quotidiennement et plusieurs fois par jour

d'une aide pour les soins corporels

GIR 4 Personnes n'assumant pas seules leurs transferts mais

qui, une fois levées, peuvent se déplacer à l'intérieur

de leur logement, et qui ont besoin d'aides pour la

toilette et l'habillage, ou aux personnes n'ayant pas de

problèmes locomoteurs mais qui doivent être aidées

pour les soins corporels et les repas.

GIR 5 Personnes ayant seulement besoin d'une aide ponc-

tuelle pour la toilette, la préparation des repas et le

ménage.

GIR 6 Personnes encore autonomes pour les actes essentiels

de la vie courante.

Annexe N°4 : l’Opération Artistique

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AFRATAPEM Association Française de Recherches & Applications des

Techniques Artistiques en Pédagogie et Médecine

Mémoire professionnel réalisé pour l’obtention du titre d’art-thérapeute répertorié par l’Etat au niveau II

Catherine MONCHOT

2016

Une expérience d’Art-thérapie à dominante Arts plastiques auprès de personnes âgées

dépendantes vivant en EHPAD

Le vieillissement est un phénomène évolutif normal de la vie. Parfois, des maladies appa-

raissent et rendent la vieillesse pathologique. Parfois, la personne âgée peut devenir dépen-

dante et se retrouver inévitablement placée en EHPAD.

Les pénalités et les souffrances liées au vieillissement, à la maladie et à la dépendance affec-

tent l’estime de soi.

L’Art-thérapie moderne, exploitation du potentiel artistique dans une visée humanitaire et

thérapeutique, peut être associée aux soins apportés aux personnes résidant en institutions

pour tenter de raviver leur estime de soi et d’améliorer leur bien-être.

Ce mémoire relate une expérience d’Art-thérapie à dominante Arts plastiques proposée à des

personnes âgées dépendantes vivant en EHPAD. La première partie, traite des pénalités ren-

contrées par ces personnes, des pouvoirs de l’Art sur l’épanouissement de l’être humain, et

explique comment l’Art-thérapie utilise l’Art à des fins humanitaires et thérapeutiques. La

seconde partie relate les observations cliniques ainsi que l’analyse des données, réalisées lors

de la prise en soin en Art-thérapie de deux résidentes atteintes de la maladie d’Alzheimer. La

troisième et dernière partie fait état des constatations liées à la pratique professionnelle au

cours du stage. Elle propose d’élargir la réflexion en considérant d’autres approches (autres

disciplines artistiques et autres thérapies ou techniques pouvant améliorer l’estime de soi) et

montre l’importance de la relation entre l’Art-thérapeute et la personne prise en soin en Art-

thérapie.

Mots clés : Personnes âgées dépendantes, Art-thérapie, Arts plastiques, Estime de soi.

A fine arts Art-therapy experience with elderly dependent people.

Ageing is a natural progressing process of life. Diseases and disorders may sometimes appear

to the elderly. Sometimes, old people may lose their independence and could be forced to join

a nursing home. Sufferings caused by ageing, diseases and loss of independence can signifi-

cantly degrade self-esteem.

Modern Art-therapy, with its therapeutic and social aims, can be included in the activities and

care of the nursing homes, in order to improve the self-esteem and the wellness of the elderly.

This thesis is about a fine arts Art-therapy experience with old people in a nursing home.

The first part is about old people sufferings, power of Art on development of the human being

and the humanitarian and therapeutic power of Art-therapy.

The second part is about two women with Alzheimer’s disease living in a nursing home and

for which Art-therapy has been involved in their treatment.

The third part is about other artistic techniques and other therapy for self-esteem improve-

ment. This last part is also about relationship between Art-therapist and his patient.

Key words: Elderly dependant people, Art-therapy, Fine Arts, Self esteem.